Séance 3 : Langue - Aix - Marseille
Les propos énoncés au présent par Perec au sujet des grenades et par Tolstoï ...
A) Un des peignes de Mlle Lambercier, où Jean-Jacques Rousseau enfant est ...
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es verbes conjugués au présent dans chaque texte.
II - Lalternance de lénonciation
- Quelle caractéristique du texte autobiographique étudiée lors de la séance précédente trouve-t-on dans les textes 1 et 3 ?
(On trouve lalternance entre les passages de narration qui renvoient au passé et les passages de commentaire au présent qui correspondent au moment de lécriture.)
- Où se trouve le passage de commentaire dans le texte 1 et dans le texte 3 ?
(Texte 1 : « Je revois une fête à la maison » ; texte 3 : Tant de souvenirs surgissent
larmes. »)
Faire rappeler où se trouve le passage de commentaire dans le texte 2 :
(« Je sais aujourdhui
de mal. »)
- Qui désigne le pronom « je » dans chaque texte ?
(Le narrateur, qui est aussi le personnage et lauteur.)
- À quelles époques différentes de la vie du narrateur renvoient les pronoms « je » dans le texte 1 et 2?
(Texte 1 : tous les pronoms « je » désignent la narratrice lorsquelle était enfant sauf « je » dans « je revois », qui désigne la narratrice adulte.
Texte 2 : voir séance précédente.
- Quelles sont les deux époques de la vie du narrateur présentes dans le texte 3, daprès ce quon peut en comprendre ?
(Lenfance : « Ma mère » ; et le moment de lécriture)
III - Les valeurs du présent
1. Présent dénonciation
- Relevez les verbes conjugués au présent qui renvoient au moment de lécriture
(Texte 1 : « Je revois » ; texte 2 : « je sais »)
- Comment appelle-t-on ce présent ?
(Le présent dénonciation)
2. Le présent de narration
- À quoi servent les autres présents employés dans le texte 1 ?
(À raconter un épisode de lenfance de la narratrice.)
- Quels autres temps la narratrice aurait-elle pu employer pour raconter cette scène ?
(Le passé simple et limparfait)
- Pourquoi emploie-t-elle le présent ?
(Pour rendre la scène plus vivante, comme si elle se déroulait sous nos yeux.)
- Comment appelle-on cette valeur du présent ?
(Le présent de narration)
3. Le présent de vérité générale
- Les propos énoncés au présent par Perec au sujet des grenades et par Tolstoï au sujet des souvenirs sont-ils vrais uniquement pour le moment où ils écrivent ?
(Non, ils sont toujours vrais.)
- Pourquoi les auteurs emploient-ils le présent dans ce cas-là ?
(Parce que le présent revêt ici une valeur de vérité générale. Lénoncé exprimé au présent est toujours vrai.)
- Comment appelle-t-on la valeur du présent dans ce cas ?
(Présent de vérité générale)
Trace écrite
On distingue trois valeurs du présent de lindicatif :
Le présent dénonciation : cest le présent qui correspond au moment où on formule un énoncé, à loral ou à lécrit. Il est en relation directe avec la situation dénonciation :« Je revois une fête à la maison » ; « Je sais aujourdhui »
Le présent de narration : dans un récit situé dans le passé, certains passages sont écrits au présent pour rendre plus proche et plus intense ce qui est raconté. Nous avons limpression que les faits se déroulent sous nos yeux. Ce présent peut être remplacé par limparfait et le passé simple. « Tout le monde parle
ce qui marrive. »
Le présent de vérité générale : on lemploie pour énoncer des faits toujours valables, quelle que soit la situation dénonciation :
« Des grenades qui font plus de peur et de bruit que de mal »
« Tant de souvenirs surgissent lorsquon essaie de ressusciter les traits dun être aimé. »
Exercice dapplication
1. Relevez les verbes conjugués au présent dans les textes suivants.
2. Donnez la valeur du présent pour chaque verbe relevé dans ces textes.
A) Un des peignes de Mlle Lambercier, où Jean-Jacques Rousseau enfant est en pension près de Genève, a été brisé. On accuse Jean-Jacques de lavoir cassé volontairement.
À qui sen prendre de ce dégât ? Personne autre que moi nétait entré dans la chambre. On minterroge ; je nie avoir touché le peigne. M. et Mlle Lambercier se réunissent, mexhortent, me pressent, me menacent ; je persiste avec opiniâtreté ; mais la conviction était trop forte, elle lemporta sur toutes mes protestations. La chose fut prise au sérieux ; elle méritait de lêtre. La méchanceté, le mensonge, lobstination parurent également dignes de punition. [
] Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je nai pas peur dêtre aujourdhui puni une nouvelle fois pour le même fait. Eh bien ! je déclare à la face du Ciel que jen étais innocent, que je navais ni cassé ni touché le peigne.
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions (1782)
B) Lêtre que jappelle moi vint au monde un certain lundi 8 juin 1903, vers les 8 heures du matin, à Bruxelles, et naissait dun français appartenant à une vieille famille du Nord, et dune Belge dont les ascendants avaient été durant quelques siècles établis à Liège, puis sétaient fixés dans le Hainaut. La maison où se passait cet événement, puisque toute naissance en est un pour le père et la mère et quelques personnes qui leur tiennent de près, se trouvait située au numéro 193 de lavenue Louise, et a disparu il y a une quinzaine dannées, dévorée par un building.
Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux (1974)
C) Je nai jamais appris à lire : je ne peux me rappeler le temps où je ne savais pas lire ; cest comme si je pensais au temps où je nétais pas encore née. Un jour vint où lon saperçut que je savais lire ; on me donna des livres, tout était dit.
Danièle Sallenave, Le don des morts (1991)