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Ouvrages de référence. Test 5. Corrigés. Questions proposées à l'examen .....
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Sommaire PAGEREF _Toc6797168 \h 3
Avant-propos PAGEREF _Toc6797169 \h 5
Cours de phonétique théorique PAGEREF _Toc6797170 \h 7
Dossier 1 PAGEREF _Toc6797171 \h 7
Introduction, trois aspects des unités phoniques, phonème PAGEREF _Toc6797172 \h 7
Plan PAGEREF _Toc6797173 \h 7
Problèmes théoriques PAGEREF _Toc6797174 \h 8
Objet détude PAGEREF _Toc6797175 \h 8
Méthodes danalyse phonétique PAGEREF _Toc6797176 \h 9
Aspect physiologique des unités phoniques (physiologie des sons) PAGEREF _Toc6797177 \h 10
Aspect physique des unités phoniques (acoustique des sons) PAGEREF _Toc6797178 \h 11
Aspect fonctionnel (linguistique) des unités phoniques, phonème PAGEREF _Toc6797179 \h 12
Questions et exercices PAGEREF _Toc6797180 \h 17
Ouvrages de référence PAGEREF _Toc6797181 \h 18
Test 1 PAGEREF _Toc6797182 \h 19
Dossier 2 PAGEREF _Toc6797183 \h 21
Système des phonèmes français PAGEREF _Toc6797184 \h 21
Plan PAGEREF _Toc6797185 \h 21
Problèmes théoriques PAGEREF _Toc6797186 \h 21
Vocalisme français PAGEREF _Toc6797187 \h 23
Consonantisme français PAGEREF _Toc6797188 \h 27
Questions et exercices PAGEREF _Toc6797189 \h 32
Ouvrages de référence PAGEREF _Toc6797190 \h 37
Test 2 PAGEREF _Toc6797191 \h 37
Dossier 3 PAGEREF _Toc6797192 \h 40
Les phénomènes propres à la chaîne parlée (phonétique combinatoire) PAGEREF _Toc6797193 \h 40
Plan PAGEREF _Toc6797194 \h 40
Problèmes théoriques PAGEREF _Toc6797195 \h 40
La syllabe phonique PAGEREF _Toc6797196 \h 41
Les modifications des phonèmes PAGEREF _Toc6797197 \h 43
Les alternances PAGEREF _Toc6797198 \h 47
Liaison et enchaînement PAGEREF _Toc6797199 \h 48
Questions et exercices PAGEREF _Toc6797200 \h 51
Ouvrages de référence PAGEREF _Toc6797201 \h 54
Test 3 PAGEREF _Toc6797202 \h 54
Dossier 4 PAGEREF _Toc6797203 \h 57
Prosodie Niveau suprasegmental PAGEREF _Toc6797204 \h 57
Plan PAGEREF _Toc6797205 \h 57
Problèmes théoriques PAGEREF _Toc6797206 \h 57
Accentuation du français PAGEREF _Toc6797207 \h 59
Mélodie PAGEREF _Toc6797208 \h 65
Dix intonations de base de P. Delattre PAGEREF _Toc6797209 \h 65
Intonème (prosodème) PAGEREF _Toc6797210 \h 67
Questions et exercices PAGEREF _Toc6797211 \h 69
Ouvrages de référence PAGEREF _Toc6797212 \h 71
Test 4 PAGEREF _Toc6797213 \h 71
Dossier 5 PAGEREF _Toc6797214 \h 73
Aspect stylistique PAGEREF _Toc6797215 \h 73
Plan PAGEREF _Toc6797216 \h 73
Problèmes théoriques PAGEREF _Toc6797217 \h 73
Styles de prononciation PAGEREF _Toc6797218 \h 73
Éléments phonostylistiques dans le style plein et dans le style parlé PAGEREF _Toc6797219 \h 75
Schéma de lanalyse phonostylistique dun texte sonore PAGEREF _Toc6797220 \h 81
Quelques procédés stylistiques fondés sur les phénomènes phoniques PAGEREF _Toc6797221 \h 84
Questions et exercices PAGEREF _Toc6797222 \h 84
Ouvrages de référence PAGEREF _Toc6797223 \h 85
Test 5 PAGEREF _Toc6797224 \h 86
Corrigés PAGEREF _Toc6797225 \h 87
Questions proposées à lexamen PAGEREF _Toc6797226 \h 88
Interrogation écrite PAGEREF _Toc6797227 \h 89
Bibliographie PAGEREF _Toc6797228 \h 91
Recueil de textes PAGEREF _Toc6797229 \h 94
Arrivé M., Gadet F., Galmiche M. La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française PAGEREF _Toc6797230 \h 94
Caractères généraux du système français PAGEREF _Toc6797231 \h 94
1. La base articulatoire : tension et antériorité PAGEREF _Toc6797232 \h 94
Remarques sur le système français : les voyelles PAGEREF _Toc6797233 \h 95
1. Le tableau des voyelles PAGEREF _Toc6797234 \h 95
2. Caractères généraux des voyelles PAGEREF _Toc6797235 \h 96
3. Les voyelles fermées PAGEREF _Toc6797236 \h 96
4. Les voyelles ouvertes PAGEREF _Toc6797237 \h 96
5. Les voyelles douverture intermédiaire PAGEREF _Toc6797238 \h 97
6. Les voyelles nasales PAGEREF _Toc6797239 \h 99
7. Le [e] muet PAGEREF _Toc6797240 \h 99
8. Les semi-voyelles PAGEREF _Toc6797241 \h 101
Remarques sur le système français : les consonnes PAGEREF _Toc6797242 \h 102
1. Tableau des consonnes PAGEREF _Toc6797243 \h 102
2. Remarques sur les consonnes PAGEREF _Toc6797244 \h 103
3. Les géminées PAGEREF _Toc6797245 \h 105
Capelle G. Les phonèmes du français et leur réalisation PAGEREF _Toc6797246 \h 106
A. Les voyelles PAGEREF _Toc6797247 \h 108
Inventaire des phonèmes PAGEREF _Toc6797248 \h 108
Spécifications phonétiques des réalisations PAGEREF _Toc6797249 \h 110
Phénomènes de distribution et variantes conditionnées PAGEREF _Toc6797250 \h 111
B. Les consonnes PAGEREF _Toc6797251 \h 115
Inventaire phonologique PAGEREF _Toc6797252 \h 115
Spécifications phonétiques PAGEREF _Toc6797253 \h 117
Phénomènes de distribution et variantes PAGEREF _Toc6797254 \h 117
Faure G. Accent, rythme et intonation PAGEREF _Toc6797255 \h 122
Companys E. Les jonctions PAGEREF _Toc6797256 \h 133
1 Ce que sont les jonctions PAGEREF _Toc6797257 \h 133
2 Réalisation des jonctions en français PAGEREF _Toc6797258 \h 138
3 Quelques problèmes PAGEREF _Toc6797259 \h 141
Léon P.-R. Aspects phonostylistiques des niveaux de langue PAGEREF _Toc6797260 \h 145
La norme et le niveau moyen PAGEREF _Toc6797261 \h 146
Le niveau familier PAGEREF _Toc6797262 \h 149
Le niveau recherché PAGEREF _Toc6797263 \h 152
Niveaux de langue et congruence du style PAGEREF _Toc6797264 \h 154
Delattre P. Lintonation par les oppositions PAGEREF _Toc6797265 \h 157
Arrivé M., Gadet F., Galmiche M. La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française PAGEREF _Toc6797266 \h 170
Lintonation PAGEREF _Toc6797267 \h 170
1. Les distinctions fondamentales PAGEREF _Toc6797268 \h 172
2. Lintonation assertive PAGEREF _Toc6797269 \h 172
3. Lintonation interrogative PAGEREF _Toc6797270 \h 173
4. La phrase impérative et les autres types de phrases PAGEREF _Toc6797271 \h 174
5. Les modifications de lintonation de base PAGEREF _Toc6797272 \h 174
6. Lintonation et la syntaxe PAGEREF _Toc6797273 \h 175
Index des termes PAGEREF _Toc6797274 \h 177
Avant-propos
Publics
Le présent ouvrage sadresse à trois types de publics : premièrement les étudiants qui font leurs études par correspondance, et qui ont besoin dun ouvrage comprenant à la fois lessentiel de la théorie, des exercices pratiques et un recueil de textes des linguistes français ; deuxièmement les étudiants des universités linguistiques ayant besoin dun outil simple et concis qui pourrait les orienter dans leurs études plus approfondies à la base dun plus grand nombre douvrages modernes de phonétique et de phonologie ; et enfin tous ceux qui désirent une initiation aux principes de la phonétique française.
Objectifs
Ce matériel pédagogique a été conçu à des fins de formation initiale. Vous pouvez vous en servir seuls ou sous la direction de votre professeur pour acquérir des connaissances de base, compléter le travail fait en cours, perfectionner vos acquis. Si vous utilisez cet ouvrage à titre individuel, les exercices, les questions, les devoirs, les tests et leur corrigées vous aiderons à travailler : approfondir et perfectionner vos connaissances, en utilisant la terminologie appropriée.
Les contenus et leurs organisation
Cinq domaines ont été choisis : ils ne couvrent pas tout le contenu de la phonétique et de la phonologie mais seulement un certain nombre daspects particulièrement représentatifs. Chacun de ces domaines fait lobjet dun dossier qui regroupe sous une forme synthétique lessentiel de la problématique théorique, les plans des travaux pratiques, toutes sortes de questions, exercices et devoirs, tests, une bibliographie.
Les éléments présentés dans ces dossiers ne visent pas en aucune façon lexhaustivité. La démarche a été plutôt de rassembler et dordonner un certain nombre de points apparaissant comme particulièrement centraux et pertinents qui relèvent des connaissances théoriques nécessaires et évoquent les notions considérées comme fondamentales.
Orientations pédagogiques
Le but dun ouvrage denseignement est de faire découvrir par la compréhension et de faire retenir par la pratique. Les exercices et les devoirs complètent et prolongent le matériel théorique. Ils ne constituent pas un simple accompagnement mais font partie intégrante du matériel pédagogique et sont classés selon les mêmes thèmes. La conception et lobjectif de cet ensemble visent plus à développer une attitude de réflexion qui conduit à lapprentissage quà vérifier des connaissances déjà acquises.
Cours de phonétique théorique
Dossier 1
Introduction, trois aspects des unités phoniques, phonème
Après avoir étudié ce dossier vous saurez :
distinguer les termes « phonétique » et « phonologie »
délimiter les notions de son, de phonème et de la variante dun phonème
comprendre la différence entre les niveaux segmental et suprasegmental
établir les rapports entre la position des organes de la parole et la réalisation des sons
définir le phonème en tant quune unité fonctionnelle
faire la classification des variantes des phonèmes
Plan
Objet détude.
Méthodes danalyse phonétique.
Trois aspects des unités phoniques.
Aspect physiologique (articulatoire) des unités phoniques (physiologie des sons).
Aspect physique (acoustique) des unités phoniques (acoustique des sons).
Aspect fonctionnel (linguistique) des unités phoniques, phonème :
phonème comme objet détude de la phonématique, sa valeur linguistique ;
oppositions des phonèmes, traits distinctifs ;
archiphonème ;
phonèmes et variantes.
Problèmes théoriques
La phonétique est une science linguistique qui a un objet et des méthodes danalyse spécifiques.
Objet détude
La phonétique a pour objet détude les sons du langage. Le mot-même « phonétique » provient du mot grec « phoneticos », ce qui signifie « sonore » ( son (phonème).
Létude des sons est étroitement liée à dautres phénomènes du côté sonore de la langue, tels que : syllabe, accent, intonation.
De plus, il y a des liens entre létude de toutes ces unités phoniques (son, syllabe... ) et lorthographe.
Ainsi, la phonétique (au sens large du terme) étudie les moyens sonores de la langue dans toutes leurs manifestations et fonctions ainsi que le lien qui existe entre lécriture et le côté sonore de la langue.
Les moyens sonores ne sont pas homogènes.
Tout dabord le langage articulé peut être considéré comme une succession (chaîne) déléments sonores sons (phonèmes), cest-à-dire des éléments discrets ou segmentaires. Ce sont des segments de la chaîne parlée : Michel arrive mardi [miSólarivmardi]. La partie de la phonétique qui a pour objet détudier la nature et le fonctionnement de ces éléments discrets porte le nom de phonétique segmentale.
Dautre part, il existe des phénomènes sonores liés avec des fragments plus ou moins longs de la chaîne parlée. Ce sont les accents et les caractéristiques intonatoires de la chaîne qui portent parfois le nom déléments prosodiques ou éléments suprasegmentaux. Cest la phonétique suprasegmentale qui les étudie.
La troisième branche de la phonétique orthoépie étudie lensemble des règles de la prononciation correcte à une époque donnée. Lorthoépie se présente alors comme une discipline normative ayant pour objet détude les normes phonétiques dune langue.
Méthodes danalyse phonétique
Plusieurs approches scientifiques distinctes mais complémentaires permettent détudier les faits : la production, la transmission et la perception des sons.
La phonétique articulatoire (ou physiologique) travaille du point de vue de la production des sons, à partir dune étude anatomique des positions des organes de la parole lors de la production des sons. Outre sur lauto-observation, elle se fonde sur lexpérimentation (observation dempreintes, radiographie et photographie).
La phonétique acoustique travaille du point de vue de la transmission : le son est étudié comme un phénomène vibratoire possédant certaines caractéristiques damplitude, de durée et de fréquence. Le domaine sétudie à laide dappareils, selon les lois de lélectro-acoustique.
la phonétique auditive (ou perceptive) étudie la réception des sons par le destinataire. Elle est historiquement à lorigine des travaux de phonétique, mais elle est aujourdhui à peu près abandonnée, à cause de son caractère subjectif.
Dans le cas des phonétiques articulatoire et acoustique on se sert de la méthode dite objective. La méthode de la phonétique auditive est considérée comme subjective. Il y a des correspondances entre les résultats obtenus par ces différentes méthodes. Mais toute analyse aboutit toujours à une interprétation linguistique.
Dans la masse des faits physiologiques, physiques et perceptifs mis en évidence par la phonétique on peut sélectionner ceux qui assurent la communication du sens, cest-à-dire qui permettent de distinguer entre elles les unités significatives : cest la phonétique fonctionnelle ou phonologie, dont les méthodes relèvent de la linguistique.
Donc, le son peut être considéré du point de vue de ces trois aspects : aspect physiologique, aspect physique, aspect fonctionnel (linguistique).
Aspect physiologique des unités phoniques (physiologie des sons)
Lhomme na pas à proprement parler dorganes de parole. Les organes quon a lhabitude dappeler ainsi ont des fonctions purement biologiques (de respiration, de consommation de nourriture, etc.) et ont été adaptés secondairement à la fonction communicative.
Lappareil phonatoire de lhomme comporte trois parties : 1) Lappareil respiratoire qui fournit le courant dair nécessaire à la production de la plupart des sons du langage à partir des poumons ; 2) Le larynx, contenant les cordes vocales, responsable à la fois du voisement (caractère sourd/sonore, voir plus loin) et de lintensité ; 3) Les cavités supraglotiques (résonateurs) qui donnent leurs caractéristiques aux sons par le jeu dorganes mobiles modifiant le volume et la forme de chaque cavité.
On émet les sons au moment de lexpiration : lair expulsé des poumons remonte vers le larynx, qui termine la partie supérieure de la trachée et atteint la cavité buccale.
Dans le larynx se trouve lorgane le plus important de notre appareil phonatoire (phonateur) les cordes vocales. Ce sont des muscles élastiques dont les extrémités sont fixées au larynx. Ces muscles sont susceptibles de se contracter. Lespace de forme triangulaire situé entre les cordes vocales est appelé glotte.
Quand les cordes vocales sécartent et ouvrent la glotte, la colonne dair la traverse sans produire aucun son. Les muscles ne sont pas tendus pendant larticulation des consonnes sourdes et pendant la respiration.
Quand les cordes vocales se rapprochent, elles ferment plus ou moins la glotte. Elles sont alors très tendues et la poussée de lair les fait vibrer. Ces vibrations forment le son quon appelle voix (plus les cordes vocales sont tendues, plus fréquentes sont les vibrations). Ce sont les voyelles et les consonnes sonores quon prononce avec les cordes vocales rapprochées et tendues.
Londe sonore monte le long du larynx et subit maintes modifications dans les cavités supraglotiques qui servent de chambres de résonance ou de résonateurs. Ce sont : le pharynx, la cavité buccale et les fosses nasales. Les cavités des fosses nasales ont un volume fixe. Le voile du palais baissé laisse libre le passage de lair par le nez.
La cavité buccale a la faculté de changer de forme et de volume à souhait, grâce aux organes actifs de la parole, tels que la langue, les lèvres, le voile du palais, la mâchoire inférieure. Cest justement leur position qui détermine la forme et le volume du résonateur et, par conséquent, la qualité dune voyelle.
Lorsque les lèvres sont arrondies et projetées en avant, il se forme un résonateur supplémentaire entre les dents et les lèvres. Il en résulte des sons labialisés.
Quand on articule les consonnes, les différentes parties de la langue se rapprochent plus ou moins de divers points du palais, des dents ou des alvéoles. Tantôt il y a occlusion momentanée suivie dune brusque rupture des organes, tantôt ce nest quun rapprochement des organes formant une fente. Il se forme toujours un obstacle dans la cavité buccale que lair doit franchir.
La physiologie des sons donne la description précise de la position des organes de la parole pendant la phonation ce quexige lenseignement des langues.
Aspect physique des unités phoniques (acoustique des sons)
Lacoustique nous apprend que le son consiste en ondes qui sont produites par les vibrations dun corps élastique et se propagent dans lair à une vitesse denviron 340 m/s ou dans tout autre matière. Quand les ondes atteignent notre oreille, elles agissent dune manière particulière sur les nerfs auditifs et y produisent limpression du son.
Les vibrations des cordes élastiques peuvent être : a) périodiques ou non périodiques (tons/bruits) ; b) simples ou composés (pendule/corde).
La vibration simple comporte un seul mouvement vibratoire répété. Lexemple dune vibration périodique simple est le mouvement du pendule. Le mouvement du pendule peut être représenté par une courbe sinusoïdale. Lespace entre le point de repos et le point extrême que ce corps élastique atteint (cd) sappelle lamplitude. Plus la poussée dair est forte, plus grande est lamplitude des vibrations.
La première caractéristique du son, son intensité (ou sa force), dépend de lamplitude des vibrations.
Sa hauteur résulte du nombre de vibrations à la seconde.
La durée du son est sa troisième caractéristique.
Les vibrations simples donnent un ton simple : cest le cas des diapasons (:0=). En réalité, les vibrations ne sont presque jamais simples. On a un son composé comme dans les instruments de musique et la voix humaine. Il se compose d un son fondamental et d une série de sons harmoniques qui l accompagne : le corps vibre lui-même, chacune des parties du corps vibre également.
Le nombre et la variétés des harmoniques dun son constituent le timbre du son (cest la quatrième caractéristique dun son). Les harmoniques (formants) dun même son peuvent varier suivant les sujets parlants. Les vibrations périodiques constituent les tons musicaux. Les vibrations non périodiques forment des bruits qui sont à la base de toute consonne.
Donc, tous les sons de la langue peuvent être appréciés du point de vue articulatoire et acoustique.
Aspect fonctionnel (linguistique) des unités phoniques, phonème
Selon A. Martinet, le langage humain est caractérisé par une double articulation qui se manifeste sur deux plans différents. La première articulation du langage est celle selon laquelle une chaîne parlée sanalyse en unités successives douées dun sens et dune forme phonique. Ainsi la phrase Jai mal à la tête comporte six unités de première articulation : j (pour je), ai, mal, à, la, tête. Les unités de première articulation, ou monèmes, coïncident avec ce quon appelle mots dans le langage courant.
Elles ne peuvent pas être analysées en unités sémantiques plus petites. Mais la forme sonore de ces unités peut être décomposée en unités phoniques qui permettent de distinguer des autres unités comme bête, tante ou terre. Cest la deuxième articulation du langage dont les éléments forment dans chaque langue un système dunités en nombre fini, connues sous le nom de phonème. Le mot tête, par exemple, comporte trois unités successives de seconde articulation, donc trois phonèmes : [t], [ó], [t]. Cest grâce à la deuxième articulation que la langue, utilisant un nombre restreint dunités discrètes, sert de moyen dexpression et de communication sans limite.
Le phonème représente dans le système dune langue lunité phonique minimale destinée à distinguer les unités significatives les unes des autres.
La théorie du phonème a été élaborée par B. De Courtenay et développée par les linguistes de plusieurs écoles phonologiques : lécole de Leningrad (L. (erba, L. Zinder), lécole de Moscou, lécole de Prague formée par N. Troubetzkoy dont on trouve les adeptes dans différents pays (R. Jakobson, G. Gougenheim, A. Martinet, K. Togeby).
Le phonème est la plus petite unité phonique du langage ayant une valeur fonctionnelle. Nous distinguons le mot tête du mot bête parce que le premier mot a la consonne [t] et le deuxième [b]. Dans ce sens nous parlons de la fonction de distinction (distinctive ou différentiative) qui se présente comme capitale pour le phonème en tant quunité de la langue. Pourtant le phonème na pas de sens en lui-même. Nous pouvons identifier les phonèmes de nimporte quel mot isolé : parler [p-a-r-l-e] la fonction didentification. De plus, les phonèmes constituent la forme sonore dun mot fonction de constitution.
Deux phonèmes dune langue, quelquils soient, comparés lun avec lautre, forment une opposition. La distinction entre les phonèmes seffectue par des traits différentiels (distinctifs) qui ont reçu en phonologie le nom de traits pertinents. Par exemple, les phonèmes vocaliques français [e] et [ó] se distinguent par le trait pertinent qui est le degré daperture, alors que le [y] soppose au [i] par le trait de labialisation. Ce qui est pertinent dans un système linguistique peut ne pas lêtre dans un autre (par exemple, la mouillure des consonnes). Les traits pertinents dun phonème ne se dégagent que par son opposition aux autres phonèmes dune même langue.
Limportance des caractéristiques pertinentes pour lidentification des phonèmes a permis à R. Jakobson de définir le phonème en tant que faisceau de traits distinctifs, par exemple, [p] une consonne occlusive, bruit, bilabiale, sourde.
Quand les deux phonèmes sont opposés par un seul trait distinctif, ce sont les oppositions privatives [k g] sourde / sonore, [t s] occlusive / constrictive ; par plusieurs traits ou ont des traits complémentaires qui les diffèrent, ce sont les oppositions équipollentes : [t n] bruit, sourde / sonante, sonore. Il arrive que plusieurs paires de phonèmes puissent être opposées daprès la présence / absence dune caractéristique [p b, t d, S û, s z, k g] sourde / sonore. De telles paires constituent un rang corrélatif.
Certaines oppositions phonématiques sont possibles dans tous les contextes (oppositions constantes), dautres sont limitées à des positions bien déterminées (oppositions neutralisables). Lorsquune opposition perd son pouvoir distinctif dans certains contextes, on dit quil y a neutralisation de cette opposition. Lopposition [ó e] en français est neutralisée en syllabe fermée du mot (beige, sèche, mer, etc.), car on ny trouve quun seul phonème [ó]. Les neutralisations varient dune langue à lautre. Par exemple, en russe, les oppositions [p b], [t d], [k g], etc. se neutralisent en fin de mot. Certains linguistes utilisent le terme darchiphonème pour désigner lunité qui est réalisée en position de neutralisation (voir, par exemple, les ouvrages de A. Martinet). Larchiphonème peut être défini comme lensemble de traits pertinents communs à deux phonèmes opposés. Ainsi, dans le cas de neutralisation de lopposition [óe] en français, on serait en présence de larchiphonème [E] caractérisé par les traits communs suivants : lantériorité et le non-arrondissement.
Dautre part, il est facile de relever de nombreuses différences sonores auxquelles on ne fait pas généralement pas attention. à titre dexemple citons la consonne française [l]. La voyelle qui suit modifie considérablement la nature articulatoire et acoustique de cette consonne : dans lune elle est labialisée, dans lire palatalisée, dans lasse vélarisée, dans peuple assourdie.
Donc, dans les langues il est nécessaire de distinguer deux types de différences sonores :
Différences indépendantes qui ne sont pas conditionnées par lentourage phonétique. Dans ce cas, on perçoit les différents sons comme des unités autonomes. Ces unités servent à former la structure sonore des mots et à identifier, à lécoute, les mots. On les appelle phonèmes.
Différences conditionnées par lentourage phonétique ; ces sons différents sur le plan physique et physiologique ne sont pas opposés les uns aux autres et constituent une même unité de langue. Ce sont les variantes des phonèmes.
Le phonème est une unité abstraite de la langue. Dans la parole, le phonème est réalisé sous forme de différentes variantes dans un milieu phonétique concret. On peut les classer en variantes libres et variantes conditionnées.
Les variantes conditionnées par lentourage phonique ont reçu le nom de variante combinatoire (contextuelles ou allophones), nous venons den parler ([l] dans les mots lune, lire, lasse, peuple).
Il existe aussi des variantes qui sont conditionnées par laccentuation ; dans ce cas on parle de variantes positionnelles. Par exemple, les voyelles françaises sallongent sous laccent, ce qui apparaît devant les consonnes dites allongeantes [r], [v], [û], [z].
Ces deux types de variantes sont inconscientes pour le sujet parlant et passent inaperçues pour lauditeur, il existe encore des variantes possédant « une valeur dindication » (A. Martinet). On classe dans ce groupe les variantes stylistiques qui marque le style ou servent dindice dexpressivité comme, par exemple, le [m] allongé dans le mot magnifique sous laccent dinsistance.
On trouve aussi les variantes individuelles ou libres déterminées par les habitudes individuelles (le zézaiement par exemple) ou régionales ; elles peuvent donner des indications sur la personne qui parle, son âge, son origine ou son milieu social (par exemple, [r] roulé, grasseyé, parisien).
Il est important aussi de faire la distinction entre les variantes des phonèmes et les sons. Les caractéristiques physiques et articulatoires des sons qui entrent dans un même allophone sont conditionnées par les particularités de lappareil phonatoire de celui qui parle, son état physique ou psychique, la situation concrète de parole, etc. Le son est une unité matérielle, le nombre de sons est indéfini dans chaque langue.
Les fautes dans lemploi de phonèmes détruisent le sens ; ce sont des fautes dites phonologiques ou phonématiques (ce ceux, pomme paume, fée fait).
Conclusion
La phonétique (au sens large du terme) comporte deux disciplines interdépendantes et qui se complètent :
La phonétique acoustique et physiologique étudie la nature matérielle des éléments phoniques indépendamment de leur fonction dans la communication, indépendamment de la langue à laquelle ils appartiennent.
La phonétique fonctionnelle ou phonologie étudie les éléments phoniques du point de vue de leur fonction dans le système linguistique. Elle étudie les éléments phoniques qui distinguent, dans une même langue, deux messages de sens différent.
Questions et exercices
Quest-ce que cest que « lappareil phonatoire », énumérez les organes qui le forment (en suivant la progression de lair).
Expliquez la destination de chaque organe de la parole.
Définissez les organes actifs et passifs de la parole, énumérez-les.
Décrivez le larynx et le fonctionnement des cordes vocales pendant la phonation : a) des voyelles ; b) des consonnes sonores ; c) des consonnes sourdes.
Décrivez le fonctionnement des organes de la parole dans la cavité buccale pendant la prononciation : a) de voyelles différentes ; b) de consonnes différentes.
Avec le fonctionnement de quel organe est liée la différenciation des voyelles daprès le degrés daperture et lopposition « antérieure / non antérieure » ?
Le fonctionnement de quels organes est à la base des oppositions : a) sourdes / sonores ; b) dures / mouillées ?
Prononcez tous les sons français qui sont produits avec la participation des cordes vocales.
Expliquez les termes « le mode darticulation » et « le point darticulation » des consonnes.
Est-il possible de prononcer un phonème ?
Le phonème est-il divisible en unités encore plus petites ? Le phonème a-t-il un sens ?
Quelle fonction a le phonème ?
De quoi dépend le choix des variantes dans la parole ?
Dans quel cas sagit-il des variantes combinatoire du phonème ?
Expliquez le phénomène de la neutralisation dune opposition phonologique. Quel en est le résultat ? Citez des exemples. Dans quelles conditions la neutralisation peut se réaliser ?
Pourquoi les phonèmes dune langue nexistent quen tant que membres dun système ?
Quest-ce qui peut expliquer le nombre différent de phonèmes dans les langues russe et française ?
Quelles oppositions, parmi les oppositions citées ci-dessous, sont privatives :
[v l], [S û], [b m], [t d], [m n], [l n], [r Ê], [s j], [û s].
Quelles oppositions, parmi les oppositions citées ci-dessous, sont équipollentes :
[s l], [f p], [t û], [d l], [k g], [s s], [v n], [r s].
Quelles paires de consonnes sont opposées comme [p b], [p f], [b m] ?
Quelles consonnes ont des rapports identiques avec les consonnes [p t k] ?
Ouvrages de référence
Chigarevskaïa N., Traité de phonétique française. Cours théorique, Moscou, 1982. §115.
Capelle Guy, Les phonèmes du français et leurs réalisations, In : Le français dans le monde, n° 57, pp. 914.
Test 1
La phonologie comporte deux branches principales :
lorthoépie et la phonétique ;
la phonématique et la prosodie ;
la phonématique et la syntaxe.
Pour étudier les caractéristiques physiques des unités phoniques on utilise des méthodes :
somatiques ;
linguistiques ;
acoustiques.
Les cordes vocales sont situées dans :
la cavité buccale ;
le larynx ;
la cavité nasale.
Pendant la phonation des voyelles et des consonnes françaises londe sonore subit des changements dans les chambres de résonance suivantes :
la cavité buccale, les fosses nasales ;
le pharynx, la cavité buccale, les fosses nasales ;
la cavité buccale, les fosses nasales, un résonateur supplémentaire qui se forme entre les dents et les lèvres.
Les cordes vocales sont rapprochées et tendues seulement pendant la prononciation :
des voyelles ;
des voyelles et des consonnes sonores ;
des voyelles et des consonnes sonantes.
La distinction entre les phonèmes seffectue par :
les traits pertinents ;
lentourage phonétique.
Les variantes des phonèmes conditionnées par lentourage phonique ont reçu le nom de :
variantes combinatoires ;
variantes stylistiques ;
variantes positionnelles.
Quand on prononce un [t] mouillé dans le mot « terre » il s »agit dune faute :
phonématique ;
phonologique ;
phonétique.
Larchiphonème [A] est caractérisé par les traits suivants :
antérieur, labial, ouvert ;
antérieur, non-labial ;
ouvert, oral.
Le son et le phonème sont des unités du niveau :
segmental ;
suprasegmental.
Dossier 2
Système des phonèmes français
Après avoir étudié ce dossier vous saurez :
déterminer les particularités du phonétisme dune langue
délimiter les deux classes de phonèmes : les voyelles et les consonnes
révéler les traits particuliers et essentiels du vocalisme et du consonantisme français
établir les tendances de leur développement
Plan
Traits particuliers du phonétisme (du système phonématique) dune langue :
la quantité des phonèmes ;
leur qualité ;
leur combinaison possible.
Deux classes de sons : voyelles et consonnes. Critères de leur distinction.
Classement des voyelles.
Traits particuliers et essentiels du vocalisme français. Tendances du développement.
Classement des consonnes.
Traits particuliers et essentiels du consonantisme français. Tendances du développement.
Problèmes théoriques
Le système phonématique de chaque langue a ses particularités. Il se manifeste dans : 1) la quantité de phonèmes 2) la qualité des phonèmes (les oppositions phonologiques et les caractéristiques phonétiques) ; 3) les combinaisons possibles de phonèmes.
La quantité des phonèmes. Leur nombre varie de 30 à 50 dans les langues occidentales. Les langues connaissent différentes proportions entre les voyelles et les consonnes : en français il y a 15 voyelles et 20 consonnes, en anglais 21 voyelles et 25 consonnes, en russe 6 voyelles et 37 consonnes, en espagnol 5 voyelles et 25 consonnes.
La qualité des phonèmes. Les caractéristiques phonétiques qui peuvent être très variées nont pas toutes une valeur phonématique (par exemple, [S].français est toujours mouillé). La diversité des systèmes phoniques se réalise en différentes oppositions phonématiques : en russe consonne dure / consonne mouillée ; en français voyelle orale / voyelle nasale, voyelle antérieure non labiale / voyelle antérieure labiale, etc.
Les combinaisons de phonèmes. Dans la chaîne parlée les phonèmes composent des groupements variés. Il y a des groupements qui existent en français et en russe, il y en a dautres qui sont fort rares et même proscrits, par exemple, [Rm, tk, Rg] ne se trouvent jamais en syllabe initiale dans la langue française.
La distinction entre les voyelles et les consonnes. Le phonétisme français comprend deux grandes classes de sons: voyelles et consonnes. Pour délimiter ces deux groupes de phonèmes, il existe plusieurs critères : 1) physiologique, 2) acoustique et 3) phonématique ou syllabique.
Le critère physiologique : quand on articule une voyelle, les organes de la parole sont tous tendus dune façon plus ou moins régulière, la tension musculaire nétant pas localisée, on ne peut pas localiser leur point darticulation ; pour le consonnes, il se produit un rapprochement des organes de la parole et même une occlusion ce qui constitue un obstacle considérable au passage de lair par les cavités de résonance.
Le critère acoustique : du point de vue acoustique toute voyelle est un ton musical (des vibrations périodiques des cordes vocales) par excellence, alors que toute consonne est un bruit (vibrations non-périodiques) auquel peut sajouter le ton musical ; dans les sonantes le ton musical domine.
Le critère phonématique ou syllabique : du point de vue phonématique (syllabique) une voyelle forme toujours une syllabe, par contre les consonnes françaises ne constituent pas à elles seules des syllabes à lexception de quelques interjections : pst!, etc.
En abrégé, la distinction réside dans lexistence, pour les consonnes, dun obstacle au niveau des résonateurs sur le chemin de lair provenant des poumons que les voyelles ne connaissent pas.
Vocalisme français
Le classement des voyelles
Le classement traditionnel des voyelles se fait sur une base articulatoire ou physiologique, plus aisément exposable et représentable. Malgré les réserves que lon peut faire au classement articulatoire, les positions des organes ne sont quune simplification, cest lui qui est présenté ici (il est cependant incontestable que la phonétique acoustique offre la rigueur dun contrôle expérimental, et constitue la phonétique de lavenir).
Cest la voix qui est à la base de toute voyelle. La voix qui est le résultat de la vibration des cordes vocales, monte par le pharynx dans la cavité buccale, parfois dans la cavité nasale en même temps. Cest là, dans ces caisses de résonance ou résonateurs, que se forme le timbre de la voyelle quon appelle également « caractéristique ». Ces caractéristiques supplémentaires dépendent des différentes formes que prend le résonateur.
Ce sont les organes actifs de la paroles la langue, les lèvres et la mâchoire inférieure qui modifient la forme des chambres de résonance où se forme le timbre de la voyelle (le voile du palais ouvre la cavité nasale).
La classification physiologique des voyelles est la meilleure du point de vue pratique.
Dans la caractéristique dune voyelle française, il faut tenir compte de quatre facteurs physiologiques :
La position du dos de la langue par rapport au palais (on dit aussi le degré daperture). Si le dos de langue est abaissé, la voyelle est dite ouverte. Si le dos de la langue est levé vers le palais dur ou mou, la voyelle est dite fermée.
Il importe de tenir compte de louverture buccale dont dépend le caractère ouvert ou fermé des sons. Cest lécartement des mâchoires ou, plus strictement parlant, labaissement de la mâchoire inférieure qui détermine le degré de louverture buccale.
La position de la langue par rapport aux dents (la zone darticulation). Quand la langue est massée vers lavant de la bouche, il sagit dune voyelle antérieure. Quand, par contre, la langue est retirée des alvéoles et quelle articule à larrière de la bouche, il se forme une voyelle postérieure. La langue peut rester aussi dans la position centrale [E]-français, [a]-russe.
La position des lèvres. Si les lèvres ne sont pas avancées, il se forme une voyelle non labiale ou non arrondie. Si les lèvres sont avancées et arrondies, ce qui non seulement modifie la forme du résonateur constitué par la cavité buccale, mais en crée un supplémentaire entre les dents et les lèvres, il se forme alors une voyelle labiale ou arrondie.
Laction du voile du palais. Quand le voile du palais est levé fermant le passage de la cavité nasale, il se forme une voyelle orale. Quand le voile du palais est abaissé laissant lair passer aussi par la cavité nasale, il sagit dune voyelle nasale.
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Ces quatre traits suffisent à décrire les voyelles françaises et constituent la caractéristique qualitative (quantitative cest la durée) de toute voyelle française ; ils sont à la base des oppositions phonématiques du vocalisme français.
à la base du système vocalique de toutes les langues est le système primaire (nucléaire), qui ne se compose que de trois phonèmes. Ils forment trois oppositions : 1) antérieur / postérieur ; 2) fermé / ouvert ; 3) labial / non labial.
Le système vocalique français peut être présenté de la façon suivante :
Cest le système vocalique traditionnel ou de B. Malmberg qui comporte 15 phonèmes.
G. Gougenheim estime que le système vocalique actuel comprend 20 phonèmes : + [ó:], [{:], [j], [(], [w].
P. Fouché et P. Delattre 16 phonèmes : + [E].
L. (erba 16 phonèmes : + [ó:].
N. Chigarevskaïa 14 phonèmes : [{$].
G. Capelle 13 phonèmes : [Ô], [{$].
Le système vocalique min. de B. Malmberg ne comprend que 10 phonèmes : [Ô], [ó], [O], [{], [{$].
Les traits particuliers et essentiels du vocalisme français
Les voyelles antérieures sont de loin les plus nombreuses, il y en a 9 sur 15 en tout. Parmi les 6 postérieures il y en a qui sont très avancées, telles [u], [O], [o].
Tendances : lavancement de larticulation ;
la neutralisation de lopposition [aÔ] : tâche tache.
Lopposition phonologique voyelle ouverte voyelle fermée est dune grande importance pour le phonétisme français, ceci est valable surtout pour les deux séries des orales séries antérieures [eó], [õ{] et série postérieure [oO] les voyelles douverture intermédiaire.
Tendances : les hésitations dans la réalisation de ces trois oppositions.
Les voyelles labiales jouent un rôle important dans le système phonétique du français constituant la moitié des voyelles françaises (8 sur 15) dont 3 de la série antérieure [y] [õ] [{] ne sont pas très fréquentes dans dautre langues.
Tendances : la délabialisation de [{$] et lélimination de lopposition [{$ ó$] : brun brin, emprunt empreint, alun Alain.
Les nasales (4) sont très usitées en français et lui communiquent par leur caractère fort rare un aspect extrêmement particulier et spécifique.
Les voyelles françaises sont très nettes et tendues. Leur articulation se ressent de la position accentuée ou non accentuée du son.
Conclusion
Le système des voyelles françaises présente des oppositions phonématiques qualitatives de quatre espèces : 1) antérieure / postérieure, dont la série antérieure est la plus considérable ; 2) ouverte / fermée ; 3) labiale / non labiale ; 4) orale / nasale, dont la série orale est de loin la plus riche.
Lopposition « antérieure / postérieure » est la caractéristique fondamentale du vocalisme français.
Quant à lopposition « fermée / ouverte », elle menace de perdre son caractère phonématique, étant conditionnée le plus souvent par la position de la voyelle dans la chaîne parlée. Ainsi le phonème [e] nexiste que dans la syllabe ouverte, par contre, les phonèmes [O] et [{] ne se trouvent jamais à la fin absolue du mot.
Il importe de constater que la loi de position affecte beaucoup le vocalisme du français contemporain, affaiblissant plus ou moins le rendement de lopposition phonologique : ouverte / fermée.
La loi de position régit également le caractère quantitatif du vocalisme français, toute voyelle finale étant brève. La caractéristique quantitative des voyelles françaises joue un rôle subalterne (voir : Modifications quantitatives : durée des voyelles et des consonnes).
Consonantisme français
Nous avons relevé 15 voyelles sur tout lensemble des phonèmes du français, les phonèmes restants étant consonnes par opposition aux voyelles.
Si les critères de distinction sont bons pour désigner les voyelles, ils le sont aussi pour désigner les consonnes.
Sur le plan articulatoire : les consonnes sont produites à laide dun obstacle ou dun rétrécissement dans le canal buccal.
Sur le plan acoustique : toute consonne est un bruit auquel peut sajouter un ton musical.
Sur le plan phonématique : les consonnes ne possèdent pas la faculté de former les syllabes, elles se groupent toujours autour des voyelles.
Le classement des consonnes
Du point de vue physiologique, les consonnes sont classées daprès :
le mode darticulation ;
le point darticulation (le lieu darticulation et lorgane articulant) ;
la présence / labsence de la voix (la vibration des cordes vocales).
La présence ou labsence de la voix motive la classification acoustique des consonnes daprès :
la prédominance des bruits ou du ton musical.
Ce sont le traits qualitatifs des consonnes françaises.
Point darticulation
Modedarticulationlabialeslingualesuvu-
lairesbi-labialeslabio-dentalespré-lingualesmédio-lingualespost-lingualesocclu-sives
bruitssrd snr
p b
t d
k gsonantesmnN(ú)constric-tives
bruits
f vs z
S ûsonantesw4(ljRvibrantessonantes(r)(Ê)Le mode darticulation (la nature de lobstacle). Il convient surtout de distinguer 2 groupes opposés :
les consonnes occlusives ou « momentanées », celles pour lesquelles le passage de lair est complètement fermé (cest-à-dire comporte une occlusion) en un point donné, puis ouvert, comme pour une explosion. Ce sont dabord les consonnes p/b, t/d, k/g et aussi les dites sonantes (nasales) m, n, N ;
les consonnes constrictives (fricatives) pendant larticulation desquelles lair sort constamment car il y a seulement un rétrécissement des organes de la parole. Ce sont f/v, s/z, S/û. Nous classerons aussi dans les constrictives le phonème l, la variante dite parisienne du R R ainsi que les semi-consonnes j, (, w.
Le point darticulation (le lieu de lobstacle). Il importe de savoir quels sont les organes qui entrent en contact, quel est le point où se fait locclusion, le rétrécissement ou la vibration. Daprès le point darticulation les consonnes sont réparties en :
les consonnes formées avec les lèvres, cest-à-dire les labiales (bilabiales : p/b, m, w, ( ; labiodentales : f/v lorgane passif les dents du haut) ;
les consonnes formées avec la langue, cest-à-dire les linguales (prélinguales : t/d, n, s/z, S/û, l; médiolinguales : N, j; postlinguales : k/g (les organes passifs les dents, les alvéoles, le palais dur ...) ;
les uvulaires : r(R, Ê).
Daprès laction des cordes vocales la présence ou labsence de la voix, les consonnes constituent deux groupes :
les consonnes sourdes, pour lesquelles le souffle sort sans obstacle des poumons, sans que les cordes vocales vibrent et qui sont de simples bruits ;
les consonnes sonores pendant larticulation desquelles les cordes vocales vibrent et qui sont des sons mixtes (bruits + ton musical).
La distinction sonore / sourde est importante dans le système consonantique français. Ce type dopposition, comme la fait remarquer Gougenheim, joue un rôle morphologique considérable : bref brève, ils sont ils sont, grand ami grande ami. Par cette opposition, le français se distingue de nombreuses langues, notamment du russe.
Daprès la classification acoustique toutes les consonnes se divisent en bruits et en sonantes. Les consonnes bruits sont celles où le bruit domine [p, b, t, d, k, g, f, v, s, z, S, û] les consonnes sonantes sont telles autres où le ton musical domine [l, r, m, n, N, j, (, w]. Donc, les sonantes peuvent être seulement sonores ; les consonnes-bruits constituent deux classes : sourdes et sonores. Les classifications daprès le critère physiologique et le critère physique ne coïncident pas.
sourdessonoresbruitssonantesLe groupe des sonantes nest pas uniforme. Elle comprend 3 semi-consonnes [j, (, w], 2 consonnes dites liquides [l, r] et 3 consonnes nasales [m, n, N].
Les savants ne sont pas unanimes sur le nombre de consonnes en français. Le système traditionnel comprend 20 consonnes (présentées sans parenthèses). Des 23 consonnes présentées sont acceptées :
21 ( r, Ê) A. Leroud, . Rapanovitch
20 ( r, Ê, ú) L. `(erba
20 ( r, R, ú) P. Fouché, B. Malmberg
19 ( r, Ê, w, () A. Martinet, H. Walter
18 ( r, Ê, ú, w, () G. Capelle, F. Carton
18 ( r, R, ú, w, () N. Katagochtchina
17 ( r, R, ú, w, (, j) M. Grammont, M. Léon.
Les traits particuliers et essentiels du consonantisme français
Les consonnes sont fortes et douces. Toutes les consonnes sont susceptibles dapparaître dans toutes les positions (initiale, intérieure et finale).
En règle générale, les consonnes graphiques initiales se prononcent toujours ; les consonnes graphiques intérieures se prononcent presque toujours, avec quelques exceptions (aptitude, mais compter) ; les consonnes graphiques finales se prononcent rarement. La liaison fait apparaître une consonne sous-jacente.
Tous les sons du système consonantique se maintiennent fort bien en français. Il ny a pas, comme pour les voyelles, remaniement en cours. Un seul cas de disparition possible est à signaler : [N], phonème assez rare, est en train de se transformer pour beaucoup de locuteurs en [n + j] : [ONO$] est de plus en plus prononcé [ONjO$], prononciation plus antérieure.
Une nasale vélaire [ú] est en train de simplanter dans le système français, à la finale des mots empruntés à langlais : [paRkiú], [kÔ$piú]. Elle acquiert statut de phonème, car elle entre dans des oppositions : [Rim] / [Riú], et cela dautant plus naturellement quelle trouve place dans le système.
La tendance à la gémination des consonnes due à linfluence de la graphie. Les géminées sont importantes au contact de deux morphèmes (un préfixe et un radical) : [immORal], [illegal], [iRRóspO$sabl]. Dans les autres cas, leur conservation, très répandue, passe pour une affectation : [bóllikõ], [allOkasjO$].
La tendance à lassimilation des consonnes-bruits (voir plus loin) : abcès [ap-só], une page charmante [yn-paS-SaR-mÔ$:t], disgrâce [diz-gRÔ:s].
Conclusion
Toute consonne comporte donc au moins trois caractéristiques positives : lune delles étant acoustique (bruit sonante), les deux autres physiologiques (le mode et le point darticulation). Ainsi [l] est une consonne : sonante, constrictive, prélinguale.
Les consonnes-bruits comportent une quatrième caractéristique, qui fait état de lopposition sourde/sonore. Par exemple, la consonne [f] est une consonne-bruit, constrictive, labio-dentale, sourde.
Le système des consonnes est beaucoup moins affecté par la variation que ne lest le système des voyelles.
Questions et exercices
Présentez le système des voyelles françaises dans lordre suivant : a) les voyelles antérieures non-labiales ; b) les voyelles antérieures labiales ; c) les voyelles postérieures labiales ; d) les voyelles postérieures nasales.
Combien de degrés daperture existent dans le système du vocalisme français ?
Quels traits pertinents se réalisent dans les voyelles françaises (faisceau de traits distinctifs) : i, õ, O, Ô$ ?
Quels sont les traits distinctifs qui différencient les voyelles dans les paires suivantes :
ie, eõ, õo, aÔ, {O, ou, óó$, iu.
Quels traits pertinents des voyelles distinguent les mots suivants :
fée fait, Saône sonne, lu loup, peu peau, ceux su, mal mâle, mot mont, seau son, fée fi.
Quel phonème est-ce :
voyelle mi-ouverte, antérieure, non-labiale ;
voyelle fermée, postérieure, labiale ;
voyelle mi-ouverte, antérieure, labiale, nasale ;
voyelle ouverte, postérieure, non-labiale.
Relevez dans le passage suivant : a) les voyelles antérieures ; b) les voyelles labiales ; c) les voyelles fermées (mi-fermées) :
O temps, suspends ton vol ; et vous, heures propices,
Suspendez votre cours ! Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! (Lamartine)
Comparez les phonèmes [i] et [a]; [y] et [u] du point de vue de leurs traits distinctifs.
Mettez les phonèmes i, a, u, y, ó, e en séries du point de vue de leur aperture.
Résolvez les proportions suivantes des phonèmes :
[i:y = ó:?] [y:u = o:?] [i:e = y:?] [õ:{ = o:?]
Quels phonèmes distinguent les paires de mots suivants ; par quels traits sont-ils opposés :
maître mettre ; son sans ; pur pour ; port peur.
Quels mots ont les mêmes phonèmes (voyelles) :
faire, femme, rue, pigeon, pied, ventre, fenêtre, gare, oncle, penser, sujet, fermer.
Quest-ce que cest que « la palatalisation », existe-t-elle en français, a-t-elle une valeur distinctive ?
Quels traits distinctifs se réalisent dans les consonnes suivantes : û, t, n, z, u, b.
Quels traits distinctifs différencient les paires suivantes de consonnes : pt, pb, bm, tn, Sû, mn, nN;
Quelles paires de consonnes sont opposées par les mêmes traits distinctifs que : pb.
Quelles paires de consonnes sont opposées par les mêmes traits distinctifs que : pf.
Quelles paires de consonnes sont opposées par les mêmes traits distinctifs que : sS.
Quelles paires de consonnes sont opposées par les mêmes traits distinctifs que : bm.
Quelles consonnes sont opposées comme : ptk.
Quelles consonnes sont opposées comme : tdn.
Quelle consonne est-ce :
bruit, occlusive, bilabiale, sonore ;
sonante, constrictive, médiolinguale ;
sonante, occlusive, médiolinguale ;
bruit, constrictive, labiodentale, sourde ;
sonante, occlusive, bilabiale ;
bruit, constrictive, prélinguale-dentale, sonore ;
bruit, constrictive, prélinguale-palatale ;
bruit, occlusive, postlinguale, sourde ;
sonante, constrictive, uvulaire.
Quels traits pertinents distinguent les paires suivantes de mots : tu du, coût goût, lire rire, pur sur, sportif sportive, pot beau.
Présentez le faisceau de traits pertinents des phonèmes : l, R, g, S, k, n;
Comparez les phonèmes m, n, N du point de vue de leurs traits distinctifs.
Caractérisez tous les phonèmes des mots suivants : beaucoup, rien, gagner, matin, loi, garçon, conseil, jour.
Quel mot est-ce :
a) consonne : bruit, bilabiale, occlusive, sonore ;
b) voyelle : postérieure, mi-ouverte, labiale, nasale.
a) consonne : bruit, occlusive, postlinguale, sonore ;
b) voyelle : antérieure, ouverte, non-labiale ;
c) consonne : sonante, constrictive, uvulaire.
a) consonne : sonante, occlusive, bilabiale ;
b) voyelle : antérieure, ouverte, non-labiale ;
c) consonne : sonante, constrictive, prélinguale.
a) voyelle : antérieure, mi-fermée, non-labiale, orale ;
consonne : occlusive, prélinguale, sourde ;
voyelle : antérieure, fermée, labiale ;
consonne : bruit, occlusive, prélinguale, sonore.
Quels sens distinguent ces paires de mots, quels traits différentiels les opposent : cage cache, chair mère, chose cause, toi moi.
Résolvez les proportions suivantes :
[s:j = n:?], [m:N = w:?], [p:m = t:?], [k:s = g:?].
Combien doppositions existe-t-il entre les paires suivantes de phonèmes : fv, ld, ûR, nR, Sb. Quelles paires sont corrélatives ?
Quels traits pertinents diffèrent les premiers phonèmes des paires suivantes de mots : dose rose, âme homme, foule poule, lancer danser, couleur douleur, gris pris, évêque avec, oser user, cause pause, attendre entendre, assis aussi ainsi.
Quest-ce que cest quune affriquée, quest-ce quil y a de commun entre une affriquée et des consonnes constrictives et occlusives ? Y a-t-il des affriquées en français moderne ?
Quelle voyelle est-ce, à quelle langue elle appartient (russe ou français) :
ouverte, centrale, non-labiale ;
mi-ouverte, antérieure, non-labiale ;
fermée, postérieure, labiale ;
mi-ouverte, antérieure, labiale, nasale ;
fermée, antérieure, labiale ;
moyenne (douverture intermédiaire), postérieure, labiale ;
ouverte, postérieure, non-labiale.
Comparez les voyelles non-accentuées dans les paires de mots suivantes :
0@>:0; bocal ; 1@83040 brigade ; 45B0;L détail ; 0=5:4>B anecdote ; 10306 bagage ; ?0;LB> paletot.
Commentez les différences phonologiques des voyelles accentuées dans les paires de mots suivantes :
:C;LBC@0 culture ; A5@LQ7=K9 sérieux.
Comparez les traits distinctifs des voyelles orales russes et françaises : a) le degré d aperture ; b) antérieure / postérieure ; c) antérieure / postérieure et labiale / non-labiale. Quelle est l interférence possible pour des Russes parlant français ?
Expliquez le mécanisme de l interférence du groupe [jo] dans les mots russes tels que ?>4JQ@.
Quelle consonne est-ce, à quelle langue elle appartient :
bruit, occlusive, bilabiale, sonore ;
bruit, occlusive, bilabiale, sonore, mouillée ;
sonante, constrictive, prélinguale, mouillée ;
sonante, constrictive, médiolinguale ;
sonante, occlusive, médiolinguale ;
bruit, constrictive, bilabiale, sourde ;
bruit, occlusive, prélinguale, non-mouillée ;
sonante, occlusive, bilabiale ;
sonante, occlusive, bilabiale, mouillée ;
bruit, constrictive, prélinguale-dentale, sonore ;
bruit, constrictive, prélinguale-dentale, sourde, mouillée ;
bruit, constrictive, prélinguale-palatale ;
bruit, occlusive, post-linguale, sourde ;
sonante, vibrante, prélinguale.
Ouvrages de référence
Arrivé M., Gadet F., Galmiche M., La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française, Paris, Flammarion, 1992. (Recueil de textes)
Capelle Guy, Les phonèmes du français et leurs réalisations, In : Le français dans le monde, n° 57, pp. 914. (Recueil de textes)
Chigarevskaïa N., Traité de phonétique française. Cours théorique, Moscou, 1982. §2656, §5776.
Test 2
Quelle opposition phonématique des consonnes ne se réalise pas en français :
sourde / sonore ;
dure / mouillée ;
bruit / sonante.
Quels obstacles existent sur le chemin de lair provenant des poumons pendant la phonation dune consonne sonore :
deux : au niveau du larynx (les cordes vocales) et au niveau des résonateurs (occlusion, rétrécissement) ;
un : au niveau du larynx ;
un : au niveau des résonateurs.
Quest-ce quil y a de commun entre les consonnes sonores et les consonnes sonantes :
le ton musical domine sur le bruit ;
elles sont toutes constrictives ;
elles sont produites avec la participation des cordes vocales.
Lexistence de quels phonèmes (consonnes) présente la matière pour les discussions :
[N], [l] ;
[ú], [r], [Ê] ;
[R], [N] ;
Par quel trait distinctif sont opposés les phonèmes [s] et [S] :
mode darticulation ;
sourde / sonore ;
le lieu dobstacle (lorgane actif) ;
le lieu dobstacle (lorgane passif).
Quelle est la caractéristique fondamentale du vocalisme français :
opposition « antérieure / postérieure » ;
opposition « fermée / ouverte » ;
opposition « labiale / non-labiale ».
Combien de degrés daperture existent dans le système du vocalisme français :
2 ;
3 ;
4.
Quelle voyelle est-ce : mi-fermée, antérieure, labiale :
[e] ;
[õ] ;
[o].
Lexistence de quels phonèmes dans le système vocalique français provoque des discussions :
[{$], [Ô] ;
[{], [õ] ;
[o], [O].
Sur quelle base se fait le classement traditionnel des voyelles :
physiologique ;
physique ;
linguistique.
Dossier 3
Les phénomènes propres à la chaîne parlée (phonétique combinatoire)
Après avoir étudié ce dossier vous saurez :
énumérer et spécifier les phénomènes propres à la chaîne parlée
analyser les modifications des phonèmes ; distinguer les modifications quantitatives et qualitatives
répartir les liaisons en liaisons obligatoires, interdites et facultatives
répartir les unités de la langue en syllabes phoniques
Plan
Syllabe phonique.
Modifications quantitatives :
durée des voyelles ;
durée des consonnes.
Modifications qualitatives :
assimilation (vocalique et consonantique) ;
accommodation.
Alternances des phonèmes.
Liaison vocalique, enchaînement, liaison.
Problèmes théoriques
En quittant le domaine des phonèmes, unités discrètes, pour celui de la chaîne parlée, on passe de lordre du discontinu à celui du continu, où les représentations formelles perdent en netteté. La chaîne parlée se présente comme un continuum à lintérieur duquel les sons agissent les uns sur les autres.
La syllabe phonique
Cest le plus petit segment de la chaîne parlée que lon émet au cours de la prononciation. On peut décrire la syllabe comme une unité deffort musculaire, une réalité purement articulatoire, sans réelle pertinence linguistique. Cependant limportance de la syllabe est grande dans toute langue. Cest que toutes les modifications du langage telles laccommodation, lassimilation, alternances vivantes sopèrent tout dabord à lintérieur de la syllabe. La versification du français est basée sur le nombre des syllabes.
La syllabe dans une langue se définit par trois caractéristiques essentielles : le son qui forme le sommet syllabique, la finale de la syllabe, et les combinaisons de consonnes et de voyelles qui constituent la syllabe-type.
La syllabe française est vocalique : il y a autant de syllabes que de voyelles ([paR tiR], [sók t{R]). La répartition peut varier légèrement selon les registres, selon le degré de maintien des [E] muets. La syllabe orale est donc loin de toujours reproduire la syllabe graphique.
On distingue deux types de structures syllabiques : les syllabes ouvertes, terminées par une voyelle prononcée ([e le fÔ$], trois syllabes ouvertes), et les syllabes fermées terminées par une ou plusieurs consonne(s) prononcée(s) ([sók tR], deux syllabes fermées).
La syllabe-type du français est la syllabe ouverte. Par exemple, dans la phrase : [i la bjó$ vu ly Ô$ paR le], on constate quil y a sept syllabes ouvertes pour une seule syllabe fermée. La fréquence de lenchaînement consonantique augmente le nombre de syllabes ouvertes (ainsi, les deux premières syllabes de notre phrase sont [i la], et non [il a] comme le ferait attendre la graphie) : la syllabation ne sarrête pas à la frontière du mot.
La syllabation se fait selon les principes suivants :
toute consonne intervocalique forme syllabe avec la voyelle qui la suit, aussi bien à lintérieur du mot quà lintérieur du groupe ;
un groupe de deux consonnes se sépare en deux syllabes ([sek t{R]), sauf si la seconde est un [R] ou un [l] ([a plik], [a pRÔ$dR]) ou une semi-voyelle ([pO$ pje]) ;
un groupe de trois consonnes avec un [s] au milieu subit une coupe syllabique après le [s] : [Ops takl] (obstacle).
Deux facteurs contribuent à augmenter le nombre des syllabes fermées : la fréquence des emprunts (speaker, spoutnik...) et laugmentation des chutes des [E] muets.
Le français se caractérise par son aspect très lié (surtout au niveau soigné) : les jonctures (ou jointures) sont faiblement marquées, et la différence est mince, du point de vue de la syllabation, entre les petits trous et les petites roues.
Le schéma canonique. La forme syllabique du français est très variée : on trouve des syllabes en V CV CCV CCCV ([stRa bism]), VC VCC CVC CCVC CVCC CCVCC CCCVCC ([stRikt], strict). Cependant, la fréquence du type CV est nettement supérieure à celle de tous les autres.
Un certain nombre de phénomènes contribuent à généraliser lalternance CVCV, au détriment des autres types de syllabes :
la liaison, lélision et lenchaînement (voir ces mots) ;
lapparition de la forme masculine des déterminants possessifs devant un nom féminin commençant par une voyelle (mon amie) ;
lemploi dune forme masculine spécifique pour certains déterminants et adjectifs devant un nom commençant par une voyelle (cet individu, un nouvel ami, le vieil homme) ;
la double forme de certains préfixes, dont lune est réservée à loccurrence devant voyelle (me- ou mes- : mésaventure, dé- ou dés- : désillusion) ;
la prononciation [ij] de [j] après deux consonnes ([kRij], [plijÔ$]) ;
lapparition dun [t] « euphonique » dans des formes comme a-t-il, va-t-il... ;
la tendance du français de conversation courante à simplifier les groupes consonantiques complexes ([izO$] pour ils ont, [ûesjO$] pour gestion), tendance encore accentuée en français populaire.
Néanmoins, les syllabes de type V ne sont pas totalement éliminées ([aeRe], [bay], [ReysiR], [aleosinema]), et lhiatus nest pas insupportable : Papa a à aller à Arles.
Les modifications des phonèmes
Les phonèmes, dans la phrase, exercent les uns sur les autres une influence plus ou moins grandes et subissent diverses modifications. Le caractère du son varie suivant quil est accentué ou non.
Ces modifications peuvent avoir un caractère quantitatif (la durée des voyelles et des consonnes) et qualitatif (lassimilation et laccommodation).
Les modifications quantitatives
La durée des voyelles. En plus de sa caractéristique qualitative, toute voyelle possède une caractéristique quantitative. Il sagit de la durée relative du son :
de la durée dune voyelle par rapport à une autre dans la même position ;
de la durée de la même voyelle dans différentes positions ;
de la durée qui distingue à elle seule deux voyelles de même timbre.
Dans le premier cas, il sagit de la durée qui accompagne la différence de timbre (les deux caractéristiques constituent alors les traits pertinents du phonème) telles, par exemple, les voyelles françaises [o], [õ], [Ô] et toutes les nasales qui possède la longueur dite historique.
La longueur historique na-t-elle pas quelque valeur phonologique puisquelle constitue un trait pertinent qui va de pair avec le timbre dune voyelle ?
Examinons les faits.
La longueur historique complète napparaît quen syllabe fermée à la fin du mot, elle diminue dans la syllabe inaccentuée (syllabe prétonique) précédant immédiatement la syllabe accentuée pour disparaître dans la troisième syllabe à partir de la fin du mot : longue [lO$:g], allonger [alO$ûe], longitude [lO$ûityd].
Comme la durée vocalique est déterminée en français par les conditions combinatoires, cest-à-dire par la position du son dans la chaîne parlée (laccent, le caractère de la syllabe), elle na plus de valeur phonologique à elle seule. Se combinant avec le timbre de la voyelle, elle constitue une des caractéristiques du son en question.
Le deuxième cas traite des voyelles qui peuvent recevoir en certaines positions, dailleurs bien déterminées, une marque quantitative supplémentaire, telles les voyelles françaises en syllabe fermée accentuée devant les consonnes allongeantes [r,v,û,z] à la fin absolue du mot en fin de syntagme : frère, cave, loge, grise.
La longueur rythmique est une durée phonétique et non phonologique parce quelle se réalise dans une position déterminée et notamment, en syllabe accentuée fermée devant une des quatre consonnes allongeantes se trouvant à la fin absolue du mot en fin de syntagme : rouge-gorge [ruûgOrû] ( un cahier rouge [{$kajeru:û].
En troisième lieu, il sagit dune longueur à valeur phonologique puisquil ny a quelle seule qui oppose deux sons dont les timbres sont identiques. Tel est, par exemple, le cas des voyelles de lallemand [a Ô] : die Stadt (avec un [Ô] bref) der Staat (avec un [Ô] long). Mais il nexiste pas de longueur phonologique en français contemporain. Les oppositions [óó:] et [{{$] nexistent plus.
La durée des consonnes. La durée (la longueur) des consonnes (un trait quantitatif) ne présente pas de valeur phonématique en style non affecté en français, dailleurs beaucoup de langues nutilisent pas de consonnes longues. En général, on peut dire que la consonne sourde est plus longue que la sonore. Mais, dans certaines conditions, la consonne est susceptible de devenir 2 ou 3 fois plus longue quelle ne lest dordinaire. Cest le cas des consonnes frappées de laccent dinsistance, dit accent emphatique : m:isérable ! m:agnifique !
Il importe de ne pas confondre une consonne longue avec une consonne double ou géminée. Celle-ci est la combinaison de deux consonnes identiques (à cet endroit se réalise la coupe syllabique ou, parfois, morphologique).
à la différence du russe, le français utilise fort peu de géminée. à part la gémination du [r] au futur et au conditionnel des verbes mourir et courir, la géminées sont dues à la chute dun e instable à lintérieur dun mot (nett(e)té, désir(e)rait, extrêm(e)ment, etc.) ou bien à la rencontre de deux mots dans la chaîne parlée (il la vu, grande dette, etc.).
Les modifications qualitatives
LAccommodation. On appelle accommodation le changement que subissent des sons de nature différente (des consonnes et des voyelles) se trouvant en contact immédiat. Cest pourquoi laccommodation est toujours partielle.
Laccommodation en français se fait généralement dune voyelle à une consonne. Cest la consonne qui subit linfluence de la voyelle.
Laccommodation en français est essentiellement régressive.
Laccommodation se manifeste dans larticulation des consonnes françaises suivies de voyelles. Celles-ci transfèrent aux consonnes quelques-uns de leurs traits particuliers, par exemple, le caractère labialisé communiqué à nimporte quelle consonne : tu, du, cause, fou ; le caractère palatalisé ou mouillé : du [dy], site [site] ; le caractère avancé adjoint à une consonne postlinguale : gare, cure, etc.
Lassimilation. Elle se fait entre deux sons du même ordre, soit entre consonnes, soit entre voyelles.
Lassimilation consonantique peut être régressive : [Opsórve] au lieu de [Obsórve], [mótsó$]$ au lieu de [módsó$] et progressive, rare en français : subsister [sybziste], cheval [Sfal], cheveux [Sfõ].
Daprès le degré dassimilation, on distingue lassimilation partielle de lassimilation totale.
Lassimilation totale modifie le point darticulation de la première consonne lidentifiant avec celle qui suit. Elle affecte toutes les caractéristiques du phonème : A65GL [ûûótS ] AH8BL [SSKt ]. Cette espèce de modification n existe pas en français littéraire, mais elle a lieu en français populaire : je sais pas [S:e pÔ].
L assimilation partielle est, par contre, familière à la langue française. Elle affecte l une des caractéristiques du phonème, le plus souvent cest la sonorité. Ce phénomène articulatoire se manifeste ordinairement :
à la frontière des anciens préfixes latins ob-, ab-, sub-, et du radical : observer, obscure, absorber, absolu, subconscient;
à la rencontre des mots dans la chaîne parlée : une page charmante.
Lassimilation vocalique ou la dilation vocalique se fait entre deux voyelles, dans ce cas linfluence seffectue à distance, dune syllabe à une autre. Le français moderne est riche en exemples de dilation vocalique régressive : elle se fait dune syllabe accentuée à une syllabe inaccentuée. Dhabitude, cest une assimilation de degré daperture. La syllabe inaccentuée est toujours ouverte : jaime [ûóm] aimer [eme], bête [bót] bêtise [beti:z], tête [tót] têtu [tety], etc.
Les alternances
La substitution dun phonème à un autre à lintérieur dun même morphème est appelée alternance. Un morphème peut avoir plusieurs formes phoniques. Ainsi dans les mots trotter et trot le [O] alterne avec le [o]; lever lève [{ó].
On distingue deux espèces dalternances : alternances vivantes et alternances historiques.
Les alternances vivantes. Elles sont régies par les lois du système phonématique du français actuel. Elles nont pas dexception et sont obligatoires. Ces alternances sont dues à linfluence des sons voisins, à laccentuation, à la position du son dans le mot. Les mots nouveaux du français sont aussi frappés par ces alternances (héler hèle). Elles sont en français essentiellement vocaliques.
Lalternance « voyelle ouverte voyelle fermée » est lune des plus importantes et des plus répandues
Lalternance [eó]. Elle sexplique premièrement par le fait que le phonème [e] nexiste pas en syllabe fermée. Tout changement du caractère syllabique amène une alternance de phonème : répéterrépète, altieraltière, allégresseallègre (dans la syllabe ouverte [e], dans la syllabe fermée [ó]).
Le changement du caractère de la syllabe peut être dû :
à la chute de [E]; chute ( syllabe fermée ( [eó]: décevant [de-sE-vÔ$] ( [dós-vÔ$];
à la dilation vocalique : on fête, nous fêtons, fêtant [ó] fêter, vous fêtez [e], on presse, pressant, nous pressons presser, vous pressez.
Lalternance [{õ] : ils peuvent il peut, le phonème [{] nexiste pas en syllabe ouverte accentuée.
Lalternance [Oo], la voyelle [O] napparaît jamais en syllabe accentuée ouverte : microphone micro, automobile auto, stylographe stylo.
Lalternance « voyelle consonne » se fait entre les voyelles fermées [i,y,u] et les consonnes constrictives [j,u,w] : loue [lu] louer [lwe], il sue [sy] suer [sue].
Lalternance « voyelle nasale voyelle orale + consonne nasale ». Cette alternance affecte le préfixe in-, im- [ó$in/im] : impossible immortel ; dans la dérivation : plein plénière, évident évidemment.
Les alternances historiques. Il y a des alternances qui ne sappuient plus sur la structure phonétique du français, néanmoins elles sont conservées par la langue en vertu des fonctions grammaticales quelles assument.
Les alternances historiques sont utilisées dans le verbe pour marquer le nombre. [t, d, s, z, v, p, m, j zéro de son], III gr. : il bat / ils battent, il répond / ils répondent, paraissent, produisent, reçoivent, rompent, dorment ; [ó$óN, ón] : il craint / ils craignent, il tient / ils tiennent ; [oal, õal] : il vaut / ils valent, il peut / ils peuvent ; [v. orale v. nasale] : il fait / il font ; tous les verbes du II gr. : il finit / ils finissent.
Elles servent à opposer le masculin au féminin dans les noms et les adjectifs. [d, t, S, z, r zéro de son] : chat / chatte, cadet / cadette, chaud / chaude, blanc / blanche, français / française, altier / altière, etc.
Dans les verbes, quelques-unes des alternances vocaliques expriment les différences de temps : il peut / il put, il sait / il sut, il met / il mit, il lirai / il lirait.
Il existe encore quelques cas dalternances qui réalisent des fonctions grammaticales. Étant donné leur caractère phonétique désuet, les alternances historiques sont généralement étudiées par la morphologie.
Liaison et enchaînement
Il existe en français encore une espèce dalternance qui est probablement la plus particulière et qui se manifeste à lintérieure dun groupe accentuel. Une consonne alterne avec zéro de son : troisz amis trois° camarades. Cette alternance porte le nom de liaison.
Il est nécessaire de distinguer trois notions : la liaison, lenchaînement et la liaison vocalique.
La liaison vocalique. Quand deux voyelles voisines qui appartiennent à deux mots différents sont prononcées ensemble, nous avons une liaison vocalique. Elle seffectue dans le cadre du syntagme : Charles(va(à Arles. Tu(as(eu.
Lenchaînement consiste en ce quon lie la consonne prononcée finale dun mot avec la voyelle initiale dun autre mot qui le suit dans la chaîne parlée. La structure phonique du syntagme ne change pas, cest la syllabation qui subit quelques changements : Marcel, admire, une statue [marsel], [admir], [unstaty] ( [marseladmirunstaty] les sons sont les mêmes mais leur répartition en syllabes a changé.
La liaison est la prononciation occasionnelle dune consonne à la fin dun mot devant un autre qui commence par une voyelle : un grand(tami. La consonne finale en liaison devient linitiale de la syllabe suivante : de grandes(zamies. La liaison est la survivance des enchaînements des consonnes finales de lancien français. En ancien français, toutes les consonnes finales étaient prononcées. Aujourdhui, ces consonnes sont en grande majorité muettes dans les mots isolés.
La liaison en français moderne est en décadence, elle est de plus en plus rare dans le style parlé et moins fréquente quau XIX siècle dans le style soutenu.
Daprès le rôle et la place que les liaisons occupent dans le langage, on peut les classer en deux groupes distincts : liaisons essentiellement traditionnelles (nous(étudions, dans(un coin, un(ami) et liaisons à valeur morphologique (ils(avaient, ils(étaient, leurs(amis).
Dun autre point de vue, toutes les liaisons peuvent être réparties en : liaison obligatoires, liaisons interdites, liaisons facultatives.
En français il y a des liaisons obligatoires quon doit faire sous peine dêtre mal compris par un auditeur. Elles se font dans tous les styles et toutes les conditions. Labsence de ces liaisons est une faute grave. Les liaisons sont obligatoires entre :
le déterminant et le mot suivant, adjectif ou nom : un(instituteur, les(images, des(artistes, mon(ami, nos(affaires, un(étrange(événement ;
ladjectif (qualitatif, numéral, etc.) et le nom qui le suit : un petit(effort, un grand(arbre, cinq(images ;
le pronom personnel et le verbe (quelle que soit la fonction du pronom) : Elles(ont faim, je les(ai vus ;
le verbe avoir ou être et le participe passé des formes verbales composées, ou encore entre être et lattribut du sujet : Ils(ont(aimé, Ce cas est(exemplaire ;
le verbe à limpératif suivi de en, y : prends-(en, vas-(y ;
le verbe suivi de son pronom sujet postposé : Où est-(il ? Sont-(ils arrivés ?
les adverbes monosyllabiques et les mots quils déterminent : très(ému, moins(intéressant ;
dans une série de mots composés et locutions figées : accent(aigu, tout(à fait, États(-Unis, pas(à pas, de temps(en temps ;
après dès et quand : dès(aujourdhui, quand(on pense ;
après tout : tout(est fini ;
les verbes de la 3ème personne du pluriel et ladjectif : ils sont(étrangers.
Quant aux liaisons interdites (défendues), il faut dire quelles sont moins catégoriques et ne sappliquent quau style neutre familier. On ne fait pas la liaison devant les mots suivants :
un, huit, onze, cent (sauf dans les chiffres composés de « huit » dix-huit) : les huit premiers jours ;
tous les mots commençant par [j] orthographiés « y » (sauf les yeux) : dix yachts.
La liaison est défendue après les mots suivants (sauf dans une poésie) :
la conjonction et : et où sont-ils ?
les pronoms ceux, lesquels, quelques-uns : ceux à qui on parle, lesquels ont réussi ;
les pronoms personnels : sont-ils ici ?
le nom au singulier (sauf dans les locutions figées) : un effet étrange, le repas a duré deux heures ;
les formes en -es de la 2ème personne du singulier : tu chantes une jolie chanson ;
les formes en -rd, -rt de la 3ème personne du singulier : il court après un autobus, Nord-est, toujours utile ;
le participe passé devant son complément dobjet : jai pris un repas ;
à lintérieur des mots composés, une forme au pluriel ne fait jamais apparaître un [z] de liaison : des salles à manger.
La liaison nest pas obligatoire (facultative) entre :
le nom et ladjectif postposé qui le détermine : des meubles anciens ;
le verbe et son complément : ils ont une maison, Nous allons à Paris ;
entre ladverbe et le mot quil détermine : assez éloigné ;
dans les formes temporelles composées des verbes : ils ont annoncé ;
les verbes modaux à linfinitif : il faut écouter ;
le mot négatif pas et le mot qui suit : il ne faut pas oublier.
Questions et exercices
Quest-ce qui est à la base de lassimilation ? Entre quels types de sons est-elle possible ?
Quels types dassimilation connaissez-vous, quest-ce qui les distingue ?
Quelle est la nature de laccommodation, quest-ce qui la différencie de lassimilation ?
Expliquez les phénomènes de réduction quantitative et qualitative.
Quelles sont les alternances vivantes et historiques ?
Justifiez les liaisons obligatoires et expliquez labsence de liaison (liaison défendue) dans les groupes rythmiques qui suivent :
Ce petit hameau ; les hirondelles ; de grands hêtres ; de beaux habits ; un grand héron ; les anciens habitants ; les héros et les héroïnes de Racine ; tous les onze ans ; elle est très harmonieuse ; il est très humain ; ils étaient en haut ; selon elle ; elles étaient en extase ; il les hait ; ils hésitent ; sonnez et entrez ! ; ils étaient huit ; strident et aigu ; détester et aimer ; ils étaient en habits ; vers Orléans. Les avez-vous aimés ? Y êtes-vous allés ? Peuvent-elles entrer ? Voulez-vous vous approcher ? Se sont-ils heurtés ? Comment étaient-ils habillés ?
Faites la transcription des phrases ci-dessous, trouvez les liaisons obligatoires, expliquez labsence de liaison :
1) Voulez-vous écouter attentivement mes explications ? 2) Les chaussures sont très élégantes. Voulez-vous les essayer ? Oui, je veux bien. Je suis très à mon aise. 3) Quand on parle du soleil, on en voit les rayons. 4) Les hasards les avaient fait se connaître. 5) Les anciens [élèves] entraient en groupes. 6) Ne rien haïr, mon enfant, tout aimer. Ou tout plaindre.
Faites la transcription des mots qui suivent ; citez les règles justifiant le maintien ou la chute de e instable :
autrefois, cimetière, m. ; dénouement, m. ; mugissement, m. ; honnêteté, f. ; ameublement, m. ; terrassement, m. ; secrètement, sentre-haïr, à contrecur, contrordre, m. ; confortablement, facilement, entrebâillement, m. ; déploiement, m. ; enchevêtrement, m. ; renoncement, m. ; sentre-heurter, tonnelier, m. ; forteresse, f. ; contre-espionnage, m. ; marchepied, m. ; il niera, nous achèterions, vous achetez, ils se marieront, vous prierez, ils lieront, vous demanderiez, vous conserveriez, vous appeliez, nous apporterions.
Expliquez pourquoi il est possible de considérer les paires de mots russes suivantes comme homophones :
A845BL A545BL ; @072820BLAO @072520BLAO ; C;OBL C2: @8OB=> ?>;0A:0BL 48BO 8;8 A>10:C, => 2A53> =5>1E>48;>A:0BL @>B ?
Peut-on parler du parallélisme des oppositions suivantes du point de vue phonologique : ?5= (@>4. 6. >B ?5=0) ?5=L et peine peigne.
Quels phénomènes concernent les consonnes des deux langues dans la chaîne parlée :
1) ?@>1:0 / abstrait ; 2 BCAL10 / disgrâce ; A45;0BL / second ; 2) ;C: / loup ; ;N: / lu ; 3) AH8BL / j sais pas ; c60BL / j ajète (=j achète) ; 4) CAB=K9 / esprès (=exprès) ; A5@4F5 / oscur (=obscur) ; 5) =4@028BLAO (?@>AB.) / venrai (anc. fr.) ( viendrai ; AB@0AB.) (=A@0AB.) (1CE30;B5@) / percepteur (pop.) (=précepteur) ; berbis (pop.) (brebis) ; 7) GB> ? (HB> ? (;8B5@.) G> ? (480;.)) / [tSÔ$nter] (anc. fr.) ( chanter ; 8) B50B5@ (?@>AB.) (=B50B@) / berouette (pop.) (=brouette).
Prononcez les paires de mots suivantes et déterminez les consonnes qui les composent :
agiotage 068>B06; snob A=>1; morose @>7
Qu est-ce qui explique la réalisation de consonnes différentes dans chaque paire de mots ?
Qu est-ce qui différencie la réalisation des consonnes initiales dans les paires de mots suivantes :
?>; ?8; / Paul pile ; A5;L A>;L / sel saule
Expliquez l interférence possible.
Comparez :
:C1 / cube ; 4N=0 / dune ; 1@0: / braque ; 40=B8AB / dentiste ; 1C@6C0 / bourgeois ; 284 / vite ; M:70= / son ; @048> / radio ; :C;L / coule ; 6C@=0; / journal ; @BD5;L / portefeuille ; ?;O6 / plage.
Répartissez ces unités en syllabes :
Je ne compris que beaucoup plus tard à quel point je métais trompé. elle est revenu elle est parti les hommes revenir à pied jai passé cinq heures à la mairie.
Répartissez cet extrait en syllabes :
Devant la porte, un rassemblement sattardait. On sécarta sur le passage de M. Chasle, que ses deux compagnons durent soutenir jusquau dernier étage de lescalier. Une porte bâillait à lextrémité dun couloir dans lequel M. Chasle sengagea en flageomant. (R. Martin du Gard)
Ouvrages de référence
Arrivé M., Gadet F., Galmiche M., La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française, Paris, Flammarion, 1992. (Recueil de textes)
Capelle Guy, Les phonèmes du français et leurs réalisations, In : Le français dans le monde, n° 57, pp. 914. (Recueil de textes)
Chigarevskaïa N. Traité de phonétique française. Cours théorique. Moscou, 1982. §95113.
Companys E., Les jonctions, In : Le français dans le monde, n° 57, pp. 2024. (Recueil de textes)
Test 3
Si on accepte lexistence dans le système vocalique français des phonèmes [ó] et [ó:] la longueur :
a une valeur phonologique ;
na pas de valeur phonologique.
La durée des voyelles cest :
un trait distinctif ;
un phénomène propre à chaîne parlée.
La liaison est un phénomène de la chaîne parlée qui a un caractère :
quantitatif ;
qualitatif.
Laccommodation en français se fait généralement :
dune consonne à une voyelle ;
dune consonne à une autre consonne ;
dune voyelle à une consonne.
Dans les mots cube (1), absent (2) nous sommes en présence :
de laccommodation (1) et (2) ;
de lassimilation vocalique (1) et (2) ;
de laccommodation (1) et de lassimilation consonantique (2) ;
de lassimilation consonantique (1) et de lassimilation vocalique (2).
Lassimilation vocalique seffectue :
entre deux voyelles à distance ;
entre deux voyelles qui se suivent ;
entre deux consonnes à distance.
Les alternances seffectuent :
à lintérieur des morphèmes différents ;
à lintérieur dun même morphème.
Les alternances historiques :
sont réalisés dans la langue en vertu de leurs fonctions grammaticales ;
sont dues à linfluence des sons voisins, à laccentuation, etc.
Lenchaînement peut être présenté par la formule suivante :
V V ;
C V ;
(C) V.
Dans les mots suivants viennent-ils ici la liaison est possible :
oui ;
non.
Dossier 4
ProsodieNiveau suprasegmental
Après avoir étudié ce dossier vous saurez :
énumérer les moyens prosodiques
faire la distinction entre la mélodie et lintonation
établir la nature de laccent français et ses types
prouver lexistence en français des intonèmes (prosodèmes) et déterminer leur nombre
Plan
Prosodie et ses composantes. Fonctions de la prosodie (intonation).
Accentuation du français : la nature et la place de laccent, le groupe accentuel, les types daccent.
Mélodie.
Dix intonations de base de P. Delattre.
Intonèmes (prosodèmes) du français.
Problèmes théoriques
On désigne par le terme de « prosodie » le domaine de la phonétique qui échappe à larticulation en phonèmes et en traits distinctifs. De la sorte, on oppose, dans la plupart des écoles linguistiques, des éléments phonématiques (phonèmes et traits) à des éléments prosodiques (terminologie de Martinet et de lécole phonologique), ou bien des éléments segmentaux à des éléments suprasegmentaux (terminologie américaine). Souvent cette opposition est renforcée par lidée que les caractères prosodiques sont non-discrets, cest-à-dire quils sont susceptibles de varier dune façon continue. La prosodie regroupe tous les facteurs faisant usage de lintensité, de la hauteur et de la durée, soit : laccentuation, le rythme, la mélodie, les tons, les pauses, la quantité. On leur donne également le nom dintonation au sens large de ce terme.
« Lintonation, cest lensemble de caractéristiques intonatoires qui constitue en quelque sorte le dessin mélodique dune unité prononcée » (P. Delattre).
La nature physique de lintonation est la même que celle des sons de la parole. Elle est constituée par les corrélations de fréquence et damplitude de vibrations de londe sonore, ainsi que des harmoniques, qui varient dans le temps.
En écoutant la parole, on perçoit lintonation comme un mouvement musical nuancé ( des montées et des descentes du ton, qui constituent la mélodie des phrases ; la parole est découpée aussi en parties plus ou moins grandes, parfois entre elles il y a des pauses ; on saisit enfin quelques syllabes renforcées.
Lensemble sonore et la structure lexico-grammaticale des phrases constituent leur organisation rythmo-mélodique.
Lemploi des moyens intonatoires dépend, pour celui qui parle, du sens de lénoncé, de la structure syntaxique de la proposition et du style. Cest lintonation qui fait des groupements de mots une unité de communication (la phrase). Une phrase nexiste pas en dehors de lintonation.
Lintonation a quatre fonctions :
Lintonation découpe le discours en unités de sens qui correspondent à des unités syntaxiques : phrases, syntagmes, groupes rythmiques. Elle unit les mots à lintérieur de ces fragments.
Lintonation sert à différentier le sens communicatif de la phrase : phrase énonciative, interrogative ou impérative.
Tu parles. Tu parles ? Tu parles !
Lintonation exerce la fonction prédicative. Cest grâce à elle quun mot isolé, un groupe de mots ou plusieurs groupes de mots, contenant ou non le prédicat grammatical, reçoivent la valeur de phrase (dune unité grammaticale, exprimant une idée achevée). Dans le dialogue uniquement grâce à lintonation.
Lintonation exprime des émotions : crainte, regret, joie, étonnement, indignation, etc.
Accentuation du français
Laccent sert à mettre en relief une des syllabes de la chaîne parlée. Il contribue à la création dun rythme particulier à chaque langue.
Pour étudier laccent, il faut tenir compte de sa nature, de sa place comme de la dimension de lunité quil frappe (que lon appelle unité accentuelle).
Dhabitude laccent peut avoir les caractéristiques suivantes : intensité, ton et durée. Dans les différentes langues, lune ou lautre des caractéristiques peut prévaloir.
Si cest lintensité qui est sa caractéristique essentielle, la syllabe accentuée est plus forte grâce à la tension musculaire renforcée. Cest un accent dynamique ou dintensité (par ex. en allemand).
Si laccentuation se fait à laide des variations de la hauteur du ton, il sagit de laccent musical ou tonique (le suédois, le lituanien).
Laccent peut affecter la qualité de la voyelle, la voyelle accentuée devient plus longue et plus nette (le russe).
Laccent français est musical, quantitatif et dynamique. N. Cigarevskaïa estime quil a pour caractéristique essentielle le ton dont la hauteur varie de la syllabe inaccentuée à la syllabe accentuée.
Certains prétendent que laccent normal du français est à la fois musical et dynamique (P. Fouché, L. (erba).
Daprès P. Delattre, cest un accent essentiellement quantitatif (Quest-ce quil y a ? [ó-i-a] 75 50 158 ms). Ce point de vue devient de plus en plus répandu dans les ouvrages récents. Laccent français se caractérise par sa durée, et à titre secondaire par la hauteur, lintensité et accessoirement la pause. Doù linadéquation de la dénomination de « tonique », qui signifie uniquement « de hauteur ».
Laccent du mot français isolé a une place fixe. (Laccent russe est libre et mobile). Il porte toujours sur la dernière syllabe prononcée.
Le trait particulier de laccentuation française : les mots composant une phrase ne sont pas tous marqués dun accent. Dans la chaîne parlée, laccent de mot nest qune virtualité, qui disparaît au profit de laccent de groupe. Cest généralement un groupe de mots qui est affecté de laccent. En français, dit M. Grammont, « laccent nappartient pas au mot, mais au groupe ». Il est mobile dans la chaîne parlée.
Le groupe accentuel (ou groupe rythmique) est constitué par une suite de syllabe correspondant à une unité syntagmatique dun rang hiérarchique variable, et dont le nombre oscille autour dun optimum lui aussi variable selon la débit et le type de communication. En général, un groupe accentuel a rarement moins de 3 et plus de 7 syllabes.
Le groupe accentuel nest pas nécessairement suivi dun silence (ou pause). Généralement la pause nintervient quaprès une série interrompue de quelques groupes accentuels qui constituent alors ce quon appelle un groupe de souffle. Cependant, la pause joue un rôle démarcatif, puisquelles sont exclues à lintérieur dun groupe. Leur nombre et leur durée dépendent en grande partie du rythme de lénoncé : plus le rythme est rapide, moins les pauses sont longues.
Enfin, à lintérieur dun groupe de souffle on peut constater une certaine hiérarchie des accents et par là des groupes accentuels. à lintérieur même dun groupe accentuel dépassant une certaine longueur, des accents secondaires peuvent apparaître.
Le rythme dun énoncé oral (ou écrit oralisé) tient essentiellement à la répartition du discours en groupe accentuels, doù le nom de groupe rythmique qui leur est souvent donné, en particulier dans lanalyse des textes littéraires.
Les types daccents. Le français connaît une grande variété daccent :
accent normal ou du groupe rythmique ;
accent syntagmatique ;
accent secondaire ;
accent dinsistance :
logique,
affective (emphatique) ;
accent supplémentaire du début du groupe accentuel ou du mot.
Les accents par lesquels sont marqués les limites des syntagmes daprès leur nature sont semblables aux accents rythmiques.
Le français connaît une alternance accentuelle qui produit le rythme particulier de la phrase. Cette alternance est due à lemploi de laccent secondaire dans la langue.
Laccent secondaire apparaît dans un groupe rythmique contenant plus de deux syllabes, outre la syllabe qui porte laccent rythmique.
La répétition des accents secondaires suit un rythme binaire (3 accent rythmique, 1 syllabe atone, 2 accent secondaire) :
la république [la-re-pu-blik] 1 2 1 3
linternationale [ló$-tór-na-sjO-nal] 2 1 2 1 3
ils sont devenus amis [il-sO$-dv{-ny-a-mi] 1 2 1 2 1 3
Mais en français, il y a tendance à mettre en relief la première syllabe du mot significatif en laccentuant. Ce rythme est ternaire :
la révolution [la-re-vO-lu-sjO$] 1 2 1 1 3
arrêtons-nous ! [a-ró-tO$-nu] 2 1 1 3
Les rythmes binaire et ternaire peuvent se succéder non seulement dans une phrase, mais surtout dans un groupe rythmique. Cependant le rythme binaire est plus fréquent.
Tu ne me lavais pas encore dit.
[tun-m{-la-vó-pÔ-zÔ$-kOr-di] 2 1 2 1 2 1 1 3
On a souvent besoin, dans la conversation de mettre en relief une idée, de souligner un mot soit pour des causes logiques, soit pour des raisons affectives.
Cet accent de mise en relief porte le nom daccent dinsistance, il est de deux types : laccent dinsistance logique et laccent dinsistance affective (emphatique).
Tout accent dinsistance est un accent supplémentaire, il porte sur la première syllabe du mot mis en relief.
Laccent logique est surtout vocalique. La voyelle de la syllabe initiale a un timbre très net, son intensité et sa hauteur sont plus grandes, mais sa durée naugmente pas.
Il a ,mal écrit.
Cest un ,beau tableau.
Faut-il ,décrocher ou ,accrocher ?
Aller et retour ? ,Aller seulement.
Laccent emphatique semploie dans des phrases émotives traduisant des sentiments : joie, colère, dégoût etc. Cet accent est lié surtout aux mots à valeur sémantique expressive, tels que : magnifique, affreux, abominable, etc.
Cet accent est surtout consonantique. Cest la durée de la consonne qui est augmentée, lintensité de la syllabe (surtout de la voyelle) est renforcée.
Cest ,magnifique ! [m:]
Que vous êtes ,joli ! Que vous me ,semblez beau.
,Prouvez-le !
Il y a des linguistes qui pensent que laccent français a tendance à changer de place de la dernière syllabe vers la première (A. Gill).
Cest un beau chapeau.
Cest un joli capot.
Jai essayé d(e) manger.
A. Gill, sans confondre toutefois deux espèces daccent différent ; accent de groupe rythmique et accent dinsistance, estime que cest justement laccent de groupe rythmique qui se déplace vers le début du mot.
Dautres estiment quand même que le français maintient toujours son accent final. P. Fouché : « ...laccent dinsistance ne supprime pas laccent final du mot ».
Fonction de laccent. Laccent, peut-il être rangé au nombre des traits distinctifs comme la nasalité, doit-on le considérer comme un phonème ? Bref, est-il doué de fonction distinctive ?
Dans les langues à accent libre (mobile), il y a des paires de mots dont le sens change avec le changement de place de l accent : 2K5 8, !5=8 =>2K5 :;5=>2K5, @5H5BG0BK5& ).
La rime, il y a rime quand, à la fin de certains mots (des vers, par exemple), on rencontre la même voyelle (rime pauvre) comme dans cela et dada, ou la même voyelle suivie de la même consonne (rime suffisante) sortir et dormir, ou la même voyelle suivie de la même consonne et précédée de la même consonne ou des mêmes consonnes ou des mêmes syllabes bâtir et partir (rime riche).
Le rythme, on appelle rythme le retour régulier, dans la chaîne parlée, d'impressions auditives analogues créées par divers éléments prosodiques. Le rythme peut être créé par la rime. Il peut être dynamique déterminé par l'intensité (lallemand), quantitatif déterminé par la durée (le russe) et qualitatif déterminé par la hauteur ou le timbre (le suédois, le lituanien). Les langues romanes sont caractérisées par un rythme accentuel lopposition entre des syllabes accentuées et des syllabes non-accentuées.
Questions et exercices
Quelle discipline étudie les styles de prononciation ?
En quoi consiste le rôle des facteurs extralinguistiques dans le choix stylistique ?
Parlez des circonstances et des facteurs différents qui déterminent le choix d un style.
Est-ce que la phonostylistique étudie les variations uniquement individuelles ?
Quels styles de prononciation sont dégagés par L. `
erba ?
Énumérez les caractéristique essentielles du style plein. Dans quelles circonstances est-il employé ?
Énumérez les caractéristique essentielles du style parlé. Dans quelles circonstances est-il employé ?
Quels classements des styles de prononciation connaissez-vous ? Est-que les divergences entre ces classements sont remarquables ?
Quelle classification trouvez-vous la plus équilibrée ? Et la plus pratique ? Pourquoi ? Justifiez-le.
Quelles sont les modifications des voyelles dans le style pleine et dans le style parlé ?
Quelles sont les modifications des consonnes dans le style pleine et dans le style parlé ?
énumérez les ellipses typiques pour le français parlé.
Quelles sont les spécificités de lemploi de [E] instable ?
Quelles sont les spécificités de lemploi de la liaison dans le français parlé ?
Quelles sont les particularités de lemploi des accents dans le style pleine et dans le style parlé ?
Quelle est la rapidité du débit, quels types de pauses relève-t-on en français parlé ?
Ouvrages de référence
Léon P., Aspects phonostylistiques des niveaux de langue, In : Le Français dans le Monde, n° 57, juin 1968. (Recueil de textes)
Test 5
La quantité des variations phonostylistique est :
limitée ;
illimitée.
Les liaisons sont plus fréquentes dans :
le style plein ;
le style parlé.
Le [E] instable est plus fréquent dans :
le style plein ;
le style parlé.
Les consonnes finales (but, tandis que, etc.) sont prononcées dans :
le style plein ;
le style parlé.
Lassimilation est rare dans :
le style plein ;
le style parlé.
Les accents sont plus variés dans :
le style plein ;
le style parlé.
Broute / route, ouvert / couvert ce sont des exemples d une rime :
pauvre ;
suffisante ;
riche.
Le terme « phonostylistique » appartient à :
L. `
erba ;
P. Léon ;
N. Troubetzkoy.
Corrigés
Test 1 : 1. b ; 2. c ; 3. b ; 4. c ; 5. b ; 6. a ; 7. a; 8. c; 9. c; 10. a.
Test 2 : 1. b ; 2. a ; 3. c ; 4. b ; 5. d ; 6. a ; 7. c; 8. b; 9. a; 10. a.
Test 3 : 1. a ; 2. b ; 3. b ; 4. c ; 5. c ; 6. a ; 7. b; 8. a; 9. b; 10. b.
Test 4 : 1. c ; 2. b ; 3. b ; 4. b ; 5. c ; 6. b ; 7. a; 8. a.
Test 5 : 1. b ; 2. a ; 3. a ; 4. b ; 5. a ; 6. b ; 7. c ; 8. c.
Questions proposées à lexamen
La phonétique, son objet détude et ses méthodes.
Laspect acoustique des unités phoniques.
Laspect articulatoire des unités phoniques.
Laspect fonctionnel des unités phoniques : la phonétique et la phonologie.
Le phonème et ses variantes, les oppositions des phonèmes, les traits distinctifs et non-distinctifs ; larchiphomème.
Le vocalisme français, ses traits particuliers et les tendances du développement.
Le consonantisme français, ses traits particuliers et les tendances du développement.
Les modifications quantitatives des phonèmes : la durée des voyelles et des consonnes.
La syllabe phonique.
Les modifications qualitatives des phonèmes (lassimilation et laccommodation).
Les alternances des phonèmes, la liaison et lenchaînement.
Lintonation française et ses composantes. La mélodie.
Dix intonations de base de P. Delattre. Les intonèmes du français.
Laccentuation du français : la nature et la place de laccent, le groupe accentuel, les types daccent.
La phonostylistique, les styles de prononciation. Les particularités du style plein.
La phonostylistique, les styles de prononciation. Les particularités du styles parlé.
Interrogation écrite
Variante 1
Décrivez le fonctionnement des organes de la parole pendant la prononciation :
de la consonne [z] ;
de la voyelle [y] ;
Vous prononcez deux fois le mot « mine » et une fois « rime ». Combien y a-t-il, au total, de sons (voyelles), de variantes de phonème (voyelles), de phonème (voyelles) ?
Déterminez les traits pertinents de la voyelle [{$]. Quelles sont les particularités et les tendances du développement du vocalisme français que lon peut signaler à lexemple de cette voyelle.
Quels phénomènes se réalisent dans la chaîne parlée dans les unités telles que :
bec de gaz ;
fête/fêter [fót fete], nous voulons/je veux [vulO$ võ].
Caractérisez-les.
Coupez en syllabes phoniques :
Quel élève a-t-elle interrogé ?
Justifiez la liaison ou expliquez son absence :
sous un arbre ;
sont-ils arrivés ?
Déterminez les groupes rythmiques, présentez les contours mélodiques des phrases suivantes :
Jean-Marie, va manger mon enfant.
Jean-Marie va manger, mon enfant.
Faites lanalyse comparée des descriptions du système vocalique présentées dans les ouvrages de Guy Capelle, (Les phonèmes du français et leurs réalisations) et de M. Arrivé, F. Gadet, M. Galmiche (La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française), voir : Recueil de textes.
Variante 2
Décrivez le fonctionnement des organes de la parole pendant la prononciation :
de la consonne [û] ;
de la voyelle [{] ;
Vous prononcez deux fois le mot « lire » et une fois « nid ». Combien y a-t-il au total de sons (voyelles), de variantes de phonème (voyelles), de phonème (voyelles) ?
Déterminez les traits pertinents de la voyelle [õ]. Quelles sont les particularités et les tendances du développement du vocalisme français que lon peut signaler à lexemple de cette voyelle.
Quels phénomènes se réalisent dans la chaîne parlée dans les unités telles que :
une robe teinte ;
guette/guetter [gót gete], nous savons/je sais [savO$ só].
Caractérisez-les.
Coupez en syllabes phoniques :
Vous ne vous en êtes pas souvenus.
Justifiez la liaison ou expliquez son absence :
vous en avez parlé ;
il ne faut jamais en parler.
Déterminez les groupes rythmiques, présentez les contours mélodiques des phrases suivantes :
Jean-Marie va manger, mon enfant ?
Jean-Marie va manger mon enfant ?
Faites lanalyse comparée des descriptions du système consonantique présentées dans les ouvrages de Guy Capelle, (Les phonèmes du français et leurs réalisations) et de M. Arrivé, F. Gadet, M. Galmiche (La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française), voir : Recueil de textes.
Bibliographie
Ouvrages
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Dictionnaire de prononciation
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Recueil de textes
Arrivé M., Gadet F., Galmiche M. La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française
(Paris : Flammarion, 1992)
Caractères généraux du système français
1. La base articulatoire : tension et antériorité
On désigne par « base articulatoire » lensemble des caractères articulatoires fondamentaux dune langue.
a) Les traits les plus typiques de la prononciation française sont le mode croissant et le caractère tendu de son articulation. Voyelles et consonnes se réalisent avec une énergie physiologique qui commence doucement et saccroît progressivement : on parle dattaque douce. Le mouvement ouvrant est progressif. De là découlent :
la syllabation : la consonne se rattache à la voyelle qui suit plutôt quà celle qui précède, il y a prédominance dune syllabation ouverte ;
les caractères des consonnes : labsence daffriquées (exception en français canadien), la forte détente des consonnes finales ;
les caractères des voyelles : absence de diphtongaison, absence de neutralisation vocalique (jamais une voyelle, même atone, nest réduite à un [E] muet) ;
le faible pouvoir assimilateur : quand une assimilation a lieu, elle est plutôt anticipante que progressive ;
la non-nasalisation des voyelles orales suivies de consonnes nasales ;
la prédominance des tons stables dans lintonation, où apparaissent peu dinflexions.
b) Un autre caractère fondamental est lantériorité : le lieu darticulation est surtout lavant de la cavité buccale :
9 voyelles sur 16, 13 consonnes sur 17 et 2 semi-voyelles sur 3 sont antérieures ;
la fréquence des sons antérieurs est deux fois plus élevée que celle des sons postérieurs ;
toute consonne suivie dune voyelle labiale est automatiquement labialisée (avec projection et arrondissement des lèvres).
c) Le français se caractérise également par légalité rythmique :
la proéminence accentuelle est moins marquée que dans les autres langues européennes ;
les syllabes sont presque égales, il y a une certaine stabilité intonative dans le groupe accentuel.
Ces traits permettent de voir à quel point une langue comme langlais a une base articulatoire différente : articulations reculées, labialisation faible, pas de série antérieure labiale, articulation relâchée et nombreuses diphtongues, accent fort soulignant le contraste entre syllabes accentuées et inaccentuées, syllabes inaccentuées faiblement articulées et neutralisées, pas de voyelles nasales phonologiques, conservation de lindépendance phonétique du mot. Aussi peut-on comprendre que les Français prononcent généralement mal langlais, et les Anglais mal le français.
Remarques sur le système français : les voyelles
1. Le tableau des voyelles
Le tableau III représente les positions respectives des différentes voyelles françaises :
Les voyelles postérieures sont toutes arrondies, et les voyelles antérieures présentent les rétractées à gauche, et les arrondies dans la série voisine.
2. Caractères généraux des voyelles
On doit distinguer entre voyelle accentuée et voyelle inaccentuée. Cest toujours la dernière syllabe dun mot qui est accentuée, mais, dans la chaîne parlée, laccentuation des mots sefface devant laccentuation des groupes rythmiques (voir prosodie). La plupart des voyelles sont donc inaccentuées (on dit aussi atones).
Lallongement est un facteur secondaire susceptible dapparaître sur les syllabes accentuées. Il na cependant que rarement valeur distinctive, uniquement pour certains locuteurs, en registre soigné, et seulement pour les deux voyelles [ó] et [a]. Pour [ó] : [lótR] (lettre) / [ló:tR] (lêtre), [mótR] (mettre)/ [mó:tR] (maître). Pour [a] : [mal] (mal)l [mÔ:l] (mâle), qui ajoute généralement lopposition de timbre à lopposition de longueur. Le caractère distinctif de ce trait est en voie de disparition.
Cependant, dun strict point de vue phonétique, et toutes choses égales par ailleurs, plus une voyelle est fermée, plus sa durée est brève, et une voyelle accentuée est légèrement plus longue quune voyelle atone. Les consonnes qui suivent une voyelle ont aussi un rôle : il existe des consonnes allongeantes, comme le [R] et les constrictives sonores, et des consonnes abrégeantes, comme [p], [t] et [k]. Mais ces phénomènes nont pas valeur distinctive, étant complètement soumis à lentourage phonétique.
3. Les voyelles fermées
Les trois voyelles [i] (antérieure rétractée), [y] (antérieure arrondie) et [u] (postérieure, dont il est redondant de dire quelle est arrondie, puisquelle ne soppose pas à une rétractée de même définition), peuvent apparaître dans toutes les positions du mot.
4. Les voyelles ouvertes
Le français connaît en principe deux voyelles ouvertes : [a] antérieur et [Ô] postérieur. Toutes deux sont arrondies, ce qui ne constitue pas un trait phonologique.
En position accentuée, on trouve 95 % de [a] pour 5 % de [Ô]. Le [Ô] apparaît dans des monosyllabes ouverts (tas, las, bas...) et en syllabe fermée par la seule consonne [z] (rase, gaz, phrase). Il y a quelques cas doppositions : patte/pâte, halle/hâle, tache/tâche, bail/baille... Cependant, cette opposition, peu rentable, tend à disparaître (beaucoup de locuteurs ne la font plus).
En position inaccentuée, la tendance à la disparition de lopposition est encore plus forte, dautant plus que les cas doppositions sont rares (matin/mâtin), et généralement assurés par le contexte.
5. Les voyelles douverture intermédiaire
Elles sont six : les antérieures rétractées [e] et [ó], les antérieures arrondies [õ] et [{], et les postérieures [o] et [O]. Du moins en est-il ainsi dans le système du nord de la France, car dans le Midi, lévolution vers la disparition des oppositions est plus avancée.
Dans le système du Nord, toutes ces voyelles ne sont pas susceptibles doccuper toutes les positions dans le mot, et la nature du timbre est fonction à la fois de la structure syllabique, de la position dans le mot (syllabe accentuée ou inaccentuée) et de la nature de la consonne qui suit dans le cas dune syllabe fermée. Comme les rares cas dopposition ne sont pas semblables pour les trois couples, et que lattraction vocalique est souvent susceptible de jouer, dans des limites plus ou moins influencées par la morphologie, il nest pas possible de généraliser davantage, et il est préférable de passer chaque couple en revue :
a) [e] et [ó]
En position accentuée, la finale ouverte permet lopposition, assez répandue, entre [e] et [ó] : outre quelques oppositions lexicales (ré/ raie, poignée/poignet...) de termes qui pourraient difficilement être confondus à cause de leurs caractéristiques morphosyntaxiques, la raison de lassez bon maintien de lopposition est son rôle dans la conjugaison ([e] infinitif et participe passé/[ó] marque de limparfait : chanter et chanté/chantait; [e] marque du futur/[ó] marque du conditionnel à la première personne du singulier : je parlerai/je parlerait). Néanmoins, certaines de ces oppositions sont aussi en voie de disparition.
Toujours en position accentuée, et en syllabe fermée, le son réalisé est toujours [ó] ([ból]).
En position inaccentuée, il n y a jamais opposition : la règle générale est : syllabe ouverte ! voyelle fermée, syllabe fermée ! voyelle ouverte. Les rares exceptions sont dues à l attraction vocalique qui joue en syllabe ouverte. Il y a une tendance à ce que le son, qui devrait être [e], puisse être harmonisé à un [ó] final : on dira [ete] (il a été), mais on peut dire aussi bien [ótó] que [etó] (était).
b) [õ] et [{]
Les oppositions, rares, ne se rencontrent que dans des monosyllabes fermés : veûle/veulent, jeûne/jeune, cas différenciés par la morphosyntaxe. Tous les autres cas répondent à la règle générale vue pour [e] et [ó], sauf les syllabes accentuées fermées en [-z] (menteuse, gazeuse, chanteuse), cas très fréquent du féminin dadjectifs et de noms, et quelques mots isolés (neutre, meute, Maubeuge...).
En syllabe inaccentuée, la règle est généralement respectée, mais il y a une certaine liberté pour les dérivés, qui peuvent ou non conserver le timbre du terme simple (peureux : [pøRø] ou [p{Rø], peupler : [pøple] ou [p{ple]).
c) [o] et [O]
Cette opposition se rapproche de ø/{ : la seule position dopposition est celle de monosyllabes fermés, en nombre assez important quoiquil ne sagisse que doppositions lexicales (Beauce/bosse, saule/ sol, Aude/ode, nôtre/notre...), avec les exceptions de la finale en [-z], où la voyelle est toujours [o] (cause, rosé, pause...), et des finales en [-z], [-N] et [-g], où la voyelle est toujours [O] (or, port, sort aussi bien que saur, vogue ou rogne), ce qui leur fait retrouver le cas général. Pour tous les autres cas, la règle générale est respectée.
Cependant, en syllabe inaccentuée, les dérivés conservent généralement la nature de la voyelle du mot simple, ce qui aboutit à la possibilité dopposition : [bOte]/[bote], où le premier, botté, provient de botte, et le second, beauté, provient de beau. Cest donc ici la morphologie qui lemporte sur la règle phonétique.
6. Les voyelles nasales
Il existe en français quatre voyelles nasales : [ó$], [{$], [O$] et [Ô$], qui correspondent à la graphie voyelle orale + n ou m. La transcription que lA.P.1. donne de ces voyelles est légèrement déplacée : [ó$] est en fait plus ouvert que [ó], [{$] plus ouvert que [{], et [Ô$] plus à larrière que [Ô]. Si [ó$*], [Ô$] et [O$] sont des voyelles assez fréquentes, permettant de différencier de nombreux mots, [{$] est en voie de disparition sur le territoire français, au profit de [ó$]. En effet, lopposition entre /{$/et /ó$/ ne distingue que fort peu de mots (brin/brun, empreint/emprunt, distingués par ailleurs par la morphosyntaxe). De plus, il ny a pas, comme pour les autres voyelles nasales, de couple [{$]/[{n] permettant dopposer masculin et féminin (comme [ó$]/[ón] dans chien/ chienne, [Ô$]/[an] dans paysan/paysanne, [O$]/[On] dans bon/bonne), correspondances qui favorisent le maintien de la voyelle nasale. Les rares correspondances existantes, entre [{$] et [yn], sappuient sur la graphie, non sur la prononciation (par exemple : chacun/chacune).
7. Le [e] muet
Phonétiquement, cest la seule voyelle centrale du français, mais phonologiquement on peut douter quil sagisse là dun phonème. On ne le trouve quen syllabe ouverte.
Les dénominations de « muet », « caduc », « instable » ou « féminin » font référence à sa particularité dêtre susceptible de disparaître, selon des règles que, pour la conversation courante, on peut représenter dans le tableau IV, qui donne les conditions de sa réalisation.
Quand plusieurs [E] se suivent, les règles qui sappliquent sont les suivantes : 1) en début de groupe rythmique, on prononce généralement le premier, et on supprime le second : je le sais ([ûElsó], qui peut aussi se prononcer [ûlEsó]) ; 2) certains groupes figés se prononcent toujours de la même façon : parce que [paRskE], je ne [ûEn], je te [StE], ce que [skE]... ; 3) à lintérieur dun groupe rythmique, la règle qui sapplique est celle du tableau IV, en fonction du nombre de consonnes qui précèdent le [E].
TABLEAU IV
Prononciationfacultative
Prononciationréalisée
Prononciationnon réalisée
initialeaprès une seule consonne :je veuxne viens pas après deuxconsonnes :prenez dans le pronominterrogatif que :que voulez-vous ? dans les casdoppositions : dehors/dors le hêtre/lêtrejamaisintérieurde mot et intérieurde groupe rythmiquedépend du styleaprès deuxconsonnesprononcées :il me dit [ilmEdi]justement [ûystEmÔ$]une petite [ynpEtit]après une seule consonneprononcée :samedi [samdi]la petite [laptit]finalejamaisdans les mots ce,le et parce queaccentués : prends-lesur cetoujours :il aime [ilóm]robe rouge
[RObRuû]
Classiquement, la possibilité de chute du [E] était soumise à la « règle des trois consonnes », tendant à éviter lapparition de trois consonnes successives, forme évitée dans le schéma canonique du français. Cependant, cette règle, qui se maintient à lintérieur dun mot ([Ô$baRkEmÔ$]), [bRyskEmÔ$]), joue de moins en moins à la frontière des mots ([ynpORtfóRme]), sauf quand interviennent des causes rythmiques, comme laccentuation secondaire. Celle-ci peut faire réapparaître un [E] muet final dans un groupe de mots ou un mot composé dont le dernier élément est monosyllabique (garde-fou se prononce toujours [gaRdEfu], alors quon peut dire [gaRdbaRjóR]).
Par ailleurs, un [E] muet « parasite » peut apparaître à des frontières de mots, pour éviter un groupe de plus de deux consonnes : souvent pour éviter un groupe de trois ([aRkEbutÔ$]) et très souvent pour éviter un groupe de quatre ([uRsEblÔ$]).
Pour décider du caractère phonologique ou non du [E] muet, on cherche à le faire entrer dans des paires minimales : [dEvÔ$] semble sopposer à [divÔ$] et à [lEvÔ$], cependant, quand il est prononcé [dvÔ$] dans [ladvÔ$], cest bien du même mot quil sagit. Le [E] muet ne joue donc un rôle phonologique que lorsquil soppose à labsence de phonème : [dEOR]/[dOR], [lEótR]/[lEtR], [lEo]/[lo]. Dun strict point de vue phonologique, il ne faut le considérer comme phonème que dans ces cas, très rares.
8. Les semi-voyelles
On les range ici de manière à les comparer aux voyelles qui leur correspondent; mais il y aurait autant de raisons (sinon plus) pour les ranger parmi les consonnes, étant donné leur rôle dans la syllabation. Le français connaît trois semi-voyelles : [j] (qui correspond à [i]), [w] (qui correspond à [u]), et [(] (qui correspond à [y]). Si les trois semi-voyelles sont comparables du point de vue de la distribution (rares à linitiale et peu fréquentes à la finale), leurs rôles phonologiques ne sont pas semblables.
[j], désormais /j/, entre en opposition avec la voyelle /i/ dans des finales de mots, rares, mais qui suffisent à lui donner son caractère distinctif : [abei] (abbaye) / [abój] (abeille), [pei] (pays) / [pój] (paye), dans lesquels la différence de syllabation suffît à expliquer la différence des voyelles [e]/[ó], /i/ étant une voyelle et créant une syllabe supplémentaire, et /j/ jouant le rôle dune consonne en ce quelle ferme la syllabe. Opposition aussi dans /ai/ (haï) / /aj/ (ail), sans problème de voyelle.
[(] ne présente aucun cas dopposition avec la voyelle [y] : ces deux sons sont donc en distribution strictement complémentaire, [y] et [(] sont des variantes dun seul phonème, voyelle ou consonne, selon la position dans la chaîne. Aussi un mot comme [n(i] peut-il être prononcé [nyi].
Le cas de [w] est un peu différent : on peut en effet relever lexistence doppositions, bien que la distinction soit de plus en plus rarement faite :[lwa] (loi) / [lua] (loua), [Rwa] (roi)l [Rua] (roua), [tRwa] (trois) / [tRua] (troua). Étant donné les statuts morphosyntaxiques respectifs, il ny a guère dinconvénient à la confusion. La seule paire où la différence se maintienne effectivement est la troisième : troua est fréquemment prononcé [tRuwa], en parallèle avec la prononciation [ij] de /j/ dans [plije].
Remarques sur le système français : les consonnes
1. Tableau des consonnes
Le tableau V représente les relations entre les consonnes du français, dun point de vue qui tient compte des oppositions pertinentes :
TABLEAU V
bilabialelabio-dentaleapicalealvéolaireprépalatalepalatalevélairesourdepftsSksonorebvdzûgnasalemnNúMarginaux hors système : 1 et r (sopposant aux autres consonnes globalement, et non par un seul trait).
Les modes darticulation ne figurent pas dans ce tableau, dans la mesure où, selon le point de vue adopté, les points darticulation suffisent à opposer tous les phonèmes.
2. Remarques sur les consonnes
Le système des consonnes est beaucoup moins affecté par la variation que ne lest le système des voyelles. On peut faire sur ce système quelques remarques générales.
Lopposition sourde/sonore peut sappliquer à toutes les consonnes françaises. Toutefois, pertinent pour opposer les deux séries p, f, t, s, S, k d une part, et b, v, d, z, û, g de l autre, le trait [ + sonore] n est pas distinctif pour les nasales m, n, N et K, ni pour l et r, qui ne s opposent pas à des sourdes de même point d articulation.
Les consonnes sont fortes ou douées, ceci du fait de leur nature propre (les sourdes sont plus fortes que les sonores, et les occlusives sont plus fortes que les constrictives), et du fait de leur position dans la chaîne (une consonne à lattaque de syllabe est plus forte quen finale).
Toutes les consonnes sont susceptibles dapparaître dans toutes les positions (initiale, intérieure et finale). Les seuls groupes fréquents à linitiale sont C + l et C + r. Au h graphique ne correspond pas de phonème : ce quon appelle « h aspiré » a pour seul rôle dempêcher la liaison. On lui reconnaîtra néanmoins une réalisation expressive dans un mot comme halte.
En règle générale, les consonnes graphiques initiales se prononcent toujours, même dans les groupes (pneu, psychologie), sauf en français populaire qui peut parfois les simplifier; les consonnes graphiques intérieures se prononcent presque toujours, avec quelques exceptions (aptitude, [aptityd], mais compter, [kO$te]) ; les consonnes graphiques finales se prononcent rarement (elles ne se prononcent pas dans chantes, chantent, forêt, mais se prononcent dans cap, bob), sauf l et r qui se prononcent presque toujours, si lon excepte les infinitifs en -er, ainsi que ) -c et -f qui se prononcent fréquemment (sac, nef, piaf...). À quoi il faut ajouter le phénomène de liaison, qui fait apparaître une consonne sous-jacente. Un certain nombre dautres cas constituent des points de variation sociolinguistique, surtout en fonction de lâge du locuteur : par exemple pour cinq, on constate que le [k] se prononce toujours à la finale et devant voyelle (jen veux cinq), mais est facultatif devant consonne : cinq femmes ([só$fam] ou [só$kfam]), cinq cents ([só$sÔ$] ou [só$ksÔ$]). Ce phénomène sinscrit dans une tendance générale (qui semble saccentuer chez les jeunes) à la distinction des homophones brefs, qui favorise par exemple la prononciation [fRót] de fret, ainsi opposé à frais.
Un cas particulier est constitué par les deux mots tous et plus, pour lesquels le -s final tantôt se prononce, tantôt ne se prononce pas, selon des règles obéissant à des principes à la fois phonétiques et syntaxiques. Quant à plus, ses variations apparaissent dans le tableau VI :
TABLEAU VI
plus négatifplus positifen finale[s] jamais prononcéil nen veut plus[s] facultatifun peu plus[ply] ou [plys]le mot suivant commence par une consonne[s] jamais prononcé plus du tout[s] jamais prononcéplus beaule mot suivant commence par une voyelle ou un h muetselon le registre,[z] prononcé ou nonil nen a plus assez [plyzase] ou [plyase][z] prononcéplus intéressant[plyzó$teResÔ$]
Enfin, dans la prononciation des groupes consonne + r ou consonne + l à la finale ou devant consonne, il arrive (avec des variations sociolinguistiques), dans une prononciation familière ou rapide, que le [r] ou le [l] tombe : jen prends quatre ([ûÔ$pRÔ$kat]); ouvre la porte ([uvlapORt]), sinon [uvRElapORt] , où le [E] permet déviter le groupe de trois consonnes.
Tous les sons du système consonantique se maintiennent fort bien en français. Il ny a pas, comme pour les voyelles, remaniement en cours. Un seul cas de disparition possible est à signaler : /N/, phonème assez rare, limité dans ses positions (il napparaît à linitiale que dans des termes argotiques comme gnon, gnasse) est en train de se transformer pour beaucoup de locuteurs en [n + j] : [ONO$] est de plus en plus prononcé [ONjO$], prononciation plus antérieure.
Par ailleurs, une nasale vélaire [K] est en train de s implanter dans le système français, à la finale des mots empruntés à l anglais ([paRkiK], [kÔ$piK)]). Elle acquiert statut de phonème, car elle entre dans des oppositions : [Rim]/[RiK], et cela d autant plus naturellement qu elle trouve place dans le système.
3. Les géminées
Il sagit dune succession de deux consonnes semblables, qui fait généralement léconomie des phases intermédiaires de fin de prononciation de la première et de mise en place de la seconde.
Les géminées ont valeur distinctive dans deux cas :
pour certains verbes, elles permettent de distinguer limparfait du conditionnel ([kuRó]/[kuRRó], [espeRó]/[espeRRó], ou le passé simple du futur : [ekleRa]/[ekleRRa]) ;
dans un certain nombre dautres formes, comme [iladi]/ [illadi], [tymÔ$]/[tymmÔ$], [tytRuv]/[tyttRuv], [ladÔ$]/[laddÔ$] (respectivement : il a dit/il la dit; tu mens/tu me mens; tu trouves/tu te trouves; la dent/là-dedans). Même sil ny a pas opposition, la conservation des deux consonnes peut être importante pour la compréhension ([vó$ttRwÔ], [nótte] (vingt-trois, netteté).
On remarquera que, très souvent, cest à la suite de la chute dun [E] quune géminée apparaît, évitant ainsi une homophonie.
La plupart des géminées nont pas valeur phonologique : à [villa] ne soppose aucun *[vila], et si un locuteur prononce de cette manière, on ne peut que comprendre villa. Elles sont plus importantes au contact de deux morphèmes (un préfixe et un radical), car la prononciation en géminée permet alors de conserver la marque morphologique du préfixe ([immORal], [illegal], [iRRóspO$sabl]). Dans les autres cas, leur conservation, très répandue, passe pour une affectation ([bóllikõ], [allOkasjO$]...).
En langue familière, on voit apparaître une gemmation injustifiée sur je lai vu, prononcé [ûEllevy], marque dun souci de souligner le pronom, qui peut distinguer [ûlapRÔ$] (je la prends) de [ûEllapRÔ$] (je lapprends). Cet usage se rapproche du rôle expressif de la gemmation.
Capelle G. Les phonèmes du français et leur réalisation
(Le Français dans le monde, n° 57, juin 1968)
Le choix dun modèle de prononciation pour lenseignement du français langue étrangère est le plus souvent dicté par les trois considérations suivantes :
l. Le modèle doit être une variété ayant audience et prestige dans les milieux francophones (ou quelquefois dans le milieu francophone ou le français appris sera utilise).
2. Le modèle doit refléter lusage moyen de francophones comparables, par lâge et le milieu social aux élevés.
3. Pour des raisons pratiques, il convient de choisir une variété suffisamment connue et illustrée par des documents pédagogiques abondants.
Le « parisien cultivé » réunit en général les suffrages. Or, P. Léon le dénonce à juste titre comme un « mythe », car il est multiforme et difficilement saisissable, et lui préfère le français « standard » de la radio qui nous paraît également bien composite étant donne les origines si diverses des speakers En fait, la norme présentée ici résulte dun compromis entre le souci dauthenticité elle reflète le parler de prestige et les nécessités pédagogiques, simplicité et économie entre autres.
Dautre part, reconnaissance et production posant des problèmes différents à tous les niveaux (on est amené à entendre plus de variétés et de registres que ceux que lon peut soi-même produire), notre seule préoccupation ici concerne la norme proposée à létudiant pour la production, norme limitée aux oppositions essentielles du système et aux variantes conditionnées. Peu de place est accordée aux variantes stylistiques.
Pour être utile à lenseignement, la description du phonologue doit comprendre :
1. Linventaire des unités en opposition dans le système. Ces unités, les phénomènes représentés par des symboles entre barres obliques (//), sont définies par leurs traits pertinents, eux-mêmes spécifiés en termes articulatoires. Un trait pertinent, différent en cela dun trait secondaire ou redondant, est une caractéristique qui suffit à opposer deux unités dans le système. Le seul trait qui distingue /i/ de /e/ en français est le timbre. Ces deux phonèmes vocaliques sont par ailleurs antérieurs et non arrondis. Le timbre est un trait pertinent en français.
2. Les spécifications phonétiques des réalisations des phonèmes représentées par des symboles entre crochets ([ ]). Le mode darticulation suffit en français pour distinguer le /l/ de tous les autres phonèmes car il est le seul phonème latéral, mais le professeur a besoin de connaître toutes ses caractéristiques articulatoires afin de pouvoir en guider la production, de rechercher des points dappui dans des réalisations voisines que lélevé peut déjà produire, de diagnostiquer et de corriger les erreurs.
3. La liste des environnements qui conditionnent certaines variantes. Il est capital de savoir que /E/ est toujours réalise [ó] en syllabe finale fermée (ou, si lon rejette le concept darchiphoneme, que seul le phonème /ó/ apparaît dans cet environnement)
4. Des précisions concernant la distribution des phonèmes : types de groupements, séquences possibles, répartition dans la syllabe et aux « jonctures », fréquence dutilisation.
5. La liste des principales variantes stylistiques.
A. Les voyelles
Inventaire des phonèmes
Le système phonologique de la norme choisie comporte 13 unités :
10 voyelles orales définies par 3 traits pertinents, le timbre, lantériorité et la labialité, et 3 voyelles nasales définies par 2 traits : lantériorité et la labialité, en plus de la nasalité.
a. Voyelles orales
Nous distinguons 4 degrés de timbre :
fermé : /i/, /y/, /u/
semi-fermé : /e/, /õ/, /o/
semi-ouvert : /ó/, //, /O/
ouvert : /a/
Le trait dantériorité oppose les antérieures /i/, /e/, /ó/, /y/, /õ/, // aux non-antérieures /u/, /o /, /O/.
Le trait de labialité oppose les labiales /u/, /o/, /O/, /õ/, // aux non-labiales /i/, /e/, /ó/.
Phonétiquement le timbre dépend de la hauteur de la langue dans la cavité buccale, lantériorité de la position de la langue massée vers lavant ou retirée vers larrière de la cavité buccale et la labialité se caractérise par larrondissement et la projection en avant des lèvres. Pour toutes les voyelles orales, le voile du palais est relevé contre la paroi du pharynx.
b. Voyelles nasales
On peut opposer la nasale antérieure /ó$/ aux deux nasales non antérieures /o$/ et /Ô$/ et la nasale labiale /{$/ aux deux nasales non labiales /ó$/ et /Ô$/.
Dans la production des voyelles nasales, le voile du palais est abaissé, et la voie vers les fosses nasales est ouverte. Les voyelles nasales donnent limpression dêtre plus faibles et plus floues que les voyelles orales. Elles sont relativement plus longues.
Nous obtenons les deux tableaux suivants :
On sera peut-être surpris de ne pas voir figurer dans ces tableaux ni /Ô/, ni /{$ /, ni /E/.
Le rendement fonctionnel de lopposition /a/ /Ô/ est assez faible. En effet, les confusions possibles entre patte pâte, tache tâche... utilisés comme mots isolés disparaissent le plus souvent en contexte. De plus, des observations statistiques récentes prouvent que cette opposition tend à disparaître dans le parler des jeunes Parisiens. Bien quon puisse encore lobserver, il est possible den faire léconomie sans pécher contre lauthenticité du système.
Lopposition /ó$//{$/ ne permet de distinguer que trois ou quatre paires de mots en français (brin brun, empreint emprunt, Alain alun). Son rendement fonctionnel est extrêmement faible.
Elle a pratiquement disparu du parler des jeunes Parisiens qui sont même incapables de prononcer [${$] dans /{$lapó$/ (un lapin) qui devient /ó$lapó$/.
Les phonologues ne sont pas tous daccord sur le statut phonologique de la voyelle notée [E]. Dans quelques rares environnements, la présence de [E] alternant avec zéro (dors /dOÊ/ ~ dehors /dEOÊ/) est certainement distinctive.
Dans les autres contextes où elle peut apparaître, son occurrence, réalisée le plus souvent [{], relève de problèmes de syllabation et de rythme et du souci de ne pas aboutir à des séquences de consonnes imprononçables.
Spécifications phonétiques des réalisations
Quelques particularités du système méritent dêtre signalées :
a. à un niveau moyen, non familier et non relâché, la tension articulatoire assure une grande stabilité du timbre au cours de larticulation. Le français na pas de voyelles diphtonguées. Toutes les voyelles, quelles appartiennent ou non à des syllabes accentuées, sont prononcées avec netteté. Les organes articulateurs sont très vite en place et la détente est brève et nette. La dernière voyelle contenue dans la dernière syllabe du groupe qui porte laccent nest pas plus intense mais en général plus longue.
b. Sept voyelles sur treize sont antérieures, cest-à-dire prononcées avec la langue massée vers lavant de la cavité buccale et sept sur treize sont arrondies.
/i/, /y/
/e/, /õ/
/e/, /{/ se distinguent uniquement par larrondissement des lèvres.
/y/, /u/
/õ/, /o/
/{/, /O/ ne se distinguent que par la position de la langue (antérieure ou postérieure).
On peut donc partir de [e] pour faire prononcer [õ], en faisant arrondir les lèvres ou de [o] en conservant larrondissement des lèvres mais en faisant masser la langue vers lavant.
c. Malgré la similitude des symboles de lalphabet phonétique international utilisé ici, [ó$] nest pas le son [ó] nasalisé. La voyelle orale correspondante à [ó$] est une voyelle qui napparaît que comme une variante stylistique ou individuelle dans certaines variétés de français parisien. Cest le [Ó] ressenti comme vulgaire de « Cest bath, ça, alors ! »
De même la voyelle orale correspondant à [O$] est le [o] et non le [O]. Il est recommandé de faire prononcer un [o] très arrondi comme point de départ pour le [O$], afin déviter que lélève ne confonde [O] et [Ô$].
Phénomènes de distribution et variantes conditionnées
Les voyelles qui constituent toujours le noyau des syllabes françaises peuvent se trouver dans toutes les positions : initiale de mot (arme), médiane (vite), finale (avis).
Cas des « semi-voyelles »
Dans certaines descriptions les sons [4] (dans « puis »), /w/ (dans « nouer »), /j/ (dans « pied »), sont traités comme des consonnes à cause de leur position dans la syllabe (ils précèdent le noyau vocalique), et le fait quils ne peuvent constituer une syllabe à eux seuls. En effet /pÊe/ (pré), sopposerait à /pje/ (pied), /pla/ (plat) à /pwa/ (poids), /p4i/ (puis) à /pÊi/ (prix), /wat/ (ouate) à /pat/ (patte).
Mais le plus souvent ce sont les aspects de leur articulation rappelant ceux des voyelles /y/, /u/, /i/ qui sont soulignés. Ils diffèrent de ces voyelles par un degré plus grand de constriction et par les limitations de leur distribution (ils napparaissent ni en position finale, ni en position médiane entre une voyelle et une consonne). Comme ils apparaissent dans des positions où les voyelles /y/, /u/, /i/ napparaissent jamais, et vice-versa (distribution complémentaire), on les considère donc fréquemment comme des variantes conditionnées des phonèmes /u/, /y/, /i/ qui ont deux réalisations chacun [u] et [w], [y] et [(], [i] et [j]. Cette interprétation oblige à considérer à part le /j/ final de syllabe qui entre en opposition avec le phonème /i/, dans le couple abbaye-abeille, et doit par conséquent être considéré comme un phonème napparaissant quen position finale.
Les trois variantes nont pas des distributions parallèles : [j] ne peut apparaître dans lenvironnement Consonne + r ou l... Voyelle, alors que nous trouvons [kÊwa] (croix), [fÊ(i] (fruits).
Tous les cas de /y/ + /i/ doivent être réalisés [(i] (ex. : lui, fruit). Lorsque /i/ se trouve dans lenvironnement C + r... V, il peut être réalisé soit comme [i], soit comme [ij] (ex. : crions, tablier).
Les voyelles moyennes
Bien que nous ayons trouvé 6 voyelles moyennes (3 semi-fermées, /e/, /õ/, /o/ et 3 semi-ouvertes /ó/, /{/, /O/, sopposant entre elles dans des couples tels que vallée/valet (/vale//való/), jeûne/jeune (/ûõn//û{n/) et hôte/hotte (/ot//Ot/), les cas dopposition entre /õ/~/{/ et /o//O/ sont relativement peu fréquents et la distribution des voyelles moyennes présente des particularités qui justifient une étude spéciale.
Remarquons dabord que dans les syllabes finales de mot :
1° En position non couverte
Seuls les phonèmes /õ/ et /o/ peuvent apparaître
(ex. : feu, pot réalisés /fõ/, /po/).
2° En position couverte
Seul le phonème /ó/ peut apparaître
(ex. : sept, bête, jette, appelle, amène, réalisés /sót/, /bót/, /ûót/, /apól/, /amón/.
Ces deux remarques sappliquent à toutes les variétés de français.
3° En position couverte
Nous trouvons le plus fréquemment /{/ et /O/. Cette distribution ne comporte quune seule exception régulière : devant /z/ les réalisations sont /õ/ et /o/. (Ex. : heureuse et rose réalisés [õÊõz] et [Êoz]). Les réalisations fermées devant consonnes autres que /z/ sont très rares dans le cas du phonème antérieur arrondi. On peut citer seulement quelques exemples comme meute /mõt/, jeûne /ûõn/ et veule /võl/.
On pourrait trouver sans doute plus de vingt couples où /o/ et /O/ sopposent en finale couverte (pomme/paume, sol/saule), mais il nest pas rare de rencontrer /o/ dans cette position. (Ces mots sont le plus souvent transcrits orthographiquement soit avec ô (côte, frôle, rôde) soit avec au (autre, aube, gauche, mauve, sauf, etc.).)
4° En syllabe non couverte
/e/ et /ó/ sont en opposition dans la variété de français que nous considérons et par conséquent non prévisibles.
Dans cette variété on fait encore naturellement lopposition entre futur et conditionnel, passé simple et imparfait à la première personne (/fÊe/ /fÊó/, /Sa$te/ /Sa$tó/).
Il nen reste pas moins que la loi de position est largement respectée et quune bonne stratégie pédagogique peut consister à la donner comme règle dans les premières étapes de lapprentissage pour la distribution des réalisations. [{], [õ], [O], [o] et, en voyelle couverte, /ó/.
Ce nest que progressivement que lon introduira la fermeture devant [z] et les autres cas de divergence.
5° Dans les syllabes non finales
Sauf dans un langage soutenu, la tendance consiste à neutraliser lopposition entre les voyelles moyennes. Elles tendent alors à être réalisées par une voyelle de timbre intermédiaire qui peut osciller entre les deux pôles, fermé et ouvert, selon linfluence du contexte. Cest ainsi que si la voyelle moyenne non accentuée est suivie dans la syllabe suivante dune voyelle fermée, sa réalisation tendra à se fermer; « aussi » tend à être prononcé [osi], alors que « moteur » tend à être prononcé [mOt{Ê]. Devant /r/ et /l/ les voyelles moyennes sont toujours ouvertes (ex. : [pórson]). Les oppositions en syllabe non accentuée du type beauté/botté (/bote//bOte/), faussé/fossé (/fose//fOse/) sont rares et ne sont pas toujours réalisées. Dans un premier temps nous pouvons les éliminer du modèle proposé aux élèves. La liberté du timbre dans les syllabes non finales semble donc constituer une bonne stratégie pédagogique dans les débuts.
Les tableaux suivants permettent de mieux prendre conscience des oppositions phonologiques possibles en fonction de la position des unités en cause.
En syllabe finale de mot
syllabe couverte (V + C `" ) syllabe non couverte (V `")
i y u i y u
õ o e õ o
ó { O ó
a
En syllabe non finale
i y u
E õ o
a
Les voyelles nasales
Leur distribution est sujette à quelques restrictions :
/a$/ napparaît pas en syllabe finale couverte par /z/ (alors que nous avons /kó$z/ et /O$/, par /f/ (alors que nous trouvons /nóf/), par /m/ (alors que nous avons /tó$m/), par /Ê/, (alors que nous avons /tóÊ/).
/ó$/ napparaît pas devant /l/ en syllabe finale.
/O$/ napparaît pas devant /r/, /l/, /f/, /m/.
Aucune voyelle nasale napparaît devant /n/ à lintérieur dun mot, mais elles peuvent toutes précéder nimporte quelle consonne à la jonction des mots. (Ex. : on nen mange pas.)
Fréquence doccurrence
Les voyelles antérieures sont beaucoup plus fréquentes que les autres : [e] 8%, [a] 7%, [i] 6% [ó] 4,5% environ.
Les postérieures [u] et [o] ne totalisent respectivement que 2,4 pour 100 et 1 pour 100 des occurrences.
B. Les consonnes
Inventaire phonologique
Les 18 phonèmes consonantiques de la variété de français que nous considérons sont classés à partir de 4 traits : la sonorité, la nasalité (ou leur contraire), le point darticulation et le mode darticulation.
Remarquons :
a. Que dans certains cas, un seul de ces traits suffit à distinguer un phonème de tous les autres phonèmes du système. Ce trait seul sera retenu comme distinctif.
Cest le cas du mode darticulation pour le /l/ : /l/ est le seul phonème latéral du système ;
Cest le cas du point darticulation pour le /Ê/ : /Ê/ est le seul phonème uvulaire du système.
b. Quun trait commun suffit à distinguer de tous les autres un groupe de phonèmes :
le mode darticulation :
/s/ et /z/ sont les seules « sifflantes »,
/S/ et /û/ les seules « chuintantes »,
/m/, /n/, /N/ les seules nasales;
la sonorité :
/p, f, t, s, S, k/ dépourvus de sonorité sopposent à /b, r, d, z, û, g/ phonèmes sonores.
Dans le cas de /m, n, N/ et de /j/ la sonorité nest pas distinctive car il nexiste pas de contexte ou un [m] sonore, par exemple, sopposant à un [m] sourd, suffirait à changer le sens de lunité constituant le contexte. En fait, pour ces consonnes, ainsi que pour les réalisations du /l/ et du /Ê/, la présence ou labsence de voix est déterminée par lenvironnement phonétique (ex. : peuple = [p{pl] avec [l] sourd, mais il est là = [ilela] avec deux [l] sonores);
la nasalité qui caractérise trois phonèmes /m, n, N/. Nous reprenons le tableau phonologique proposé par M. A. Martinet en 3 séries et en 7 ordres, cf. tableau ci-contre auquel il convient dajouter la latérale /l/ et luvulaire /Ê/.
à lintersection de lhorizontale et de la verticale nous trouvons la définition de chacun des phonèmes
/p/ est la bilabiale/sourde
alors que /m/ est la bilabiale/nasale.
Il est inutile de préciser que /p/ est également occlusif puisquil ny a pas dautre bilabiale sourde...
De même /n/ est la nasale apicale. /j/, la palatale non nasale, nexiste comme phonème consonantique quen position finale.
Spécifications phonétiques
Nous avons donné plus haut une description des caractéristiques phonétiques des consonnes françaises.
Remarquons :
a. 13 consonnes sur 18 ont un point darticulation antérieur allant de bilabial à prépalatal.
Ce sont : [p, b, m, f, v, t, d, n, l, s, z, S, û].
b. Les lèvres sarrondissent souvent dans la prononciation des consonnes françaises. On anticipe en effet la position des lèvres de la voyelle qui suit en prononçant la consonne et le français possède deux séries de voyelles arrondies.
c. La tension articulatoire est la cause de la très grande netteté des transitions entre segments et de lattaque consonantique. Les occlusives sourdes nont pas daspiration à linitiale et leur détente est très nette en position finale.
d. Larticulation la plus arrière est celle du [Ê] uvulaire.
e. On peut se dispenser denseigner larticulation dorso-palatale de [N] que lon peut sans dommage remplacer par [nj], comme le font déjà certains Parisiens.
Phénomènes de distribution et variantes
a. Limitations dans la distribution de certaines consonnes :
/j/ napparaît quen finale de mot où il contraste avec /i/ (ex. : abbaye, abeille).
/p/ napparaît pratiquement jamais à linitiale de mot.
bilabiallabio-dentalapicalsifflantchuintantpalataldorso-vélairesourdp
f
t
s
S
k
sonoreb
v
d
z
û
g
nasalm
n
N
/z/ napparaît à linitiale que dans un très petit nombre de mots (ex. : zèle, zoo, zénith, zéro...).
b. Variantes
nous avons déjà mentionné plus haut que /N/ était souvent réalisé [n] + [j] et que « agneau », par exemple, peut être prononcé [anjo] ;
la luette peut se mettre à vibrer dans la production du /Ê/. Le son vibrant ne sera pas enseigné car le [Ê] fricatif suffit à tous les usages.
c. Assimilation
1) Régressive.
Elle met en cause les deux séries de 6 consonnes qui sopposent par le trait de sonorité /p, b, f, v, t, d, s, z, S, û, k, g/. Si deux de ces consonnes, lune sourde, lautre sonore, se suivent dans lénoncé, la deuxième communique sa sourdité ou sa sonorité à la première. La consonne soulignée perd sa sonorité dans les exemples suivants : une grand(e) table une page cachée il observe un méd(e)cin.
La consonne soulignée acquiert de la sonorité dans les exemples suivants : une jupe verte la flotte britannique.
2) Progressive.
Les 6 autres consonnes /m, n, N, j, 1, Ê/ sont dévoisées lorsquelles sont précédées dune consonne sourde.
Ex. : il pleut une fleur il la cru le classicisme ils sont quatre.
d. Séquences de consonnes
1) à linitiale.
Groupes de 2 consonnes :
La chute du [E] entraîne un grand nombre de types de groupements de consonnes en français. Il tombe en général lorsquil est précédé dune seule consonne.
On trouve presque toutes les combinaisons possibles de deux consonnes différentes.
Ex. : l(e) sam(e)di j(e) vais m(e) prom(e)ner pour qu(e) mon frère puiss(e) travailler.
Les groupements initiaux qui ne résultent pas de la chute dun [E] sont composés de :
/p, t, k, b, d, g/ + /Ê/ ou /l/,
/s/+/p, t, k, f/ ou /s/ + /m, n/ (plus rarement),
/p/ + /s/ ou /n/.
Groupes de 3 consonnes :
Ce sont surtout
/s/ + /p, t, k/ + /Ê/ ou /l/.
Dautres groupements sont dus à la chute du [E]. Ils commencent par /s, û, l, m, n/ ou /Ê/.
Ex. : c(e) brave homme ne m(e) prenez pas de billet cest l(e) bleu r(e)trouvez-le.
2) à la finale.
Groupes de 2 consonnes :
La plupart de ces groupements appartiennent à lun des 3 types suivants :
/Ê, l/ + Consonne (sauf /b, Ê/) et /s, k, p/+Consonne (avec beaucoup de restrictions).
Ex. : il parle, un acte, un golfe.
/p, t, k, b, d, g, f, v/ + /Ê/ ou /l/.
Ex. : il ouvre, elle souffle, la chambre.
Groupes de 3 consonnes :
Ces groupements appartiennent à lun des deux types suivants : /l, s, p, k/ + /tÊ/,
ex. : un filtre, un astre ;
/Ê/ + /kl, dÊ, bÊ, pÊ, sk/,
ex. : un arbre, lorsquil va perdre.
Quelques autres types sont attestés par un ou deux exemples [ski], ex. : un muscle sclérosé, [kst], ex. : une classe mixte...
3) Consonnes géminées.
Des géminées ou consonnes doubles sont en général prononcées soit sous linfluence de lorthographe (cest illogique), soit pour marquer linsistance (cest immense !).
Dans quelques rares cas, elles ont valeur distinctive.
Ex. : il mourait `" il mourrait, il a vu `" il l a vu, lundi `" l(e) lundi.
4) à l intérieur des mots et des syntagmes. Nous retrouvons les mêmes types que ceux décrits précédemment.
Cette brève étude ne préjuge pas de la démarche pédagogique à adopter pour présenter, au moindre coût, lensemble des phonèmes et de leurs réalisations. Certaines priorités, certaines économies ont été suggérées... La stratégie pédagogique devra être fixée en fonction de séries dobjectifs intermédiaires et tenir le plus grand compte des habitudes contraignantes déjà acquises par lélève dans sa langue maternelle.
La description ci-dessus pourra être remise en cause si le professeur nest pas lui-même un bon représentant de cette variété ou si les modèles enregistrés quil possède en diffèrent.
Éléments bibliographiques
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delattre (P.) : Studies in French and Comparative Phonetics, La Haye (Mouton), 1966.
DEYHIME (G.) : Enquête sur la phonologie du français contemporain, in La Linguistique, Paris (P.U.F.), 1967, n 2, p. 5784.
LÉON (P. et M.) : Introduction à la phonétique corrective, Paris (Hachette), 1964.
léon (P.) : Prononciation du français standard, Paris (Didier), 1966.
malmbebg (B.) : Le système consonantique du français moderne, Lund (Munksgaard), 1943.
MARTINET (A.) : La prononciation du français contemporain, Paris (Droz), 1945, 249 p.
Les traits généraux de la phonologie du français, in Phonology as functional phonetics, Philadelphie (Russell Press), 1950, p. 2840.
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valdman (A. et al.) : Drillbook of French Pronunciation, New York (Harper and Row), 1964.
Faure G. Accent, rythme et intonation
(Le Français dans le Monde, n° 57, juin 1968)
Il ne saurait être question dapporter ici en quelques pages des solutions définitives aux multiples problèmes que posent encore laccent, le rythme et lintonation du français contemporain.
Et cela dautant moins que la linguistique moderne a placé la plupart de ces problèmes dans des perspectives nouvelles qui en font apparaître, avec une évidence croissante, lextraordinaire complexité. Un de nos collaborateurs a pu, à cet égard, rassembler plusieurs centaines détudes consacrées à lanalyse des structures prosodiques, depuis lexcellent travail de Klara Magdies, paru en 1963.
Nous limiterons donc le présent article à un rapide survol descriptif et, si possible, explicatif du système prosodique du français moderne. Et nous chercherons à dégager de cet examen quelques solutions pratiques à lintention de ceux de nos collègues qui se consacrent au difficile enseignement de notre langue comme langue étrangère.
Précisons tout dabord que les mots accent, rythme et intonation ne correspondent nullement, comme on pourrait être tenté de le croire, à trois entités spécifiques, relativement autonomes.
Ce qui frappe, au contraire, comme nous lavons déjà souligné à plusieurs reprises, cest létroite solidarité qui les unit dans leur comportement fonctionnel et leur non moins étroite parenté quant à leur substance concrète, quel que soit le niveau (génétique, acoustique ou perceptif) auquel se situe la recherche.
Cest ainsi, par exemple, que lorsquon parle daccent, il ne faut jamais perdre de vue le fait que le surcroît de relief sonore qui affecte les syllabes dites accentuées (dont le retour périodique, selon des schémas qui varient suivant les langues, assure la structuration rythmique de lénoncé) est le fruit dun ensemble de composantes élémentaires, parfaitement analysables et hiérarchisables (contrairement à ce que lon écrit encore parfois) et qui sont :
1. Les ruptures ou les inflexions tonales.
2. Les variations dintensité;
3. Les variations de durée;
4. Les variations souvent très importantes du degré de plénitude et de stabilité du timbre vocalique constituant le noyau syllabique porteur du trait prosodique.
à linverse de ce que lon pourrait penser, les variations des trois premiers de ces paramètres sont loin dêtre toujours convergentes. Elles peuvent, au contraire, évoluer en sens inverse sans que la perception de laccent soit le moins du monde perturbée. Cest ainsi quun travail important, récemment achevé par lun de nos chercheurs et portant précisément sur le français nous a montré quune très légère rupture mélodique est spontanément interprétée comme donnant lieu à un accent, alors que lintensité de la syllabe quelle affecte peut être inférieure à celle des syllabes perçues comme des syllabes atones. Une syllabe dont la hauteur est strictement identique à celle des syllabes voisines, mais qui est affectée dun net surcroît dintensité est interprétée comme une syllabe tonique. Mais si lon demande aux sujets testés à quoi ils attribuent ce surcroît de relief, la réponse est, à la quasi-unanimité, en faveur dune rupture tonale... qui nexiste pas.
Il semble sagir là dun conditionnement perceptif et psychologique qui tient sans doute au fait que les variations tonales sont à la fois les plus constantes et les plus contraignantes en matière de perception prosodique.
Resterait à définir dune façon précise linfluence des pauses qui suivent quelquefois les syllabes perçues comme accentuées et auxquelles nous sommes de plus en plus convaincu quon a fait jusquici la part beaucoup trop belle. Leur effet, lorsquelles sont réellement attestées, nous paraît être surtout de faciliter lintégration psychologique du message, comme lallongement de ces mêmes syllabes facilite leur perception auditive.
Il faudrait encore parler, pour être un peu moins incomplet, de la durée, de lintensité et de la hauteur spécifiques des voyelles, tous éléments qui pèsent, eux aussi, sur la structuration prosodique.
Et ce nest finalement quau niveau du comportement fonctionnel que lon pourrait distinguer nettement, comme nous avons essayé de le faire nous-même, ce qui est du domaine de laccent et ce qui est du domaine de lintonation.
Ces considérations dordre général nous aideront peut-être à mieux comprendre les structures que nous nous proposons dévoquer.
Nous pensons, par ailleurs, que ces structures seront plus faciles à analyser si lon veut bien se souvenir que le système prosodique dune langue donnée comme son système phonématique, mais avec encore plus de rigueur est déterminé, dans une large mesure, par un certain nombre de tendances fondamentales qui en conditionnent largement le fonctionnement.
En ce qui concerne le français, la plus importante de ces tendances est la croissance progressive de la dynamique phonatoire et articulatoire.
Cette dynamique croissante se manifeste déjà au niveau des réalisations phonématiques (quil sagisse de voyelles ou de consonnes). Nombreux sont à cet égard les ouvrages (entre autres ceux de notre collègue P. Léon) qui ont insisté sur lattaque douée de la voyelle et de la consonne françaises, la voyelle, par exemple, étant rarement précédée par un coup de glotte, comme cest le cas, surtout à linitiale de mot ou de phrase, dans de nombreuses langues étrangères.
Et cet épanouissement dynamique se manifeste encore au niveau de la syllabe dont il assure, dans notre langue, la parfaite netteté et la parfaite individualisation. Même dans la conversation courante et rapide, les syllabes se succèdent avec une parfaite limpidité, sans neutralisation vocalique, chaque voyelle, même en position atone, conservant sa plénitude et nétant jamais réduite comme en anglais, par exemple à cette production sonore vague et à peine différenciée à laquelle on a donné le nom de /E/ neutre. Nos professeurs de diction (tel Georges Leroy dont Gérard Philipe appréciait les conseils) ont bien raison denseigner quen français « une syllabe en vaut une autre », tant par la plénitude de son timbre vocalique quelle conserve en toute position, que par la régularité de son débit en position atone. Cette régularité, qui frappe souvent les étrangers habitués à une plus grande élasticité syllabique, a été, une fois de plus, mise en évidence, à propos du vers français moderne, par notre collègue H. Morier de luniversité de Genève, lors du récent congrès de Strasbourg, dont les actes paraîtront prochainement.
La segmentation syllabique de la phrase française sexplique aussi par le caractère soutenu et progressif de la dynamique phonatoire. Cette segmentation est, on le sait, ouverte, la coupe syllabique se situant, toutes les fois que la chose est possible, après la voyelle, la consonne intervocalique se rattachant toujours à la voyelle qui la suit ; comme par exemple dans :
Elle a mal à la main,
ó/la/ma/la/la/mó^$.
Faisant fi des limites purement graphiques des mots, le français rattache en toute sérénité le /l/ du premier mot au /a/ qui le suit ; ma, dautre part, est isolé, le /l/ final de mal formant syllabe avec la préposition à, et le processus se poursuit jusquà la fin de la phrase.
Dynamique croissante là encore, la voix prenant solidement appui sur le ferme tremplin de la consonne et sépanouissant progressivement jusquà lachèvement de lémission vocalique qui demeure nette et précise jusquà la fermeture ou à la constriction qui donne le départ pour un nouvel essor vocalique; ce qui pourrait être grossièrement figuré par le schéma :
ó/la/ma/la/la/mó^$.
Cette progressivité de la dynamique rythmique se retrouve encore au niveau du mot isolé.
Et le schéma devient encore :
intelligent imagination
contrairement à ce qui se passerait, par exemple, en anglais où ces mots deviendraient :
intelligent imagination
Même dynamique croissante, beaucoup plus intéressante encore (car il sagit cette fois dune étape dun acte de parole réel, parfaitement authentique et porteur dun message), au niveau du groupe rythmique, au bénéfice duquel on sait que le mot, une fois intégré, perd son accent propre.
Cette dynamique apparaît nettement dans un exemple comme :
Comment ? Il est allé à Paris / avec la famille de Paul ?
Ici se poserait la question de savoir pourquoi on perçoit encore un accent de groupe sur Paul, lorsque lénoncé devient affirmatif et que le dernier mot est affecté dune intensité décroissante, son niveau dynamique général étant, par exemple, nettement inférieur à celui de la première syllabe de famille.
On a parlé à ce propos daccent de durée ; on a dit aussi que lallongement du mot Paul, mis en évidence par létude expérimentale et que, dailleurs, on perçoit assez nettement permet une intégration auditive plus complète de lintensité de cette syllabe.
Nous sommes personnellement convaincu que cest la richesse mélodique du ton descendant affectant Paul qui est lélément le plus contraignant sur le plan perceptif. Et cela dautant plus que, comme nous allons le voir, les tons infléchis sont infiniment plus rares dans notre langue que les tons statiques.
Cette prédominance des tons stables est un autre effet et non des moindres du caractère tendu de notre langue où la chute mélodique du médium au grave est à peu près le seul ton infléchi que lon rencontre couramment, limité, presque toujours, à la dernière syllabe dun énoncé déclaratif, alors que langlais, par exemple, dispose dau moins cinq types différents de tons infléchis.
Les structures fondamentales que nous venons dévoquer peuvent naturellement être modifiées (et elles le sont, en fait, très souvent), dans le langage animé de la conversation ou dans la diction expressive dun beau texte de prose ou de poésie, mais elles restent toujours présentes, comme une sorte de dynamique minimale sous-jacente, spécifique de la phrase française (le colorless pattern dont parlent certains étrangers).
Cest à partir de cette structure de base et à la lumière des gauchissements quelle subit dans le langage expressif ou simplement dans lénoncé qui se veut limpide que lon voit apparaître les décisives interactions des trois systèmes fondamentaux de toute langue, à savoir, son système sémantique, son système syntaxique et son système phonologique. Dans quelque langue que ce soit et cest une idée sur laquelle il convient dinsister , aucun de ces systèmes ne peut opérer seul. Et létude de leurs apports mutuels, à peine amorcée, promet des heures exaltantes à qui voudra la poursuivre.
Nous avons nous-même commencé ce travail avec quelques-uns de nos collaborateurs, et avec laide amicale de quelques collègues linguistes. Et nous en avons présenté les premiers résultats lors du récent congrès international des linguistes.
Nous pensons déjà, pour nous borner à quelques problèmes et pour nous limiter au français, que la structuration prosodique (rythme et mélodie étant associés) joue dabord dans- le discours un rôle dactualisation de la hiérarchie informationnelle des unités successives de lénoncé. Il nous apparaît en effet que ces unités sont pourvues, avec une remarquable précision, dun relief prosodique proportionnel à la quantité dinformation quelles transportent, en fonction dune situation donnée.
Ce relief sonore, dû à laction conjuguée des divers paramètres accentuels, entraîne un écart, parfaitement perceptible et mesurable, par rapport au niveau de référence déterminé par les exigences physiologiques irréductibles de lacte de parole, niveau que lon peut situer avec précision pour chaque locuteur.
Ce sont ces écarts accentuels que nous avons examinés, entre autres exemples, à propos de la phrase :
« Je pense que la femme de Paul nira pas au cinéma ce soir. »
Lanalyse acoustique et létude perceptive des écarts affectant cette phrase nous ont montré que laccent est à peine marqué sur le verbe pense, alors quil aurait été beaucoup plus net dans une phrase interrogative du type : Tu penses que la femme de Paul nira pas au cinéma ce soir ?
Cela tient à ce que, dans la première phrase, lessentiel du message est contenu dans ce qui suit. On aurait pu faire léconomie de je pense et dire : La femme de Paul nira pas au cinéma ce soir. Cest dailleurs ce qui a lieu en style télégraphique ou en style « petit nègre » où lon aurait :
Femme Paul pas cinéma ce soir.
Dans la phrase interrogative, pense serait nettement détaché, à la fois de je et de que, par une double rupture mélodique, car ce mot, dont lacuité préfigurerait déjà linterrogation, contiendrait dautre part un appel à lauditeur dont on attend quil confirme ou infirme une opinion déjà manifestée.
Les simples « outils grammaticaux » : que, la, de, au, ce, restent très près de la ligne zéro, alors que Paul, affecté à la fois dun accent sémantique et dun accent rythmique (fin de groupe), est nettement détaché; moins cependant que pas qui forme le sommet mélodique de cette phrase dont il porte linformation essentielle.
Le verbe ira dont la charge informative pourrait à priori paraître considérable (verbe aller, mode indicatif, temps futur, troisième personne du singulier) nest affecté daucun relief prosodique, toutes les informations quil manifeste étant impliquées par le contexte, comme le confirme la chute de ce mot en style télégraphique.
La structuration syntaxique, liée aux diverses fonctions grammaticales (détermination, hiérarchies fonctionnelles de tous ordres, liens de dépendance plus ou moins étroits des unités englobées dans les deux groupes rythmiques majeurs du sujet et du prédicat, etc.), napparaît, elle aussi, dans toute sa clarté quau niveau du discours dont le modelé prosodique les actualise.
Ces mêmes structures prosodiques ont enfin dans notre langue des fonctions spécifiques. Il se trouve, en effet, que les mots, ordonnés selon les exigences de la grammaire, ne révèlent souvent que la situation, ou, si lon veut, le thème dû message, dont le contenu (cest-à-dire, le plus souvent, la réaction du locuteur à cette situation) est manifesté dans une large mesure par la prosodie.
Nous avons déjà longuement évoqué ces problèmes à propos de langlais ou à propos de notre langue, et nous avons montré, en particulier, comment le schéma prosodique détermine la segmentation lexicale de la phrase française, en faisant apparaître, du fait de cette segmentation, telle ou telle unité à lexclusion de telle autre.
Nous montrerons, dans une prochaine publication collective, que la structuration prosodique peut changer le contenu du message, à segmentation lexicale identique, par le jeu des oppositions de la dynamique verbale. Ce serait par exemple le cas pour :
Cest bien ce que tu dis ? (au sens de : ce que je dis est bien conforme à ce que tu viens dexprimer ?), opposé à : Cest bien ce que tu dis, où le détachement accentuel de bien par une double rupture mélodique, change lidentité du message qui devient un jugement favorable sur ce qui a été dit.
Peut-être nous sera-t-il permis, au terme de cette trop brève analyse, de proposer quelques suggestions pédagogiques pratiques :
I. En ce qui concerne laccentuation :
1° Ne jamais perdre de vue létroite solidarité qui unit tous les paramètres accentuels (intensité, durée, degré variable de plénitude vocalique, et surtout, variations tonales) ;
2° Comprendre quen dépit de certaines affirmations hâtives, laccentuation assume (au niveau du discours, auquel il ne faut jamais cesser de se référer) :
a. une importante fonction démarcative, chaque groupe accentuel qui correspond en français à une double unité, à la fois sémantique et syntaxique étant individualisé par le détachement mélodique de sa dernière syllabe articulée.
Cette segmentation prosodique facilite considérablement la compréhension de la phrase parlée et elle donne à lélocution des étrangers qui ont su sen assurer la parfaite maîtrise une remarquable authenticité ;
b. Une fonction contrastive, laccent dinsistance (quil soit affectif ou intellectuel) détachant telle ou telle unité du groupe par une brusque rupture mélodique, et faisant de cette unité, selon lexpression de K. Pike « le centre dattention » de ce groupe, comme par exemple dans :
Je viens dapprendre / que son père/a acheté une maison / près de Paris.
opposée à :
Je viens dapprendre / que son père a acheté une maison / près de Paris.
Cette « mise en valeur » naltère toutefois pas le contenu de lénoncé. Elle fait seulement varier la hiérarchie de ses unités;
c. Une fonction distinctive lorsque cette mise en relief donne à lénoncé un contenu notionnel différent, comme dans les quelques exemples que nous avons donnés et que nous aurions pu multiplier.
3° Ne jamais perdre de vue que laccent de mot, dont on nous rebat les oreilles, nest quune virtualité, souvent négligeable, puisquil ne se réalise dans le discours que lorsquil se confond avec laccent de groupe. Le groupe (et non le mot) étant, en français, comme dans beaucoup dautres langues, lunité accentuelle.
Si lon veut bien admettre cet asservissement de laccent de mot à laccent de groupe, on naura aucune peine à reconnaître (comme nous le révèle notre oreille) quil y a autant daccents quil y a de groupes et que le degré de perceptibilité de ces accents est proportionnel au degré dautonomie de ces groupes; quen particulier, les groupes privilégiés que constituent, de ce point de vue, les groupes majeurs du sujet et du prédicat, sont clairement délimités, même lorsque le groupe du sujet se réduit à une seule syllabe, comme cest le cas lorsque le sujet est un pronom personnel. Il en serait ainsi par exemple dans des phrases comme :
Tu ne le comprends pas.
où tu porte un accent au moins aussi net que celui de pas. Et lon aurait aussi :
Il nen sait rien.
où un accent mélodique évident (parfaitement mesurable au niveau acoustique) détache il plus nettement que rien.
Et encore :
Nous ne le verrons pas.
Vous lui en parlerez.
Ils (elles) ne le croient pas.
On sen tirera.
Ça ne marche pas.
Un grand nombre de faux problèmes, qui compliquent bien inutilement la tâche du linguiste, ne se poseraient même pas si lon ne décidait pas, à priori, que le mot est lunité accentuelle fondamentale, alors que cette unité est, dans notre langue, comme dans beaucoup dautres, le groupe rythmique.
II. En ce qui concerne lintonation (fondée, plus exclusivement encore que laccentuation sur les ruptures tonales), il importe :
1° De ne pas perdre de vue le fait que la fonction assumée est une fonction distinctive, essentiellement qualitative, le contenu du message variant en fonction de la qualité (montante, descendante, suspensive...) de la variation mélodique :
2° De souligner la nette prépondérance, dans notre langue, des tons statiques. On peut très facilement concrétiser ce fait par le dessin (en figurant par un petit trait horizontal, placé devant la syllabe intéressée, le niveau tonal aigu, médium ou grave de cette syllabe).
On peut aussi mettre ces niveaux dacuité en évidence par un simple mouvement de la main.
III. Dune façon plus générale, il nous paraît indispensable :
1° De faire une place très importante à lentraînement prosodique en situation dans le cadre de conversations (fussent-elles très simples) auxquelles il conviendrait de donner très vite le pas sur les phrases isolées, et plus encore sur les mots isolés dont on a en général abusé, et cela dautant plus dangereusement que le mot intégré à un acte de parole authentique na pas le même modelé accentuel (sauf en finale de groupe) que le mot... en réserve dans le dictionnaire.
Il ne faut pas oublier, comme le rappelait encore notre collègue J. Fourquet, que lemploi fondamental du langage se trouve dans le dialogue. Son emploi unilatéral dans la narration, la description ou lexpression scientifique étant un cas exceptionnel qui implique des restrictions énormes, tant sur le plan syntaxique (rareté des phrases impératives et interrogatives, dominance par exemple en histoire du passé simple, etc.) que sur le plan prosodique.
2° Ne pas oublier quune langue est un système de systèmes, quil y a interaction constante entre le système sémantique, le système syntaxique et le système phonologique, et que ces trois systèmes doivent être étudiés concurremment, le mouvement rythmique et mélodique de la phrase, étant, compte encore non tenu de ses fonctions propres, à la fois le produit et lindispensable actualisateur des autres structures de lénoncé.
Companys E. Les jonctions
(Le Français dans le Monde, n° 57, juillet, 1968)
1 Ce que sont les jonctions
1.1 Articulation de la chaîne parlée
En français comme dans toutes les langues, on constate que les divers éléments sonores qui se succèdent dans la chaîne parlée ne sont pas tous reliés entre eux de la même façon : ils sont plus ou moins intimement attachés les uns aux autres. Il y a donc des suites déléments présentant une grande cohésion, chaque suite étant moins intimement reliée à la précédente et à la suivante que ne le sont entre eux les éléments dune même suite. On observe ainsi des suites de suites, des suites de suites de suites, etc.
Dans un texte oral on peut isoler des segments, dont chacun est segmentable en segments plus courts, segmentables à leur tour, jusquà ce que lon arrive au son, que lon transcrit habituellement par un symbole de lalphabet phonétique et qui nest plus segmentable. Par exemple, la phrase :
Le petit ami de mon fils narrivera pas le lendemain de la distribution des prix par le train express de sept heures peut être dabord segmentée en groupes : le petit ami de mon fils // narrivera pas // le lendemain de la distribution des prix // par le train express de sept heures. Ensuite chaque groupe se divisera en un ou plusieurs mots phoniques.
le petit ami / de mon fils // narrivera pas // le lendemain, etc.
1.2 Unités syntagmatiques.
La phrase quil aura fallu dabord tirer dun contexte en le segmentant constitue le segment que lon trouve au premier échelon de lanalyse. Dans notre exemple, ce segment est une suite de groupes; le groupe, lui, est un segment que lon trouve au deuxième échelon et il constitue une suite de mots phoniques ; le mot phonique est le segment que lon trouve au troisième échelon de lanalyse et il constitue par exemple une suite de syllabes, etc. Tous ces segments aux différents échelons sont découpés le long de laxe temporel, qui est naturellement celui de la chaîne parlée. Nous appellerons unités syntagmatiques, les segments que nous aurons découverts ici à chaque niveau; par exemple : phrase, groupe, mot phonique.
1.3 Jonctions
Si nous avons pu faire la segmentation de la phrase de notre exemple à loreille, en écoutant un texte oral, cest que dans la chaîne sonore nous avons trouvé dabord certains repères nous indiquant en premier lieu la fin des phrases, puis la fin des groupes, la fin des mots phoniques, et ainsi de suite pour les différents échelons. Les limites, les frontières des unités syntagmatiques sont rendues par ces types de repère et cest cela quon appelle des jonctions. Il existe donc par exemple une jonction inter-phrase, une jonction inter-groupe, etc. Dans la section 11 nous avons représenté par / la jonction inter-mot phonique et par // la jonction intergroupe.
1.4 Manifestations des jonctions
Ce que nous avons appelé repères sonores, ce sont les manifestations des jonctions dans la langue orale. Elles concernent la prosodie, la coarticulation et le choix des variantes du signifiant. Nous allons étudier ces trois variétés plus loin. Disons tout de suite que le plus souvent les jonctions se manifestent par un mélange de deux ou trois variétés. Par exemple la jonction de fin de phrase est marquée par une descente de la voix (prosodie), mais aussi par linterdiction de liaison et denchaînement avec le mot qui suit (choix des variantes du signifiant).
Une même jonction peut être rendue selon le cas par des combinaisons sonores différentes et souvent très complexes ; une combinaison sonore peut rendre des jonctions sonores différentes. Cela entraîne parfois des synonymies et des homonymies, et rend très difficile létude des jonctions, tout comme létude de lorthographe est rendue difficile par des raisons analogues.
1.5 Manifestations prosodiques
Les moyens prosodiques concernent les variations de rythme, de hauteur musicale et dintensité. Ces trois facteurs combinés constituent lintonation au sens large. Mais cette ligne musicale est la résultante non seulement des jonctions différentes mais aussi des phénomènes qui sont extérieurs à la phrase proprement dite : expressivité, état desprit du locuteur, son origine géographique et sociale, etc.. Les structures prosodiques sajoutent en un même point de la chaîne donnant des composantes qui sont des structures spéciales. Par exemple une fin de phrase est également une fin de groupe de souffle et une fin de mot phonique. Laccent marquant en français la fin du mot phonique est produit surtout par une élévation du ton, mais à la fin de la phrase la combinaison des jonctions donne une note plus grave et non plus aiguë. Lexpressivité viendra à son tour modifier le contour musical de la fin de phrase : comparer une phrase neutre avec une variante exclamative, par exemple.
1.6 Manifestations articulatoires
La coarticulation concerne linfluence réciproque entre des éléments sonores voisins. Il est normal que dans les unités syntagmatiques à forte cohésion interne cette influence soit plus grande que dans les unités à cohésion moindre. Par exemple, deux sons voisins déteignent davantage sils appartiennent au même mot phonique quà deux mots phoniques différents. Limportance plus ou moins grande de phénomène de coarticulation entre deux sons peut donc indiquer la nature de la jonction qui les sépare.
Du point de vue des manifestations articulatoires le français est une langue assez contradictoire. Dune part, comme la tension articulatoire est très grande, que lon articule très énergiquement, les phonèmes conservent leur aspect sonore dun contexte à lautre beaucoup mieux que dans dautres langues à articulation plus relâchée (espagnol, anglais, portugais). Mais dautre part; le caractère très lié du français fait que les jonctions sont souvent faiblement marquées, et même instables, ce qui augmente la cohésion et facilite la coarticulation.
1.7 Manifestation par choix de variantes du signifiant
Le choix des variantes du signifiant a des aspects multiples. Selon la jonction qui suit ou précède, on choisira par exemple une forme pleine, pourvue ou non dune consonne ou dune voyelle finale, contenant telle voyelle ou telle autre, etc. Dans certains cas, on choisit entre des formes très différentes : /ból/ devant jonction intrasyuabique /bo/ devant jonction intersyllabique. Dans dautres cas, cest lapparition ou la disparition dun phonème : /ptit/, /l/ (intrasyllabique), /pEti/, /lE/ (intersyllabiques). Parfois il sagit seulement de substitutions de sons (allaphones) : /lElivr/ /lEmEzo^$/ sont prononcés [lelivÊ], [lómózo$] : cest le phénomène dharmonie vocalique qui ne se produit quà lintérieur dun mot phonique : la nature de la voyelle accentuée déterminant le timbre de la voyelle inaccentuée.
On voit que cela recouvre notamment tous les phénomènes délision, de liaison, denchaînement et de « e muet » qui ont une grande importance en français.
1.8 Jonctions et unités syntagmatiques
Nous avons vu que nous pouvons décrire les unités syntagmatiques en termes de jonction. Au lieu de parler de syllabes, nous pouvons parler de jonctions intersyllabiques en sous-entendant les mots ce qui est compris entre... Ou bien nous parlerons par exemple de jonctions intrasyllabiques sous-entendant alors tout ce qui nest pas séparé par des jonctions intersyllabiques.
Mais il convient maintenant de remarquer que toutes les unités du découpage de la section 11 sont des suites déléments sonores ; nous nous sommes basés uniquement sur le contour mélodique : / : montée du ton ; // : montée plus forte, etc. Nous aurions pu faire la même segmentation si la phrase de notre exemple avait été remplacée par une suite de lalala, comme quand on reproduit lair dune chanson dont on ne connaît pas les paroles.
Cette segmentation est nettement insuffisante pour rendre compte de ce qui se passe entre interlocuteurs, puisque tout ce qui touche de près ou de loin au sens en est absent.
1.9 Les unités syntagmatiques de la première articulation
Notre segmentation sonore est une segmentation de la deuxième articulation : groupements de phonèmes et prosodèmes rendus par des sons. Il nous faut une segmentation de première articulation : groupements de monèmes, le monème se définissant comme la plus petite suite ayant un sens.
Nous trouverons par exemple : le monème, le mot monémique (la racine avec ses affixes) : le petit ami, le syntagme fonctionnel nominal (le substantif avec ses déterminants et ses adjectifs), de mon fils, par le train express, le groupe fonctionnel nominal (la suite dun ou plusieurs ensembles ayant une même fonction dans la phrase) : te petit ami de mon fils, le lendemain de la distribution des prix, par le train express de sept heures. Il y a, de façon analogue, des syntagmes fonctionnels verbaux : narrivera pas, il ne voulait pas, le lui donner; et des groupes fonctionnels verbaux : il ne voulait pas le lui donner. Il y a des unités plus grandes : citons seulement la phrase, pour ne pas aborder le problème très compliqué des phrases complexes.
2 Réalisation des jonctions en français
2.1 Les articulations de lintonation
Les articulations sonores de la chaîne parlée nous permettent de délimiter en dehors du son et de la syllabe, les principales unités syntagmatiques suivantes : le mot phonique, caractérisé par un seul accent placé sur la dernière syllabe; le groupe rythmique, caractérisé par un accent plus fort sur son dernier mot phonique; lhémistiche, caractérisé par le sommet de la phrase, un accent encore plus fort sur le dernier mot phonique; la phrase phonique, caractérisée par un accent descendant sur son dernier mot phonique.
En reprenant lexemple de 11, nous aurons :
le petit ami/de mon fils///narrivera pas//le lendemain/de la distribution/des prix//par le train express/de sept heures////
2.2 Utilisation sémantique du sommet de la phrase
Le sommet de la phrase apparaît le plus souvent soit sur le groupe rythmique correspondant au groupe fonctionnel verbal, soit sur le groupe rythmique qui le précède. Autrement dit, normalement, lhémistiche contenant le groupe verbal commence ou finit par ce groupe.
Mais le déplacement de la jonction sommet de phrase est utilisé pour marquer des nuances particulières de mise en relief. Ceci signifie que la place de la jonction équivaut à une tournure morpho-syntaxique :
sommet après fils : il narrivera pas
sommet après pas : ce nest pas le lendemain... quil arrivera
sommet après prix : ce nest pas. par le train express... quil arrivera.
2.3 Mot phonique et mot monémique
Laccent qui marque la fin dun mot phonique est très faible en français et il peut même disparaître totalement, ce qui a pour conséquence de réunir deux mots phoniques en un seul. Cest ainsi que certains prononceraient le petit ami de mon fils en un seul mot phonique, et que dautres prononceraient en deux mots la distribution/des prix.
En fait, cela dépend en grande partie de la longueur des suites syntagmatiques en présence : on dit plutôt /la distribution des prix/ mais /la distribution/des récompenses/.
Cest pour ces raisons que ladjectif fait partie du même mot phonique que le substantif dans certains cas, et quil constitue, dans dautres, un mot phonique à lui tout seul ou avec les affixes du syntagme fonctionnel. à longueur égale, il semble quil y ait une plus grande tendance à lintégration quand ladjectif précède le substantif que quand il le suit.
Dans un syntagme fonctionnel nominal comprenant un adjectif il est pratique de considérer que le substantif et ladjectif constituent le noyau de deux mots monémiques, les affixes du syntagme sagglutinant au noyau le plus proche : pour-ces-belles femmes-là.
2.4 Non correspondance entre les unités de première et de deuxième articulation.
Nous avons vu que, selon le cas, le mot phonique correspond au syntagme fonctionnel nominal tout entier, au syntagme fonctionnel nominal sans ladjectif, à ladjectif seul, à ladjectif avec des déterminants, au substantif seul, au groupe fonctionnel, etc.
On dit : / cest une arme courte /, /notre petit garçon /; mais plutôt / cest une arme / défensive /, / notre extraordinaire / garçon /. Le jeu du e caduc met en évidence la présence de ces jonctions : le [E] tombe toujours à la fin dun mot phonique, mais seulement sous certaines conditions à lintérieur.
De plus, les limites phoniques et morphosyntaxiques ne coïncident pas toujours; les phénomènes denchaînement consonantique et de liaison amputent un mot monémique de sa dernière consonne pour la coller au début du monème suivant : ils partent en avion : [ilpaÊ tÔ$navjo$] : le [t] final ne forme quune seule syllabe avec la voyelle [Ô$]. On saperçoit de ce fait quand on hésite : il habite à lHôtel Impérial : [ilabi talOtó ... ló$peÊjal].
La fréquence de la non-correspondance entre les unités syntagmatiques de première et de deuxième articulation est une des caractéristiques du français. Ce phénomène contribue à rendre particulièrement difficile létude des jonctions à peine commencée pour notre langue, malgré lextraordinaire importance quelles y ont : e caduc, liaison, élision, enchaînement, harmonie vocalique, etc.
2.5 Homonymie
Il y a certes, dans la première articulation, dautres informations que les limites marquées par lintonation. Beaucoup de personnes distinguent : les toiles [lótwal] et létoile [letwal], ce qui correspond à la règle suivante : si le /E/ est initial de monème, il reste fermé; si non (sil est séparé par une jonction intermonémique), il y a harmonie vocalique : le /E/ est réalisé [ó] ou [e] selon la nature de la voyelle accentuée du monème principal.
Mais cette règle implique que la distinction est impossible dans les litres ~ lélitre prononcés tous deux [lelitÊ]. En effet, la voyelle [i] étant fermée, lharmonie vocalique commande un [e],
De plus cette règle ne concerne pas toutes les voyelles. Ainsi rien ne permet de distinguer : la blette, la belette, qui peuvent être prononcés tous deux [lablót].
2.6 Synonymie
Nous venons de voir des cas dhomonymie. Nous trouverons un phénomène de synonymie sans trop nous éloigner de notre exemple. La belette peut avoir deux prononciations : [lablót] et [labElót].
On a donc :
Quil sagisse dintonation, de caduc, de liaison, délision, denchaînement ou de tout autre repère sonore, il y a toujours des cas dhomonymie et de synonymie en français.
2.7 Jeux de mots
Ces ambiguïtés sont à la base dun grand nombre de jeux de mots auxquels la langue française se prête particulièrement. Comme beaucoup de repères sont faibles, comme on a souvent la possibilité de choisir entre deux solutions (par exemple pour fusionner deux mots phoniques), il suffit de distorsions minimes, souvent imperceptibles, et parfois nulles, pour provoquer des ambiguïtés intentionnellement.
Le célèbre
Gall // amant / de la reine // alla /// tour magnanime // galamment // de larène / à la Tour Magne // à Nîmes ////
peut être dit de façon à lever toutes les ambiguïtés. La reine et larène resteront identiques, mais le [E] de de a plus de chances dêtre supprimé dans la première ligne (intersyntagmatique) que dans la seconde (intergroupe) et tout le reste peut être nettement différencié par lintonation.
Dans le cas de faut / pacifier opposé à faut pas / sy fier, aucune distorsion nest nécessaire à la limite, les deux phrases pouvant être prononcées en un seul mot phonique, ce qui fait disparaître la jonction inter-mot phonique qui les distingue par sa place.
3 Quelques problèmes
3.1 Élision : règle phonologique
On donne généralement le nom délision aussi bien au remplacement de [lE] par [l] que de [la] par [l] et même de [si] par [s]. Par contre, on nappelle pas élision le remplacement de [bo] par [ból] ou de [vjø] par [vjój]. Cette habitude sexplique par linfluence de lorthographe : remplacement dune lettre par une apostrophe. En réalité nous avons dun côté la règle phonologique du e caduc, et de lautre le choix entre les allomorphes.
On ne choisit pas entre [lE] et [l], mais entre la prononciation et lamuïssement du e caduc en fin de monème préfixal. On peut dailleurs avoir [l] dans des cas où le monème suivant ne commence pas par voyelle : je vois le chien. La règle nest pas propre au monème /lE/ : elle sapplique aussi bien dans tous les monèmes préfixaux phonétiquement analogues par exemple pour /dE/.
3.2 Élision : allomorphes
Par contre la voyelle /a/ ne « disparaît » que dans larticle /la/ ou le pronom /la/; la voyelle /i/ ne « disparaît » que dans le monème préfixal /si/ et seulement quand son signifié exprime la condition ou linterrogation indirecte : on ne dit pas * il est sintelligent que... Il y a donc cinq monèmes préfixaux différents /la/ (article), /la/ (pronom), /si/ (condition), /si/ (interrogation) /si/ (quantitatif). Les deux premiers sont des homonymes parfaits avec deux variantes combinatoires /la/ et /l/. Les deux suivants sont également des homonymes parfaits avec les deux variantes /si/ et /s/; le dernier est toujours rendu par /si/ et nest que partiellement leur homonyme.
On choisit entre ces variantes combinatoires exactement comme on choisit entre /bo/ ou /vjõ/ et /ból/ ou /vjój/ : selon que le monème suivant commence ou non par une jonction intersyllabique. Mais avant de choisir, on doit faire appel au sens : [la] ne s« élide » pas sil sagit dun adverbe de lieu, [si] ne sélide pas sil sagit du quantitatif. De même on ne dit pas * [fól] à la place de [fo] ni * [blój] à la place de [blõ].
3.3 Liaison : choix entre allomorphes
Il nest pas davantage admissible de parler dapparition dune consonne en cas de liaison ni de sa disparition en cas de non-liaison. On peut dire il voit un chien mais non * il a-t-un chien, bien que les deux formes sans liaison finissent toutes deux par /Ô/. On ne peut pas dire non plus * il ma(te) le tigre sous prétexte quon dit il voit le tigre, et, devant voyelle * il ma(te) un tigre, il voit un tigre.
Certains monèmes ont deux allomorphes : /vwa/ et /vwat/ ou ladjectif masculin /pEti/ /pEtit/ ; dautres nen ont quun : /mat/ ou ladjectif féminin /pEtit/.
3.4 Les liaisons au pluriel
La marque du pluriel est un monème distinct qui a deux allomorphes /z/ et /0/ (zéro). Une suite de phonèmes telle que /duz/ peut correspondre :
1° à lunique allomorphe /duz/ du monème douze,
2° à lallomorphe /duz/ du monème doux,
3° à lallomorphe /du/ du monème doux suivi de lallomorphe /z/ du monème pluriel.
La distinction est importante. Le monème du pluriel étant un affixe nobéit pas exactement aux mêmes règles que le monème de base : on peut faire la liaison dans des paradis artificiels mais non dans un paradis artificiel. En effet devant artificiel on a le monème du pluriel dans le premier cas et non dans le second, et le choix est différent bien que lentourage phonique soit identique.
3.5 Jonctions intersyllabiques et intrasyllabiques
Les mots à initiale vocalique commencent soit par une jonction intersyllabique, soit par une jonction intrasyllabique. Quand on a le choix entre deux allomorphes, on choisit celui qui se termine par une voyelle dans le premier cas et celui qui se termine par une consonne dans le second.
Si lon met de côté le problème du e caduc qui obéit à des règles différentes comme nous lavons dit, élision (la, si) et liaison (voit, petit) sont deux aspects complémentaires dun même phénomène : lune exclut lautre.
Remarquons au passage limpropriété de lappellation h muet et h aspiré. Il ny a jamais de /h/ en tant que phonème, et lorthographe ne note pas toujours par une lettre la jonction intersyllabique, le onze, la une (page dun journal, scène dune pièce).
3.6 La question du e caduc
On discute beaucoup sur le statut pbonémique du e caduc. Pour beaucoup de linguistes ce nest pas un phonème, cest-à-dire que ce son ne serait que lappendice vocalique de certaines consonnes placées dans certaines conditions.
Sans prétendre résoudre ici ce problème théorique très ardu, on peut dire que ce qui intéresse la linguistique appliquée à lenseignement des langues, cest de savoir quand il est interdit de le prononcer, quand il est interdit de ne pas le prononcer, et, quand on peut rencontrer les deux prononciations (selon les régions de France, ou selon lentourage phonétique).
3.7 Zéro obligatoire, E obligatoire, et E caduc
Eh bien, il y a une infinité de cas où aucun e caduc ne peut « apparaître » : par exemple, entre le /b/ et le /l/ du mot blette. Sil sagissait dun simple appendice réglé par lentourage phonétique, on ne voit pas pourquoi on peut le trouver dans belette, dont le contexte phonique est identique.
Il y a des cas où il ne peut pas « disparaître » : /E/ suffixe : dis-le-moi, et dis-le, où il reçoit laccent de fin de mot phonique. Ce qui montre, au passage, que les jonctions limitant un suffixe ne sont pas forcément les mêmes que celles qui limitent un préfixe : tu le dis.
Enfin les cas où lon a vraiment affaire à un e caduc prononcé ou non, selon les contextes, ne se bornent pas à des mots qui notent un e dans lorthographe : ours blanc, film tchèque1.
3.8 Conclusion
Le problème des jonctions est extrêmement complexe en français, mais son étude a, dans notre langue, une importance exceptionnelle. Quand la question sera bien débrouillée, il sera sans doute possible dexpliquer un grand nombre de phénomènes de la langue orale en termes de fonctions dune façon beaucoup plus générale et beaucoup plus simple quils ne le sont actuellement, et surtout de donner une explication à un grand nombre de cas qui paraissent maintenant inexplicables, prétendues exceptions ou anomalies qui rentreront dans le rang.
On voit tout ce que la linguistique appliquée pourra tirer de ces recherches pour lenseignement du français. En attendant, il importe surtout dobserver les faits de la langue parlée avec impartialité et méthode, en se débarrassant de préjugés et didées reçues.
Pour cela il faut renoncer à enseigner le français que les Français devraient (?) parler pour se contenter de celui quils parlent et ne pas exiger pour une situation donnée que nos élèves utilisent un niveau de langue plus élevé que celui quils utiliseraient dans leur langue maternelle. Et surtout, surtout, il est absolument indispensable de balayer les confusions et les erreurs qui sont dues à linfluence de lorthographe.
Léon P.-R. Aspects phonostylistiques des niveaux de langue
(Le Français dans le Monde, n° 57, juin 1968)
Le même message peut être produit de façon souvent fort différente, et la phonostylistique traite essentiellement des multiples effets phoniques rendus possibles par la redondance. Bjour Msieur ressemble beaucoup à Bonjour Monsieur. Cependant la chute des deux syllabes, dans le premier cas, indique un degré de familiarité plus grand que dans le second et sans doute des circonstances différentes. Mais dans certains milieux ou dans certaines régions, le même effet sera produit par dautres moyens que celui des ellipses de lexemple précédent. D nous faut donc dabord un corpus homogène pour tenter de déceler toute variation phonostylistique. Nous écarterons pour cela le problème des accents régionaux1 ou sociaux, qui font partie de ce que Jean-Paul Vinay appelle en stylistique2 les servitudes de la langue laccent est contrainte. On le subit presque toujours inconsciemment et il est difficile de sen défaire. Il permet de reconnaître le plus souvent à leur insu un Marseillais dun Strasbourgeois, un paysan dun citadin... Au contraire, les faits de style qui retiendront notre attention concernent un choix plus ou moins volontaire entre plusieurs possibilités dont dispose très tôt le sujet parlant.
Dès la plus tendre enfance, on nous apprend à réagir à des stimuli verbaux qui correspondent à des situations bien déterminées. Si laccent dépend de lindividu, le style est le plus souvent déterminé par les circonstances. Après le milieu familial, cest lécole qui invite à la prise de conscience linguistique la plus nette. Cest là que se codifient dans un cadre social soudain élargi les réactions avec un public. On assiste à la naissance dune norme dans lesprit de lenfant, à partir dun certain nombre de patrons de comportement. On apprend à prononcer des e caducs et des liaisons jusqualors inconnus ou distribués différemment. On apprend le rituel intonatif des « beaux morceaux ». La récitation de la table de multiplication elle-même a un « air » que connaissent bien tous les écoliers (même si les mauvais élèves oublient parfois les « paroles » !). Parmi tous les tons de la classe, on trouve dabord celui de ladresse au maître, différent de ceux employés avec la famille ou avec les camarades. Selon Pierre Guiraud3, les rhéteurs grecs avaient coutume de classer les tons en trois catégories : le bas, le médiocre et le sublime. On pourra reprendre ces divisions élémentaires pour caractériser les aspects phonostylistiques modernes des niveaux de langue, avec les étiquettes suivantes : familier, moyen, recherché. Sans doute faudrait-il distinguer, outre les tons caractéristiques des niveaux de langue, les genres définis par lancienne rhétorique. Le message familier nest pas le même dans la bouche dun ouvrier parisien et dans celle dun acteur de la Comédie-Française disant des vers, si intime que soit la poésie récitée. Nous naborderons cette question que dans la mesure où elle nous permettra de mieux établir la limite entre les tons des différents niveaux que nous étudierons et le genre de tel ou tel message.
La norme et le niveau moyen
Acquise dès lécole primaire, la conscience dune norme va être maintenue par la coercition sociale et va caractériser le « bon ton » du niveau moyen. Toute faute est sanctionnée par le ridicule et les orthoépistes ont soigneusement édicté les règles à ne pas transgresser. Ces règles concernent presque toujours les faits darticulation et cela est très révélateur. En effet les déviations importantes des patrons rythmiques et intonatifs caractérisent surtout les deux catégories suivantes : 1) laccent régional; 2) les phénomènes expressifs, particulièrement dordre individuel, définis par leur fonction : poétique, incantatoire4, etc. Au contraire, les écarts dordre articulatoire, tout en sappliquant aussi aux deux catégories précédentes, sont probablement plus représentatifs des niveaux de prononciation. Il y a des gens à la diction claire et dautres qui « mangent » des voyelles, des consonnes ou même des syllabes. Le fait est encore plus évident dès quil sagit des éléments morphonologiques facultatifs tels que les liaisons et les e caducs. Enfin pour une langue comme le français où lorthographe ne représente plus guère que la façon de parler du XIIe siècle la prononciation de mots peu usités est le pont-aux-ânes où lon reconnaît les « lettrés ». Des mots comme gageure ou geôle sont les schibboleths du français moderne. Si lon ajoute à cela les pièges des h « aspirés » et la prononciation pleine dembûches des mots étrangers, on conçoit que lobservance des règles concernant larticulation et ses rapports avec la graphie reste à tort peut-être la préoccupation dominante des professeurs de diction. Cette norme orthoépique est dans son ensemble plus une abstraction, un idéal, auquel on se réfère mais qui se trouve rarement réalisé et sur lequel les sujets parlant sont loin de saccorder. Ainsi les orthoépistes condamnent-ils comme vulgaire la prononciation dun mot tel que hollandais articulé avec un l double. Pourtant on constate que dans un certain style « intellectuel », toutes les consonnes doubles tendent à être prononcées. On peut entendre Jean-Paul Sartre dire : « Jai été à la fois attiré et repoussé par le personnage de Flaubert, tel quil se présente, par exemple, dans ses lettres » (car Sartre réussit même la performance peu commune en français de créer une géminée à linitiale du mot « lettres »).
Malgré des désaccords de ce type souvent plus caractéristiques dun milieu ou dun genre que dun niveau de style et lespèce de mythe dun « parisien cultivé », il existe une prononciation « standard »5 dont le niveau moyen est grosso-modo représenté par les annonceurs et les interviewers de la radio. Il est dusage den dire beaucoup de mal; certains sont prétentieux, dautres commettent des fautes, ou ont des tics professionnels ils détachent, par exemple, les mots en les faisant précéder dun coup de glotte à fonction démarcative ou expressive6. Mais on doit reconnaître que, dans lensemble, leur prononciation reflète lusage moyen, sans recherche (pour plaire au grand public) et sans familiarité excessive (à cause du micro). De toute façon, cest le modèle proposé à longueur de journée à des millions de Français et cest celui qui a le plus de chance de triompher un jour.
Si lon doit caractériser en quelques lignes le style de ce niveau moyen de la prononciation, on peut dire que : 1° Les règles orthoépiques du double timbre des voyelles sont observées pour les syllabes accentuées, mais les différences sont très atténuées, voire inexistantes, en position inaccentuée; e, eu, a deviennent moyens (ou antérieur pour a), comme dans maison, cueillir, passion; les différences restent un peu plus notables pour les o inaccentués du type coté/côté, sans doute à cause de quelques couples doppositions phonologiques de la même série. 2° La tendance est à supprimer spontanément beaucoup de liaisons facultatives et de caducs. 3° Larticulation garde une tension suffisante pour que les timbres soient perçus avec netteté. 4° Le rythme est caractérisé, dune part par légalité des syllabes inaccentuées avec une tendance à lallongement des syllabes à mesure que lon approche de la finale accentuée (qui est, elle, nettement plus longue que les autres); dautre part, par une distribution irrégulière du nombre de syllabes dans les groupes rythmiques. Ainsi dans cette phrase extraite dune interview à la radio : « Le premier but (4)/ que nous r(e)cherchons (4)/ cest (l)/... euh (l)..y daménager les horaires (7)/ de façon à c(e) que l(e) consommateur (9)/ ait euh (2).../ le plus d(e) facilités possibles (8)/ pour consommer justement (7), pour faire ses achats (5) »/. 5° Lintonation est caractérisée par un registre moyen utilisant, en gros, quatre niveaux7 pour exprimer continuité (23), finalité (21), interrogation (34) et commandement (41) niveaux auxquels on peut ajouter une foule de nuances émotionnelles ou simplement démarcatives. Voici, par exemple, quelques schémas dun type courant, extraits de la même interview à la radio :
niveau 4 tier ?
3 tez le quar
2 Mais vous habi-
1
4
3
2 Non, Mon-
1 sieur.
4
3 vaille
2 Mais je tra dans le quar
1 tier.
On verra sans doute mieux apparaître les caractéristiques du ton du niveau moyen lorsquon aura examiné les tons de deux autres niveaux.
Le niveau familier
Le niveau familier caractérise un ton employé avec la famille, les amis intimes, les camarades de travail. Il reflète un état spontané, détendu, et une absence dautocontrôle. On observera quà ce niveau la langue évolue entre plusieurs pôles dattraction dont certains ont été définis par Henri Frei dans sa Grammaire des fautes8. Les deux plus importants sont sans doute le besoin de brièveté et le besoin dexpressivité. Dans le premier cas, on retrouve la loi bien connue du moindre effort. Il sagit ou bien daller plus vite ou darticuler avec le maximum déconomie. Le résultat le plus frappant est lellipse de phonèmes ou syllabes. Frei en a donné une liste intéressante pour le français parlé. Malheureusement cette liste est hétérogène; elle ne tient compte ni des régionalismes ni des archaïsmes, ni des facteurs sociaux. Il est évident que lamuïssement du b dans obstiné, prononcé [Ostine], caractérise non seulement un style familier mais encore un genre vulgaire, alors que la chute du [õ] et du [r] de peut-être ne choque aucune personne cultivée dans une conversation familière. Si le principe du ton familier reste le même dans ce cas, sa réalisation dépend du milieu social envisagé ou, plus encore, du degré de culture. Il y a des limites que la convention interdit de franchir. Voici, à titre dexemple, quelques amuïssements signalés par Frei, qui appartiennent au familier du genre vulgaire : se(p)tembre, o(b)scur, cataplas(m)e, rhumatis(m)e, augus(t)e, a(v)oir, cte femme, meub(l)e... Par contre, bon nombre de Français cultivés seraient fort surpris dentendre au magnétophone les enregistrements de leurs conversations de tous les jours. Ils découvriraient ainsi des : p(eu)t-êt(r)e, quat(r)e francs, e(lle) vient, e(lle)s ont, i(l)s ont, y en a p(1)us, quelque chose, çui-là, j(l)ui dirai, eh ben, m(on)sieur, p(u)is... Personne naccusera jamais Albert Camus de vulgarité dans linterview suivante; on reconnaîtra tout simplement le ton du causeur. La transcription dun passage de son texte, pris au hasard, donne ceci : « Y a des raisons pour lesquelles il nest pas rebuté, cest que... il est surpris et heureusement surpris par cet aspect humoristique, pisqui sattendait en effet à une chose sombre et déchirée et quil est amené par les moyens de lhumour et de lironie à digérer beaucoup plus facilement la pièce... Je vais beaucoup au théât... » On constate que le nombre des altérations morphonologiques est relativement peu élevé et cest là un autre critère qui permet de faire la séparation pour le ton familier entre le genre cultivé et le vulgaire. Un bon exemple de ce dernier est fourni par Madeleine Renaud jouant le personnage de Madame Sans-Gêne : « Ah, jpeux ben ldire, à ctheure, que cest loin dnous tout ça, jconnaissais pas encore Lefè(bv)re et jvous trouvais flèrmient dmon goût.
Non vraiment ?
Ah ben on a beau êt honnêt fille, on sent ben qu cest pas la peine dét jolie pour soi-seule. Ah ben, jaurais ben aimé lêt pour vous aussi... » Non seulement on trouve un grand nombre damuïssements y compris ceux normaux des e caducs que la suppression graphique fait ressortir ici , mais ils sont encore mis en relief par le besoin dexpressivité, qui se manifeste, dans le texte parlé, par lexubérance de laccentuation. Au contraire, lorsque Camus dit, par exemple, [piski] au lieu de puisquil, il le fait en articulant à mi-voix, très légèrement et vite. Et personne, sauf le spécialiste (déformé professionnellement !) ne sen aperçoit.
Il faut encore signaler la tendance bien connue à supprimer un très grand nombre de liaisons; en particulier celles après les verbes auxiliaires ou semi-auxiliaires comme dans jy sui(s) allé, je vai(s) aller, je voudrai(s) aller. On constate une nette tendance à désamalgamer les « groupes figés » en supprimant une liaison autrefois caractéristique de la cohésion syntagmatique. On entend ainsi fréquemment sans liaison : de plu(s) en plus, de moin(s) en moins, de mieu(x) en mieux, Pont(s) et Chaussées, Art(s) et Métiers, avan(t)-hier, de hau(t) en bas, rie(n) à dire... La disparition de telles liaisons pourrait, en partie, sexpliquer par la tendance à laccentuation expressive du style familier. Cette accentuation paraît augmenter à mesure que le style familier tombe dans le genre populaire. Cest une des caractéristiques de la classe ouvrière à Paris.
Les pauses et les phénomènes dhésitation semblent également très caractéristiques du ton familier. Il est important de distinguer alors entre les pauses des jonctures démarcatives qui caractérisent un type de message contrôlé, valable à tous les niveaux dexpression parlée et les pauses involontaires de lhésitation9. Les pauses involontaires sont presque toujours comblées par des éléments de remplissage dont le euh représente plus de la moitié des occurrences. Contrairement à ce quon pourrait penser, ces hésitations apparaissent selon une distribution non aléatoire qui dépend dune part dun facteur linguistique, la quantité dinformation du mot précédent et du mot suivant10 et dautre part de conditions psychologiques caractéristiques de chaque individu11. Tel locuteur distribuera des euh toutes les trois secondes, tel autre toutes les dix secondes, mais toutes conditions linguistiques égales par ailleurs, le patron rythmique tend à rester identique pour chacun deux. (Dans un style plus recherché, le « euh » dhésitation peut devenir plus aléatoire; il dépend surtout alors de la maîtrise du locuteur, de sa faculté à se contrôler.) Dans le parler familier, en dehors du euh on rencontre des mots dappui dune syllabe (bien, bon, donc) ou des polysyllabes (alors, enfin, par exemple), souvent considérablement altérés. Le degré daltération augmente avec celui de familiarité; ainsi bien devient ben, mais alors « malor », mais enfin « menfin », cest-à-dire « stadire »... La spontanéité du niveau phonique familier est encore marquée par lallongement dhésitation. Le locuteur qui cherche à formuler une pensée hésitante traîne sur les mots. Ce sont presque toujours des monosyllabes à fonction grammaticale, que lon rencontre, pour la plupart, en tête de la liste de fréquence du français fondamental12. On trouve et (pour plus de la moitié des cas), je, il, la, à, le, on, un, que, qui, en, pour, du, de, nous... Si le mot se termine par une consonne on entendra presque toujours une détente, prolongée par un e caduc qui peut durer fort longtemps13. Quant aux effets de rythme et dintonation, ils semblent avoir une fonction surtout expressive, qui nest pas spécifique du niveau familier. La fréquence des changements intonatifs due surtout aux accents dinsistance est probablement plus caractéristique du niveau familier que la nature du patron mélodique lui-même.
Le niveau recherché
Le niveau recherché est caractérisé par un ton soutenu employé en public. Il suppose un auditoire critique envers lequel on use généralement de procédés appellatifs selon la terminologie de Trubetzkoy14. On fait appel à lattention de lauditoire pour le convaincre ou le toucher, par exemple. Le style de ce niveau reflète alors de multiples préoccupations quon pourrait ranger sous deux rubriques grossières : soit un besoin de clarté, soit un besoin dexpressivité. Dans un cas comme dans lautre, il sagit presque toujours de phénomènes de renforcement.
1° On articule pour atteindre au maximum de distinction entre les phonèmes. Cest là que toutes les règles des orthoépistes, même celles qui concernent le double timbre des voyelles inaccentuées, ont le plus de chance dêtre respectées. Les e caducs sont prononcés en plus grand nombre; non seulement pour accentuer les effets de redondance mais aussi parce quest réalisé alors un patron linguistique inhabituel, proche de la forme écrite toujours considérée comme une sorte didéal. Cest sans doute cette attirance magique de la graphie qui amène la prononciation des consonnes doubles dans le style « intellectuel » évoqué plus haut. La même influence, probablement, fait augmenter le nombre des liaisons. Plus elles sont inhabituelles, plus elles paraissent belles. Le maximum dartifice est atteint dans le genre de la diction poétique conventionnelle.
2° Le rythme peut jouer ici un rôle dont limportance varie selon le genre abordé. On constate ainsi, lorsque le style parlé devient lyrique, la tendance à retrouver un patron rythmique isochronique. André Malraux lisant Les Voix du Silence redécoupe son texte en trois grandes parties quil divise en sept groupes rythmiques chacune : « Sans doute,/ un jour/ devant/ les étendues/ arides/ ou reconquises/ par la forêt// nul/ ne devinera plus/ ce que lhomme/ avait imposé/ dintelligence/ aux formes/ de la terre// en dressant/ les pierres/ de Florence/ dans le grand/ balancement/ des oliviers/ toscans//. » Cest ainsi également que le président de Gaulle distribue ses accents de manière à créer un grand nombre de groupes ternaires, lorsquil prononce des discours solennels. Mais le besoin dexpressivité oratoire est bien différent de celui de la poésie et de Gaulle brise rapidement le rythme établi en usant de tous les artifices permis par le genre : pauses, fausses coupures, amalgames inattendus, etc., comme dans lextrait suivant : « Cest dans la/ légalité, que/ moi-même et mon/ gouvernement, avons(z) assumé, avons/ assumé le mandat exceptionnel détablir un projet de/ constitution/ nouvelle et de le/ soumettre à la décision du peuple. » On notera que de Gaulle a dabord cédé à la tendance la plus forte du style recherché, qui est de faire le maximum de liaisons; il a dit : avons(z) assumé. Mais lintention oratoire a repris le dessus et les mêmes mots sont reprononcés avec lintention de briser lamalgame syntagmatique; le second mot est alors précédé dun coup de glotte et la liaison disparaît ; avons/ assumé.
3° Lintonation joue souvent un grand rôle à ce niveau où tout est recherche. Il peut sagir dune exagération de la fonction distinctive par une augmentation des différenciations mélodiques; mais il peut aussi bien sagir deffets de contrastes purs et simples à fonction « esthétique»15 16. Henry Sweet avait déjà signalé17 que dans le discours « plus les écarts mélodiques sont importants, plus le ton devient emphatique ». La question nest pas entièrement résolue, mais il nest pas douteux que le degré zéro de lintonation lintonation « plane » peut par un effet inverse du précédent avoir une fonction stylistique indiquant une recherche (diction à la Apollinaire, Mallarmé, Valéry, Malraux...). Si le diseur veut produire un effet, il joue alors sur les éléments rythmiques. Dans le passage des Voix du Silence, cité précédemment, on constate quà une intonation plane correspond une exagération de la durée des syllabes accentuées. Voici le découpage syllabique du début du texte avec indication des durées en centièmes de seconde :
Sans doute un jour/ (pause-182)
40 47 26 70
de vant le(s) (z)é ten dues (z)a rides/ (pause-218)...
17 33 20
Dans ce début de période, où les différences mélodiques sont minimes, on voit que toutes les syllabes ont une moyenne (36 cs) dà peu près le double de celle de la conversation familière et que les syllabes des deux accents principaux jour et rides sont augmentées dans un rapport analogue.
Il serait vain de vouloir cataloguer ici tous les procédés qui sappliquent à tous les genres du niveau recherché. La caractéristique essentielle semble bien être un contrôle de la parole plus grand quaux autres niveaux, avec pour résultat une plus grande part dartifice.
Niveaux de langue et congruence du style
Hall18 rappelle, avec juste raison, quun patron de comportement verbal ou autre na de sens quanalysé au même niveau. Dès quil y a interférence, entre deux groupes sociaux, par exemple, on voit se produire des associations hétérogènes; la congruence du patron linguistique est détruite. La littérature de la comédie de boulevard offre de nombreux exemples amusants de ce type de non-congruence. Ainsi dans Jean de La Lune, Michel Simon jouant le rôle dun personnage populaire dit : meub au lieu de meubles (prononciation vulgaire), y avait pas au lieu de il ny avait pas (prononciation au moins familière), mais pour paraître distingué il fait une liaison (interdite) ce qui donne ceci : « Alors hier, y avait pas dmeub z ici. » Le tout prononcé avec une intonation faubourienne produit un effet des plus cocasses. Ces mêmes effets de non-congruence ont été également utilisés avec un rare bonheur par Raymond Queneau, avec transposition graphique du procédé (en particulier pour Zazie dans le métro19).
Tout cela complique évidemment le problème, dautant plus que la langue hors des cas limites que nous venons dévoquer tolère dimportantes zones dinterférences entre des catégories subtiles. Nous avons vu comment les questions de genre et de niveau se mélangent sans cesse et rendent malaisée la caractérisation des tons par rapport aux types de message. Si chacun des niveaux définis a pu être caractérisé grosso-modo, il nen reste pas moins vrai quun même indice phonostylistique peut être un signifiant bien différent selon le contexte. Ainsi le relâchement articulatoire, généralement caractéristique du niveau familier, peut aussi bien être lindice du parler chic dun snob, sil accompagne dautres traits particuliers à ce type social. Une ligne mélodique plane révèle soit un caractère amorphe, soit un ton moyen, soit un message poétique; tout dépend des autres traits phonostylistiques du message exprimé. Tout décodage suppose alors une connaissance profonde des multiples combinaisons possibles. Pour un étranger cela peut être un jeu auquel il faut beaucoup de patience et de prudence. Quand on en a compris les règles, il est aussi délicat de les appliquer que dapprendre à manier tout autre patron de comportement, tel celui du tutoiement ou celui du rite dun repas à la française. Et lon oublie trop souvent que bien parler une langue, cest sentir là aussi, à chaque instant, la congruence des patrons utilisés.
Bibliographie
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19. LÉON (P.) : Phonétisme, graphisme et zazisme, dans Études de linguistique appliquée, n° 2, 1962, pp 7084.
Delattre P. Lintonation par les oppositions
(Le Français dans le Monde, n° 64, avrilmai 1969)
Nous nous proposons détudier ici la fonction significative et la forme mélodique des principales courbes dintonation du français au moyen doppositions de sens reposant sur la seule intonation. En nous limitant à lanalyse des dix modes dexpression qui, daprès des statistiques récentes, font le plus fréquemment usage de lintonation, nous éviterons de tomber dans les complications de représentation mélodique que pourrait entraîner une analyse théorique de toutes les courbes possibles.
On sait que la technique des oppositions de sens basées sur la substitution dun seul segment est celle qui permet le plus sûrement de dégager les phonèmes segmentaux dune langue. Si lon peut établir des contrastes de sens comme sire, sur, sourd; serre, sur, sort; ses, ceux, sot; là, las; lin, lun, lent, long; port, tort, corps; bras, drap, gras; café, cassé, caché; cave, case, cage; hameau, anneau, agneau; miette, muette, mouette; long, rond, en substituant un seul segment pour passer dun mot à un autre, les plus petites unités significatives capables de changer le sens des mots au niveau segmentai apparaissent clairement. La même technique peut sappliquer à lintonation. Les courbes les plus significatives se dégagent clairement lorsquon établit des oppositions de sens basées sur la substitution dune seule courbe. On peut le démontrer par des oppositions comme les suivantes où la substitution de courbes dintonation porte uniquement sur le mot maman, le reste du message gardant une intonation fixe, et le message total conservant invariablement les mêmes phonèmes segmentaux : /kóskO$napurlEdine mama$/.
Dans le premier exemple, lintonation de parenthèse qui recouvre le mot maman fait comprendre que linterrogation sadresse à une mère, et que cest à cette mère quun de ses fils demande ce quil y aura à manger au dîner.
Dans le second exemple, lintonation de question qui recouvre maman modifie radicalement le message, qui prend alors un sens saugrenu : on peut supposer que les deux fils dun ogre sont en train de parler de leur mère et que lun demande à lautre si cest elle quils vont manger au dîner.
Dans le troisième exemple, lintonation de finalité qui recouvre maman fournit une réponse affirmative à la question du deuxième exemple. On peut supposer que lun des fils dogre demande ce quil y aura à manger au dîner et que lautre, sur le mode saugrenu du deuxième exemple, répond sans hésiter quils mangeront leur mère.
Dans le quatrième exemple, la situation est la même que dans le troisième, mais lintonation dimplication qui recouvre maman nest plus brutalement affirmative; elle est douteuse et pleine de sous-entendus quon pourrait rendre explicites en complétant la pensée du locuteur par : on va manger maman, naturellement; maman, bien entendu; maman, que veux-tu (regrets); maman, cette fois-ci (cest son tour). Ce qui est implicite dans la réponse du second fils nest pas absolument clair pour celui qui lit le conte de fées où cette phrase apparaît, mais ce peut être clair pour le premier fils, une entente tacite étant établie entre les deux fils du seul fait que lintonation dimplication est choisie.
Le sens donné au message par les diverses courbes dintonation qui recouvrent maman nest pas nécessairement unique; il peut varier dans certaines limites, il peut comporter des nuances, il peut dépendre de ce qui précède et suit. Ce qui importe, cest quil est nettement différent dans chacun des quatre exemples. La courbe a donc, par substitution, une fonction distinctive du même genre que le phonème segmentai qui, par substitution, change ami en habit.
Nous disons bien « du même genre » et non « au même titre », car, linguistiquement parlant, la courbe prosodique ne se comporte pas exactement comme le phonème segmentai. Comme la fort sagement montré André Martinet, entre deux courbes nettement distinctes par leurs formes et par leurs effets, il existe une infinité de variations acoustiques qui tendent à exprimer une infinité de nuances de sens, tandis quentre deux phonèmes segmentaux comme /m/ et /b/, les variations acoustiques sont perçues dune manière catégorielle elles sont toujours perçues soit comme /m/ soit comme /b/; entre ami et habit il ny a pas de nuances de sens attribuables à une variation phonétique du /m/ ou du /b/
La relation du phonème /m/ aux allophones de /m/ ne semble donc pas être valable dans le cas des courbes dintonation : si on parle dintonèmes pour ces courbes, les allotones dun intonème nont pas nécessairement avec leur intonème la même relation que les allophones avec leur phonème. Et pourtant, il se trouve, dans les exemples que nous étudierons plus loin, un cas (exemples 21 et 22) où deux courbes, acoustiquement différentes, sont en distribution complémentaire, comme pourraient lêtre deux allophones ou allomorphes. Les variations acoustiques de ces courbes sont conditionnées par ce qui les précède et leur fonction significative est la même.
Les intonèmes diffèrent encore des phonèmes en ce qui concerne le sens inné. Par définition, le phonème na pas de sens en lui-même; cest le morphème qui est le plus petit segment portant un sens. Le phonème est seulement le plus petit segment capable de changer le sens dun morphème par substitution. Or lintonème nest pas absolument vide de sens en lui-même la seule mélodie ascendante dune question peut évoquer lidée de question sans recouvrir une chaîne de phonèmes segmentaux portant un sens. Lintonème a donc une certaine affinité avec le morphème. Mais il nest ni phonème ni morphème; il a ses propres lois. Sil est vrai que deux courbes différentes peuvent être en distribution complémentaire et avoir la même fonction significative (exemples 21 et 22), linverse est juste aussi : une courbe peut changer de fonction significative selon la syntaxe de ce quelle recouvre. Appliquée à une déclaration comme Vous sortez, la courbe de question transforme la déclaration en question. Mais appliquée à un commandement comme Sortez, la courbe de question nexprime plus la question autant que lindignation de celui qui vient de recevoir lordre de sortir.
Mais retournons à laspect positif de lintonème et de son analogie avec le phonème. On sait que les phonèmes se distinguent les uns des autres par leurs traits pertinents /y/ se distingue de /i/ par le seul arrondissement, et de /ó$/ par larrondissement, laperture et la nasalité; /t/ se distingue de /d/ par le seul voisement, et de /m/ par le voisement, la nasalité et le lieu darticulation. De même, il est possible que les courbes dintonation se distinguent entre elles par des traits pertinents tels que : montée contre descente, montée mineure contre montée majeure, pente croissante contre pente décroissante, ce qui peut aussi sexprimer par la notion de terminal, la courbe se terminant en montée, en descente ou en plateau. Mais les traits pertinents de lintonation ne ressortent pas aussi clairement que ceux des phonèmes segmentaux. Ainsi les quatre niveaux que nous utilisons dans nos exemples ne sont que des points de repère pratiques pour un nombre limité de courbes; ils ne suffiraient pas à représenter toutes les courbes dune langue donnée.
Ces quelques réserves étant faites, tant sur lanalogie entre le phonème et lintonème que sur lexistence et la nature des traits pertinents dintonation, il nen reste pas moins que la technique des oppositions par substitution dune seule courbe est celle qui permet le mieux de saisir la fonction significative de lintonation, et que la représentation schématique des formes mélodiques au moyen de quatre niveaux a une valeur pédagogique indéniable tant quon se limite à lanalyse des courbes les plus claires et les plus fréquentes, comme nous proposons de le faire ici. Ainsi que nous lavons dit au début, nous procéderons par paires de messages dans lesquelles lopposition de sens reposera sur la modification dune seule courbe dintonation, lautre (ou les autres) restant fixe et le contenu phonémique segmentai restant exactement le même pour les deux messages.
Finalité / commandement
La première paire dexemples oppose la finalité au commandement (exemples 5 et 6).
Cette paire nous permet dès labord détablir les quatre niveaux pratiques et relatifs quon utilisera pour représenter toutes les autres courbes.
La première chose à faire entendre à létudiant est que dans les deux messages (5 et 6) la mélodie du premier élément monte et celle du second descend. Ensuite létudiant doit se rendre compte que la courbe qui recouvre Anne-Marie peut être la même dans les deux cas, et que seule la courbe de va travailler diffère. Enfin il faut spécifier la différence entre les deux va travailler en se servant dun même point de référence : la fin de la montée Anne-Marie. En essayant dattaquer va à différents niveaux relativement à -rie, il apparaît clairement que tant que la hauteur musicale de va est proche de celle de -rie, le sens est ambigu. Pour exprimer la finalité sans ambiguïté, il faut que va commence plus bas que -rie, donc à un niveau au-dessus de -rie, et comme va travailler descend, -iller aboutit à deux niveaux au-dessous de -rie. Par contre, pour exprimer le commandement sans ambiguïté, il faut que va attaque sa descente nettement plus haut que -rie, donc à un niveau au-dessus de -rie. Voilà donc quatre niveaux détablis celui de -rie, un en dessus et deux en dessous. Lopposition finalité/commandement semble donc exiger quatre niveaux et dans les exemples 5 et 6 elle se présente de la manière suivante sur le plan relatif :
Finalité : (23), 2-1
Commandement : (23), 4-1
Laboutissement de la pente de commandement au niveau 1 ne sétablit pas par une opposition phonologique mais seulement par comparaison phonétique avec la courbe de finalité sur les spectrogrammes, le commandement descend généralement aussi bas que la finalité.
Finalité / interrogation
(Nous employons le terme « interrogation » pour les questions descendantes, ou questions dinformation, lesquelles commencent normalement par un mot interrogatif.)
Le raisonnement qui vient de dégager quatre niveaux relatifs peut sappliquer identiquement à lopposition des exemples 7 et 8, et il produit le même résultat.
Syntactiquement, cest une opposition entre linterrogation indirecte et linterrogation directe. En labsence du texte écrit, cette opposition ne peut se faire comprendre que par la différence des courbes dintonation. Pour exprimer la finalité sans ambiguïté il faut que qui commence une descente à un niveau au-dessous de -mande, et pour exprimer linterrogation, il faut au contraire que qui commence une descente nettement au-dessus de -mande, ce qui exige quatre niveaux relatifs. Comme dans le cas de la courbe de commandement, laboutissement de la descente dinterrogation au niveau 1 sétablit non par lopposition phonologique mais par la comparaison phonétique.
Finalité / exclamation
Le raisonnement de lopposition 5/6 peut encore sétendre à lopposition des exemples 9 et 10.
Pour que quel scandale soit entendu comme une exclamation, il faut que quel attaque la descente plus haut que dit, donc au niveau 4. Comme pour le commandement et linterrogation la fin de la descente dexclamation ne peut pas sétablir par opposition phonologique mais seulement par comparaison phonétique sur les enregistrements spectrographiques de la courbe de fréquence.
Commandement interrogation exclamation
Nous venons dobtenir trois courbes descendantes allant du niveau 4 au niveau 1, et nous avons établi quelles étaient toutes trois distinctives par opposition à la courbe 21 de finalité. Mais ces trois courbes sont-elles distinctives entre elles ?
Pour pouvoir répondre objectivement à cette question, nous avons soumis ces courbes à deux sortes dépreuves : dabord un filtrage électronique qui obscurcit les différences segmentâtes et ne laisse passer que le fondamental, ce qui ne fait entendre que la mélodie, sans les mots; ensuite en faisant revêtir à ces trois courbes les mêmes phonèmes segmentaux /kóltO$b/ et en demandant à des sujets français sils comprenaient le commandement Quelle tombe, linterrogation Quelle tombe ? ou lexclamation Quelle tombe !
Les tests ont donné des résultats négatifs dans les deux cas. Les sujets dexpérience qui nétaient pas spécialistes de phonétique ou de linguistique nont pas pu distinguer régulièrement le commandement de linterrogation ou de lexclamation par le seul moyen des différences de courbe. On doit donc conclure que ces trois courbes appartiennent au même intonème, lintonème 41.
Et pourtant ces trois courbes diffèrent considérablement les unes des autres quand on les examine sur spectrogrammes. Ces différences sont suggérées par les schémas des exemples 6, 8 et 10. Linterrogation tend à descendre dès le départ et à faire un palier au bas de la descente. Lexclamation tend au contraire à faire un palier avant de descendre. Et le commandement est intermédiaire, ne faisant de palier ni au haut ni au bas de la descente.
Ces différences ne sont pas très accusées peut-être parce que lintonation de ces trois modes dexpression est en grande partie redondante. On peut supposer que, la syntaxe et le lexique se chargeant généralement de distinguer ces trois modes dexpression entre eux, lintonation na pas étendu son pouvoir distinctif autant quelle aurait pu le faire. Par exemple, la syntaxe du commandement peut se distinguer de celle de linterrogation par labsence ou la présence dun terme interrogatif : Mangez. Comment manger ? Qui mangeait ? Signez-vous. Que signez-vous ? Comment signez-vous ? Et lexclamation se distingue souvent de linterrogation par le seul lexique : Quelle page ? naurait pas beaucoup plus de chance dêtre pris pour une exclamation que Quelle horreur ! dêtre pris pour une interrogation. (Mais lopposé aurait aussi pu se produire : il nest pas exclu que les différences syntactiques se soient formées ou accentuées du fait que la distinction par lintonation était difficile.)
Continuation mineure / continuation majeure
Les exemples 11 et 12 sont faits pour indiquer que la montée de continuation (que nous avons déjà rencontrée dans les exemples 5 à 10) offre deux degrés de montée et que ces deux degrés sont distinctifs. Mais il nest pas possible de démontrer cette distinction par une opposition directe, comme dans les exemples précédents, et il faut avoir recours à une opposition croisée :
On voit quen intervertissant la place des courbes, on change radicalement le sens de la phrase. En faisant monter le second groupe de sens plus haut que le premier, cest-à-dire au niveau 4 (exemple 11), on fait entendre que cest en Espagne, et non en France ou ailleurs, que la vente du château a eu lieu, château qui pourrait fort bien se trouver en France ou ailleurs. Au contraire, en faisant monter le premier groupe de sens plus haut que le second (exemple 12), on fait comprendre que le château quil a vendu est celui quil possède en Espagne et pas un autre, et on passe sous silence le lieu de la vente.
La continuation sexprime donc au moyen de deux intonèmes différents : lun, décrit par les niveaux 23, quon appellera continuation mineure et lautre, décrit par les niveaux 24, quon appellera continuation majeure.
Ce dernier intonème a pour rôle essentiel de réunir plusieurs petites unités de sens en une grande unité. Les constructions « en échelon » comme celles qui suivent, font bien sentir ce rôle :
Puisque les Durant (3) sont arrivés, (4) invite-les.
Puisque les Durant (3) sont arrivés (3) avant la nuit, (4) invite-les.
Puisque les Durant (3) sont arrivés (3) avant la nuit (3) sans leurs enfants, (4) invite-les.
Cest naturellement la courbe de continuation majeure qui sépare une longue phrase en ses constituants immédiats.
Les exemples 13 et 14 ne présentent pas dopposition mais seulement une variante (pointillée) de lintonème de continuation mineure. Ils illustrent le fait que, lorsque la continuation mineure précède la continuation majeure, sa courbe peut descendre (Si les prix de 14) aussi bien que monter (Si les prix de 13).
Cet allotone est dans un sens une variante libre, puisque sa forme ne dépend pas de ce qui précède ou suit, et dans un autre sens une variante conditionnée, puisquil na pas la possibilité de se produire devant une courbe descendante. Daprès nos statistiques, la forme descendante de la continuation mineure semploie seulement dans 10 à 20 pour cent des cas, et dans le seul but de briser la monotonie, semble-t-il.
Finalité / question
Les exemples 15 et 16 opposent la courbe descendante de la finalité à la courbe ascendante de la question à laquelle il faut répondre par oui ou par non.
Pour que la phrase soit comprise comme une question, il ne suffit pas quelle monte, il ne suffit même pas quelle monte au niveau 4, cest-à-dire à un degré plus haut que le niveau 3 de (ven)du, il faut en plus que cette montée prenne une forme particulière que nous appellerons montée « à pente croissante » par opposition à la montée de continuation majeure qui est « à pente décroissante » (montent encore, dans les exemples 13 et 14). Cette différence de pente entre la continuation majeure et la question ne peut pas se démontrer par des oppositions la continuation majeure ne se trouve que devant la continuation mineure ou la finalité, tandis que la question ne se trouve que devant la pause ou la parenthèse ,mais elle peut se démontrer en observant quelle courbe doit nécessairement suivre selon quon substitue une courbe de continuation majeure ou une courbe de question. Ainsi lorsque, dans lexemple 11, Il a vendu son château en Espagne, on donne à son château une pente croissante, ce qui en fait une question, on est obligé de prononcer en Espagne sur le ton dune parenthèse élevée. Au contraire, si lon donne à son château une pente décroissante, ce qui en fait une continuation majeure, on peut dire en Espagne sur le ton dune finalité. Ainsi les courbes de question et de continuation majeure ne se décrivent pas uniquement par leur sens (montée) et leurs niveaux (24) qui sont les mêmes , mais, de plus, par la forme croissante ou décroissante de leur pente. Cette pente est croissante pour la question et décroissante pour la continuation majeure.
Finalité / implication
Les exemples 17 et 18 opposent à la finalité une troisième forme de montée au niveau 4, laquelle ne se confond ni avec la montée de question, ni avec la montée de continuation majeure. Cest la courbe dimplication :
La courbe dite dimplication exprime ici à la fois linsistance et le sous-entendu (sous-entendu qui change de nuance selon la forme syntactique que cette courbe recouvre, comme nous lavons montré dans une étude consacrée au rôle générateur de limpropriété en intonation).
La courbe dimplication est ascendante, elle monte jusquau niveau 4 puisquelle dépasse le niveau 3 de la continuation mineure, et sa montée est nettement ,décroissante, ce qui loppose à la courbe de question. Elle partage donc trois traits pertinents avec la courbe de continuation majeure, et pourtant elle sen distingue nettement. Cette distinction entre la courbe de continuation majeure et la courbe dimplication ne peut pas se démontrer par une opposition directe, car ces deux modes dexpression ne se produisent pas dans le même environnement syntactique la continuation majeure doit être suivie par la continuation mineure ou la finalité tandis que limplication doit être suivie par la pause ou la parenthèse basse , mais elle peut se démontrer par ce qui doit nécessairement suivre lorsquon substitue lune de ces deux courbes à lautre. Ainsi quand, dans lexemple 11, on dit son château sur un ton dimplication au lieu du ton de continuation qui est indiqué, il devient impossible de prononcer en Espagne avec la courbe de finalité; on est obligé de substituer une courbe de parenthèse basse. Cest seulement quand son château a la courbe de continuation quon peut dire en Espagne sur un ton de finalité.
Observée sur spectrogrammes, la courbe dimplicalion monte plus tôt (elle fait donc un plus long plateau au niveau 4) que la courbe de continuation, et elle se relâche tout à la fin, ce que nous indiquons, sur nos formes schématiques, par une légère descente de la courbe une fois le niveau 4 atteint.
Question / continuation majeure / implication
Bien que les courbes de question, de continuation majeure, et dimplication ne puissent pas sopposer directement, nous avons pu montrer, par leur effet sur ce qui les suit, quelles sont distinctes lune de lautre. Les tests par filtrage électronique ont confirmé la chose : nos sujets ont pu identifier ces trois courbes à létat isolé une fois le contenu segmentai obscurci. Contrairement à ce qui sest produit sur les trois courbes descendantes, ces trois courbes ascendantes ont donc droit au titre dintonèmes indépendants, et, pour les distinguer, nous les notons de la manière suivante :
Question : 24 +
Continuation majeure : 24
Implication : 24
Question / parenthèse
Les exemples 19 et 20 démontrent que la courbe de parenthèse est une courbe distinctive.
En substituant la parenthèse de 20 à la question de 19 on a profondément modifié le sens du message : lexemple 19 ne sadresse précisément à personne et demande si cest Anne-Marie qui va venir et non quelquun dautre; lexemple 20 sadresse à Anne-Marie pour lui demander quelle est la personne qui va venir. Lintonation de parenthèse prend la forme dun plateau, cest-à-dire dune ligne sensiblement droite. Ici le plateau est bas et nous le notons par 1-1, mais nous allons voir quil peut changer de niveau tout en conservant la fonction significative de parenthèse.
Parenthèse basse parenthèse haute (écho)
Les exemples 21 et 22 montrent : 1° que le plateau de parenthèse peut avoir la même fonction significative au niveau élevé 44 (écho) quau niveau bas 11; et 2° que le niveau du plateau de parenthèse est conditionné par ce qui précède et que, par conséquent, il nest pas distinctif. Les divers plateaux de parenthèse sont donc en distribution complémentaire et appartiennent au même intonème.
On voit quaprès la finalité, la parenthèse est basse, et quaprès la question elle est haute. Après la continuation majeure elle serait également haute :
Et après la continuation mineure, elle pourrait avoir une hauteur intermédiaire :
Mais après toutes les autres courbes, y compris limplication, la parenthèse est basse :
Notons encore que plus le plateau de parenthèse est élevé, plus il a tendance à se réaliser par une forme légèrement ascendante plutôt que plate. Cest pourquoi nous aimons donner à la parenthèse haute le nom décho on y observe une légère tendance à répéter les dernières variations de hauteur du groupe précédent.
En définitive, les 10 courbes dintonation que nous avons analysées par des oppositions de sens se réduisent à 7 formes distinctives ou intonèmes : (1) la question /24 + /; (2) la continuation majeure /24/ ; (3) limplication /24 /; (4) la continuation mineure /23/, [23, 32]; (5) la parenthèse ou lécho /ll/, [11, 22, 33, 44]; (6) la finalité /21/ et (7) lexclamation, le commandement ou linterrogation /41/.
Dans lenseignement, il sera pratique dillustrer la réduction des 10 courbes à 7 intonèmes distinctifs au moyen de dialogues de 10 groupes de sens comme le suivant :
Pour terminer cette analyse oppositive des courbes communes et de leurs fonctions significatives, nous offrons deux séries dapplications des formes schématiques à la transformation sémantique dune séquence de phonèmes segmentaux. Dans la première série, cest la séquence Jean-Marie va manger mon enfant qui est soumise à la torture transformationnelle.
Les oppositions qui précèdent ne sont plus limitées à des paires minimes on sest permis de changer deux, et même trois, des courbes en passant dune ligne à lautre.
La seconde série offre des transformations encore plus variées. Nous lempruntons dailleurs à un collègue. Cest léminent phonéticien Georges Faure, de luniversité dAix, qui a donné le jour à cette curieuse séquence de phonèmes segmentaux pour ensuite la torturer sans merci. Nous navons fait quy ajouter quelques tortures de plus.
Pour ceux qui auraient de la peine à recréer toutes ces modulations mélodiques par le seul moyen de courbes visuelles, nous reproduisons sur la face A de Sonofrance n° 20 (p. 57) les 56 exemples de larticle.
Arrivé M., Gadet F., Galmiche M. La grammaire daujourdhui : guide alphabétique de linguistique française
(Paris : Flammarion, 1992)
Lintonation
On distingue la mélodie, ligne musicale de lénoncé, paramètre essentiel de lintonation, liée au rythme, de lintonation proprement dite, catégorie avant tout linguistique. Le mouvement musical est constitué physiologiquement par la fréquence des vibrations des cordes vocales. Selon les langues, lintonation peut jouer différents rôles, mais elle est toujours importante dans lorganisation de lénoncé oral.
Le rôle de lintonation est particulièrement important en français, du fait du faible rôle de laccent. Elle prend des aspects très différents selon le registre : relativement monotone au registre soutenu, elle se caractérise, au registre familier, par la fréquence des changements de ton. Dans tous les registres, les variations de hauteur musicale peuvent créer une quantité de nuances délicates.
Elle est caractérisée par la hauteur, la durée et lintensité, la courbe mélodique, et le niveau. Parmi les niveaux, on distingue : niveau 1 : grave, niveau 2 : médium, niveau 3 : haut et niveau 4 : aigu; un niveau suraigu 5, et un niveau infra-grave 0 sajoutent à cette liste dans les tours expressifs. Le niveau 2 est celui de lattaque et du euh dhésitation.
La fonction de lintonation est, selon les cas, syntaxique, démarcative ou expressive. Les représentations que l on peut en donner sont nombreuses :
une portée, sur laquelle on représente les syllabes, ou une courbe ;
des flèches susdites ou intercalées : il a essayé de se tuer, ou il a essayée! de se tuer!.
la notation souscrite des niveaux :
il a es sa yé de se tuer
2 2 2 2 3 2 2 1
Les portées ayant linconvénient dun appareillage assez lourd, nous adopterons ici soit les flèches soit les numérotations.
1. Les distinctions fondamentales
Elles interviennent entre lintonation énonciative (2 3 1), lintonation interrogative (2 3 4) et lintonation impérative (4 1). Dans ces trois cas, lintonation remplit une fonction syntaxique, puisque la mélodie suffirait à faire reconnaître le type auquel appartient la phrase : ainsi, tu viens (2 1), assertif, tu viens ? (2 4), interrogatif, tu viens ! (3 1), impératif; notez que le système de ponctuation nest pas, ici, trop inadéquat. Cest donc essentiellement par opposition que fonctionne lintonation. Cest surtout la fin du contour qui permet de reconnaître le schéma syntaxique, ce que lon peut grossièrement représenter de la façon suivant :
II est également nécessaire de faire la distinction entre :
le système proprement intonatif, à valeur syntaxique, qui utilise à la fois la forme de la courbe et la différence de niveaux : elle distingue par exemple entre linterrogation et lordre ;
le système démarcatif (lié à laccent), qui utilise surtout la direction de la courbe à des fins démarcatives. Cest lui qui permet de faire la différence entre je veux bien manger et je veux bien manger.
2. Lintonation assertive
Elle est caractéristique des phrases assertives simples, sans pause, parmi lesquelles on peut distinguer les phrases à un seul groupe rythmique, dont lintonation est globalement descendante (il est parti : 2 2 2 1), et les phrases à plusieurs groupes rythmiques, où lintonation peut monter avant la chute finale (il travaille la nuit : 2 3 4 3 1).
Lintonation énonciative se caractérise toujours par sa descente mélodique finale, la montée initiale pouvant être plus ou moins progressive; la courbe est toujours très arrondie, douce.
À travers le nombre de groupes rythmiques, lintonation permet de distinguer :
la continuation, qui indique que lénoncé est inachevé. On peut encore distinguer entre continuation mineure et continuation majeure : quand tu viendras (mineure : 2 3) et que tu la verras (majeure : 2 4), tu seras surpris. En fait la distinction entre les deux types nexiste quen registre soigné, mais la continuation en elle-même représente un phénomène important.
la finalité, qui marque, par une descente, que lénoncé est achevé (2 1, 3 2 ou 3 1).
la rupture, surtout marquée par la différence de niveaux : une incise (ou une parenthèse, en finale), est marquée par une rupture vers le grave. Une construction segmentée est également soulignée dun schéma particulier : il est intéressant (2 2 2 2 4 2), ce bouquin (2 2).
3. Lintonation interrogative
Les courbes intonatives de linterrogation sont extrêmement variées. Elles dépendent à la fois de la portée de linterrogation (partielle ou totale) et des procédés dinterrogation utilisés.
a) Interrogation totale
Les différentes formes ont en commun de marquer du ton le plus haut celui des mots qui est essentiel pour linterrogation. Si linterrogation est marquée syntaxiquement par est-ce que, lintonation interrogative est facultative (ou nest marquée quen début de phrase, culminant sur le est-ce que) : la courbe peut donc être la même que pour une énonciative. Si elle est marquée par une postposition du sujet pronominal, la courbe normale est ascendante si la phrase est brève, mais peut descendre dans une phrase plus longue : a-t-il demandé son ch(e)min ? (3 4 3 3 2 2 1). Si linterrogation nest pas marquée dans lordre des mots, la courbe intonative est obligatoire, avec élévation sur la finale : il travaille la nuit ? (2 2 3 3 4). Cest là le cas le plus fréquent en registre parlé.
Ce schéma général nexclut pas les variations signifiantes sur des détails : on peut par exemple exprimer une vive surprise en maintenant le ton au même niveau jusquà la dernière syllabe, qui comporte une montée brusque : il travaille la nuit ? (2 2 2 2 4). On peut aussi (induisant dès lors une confirmation comme réponse) faire suivre une montée douce dune brusque descente : il travaille la nuit ? (2 2 3 4 1 : question incrédule).
b) Interrogation partielle
Elle se marque par un ton haut sur le mot interrogatif, quil soit placé en tête comme dans la forme « correcte », et suivi dune inversion du sujet pronominal (quand vient-il ?), ou à la fin comme dans lusage familier qui ne comporte aucun déplacement (il vient quand ?). Aussi la première forme comportera-t-elle un ton descendant : quand vient-il? (4 3 2) et la seconde un ton monotone ou très légèrement ascendant : il vient quand ? (2 2 3). La fin de la montée de la voix marque la fin du syntagme sur lequel porte linterrogation : à quelle heure Pierre vient-il ? (2 2 4 3 2 1).
4. La phrase impérative et les autres types de phrases
Lensemble de la phrase impérative se caractérise par une intonation descendante, et les groupes qui lui sont adjoints peuvent subir la même courbe : apportez-moi une carafe deau (4 3 3 3 2 2 1 1) avec du citron (3 3 2 2 1).
La courbe exclamative se caractérise par le même ton montant que linterrogation, mais moins haut. Elle peut également comporter un ton montant-descendant, avec un accent dinsistance sur la dernière syllabe : que tu es bête ! (3 4 3 1). Une valeur exclamative peut également être caractérisée par une montée ou une attaque de la voix au cinquième niveau.
5. Les modifications de lintonation de base
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la modification de lintonation de base :
létagement des groupes syntaxiques : si une phrase comporte des groupes annexes (relatives appositives, apostrophes, incises...), ceux-ci peuvent engager une rupture de style (pauses et ton monotone, au deuxième niveau).
la coordination ou la juxtaposition déléments de même fonction : quil sagisse de mots ou de propositions, on fait monter la voix pour laisser attendre la suite (il a acheté des carottes, des navets, des poissons, du fromage et du pain).
la portée de la prédication qui permet par exemple de distinguer les trois phrases : tu as rencontré Jean, en Hollande ? tu as rencontré Jean en Hollande ? et tu as rencontré Jean en Hollande ? qui ne présentent pas le même thème : la première interroge à la fois sur la personne et sur le lieu, la deuxième sur lendroit, et la troisième sur la personne. La montée de la voix a donc la fonction démarcative dindiquer la fin du groupe syntaxique qui fait lobjet de linterrogation.
de même les effets dune accentuation dinsistance logique modifient la courbe de base : il a eu une peur ou il a eu une de ces peurs, phrases qui, sans accentuation et intonation particulières, ne pourraient pas être considérées comme grammaticales (les procédés graphiques correspondants sont très approximatifs : capitales sur une, points de suspension à la fin de la phrase...).
De nombreuses nuances peuvent venir modifier la courbe : cest la fonction expressive de lintonation, qui joue à la fois sur la forme de la courbe et sur les niveaux atteints. Ainsi, outre les exemples déjà vus, on peut noter une intonation dimplication, en forme daccent circonflexe : cétait du vin blanc : « cest évident que cétait du vin blanc ! ».
On peut dès lors se demander si linventaire des courbes significatives dune langue est ouvert ou fermé. Doù le débat pour établir sil sagit dun phénomène discret ou continu. Si cest un phénomène continu, on dira quune modification de la courbe mélodique, quelle quelle soit, entraîne une modification parallèle et proportionnelle du sens de lénoncé. Si cest un phénomène discret, il faut admettre quil existe un seuil où lon passe dune interprétation à une autre.
6. Lintonation et la syntaxe
De même que laccent, lintonation peut jouer un rôle désambiguïsateur : dans la belle porte le voile, on peut distinguer les deux sens par lintonation : dans le sens 1, belle est nom et porte laccent, et en tant que fin du groupe sujet, il constitue la limite de la montée de la voix : la belle porte le voile. Dans le sens 2, cest porte qui est nom, qui porte laccent, et qui marque la fin de la montée de la voix : la belle porte le voile.
On a vu aussi pour les relatives que la différence entre appositive et déterminative se marquait oralement, de façon plus systématique que par la présence ou par labsence de virgule de lécrit, par une différence dintonation et la présence de pauses : les enfants `" qui ont travaillé `" seront récompensés vs les enfants qui ont travaillé `" seront récompensés. Ces deux exemples illustrent d ailleurs bien l intrication des phénomènes, car ils mettent en jeu accentuation, intonation et pause. Quant à leur importance, elle apparaît dans le fait quil peut se faire quil y ait opposition entre le thème du message (tel quil est manifesté dans lordonnancement grammatical) et le contenu induit par la prosodie. Cela peut aller jusquà une réplique adressée, dans un dialogue, à lintonation dune phrase, plus quà son sens « littéral ».
Index des termes
Accent C40@5=85
accent normal, accent du groupe C40@5=85 =>@5, @8B5
accent syntagmatique A8=B035 C40@5=85
accent secondaire C40@5=85 4>?>;=8B5;L=>5
accent d insistance logique 2K45;8B5;L=>5 ;>38G5A:>5 C40@5=85
accent d insistance affective 2K45;8B5;L=>5 0DD5:B82=>5 C40@5=85
Accentuation 0:F5=B>;>38O
Accommodation 0::>40F8O
Alternance G5@54>20=85
alternance historique 8AB>@8G5A:>5 G5@54>20=85
alternance vivante D>=5B8G5A:>5, ?>78F8>==>5 G5@54>20=85
Aperture (degré d () ?>4JQ=5A>1 >1@07>20=8O
point d articulation >1@07>20=8O
Assimilation (régressive, progressive, partielle, totale) 0AA83@5AA82=0O, G0AB8G=0O, ?>;=0O)
Cavité buccale @>B>20O ?>;>ABL
Cavité nasale =>A>20O ?>;>ABL
Chaîne parlée @5G520O F5?L
Consonantisme :>=A>=0=B873;0A=0O
consonne dure B25@40O A>3;0A=0O
consonne mouillée 3;0A=0O
consonne nasale =>A>20O A>3;0A=0O
consonne orale @>B>20O A>3;0A=0O
consonne sonore 72>=:0O A>3;0A=0O
consonne sourde 3;CE0O A>3;0A=0O
consonne-bruit, un bruit HC3;0A=0O, HC=0=B0
consonne bilabiale 3C1=>-3C1=0O A>3;0A=0O
consonne labio-dentale 3C1=>-7C1=0O A>3;0A=0O
consonne prélinguale ?5@54=5O7KG=0O A>3;0A=0O
consonne médio-linguale A@54=5O7KG=0O A>3;0A=0O
consonne postlinguale 704=5O7KG=0O A>3;0A=0O
consonne vélaire =Q1=0O A>3;0A=0O
consonne uvulaire C2C;O@=0O A>3;0A=0O
consonne vibrante 4@>60I0O A>3;0A=0O
consonne constrictive I5;520O A>3;0A=0O
consonne occlusive A3;0A=0O
cordes vocales 3>;>A>2K5 A2O7:8
coupe syllabique A;>3>45;5=85
Durée (consonantique, vocalique) 4>;3>B0 (A>3;0A=KE, 3;0A=KE)
Élision M;878O (2K?045=85 3;0A=KE)
Enchaînement AF5?;5=85 A>3;0A=>3> A 3;0A=KH81:0 (D>=5B8G5A:0O, D>=>;>38G5A:0O)
Fonction distinctive @07;8G8B5;L=0O DC=:F8O
Gémination C42>5=85 A>3;0A=KE
Glotte 3>;>A>20O I5;L
Groupe úüþ ` n Â Ä Æ Ô Ø Ú ä ð ò
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La phonétique acoustique travaille du point de vue de la transmission : le son est étudié comme un phénomène vibratoire possédant certaines caractéristiques damplitude, de durée et de fréquence. Ce domaine sétudie à laide dappareils, selon les lois de lélectroacoustique.
En comparant la phonétique et la phonologie, on voit quelles nont pas les mêmes buts. Si la réflexion phonologique est indispensable pour létude dune langue comme système, cest plutôt à la phonétique quil faut faire appel pour lapprentissage dune langue étrangère, la correction des fautes de prononciation ..., cas où lon a besoin de connaître toutes les caractéristiques dune prononciation, et non les seules pertinentes.
Un grave inconvénient du système de traits est de laisser entendre que les traits distinctifs salignent sur les traits articulatoires, et quils seraient, dans une certaine mesure, accessibles à la conscience du sujet parlant. En fait, il est important de mettre en lumière une différence de nature radicale entre les deux : le domaine du distinctif ne peut être pensé dans les termes du physiologique.
Cest un inconvénient que peut éviter une théorie qui sappuie sur la phonétique acoustique (dans la mesure où celle-ci ne peut faire appel à lintrospection), et particulièrement la phonologie générative.
Dans la grammaire générative, la phonologie nest pas en elle-même une partie générative : elle assigne une forme phonique (prononciation) à la structure de surface produite par la partie syntaxique. A partir de la représentation sous-jacente, sont formulées et sont exclues les formes impossibles. Les traits distinctifs sont ici purement abstraits, les règles obéissant, comme dans la syntaxe, à des critères de généralité et de simplicité.
Phonétiquement, cest la seule voyelle centrale du français, mais phonologiquement on peut douter quil sagisse là dun phonème. On ne le trouve quen syllabe ouverte.
Comparez avec le classement de M. Arrivé, F. Gadet et M. Galmiche :
Les consonnes se caractérisent aussi par quatre traits articulatoires :
a) la nature de lobstacle (ou mode darticulation). On distingue, en fonction du degré croissant douverture :
les occlusives (comportant une fermeture momentanée totale, suivie dun relâchement)
;
les constrictives (il y a resserrement des organes)
;
les latérales et les vibrantes (qui tiennent à la fois des occlusives par la fermeture totale, et des constrictives par le passage de lair autour de lobstacle central : le [l] est la seule latérale du français, et le [r] ou [R] la seule vibrante, ajoutant la vibration de lorgane faisant locclusion) ;
les semi-voyelles, ou semi-consonnes comportent lobstacle le plus lâche ([j] est une semi-voyelle) ;
b) le lieu de lobstacle (ou point darticulation) : selon la nature du point de contact entre organe mobile et partie fixe
;
c) laction des cordes vocales : selon quelles entrent ou non en vibration, on distingue les sonores et les sourdes. Le trait qui les distingue est le voisement (voisées/non voisées) ;
d) laction du voile du palais : sil est tendu et soulevé au point que la luette le ferme, lair sort totalement par la bouche et la consonne est orale. Sinon, il est relâché et abaissé : lair circule dès lors à la fois par la bouche et par le nez, et la consonne est nasale ([m], [n], [N] et [ú]).
Troubetzkoy distinguait trois fonctions principales : la fonction distinctive, la fonction démarcative et la fonction culminative. Daprès M. Arrivé, F. Gadet et M. Galmiche les faits de prosodie son généralement classés à travers les fonctions suivantes : 1. La fonction distinctive permet dopposer un mot à un autre. Elle peut concerner la durée des voyelles, lintensité (opposant, par exemple en anglais import, verbe et import, nom), ou la hauteur. 2. La fonction démarcative souligne les limites dune unité (morphème, mot, groupe syntaxique ou phrase). 3. La fonction significative apporte par elle-même un surcroît de signification (il vient, il vient ?). 4. La fonction culminative, ou expressive met en valeur un élément parmi les autres. Cest la fonction daccent dinsistance.
« Laccent consiste à une proéminence de la dernière syllabe du groupe ; cette proéminence peut être réalisée par un variation de hauteur, dintensité ou de durée. Mais la hauteur est souvent liée aux phénomènes dintonation, et lintensité sonore a souvent tendance à saffaiblir en fin de groupe, de sorte que cest lallongement accompagné dune plus grande énergie articulatoire qui manifeste le mieux laccentuation. » ( Riegel M., Pellat J.-Ch., Rioul R., Grammaire méthodique du français, P. : PUF, 1994, p,58.)
Cette définition du rythme est restrictive. Le rythme est constitué par nimporte quel retour, régulier ou non, dune unité de nimporte quel type (lexicale, syntaxique, etc.).
1 Opposition rapport existant entre deux unités concurrentes sur le plan paradigmatique. Contraste rapport entre deux unités différentes voisinant sur le plan syntagmatique.
Voir : 8B:5=A ./., '5A=>:>20 .. 2545=85 2 D>=>AB8;8AB8:C D@0=FC7A:>3> O7K:0. O70=L, 1990.
Interférences et marques d hyper-correction sont très fréquentes chez ceux d entre eux qui se contraignent à « bien parler ».
Ces variantes qui font 1 objet d un autre article dans ce numéro ne seront pas traitées ici Nous laissons également de côté les phénomènes daccent, de rythme et dintonation qui ont une importance capitale pour 1enseignement traités eux aussi dans un autre article.
Les occurrences de [{$] sont constituées en majorité par larticle indéfini masculin singulier qui est, par ailleurs, suffisamment repérable par sa position dans le groupe nominal. Aucun, chacun, quelquun ne peuvent également poser de problèmes puisquils ne sont pas opposables à des mots [okó$], [Sakó$], [kólkó$] de sens différents.
Cet important problème linguistique et pédagogique ne sera pas traité ici. Se reporter à notre bibliographie.
On trouve même. dans la région parisienne, les deux variantes de la même voyelle dans les contextes C + /y/ + V (sauf /i/) et C ou C + R + /u/ + V : nuages /n4aû/ /nuaû/, trouer /tÊwe/ /tÊve/, mais « trois » nest susceptible que de la prononciation [tÊwa].
La loi de position qui peut sénoncer amsi : « voyelle moyenne ouverte en syllabe finale couverte et voyelle moyenne fermée en syllabe finale non couverte » est la règle dans les variétés de français méridional où lon prononce [ÊOz]. [gOS], [OtÊE], [{Ê{z], [û{n] mais aussi [le], [me] et, comme partout ailleurs en France, [sót], [põ] et [mo].
Éléments de linguistique générale, p. 66.
K. MAGDIES : Research on intonation during the past ten years, Acta Linguistica, tome XIII, fasc. 12, 1963.
Cf. aussi, entre autres études bibliographiques :
K. HADDING KOCK : Recent Works on intonation, Studia Linguistica, 10, 1956.
Cf. en particulier notre ouvrage sur Les caractères et le rôle des éléments musicaux dans la prononciation anglaise, Paris (Didier). 1962.
Ouvr. cité : Accentuation et intonation, pp. 152 à 158.
Lorsquil est nettement éprouvé comme tel ; par exemple, lorsquon le prononce plusieurs fois, machinalement, au cours dune recherche dans un dictionnaire. On sait, en effet, que dans ce cas (mais dans ce cas très artificiel seulement), laccent porte sur la dernière syllabe articulée. Il importe à ce propos de réagir contre lattitude de ceux qui croient encore et qui écrivent que cest le mot qui constitue lunité accentuelle fondamentale, alors que cet accent, purement virtuel, se perd, dans de nombreuses langues, dont la nôtre, au bénéfice de laccent de groupe qui, seul, est actualisé dans le discours. Au cours dune récente série démissions télévisées, consacrées aux apports de la linguistique moderne à lenseignement des langues étrangères, et auxquelles nous avons eu le plaisir de participer, notre éminent collègue, M. Fourquet, insistait, fort judicieusement, sur lindispensable « reconnaissance de la subordination de laccent de mot à laccent de phrase ».
Bucarest, août 1967.
Cf. Communication au Xe congrès international des linguistes (Bucarest, août 1967), sur Les apports du système prosodique à la structuration de lénoncé en français moderne.
Cf. ouvrage cité.
Cf. IVe congrès international des sciences phonétiques (Helsinki, 1961, Mouton, 1962) : x ¾ À Ô Ø à â ä æ è ê . 0 6 8 B D ^ d ëÛ̽©©©©©ÌÌÌqÌ^©Oh3hñgCJ aJnH tH $hLõhêCJ aJmHnH sHtH hñghñgCJ NHaJnH tH $hLõhñgCJ aJmHnH sHtH 'hLõhê5CJ aJmHnH sHtH 'h×hê5CJ aJmHnH sHtH hñghêCJ aJnH tH hñghñgCJ aJnH tH hühñg5CJ aJnH tH 'h:îhê5CJ aJmHnH sHtH d ¦ ¨ ¬ º ¼ Ê Ì Ð ä V X f h z ´ ¶ ñåñÖ²£ÖÂufZKÂ;ÂuZKh×hê5CJ aJnH tH hàhêCJ aJnH tH hàCJ aJnH tH hàhàCJ aJnH tH hàh´CJ aJnH tH h×h´5CJ aJnH tH h´h´CJ aJnH tH h3h´CJ aJnH tH h3h´5CJ aJnH tH 'h×hê5CJ aJmHnH sHtH h´hêCJ aJnH tH hL"ªCJ aJnH tH h´hñgCJ aJnH tH ¼ X ¶ @ J N P ¤ Ô Ö â ä ø ü H J f ïÛ̽±¢~o`¢PPA±Ah´h´CJ aJnH tH h×hW95CJ aJnH tH hd Xhd XCJ aJnH tH h3h´CJ aJnH tH h3h´5CJ aJnH tH 'h×hW95CJ aJmHnH sHtH hd XhW9CJ aJnH tH hd XCJ aJnH tH hd Xh´CJ aJnH tH hüh´CJ aJnH tH 'hô ÚhW95CJ aJmHnH sHtH hTJÜhW95CJ aJnH tH f h ¤ ¦ ° ² ¼ ¾ È ô ö 0 2 J ª ° ¼ ¾ Æ ñÝÎñºªÎñÝÎñÝvÝÎñÝfWDW$h3h´CJ aJmHnH sHtH hT,òh´CJ aJnH tH h´CJ aJmHnH sHtH h×hW95CJ aJnH tH hTJÜhW95CJ aJnH tH 'hô ÚhW95CJ aJmHnH sHtH hühW95CJ aJnH tH 'h:îhW95CJ aJmHnH sHtH h´h´CJ aJnH tH 'h×hW95CJ aJmHnH sHtH h´hW9CJ aJnH tH Æ È Ú Ü à ð ò $ & B D H V b d n t ~ íÙŵ¦íÙs`síÙ`QEíÙsíh£SZCJ aJnH tH h:îhT,òCJ aJnH tH $h3hT,òCJ aJmHnH sHtH hT,òhT,òCJ aJnH tH hT,òCJ aJmHnH sHtH 'h×hT,ò5CJ aJmHnH sHtH hT,òh´CJ aJnH tH h´CJ aJmHnH sHtH 'h×h´5CJ aJmHnH sHtH 'h×hW95CJ aJmHnH sHtH $h3hW9CJ aJmHnH sHtH ¢ º À Ô Ö ä æ ê ö ø
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