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L'autobiographie - Le capes de lettres modernes en clair

l'élucidation d'un parcours; « l'ordre de parade »; l'examen de soi; la quête d'un ... exemple inaugurale de JJ Rousseau = fondamentalement éclairant, a posé ..... en prose) / sujet traité (vie individuelle) / situation auteur (identité auteur en tant .... de l'image du narrateur en train de se peindre et de l'image qu'il veut donner ...




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III : le paradoxe autobiographique
le temps révolu
temps existentiel et achronie scripturale
le défaut de mémoire et l’après-coup : la fresque stendhalienne, la fécondité de l’oubli
l’écriture et le mouvement
Montaigne déjà
Transmuer un événement en épisode
Recomposer le parcours d’une existence : structure des Mots de Sartre, fonder la règle du jeu
l’écriture de la vie
prendre la vie au piège des mots
la poésie autobiographique
la question de la transparence
l’écran scripturaire
le sujet posé en objet
IV le lecteur de l’autobiographie
la problématique de la réception
le lecteur modèle
le destinataire idéal
l’argumentation au travail dans l’écriture autobiographique
préface et préambule : le projet paradoxal de Montaigne, le plaidoyer rousseauiste
écart réceptif et regard du lecteur : l’écart esthétique, l’exemple d’Henry Brulard

la perspective anthropologique
l’impossible pacte de l’oeuvre d’art
littérature et référentiel
retour sur l’absurde question édénique
V : Aux frontières de l’autobiographie
Perec ou l’entremêlement des genres
Gide ou la question du roman autobiographique
La transposition célinienne
L’autobiographie poétique
repentirs de Lejeune
la question hugolienne
Conclusion

[…] : remarques perso
c’est moi qui souligne quand en gras
« j’étais le propre objet de mon étude » (Héraclite )

Introduction
Hans Robert Jauss / Question de Dieu « Adam, où es-tu » : question paradoxale car Créateur omniscient, dans Pour une Herméneutique littéraire suggère que question posée pousse Adam à interroger la position de son être, signification de son geste, essence de sa personne.
dans décalage entre situation et question de la situation, existe une frange inquiétante d’interrogation : étant où il est, Adam ne saurait pas où il est
= Parabole dont signification semble proche de question autobiographique : institue le questionnement sur soi comme démarche paradoxale et le moi comme objet herméneutiq (herméneutique = science de l’interprétation) : si en théorie, est une perso qui connaît objet de sa recherche, c’est écrivain qui veut écrire autobio : se pose comme son propre objet de questionnement. Fonctionnement autotélique (qui a sa fin en soi-même) de l’interrogation (sujet interrogant = sujet interrogé) => démarche scipturaire paradoxale : étant soi, l’écrivain veut dire le soi : // Adam, écrivain sait où il est mais s’interroge sur le lieu de sa demeure, se situe au plus proche de lui-même dans le même temps qu’il constate son éloignement et ce qui permettra de réduire distance de cet éloignement = écriture car est moyen, instrument qui ouvre réalisation du parcours.

écriture, vérité, destinataire
exemple inaugurale de JJ Rousseau = fondamentalement éclairant, a posé question essentielles à écriture autobio certainement parce qu’il a achoppé sur obstacles les plus importants que écrivain rencontre face à un tel projet :
écrivain qui veut écrire autobio connaît instrument écriture : Rousseau en 1765 = écrivain chevronné mais jusqu’à maintenant objets de ses préoccupations et des préoccupations écritures lui étaient extérieurs. Décision / Confessions = s’attacher à la préhension, à la compréhension d’un objet essentiellement différent : s’agira de se dire, de fonder le moi et le déroulement de son existence comme objet de connaissance, d’écriture
= projet(étymologiquement ce qui se jette au devant => qui s’impose comme nécessité) qui soulève pbatiq sciputraire nvelle écriture en tant qu’instrument est-elle adaptée à son sujet ? Non => faut repenser question du style, inventer une écriture susceptible d’épouser les contours flous d’un moi que le sujet doit dire, cf préambule du Manuscrit de Neufchâtel :
« c’est ici de mon portrait qu’il s’agit et non pas d’un livre. Je vais travailler pour ainsi dire dans la chambre obscure. Il n’y faut point d’autre art que de suivre exactement les traits que je vois marqués. Je prends donc mon parti sur le style comme sur les choses. Je ne m’attacherai point à le rendre uniforme ; j’auris toujours celui qui me viendra, j’en changerai selon mon humeur sans scrupule, je dirai chaque chose comme je la sens, comme je la vois, sans recherche, sans gêne, sans m’embarrasser de la bigarrure […] mon style inégal et naturel, tantôt rapide et tantôt diffus, tantôt sage et tantôt fou, tantôt grave et tantôt gai fera lui-même partie de mon histoire »
[ sorte sincérité du style du moi écrivant pour dire le moi qui a été, style sincère fait partie du portrait]
nécessité d’adapter le style à son projet parce que écriture si permet de transmettre, peut aussi faire écran à sincérité, à réalisation totale de sa visée.
question de la vérité = 2ème obstacle, a difficulté stylistique s’ajoute risque de n’être pas sincère.
Ecrire journal permet au jour le jour noter impressions, faits anodins, rencontres quotidienne avec exactitude >< autobio recompose le moi à partir de souvenir plus ou moins diffus : bcp autobiographes ont peur pas exprimer au plus près vérité (Rousseau, Leiris, Stendhal, Sarraute), que ce soit vérité des actes ou vérité de l’être, elle se constitue comme horizon de l’écriture, lieu sans lieu vers quoi tend effort écriture
Si question exactitude = pb , c’est / question destinataire : projet initial = celui de se dire, tenter
de se réapproprier le moi enfui, enfoui mais contrairement au journal, autobio manifeste désir de recomposition de soi : écrivain en quelque sorte « prend la pose, construit une posture au risque d’être imposteur » (p8)
Car dans « l’entreprise que j’ai faite de me monter tout entier au public » (Livre II Confessions) il y a une volonté de montre et de démonstration : autobiographe publie = > rend public texte et se rend public
Comment tout dire quand on sait qu’autrui veille, apprend et surprend ? Comment savoir si lecteur comprend bien ? si dans distance (moi / écriture, écriture / lecteur) le message est bien passé ?

=> aborder question du genre autobio = tenter de réfléchir sur ces trois pierres d’achoppement : questions du style, de vérité, de destinataire, = questions qui soulignent franchissement d’une frontière sensible, celle qui sépare intériorité du moi de l’extériorité dangereuse du monde.

Chapitre I : définition et historique

la question des catégories
Mémoires, confessions, souvenirs, essais, carnets, ….journaux intimes … = nbeuses catégories qui ds his de la litt désignent la « litt du moi ». ms si écriture de soi, parole sur soi = frange de la litt intimiste et secrète qui pose le moi comme objet d’analyse, d’interrogation, de spéculation, d’investigation ou d’énigme, tous ces projets pas pour autant autobiographique.
2 approches récentes, 1 philo et 1 théoriq abordent questions difficiles des frontières du genre

philosophie de l’autobiographie
Georges Gusdorf, second volume des Lignes de vie = essai Auto-bio-graphie, def ce que l’on pourrait appeler les fondements philo de l’écriture autobiographiq. Commente les trois termes qui compose le nom => pose clairement les différentes dimensions de cette forme d’écriture du moi :
Auto : « c’est l’identité, le moi conscient de lui-même » (p10) = sujet complexe qui s’est lentement élaboré au cours d’une existence particulière et autonome
Bio = le parcours vital, la continuité, cheminement de cette identité unique et singulière : la variation existentielle autour du thème fondamental que constitue l’auto, le moi => entre auto et bio se trace rapport difficile de l’âtre et de son existence, de l’identité et de la vie, rapport que tout le monde connaît entre individualité et déroulement pratique d’une existence, entre le moi et son inscription ds la réalité
l'auto-bio = lieu complexe inaccomplissement
apparition alors de la graphie : la vie perso peut rencontrer ds l'activité scripturaire la possibilité d'une nouvelle vie.
=> autobio est renaissance, initiative qui pose conditions d'une éventuelle reconquête de soi, reconstruction, reconstitution
Ms recomposition ouvre la question de l'expression : semble aussi ardu réussir à écrire le moi qu'à le construire : retracer chemin d'un existence à partir d'un point donné = aussi complexe que de construire le moi réel selon la ligne qu'on s'est tracée.
=> angoisse devant page blanche devient angoisse ontologique de ne pouvoir se dire, se re-dire => souffrance de l'autobiographe qui joint difficulté du style à la difficulté de se regarder en face : à la fois affirmer son écriture et affirmer son contenu : "la difficulté d'expression atteste une difficulté d'être, non par humilité, comme ion le croit parfois, mais par recul devant le grand espace, devant l'affirmation de soi au péril des autres" (Gusdorf p 23)
De plus écriture du moi - graphie de l'auto et du bio - établit distance entre moi écrivant et moi vécu, entre vie et sa représentation, écart qui fonde nécessairement une relation de jugement, d'évaluation de ce qui a été par ce qui est : écrivain doit avouer et s'avouer vérité sur un parcours que parx n'a pas voulu tel, faut expulser de soi-même être que l'on a été avec ses défauts, ses qualités, ses errances et ses errements : "l'exigence d'un mise au net du dedans" (Gusdorf p73).
Qu'il soit thérapie, projet purement littéraire, succession d'aveux, recherche de la compréhension de soi, volonté de figer la figure du moi, projet autobio essaye de cerner au moyen d'une quête dont résultats = improbables, contours tjs flous d'une essence qui continue d'exister : autant comme l'écrit Montaigne vouloir "empoigner l'eau" ou tenter d'interrompre mvt d'une "branloire pérenne" (balançoire perpétuelle)
=> Gusdorf : risque = double : risque d'inachèvement et risque de figement : projet de se dire ne peut coïncider avec projet de tout dire, restera tjs résidus, scories, si on pousse raisonnement à l'extrême, ce qui fera tjs défaut à autobio = moment où écrivain la rédige. En fait, autobio manifeste un monument à compléter, pb d'inclusion et d'exclusion , "l'autobiographie n'expose jamais qu'un sous total" (p128 Gusdorf)
D'un autre côté, autobio "présente l'individualité en ordre de parade", impose un certain ordonnancement à existence qu'elle vise à raconter. « L'écriture de l'existence transforme l'existence en écriture" (p12) => même si respecte scrupuleusement chrono des faits, "elle pose le moi comme neuve réalité représentée, comme présence figée dans l'immortalité de l'écriture" (p12)
les limites du genre
Le Journal : confort intellectuel et effectif, écrit ds intimité n'est pas destiné à être publié. Si actions compromettantes, actes indélicats, diariste peut les consigner sans prendre pour cela risque de la honte publique. Et si quelques auteurs ont décidé de publié journaux (Gide, Green) c'est parce qu'estimaient que leur journal faisait partie intégrante de leur oeuvre, la nourrissait. Journal = pas forme anachronique, évite danger oubli et périls inexactitude, épouse fil de l'existence, ne recompose pas, n'est pas une anamnèse (évocation volontaire du passé), se réalise dans instant de l'énonciation
Les Souvenirs : plus proche de l'autobio dans leur objet, n'ont pas pour projet de tout dire, écrivain se met parfois en jeu mais peut parfaitement consigner uniquement des faits, des relations avec des pairs. celui qui écrit ses souvenirs accepte de sélectionner, de retrancher ou d'omettre, but = informer lecteur sur un certain nombre de généralités => on ne lui reprochera ni de ne pas totalement s'investir ni de laisser zone d'ombre, lui sera seulement demander de ne pas confondre souvenir et fiction + instaurer entre lecteur et lui une certaine confiance pour qu'on puisse accorder une certaine fiabilité à ses textes
Les Mémoires : proches des souvenirs du moins dans leur forme stricte, sont censés être écrits par une personne ayant joué un rôle important ds histoire (Gal de Gaulle par ex)
Dans les mémoires, (sauf exception célèbre [= Chateaubriand ?]), écriture pas centrée sur hist perso de l’écrivain, narrateur se présente davantage comme un rapporteur, un chroniqueur.

Vrai que souvenirs et mémoires sont textes que l’on peut dire référentiels (se référent à des faits histo ayant réellement eu lieu) ms fonction = davantage testimoniale, ce n’est pas le moi qui est en jeu, mais le regard d’une personne qui a rencontré l’histoire

Deux autres genres proches eux aussi de autobio entretiennent avec phénomène un rapport plus déductif, tendant à transformer expérience du monde en propos universel : essais et carnets
Essais si on se réfère à étymologie = latin exagium « pesée », « épreuve », « examen » => but rédaction = confronter un certain nombre d’expériences, de rencontres, de lectures (= les « trois commerces » de Montaigne), de les rapprocher de telle sorte que l’on puisse en tirer des ccl générales qu’on laisse le plus souvent au lecteur le soin de tirer
Carnets : s’ils ont à voir ponctuellement avec autobio (cf Camus qui fait parfois référence à son exp propre) ils ne constituent pas à proprement parler de récits de vie ms plus exactement se fonde sur épisodes existence pour en tirer des préceptes

ensemble de genres limitrophes qui ont amenés chercheurs et théoriciens à défini avec rigueur strict domaine qu’il envisageaient d’aborder. Ici, on se limitera à deux approches qui à elles seules ont précisément cerné le genre autobio

Jean Starobinski et le style de l’autobiographie
Ds n°3 revue Poétique en 1970, analyse ce qu’il appelle « le style de l’autobiographie » et propose une première def claire du genre : « biographie d’une personne faite par elle-même » = def qui détermine caractère propre de la tâche et fixe condition générale (ou générique) de écriture autobio ; conditions générales de possibilité = 3 obligatoires
une identité du narrateur et du héros de la narration
majoritairement narration et non description
la notion de parcours ou tracé de vie
Ms souligne rapidement que dans la mesure où autobio = écrit autoréférentiel, c’est le style qui se trouvera au centre de la pbatique du genre : écriture autobio développe un je du récit qui « n’est assumé existentiellement par personne ».Ce je ne renvoie qu’à une image inventée par un je référentiel qui écrit => écart établi par réflexion autobio est double : un écart temporel et un écart d’identité qui sépare je actuel et le moi révolu ; narration autobio « évoquera ce parcours de l’un à l’autre sans bien entendu en réduire la distance » (p15), style qui sera instrument de ce propos devra sans cesse s’y adapter et auteur devra prendre en compte risque de falsification et de déformation que comporte toute écriture => on en revient aux préoccupations rousseauistes = auteur considéré par Starobinski comme véritable précurseur du genre, comme fondateur du style autobio

Autobio comme genre ouvre /recherche, 1ère voie = rapport entre outil de communication et objet à communiquer, « rapport complexe qui pose la représentation comme projet réalisable et la réalisation de la représentation comme projet impossible » p15 = ce que Blanchot, Le Livre à venir tente de cerner : « c’est lorsqu’il entreprend par une initiative dont le caractère de nouveauté l’exalte orgueilleusement de parler avec vérité de soi, que Rousseau va découvrir l’insuffisance de la littérature traditionnelle et le besoin d’en inventer une autre aussi nouvelle que son projet »
« Rousseau inaugure ce genre d’écrivain que nous sommes tous plus ou moins devenus, acharnés à écrire contre l’écriture […] puis s’enfonçant dans la littérature par espoir de s’en sortir, puis cessant de ne plus écrire parce que n’ayant plus de possibilité de rien communiquer »

les différents pactes
le pacte autobiographique :
Ph Lejeune en 1974 ouvre autre champs d’investigation en plaçant questionnement théorique sur le plan de la poétique. Dans Le Pacte Autobiographique pose la def désormais célèbre du genre : « Récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité »
= def qui repose sur différentes catégories : mise en forme du langage (récit en prose) / sujet traité (vie individuelle) / situation auteur (identité auteur en tant que personne réelle et narrateur) / position du narrateur (identité narrateur et perso principal) qui choisit perspective rétrospective du récit
Ph Lejeune précise que autobio doit remplir toutes les conditions

« Pour qu’il y ait autobiographie, il faut qu’il y ait identité de l’auteur, du narrateur et du personnages » = constat qui pose deux pb d’importance : question de la personne et question du nom.
peut exister identité narrateur et perso sans que la 1ère personne soit nécessairement employé => Ph Lejeune note alors que distinction entre personne grammaticale et identité individu à laquelle renvoie personne doit être effectuée. (cf Rousseau dans les Confessions, par compassion pour le Jean-Jacques qu’il a été tutoie son personnage fictif, [+ Sarraute] )
faut vérifier si corrélation entre perso grammaticale et narrateur existe.
+ emploi personne grammaticale doit être compris de manière comptable ou statistiq = emploi que privilégie auteur pour désigner narrateur-personnage
en dépit exceptions, majoritairement autobio classiq propose une narration à la 1ère perso (Genette Figures III, = narration dite autodiégétique)
pbatiq identité => question du nom : « Pour un autobiographe, il est naturel de se demander : ‘qui suis-je ? ‘. Mais puisque je suis lecteur il est non moins naturel que je pose d’abord la question autrement : qui est « je »? (c’est-à-dire qui dit : »qui suis-je ? ») » (Ph Lejeune)= légitime interrogation qui s’inquiète du référent et de l’énoncé. C’est le nom qui permet au niveau du discours autobiographique de mettre en relation les deux sujets. Le nom est la caution du je, est la marque qui relie la réalité au texte, qui revendique la propriété – ms prend aussi le risque se la responsabilité de ce qui est écrit.
Par le nom d’auteur existence écrivain = indubitable et pseudonyme change rien à l’affaire : peut manifester tromperie, écart mais est un second nom qui souligne appartenance du scripteur à univers littéraire : pseudo = nom d’auteur, renvoie à identité sociale d’un individu, souligne qu’un homme, monsieur Henri Beyle, a décidé sous le nom de Stendhal d’écrire la vie de Henry Brulard : si ces trois noms recouvrent bien l’auteur physique, nom d’auteur et de personnage mais que tout trois sont identique alors => autobiographie

si ces pb résolus, possible de définir pacte autobio = contrat privilégié que signent l’auteur et le lecteur dans le champ du genre autobio : « Le pacte autobiographique, c’est l’affirmation dans le texte de cette identité, renvoyant en dernier ressort au nom de l’auteur sur la couverture. Les formes du pacte autobiographique sont très diverses mais toutes, elles manifestent l’intention d’honorer sa signature. Le lecteur pourra chicaner sur la ressemblance, mais jamais sur l‘identité » => il ne s’agit plus de savoir si ce que dit le texte est vrai mais seulement si la question identitaire est réelle.

Ces conditions réunies autour de ce centre nucléaire qu’est le nom suffisent à délimiter le genre autobiographique : « l’autobiographie est le genre littéraire qui, par son contenu même, marque le mieux la confusion de l’auteur et de la personne » , « le sujet profond de l’autobiographie, c’est le nom propre »
« le nom propre en équilibre sur le dedans et le dehors du texte atteste l’existence d’une personne-référent devenue narrateur et personnage textuels »p19
le pacte référentiel
Ph Lejeune, chap « copie conforme » qui ds cette perspective cerne au plus près pbatiq du genre autobio = aborder la question de la ressemblance, càd adéquation des faits racontés à la vérité réelle (ce rapport est par essence celui du texte à son modèle rapport perverti donc impossible), relation difficile qui s’instaure dans « le jeu de l’intériorité du texte et de l’extériorité de la réalité » p19
« l’identité se définit par trois termes : auteur narrateur et personnage sont les figures auxquelles renvoient, à l’intérieur du texte, le sujet de l’énonciation et le sujet de l’énoncé ; l’auteur, représenté à la lisière du texte par son nom, est alors le référent auquel renvoie, de par le pacte autobiographique, le sujet de l’énonciation » => genre autobio = référentiel => présuppose un « pacte référentiel » qui inscrit texte ds champ expression vérité mais pas vérité existence réelle, mais vérité du texte, dite par le texte => « question d’authenticité et non d’exactitude » (p19)
Pacte référentiel = contrat que conclut le lecteur avec le texte autobio admettant que « le fondement même de leur relation sera authenticité en tant qu’elle est la vérité du texte, de l’image du narrateur en train de se peindre et de l’image qu’il veut donner de ce qu’il était à telle ou telle époque de sa vie » p20

le pacte de lecture
/ contrat de lecture : perspective essentielle de la question littéraire, la pbatiq de la réception, inaugurée théoriquement par Hans Robert Jauss dans son Esthétique de la réception, interroge les œuvres du point de vue général du destinataire et de son inscription dans l’histoire => se pose plus exclusivement à partir d’analyse interne mais =t d’approches liées à la notion de publication qui détermine manière de lire un texte et influence les effets qu’un texte produit lorsqu’il devient public => ds cette perspective, dimension historique = incontournable : importance individu et émergence philosophie orientée vers homme au XVIII influence lectorat des Lumières ; de même peut pas lire Michel Leiris avec pertinence si on fait abstraction des techniques psychanalitiq ou de l’attention que le mouvement surréaliste portait particulièrement à l’inconscient et à l’écriture comme instrument ludique mais aussi heuristique : « c’est à ce niveau global que se définit l’autobiographie : c’est un mode de lecture autant qu’un mode d’écriture, c’est un effet contractuel historiquement variable » (Ph Lejeune)

L’essentiel des propositions de Ph Lejeune ds les années 70 fonde et renouvelle approche du genr à partir de cette triple notion de pacte. Autour de cette conception contractuelle tourne l’idée selon laquelle l’autobio est d’abord un texte qui fonctionne à partir de l’incontournable triangle constitué par l’auteur, l’écriture et le lecteur.

la question des origines

développement de l’individualisme
Quelle est la première autobiographie ? : def philo et théoriq du genre => nécessaire qu’un texte rassemble un certain nombre de critères pour être dit « autobio »
Depuis Moyen Age, pratique d’une certaine forme d’écriture qui pourrait paraître ressortir au genre : les vies, les chroniques, les mémoires, les confessions spirituelles, les récits de vie, les journaux intimes, lettres qui développent des sujets intimistes, les « journaux papiers » de Du Bellay, les autoportraits, les annales sont des genres qui effleurent l’autobio sans en présenter toutes les caractéristiques définitionnelles
chercher à comprendre conditions histo, socio, idéologiq et culturelle qui ont permis éclosion d’un tel genre :

Spécialistes (Ph Lejeune, G Gusdorf, G May) trouvent 2 causes principales : examen de soi et examen de conscience
Examen de soi = trad liée à Antiquité, à la recherche de la sagesse : le « connais-toi toi-même » de Socrate ou plus anciennement épigraphe d’Héraclite : être sujet de sa propre recherche = tenter comprendre par introspection écheveau de sa personnalité.
Exercice de soi que développe tous les Essais de Montaigne relève de cette démarche : « je me suis présenté moi-même à moi, pour argument et pour objet » => projette ds un cheminement réflexif de s’écrire pour se mieux comprendre (comme si livre faisait fonction de miroir), question du « qui suis-je ? » = sa lancinante interrogation + constantes références aux auteurs anciens montrent que s’inscrit ds une trad intellectuelle du questionnement de soi.
Essais même si parlent d’enfance, de la vie domestique, des voyages, de l’amitié, des rencontres, ne prennent pas la forme d’un récit rétrospectif et chronologique + différents ajouts, additions interdisent d’intégrer texte au genre autobiographique, ressortit davantage de la forme de l’autoportrait et même si le moi est longuement analysé et pris en compte, il fait partie intégrante d’un questionnement plus vaste propre à l’humanisme du XVI qui est celui de la connaissance générale des choses cf Essai 13 Livre III « de l’expérience » : « il n’est désir plus naturel que le désir de connaissance ». >< s’agit pas de la narration d’une vie mais de la « perfection de savoir jouir longuement de son être »
Examen de conscience lié à tradition chrétienne, appartient à ce que Ph Lejeune appelle « la culture du regard sur soi ». saint Augustin et ses Confessions, inaugure ce genre d’autobiographie spirituelle : tel texte vise davantage à faire admettre la puissance de la grâce divine et les voies de la rédemption qu’à tracer le récit rétrospectif d’une vie. Cf Joseph Trabucco ds intro à trad « Les Confessions content la plus passionnante aventure spirituelle »
« Augustin fouille son passé, remue sa vie, supplie son destinataire, accumule les méditations, interroge l’âme, interpelle Dieu. Ce faisant, il confesse ses péchés, s’inquiète de ses désirs charnels, raconte sa vie. S’il ne le fonde pas vraiment, il initie ainsi le genre autobiographique » p23

De saint Augustin à Montaigne, ce qui est à retenir = « geste quasi inaugural d’individus qui, d’une manière toute personnelle, engagent le moi dans l’écriture » p23 = première étape de franchie : individu se retourne sur lui-même et se prend pour objet scripturaire. Mais genre spécifiquement autobio développe toutes ses dimensions avec JJ Rousseau, conditions objectives rendent possible éclosion du genre

le rôle de l’humanisme et des Lumières
Ernst Cassirer La philosophie des Lumières : XVIII = période où se réalise émergence individu, émergence idéologique, philosophique et sociale, cogito cartésien avait déjà orienté pensée philo vers affirmation du moi, mais textes de Bayle, Fontenelle instaurent individu comme objet central de la connaissance. Le moi en tant qu’objet herméneutique doit être interrogé à partir de ce qui le constitue : enfance, histoire perso, + inscription ds système social => tout passer au crible de la raison, examiner totalité des objets mondains et individu n’échappe pas à cet impératif catégoriq
Curiosité philosophiq revient inlassablement vers centre préoccupations : l’homme cf devise de Térence que Dumarsais cite dans article « Philosophe » de l’Encyclopédie « homo sum, humani a me nihil alienum puto » (je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger) + Pope cité par Cassirer dans sa préface « the proper study of mankind is man » (la véritable étude du genre humain, c’est l’homme)

écrits et recherches de Rousseau, Diderot, Montesquieu : tout converge vers la question préoccupante de l’homme. Ds cette perspective, dialogues Diderot montrent combien, par polyphonie entre moi et lui, entre identité individuelle et l altérité que le moi porte en lui, « ces textes constituent une profonde recherche de la vérité philosophique et ontologique du moi ; ces différentes voies narratives s’orientent toutes vers la question de celui qui écrit (…) Symptomatiquement, ces textes désignent l’importance que revêt l’individu dans une société bourgeoise et nouvellement industrielle qui laissa sa place à l’homme » p24-25
Kant, Qu’est-ce que les Lumières, 1784 : « Les Lumières, c’est la sortiede l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable [...] Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières »

indépendamment pb histoire individu, on comprend mieux les causes profondes qui ont pu inciter Rousseau à écrire autobio : une grande partie de son œuvre orientait sa réflexion sur la notion centrale d’homme (éducation, organisation politiq, amour, amitié, fidélité)
La question du « Qui suis-je ? » ne pouvait être posée que si nouvelle conception de l’homme comme être unique, irremplaçable, singulier, mais aussi énigmatique, hermétique : écriture du moi pouvait alors s’imposer comme écriture heuristique, écriture du dévoilement de l’intériorité
Terme autobiographie n’apparaît vraiment ds le lexique de la langue française qu’au début du XIX mais apparition première autobio connue en France = 1782 Confessions de Rousseau.

Chapitre II : Pourquoi parler de soi ?

les motivations intimes

genre autobio = lié à des conditions de production spécifiques ms =t fondé sur des motivations psychologiques que l’on doit analyser.

Décision d’écrire ressortit à une certaine étrangeté cf Maurice Blanchot ds L’espace littéraire, réinterroge le mythe d’Orphée en axant réflexion sur fait littéraire, émet hypothèse qu’Eurydice = œuvre et Orphée = écrivain. Voulant atteindre l’œuvre l’écrivain se retourne directement vers elle, et par impatience, la voit s’évanouir. Alors , il ne peut l’atteindre que par le détour ; et l’impatience qui est l’inspiration, exige de lui le long cheminement digressif qu’est le geste scripturaire : « la relation à l’œuvre littéraire ne peut s’effectuer que dans l’improbable quête ouverte par l’écriture » p27
Création littéraire, rapport à écriture = « l’expérience infinie de ce qui ne peut pas même être cherché, l’épreuve de ce qui ne se prouve pas, d’une recherche qui n’est est pas une et d’une présence qui n’est jamais donnée » (Blanchot) ; = ce « désir demeuré désir » dont parle René Char => constatation que la tâche de l’écrivain est inépuisable. Du côté de la réception interprétation œuvre = énigmatique et multiple (en dépit toutes les limites qu’on peut trouver : condition de prod, bio écrivain ….) => du point de vue artistique et esthétiq, « l’intime »  de l’œuvre dont parle Rilke rend improbable atteinte de son essence.

Genre autobio échappe pas à règle : vouloir se dire, vouloir écrire sa vie relève du domaine de l’étrangeté + écrivain rencontre absurdité de son projet : qd on écrit son autobio, on accepte d’admettre qu’il ne saurait être question de l’achever : autobio est « lieu de l’interruption impossible, le genre de l’interminable réalisation. Car si le langage vise à cerner le modèle, le modèle lui-même reste incernable » (p28) + étrangeté redoublée par un autre paradoxe : voulant dire sa vie, l’écrivain se retire de la vie pour la mieux exprimer, se situe ds une sorte de non-lieu : se confie à l’univers imaginaire de l’écriture pour représenter la réalité dont il s’éloigne. Comme est à la fois auteur narrateur et perso de son propre livre, est la frontière de la vie réelle et de la vie métamorphosée en imaginaire (D Maingueneau appelle cela « paratopie »)
une fois de plus pbatiq = celle du figement et du mouvement : s’agit de se stabiliser, établir pont entre vie et sa graphie, entre moi fluctuant et écriture qui fixe instant qui doit être dit. « Comme Orphée, l’écrivain de l’autobiographie ne dispose plus que du charme (du carmen au sens valéryen du terme), de l’enchantement de l’écriture, de la poésie en tant que création verbale »p 29 Le poétique se met au service de l’autobio parce que poétique = instrument de l’expression lyrique du moi.

Ce que recherche l’autobiographe qd décide d’écrire = origine de soi, le petit moment essentiel qui a programmé sa personnalité et mis en jeu son devenir. « Avant tout, peut-être, l’autobiographe est l’écrivain des origines » (p29)

l’élucidation d’un parcours
Je sais ce que je suis, je peux dire « je suis celui qui est en train de rédiger un texte » mais dès demain temps => distance entre ce moi présent et le moi que je serai => par effort de mémoire, je tenterai d rétablir altérité du moi ancien, écriture pourra m’y aider, sera instrument par lequel je rétablirai une certaine identité. Si 20 ou 30 ans passées = distance infranchissable du moi au moi ; écriture = alors ce qui permet d’éclairer le chemin parcouru.
Derrière la même personne : multiples personnalités, déroulement de la vie se multiplie et s’étale dans le temps construisant de nous image éclatée = ce que Gusdorf appelle « le choc en retour du bio sur l’auto» , construction incessante que seule graphie peut intercepter et en quelque sorte photographier.
Autobiographes désireux de se comprendre ou de s’expliquer en appellent aux origines pour établir lumière sur cheminement existentiel. cf Rousseau qui dans le Livre I des Confessions médite sur épisode de Bossey qui devient noyau d’où rayonneront souvenirs alors que pendant longtemps n’y a pas pensé « comme si, sentant déjà la vie qui s’échappe, je cherchais à la ressaisir par ces commencements ». Confessions ponctuées de ces sortes de commentaires, moments où Rousseau revient sur temps de l’énonciation et s’interroge sur les raisons de son travail littéraire => autobio se double alors d’un méta-discours, d’une méta-autobio où commentaire de l’écriture vient nourrir écriture elle-même.
La question du commencement = importance capitale pour Rousseau car « liée au temps de l’innocence et de la pureté, temps quasi asociale où l’individu se construit » p31, que se soit œuvres philo ou romanesques, tout œuvre de Rousseau interroge le point initial où se construisent les sociétés humaines, le lange et les idéologies, Démarche autobio = la même

ce faisant ouvre voie à démarche que tous les autobiographes qu’ils le veuillent ou non adopteront :
Dans Les mots, Sartre même s’il construit souvent un personnage artificiel et adopte une attitude franchement parodique ne cesse de rechercher les instants de sa vie qui expliqueront sa vocation future d’écrivain
Michel Leiris, particulièrement dans l’Age d’homme, s’agira de superposer des épisodes significatifs que l’on pourrait qualifier de programmateur

Autobio ouvre question tout aussi importante des rapport de l’hétéroclite à totalité : autant déroulement existence s’effectue à partir des aléas phénoménologiques (horaires, rencontres, imprévus …) autant recomposition scripturaire vise à gommer épiphénomènes pour centrer projet sur recomposition d’un figure complète, totale (offrir vision globale du moi)
Le regard rétrospectif de Leiris lui fait comprendre que individu par delà accident = complétude essentielle : « Ce que j’y ai appris, surtout, c’est que même à travers les manifestations à première vue les plus hétéroclites, l’on se retrouve toujours identique à soi-même, il y a une unité dans une vie et que tout se ramène quoiqu’on fasse à une petite constellation de choses qu’on tend à reproduire sous des formes diverses, un nombre illimité de fois »
Autobio tendrait à reconstituer unité à partir de faits anodins et innombrables => « l’écriture autobiographique de ce fait est tensions vers la signification » p32 : de la volonté de chercher origine programmatrice de son moi, autobiographe en vient à nécessité de « mettre de l’acord dans le tout » = autre motivation du geste autobio

« l’ordre de parade »
prétention à unité pose pb d’une autre nature : recomposition rétrospective du moi risque de proposer au lecteur l’image d’un moi artificiel, surfait et retravaillé : fabriqué°
Cf Gusdorf, autobio « présente l’individu en ordre de parade »,
ordonnancement scripturaire fournit-il pas en définitive qu’un simulacre de portrait, identité de remplacement ? Quête de connaissance de soi lorsqu’on écrit le récit de sa propre vie ne devient-elle pas le constat d’une incontournable inconnaissance ?
Pacte autobio = plus un pacte d’authenticité que de vérité et lecture >< enquête
Ms ds authenticité même n’existe-t-il pas un danger de liaison factice, un désir involontaire de sceller d’une manière erronée les différentes parties du tout ?
Le « puzzle des mots » correspond-il au « puzzle des faits » (Leiris Biffures) ?
Cf Confessions de Rousseau livre IV s’interroge « il y a une certaine succession d’affections et d’idées qui modifie celles qui les suivent et qu’il faut connaître pour en bien juger. Je m’applique à bien développer les premières causes pour faire sentir l’enchaînement des effets » ms logique des souvenirs (encore pire que celle des mots) s’accorde –t-elle véritablement avec celle des phénomènes ?
vision négative de besoin de retracer figures multiples du moi
mais démarche pas sans intérêt car permet de redéployer existence à travers ordre des mots de lui donner forme dans livre
alors seulement vie peut revêtir une signification
ordre de parade devient ordre de sens
« l’organisation des phrases qui se succèdent sur la page dit à l’écrivain pourquoi il est devenu autobiographe ds le même temps que l’autobiographe dit à lui-même pourquoi il est devenu cet homme si singulier, si unique » p33
« l’écriture trace l’explication ; l’explication motive l’écriture, transformant les hasards en cause » p34

« En procédant an sens inverse, partant du présent pour remonter vers le passé – peut-être ai-je plus de chance de découvrir le joint ou la charnière qui rattache mes occupations de maintenant à des désirs anciens, plus ou moins expressément formulés. A défaut d’idée explicite de carrière, en l’absence même de toute vocation définissable, je trouverai au moins un soubassement et de quoi prouver que ma vie n’est pas entièrement faite de hasard » ( Michel Leiris Biffures)
moi mis en ordre de parade est un objet construit , tracé
« En commençant ce livre, je marchais à tâtons vers une découverte, puis a grandi peu à peu avec mon besoin croissant de réunir les éléments susceptible d’entrée en liaison, l’idée que je faisais un livre, que je le composais, le bâtissais, l’ajustais pièce à pièce » (Ibid)

l’examen de soi
autobio = fonction heuristique ds mesure où dévoile être à jamais enfoui. Elucidation = aussi épreuve de lucidité. L’autobiographe se prenant comme objet de connaissance pose comme hypothèse qu’il pourra davantage se comprendre ?
Jean Starobinski : « toute autobiographie – se limitât-elle à une pure narration – est une auto-interprétation »
Ecriture autobio = plongée introspective met en relation dedans troublé et dehors scriptural. Tous les écrivains l’ont exprimé d’une manière ou d’une autre, il s’agissait pour eux de confronter le moi vécu au moi présent, de le comprendre. Ecriture se construit plus sous pression de aléatoire ms sous celle de ce qui a déjà été réalisé, rappelle à écrivain qu’il est responsable de ses actes, de ses pensées, de ses croyances. Répond à question « qui suis-je » par un péremptoire « tu es en raison de ce que tu as été »
examen de soi ds autobio >< démarche de Valéry qui chaque matin analyse sa propre pensée, chez Valéry, notes « éclairent la réalité tangible du présent » = « écrivain de jour » (p35) / autobiographe = « être du temps passé et de la nuit des temps » p35, sonde époque révolue de son moi => temps de l’écriture est alors le temps de la réflexion lucide
« l’écriture est ce par quoi est grâce à quoi se réalise cette récapitulation qui chapitre après chapitre, recherche, dans l’écart du moi au moi, les causes radicales de ce moi présent qui en est la conséquence »
faut pas voir ds genre autobio juste un forme d’exhibitionnisme ou d’indécence comme Gusdorf semble voir chez Leiris quand auteur de la Règle du jeu expose échecs sexuels, perversions, pratique des prostituées, ses infidélités => préférable d’admettre motivations exposées dans L’Age d’homme : « ce que je méconnaissais, c’est qu’à la base de toute introspection, il y a le goût de se contempler » => Goût esthétique de regarder figure recomposée par acte d’écrire
[cela peut rejoindre une forme d’exhibitionnisme un peu particulière, le plaisir de se montrer à soi = exhibitionnisme narcissique, et si existe exhibitionnisme est-ce que lecteur est pas voyeur ? autobio ds ce cas serait un accords tacite entre deux « travers » : exhibitionnisme et voyeurisme, peut-être aussi que pacte est là : je me montre « nu » comme tu le veux / je regarde la « nudité » que tu veux montrer ]

Le moi écrivant doté d’un parcours intellectuel riche dispose d’outil et d’expérience lui permettant d’approfondire connaissance de soi => entre le jeune Leiris et l’homme de 34 ans (début du récit de l’Age d’homme) puis celui de 45 ans = certain appareillage critique. La Règle du jeu est solidement élaborée chez Leiris à partir du surréalisme, de la psychanalyse et de l’ethnographie
Ecriture autobio = écriture d’après-coup au sens où Freud l’entendait lorsqu’il mettait en relation étude du moi et son inscription dans la temporalité = concept fondateur « Ce n’est pas le vécu en général qui est remanié après-coup mais électivement ce qui, au moment où il a été vécu, n’a pu s’intégrer pleinement dans un contexte significatif » (Laplanche et Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse)
S’agit pas de fonder psychanalyse comme instrument herméneutique unique mais de montrer en quoi écriture autobio par effet de rétroaction donne sens dans l’après-coup au moi. Que fonctionne comme thérapie ou comme examen de soi, est en définitive dans la monstration du sujet, ce qui permet mise en miroir du moi ancien qui pourra dans immobilisation scripturaire être analysé. « Récit rétrospectif, l’autobiographie est aussi, par un mouvement de retour, une analyse rétrospective du moi » p37
Pas question d’utiliser outil psychanalytique à des fins interprétative pour comprendre texte autobio. Jean Starobinski, ds l’Oeil vivant II rappelle que œuvre littéraire = un tout constitué, autotélie de l’œuvre interdit de mettre totalement en // démarche analytique et démarche critique : « Avec l’œuvre littéraire, tout est présent du premier coup et rien ne peut s’y ajouter. En face de l’analysé, le psychanalyste peut revenir à la charge, obtenir de nouvelles associations, vaincre des résistances. Si évidentes que soient ce différences, la critique littéraire tirera bénéfice à pratiquer le principe psychanalytique de l’attention flottante – le suspens attentif, la bienveillance aux aguets » => ce n’est pas l’instrument technique de la psychanalyse qui importe mais la méthode d’approche qui permet de mettre au jour des réseaux de significations, des occurrences propres à l’écriture d’un individu donné. Démarche herméneutique du critique ne doit jamais oublier qu’elle interroge une recomposition de l’existence et non existence elle-même, => tjs Starobinski : « Certes l’oeuvre inclut dans sa signification le passé et l’histoire personnelle de l’écrivain ; mais une histoire transcendée ; une histoire dont on ne peut désormais oublier qu’elle est orientée vers l’ouvre, une histoire qui se noue dans l’œuvre »

Ecrivain recherche pas seulement événements traumatisant pouvant expliquer ce qu’il est devenu, peut aussi comme bcp rechercher lieu du bonheur perdu : quête scripturaire = alors nostalgie, « celle d’un univers où le moi solidement solidaire de lui-même non encore fracturé (…) vivait le présent comme présence à soi » p38

la quête d’un bonheur perdu : nostalgie et élégie
Svt 1ers chapitres autobio = cosmogonie heureuse, tps révolu de l’innocence du moi, promesse d’une vie ouverte à tous les possibles = instants regrettés d’allégresse. Jean Starobinski distingue dans cette perspective deux catégories : d’un côté registre picaresque (cf Lazarillo de Tormès où un homme d’âge mûr devenu riche et respectable raconte avec amusement pénible existence qu’enfant il a dû mener) : le passé représente un temps dégradé et présent = temps heureux >< Confessions de Rousseau où malgré quelques épisodes négatifs, passé heureux alors que présent de l’énonciation, de l’écriture = période dégradée et malheureuse. = registre élégiaque qui propose une écriture où le présent négatif développe un monde heureux de l’enfance, même chez Sartre, parodie ne parvient pas toujours à effacer quelques instants d’élégie. Quête de l’antériorité heureuse implique généralement utilisation d’une rhétorique de l’exclamation, de l’apostrophe ou de l’incantation : figures spécifiques à une écriture du regret, de la mélancolie / expression d’une conscience aiguë de la parte et certitude que présent énonciation = celui de l’affliction et de la disgrâce (Articulations entre livres 5ème et 6ème des Confessions = significative, présente de manière condensée palette très large de procédé liés à expression nostalgie et à tonalité lyrico-élégiaque : amplification, exclamation exacerbation d’une champ lexical du sentiment, apostrophe, formule assertive exprimant la certitude de ce qui est avancé, système anaphorique, utilisation d’une ponctuation abondante)

au total, recentrement écriture sur le moi, expression lyrique, volonté de ressaisir le cheminement complexe d’un parcours, quête des moments originaire et fondateur, examen de soi, recherche d’un bonheur perdu = autant de motivations intimes de l’écriture du moi.
Mais autres motivations plus sociales peuvent être évoquées : autobiographe plus proches du mémorialiste peut attribuer ponctuellement à son écriture une valeur testimoniale

le désir de témoignage

témoigner ou lorsque se taire est impossible
mémorialiste inscrit l’histoire de sa vie dans l’histoire des événements et cette inscription = dominante de son œuvre, cela ne signifie pas qu’il ne sera pas à certains moments autobiographe = question de proportion => autobiographe peut être à certains moments de son œuvre mémorialiste : inscrit alors histoire dans récit de sa vie.
Surtout que écrivain se trouve souvent à la rencontre du moi et du monde
Existe des cas exemplaires où terreur de la vie rejoint ponctuellement impérieuse nécessité autobiographique cf La Nuit de Elie Wiesel, L’Espèce humaine de Robert Antelme : ne racontent pas de longues périodes rétrospectives mais relatent des instants paroxystiques, épisodes intenses parfois insupportable d’une vie = fonction testimoniale = évidente, « il ne s’agit pas de faire œuvre d’écrivain., il s’agit de confronter l’ineffable au dicible à travers l’expérience intime du moi ; de mettre en rapport l’inexprimable avec le scriptible » p41
« Pourtant, un doute me vient sur la possibilité de me raconter. Non pas que l’expérience vécue soit indicible. Elle a été invivable, ce qui est toute autre chose, on le comprendra aisément. Autre chose qui ne concerne pas la forme d’un récit possible, mais sa substance. Non pas son articulation, mais sa densité. Ne parviendront à cette substance, à cette densité transparente que ce qui sauront faire de leur témoignage un objet artistique. Un espace de création. Ou de re création. Seul l’artifice d’un récit maîtrisé parviendra à transmettre partiellement la vérité du témoignage. Mais ce ci n’ a rien d’exceptionnel ; il en arrive ainsi de toutes les grandes expériences historiques » (Jorge Semprun, L’Ecriture ou la vie)
[même dans le cas les plus extrême, c’est toujours une oeuvre littéraire, il faut que cela le soit => attention à interprétation. Notion de témoignage rejoint (en plus poignant ici) la question de l’authenticité et du comment faire passer : encore une fois c’est le style comme utilisation maîtrisée de l’écriture (artifice d’un récit maîtrisé)qui semble être convoqué comme « passeur » si on admet que le style fait aussi de ce qui sépare un texte quelconque d’une œuvre littéraire]

« le récit rétrospectif de vie s’articule ici au récit rétrospectif d’une période de la vie » p41
Noyau créateur autour duquel œuvre rayonne >< naissance ou événement traumatisant existence individuelle mais celui du fait historique inimaginable
« l’individu, inscrit dans son parcours, lui-même inscrit dans le temps des hommes, inscrit dans leur histoire, écrit sa vie parce qu’elle témoigne, mais aussi témoigne de son temps parce qu’il lui permet d’écrire sa vie. Autre manière d’instaurer le moi comme figure de l’exemplarité » p42

Ecriture du moi et exemplarité
Dans la préface à ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, Ernest Renan rappelle c’est faire preuve de vanité que de parler de soi et que le projet n’est utile et viable que si précisément le projet dépasse l’individu réel pour édifier un moi imaginaire susceptible de procurer sinon un modèle du moins un exemple à l’humanité : « On ne saurait faire sa biographie de la même manière que l’on fait celle des autres. Ce qu’on dit de soi est toujours poésie. S’imaginer que les menus détails de sa propre vie valent la peine d’être fixés, c’est donner la preuve d’une bien mesquine vanité. On écrit de telle chose pour transmettre aux autres la théorie de l’univers que l’on porte en soi ».
Renan retrace son parcours de Tréguier au séminaire de Saint-Sulpice parce que ce parcours est édifiant : il montre que la foi peut-être remplacée par l’amour de la science, que l’éducation et la réflexion peuvent infléchir une conscience, une morale, une attitude face au monde. L’écriture autobiographie, chez Renan, se fonde plus sur la volonté de retracer un parcours intellectuel exemplaire que sur la minutieuse narration d’une existence humaine ; autobio = + chez lui récit rétrospectif d’une intelligence.

Ecriture autobio érigée en monument exemplaire = 2 fonctions : tournée vers passé, décrit épisodes important d’une vie particulièrement riche ; tournée vars avenir se fondent sur singularité des expériences vécues pour proposer des interprétations du monde et des vues élargies et nouvelles sur sociétés humaine, exemplarité autobio se met au service de l’humanisme et de humanité : type d’autobio intellectuelle : autobiographe persuadé que son parcours et édifiant procède par induction, partant de son cas particulier, il tend à une interprétation universelle des phénomènes et établit un système conceptuel récurrent

Démarche Leiris, même si ressortit également à l’exemplarité ne prétend pas aussi franchement à universalité, s’agir + d’une lutte perso avec temps pour se fixer et ainsi s’offrir en spectacle : « Il semblerait, tout bien considéré, que quand j’écris c’est surtout au temps lui-même que j’en veux, soit que j’essaie de rendre compte de ce qui se passe en moi dans le moment présent, soit que je ressuscite des souvenirs, soit que je m’évade dans un monde où le temps, comme l’espace, se dissout, soit que je veuille acquérir une sorte de fixité - ou d’immortalité – en sculptant ma statue (vrai travail de Sisyphe, toujours à recommencer » (Biffures)
de nouveau mais dans une autre perspective pbatique du mouvement et de la fixité

établir un portrait de soi
Fontanier classe deux aspects du portrait ds les figures de pensée par développement, = deux figures qui concernent domaine générale de la description :
prosographie : description qui a pour objet la figure, le corps, les traits, qualité physique etc
éthopée = description des mœurs, caractère, vices, vertus, talent …
récit rétrospectif vie = plus une longue éthopée qu’une prosographie, en règle gale, le portrait moral et continu et le portrait physique ponctuel
Prosographie : Incipit de l’Age d’homme = exemplaire à ce titre, constitue une sorte de pose ds existence , inscrit interruption dans déroulement existence : « Je viens d’avoir 34 ans, la moitié de la vie. Au physique, je suis de taille moyenne, plutôt petit. J’ai des cheveux châtains, coupé court afin d’éviter qu’ils ondulent, par crainte aussi que ne se développe une calvitie menaçante. Autant que je puisse en juger, les traits caractéristiques de ma physionomie sont : ….. »
comme peintre qui tente de reproduire ses traits, Leiris compose autoportrait physique avec précision s=> lecteur peut se faire une idée de la personne devenue personnage. Faut faire attention à ce type de description car permettent d’établir comparaison avec autres portraits autobio et parce qu’elle inscrivent individu décrit dans le temps => Leiris le signale dans ses notes « je viens d’avoir trente-quatre ans …. J’en aurais quarante-cinq quand ces pages paraîtront. Un tel écart justifierait un nouveau livre »
écart = 11 ans => description physique n’est plus valable => évolution rappelle tâche de Sisyphe et lie cette volonté de saisie à l’inachèvement essentiel de l’œuvre littéraire. « La question de la prosographie dévoile la difficulté d’écrire le récit de son propre moi : elle n’en offre que des fragments souvent lumineux mais provisoires » p41
Ethopée : c’est davantage vers elle que se tourne écrivain autobiographes, Les Confessions = peu de notations physiques, Dans Les Mots, Sartre fait ponctuellement allusion à sa laideur, Stendhal parle parfois de son âge mais peu de son apparence extérieur, de même Sarraute => c’est intériorité qui intéresse autobiographe car épouse avec plus de subtilité les aléas du temps.
En fait, « la théorie de l’univers qu’on porte en soi » (Renan) , ce monde intérieur = en définitive le seul véritable objet de l’autobio

en fait, « l’éthopée autobiographique couronne (…) fréquemment une œuvre qui développe une conception singulière d’un rapport au monde dans lequel évolue le moi. » p46

le couronnement d’une œuvre et d’un système

clore un système
Rousseau = philosophe des origines : langues, inégalité, sociabilité, recherche point de commencement où tout bascule. Pour lui, récit rétrospectif = tenter d’atteindre racine de l’individu, période enfouie où enfant prépare l’homme : état premier du désir, premiers vols, premières amours,…. Et surtout premières exclusions du paradis. Jean Starobinski, L’œil Vivant I, note que « tout se passe comme si Rousseau sentait le besoin de la revivre (l’exclusion) dans un assez grand nombre de circonstances, à la façon dont les névrosés répètent dans leurs rêves ou dans leur conduite, un événement traumatisant ». Existence = suite de déchéance mais aussi succession d’exclusion de lieux édeniques : campagne de Bossey, perdue ; les Charnettes, perdues ; perdue le séjour de Montmorency ; perdue l’île Saint-Pierre, perdue aussi la demeure de France : épisodes successifs pas ! anecdotiques : viennent conforter conception rousseauiste du Monde = l’homme est un être chassé de son bonheur, expulsé de son innocence ; la société par intermédiaire du contrat social tentera de corriger cette expulsion tragique et autobio Rousseau = en quelque sorte la preuve in vivo de cette conception du monde

Sarraute, un autre angle pour même notion de couronnement. Dès 1939 Tropismes : repérer à l’intérieur de l’individu la dualité, brefs petits mouvements infimes et anodins qui font en définitive la vraie vie. Tropisme = « des réactions d’orientations et de locomotion causées par des agents physiques ou chimiques » càd éléments extrêmement primaires qui entraînent ou provoque des réactions individuelles, constituent l’espèce de voix intérieurs qui contredit la voix sociale, cf les différents incipits des romans de Nathalie Sarraute, tous proposent des menus soliloques venus des profondeurs intimes su moi qui viennent contester jeu social => « la grande thèse de l’écrivain, c’est que la psychologie apparente est souvent motivée, voire contredite, par cette psychologie des profondeurs. » (p47)
d’œuvre en œuvre, ton très particulier, svt satirique + composition spécifique des différents romans fondée sur dualités des voix, sue un dialogue à l’intérieur du moi. Cf Intervention au colloque de Cerisy sur le Nouveau Roman (juillet 1971) :  « Ce que j’ai voulu, c’était investir dans du langage une part, si infime fût-elle, d’innommé […]. Mais ces efforts pour faire accéder au langage ce qui sans cesse se dérobe ont présenté de grande difficultés […]. A peine cette chose informe, toute tremblante et flageolante, cherche-t-elle à se montrer au jour qu’aussitôt ce langage si puissant et si bien armé […] saute sur elle et l’écrase. Cette lutte, j’ai essayé de la montré dans mes romans » => en résulte une forme de polyphonie romanesque, lieu du combat entre les deux expressions du moi
qd Sarraute projette écrire autobio, « tout se passe comme si l’écrivain voulait vérifier sur elle-même cette conception de la personnalité fondée à la fois sur le tropisme et sur le moi social » (p48) => ouverture sur dialogue souvent teinté de moquerie entre écrivain social « qui fait comme tout le monde » et son moi intérieur
préoccupations qui ont pu traverser œuvre (contestation psychologie romanesque traditionnelle, refus des formes romanesques précédentes, éclatement de la notion de personnage) trouvent ds autobio leur accomplissement ; la forme autobiographique adoptée = contestée, éclaté, mise en système, forgée à partir d’une œuvre longuement mûrie : « Enfance est une autobiographie qui mime son ridicule et son inanité dans le même temps qu’elle se réalise. Enfance est une autobiographie à travers laquelle Nathalie Sarraute poursuit son investigation moderne du champ littéraire » (p49)

d’autres auteurs pourraient être convoquer. Faut comprendre que autobiographe écrit plutôt à la fin de sa vie, cherche à saisir motivations profondes qui ont présidé à élaboration de son œuvre => récit rétrospectif = + recomposition d’un parcours plutôt que narration fidèle de la vie d’un individu => autobio en ce sens = genre électif => se pose question de la vérité

dire la vérité
Sincérité de Rousseau :
Si on exclut déclarations péremptoires du préambule, c’est surtout à partir du livre 3ème de Confessions que Rousseau s’adresse à son lecteur pour lui soumettre pbatique incontournable de la vérité : « J’écris absolument de mémoire, sans monuments, sans matériaux qui puissent me la rappeler. Il y a des événements de ma vie qui sont aussi présents que s’ils venaient d’arriver ; mais il y a des lacunes et des vides que je ne peux remplir qu’à l’aide de récits aussi confus que le souvenir qui m’en est resté. J’ai donc pu faire des erreurs quelquefois, et j’en pourrai faire encore sur des bagatelles, jusqu’au temps où j’ai de moi des renseignements plus sûr ; mais en ce qui importe vraiment au sujet je suis assuré d’être exact et fidèle, comme je tâcherai de l’être toujours en tout : voilà sur quoi on peut compter »
Existe assez profonde différence entre 1ers livres des Confessions (I à VI°) écrits sans véritables éléments de référence, et qui ressortissent au souvenir et livres VII à XII où sont reproduits documents (billet, missives) qui fondent texte autobio => probablement parce qu’au début Rousseau quête origines, recherche monde perdu, ensuite, se rapprochant du tps de l’énonciation –dc tps déchu – tente davantage de se disculper.
Tonalité élégiaque = sincérité des 1ers livres, tonalité plus plaintive mais aussi plus acerbe voire parx plus polémique appartient à établissement de la vérité
A l’origine du geste autobio, pour Rousseau, peu importe vérité, + sincérité : texte reproduira en conscience ce qui semble vrai au scripteur. Sincérité = etymo « sans cire » / miel => pureté, ce qui n’est pas altéré ou mélangé : la parole de la sincérité note J Starobinski « ne reproduit pas une réalité préalable » mais « reproduit sa vérité dans un développement libre et ininterrompu » (La Transparence et l’obstacle),
objectivité n’est plus de mise, mvt écriture suit mvt subjectivité intérieure qui ressent faits, actes, sentiments comme vrais. Ce qui garantit une forme de vérité des événements relatés, c’est de les avoir vécus comme tels (existe nbeux épisodes des Confessions où lecteur sourit de la naïveté de Jean-Jacques)
« la chaîne des événements, la chaîne phénoménale des faits n’existe plus que modifiées par la perspective du regard intérieur » p51
anamnèse = ce qui se transforme et transmue, écriture autobio = sentimentale, non mimétique, rapport à réalité référentielle n’existe qu’indirectement par biais du truchement scripturaire, guide événementiel sert peu car + mvt constamment égotiste et introspectif. CF livre VII
« Je n’ai qu’un guide fidèle sur lequel je puisse compter ; c’est la chaîne des sentiments qui ont marqué la succession de mon être, et par eux, celle des événements qui en ont été la cause ou l’effet »
« L’objet propre de mes confessions est de faire connaître exactement mon intérieur dans toutes les situations de ma vie. C’est l’histoire de mon âme que j’ai promise, et pour l’écrire fidèlement je n’ai pas besoin d’autre mémoire : il me suffit comme j’ai fait jusqu’ici de rentrer au-dedans de moi »
La sincérité remplace la vérité, les faits ne signifient objectivement rien, ils ne signifient que vécus à travers la perception du narrateur-personnage qui, sincère, les relate.
>< autoportrait qui trop élaboré, trop construit ne fournit que l’apparence, une seule fois Rousseau en appelle à Montaigne mais c’est pour que lecteur par confrontation saisisse différence essentielle

Pour Rousseau question vérité se trouve évacuée et remplacée par celle de la sincérité : pose écrivain face à lui-même, face à vérité scripturaire.

Authenticité de Sartre
Pour Sartre, la question de la vérité dans Les Mots, rejoint davantage la problématique de la parodie : selon lui : je ne fais pas récit rétrospectif de ma vie, je choisis de raconter rétrospectivement la vie de l’individu que je me suis composé ; autobio établit une importante distanciation entre deux moi (celui énoncé et celui énonciation) => autobio = architecture minutieusement agencée et autobiographe = démiurge :  « Créateur et animateur d’un monde, il est l’agenceur et l’agencé ; celui qui est authentifié par celui qui authentifie, le mensonge étant inhérent à l’expression de la vérité : lecteur qui prend la pause dans la première partie de l’œuvre, écrivain qui prend la pause dans la seconde partie » (p52)

« L’écriture, mon travail noir, ne renvoyait à rien, et, du coup, se prenait elle-même pour fin : j’écrivais pour écrire. Je ne regrette pas : eussé-je été lu, je tentai de plaire, je redevenais merveilleux. Clandestin, je fus vrai » dernière phrase = bonne def de autobio sartrienne, construite et authentique ds monstration aurait été sincère ds clandestinité = autobio à rebours, autobio de la dérision, autobio impossible sinon parodique. « Ce qu’exprime cette phrase lapidaire et lucide à la fin des Mots : « l’illusion rétrospective est en miette » »

le projet de Renan
fonde quête autobio sur catégorie de la fidélité. Si question sincérité hantait Rousseau, si résolution du conflit entre écriture et le moi s’est réalisé pour Sartre ds authenticité de la parodie, c’est, chez Renan, la fidélité au modèle nucléaire qui permettra d’atteindre une certaine compréhension de soi.
Ecriture autobio lié à catégorie de la singularité et de l’exception : elle recherche le modèle ancien, germé bénéfique, qui a permis de construire la rectitude intellectuelle d’une existence. S’agira en grande partie de vérifier conformité au moule, comprendre prédestination d’une individu tjs en équilibre (breton et gascon) entre romantisme et raison, idéalisme et pragmatisme, religieux et rationnel = équilibre qui permet une forme de sagesse où se nourrissent dialectiquement les contraires : « Cette complexité d’origine est en grande partie je crois la cause de mes apparentes contradictions. Je suis double ; quelquefois une partie de moi rit quand l’autre pleure »

se réapproprier le monde
les enjeux de l’autobio = doubles. Tournée vers l’intérieur du moi, elle tente de retracer parcours qui a motivé éclosion d’une perso et cheminement d’une vie, mais tournée vers extériorité, cherche aussi à se réapproprier monde perdu pour comprendre monde présent. CF fin des Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand y propose récapitulation de sa vie, mêlant histoire publique et existence privée, comme si vieil écrivain avait réussi à solidifier histoire de sa vie, à pétrifier histoire des hommes. Bilan de sa vie = bilan de la France ; présent énonciation scripturale = entre passé et futur, étrange entre d’eux où le monde passé n’existe plus et où monde futur est encore inconnu : « En traçant ces derniers mots, ce 16 novembre 1841, ma fenêtre qui donne à l’ouest sur les jardins des Missions étrangères est ouverte : il est six heures du matin ; j’aperçois la lune pâle et élargie ; elle s’abaisse sur la flèche des Invalides à peine révélée par le premier rayon doré de l’Orient : on dirait que l’ancien monde finit et que le nouveau commence. Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu’à m’asseoir au bord de ma fosse, après quoi, je descendrai hardiment, le crucifix à la main dans l’éternité »
Face à transformations, écrivain tente de ressaisir ces époques des conceptions du monde et de son univers, écriture salvatrice dresse bilan et ouvre d’autres champs. Mais ceci ne concerne plus l’autobiographe : « les scènes de demain ne me regardent plus » écrit Chateaubriand, « elles appellent d’autres peintres : à vous messieurs »
« C’est alors seulement, lorsque l’existence est retracée scripturairement (lorsque le texte rejoint le moment de son énonciation), que la totalité de la vie revêt une signification » (p56)

4) la lutte avec l’Ange

« l’art est un anti-destin » (André Malraux)
= formule célèbre, si condition essentielle homme = mortalité, art = ce que l’homme construit pour lutter contre usure et dégradation provoquée par le temps ; œuvre d’art = résultat d’un projet qui dépasse limites humaines, cf Georges Bataille commentant peintures de Lascaux qui rappelle que geste artistique est volonté humaine de saisir la réalité, de figer l’insaisissable d’expliquer imaginairement et métaphoriquement univers, mais aussi indéniable désir de durer au-delà de sa propre vie.
La plupart des autobiographes se présentent comme des individus se situant face aux phénomènes qui manifestent la dégradation du temps, cf la petite hotteuse dans les Mémoires de Chateaubriand, devenue femme ou morte, peu importe, ce que constate écrivain = sa disparition, son absence. Univers réel est devenu lacunaire, un monde de la vacuité : anamnèse scripturaire vient alors faire œuvre de comblement, pérennise éphémère instaurant à la place d’un individu réel, un individu imaginaire : personne de la petite hotteuse est devenue un personnages des Mémoires
Cf =t début de La Vie d’Henry Brulard, où Stendhal, posté sur le mon Janicule contemple les œuvres d’art des siècles passés ; la posture est symbolique : l’écrivain comme défiant le temps, couvre de son regard les créations humaines dressées pour l’éternité par des hommes pour les hommes : « Je me trouvais ce matin 16 octobre 1832, à San Pietro in Montorio, sur le mont Janicule, à Rome ; il faisait un soleil magnifique. Un léger vent de sirocco à peine sensible faisait flotter quelques petites nuages blancs au-dessus du mont Albano, une chaleur délicieuse régnait dans l’air ; j’étais heureux de vivre. Je distinguais parfaitement Frascati et Castel Gandolfo qui sont à quatre lieues d’ici, la villa Aldobrandini où est cette sublime fresque de Judith du Dominiquin […] Quelle vue magnifique ! C’est donc ici que La Transfiguration de Raphaël a été admirée pendant deux siècles et demi […] Ainsi, pendant deux cents cinquante ans ce chef-d’œuvre a été ici : deux cent cinquante ans ! …. Ah ! Dans trois mois j’aurais cinquante ans »
[il ne parle que d’œuvres picturales, en tout cas dans extrait => à vérifier, peut être utile pour notion de portrait dans autobiographie]
Ds extrait, tous les éléments qui nourrissent autobio stendhalienne = condensés : confrontation existence et œuvre d’art, fresque qui deviendra métaphore de autobio (elle exprime mais s’efface), la méditation sur le temps : l’écrivain autobiographe, du haut d’un des monts des plus prestigieux du monde, contemple sa vie, contemple son œuvre, contemple le temps : c’est pour lui l’heure de l’écriture de sa vie
« l’écriture autobiographique s’apprête dès lors à lutter contre la mort »p58

affronter la mort
Michel Leiris dans Biffures comprend après plus de deux cents pages d’écriture quel est le véritable objet de sa recherche : esthétique d’une œuvre, le bonheur d’écrire, désir d‘introspection et de compréhension de soi, mais plus profondément, l’écriture autobio est le recensement des morts, sorte de descente aux enfers, voix qui évoque souvenir et disparus
« Si cette peur de me faner est finalement ce qui m’oriente, quoi d’étonnant à ce que l’édification de ma propre statue soi devenue le but conscient (et ici même avoué) de tentatives littéraires ? A mesure qu’on se flétrit la défense devient plus urgente ; et la plus immédiate est, sans doute, de se couvrir d’un beau vêtement »
[là encore réf à un art « physique », plus visuel que l’écriture]

écriture de la vie aurait pour projet la rencontre obstinée et quasi frontale avec la mort cf Sartre. Les Mots : « Nos intentions profondes sont des projets et des fuites inséparablement liés : l’entreprise folle d’écrire pour me faire pardonner mon existence, je vois bien qu’elle avait en dépit des vantardises et des mensonges, quelque réalité : la preuve en est que j’écris encore, cinquante ans après. Mais si je remonte aux origines, j’y vois une fuite en avant, un suicide à la Gribouille ; oui, plus que l’épopée, plus que le martyre, c’était la mort que je cherchais »

« qu’en est-il, dans cette perspective, de l’écriture autobiographique lorsqu’elle pose comme objectif l’atteinte de cet horizon que l’on ne peut jamais atteindre ? Elle est ce que l’on pourrait nommer, suivant Blanchot, l’écriture du mourir : ce qui s’oriente inéluctablement vers la mort, maintenant toutefois la vie par son déroulement même » p59

la question des motivations de l’écriture autobio reste fortement orientée vers émetteur : face à lui-même, à la fin de son existence, autobiographe cherche à dresser bilan de savie
écriture autobio semble jouer rôle cathartique non négligeable, même si tension scripturaire s’oriente vers passé, faut convenir qu’il reste à autobiographe un morceau de vie assumer : écrire sa vie revêt pour lui une fonction essentielle = trouver la force de mener le reste de son existence avec un certain bonheur, atteindre une certaine « sérénité crispée » (René char) , écriture autobio = précieux instrument dont écrivain se sert pour parfaire sa ligne de vie
cf Michel Leiris préfaçant l’Age d’homme «  Recherche d’une plénitude vitale, qui ne saurait s’obtenir avant une catharsis, une liquidation, dont l’activité littéraire – et particulièrement la littérature dite de confession – apparaît comme l’un des plus commodes instruments »

« Reste qu’en fermé désormais dans l’espace isolé de l’écriture, l’autobiographe achoppe sur la question essentielle qu’il se pose à lui-même : comment concilier la narration d’une existence réelle et le lieu de l’écriture nécessairement imaginaire ? » p60

Chapitre III : le paradoxe autobiographique

le temps révolu

tout autobiographe se pose question de la vérité par rapport à lui-même. Mais moyen au sens instrument choisi = écriture risque à tout instant de l’entraîner vers la dérive de n’être pas véridique. Si le contenu de ce qui est rapporté est exact, il n’en reste pas moins vrai que espace scripturaire transmue vérité en œuvre d’art => « d’entrée de jeu écrivain pénètre un espace qui par sa spécificité même, est celui de l’imaginaire, espace paradoxal qui vise ici à représenter ce qui s’étant présenté une fois dans le phénomène existentiel, refuse de se représenter, sinon dans le lieu scripturaire qui représente selon ses propres lois » p61

temps existentiel et achronie scripturale
depuis travaux Genette, tps de la réalité et tps du récit si restent liés ne peuvent se ressembler en rien, tps de la réalité ressortit à la chronologie, le temps du récit concerne le temps achronique de l’écriture : « son champ véritable est celui du discours », « du vraisemblable artificiel ».
Qd écrivain rentre ds champ de la litt décide de mourir au monde, entre ds ce que Maingueneau appelle le « lieu paratopique » de l’écrivain, lieu où ni ds réalité ni ds imaginaire entre en rapport avec le monde de l’écriture.
Qd autobiographe écrit, il arrête tps présent et se déplace ds temps passé : tps écriture = tps suspendu qui à chaque ligne peut être distendu ou rétréci :
cf épisode du ruban volé ds livre II des Confessions = épisode particulier que Rousseau allonge ds mvt de son écriture parce que cet épisode est exemplaire à ses yeux, fondateur de sa perso, mais épisode existentiel est en définitive très anodin : enfant convoite ruban, le vole et dénonce quelqu’un d’autre, ms ds champ écriture anecdote devient achronique, suspendue hors du tps, rapproche différentes strates de temps. Répétition de l’événement par l’écriture provoq à la fois accélération temporelle et une sorte de téléscopage chronologiq : « l’enfant coupable et l’écrivain qui avoue sa culpabilité, plongés dans une même temporalité imaginaire, se retrouvent dans le temps de la confession. » p62
L’écriture = alors moment de la conscience, tps cathartiq qui permet d’exister encore : Marion la petite bonne accusée a disparu de la vie ms ds espace scripturaire Marion revient :
« Ce cruel souvenir me trouble quelquefois et me bouleverse au point de voir dans mes insomnies cette pauvre fille venir me reprocher mon crime comme s’il n’était commis que d’hier […]. Ce poids est donc resté jusqu’à ce jour sans allégement sur ma conscience, et je puis dire que le désir de m’en délivrer en quelque sorte a beaucoup contribué à la résolution que j’ai prise d’écrire mes confessions »

anamnèse faite d’analepse et d’ellipses, contracte et accélère le tps qui devient tps de la subjectivité, de l’intériorité, de l’écriture

superficiellement possible admettre que autobio graphe parcourt chemin qui va de la naissance au moment de l’énonciation mais plus profondément, cheminement = celui qui mène de la décision d’écrire à écriture

le défaut de mémoire et l’après-coup
- la fresque stendhalienne : autre obstacle inhérent à écriture autobio, = risque d’oublier essentiel de ce qui doit être dit. Rousseau ds Confessions écrit « sans monuments » (= def dico de Trévoux : témoignages qui restent des actions passées), préfère se laisser conduire par vérité subjective, mais pans parx énormes du passé qui demeurent occultés = préoccupations pour écrivain : image de la fresque chez Stendhal = peut-être ce qui rend le mieux compte de la tâche impossible que s’est assignée écrivain : « En écrivant ma vie en 1835, j’y fais bien des découvertes, ces découvertes sont de deux espèces : d’abord, 1° ce sont des grands morceaux de fresques sur un mur, qui depuis longtemps oubliés apparaissent tout à coup, et à côté de ces morceaux bien conservés sont comme je l’ai dit plusieurs fois de grands espaces où l’on ne voit que la brique du mur. L’éparvérage, le crépi sur lequel la fresque était peinte est tombé, et la fresque est à jamais perdue. A côté des morceaux de fresque conservés il n’y a pas de date ; il faut que j’aille à la chasse des dates actuellement en 1835. heureusement, peu importe un anachronisme, une confusion d’une ou deux années » // fresque de Giotto ds la basilique Santa Croce, de loin, ensemble semble cohérent, impression d’achèvement et de totalité artistique = parfaite, architecture de la fresque offre apparence d’harmonie, de plus près certaines zones comblées par du ciment, => dégradation de l’œuvre due au tps => « l’ œuvre devient alors un étrange composé de présence et d’absence » p64
de même si existence réelle devient œuvre d’art , ne peut être relatée ds sa complétude, œuvre d’art autobio = le plus svt une manifestation d’absence et pacte autobio inclut représentation elliptique, le plus svt = domaine des ombres et des fantômes « je ne puis donner la réalité des faits, je n’en puis présenter que l’ombre »  (Stendhal)
écriture = simulacre et pacte = pas du mensonge mais celui de impossibilité à écrire en référence à événement,
oubli = ce qui interdit de raconter histoire d’une vie mais s’agit d’un oubli fécond parce que sélectionne essentiel, devient allié indispensable de la création pour 3 raison :
écriture capte parmi bcp d’autre souvenir significatif ou symbolique qui permet à autobiographe d’exprimer un élément fondamental de la vie
suscite imagination et pose rapport du référent au poétique : pas exactitude des faits rapportés qui compte mais rencontre du fait relaté et de l’imaginaire qui le produit
« C’est l’hospice ! On nous y donna comme à toute armée, un demi-verre de vin qui me parut glacé comme une décoction rouge. Je n’ai de mémoire que du vin, et sans doute on y joignit un morceau de pain et de fromage. Il me semble que nous y entrâmes ou bien les récits de l’intérieur de l’hospice qu’on me fit produisirent une image qui depuis trente-six ans a pris la place de la réalité » : événement se confond ici avec récit qu’on a pu faire à Stendhal. Fiction et réalité se superposent mais Stendhal ne ment pas, commente cet effet superposition, = sorte de métadiscours stendhalien = fréquent ds Vie d’Henry Brulard, s’agit d’un métatexte fondé sur distanciation qui souligne ironiquement risques de piperie : « Voilà un danger de mensonge que j’ai aperçu depuis trois mois que je pense à ce véridique journal. Par exemple, je me figure fort bien la descente. Mais je ne peux dissimuler que cinq ans ou is ans après j’en vis une gravure que je trouvais fort ressemblante, et mon souvenir n’est plus que la gravure. C’est là le danger d’acheter des gravures de beau xtableaux que l’on voit dans ses voyages. Bientôt la gravure forme tout le souvenir et détruit le souvenir réel »
La vérité n’est pas refusée, mais c’est l’imaginaire qui vient peu à peu transformer, voire détruire la conformité au réel
oubli ou déformation élément vécu permettent à autobiographe de considérer existence d’une manière prismatique comme si écrivain possédait une vision différente d’un même fait ayant désormais la faculté de transformer les épisodes de sa vie à partir de sa subjectivité propre :
« voilà un des grands défauts de ma tête : je rumine sans cesse sur ce qui m’intéresse, à force le regarder dans des positions d’âme différentes je finis par y voir du nouveau et je le fais changer d’aspect »
Lucidité stendhalienne ouvre à pbatiq de l’écriture autobio des perspectives extrêmement modernes pressenties par Rousseau : l’écriture devient ce qui travaille et transforme la réalité = matériau à partir duquel loin de se laisser leurrer écrivain façonne sa propre vie, sa vie nouvelle, scripturaire. Car si les dès st pipés, un écrivain comme Stendhal le sait :
« les choses imaginées et les choses vues se confondent » , « le récit se confond avec le souvenir »

la fécondité de l’oubli : richesse commentaire / défaut de mémoire sur fécondité oubli, sur modernité illusion référentiel : cf Leiris, ds Fourbis l’ explicite
Un peu comme ds processus du rêve que décrit Freud, autobiographe traite souvenir comme ds instants qui peuvent se superposer, s’entrecroiser, se déplacer.
Comme Mallarmé sépara double état parole « là brut, ici essentielle », Leiris établit différence entre « celle fois-là » = celle de la temporalité réelle et « cette fois-ci » = la fois de la condensation, de l’imaginaire et de la littérature = fois manifestement la plus proche de l’écrivain, ici de l’écriture = proximité par rapport au là-bas de événement
« davantage assemblage que narration suivie, l’autobiographie moderne sera interstitielle, consciente que le blanc, l’ellipse, l’analepse fonderont autant sa définition générique que les lignes qui composent l’œuvre » (p67),
risques d’erreurs, de transposition que Rousseau évoquait avec une certaine angoisse : « il est difficile que dans tant d’allées et venues, dans tant de déplacements successifs, je ne fasse pas quelques transposition de temps ou de lieu » deviennent condition écriture autobio, œuvre plus proche du fragmentaire, du florilège que du flot continue
« Florilège donc que plus irrémissibleme,nt que tout chois délibéré limitent ces absences : ce que je n’ai pas décelé, pas su formuler, ou répugné à mettre en lumière » (Leiris, Frêle bruit)

Trois sources de piperie en définitive : défaut de lucidité, défaut d’expression, oubli sciemment déclaré => de tout manière jeu reste bloqué car davantage réglé sur poésie d’une écriture que sur représentation d’un parcours d’existence, txt préfère désigner importance de tel ou tel fait, point de scintillation autour duquel gravitent les éléments fondamentaux de toute une vie :
« Parmi ces poussières, de notre passé qui nous émeuvent d’autant plus que leur contenu paraît hors de proportion avec son infime contenant (amorce de quelque chose de capitale que le sort a laissé en souffrance ou qui, pour être, n’avait pas même besoin de se produire), parmi ces événements si minces qu’on s’étonne presque de les garder en mémoire mais qui fulgurent ça et là dans le fatras de notre vie … » (Fourbis)

rejoint relation entre figement et mvt : écriture saisit et immobilise / récit de vie exige une certaine forme d’écoulement du temps. Montaigne avait déjà rencontré interrogation héraclitéenne sur temporalité

l’écriture et le mouvement

Montaigne déjà
Même si Essais = + genre autoportrait, renseignent sur difficultés à composer honnêtement récits de vie.
Si finalité profonde autobio = se dire, atteindre une certaine vérité de soi, écriture autobio = de nouveau paradoxale car cherche à figé mobilité, difficile de fixer son objet (cf Montaigne) car objet tjs approximatif : on peut considérer une grande partie des essais sous cet angle, fondent une méthode heuristique de découverte du moi, ms au-delà questionnement têtu et curieux sont aussi preuve que écriture est impossible « tant le modèle diffère à chaque instant de ce qu’il est ou qu’il était immédiatement avant » p 68 :
« Finalement, il n’y a aucune constante existence, ni d notre être, ni de celui des objets. Et nous, et notre jugement, et toutes choses mortelles, vont roulant et roulant sans cesse. Ainsi il ne se peut établir rien de certaine de l’un à l’autre, et le jugement et le jugé étant en continuelle mutation et branle. Nous n’avons aucune communication à l’être, parce que toute humaine nature est toujours au milieu en le naître et le mourir ne baillant de soi qu’une obscure apparence et ombre, et une incertaine et indélébile opinion » (II, 12). => Montaigne rencontre ici ce que l’on pourrait appeler le scepticisme autobio : homme humilié qd se à soi comme objet de connaissance, car ainsi est vérifié mot de Pascal « le sot projet qu’il a de se peindre » ms c’est ds ce paradoxe que se situe la richesse du projet scripturaire : la « discordance » perpétuelle oblige Montaigne à cerner son objet par approximation
« il n’est de description pareille en difficulté à la description de soi-même », ms est tjs possible à partir circonlocutions multiples d’adapter mots à leur objet
autobio = « docte ignorance de soi », sachant que ce n’est pas l’être qui peut être peint ms son passage. « cette « recherche jusqu’aux entrailles » (III,5) ne se peut réaliser que par la diversité scripturaire, un peu comme si le moi ne pouvait s’offrir qu’à partir d’un encerclement infini des mots » p69

foisonnement existentiel à colliger en volume, nécessité dialectique de mettre en rapport tps et écriture, Stendhal l’exprime avec une certaine angoisse dès le début de La Vie d’Henry Brulard : « Oui, mais cette effroyable quantité de Je et de Moi »
« toujours j’ai été découragé par cette effroyable difficulté des Je et des Moi qui fera prendre l’auteur en grippe, je ne me sens pas le talent pour la tourner. A vrai dire, je ne suis rien de moins sûr que d’avoir quelque talent pour me faire lire. Je trouve parfois beaucoup de plaisir à écrire, voilà tout »
[moi je n’interprétais pas cette cit ni la suivante comme il le fait]
=> conscience du « métalent », de cette incapacité à rendre compte de la multiplicité des moi, entraîne prise de conscience de 2 obstacles : faut accepter risque de l’inconnaissance de soi (alors dès = pipés du côté de l’auteur («  je ne prétends nullement écrire une histoire, mais tout simplement noter mes souvenirs afin de deviner que l homme j’ai été : bête ou spirituel, peureux ou courageux, etc, etc. c’est la réponse aux grands mots : gnoti seauton ») + faudra admettre que le lecteur sera trompé :
« Où se trouvera le lecteur qui, après quatre ou cinq volumes de je et de moi, ne désirera pas qu’on me jette, non plus un verre d’eau sale, mais une bouteille d’encre ? Cependant, ô mon lecteur, tout le mal n’est que dans ces cinq lettres : B, R, U, L, A, R, D qui forme mon nom, et qui intéressent mon amour propre. »

contradiction entre mvt et figement sera résolue par une certain nbre d’interruptions du tps

transmuer un événement en épisode
Yves Reuter : trois niveaux peuvent être repéré dans l'approche d'une oeuvre littéraire : niveau de la fiction, niveau de la narration et le niveau de la mise en discours. (Histoire, narration, style) : "la fiction (ou diégèse) désigne l'univers créé, ,l'histoire telle qu'on peut la reconstituer, les personnages, l'espace, le temps ....La narration prend en charge les choix techniques (et créatifs) selon lesquels la fiction est mise en scène, racontée par qui, selon quelle perspective, selon quel ordre, suivant quel rythme, selon quelle mode, etc [...] Cette distinction entre fiction et narration permet de lever l'ambiguïté entre les deux sens du mot récit : d'une part la narration d'un événement ou d'une série d'événement, d'autre part l'événement ou la série d'événement qui font l'objet de cette narration" (Introduction à l'analyse du roman)
Distinction entre fiction et narration : appliqué au récit rétrospectif d'une vie, permet de comprendre effet de transposition qu'opère autobiographe.
si on peut résumer plus ou moins aisément la fiction (qui déjà se sépare fortement de son référent), on peut en revanche d'un point de vue narratologique analyser les phénomènes d'insistance, d'ellipse, d'accélération et de retardement que produit écrivain : mise en scène de certains épisodes qui deviennent les éléments constitutifs d'une fable ds la mesure où plus fondés sur déroulement chronologique d'une vie mais deviennent éléments constitutifs d'un ensemble littéraire artificiellement créer en vue d'une démonstration.
Si Les Confessions = longue fable, anecdote de la contemplation de madame Basile devient épisode qui permet de construire le personnage de Jean-Jacques : épisode très composé, ds lequel exposition, différentes actions (le voyeur, le voyeur vu, l'échange de regards) et dénouement ne manquent pas =épisode autonome, microrécit sélectionné par autobiographe, ms joue =t rôle au niveau macrostructural du récit : permet à Rousseau de tisser un réseau plus ample ds l'histoire de son existence (miroir et reflet)

Vie, écrivain, lecteur ne pourront se rencontrer que ds lieu délocalisé, décalé de l'autobiographie en tant qu'elle est espace de l'imaginaire : "Entre le moi - modèle et le moi-peintre, écrit Jean Starobinski, la distance sera aussi tranchée que celle qui sépare la conscience et les objets extérieurs" (L'oeil vivant I)

//t intransitivité du langage poétique (se suffit à lui-même, se fondant sur une essentielle négation du monde et construit sa propre autonomie) , on peut parler de intransitivité écriture autobio ds mesure où déjà fiction, elle édifie un monde où épisode après épisode, narration échafaude, organise et répartit espace de l'imaginaire : est un complexe processus de recomposition

recomposer le parcours d'une existence
- structure des Mots de Sartre : Sartre inscrit dès titre son autobio ds espace scripturaire ; //t livre pas divisé en chap annonçant épisodes existentiels ms deux parties presque équivalentes : lire ; écrire.
Autobio sartrienne est construite à partir du modèle littéraire, auteur s'y présente comme individu totalement influencé par la question du rapport avec les mots, du rapport à écriture. La bipartition enfance – réception / émission ; destinataire / scripteur, marque processus distanciation que veut souligner philosophe existentialiste
livre = restructuration de la vie, reconstruction consciente. Chez Sartre, dés st pipés dès la 1ère distribution du livre : la loi de l’œuvre autobio sera la loi de son auteur ; dire sa vie c’est dire comment on doit la lire et comment on doit l’interpréter quand on la lit. : la parodie autobio prend certainement sa source ds cette répartition consciente et volontaire
comme il a su leurrer son monde en lisant, il saura leurrer son monde en écrivant, entre les 2 chap, cette phrase révélatrice du projet de recomposition « je fus sauvé par mon grand-père : il me jeta sans le vouloir dans une imposture nouvelle qui changea ma vie » ; imposture qui sera précisément l’écriture, mais ce Verbe tant aimé, si difficile à maîtriser, bien svt fait mener vie de forçat (Sartre cite le mot de Chateaubriand : « je sais fort bien que je ne suis qu’une machine à faire des livres ») est essentiellement duel : côté parole : à peu près connu et docile, côté écriture, question plus épineuse : « Cela tient à la nature du verbe : on parle dans sa propre langue, on écrit en langue étrangère. J’en conclus que nous sommes tous pareils dans notre métier : tous bagnards, tous tatoués. Et puis le lecteur a compris que je déteste mon enfance et tout ce qui en survit : la voix de mon grand-père, cette vois enregistrée qui m’éveille en sursaut et me jette à ma table, je ne l’écouterais pas si ce n’était la mienne, si je n’avais, entre huit et dix ans repris à mon compte dans l’arrogance, le mandat soi-disant impératif que j’avais reçu dans l’humilité »

- fonder la règle du jeu : autre autobio significative ds répartition que choisit d’instaurer son auteur : celle de Leiris : 4 titres de la Règle du jeu = symptômes de cette volonté de recomposition, semble tout d’abord que Leiris fonde récit rétrospectif de sa vie davantage sur isotopie phonique que sur déroulement chrono : Biffures, Fourbis, Fibrilles, Frêle bruit. Maurice Blanchot ds L’Amitié souligne que cet itinéraire = celui d’une expérience de l’écriture qui fonde totalement sa présence sur le champ de l’imaginaire :  « Le premier trait d’une telle expérience, c’est que le plus grand souci de la vérité l’oblige à faire bien plus grande la part de l’imaginaire. […] dans Biffures […] l’expérience est presque toute entière supportée par la vie de la réflexion, la surveillance qu’elle exerce, effort et tension extrêmes d’une conscience qui est d’autant plus en alerte qu’elle n’a plus seulement à vérifier des faits, mais à peser l’imaginaire »
Ainsi répartition en 4 gds tomes fonde un univers imaginaire autobio, « l’autobiographie est remenbrement des remenbrances » p74.
Techniq employée par Leiris = fragmentation, reclassement, réorganisation de grandes rubriques : blessures, associations d’idées, jeux de mots ouvrent la voie à différents moments qui viennent se fixer sur un noyau fondateur et créateur. Cette recomposition de surface permet la recherche ininterrompue du moi occulté :  « Ainsi, au-dessous de la trame consciente de mon livre – celle qui est artifice dans la mesure où, préexistant nécessairement à chaque page que j’écris, elle lui imprime ipso facto un caractère d’objet préfabriqué – court une trame que j’ignore ou dont je n’entrevois jamais que des brimborions au hasard d’une image ou d’une réminiscence » (Fourbis)
Le tout = parvenir mot à mot à une totalité convaincante
« Si je comble donc une lacune avec cette analyse d’après-coup et si, réduisant apparemment la part trop large d’inconnu qui bée en moi, il me semble rogner d’autant la part du lion que le vide s’y est taillé par anticipation, la portion de moi-même ainsi reprise au néant l’aura été de façon artificielle et provisoire, sans que je puisse me flatter d’avoir mener à bien une entreprise que j’aimerais pouvoir comparer à ce que furent d’autres opérations de comblement tels que les grands travaux d’assèchement effectués au XVII siècle par les hollandais pour gagner sur la mer des territoires habitables – travaux auxquels ils m’arrivent de songer comme une image illustrant ce qu’est l’art quant aux œuvres qu’on peut regarder comme ses manifestations majeures : tentative d’aménager ou de coloniser des parcelles qu’il est d’une importance vitale de soustraire à la chose sans nom qui est en nous et dont le flux nous menace » (Fourbis)
« L’autobiographie réorganisatrice est alors ce qui nomme pour lutter contre l’innommable » p75, écriture autobio est reconquête
[dans ce contexte est-ce qu’on ne peut pas trouver d’autres raisons que l’émancipation du moi et la notion d’individu, en effet besoin de se retrouver ou de se trouver, de se construire est peut-être également moderne, ce qui expliquerait développement du genre : depuis XVII apparition également d’interrogation sur place de l’homme ds le monde , surtout XX absurde, nouveau roman, nouveau théâtre, Michaux  : pas seulement remise en cause art, écriture, langage mais aussi pb existentiel.(plus de repère religieux, perte de fois en l’humanisme …) Il me semble que autobio = explosion au XX et ds après –guerre : Sartre, Sarraute, Leiris, Nourrissier, Gide, Mauriac, Semprun, Pérec ont écrit autobio ou ont tourné autours …innommable = pas seulement la mort ou l’oubli … =t tout ce qui est absurde dans l’homme, ds condition humaine etc….. en fait autobio comme toute œuvre d’art rejoint pbatique époque]
« ma vie qui, pour couler n’a pas besoin d’y réfléchir, va plus rapidement que je n’avance à travers les sinuosités de ce que j’en écris […]. Quoi que je fasse pour amender mon texte rien ne rendra sa réalité palpable à tout cela […], j’arrive seulement au bout de la deuxième étape que je m’étais fixée : ces Fourbis, que doivent suivre de hasardeuses Fibrilles, puis les difficiles Fibules ou agrafes par le moyen desquelles il faudra que tout s’ajuste. Je suis si lent qu’à la recherche pratique du début (poursuite d’une règle, que j’aurais loisir d’appliquer après sa découverte) se substitue, en fait, la rédaction d’une manière de testament »
au fur et à mesure que autobio progresse chez Leiris, le texte devient lacunaire : pages de Biffures, Fibrilles = lourdes, denses et pleines, à partir de Frêle bruit, de larges blancs, sorte de déchirures textuelles, viennent séparer le flot du récit comme pour montrer que agencement des faits, des actions, des portraits divers n’est plus possible 

Gusdorf « Le temps empirique s’enrichit de surcharges qui lui confèrent une vérité ontologique. Le temps de tout le monde est un ordre de dispersion et de neutralisation mutuelle ; le temps propre de l’autobiographe est un lieu de concentration où se produisent les retrouvailles de l’individu avec lui-même »
Seul langage littéraire (écriture instituée comme manifestation de œuvre d’art) peut permettre à autobiographe d’édifier cette concentration du moi remodelé = raccord dont parle Nathalie Sarraute dans Enfance « Ne te fâche pas, mais ne crois-tu pas que que là, avec ces roucoulements, ces pépiements, tu n’as pas pu t’empêcher de placer un petit morceaux de préfabriqué … C’est si tentant … Tu a s fait un joli raccord, tout à fait en accord … » un peu plus loin parle de « combler », de « replâtrage » => rejoint pbatiq de la fresque ouverte par Stendhal

l’écriture de la vie

prendre la vie au piège des mots
1er chap du tome I de La Règle du jeu, Biffures = célèbre. Leiris l’a intitulé « …..reusement », comme beaucoup récit, écrivain commence par narration enfance => au début de Biffures une simple anecdote : enfant joue avec un soldat, maladroit, le laisse tomber, est inquiet veut vérifier que pas casser, le récupère : jouet n’a rien, enfant, s’écrit « Reusement » , une grande personne est ds la pièce et le reprend : on dit « heureusement » => enfant sidéré est plongé ds le monde des autres et surtout des mots : « L’on m’a repris. Et, un instant, je demeure interdit, en proie à une sorte de vertige. Car ce mot mal prononcé, et dont je viens de découvrir qu’il n’est pas en réalité ce que j’avais cru jusque-là, m’ a mis en état d’obscurément sentir (…) en quoi le langage articulé, tissu arachnéen d mes rapports avec les autres, me dépasse, poussant de tous côtés ses antennes mystérieuses »
=> règle du jeu = alors pour enfant de créer une poétique perso. Autobio = intimement liée à cette poétique singulière, sera fondée sur cette perpétuelle lutte de l’écrivain qui consistera à désigner univers avec justesse tout en créant une poétique individuelle ou encore à raconter rétrospectivement sa vie tout en élaborant une poétique du moi. Autobio = composée de mots dont pouvoir de désignation = réel mais peu efficace
Pour Leiris : narration de sa vie programmée en quelque sorte à partir de ces confusions enfantines sera autant récit existence que récit du combat d’un homme contre sa langue maternelle. => Notion de pacte référentiel = relativement mise à mal puisque seule référence quasi autotélique = celle du langage par rapport à lui-même
Ph Lejeune dans Moi aussi, revient sur cette notion en admettant que autobio peut ressortir à d’autres systèmes que système référentiel.
« ce que j’appelle autobiographie peut appartenir à deux systèmes différents : un système référentiel réel (où l’engagement autobiographique, même s’il passe par le livre et l’écriture a valeur d’acte) et un système littéraire où l’écriture ne prétend plus à la transparence mais peut parfaitement mimer, mobiliser les croyances du premier système. Bien des phénomènes d’ambiguïté ou de malentendu viennent de ce porte-à-faux »
« Nouveau paradoxe de l’autobiographie qui, prenant ancrage dans la réalité du monde, s’en écarte essentiellement en choisissant la solitude et le pouvoir d’abstraction du langage pour exprimer le référent ».p79
Nietzsche ds Le Livre du philosophe rappelle que notre connaissance ne fait qu’effleurer la surface des choses nous ne connaissons qu’à travers « des formules désignant des forces absolument inconnaissables »
« Notre penser est un classer, un nommer, donc quelque chose qui revient à l’arbitraire humain et n’atteint pas la chose même » » cf formule à l’aphorisme 118 « le philosophe pris dans les filets du langage »

la poésie autobiographique
cherchant à comprendre pourquoi il est ce qu’il est, Leiris écrit, sa quête scripturaire construit œuvre, et oeuvre envahit vie
Si Montaigne comprend rapidement que « nous n’avons aucune communication à l’être » garde qd même confiance en écriture, les mots disent encore la vie. A l’inverse quête plus moderne d’un Leiris = davantage fondée sur recherche et constante méditation sur pouvoir des mots et impossible horizon poétique à atteindre
« je continue à aligner les phrases. Je les retouche et les allonge comme à plaisir, ne pouvant me résoudre à livrer la pensée la plus simple qu’amortie au moyen d’un vain capitonnage. Après avoir cité mon homonyme partiel Michel Bréal, [après (…), après (…) ] je suis pas plus avancé qu’avant : les mêmes écrans me séparent de la réalité et l’on dirait que ces phrases dans lesquelles je m’embarrasse […] sont l’image du difficile commerce que je m’efforce de nouer avec le réel »
Si Pour Leiris, l’intériorité du moi doit être dite, elle peut l’être aussi bien par association de figures et les jeux poétiques sur la langue. Ce vers quoi tend son autobio c’est selon mot qui clôt tome 3 de la Règle du jeu la poésie. Dans cet univers, exactitude, précision autobio se trouve remplacée par art de la formule
Ph Lejeune ds Moi aussi « Le paradoxe de l’autobiographie littéraire, son essentiel double jeu est de prétendre être à la fois un discours véridique et une œuvre d’art. c’est pour avoir médité sur cette quadrature du cercle et tenté de réaliser cet équilibre que Michel Leiris est si exemplaire »
Rousseau avait déjà pressenti : soit raconter platement existence soit adapter style à son objet, mais le style circonscrit objet en le falsifiant : la création littéraire vient faire écran entre sujet et projet entre écrivain et monde entre autobiographe t lecteur = question fondamentale traitée par Jean Starobinski ds La transparence et l’obstacle

4) la question de la transparence

l’écran scripturaire
Rousseau : projet autobio = projet de disculpation => décide de rendre publique histoire de sa vie et pour ce faire devra écrire => lui qui désire transmettre le plus authentiquement histoire de sa vie devra paradoxalement choisir le moyen le plus indirect, le plus falsificateur pour transmettre message.
Dans le Discours sur l’origine des langues, Rousseau établit nettement différence qui à la x sépare et régit parole et écriture : « L’écriture, qu semble devoir fixer la langue, est précisément ce qui l’altère ; elle n’en change pas les mots mais le génie ; elle substitue l’exactitude à l’expression. L’on rend ses sentiments quand on parle, et ses idées quand on écrit. […], il n’est pas possible qu’un langue qu’on écrit garde longtemps la vivacité de celle qui n’est que parlée »
d’un côté sentiment, modulation, clarté, vivacité / lois du langage commun, contrainte figement => opposition entre sincérité et artifice ; solution en découvrant insuffisance littérature trad = inventer écriture nouvelle aussi nouvelle que projet. C’est égal : écriture même adaptée à nvelle situation trahira nécessairement. Ecriture s’écarte de nature innocente car est sociale.
Pour Rousseau, connaissance de soi est donnée puisque je possède en moi le modèle et histoire de ce modèle : de moi à moi, de ma vie à ma vie, aucun obstacle ne peut entraîner l’inconnaissance mais ma vie, ma personnalité peuvent être mal interprétées, erreur de jugement, culpabilité vient alors des autres : « je vois par la manière dont ceux qui pensent me connaître, interprètent mes actions et ma conduite qu’ils n’y connaissent rien. Personne au monde ne me connaît que moi seul » (première lettre à Malesherbes) => défaut de perspective vient des autres => « Les Confessions sont alors une tentative de rectifier les erreurs des autres ». Autobio doit rendre, ds cette perspective, existence transparent aux yeux du lecteur, mais en écrivant, autobiographe travestit la réalité
Si autobiographie sincère = ce qui doit offrir spontanément au lecteur la vérité intérieure, l’écriture, instrument de médiation, fait écran au projet dans le même temps qu’elle le réalise.
Starobinski : « c’est ici seulement que l’on mesure toute la nouveauté apportée par œuvre de Rousseau. Le langage est devenu le lieu d’une expérience immédiate, tout en demeurant l’instrument d’une médiation. Il atteste à la fois l’inhérence de l’écrivain à sa « source » intérieure, et le besoin de faire face à un jugement, c’est-à-dire d’être justifié dans l’universel […] Rousseau a découvert ces problèmes […]. On peut dire qu’il a été le premier à vivre d’une manière exemplaire le dangereux pacte du moi avec le langage : la « nouvelle alliance » dans laquelle l’homme se fait verbe »
si autrui a défiguré son visage, autobiographe visera à le refaçonner. « En définitive, le personnage le plus apprécié de Rousseau, c’est le Jean-Jacques reconstitué, représenté dans les Confessions » p83

acte d’écrire = intimement lié à la vie sociale, à la publication, rend implicite le rapport à la lecture comme puissance déformante du portrait idéal => encore une x dés = pipés et autobio = possible que si autobiographe en accepte les contradictions. « Nouvelle éthique de l’écriture puisque l’écrivain doit assumer l’écran qu’elle constitue, le message qui lui est inhérent, la distance qu’elle instaure entre le dedans et le dehors, entre la vérité personnelle et la vérité objective : entre la vérité personnelle et la vérité objective : entre la vérité et l’imaginaire » p83
L’anamnèse scripturaire fonde désormais cette zone d’incertitude entre le souvenir et la fiction ; et, dans ce jeu de l’écriture autobiographique – précisément parce que ce jeu est scriptural – c’est la fiction qui l’emporte.

/ Rousseau : monde peuplé de regards réprobateurs, monde peuplé d’interdit, monde peuplé de désirs refoulés. La seule échappée = celle de l’imaginaire et un des substituts symboliques = écriture en tant qu’elle permet conquête d’un espace personnel et fictif ; monde écriture = celui de la conquête du moi que l’on désirait être. Ecriture donne naissance à des représentations, aménage réalité ; double paradoxe pour celui qui comptait par le biais e cet instrument communiquer spontanément avec les autres : écriture l’en éloigne ; écriture recrée monde

Autre obstacle lié à son essence même = écart et distance que lt tps instaure entre moi écrit et moi écrivant

le sujet posé en objet
seul témoin que Rousseau pouvait éventuellement accepter = Rousseau lui-même : « Nul ne peut écrire la vie d’un homme que lui-même : sa manière d’être intérieure, sa véritable vie n’est connue que de lui » : graphie de soi n’accepte pas n’accepte pas graphie, seulement autobio ; autobiographe peut par une sorte d’action réflexive se poser en modèle. L’intention autobiographique porte donc en elle-même initialement dédoublement : moi écrivant est toujours en position d’éloignement par rapport au moi raconté.
Du point de analyse stylistiq de écriture autobio peut être intéressant de repérer désignateurs (pronoms, noms, surnoms) qui servent à nommer perso principal du texte ; intérêt analyse ou repérage désignateurs = vérifier distance instaurée entre écrivain et tracé de son auto-bio, de son moi et du parcours de ce moi. Cf Stendhal méditant sur tps qui le sépare de la période 1er séjour à Paris et rencontre amour : « depuis trente ans au moins, j’ai oublié cette époque si ridicule de mon premier voyage à Paris ; sachant en gros qu’il n’y avait qu’à siffler, je n’y arrêtais pas ma pensée. Il n’y a pas huit jours que j’y pense de nouveau ; et s’il y a une prévention dans ce que j’écris elle est contre le Brulard de ce temps-là »

Stendhal a conscience que difficile d’être selon le mot de Leiris : « l’ouvrier et le matériau »

Dans Frêle bruit : écart en je de l’énonciation et je énoncé = plus patent et plus significatif parce que le dernier livre de la Règle du jeu est davantage une méditation métatextuelle sur autobio qu’une autobio obéissant aux canons du genre : tentant de se réapproprier parcours assez récent de son existence, Leiris utilise encore bcp pronom première personne puis glissements s’opèrent progressivement ds désignateurs ou dans caractérisants du personnage => il semble que la tentative de main mise sur soi deviennent impossible.
« Ce passage de la quiétude du moi à l’inquiétude du moi devenu étranger » p86, concerne au 1er plan autobiographe, tente alors de exprimer au moyen de différents procédés stylistiq : ex emploi de la 3ème perso sing : « Tristesse que n’atténuait pas l’idée que, toute choses étant vaines, ce qu’il avait pu faire ou ne pas faire était sans importance, il se disait que pas grand-chose de sa vie ne vaudrait d’être retenu. Echec partout [....] Au plus creux de la vague, il lui arrivait pourtant de se dire qu’un bonne action en tout cas pouvait s’inscrire sur son bilan : la non –action qui consiste à ne pas avoir d’enfants . Abstention dont à ces moments-là il osait être fier, comme quelqu’un qui n’a pas été résistant à part entière, mais est au moins en droit de se flatter de n’avoir pas collaboré » (Frêle bruit) placé entre deux passages à la première perso, => impression de décentrement, voire de malaise. Ph Lejeune ds Le Pacte autobiographique note que « ces emplois de la troisième personne […] sont rares dans l’autobiographie » mais « ils interdisent de confondre les problèmes grammaticaux de la personne avec les problèmes de l’identité »
Chez Leiris, passage du je au il marque brutalement la difficulté d’exprimer le douloureux rapport entre le moi-écrivant et son image reproduite. La troisième personne, sorte de « non-personne » manifeste écart d’identité « Le personnage de l’autobiographie, éloigné spatialement et temporellement de l’écrivain, s’exprime alors dans le il devenu pour un temps une sorte d lieu où à la fois se dit et s’absente le sujet de l’autobiographie : il est le même devenu différent » p87
« Par une espèce d’effet de glissement, Michel devient je, puis il ; glissement qui exacerbe impossibilité d’écrire « moi » lorsque le moi se situe dans l’éloignement. L’objet de la recherche, à travers cette réduction du moi autobiographique s’inverse et devient la quête scripturaire elle-même » p87

L’écriture autobiographique devient cette tension permanente de la recherche de l’écriture, clef de voûte du système reste désormais la question de l’écriture parce que le sujet écrivant tente, en dernier ressort, de saisir le moi qui sans cesse a écrit
rejoint rapport autobio à la mort mais d’une autre manière :
« Mais n’est-ce pas, en ce moment, à une dernière toilette que je veux moi aussi procéder, essayant – pour rendre la chose plus tolérable – d’imposer par la plume une ordonnance à ce qui est horreur sans nom ? » (Leiris)

Autobiographe en traçant parcours de sa vie, même si consciemment tracé = leurre rencontrera inévitablement un récepteur

Chapitre IV : le lecteur de l’autobiographie

la problématique de la réception

le lecteur modèle
Umberto Eco ds Lector in fabula, def le concept de lecteur modèle. Tout texte écrit – a fortiori tout texte publié – a un lecteur potentiel qui permet de l’actualiser : destinataire est à la fois postulé par écrivain et nécessaire à actualisation du message. Sans lecteur, le texte bine qu’existant se trouve amputé d’une dimension essentielle : celle de sa réception et de sa construction par le lecteur qui le parcourt : « Le texte est donc un tissu d’espaces blancs, d’interstices à remplir, et celui qui l’a écrit prévoyait qu’ils seraient remplis et les a laissés en blanc pour deux raisons. D’abord parce qu’un texte est un mécanisme paresseux (ou économique) qui vit sur la plus-value de sens qui y est introduite par le destinataire[…]. Ensuite parce que, au fur et à mesure qu’il passe de la fonction didactique à la fonction esthétique, un texte veut laisser au lecteur l’initiative interprétative, même si en général il désire être interprété avec une marge suffisante d’univocité. Un texte veut que quelqu’un l’aide à fonctionner »
rapport avec lecteur autobio pour plusieurs raisons : texte même écrit par un auteur = traiter quasiment comme un sujet indépendant, sorte de matrice en fonctionnement qui en dit plus qu’elle n’exprime et qui exprime plus que l’auteur n’a dit. Univocité svt côté auteur (Rousseau préférait qu’on compris ses Confessions de telles manières plutôt que de telle autre), peut être redoublée d’une polysémie que le lecteur découvrirait + fonctions heuristiques et didactiques = accompagnées d’une fonction esthétique qui donne au texte dimension créatrice et plurielle qui permet au lecteur d’ouvrir signification => lecteur dépossède lecteur de son œuvre et l’interprète « à sa guise et selon ses moyens » (Paul Valéry) : statut général de l’œuvre qui englobe statut particulier de l’autobiographie littéraire.
Eco signale que non seulement auteur prévoit son lecteur ms que texte peut également laisser libre cours à une certaine frange d’incertitude que la lecture peut concrétiser => texte peut également prévoir son lecteur modèle en développant stratégie propre à son auteur : « un texte est un produit dont le sort interprétatif doit faire partie de son propre mécanisme génératif ; générer un texte signifie mettre en œuvre une stratégie dont font partie les prévisions des mouvements de l’autre, comme dans toute stratégie » : l’auteur à travers son texte doit prévoir, voire instituer les compétences de son lecteur modèle de façon à éviter les mésinterprétations. Virtualité du lectorat entraîne un certain nombre d’inconvénient pour autobiographe : effectue le récit rétrospectif de sa vie pour qu’on le comprenne, le disculpe , or question, de vient double « Que voulais-je faire de ce texte ? » « Que va-t-on faire de ce texte que j’ai écrit ? » : à tout instant sens littéral risque de se multiplier en polysémantisme, lecture = une forme de contrefaçon parce qu’elle est appropriation faisant du texte un objet de saisie, de compréhension, un objet herméneutique :cf Paul Ricoeur, lecture = interprétation « est un travail de pensée qui consiste à déchiffrer le sens caché dans le sens apparent, à déployer les niveaux de signification impliqués dans la signification littérale »
Autobiographe ne maîtrise pas son lecteur ni son destinataire. Séparé de son texte devenu public, éloigné de son autobio par tps ou mort doit poser clairement raison qui l’ont poussé à écrire + tout aussi clairement préparer lecture de son œuvre

Le destinataire idéal
Si on accepte de désigner Saint Augustin comme un des fondateurs du genre, convient d’analyser les enjeux d’un récit de vie dont destinataire = « le Créateur lui-même, lecteur idéal s’il en est puisqu’en définitive il connaît le contenu du récit dans le même temps qu’il sait hic et nunc que le récit s’écrit » p91
Autobio de Saint Augustin si on inclut les Confessions dans un tel genre = plutôt ce que Ph Lejeune appelle une « autobiographie spirituelle » ; texte décrit travail de la grâce divine qui influence et infléchit cours de l’existence d’un pêcheur. Ce qui est exalté = puissance de Dieu et pas individu : « la laïcisation de tels écrits permettra d’accorder à l’homme une place centrale que l’on retrouve aussi bien dans les Confessions de Rousseau que dans La règle du jeu de Leiris » p91
Ms confessions augustiniennes présentent un certain nbre de carctéristiq qui autorise critiq à les traiter comme récit autobio : expérience perso = riche et ouvre opportunité dans relaté sincèrement parcours singulier à un destinataire ; la présence d’un lecteur potentiel donne à l’acte autobio toute sa valeur et toute sa dimension
« De plus, « je » est confirmé dans sa fonction sujet par la présence de son corrélat « tu », qui confère au discours sa motivation » (Jean Starobinski), que tu (altérité attentive = Créateur ne change rien à analyse : essentiel pour autobiographe est d’être entendu, d’être lu, existence de ce destinataire renforce le statut discursif de l’autobio.
De + Confessions augustiniennes proposent à l’état encore fragmentaire, un récit de vie : éducation, je enfantins, apprentissages des langues, tentations de la chair sont évoqués. Le larcin des poires, au chapitre 4 du livre II = à mettre en relation avec épisode du ruban volé de Rousseau. « Les différents épisodes de la vie deviennent objet d’une narration » p92 + auteur, narrateur, perso = id
= critères qui permettent d’inclure confessions de saint Augustin ds genre de autobio

/ pbatiq du destinataire : appel à Dieu sont nbeux ms St Augustin prend rapidement conscience de inutilité complète de la rédaction de ces appels cf chap 3 livre II : « Mais pour qui fais-je ce récit ? Ce n’est pas pour vous, mon Dieu ; mais en vous contant ces choses, je les conte à mes semblables, aux hommes, mon livre ne tomberait-il qu’en de rares mains. Et pour quoi l’écrire ? C’est afin que quiconque le lise, et moi-même, nous concevions la profondeur de l’abîme d’où il faut crier vers vous »
récit saint-augustinienne possède donc un autre destinataires (les hommes) et double fonction : montrer en exemple vie d’un pêcheur, souligner éloignement qui existe entre Dieu et ses créatures.
instrument scripturaire fait alors naître paradoxe : destinataire directement interpellé n’a pas besoin de lire le texte, c’est le témoin obliquement convoqué (les autres) qui devrait directement le lire : le langage de la conscience ne nécessite pas l’écriture autobiographique ; écriture autobio = indirecte t médiatrice : s’impose de parler à Dieu pour s’adresser aux hommes :
« Ainsi ma confession, ô mon Dieu, comme le la fais en votre présence, est muette et elle ne l’est pas ».
« Seigneur, je me confesse à vous pour que les autres hommes m’entendent »
Le passage par la confessions à Dieu offre la possibilité de signaler aux autres la véracité des propos ; le destinataire divin certifie en quelque sorte la transparence et la limpidité

Chez Saint-Augustin, les Confessions offrent véritablement à la démarche scripturaire une fonction heuristique, parce qu’elle est l’intermédiaire entre le domaine de l’humain et l’insondable abîme du divin :
« mais quel profit, seigneur, ç qui chaque jour s’ouvre ma conscience, plus confiante dans votre miséricorde que dans son innocence, quel profit y-a-t-il, je vous le demande, à ce que je confesse encore aux hommes, devant vous, par cet ouvrage, non plus ce que je fus, mais ce que je suis ? La confession du passé, j’en connais et je viens d’en indiquer l’intérêt. Mais ce que je suis dans le temps même où je rédige ces Confessions bien des gens désirent le savoir : les uns me connaissent, les autres pas ; il s m’ont entendu ou ils ont entendu parler de moi, mais s’ils n’ont pas l’oreille contre mon cœur, là ou je suis ce que vraiment se suis, ils veulent donc m’entendre confesser ce que je suis intérieurement ; là où ils ne peuvent appliquer ni l’œil, ni l’oreille, ni l’esprit. C’est avec l’intention de me croire qu’ils veulent m’écouter »
La confession du passé rejoint ici la confession du présent, l’autobio atteint le journal intime

Autobio utilise écriture comme un instrument qui construit et prévoit celui qui devra la lire : lecteur pris au piège de la double énonciation ne peut émettre d’objection majeure : Augustin dit la vérité puisque c’est la Vérité même qui vérifie ce qu’il raconte.
« Au reste, pour vous seigneur, dont les yeux dénudent l’abîme d la conscience humaine, qu’y aurait-il de caché en moi, lors même que je ne voudrais vous le confesser ? C’est vous que je cacherais à moi-même, et non pas moi à vous. »
Saint Augustin s’adresse à Dieu pour que les hommes le croient
La question rousseauiste même si elle tend vers une finalité semblable est inverse : Rousseau s’adresse aux hommes pour tirer parti de leur honnêteté. Peu sûr de cette honnêteté, il en appelle secondement à l’omniscience divine pour corriger les erreurs de son lecteur potentiel ; « d’une confession à l’autre, l’examen de soi en direction de Dieu s’est transmué en narration de soi en direction des autres » p94 => développement de l’individualisme sépare les deux hommes, toutex, préoccupation reste la même : comment s’y prendre par delà le temps pour que mon livre soit bien lu ?
Précautions à prendre = soigner préface et préambule

l’argumentation au travail dans l’écriture autobiographique

préfaces et préambules
écrivain autobio sait que aucune lecture = innocente, toute lecture est heméneutique et + encore si 1ère approche du texte = heméneutiq qu’en sera-t-il de la seconde voire de la deuxième lecture ?  « La constante recherche d’une plénitude de l’interprétation pousse le lecteur à questionner plus loin à l’intérieur du texte afin de découvrir d’autres enjeux, d’autres significations » p95
cf Eco : intention du lecteur (intentio lectoris) peut , par jeux de construction et de déconstruction modifier intentions de auteur. Auteur a conscience ombre fantomatique du lecteur => nbeux autobiographes ont anticipé phénomène de réception => écriture de textes liminaires
Processus argumentatif parfois complexes pour def modalités nécessaires et suffisantes à bonne compréhension du txt
Eco, Les Limites de l’interprétation : « Le fonctionnement d’un texte (même non verbal) s’explique en prenant en considération, en sus et au lieu du moment génératif, le rôle joué par le destinataire dans sa compréhension, son actualisation, son interprétation, ainsi que la façon dont le texte prévoit lui-même sa participation »
Compréhension désigne étymologiqt la saisie personnelle et appropriation de la signification ; actualisation = ref à réactivation du sens textuel par lecture, interprétation = ref à construction de la signification par un individu lors de son activité heméneutique face au texte.
= > ces trois visées fondent acte de lecture et peuvent mener à mésinterprétation (lecteur fait surgir autre interprétation que celle que auteur voulait exprimer). Du point de vue auteur autobio, risque de déviance interprétation = préjudiciable à validité même du projet => en ce sens textes préfaciels visent à ramener préventivement lecteur potentiel à une certaine mesure.
Dans Seuil, Gérard Genette, def de façon générale la préface : « je nommerai préface, par généralisation du terme le plus fréquemment employé en français, toute espèce de texte liminaire (préliminaire ou postliminaire), auctorial ou allographe, consistant en un discours produit à propos du texte qui suit ou qui précède ». parmi nbeux types de préfaces que répertorie Genette, type « préface originale » : plusieurs fonctions essentielles à bonne compréhension du récit autobio : 1ère fonction = assurer une bonne lecture de l’écrit => forme de « captatio benevolentiae » assure une certaine univocité de la signification + valorisation de son importance. Préface revêt fonction unificatrice : donne au texte une forme d’unité, le constitue comme totalité, comme ensemble en fonctionnement en soulignant l’axe de lecture le plus pertinent pour fédérer signification cf texte liminaires des Confessions de Rousseau = récurrences des termes ressortissant au champ lexical de la vérité.
L’Encyclopédie de Novalis cité par Genette : « La préface fournit le mode d’emploi du livre » : programme suffisamment d’informations et de mises en garde pour opérer un solide guidage de lecture => Lichtenberg cité par Genette : « un paratonnerre » protégeant mémoire de auteur.
« La préface ou le préambule ne visent à rien de moins qu’à indiquer une déclaration d’intention de l’auteur » p97 et « à suggérer au lecteur une démarche interprétative » (Genette)
face à élément exogène (lecteur) nécessaire à actualisation et réalisation, livre fournit « théorie indigène définie par l’intention de l’auteur »
Distinction pertinente des pragmaticiens entre argumentation dans le texte et argumentation du texte (= ce qui fonctionne comme argumentation / ce que tend à prouver ensemble du texte voulu et écrit comme tel) => c’est certainement dans préface qu’il faut rechercher argumentation du texte autobio, ce qu’il vise à instaurer et à signifier.
Même si langage des préfaces est « insincère » selon mot de Proust, convient d’analyser ces moments particuliers et spécifiques du texte aurtobio (cf à titre d’ex les deux textes canoniq de la litt du moi qui inaugurent autoportrait des Essais de Montaigne et autobio des Confessions de Rousseau)

- le projet paradoxal de Montaigne : autoportrait Montaigne correspond au développement de individualisme, homme = davantage intéressé par lui-même => fonde son moi comme objet d’examen, s’agit pas encore projet écrire récit rétro d’une vie mais effectuer le compte-rendu expériences exposées à partir description de soi et démarche d’introspection => selon termes Gusdorf, dans Essais , est question de fonder le portrait de l’auto devenu objet de la graphie.
« Adresse au lecteur » doit être considéré comme symptomatique car établit rapport auteurs compte instituer entre son livre et lui et surtout entre lecteur et livre.
- tout d’abord s’adresse à destinataire général et indéfini « au lecteur », donne ton discursif à ses propos => choix d’une typologie précise qui indique une stratégie particulière de la part du portraitiste : ses écrits initialement rédigés à titre strictement privé se tournent vers extérieur et deviennent publics => choix visent à prévoir le lectorat qui devra les aborder : marquent fortement les intentions de l’auteur parce que instituent fermement horizon d’attente des destinataire qui peuvent se réduire au nombre de trois
1 : un lecteur proche, un lecteur de confiance :  « c’est ici un livre de bonne foi lecteur. Il t’avertit dès l’entrée que je m’y suis proposé aucune fin que domestique et privée » ; « je l’ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis » => au seuil du livre, Montaigne avertit au sens le plus classique du terme : il fournit une info placée en tête de son livre pour en préparer la lecture => fonder certaines compétences d’interprétation et en exclure d’autres : avertissement au lecteur = pragmatique, informatif, argumentatif
2 : Un lecteur hypothétique voire utopique = celui des nations qu’on dit « vivre encore sous la douce liberté des premières lois de la nature » : permet à Montaigne d’envisager un autre cas de figure de la peinture de soi où le sujet pourrait se présenter dans sa nudité originelle (« je m’y fusse très-volontiers peint tout entier et tout nu »). Lecteur virtuel prend la place du destinataire divin et permet d’imaginer autoportrait fondé sur transparence en même tps instaure différence entre « bonne foy » convenable pour lecteur sociabilisé et limpide sincérité pour lecteur innocent
3 : lecteur public puisque texte est publié puis annoté à partir édition de Bordeaux = lecteur potentiel de l’extériorité, de la place publique. Ethopée annoncée aura pour destinataire lecteur en général (« ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre »).

Les deux premières instances de réception => pas de précaution particulière à prendre
troisième instance, lectorat universel et imprévisible exige de Montaigne établissement d'un pacte de lecture précis et prudent cf procédés argumentatifs qui montrent que texte liminaire a une "idée derrière la tête" et vise à circonscrire réels périls qu'entraînerait lectorat soupçonneux ou malveillant. Avertissement au lecteur chez Montaigne débouche sur paradoxe voire impasse : comment se peindre soi-même qd on sait pertinemment que statut et rayonnement dépasseront largement cercle étroit tracé par auteur autoportrait . "En ce sens, Montaigne est peut-être le premier auteur d'une écriture profane du moi qui mette au jour ce qui conviendrait de nommer l'aporie autobiographique" p99

- le plaidoyer rousseauiste : 2 siècles plus tard, de nouveau épineuse question du destinataire mais projet différent de celui de Montaigne car JJ proclame d'entrée de jeu volonté de parler aux hommes. Si pour Saint Augustin s'agit de parler à Dieu pour s'adresser indirectement aux hommes, s'agit pour Rousseau de s'adresser aux hommes et de prendre Dieu à témoin => Renversement fondamental : texte liminaire des Confessions et début du livre 1er constituent requête et envisage lecteur potentiel dont statut, position et caractère restent très généraux : "qui que vous soyez" ; mais texte envisage comme chez Montaigne plusieurs instances réceptives :
1 : lecteur indéfini capable d'arbitrer en consciences enjeu du texte ses règles et l'exactitude des propos
2 : un lecteur hypothétiquement hostile (Grimm, Diderot + lecteur des temps futurs) dont les caractérisants distribués de façon binaire sont significatifs : "généreux et bon" /"malfaisant et vindicatif"
Stratégie du texte rousseauiste envisage que celui-ci peut revêtir fonction cathartique indéniable.
Incipit du premier livre reprend en y insistant singularité du projet, permanence notion de sincérité. Ms si maintien nécessité lectorat humain, pose comme indispensable dans stratégie de l'écrivain un autre récepteur idéal : Dieu lui-même cf étonnante prosopopée incipit ou Rousseau fait parler son propre personnage devant l'Eternel => ouvre à auteur possibilité de fournir indiscutable caution de sa sincérité : "Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra ; je viendrai ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus [...] J'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Etre éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables ; qu'ils écoutent mes confessions. [....] Que chacun d'eux découvre à son tour son coeur aux pieds de son trône avec la même sincérité"
Si obstacles dont on a parlé précédemment survenaient (défaut mémoire, utilisation d’ornements …) mouvement heuristique des Confessions n’en serait pas moins vrai, cautionné qu’il est par le lecteur suprême . Première programmation du lecteur modèle ( un lecteur honnête assuré de authenticité par la présence du lecteur divin ) est doublé d’une prog plus subtile : « je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l’ai été, bon, généreux, sublime quand je l’ai été » => déséquilibre entre caractérisants + gradation valorisante pour les trois derniers adjectifs => texte présente une disproportion en faveur du narrateur- auteur- personnage : si lecteur divin n’ a pas besoin de médiation, lecteur humain lui ne peut connaître et juger JJ que par truchement de l’écriture ms une écriture travaillée et façonnée en direction d’une valorisation du scripteur : « l’intention du texte et l’intention de l’auteur tentent de modifier l’intention du lecteur » p101
question du destinataire = pas innocente et préoccupe au premier chef auteur d’autobio : ds sa lutte contre opacité langage JJ s’est suffisamment utiliser vbe pour que le vbe penche en sa faveur : « mieux vaut construire l’horizon d’attente de son lecteur plutôt que d’accepter une totale liberté de réception… » p101

écart réceptif et regard du lecteur
- l’écart esthétique : Hans Robert Jauss, dans Pour une esthétique de la réception, pose deux concepts fondamentaux : l’ « horizon d’attente » qui « résulte de trois facteurs principaux : l’expérience préalable que le public a du genre dont elle relève, la forme et la thématique d’œuvres antérieures dont elle présuppose la connaissance, et l’opposition entre langage poétique et langage pratique, monde imaginaire et réalité quotidienne »
autobio établit « les normes notoires du genre », étant un récit nécessairement imaginaire institué comme œuvre littéraire et recomposition artistique d’un parcours elle répond à « l’opposition entre fonction poétique et fonction pratique du langage »
2ème point def = « les rapports implicites qui lient le texte à d’autres œuvres connues figurant dans son contexte historique » et façon dt éléments histo perçus à d’autres époques où seront lus
+ « l’écart esthétique » = « une distance entre l’horizon d’attente préexistant et l’œuvre nouvelle dont la perception peut entraîner un changement d’horizon »., analyse valable pour œuvre nouvelle qui institue distance entre les compétences de lecture du public et les compétences qu’elle requiert qd propose de nouvelles modalités esthétiques

- l’exemple d’Henry Brulard : « N’étant bon à rien, pas même à écrire des lettres officielles pour mon métier, j’ai fait allumer du feu et j’écris ceci, sans mentir j’espère, sans me faire illusion, avec plaisir comme une lettre à un ami. Quelles seront les idées de cet ami en 1880 ?[…] Ceci est nouveau pour moi : parler à des gens dont on ignore absolument la tournure d’esprit, le genre d’éducation, les préjugés , la religion ! Quel encouragement à être vrai, et simplement vrai, il n’y a que cela qui tienne. »
Stendhal projette lecture environ 50 années plus tard, se préoccupant de horizon d’attente de son lecteur. Incertitude ds laquelle il se trouve le laisse perplexe, incapable d’imaginer son lectorat => obscurité livre risque de provenir de l’écart à la fois artistique et historique qui le sépare de instant d’énonciation : ni vérité propos, ni sincérité auteur ni honnêteté lecteur ne sont en cause, tps lui-même risque d’entraîner mésinterprétation = le 1880 symbolique d’une modification de la perception « cela sera peut-être bien obscur en 1880 » ; « mais hélas, où seront toutes ces choses en 1880 ? » ; « Je fais de grandes découvertes en écrivant ces mémoires. La difficultés n’est pas de trouver et de dire la vérité, mais de trouver qui la lise »
projection du texte ds avenir qui signale inquiétude profonde autobiographe ; présente au lecteur son être le plus profond => « l’autobiographie prendra alors des dimensions ontologiques, intimes, intérieures telles qu’il faudra prévoir la distance entre le temps de l’écriture et celui de la lecture ; l’autobiographie devient le texte qui anticipe son lecteur » p103
ni lecteur, ni auteur, ni texte vraiment responsable : ce qui tourmente Stendhal = question de la temporalité => rejoint ainsi pbatiq essentielle de la litt désignait par mythe d’Orphée : le monde réel absent du livre est commenté par un auteur mort et absent du monde, dialectique de la présence et de l’absence = au cœur de l’autobio

la perspective anthropologique

« transaction avec autrui » (Leiris) , déjà abordée par Montaigne ds son avertissement au lecteur ; à partir d’une démarche inductive, Essais vont du particulier au général, du moi singulier au lecteur indéfini. Pour majorité des autobiographes, récit d’une vie perso ressemble à processus de concaténation : à la question « qui suis-je ? » répond la question « qu’est-ce q’un homme ? » cf Ph Campion ds Bulletin de Philosophie n°8, universel est le plus accessible à anthropologie = celui de sa propre personne ; le « connais-toi toi-même » reviendrait ds une certaine mesure à mieux connaître les autres cf Rousseau Préambule des Confessions : « […] un ouvrage unique et utile, lequel peut servir de première pièce de comparaison pour l’étude des hommes, qui certainement est encore à commencer »
« Chaque homme porte en soi la forme entière de l’humaine condition » (Montaigne)
Fonction universelle et didactique de autobio = pas à négliger car lecteur potentiel devient ici espèce humaine, humanisme que Sartre définit en une formule lapidaire dans Les Mots « Du jour où j’ai compris que tout homme et tout l’homme », vrai que vie du philosophe = singulière : les deux chapitres des Mots = tentative retracer parcours unique de l’enfant surdoué, ms excipit de autobio = modestie et vérité : « Ce que j’aime en ma folie, c’est qu’elle m’a protégé, du premier jour, contre les séductions de l’élite : jamais je ne me suis cru propriétaire d’un talent : ma seule affaire était de me sauver – rien dans les mains, rien dans les poches – par le travail et la foi. Du coup, ma pure option ne m’élevait au-dessus de personne : sans équipement, sans outillage, je me suis mis tout entier à l’œuvre pour me sauver tout entier. Si je range l’impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui »
La question du lecteur devient dès lors question universelle parce que parlant de moi, je décris aussi l’autre. Gusdorf : « dans ces conditions, l’autobiographie explore le foyer même de la réalité humaine »
Malraux, ds les Antimémoires «  Ce qui m’intéresse dans un homme quelconque, c’est la condition humaine »
=> tous les gds textes autobio en arrivent au bout du compte à la question de l’humanité de l’homme, cf parcours quasi circulaire et autotélique de L a Règle du jeu, après 800 pages ds Fibrille, Leiris revient sur épisode qui ouvre Biffures : « Donc, montrant que par l’exercice de la poésie l’on pose autrui en égal, je retourne à la vérité que j’avais dégagée d’abord : apprendre qu’on ne dit pas ….reusement mais heureusement, c’était apprendre que le langage est à deux faces, l’une tournée vers le dedans, l’autre vers le dehors, et quand – découvrant l’altruisme au bout de deux ou trois volumes consacrés à ma propre personne – j’assure qu’un poète ne peut pas se désintéresser du sort de son prochain, c’est de cette double nature que je tire argument, comme si l’essentiel avait été déjà inclus dans ma trouvaille ancienne » : monde clos et introverti de l’enfant prisonnier de son idiolecte s’ouvre sur extraversion essentielle de l’altérité. « La dualité du langage fait émerger chez Leiris le sens de ce long parcours scripturaire : parler de soi, écrire pour soi ; c’est écrire en direction des autres » p105
figure du lecteur, ce non-visage = absence pourtant nécessaire à réalisation du message et ce lecteur = homme utilisant le même langage. « Pour Leiris autobiographe, la conscience de son appartenance à un groupe entraîne un constat irréfutable : l’écriture est une conquête humaine » p106

l’impossible pacte de l’œuvre d’art

littérature et référentiel
Maurice Blanchot, La Part du feu, def étrange rapport qu’entretiennent écrivain, écriture et réalité, rapport à la fois antagonique et dialectique : si imaginaire est ce qui se détourne du monde, il est aussi un monde qui appartient à cet univers-ci ; qui est inclus dans le monde des hommes : espace qui se développe dans l’ici du monde, qui le transpose, le reconstitue en totalité nvelle
Autobio échappe pas à à cette dialectiq : est ce qui transcrit cours d’une vie, ce qui supprime cours réel pour le faire accéder à la littérature, Cf Blanchot : phrase qui cerne au plus près préoccupations de Leiris : « L’imaginaire n’est pas une étrange région située par-delà le monde, il est le monde même, mais le monde comme ensemble, comme tout. C’est pourquoi il n’est pas dans le monde car il est le monde, saisi et réalisé dans son ensemble par la négation globale de toutes les réalités particulières qui s’y trouvent, par leur mise hors de jeu, leur absence par la réalisation de cette absence elle-même, avec laquelle commence la création littéraire, qui se donne l’illusion, lorsqu’elle revient sur chaque chose et sur chaque être, de les créer, parce que maintenant elle les voit et les nomme à partir de tout, c’est-à-dire de rien »
Qd écrivain projette de réaliser scripturairement son œuvre d’art décide d’entrer ds jeu quasi insupportable de absence : absence au monde, défaut de réalisation, impossible atteinte.
- absence au monde= inhérente au phénomène de nomination (on sait depuis Hegel que mot donne ce qu’il signifie ms d’abord le supprime : nomination = d’abord suppression pour faire accéder existant à l’objet) langage retire du monde objet nomme, « le détache de sa réalité phénoménologique pour le réinstaller dans la réalité construite de l’imaginaire » p108, et autobio échappe pas à cette règle litt : la vie que j’ai vécue « devient cette vie-là, séparée de sa réalité d’existant, développée désormais dans l’espace de l’objet littéraire » p108

le retour sur l’absurde question édenique
récit autobio ds son essence d’œuvre d’art = fondé sur impossibilité de se réaliser pleinement => « l’écriture autobiographique n’est que la trace tangible du récit de vie que l’écrivain voulait réaliser » p108 ; parti pour écrire sa vie, il rencontre son incapacité existentielle à raconter sa vie

pbatiq des frontières d’un genre : nbeux écrivains ont voulu raconter leur vie sans en faire un récit autoréférentiel à la 1ère personne => s’interroger sur frontières fragiles qui séparent œuvres proprement autobiographiques des autres formes du genre

chapitre V : aux frontières de l’autobiographie

Perec ou l’entremêlement des genres

Fondée initialement sur poétique lange enfantin, la Règle du jeu s’achève sur lucide méditation sur autotélie de l’œuvre ; écriture qui était moyen de parvenir à la fin autobiographiq devient par renversement la fin en elle-même : « l’écriture d’une vie devient écriture de l’écriture d’une vie » p110
«  […] au lieu d’écrire ma vie pour savoir la vivre mieux faire comme si ma vie telle que je l’ai vécue avait tendu essentiellement à être écrite et comme si toute merveille qui a pu l’éclairer avait eu pour principal effet le récit que j’en ai donné »
travail écrivain reste préoccupation de autobiographe.
Perec, W ou le souvenir d’enfance : écrit génériquement difficilement classable, pose directement question des frontières entre récit autobiographique et œuvre d’art.
Incipit propose histoire d’un narrateur qui reconstitue fonctionnement totalitaire d’une cité imaginaire dt idéal olympique fonde modèle exacerbé et terrifiant, contre-utopie où athlète si pas performances requises = condamnés ou supprimés. Loi existe et nul n’est censé l’ignorer mais loi se modifie arbitrairement. Tout y est question de vie ou de mort, W = cité de la folie humaine, de ce qui est aléatoires et cruel.
//T typographiquement présentés en caractère différents, Perec nous propose une autobio fragmentaire relatant anodines anecdotes où auteur affirme qu’il n’a rien à dire, seul mobile de sa vie = écriture elle-même : « Je n’ai pas de souvenir d’enfance : je posais cette affirmation avec assurance, avec presque une sorte de défi. L’on n’avait pas à m’interroger sur cette question. Elle n’était pas inscrite à mon programme. J’en étais dispensé : une autre histoire, la grande, l’Histoire avec sa grande hache, avait déjà répondu à ma place : la guerre, les camps » : histoire perso occultée par Histoire inadmissible des hommes, interdit à écrivain de parler de soi : conscience que lorsque la réalité dépasse la fiction ds le pouvoir d’imaginer l’horreur, écriture reste impuissante à dire, comme privée de son sujet. Ms ds narration Perec peut évoquer horreur absolue : les camps de W sont doubles imaginaires des camps de la mort
« L’on comprend que la question autobiographique – ici la question juive – ne peut être traitée qu’au travers d’une écriture fictive, que l’indicible ne peut être dit que de biais » p111
Excipit du texte de W refuse écritures parallèles (celle de l’autobio, celle de la fiction) et propose davantage perspective de l’entremêlement des deux genres scripturaire. Et de fait, séparés initialement par typographie et par genre, textes se rejoignent finalement ds une nvelle forme de récit de vie où texte fictif et texte autobio ne font qu’un, transformant les perso de W en déportés et la cité W en camps de la mort : « Il faut les voir ces rescapés du marathon, éclopés, transis, trottinant entre deux haies serrées de Juges de touche armés de gourdin, il faut les voir, ces athlètes squelettiques, au visage terreux, à l’échine toujours courbée, ces crânes chauves et luisants, ces yeux pleins de panique, ces plaies purulentes, toutes ces marques indélébiles d’une humiliation sans fin, d’une terreur sans fond. […] Celui qui pénétrera un jour dans la Forteresse n’y trouvera que des pièces vides, longues et grises. Le bruit des ses pas résonnant sous les hautes voûtes bétonnées lui fera peur, mais il faudra qu’il poursuive longtemps son chemin avant de découvrir, enfouis dans les profondeurs du sol, les vestiges souterrains d’un monde qu’il croira avoir oublié : des tas de dents d’or, d’alliances, de lunettes, des milliers et des milliers de vêtements en tas, de fichiers poussiéreux, des stocks de savon de mauvaises qualité …. »
Le lecteur guidé par typo sait qu’il s’agit de la narration fictive ms brusquement plongé ds réalité histo que texte évoque, « il réinterprète le récit de vie à la lumière de cet entremêlement scripturaire, là où la question des limites du genre répond non seulement à une exigence impérieuse d’écrire autrement (le récit autobiographique, perverti et contaminé par le récit imaginaire, propose une autre conception générique) mais aussi une volonté d’appréhender l’Histoire à partit de l’histoire personnelle. » p112

de même que roman bouleverse progressivement ses fondements essentiels (espace, temps, perso) de même que poésies mallaméennes et surréalistes subvertissent leur genre, de même que le théâtre moderne déstructure espace scénique, dramaturgie, unités spatiales et temporelles, écriture autobio de Perec en arrive à interroger ses conditions de possibilité, atteignant limites du genres où écriture se pose question de sa signification et de son anéantissement
de 1762, début des Confessions à 1975 rédaction de W ou le souvenir d’enfance = réalisation d’un parcours fondamentale où genre autobio part à découverte d’un style adaptable à son objet pour en arriver à déconstruction de l’espace autobio qui s’affirme comme récit de vie impossible à réaliser en dehors d’une interrogation sur écriture : « je ne sais pas si je n’air rien à dire, je sais que je ne dis rien ; je ne sais pas si ce que j’aurais à dire n’est pas dit parce qu’il est indicible (l’indicible n’est ps tapi dans l’écriture, il est ce qui l’a bien avant déclenchée), je sais que ce que je dis est blanc, est neutre, est signe une fois pour toutes d’un anéantissement une fois pour toute » anéantissement anecdotique, du récit de vie, de écriture dans neutralité
Qf autobiographe George Perec pose au genre la question de ses limites, entame =t réflexion sur leurs transgressions => question du seuil définitionnel : Gide, céline, Hugo  ont intégré ds œuvre de larges part de leur vie => certains de leurs textes peuvent être dits autobiographique « parce que l’on peut affirmer qu’il existe une sorte d’enrichissement de l’œuvre par la vie laquelle (…) sert de fondement à l’œuvre romanesque ou poétique » p113

Gide ou la question du roman autobiographique

Ph Lejeune, ds Le Pacte autobiographique : Gide aime « flirter avec l’autobiographie » => une grande partie œuvre gidienne (journaux, récits …) profondément nourrie de biographie auteur. Chez Gide = système subtil qui fonde non pas une autobio mais un espace autobiographique => possibilité cerner moi par différents angles.
« [Gide] éprouve une grande volupté à ces exercices qui lui permettent de dire « je » sur le mode de l’hypothèse, de la virtualité, sans tomber dans le moi autobiographique » (Lejeune) et paradoxalement lecteur indiscret en apprend plus à la lecteur de tel récit qu’à celle de Si le grain ne meurt => autobio chez Gide = élément parmi d’autres d’une architecture compliquée : moi auteur ne peut se saisir que ds rapport de ses différents textes
« L’autobiographie chez Gide n’a qu’un rôle latéral dans sa construction autobiographique ; loin d’être un tout, ce n’est qu’un biais qui s’ajoute à d’autres biais » (Ibid)
œuvre Gide = système polyphonique qui vise à saisir totalité que lecteur ne pourra appréhender qu’en parcourant espace complexe délimité par œuvres
Note qui clôt 1ère partie de Si le grain ne meurt : « Mon intention pourtant a toujours été de tout dire. Mais il est un degré dans la confidence que l’on ne peut dépasser sans artifice, sans se forcer ; et je cherche surtout le naturel. Sans doute un besoin de mon esprit m’amène, pour tracer purement chaque trait, à simplifier tout l’excès ; on ne dessine pas sans choisir ; mais le plus gênant c’est de devoir présenter somme successifs des états de simultanéité confuse. Je suis un être de dialogue ; tout en moi combat et se contredit. Les Mémoires ne sont jamais qu’à demi sincères, si grand que soit le souci de vérité : tout est toujours plus compliqué qu’on ne le dit. Peut-être approche-t-on plus près la vérité dans le roman »
[rejoint pb recomposition autobio + // Sarraute + pb du style et du naturel ]
Ecrivain = être de dialogue, expression qui doit être entendue au niveau de la création littéraire : autobio qui appartient au champs littéraire, au champ créatif et esthétique entretient dialogue avec autres œuvres.
Cf Journal des Faux – monnayeurs, même si on admet rapports entre réalité référentielle et œuvre littéraire (inspiration de perso …) ce qui importe c’est qu’une dialectique de transformation permette de nourrir espace littéraire qui s’affirme comme architecture autobio ; sujet œuvre d’art pas plus autobio qu’il n’est romanesque, se situe ds entre-deux des genres comme si préoccupations autobiographe étaient désaxées et décentrement produirait nvelle forme de récit : « Il n’y a pas à proprement parler, un seul centre à ce livre, autour de quoi viennent converger mes efforts ; c’est autour de deux foyers, à la manière des ellipses, que ces efforts se polarisent . D’une part, l’événement, le fait, la donnée extérieure ; d’autre part, l’effort même du romancier pour faire un livre avec cela. Et c’est là le sujet principal, le centre nouveau qui désaxe le récit et l’entraîne vers l’imaginatif » => ce faisant, Gide a conscience d’établir de nvelles relations ; échec relatif de son autobio => nbeux avantages à créer espace autobio plus ample où fiction romanesque et récit de vie s’entremêlent :
voie romanesq permet enrichir investigation perso car libère écrivain de trop lourde identité auteur/narrateur/perso : il romanesq instaure une bénéfique distanciation : « Resté nombre de mois dans rien écrire dans ce cahier ; mais je n’ai guère arrêté de penser au roman encore que mon souci le plus immédiat fût la rédaction de Si le grain ne meurt dont j’ai écrit cet été l’un des plus important chapitre (voyage en Algérie avec Paul). Je fus amené à penser tout en l’écrivant que l’intimité, la pénétration, l’investigation psychologique peuvent, à certains égards, être poussées plus avant dans le « roman » que m^me dans les « confessions ». L’on est parfois gêné dans celles-ci par le je »
perso romanesque offre possibilité analyser moi à partir « d’angles divers »
- conception de architecture autobio qui modifie position du lecteur : ne se borne pas au rôle de voyeur indiscret et malsain ms participe à élaboration d’une autre pbatiq littéraire dont enjeu est complémentarité entre vécu, autobio et roman : « je voudrais que, dans ce qu’ils en feront, ces événements apparaissent légèrement déformés ; une sorte d’intérêt vient pour le lecteur de ce seul fait qu’il ait à rétablir. L’histoire requiert sa collaboration pour se bien dessiner »
stratégie gidienne de l’entrelacs complexifie conception écriture autobio, lecteur obligé faire va-et-vient pas entre référentiel et imaginaire ms entre récit autobio et récit fiction => pacte référentiel se transforme ici en pacte littéraire. « [Pour] saisir ce je protéiforme de l’autobiographe, il faut aller chercher plus loin, au-delà de la personne, son essence dans ls personnages fictionnels » p116 : « Je m’explique assez bien la formation d’un personnage imaginaire, et de quels rebuts de soi-même il est fait »
système gidien se complétera « d’une autobiographie inachevée, incomplète et lacunaire, naîtra le roman autobiographique » p116
« Pourquoi je raconte tout cela ! Oh simplement pour retarder ce qui va suivre » (Si le grain ne meurt)

la transposition célinienne

question rapport autobio /récit de fiction = exacerbée chez Céline
Henri Godard Poétique de Céline : « Chaque fois au lieu d’inventer, Céline choisit de trans-poser » + s’interrogeant sur statut du récit chez Céline note que urgent de concevoir un nouveau genre qui permette à la fois d ‘éviter confusions et de définir rigoureusement un nouveau rapport que écriture entretient avec la vie : « Roman et autobiographie sont deux genres aussi accrédités l’un que l’autre dans notre culture, mais ils sont théoriquement exclusifs. Pour être moins voyante que d’autres, cette transgression [des deux genres] n’es est pas moins un des fondements de l’originalité de Céline sur le plan littéraire.
Elle consiste […] à présenter lui-même son récit à la fois et aussi explicitement, comme roman et comme autobiographie. Pour ce qui regarde le statut de l’histoire racontée et du récit qui la raconte, il ne peut en résulter qu’un porte-à-faux, et c’est sur lui que Céline choisit de fonder toute son œuvre »
« [catégorie] en trompe-l’œil du roman autobiographique »
plongée dans imaginaire à partir déplacement des événements biographiques vers espace scripturaire de l’imaginaire. Chez Céline : superposition du projet romanesque et du projet autobiographique ; projet romanesque réorganise vie pour en faire une matière événementielle à sculpter, à travailler en matière fictionnelle
Godart retrace vie Louis-Ferdinand Céline et la met en rapport avec le roman pour mesurer ampleur d’un « réaménagement » de la vie par l’œuvre. Mais essentiel = pas ds ces vérifications indispensables, essentiel = comprendre comment la biographie a nourri œuvre pour édifier un espace imaginaire irremplaçable première phrase roman célinien :  « ça a débuté comme ça », ça célinien devient la clef qui ouvre résolument l’espace de l’autre vie, de ma vie recomposée par œuvre
Chez Céline roman rétrospectif d’une vie doit s’analyser à partir de la chronologie des oeuvres, « œuvre après œuvre, le romancier modifie histoire événementielle de sa vie pour constituer un univers autobiographique spécifique où le temps des romans remplace le temps de l’existence » p118

Déplacements constant de la vie ds l’œuvre n’ont de signification pour Céline que parce qu’ils renaissent dans l’univers imaginaire du roman
Question de savoir si roman céliniens sont autobio = question privée de sens, mieux vaut poser question d’un métissage générique. Qd Céline écrit le Voyage, n’est pas préoccupé par identité auteur/narrateur/ perso, mais par tissage des variations romanesques à partir de sa vie = symbiose que signale Henri Godart : « Céline déplace les repères et utilise le pacte romanesque à d’autres fins. Renonçant au fictif, il réintègre le vécu dans le jeu, le prend à son tour pour cadre, étant entendu qu’il ne cessera pas de faire, sous le nom de transposition, sa part à l’imaginaire. Du coup, il met sa vie et son oeuvre romanesque dans une sorte de symbiose »

l’autobiographie poétique

repentir de Lejeune
« Je naquis au Havre un vingt-et-un février
en mille neuf cent et trois
Ma mère était mercière et mon père mercier
Ils trépignaient de joie »
1er poème de Chêne et chien recueil auquel Queneau attribue sous-titre de roman en vers = étrange autobio parodique et dérisoire : ms tout de même une autobio poétique => la forme du genre existe donc >< def somme toute assez limitative de Lejeune en 1975. revenant en 1981 sur ses propos, Le jeune cite deux poètes (Queneau et Perros) et admet que limiter les critères du genre autobio à la prose peut paraître arbitraire : « Et je pense surtout à l’autobiographie de G. Perros, Une vie ordinaire, « roman poème » (1967), écrite entièrement en octosyllabes. Eliminer de tels textes au nom d’une définition serait une attitude assez dérisoire. Mais la définition permet de situer ces cas marginaux dans leur différence, aussi bien par rapport à la poésie (emploi d’un « je » autobiographique gagé sur le nom propre de l’auteur, à la pace du « je » lyrique traditionnel) que par rapport à l’autobiographie » (Moi aussi)
si on admet que instrument utilise pour récit rétrospectif vie = écriture, possible aussi que écriture poétique soit moyen qui offre à autobiographe possibilité de raconter cours de son existence : = question de rapport à l’imaginaire et de création

la question hugolienne
Préface des Contemplations de Victor Hugo : troublante : « C’est l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant à l’énigme du cercueil ; c’est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui sa jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le désespoir et qui s’arrête éperdu au bord de l’infini. Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon sur l’abîme .
Une destinée est écrite là jour à jour
Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi»
Tous les aspects de autobio : réalisation scripturale du parcours d’une vie, visée à la fois universelle et anthropologiq, thèmes majeurs, interrogation essentielle sur énigme de destinée = présents. En fait ds Les Contemplations, des poèmes fonctionne comme épisode de la fable hugolienne (« Réponse à un acte d’accusation », « Demain, dès l’aube », « Mes deux filles », « Hier au soir ») // biographème = ds biographie élément significatif de la vie par rapport à œuvre et sa signification, on pourrait dire que les faits particulièrement importants dans la vie d’Hugo ont constitués des autobiographèmes qui donnèrent naissance à poème.

Conclusion :
S’il fallait selon Lejeune retenir un critère définitionnel pertinent pour autobio, ce serait certainement celui de la non-pertinence, de l’interrogation de l’hésitation et de l’attente => def posée que pour être immédiatement transgressée ou contestée
Critique = individu de l’interstice, : comme autobiographe « sa raison d’être est la maintenance de sa quête » p123
Gusdorf : essentiel de la question autobio = pbatiq tjs ouverte de la tâche fondamental ms irréalisable de l’écrivain, celle d’une tension de l’écriture vers une cohérence recomposée du moi «  L’une des justifications de l’autobiographie pourrait être la nostalgie de l’intégralité du sens » = volonté de faire coïncider éphémère et permanence
Jean Starobinski rappelle que préoccupation nodale de autobiographe = nécessité de s’absenter du monde pour accéder à la présence scripturaire su moi, autobiographe = être de non-lieu