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Mystique tibétaine

La question de la nature physique du système décrit par une telle «onde de .... du rayonnement et des transitions atomiques à la dualité onde-corpuscule, et de ... d'onde de Madelung, la théorie de la double solution de Louis de Broglie, ... dans son texte pénétrant ?Sur les hypothèses qui servent de fondement à la ...




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Mémoire ontologique
Père P. Patrick, aux R.C.A. de Montpellier 1995

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 HYPERLINK \l "_Toc72914221" N.D.E. Near Death Experiences  PAGEREF _Toc72914221 \h 1
 HYPERLINK \l "_Toc72914222" Comment fonctionnent les phénomènes métapsychiques ?  PAGEREF _Toc72914222 \h 13
 HYPERLINK \l "_Toc72914223" La mémoire génétique  PAGEREF _Toc72914223 \h 18
 HYPERLINK \l "_Toc72914224" Mystique tibétaine  PAGEREF _Toc72914224 \h 23
 HYPERLINK \l "_Toc72914225" La mémoire génétique, suite  PAGEREF _Toc72914225 \h 27
 HYPERLINK \l "_Toc72914226" La mémoire ontologique, selon saint Augustin  PAGEREF _Toc72914226 \h 32
 HYPERLINK \l "_Toc72914227" La mémoire électrique  PAGEREF _Toc72914227 \h 35
 HYPERLINK \l "_Toc72914228" La mémoire tachyonique  PAGEREF _Toc72914228 \h 38
 HYPERLINK \l "_Toc72914229" La mémoire ontologique selon saint Augustin, suite  PAGEREF _Toc72914229 \h 44
 HYPERLINK \l "_Toc72914230" Recension, ou mental des cellules de Satprem  PAGEREF _Toc72914230 \h Erreur ! Signet non défini.
 HYPERLINK \l "_Toc72914231" Les religions archaïques  PAGEREF _Toc72914231 \h 65
 HYPERLINK \l "_Toc72914232" L’hindouisme  PAGEREF _Toc72914232 \h 71
 HYPERLINK \l "_Toc72914236" La guérison de la mémoire  PAGEREF _Toc72914236 \h 94


N.D.E. Near Death Experiences
Ont expérimenté la mort de près ceux qui ont eu un moment de coma ou de choc, et par ce fait ont eu l’impression de sortir de leur corps, d’être entièrement enrobés d’amour, de rencontrer comme un personnage sans visage ; ils ont vu toutes leurs fautes, de leur naissance jusqu’à leur mort… ; et puis subitement ils ont été réintroduits dans leur corps et leurs corps se sont réanimés.
Au moment de la mort apparente (où le cerveau ne fonctionne plus du tout), il reste encore environ cinquante minutes où il est possible à l’âme psychique (psyché) de se réintroduire dans le corps pour le réanimer. Il est arrivé de réanimer un enfant au bout de deux heures : il revit, mais il lui manquera parfois des fonctions cérébrales.
La mort n’est pas brutale, elle est un processus de miséricorde et de vie : elle est la porte vers la vie éternelle. Tous les processus de vie sont des processus de croissance, et tous les processus de croissance impliquent qu’il n’y ait pas de discontinuité.
Il y a discontinuité quand quelque chose s’arrête spontanément et qu’autre chose commence subitement. Cette première discontinuité, nous allons la connaître : c’est la discontinuité placée entre un espace de mort apparente et de mort réelle. Dans un premier temps, la partie psychique de l’âme (la psyché) se déconnecte, mais cette déconnexion est cérébrale. L’animation demeure. Le corps est inerte, le cerveau est animé, les cellules continuent à vivre, à se multiplier, la scissiparité continue, et c’est seulement au bout d’un long processus qu’il va y avoir absence d’animation jusque sous l’aspect biologique.
Il faut bien se souvenir que c’est l’âme qui anime. Dans notre nature humaine, nous distinguons classiquement l’animation végétative, l’animation psychique et l’animation spirituelle (métaphysique) : ces trois animations sont simultanées. Nous regardons l’animation entre le corps et l’âme, comme étant une vivante mise en présence d’une vie spirituelle en nous par la médiation du corps dans sa dimension la plus fondamentale. En expérience de laboratoire, nous ne pouvons saisir que dans les expériences limites la mémoire ontologique, cette faculté de vie spirituelle, de lucidité intérieure.
La première expérience limite, dont nous ne nous rappelons plus beaucoup, est le premier instant de notre vie : l’instant d’animation de la première cellule embryonnaire. Le corps embryonnaire commence par avoir la petite oreille, la petite bouche au quarantième jour à peu près. C’est la longue traversée du désert : quarante ans pour le peuple d’Israël, pour passer de l’Egypte à la terre promise ; quarante jours de déluge, cette lente montée vers le Mont Ararat où l’on trouve la paix et la vie dans la terre (en attendant, on navigue) ; les quarante jours de tentation de Jésus au désert. Pendant ces quarante jours, nous ne pouvons pas, par exemple, tomber amoureux de notre mère : aucun exercice d’amour de volonté, d’affectivité, n’est possible. Le psychanalyste qui ferait la psychanalyse de l’enfant au quarantième jour après la conception, constaterait qu’il n’y a pas de conflit avec le père par jalousie, vis-à-vis de la mère. [D’après la théorie freudienne, il paraît que l’enfant est jaloux du père parce qu’il veut être uni à sa mère, mais c’est le père que la mère aime, alors l’enfant est jaloux du père, il se révolte contre le père et il a peur que le père le castre. C’est pour cela que notre toute vie spirituelle, selon Freud, est réduite à un complexe de castration].
Pendant ces quarante jours, donc, il y a dans l’embryon des cellules qui se divisent et se multiplient (on entend dire alors de l’embryon : « c’est un tas de cellules, ce n’est pas un être humain »). Pendant ces quarante premiers jours, je ne peux pas faire un exercice d’amour, même sommaire ; je ne peux pas faire un exercice de sensibilité externe, puisque je n’ai ni le sens de la vue, ni le sens de l’ouïe, ni le sens du toucher (ce qui reste à prouver, mais ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas les organes de réceptivité internes correspondants). Par ce fait, on va dire qu’il est impossible qu’il y ait un exercice de l’âme spirituelle, de l’âme humaine, donc il est impossible qu’il y ait, au niveau de la nature, une infusion de l’âme spirituelle dans le corps à ce moment-là, puisque l’âme spirituelle, c’est la forme du corps, ce que dit le Pape dans l’encyclique Splendor Veritatis, Splendeur de la Vérité . Le Pape explique en effet, pour un autre sujet, que l’âme est liée au corps : l’âme et le corps sont substantiellement liés en l’homme, et pour que l’union entre l’âme et le corps soit vraiment substantielle, il faut que le corps soit proportionné directement à l’âme.
Si, dans mon corps, je n’ai pas d’organes de réceptivité sensorielle, il est impossible que je puisse être animé par une âme humaine spirituelle. Certaines personnes disent donc que c’est à cause de l’unité substantielle de l’âme et du corps que l’on ne peut poser l’infusion, ni a fortiori la création par Dieu de l’âme. L’embryon est animé quand l’âme spirituelle, l’âme humaine, est créée (pour le croyant) ou infusée (pour l’athée, qui ne sait pas comment elle apparaît).
Dans Donum Vitae, l’Eglise dit, par le Cardinal Ratzinger : « On doit ‘considérer’ que l’être humain est présent dès le premier instant de la conception ». Cela veut dire qu’il n’y a aucune définition dogmatique qui oblige la foi catholique, la foi d’un chrétien, pour dire : dans le quarantième jour il y a l’âme spirituelle. L’Eglise dit aussi par ailleurs : entre le premier jour de la conception et le quarantième jour, qui correspondrait à une première possibilité d’exercice spirituel, d’exercice humain de la vie intérieure, l’interruption de la vie est un avortement. L’Eglise considère bien l’interruption de grossesse comme un crime. On n’est donc pas obligé de croire que l’on tue quelqu’un qui a une âme spirituelle, mais on est obligé de dire que l’on tue un être humain, même s’il n’a pas d’âme spirituelle ; pourtant c’est l’âme spirituelle qui fait l’être humain, puisque son âme spirituelle n’est pas encore créée par Dieu. C’est tout de même un crime parce que son animation n’est pas l’animation d’un poisson, mais l’animation d’un embryon humain. On atteint pour le moins la Sagesse créatrice de Dieu, la prédestination de cet être. C’est un avortement, donc un crime contre l’humanité, parce que quand on tue quelqu’un une fois qu’il a l’intégralité corporelle et spirituelle dans une seule substance personnelle, c’est lui seul que cela atteint : il est une victime innocente, mais il est seul à être atteint, tandis qu’ici, par l’embryon atteint, c’est en même temps l’unité de l’homme et de la femme qui est touchée, et c’est parallèlement la Sagesse créatrice de Dieu qui se trouve directement touchée avec elle. Dieu compris, quatre personnes au minimum sont directement touchées. C’est pourquoi ce crime ne pourra être repris que dans l’innocence crucifiée de Dieu. Il est impossible de réparer par un simple remord, au niveau de la nature, ce qui se passe ici : pour réparer, il faut la crucifixion de Dieu lui-même. C’est pourquoi quiconque opère un avortement, même au premier mois, est excommunié ipso facto (excommunication latae sententiae), avec tous ceux qui y participent. Ce sont des mesures disciplinaires qui font comprendre que c’est extrêmement important. Cependant, comme l’Eglise est miséricordieuse, en demandant pardon à l’évêque, la personne excommuniée peut obtenir l’absolution.
L’Eglise dit que : premièrement, il n’y a aucune définition dogmatique sur l’instant de l’animation : deuxièmement, c’est quand même un meurtre, quoi qu’il arrive.
L’expérience de la mort et l’expérience de la vie sont liées. Ce sont les deux moments où nous pouvons voir ce qu’est l’exercice d’un être humain pleinement conscient de ce qu’il est en tant qu’homme, en tant qu’être humain, spirituellement, intérieurement, en pleine lucidité. De la pleine lucidité, il fait l’expérience de l’innocence divine qui lui est donnée au moment de la conception, et il en retrouve quelque chose dans une N.D.E. au moment de la mort. Mais entre la mort apparente et la mort réelle, il ne peut plus faire un exercice de liberté affective, il ne peut plus poser un acte volontaire ; pour cela, il faudrait que les organes et la sensibilité externe soient en acte. Pour la vie contemplative, c’est pareil. Nous faisons donc là une expérience que nous n’avons pratiquement jamais vécue ; cette expérience relève précisément d’une puissance de l’âme spirituelle que nous appelons la mémoire ontologique.
Il y a deux grands moments où nous pouvons saisir l’exercice de cette vie spirituelle en nous, séparé de tout, des deux autres. Contempler quelqu’un, chercher la vérité, aimer quelqu’un, et puis être librement dans une dépendance de liberté par rapport à quelqu’un, ce n’est pas pareil. Qu’est-ce qui travaille fondamentalement à chaque fois que nous faisons un acte d’adoration ? Un acte d’adoration n’est vraiment tel qu’à partir du moment où la mémoire ontologique est motrice.
Dans le monde d’aujourd’hui, il est vital d’être de plus en plus lucide sur notre vie spirituelle humaine, au risque de perdre cette autonomie spirituelle, en tombant dans le point de vue psychologique (et au bout d’un certain temps nous devrons prendre des anxiolytiques), en tombant dans la marée de la culture moderne qui est une culture de l’imaginaire, de l’image, de la sensibilité.
Nous ne pouvons pas faire un exercice de vie spirituelle sans notre corps. Un ange peut faire un exercice de vie spirituelle sans corps parce qu’il est fabriqué sans corps. Mais nous sommes fabriqués par Dieu pour avoir des exercices de vie spirituelle par le corps et dans le corps : le corps fait partie substantielle de la personne humaine. Si nous faisons sauter cela, nous tombons dans une vision psychologique de notre humanité. A ce moment-là, le corps n’a plus aucune importance, et nous pouvons rentrer dans un cycle éternel de réincarnations. C’est évidemment absolument absurde.
Pourquoi est-ce dans ces deux grands instants que nous pourrions essayer de saisir l’exercice de la vie spirituelle d’une mémoire ontologique à l’état séparé ? Schématisons : l’animation au premier instant de la conception dans le génome humain, la première cellule qui porte le chiffre de l’acide désoxyribonucléique qui correspond à chacun (et à personne d’autre dans l’univers), l’arrivée dans la forme embryonnaire des premiers organes qui permettent de constater qu’il peut y avoir un exercice de sensibilité externe. Sans l’exercice de sensibilité externe, il ne peut y avoir d’activité de connaissance, de contemplation, ni d’activité d’amour, d’union. L’embryon ne peut être uni à sa mère qu’à partir du moment où il entend sa voix. Quand il a quarante cinq jours, il entend la voix du papa, alors il se met du côté de son vrai père (si c’est quelqu’un d’autre, il ne bouge pas). Ces exercices de connaissance et d’amour ne sont possibles qu’à partir du moment où il y a les organes physiques correspondants : avant leur mise en place, il n’y a aucune possibilité d’exercice de l’intelligence, de la partie contemplative, de la partie amoureuse de l’âme. Il ne reste donc plus que ce qui correspond à la mémoire ontologique.
Les quarante premiers jours sont peut-être le moment de la vie humaine le plus important au niveau de la formation de notre conscience, au niveau de la formation de notre sensibilité, parce qu’il n’y a aucune perturbation possible. Par notre mère, nous sommes protégés de tout ce qui est ténébreux et nous sommes liés à notre mère qui nous protège du monde extérieur. Dans notre expérience primitive, l’amour de Dieu nous touche pourrions-nous dire directement : nous sommes imbibés d’amour pur et infini, nous sommes dans cet élan, dans cet océan que rien ne vient assombrir. Pendant quarante jours, nous sommes baignés dans l’amour de Dieu, protégés par notre mère, à condition bien entendu que notre mère ne vienne pas perturber cette expérience océanique d’amour. C’est une expérience tout à fait analogue que nous retrouvons à la mort.
Pourquoi faisons-nous cette expérience d’amour originel ? Nous conservons toutes ces impressions originelles dans notre mémoire : tout y est retenu même si nous ne nous en souvenons pas. Notre cerveau de son coté fonctionne avec une vitalité conservatrice, comme un microprocesseur : la mémoire sensible. Quand nous vivons quelque chose, ou que nous commençons à comprendre quelque chose (par exemple : je ne suis pas aimé par mon père, il veut me tuer !-), c’est la mémoire de concept qui est sollicitée, la mémoire affective, et également, tout est enregistré en fonction des organes qui sont dans le concupiscible, dans l’irascible ; ce qui correspond à des organes. Quant à notre mémoire originelle, elle ne s’inscrit ni dans la mémoire d’appui, ni dans la mémoire conceptuelle, ni dans la mémoire affective, ni même dans la mémoire sensitive, mais plutôt dans le cadre de la mémoire cellulaire et génétique ; la mémoire ontologique est une autre mémoire. Rappelons que nous n’avons pas d’organe qui nous y permette de recevoir, de garder conscience dans le temps (c’est la mémoire sensible qui permet cela), de reproduire ce que nous avons vécu il y a dix ans. La continuité originelle, nous la vivons en la portant en notre mémoire ontologique, laquelle n’est pas une mémoire sensible : il faut donc bien distinguer entre mémoire sensible et mémoire ontologique, la mémoire spirituelle primordiale.
Néanmoins notre corps garde une marque d’amour qui certainement (c’est une hypothèse) joue un rôle très important dans la constitution du chiffre génétique du génome, au moment de sa constitution. L’ovule de la femme reçoit le spermatozoïde de l’homme parce qu’il y a une relation entre l’homme et la femme, entre l’époux et l’épouse. Que reste-t-il après cette relation ? La relation demeure vivante pour ainsi dire en son support puisqu’il y a une partie vivante du corps de l’homme qui reste en tension vivante dans le corps de la femme ; toute la relation de poids ontologique sponsal contenu dans cet amour qui était là dans l’unité sponsale, toute cette relation d’amour se maintient présente à l’intérieur d’une relation entre le corps de l’homme et le corps de la femme sous cet aspect de l’appel à la fécondité.
Dans l’Ecriture, il est dit que toute cette relation d’amour est gardée par la femme. La femme est gardienne de l’amour. Et ce n’est pas parce que la relation de communion des personnes est interrompue que le poids d’amour qui était là est cassé : il est conservé (mais quelqu’un qui n’a aucune vie spirituelle ne peut pas le comprendre, quelqu’un qui n’est pas humain ne peut pas comprendre cela) : il demeure au cœur de cette petite partie du corps de l’homme et cette partie du corps de la femme en tension inter-gamétique.
Il arrive une introversion, une conversio (en latin) de ce poids d’amour : Dieu opère cette conversion d’amour. L’unité sponsale de l’humanité intégrale, ce n’est pas l’amour d’un homme, ce n’est pas l’amour d’une femme, ce n’est pas l’amour d’un homme plus l’amour d’une femme, c’est l’amour humain de l’humanité homme-femme, l’humanité intégrale. Il y a donc quelque chose qui y relève de l’ontologique. Cette mutation, cette conversion de l’amour spirituel porté comme un poids dans cette attraction, est gardée par le corps de la femme. Cette conversion d’amour s’y opère métaphysiquement : il est impossible qu’elle se fasse sans l’intervention du Créateur. Le Créateur réalise cette conversion : ce poids d’amour nouveau qu’est le don de l’âme spirituelle va sans aucun doute influencer très fortement (en fonction précisément de la qualité de l’amour de la femme et de l’homme) la constitution du génome, la première cellule embryonnaire, et donc son organisation individuée.
Il faut un certain temps pour l’organisation du premier génome. A la première mitose, l’intervention dans l’organisation du premier complexe embryonnaire est conditionnée en grande partie par cette atmosphère d’amour, selon qu’elle est respectée ou pas. Les quarante premiers jours sont déterminants pour toute la vie.
Nous le savons très bien avec le mystère de l’Immaculée Conception. Dès le départ, L’Immaculée Conception : plénitude de grâce. Comment peut-on être dans la plénitude de grâce si l’on n’a pas d’âme spirituelle ? La doctrine de la vie chrétienne dit que l’on ne peut pas recevoir la grâce si l’on n’a pas une âme spirituelle. Donc si au premier instant elle n’avait reçue son âme spirituelle, elle n’aurait pas été dans la plénitude de grâce : a fortiori ne pourrait-on parler d’Immaculée Conception [ et toute la foi catholique serait une bêtise]. NON.
Il est vrai pourtant qu’il faut poser, physiquement, un organe ou quelque chose qui reçoive l’exercice de cette âme spirituelle dans le point de vue de la mémoire ontologique pour que puisse s’y vivre un acte expérimenté, qui ne sera ni psychologique ni psychique, mais d’ordre spirituel. Nous avons besoin du corps pour cela ! Alors il suffit qu’il y ait une mémoire génétique : notre génome est la grande mémoire physique au niveau biologique. Notre mémoire génétique est purement physiologique, purement biologique, purement physique. Elle est capable de mémoriser des choses qui vont se produire et qui relèvent d’un vécu qui correspond à la relation entre l’homme et la femme au moment de la fécondation, au moment de la conception, au moment où ils s’aiment tous les deux, et ce vécu du moment est lui-même conditionné par le vécu antérieur de leur relation les six mois précédents. Tout cela va influencer et sera porté quelque part, mais cela ne sera pas déterminant : c’est le poids de la donation de l’amour dans la vie spirituelle du don de Dieu qui se donne lui-même en donnant une âme spirituelle à l’image de Dieu, qui va donner la détermination principale. La foi, et même la sagesse, nous disent que c’est la prédestination qui sera déterminante. Notre mémoire y porte par ailleurs des qualités qui relèvent de la vie végétative (une difficulté ou une qualité de force cardiaque par exemple), des qualités de vie psychologique (une certaine sensibilité que l’autre n’aura pas). Si cette mémoire est capable de porter en amont et en aval des opérations de vie qui sont d’ordre végétatif et d’ordre sensitif, lesquelles ne correspondent pas à des organes existants (au moment où le génome se constitue, le cœur n’existe pas ; et au point de vue psychologique, les organes, le concupiscible et l’irascible, ne sont pas là), elle est forcément capable de porter sur les autres types d’animation qui font l’âme humaine .
La mémoire génétique suffit donc pour porter le point de vue de la mémoire ontologique dans son exercice : la mémoire génétique étant l’organe vivant capable de porter un exercice de vie spirituelle.

Une cellule est passive, elle suit son mouvement. L’exercice de vie spirituelle qui correspond à la vie contemplative est un exercice d’assimilation où nous sommes actifs : nous portons transformé en nous-même celui ce que nous contemplons. L’exercice d’amour est un exercice également actif où nous nous donnons nous-mêmes. Pour la mémoire ontologique, l’exercice de vie spirituelle est passif. Nous le retrouvons à la mort apparente (coma), quand nous sommes dans un état de passivité, quand notre cerveau ne fonctionne plus, quand tous nos organes sensoriels externes ne fonctionnent plus, mais que l’animation de notre âme vivifie encore dans nos cellules. C’est pourquoi notre animation spirituelle s’y trouve dans un état de passivité : nous ne pouvons plus exercer notre intelligence ni notre amour, et nous recevons une expérience qui n’est pas nouvelle, parce qu’elle ne nous a jamais quittés. Cet amour de Dieu qui ne nous a jamais quitté, nous revient de manière passive (vous ne verrez personne revenir d’une N.D.E en disant : « j’ai alors choisi de rentrer dans une zone d’amour différente… »).
Toutes les opérations décrites dans les N.D.E. sont à la fois troubles et à la fois pures, en ce sens qu’il y a quelque chose qui relève de ce passage de la mort apparente à la mort réelle, ce qu’il faudrait regarder attentivement. Dans le coma, il y a des choses qui relèvent de l’innocence pure (tout ce qui relève de la passivité relève de l’innocence et de la réalité spirituelle) et il y a des productions qui sont des auto-créations (c’est pourquoi beaucoup de parallèles sont faits entre l’expérience hallucinogène, l’expérience cataleptoïdo-somnambulique, et l’expérience de N.D.E.). Il faut donc considérer attentivement la différence entre un exercice de mémoire ontologique pur, celui que nous avons au premier instant de notre vie et pendant les tous premiers jours, et ces expériences mélangées où l’exercice de la mémoire ontologique est troublé en raison de nos actes, en raison de l’existence de puissances intermédiaires, en raison de l’influence de ceux qui nous entourent, en raison aussi de l’élasticité de notre âme. Si notre âme a eu des opérations d’ordre métapsychique ou paranormale (médiumnité, voyance, spiritisme, écriture automatique… ; en franc maçonnerie, on apprend, par exemple, à sortir de son corps en astral), nous allons voir se surajouter ici toutes sortes de choses qui n’ont plus rien à voir avec la mémoire ontologique.
Pourquoi y a-t-il du métapsychisme dans une N.D.E. ?
Notre corps est animé, notre corps vit, nos cellules se multiplient, nous avons chaud, nous avons froid ; nous avons une vie intérieure, nous sommes amoureux, nous avons des angoisses, nous ressentons plein de choses ; nous avons une vie spirituelle, nous sommes capables de prier, de regarder la réalité en face, de chercher la vérité, de comprendre ce qu’est un amour pur, où nous nous donnons substantiellement au-delà de la mort. Nous avons donc en nous trois grands types d’animations qui, avant notre mort, sont simultanées.
Au départ, nous sommes créés par Dieu dans l’amour de l’homme et de la femme. Puis à un moment il y a la rupture de la mort apparente. Entre-temps, nous pouvons avoir eu des expériences mystiques et spirituelles authentiques comme aussi des expériences métapsychiques. La spiritualité du Verseau nous engage par exemple à rentrer dans des expériences métapsychiques. La voie du Carmel, si nous lisons Ste Thérèse d’Avila par exemple, nous engage à rentrer dans des expériences surnaturelles, méta-pneumatiques . Notre vie spirituelle, notre amour spirituel qui est déjà capable d’avoir la victoire sur la mort, peut joindre le monde du surnaturel, de cet amour qui non seulement passe la mort, mais en plus est du même ordre que l’amour éternel de Dieu. Cet amour de Dieu est si fort qu’il est capable d’arracher notre pneuma (la partie pneumatique de notre âme spirituelle) dans un ravissement en Dieu.
Il faudra regarder attentivement la différence entre l’extase, le ravissement et le vol de l’esprit.
Dans la vie chrétienne, nous menons une vie d’union à Dieu et nous essayons petit à petit que ce soit Jésus qui vive en nous, comme l’eau se mêle au vin. Nous sommes le réceptacle d’un tourbillon d’union, où nous ne savons plus si c’est Jésus ou nous : c’est l’unité des deux, nous faisons une seule chair glorieuse à l’intérieur de notre corps, dans notre vie incarnée, et cela va si loin que pour l’union transformante soit totale (la septième demeure de Ste Thérèse d’Avila), il faut passer par la sixième demeure et par la cinquième, la quatrième, la troisième, la deuxième, la première.
Quand nous tombons quand la tentation grave vient, nous sommes dans la première demeure. Nous sommes dans la deuxième demeure quand nous arrivons un petit peu à lutter contre ces tentations graves et qu’en même temps nous continuons à prier. Dans la troisième demeure, nous ne nous occupons plus de lutter contre ces tentations parce que nous cherchons surtout à grandir en sainteté : la lutte contre le péché laisse la place à la lutte pour un amour plus grand, plus pur. Quand nous faisons oraison et que nous sentons cette saveur intérieure de la présence de Jésus ressuscité, nous sommes probablement arrivés à l’état qui correspond aux troisièmes demeures.
Dans la quatrième demeure de Ste Thérèse d’Avila, nous sommes capables de faire oraison d’union, d’abandon. Si nous exprimons par ce que nous ressentons le contraire de ce que nous voudrions dans l’oraison, cela ne fait rien, nous sommes heureux de vivre unis dans la contradiction à Jésus crucifié. Nous vivons silencieusement d’une réunion des Présences de la Très Sainte Trinité, un seul Dieu en trois Personnes, à tel point qu’au bout d’une heure d’oraison, notre corps est reposé, nos puissances s’y sont rassemblées et toutes les perturbations habituelles ne pénètrent plus.
Après, dans la cinquième demeure, nous rentrons dans l’union d’amour, ça commence à déborder. Mais il faut attendre la sixième demeure pour avoir ces extases et ravissements.
Nous devons être lucides sur ce que nous vivons.
Attention aux mystico-dingos qui pensent rentrer en extase, en ravissement ou en vol de l’esprit alors qu’ils font seulement une expérience métapsychique. Nous trouvons aujourd’hui de plus en plus de gens qui, quand ils se convertissent, se mettent à prier et à contempler Dieu : ils voient et ressentent des choses, c’est beau, c’est grand, très pur, magnifique, mais c’est métapsychique (deuxième demeure). Des gens doctes et très expérimentés nous le disent : sainte Thérèse d’Avila, docteur de l’Eglise ; saint Jean de la Croix, docteur de l’Eglise.
Le vol de l’esprit surgit parfois dans l’Amour de Dieu en méta-pneumatique, lorsqu’il devient si puissant que la partie spirituelle de notre âme est arrachée, emportée. C’est ce qui s’est passé pour Marie à l’Incarnation et à la Nativité. […Ne dites pas trop vite que vous connaissez le vol de l’esprit ! ]
Lorsque les enfants sont en extase à Medjugorje, ce n’est pas un ravissement. Si c’est vrai, c’est à la rigueur une petite extase, et encore : c’est imaginaire. Saint Jean de la Croix dira que des extases comme celles-là, correspondant à une apparition physique, sont à classer dans la troisième demeure, parce qu’elles restent très imparfaites et extérieures. Il peut évidemment y avoir des phénomènes très impressionnants… mais ils demeurent dans l’ordre du miracle, et donc dans l’ordre de l’extériorité : au moment où ils sont en extase, les enfants sont dans un état d’union à Dieu qui ne dépasse pas la troisième demeure. Le stigmatisé va apparaître dans la quatrième demeure ( mais les stigmates ne sont pas obligatoires : il y a des gens qui se trouvent dans la septième demeure et qui n’ont jamais été stigmatisés de leur vie ).

De la même manière que dans les premiers jours de notre vie embryonnaire, Dieu peut nous avoir pris dans l’oraison sous cette forme du vol de l’esprit. Il prend la liberté de nous prendre dans sa Gloire. Nous sommes comme sortis de notre corps, et c’est un miracle, nous dit le Seigneur, plus grand que la création de la terre toute entière, parce qu’on ne peut pas séparer l’esprit de l’âme sans un miracle. Il faut ici une intervention divine directe.
Nous pouvons avoir dans notre vie des petites expériences momentanées de vol de l’esprit, puis nous retournons et nous continuons à ramper, parce que dans la sixième demeure, nous avons des extases, mais c’est aussi dans cette même période que nous avons les purifications passives de l’âme et les nuits de l’esprit… c’est donc le martyre qui commence. Là, en haut, c’est très bien, mais quand nous redescendons, c’est la croix, le martyre, le plus grand martyre qu’un homme puisse connaître en cette vie. Ce passage de la sixième demeure est génial, mais…
Pourtant, nous devons tous passer par là… Personne ne rentre au ciel sans passer par là. Si nous ne le faisons pas ici, il faudra le faire plus tard, après la mort, dans la « vie purgative » (alors là, je vous plains !). Personne ne rentre dans la vision béatifique s’il n’est pas devenu parfait, et cette perfection se fait dans le passage jusqu’à la septième demeure, jusqu’à l’union transformante : accepter de se livrer et d’épouser la mort d’amour, l’amour à en mourir et le martyre de l’amour, l’holocauste de l’amour, le sacrifice de l’amour, l’amour victorieux de tout, dès maintenant.
« Ah oui, mais je souffre ! »
- Tant mieux, c’est excellent. Après la mort, aucun mérite ! Bien sûr vous irez au ciel, mais vous n’aurez que les purifications, vous n’aurez pas l’intensité d’amour correspondante, ce qui est franchement bête.

Un homme rencontre un ami qui lui dit :
« Tu sais, je suis dans un atelier, c’est vraiment intéressant, on apprend à se maîtriser, à trouver les énergies profondes, à dégager une espèce d’autonomie, cette radicalité, cette influence pour transformer l’univers, le monde, la société. Si tu rentres là-dedans, on pourra te faire confiance, tu auras une promotion, de l’argent… sinon, tant pis, tu resteras rampant, pas de promotion, rien… C’est vraiment intéressant, on va étudier la vie saine… »
Je fais allusion aux loges. Cet exemple est celui d’un homme que je connais personnellement, à qui l’on propose de rentrer à la GLNF (Grande Loge Nationale de France).
« Ah oui, vraiment, nous sommes croyants. Si tu ne jures pas sur la Bible, et si tu n’es pas croyant catholique pratiquant, tu n’entres pas dans notre atelier. Il y a des prêtres…
- Ah bon, je ne savais pas.
- Mais oui, on ne peut pas donner cela à tout le monde, c’est uniquement pour l’élite !
- Ah bon, eh bien je fais partie de l’élite, je rentre dans ton atelier.
Alors là, il va apprendre par tout un phénomène initiatique, auquel il se prépare, à receler en lui tous ces pouvoirs d’énergie qui lui permettent de temps en temps (comme l’AMORC, les Rose-Croix) de partir en astral (Sartre faisait cela par exemple), de sortir dans une espèce d’extase métapsychique où effectivement il se réalise dans l’initiatique d’une gnose (connaissance cachée) de la connaissance d’un soi apte à rassembler toutes ses forces d’animation, les séparer de l’animation végétative comme de l’animation pneumatique. Toute l’initiation consiste en cela, pour faire qu’il n’y ait plus cette unification de l’animation végétative et spirituelle dans le corps, par la puissance cachée su symbolisme alchimique, par lequel on fera émerger le corps énergétique, le corps subtil ( celui qu’on utilise en partie dans l’acupuncture ). Une fois qu’il se retrouve lui-même dans un corps subtil, il est capable, en effet, avec un certain type de motricité interne, de faire sortir ce corps subtil de son corps, et ainsi il peut se voir se promener à 800 mètres ou au plafond tout en nous parlant… Il lui suffit, pour se rendre disponible, de mettre son cerveau en ondes alpha (ce qui permet de court-circuiter un certain type d’animation), puis en ondes thêta (qui en court-circuite un autre type). Il est alors dans un état de suggestibilité qui le déconnecte de son cerveau antérieur toute la motricité névraxique. Alors il peut « sortir » de son corps.
Mais nous voyons bien que ce n’est pas un ravissement méta-pneumatique : c’est une sortie métapsychique ! La partie de la psyché est arrachée de son corps, la conscience de lui-même s’étant établie dans la partie psychique. Les expériences de mort décrites à la télé sont uniquement des expériences de N.D.E. qui correspondent aux sorties métapsychiques. Ce ne sont pas des expériences pneumatiques de la mémoire ontologique.
Nous n’avons pas besoin de mourir pour vivre une N.D.E. Ce que l’on appelle la médecine de la régression peut la provoquer, alors que nous sommes en pleine santé. On nous fait sortir de notre corps et nous faisons, grâce au thérapeute, l’expérience qu’il faut pour nous libérer d’un nœud que nous avons et qui fait que nous sommes complètement coincés ! Quand nous revenons dans notre corps, nous sommes soi-disant guéri. Mais ces expériences de régression ont de très graves inconvénients sur lesquels nous reviendrons.

Revenons à cette expérience limite finale où notre mémoire ontologique a son exercice séparé de l’exercice spirituel de notre vie intellectuelle contemplative et de notre vie affective d’amour.
Toute la question consiste à savoir reconnaître, entre la mort apparente et la mort réelle, ce qui relève de l’expérience en mémoire ontologique et ce qui relève de l’anomalie.
La mort, quant à elle, n’est pas une intervention divine directe, il ne faut jamais oublier cela : la mort est une conséquence du péché. Que s’y passe-t-il ?
Prenons l’exemple d’un accident de voiture. Supposons que le véhicule s’arrête violemment et que le conducteur soit projeté en avant en passant par le pare-brise. Son corps est toujours vivant, il est en plein vol si je puis dire, et il n’est pas encore blessé . Mais à l’instant où il est projeté tout vivant, l’adrénaline le met en ondes alpha thêta simultanément avec une telle violence que cela le fait sortir en métapsychique. Alors il peut voir comme un spectateur extérieur son corps qui se projette et s’écrase au sol
Notre corps est fragile : vous mettez de la gélatine un peu chaude à l’intérieur d’une grande baudruche en cuir, et vous balancez la baudruche : il est fort possible de voir que la gélatine qui est dedans ‘gicle’ dehors ; mais comme il y a un lien substantiel (il n’y a qu’une seule âme), elle revient forcément dans son lieu.
Selon le niveau où nous sommes au moment du vécu de ce choc, c’est la partie psychique ou la partie spirituelle qui se dégage en premier. Ordinairement, quand c’est la peur, c’est psychique. Toute la conscience est dans le point de vue psychique ; dans notre exemple notre accidenté peut observer son corps, et le voir vraiment du dehors.
Si le choc est vraiment trop fort, notre cerveau lui-même arrive à se déconnecter organiquement, petit à petit nos cellules elles-mêmes ne sont plus irriguées, notre cœur s’arrête, la partie végétative et spirituelle de notre âme sort, nous sommes tout à fait mort. On parle de mort réelle quand il n’y a plus du tout d’animation dans le corps.
Ceux qui ont approché ou aidé des gens qui étaient en train de mourir, ont certainement vu que la dimension végétative et spirituelle de l’âme est la dernière à partir : à un moment donné, toute l’animation concentrée se rassemble quelque part, c’est comme si tout s’arrêtait, et puis il y a le fameux ‘dernier souffle’ ; trente secondes après, il se peut très bien qu’il y ait encore la vie : l’âme est toujours là. Quand cela est vécu dans la douceur et dans la prière, la dernière partie de l’âme à partir est la conscience spirituelle, si bien que quelqu’un qui vit sa mort dans l’adoration ne connaît jamais d’expérience métapsychique.

En résumé : il y a normalement une unité entre le corps et l’âme. Nous n’avons qu’une seule âme. Elle a la forme de notre corps. Au moment de la sortie (mort apparente), il y a des anomalies, des contractions de l’âme, que l’on peut obtenir par voie initiatique pour sortir du corps en astral, en métapsychique, ou que Dieu peut produire dans l’âme (dans l’oraison d’union transformante, par exemple, lorsque l’âme rentre dans un vol de l’esprit, il y a également un événement, un accident, qui peut provoquer cette rupture, cette anomalie). L’âme est mobile, élastique, un peu comme dans un miroir transformant, elle sort par une ouverture, et il y a beaucoup d’ouvertures possibles, beaucoup de morts possibles.
L’union transformante, le vol de l’esprit, est une certaine expérience de la mort. La vie surnaturelle d’oraison et d’union à Dieu consistant bien à accepter la mort par amour, avant la mort : vivre une mort d’amour telle que, lorsque nous arrivons à la mort, la mort est déjà en nous, et la vie surnaturelle d’amour a pris possession de nous-même jusque dans notre corps et jusque dans notre âme végétative, psychologique et spirituelle, de sorte que nous n’avons plus à passer par la purification après la mort. Nous allons directement dans la vision béatifique.
Par contre, ceux qui n’ont pas voulu mourir dans l’Amour, mais qui ont voulu connaître des expériences terrestres d’amour sensible (l’amour qui se ressent, se palpe, leur fait du bien, leur donne un bonheur bien vécu, bien senti) s’enfoncent dans le métapsychique.
Au moment de la mort, s’opère ordinairement une rupture, soit du fait d’une peur panique soit encore d’un choc physique produisant le coma. Cette rupture va se traduire sous la forme d’une sorte de contraction. Imaginez-vous une marmite avec du fromage fondu à l’intérieur : si vous jetez une grosse pierre dedans, le fromage sort de la marmite : la N.D.E, c’est cela. Mais il reste du fromage dans la marmite, tout ne sort pas. C’est un fromage très spécial, de sorte que, même si le lien est encore très ténu et que le fromage s’en va très loin, il reviendra en principe vers son centre, parce qu’il y a une seule âme ! Il est donc naturellement possible d’éprouver ce que nous en ressentons en cette partie qui s’est évadée. C’est également selon le même processus que toutes les techniques initiatiques opèrent.
Le début d’une N.D.E. s’inscrit donc au moment de la mort apparente, mais ce n’est pas encore la mort réelle puisque du point de vue biologique de l’âme, nos cellules demeurent vivifiées.
L'animation biologique perdure assez longtemps après l’arrêt du cerveau, même après une heure : notre âme reste encore liée à notre corps de manière vivante. Il y a une unité de l'âme, il ne faut jamais l’oublier ! De sorte que, si notre mort réelle n'est pas advenue, il peut se passer ici dans cet espace un certain nombre de choses...
Tout le problème consistera donc à savoir ce qui se passe exactement.
Est-ce quelque chose d'humain ? Ou bien quelque chose qui relève de la production, d’une auto-production due à notre état de fragilité, en laquelle tout le domaine de notre imaginaire, de notre psychique, fonctionne encore…
Y-a-t-il, oui ou non, une influence du milieu extérieur et des êtres qui entourent le mort ? Les puissances intermédiaires, par exemple, ou les anges gardiens ? Dieu ? Toutes sortes de choses peuvent intervenir, mais une chose très importante devrait être considérée, à mon avis :

A l'origine de notre conception, jusqu'au quarantième jour de la vie embryonnaire, nous vivons une expérience spirituelle unique d'innocence, d’amour océanique quasi infini, une expérience de Dieu, de plénitude d'amour, jaillie du dedans et à partir de l’amour de la mère et du père porté par le point de vue biologique ( la tension de l’unité sponsale dans la conjonction des gamètes parentales ). Cette innocence d'amour, cette innocence divine, demeurera en nous ; elle y sera continuellement conservée. La mémoire ontologique ne cesse de subsister dans un exercice spirituel particulier, dont la première caractéristique peut etre définie par la passivité. Cela veut dire que nous n’avons pas besoin de poser un acte d'amour ni un acte de vie contemplative pour vivre cet exercice spirituel de mémoire ontologique. La mémoire ontologique s'exerce spirituellement et … librement de manière passive.
Je suis toujours capable de rejoindre cette épure qui est au centre de moi, portée dans mon corps au niveau micro-cellulaire ou biologique à travers cette mémoire du génome, donc cette mémoire génétique dont nous entendrons parler certainement bientôt. Je porte toujours en moi cette innocence divine, cet amour. Je suis fabriqué avec de l'amour incarné : un amour pneumatique et incarné. Le point de vue psychique ne s’exerce pas encore en nos premières heures de « conscience embryonnaire ». Dans les quarante premiers jours de la vie humaine, le point de vue psychologique ne peut encore s’y exprimer ! Tout le monde est d'accord sur ce point : le psychiatre, le psychanalyste... Il suffit de réfléchir un peu : si je n'ai pas d'organes, il m'est impossible d'avoir une sensibilité interne. Reste donc une sensibilité spirituelle et génomique.
Au moment de la mort apparente, à l’autre bout de la vie, du point de vue de l'exercice spirituel, du pneuma, de l'intelligence, je ne peux plus rien faire puisque je suis déconnecté de la sensibilité externe. Du côté de l'amour, nous ne pouvons pas davantage y poser un seul acte de liberté : c'est terminé, je suis dans le coma. Je ne puis alors perdurer que dans un exercice humain de passivité substantielle, lequel doit rester considéré comme un exercice spirituel. Quiconque a aidé quelqu'un qui a été dans le coma sait cela. Exercice de passivité, de reconnaissance, de gratitude quand vous priez « Je Vous salue MARIE » devant quelqu'un qui est mort dans le coma ; vous devinerez la gratitude de la personne, si vous avez un peu de perception spirituelle (... car elle est morte apparemment ). Ceux qui ont un peu assisté les morts savent cela. Comme il n'y a plus d'exercice spirituel actif, il ne reste plus que l'exercice spirituel passif, parce qu'il y a encore un reste en animation dans le corps qui reste au niveau purement biologique.
Les blessures, les angoisses de la mère (l’amour de la mère n’est pas absolument parfait, elle n'est pas l'Immaculée Conception, et donc il y a toujours des petits mélanges d'orgueil, de concupiscence, de vanité, etc), l'union avec Dieu et avec son prochain qui n’est pas totale quand la mère porte son enfant, puis à la naissance, le péché, le péché originel, recouvrent d’une espèce de gangue, d’écorce, la mémoire ontologique en laquelle brille encore une connaissance, expérience, satisfaction, plénitude qui la fait demeurer fondamentalement en elle-même comme dans une innocence infinie fabriquée avec de l'Amour.
Mais lorsque j'arrive ici à la mort apparente, l'exercice actif de l'intelligence et de l'amour disparaît et laisse la place à cette liberté de l'innocence divine qui est en nous : la mémoire ontologique reprend ses droits dans la conscience de soi.
Si je suis dans une maturité humaine qui n'a pas dépassé le point de vue psychologique (ce qui est le cas pour le grand nombre), ma mémoire ontologique va informer une conscience passive, mais dominée par le psychologique, et c'est ce qu'on appelle une N.D.E. métapsychique.
Ma mémoire génétique est portée par l’organe fondamental de base redupliqué des milliards de fois dans mon corps (composé de milliards de cellules), cet organe physique portant l’expérience divine originelle. C’est pourquoi je ne peux pas en prendre conscience activement : je ne peux en prendre conscience que dans l’adoration et l’oraison passive .
Lorsque spirituellement s’effacent les exercices actifs (exercices de recherche de la vérité, de connaissance, de compréhension, de conscience de soi, de connaissance de Dieu, de connaissance du monde, de la vie, de l’éternité, etc.), nous ne pouvons plus chercher la vérité, nous mourons, notre cerveau s’éteint, notre affectivité également, nous ne pouvons plus poser d’acte de liberté, c'est fini. Notre liberté active s’arrête à la mort apparente, mais cela ne veut pas dire que notre vie spirituelle et notre liberté profonde s'arrêtent.
Notre mémoire ontologique est une des trois puissance de notre âme spirituelle, un des trois vecteurs de puissance spirituelle qui nous permettent de faire des actes méta-pneumatiques naturels, et surnaturels (comme les actes d’espérance, de foi, de charité). Ces trois vecteurs de puissance spirituelle en nous peuvent s'exercer : nous avons reçu cet amour en don avec gratitude, nous l’accueillons, nous en jouissons, nous le savourons, nous nous engloutissons dedans passivement. Si ces opérations libres s’exercent à travers nos actes, parce que nous le voulons, nous parlons de vie contemplative et de vie affective.
Notre exercice actif s'arrêtant à la mort apparente, notre corps en sa mémoire génétique continue de vivre dans l’exercice passif de notre mémoire ontologique ; et la conscience de l'amour quasi infini avec lequel nous sommes fabriqués jusque dans notre corps, apparaît immédiatement à notre conscience. Mais si, au niveau de notre vie de conscience, notre vie intérieure se résume en raison de notre immaturité à une vie psychologique (« je ne veux faire quelque chose que si je le ressens, que si j’en ai envie »), cette mémoire ontologique va apparaître dans la partie psychique de l'âme. Mais cette advenue spirituelle de soi va envahir la partie psychique qu’elle n’avait pas vocation naturelle d’animer : le spirituel étant de soi beaucoup plus grand que le psychologique, cette invasion va pour ainsi dire faire gonfler et exploser l’intensité psychique de manière telle qu’elle va muer … en méta-psychique ! Cela nous fait sortir dehors : N.D.E. !
A chaque fois que nous avons à faire à une N.D.E., nous sommes sûrs d’avoir affaire à quelqu'un à qui il manque pas mal de choses au niveau de sa maturité. D'où la nécessité très importante de savoir comment il faut faire pour mourir dans une maturité humaine, et non dans une maturité animale.
Sur le plan médiatique, Elisabeth Kubler Ross est la coqueluche de tout l'accompagnement des mourants. Mais comme elle n'a aucune formation philosophique ni théologique, aucune expérience mystique personnelle, elle n'a que des expériences métapsychiques de sorties d’elle-même (elle y fut initiée chez Monroe), elle proposera du fait même un accompagnement des mourants les orientant vers l’entrée en N.D.E. L'accompagnement des mourants dans les hôpitaux s’organise et prépare les mourants à un abandon accompagné qui les pacifient en ondes alpha et thêta, les amenant à un état de conscience psychologique tel qu’ils pourront très difficilement vivre une mort naturelle dans un dernier exercice de liberté spirituelle : ils n'auront donc pas de mort naturelle au sens strict, et du coup ils seront très fragilisés et poussés vers l’expérience de type N.D.E. Une manœuvre démoniaque dont E.K.R. est probablement inconsciente (E.K.R a le mérite énorme de dire qu’il faut accompagner les mourants avec beaucoup d’amour, de compréhension, de compassion : ce qui est déjà grand !)
En conclusion, pourquoi la mémoire ontologique, lorsqu’elle ressurgit à la mort apparente, peut-elle provoquer une N.D.E ? Si la mémoire génétique qui porte cet amour spirituel est déconnectée du pneuma, alors il se réfugie dans la partie psychique de l’âme, ce qui provoque le phénomène instable que nous racontent les revenants de N.D.E. Je tiens à dire que cette expérience n'est pas une expérience de la mort, mais d'un coma, une expérience métapsychique. La mort, c'est après. Dans la N.D.E, si je revois toute ma vie dans un flash, c'est seulement une expérience métapsychique, il ne s'agit nullement d'une vision ouvrant au jugement, celle qui signe la consommation de la mort définitive.
A la mort réelle, en effet, c’est tout différent : l’âme se trouve toute entière séparée du corps. A ce moment-là, le point de vue pneumatique de l’âme reprend tous ses droits : c’est l’heure du jugement particulier (voir Catéchisme).


Comment fonctionnent les phénomènes métapsychiques ?
Nous essayons en ce moment de mettre en place le vocabulaire pour pouvoir analyser ce qui se passe dans la mystique de l'amédisme, dans la mystique islamique, bouddhiste, tibétaine, chrétienne, et aussi dans les phénomènes d’anomalies psychologiques, c’est-à-dire les phénomènes de délires mystiques métapsychique que l’on retrouve dans les hôpitaux psychiatriques, par exemple, où il n’y a précisément pas extase ni ravissement de l’esprit pneumatique. Ce sont des phénomènes cataleptoïdo-somnambuliques.
Regardons la différence dans les connections cérébrales physiologiques, psychologiques et spirituelles dans la mystique orientale, amédiste, tibétaine, derviste, chrétienne, philosophique : nous allons nous rendre compte qu'il y a à chaque fois quelque chose de très semblable dans ce que nous vivons dans la purification de la mémoire ontologique, dans la vie mystique chrétienne, avec ce qui se passe dans la purification de l'homme, de l’épure en Kundalini, par exemple. Nous regarderons cela du côté de la mémoire ontologique.
Tout être humain peut entrer dans cette innocence divine qui est au centre de lui-même et qu’il porte dans son corps depuis le premier instant de sa conception. C'est l’exercice de base de la vie spirituelle, valable pour toutes les religions. C’est le seul endroit où nous rejoignons dans l’amour divin et humain tous nos frères à égalité, quelle que soit leur religion. Il est donc très important de savoir où il peut y avoir cette charité fraternelle humaine et surnaturelle, là où nous pouvons irriguer de la grâce surnaturelle du Christ en Gloire tous nos frères qui vivent de cela.
Selon Vatican II, cela ne se fait pas par la communication de la doctrine, puisqu’ils ne sont pas d’accord, ils n’ont pas la foi. Cela ne se fait pas non plus par le point de vue de la charité parce qu’ils n’ont pas la vie surnaturelle théologale, l’exercice libre d’une charité théologale. Cela ne peut donc se faire que par la mémoire ontologique. L’œcuménisme ne peut pas se prendre par le nivellement (ce serait un anti-œcuménisme), ni par l’idéalisation (dire par exemple : « vous êtes plus dans l’amour que nous » n’est pas juste, car cela voudrait dire que le Christ est moins que Bouddha, alors que Bouddha dit : « je suis un homme » et que le Christ dit : « je suis Dieu »).
Nous devons donc bien situer notre vocabulaire.
Comment se fait-il que l’on devienne persuadé de la réincarnation ? Quand tu rentres à l’Amorc, on te dit : « mets-toi en ondes a ou en ondes b par telle où telle technique ». En a, on te met en régression sur un divan, tu montes dans ta boule de lumière (il y a 36 techniques), une fois arrivé tu t’envoles en métapsychique, hors de ton corps, tu rentres en ondes métapsychiques, ta conscience est hors de ton corps, et la vision de toi-même, ton corps, est hors de ton corps. Tu es dans un ensemble de vibrations que certains expriment par le point de vue de la fréquence. Tu rentres dans des fréquences métapsychiques qui rejoignent des fréquences universelles. Tu te reconnais dans un certain type de fréquence (tu as un certain type de blessures au point de vue psychologique) : dans le cas où tes fréquences sont exactement similaires à celles qu’il y a eu trois siècles auparavant, dans telle ou telle personne, tu t’identifies, tu te dis : « je me reconnais », et cependant tu n’es pas du tout la même personne ! C’est ton point de vue psychique, animal, c’est uniquement ta sensibilité animale, et ta cogitative.
Ces fréquences dépendent du temps, elles n’ont pas disparu. Toutes les religions naturelles sont basées sur cette grande mémoire de ce qui s’est passé. Dans l’Ancien Testament : « Faites ceci en mémoire de moi » et le mémorial de la Pâques, lorsque les Juifs refont la Cène avec les quatre coupes, avec les quatre bénédictions, ce qui s’est passé avec l’Agneau Pascal à l’époque de Moïse à la sortie de l’Egypte.
Il faudra regarder du point de vue du Zikaron, du mémorial en hébreu, parce que je crois que c’est la mystique hébraïque qui nous permettra de faire le lien entre toutes les mystiques du point de vue de la mémoire ontologique, parce que la mémoire est la racine de toute la mystique juive. Dans leur mystique, les Juifs vont pouvoir nous faire comprendre dans quels subterfuges on veut nous faire rentrer en métapsychique, pour nous faire rentrer dans la vraie mémoire et la vraie mystique de la mémoire, cette vraie mystique que nous retrouvons aussi dans la mystique hindoue authentique et dans la mystique de certaines religions. Nous ne regarderons pas la mystique tibétaine parce qu’il y a trop de puissances intermédiaires dedans, nous laissons cela au spécialiste de démonologie. Nous, nous voulons regarder la vérité et non les déviations. Nous regarderons donc ensemble les mystiques orientales qui sont pures, et nous nous apercevrons que c’est la même chose et que c’est là que nous nous retrouvons.
Donc, quand tu pars en métapsychique, ce n’est pas spirituel, tu te retrouves dans des fréquences qui ont existé et tu te reconnais. Tu peux ainsi avoir la certitude que c’est toi qui étais là et qui es là. Quand tu reviens ici, tu es convaincu d’être une réincarnation. D’ailleurs, si ta névrose avait provoqué des conversions somatiques dans ton corps, tu es guéri. Alors tu te fais en métapsychique cette réflexion qui est fausse : « ce qu’a vécu cette personne il y a trois siècles et que j’ai revécu ici, m’a guéri dans mon corps actuel, donc c’était bien moi ! ». Tu es seulement rentré dans un courant d’énergie métapsychique qui parcourt effectivement tout l’univers , tu es sorti de toi, de ton être, de ton âme spirituelle, et tu t’identifies à ton âme animale , tu oublies qui tu es, d’où tu viens, où tu vas. Et Dieu dit : « Je suis Celui qui est, qui était et qui vient » (Apocalypse, le livre de la fin).
A la mort réelle, l’âme est totalement sortie, et le corps n’est plus un corps, il devient un cadavre. C’est-à-dire que l’animation biologique est une animation accidentelle. Les ongles continuent à pousser en raison d’une énergie latente qui finit par s’épuiser, et non plus en raison de la présence de l’âme.

Cette soif d’innocence et cette souffrance de l’innocence perdue appartiennent à la mystique naturelle. Il y a une floraison extraordinaire de religions, de doctrines, de manières de rentrer dans cette vocation de l’homme à s’épanouir dans cette finalité, dans ce fruit intérieur. Cette innocence n’est qu’une semence, nous le sentons tous très bien, quel que soit notre bord (que nous soyons du côté des Pygmées ou des archi-branchés) ; mais une semence perturbée dès le départ. Il y a donc beaucoup de manières de cultiver ladite semence…
Il y a dans la sagesse humaine de nombreuses approches, et dans un but de clarification, nous pourrions essayer de voir celle de Jésus. Jésus plante un arbre, là, au milieu de nombreuses fleurs.
Les années précédentes, nous avons vu la question dont je viens de vous parler sur le plan de la doctrine (de la vérité, du dogme), dans la sagesse, sur le plan de la vie contemplative. Dans la vie contemplative, notre vie spirituelle fonctionne dans trois directions. Notre vie spirituelle nous porte à assimiler comme une coupe, ou un ‘radar’, les mystères invisibles, la vérité. Mais cette assimilation ne se fait pas s’il y a un poison quelconque, une petite toxine ou un phénomène de rejet, ou bien alors c’est reçu dans une autre dimension que la dimension spirituelle. Nous vivons alors cette mystique sur un plan psychologique ou métapsychique, ce que nous allons voir avec le lamaïsme. C’est là où est, selon moi, la grande différence entre le lamaïsme et l’hindouisme : il me semble que l’hindouisme reçoit les choses sur le plan spirituel, tandis que le lamaïsme les reçoit sur le plan métapsychique.
La vie spirituelle consiste habituellement à chercher la vérité et à se nourrir de cette vérité. Mais si nous avons une petite toxine, cela ne fonctionne pas (car une vérité intoxiquée est trop différente de la vérité) et nous ne pouvons pas rejoindre les autres mystiques par le point de vue de la vérité. Or nous voudrions être œcuménique, nous aspirons à faire un seul corps spirituel avec tous ceux qui veulent vivre de cette innocence divine qui est en eux jusqu’au bout.
L’année dernière, nous avons vu le côté de l’amour présenté ainsi : l’amour, c’est l’extase. Nous nous donnons dans l’amour au Bien substantiel, au Bien en soi, qui est une Personne, Dieu, à ce moment-là, n’est pas la lumière, Il est le Bien suprême, le Bien substantiel. L’amour fait entrer en extase parce que le Bien attire. L’intelligence qui contemple est la capacité d’accueil spirituel, et l’amour, le cœur, est la capacité de don. Mais là encore, nous avons un mal fou à rejoindre les autres mystiques religieuses, parce que ce n’est pas tout à fait le même Dieu, le même Bien. Dans le bouddhisme, le lamaïsme, le Bien suprême est l’An Atman, la non-existence en soi : lorsque vous atteignez la non-existence en soi (parfois appelée Nirvana), à ce moment-là vous atteignez votre Bien. Mais en philosophie et dans la mystique occidentale, Dieu n’est pas du tout non-être : Il est Etre Premier, donc ce n’est pas le même. Quelque part, le bouddhisme est anti-métaphysique, mais nous y reviendrons.
Du côté du Bien, nous avons un mal fou à rentrer dans l’œcuménisme, parce que ce n’est pas la même chose qui nous attire. Dans certaines gnoses, nous sommes attirés par le Tout. Il existe beaucoup de mystiques de ce genre, où l’on nous apprend à être attirés par le Tout, à sortir de nous-même pour rentrer dans le Tout, dans la paix, l’harmonie du Tout. Mais l’harmonie du Tout n’est pas Dieu ! Certaines mystiques se terminent au Tout, d’autres à un Bien limité (l’amitié humaine, par exemple), d’autres encore à des objets purement créés (nous appelons cela l’idolâtrie).
Nous, les occidentaux, sommes très à l’aise dans la scolastique (nous discutons de ce qui est vrai et de ce qui n’est pas vrai). Mais ici, avec la mémoire ontologique, nous sommes complètement désemparés. Les pères, les maîtres spirituels d’occident nous disent aujourd’hui : « nous sommes faits pour le bonheur ». Mais ce n’est pas la recherche du bonheur qui compte, mais de rentrer dans le néant, la nuit, la nuit de la foi, la nuit de l’esprit, dans les purifications : nous n’avons pas l’habitude de rentrer dans cette pauvreté substantielle, ce dépouillement, cette abdication du moi, cette nuit de la personne, cette crucifixion, ni de rencontrer celui qui est le Père éternel, l’éternelle Origine, la vie éternelle à partir de notre vide. Regardez vos curés de paroisse, vos évêques, même vos moines, bénédictins (Solesmes, Sept-Fons…). Dix de mes amis se sont convertis au Christ parce qu’un gourou leur a dit en Inde : « Lisez S. Jean de la Croix », et qu’ils l’ont lu.
S. Jean de la Croix, lui, engage la chose du côté de l’anéantissement total pour qu’il n’y ait plus que Dieu : c’est le retour à cet abandon absolu à celui qui est à l’origine de tout, Celui qui enveloppe tout. C’est alors que nous rejoignons toutes les doctrines du Tout. Le Père est en même temps Celui qui enveloppe tout et Celui qui est à l’origine de tout. De ce côté-là, il y a un immense œcuménisme et nous rejoignons, dans la montée mystique de l’âme, toutes les autres mystiques du monde.
Nous allons essayer de voir la différence, du côté du vécu spirituel de la mémoire ontologique, entre les cinq grands courants suivants :
la mystique de l’Islam (je ne parle pas de la doctrine de l’Islam, ni de la conception de l’amour, de la bonté, de la miséricorde, de la béatitude ou du bonheur dans l’Islam, mais de la mystique),
la mystique plotinienne, c’est-à-dire toute la mystique de la mythologie grecque dont nous sommes très dépendants (Plotin est le dernier représentant de cette mystique, il lui a donné toute sa force, toute son unité, toute sa puissance),
la mystique hindouiste qui correspond, comme la mystique de l’Islam, à une mystique de la Création,
le développement de la mystique bouddhiste, donc le lamaïsme, encore que le bouddhisme soit beaucoup plus intéressant dans ses origines que dans son développement terminal. Il faudrait regarder surtout le bouddhisme de Bouddha, celui des origines. Mais nous travaillerons avec ce que la Providence nous donnera.
la mystique apostolique, la mystique occidentale, qui est une mystique surnaturelle.
Voilà notre programme.

La mémoire génétique
Pour l’homme, à la différence de l’ange ou des esprits désincarnés, il n’y a pas d’activité spirituelle sans le corps. Toutes nos activités contemplatives d’amour et d’enracinement en Dieu se passent toutes pour qu’il y a ait progressivement une unité de plus en plus intense avec Dieu : unité par assimilation, par don, attraction, conformation, identification.
A chaque fois que nous posons un acte de foi, un acte de charité ou d’espérance, un acte d’adoration en esprit et en vérité, dans la vie chrétienne, cela ne peut se faire qu’à travers notre corps. Le jour où notre âme spirituelle se dégage du corps, nous ne pouvons plus poser ces actes : notre degré d’unité avec Dieu s’arrête, notre degré d’amour, d’intensité, de la victoire de notre unité sur tout le reste par rapport à Dieu et par rapport aux autres, s’arrête.
Dans quelle partie du corps s’enracine la mémoire ontologique ? Où et quand le corps intervient-il lorsqu’il s’agit de rentrer dans cette conscience métaphysique de notre prédestination, pour emprunter le langage occidental ? A quoi sommes-nous prédestinés ? Quelle est notre vocation ?
Lorsque nous nous posons cette question-là, nous ne sommes pas du côté de la foi, ni du côté de la charité, mais du côté de notre proximité avec Celui qui nous a fait et Celui vers qui nous allons : Dieu.
Lorsque nous faisons les exercices de S. Ignace en 33 jours, nous mettons l’accent du côté de la mémoire ontologique, puisqu’il s’agit d’élaguer petit à petit les choses du côté de notre vécu affectif (du côté de ce que nous croyons) pour qu’il n’y ait plus que ce vécu, cette intuition, cette certitude intuitive.
Mais dans quelle partie du corps cela se passe-t-il ? Nous cherchons… parce que ce n’est pas défini par la foi catholique. Il me semble que c’est dans le point de vue de la mémoire génétique que s’enracine physiquement et spirituellement en nous cette sagesse de la Paternité. La mémoire génétique…
Quel est l’organe physique de notre corps qui reçoit cette Présence physique, donc réelle, de Dieu qui ne cesse de s’intensifier en nous ? Ce ne sont pas les organes qui correspondent aux sens externes et au cerveau. Tant que nous n’avons pas atteint l’âge de deux ou trois ans, nous ne pouvons pas poser un acte de vie contemplative, et tant que nous n’avons pas au moins deux organes primitifs du côté des sens externes (donc au minimum 18 jours de vie embryonnaire), nous ne pouvons pas poser d’acte d’amour. La mémoire génétique, elle, apparaît dès le premier instant. Elle s’inscrit dans notre première cellule, elle est notre chiffre physique, notre chiffre du vivant, il n’y en a pas deux pareils. C’est dans ce nid physique que notre mémoire ontologique, notre vie spirituelle, peut rejoindre ce premier contact éternel avec le Père, qui traverse toute notre vie.
Nous pouvons toujours reprendre conscience de cette innocence perpétuelle qui est en nous et la retrouver. Cela ne se fait pas par l’intelligence, ni par les actes anagogiques  qui relèvent de l’amour et du bonheur. Cela relève au contraire d’une conscience où nous nous déchargeons de plus en plus de tout ce que nous vivons, de tout ce que nous croyons, de tout ce que nous aimons, pour ne plus vivre que de Dieu. Nous nous abandonnons, pour que ce soit Dieu qui fasse les choses.
Comment apparaît l’ADN ? Qu’est-ce que l’ARN ? Que sont les gènes ? Les locus ? Les ‘X’ et les ‘Y’ ? Qu’est-ce que le génome ? Le génotype ? Comment est-ce que cela fonctionne ? A partir de quel moment faut-il deux chaînes ? Comment les protéines sont-elles produites à partir des neurotransmetteurs ?
L’âme spirituelle est créée à l’instant où elle est infusée dans le corps par Dieu. Il n’y a pas d’antériorité . Dieu crée la personne corps, âme et esprit dans un seul être : la créature de Dieu se termine à l’être, et l’être est le corps, l’âme et l’esprit dans une seule personne. Si je dis que l’être est l’âme, je confonds l’être et la vie et je tombe dans l’ontologisme, qui est une forme dévoyée à l’occidentale de l’hindouisme, laquelle provoque la réaction violente des idéologies athées.
L’aspect biologique de la vie vient de l’unité de la femme et de l’homme dans la procréation, mais s’il n’y a pas intervention créatrice de Dieu, il n’y a pas de don de la vie, même du point de vue biologique. Si la mémoire génétique est incapable es recevoir un exercice primordial de la mémoire ontologique, alors nous nous trompons tous, y compris le Pape, et la doctrine de la réincarnation restera la seule plausible. Du côté de la mémoire ontologique, nous avons le même vécu. Mais ce vécu, interprété dans d’autres mystiques comme un phénomène de réincarnation, à quoi correspond-il dans notre doctrine catholique et comment l’appelons-nous ? Comment pouvons-nous affirmer que ce n’est pas la réincarnation ? Et pourquoi y a-t-il, mystiquement parlant, cette apparence de réincarnation ?
Cela correspond à la question de la cause finale et de la cause efficiente, et en particulier à la question du péché originel. Comment peut-il y avoir une relation directe d’Adam, du premier homme et de la première femme, à moi, qui marque dans l’unité de mon âme et de mon corps quelque chose de réel, physiquement et spirituellement, en raison d’une connaissance avec laquelle je n’ai rien à voir ? Quelque chose précède donc ma création, l’apparition de mon âme dans le monde. Une fréquence physique fait qu’Adam (et d’autres aussi) sont en lien avec moi qui ne suis créé que maintenant. Mais cela ne veut pas dire que j’existais avant par mon âme.
A travers la question de la réincarnation, nous posons la question de l’hérédité physique en lien avec l’hérédité mystique. Nous devons donc regarder attentivement cette question de l’hérédité. Nous faisons de la philosophie, c’est-à-dire que nous cherchons la vérité. Nous verrons donc :
l’hérédité physique du point de vue de l’ADN,
l’hérédité mystique.

Question : la mémoire ontologique, est-ce par opposition à la mémoire imaginative ?
Réponse : du côté de l’intelligence, nous avons :
La vérité : Dieu est Vérité substantielle,
La partie spirituelle, appelée intelligence pure, noûs : purement spirituel, humain, naturel.
La raison : purement humain, mais infra-humain ; cependant nous ne le partageons pas avec les animaux.
La cogitative, en partage avec les animaux, correspond à l’estimative chez l’animal.
L’imagination,
Les sens externes (par exemple, le sens du toucher).
Notre intelligence est donc en acte à travers différents degrés de vie. Ce n’est pas la même chose du point de vue du cœur et de la volonté. Mais pour la mémoire, ce qui correspond au noûs est la mémoire ontologique.
L’intuition spirituelle, l’intuition de la beauté, l’intuition de l’harmonie, le point de vue artistique qui est en nous, c’est humain (on ne peut pas demander à son chien de peindre un Picasso).
La mémoire sensible correspond à l’imagination. Par exemple : « Dans mon passé, j’ai été blessée par ceci, par cela, je n’ai pas été accueillie par ma mère, elle voulait un garçon ». Entre la mémoire sensible et le point de vue de l’intuition artistique (du génie qui est en nous), il y a l’inconscient, le ‘sur-moi’, qui en réalité n’existe pas sur le plan physique : il n’a pas d’ordre, il est le seul qui n’ait pas d’organe.
Du côté du corps, nous avons la mémoire génétique. Quel est l’organe correspondant ?
Si nous voulons adorer ou être contemplatif, nous devons être capables de court-circuiter tout le reste. Nous passons du sens du toucher qui nous fait comprendre que nous existons, à l’adoration. Nous devons abandonner nos impressions, intuitions, schémas imaginatifs, idées, sinon nous ne pouvons pas devenir contemplatif et nous ne trouvons jamais la vérité. La vérité et la réalité sont co-adjacentes (éthique de Veritatis Splendor).
De la même manière, me semble-t-il, si nous voulons retrouver notre innocence divine, nous devons arriver à shunter en nous tous nos problèmes de culpabilité, de sentiments de culpabilité, de conscience de culpabilité, d’impression que « je suis un moins que rien », et aussi tous nos problèmes d’angoisses liées au passé ou au futur, ainsi que tous les sentiments du ‘moi’. Nous devons laisser tomber tout cela pour vivre de manière très nue ce qui vient des parties les plus élémentaires de notre corps au niveau micro-cellulaire multiplié par les milliards de cellules (50.000 milliards pour une personne de 50 kg).
Au point de vue de la mémoire ontologique, nous avons 50.000 milliards de récepteurs de notre vie spirituelle. Nous ne pourrons donc jamais nous arrêter dans l’exercice de la mystique du point de vue de la mémoire ontologique, parce que ces récepteurs y sont tout le temps (quand nous sommes dans le coma, quand notre cerveau ne marche plus, etc…). Tant que notre corps reste un petit peu vivant, nous pouvons encore avoir un exercice spirituel, si nous nous sommes entraînés avant. Si nous passons 20 heures d’une mort clinique totale, mais qu’il y a encore quelques petites parties de notre corps qui vivent au niveau micro-cellulaire , que reste-t-il alors ? Lorsque nous aurons vu cela clairement, nous pourrons trouver la voie par laquelle nous allons nous exercer à être forts dans notre réalité physique et spirituelle du point de vue de l’innocence.
Notre innocence originelle est, certes, éclaboussée, blessée, crucifiée, mais grâce à la mémoire ontologique, cette innocence crucifiée est une chance supplémentaire, parce que nous pouvons la conjoindre, grâce à cette crucifixion, à l’Innocence triomphante du Christ. Ceci est sûrement la spiritualité qui manque le plus en ces temps qui sont peut-être les derniers. Nous y reviendrons en regardant la question du New-Age et de l’innocence.

 Dans le domaine de la cellule, les découvertes biologiques sont relativement récentes (1950) et les applications existent depuis les années 70. Actuellement, certains chercheurs tentent de fabriquer des jumeaux artificiels par manipulation génétique appelée clonage, ou bouturage. Pour cela, ils séparent artificiellement la cellule en deux cellules identique, comme cela se produit naturellement lors de la conception de deux jumeaux. Mais cette séparation a lieu au huitième jour environ après l’apparition de la première cellule, donc du côté de l’origine, il n’y a qu’une seule mémoire génétique pour deux êtres humains. A partir du moment où il y a deux personnes humaines, il y a deux âmes. Cela voudrait dire que Dieu avait prévu que le médecin allait faire cela. A mon avis, il est probable qu’un clonage ne peut pas aboutir à deux personnes valides. Cela pourrait par contre marcher pour l’animal, puisque, par exemple, les deux chiots conçus par le gamète mâle du chien et le gamète femelle de la chienne, ne bénéficieront d’aucune intervention du Créateur : cela se fait tout seul. Tandis que pour nous, les êtres humains, il y a Création, intervention de Dieu, et c’est pour cela que nous parlons de pro-création.
Dans l’éprouvette, l’intervention du Créateur existe, puisque le gamète de l’homme et le gamète de la femme se rejoignent. Le problème concernant le clonage vient de ce que l’intervention artificielle se fait après l’intervention du Créateur qui a lieu au moment de la conception, si nous prenons la position très orthodoxe de l’Eglise. Les médecins disent qu’il est intéressant de faire cela, car cela leur permet de garder le n°1 et de congeler le n°2, pour réimplanter les organes du n°2 sur le n°1 quand ce dernier sera malade (et le clonage ne se limite pas à 2), et en s’appuyant sur la thèse de l’Eglise catholique, ils disent que le n°2 n’est pas détruit, que ce n’est pas un meurtre, puisqu’il n’y a qu’un être.
La chose importante à retenir est qu’à partir du moment où la gamète mâle et le gamète femelle rentrent en contact, nous avons la première cellule d’un être nouveau. A partir du moment où l’ovule détermine que ce sera ce spermatozoïde-là, et pas un autre, qui entrera, tout un processus intervient qui n’a plus rien à voir avec l’organisation génétique, le génotype, de l’un ou l’autre gamète, mais qui a à voir avec le génotype nouveau. Cela implique une animation nouvelle. Et pour la philosophie réaliste, une animation est toujours UNE. Si l’animation est d’ordre biologique, et que cela donne un être humain qui aura une animation sensitive et spirituelle, nécessairement (puisque l’animation est UNE) les autres animations y sont aussi. Cela, c’est de la philosophie, ce n’est plus de la biologie ; mais c’est une preuve. La démonstration de l’existence d’une animation spirituelle dans le premier génotype est philosophiquement posée.
Cette question-là est primordiale.
Pour avoir une idée exacte de ce qu’est la cellule, je vous propose de lire les quarante premières pages de l’Introduction à la biologie, d’Albert Jacquard, aux éditions Grancher.

L’autonomie de l’animation des gamètes mâle et femelle disparaît avec l’apparition du choix par la membrane cellulaire de l’ovule. A partir de ce moment-là, une nouvelle organisation se fait, qui n’a plus rien à voir avec l’animation biologique cellulaire des gamètes mâle et femelle : cette nouvelle animation a son autonomie micro-cellulaire. Par définition, qui dit animation dit âme. Cela se passe à travers des phénomènes d’interactions chimiques. L’animal a lui aussi des animations sensitives. Nous, nous avons une animation sensitive et spirituelle. Or l’âme est UNE, et elle nous fait vivre biologiquement, sensitivement et spirituellement (nous n’avons pas trois âmes).
Nous commençons à nous rapprocher de la question des différentes religions. Dans les autres religions, il est dit que nous avons plusieurs âmes : le corps physique, le corps astral, le corps lumineux, etc… Mais nous savons en philosophie, grâce à l’induction et grâce au jugement d’existence, qu’il n’est pas possible qu’il y ait une superposition d’âmes, qu’il n’y a qu’une seule animation et une seule âme, un seul principe d’animation qui est à la fois spirituel, sensitif et biologique. Nous savons que l’animation spirituelle est dès le départ.
Je pose donc ici l’existence d’une animation et d’un exercice potentiel de la mémoire ontologique dès le premier instant de la conception. Le problème de la mystique philosophique naturelle n’est-il pas une espèce de nostalgie de ce premier instant originel, ce désir de se retrouver soi-même dans l’unité (et non dans ses accidents, ses blessures, ses chutes) ? N’est-ce pas cela, la vie mystique ? Or, le seul moment où nous avons vécu cette unité, est dans notre première cellule, au premier instant de notre création. Toutes les mystiques naturelles ne consistent-elles pas à revenir à cet instant tout à fait primitif de retour à l’innocence originelle ? Ce sera un retour à l’innocence originelle au niveau individuel : voilà pour le petit véhicule, et à l’innocence originelle de toute l’humanité : voilà pour le grand véhicule.
Là, nous touchons quelque chose qui nous montre que seule la métaphysique nous permet d’y voir clair. Pour y voir clair, il faut aller jusqu’à l’induction de l’acte pour l’un et le multiple, jusqu’à l’induction de la substance pour ce qui concerne le point de vue de l’identité de la personne, le point de vue de l’être et de notre existence dans le temps. En dehors de cela, nous sommes dans une confusion, dans un vécu qui peut s’interpréter dans toutes les directions possibles, d’où l’origine de toutes ces religions.
Mais nous avons quand-même en commun de n’avoir qu’un seul vécu. C’est ce qui est intéressant à regarder. Nous avons en commun ce désir de la ‘grâce’ originelle. Je vous propose de garder cela bien en tête, car lorsque nous voyons cela, nous voyons l’organe physique correspondant et nous ne nous trompons plus lorsque nous avons une expérience spirituelle qui relève de la vie contemplative ou de l’extase, et quand nous avons une expérience spirituelle qui relève précisément de cette unification à notre prédestination inscrite dès le départ.
Au fond, il y a une hérédité, au départ, au niveau biologique : un plan donné qui va planifier tout le développement de l’organisme biologique. C’est un plan donné dans l’ordre de la cause efficiente, puisqu’il va s’engendrer à travers un développement successif : ce plan va se déployer par le point de vue de la cause efficiente (je mets une pichenette sur cette bille, et elle bouge). Tandis que la prédestination qui est dans notre mémoire ontologique relève, elle, de la cause finale. Et la rencontre de la cause finale et de la cause efficiente va caractériser ce qu’est le point de vue de la mémoire ontologique. S. François d’Assise (pas toi, ni moi) était prédestiné éternellement à être S. François d’Assise, au moment où il était là, au moment où Dieu l’a créé, parce que quand Dieu l’a créé au premier instant de la conception, lorsqu’il lui a donné une âme spirituelle, il l’a créé à partir de la fin, à partir de lui-même, Dieu, dans l’éternité. Cette prédestination ne relève pas de la cause efficiente, elle relève de la cause finale, sinon il n’y aurait pas de liberté.
Dans la mémoire ontologique, on nous dit ce qu’est la liberté, ce qu’est la prédestination et l’être que vous êtes : les trois. Retrouver ces trois en un, porté par Dieu, c’est vivre de Dieu et de soi-même dans l’unité et par le point de vue de la mémoire ontologique. Nous essayerons de voir comment faire et nous donnerons des exemples. Par exemple, comment vivre des sacrements, du baptême ? Comment faire oraison ? Comment faire des actes d’adoration ? Quels sont les rôles de la vie contemplative en nous, de l’amour en nous, du cœur en nous, de cette épure très extraordinaire, ce centre au centre de notre âme où, de manière extrêmement passive, nous sommes de plus en plus passif et où Dieu agit de plus en plus.
La mémoire ontologique est essentiellement passive dans son exercice, c’est pourquoi elle n’a pas besoin d’organe. Nous avons besoin d’organes pour les autres exercices de la vie spirituelle, la foi, la charité, l’extase, le ravissement, le don, l’assimilation de Dieu, la communion, tandis que pour l’exercice passif, où notre âme s’unit à Dieu de manière passive, c’est Dieu qui fait tout. A d’autres moments, nous nous unissons à Dieu de manière active, parce que nous le choisissons (c’est l’amour), parce que nous le recevons dans la foi (c’est l’intelligence), et là, nous avons besoin d’organes. La vie mystique s’inscrit dans la passivité aussi bien que dans le don et dans l’accueil du don.
Lorsque nous aurons vu cela de manière à peu près claire, nous pourrons voir où nous rejoignons les saints qui s’ignorent (« de bonne volonté », comme le dit le Concile Vatican II), où nous rejoignons Dieu d’une manière authentique, c’est-à-dire en tant qu’image de Dieu, donc dans les trois directions en même temps.

Mystique tibétaine
Nous allons traiter de la passivité mystique tibétaine . Cet exercice du sâmadhi est intéressant parce qu’il rejoint certaines de nos activités chrétienne dans la vie mystique pour atteindre cet état de passivité absolue.
Il est beaucoup plus intéressant de regarder la doctrine de Bouddha, pure à son origine, que celle du Dalaï Lama qui elle prend au passage d’autres notions religieuses et philosophiques, notamment la notion de Tao et de confucionisme, procurant aux mystiques tibétains une nouvelle voie qui n’est absolument pas bouddhique mais qui provient de l’hindouisme, avec un ensemble de pratiques et de rituels magiques. La notion de ‘chakras’ connue dans le New-Age, vient du tantrisme. Il s’agit d’un canal d’énergies dans lequel peut se manifester le mindstream. En éveillant les chakras, les degrés de conscience liés au corps sont éveillés et l’on parvient plus vite à la boddhéïté. Le tantrisme procure plus de techniques et de moyens, mais ce n’est pas l’enseignement de Bouddha. Les gens tâtonnent dans ce fouillis invraisemblable et prennent leur bien pour faire finalement un corpus.
Nous allons essayer d’expliquer le point de vue historique des origines du bouddhisme, de l’islam, et nous découvrirons qu’il n’y a aucune preuve historique, écrite, liturgique, architecturale, paléographique, qui permet de dire que Bouddha a existé au 5e ou 6e siècle avant Jésus-Christ. Le nom de Boddha (et non Bouddha) n’apparaît que huit siècles plus tard, dans les ‘Stromates’ de St. Clément d’Alexandrie, donc vers 200 après JC. Nous découvrirons avec stupéfaction que le bouddhisme vient du christianisme, que l’islam vient du messianisme, du judaïsme ébionite  et nous découvrirons que tout ce qui ressemble au christianisme dans la doctrine de Bouddha vient mot à mot du christianisme et de ses déformations gnostiques. Nous ferons donc cette genèse pour y voir clair au départ, car si nous ne regardons pas les origines dogmatiques, doctrinales, du côté des novateurs ou prophètes de chacune de ces religions, nous naviguons dans le vide.
Le bouddhisme n’a commencé à apparaître au 1e ou 2e siècle après JC.
Nous nous rendrons peut-être compte que finalement ces mystiques correspondent à la mystique gnostique, laquelle nie quelque chose de substantiel, donc le caractère absolu d’une doctrine dogmatique comme celle du christianisme apostolique. C’est delà que vont s’insérer les différentes mystiques dans l’islam et le bouddhisme. Cette hypothèse envisagée très sérieusement depuis quelques années est intéressante à développer.
La base commune de la mystique est de reconnaître que nous ne sommes rien et que Dieu est mon origine, mon tout, ma fin. Nous allons donc essayer de retrouver cette mystique de la vacuité et de voir, si possible, dans quelle mesure la mystique de la vacuité est absolue. Est-ce sur le plan de notre vie mystique lorsque nous vivons des sept dons du Saint Esprit ? Est-ce sur le plan de notre vie surnaturelle et théologale, lorsque nous vivons des vertus théologales ? Sur le plan de notre vie religieuse, lorsque nous vivons de l’adoration, de l’union avec notre Créateur ? Ou sur le plan de notre vie humaine ?
A quel moment cette mystique de la vacuité doit-elle être absolue ? A partir du moment où nous avons distingué ces quatre niveaux de la vie intérieure, nous nous apercevons que la mystique de la vacuité n’est absolue que lorsque nous vivons mystiquement de l’union du Père et du Fils dans la Gloire de l’Esprit Saint. Mais pour cela, nous devons être nous-mêmes bien conscients que nous sommes des créatures, que nous existons et que nous dépendons du Créateur. Si nous nions, si nous mettons la vacuité par rapport à nous-mêmes, nous ne pouvons plus rien vivre sur le plan surnaturel.
La gnose, précisément, consiste sans doute à rayer tous les niveaux. Déjà l’hegelianisme et l’ontologisme, n’a plus distingué l’être et la vie. Mais dans les mystiques tibétaines (et d’autres), ce ne sont pas seulement l’être et la vie qui sont confondus, parce qu’en effet ils disent qu’ils ont la vie, mais pas l’être (et de ce point de vue-là, ils ont raison : la vie n’est pas l’être), seulement ils n’ont jamais fait le jugement de l’existence, ce n’est pas leur faute. Ils confondent aussi le point de vue religieux, le point de vue théologal, et le point de vue incréé des missions invisibles des Personnes divines. A partir du moment où ces niveaux supérieurs dont ‘laïcisés’, si l’on peut dire, la doctrine de la vacuité devient un absolu terminal et ultime.
Il est très important de comprendre cela. Toute la compréhension, toute la lucidité sur cette question de la mémoire ontologique vient précisément de la différence entre ces cinq niveaux. Et la mémoire ontologique fonctionne sur ces cinq niveaux. Si nous n’avons pas ni foi ni le point de vue théologal, si nous pensons que Dieu n’existe pas et qu’il n’y a pas d’être, il n’y a plus qu’un seul niveau, et donc toutes les caractéristiques d’une union mystique avec Dieu (se vivant sur les cinq niveaux) sont vécus uniquement au niveau de la vie. Voilà le lamaïsme, au niveau éthique. Les clochettes, la tiare pontificale, la crosse, les enfants de cœur, l’encens… sont là, mais à un seul niveau, au niveau de ce que nous devons vivre, uniquement dans ce circuit vital qui ne correspond à aucune substance.
Mais un tibétain peut vivre des dons du Saint Esprit sans le savoir, parce que dans sa doctrine (sans qu’il le sache) il y a la place pour ces cinq niveaux. Mais comme il ne le sait pas, il ne peut pas y accéder par une foi vive et par conséquent, il n’a aucune fécondité sur le plan mystique surnaturel par rapport au prochain. S’il vit de cela, c’est uniquement parce qu’il rejoint la grande trace dans laquelle se situe la Jérusalem céleste, le passage de la résurrection dans le cosmos, le passage de l’Immaculée Conception dans la maternité universelle de Marie. L’Eglise toute entière réactive cette donation triple dans tous ceux qui sont de bonne volonté, qui vivent alors de la grâce sans le savoir. Jésus a tout fait, Marie a tout reçu, tout nous est donné, la Jérusalem céleste est irrémédiablement victorieuse, en mouvement, du point de vue de la cause finale. Mais du point de vue de la puissance et du pouvoir, ce sont ceux qui ont la foi et posent des actes de foi, d’espérance et d’amour, et qui laissent la liberté au Saint Esprit d’agir à travers eux, qui sont responsables de l’implication de la grâce dans le monde sur les hommes de bonne volonté. Alors le Saint Esprit prend possession de tous ces gens-là, non pas par la foi ni par leur union à Dieu, mais par leur soif, leur désir d’une innocence qui soit en même temps pure, d’amour, et en même temps absolue. Chez eux, cela ne se pose pas par des actes, précisément dans le cas de la vacuité terminale.
Comment donc, en dehors de la foi et de l’espérance, va-t-on vivre de la mémoire ontologique ? Vous voyez que c’est dans les sept dons du Saint Esprit, mais surtout dans l’esprit de crainte : « Bienheureux les pauvres en esprit, ils seront appelés fils de Dieu » et dans l’esprit de conseil : « Bienheureux les doux, ils hériteront de la terre ». Dans ces deux dons du Saint Esprit, la mémoire ontologique est activée par l’Esprit Saint, tandis qu’elle a appris précisément à faire qu’elle ne soit mue que par l’Esprit Saint.
Il est donc très important pour nous de regarder comment Jésus nous apprend à rentrer dans cet anéantissement de nous à cette crucifixion, la kénose, comme il est dit dans notre foi et dans l’Ecriture, pour que, Jésus ayant étreint tous nos anéantissements, toutes nos fautes, toutes nos fêlures, toutes nos non-substances, c’est-à-dire tous nos péchés, nous puissions rejoindre cet anéantissement pour qu’il n’y ait plus que la brûlante gloire du Christ Sauveur ressuscité qui prenne la place dans ce vide laissé par nos péchés.
Les tibétains sont très fragiles par rapport aux puissances intermédiaires (c’est-à-dire au démon, aux esprits déchus). Nous retrouvons ce problème dans l’hindouisme qui renonce au ‘bhakti’, à la voie d’amour, à la dévotion du cœur pour le Divin.
Mais si un tibétain recherche sincèrement cette innocence, s’il se dispose, au bout d’un certain temps, à recevoir autre chose que ce qu’il veut lui, s’il est disponible et de bonne volonté, il a implicitement la foi (et non pas explicitement). Il s’anéantit donc lui-même totalement pour ne vivre que de l’absolu, d’une espèce de grâce originelle. Ce cycle dans lequel interviennent différents phénomènes, sans arrêt, seconde après seconde, n’est pas sa vie, c’est un courant divin attribué à la grâce. Il ne sait pas que c’est la grâce, mais puisqu’il est disponible à ce courant de grâce, la grâce peut prendre possession de lui.
C’est la doctrine de l’Eglise. L’Eglise considère que les hommes ne peuvent pas être de bonne volonté et faire le bien dans toute leur vie, sans la grâce.


La mémoire génétique, suite
Je rappelle le sujet : nous avons besoin du corps pour que la mémoire ontologique puisse faire un exercice spirituel. Nous essayons de voir ce qu’est la mémoire ontologique, comment elle travaille, à partir de quelle organisation du corps elle travaille, ce qui, dans notre corps physique, va être utilisé par notre âme spirituelle pour faire un exercice spirituel (un certain nombre d’organes, et au minimum ceux qui correspondent au concupiscible et à l’irascible), et ainsi nous pourrons dire comment nous nous rejoignons nous-mêmes, ou l’autre, ou Dieu par cette antenne de la mémoire, d’autant plus que nous sommes dans un monde où l’intelligence est détruite dans sa dimension spirituelle contemplative, et où le cœur est détruit. Il est probable que pour la plus grande majorité des êtres humains crucifiés dans leur pureté intellectuelle et dans leur liberté d’amour, il ne restera plus que cette organisation de l’âme et du corps à travers la mémoire ontologique pour pouvoir se retrouver eux-mêmes, retrouver l’autre, trouver Dieu. Il est donc très important de retrouver cette question.
C’est dans cette voie d’accès que s’engouffrent à fond le bouddhisme lamaïque tibétain et l’activité spirituelle de tous ceux qui utilisent les énergies métapsychiques dans les sociétés d’Arcane et du Nouvel Age.
Cette recherche est de tradition occidentale, nous ne sommes pas les premiers à regarder comment ça marche, mais nous sommes les premiers à pouvoir dire quelle est la partie du corps qui est utilisée pour que l’exercice de la mémoire ontologique soit possible.
C’est la cellule initiale, primordiale, la fameuse séquence ADN, l’information ADN dans la gesticulation des molécules, qui permet à la mémoire ontologique de passer à travers cela et de s’exercer pour se rejoindre, pour rejoindre l’autre, et le Créateur. Comment est organisé notre ADN ? Je mettrai certaines choses entre parenthèses, car elles ne concernent pas, à mon avis, la question que nous posons : la mémoire ontologique se ‘fiche’ pas mal, par exemple, de la proximité des protéines par rapport à la chaîne hélicoïdale des transmetteurs.
A l’origine, dit-on, il y a eu le big-bang ( ?) et au milieu et à l’intérieur de cet amas extraordinaire, il y avait les atomes d’hélium. Dans l’hélium, il y a deux neutrons et deux protons. Trois héliums ne donneront un carbone (six protons + six neutrons) que dans des conditions particulières de fusion. Le carbone, lui, pourra s’associer d’autres atomes et on aura une organisation minérale extraordinaire avec une complexification ordonnée par la vitalité énergétique originelle. Signalons au passage que le carbone est constitué de 6 protons, 6 neutrons, et son nombre atomique est 6 : 6-6-6. Très curieux ! Ce n’est pas d’une petite importance. Symboliquement, c’est très intéressant, parce que c’est effectivement à partir du carbone qu’il commence à y avoir une véritable complexification, comme une espèce d’organisation de la gesticulation atomique des molécules qui vont se faire. A partir de cette gesticulation, l’ADN s’organise. Le moment primordial est ici : hélium : 2-2-2. C’est à partir du Verbe de Dieu que tout a été créé et que tout est dans une origine, le Père, le Fils et le Saint Esprit : He + He + He.
Au bout d’un certain temps, des minéraux vont se former par cristallisation . Une complexité supplémentaire commencera à apparaître lorsque les molécules seront capables de se reproduire elles-mêmes. Le cristal est l’élément ultime d’une organisation minérale parfaite, mais il n’est pas capable de se reproduire lui-même. La cellule vivante est capable de se reproduire parce qu’elle a des brins d’ADN qui vont se reproduire.
L’ADN est représenté par deux brins (comme deux ressorts très fins, très serrés) qui s’enroulent et qui sont constitués par des nucléotides. Il y a quatre nucléotides (A, T, C, G : A Toi Christ la Gloire), contenant chacun une dizaine d’atomes, et ils s’organisent d’une manière particulière selon la molécule de vie considérée : celle d’une mouche, d’une plante, d’une bactérie…
A chaque fois qu’une molécule se reproduit, il faut qu’il y ait une série de nucléotides qui s’organisent en forme de double hélice : A s’associe toujours à T (et réciproquement), C s’associe toujours à G (et réciproquement). C’est comme si chacun avait trois bras. A est associé à A par son double bras (la chaîne tient ainsi très fort), et le troisième bras, un peu plus fragile, est libre (je reconnais que c’est de la vulgarisation : nous ne faisons pas cela pour faire un cours de bio-génétique, mais pour sauver le monde, et nous sauver par la même occasion). Grâce à ce troisième bras, il y a association avec le nucléotide correspondant. Cette association n’est pas si solide que cela (si jamais il y a une petite cassure sur votre fermeture éclair, elle se sépare quand vous tirez dessus : c’est ce qui se passe à la reproduction de la double hélice d’ADN.
Par rapport à cette reproduction qui est la reproduction d’une vitalité végétative, il y a une apparition nouvelle dans la reproduction du génome humain, qui portera l’exercice physiologique de la mémoire ontologique. Dans la reproduction d’une vitalité végétative, l’hélice d’ADN se divise elle-même (1 devient 2), mais pour l’être humain, il faut deux êtres humains différents pour pouvoir en donner un troisième (2 devient 1).
Voilà la question que nous nous étions posées à l’origine quant au processus de reproduction du génome humain. C’est là que nous allons coincer notre problème. Une fois que nous l’aurons tenu, nous ne le lâcherons plus, car c’est une question absolument primordiale : toute la civilisation se joue sur ce problème en ce moment, avec les manipulations génétiques, les fivettes, le New Age… Nous avons le devoir d’essayer de comprendre.
Rappelez-vous : notre organisme est constitué de milliards de cellules ; le noyau de chaque cellule contient 46 chromosomes ; chaque chromosomes contient des milliers de gènes, et dans chaque gène il y a des centaines d’acides aminés, chaque acide aminé correspondant à un triplet nucléotide. Tout cela est prodigieusement important.
Pour passer de la complexification n°1 (1 devient 2) à la complexification n°2 (2 devient 1), le saut de complexification dans l’ordre de la gesticulation des molécules supplémentaires est que nous allons pouvoir, non plus nous reproduire, mais engendrer.
Je vous rappelle qu’ADN signifie Acide Désoxyribo Nucléique. L’ADN est toujours fixe, son information est unique et lorsqu’il se divise, cette même information est donnée dans les autres cellules. Aucune mutation n’est possible pour l’ADN, sauf par intervention artificielle. Associé à l’ADN, l’ARN, Acide Ribo Nucléique, est un transmetteur qui est également constitué par des chaînes hélicoïdales semblables. L’ARN a à peu près la même organisation que l’ADN, mais il n’a pas la même fonction. L’ADN est fixe, tandis que l’ARN vient se coller à une séquence de nucléotides dont il lit l’information, et il la transmet en dehors du noyau, dans le cytoplasme, pour produire une protéine qui aura une fonction particulière. L’ARN est donc ce transmetteur du code génétique.
Il y a trois triplets de nucléotides, et quatre nucléotides différents, donc 34 combinaisons possibles, c’est-à-dire 64 possibilités de transmetteurs différents. Or 64 = 4 x 4 x 4 = 8 x 8.
Dieu a tout fait en nombres, poids et mesures : le chiffre du sacerdoce est 444 : celui qui transmet la vie, qui ramène à la vie, le médiateur, le prêtre. Le chiffre du Christ est 888 : Il est la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, Il est la nature divine et la nature humaine, Il est le Prêtre. Tout ne s’arrête donc pas à notre civilisation positiviste industrielle d’efficacité (le carbone, c’est structuré en 666) : le Christ, Lui, assume toute la complexification du monde par l’unité de Dieu.
Cette organisation appelée code génétique a la même structure pour l’homme et pour toutes les organisations vivantes, à quelques exceptions près. C’est à cause de cela que certains y ont vu un fondement pour l’évolutionnisme, puisque la structure de transmission du code génétique est la même dans toutes les cellules vivantes.
Cette unité dans la transmission du code génétique ne montre-t-elle pas plutôt qu’il y a comme un support à la communication, à la relation avec tout ce qui vit dans l’univers, pour quelqu’un qui vit lui-même dans cet univers. Autrement dit, cela implique une interrelation. Nous avons dans le code génétique un support d’information et de transmission physique, qui correspond à ce qu’on appellera les fréquences métapsychiques. Ce ne sont pas des ondes : l’ARN est une séquence, mais la structure de ces séquences est la même pour tous.
Nous n’avons toujours pas saisi la caractéristique de ce qui se passe au niveau de la gesticulatoire moléculaire dans la procréation, en regardant le côté du corps et de l’âme spirituelle. Le corps rend possible, concrètement et réellement, l’activité spirituelle de l’homme, et nous essayons de voir comment fonctionne la mémoire ontologique dans l’être humain qui est un esprit et un corps.
Nos 46 chromosomes, contenus en 23 paires dans le noyau de chacune de nos cellules, sont formés par une succession de séquences qui sont des gènes. Chaque chromosome contient plusieurs centaines de gènes. Que se passe-t-il pour qu’il y ait le mécanisme de la reproduction ? C’est à partir des séquences de gènes qu’il va y avoir cette reproduction dans une nouvelle cellule.
Pour une cellule vivante de plante, les deux brins d’ADN se séparent et se reconstituent. Dans l’auto-production d’ADN micro-cellulaire d’une cellule vivante de plante, il y a une certaine continuité : la succession des nucléotides se reproduit. Tandis que pour les gènes, l’information qui est portée par le transmetteur n’est pas un support continu : la séquence qui va produire une protéine est prise à différents endroits, il n’y a pas continuité.
Dans le noyau de l’ovule, il y a 23 paires de chromosomes (46 chromosomes). Le noyau de spermatozoïde qui rejoint l’ovule comporte, lui, 23 chromosomes. Quand le spermatozoïde rentre dans l’ovule, il a éjecté la queue et tout ce qui ne correspond pas aux 23 chromosomes (sa membrane, les mitochondries…). Dès qu’il est entré dans l’ovule, un phénomène de scissiparité se produit dans le noyau de l’ovule : le noyau se transforme en gamète. Comme une transpiration d’amour, le noyau éjecte à l’extérieur du cytoplasme de l’ovule 23 chromosomes sur 46, comme des scories : ils se disloquent, il y a un petit bout de séquence ici, un autre bout de séquence là. Ce mélange de cette hélicoïdale et de l’autre hélicoïdale va donner un nouveau zygote avec ses 46 chromosomes, mais l’organisation et l’ordre séquentiel du zygote masculin n’a rien à voir, dans aucune suite séquentielle et à aucun moment, avec la suite séquentielle du nouveau zygote. C’est un être totalement nouveau à tous points de vue. Y a-t-il un être humain à ce moment-là ?
Nous ne savons pas, à l’heure actuelle, comment s’organise l’imbrication des nucléotides dans la nouvelle chaîne dans l’ensemble des doubles hélices au carré. Mais nous voyons bien la différence prodigieuse qu’il y a entre l’auto-reproduction d’une cellule végétative, et l’engendrement d’une nouvelle cellule d’homme.
A l’intérieur de la première cellule, il y a donc le noyau avec ses circuits chromosomiques, ses 46 chromosomes. A la troisième étape, cette première cellule va se diviser, selon un processus dont je vous fais grâce, en deux cellules exactement identiques quand à l’information de code génétique et quand à l’information ADN. Normalement, à l’étape suivante, il devrait arriver que chacune de ces deux cellules se divise elle-même en deux : nous aurions donc quatre cellules… mais cela ne se passe pas ainsi. L’échange d’une information présente dans la première cellule (avant qu’elle se divise), commandé à l’avance, se produit entre ces deux cellules, car la première cellule, en se divisant en deux, sait qu’une de ces deux cellules doit se diviser, mais pas l’autre. Donc, dans la quatrième étape, la cellule qui a reçu l’information « divise-toi » se divise. Lorsqu’elle s’est divisée, l’une des deux cellules qui viennent de se diviser informe les deux autres que la division est faite. Une fois que la division est faite, la cellule qui a donné l’information que la troisième est présente, peut se diviser elle-même en deux. A partir de ce moment-là, à la cinquième étape, il va y avoir 8 cellules, puis ensuite, 16, etc…
Le processus de division forme apparemment son unité à son point d’aboutissement qui est trois. Il y a un échange d’information qui montre que cette cellule-là n’est pas tout à fait la même dans ses déterminations que la deuxième et la troisième, et que toutes les informations qui sont là dans les deux cellules étaient nécessairement présentes dans la première. Cela veut dire que si, par une manipulation génétique, on en supprime une des trois, le processus embryonnaire ne pourra plus fonctionner. Il faut attendre qu’il y ait au moins seize cellules pour pouvoir en prendre trois ou quatre, à condition de ne pas prendre les quatre qui soient issues d’une seule souche. S’il y a une de ces trois cellules mère qui est encore présente, elles se reproduiront. Donc tout est basé sur trois. La postérité est dans l’antériorité.
Lorsque le spermatozoïde rentre dans l’ovule, nous avons 3 x 23 chromosomes, et lorsque les 23 chromosomes féminins en trop sont éjectés, il y a aussitôt l’apparition des 46 chromosomes. Il y a en même temps le père et la mère, et en même temps la cellule nouvelle qui apparaît, de sorte qu’il y a, pour la cellule nouvelle initiale, un contact physique avec le mélange de la cellule paternelle et maternelle. Ce contact physique avec l’unité du père et de la mère se trouvant dans ce reliquat des deux gamètes, est dans la mémoire de l’homme, dans notre mémoire.
Nous pouvons légitimement nous poser la question : à partir de quel moment le nouvel être est-il là ?
Certains disent que l’embryon ne commencerait qu’à partir du septième jour, à partir du moment où il y a la ligne dorsale initiale nerveuse qui va permettre que les cellules commencent à produire du cheveux, de l’ongle…, à partir du moment où chaque cellule est sensée devenir complètement différente de l’autre. Eh bien ils ont tort ! Chaque cellule est dès le début totalement différenciée l’une par rapport à l’autre, et en même temps toutes les informations qui sont présentes dans chacune d’entre elles sont toutes présentes dans la première. Si nous prenons la formulation des bio-généticiens, nous sommes obligés de dire qu’il n’y a aucune raison de placer l’infusion de l’âme humaine au deuxième mois plutôt que dans la première cellule.
La seule cellule qui soit différentiée de manière unique est la première, donc nécessairement il y a une animation. Et si nous avons une mémoire spirituelle ontologique, c’est nécessairement dans la première cellule .

Je voulais donc vous expliquer la différence extraordinaire entre l’auto-production de l’hélicoïdale ADN dans une cellule végétative d’un végétal, et la reproduction d’un être humain. Dans un cas, le processus est dans la continuité au niveau des séquences ADN, dans l’autre il est dans une totale discontinuité. On me dira : « oui, mais je ne vois pas ce que ça peut nous apporter »… Le passage de la rencontre des premières molécules et des premières séquences masculine et féminine à la séquence finale en chromosomes, est d’une continuité formelle, morphogénétique, et en plus c’est du vivant. Il faut une continuité : elle ne peut pas s’expliquer par le processus, puisqu’il est en discontinuité. Je dois donc poser qu’il y a une quantité morphogénétique, essentielle, substantielle, dans la rencontre des deux gamètes et la production du gamète final du zygote terminal. Le champ morphogénétique du nouvel être est là, nous n’avons pas besoin d’attendre qu’il y ait la première cellule elle-même. C’est prodigieusement important.
Nous le verrons par la suite dans la Bible, à propos des origines de l’âme, dans l’Incarnation, dans la manière d’adorer, dans la manière dont Dieu va saisir notre âme et notre corps, il y a un lien physique avec notre père et notre mère. Ce lien est conservé au dedans de nous. Dans chacune des milliers de milliards de cellules de notre corps, il y a cette mémoire de la rencontre du corps du père et de la mère, de l’unité du corps de la mère et du père, de ce qui fait que cette rencontre aboutit à nous.

Il y a deux solutions possibles dans la sagesse humaine :
Je suis là haut : « oh, pas mal ce couple, j’attends qu’ils fassent leur œuvre et je me réincarne là dedans »… C’est la sagesse bouddhiste. Les doctrines d’Arcane indiquent que cela se passe comme ça : je choisis mon père et ma mère.
2. C’est le Créateur qui crée une âme spirituelle à l’intérieur de l’unité du père et de la mère pour que je commence à exister et à vivre.
C’est une révélation : Dieu nous a créés, et il faut adorer notre Créateur. Dieu crée notre âme spirituelle à partir de rien, à partir de la poussière du sol, une gesticulation chimique de molécules. Sinon, il faudrait pour adorer Dieu que nous remontions dans nos origines, dans notre père et notre mère, jusqu’à Adam et Eve, jusqu’à la création du premier homme et de la première femme. Il faudrait que nous rentrions dans le champ morphogénétique de toutes les lignées humaines jusqu’à l’origine de l’homme. Comme nous ne pouvons pas rejoindre directement Dieu à travers notre corps, nous ne pouvons pas adorer, car pour adorer, il faut qu’il y a ait eu un contact direct avec Dieu. Si le contact avec le Créateur n’est pas direct, le saut jusqu’au Créateur (puisqu’il y a un saut à faire) ne peut se faire que par le symbolisme, le symbole, les archétypes, la mémoire parentale… Nous ne pouvons adorer que par le point de vue de l’être : c’est l’être qui unifie l’âme, le corps et l’esprit.


La mémoire ontologique, selon saint Augustin
Je vous lis quelques passages de saint Augustin, pour vous montrer qu’il y a un lien direct entre ce que nous venons de voir et la fameuse mémoire ontologique de saint Augustin. Ce n’est pas, selon qu’on l’indique, une étape dans la montée vers Dieu. En effet, il faut à la fois que Dieu soit trouvé au-delà de la mémoire et cependant en elle et par elle. La recherche d’une solution a entraîné saint Augustin à réfléchir sur le rapport subtil entre la réminiscence et l’oubli. Saint Augustin est le seul théologien qui était réincarnationiste avant de se convertir, il avait beaucoup réfléchi à cela en tant que philosophe. Quand il s’est converti, il est devenu au bout d’un certain temps créationniste. C’est pour cela qu’il est le seul à parler de la mémoire. Nous venons en contact avec ceux qui veulent manipuler les énergies en métapsychique. Si l’oubli était total, la réminiscence serait impossible. Or l’oubli n’est jamais total, l’objet ou l’événement oublié sont situés dans un contexte qui apparaît déjà comme tel à la mémoire. C’est en éclairant ce contexte, dans la mémoire et par elle, que cet oubli se dissipe. Il s’agit de la réminiscence et de l’oubli de son origine. Il suffit de se remettre dans le contexte de son origine pour retrouver cette mémoire. Chez saint Augustin, rejoindre son origine et retrouver Dieu dans son origine est prodigieusement important. Pour saint Augustin, nous sommes dans la mémoire ontologique, puisque cette volonté de bonheur présente en elle dès l’origine est implicitement une volonté de posséder Dieu, dès l’origine dans la première cellule, portée là par la mémoire génétique. Nous ne pouvons pas faire une activité spirituelle sans le corps, sans l’organe correspondant qui n’est ni le cerveau, ni l’irascible ni le concupiscible, mais la mémoire génétique complète en puissance et en acte. C’est là que Dieu nous donne ce toucher de ce qu’il est, de ce que nous sommes : amour ; et cette mémoire nous projette vers l’image de la Très Sainte Trinité. Dieu nous a touché dans l’unité de notre corps et de notre âme , il est donc présent au centre par un organe particulier qui est la mémoire génétique présente dans tout notre corps, puisque le génome est le même dans chacune des cellules de notre corps.
Dans le Traité du De Trinitate de saint Augustin, chapitre 14, paragraphe 15, verset 21 : « L’homme peut se rappeler. Le mode de la réminiscence de Dieu est présent sous une forme. Cette réminiscence suppose la réception de l’esprit. L’âme peut donc se rappeler qu’elle a connu Dieu dans son origine. »
Nous pouvons nous rappeler dans notre âme que nous avons connu Dieu. Nous ne pouvons connaître Dieu que dans un contact direct : quand il nous a créés, à travers la poussière du sol, donc à travers cette disposition formelle morphogénétique (je ne sais pas comment l’appeler, parce qu’il y a quelque chose du génotype et du phénotype).
« L’âme peut donc se rappeler qu’elle a connu Dieu dans son origine ou dans sa vie intérieure et au moment de son insertion dans le corps. Tout cela est enseveli dans l’oubli, mais c’est rappelé par le point de vue de la grâce de Dieu. Mais elle est rappelée à sa mémoire [commemoratur en latin], afin qu’elle se tourne vers le Seigneur, comme vers cette lumière par laquelle elle était touchée au moment même où elle s’en écartait (péché originel) ».
Paragraphe 12, verset 15 : « Nemiritate que mens Deis vis ».
L’âme se rappelle et se rappellera toujours de son Dieu. Lorsqu’il emploie cette expression, il parle d’une mémoire connue, consciente et voulue qui suppose que Dieu ait été appris par l’intelligence. Avant qu’il n’ait cette connaissance de Dieu explicite, la mémoire ne possède pas Dieu consciemment, elle possède seulement cette anticipation de la présence de Dieu qui permettra de le reconnaître quand il se dévoilera. Anticipation de notre cause originelle, de notre cause artistique, efficiente, transcendante. Ce n’est pas une cause finale, c’est morphogénétique : morphologique efficient en même temps que transcendant.
Saint Augustin considère d’abord l’esprit de l’homme en lui-même. L’âme spirituelle se souvient d’elle-même, elle se comprend elle-même et elle s’aime, elle se perçoit déjà comme une trinité. C’est seulement au moment où l’âme spirituelle prend Dieu pour objet dans ses actes, c’est-à-dire dans la mémoire, la connaissance et l’amour de son Créateur, qu’elle devient image ressemblance de Dieu de Dieu, actuellement et véritablement. Lorsque la mémoire reçoit passivement ce toucher, cette connaissance de Dieu dans sa mémoire génétique, elle est à l’image ressemblance de Dieu. C’est un exercice passif. Il n’y a absolument pas de possibilité pour la mémoire de dire : « je vais essayer de me rappeler de Dieu ». C’est un exercice spirituel. Toute la vie mystique est un jeu entre l’exercice actif de notre vie spirituelle et l’exercice passif de notre vie spirituelle. La mémoire joue ce rôle de la passivité, connaît l’accueil dans l’amour. Dans l’amour, il y a l’accueil et le don, sinon nous ne pouvons pas recevoir le don. Nous ne voyons que le don, mais sans l’accueil il n’y a pas le don. Sans la mémoire ontologique, il n’est pas possible qu’il y ait un exercice physique, un exercice de l’âme spirituelle dans le corps humain.
Voilà pour la nature. Maintenant, un avant goût de cette vision originelle peut être donnée par la grâce, comme saint Augustin en fait la confidence dans ses Confessions au terme d’un exercice qu’il fit du souvenir de Dieu.
Confessions, chapitre X : « Je me dégage des occupations astreignantes autant que je puis, je ne découvre de lieu sûr pour mon âme qu’en toi. En toi, tout se rassemble, toutes mes dispersions, sans que rien de toi ne s’écarte de moi, et parfois tu me fais entrer dans une impression tout à fait extraordinaire au fond de moi jusqu’à je ne sais quelle douceur, qui, si elle devenait parfaite en moi, serait un je ne sais quoi que cette vie ne serait pas. »
Guillaume de saint Thierry, Augustinien au 12e siècle, auteur dans la philosophie et la théologie catholique et apostolique bien avant la séparation avec la Réforme : « Pour lui, la vis memorialis, l’énergie de la mémoire… »
Le terme latin est vis, la force, l’énergie, la puissance : cet élan qui est donné par l’amour. La vis memorialis, l’énergie (energeia en grec) d’amour de la mémoire,
« est le premier don que Dieu place dans la citadelle de l’âme… »
Pour la tradition chrétienne, l’âme spirituelle est là (elle n’est pas au 40e jour ou au 2e mois).
« La vis memorialis est le premier don que Dieu place dans la citadelle de l’âme en insufflant à la face de l’homme son haleine de vie » (De Natura et dignitate amoris, chapitre 2, verset 3).
« La réminiscence de Dieu est le point de départ de la contemplation mystique car elle se développe spontanément en intellect et amour »,
donc dans un exercice actif, mais elle attend pour cet exercice actif le 40e jour, exactement comme le peuple d’Israël. Il a été soudé en une seule personne dans la nuée de feu au sortir d’Egypte, et c’est au bout de quarante ans seulement qu’il a pu atteindre la terre promise et exercer le culte en Israël. Ici, c’est pareil : l’unification dans l’unique peuple, corps mystique de Dieu, est là en nous, et l’exercice mystique par l’intelligence et par l’amour ne pourra se faire qu’à l’organisation dans le corps humain d’un certain nombre d’organes. Il est probable que la sanctification d’une âme (être lavée du péché originel) ne peut pas se faire avant le quarantième jour. Quand nous disons que Jean-Baptiste a été baptisé, a reçu la grâce, a été sanctifié avant sa naissance, cela veut dire entre le quarantième jour et le neuvième mois. Tandis que quand nous disons que l’Immaculée Conception a été immaculée dans sa conception, cela veut dire que le péché originel n’y était pas entre la conception et la quarantième jour. Saint Joseph a été sanctifié dans le sein de sa mère, mais cela ne pouvait être qu’après le quarantième jour suivant sa conception.
« En outre la mémoire, du fait qu’elle est primordiale dans la triade des facultés, est image du Père ».
Notre recherche de la paternité à travers le corps dans la bible, est liée directement à la recherche de la mémoire ontologique.
« L’intuition fondamentale de saint Augustin sera reprise par les mystiques de l’école flamande à la suite de Ruysbroek l’Admirable dans la doctrine du double rythme de flux et de reflux des trois puissances par rapport à l’essence de l’âme ».
Ruysbroek l’Admirable décrit comment il faut rentrer dans ce flux et ce reflux des trois puissances, l’énergie qui active la contemplation et l’amour dans l’essence de l’âme. L’essence de l’âme représente l’unité de la Très Sainte Trinité. La mémoire, l’intelligence et l’amour représentent le Père, le Fils et le Saint Esprit. La mystique pratique de Ruysbroek l’Admirable nous dit comment, à partir du corps, de l’image et des symboles (donc à partir du réel et à partir du symbolique), nous pouvons vivre complètement, psychiquement, spirituellement et corporellement, de ce flux et de ce reflux.
Ruysbroek l’Admirable est celui qui a été le plus loin dans la description du rôle de la foi, de l’espérance et de la charité, de l’adoration, de la confiance et de l’amour, de ce qui se passe au niveau de ces trois puissances différentes.



La mémoire électrique
Nous regardons ce qu’est la mémoire. L’homme est homme, non pas parce qu’il a des sentiments, parce que le crocodile et le cormoran ont aussi des sentiments, mais parce que trois fenêtres s’ouvrent :
la possibilité d’être attiré par un autre, invisiblement : c’est l’amour,
la possibilité de contempler ce qu’il y a de métaphysique, d’éternel dans l’autre, de recevoir l’autre dans une vie contemplative : c’est l’intelligence pure,
et la mémoire de l’être.
A chaque fois que nous sommes en contact avec quelqu’un que nous aimons, que Dieu met proche de nous, nous pouvons l’étreindre, non pas avec deux bras, mais avec trois : nous l’atteignons à travers trois antennes complètement différentes :
une qui l’accueille : la vie contemplative,
une à travers laquelle nous pouvons nous donner autant qu’il nous accueille : l’amour, nous nous laissons attirer par sa capacité d’accueil,
une troisième, qui est cette mémoire.
Avec Dieu, c’est pareil : spirituellement parlant, nous sommes en relation avec Dieu par trois voies d’accès : la foi, l’espérance et la charité.
Nous sommes fabriqués d’une manière telle que nous ne pouvons pas contempler l’autre en dehors de notre corps et en dehors de son corps. Notre âme spirituelle ne peut avoir un exercice qu’à travers notre corps. Nous avons scruté la dernière fois cette « ex parte materie », ce côté incarné à travers lequel notre mémoire de l’être fonctionne : la mémoire génétique, le génome, l’ADN, l’information, la gesticulation moléculaire qui d’un seul coup s’organise dans un chiffre qui est le sien et qui n’a rien à voir avec le chiffre de son père ou de sa mère ou d’aucun autre être humain qui ait jamais existé ou existera. Cette gesticulation moléculaire est la même dans notre première cellule et dans les milliards de cellules qui sont dans notre corps actuellement. Il y a une mémoire de ce qui nous est propre dans notre organisation moléculaire atomique. Cette organisation moléculaire atomique est indivisible, incommunicable.
Mais n’est-ce pas pareil pour l’éléphant ? Pour la salamandre ? Une nouvelle salamandre a bien un nouveau génome qui lui est propre.
Il faut donc que nous arrivions à saisir ce qui est tout à fait caractéristique à l’homme seul. Nous allons vers l’ « ex parte metaphysique », la partie métaphysique de la mémoire, qui permet l’union perpétuelle immaculée à Dieu. Nous avons une mémoire continuelle de Dieu, cette présence continuelle de Dieu qui va plus loin que la présence d’immensité de Dieu, qui est à l’intérieur de notre unité corporelle. Nous n’y sommes pas encore, nous y allons !
Entre les deux, il faut regarder. Aujourd’hui, nous allons regarder une mémoire qui se trouve du côté physique : la mémoire électrique, ou mémoire ionique. Ensuite, ex parte luminis, du côté de la lumière, il y a une mémoire tachyonique. Du côté des énergies, ex parte energarum, il y a une mémoire métapsychique. L’ensemble de ces quatre mémoires va s’unifier dans un champ morphogénétique. Ceci est propre à l’animal et à l’homme.
Les gens qui n’ont pas de maturité sur le plan spirituel, sur le plan humain, même dans leur mystique, leur conscience d’eux-mêmes, s’ils n’y prennent pas garde, vont essayer de saisir dans leur mémoire ce qu’ils ont toujours été à travers ce champ morphogénétique, métapsychique, énergétique, tachyonique. A ce moment-là, ils vont avoir la conviction expérimentale qu’ils sont la réincarnation d’une entité qui les précède. Il y a ici un champ vital, une fréquence, une conscience de la matière.
Nous allons essayer de comprendre en quoi nous sommes une réincarnation d’une vie antérieure : c’est faux métaphysiquement, c’est faux spirituellement, c’est faux humainement, mais c’est vrai, psychologiquement et au niveau des énergies, au niveau métapsychique, au niveau de l’information tachyonique, au niveau du champ de conscience.
Comme il y a un grand courant de vie qui va se cristalliser dans tout mon être vivant au premier instant de ma conception, je vais recevoir de Dieu cette présence de Dieu, cette immaculation, cette vitalité, cet élan d’amour, et en même temps je vais recevoir tout l’héritage du péché originel, du poids cosmique pris par les puissances de l’air. Il va y avoir cette rencontre, ce choc, et c’est comme cela que le péché originel s’inscrit en moi. Le péché originel est le dogme de la foi qui est le plus facile à accepter, parce que c’est celui que nous expérimentons le plus immédiatement, le plus facilement.
Dans ce livre de trois cents pages sur les anges, une partie de cent pages est consacrée à des expériences de rencontre avec les anges au niveau des champs morphogénétiques uniquement (dialogue avec l’ange, NDE, guide…) et une autre partie à des expériences qui viennent des mystiques. Le principe est le même pour les émissions Mystère, qui nous présentent sur le même plan des phénomènes surnaturels, pneumatiques, spirituels, humains, et des phénomènes métapsychiques. Il y est dit que les saints vont confirmer que nous avons une vie métapsychique, et confirmer finalement toute la doctrine de la réincarnation qui revient à dire que l’homme est une bête. Un réincarnationiste est forcément métempsycosiste (la métempsycose dit qu’à un moment nous avons été un animal…).
Nous faisons cette recherche pour essayer de comprendre les différences entre les mystiques et les différences entre les religions. Voilà le sujet de l’année !
Aujourd’hui donc, nous regardons rapidement le point de vue de la mémoire électrique.
Les chercheurs sur l’ADN sont obligés de dégager de la gesticulation moléculaire dont nous avons déjà parlé, la question de l’information à travers laquelle une branche ADN demande la formation d’une protéine, demande de se défendre ici, de donner une information dans l’ensemble du corps, etc, par des mécanismes physico-chimiques. Ils constatent qu’il y a d’autres phénomènes que des phénomènes purement physiques et chimiques : des phénomènes indépendants, dessous ou dedans, qui accompagnent cette gesticulation physico-chimique que nous découvrons à travers le développement du vivant. Avec des instruments de mesure particulièrement précis, ils découvrent une structure électrique dans l’ADN : il y a une phosphates, des bases, au sommet d’un ADN il y a des ions positifs, à la base il y a des ions négatifs, il y a de l’eau, des protéines qui ont elles-mêmes des charges, des différences de potentiels, etc.
Dès qu’il y a une cellule vivante, il y a, indépendamment de l’unité fonctionnelle, un champ électrique qui précède même l’arrivée de la première cellule : ce ne sont donc pas les cellules qui produisent le champ électrique.
Je vais vous lire quelques passages du livre d’Etienne Guillet, L’alchimie de la vie, pour vous faire gagner du temps et vous donner envie de le lire. L’auteur est docteur ès sciences, agrégé de mathématiques, enseignant chercheur à l’Université de Paris sud. Il étudie le mécanisme du cancer animal et humain au département de biologie moléculaire d’Orsay et à l’Institut Curie. Il est spécialiste de la gesticulation ADN, et il est évidemment réincarnationiste. Pratiquement tous les grands biologistes sont réincarnationistes, ce qui est normal dans le champ où ils se trouvent : ils constatent qu’un champ vital est antécédent à l’advenue de notre individuation, et croient qu’ils ont là l’observation clinique, expérimentale, de quelque chose qui nous précède, du point de vue du champ vital. Ils adhèrent donc presque automatiquement au vitalisme, au monisme, au panthéisme et au réincarnationisme.
Ce que nous regardons n’est pas ce qu’ils croient ou ce qu’ils en infèrent, mais ce qu’ils constatent. Ils constatent qu’en effet il y a des charges négatives en excès, des phosphates, qui attirent dans l’ARN et l’ADN, les charges positives des ions de sodium, de potassium, de calcium, ou encore les charges positives des acides aminés basiques. Cela explique qu’il y a des champs électriques que nous sommes capables de mesurer à l’intérieur des gesticulations moléculaires de notre première cellule.
Car je vous rappelle que nous essayons de voir ce que nous avons vécu au premier instant, dans la première heure de notre existence : qu’avons-nous vécu quand Dieu nous a créés ? Nous nous en rappelons, et tout le travail de notre mémoire de l’être est de se rappeler de ce premier instant, et de le relier à notre premier instant initial pour pouvoir nous projeter dans notre finalité. Cette voie de l’arc est une voie très nécessaire de la vie spirituelle. Nous verrons au terme comment faire un acte d’adoration avec cette puissance de la vie spirituelle que nous appelons mémoire ontologique. Pour le moment, je vous ai appris à faire un acte d’adoration à partir du jugement d’existence, à partir de la partie spirituelle de l’âme que nous appelons l’intelligence.
A l’intérieur de la double hélice de l’ADN, il y a principalement sept métaux, plus cinq adjacents : le fer, le nickel, l’or, l’argent, le mercure, le manganèse…, qui ont la propriété de se fixer aux bases de l’ADN. Les métaux alcalins, à cause des ions positifs et négatifs qui s’attirent ou se repoussent, se fixent aux phosphates, ce qui permet à la chaîne hélicoïdale de l’ADN de rester fixe, de rester elle-même, de rester stable. Tandis que tous ces métaux nouveaux : l’or, l’argent, le plomb, le zinc, etc, dès qu’ils s’accrochent sur un ion négatif (s’ils sont positifs), l’hélice de l’ADN s’ouvre au contraire, s’élargit, et en s’élargissant elle a tendance à donner son information, à précipiter un messager en dehors du noyau vers le cytoplasme, à faire produire une protéine : “multiplie-toi, essaye de croître dans telle et telle direction”. Donc les métaux jouent un rôle très important. A l’intérieur du noyau (lui-même à l’intérieur d’une cellule), il y a comme une espèce de boule dans laquelle sont regroupés les 23 paires de chromosomes. Les métaux : or, zinc, fer, argent… sont toujours à la périphérie de la pelote, et ont tendance à se mettre sur des particules ioniques qui sont capables de les attirer. Il y a plusieurs directions par rapport à l’espace et par rapport à un référentiel donné.
« Par une loi d’affinité, une énergie d’une certaine qualité véhiculée par un métal va atteindre un site de réception d’une qualité énergétique identique. Ce qui est troublant, c’est que le métal va, dans la plupart des cas, rester fixé à cette séquence d’ADN, alors que la boursouflure qu’il crée sur la chaîne en se fixant aux bases, va elle se déplacer en laissant la chaîne intacte après son passage »,
jusqu’au bout de la chaîne, et va communiquer une information aux autres cellules. Nous avons ici un processus d’information par voie ondulaire. Nous avons donc à la fois un système électrique et un phénomène ondulaire d’information non énergétique.
La biologie moléculaire est très importante pour notre sujet. Nous devons être capables de comprendre, pour nous-mêmes et pour les autres, à quel point ces théories scientifiques vont aboutir à la fameuse doctrine du Maitreya, la fameuse doctrine spiritualiste de l’anti-Christ.
Les chercheurs sont en train de mesurer ces phénomènes ondulatoires. Ils ont déterminé que non seulement il y a un ADN particulier, une gesticulation moléculaire (ex parte materiae), et un phénomène électrique et ondulatoire tel que nous pouvons déterminer pour chaque cellule qui nous est propre, à un moment donné, un DNA ondulatoire à partir d’une base de fixation électrique. Le N représente la fréquence de l’onde, le A son amplitude, et le D la direction de vibration par rapport au référentiel.
Ils utilisent des appareils comme ceux qui sont utilisés en homéopathie. Vous mettez des atomes de zinc dans de l’eau (à une certaine dilution), et vous le laissez gesticuler. Puis vous mettez une goutte de cette eau dans dix litres d’eau, et à nouveau vous le laissez gesticuler. Puis vous répétez l’opération x fois. Dès que vous diluez à 1018, il n’est plus possible qu’il y ait physiquement un seul atome de zinc dans l’eau. Si vous diluez à 1053, il n’y a donc plus d’atome de zinc, et pourtant il y a exactement le même phénomène ondulatoire électrique, du point de vue directionnel, du point de vue de la fréquence et du point de vue de l’amplitude, que celui du zinc dans l’eau. Si vous buvez cette eau, vous prenez, du point de vue électrique, l’équivalent en atome de zinc, et cela reconstitue votre carence en zinc. Et plus vous diluez et plus c’est puissant. Voilà le principe de l’homéopathie.
Nous avons donc un ADN et un DNA.
Le plomb, l’étain et le fer ont des DNA particuliers qui sont les mêmes que ceux que nous trouvons dans les racines des plantes, et pour l’homme dans la rate et l’os (DNA du plomb), le foie et le cerveau (étain), les poumons et la vésicule biliaire (fer). L’or a une fréquence particulière que nous trouvons dans les tiges et les feuilles des plantes, et pour l’homme, dans le cœur, la circulation du sang, le système réticulo-endothélial, les reins et les veines. Les DNA du mercure et de l’argent correspondent dans les plantes aux DNA des cellules de la fleur et du fruit, et en l’homme au système génital et la peau (argent), le cerveau, les glandes et les muqueuses (mercure).
La direction (D) et l’amplitude (A) sont les mêmes entre le métal, la plante et l’homme, mais la fréquence (N) varie selon l’état (chez l’homme, selon son état vital, potentiel, d’activité, de réveil…). Nous verrons que ces fréquences sont faciles à capter. Depuis 1954, les chercheurs ont déterminé les différents états dans lesquels se trouve quelqu’un qui est actué dans sa mémoire ontologique. Lorsque nous sommes en oraison de quiétude, nous atteignons des fréquences qui correspondent à une N64, tandis que dans un état normal, nous sommes en N24 ou 32. Lorsque nous sommes dans un état de méditation, de concentration, d’adoration, nous sommes dans une fréquence qui est un peu importante que celle où nous sommes dans un état d’oraison surnaturelle.
Mais il y a bien une relation entre tout ce qui existe dans le cosmos sur le point de vue minéral, le point de vue végétal, nos organes et notre activité intérieure. Ce qui explique toutes sortes de mystiques ésotériques, cosmo-biologiques, pour apprendre à être en unité physique et psychique avec tout ce qui existe.

La mémoire tachyonique
Nous allons passer à la deuxième partie : la mémoire tachyonique.
Nous nous rendons compte que la mémoire ondulatoire et la mémoire électrique correspondent à un champ intérieur de la cellule.
Kirlian a mis au point un appareil de photographie qui est capable de recevoir sur les cellules non pas la lumière visible (comme sur un appareil photo normal), mais l’onde de lumière électro-magnétique qui vient frapper les cellules.
Quand nous cueillons une feuille sur un arbre et que nous la photographions avec cet appareil, nous nous rendons compte qu’il y a sur l’appareil une photographie qui apparaît et qui correspond à la forme, et cette photographie ne peut pas venir ni du champ électrique ni de la lumière physique. Il y a un phénomène d’ondes, de lumière quantique : les quantas.
Si nous coupons la feuille d’un tiers, nous obtenons une photo mixte qui prend en même temps la photographie normale de la feuille coupée et en même temps le champ de lumière qui correspond à la forme entière conservée de la feuille.
Or nous savons très bien que notre âme a la même forme que notre corps. Pour chaque cellule, pour chaque organe, il y a une forme lumineuse. De quoi est composée cette lumière ? C’est précisément l’objet de ce qui s’appelle la bio-électricité super lumineuse.
Burr a découvert les champs de lumière qui sont autour de chacune de nos cellules. Vous pouvez lire à ce sujet : La médecine super lumineuse, du Professeur Régis Dutheil. Ce professeur de physique et de biophysique à la faculté de médecine de Poitiers, agrégé de médecine, membre de la Fondation Louis De Broglie (Louis De Broglie a découvert la théorie des quanta), se consacre depuis 1973 à la recherche en physique fondamentale. Il est devenu réincarnationiste, à cause des constatations qu’il a faites. La grande carence du monde moderne, de ces savants, des gens des médias… est de ne jamais faire de philosophie, de n’avoir aucune science de l’induction et aucune expérience spirituelle humaine, sans parler de l’expérience religieuse et surnaturelle.
Ces savants découvrent des choses et font des commentaires qui les amènent à ce fait que le champ vital précède ce que nous sommes en tant qu’individus :
« Il semble que le champ ondulatoire de lumière de Burr puisse être l’effet de la somme totale des courants ondulatoires détectés dans les DNA. L’intégration de ces courants et de tous les autres petits champs électromagnétiques issus de phénomènes chimiques (réactions enzymatiques) donnerait un champ vital. Cependant cette interprétation rationnelle hyper scientifique se heurte à un fait très étrange : le champ électrique de Burr existe dès l’ovulation et on enregistre même ce champ sur l’ovule non fécondé. Il s’agirait donc d’un champ primordial, les interactions constatées entre les organes physiques et le champ de Burr dans l’organisme ne survenant que par la suite. Expérimentant sur la lapine, Burr montra qu’il y avait une modification spectaculaire du champ au moment où le follicule rompt et libère un ovule. »
Dès que le follicule à l’intérieur de l’organe génital femelle libère un ovule, cet ovule a un champ tachyonique particulier, différent de celui de la mère, organisateur de l’éventuelle future cellule. C’est un champ vital, puisque c’est un champ de lumière. Il reçoit le phénomène électrique des 23 chromosomes masculins, suite à la nouvelle organisation génétique, et du coup la somme des différents champs enzymatiques, etc, vient peut-être modifier ce champ. Mais la structure organisationnelle principale est là. C’est une énergie physique qui semble immatérielle, mais qui n’est pas tout à fait immatérielle comme nous allons le voir maintenant.
La thèse de Burr est la suivante :
« Nous considérons le corps électrique comme étant également en relation physique avec le champ de matière tachyonique super lumineux. D’après nous, c’est l’ensemble de ces deux corps intriqués qui constituent l’hologramme sous lumineux, projection de l’espace temps super lumineux. »
En physique, si une particule élémentaire de matière va à une vitesse inférieure à la vitesse de la lumière, on l’appelle électron, neutron…
Si elle va à la vitesse de la lumière, on l’appelle photon. Elle est aussi bien ondulatoire que physique, sans être jamais physique. Elle opère une réaction comme si elle était une particule physique, et pourtant on ne peut pas repérer le caractère physique de cette matière photonique. La théorie de Louis De Broglie  à propos des quanta va nous faire aller un peu plus loin. A l’intérieur de tubes particuliers, on peut faire aller les particules à la vitesse de la lumière et repérer le champ ondulatoire d’un photon. Mais quand l’expérimentateur regarde, il se passe ce qu’on appelle le ‘collapse du psy’ : l’intervention de l’expérimentateur sur la trajectoire de la particule qu’il observe, transforme cette trajectoire. Sa seule observation transforme la trajectoire, et c’est grâce à sa seule observation qu’il arrive à déterminer qu’elle existe.
Il est possible que des particules aillent plus vite que la vitesse de la lumière dans le vide : on les appellent des tachyons . S’ils vont plus vite que la vitesse de la lumière, nous en déduisons qu’ils doivent reculer dans le temps. Eh bien non : il est impossible pour les tachyons de reculer dans le temps, donc ils rentrent dans un processus qui est uniquement spatial, hors du point de vue temporel, de sorte qu’il y a des interventions uniquement spatiales sur tout le champ temporel..
Avec le phénomène des quanta, nous avions déjà déterminé que si nous faisons exploser, d’une certaine manière, la matière, pour lui permettre d’aller à la vitesse de la lumière, en deux directions, et si nous touchons un quanta par observation (collapse du psy), alors l’autre qui est son jumeau, même s’il est à 10000 kilomètres, réagit de la même manière. David Böhm, prix Nobel, en déduit que notre univers, du point de vue de la lumière, est un univers replié.
Le tachyon est un phénomène de lumière qui nous fait rentrer, à travers une espèce de tunnel, dans quelque chose qui nous fait échapper au monde spatio-temporel. Voilà la NDE : notre mémoire ontologique s’engouffre dans le champ tachyonique et nous voyons cette espèce de Big Bang. Là, le calme est total, substantiel (c’est le point de vue temporel qui donne l’angoisse). Mais c’est un phénomène tachyonique, donc matériel. Ce n’est pas un phénomène spirituel. Ce n’est même pas un phénomène psychologique.
Nous pouvons agir sur les tachyons. Et c’est là que joue l’hologramme : dès qu’il est en relation avec la mémoire génétique électromagnétique, le champ tachyonique peut agir pour que les électrons prennent telle organisation physique : c’est l’hologramme. Cette organisation de notre corps est dans un modèle qui est tachyonique, qui est en dehors du temps, mais qui est dans l’espace. Platon disait cela au niveau de idées, et ces chercheurs disent cela au niveau d’une forme particulière de lumière tachyonique. Le tachyon étant, je vous le rappelle, une particule de matière qui va plus vite que la vitesse de la lumière. Si cette même particule freine à une vitesse qui est inférieure à celle de la lumière, elle redevient matière. Cela n’a rien à voir avec l’âme, ni même avec le point de vue psychologique.
Retenons que ce champ est facile à repérer (même par des instruments), et qu’il précède la formation génétique qui fait que nous commençons à vivre dans un corps particulier. Nous avons donc un champ vital particulier qui nous est propre. Comment peut-on l’expliquer ? Les scientifiques sont bien embêtés.
Rupert Sheldrake, après avoir passé trois ans en Inde dans un ashram, en donne une explication dans sa théorie des champs morphogénétiques dont nous avons déjà parlé, et que vous retrouverez à toutes les sauces dans les livres du New-Age. Sheldrake souligne la double orientation de la biologie cellulaire :
« L’explication conventionnelle de la base évolutive de la morphogénèse parle d’héritage de gènes au niveau physico-chimique. Mon hypothèse implique une vision plus vaste de l’hérédité et appréhende l’héritage de la forme organique à travers l’hypothèse que j’appelle l’hypothèse de la causalité formative. Il y a une cause fait que ma cellule et mon corps se forment de telle manière sur le plan physico-chimique, comme sur le plan du DNA, y compris les formes des molécules. Et je l’explique en terme d’héritage de champ organisateur, doté d’une sorte de mémoire innée. »
En dessous de la cellule, en dessous de ce champ électrique, de ce champ magnétique et de ce champ de lumière, se trouve un principe qui cause tout cela : le champ morphogénétique, lequel champ morphogénétique donne à toutes les formes, leur forme propre. De sorte qu’avec ce champ morphogénétique, toutes les formes sont en liens unes avec les autres : si sept ou huit savants dans le monde entier cherchent pendant vingt ans à trouver une explication sur tel phénomène chimique dans leurs éprouvettes, et si d’un seul coup l’un d’entre eux trouve, dans les quinze jours les autres trouvent aussi, sans aucune information directe de sa part. Cela relève de la même thèse : une espèce de mémoire innée avec répercussion à travers le champ morphogénétique sur chacune des formes particulières. C’est un phénomène tachyonique.
En 1968, il s’est passé le même phénomène à Paris et au sud d’Agadès (Peuhl Bororo), sans aucun contact entre les étudiants de Paris et les jeunes des Peuhl Bororo. Depuis des siècles, les Peuhl Bororo transmettaient la tradition, de génération en génération, et d’un seul coup, la même semaine qu’en France, il y a eu la révolution des jeunes.
Donc ce n’est pas seulement le point de vue génétique de l’ADN, c’est aussi toutes sortes d’autres choses, comme les recherches scientifiques par exemple. Je vous expliquais tout à l’heure que la présence d’un atome de zinc dans de l’eau se transmet à l’organisation des trimères des molécules d’eau. C’est lié à quelque chose qui ne relève pas du point de vue physique proprement dit, mais qui se traduit au niveau de l’information dans le point de vue physique : hologramme.
Pour Sheldrake, « ces champs morphiques sont en fait des champs d’information, car ils contiennent une mémoire innée, soutenue par la résonance morphique qui se fonde sur la similitude. La résonance morphique implique un transfert d’informations non énergétiques. »
Ce que je vous expliquais tout à l’heure grâce à la constatation d’un champ ondulatoire avec des directions particulières par rapport aux référentiels, une fréquence particulière et une amplitude particulière, le tout porté par une forme lumineuse homogène.
« Ces champs morphiques sont des touts auto-organisateurs. Ils ont six caractéristiques fondamentales : 1. ils ont un aspect spatial et un aspect temporel, 2. ils organisent des chaînes spatio-temporelles d’activité vibratoire ou rythmique, (…), 6. ils ont une mémoire innée dispensée par auto-résonance avec le propre passé d’une unité morphique particulière et par résonnance morphique avec tous les systèmes similaires antérieurs. Cette mémoire est cumulative. [Nous nous approchons à grands pas du panthéisme]. Plus un seuil d’activité particulier est répété, plus il tend à devenir habituel ».
Evidemment : on cherche pendant vingt ans à cristalliser telle molécule de synthèse, et d’un seul coup, on trouve, dans tous les laboratoires du monde. C’est cumulatif.
« L’hypothèse des champs morphiques me semble extrêmement importante, car elle a le mérite d’expliquer toutes les anomalies que nous n’arrivons pas à expliquer en regardant le point de vue de l’origine de la forme du côté des ondes, du côté électrique et du côté physico-moléculaire. Les champs morphiques permettent une explication rationnelle et matérialiste du renouvellement des cellules. Plus exactement, ils expliquent pourquoi les cellules se recomposent toujours de la même manière et pourquoi il y a une invariance des formes. »
Nous avons des milliards de cellules accumulées pour former nos organes, et plusieurs organes pour former notre corps. Ces milliards de cellules qui gesticulent, avec leur noyau, sont composées de composants, d’organites, de protéines… (dont nous avons déjà parlé), eux-mêmes composés de nucléotides, de molécules, ayant elles-mêmes plusieurs dizaines d’atomes chacune. Ces atomes correspondent à un noyau et un électron, ou un noyau et deux électrons, selon le constituant. Chacun de ces éléments ne dure jamais plus d’une semaine. Au niveau des électrons qui composent notre corps, il n’y a plus rien de ce que nous avions la semaine dernière : ils sont remplacés les uns par les autres, sans arrêt, mais il y a toujours la même information. Par contre, les cellules durent : quand nous allons mourir, telle cellule vivante, avec son chiffre qui correspond à notre ADN, demeurera jusqu’à la résurrection de la chair. Il nous restera au moins deux ou trois grammes de ces cellules. Les cellules demeurent donc, mais les composants de base de la matière sont continuellement renouvelés.
« L’origine du programme génétique »… 
Oui, je vous l’ai dit, le programme génétique est toujours le même. Dans notre première cellule, nous avons un programme et un programmateur qui décident qu’à tel âge, telle information qui est déjà inscrite dans notre première cellule, va se libérer. Des phénomènes cardiaques, certaines psychoses, certaines allergies, sont inscrits dans la première cellule au niveau de la chaîne hélicoïdale.
« L’origine du programme génétique s’explique ainsi fort bien. Nous dirons qu’il s’agit en effet du logiciel qui fait fonctionner ce programme. Seulement le programmeur nous semble être encore ailleurs : il est au niveau de l’interface de la conscience morphogénétique super lumineuse et du cortex cérébral. »
Tout le monde se range derrière cette hypothèse de Sheldrake, qui est effectivement la seule que nous puissions garder pour l’instant : le champ morphogénétique est un hologramme.
Qu’est-ce qu’un hologramme ? Avec un rayon laser, avec une lumière la plus condensée possible, vous lancez deux faisceaux lumineux à partir du laser, sur une plaque photographique. Avec une lamelle, vous éclairez un objet qui a une forme particulière en relief quelque part. Si vous retirez l’objet en gardant le même faisceau lumineux et en le mettant sur le cliché photographique qui en est sorti à la place de l’objet, vous apercevez dans l’air, en relief, en trois dimensions, l’objet lumineux que vous aviez photographié.
Sheldrake prend ce schéma de l’hologramme pour expliquer ce qu’est le champ morphogénétique. Il dit que notre corps, avec sa forme, est un hologramme. C’est une apparence spatio-temporelle qui correspond à une réalité de référence initiale qui, elle, était inscrite dans un rayon référentiel tachyonique, mais qui est restituée. Donc la réalité que nous voyons est maya, illusion. La vérité, la réalité, elle, est dans le champ tachyonique, et la référence est encore autre. Donc ce que nous sommes est une illusion. Nous sommes en plein bouddhisme ! C’est peut être vrai du côté de l’information tachyonique, donc sur le plan de la matière. Cela ne me gêne pas du tout que la matière me précède : je sais bien que je suis composé d’électrons qui existent depuis des milliards d’années. C’est pareil sur le plan des énergies, et sur le plan électrique. Cela ne me gêne pas. Mais Sheldrake pense faire une découverte ! Le matérialisme spiritualiste, c’est-à-dire réduire l’esprit à la matière, l’amène à dire que finalement, je suis une cristallisation illusoire d’une forme fréquentielle constante qui s’inscrit en dehors du point de vue temporel. Cela peut être exact du point de vue tachyonique, mais pas du point de l’âme, ni du point de vue du principe de la vitalisation, ni du point de vue pneumatique, et encore moins du point de vue métaphysique, parce que le fait que j’existe ne vient pas de là. Seulement ces chercheurs n’ont jamais fait un jugement d’existence de leur vie, et cela je ne peux pas le faire à leur place.
La prochaine fois je voudrais vous parler d’un nouveau bouquin qui fait fureur et qui structure en particulier tous les champs de vision métapsychique des énergies, au niveau du New Age. Nous héritons cela de Sri Aurobindo, qui à sa mort a pris l’esprit de Mère, sa compagne française, pour parler à travers elle. A la mort de Mère, Sri Aurobindo et Mère se sont emparés de Satprem, disciple de Mère. C’est du spiritisme pur. Mère parle et découvre scientifiquement les secrets du mental des cellules. Nous allons décortiquer ce livre pour voir comment ces esprits désincarnés et déchus transforment les éléments scientifiques actuellement présents. Sri Aurobindo est marxiste et il est averroesien, il considère donc que l’esprit est de la matière : l’être est la matière ! Il n’y a pas de spiritualité pure pour Sri Aurobindo : c’est une complexification de la matière, point à la ligne. Satprem dit : « oui, il y a quelque chose qui fait éclater le point de vue de la matière », il va plus loin que Sri Aurobindo (grâce à lui d’ailleurs de là où il se trouve), et il nous met en plein métapsychisme.
Ce livre est bouleversant à lire, il met celui qui le lit dans un état émotionnel total : enfin, il découvre ce qu’il vit au niveau de sa cellule primordiale, dans une mémoire métapsychique et affective. Il ne faut pas dire que ce n’est pas vrai, ne faisons surtout pas cette erreur, mais disons que nous avons un capital de vie limité, et si nous nous investissons là-dedans (comme certains qui me sont très proches qui se font avoir par cela), nous sommes en plein métapsychisme : nous sommes des surhommes, nous sommes mystiquement nietzschéens.
La Vierge Marie l’indiquait à la Salette : des grands scientifiques vont réorganiser toutes leurs hypothèses et leurs explications de l’homme, du monde et de la matière, à partir du spiritisme. Rupert Sheldrake lui-même est parti trois ans en ashram. Ici, nous sommes en plein spiritisme. Je vous rappelle que dans le Deutéronome, le spiritisme est l’abomination de la désolation. Cela ne veut pas dire que le démon dise des choses fausses, mais il les présente dans une direction fausse. Et notre but, notre travail, est de regarder dans la direction de la vérité ontologique de l’homme.
Ensuite, nous nous dirigerons vers l’hindouisme pour comprendre d’où vient l’hindouisme et comment il est né.

La mémoire ontologique selon saint Augustin, suite
Mais avant d’entamer sur l’hindouisme, je voulais quand même reprendre ce que nous avons vu tout à l’heure au niveau de la mémoire génétique, bioélectrique, magnétique, tachyonique, métapsychique, humaine, pneumatique, et celle qui correspond à l’innocence de notre origine. Nous avons beaucoup parlé de la mémoire génétique et de la mémoire ex parte materiae, du côté de la matière. Nous avons introduit ce que nous verrons la prochaine fois, c’est-à-dire les énergies métapsychiques.
Je voudrais maintenant vous dire un petit mot sur la mémoire ontologique, pour vous rappeler que la recherche sur la mémoire ontologique n’est pas nouvelle, que nous y pensons depuis bien longtemps et que nous n’avons pas attendu l’Inde pour savoir qu’il y avait cette mémoire.
Je vous cite Saint Augustin, en attendant que nous puissions approfondir tout à fait, le moment venu, pour vous dire simplement que si nous mettons notre accent, notre préoccupation, notre centre de gravité, notre capital de concentration et d’attention là-dessus, cela risque de diriger notre vie intérieure, puisque nous devenons ce que nous contemplons. Alors, ne partez pas sans mettre votre locomotive sur la mémoire ontologique et l’adoration, avec saint Augustin.
Saint Augustin est le théologien de l’Eglise chrétienne : il est un auteur qui fait autorité, l’auteur principal, le champ de référence morphogénétique en théologie chrétienne. Il faut justement que l’expérience cumulative de la référence hologrammique de cette source morphogénétique augustinienne, puisse engendrer un vaste courant de masse qui fasse que cette mémoire, nous ne la vivions pas en métapsychique, ni en mystico-hindouistico-bouddhistico-tantrique, mais en spirituel humain.
Je vous cite un petit passage que j’ai relevé dans un ouvrage de théologie récapitulative et synthétique : La Notion de mémoire chez saint Augustin :
« Saint Augustin semble avoir d’abord admis dans l’origine de ses pensées et de ses traités, la théorie platonicienne de la réminiscence en même temps que la préexistence des âmes. »
A un moment donné de sa vie, avant sa conversion, saint Augustin était manichéen (nous approfondirons ce qu’est le manichéisme, notamment pour comprendre ce qu’est le bouddhisme, puisque le bouddhisme vient du manichéisme). Une fois converti, il était encore un peu manichéen, donc il était d’accord avec ce point de vue de la préexistence de notre âme, c’est-à-dire que notre âme préexiste à son existence dans notre individuation à la conception). Puis en priant et en réfléchissant en tant que philosophe, il s’aperçut que c’est une impossibilité, sur le plan philosophique comme sur le plan de l’expérience théologique et spirituel, et finalement il refusa le point de vue de la réincarnation. Saint Augustin est donc véritablement à cette charnière qui nous intéresse. Il faut donc se souvenir qu’avant sa conversion et au moment de sa conversion, il était d’accord avec la théorie platonicienne de la réminiscence.
« Un échange de lettres avec Nebritius atteste dès 389 après Jésus-Christ [il y a mille six cents ans de cela, vous voyez que c’est très ancien], de l’intérêt de saint Augustin pour ce problème, et il annonce l’ample exposé des Confessions. Ce dernier texte a été très souvent analysé et nous allons marquer ici les points essentiels. »
Le Grand Traité de saint Augustin, les Confessions de saint Augustin, est très beau, très intéressant et facile à lire. Il développe en une cinquantaine de pages, de la manière la plus précise possible, cette question de la mémoire spirituelle, la mémoire ontologique.
« L’émerveillement de saint Augustin devant la mémoire n’est pas une pure affaire de rhétorique, au passage. Il en parle sur un ton lyrique : Compos et lata pretoria memorie ubis ut tesori inumerabilium imaginum : les champs et les limites de la mémoire, où se trouvent des trésors que l’imagination ne peut pas dénombrer. Magnia vis penetrale amplum et infinitum : c’est une puissance [vis peut se traduire aussi bien par énergie que par puissance], une puissance immense et grande qui pénètre dans l’ampleur de l’infini. Abstrusior profunditas memoriae : ô profondeur scandaleuse [si je puis dire] de la mémoire. Mais dans l’amplitude et la profondeur de la mémoire, saint Augustin découvre d’abord les lumières et les obscurités qui lui révèlent son savoir et son non-savoir sur lui-même. La mémoire est pour lui la possibilité de saisie dans une confession continuelle de gratitude qu’il est totalement ignorant de ce qu’il est. »
Il sait qu’il est, qu’il a oublié ce qu’il était, et qu’il est totalement ignorant de ce qu’il était. Mais s’il l’a oublié, c’est que ce qu’il est et sa connaissance de ce qu’il est, demeure dans sa mémoire. Vous apprenez par exemple un poème, vous le savez par cœur, puis vous l’oubliez : ce n’est pas parce que vous l’oubliez qu’il n’est plus dans votre mémoire, et si l’on vous met dans un certain état de suggestibilité hypnotique par exemple, ce poème ressort tout seul. Quand vous oubliez quelque chose, cela ne veut pas dire que ce n’est plus dans votre mémoire : cela y est, mais vous ne la connaissez plus.
Cette mémoire est liée, non pas à la lumière comme l’intelligence, mais aux ténèbres. Nous allons rejoindre saint Jean de la Croix lorsque nous regarderons comment cette mémoire prend toute sa puissance d’unification et de sanctification en nous, grâce à l’extase des ténèbres, grâce à la purification de la mémoire.
« En outre, et surtout, sa médiation dans la mémoire est une étape de l’itinéraire de l’âme vers Dieu qui passe par la considération des créatures jusqu’à celle de l’origine motrice du corps, puis à l’origine spirituelle de cette motricité vitale, l’âme intellectuelle, jusqu’à ce que Dieu longuement cherché soit finalement trouvé. »
Pour saint Augustin, nous trouvons Dieu grâce à cette puissance de la mémoire ontologique. Seulement, elle a été oubliée, donc nous allons faire le même cheminement que saint Augustin. Voilà justement tout notre travail de cette année.
« Cet itinéraire exige un mouvement incessant de dépassement intérieur continuel [toujours aller plus loin, plus profondément que le point de vue du visible]. La mémoire de saint Augustin déborde le domaine des sens [de ce que nous ressentons]. Elle appartient au niveau le plus élevé de l’âme [l’esprit]. Le mode de la réminiscence de Dieu par la mémoire ontologique [le fait de se rappeler de ce toucher divin] est présenté par Saint Augustin dans le De Trinitate.
Je vous l’indique de mémoire : Comment vas-tu faire pour retrouver Dieu à l’intérieur de toi ? Comment vas-tu te rappeler de la mémoire de Dieu ? Si dans la prière tu as une expérience divine très forte, tu l’oublies parce que tu fais le plein d’autre chose, parce que tu as des croix, des épreuves, des angoisses, et finalement tu dis : « Dieu m’a oublié », tu dis que tu n’a rien trouvé, et finalement tu finis par être convaincu que tu n’as pas eu d’expérience divine, il y a dix ans, et tu doutes considérablement. Et pourtant cette expérience divine fait que Dieu, ce toucher divin, reste présent parce que ce toucher est éternel : il est dans ta mémoire ontologique, il est présent, mais il est oublié.
Et à bien regarder, Dieu est présent pour nous tous, parce que, d’après saint Augustin, « l’âme ne peut se rappeler qu’elle a connu Dieu en Adam ou dans sa vie intérieure ou au moment de son insertion dans le corps, car tout cela est enseveli dans l’oubli. »
Nous faisons tous des expériences spirituelles par la foi, par l’adoration, par l’intervention de Dieu lui-même sur nous, et également, nous avons tous cette présence de Dieu oubliée et qui est la présence qui correspond à ce toucher divin dans notre âme, un toucher vécu et qui correspond au moment où Dieu lui-même fait cette insertion d’amour, en même temps que l’acte créateur de notre âme dans notre corps.
C’est exactement ce que nous cherchons : la mémoire ontologique de notre première cellule. Et c’est dit explicitement par saint Augustin dans le De Trinitate, chapitre XIV, versets 15 à 21.
« Tout cela est enseveli dans l’oubli, mais Dieu reste en cette expérience présent à la mémoire : commemoratur, continuellement, afin que l’âme se tourne vers le Seigneur comme vers cette lumière par laquelle elle était touchée au moment même où elle s’en écartait ».
Au moment même où Dieu me constitue dans l’ordre de l’être, me donne une âme spirituelle, et fait que j’existe comme homme, comme personne, à ce moment-là ce toucher direct, le toucher métaphysique du fait de l’existence, est insensible. Mais dans le fait de l’union de l’âme spirituelle et du corps dans le don de l’âme spirituelle, Dieu est présent : c’est vital, ce n’est pas métaphysique, donc cela me demeure. Je l’oublie, parce que, dans ma cellule initiale, je n’ai aucun organe récepteur pour le conserver dans ma mémoire, mon génome est incapable de se rappeler, il n’y a pas de sensibilité tactile dans la première cellule, aucun sens du toucher encore ; il y a uniquement un champ physico-chimique, un champ informationnel contenant des informations, un champ de référence, une fréquence, peut-être de conscience moléculaire tachyonique (nous regardons cela en détail la prochaine fois quand nous verrons le mental des cellules). Il faut que j’aie une petite partie dans mon cerveau, le télé encéphale, pour me rappeler, mais comme je ne l’ai pas dans ma cellule initiale, je ne peux pas m’en rappeler ultérieurement. Ça y est, mais c’est oublié.
A l’origine j’ai quand même été touché : « la lumière par laquelle elle a été touchée ». Dans ma première cellule, je suis constitué dans un état de lumière, je suis fabriqué par l’amour, avec de la lumière, physiquement, et c’est là mon premier instant dans l’existence. C’est un toucher réel, et je ne peux pas m’en rappeler, parce que je n’ai pas d’organe. Cela ne s’est pas logé dans ma mémoire sensible, cela ne s’est pas logé non plus dans ma mémoire antérieure, dans ma mémoire rationnelle, intellectuelle, conceptuelle ; je ne peux pas faire une abstraction de cela pour le conserver dans ma mémoire conceptuelle et par conséquent, je l’oublie aussitôt. Je l’oublie d’autant plus qu’un champ morphogénétique particulier, matérialiste, cosmique, et en plus peccamineux (péché originel), vient immédiatement recouvrir cette expérience de lumière. C’est pourquoi saint Augustin dit :
« L’âme peut se rappeler qu’elle a connu Dieu dans sa vie intérieure au moment de son insertion dans le corps, mais tout cela est enseveli dans l’oubli [il faudrait presque l’apprendre par cœur !]. Mais elle est rappelée à sa mémoire afin que l’âme se tourne vers le Seigneur comme vers cette lumière par laquelle elle a été touchée au moment même où elle s’en écartait » [péché originel].
Je suis créé au même moment dans la lumière et dans l’amour infini de Dieu avec cette expérience d’éternité, cette expérience extatique de mon âme spirituelle. C’est une vraie extase dans un corps très élémentaire. Et immédiatement, je reçois toutes les conséquences du péché originel, du péché communionnel, du péché symbiotique, et aussi de la lourdeur du poids de la matière cosmique, de tous les champs tachyoniques, de tous les esprits de l’air (les esprits déchus). Je suis en même temps dans une sainteté, et en même temps frappé, obscurci, par le point de vue du péché originel.
Il aurait fallu que j’apporte le texte écrit par sainte Thérèse d’Avila (docteur de l’Eglise, docteur mystique) à la demande de ses supérieurs, qui donne exactement la même description que saint Augustin, mais à sa mémoire de femme, beaucoup plus descriptif. Elle pense qu’elle ne peut pas écrire ce livre sur la vie spirituelle et l’oraison, mais par obéissance, elle prie et elle supplie le Bon Dieu, la sainte Vierge, les saints, les anges, de l’aider, et au bout de huit ou neuf jours, en priant, dans une extase, elle voit (il lui est montré) ce qu’est l’âme en état de grâce originelle, cet état de l’instant primitif de notre création, pour chacun d’entre nous, et elle décrit cela : l’âme est comme un cristal de diamant à multiples facettes, translucide, glorieux, lumineux, avec des centaines de demeures (c’est de là que viennent les demeures de sainte Thérèse d’Avila), et d’amour, d’attraction, d’émotion, d’éternité, de présence divine : la Très Sainte Trinité. Sa description est fabuleuse : le voir est une chose, mais arriver à le décrire de manière aussi merveilleuse et extraordinaire que le fait sainte Thérèse d’Avila, en est une autre.
Et dans le même instant, dans cette présence cristalline, glorieuse, lumineuse, amoureuse, irréversible, immaculée, il lui est montré l’intrusion du péché, par l’extérieur. La présence de ce globe de gloire d’amour, de lumière, de soif, d’élan, de divinité, d’image à la ressemblance de Dieu, reste au centre de l’âme, mais est immédiatement engluée dans la noirceur, le goudron, les ténèbres, etc. Les demeures deviennent complètement ténébreuses, et pourtant au centre de l’âme, ce cristal reste avec ce même degré de lumière mais il n’est plus visible. Le traité de sainte Thérèse d’Avila explique comment, petit à petit, chacune des demeures va être réintégrée dans la lumière, grâce au Christ, par les premières demeures périphériques jusqu’à la demeure qui est au centre de l’âme. Cette description tout à fait extraordinaire que fait sainte Thérèse d’Avila de l’innocence crucifiée, rejoint un peu ce que dit saint Augustin.
Vous voyez que nous n’avons pas attendu Sri Aurobindo et Sheldrake pour savoir que cela existe, mais nous préférons le prendre de manière humaine plutôt que de manière animale.
Cet exercice est facile à faire, une fois que vous savez que c’est vrai et bon, perpétuel, continuel, et indépendant de champs morphogénétiques purement hypothétiques. Même s’ils peuvent exister en référentiel idéal, il vaut mieux prendre la réalité.


RECENSION OU « MENTAL DES CELLULES » DE SATPREM
La mémoire ontologique va s'exercer dans toutes les strates de la vie humaine. Nous avons vu la mémoire générique et nous étions arrivés à cette conclusion que la mémoire génétique de la première cellule était un organe (au sens "organon" grec) physique suffisant pour permettre un exercice primitif de la mémoire ontologique lors de l'apparition de l'A.D.N. C’est-à-dire qu'il est largement suffisant pour poser un exercice personnel ; comme le dit le comité d'éthique : « ce n'est pas une personne en puissance ».
Ce n'est qu'avec la mémoire ontologique qu'on peut poser l'existence d'un exercice personnel, substantiel, ce qui induit que la création de l'âme spirituelle par le Créateur est au moment de la première cellule, et pas après. Si cet exercice spirituel de la mémoire était impossible dans la première cellule, ça prouverait qu'il est impossible que nous existions, que nous soyons créés par Dieu avant que cet exercice soit possible, sinon ce serait un phénomène additionnel - notre corps ne serait pas lié substantiellement à notre âme spirituelle, ce qui serait une aberration. Cela prouverait qu'il n'y a pas l'être. Ceci est CAPITAL.
Nous avons vu la fois précédente que cette mémoire génétique était portée par un champ vital, un champ électromagnétique, un champ de lumière, que l'on appelle tachyonique. Un phénomène hologrammique porte cette apparition de la première cellule bien avant que n'apparaisse cette première cellule. Ce champ vital se détecte bien avant la conception. Donc bien avant ma première cellule avec mon chiffre génétique, un champ tachyonique individualisé porte cette cellule.
Les particules de matière qui vont à une vitesse inférieure à la vitesse de la lumière s'appellent des préons. Les particules de matière qui vont à une vitesse égale à celle de la lumière s'appellent des photons. Et les tachyons vont à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière. Le tachyon, étant une particule de matière, ne peut pas remonter dans le temps. Par conséquent, le tachyon engendre un phénomène hologrammique. Cela explique ce qu'on avait déterminé en parlant des champs morphogénétiques. Mais le tachyon n'est repérable que dans ses effets. C'est un élément de lumière qui expliquerait le phénomène électromagnétique, un champ de lumière qui expliquerait ce phénomène de lumière double, qui expliquerait le principe hologrammique qui est par derrière, et qui est en-deçà du temps mesurable. C’est une espèce de temps spatial. Nous avons vu cela avec les dernières découvertes de la biologie sur les quantas et les champs morphogénétiques.
Aujourd'hui nous allons regarder une application de ce qui se découvre au niveau des champs morphogénétiques qui sont derrière la première cellule physiologique. Nous avons vu qu'un champ vital porte cette première cellule biologique, et chacune des centaines de milliards de cellules que nous portons dans notre corps a la même mémoire génétique. Nous avons un microprocesseur à quelques centaines de milliards d'exemplaires. Et c'est porté par un champ que l’on peut mesurer. Un champ vital correspond à un phénomène photonique et tachyonique qui est un phénomène de matière. (Quand un élément de matière échappe aux lois spatiales, c'est un quanta, et quand il échappe au temps temporel, on l’appelle un tachyon).
Quelle est l'application de ce phénomène ? Cette cellule est portée par un champ vital de « conscience matérielle » qui rejoint le champ des bouddhistes qui parlent souvent de fréquence métapsychique : comme une espèce de ‘conscience’ de la matière qui est derrière la matière et qu'on appelle un champ. 
Nous allons donc essayer de voir comment notre conscience peut prendre conscience par elle-même, dans la mémoire ontologique, de cette cellule initiale portée par ce champ de ‘conscience’ tachyonique. Est-il possible de faire une expérience humaine de conscience lucide par l'exercice de la mémoire ontologique, de notre cellule portée par un champ de ‘conscience tachyonique’ ?
Nous allons y réfléchir.
Il y a quelqu'un qui prétend que oui. Avec elle nous allons interroger un certain exercice de la mémoire primordiale sous le point de vue de l'exercice métapsychique de la mémoire ontologique dans la première cellule.
Nous voulons repérer cet exercice mystique qui est métapsychique mais qui a quelque chose de spiritue1. Nous allons décrire cette expérience mystique avec un témoignage personnel, de la même manière que Thérèse d'Avila décrit l'expérience mystique surnaturelle de l'union transformante.
Mirra ALFASSA prétend avoir fait l’expérience complète de l'exercice mystique de la conscience mentale de la première cellule. Mirra ALFASSA était la compagne de Sri AUROBINDO, mort en 1950, qui voulait faire la synthèse entre la mystique orientale et la science occidentale. Ce dernier dit que l'être est une mystique de la matière (matérialisme mystique). AVERROES et LENINE (matérialisme dialectique ) ont essayé de faire cela avant lui.

BIOGRAPHIE DE MIRRA ALFASSA : née d'une mère égyptienne et d'un père turc, ‘Mère’ ou Mirra ALFASSA est née à Paris en 1878, au siècle du « positivisme ». Son père et sa mère étaient « matérialistes à tous crins », lui banquier mathématicien de premier ordre, elle disciple de Karl Marx jusqu'à 88 ans. Elle était mathématicienne, artiste peintre et pianiste. Elle devint l'amie de Gustave Moreau, Rodin, Monet, et épousa un peintre d'avec qui elle divorça pour épouser un philosophe qui l'entraîna jusqu'au Japon, en Chine et à Pondichéry auprès de Sri AUROBINDO avec qui elle vivra pendant trente ans jusqu’à sa mort en 1950. Elle a confié ses expériences à un homme appelé SATPREM, qui les a consignées dans un livre appelé « le Mental des cellules ».

SATPREM est un marin breton né à Paris en 1912, résistant arrêté par la Gestapo. Il passe un an et demi en camp de concentration, « dévasté ». Il se retrouve en Haute-Egypte, puis en Inde au Gouvernement de Pondichéry où il rencontre Sri AUROBINDO et Mirra ALFASSA, « Mère ». Il est bouleversé par leur message : « l'homme est en train d'entrer dans la grande transition ». Il démissionne alors des colonies, part à l'aventure. A l'âge de 30 ans, il revient définitivement en Inde auprès de celle qui cherchait le secret du passage à la prochaine espèce humaine. « Mère » témoigne que la révolution de l'humanité et des temps, l'involution et la transformation de la matière prophétisée par Sri AUROBINDO commence avec elle. En faisant elle-même l'expérience mystique de la cellule et du mental des cellules et dépassant cette expérience mystique pour sortir par la porte de la matière, l'humanité nouvelle réapparaît. Un champ morphogénétique nouveau est engendré par elle et l'humanité toute entière doit s'y engouffrer pour trouver cette mutation cherchée par tout le système de l'évolution depuis le ‘big bang’, prétend SATPREM.

L'expérience de Mirra ALFASSA est très intéressante parce qu'elle décrit l'expérience de conscience ‘mystique’ de la première cellule : en philosophie, on ne part pas d'une théorie, on regarde les choses à partir de l'expérience.
SATPREM a une admiration profonde pour Mirra ALFASSA . Il va recueillir avec elle 13 volumes de ces apophtegmes. A cause de son expérience des camps de concentration, SATPREM a eu besoin d'une mère au niveau de l'espérance, et Mère en avait parfaitement conscience. C’est pourquoi je vais vous lire le passage suivant (pp. 85-86), parce que je ne refuse pas l'authenticité de ce qu'elle dit ( par contre, ses commentaires à lui m'intéressent beaucoup moins ).

En 1970, elle lui dit :
« Tu comprends, j'ai l'impression d'être plongée dans un monde que j'ignore »
A chaque fois qu'elle fait son expérience, qu'elle rentre dans cette cellule initiale par la mémoire, d'une manière très épurée, très authentique, alors elle lui livre ce qu'elle découvre : elle décrit.
« Je me débats avec des lois que je ne connais pas et pour faire un changement dont j'ignore tout moi aussi - Quelle est la nature de ce changement ? »
SATPREM l'encourage et lui dit : « Oui, mais douce Mère, j'ai tout à fait l'impression qu'à travers cette obscurité et cette ignorance des lois, tu es sciemment portée au point où la solution sera trouvée ? »
Elle répond (elle a 83 ans) : « Tu as raison. Si tu veux, je pourrais dire que je pense comme cela, en fait je ne ‘pense’ pas [le mental est sorti] mais... il y a tout ce qui est entré ! »
SATPREM : « Ce n'est pas possible que ça ne réussisse pas ! (que tu ne réussisses pas à faire ce passage à l'autre espèce par lequel on pourra tous entrer derrière toi). »
Mère répond : « Pourquoi ? »
Il lui dit : « Parce que tu es le corps du MONDE ! Parce que c'est vraiment l'ESPOIR. »
« Ça, est-ce que ce n'est pas de la poésie ? » dit-elle avec gentillesse car elle est consciente qu'il exagère.
- Mais non c'est comme cela. Il n'y a qu'à voir : le monde extérieur est de plus en plus infernal ».
- Ah ! ça oui.
- Alors c'est CELA DANS TON CORPS ».
Le terme "CELA", veut dire que la partie la plus épurée de ton être est BRAHMAN, que ton ATMAN est BRAHMAN : tu es une étincelle de Dieu. BRAHMAN est ce qui donne le caractère suprême de l'unité à tout ce qui existe.
Nous, nous dirions que c'est la lumière qui actue le diaphane ; donc, trouver ton champ tachyonique à l'intérieur de ta cellule, te met en relation avec la lumière qui actue l'ensemble du phénomène spatial et même temporel.
Le livre de SATPREM n’est pas facile à lire à cause des outrances dues à son admiration pour Mirra ALFASSA. SATPREM ordonne son livre en fonction de sa conception brahmanique du corps, mais nous reprendrons cet ordonnancement différemment, car il faut que nous reprenions l'expérience mystique décrite par Mirra ALFASSA pour la resituer dans le concret de l'expérience et du vécu et en induire ce que nous pouvons en induire.
Il est très intéressant de voir cette espèce de mode de faire l'expérience du mental des cellules. Ça prend comme un incendie et les gens en sont bouleversés. C'est le ‘Channeling’ de la matière (il y a plusieurs types de ‘channeling’ qui se pratiquent dans le New Age). La dianétique est encore autre chose, mais tout cela se recoupe. Certains vont insister sur ceux qui ont une ligne de démarcation beaucoup plus matérialiste (Sri AUROBINDO) ; d'autres vont regarder les choses du côté médiumnique ; d'autres, du côté métapsychique pur ; d'autres, du côté religieux ou mystique ; d'autres, avec les N.D.E. (le tunnel où l'on retrouve la lumière). Et finalement, ils vont tous faire exactement la même expérience métapsychique, dans la mesure où on retrouve quelque chose du même ‘champ’ de conscience. Par exemple, tu peux avoir des visions de Jésus et de Marie si tu lis S. Jean-de-la-Croix, mais à partir du moment où c'est une vision imaginaire où tu les vois à travers leur forme imaginative, tu te rends compte, comme le dit S. Jean-de-la-Croix, que ce n'est pas spirituel du tout.
Il est important de savoir si nous faisons une expérience spirituelle ou une expérience d'ordre métapsychique. C'est à cela que sert le discernement du philosophe et du théologien. Le travail que nous essayons de faire est de savoir sur quel niveau de conscience nous nous situons. Est-ce un champ de conscience instinctif ? biologique ? bio-énergétique ? métapsychique ? sensible ? psychologique ? conceptuel ? actif ? ontologique ?

C'est petit à petit que Mirra ALFASSA en est venue à faire cette expérience. Elle s'est entraînée avec Sri AUROBINDO pendant 20 ans. En 1962, elle commence vraiment à toucher une première expérience très importante, qu’elle n'arrivera pas à comprendre exactement de manière réflexive, et qu’elle ne pourra décrire complètement qu'à partir de 1967. En 1970, elle commence à la décrire sous un aspect plus mystique. En 1972 elle devient complètement paranoïaque, terrorisée par son entourage, et elle meurt en 1973.
Mais SATPREM a mis les explications descriptives dans un désordre incroyable, parce qu'il en est resté complètement au niveau métapsychique, tandis qu'il n’est pas exclu qu’elle ait dépassé le point de vue métapsychique, qu’elle ait rétrocédé du terrain d'une certaine façon, et soit finalement revenue dans le point de vue incarné du corps. SATPREM n'a pas pu la suivre dans la compréhension de son expérience.
Voici ce qu'elle dit avant cette première expérience. Elle essaie de décrire et vous allez essayer de voir à quoi cela correspond philosophiquement. C'est un exercice de prise de conscience par expérience, de lucidité physique, sensible, de cette cellule portée par un champ de conscience matériel.
« C'est une chose curieuse, ce sont des attaques bizarres qui ne me paraissent pas du tout dépendre de la santé. C'est une sorte de décentralisation. N'est-ce pas, pour former un corps, toutes les cellules sont concentrées avec une sorte de force centripète qui les rassemble ; alors c'est juste le contraire ! C'est comme s'il y avait une sorte de force centrifuge qui fait qu'elles se répandent. Et quand ça devient un peu trop, je sors de mon corps, et le résultat extérieur, apparent, je m'évanouis - je ne « m'évanouis » pas parce que je suis pleinement consciente. Alors se produit évidemment une sorte de désorganisation... bizarre. » (p. 16)
Elle s'évanouit parce que c'est avant qu'elle fasse cette expérience sans le corps, tout en restant dedans. C'est parce qu'elle avait fait beaucoup d'occultisme avant.
« ...La dernière fois, il se trouve que quelqu'un était là et que je ne suis pas tombée, alors je me suis fait mal, mais cette fois-ci, j'étais toute seule dans ma salle de bains et.. évidemment je continuais un phénomène de conscience où j'étais en train de me répandre sur le monde - répandre PHYSIQUEMENT, c'est ça qui est curieux ! c'est la sensation DES CELLULES. J'avais un mouvement de diffusion qui se faisait de plus en plus intense et rapide, et puis tout d'un coup, je me suis trouvée par terre. » (p. 17)
Donc elle explique bien qu'avant qu'elle ne touche l’expérience de la cellule pour elle-même, en elle-même sans en sortir, il y a encore une sortie métapsychique : je sors de mon corps, je m'évanouis, c'est clair.
Mais le premier cri qui sort de sa bouche, en sortant de l'expérience complète qui devait avoir lieu trois mois plus tard en avril 1962, nous laisse songeur :
« La mort est une illusion, la maladie est une illusion, l'ignorance est une illusion ! (Maya), quelque chose qui n'a pas de réalité, pas d'existence... Seulement l'Amour et l'Amour et l'Amour - immense, formidable, prodigieux, emportant tout. Et la chose (CELA) est FAITE. » (p. 19)
Quand elle fait cette première expérience du mental des cellules, la seule chose qu'elle puisse exprimer, c'est que c'est de l'Amour, de l’Amour, de l'Amour, de l'Amour. C'est la fabrication de CELA. Avec CELA (BRAHMA) j'ai recréé mon corps, c'est-à-dire la félicité d’une humanité totale. Ce cri de la découverte, où elle voit qu'elle est fabriquée dans son corps avec de l'Amour, est très intéressant, parce que nous n’allons pas le retrouver pendant longtemps.
« C'est curieux, c’est tout à fait un autre genre de vie. Même les bonnes volontés sont agressives, même les affections, les tendresses, les attachements - tout ça, c'est agressif comme tout. C’est comme des coups de bâton. Mais « ça », c’est une sorte de cadence, un mouvement ondulatoire qui est d'une ampleur, d'une puissance ! C'est formidable, n'est-ce pas. Et ça ne dérange rien, ça ne déplace rien, ça ne heurte rien, et ça emporte l'univers dans son mouvement ondulatoire, si souple ! » (p. 21)
Vous voyez, c'est le champ hologrammique. C'est presque comme une vibration d'amour qui emporte tout l'univers dans la conscience d'une seule cellule.
« C'est une espèce d'état très impersonnel où toute cette habitude de réaction aux choses extérieures, environnantes, a complètement disparu. Mais ce n'est remplacé par rien. C'est... une ondulation. C'est tout. » (p. 23)
Notre but est d'essayer de retrouver cette expérience initiale, appelée « mémoire ontologique », d’essayer de voir quelle a été notre première conscience spirituelle quand nous sommes apparus en ce monde dans notre première cellule : quelle est notre première expérience d'homme au moment de l'infusion de l'âme ? C'est une expérience qui est au-delà de la limite du corps, et en même temps dans le corps, expérience physique au-delà de la limite, et en même temps Amour, Amour, Amour.
« Le mouvement, c’est oui, de se fondre totalement, et le résultat est l'abolition de l'ego, c'est-à-dire un état qui est inconnu, n'est-ce pas, on peut dire « pas réalisé physiquement » parce que tous ceux qui cherchaient le Nirvâna cherchaient cela en abandonnant leur corps. » (p. 22)
Elle en sait quelque chose puisqu'elle partait en astral, mais ça ne l'intéressait désormais plus.
« Tandis que notre travail, c'est que ce soit le corps, la substance matérielle qui puisse se fondre. C'est cela qu'on va essayer. Comment garder la forme sans qu'il y ait d'ego, c'est cela le problème ? C'est comme cela que le travail se fait petit à petit, petit à petit ». (p. 22)
Elle est léniniste, matérialiste : c'est un travail, c'est une transformation de la matière par la conscience du mental des cellules.
« C'est pour cela que ça prend du temps : chaque élément est repris, transformé. La merveille (pour la conscience ordinaire, c'est un miracle), c'est de garder la forme en perdant tout à fait l'ego. » (p. 22)
« Quelque chose est en train de chercher à s'établir. On devient extrêmement sensible à tout ce qui vient - les deux en même temps : extrêmement sensible à ce qui vient des autres, et en même temps comme une puissance extraordinaire pour entrer en eux et y travailler. C'est comme si tout un genre de limites était... supprimé. » (p. 22)
« Oui, dans la conscience ordinaire, c'est comme un axe, et tout tourne autour de l'axe - ça c'est la conscience individuelle ordinaire. Et si ça bouge, on se sent perdu. C'est comme un grand axe (il est plus ou moins grand, il peut être tout petit), c'est planté tout droit dans le temps, et tout tourne autour. Ça s'étend plus ou moins loin, c'est plus ou moins haut, c'est plus ou moins fort, mais ça tourne autour d'un axe. Et maintenant, pour moi, il n'y a plus d'axe. J’étais en train de regarder - il n'y en a plus, parti, envolé ! Ça peut aller là, ça peut aller là, ça peut aller là (geste aux différents points cardinaux), ça peut aller en arrière, ça peut aller en avant, ça peut aller n'importe où - il n'y a plus d'axe, ça ne tourne plus autour de l'axe. C'est intéressant. Plus d'axe ! » (p. 24)
« C'est une chose curieuse... la vue est tout à fait différente de la vue physique : on voit en même temps à des milliers de kilomètres et tout près.
- Mais qu'est-ce que tu vois ?
- J'ai envie de dire : rien ! Rien, je ne "vois" rien. Il n'y a plus "quelque chose qui voit", mais je SUIS une quantité innombrable de choses. Je VIS une quantité innombrables de choses. Et alors... (ajoutait-elle en riant) c'est tant-tant-tant- qu'il n'y a plus rien. » (p. 25)
Il y a quelque chose d'indéterminé dans la conscience cellulaire et en même temps une grande lucidité, cet amour, cette universalité, cette lumière, cet hors limite. Notre but est de rechercher où est l'expérience de l'innocence initiale, notre innocence divine, comment nous pouvons la retrouver, et dans quelle mesure nous pouvons la retrouver. Nous avons vu qu'il y avait trois voies d'accès, mais qu'il n'y en avait qu'une qui était naturelle de droit : les autres sont métapsychiques ou impliquent l'intervention d'un guide spirituel que nous appellerons une puissance intermédiaire ( en théologie, ces puissances intermédiaires sont considérées comme des puissances déchues, ou démons ).
« On a l'impression, parfois, qu'il y a un secret extraordinaire à découvrir et que c’est là presque sous les doigts, qu'on va attraper "la chose", à savoir... Quelquefois, une seconde, on voit le Secret : il y a une ouverture, et puis ça se referme. Et à nouveau, les choses se dévoilent, une seconde, et on sait un peu plus. Hier, le Secret était là, tout clair, tout grand ouvert. Eh bien, j'ai vu ce secret, j'ai vu que c'est dans la Matière terrestre, sur la terre, que le Suprême devient parfait... » (p. 29)
Philosophiquement, ce n’est pas mal !
« Oui, il y a une très subtile perception d'une manière d'être dans le corps qui serait lumineuse, harmonieuse, d'une lumière multicolore, que l'on pourrait appeler une "perception de la vraie Matière" » (p. 31)
« Ce qui empêche, c'est une vibration concentrique,  une espèce de vibration concentrique, c'est-à-dire qu'au lieu d'être dans une éternité infinie…
Les champs tachyoniques sont en dehors du point du vue temporel, mais le spatial est impliqué quand même.
… les choses sont regardées par rapport à soi. C'est cela qui empêche. C'est l'imbécillité égocentrique. » (p.35)

Ce n'est pas une expérience réflexive, ni affective, c'est une expérience de la cellule que tu peux retrouver par ta mémoire spirituelle, par la médiation d'un microprocesseur particulier qui est la mémoire génétique. Tu ne peux pas retrouver cette expérience par l'hypnose, mais seulement par le point de vue individué du corps d’origine. Tu peux en faire l'expérience comme Mirra ALFASSA, à condition d'avoir été bien aiguisé sur le point de vue de l'occultisme ; à ce moment tu peux faire gonfler le point de vue psychique de l'âme, de manière qu'elle déborde. Tu peux aussi la faire en te mettant en communication avec ton double ( ton ange ou ton démon ? ) qui te fait retrouver ladite expérience. Il y a plusieurs véhicules, c'est pourquoi dans le bouddhisme on parle du petit et du grand véhicule. Mais nous, nous voulons le retrouver par nous-mêmes et nous verrons plus tard comment.
« Donc pour commencer à percevoir la cellule ou à éprouver la cellule, il faut d'abord traverser tout ce qui la recouvre : des couches et des couches opaques et bourdonnantes. La première de toutes les couches est notre couche intellectuelle - celle dans laquelle nous vivons. C'est le haut du bocal. Il est évident que toutes les idées, les philosophies, les religions et le reste n'ont rien à voir avec le corps ». (pp. 56-57)
Ce n'est pas vrai, la religion chrétienne est la religion du corps.
« Elle n'a l'air de rien cette couche-là, c'est comme l'air que l'on respire, mais c'est un énorme grouillement ».
Vous m'avez souvent entendu dire que quand on voulait faire l'induction de l'âme, on partait de cette constatation que « ça grouille là dedans ».
« Il faut que tout cela se taise. Si l'on veut voir clair dans un liquide, il faut qu'il se décante. Première opération : le silence mental. Quand cette couche-là est à peu près clarifiée…
Est-ce comme cela qu'on fait oraison ? NON !
… on voit surgir une deuxième couche qui commence à devenir très exacte lorsqu'elle n'est plus embellie par le tapage supérieur des idées et des noblesses philosophiques, humanitaires ou religieuse : c'est la couche du mental émotif. C'est déjà plus collant. Mais ces émotions, si belles soient-elles, n'ont rien à voir avec le corps. Deuxième opération : la pacification du mental émotif. C'est déjà une opération plus compliquée et qui ressemble à une guérilla dans le désert. Quand cette couche-là est à peu près clarifiée et apaisée, on voit surgir une troisième couche, qui jusqu'alors était tout emmêlée aux deux couches supérieures : c'est le mental sensoriel, celui qui gouverne nos réactions ; là cela devient franchement la forêt vierge avec toutes sortes de petits serpents et de marécages. On n'est pas encore tout à fait dans le corps, mais on s'en rapproche. Toutes ces sensations de fatigue et de sommeil, de peur, de douleur et de plaisir, goût et dégoût, attraction et agression, contraction et relâchement - tout cela grouille. Mais on s'aperçoit à quel point tout cela est dicté par les habitudes, le milieu, l'éducation : tout un fouillis qui n'a rien à voir avec le corps et qui est comme plaqué dessus. Troisième opération : la transparence du mental sensoriel ou la neutralité parfaite. »
C'est une bonne description de la descente dans la matière. Il faut traverser les passions liées aux instincts de peur, de conservation, de mort, etc...
« Si l'on se contracte ou si l'on rejette, c'est comme si l'on dressait un mur instantané. C'est-à-dire que la traversée s'arrête, on reste bloqué au milieu de l'Amazonie. Il faut décrocher le corps de toute cette trame active et réactive. Là, le corps commence à devenir un peu flottant, comme s'il ne s'avait plus très bien ses amarres et son poids - en fait, il est étrangement allégé, ça commence à devenir un peu "le corps". Puis on arrive à la barrière : la quatrième couche, celle du mental physique. »
Cette description est admirable, elle vient de décrire comment rentrer en notre conscience de mémoire sensible dans le corps subtil, qui est le même que celui de ceux qui entrent dans le coma et passent à travers le tunnel.
« Mais on ne sait pas que C'EST la barrière, on ne sait pas du tout ce que l'on fabrique dans cette espèce de jungle - c'est APRES, quand on a traversé, que l'on s'aperçoit que c'était la barrière et ce que c'était exactement. »
Tu as la ‘foi’ et tu regardes ce que ça donne.
« Sur le moment - et le moment a duré des années pour Mère - c'est un microscopique grouillement collant et, interminable dont on ne sait pas très bien s'il conduit à "l'autre côté" ou à la désintégration du corps, ni même s'il existe un autre côté à ce microscopique entier si étroitement collé au corps qu'il semble que de vouloir décoller cette couche-là, ce soit décoller le corps complètement. » (pp. 56-57)
Comment va-t-on passer cette barrière du corps? N'importe qui est capable avec un minimum de concentration intérieure, d'arriver à cette étape où vous êtes dans le corps, uniquement dans le corps, complètement indépendant de tout ce qui est extérieur à lui-même. Entre les deux il y a le corps subtil. Entre la purification 3 et la purification 4, vous êtes dans une sensation très légère, et c'est pourquoi elle sortait de son corps (vous savez que c'est là qu'on sort de son corps en métapsychique. Comme elle avait fait beaucoup d'occultisme, elle pouvait sortir de son corps quand elle le voulait. C’est pour cela que son travail est très intéressant philosophiquement parce qu'elle ne veut plus de cela, elle veut rentrer dans le corps ).
« Pour moi le chemin le plus rapide a été... (comment dire ?) le sens croissant de mon inanité inexistence. Ne rien pouvoir, ne rien savoir, ne rien vouloir... Seulement, il ne faut pas avoir peur : si l'on a peur, cela devient effroyable. Heureusement, mon corps lui n'a pas peur. » (p. 62)
Je trouve cela très joli. Le corps donne une espèce de sécurité, de stabilité à notre âme parce que c'est là que nous retrouvons le seul instant où nous étions dans une sécurité totale en contact direct, physique, personnel, dans le temps avec notre Créateur et notre Père, dans la première cellule. Et ici nous retrouvons cette sécurité absolue : c'est très intéressant. Cette étape est très difficile, et elle nous fait souffrir horriblement physiquement parlant.
Le dernier obstacle est donc ici. Et c'est cela qu'il faut regarder attentivement.
« Il y a toutes ces vieilles choses qui viennent de l'atavisme humain : être raisonnable, être prudent, être perspicace... prendre des précautions, être prévoyant, oh !... tout cela qui est le tissu de l'équilibre humain ordinaire. C'est tellement sordide ! Et toute la mentalisation des cellules... » (p. 70)
Tout cela rentre dans nos cellules, et cela empêche notre cellule de nous restituer sa véritable vérité de corps. Pour cela il faut descendre toute la mentalisation des cellules. Il y a une espèce de baptême de l'homme blessé qui baptise sa conscience du mental des cellules dans le sens négatif. Tous nos actes intellectuels, nos a priori, etc. viennent informer nos cellules, notre corps, le microprocesseur multiplié des centaines de milliard de fois, et ils viennent baptiser par quelque chose qui est négatif, qui est rétro-cessif, qui est anti-évolutif. Donc il faut descendre dans la cellule pour trouver ce que la cellule a dans son interface - de l'autre côté - sa réalité, l'expérience initiale toute pure de ce qu'est le corps humain, l'homme primordial.
« ... Toute la mentalisation des cellules est comme cela, peine de cela, et non seulement à sa propre manière d'être, selon sa propre expérience, mais à la manière d'être des parents et des grands parents et de l'entourage et de… » (p. 71)
… le péché originel etc. Il y a quelque chose de très vrai. Attention, je cherche ici comment faire le passage du mental des cellules à cette prise de conscience, cette mystique, cette expérience du secret du corps. Je touche mon corps de l'intérieur, spirituellement, mystiquement. Il va y avoir une lutte, un combat, une peur effroyable parce que nous avons la mémoire ici, que nous avons une innocence divine parfaite, pure, libre, possédant tout l'univers, j'allais dire : participant de l'éternité du Créateur, corporellement et en même temps, tout de suite, le péché originel, le champ tachyonique des archétypes de la collectivité humaine, comme dit JUNG, le péché originel comme disent les chrétiens, qui bloque la cellule dans un sens centripète, et je suis bloqué dans mon "camp concentrationnaire" (Jérôme LEJEUNE). Quand nous trouvons une blessure substantielle, radicale, vous savez bien que c'est dramatique, cette lutte est terrible : nous sommes enfermé, brisé, séparé de DIEU, mais en même temps DIEU est présent, caché.
Nous nous séparons de la conscience mentale, de la conscience affective, de la conscience psychique, de la conscience végétative de l'âme, pour n'avoir plus que la conscience humaine épurée de tout ce qui n'existait qu'au moment de la conception de l'âme spirituelle.
« ... Tu sais, être tout à fait mal à l'aise, ne pas pouvoir respirer, avoir la nausée, se sentir impuissant, ne pas pouvoir bouger même, ni penser ni rien, tout à fait mal fichu, et puis, tout d'un coup... la conscience - la conscience corporelle de la vibration d'amour, qui est l'essence même de la création, mais une seconde : tout s'illumine, pfft ! parti, tout est parti. Et alors on se regarde étonné - tout est parti ! C'est tout à fait comme un renversement du prisme : tout disparaît, d'un coup. Il n'y a plus que cette stupide habitude du corps de se souvenir (mémoire sensible). Alors en se souvenant... Et dans un cas, c'est une espèce de silence intérieur dans les cellules, une tranquillité profonde qui n'empêche pas le mouvement, et même le mouvement rapide, mais il est comme établi sur une vibration éternelle… » (p. 89)
D'amour, d'éternité, de création…
« … et dans l'autre cas, c'est cette précipitation intérieure, cette trépidation. » (p. 89)
Nous revenons dans le mental des cellules. Le passage de l'un à l'autre est quelque chose qui fait souffrir énormément. Il va y avoir une lutte incroyable ( voir notre livre ‘Mystique de l’Un’ sur les éclatements de l’Un ) :
« ... La qualité de ces deux vibrations (qui se superposent encore de façon que l'on puisse être conscient des deux), c'est indescriptible ! Mais l'une qui est un morcellement - un morcellement infini - et une instabilité absolue, et l'autre, c'est une immobilité éternelle, une immensité infinie de lumière absolue. Et encore la conscience qui repasse de l'une à l'autre. » (p. 88)
« Le corps a l'impression que la vibration la plus haute, la vibration de la vraie conscience, est tellement intense qu'elle est l'équivalent de l'inertie de l'immobilité : d'une intensité qui n'est pas perceptible (pour nous). Cette intensité est tellement grande, que pour nous, c'est l'équivalent de l'inertie. Et c'est un état d'immortalité, immuablement paisible, tranquille, avec comme des ondes d'une rapidité foudroyante, tellement rapides qu'elles semblent immobiles. » (p. 89)
(C'est contradictoire).
Dans les 6e demeures de Ste Thérèse d'Avila, quelque chose d’analogue quoique à un tout autre niveau, est expérimenté. Les étapes des sept demeures de Ste Thérèse d'Avila qui sont une expérience d'union transformante dans le surnaturel avec les Personnes divines, ont une analogie dans l'expérience mystique naturelle, qui, elle, n'implique pas l'union transformante à l’intime de Dieu.
« ...Et c'est comme cela, rien ne bouge (en apparence) dans un mouvement formidable. Et ça paraît si simple !... Et puis, dès qu'on est de l'autre côté... Vraiment, l'état ordinaire, le vieil état, c'est consciemment la mort et la souffrance, et puis dans l'autre état, la mort et la souffrance paraissent des choses absolument... irréelles ! Voilà.
... A chaque moment, si je m'arrête de parler ou d'écouter ou de travailler, c'est... comme de grandes ailes béatifiantes. Et vastes comme le monde, qui bougent lentement. C'est cette impression d'immenses ailes - pas deux - : c'est tout autour et ça s'étend partout. » (p. 90)
"Le Maître de la terre" dont parle Benson en 1911 dans son livre du même titre, va utiliser des voies d'accès très particulières. Nous entrons dans le combat final, donc nous essayons de voir la différence qu'il y a entre la Résurrection, si je puis dire, la prise de conscience de ce que nous sommes dans les mains du Créateur par le point de vue de notre âme spirituelle, et la manière d'accéder à la même impression anagogique par le point de vue métapsychique ou occulte. Il est évident que l'Antéchrist, par une mystique métapsychique, va nous faire accéder précisément à quelque chose qui ressemble à cette conscience de ce que nous sommes en plénitude dans les mains de notre Créateur. C'est CAPITAL aujourd'hui de savoir discerner exactement la mystique du mental des cellules par la voie métapsychique et de la distinguer de la mystique de la spiritualité de l'innocence divine qui est une mystique spirituelle, laquelle peut s'informer par un point de vue surnaturel.
C'est le problème de la maturité spirituelle. Discerner les différents plans mystiques : méta-imaginaire, spirituel, et surnaturel, nous donnera la possibilité de cette maturité et de ce jugement sans lesquels même une Révélation d’origine divine risque d’être interprétée et vécue sur le plan des « énergies ». Nous pouvons en effet très bien tomber en métapsychique par le biais d'une révélation privée. Nous ouvrons donc une porte de salut pour être capable de recevoir la révélation privée.
Je voudrais vous lire quelques passages de Mirra ALFASSA qui montrent qu'elle fait une expérience métapsychique (ce que je respecte beaucoup par ailleurs). Elle dit quelquefois qu'elle touche tous les corps, elle ne dit pas qu'elle EST le corps du monde. Elle est parfaitement consciente que c'est une expérience qui relève de la Mémoire, puisqu'il faut pour cela se débarrasser, dit-elle, de tout le point de vue contemplatif, intellectuel, de sagesse, de vérité ; il faut se débarrasser de tout le point de vue de la dévotion (affectivité) et du point de vue de la sensibilité psychique. Elle est donc parfaitement consciente que ce n'est ni du côté de l'âme spirituelle contemplative, ni du côté de l'âme spirituelle dans son exercice d'amour qu'elle se situe. Elle se situe bien du côté de la Mémoire originelle, elle le dit explicitement. La question que nous nous posons est donc la suivante : Cette Mémoire originelle va-t-elle s'actualiser dans le point de vue métapsychique ou dans le point de vue spirituel de son exercice personnel ?
Il faut que je descende à l'intérieur de la matière en me débarrassant du mental intellectuel, du mental affectif, du mental psycho-sensible, que je rentre dans le mental de la cellule, et que je le dépasse pour trouver le secret, la fameuse ondulatoire d'immobilité, d'éternité, parfaitement béatifiante de la nouvelle espèce.
« ... Avec "CELA", presque instantanément le désordre disparaît, et si je reste patiemment dans cet état, le SOUVENIR disparaît. Et alors c'est comme cela que les désordres, qui étaient devenus des habitudes, petit à petit disparaissent. » (p. 21)
Tout se vit donc pratiquement au niveau du souvenir, de la mémoire, etc.
« … J'ai eu une abolition totale de la mémoire, alors... Maintenant j'ai l'habitude, alors toutes les cellules restent comme cela, immobiles, silencieuses et exclusivement tournées vers la Conscience, puis attendent. N'est-ce-pas, tout ce que l'on fait, tout ce que l'on sait, tout est basé sur une sorte de mémoire semi-consciente qui est là – ça : parti. Et alors plus rien. Et c'est remplacé par une sorte de présence lumineuse et… les choses sont là on ne sait comment. » (p. 34)
C'est vraiment une opération de la mémoire.
« … Sri AUROBINDO me disait toujours : « Sois simple ». Et je sais ce qu'il veut dire : ne pas laisser entrer une pensée qui réglemente, organise, ordonne, juge - il ne veut pas de cela. Ce qu'il appelle simple, c'est une spontanéité joyeuse : dans l’action, dans l'expression, dans le mouvement, dans la vie. N'est-ce pas, retrouver dans l’évolution cette espèce de condition qu'il appelait divine, et qui était une condition spontanée et heureuse. » (p. 28)
Ma condition initiale, l'innocence divine, elle le dit explicitement. Pour elle, le spirituel, le divin, c'est la matière. Donc, elle essaye de rentrer dans la matière pour lui faire donner son secret divin. Mais c'est une confusion : je vais essayer de montrer que ce n'est pas vraiment la matière et pas vraiment le divin, que c'est en partie du métapsychique soutenu quand même par un fondement qui reste réaliste.
« ... Par exemple, je ramasse un papier : je vois clair comme je voyais avant : alors vient la vieille habitude (ou l'idée ou le souvenir) qu'il faut que je prenne une loupe pour voir... je ne vois plus ! Puis j'OUBLIE qu'il s'agit de voir ou de ne pas voir, alors je peux faire mon travail très bien - je ne m'aperçois pas que je vois ou que je ne vois pas !... Et pour tout, c'est comme cela. » (p. 37)
Une fois de plus, nous sommes saisi par cette espèce de mémoire ou de souvenir qui fait que nous sommes aveugle ou malade ou mourant, et puis cette mémoire s'en va et ce n'est plus ! Ça n'existe plus : on voit très bien, toute la maladie n'existe plus dans cette mémoire. C'est une question de mémoire, elle dit bien : c'est la mémoire qui s'en va.
« ... La connaissance est remplacée d'une étrange façon par une chose qui n'a rien à voir avec la pensée et de moins en moins avec la vision, quelque chose de supérieur qui est un genre de perception nouveau, on sait. C'est très au-dessus de la pensée, c'est au-dessus de la vision, c'est une sorte de perception : il n'y a plus de différenciation des organes. Et c'est une perception, oui, qui est totale : qui est à la fois vision, ouïe, connaissance. » (p. 38)
C'est la mémoire ontologique. Au début, quand je SUIS dans la cellule, je n'ai pas d'organes qui me permettent d'avoir une réflexivité intellectuelle contemplative, aucun organe qui permet une activité affective, aucun organe dans ma cellule qui corresponde au concupiscible. J'ai purement et simplement cette perception totale avec l'indifférenciation physiologique des organes (en deçà du stade du phénotype diraient les biologistes : au stade du génotype ). C'est retrouver cela : par une sorte de connaissance innée par laquelle nous sommes dans la fabrication de la chose, de la réalité que nous sommes, c'est la mémoire qui fait ça.
« ... Le sens du "concret" disparaît de plus en plus, c'est comme quelque chose qui est loin-loin dans un passé irréel et cette sorte de "concret" sec et sans vie (c'est-à-dire notre perception humaine de la Matière) est remplacée par quelque chose de très simple, très complet dans le sens que tous les sens fonctionnent en même temps, et très INTIME avec tout... » (p. 39)
Et c'est comme quelque chose qui est loin, loin dans un passé irréel (première expérience de la cellule). C'est très fort. Elle en parle avec une grande précision. Elle a vraiment conscience, mais en même temps elle ne veut pas le dire. Mais je me demande si ce n'est pas SATPREM qui ne veut pas le dire parce qu'il n'a rien compris. Cet exercice de la mémoire ontologique ne se base pas sur le point de vue du jugement d'existence de l'âme spirituelle incarnée, mais sur la vibration, c'est métapsychique… Le métapsychique utilise un champ vibratoire de lumière ; c'est un champ vital vibratoire qui est plus subtil que le champ vital de lumière qui actue le diaphane. Pour elle, c'est une fabrication par une concentration de la conscience psychique. Pour moi, c'est métapsychique, c'est vraiment comme elle le dit une fabrication par une concentration de la conscience psychique dans une surmultiplication de cette conscience psychique dans la cellule pour produire l'explosion. C'est comme cela qu'elle produit un phénomène de conscience métapsychique. Or rappelons que le métapsychique est une anomalie puisqu’il concentre du psychique pour lui faire donner ce qu'il n'a pas nature de donner. Par le fait même, elle sort quelquefois de son corps.
« ... A cause des nécessités de la transformation (qui est le passage du mental des cellules à la réalité du CELA) il est possible que ce corps entre dans un état de transe qui ait une apparence cataleptique. Surtout pas de docteurs ! Ne vous pressez pas non plus d'annoncer ma mort et de donner au gouvernement le droit d'intervenir. Gardez-moi soigneusement à l'abri de toute détérioration pouvant provenir du dehors : infection, empoisonnement, etc., et soyez d'une patience inlassable : cela pourra durer des jours, peut-être des semaines, et peut-être même davantage, et il faudra que vous attendiez patiemment que je sorte naturellement de cet état après que le travail de transformation sera accompli... » (p. 177)
Sous-entendu : « je serai entièrement engloutie dans les cellules, je ferai moi-même la transformation et je deviendrai immortelle ; attendez que je me réveille ». Mais elle dit expressément que la recherche du surhomme est quelque chose de très très fort : un état de transe cataleptique. Nous verrons plus tard l'expérience qui nécessite un état de transe cataleptoïdo-somnambulique qui permet de court-circuiter toutes les activités du cerveau antérieur, de sorte que se multiplient les autres activités cérébrales, de manière à produire la suractivité qui induit l'état cataleptoïdo-somnambulique ( voir le livre de G. Bardet, ‘Je dors mais mon cœur veille’ ).
« ... Jamais, jamais je n'ai vécu si totalement dans l'autre état en pleine conscience, et ça a duré deux heures. Et les choses étaient aussi réelles, aussi précises qu'ici... Ce qui fait que je ne sais pas quelle est la différence. C'est une différence... c'est mince., on n'a pas l'impression de quelque chose d'épais ni de lourd : c'est mince. C'était vraiment remarquable, on n'aurait pas pu dire : enfin ça, c'est le physique subtil (l'autre état), et ça, c'est le physique matériel. C'était... c'était étonnamment L’UN DANS L'AUTRE. On n'a pas l'impression de DEUX choses, et c'est pourtant très différent - ce serait plutôt une modalité qu'une différence, je ne sais pas comment dire... » (p. 84)
C'est l'expérience, en même temps du réalisme et en même temps du corps subtil. On a l'impression qu'elle n'arrive pas à se débarrasser de ses expériences antérieures de métapsychique occulte.
« ... C'est tellement différent que l'on se demande... je me demande parfois comment c'est possible ! Il Y a des fois où c'est tellement nouveau et inattendu, c'est presque douloureux. .
- C'est-à-dire que tu ne sors pas de la matière vraiment ?
- Non-Non !
- C'est un nouvel état DANS la matière ?
- Oui-oui, c'est cela. Et alors, régi par quelque chose qui n'est pas le soleil - je ne sais pas quoi. Probablement la conscience supramentale. (p. 85)
La conscience supramentale, c'est la conscience du Tout, la conscience brahmanique, la conscience de la lumière qui actue le diaphane cosmique, c'est le « Christ cosmique » que l'on ne peut atteindre que par le point de vue des énergies.
« ... j'ai eu une expérience unique. La lumière supramentale est entrée dans mon corps directement, sans passer par les consciences intérieures ou supérieures. C'était la première fois. C'est entré par les pieds... (p. 146)
... Une couleur rouge et or, merveilleuse, chaude, intense. Et ça montait, ça montait. »
Les chakras apparaissent avec leurs couleurs, leurs vibrations. C'est le feu d'en bas : Kundalini. Elle est trop prise par le feu d'en bas.
« ... Et à mesure que ça montait, la fièvre montait aussi parce que le corps n'était pas habitué à cette intensité. Quand toute cette lumière est venue dans la tête, j'ai cru que j'allais éclater et qu'il fallait arrêter l'expérience. Alors, très clairement, j'ai reçu l'indication de faire descendre le calme, la paix, élargir toute cette conscience corporelle, toutes ces cellules, pour qu'elles puissent contenir la lumière supramentale. Et, tout à coup, il y a eu une seconde d'évanouissement. Je me suis retrouvée dans un autre monde... »
Feu d'en bas => descente dans l'infer. C'est du métapsychique pur : elle fait une sortie en métapsychique. Une sorte de spiritisme élaboré :
« ... Un autre monde, mais pas loin. C'est un monde presque aussi substantiel que le monde physique. Il y avait des chambres -la chambre de Sri Aurobindo avec le lit où il se repose - et il vivait là, il était là tout le temps : c'était sa demeure. Il y avait même ma chambre avec un grand miroir comme celui que j'ai ici, des peignes, toutes sortes de choses. Et ces objets étaient d'une substantialité presque aussi dense que dans le monde physique, mais ils portaient leur propre lumière : ce n'était pas translucide, pas transparent, pas rayonnant, mais lumineux en soi. Les objets, la matière des chambres, n'avaient pas cette opacité des objets physiques, ce n'était pas sec et dur comme dans le monde physique... » (p. 146)
(expérience de N.D.E.)
« ...Et quand je me suis réveillée, je n'ai pas eu comme d'habitude cette sensation de revenir de loin et qu'il fallait rentrer dans mon corps... » (p. 147)
Elle a trouvé une nouvelle voie d'entrée dans le point de vue métapsychique sans sortir tout à fait du corps, mais c'est quand même métapsychique : c'est à partir de la cellule.
« ...Non, c'est simplement comme si j'étais dans cet autre monde, puis j'ai fait un pas en arrière et je me suis retrouvée ici. Il m'a fallu une bonne demi heure pour comprendre que ce monde-ci existait autant que l'autre, que je n'étais plus de l'autre côté mais ici, dans le monde du mensonge. J'avais tout oublié : les gens, les choses, ce que j'avais à faire -tout était parti comme si cela n'avait aucune réalit酠»
Cela vient de l'élasticité de sa conscience psychique suractivée par son occultisme habituel.
«… N'est-ce-pas, ce monde de vérité, ce n'est pas comme s'il fallait le créer de toute pièce: il est tout prêt, il est là, comme en doublure d'une autre. Tout est là. TOUT est là... » (p. 147)
Je vais vous lire quelques passages vous montrant qu'elle fait une expérience métapsychique :
« Il y a un endroit où ceux qui ont un corps et ceux qui n'ont plus de corps (ceux qui sont morts) sont mélangés sans que cela fasse de différence. Ils ont la même réalité, la même densité et la même existence consciente, indépendante. Et il y a une similitude extraordinaire avec la vie matérielle, excepté que l'on sent que les gens sont plus libres de mouvements. Mais ce qui est étrange, c'est que je me lève et l'état de "là-bas" continue (elle se lève, elle n'est pas en état de transe ; pour y rentrer oui, pour en sortir non) et c'est aussi réel, aussi tangible que les choses physiques. Il y avait quelqu'un, n'est-ce-pas, j'étais avec quelqu'un (un prétendu mort, là, dans la chambre de Mère) et je me suis demandée : "Est-ce que cette personne est comme cela physiquement ? Est-ce que c'est physique ? " Et j’étais debout !... Alors c'est comme si les deux mondes étaient... Etrange. » (p. 151)
Elle dit : « étrange », et je dis en effet : « étrange ».
Mirra ALFASSA ajoutait ceci qui décidément nous ouvre tout à fait les yeux :
« ...Mais ce n'est pas clair, précis et EVIDENT qu'avec cette nouvelle vision des cellules, parce que (comment dire ?) je savais cela, je le savais avant (Mère avait eu d'innombrables expériences dites occultes), mais je l'ai revu avec la nouvelle conscience, la nouvelle façon de voir, et alors la compréhension a été totale, la perception a été totale, tout à fait concrète, avec des éléments convaincants qui manquaient complètement à la connaissance occulte. Ça, c'est une connaissance de la conscience des cellules... » (p. 164)
Elle dit explicitement qu'elle a fait beaucoup d'occultisme ; elle a une élasticité incroyable puisqu'elle peut passer en dehors de son corps, à l'intérieur de son corps quand elle le veut. Elle a une élasticité incroyable du point de vue de la conscience métapsychique. Mais au lieu de faire passer sa conscience métapsychique, en dehors de son corps, elle peut faire rentrer sa conscience métapsychique, c'est-à-dire son corps subtil, à l'intérieur des cellules. Mais ça revient exactement au même.
« Un jour de 1967, Mère est soudain sortie d'une longue concentration ou contemplation, et elle s'est mise à parler en anglais, comme si c'était Sri Aurobindo qui parlait (cela arrivait souvent) [spiritisme], et elle a dit ceci de sa petite voix lente et cristalline - à quoi nous n'avons rien compris. Mais qui maintenant s'éclaire : « Dans quelque temps je pourrai dire... (et après un long silence)... ce que signifie exactement l'irréalité de cette matière apparente... J'ai l'impression, exactement l'impression d'être sur le point d'avoir une clef - une clef ou un ‘truc’, un procédé (je ne sais pas comment dire : tout cela, ce sont des vulgarisations), mais quelque chose qui, si on le possède sans être totalement du côté vrai... en une seconde, on pourrait être l'occasion d'une catastrophe effroyable - quelle catastrophe ? Je ne sais pas... comme une dissolution du monde... » (p. 191)
Nous voilà prévenus.
« ... C'est une espèce d'état très impersonnel où toute cette habitude de réaction aux choses extérieures, environnantes, a complètement disparu. Mais ce n'est remplacé par rien. C'est... une ondulation [un envol : c’est du métapsychique]. C'est tout. » (p. 23)
« ... C'est amusant. Oui, dans la conscience ordinaire, c'est comme un axe, et tout tourne autour de l'axe. Un axe qui est fixé quelque part, et tout tourne autour de l'axe - ça c'est la conscience individuelle ordinaire. Et si ça bouge, on se sent perdu. C'est comme un grand axe (il est plus ou moins grand, il peut être tout petit), c'est planté tout droit dans le temps, et tout tourne autour. Ça s'étend plus ou moins loin, c'est plus ou moins haut, c'est plus ou moins fort, mais ça tourne autour d'un axe. Et maintenant, pour moi, il n’y a plus d’axe. J'étais en train de regarder - il n’y en a plus, parti, envolé ! Ça peut aller là, ça peut aller là, ça peut aller là (geste aux différents points cardinaux), ça peut aller en arrière, ça peut aller en avant, ça peut aller n'importe où - il n’y a plus d'axe, ça ne tourne plus autour de l'axe. C'est intéressant. Plus d'axe ! » (p. 24)
« ... Quand l'expérience a commencé, il y avait quelque chose qui regardait (tu sais il y a toujours quelque chose qui regarde d'une façon un peu ironique, toujours amusée), qui a dit : « Bon ! si cela arrivait à quelqu'un d'autre, on se croirait bien malade, ou à moitié fou ! » Alors, j'étais très tranquille et j'ai dit : « Bien, il faut laisser faire : je vais regarder, je vais voir - je vais bien voir... » Indescriptible ! Indescriptible (il faudra que l’expérience se répète plusieurs fois pour que je puisse comprendre), fantastique ! Cela a commencé à huit heures et demi et ça a duré jusqu'à deux heures et demi du matin. » (p. 24)
L'état psychique est un état très impersonnel. Vous n'êtes plus dans votre axe. Vous allez où vous voulez.
« ... On devient une forêt. une rivière, une montagne, une maison - et c'est la sensation du CORPS, c'est la sensation tout à fait concrète du corps. Et beaucoup d'autres choses. Indescriptible. » (p. 24)
En effet. Elle explique (p. 57) ce qu'elle sent dans son corps, pas du conditionnement du corps organique, mais du corps subtil. Le corps subtil pour elle, c'est le vrai corps. En effet, pour prendre conscience de tout cela, elle va passer par le rouge (c'est le « i »)
« ...Une couleur rouge et or, merveilleuse, chaude, intense. » (p. 146)
En 1960 le rouge devient doré, puis il devient feu (p. 80 - et « cette vibration donne l'impression d'un feu »), puis il devient multicolore, puis il devient bleu avant d'être indigo. En 1970, il prend toutes les couleurs : c'est l'expérience du énergo-christal-chromo du New Age : on est en plein métapsychique.
« ... C'était la perception du pouvoir, de ce pouvoir qui vient de l'amour suprême, [curieux amour suprême], l'autre état, formidable ! et qui m'a fait comprendre une chose : que l'état dans lequel on me mettait, c'était pour obtenir le POUVOIR qui provient d'une identité avec toutes les choses MATERIELLES. » (p. 49)
Elle se sent manipulée par quelqu'un. Là c'est clair : ce n'est pas elle. C'est la perception du pouvoir, « de ce pouvoir qui me provient de l'amour suprême » ( : celui du prince des ténèbres ? ). Les Meurois-Givaudan diront également que cela se réalise grâce à la médiation d'un guide, d'un double, une puissance intermédiaire. Une puissance intermédiaire qui prend le canal du métapsychique ne peut pas être un Ange de Dieu, c'est impossible, même si c’est une expérience d'amour incroyable. Si vous rencontrez un Ange en métapsychique, c'est un falsificateur qui essaie de vous enfermer dans le métapsychique, et ainsi de vous empêcher de rentrer dans le point de vue de la mémoire spirituelle, celle qui permet de vivre de l'innocence divine. C'est la question des divers degrés de l'amour ( nous avons déjà expliqué ces 33 degrés dans l'ordre de l'amour ).
« Quand vient cette puissance lumineuse »…
Elle dit donc expressément que c'est un être de lumière, une puissance intermédiaire.
« Quand j'ai cette expérience de lumière si COMPACTE »…
Quand quelqu'un fait une régression dans une vie antérieure, il a autant ‘l'impression’ d'être dans un corps que dans sa vie normale.
En 1970, apparaissent les FILETS.
« ... Il y a une région où il y a beaucoup de scènes de la nature, comme des champs, des jardins, des... mais tout derrière des filets ! Il y a un filet d'une couleur, d'une autre couleur... Tout-tout-tout est derrière un filet, comme si l'on se mouvait avec des filets. Mais ce n'est pas un seul filet, cela dépend : le filet dépend, dans sa forme et sa couleur, de ce qui est derrière. Et c'est… le moyen de communication. Tu comprends, heureusement que je ne parle pas parce qu'on dirait que je déménage ! Et je vois les YEUX OUVERTS, dans la journée, tu imagines ! (p. 140)
Elle a raison de dire : « tu imagines », parce que c'est de l'imaginaire, du métapsychique.
« … Alors je vois, par exemple, ma chambre - et je suis en train de voir les gens - et en même temps, je vois un paysage ou un autre, et ça change et ça bouge, et avec un filet comme cela entre moi et les paysages. Le filet semble être... (comment dire ?) ce qui sépare ce vrai physique du physique ordinaire. » (p. 140)
C'est typique de l'infestation. Quand vous êtes infesté, vous êtes entouré d'un certain nombre de filets, et si vous passez dans ces filets, vous vous unissez à cette présence métapsychique d'un double de lumière, et il peut vous faire aller directement, dans l'instant, sur Saturne, comme il veut. C'est pour cela que l'on change de filet. C'est connu de tous les démonologues. Quelque fois elle parle de trame : c'est pareil.
« ... J'ai une curieuse impression d'une espèce de trame - de trame avec des fils... comme très lâches. c'est-à-dire pas serrés, qui unit tous les évènements, et si l'on a un pouvoir sur une de ces trames, il y a tout un champ de circonstances qui change, qui en apparence n'ont rien à voir les unes avec les autres mais qui sont liées là et dont l'une nécessairement implique l'existence de l'autre. » (p. 190)
Si quelqu'un a été pris par une infestation c'est exactement ce qui se passe. C'est impressionnant !
Je voudrais vous montrer encore un dernier indice :
« ...C'est comme si l'on était au seuil d'une réalisation formidable, et qui dépend d'une chose toute petite » (p. 125)
Le moyen de rentrer. Elle rentrait par un mantra qui a 7 syllabes :
OM NAMO BHAGAVATE
Elle est tellement imbibée par le métapsychique qu'elle peut passer du bleu à l'indigo comme elle veut.
« ... C'est ce mental des cellules qui s'empare d'un mantra et qui finit par le répéter automatiquement avec une persistance ! J'ai entendu les cellules répéter mon mantra ! C'était comme un choeur, et chacune répétait automatiquement. » (p. 129)
Elle fait répéter son mantra non pas par son mental, ni par son bakhti, ni par son sentiment psycho-métaphysique, mais par son corps. C’est son corps qu'elle fait résonner dans son mantra, ce sont ses cellules qui répètent son mantra « avec une persistance », ses centaines de milliards de cellules qui répètent le mantra. Et à partir d'un moment ce ne sont plus ces milliards de cellules qui répètent le mantra, il n'y a plus que le CELA qui est là.
En 1973, juste avant de mourir elle dit :
« ... Et la conscience matérielle répète : OM NAMO BHAGAVATE... C'est comme un arrière-plan derrière toute chose : OM NAMO BHAGAVATE... Tu sais, un arrière-plan qui est un support matériel : OM NAMO BHAGAVATE... » (p. 180)
SATPREM est ébloui par cette révélation de Mirra ALFASSA et il dit en touchant son corps : « Non, ces cellules-là ne pouvaient pas mourir ».

«  Ce furent ses dernières paroles.
Je veux marcher...
Mais dans cette tombe où ils l'ont mise, nous connaissons des cellules qui répètent : OM NAMO BHAGAVATE... et qui répéteront encore leur invocation. » (p. 181)

Prions pour lui "Oremus"

Le fruit de cette expérience est quelque chose de vrai, et même temps c'est la fonction métapsychique de sa mystique qui lui a donné accès à cela, en s'aidant de son élasticité occulte, de son mantra et de son guide. C'est clair : nous l’avons vu dans la deuxième partie. J'aimerais avec vous que nous trouvions le moyen que Dieu nous donne pour discerner le vrai de l’expérience de la voie qui est fausse.

C’est pourquoi elle rentre dans une paranoïa complète à la fin de sa vie, alors qu'elle n'est pas gâteuse du tout.
« ...Pour moi, le problème est de trouver le processus afin d'avoir le pouvoir de défaire ce qui a été fait, la mort, toute cette trame d'irréalité dans laquelle nous sommes enveloppés. Après toutes ces années, il y a quelque chose qui voudrait avoir le pouvoir ou la clef : le procédé. » (p. 159)
Son problème est de trouver le pouvoir de fabrication de CELA qui permet de détruire la mort - sans Dieu. C'est le surhomme, c’est d'une clarté aveuglante ; c'est le passage au SURHOMME de la mystique nietzschenne (page 136 elle dit explicitement : « ce qui fait l'avènement de l'être surhumain »). On rentre dans la mystique de séduction du Maître de la terre dont parle Benson. Elle a quand même une expérience de grâce car elle cherchait, mais elle était enfermée dans une idéologie. Au début d'ailleurs, elle dit : « Amour, Amour, Amour, Créateur, Création » : ce qui est anti Sri Aurobindo.
« ... Le corps dit : « Mais au fond ce serait surtout pour les autres que cela ferait une différence ! (si Mère mourait) Pour moi... » (p. 161)
« ... Ce n'est plus, ce n'est plus la conscience corporelle telle qu'elle est, oh ! c'est en route vers quelque chose, mais ce n'est pas encore là. Mais la présence de la Grâce est une chose absolument merveilleuse parce que je vois, l'expérience telle qu'elle est, si l'on ne me donnait pas en même temps le sens véritable de ce qui se passe, ce serait une agonie sans arrêt - c'est la vieille manière qui meurt. » (p. 162)

On pourrait dire la même chose de l’expérience spirituelle de la cellule initiale, de l’expérience de l’innocence originelle. Et elle dit bien « Grâce » qui est un terme chrétien.
Cet appel à autre chose, à un autre, cette route VERS quelque chose, est peut-être le fondement de l’Hindouisme.









Notre programme consiste, rappelons le, à regarder, en parallèle de cette recherche sur la mémoire ontologique, les différentes religions. Elles sont caractérisées par cette recherche de ce premier instant initial. Tous les êtres humains sont des êtres religieux, puisqu’ils ont cette présence de Dieu qui les attire et qui leur donne cette intuition que Dieu est présent au centre d’eux-mêmes et partout. Ils sont appelés à cette reconnaissance, à cette réunification avec cet instant initial, lumineux, immaculé, cette soif pure d’amour, cet absolu (un éléphant et un hippopotame ne sont jamais appelés à cela). Toutes les religions vont se structurer en fonction de cette première expérience, et nous allons voir que toutes les mystiques religieuses dans l’univers, dans l’histoire, vont prendre telle ou telle forme particulière et se ranger précisément en fonction des différents étages de la mémoire. Quels sont les religions en fonction des degrés plus ou moins grégaires de référentiels de la mémoire.
Commençons déjà par regarder ce que nous devons savoir pour une culture générale de l’histoire des religions. Ma référence est la Philosophie du phénomène religieux, du Révérend Beaupain, qui est professeur au grand Séminaire, Docteur en théologie à l’Université de Namur en Belgique.

Les religions archaïques
Avant l’hindouisme, avant le judéo-christianisme, avant Jésus Christ, avant les 4000 ans qui nous séparent d’aujourd’hui, il y avait toutes formes de religions archaïques, et vous allez voir que nous retrouvons effectivement des intuitions semblables à celles de saint Augustin, de sainte Thérèse d’Avila, etc, mais formulées à leur manière. Nous trouvons quelquefois des manifestations in vivo de ces religions archaïques. Levy Strauss, par exemple, avait étudié les Bororo et leur religion, qui était restée la même que celle des tribus qui existaient à l’époque ancienne du Néolithique.
Les religions archaïques ont toutes un ensemble de caractéristiques :
Ce ne sont pas des religions qui se basent sur des dogmes, sur une logique, sur une recherche de la vérité, sur une réflexion, sur une démonstration. Ce sont des religions pré-logiques. Le point de vue de la religion logique (la mentalité logique) va plutôt se développer, évidemment, dans les sociétés évoluées.
Cette pensée pré-logique des religions archaïques se caractérise tout d’abord par une imperméabilité à l’expérience ordinaire et une insensibilité à la contradiction. Cela veut dire que si, par exemple, vous rencontrez des gens qui appartiennent à la religion des Bororo, ils sont imperméables à tout ce que vous pouvez leur faire expérimenter. Ils restent stables, ils sont imperméables à toute contradiction. C’est normal, puisque c’est une religion pré-logique.
Cette pensée est affective : elle sent les choses et les fait rejaillir à l’esprit par l’émotivité.
Un autre élément caractéristique de toutes ces religions archaïques est la prédominance perpétuelle du symbole sur le concept. Dieu n’est pas défini à travers un concept ou une réalité : cette définition est uniquement symbolique. Cette pensée symbolique est très riche, du fait notamment de sa multivalence, c’est-à-dire de la multiplicité des significations possibles qu’elle peut exprimer pour chacun, parce que les symboles de toutes les religions archaïques valent sur une multitude de plans et de niveaux.
Cette pensée archaïque valorise au maximum la catégorie de participation. Je vous lis un petit passage à propos des Bororo : « Le monde est un ensemble global où tous les éléments se tiennent et se répondent ». Vous voyez qu’il y a un champ morphogénétique unique. « C’est cet aspect global de l’ensemble que tente d’ailleurs d’exprimer la religion archaïque à travers un symbole unificateur de tout, dont nous avons parlé dans les paragraphes précédents. Dès qu’il rentre dans son activité spirituelle religieuse, l’homme archaïque se sent faire partie d’un ensemble global, dont il fait partie par son être profond et auquel il y participe par son activité religieuse actuelle. Le Bororo est un arara rouge, non pas parce qu’il a une queue, mais parce qu’il se comporte comme un arara, et en même temps, tous deux se comportent comme le soleil. Réciproquement, se comporter comme le soleil et l’arara, c’est être soleil et arara. ». Le Bororo qui met une culotte de peau avec une queue et des rayons, est un arara rouge. Dans sa religion, il est en même temps le soleil, l’arara rouge et lui-même : c’est le symbole. Sa religion est une espèce de symbiose, et c’est bellement exprimé ici. La religion est d’avoir une participation avec Dieu qui est en toutes choses, mais à travers le symbole, c’est donc à travers les formes symboliques que cela se vit. Pratiquement toutes les religions archaïques partent de ce principe que nous retrouvons aussi dans le bouddhisme et dans le New Age, d’une manière plus sophistiquée, à travers toute une cérébralisation et une complexification.
Il y a plusieurs types de religions archaïques : les religions des cueilleurs (1), les religions des pasteurs (2), les religions archaïques du type des chasseurs (3), du type des planteurs (4), du type des agriculteurs ou céréaliculteurs (5), et enfin les religions mixtes (6). A partir de là va naître la fameuse religion indo-européenne qui est le soubassement des Vedas. Ce que nous voyons là n’est pas tout à fait l’hindouisme, mais les racines de la religion indo-européenne, et dans quel terreau religieux, mystique et expérientiel les Vedas vont se formuler dans l’expérience hindoue que l’on trouve vers l’an 2000 avant Jésus-Christ.

1. Les Cueilleurs
Les cueilleurs prennent des fruits, du petit gibier et des poissons. Ils sont socialement organisés en petites cellules familiales. Ils ne font pas d’artisanat. Nous les trouvons en Australie au Paléolithique, chez les Pygmées (ce qui permet de les regarder ‘in vivo’), chez les Fouegains de la Terre de Feu sur le continent américain. Il a fallu attendre le courage d’Andrew Lang, en 1898, pour que s’opère une sorte de révolution copernicienne sur la connaissance de ces religions. Estimant les observations faites par des témoins qualifiés trop nombreuses et trop concordantes, il abandonna la théorie évolutionniste qui faisait du monothéisme le courant d’une longue évolution (c’est le contraire : le monothéisme est à l’origine, le polythéisme n’a jamais précédé le monothéisme, dans aucune religion archaïque) et se rallia à l’idée d’un monothéisme non pas raisonné, ni conceptuellement élaboré, mais affectif, et comme naturel, chez toutes les religions archaïques de ces peuples cueilleurs et chez les peuples apparentés. Dieu en effet est présenté comme la figure d’un Dieu notre Père là-haut, il est à la source d’un culte spontané, affectif. Par exemple, la maman présente son nouveau né après l’accouchement en l’élevant vers le ciel et l’offre à Dieu notre Père, sans autre rite : c’est typique des religions des cueilleurs, et on les trouve partout.
Pour illustrer cette conception, je vous lis la déclaration d’un chaman esquimau, appartenant au peuple de cueilleurs (il cueille les poissons) :
« Oui, je crois en une puissance que nous appelons Sylla et qu’on ne peut expliquer avec des mots ordinaires, un esprit puissant, conservateur de l’univers, du temps qu’il fait, voire de toute vie terrestre, si puissant que sa parole aux hommes ne peut être entendue avec des mots ordinaires, mais par des tempêtes, chutes de neige, raz de marée, par toutes les forces dont l’homme a peur. Mais il a encore une autre manière de se révéler, à savoir le temps ensoleillé, le calme de la mer ou bien de petits enfants qui jouent innocemment et qui ne comprennent rien. »
Ce texte est très beau. Vous allez voir comment l’évolution de ces religions va corrompre cette religion initiale si belle et simple. C’est cette corruption de la religion que je voudrais vous faire sentir.
« Les enfants entendent une voix douce et réservée, presque une voix de femme. Elle leur parle d’un ton de mystère, mais si aimablement qu’ils ne s’effrayent pas. Ils entendent seulement qu’un danger est imminent. Les enfants racontent la chose aussi simplement quand ils rentrent à la maison, et c’est alors l’affaire du conjureur de prendre des mesures qui peuvent parer à un danger qui menace. Quand tout va bien, Sylla n’a rien à dire aux hommes et il est disparu dans son infini, et il reste disparu [on l’oublie, comme dit saint Augustin !] tant que les hommes n’abusent pas de la vie et ont du respect pour la nourriture quotidienne. Personne n’a vu Sylla [eh oui, Dieu est pur esprit], son habitat est en même temps si mystérieux qu’il est près de nous au centre de notre âme et infiniment loin. »
Ça, c’est typiquement chrétien.
Confidences d’un Pygmée du Kiwou :
« Celui qu’Immana déteste meurt. L’âme s’en va et emporte avec elle l’intelligence qui ne revient plus pour qu’il parle, le corps se corrompt, l’homme marche partout avec la mort. La mort est dans la tête, dans la poitrine, il n’y a pas d’endroit où ne soit la mort. Mais le mutva ne craint pas la mort. Pourquoi craindrait-il la mort puisqu’elle est toujours avec lui ? Mourir c’est mourir, et tu es fini. Immana [Immana est Dieu, bien-sûr] garde l’homme de la mort. Mais toi, garde-toi des autres hommes et garde-toi des bêtes de la forêt [des démons]. Si les esprits t’attaquent, sacrifie. Si tes membres sont malades, prends une prière, prends un symbole, prends un objet sacré. Si tu es malade, prends un médicament. Si Immana est avec toi, tu guériras, si tu ne l’as pas, lui, eh bien tu mouras. Quand nous sortons dans la forêt et passons près d’un lion qui dort et près d’un serpent qui mord la terre et près d’un léopard endormi, si nous avons Immana avec nous, il nous garde des bêtes mauvaises. Mais si Immana est avec quelqu’un, il n’y a rien qui ne tue l’homme. Un singe le tuera, un bouc le tuera [même un virus peut le tuer]. Et si Immana est avec quelqu’un, nulle bête ne le vaincra, nul esprit [c’est fort, car ils ont le sens de la puissance des esprits], aucun esprit ne le vaincra, rien ne le vaincra. »
Dieu est avec nous.
2. Les Pasteurs
Les pasteurs sont des nomades, ils ont des troupeaux qu’ils exploitent. Ils ont donc vêtements, nourriture, lait. Comme ils ont des moyens de transport toujours accessibles, ils naviguent, sont assez mobiles et ont du coup une certaine souplesse. Ce ne sont plus de petites cellules familiales, mais de grandes tribus patriarcales, avec un chef de famille, chef de troupeau… Nous en voyons encore aujourd’hui, notamment les Peuhl Bororo (ce ne sont pas les mêmes que les Bororo de Lévy Strauss). Ce sont les hommes du désert. En 5000 ans avant Jésus Christ, nous les trouvons exclusivement au nord de l’équateur, à cause de quoi ils sont appelés les Américano-Arctico-Pastoraux (AAP), dont font partie les Sioux, les Comanches… Cela donnera les religions inca, aztèque, maya, beaucoup plus tard, dans les régions d’Amérique centrales et méridionales (la religion inca est co-adjacente au premier millénaire de notre ère). D’autres enfin, les Sémites et leurs cousins arabes descendent vers le sud, la Mésopotamie et l’Egypte, où ils sont entrés en contacts avec les peuples nomades.
Quelle est la structure de cette religion archaïque ?
Ils pensent encore à l’existence d’un Dieu unique, Notre Père là-haut, mais leur mobilité excessive va provoquer un éloignement progressif de ce Dieu Notre Père là-haut, et va substituer à la présence continuelle de Dieu Notre Père là-haut au centre et partout, à l’infini, des forces plus proches et plus dynamiques, et ce mouvement de forces intermédiaires va s’accélérer et se radicaliser chez les pasteurs, de sorte que les peuples pasteurs sont continuellement tentés de passer d’un théisme à un déisme. Le théisme est de vivre de l’union de Dieu, et le déisme, c’est Dieu de plus en plus loin : la religion est d’utiliser de plus en plus des formulations, des médiations. Le peuple judéo-juif sémite est un peuple de médiation sacerdotale. Plus nous avançons dans le temps (de 11000 à 1000 avant Jésus Christ), plus les peuples pasteurs sont déistes, et moins ils sont théistes : plus ils vont utiliser des rites. Ce n’est pas du tout une union immédiate avec Dieu.
Un deuxième facteur d’évolution constaté au cours de ces millénaires est consécutif au premier. Si Dieu a été éloigné, il convient pour le rejoindre de multiplier les gestes, les rites, les cris, les paroles, les prières, bref : les liturgies. Avec un Dieu tout proche, on ne fait pas d’embarras, on le respecte, mais il est toujours là, tout près. Avec un Dieu devenu lointain (le déisme), il faut davantage. Chez les Algonquins (les Indiens d’Amérique), Dieu se tient au douzième ciel, et pour remonter d’étage en étage jusqu’à lui, il faut crier douze fois la même prière, d’où la naissance de rituels de prière compliqués qui doivent permettre de rejoindre Dieu. Ces conceptions de ciels étagés expliquent l’existence des poteaux, des totems, chez les Indiens, et de l’arbre chez les Sémites.
Le troisième facteur d’éloignement réside dans la multiplication des mythes de création. Tous les mythes de la création vont s’engendrer chez les peuples pasteurs, avec, bien entendu, puisqu’il y a éloignement, l’apparition dans ces religions du fameux adversaire, le démon. Chez les Américano-Arctico-Pastoraux, l’adversaire est toujours impuissant devant Dieu et obligé de reconnaître sa grandeur. Mais sa présence n’en contribue pas moins à expliquer pourquoi ces hommes (que nous sommes) sont éloignés davantage encore de Dieu du ciel. Ce n’est pas du manichéisme, avec les forces égales du mal et du bien.
Je vous lis un extrait du Popolvo des Kechas incas :
« Voici donc le commencement, quand l’homme devait être créé et que l’on devait trouver de ce qui serait à l’intérieur de sa chair, les progéniteurs, les créateurs et formateurs qui s’appellent Tepoï et Gulgumatz se dirent [vous voyez, ils sont trois pour créer] : le temps est venu, que le jour se lève, que l’œuvre soit finie, et que naissent ceux qui doivent nous sustenter et nous nourrir, les fils éclairés, les vassaux civilisés, que l’homme apparaisse sur la terre. Ainsi parlèrent-ils. Ensemble ils tinrent conseil dans l’obscurité, dans la nuit. Ils cherchèrent et discutèrent, ils réfléchirent et pensèrent, et leurs décisions jaillirent dans la lumière. Et ils trouvèrent et découvrirent ce qui devait entrer dans la chair de l’homme. Le soleil, la lune et les étoiles ne tardèrent guère à briller sur les créateurs et les formateurs et les progéniteurs. Ainsi, ils trouvèrent la nourriture qui pénétra dans la chair de l’homme formé. Elle fut son sang, le sang de l’homme. Et le maïs entra dans la formation de l’homme par l’œuvre des progéniteurs et ils furent plein de joie, car ils avaient découvert une terre merveilleuse, pleine de délices, abondante, en maïs jaune et en maïs blanc, abondante aussi en patates et en cacao. Il y avait abondance de savoureuse nourriture dans le pays de Pacsil, de Calaya [c’est extraordinaire : innocence originelle]. Les progéniteurs Tepoï et Gulgumatz discutèrent après sur la création et la formation de nos premiers père et mère. Ils firent les bras et les jambes de l’homme en pâte de maïs, et la chair des quatre premiers hommes qui furent créés ne fut que de la pâte de maïs. On dit qu’ils furent seulement faits et formés, ils n’eurent ni père ni mère, on les appelaient simplement hommes. Ils ne naquirent pas d’une femme, ils ne furent pas engendrés par les créateurs, les formateurs et les progéniteurs [non engendrés, mais créés, c’est clair]. Et leur apparence étant celle des hommes, ils furent des hommes, ils parlèrent, causèrent, virent, et entendirent, marchèrent et saisirent les choses. C’étaient des hommes bons et beaux et leur apparence était virile. Ils furent munis d’intelligence, ils virent et leur vue s’étendait partout, ils virent et connurent tout ce qui existe au monde. Lorsqu’ils regardaient, ils voyaient tout autour d’eux et contemplaient la voûte des cieux et la face ronde de la terre et voyaient toutes choses cachées par la distance sans avoir à changer de place. »
Cette conscience initiale qui est la nôtre à notre création, dans laquelle nous sommes inscrits dans la prédestination, qui dépasse tout le point de vue spatio-temporel, est prodigieuse. Nous l’avons toujours, mais nous l’avons oubliée. Chacun d’entre nous l’a, elle est là, oubliée. Comment la retrouver ?
La paléontologie est indiscutable : l’évolutionnisme est une théorie, que nous descendions du singe n’a aucune base. Si quelqu’un en doute, qu’il me le dise, et je lui fournirai tous les documents scientifiques qui pourraient le convaincre.

3. Les chasseurs
Les chasseurs sont à prédominance presque exclusivement masculine. Ce sont les civilisations où nous trouvons les premières aristocraties militaires. Les premiers groupes humains où se produisent les guerres sont dans les cultures de chasseurs. Nous y trouvons les initiations chez les adolescents, les scarifications. Cette mentalité des civilisations de chasseurs a survécu bien après la disparition des chasseurs proprement dits, en archaïque, et nous les retrouvons dans l’ère qui nous intéresse à travers les invasions et les conquêtes des Indo-européens et des Turco-mongols qui sont entreprises sous le signe du chasseur par excellence.
Quelles sont les caractéristiques de ces religions archaïques de chasseurs ?
« Si l’on veut et si l’on peut retenir aujourd’hui quelque chose de ce que l’on a appelé la religion archaïque des chasseurs, on pourrait la réduire à ce qu’on appelle le totémisme [voir Totem et tabou, de Freud]. On dira qu’il s’applique à une forme d’organisation sociale et de pratiques magiques. La religion se transforme en magie, caractérisée par l’association de certains groupes intérieurs à une tribu avec certaines classes de choses animées ou inanimées, chacun des groupes étant associé à une classe distincte. »
C’est ce que l’on fait vivre aux Scouts, chacun ayant son petit groupe avec son petit totem. A travers ce totémisme, on fait venir une certaine expérience religieuse.
« Dans ces perspectives, la religion des chasseurs pourrait se comparer à une religion de pasteurs, dont on aurait supprimé le Dieu Notre Père là-haut et son intervention directe, pour ne garder que le Satan, plus malicieux d’ailleurs que vraiment méchant, une sorte d’insupportable Abdala. La religion va consister essentiellement à capter les forces du Satan et à se préserver pour être plus puissant que l’autre pour pouvoir capter l’animal. »
C’est là que commencent les sacrifices d’animaux, avec mise à mort de l’animal, exposition des crânes des animaux. Cette religion est ordinairement une religion de séparation de Dieu. D’où d’ailleurs, pour les êtres naturellement religieux, cette espèce d’irrépressible dégoût de la guerre.
Peu de textes ici pour illustrer une religion qui s’exprime difficilement, puisque Dieu n’est jamais invoqué. Je vous donne une incantation malaise : « ô toi, chasseur démonologique, accepte la coupe de sang que nous t’offrons maintenant, et sers-t-en pour aller faire cuire tes champignons, mais ne viens plus chasser dans les environs. Va-t-en chasser seulement dans le marécage d’Alii, dans le marécage de Amahang (c’est à dire mes ennemis) avec ton bon chien qui s’appelle Tanpoi. Ne reviens plus chasser dans les environs et retourne en hâte d’où tu es venu. »
Ce sont des religions incantatoires. Et nous, nous avons récapitulé tout cela.

4. Les Planteurs
Les planteurs ont délimité de petits bouts de terrain, pour faire des cultures. C’est la femme qui commande chez les planteurs. Dès que c’est matriarcal (la femme est très sensible à la mort d’un enfant), apparaît le manisme et l’animisme : le culte des morts, le culte des esprits, la réceptivité par rapport à ce qui arrive à ceux qui sont morts. C’est une religion de l’après-vie.
Dans le manisme, quand quelqu’un est mort, un menhir est planté pour que l’âme du mort ne soit pas triste et qu’elle ne soit pas abandonnée, qu’elle n’aille pas errer ni mourir tout le temps, qu’elle se repose là et donne en même temps l’influence bienfaisante de sa reconnaissance. Tout cela est lié au Créateur, même s’il est de plus en plus lointain. Il y a 11000 ans, le principe du Dieu unique était présent, mais plus nous nous rapprochons d’aujourd’hui, moins nous apercevons cette présence du culte au Dieu unique, au Créateur, et nous sombrons dans l’animisme.
« C’est à la jonction de cet animisme et de ce manisme qu’on a été tenté de situer la religion des planteurs. La vraie religion des planteurs, rencontre entre le manisme et l’animisme, est la cosmobiologie, le fameux panthéisme. »
Pan - théisme : Dieu est dans tout, et tout est en Dieu, il y a confusion. La religion consiste à comprendre que la vie continue après la mort (ce qui est commun à toutes les religions), mais que l’âme du défunt va dans une partie du cosmos pour rejoindre la présence de Dieu qui est le cosmos tout entier, Dieu étant ce qui vitalise le cosmos tout entier, la biologie du cosmos. On abandonne donc la présence de Dieu et on confond Dieu avec ce qui donne l’unité au cosmos : il y a une chute de la religion dans la matière. Vouloir que la religion soit d’atteindre l’omniprésence du tout, d’être confondu avec l’être du tout, cet être du tout étant Dieu, c’est évidemment du matérialisme, ce n’est pas du tout spirituel. C’est une très grande dégradation d’un spiritisme appelé couramment animisme.
A ce moment-là Dieu n’est plus du tout personnel, Notre Père là-haut, mais une force impersonnelle, immanente, indifférenciée, un anatman, un non-être, une non substance, une lumière. Cela va donner, dans la religion indo-européenne, le nirvana.
C’est dans ces religions qui l’on trouve un maximum de cycles de morts et de renaissances, dont ils sont d’ailleurs un élément caractéristique.
« Au lieu de textes caractéristiques, quelques éléments de synthèse : la cosmobiologie est une religion de type liturgique où l’homme par des cérémonies périodiques à dimension cosmique d’union avec l’absolu immanent de la nature, se situe spirituellement et intérieurement dans l’univers de nécessité cosmique et biologique. Les liturgies de ces religions visent à mettre l’homme mystériologiquement en rapport avec l’Absolu à travers des chants, des sons, des gestes. »

5. Les Agriculteurs
En résumé, on peut dire que la civilisation agraire est une édition revue et corrigée dans un sens masculinisant, virilisant, des civilisations de planteurs, sans doute par osmose avec les pasteurs, et plus certainement les chasseurs voisins. On trouve ces religions d’agriculteurs au nord de l’équateur, Mésopotamie, Proche-Orient, nord-ouest de l’Inde.

6. Les religions archaïques mixtes
A force d’invasions et de conquêtes, tout cela se mélange pour donner la grande religion archaïque qui domine pratiquement partout vers les années 3000 avant Jésus Christ. Cet enchevêtrement (de tout ce que nous venons de dire) est la source de l’extrême complexité des religions archaïques dont témoignent tous les traités d’histoire des religions.
On tombe dans la multiplication des rites, des symboles, des dieux, sans oublier quand même qu’il n’y a qu’un seul Dieu, en confondant, avec la cosmobiologie, avec le panthéisme… Les contradictions ne sont pas un problème pour eux !
La religion indo-européenne que nous allons regarder est tout à fait en similitude avec ces religions archaïques mixtes, pour une raison très simple que nous voyons en faisant un survol géographico-historique du continent indien.

L’hindouisme
Fondements, terreau historique
« A l’époque du Paléolithique, 10000 ans avant Jésus Christ, les Negritos habitaient l’Inde (ils en sont les plus anciens habitants connus). Nous en rencontrons aujourd’hui de rares spécimens dans la jungle de l’Inde.
Après eux, vers 7000 avant Jésus Christ, s’est étendue une nappe de peuplades mégalithiques, appelée les Pré-dravidiens. Venus dans l’Inde néolithique, ils se seraient répandus dans l’Inde, la couvrant de monuments mégalithiques que l’on rencontre encore aujourd’hui. Ils sont monothéistes.
Une troisième migration va envahir l’Inde, vers 5000 avant Jésus Christ : les Dravidiens, d’origine éthiopienne, à la peau très brune, aux cheveux crépus. C’est pourquoi les Indiens ont une peau plutôt mate, sombre, noire, très différemment des arabes. Leurs descendants occupent aujourd’hui encore le centre et le sud de l’Inde : on les appellent les mélano-éthiopiens, à dominante agraire.
Vers l’an 2100 avant Jésus Christ [à peu près à la même époque qu’Abraham], se produit l’invasion en Inde de ceux que l’on pourrait qualifier de Pré-aryens qui vont fonder la civilisation de l’Indus. Utilisant les métaux, ils fondent une civilisation urbaine dont l’influence fut importante sur les civilisation védique. Leur religion était de type agraire tout à fait accentué.
Vers 1500 avant Jésus Christ, [à la même époque que Moïse, pendant que le Seigneur arrache le peuple d’Israël à l’Egypte], cette civilisation pré-aryenne ou pré-védique fut détruite et fut remplacée par les Aryens, Indo-européens qui sont venus par le nord. Ils ont la peau blanche et parlent des langues apparentées à l’européen. »
C’est pourquoi la Bhagavad Gita est facile à lire : les racines des langues européennes et des langues de la Bhagavad Gita, des Upanishad ou des Védas, sont les mêmes.
« C’est sans doute dans ce peuplement à vagues successives dans qu’il faut chercher les racines de la législation indienne sur les castes [brahmanes, guerriers, patrons, travailleurs, et intouchables], qui tente de préserver la pureté de certaines castes par rapport aux autres qui les ont précédées et qui sont considérées évidemment tout à fait impures. »
Nous pouvons donc faire un parallèle avec la Judée, un petit peu avant Abraham, un petit peu avant Moïse, un petit peu avant David. A l’époque de David, à partir de 1000 avant Jésus Christ, va se passer un phénomène très important : les textes hébreux s’introduisent en Inde et vont influencer de manière considérable les Upanishad.
Anne Catherine Emmerich, grâce à qui nous avons fait plus de la moitié des recherches en préhistoire et en histoire archéologique pendant trente ou quarante ans, dit explicitement que l’origine du monothéisme dans les religions archaïques vient de Noé. Elle décrit de manière très intéressante cette filiation que le Seigneur lui montre, cette évolution de la religion qui vient de l’alliance de Dieu avec Noé. Noé sait que la relation de Dieu avec les hommes est trinitaire. Nous allons retrouver l’existence du Dieu unique, notre Père là-haut, avec son action sur nous sous forme trinitaire, ce qui va donner naissance dans les Védas d’autre part à la fameuse Trimurti hindoue, qui n’est pas du tout la Trimurti actuelle très moderne. Brahma, Vishnu et Shiva, trois interfaces du Dieu unique Ishvara, nous font complètement oublier (et pour cause ! nous le verrons la prochaine fois) ce qu’il y avait à l’époque de David, vers l’an 1000.
Non seulement nous les respectons, mais nous les aimons, parce que tout ce qu’ils ont de bon va nous permettre de nous aimer davantage, en découvrant où épouser leur spiritualité. Mais nous ne prendrons pas dans leur spiritualité ce qui vient des aryens, qui sont des magiciens utilisant explicitement les puissances des ténèbres : la religion aryenne est une religion magique du feu. Les pauvres qui étaient là voulaient garder le monothéisme, mais étaient obligés d’accéder, sinon ils mouraient tous. Si nous voulons respecter la religion de l’Inde, il nous faut remonter jusqu’à la période pré-aryenne et utiliser cette union avec Dieu, laquelle nous vient de Noé. Dans ce qui va advenir avec les Védas et les Upanishad, et beaucoup plus tard après avec la Bhagavad Gita, nous pouvons voir l’apport qui nous vient de la Révélation juive, puis de la Révélation chrétienne véhiculée à travers le manichéisme et qui va donner le bouddhisme.

Les principaux textes de l’hindouisme
Rappelons qu’en 1200, c’est un mélange d’une religion naturelle, archaïque, synthétique, et d’une religion monothéiste qui vient des sémites à travers l’Ethiopie (toute l’expérience de Noé, toute la Révélation de Yahvé), mais les Aryens imposent une religion de magie et de rites.
Entre 1200 et 600 avant Jésus Christ, apparaissent les textes les plus anciens de l’hindouisme : les quatre Veda.
Le principal est le Rigveda, proche des Psaumes de David, mais en plus théologique. Ces textes très archaïques, très anciens, donnent des expériences de Dieu, reprennent des inspirations qui viennent de la religion naturelle, mais aussi des religions révélées, et notamment de Noé. Chapitre X, verset 139 :
« En ce temps-là, il n’y avait encore aucun non-existant et aucun existant, il n’y avait pas de royaume désert, ni de ciel au-delà. Qui couva tout cela, et qui l’abrita ? Les eaux existaient-elles, les profondeurs insondables des eaux ? Il n’y avait pas de mort et rien d’immortel, aucun signal pour séparer les jours d’avec les nuits. Une chose unique, sans souffle, respirait en elle-même. Hors d’elle il n’y avait rien. L’obscurité régnait. D’abord caché dans l’obscurité, le tout n’était que chaos. Tout ce qui existait était vide et sans forme [réminiscence de Noé, mot pour mot]. Du grand pouvoir de la chaleur naquit cette unité, puis se leva le désir, première semence et germe de l’esprit. Les sages qui cherchaient avec leur cœur découvrirent la parenté de l’existant et du non-existant. Leur ligne de démarcation s’étendait transversale. Qu’y avait-il au-dessus d’elle ? Qu’y avait-il en dessous ? Il y avait des créateurs, des puissances [le monde des anges], ici, de l’activité libre, et là-haut de l’énergie. Qui peut savoir en vérité, et qui peut le proclamer ? Quand naquit tout ceci, et d’où vient cette création ? Les dieux [donc les anges] vinrent plus tard que cette production du monde. Qui donc alors sait d’où ce monde vint à l’être tout au début. Lui, la prime Origine de la création, qu’Il l’ait formée ou qu’il ne l’ait pas formée, Lui, dont l’œil contrôle tout du haut des cieux, Lui en vérité le sait, ou peut-être même ne le sait pas. »
Les autres Veda sont des litanies, des invocations magiques, des rituels, des cantiques et des annotations musicales. Le Samaveda, par exemple, reprend des milliers de chapitres du Rigveda, mais en le cantilant. L’Atharvaveda est une conjuration.
Vers 1000 avant Jésus Christ, à l’époque du roi David et avant le roi Salomon, apparaissent les Brahmana : ce sont des homélies où chaque Veda est commenté par les brahmanes, la caste sacerdotale. Le plus connu de ces Brahmana est le Kata Pata Brahmana. Nous retrouvons la langue indo-européenne qui nous vient des Aryens : kata vient de centum (cent, en latin), et pata de paths (chemins, en anglais). Dans le Kata Pata, nous avons cent lectures différentes pour un seul Veda.
Vers 600 avant Jésus Christ, les Upanishad apparaissent : ils sont le cœur de la vision philosophique de l’Inde, la cristallisation de la civilisation de l’Indus et sa matérialisation sacerdotale. Nous y trouvons le principe dont je vous ai déjà parlé : « tu es Cela », c’est-à-dire la partie la plus pure de ton être est une étincelle de Cela, et Cela est Brahman. Je n’ai qu’un seul désir, une seule soif, un seul but, une seule finalité, une seule origine : c’est de me refondre dans mon origine et de me dissoudre à nouveau dans le feu divin, dans Dieu. Et en fait je n’existe pas, c’est Dieu qui existe. Nous retrouvons cette grande philosophie dans l’Amorc, chez les rosicruciens, dans toutes les gnoses ésotériques contemporaines. Elle est un peu le livre de Moïse de l’hindouisme.
Voilà pour le point de vue de l’écrit, comme notre Bible. Mais il y a aussi une tradition interprétative orale, comme la Bible est accompagnée des Midrash, des commentaires. Les Purana sont une encyclopédie morale, sorte de tradition orale écrite beaucoup plus tard. Nous y trouvons la théorie des avatars, c’est-à-dire que les dieux descendent sur la terre pour aider les hommes. Vishnu prend visage d’homme pour rétablir la doctrine de vérité, pour enseigner la vérité libératrice. C’est dans les Purana que les trois voies de la délivrance vont être expliquées. Il y a de grands poèmes épiques (du style Chanson de Roland), et dans l’un d’eux nous trouvons, vers 250 après Jésus Christ, le fameux Mahabharata, contenant ce qui a été considéré comme l’Evangile de l’hindouisme : la Bhagavad Gita, mystique de la fusion avec l’Absolu. Il y a ici des textes prodigieux d’amour, de charité. Nous sommes au cœur du mouvement mystique menant le fidèle à désirer passionnément l’amour et la fusion avec le divin.
Enfin, il y a six Darshana, comparables à nos textes conciliaires, nos textes de saint Jean de la Croix, nos définitions dogmatiques… Le plus célèbre en occident est le Darshana Yoga, textes des techniques qui nous permettent de rentrer dans l’excitation organo-végétative qui permet précisément la concentration mentale et l’accès à cette fusion avec l’Absolu.
Nous voyons bien que les textes sacrés ne sont pas des textes révélés. Ce sont des textes qui viennent de ceux qui essaient de vivre de l’Absolu, de manière cachée, parce que les Aryens sont intervenus pour empêcher le culte officiel du Dieu créateur, en imposant des cultes multiples. Du coup de manière cachée, de manière très symbolique, on va continuer à essayer d’atteindre l’Absolu divin sans le dire. Ceux qui atteignent cet Absolu divin vont expliquer ce qu’ils expérimentent dans leur prière, et c’est ainsi que naissent les Veda. Les brahmanes, les prêtres qui sont les successeurs des Aryens (la religion magique du pouvoir par le feu et par l’utilisation des puissances intermédiaires), vont interpréter ces Veda : les Brahmana interviennent ici. Les Upanishad remédient à cette affaire en donnant la philosophie sous-jacente : ‘tu es Cela’. Enfin, avec le temps, 2000 ans plus tard, les mystiques peuvent commencer à être suffisamment libres pour donner les trois voies de délivrance qui permettent de rentrer dans les révélations.
La Trimurti hindoue apparaît là : Dieu est créateur et Il a trois faces. Mais Dieu avait déjà trois faces avant (on veut toujours faire croire que l’Inde est le berceau de toutes les religions : c’est faux). Dans la Trimurti, il y a Ishvara, Dieu créateur dont je vous ai parlé dans le Rigveda tout à l’heure. Les Purana, commentaire fait à l’époque du Christ, inventent une Trimurti. Il y a toujours une bagarre contre les brahmanes qui sont les persécuteurs de la vie mystique, de l’adoration, du Dieu unique, ils ont voulu détruire la civilisation pré-aryenne de l’Indus. Aujourd’hui, dans la Trimurti, on dit qu’il y a un Dieu à trois visages : Vishnu, Brahma, et Shiva. Chacun a des manifestations incarnées, de sorte qu’il y a 33 millions d’avatars dans le cycle des réincarnations appelé samsara (par exemple, un des avatars de Vishnu est Krishna).
Mais vous comprenez bien qu’il y avait à l’époque des Veda une première Trimurti : Varuna Mitra, Indra, et les jumeaux qui forment une seule divinité Nasatya.
Le double nom de Varuna Mitra indique la dualité de ses fonctions complémentaires. Sous le nom de Mitra s’exprime le dieu souverain sous son aspect raisonné, calme, bienveillant, sacerdotal, tandis que Varuna désigne en lui cette puissance de destruction, de violence, de guerre. On remarquera cette ambivalence du dieu suprême de pacification et de destruction, dans laquelle l’Inde cherche à unir les contraires, ce qui va devenir la caractéristique de la pensée de l’Inde. C’est à cause de Varuna Mitra que deux notions importantes vont entrer dans la pensée hindoue : le maya et le rita. Il y a deux aspect à toute la réalité. Tout est maya, tout est illusion la mort, la maladie, l’être, comme nous le retrouvons dans Sri Aurobindo. Ce changement destructeur et négateur de la réalité sensible des choses. Tout est changement, devenir, démoniaque, trompeur, mensonge. Le rita est l’ordre cosmique, l’unité cosmique religieuse brahmanique. La création a été faite conformément au rita.
Le dieu dominant était donc Varuna Mitra. Grâce à cela, on comprend que tout est maya et rita : il faut sortir du maya pour entrer dans le rita, aspect positif du dieu créateur. Cela est avant la constitution des Veda. Les Veda matérialisent cette croyance, mais entre 1200 et 600 avant Jésus Christ, quand les Veda sont écrits, le roi David et le roi Salomon influent sur les civilisations de l’Indus, et Indra va être le plus populaire. Avec les Brahmana, d’autres divinités s’associent, notamment Vishnu qui devient le quatrième, Brahma, etc. Au 3e siècle avant Jésus Christ, la Trimurti actuelle apparaît avec Vishnu qui est le premier, Brahma et Shiva, et 33 millions d’avatars. Mais Dieu est unique, et les trois visages de Dieu ont toujours été gardés. Ils changent de nom, il y a une bagarre entre eux, parce que Dieu peut, au bout d’un kalpa (un cycle total de 4 milliards 320 millions d’années), devenir une vache, et nous aussi ! Dans l’hindouisme, nous ne sommes donc jamais arrivés à la béatitude.

Partie suivante
Je vous rappelle ce que nous cherchons ensemble cette année : nous n’essayons pas de faire un cours sur la mémoire et la vie mystique, ni une espèce de conférence sur les religions, sur la foi, mais nous essayons de comprendre la différence entre la mystique orientale et la mystique occidentale concernant la question de la mémoire, puisque nous avons des manières différentes d’appréhender l’absolu de notre origine et de notre éternité selon que nous sommes hindou ou bouddhiste, protestant ou mystique chrétien catholique. En même temps, il y a des approches de l’absolu, des expériences incarnées de fusion avec l’infini de l’amour et l’éternité divine qui sont expérimentées aussi en dehors des religions.
Nous voulons donc regarder cette année les grandes artères de cette mystique de la mémoire. Ce n’est pas facile pour nous, car nous ne sommes pas Maharshi, ni une réincarnation de swami Vivekanenda, ni une réincarnation de saint Jean de la Croix (et pour cause… puisqu’il n’y a pas de réincarnation justement !).
Mais nous sommes quand même des mystiques quelque part, car nous appartenons à une société contemporaine dont la caractéristique est qu’elle vit sur une espèce de nuage, qu’elle vit une certaine mystique. Même nous, chrétiens, vivons sur une espèce de nuage, et nous vivons un refoulement de la vie mystique : notre vie mystique est ratée, refoulée parce que sur le plan de la vie spirituelle, nous avons du mal à être entièrement absorbés dans la lumière, la vie et l’amour.
Or être entièrement absorbé dans la lumière, la vie et l’amour est la vie mystique humaine élémentaire. Nous le pourrions par le point de vue de l’accueil de l’Absolu : la vie contemplative est l’accueil de l’Absolu, l’accueil de la Lumière, l’accueil de l’Être premier. Nous ne commençons notre vie mystique humaine qu’à partir du moment où nous sommes capables de nous introduire sur ce premier échelon, ce b-a-ba, quand nous somme capables d’être entièrement pris par la vie, la lumière et l’amour, totalement, sans que ce soit un rêve. Nous n’y arrivons pas parce qu’il y a des divisions qui se sont faites au centre de notre âme, et la partie contemplative (notre intelligence) est perturbée. La caractéristique du monde moderne est que notre intelligence s’est introvertie (c’est le fameux schéma de Jung) dans une spirale, un repli sur soi provoqué par les sept idéologies athées.
Un deuxième phénomène est propre au monde contemporain : notre liberté dans le don est cassée. Nous sommes tristes, malades, rampants, et notre cœur est détruit, blessé, inhibé parce que nous n’avons plus la confiance en nous-même. Pour pouvoir nous donner dans l’extase, il faut avoir cette confiance en nous-même. Nous ne pouvons pas nous donner si nous estimons que nous n’avons rien à donner parce que nous ne sommes rien, parce que nous ne sommes pas bien. L’éthique nous a fait comprendre l’année dernière que les qualités affectives dont notre cœur a besoin pour pouvoir se donner sont fauchées par la permissivité et la facilité. Du point de vue éthique, il y a une déficience. Et le comité d’éthique qui vient de se créer en occident à propos de l’origine de l’homme vient faucher le point de vue éthique juste à la racine de notre venue à l’existence. Même jusque sur le point de vue de notre existence dans son origine, l’éthique est morte. Ce phénomène de société est très impressionnant.
Normalement, un philosophe, un sage, essaie de comprendre son temps. Il ne faut jamais oublier que l’homme de son temps épouse l’esprit de son temps. La vie contemplative, l’éthique, la métaphysique et la compassion sont détruites, et nous sommes pris par cela. Vous savez bien la parole extraordinaire de Nietzsche : « Il y a deux choses que j’abhorre : la métaphysique et la compassion », il ne reste plus que l’art, et les trois dernière paroles de Nietzsche sont : « art, art, art » !
Nous essayons de voir ce qui reste. Que reste-t-il ? Il reste quelque chose d’intéressant, justement : l’intelligence contemplative, la volonté (le cœur), la mémoire ontologique.
Puisqu’il y a quelques personnes qui sont là depuis peu de temps, je rappelle ce que nous avions regardé les fois précédentes.
En dehors du corps nous ne pouvons pas avoir d’exercice humain spirituel : nous ne pouvons pas avoir un exercice de l’intelligence, exercice de vie contemplative, sans le jugement d’existence, et qu’il faut pour cela les sens externes ; et nous ne pouvons pas avoir un exercice d’amour en dehors de toute une vie intérieure, tout un sous-bassement psychique.
Et pour la mémoire, quel est l’organe correspondant ? Nous avons commencé l’année en regardant que l’organe physique correspondant est l’unité primordiale de la cellule, avec le fameux génome et la mémoire génétique. La mémoire génétique suffit à expliquer le support humain de l’exercice mystique. Nous avons regardé ensuite à quel point le point de vue de la mémoire génétique, dès la première cellule, est enveloppé dans un champ que nous avons appelé tachyonique (mais vous pouvez l’appeler comme vous voulez : morphogénétique, hologrammique…), qui est un champ d’énergie, un champ bioélectrique (bio pour exprimer le point de vue de la vie, et électrique pour exprimer le point de vue physique), qui est support de toutes sortes d’opérations vitales présentes et futures. Il y a en effet certaines choses qui sont inscrites dans ce fameux champ que certaines traditions appellent champ de conscience primordial.
La dernière fois, avec le Mental des cellules, nous avons pris un exemple de la manière dont Mirra Alfassa, à travers son corps, dans toutes ses cellules, dans la partie universellement unitaire de son corps, vivait cette lumière toute pure d’amour à travers laquelle elle a été créée. Puisque nous faisons de la philosophie, il est très intéressant de regarder cette expérience de quelqu’un qui décrit cette expérience de la mémoire sans le point de vue de la foi, puisque dans l’ashram de sri Aurobindo à Pondichéry, on considère que Dieu n’existe pas. Cette expérience est très intéressante, parce qu’elle est un témoignage de l’existence de cette expérience primordiale en chacun de nous.
Aujourd’hui, nous essayerons d’aller un petit peu plus loin que ce témoignage de Mirra Alfassa, puisque nous avons vu qu’elle rentre dans des méthodes occultes… et la méthode occulte n’est pas pour nous : nous préférons rentrer dans une expérience mystique humaine, et nous n’avons pas besoin de rentrer dans cette expérience mystique humaine la médiation de maîtres que nous ne connaissons pas (des entités, ou des doubles de lumière…) ; et si nous sommes chrétiens, encore moins, parce que nous ne voulons pas être associés aux puissances de l’air. A partir du moment où nous nous associons à des puissances de l’air par des phénomènes de régression par exemple, une fois qu’ils nous ont apporté leurs richesses, nous sommes peut-être guéris, nous sommes peut-être illuminés, enrichis par une espèce d’auto-réalisation, de prise de conscience, mais nous sommes liés à des puissances que nous ne connaissons pas. Nous appelons cela dans le christianisme de la possession ou de l’enveloppement des puissances intermédiaires. Comme aujourd’hui les prêtres sont peu nombreux et sont obligés de se consacrer uniquement à l’eucharistie, bien qu’ils aient le pouvoir de chasser ces puissances de l’air, ils n’ont plus le temps de s’occuper de ces histoires où les gens sont obsédés. Avis aux amateurs : si vous rentrez dans l’expérience de Mirra Alfassa, vous êtes foutus jusqu’à la fin de vos jours !
Il y a une voie normale, habituelle : la mystique de la mémoire n’est pas du tout un sujet nouveau, elle fait partie de la grande tradition.

L’hindouisme, suite
Mais comme en même temps nous regardons l’histoire des religions, je voudrais essayer de regarder avec vous l’hindouisme, même si j’ai du mal à expliquer une mystique que je ne pratique pas. Ma règle est de vous transmettre une expérience et de vous donner le trop-plein de ma contemplation actuelle. Mais là, je ne vais pas pouvoir vous transmettre le trop-plein d’une contemplation qui n’est pas la mienne ! Je serai donc obligé de lire des témoignages pour comprendre ce qui se passe, et pour voir à quel point l’hindouisme est vraiment la religion de la mémoire, et non la religion du Verbe, ni la religion de l’amour, l’Esprit Saint, ni la religion de la solidarité, de la charité.
C’est la religion de la mémoire, de la lumière, de l’épure, de l’Absolu. Il n’y a pas d’amour, donc ce n’est pas une communion de personnes, il ne s’agit pas de mettre une personne sur cet Absolu : c’est l’Absolu impersonnel. Ce n’est pas lié à la vérité : ils inventent des dieux au fur et à mesure de l’histoire, et ces dieux vont exister parce qu’ils les ont inventés. Dans l’hindouisme, la vérité vient du mythe. Nous n’avons pas l’habitude de cela, car dans notre avancée religieuse, nous avons ce souci de partir de la vérité .
Nous avions déjà regardé le cadre historique de l’hindouisme. Les traditions issues de Noé, par l’intermédiaire de son fils Cham aboutissent en Inde (la tradition transmise par Sem donne les Sémites, et par Japhet donne le point de vue européen). Cham rit de l’ivresse de Noé, son père : l’amour paternel est porté en dérision par le fils de Noé (l’ivresse, c’est l’amour).
A partir de l’an 1500 avant Jésus Christ, il y a un monothéisme évident dans l’Inde, mais il y a aussi un phénomène climatique de mousson qui rend l’humanité complètement dépendante du climat et des cycles. Il va y avoir une séparation de l’aspect personnalisé de Dieu, et le monothéisme de l’Inde sera un monothéisme très lié au point de vue des cycles, comme dans les religions agraires, dans la période allant de 4000 à 1000 avant Jésus Christ. Il y a bien un monothéisme, mais Dieu se manifeste et intervient à travers les cycles, on dépend de Lui à travers tout un ensemble de phénomènes naturels qui voilent le visage de Dieu. Il y a un seul Dieu, mais on ne sait pas qui c’est : c’est l’Absolu.
La très grosse difficulté de l’Inde est qu’il n’y a aucun écrit sacré authentifié avant le 8e siècle après Jésus Christ – je vous rappelle que pour le christianisme, c’est 50 après Jésus Christ. Jusqu’au 18e siècle on a toujours pensé que l’hindouisme provenait d’une hérésie chrétienne, que c’est la gnose qui originait les textes de l’Inde, notamment les Upanishad et la Bhagavad Gita. C’est seulement à partir de la Révolution française, et surtout au 19e siècle, qu’on a reformulé toute l’histoire de la philosophie religieuse, qu’on a considéré que l’Inde était le berceau du christianisme et de toutes les autres religions, et qu’il y avait encore un berceau antérieur qui était l’Egypte.
Je vous dit cela parce que nous ne pouvons nous appuyer sur aucun livre pour connaître la religion de l’Inde : ils se contredisent tous. Que ce soit la naissance de Bouddha, située par certains au 7e siècle avant Jésus Christ, par d’autres au 6e siècle après Jésus Christ, soit treize siècles de différence. Certains considèrent que le Bouddha Sakyamuni n’a jamais existé, ce que je pense d’ailleurs. D’autres pensent qu’il a existé, ce que vous pensez. On ne sait pas. Quand on lit : « les Veda sont des textes qui ont été écrits à telle époque », il faudra toujours que vous rajoutiez plus ou moins six siècles, et plutôt plus que moins. Le sage de l’Inde se fiche pas mal des dates, ce n’est pas son problème. Le souci de l’histoire est un souci typiquement occidental, et le sage de l’Inde ne veut pas le savoir. Et pour être sûr de ne pas le savoir, il multiplie les chiffres et rajoute deux zéros quand il met une date.
Par exemple, Brahman, Absolu divin, se couche le soir et se lève le matin, et un jour de Brahman fait 4 milliards et 320 millions d’années, et se divise en une centaine de moments que l’on résume à quatre : chaque jour de Brahman commence par un âge d’or, puis un âge d’argent, et se termine par un âge d’ignorance, un âge de péché. Nous sommes aujourd’hui dans la fin de la période de 4 milliards 320 millions d’années, dans l’âge d’ignorance, et il y a 4 milliards 320 millions d’années, tous les hommes étaient des saints (tout le monde sait ici qu’il y a 4 milliards 320 millions d’années, il n’y avait même pas de dinosaures ). Un jour de Brahman succède à un autre jour de Brahman. A bien calculer, la vie de Brahman fait 311000 milliards d’années. Chaque jour, Brahman se dissocie en une Trimurti, c’est-à-dire une trinité.
Cette trinité change de visage. A l’époque du 5e siècle (ou 6e siècle) avant Jésus Christ, la Trimurti est composée de trois visages :
Varuna Mitra. L’ensemble de l’univers est gouverné par un Absolu, un créateur, mais c’est Dieu qui est la vérité de l’univers, et pour montrer aux hommes que la vérité de l’univers c’est lui et que tout le reste n’est pas la vérité de l’univers, n’es pas l’Absolu, c’est Varuna se transformant en Karuna qui explique les guerres, les destructions, la mort, pour que les hommes comprennent que tout est illusion, et que lui seul est Brahman.
Indra, le visage divin le plus populaire de l’Inde, est le dieu des guerriers luttant contre le dragon. On le reconnaît monté sur un éléphant blanc, coiffé de sa tiare cylindrique, avec un turban royal.
Et les jumeaux qui sont le principe de la fécondité et de la sécheresse.
Cette Trimurti originelle est renversée à un moment donné par la Trimurti moderne : Brahma, Shiva et Vishnu. Pour nous, Dieu est Trinité en Lui-même, Il ne change pas, Il est éternel. Tandis que pour l’hindou, la trinité hindoue rentre elle aussi dans le samsara, puisqu’à la fin du jour qui va venir bientôt avec la dissolution de la civilisation humaine et de l’humanité dans l’univers, Shiva et Vishnu seront dissous, et au matin du réveil de Brahman, à son expiration suivante, Shiva et Vishnu seront un ver de terre ou un insecte. Même Dieu peut donc devenir le dernier des derniers, et à plus forte raison nous, évidemment. Et ce n’est jamais fini, il n’y a pas d’issue, c’est une espèce de déterminisme dépendant des cycles.
Le but de toute la religion de l’Inde est d’éviter le malheur, d’éviter la souffrance, d’être en dehors de ce cycle infernal. Il ne faut pas oublier que l’hindouisme n’est pas une religion révélée. Jamais un hindou ne vous dira : « C’est Dieu qui nous a révélé cela ». Si vous lui dites : « Mais dans votre Révélation… », il vous répondra : « Espèce d’imbécile, il n’y a pas de Révélation chez nous ». Il y a des conseils donnés par les ascètes pour qu’on puisse rentrer dans un état que nous allons essayer de regarder tout à l’heure, et que l’on appelle l’état du Samadhi sans racines, état par l’intermédiaire duquel vous êtes au-dessus de la mêlée. Vous descendez dans un état où vous êtes totalement en dehors de toute activité et de toute passivité.
De 1500 à 1000 avant Jésus Christ : invasion aryenne. La civilisation aryenne, venant surtout de l’Iran, est une civilisation magique qui pratique la sorcellerie et la magie noire : c’est la religion du feu. Les Aryens sont des soldats, des guerriers, qui pratiquent la force : il leur faut avoir le maximum de puissance, et pour cela ils s’associent à toutes les puissances intermédiaires possibles. Ils vont dominer tout l’Indus, sans réussir à étouffer complètement le monothéiste qui vient de Noé, mais en contraignant la population de l’Inde à pratiquer cette religion et cette spiritualité du feu, avec cette association avec toutes les puissance d’énergie, toutes les puissances de feu qui sont autour de nous.
L’Inde garde cette grande tradition qu’il existe un Absolu unique, mais au début de l’invasion aryenne, elle est complètement étouffée, et c’est à cette époque-là que les Veda vont commencer à être écrits. Vous comprenez que les Veda, les Aryens, imposent une religion, et il va y avoir un phénomène de construction de castes. Les castes sont très importantes pour comprendre l’hindouisme. Nous avons vu la dernière fois que quatre couches de populations se sont installées successivement dans l’Inde. Quand les Aryens arrivent, ils s’aperçoivent que le peuple indien est très religieux et très mystique, et ils introduisent les brahmanes pour imposer la religion du feu. La caste des brahmanes est la religion supérieure. Ils instaurent la caste des guerriers et des rois, le bras séculier, et la caste de ceux qui réalisent le point de vue de l’économie, les patrons. Ces trois castes seront très protégées par les textes sacrés, et elles vont préserver cette mystique de l’association avec les énergies de l’air et avec les esprits de l’air pour pouvoir avoir cette expérience du feu et la force.
Tous les autres forment la quatrième caste : la caste des travailleurs, qui sont quand même utiles et intelligents, et la cinquième caste : la caste des parias, formée des trois premières couches qui étaient arrivées dans l’Inde. Si vous êtes d’une caste supérieure, l’ombre d’un paria, la voix même d’un paria, vous oblige à vous purifier. Il ne faut donc n’avoir aucune relation avec un paria : tout doit être séparé.
Néanmoins les travailleurs s’associent avec les bourgeois, comme à la Révolution française, et les Upanishad arrivent vers le 5e siècle avant Jésus Christ, à peu près à l’époque où les Juifs sont exportés à Babylone. Le point de vue intellectuel ressurgit à partir du peuple qui revient, comme toujours, à la grande tradition orale : Ishvara, le Seigneur, le Dieu créateur, existe, il n’y en a qu’un et il faut l’aimer. C’est l’époque des Upanishad. Philosophie de l’hindouisme, les Upanishad réaffirment le monothéisme : il existe un seul Etre absolu. C’est là que naît la fameuse mystique naturelle de l’Inde, l’expérience du Samadhi sans racine.
Dans une fourchette de 4 siècles (certains disent 3e siècle avant Jésus Christ, d’autres 1e siècle après Jésus Christ), apparaît une nouvelle tradition qui transforme le point de vue de la Trimurti archaïque dans la Trimurti moderne. Les Upanishad définissent qui est Brahman, l’être au-dessus dans l’unité de tout, et c’est donc après qu’il faut resituer qui est associé à Brahman. Indra, les jumeaux et Varuna Mitra sont inférieurs, ils sont avec les 33 autres millions de dieux. Il faut savoir ce qui fait le lien entre Brahman et les autres dieux. Vishnu bénéficie d’une promotion extraordinaire, puisqu’il était le quatrième dans la hiérarchie de la Trimurti archaïque, et qu’il devient le deuxième de la Trimurti moderne (cela ressemble à la mythologie grecque toute remplie de bouleversements, mais ces bouleversements sont normaux dans les religions mythologiques). Vishnu est jeune, il est en peau bleue, et c’est lui qui s’incarne le plus souvent au milieu des hommes pour venir les enseigner et les sauver.
Si nous avons le temps, nous regarderons les textes donnés dans la Bhagavad Gita sur Krishna une des incarnations de Vishnu inventée par les brahmanes. Que personne ne me fasse un procès d’intention : ils le disent eux-mêmes ! Le swami Sideshvaranenda dit : « Aux yeux de l’histoire, il n’y a pas eu de Krishna. Pourtant il est né dans le nord de l’Inde et il est venu dans le sud [la religion va créer des personnages qui deviennent réels puisqu’ils ont été créés par l’imaginaire collectif]. Si aux yeux de l’histoire il n’y a pas eu de Krishna, ceci n’a nullement empêché les adorateurs d’avoir eu non seulement des visions de Krishna, mais encore des marques évidentes de sa présence objective en divers lieux de l’Inde du sud. C’est par un purana [terme sanscrit pour dire ‘mythe’] de ce genre qu’une réalité spirituelle vit, et ce processus en vertu duquel une vérité spirituelle se fait purana, personne ne peut l’entraver. » La création de chaque Dieu ne vient pas d’une Révélation mais vient d’une création d’un sage mystique qui a une vision d’un être, qui l’enseigne en tant que guru afin que cet être devienne un des dieux. Si toute une région de l’Inde adopte ce dieu, il détrône tout simplement un de ceux de la Trimurti. Donc ce n’est pas Dieu qui fait le mystique, mais le contraire ! Ceci dit sans aucune critique. Il faut comprendre à quel point dieu est dans la créature mystique : c’est la créature mystique qui fait que dieu existe. Voilà l’intuition de l’Inde, et comme toujours il y a quelque chose de vrai. Dieu nous aime, donc il nous fait passer devant. Mais ils ne le disent pas comme cela, et cela nous choque, parce que nous avons un souci de vérité et un souci d’amour. Pour eux, c’est l’expérience qui crée tout, même Dieu.
Et il y a Shiva. Vous reconnaîtrez Shiva à ce qu’il est à demi nu, barbouillé de cendres, rempli de crânes tout autour à la place de la ceinture, avec des colliers de serpents, auréolé de flammes et il danse la tandava, la danse cosmique.
Brahma est le créateur de l’univers. Vishnu est le conservateur de l’univers, et Shiva ramène l’univers vers Brahma. C’est par une seule expiration que Brahma fait jaillir l’univers, et par une seule inspiration que Shiva le résorbe en Brahma. L’apparition et la disparition du monde sont vues comme un phénomène cyclique de 4 milliards et quelques années, comme nous l’avons déjà vu.
Nous sommes très fort dans la période de Shiva, la danse cosmique, pour tout ramener vers Brahman au soir de ce kalpa qui est le nôtre.
Nous sommes dans toute la mystique du New Age qui ramène tout le point de vue cosmique dans l’absolu divin, et il faut que toutes les religions le fassent. Nous allons nous rendre compte que toutes les gnoses occidentales (Rose-croix, martinisme, réincarnationisme, etc), toutes les mystiques, même islamique, toutes les religions, toutes les hérésies chrétiennes, toutes les philosophies, se rassemblent et épousent intégralement la conception de l’hindouisme. L’hindouisme fait l’unité. Nous nous trouvons à peu près dans la même situation qu’au 2e siècle après Jésus-Christ, au moment de la persécution des chrétiens, où toutes les mythologies dans le monde se sont rassemblées : celle d’Egypte, celle de l’orient, le judaïsme, celle des gnoses, avec toutes les philosophies. Les philosophes trouvaient absolument abominable de voir que le christianisme s’annexait la philosophie grecque, et ils se sont tous associés pour constituer ce qu’on a appelé la gnose. La gnose s’est constituée en réaction contre le caractère un peu trop ‘boatique’ du christianisme : le christianisme prenait toute la pensée, alors il fallait réagir contre cela et sauver la philosophie en s’associant à toutes les mystiques orientales et égyptiennes.
Très curieusement, dans l’histoire de la pensée mystique, nous nous trouvons aujourd’hui exactement dans la même situation. La mystique apostolique se trouve isolée et elle doit se défendre exactement contre la même doctrine, que ce soit la doctrine ésotérique, la doctrine de la synarchie, la doctrine des loges mystiques, la doctrine de l’Inde, la doctrine tibétaine, la doctrine tantrique, le taoïsme, etc. Entre ces doctrines il n’y a aucune différence, ce ne sont que des mots différents. Le retour de la mythologie à partir de Jung est impressionnant. Une unification se fait. Sans vouloir être paranoïaque, je constate simplement cette espèce d’œcuménisme au niveau de la doctrine quant à la conception de l’Absolu divin : Dieu, au fond, est à l’intérieur du monde, et le tout du monde, cette harmonie du monde entier, c’est cela, Dieu ; Dieu est dans cette espèce de lumière vitale qui fait que le monde aspire à l’harmonie… Ce qui n’est pas vrai, vous le savez bien, j’espère. La beauté et le Créateur, ce n’est pas pareil.
Le christianisme dit que Dieu est Créateur de tout, Il transcende tout. Il est en même temps immanent à chaque être, mais Il transcende chaque être et Il transcende le tout, par amour et dans la vérité. Et nul ne peut atteindre Dieu dans l’unité personnelle si ce n’est pas Dieu qui donne sa grâce. Et cette grâce n’est pas une grâce de mystique normale, naturelle : c’est une grâce surnaturelle, il faut passer par des médiations. Le Christ est médiateur, et ce médiateur est Dieu Lui-même. En même temps, Il est palpable, c’est un sacrement. Il faut passer par la médiation d’un sacrement, passer par la médiation du Christ, parce que Dieu est le seul qui fasse l’unité. Il est en haut, transcendant.
Dans les autres gnoses, c’est le mystique qui fait l’unité avec l’Absolu. Dieu dépend lui aussi du samsara, donc Il dépend du mystique. J’ai des conférences des certains rabbins de Jérusalem qui ont abandonné le point de vue de l’incarnation du Messie, du Christ, Jésus, et qui de ce fait se rabattent sur la Torah. Il y a une mystique de la Torah, et ils disent explicitement que Dieu est obligé d’obéir à la Torah, que Dieu est en dessous de la Torah. C’est exactement comme l’hindouisme : une mystique de la sujétion de Dieu par rapport à la Torah : la loi est au-dessus de tout.

Pour comprendre la mémoire ontologique, il va falloir :
saisir dans toutes les religions ce lieu où Dieu fait mémoire de Lui dans sa Révélation de Lui-même, où je fais mémoire de Dieu dans la mystique de mes origines,
et faire la différence entre cela et le fait que je fasse mémoire de Dieu surnaturellement par les sacrements. Ce mémorial, Zikaron, est tout à fait différent, et à chaque fois, cela s’adresse à la mémoire : « Faites ceci en mémoire de Moi », c’est-à-dire : « Faites-le dans la mémoire qui est la Mienne ». Tous les sacrements s’adressent à la mémoire surnaturelle : c’est Dieu qui fait mémoire de ce qu’a fait son Messie. Et quand Dieu fait mémoire, c’est incarné, substantiel, personnel. Si c’était nous qui faisions mémoire de ce que Jésus a fait, il n’y aurait rien du tout. C’est pourquoi la pauvre prêtresse anglaise qui dit : « Je fais mémoire… », cela n’ira pas plus loin que le 32999999 avatar de Vishnu. Nous rentrons dans le Christ, dans la mémoire du Verbe incarné, et Lui, en tant que Dieu, peut faire mémoire. C’est Lui qui fait le sacrement, ce n’est pas nous, et nous rentrons par la foi dans le sacrement. Même si nous n’y rentrons pas, Dieu fait mémoire quand même.

Après le christianisme, des relations très importantes se sont faites. La première date historique de l’Inde, la seule qui soit repérable avec certitude, le pivot, est 326 avant Jésus Christ : l’invasion par Alexandre le Grand de toute l’Inde. Avant, à l’époque de Darius, il y avait eu l’invasion des Perses. C’est pour cela que vous voyez en Inde des temples qui sont typiquement perses. Le seul moyen d’essayer d’y voir clair dans ce qui se passe en Inde entre le 5e ou 4e siècle avant Jésus Christ jusqu’à nos jours, est de regarder les temples. Nous appelons cela l’épigraphie ou la paléographie. Nous verrons cela quand nous regarderons le bouddhisme, parce qu’il faut absolument quand Bouddha est apparu : est-ce au 8e siècle avant Jésus Christ, ou au 6e siècle après Jésus Christ ? Je peux vous dire dès maintenant que c’est au 2e siècle après Jésus Christ, bien que les Bouddhistes l’aient fait naître au 6e ou 5e siècle avant Jésus Christ et lui ont fait faire le fameux sermon de Bénarès.
Mais revenons à l’hindouisme.
Les Upanishad a apporté une philosophie, donc une pratique repérable, rassemblée ensuite dans les Darshana. Patanjali (au 2e siècle avant Jésus Christ pour certains, 4e siècle après Jésus Christ pour d’autres) est le premier à introduire la technique yogique dans un certain système darshanique. Pour être honnête, le Patanjali du 2e siècle avant Jésus Christ n’est ni yogi ni philosophe mais grammairien. Le Patanjali qui est à l’origine de toute la mystique yogie est celui du 4e siècle après Jésus Christ. Parfois il est dit pour l’un Pantajali, et pour l’autre Patanjali. C’est commode, parce qu’au 19e siècle, cela permet à Muller, dans sa chronologie, de mettre au 2e siècle avant Jésus Christ un homme du 4e siècle après Jésus Christ. Même si nous avons des preuves qu’elle est absurde, personne n’ose toucher à cette chronologie. C’est comme l’évolutionnisme : on n’y touche pas, on sait que ce n’est pas vrai mais on continue de l’enseigner aux enfants !
Je voudrais vous faire passer ce sentiment dans lequel sont les hindous qui adoptent la religion hindoue : c’est un grouillement, on ne sait pas où on en est, ça va de tous les côtés. Face à ce phénomène de grouillement, de multiplication d’années, de multitudes de dieux et de pratiques, que faire ? Il ne reste plus qu’à oublier tout cela. Rentrer dans l’Absolu tout pur qui fait que tout cela est oublié. La doctrine, la manière de parler de Dieu est une illusion. Il ne reste plus qu’à rentrer dans cette espèce d’origine toute pure où il n’y a pas de paroles, pas d’amour, pas de vie, pas de lumière. Il ne reste plus que le moyen de rentrer enfin dans l’obscur oubli de tout, de manière à rejoindre l’origine de tout et sortir de tout ce magma de cycles.
Vous avez là résumée, à ma manière je le sais bien, toute la religion hindoue. Mais je crois sincèrement que personne parmi ceux qui connaissent un peu l’hindouisme ne me dira le contraire.
Remarque : actuellement en Inde, des gens se prétendent être des réincarnations d’un Christ universel, et des milliers de gens se prosternent devant eux.
Réponse : ce sont des avatars. La Trimurti ne dure qu’un jour de Brahma, même si elle a changé pendant ce jour (ça ne fait rien, car le but n’est pas la logique), alors chacun, et notamment Vishnu, s’est incarné en Set, Hénoch, Jésus, Krishna… Quand le christianisme arrive en Inde face aux brahmanes qui tiennent (encore aujourd’hui) toute la société, il faut inventer quelque chose : Krishna, qui a exactement la même vie que le Christ. Je vous lirai des passages pour vous montrer que les moindres détails sont copiés sur la vie du Christ. Il naît à ce moment-là une nouvelle spiritualité qui n’est plus celle du Samadhi sans racine, de l’épure et de la mémoire, mais la spiritualité du bhakti, c’est-à-dire la spiritualité de l’amour vis à vis de l’incarnation personnifiée de Vishnu qui est le visage impersonnifié de Brahman.
Quand le bouddhisme apparaît au 2e siècle, les brahmanes rajoutent Bouddha, pour dire aux bouddhistes de s’en aller. Le bouddhisme est très peu présent en Inde parce que les brahmanes l’ont fait partir dans l’Asie centrale (donnant au 12e siècle les Tibétains) et le Japon. Krishna et Bouddha sont rajoutés par les brahmanes dans l’ensemble des avatars, pour amortir la pénétration du christianisme et du bouddhisme.
Ce n’est pas du tout une malhonnêteté, mais ils cherchent à être fidèles quoi qu’il arrive à la tradition qui fait qu’il y a un seul être, Ishvara, Dieu, le Seigneur, à qui il faut être fidèle quoi qu’il arrive dans sa grande tradition, à l’intérieur même du corps mystique de l’Inde. Ce qui compte n’est ni les éléments d’histoire, ni la vérité, mais l’intériorité de l’âme. L’âme est un terme hindou qui vient des Upanishad. Elle est cette espèce de forme qui épouse le corps et qui a la même forme que le corps. Platon va recevoir cet héritage de l’âme et va traduire en philosophie grecque toute la spiritualité hindoue, c’est pourquoi il croit en la réincarnation, la réminiscence. Le christianisme va prendre l’héritage platonicien purifié par Aristote, pour dire que cette âme n’existe substantiellement que liée au corps.
Les textes sur l’expérience de l’amour de Dieu s’introduisent dans les Darshana et dans la bhakti (la pratique de la dévotion), avec l’influence du Christianisme. Il faut aller vers Dieu avec le cœur, avec toute son affectivité, avec toutes ses forces, avec tout son amour. C’est nouveau par rapport à la tradition ancestrale.
On va toujours considérer qu’il y a trois voies de délivrance pour oublier tout ce magma de l’illusion, même à travers les religions, et on va suivre ce que les sages, les guru, enseignent pour entrer vraiment dans cet oubli, cette nudité absolue où il n’y a plus que l’origine de tout en dehors de cette illusion (maya), où il ne reste plus que le rita qui était gardé par Varuna Mitra pour sortir du maya qui est tout ce magma, tout ce chaos créé par Varuna Mitra pour faire comprendre qu’il faut vivre du rita, de cette épuration, de cette nudité, cet oubli.
Vous voyez l’œcuménisme avec saint Jean de la Croix : il y a quelque chose de parallèle avec saint Jean de la Croix, et en même temps il faut comprendre la différence avec saint Jean de la Croix. Pour comprendre la différence avec saint Jean de la Croix, il faut vous rappeler tout ce que nous avons vu la dernière fois sur le mental des cellules dans la tradition moderne de sri Aurobindo, et ce que nous allons voir aujourd’hui sur le Samadhi sans racine qui est dans la tradition ancestrale. C’est très important, pour se rendre compte de quelle nudité il s’agit et quelle est, mystiquement, la voie d’accès à cette nudité.
La sagesse (la philosophie) nous permet, malgré des mots compliqués, de comprendre quelque chose d’assez simple, à savoir que cette recherche de la nudité de nous-mêmes (le néant) pour vivre de l’Absolu divin, est commune à tous ceux qui cherchent Dieu.
Mais que les voies d’accès sont différentes, et qu’elles se rejoignent du côté de la mémoire.
Mais que la mémoire a différents étages :
la mémoire génétique, le substrat, le support corporel de tout,
la mémoire énergétique (le champ de conscience), le point de vue du matérialisme scientifique occidental qui essaie de réduire tout à la bioénergétique,
la mémoire liée à la conscience matérielle (la matière la plus spiritualisée, la plus éthérique, comme nous l’avons vu avec le mental des cellules),
la mémoire liée à la conscience psycho-spirituelle (que nous allons voir aujourd’hui avec le Samadhi sans racine),
la mémoire ontologique (que nous verrons en philosophie avec Plotin),
la mémoire liée à la conscience chrétienne, religieuse, théologale, surnaturelle, à travers le point de vue de la grâce, et qui passe par le point de vue des cinquièmes demeures de sainte Thérèse d’Avila, demeures qui précèdent l’union transformante. Cela se fait par voie surnaturelle : ce n’est pas nous, mais Jésus qui fait cette transformation, qui nous anéantit, et nous oublions tout.
Par une mystique philosophique très concrète, en respectant le corps, en respectant la vérité, nous pouvons quelque part atteindre la mémoire ontologique, notre origine, notre pureté, notre innocence.
Nous pouvons le faire par le point de vue de la conscience psycho-spirituelle (bouddhisme encore lié à Ishvara), mais là, comme avec le point de vue de la conscience matérielle (bouddhisme), il y a de grands dangers d’être encore dans un mélange avec des champs ou des réalités qui ne sont ni Dieu ni l’homme, et qui sont des puissances de l’air : les puissances intermédiaires. C’est ce que je voudrais vous faire sentir dans les témoignages que je vais vous lire tout à l’heure à propos de la mystique hindoue.
Nous atteignons quand même une expérience bien réelle par chacune de ces voies, mais :
ou bien c’est très instinctif dans la mémoire énergétique,
ou bien c’est très occulte et dangereux dans la mémoire liée à la conscience matérielle (mental des cellules),
ou bien c’est très tronqué du point de vue de la vérité (contemplation) et du point de vue de l’amour (volonté) dans la mémoire psycho-spirituelle. C’est comme si l’âme avait accès à la divinité réelle de Dieu mais devait pour cela se couper deux ailes. Car elle est mémoire, intelligence contemplative et amour, et il faut qu’elle renonce à l’amour, qu’elle renonce à la sagesse, à la vérité, pour pouvoir atteindre cette divinité dans son origine vitale. Nous atteignons vraiment Ishvara, le Père, mais il a fallu que nous nous tronquions de ce qui fait partie de notre personne : premièrement le corps, deuxièmement notre intelligence contemplative (la sagesse), troisièmement l’amour. Nous pouvons nous servir de l’amour, la bhakti, au départ, pour aimer Dieu seul, cela nous aide à enlever tous les amours de tout ce qui est illusoire. Mais une fois que nous n’aimons plus tout ce qui est illusoire, nous devons abandonner l’amour lui-même. Nous le verrons.
Il faut comprendre les dangers de toutes ces mystiques modernes : New Age, mystique des énergies, des guérisons, etc :
ou bien elles nous mettent entre les mains des puissances de ténèbres, de séduction,
ou bien elles nous plongent dans la matière, dans le matérialisme spiritualiste,
ou bien elles nous amputent de nous-mêmes et elles n’aboutissent pas à grand' chose, et en tout cas, pas à la sainteté,
ou bien, au mieux, nous nous réfugions dans la conscience de la mémoire ontologique, philosophiquement parlant, nous rentrons dans une mystique de l’art, et nous faisons une mystique universelle nietzschéenne où la métaphysique et la compassion sont absentes, mais où le beau et l’origine du bien seront ensemble entre nos mains.
Ces premiers étages sont comme des prétextes pour faire accepter une mystique de l’art qui exclut le point de vue d’une mystique de l’union à Dieu. C’est une manière de vivre de tous les dons de Dieu de manière très épurée, sans vivre de Dieu. C’est cela, le point de vue de la religion nietzschéenne.
Pour nous, il reste donc, si nous ne voulons pas tomber dans les étages inférieurs, de vivre de l’oraison pour pouvoir avoir une autonomie du point de vue de la mémoire ontologique.
Ce que nous faisons là est un peu apologétique, comme un grand plaidoyer pour dire non pas : « C’est nous les plus forts », parce que ce n’est pas nous les plus forts, mais : « C’est le Christ, qui détient la vérité de l’homme ». Et notre intelligence est suffisamment aiguisée pour comprendre que c’est vrai, et en quoi c’est irréfutable.

Pratique de la mystique de l’épuration
Je vous ai déjà dit que nous nous trouvons face à une tentative semblable à celle du 2e siècle après Jésus Christ, où face à la doctrine naissante du Christ dans l’Eglise, toutes les gnoses, religions, mythologies, se sont rassemblées dans tous les continents connus, utilisant pour cela Rome et Alexandrie. Face la religion chrétienne qui prenait tous les intellectuels, tous les gens intelligents, il fallait sauver la philosophie, la gnose, toutes les grandes traditions archaïques, égyptiennes, etc… La situation est identique, sauf que ce n’est pas la doctrine chrétienne qui met en danger la synarchie pour laquelle il faut en finir avec le christianisme.
Un ancien martiniste , le Vicomte Léo de Macheville, Iléel de son nom kabbalistique, est devenu le swami Sevananda et parcourt en roulotte l’Amérique du sud pour regrouper autour de Jésus et de Gandhi réunis comme à l’hôtel du Bon Pasteur et de Gambetta réunis. Ce livre nous donne la liste de tous les gnostiques occidentaux qui sont devenus des gurus hindous, parce que la doctrine est la même. Bergson était complètement imprégné par l’hindouisme, et réciproquement, Bergson va influencer très profondément Sri Aurobindo dans l’ashram de Pondichéry . Durkheim a un rôle doctrinal très important dans le New Age.
Quand nous parlons de l’hindouisme, nous allons saisir des clés, des principes qui appartiennent à tous les exercices spirituels humains mystiques et cérébraux qu’on fait faire à des gens qui appartiennent aux loges. Il faut comprendre ce qu’ils vont vous dire. Par exemple : « Chacun d’entre nous, nous sommes une étincelle de Dieu, et notre but est de remettre cette étincelle dans le feu de Dieu, de disparaître éternellement en Lui ».
A partir du 2e siècle, va naître le Bhakti, complété par des pratiques physiques. Le point de vue de l’incarnation devient important avec le yoga de Pantajali, au 4e siècle après Jésus Christ. Pratiquement toutes les doctrines vont passer par des pratiques, lesquelles sont inscrites dans des livres qu’on appelle les Darshanas, les philosophies de l’Inde. Les Upanishad donnaient l’aspect philosphique, les Darshanas donnent l’aspect religieux et mystique incarné. Nous allons regarder ici, non pas seulement les intuitions transmise de l’absolu divin, mais la pratique, les conseils qui sont donnés pour qu’à travers des exercices où le corps et les puissances organo-végétatives se rassemblent pour nous faire entrer dans cette épure de notre origine toute pure.
A l’origine, le yoga de Pantajali est un yoga de Bhakti, un yoga d’amour : il s’agit d’aimer Dieu, Ishvara, le Seigneur. Il n’y a pas beaucoup de postures. Mais au bout d’un certain temps, le yoga va devenir très compliqué, avec multiplication des postures du 4e jusqu’au 20e siècle pour en avoir 84000, presque autant que de kalpa dans la vie de Brahman. Sur ces 84000 postures, 84 sont les principales aujourd’hui, et 2 sont pratiquées par tous.
Ces postures ont pour but de faire que le corps ne vienne pas vous perturber dans votre concentration sur le soi, sur le centre de vous-même, si vous préférez. Vous devez trouver ce qu’il y a de très pur dans le centre de vous-même : l’atman. Si vous vous identifiez complètement à l’aman, vous êtes devenus Brahman. Tu (l’atman) es CELA, est le résumé des Upanishad. Avec les Darshanas, il nous faut regarder comment tu vas devenir Tu, et dès que tu es Tu, Tu es Brahman, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de différence entre toi et l’absolu. Puisque Dieu, c’est toi, tu peux dire qui est Dieu, tu as le droit d’inventer un visage de Brahman. Dans la mystique hindoue, ce n’est pas aberrant.
Quand vous lirez dans les textes du New Age (Nouvel Age), de Maitreya, de la Nouvelle Religion, si vous repérez CELA (en lettres majuscules), dites-vous bien que vous êtes en pleine doctrine panthéiste. L’auteur a la foi panthéiste, il n’est pas un sage, il ne croit pas que Dieu soit Créateur transcendant, ou alors il veut bien y adhérer intérieurement sans trop y croire. CELA est la manière de dire à l’occidentale : Tu es Brahman, si tu es pur, tu deviens l’absolu.
Ce qui distingue le judéo-christianisme, la Révélation, c’est que nous adorons : « Tu adoreras Dieu seul, ton Créateur ». Quand je dis : « Tu es CELA », tu n’adores pas Dieu mais toi-même, puisque c’est toi, Dieu.
Il faut comprendre pourquoi le yoga devient important. Je vous ai expliqué que l’aspect tout à fait pur qui est en toi est l’âme, pure lumière dans ton corps, ton composé humain. Il faut donc faire que, dans ta conscience, dans ton expérience surtout, tu puisses toucher l’âme. Pour pouvoir toucher l’âme, il va falloir que tu mettes à nu, à l’intérieur de ton corps, tout un circuit de lumière. C’est ainsi qu’on va trouver tout un système (parce que l’hindou ne croit qu’à partir de l’expérience personnelle, et pas à partir d’un révélation) qui permet de mettre à nu cette âme grâce à des postures.
La première advenue de l’âme est le corps subtil, cet ensemble d’artères énergétiques qui passent dans ton corps et qui sont repérées par les acupuncteurs (par exemple), et qui font que ton corps est innervé de forces et d’énergies.
L’acupuncture chinoise considère que « les douze méridiens Tsing (qui semblent établis dans le tissu sous-cutané) sont reliés en un cercle ininterrompu où l'énergie coule toujours dans le même sens, comme dans les neurones. Le cercle entier, d'une longueur d'environ 40 mètres, est parcouru en 28 minutes 48 secondes [c’est pour cela qu’il faut faire oraison une demi-heure], soit cinquante fois par 24 heures à savoir cinquante fois par vingt-quatre heures [vous vous rappelez que Jésus disait, au moment de la distribution des pains, qu’ils se mettent par groupes de cinquante]. En dehors de ces douze méridiens, il existe deux lignes méridiennes principales : le vaisseau de conception qu’on appelle Ren Mai et le vaisseau gouverneur Du Mai. Leur point de départ dans le corps est le périnée et elles aboutissent aux lèvres. Par devant, le Ren Mai va du périnée à la lèvre inférieure (point 24), en passant par le point 8 du nombril. Il est source de la naissance et de la croissance. Par derrière le Du Mai suit la colonne vertébrale, passe par le point 21 au vertex, pour aboutir au point 27 à la gencive supérieure. Il est le vecteur de l’action et de la vigueur. Notons que le courant d’énergie dans ces deux lignes médianes remontent toujours du périnée vers la bouche. » 
Dans un état de relaxation complète, des ondes dites alpha sont enregistrées au niveau du cortex. Avec le gayographe, de manière isotopique, ces ondes sont repérées sur toute la surface de la peau. Les ondes alpha ont une fréquence de dix vibrations par seconde. Tout le problème du yoga va être de réactiver les énergies du corps subtil de manière à faire passer les ondes à une suractivation : les ondes béta, 25 pulsations par seconde. C’est-à-dire à faire rentrer dans un état cataleptique.
Les hindous, à partir de ce substrat humain, ont inventé le maniement de cette énergie : ils ont imaginé un élément supplémentaire qu’on appelle le corps subtil, entre l’atman et le corps, et il va falloir mettre à nu ce corps subtil pour localiser et structurer l’énergie qui est en nous, de manière qu’une fois localisée et structurée, elle puisse nous amener à cette épure. Tout le yoga consiste à faire cela.
Le corps subtil en vous est une structure psycho-énergétique (et non spirituelle) qui peut se dissocier du corps physique dans ses opérations (je ne parle pas ici du voyage astral). L’activité que vous avez au niveau du corps subtil ne fait pas sortir ce corps subtil, votre âme, de votre corps, mais va faire que vous dissociez vos opérations intérieures de vos opérations corporelles. Physiquement, vous ne quittez pas le corps (même si vous croyez que vous le quittez) sinon le corps mourrait, sans l’âme. La dissociation n’est pas au niveau de la substance, de l’âme, mais elle est au niveau des actes que vous posez : vos opérations sont dissociées. Habituellement, lorsque vous aimez quelqu’un, vous allez vers cette personne, vous l’embrassez : votre acte personnel ne dissocie pas le point de vue physique de ce que vous ressentez, de l’élan intérieur. Tandis que là, vous dissociez ce que fait votre corps physique de cette opération psycho-énergétique intérieure : votre corps ne bouge pas et vous vous lancez vers la personne. C’est la base du channeling.
Dans le yoga, le corps est immobile, et c’est le corps subtil qui agit. Ainsi la technique du yoga a-t-elle pour but premier la perception subtile de ce corps subtil innervé de 72000 méridiens, irrigué par des énergies qui sont homogènes, appelées en sanscrit le shakti. Shakti veut dire énergie, et l’énergie est la participation que nous avons avec la mère divine de l’univers. Le corps subtil n’est pas en nous l’atman, mais l’énergie qui y circule a cette homogénéité qui nous rapproche de la mère divine. Mais la mère divine n’est toujours pas le Principe non manifesté, c’est-à-dire Brahman.
Il faut que j’immobilise mon corps dans certaines postures pour que, par un système d’excitation organo-végétative, apparaisse le corps subtil. Alors, je touche de manière subtile mon corps subtil. Puis j’essaie de trouver cette énergie unifiante qui est dans mon corps subtil. Ce qui n’a rien à voir avec le point de vue spirituel.
Les 72000 artères subtiles s’enracinent dans le chakra du bas, centre de l’énergie de la kundalini, énergie de la sexualité, de la fécondité, s’originant à la mère divine et à toutes les traditions mystiques du matriarcat magique. Avec l’âge ténébreux, le serpent de la kundalini s’est enroulé, lové dans le périnée et tout le travail est de réveiller et faire monter cette énergie en la faisant passer par le méridien du devant, et par le méridien arrière en même temps si vous êtes très fort.
« La posture de réalisation est considérée comme la meilleure de toutes ». Donc ne perdez pas de temps avec les 79999 autres, et surtout ne vous mettez pas à genoux ! (ce qui à également une signification, et un effet contraire au niveau physiologique). Si vous voulez faire oraison allongé sur le dos, j’ai bien peur que ce soit foutu pour vous du point de vue de l’oraison surnaturelle, car ça fera monter les énergies d’en bas, la kundalini, et ça empêche la descente du feu d’en haut, la descente de la grâce, pour s’emparer de l’ensemble de votre corps. Il y a une différence de nature entre la mystique des énergies (et les postures liées à la montée des énergies), et le point de vue de la descente de la grâce. C’est pourquoi on distingue le point de vue de la lune et le point de vue du soleil. Les états lunaires qui vous mettent dans des états cataleptiques viennent de cette posture : en montant, les activités du névraxe (la mémoire sensible) sont séparées de la concentration mentale, de la contemplation intellectuelle, de la substance intellectuelle, pour que vous soyez uniquement dans un état d’obéissance à autre chose qu’à ce que vous comprenez : vous obéissez à un autre opérateur que vous, et l’opérateur à qui vous obéissez est cette source de l’énergie qui est en vous, l’atman. C’est le maître du cosmos qui dirigera votre activité intérieure. Qui est ce maître du cosmos ?
Lorsque vous vous mettez dans la posture de la réalisation, il faut réveiller le corps subtil en le faisant agir en vibrations supérieures dans toutes ses nervures ; il faut contracter les muscles au-dessus du périnée (ce qui provoque même par rapport à l’air un phénomène d’aspiration) ; il faut bloquer, au niveau mental, en fixant les deux yeux au milieu des sourcils, et au niveau des centres qui correspondent au chakra du cœur alors l’énergie monte librement… et cela vous met dans des états qui ressemblent beaucoup à des états mystiques.
Ecoutez ce que dit sainte Thérèse d’Avila aux quatrièmes demeures du Château : « Il se fit alors un tel bruit dans ma tête depuis quelques mois. Il me semble entendre le bruit d’une foule de fleuves qui se précipitent, d’oiseaux qui chantent, de sifflements, je le perçois non seulement dans les oreilles mais dans la partie supérieure de la tête où dit-on réside la puissance supérieure de l’âme ».
Et voici une nouvelle description d’un pratiquant de la kundalini : « Spontanément l’énergie enroulée s’est réveillée en moi pour aboutir à une nuit très belle à l’œil de Shiva entre les deux sourcils. J’ai entendu tout d’abord comme des oiseaux qui chantent (il était trois heures du matin), puis un bruit de cataracte, et enfin comme un sifflet de locomotive avec sa vapeur. »
Mais l’origine n’est pas la même : des phénomènes qui se ressemblent sont provoqués, mais ils n’ont pas la même origine, ni la même signification, ni la même finalité. D’où la difficulté de discerner ! S’il n’y a pas les vertus héroïques, ni l’éthique, ni la métaphysique, l’adoration, il y a danger que cela vienne des énergies d’en bas. Quelque soient les grâces que nous recevons, cela peut venir de notre orgueil, et saint Thomas d’Aquin dit qu’il faut toujours considérer cela et préférer cette solution à une autre, sachant (comme le dit aussi saint Jean de la Croix) que tous nos phénomènes sensibles de ce genre ne viennent pas de Dieu.
Pour arriver à cette étape, il faut, premièrement, maîtriser le corps. Vous comprenez le but de notre travail aujourd’hui :
Les huit stades de l’évolution dans la mystique hindoue : les deux premiers stades sont ascétiques (assez semblables à ce qui est demandé dans le christianisme) : les abstinences (yamas) et les observances (niyamas), le stade des postures (asana), le contrôle du souffle (pranayama), le retrait de toutes activités sensorielles (pratyahara), l’état de concentration (dharana), l’état d’assimilation (dhyana), et enfin le stade de l’identification avec Brahman, les états de Samadhi.
Je vais vous lire ce qui concerne les abstinences, car le Concile Vatican II nous dit de regarder ce qui est beau et grand dans les autres religions, ce qu’il faut encourager et là où il faut accompagner : « Dans les Upanishad, les abstinences sont au nombre de dix : la non violence, la véracité, l’honnêteté, la chasteté, l’affabilité, la rectitude, le pardon, l’endurance, la tempérance et la pureté. Patanjali, au 4e siècle, propose de résumer cela en cinq grandes règles qui sont : l’abstention de toute violence (ahimsa), l’abstention de tout mensonge (satya), l’abstention de tout vol ou rapine (asteva), l’abstention de toute sorte de luxure (brahmacharya), et l’abstention de tout esprit de propriétaire (aparigraha). » Je vous rappelle que c’est le premier stade, sans lequel il est impossible de rentrer dans les postures.
« L’absence complète de tout trouble et de toute émotion érotique en pensée, dans les sens et dans le corps, telle est la chasteté hindoue [la chasteté chrétienne aussi]. Elle implique en outre la réglementation du régime alimentaire, des amusements, des pensées, du sommeil et de tous les autres besoins physiques. »
Soyons hindou, au stade des abstinences. A force d’aspirer à l’absolu, ces purifications passives nous mettent dans un état de chasteté, de tempérance, de droiture, de gratuité, de liberté intérieure, nous pouvons alors passer aux purifications actives : les cinq observances. Remarquons l’inversion dans la progression par rapport à nous qui commençons par les purifications actives, ce qui est normal puisque c’est à partir d’en haut pour nous, et à partir d’en bas pour eux.
« Les cinq observances ou niyamas : saucha, santasha, tapa, svadhyaya et Ishvara pranidhana, s'attachent aussi, non à rechercher l'amour ou à porter les souffrances des autres, mais à éviter « toute forme de souffrance qui pourrait résulter de leurs actions », aussi les yoguins pratiquent-ils « la pureté, le contentement, l'austérité, le développement de soi et la pensée constante de la Divinité ».
Si quelqu’un te fait souffrir, il faut que tu rentres dans l’observance qui consiste à faire que cela ne te fasse pas souffrir. Très extraordinaire ! Et pas chrétien du tout !
La pureté, saucha, est extérieure et intérieure. Elle ne consiste pas seulement en une pureté du cœur, comme chez nous. Tous mes petits frères de la communauté du phare avaient passé dix ans en Inde, et ils pratiquaient tous saucha. « La pureté extérieure consiste à se laver, à se nourrir d'aliments purs et à observer toutes les règles du bien vivre (…) Il existe six actes purificatoires dont le lavage d'estomac, le lavage des intestins, le lavage du nez et le secouage du ventre... La pureté du corps s'obtient par des bains, au nombre de sept... dont le « bain de paroles magiques ; la pureté du site s'obtient en couvrant le sol et les murs d'un mélange de terre et de bouse de vache (sacrée) ; la pureté de l'orientation s'obtient « en se tournant vers l'Est [si l'on cherche un résultat matériel] ou le Nord [pour un résultat spirituel] pendant le jour, et vers le Nord pendant la Nuit » ; à l'inverse des Chinois qui se tournent vers le Sud. 
Le contentement correspond à l’état d’impassibilité que nous trouvons chez les premiers Pères chrétiens du désert du 3e et 4e siècle : l'Apatheia des Pères grecs. L'austérité correspond à la pratique du jeûne et des autres formes d'abstinence. Elle peut être physique, verbale ou mentale, et elle comprend le silence intérieur, et se mesure à ce qu’elle s’accompagne de l'allégresse de l'esprit et qu’elle ouvre sur la concentration sur le Soi.
Une fois que tu es dans cet état de silence, tu vas utiliser des mantra « sur un rythme déterminé, de caractère magique, afin de pouvoir éveiller et maîtriser leur énergie latente et acquérir ainsi la connaissance de tout ce qui peut être exprimé par les sons, de toutes les sciences de ce monde et des autres ». Alors tu aboutis à « la pensée constante de la divinité, ou Ishvara Pranadhana, qui est la voie de bhakti, et consiste en l'abandon de l'être à la Divinité par l'offrande de tous ses actes et de leurs conséquences, abandon qui aboutit à la suppression de tout désir, et la plus importante des cinq observances ».
Tout cela aboutit au yoga Ishvara, l’abandon d’amour au Seigneur. Ce qu’a fait Patanjali au 4e siècle est excellent, mais pas suffisant, puisqu’il n’y a pas la charité. Patanjali a certainement beaucoup emprunté au christianisme pour en arriver là.
Mais à partir du moment où nous rentrons dans un système de postures, les pratiques égyptiennes, les pratiques magiques, les pratiques aryennes, sont réintégrées pour réveiller le feu d’en bas. Et une fois que nous sommes arrivés à cet état d’abandon, au lieu de laisser la liberté à Dieu d’intervenir, nous laissons la liberté à notre propre énergie kundalinique de rentrer et de prendre possession de tout notre corps ainsi libéré.
C’est pourquoi nous pourrions, en tant que chrétiens, être assez violents envers l’hindouisme en disant que c’est une pratique d’inversion, un adultère par rapport à Dieu : je me suis préparé pour Dieu et je me donne à l’énergie d’en bas qui est une énergie sexuelle (transformée, mais bien sexuelle).
Une fois que vous êtes capables de rentrer dans la posture, il va falloir que vous activiez le soufflet, par des contractions musculaires des muscles du bas, par la concentration mentale, et par l’énergie du souffle et de la circulation sanguine. Il vous faut rentrer dans un état cataleptique qui déconnecte l’attention du cerveau antérieur (qui vous permet de maîtriser la vérité, de contempler ce qui est vrai et réel, de réfléchir, de méditer, d’adorer, i.e. le point de vue mystique spirituel). Cette déconnexion vous met dans un état de sommeil léthargique qui devient cataleptique par la sur-activation de ces énergies, en particulier celles du souffle, le pranayama.
« Le premier résultat de la tenue du souffle est un extraordinaire ralentissement du mental, provoqué sans doute par l'arrêt de la circulation sanguine dans le cerveau » . Le mental passe par cinq états principaux qui sont : l'état de dispersion, l'état de confusion ou de stupidité, car il engendre la somnolence, l'état de stabilité imparfaite, l'état de concentration, celui des réalisations magiques ; enfin, l'état d'immobilité ou Samadhi sans racine. Lorsque l'état de stabilité est obtenu, commencent des aperceptions et visions mentales, et avec elles la perception de l’unité fondamentale de tout ce qui existe.
Vous commencez à rentrer dans une perception de la mémoire. Il faut tout ce cheminement pour arriver à cet exercice de l’âme où personnellement, vous touchez, percevez, supramentalement, l’unité fondamentale de tout ce qui existe. Mais vous n’avez pas besoin de faire huit siècles de postures : par l’intelligence, dès que vous faites un jugement d’existence, si vous êtes capables de rentrer dans le point de vue de l’être, vous êtes aussitôt dans une perception de l’unité fondamentale de tout ce qui existe. Tandis que là, arriver à cette perception intime, métapsychique et en même temps spirituelle (donc pneumato-métapsychique) de cet absolu, de cette ontologie, de cette universalité de l’être, se fait par la mémoire.
Si vous êtes arrivé à l’état de la concentration grâce au souffle, alors vous êtes capables de maintenir la pensée entièrement fixée en vous-mêmes dans une seule direction, sans jamais être troublé dans la durée de cette concentration intérieure vers l’énergie primordiale. Si vous passez au stade suivant, vous êtes capables de maintenir votre pensée sur un objet unique (avant, vous étiez dans une direction) et vous pouvez rentrer dans l’assimilation. Par exemple, la communion eucharistique nous permet de nous assimiler au Christ et de nous assimiler le Christ. Eux, ici, de manière pneumato-métapsychique, prennent l’objet qui est cette recherche de l’absolu et s’assimilent cet abolu.
« On s'assimile ‘religieusement’ à la divinité manifestée dans les différentes parties du Cosmos ; on s'assimile ‘mythiquement’ à la Mère Divine par exemple, divinité causale ou régnante, mais le mythe doit être dépassé pour arriver à l'assimilation ‘abstraite’, celle du Principe non manifesté, au-delà de la causalité. » Alors on peut rentrer dans le but de l’opération toute pure de la mémoire ontologique qui est le Samadhi.
Je manque malheureusement de temps pour rentrer dans les détails, et je vous engage à lire le chapitre ‘Vers les Samadhi’ du livre de Gaston Bardet.
C’est lorsque que vous aurez atteint cet état du Samadhi que l’opération de la mémoire va pouvoir s’exercer seule, sans aucun obscurcissement du corps, de l’extériorité, ni même des activités et des vibrations intérieures, et vous permettre de devenir le fameux ‘réalisé’, le fameux ‘réveillé’, le fameux ‘illuminé’, but de toute la spiritualité de l’Inde.
Je vous signale quand même que « la voie de jnana yoga est un tel à-pic que Ramakrishna déclarait qu'à peine un yoguin par siècle pouvait arriver par cette voie » . Avis aux amateurs !
Mais cette voie n’a guère d’intérêt pour nous, même au plan philosophique, parce que si leur mémoire ontologique atteint effectivement l’origine de leur vie en Dieu, donc la Paternité en Dieu, elle l’atteint sans leur intelligence, sans leur volonté, sans amour, sans communion des personnes, sans contemplation (de leur propre description, c’est ténébreux), et du coup, lorsqu’ils reviennent dans le monde pour illuminer les autres, ils viennent sans cette présence du Verbe et de l’Esprit Saint. Ils ne doivent pas s’occuper d’illuminer en toute vérité ni de donner la révélation. Ils doivent au contraire réveiller le fidèle, le faire venir dans la même expérience que lui. Ils ne doivent pas s’occuper non plus des œuvres de miséricorde. C’est pourquoi il faut que les Sœurs de la Charité les remplacent là-bas.
L’état de Samadhi qui fait de vous un jivan-mukta, un homme complètement réveillé, illuminé (à ce moment-là vous pourrez être le guru des plus grands mystiques de l’Inde), arrive d’un seul coup. Autant sa préparation est très progressive, autant sa survenue est immédiate  :
« 1° sa venue est soudaine, fulgurante et parfois inattendue,
2° elle opère à cet instant une transformation profonde de toute la perception de l'être qui en est le siège. Décisive et durable cette transformation se compare à une nouvelle naissance,
3° l'expérience transcendante est dépourvue entièrement de contenu intellectuel et d'images. Néanmoins, elle serait « illuminative » et dynamique par ses effets et non par nature ; le pouvoir d'intuition conféré par elle s'appliquerait au problème ontologique et philosophique, non pas au domaine de la connaissance dite relative (sensori-motrice, eidétique, etc.) ;
4° L'état de conscience du jivan mukta, différent en cela de celui des yoguins, serait établi en permanence et définitivement dans un état d’union à la transcendance, où les notions de temps et d'espace n'ont plus cours. »
Cet état vient de décrire l’expérience que nous avons eue dans notre état de conscience ontologique au premier instant de notre existence dans la première cellule, quand nous avons été créés, et c’est pourquoi c’est en effet par le point de vue de la mémoire ontologique que nous retrouvons cet état initial absolu sans aucune référence spatio-temporelle.
Dans le jivan-mukta que le Docteur Godel a interrogé (en particulier le Maharshi), cet acte tout pur et final de la mémoire ontologique « réalise dans sa pureté absolue la nature originelle de la conscience ». Maharshi confirme que c’est par une opération de la mémoire qui rejoint la conscience initiale que nous avons eue quand nous avons été créés par l’Infini hors du monde spatio-temporel divin, dans l’amour, la lumière et la vie. Et en effet c’est dans toute sa pureté absolue que cette nature originelle de la conscience vient s’installer en notre intériorité et transformer toute notre vie.
Voilà ce que j’aurais voulu que nous comprenions : dans l’hindouisme, vous arrivez à un état :
de mystique naturelle
qui ne fait pas intervenir les puissances intermédiaires mais qui fait néanmoins intervenir des énergies lunaires à l’intérieur d’état psychomoteurs cataleptoïdes (les activités cérébrales réflexives sont supprimées)
qui fait rentrer dans une expérience de la mémoire ontologique séparée de toute activité spirituelle volontaire et contemplative, de manière à rentrer dans un absolu divin que vous avez commencé à aimer, mais que vous n’atteignez pas dans l’amour, si bien que quand vous redescendez pour illuminer, vous donnez le témoignage de la Paternité de Dieu, mais vous donnez en même temps le témoignage que cette Paternité de Dieu ne peut pas vous sauver du samsara, du destin, du karma.
L’hindouisme est donc une religion de l’exaltation de la mystique de la mémoire, mais en même temps une religion du désespoir. Cette religion est très intéressante parce qu’elle témoigne :
que notre âme spirituelle s’exerce par le point de vue de la mémoire (comme par le point de vue du cœur et de la vie contemplative),
qu’elle touche réellement le divin, mais en se divisant en trois. C’est une voie naturelle qui n’est pas une voie de sagesse. Si elle était une voie de sagesse, la relation au Créateur et au Père de la vie nous respecterait dans notre intégrité spirituelle, dans l’unité de notre personne, ce qui n’est pas le cas.
que c’est une opération de la mémoire qui peut se décrire de la manière suivante : elle vous permet de rentrer dans quelque chose qui est supramental, dans une activité de la mémoire spirituelle toute pure, non réflexive, ténébreuse, indifférente sur le point de vue de l’affectivité, dans un état de vide total ; et en même temps elle vous fait rentrer dans une expérience où le corps participe passivement :
« Dans le premier état, devenu stable, de la perception de la réalité, le jivan-mukta fait l'expérience actuelle de l' « Unité avec le Soi, le Principe du Tout ». Certes, le monde se révèle maintenant comme illusoire, aussi compare-t-on ce stade à l'état de rêve, mais à ce stade, toutes les fonctions corporelles et les facultés intérieures demeurent. Le jivan mukta vit dans un rêve total.
Le second état (que nous avons appelé Troisième Samâdhi) est l'identification sans construction mentale. Il y a disparition de l'attrait du monde : le monde manifesté est oublié, mais de temps en temps l'adepte s'éveille et il peut, si on le lui demande, donner un avis. Il accomplit les actes nécessaires à l'entretien de la vie corporelle. Le yogi, à ce stade, s'éveille encore de lui-même. Ce Samâdhi peut envahir peu à peu toute son existence.
Au stade suivant de la disparition des formes visibles ou du long oubli, toute activité mentale est dissoute, c'est « le degré du sommeil profond ». Le yogi ne s'éveille plus de lui même et n'accomplit plus les actes nécessaires au maintien de la vie. Il ne s'éveille que « lorsqu'il y est incité par d'autres » et, si l'on place des aliments dans sa bouche il les mâche encore et les avale par réflexe conditionné ? ?
Enfin, c'est l'entrée dans le quatrième état. C'est la léthargie définitive, la momification : le yogi dans cet état ne s'éveille plus jamais, ni de lui-même ni à l'invitation de qui que ce soit. Il demeure pour toujours errant dans les délices de la Connaissance de l'Absolu. Il n'est ni vivant ni mort. On emmure son corps en une posture assise, dans une petite chapelle où il demeure sans corruption de longues années ? ? ? »
Le corps rentre donc dans un état de passivité absolue, mais la conscience de ce lien avec ce qui est spatio-temporel en tout son corps, en toute son intériorité est actuelle. C’est une activité de la mémoire ontologique, mais elle est séparée de toute la fécondité d’amour à laquelle elle nous appellerait. Dans la première cellule, nous pouvions être dans un état de passivité, parce que nous n’avions pas de possibilité d’exercice d’amour et de contemplation. Dans notre première cellule, nous vivions cet état de perfection de sainteté à l’état d’innocence. Mais à mon avis, il est complètement aberrant en sagesse d’apprendre la religion comme quelque chose qui nous permet de vivre cet état originel, alors qu’il faut prendre cette semence et lui faire donner son fruit, selon la parabole des talents.
Il faut faire un discernement et au plan philosophique, et au plan religieux et au plan chrétien. Nous verrons donc la prochaine fois de manière plus précise le point de vue de la sagesse philosophique occidentale, et si possible nous verrons aussi le point de vue de l’activité de la mémoire dans la vie chrétienne d’oraison.

L'hindouisme est merveilleux pour voir ce qu'est une vérité naturelle qui nous met dans le tout cosmique, dans l'unité d'un diaphane limpide, transparent, épuré. Vous commencez par l'amour. La voie du bhakti yoga se compose de neuf étapes :
l'attention du cœur : que notre cœur soit tout le temps attentif est une vérité naturelle,
la procession d'un chant de louange à partir du cœur : c'est beau, fort, lumineux,
la méditation du cœur : alors le cœur n'est pas seulement attentif, il bouillonne, il surabonde,
l'adoration des pieds : nous commençons par adorer ce qu'il y a de plus bas pour aimer plus, nous nous livrons entièrement pour aimer plus. Jésus, quand il s'incarne, épouse les lois de la nature, il prend le bas, Shin, il prend chair.
l'adoration rituelle : nous faisons un culte dans les lieux où nous habitons, pour dire : "Dieu est là, Dieu soit loué, Dieu soit béni", que la présence de Dieu s'entende et se voie. C'est naturel. 
la révérence d'amour, l'effacement d'amour, du cœur,
l'esclavage d'amour,
l'amitié,
l'abandon total de l'épouse à l'amour unique, absolu, universel de Dieu.
C'est naturel.
La voie de la connaissance. Premier degré de l'hindouisme, le minimum demandé aux hindous : non-violence, véracité, honnêteté, absence à l'intérieur de vous de tout trouble, de toute émotion érotique, en pensée, en sensation et dans le corps, et en permanence, affabilité, rectitude, pardon, endurance, tempérance, pureté corporelle intérieure et extérieure.
Deuxième degré : le croyant doit arriver à un stade où il n'est plus atteint par aucune forme de souffrance qui pourrait résulter des actions du prochain. Si quelqu'un l'injurie, il n'en tire jamais rancune, à aucun moment. Il n'y a pas de réaction. Il s'agit de pratiquer ici la pureté du cœur, le contentement continuel. Austérité intérieure, austérité extérieure, développement de l'intimité profonde du soi, et enfin pensée constante du divin. Le guru doit vérifier que le croyant a atteint cela avant de le faire passer au troisième stade. Et il y a huit stades !

La guérison de la mémoire
Nous sommes ici pour essayer de trouver en nous une autonomie intérieure suffisamment grande pour savoir comment ne pas être manipulés. Nos blessures, nos échecs, nos divisions, nos peurs, nos angoisses, nos sentiments de faute et de honte, font que nous cherchons à nous isoler pour nous protéger, comme une recherche d’autonomie fausse pour être préservés. Mais en nous repliant sur nous-mêmes, nous rentrons dans une attitude de dépendance aliénante, car nous sommes obligés, pour nous protéger, de nous accrocher à quelqu’un ou à quelque chose, et nous sommes manipulables.
L’autonomie intérieure nous met en dehors de toute manipulation. Quand notre autonomie est véritable, nous sommes accrochés par le Cœur du Christ. Dieu et nous, nous sommes ensemble, et nous n’avons pas besoin de nous accrocher au premier idéologue venu, ou au premier guru venu, ou à la première propagande. Du coup nous vivons en frères et sœurs dans un esprit de famille. Nous sommes, non plus dans une dépendance aliénante les uns vis à vis des autres, mais dans une croissance de l’amour, de la vie, de la lumière, et il se forme un petit oasis de liberté.
L’autonomie implique cette exigence de creuser en nous le lieu où nous pouvons être absolument autonomes : l’intelligence contemplative (du côté du cœur, nous ne pouvons pas vraiment trouver une autonomie). Il y a trois manière de regarder, par exemple, une fleur : primo primi : cette fleur sent bon, c’est agréable ; ou bien vous la regardez, vous admirez sa beauté, c’est une espèce d’osmose sentimentale, une identification avec la fleur ; ou bien vous la contemplez, vous la regardez de l’intérieur, vous saisissez la substance même de l’intimité végétative de la fleur qui exhale son parfum et qui s’ouvre dans la beauté, ce qui ne se saisit pas avec les yeux.
L’homme, la femme, l’enfant, sont des fleurs. Quand nous commençons à rentrer dans l’autonomie, il y a une sève intérieure, une chaleur intérieure, un épanouissement vers le soleil et une exhalaison dans la beauté. Quelqu’un qui n’est pas contemplatif va remplacer par beaucoup de peinture, beaucoup de rayons ultra violets, du percing… tout ce qu’on ne ferait pas cela à des pétales de rose. Il est curieux qu’il y ait des hommes qui respectent moins leur propre corps qu’ils ne respectent une plante. Cela montre à quel point ils s’aiment. Pour être contemplatif, il faut s’aimer, se découvrir, découvrir que nous sommes infiniment grands, nous rappeler qui nous sommes par la mémoire.
La mémoire est extraordinaire. Au centre de nous-mêmes : au centre de notre corps, au centre de notre cœur, au centre de notre esprit, au centre de notre âme, au centre de notre vitalité, il y a un unique centre pour ces cinq choses-là, il y a la mémoire, qui vivifie. Le jour où nous sommes coupés de ce robinet qui constitue notre identité, c’est fini. La mémoire est liée à l’identité, à la vocation, à la prédestination, à l’origine et à la fin.
Aujourd’hui, même si nous sommes complètement détruits, nos puissances de vie fonctionnent, nous y arrivons encore avec les sens externes, bien que certaines maladies, comme l’autisme, font que nous sommes tellement fermés sur nous-mêmes que nous n’entendons plus rien. Notre imagination fonctionne très bien : je rêve, je fais des cauchemars. Notre affectivité fonctionne aussi, parce que nous sommes blessés, et alors l’affectivité nourrit l’orgueil : je souffre, on ne m’aime pas, moi j’aime mais je ne suis pas aimé. Je vais pouvoir devenir nietzschéen : je ne suis pas aimé, l’amour ne sert à rien, et j’en fais un drame. Cette inversion de l’affectivité est ce qu’on appelle la masturbation psychologique, en philosophie. Il suffit de piquer une petite épingle dans le ballon de ma souffrance pour que tout se dégonfle et qu’il n’y ait plus de drame du tout : "Bien sûr que nous t’aimons !".
Une partie de nos puissances fonctionnent donc encore, mais pas notre intelligence contemplative. Et pourtant nous commençons à devenir un homme, ou une femme, quand nous sommes contemplatifs habituellement, pour toute chose : regarder une personne humaine de manière contemplative, regarder Dieu de manière contemplative, regarder notre origine, notre fin, la nature ou un événement de manière contemplative. Il faut apprendre à regarder, non dans la contemplation esthétique, mais dans la contemplation humaine.
Pour les chrétiens, c’est facile, parce qu’ils ont l’eucharistie : « Ceci est mon corps ». Il ne faut pas que je regarde l’hostie avec mon tragique, avec mon ego, avec mes blessures, mais que je voie Jésus ressuscité : je suis obligé de ne pas m’arrêter aux apparences, je suis obligé de partir de l’intérieur, de la profondeur, pour atteindre la substance qui est cachée derrière les apparences : Jésus ressuscité rayonne, resplendit, et je me joins à la substance : transsubstantiation. Quand je suis chrétien, je deviens contemplatif à quelques moments, et je dois faire pareil avec la fleur, avec la personne qui est en face de moi : atteindre en elle immédiatement la substance, la personne, en étant sûr de ne pas me tromper.
Mais avec la mémoire, nous avons un gros problème ! Je vous fais un petit résumé, et en même temps un petit examen de conscience, pour y voir clair et pour réveiller la mémoire ontologique. Le jour où vous réveillez votre mémoire ontologique, ça y est : vous vous connaissez, vous entendez l’appel profond qui est en vous (et qui ne vient ni des autres, ni des propagandes, des idéologies, des conventions, de la religion) : vous êtes sûr que cet appel vient de vous. Quand vous touchez en vous ce lieu de la mémoire spirituelle humaine, c’est vous. Les autres peuvent venir et vous recevez ce qu’ils voudraient que vous deveniez, mais vous prenez ce qui est bon et vous laissez ce qui est mauvais. Cet appel profond est votre vocation, votre prédestination, parce que vous touchez à la fois votre origine (au premier instant de la conception) et votre fin dans la mémoire.
Au premier instant de la conception : Acte créateur du Créateur. Je ne dis pas de Dieu, parce que je vous explique la philosophie et pas la foi chrétienne, donc c’est valable pour les bouddhistes, les tantristes, les taoïstes, les hindouistes, les musulmans. Celui qui refuse ce que je vais vous dire là est sous-homme, et je me permets de vous le dire parce que j’ai étudié pendant vingt cinq ans toutes les pensées philosophiques : tout le monde est d’accord. La pensée orientale, qui est peut-être la plus éloignée de la nôtre, axe presque toute sa vision de l’homme sur la mémoire.
Ce n’est pas vous qui êtes à l’origine de vous-même, mais un autre, Source de vie, un Absolu. Il est passé par la médiation des causes instrumentales accidentelles : votre père et votre mère. A partir de deux gamètes se constitue un zygote. Et c’est Celui qui est la Vie substantiellement, la Lumière substantiellement, l’Amour éternellement, qui nous constitue de manière vitale dans la substance. L’acte créateur de Dieu sur nous a lieu dans l’œuf, avant la première cellule. Tout est inscrit dans un génome, et cela permet aux gesticulations moléculaire du génome de s’ordonner. C’est comme cela que se constitue la forme incarnée de notre vitalité personnelle. Tout est inscrit dans la première cellule, et surtout ce premier ravissement d’Amour, de Vie, de Lumière. Nous sommes fabriqués avec de l’Amour et de la Lumière substantiels. Cela a marqué notre mémoire génétique, multipliée par plusieurs milliards de cellules de notre corps. L’organe de notre mémoire spirituelle n’est pas dans notre cerveau (nous n’attendons pas d’avoir un cerveau pour nous rappeler de cela) mais dans les parties les plus élémentaires de notre corps, ce que nous avons vu en détail quand nous avons regardé le mental des cellules, en repérant les additions bizarres de Sri Aurobindo.
Les trois choses qui sont reçues en notre mémoire, données au premier instant par le Créateur, et continuellement du centre de notre âme, sont :
1. Le Créateur nous dit : « Je suis ton Père », et Il le dit dans l’oreille de la moindre cellule de notre corps. C’est une Présence paternelle de Dieu. Rappelez-vous cette première demi seconde où vous étiez entièrement dans les mains de l’omniprésence d’amour de Dieu, dans un état de ravissement. Dieu vous a créés et dans le même instant vous avez demandé d’exister et vous avez eu une gratitude ! Si vous pouviez un jour rentrer dans une expérience de ravissement, comme sainte Thérèse d’Avila ! Vous pourriez demander au Bon Dieu qu’Il vous donne une grâce de ravissement, ne serait-ce qu’une seconde, où vous seriez entièrement immergés et vous ne pourriez pas en sortir (car vous pouvez toujours sortir de l’extase, mais dans le ravissement, Dieu vous prend de manière telle que vous êtes entièrement transfigurés). Dans le ravissement, vous dites : « Oui », il n’y a que le « Oui », vous n’êtes pas en train de dire non à Satan, non au péché… Et notre premier instant s’est passé comme cela : nous avons dit « Oui ». Ceux qui disent qu’ils n’ont jamais demandé d’exister ont perdu tout bon sens. Notre âme incarnée à travers cette cellule initiale reçoit tout de Dieu qui nous met dans le mystère de l’Incarnation. Etant créés comme être humain, nous sommes placés sous la garde de la Providence de Dieu, Providence qui passe par le visage de notre père et de notre mère, c’est-à-dire à travers le visage de notre propre corps. C’est là que les deux gamètes constituent le zygote.
Le philosophe constate que d’un seul coup tout s’éteint. Le Père, respectant l’unité substantielle de notre âme et notre corps, passe désormais à travers le visage de notre père et de notre mère, lesquels père et mère ne nous aiment pas avec un amour infini d’une sainteté éternelle, avec profusion de gloire, comme dans notre première expérience initiale, et du coup il y a cette blessure. Nous savons par la foi que c’est à cause du péché originel que le visage de notre père et de notre mère ne transmet pas en toute limpidité torrentielle cet amour. Et heureusement, sinon nous serions du début jusqu’à la fin dans un état de ravissement ! Dieu nous respecte trop, et c’est pour cela qu’Il nous donne un père et une mère. Nous sommes blessés, car le vase de notre soif d’amour infinie, qui est rempli à l’infini, d’un coup ne se remplit plus qu’à peine, le filtre du visage de notre père et de notre mère est énorme. Alors il y a tout de suite une blessure à être aimé.
Nous sommes blessés, nous ne sommes pas aimés comme nous voudrions, nous avons pris des coups, mais Dieu notre Père ne nous a jamais quittés : Il est toujours là au centre de nous. Et le propre de l’amour de Dieu est de ne jamais cesser de s’intensifier, et pourtant il démarre de l’absolu, de l’infini. Notre origine est toujours avec nous, sinon nous n’aurions pas cette soif d’absolu qui transpire continuellement par tous les pores de notre peau.
2. Deuxième élément de la dynamique de la mémoire : la Paternité de Dieu doit passer à travers le visage du temps. C’est dans la patience que notre vase va se remplir. Que cette soif puisse s’exprimer, s’imprimer librement dans le temps. L’amour est fort, donc il exprime la nécessité d’une force intérieure. L’amour est vivant, la vie implique la croissance, et la croissance implique la patience. Si vraiment nous voulons vivre de l’amour, il faut que ce soit dans la durée et dans le temps. Il faut donc que nous fassions des actes de soif d’amour à chaque instant, en vivant de l’instant présent : « Accepte la grâce de l’instant présent, patiente dans la durée, sois mon Fils dans le temps, réellement, véritablement, vraiment ». Le Fils et l’instant présent, le Fils et la vérité, le Fils et le Verbe, c’est pareil.
3. Troisième élément de la pédagogie du Créateur comme Père dans notre corps : « Je te mets à part, tu es sacré, tu es un saint ». C’est l’amour séparant. Traduction chrétienne : « Sois la source de l’amour substantiel qu’il y a éternellement entre le Père et le Fils en Dieu ». Il faut que le Père soit au centre de toi, ce qui est pour tout le monde, quoi qu’il fasse. « Sois mon Fils », ce qui est pour tous ceux qui essayent de vivre de l’instant présent. « Mais sois aussi comme l’Esprit Saint, sois amour divinement et éternellement parlant, sois source de l’Esprit Saint pour tous ceux qui sont dans le temps et qui sont dans le corps ». Pour que tu sois fils dans l’Esprit Saint plus profondément, il faut que chaque instant fasse que ta sainteté soit source de sainteté d’une manière croissante. Tu vis de la nature (1), de la grâce (2) et de la sainteté (3). La sainteté est la croissance continuelle de la grâce sanctifiante. La Pédagogie de Dieu dit : « Tu es fils dans l’instant présent, mais toujours plus, toujours plus intensément ». Il faut faire en sorte que cette intimité de fils avec ton Père à travers ton corps, ne cesse de s’intensifier. Du coup le feu se répand, le feu invisible, le feu réel, le feu de l’amour, l’incendie de la gloire, la victoire de l’amour sur tout. Il faut vivre de l’instant présent, et il faut plonger le temps dans l’éternité. Du point de vue de l’amour, nous sommes créateurs d’éternité. Le Père est notre Créateur pour que nous soyons nous-mêmes créateurs d’éternité à travers un corps. Voilà ce qui gémit continuellement dans toutes les cellules de nos corps.
La mémoire est passive, nous ne cherchons pas à creuser. Dans l’intelligence contemplative, nous cherchons à comprendre, nous creusons, nous allons jusqu’à la substance. Dans l’affectivité, nous sommes actifs aussi.
C’est sous le visage analogique de ton père et de ta mère que tu dois recevoir cet amour. Tu le reçois au centre de toi, mais comme c’est à l’intérieur d’un corps, Dieu va venir à ta conscience sous le visage de ton père et de ta mère, ou des substituts parentaux. La mère est le milieu du tout petit, et les substituts de la mère sont la société, la famille, l’Eglise. Si tu rejettes violemment ta mère, tu rejetteras en grandissant la société, la famille, l’Eglise. Tu ne rejettes pas l’Eglise, mais ta mère depuis le départ, et à travers cela le fait que ton Père veut te donner la vie d’amour à partir de ta mère. Dieu t’appelle à être son fils, à être saint, dans le milieu ambiant de la gloire éternelle du Père, et c’est cela que tu refuses quand tu refuses la société, la famille, le groupe, la communauté, l’Eglise (tous les substituts de la mère). Les substituts du Père sont l’autorité, le patron, le travail : « Moi, il me faut un travail sans patron. Je sais que j’ai un problème avec l’autorité. D’ailleurs, je m’entends bien avec mon père depuis que j’ai quitté la maison, parce qu’il ne me commande plus, mais du coup j’ai un problème avec quiconque a une autorité d’amour sur moi, qui cherche mon bien, je ne supporte pas qu’on me dise mes quatre vérités, je ne supporte pas le président (alors que j’ai voté pour lui, parce que je ne supportais pas le précédent), je ne supporte pas mon docteur, je ne supporte pas mon curé, je ne supporte pas d’obéir. »
Tous nos problèmes sont basés là-dessus, c’est très important pour le discernement. Et si nous ne voulons pas voir cela, nous acceptons d’être une nouille molle et d’avoir la spiritualité de la vache. Je comprends qu’il y ait le rejet (mis en place récemment par les idéologies et la pédagogie moderne dans toutes les écoles) du père (voir Freud), de la mère (voir Nietzsche) et de tous les substituts parentaux, de tous ce qui peut représenter les sources, les visages sous lesquels Dieu se cache pour nous vivifier dans la mémoire de l’amour.
Il est normal que nous soyons blessés par l’image de notre père et de notre mère, ou par l’image de l’unité de notre père et de notre mère, il n’y a pas à s’en offusquer. Dieu nous crée comme vase infini de vie, de lumière et d’amour, et d’un seul coup, cette vie, cette lumière, cet amour, nous sont donnés à compte-goutte.
« Il me faut plus que cela, Dieu m’a laissé ou quoi ? C’est la faute de ma mère ! Si seulement elle avait laissé passer un petit peu plus d’amour ! » Je rappelle ici aux chrétiens le rôle immédiat du péché originel qui fait qu’aussitôt tout se referme. Dans le new age, nous l’avions vu avec Satprem (je ne devrais pas le dire puisque leur méthode est mauvaise), ils font des expériences de retour au mental des cellules, et ils constatent qu’il y a effectivement cette création dans la dilatation, et tout de suite un enfermement.
Cette blessure va faire naître tout un circuit de mémoire blessée, ou si vous préférez, va constituer la mémoire psychique. La blessure parentale et la blessure initiale neuf mois avant ma naissance ne cessent de s’accentuer à chaque événement (désir d’avortement, déception d’avoir une fille plutôt qu’un garçon, etc…). Ces blessures parentales pilonnent le psychisme de la mémoire blessée, provoquant une pression extraordinaire (comme la pression augmente dans la chambre à air à chaque coup de la pompe à vélo) et entraînant le doute. « Suis-je fait avec de l’amour ? Suis-je fait pour l’amour ? Suis-je aimé ? Suis-je capable d’aimer ? ». Si je me fiance et que je n’ai pas accepté d’aimer Dieu à travers le visage tordu de ma mère qui n’arrive pas à être mère, et d’aimer quand même ma mère et Dieu à travers elle, cela va casser, et ce ne sera pas de la faute de ma fiancée.
Par la mémoire, nous sommes responsables de nous-mêmes, par le cœur nous sommes responsable de l’autre, et par l’intelligence, nous sommes responsables du monde. Et c’est dans la mémoire que nous sommes le plus responsables. Qui est le plus responsable ? C’est le Père, qui nous a créé. Il faut retrouver le sens du Père.
A cause du doute, nous finissons par oublier que Dieu est notre Père, qu’Il est là. Cette expérience du ravissement initial commence à être loin. Nous oublions du coup qui nous sommes, comment et à partir de quoi nous sommes fabriqués : avec de l’amour. Tout le monde est d’accord : l’oubli est une fonction de la mémoire !
En oubliant Dieu nous oublions notre identité et nos limites, et l’Illimité, c’est nous. L’orgueil naît. L’orgueil ne vient pas tout de suite, parce qu’il est lié à l’exigence de la lumière et à l’exigence de l’amour. Nous refusons les limites, nous refusons Dieu. Refuser et oublier n’est pas pareil : il y a un moment où j’oublie que Dieu est là et que je suis son fils, et il y a un moment où je refuse d’être fils. Ce refus est un phénomène de la mémoire spirituelle. Cela se traduit par un refus d’attendre quoi que ce soit de Dieu, donc de mon père et de ma mère (« qu’ils soient mon banquier, très bien, mais qu’ils me donnent quelque chose en tant que père et mère, qu’ils me donnent la vie, pour mon bien, non ! »), de l’Eglise (« moi, c’est direct, pas besoin de l’Eglise »… direct avec qui ? tu auras une grosse surprise quand tu verras le visage de ce ‘direct’-là).
Si tu rentres dans le refus, tu rentres automatiquement dans l’ignorance. Tu ne te connais même plus toi-même, et tu dis : « Qui suis-je ? Je suis paumé ». Tu es un automate, tu te laisses faire, tu es manipulé, tu n’as aucune responsabilité. Tu tombes amoureux, d’où est-ce que cela vient ? Tu te laisses faire ? Ce n’est pas de l’amour, ce n’est que le cinquième degré dans l’ordre de l’amour, il faudrait peut-être que tu commences à tenir compte de cette passion quand tu auras crevé les 19 plafonds suivants, au 22e degré. A ce moment-là tu pourras croître du 22e au 33e degré de l’amour.
L’ignorance fait naître la perte du sens. Voilà le centre. « Quel est mon but, quelle est ma fin ? » Je n’ai plus aucune finalité, plus aucun but, je suis désorienté. Ce n’est pas pareil que la manipulation : ici, tu commences à paniquer. « Que vais-je devenir ? » Face à cette question, la mémoire humaine commence à rentrer dans le vrai drame : la déstructuration de la mémoire, la dislocation de la mémoire, et c’est là que se constitue tout le domaine de l’inconscient, des névroses. Il y a ici un problème qu’il faut regarder très attentivement, parce que cette déstructuration de la mémoire va engendrer trois grands cercles destructeurs, le fameux 6-6-6 de la mémoire. Nous avons vu l’année dernière le 6-6-6 de l’affectivité qui fait du de côté du cœur nous sommes enfermés : le cercle de l’endurcissement, le cercle de l’isolement, et le cercle de la fragilité affective. Du côté de la mémoire, nous avons trois autres cercles qui y correspondent, bien qu’ils n’y correspondent pas quant à chaque étape.
Nous allons regarder cela en essayant d’être très attentifs, sans paniquer. Si ces cercles se mettent en place, de plus en plus, dans la destruction, cela prouve qu’une vitalisation de la mémoire demeure. Cette vitalisation vient du fait que le « Je Suis » du Père devient de plus en plus présent, que l’appel à être Fils devient de plus en plus fort, et que la mise à part de l’amour séparant et de la pédagogie de l’amour séparant est de plus en plus forte. Plus la mémoire se détruit, plus c’est soulageant, mais il faut évidemment revenir à Dieu : « Ne te tourmente pas, puisque Dieu est là ».
Il est évident que c’est dramatique pour les gens qui vivent dans le monde moderne et à qui on enseigne qu’il ne faut surtout pas s’appuyer sur Dieu puisque c’est une aliénation, moyennant quoi ils s’aliènent eux-mêmes dans cette autodestruction qu’on appelle aujourd’hui l’autonomie, le moi, la personnalité.
La personnalité est le premier cercle qui correspond à l’identité. Je pense à un artiste absolument incroyable qui a dit à la télé : « Je suis homosexuel, je suis séropositif ». Les spectateurs commencent à se mettre à genoux et à l’adorer : « Quelle personnalité ! Il va pouvoir entrer dans le Panthéon de l’anti-destin, ça c’est de l’art ». Ils idolâtrent l’homme détruit dans l’œuf, et qui n’a plus rien du point de vue de la vie, qui n’a plus rien du point de vue de la beauté, plus rien du point de vue de l’amour, plus rien du point de vue de la vérité, plus rien du point de vue de la dignité humaine. C’est l’adoration de l’anti-Christ, et c’est une phénomène contemporain.
La déstructuration provoque de la souffrance : « Qu’est-ce que je vais devenir ? Je suis désorienté, alors je souffre ». La souffrance engendre l’angoisse, et j’ai du mal à traverser cette souffrance et cette angoisse, je ne veux pas passer à travers elles, et pourtant elles s’imposent à moi. Je souffre parce que je suis tout entier déchiré en deux dans la moindre cellule de mon corps. Et je suis en même temps désorienté, je n’y comprends plus rien, je suis dans la nuit : c’est l’angoisse. A l’origine, le Père est en moi dans ma première cellule, mais je suis porté par ma maman. Et Dieu, qui est au fond de moi en chacune de mes cellules, veut que je passe de la mère au Père, de l’image à la ressemblance de Dieu, de la dynamique de la mère au Père. Donc passer de la souffrance à l’angoisse est positif, mais c’est un phénomène de déstructuration. Nous sommes tous dans l’angoisse, dans le sentiment d’être abandonné de tous les côtés.
Doute, oubli, refus, ignorance, perte du sens, déstructuration de la mémoire, souffrance angoisse, et peur d’être abandonné, engendrent deux cercles différents :
1. Premier cercle : le refus de la séparation
Ce cercle vient réactiver le doute et me fait oublier plus profondément qui je suis ; il permet la constitution de la personnalité psychologique. Ma peur d’être abandonné n’est pas un phénomène affectif, ni un phénomène d’intelligence spirituelle, ni un phénomène fantasmagorique de l’imaginaire : c’est un phénomène spirituel et physique, qui relève du mental cellulaire, c’est pour cela qu’on donne des médicaments. Cette angoisse, cette peur d’être abandonné fait que je m’accroche à la première bouée venue, une certaine personnalité psychologique extérieure, ce que les psychologues appellent l’identité néo-formée. Cette identité n’est pas mon identité réelle et actuelle, je m’y raccroche par après (néo) mais elle n’est pas ma forme. Cette identité néo-formée me fait douter encore plus de mon identité réelle, me fait oublier encore plus mon identité réelle, et cette présence réelle dans mon corps, et je finis par détester de plus en plus mon corps, je refuse de recevoir quoi que ce soit de mon père et de ma mère, qui m’ont donné l’existence dans la chair. Du coup je réactive ce cercle de l’identité néo-formée et je m’éclate de plus en plus dans une personnalité fausse, extravertie ou intravertie.
Ce sentiment d’être abandonné qui s’origine toujours dans la souffrance, dans la déstructuration de la mémoire, fait que je ne veux pas quitter ce que j’ai déjà. Je ne veux pas naître avant la naissance, je ne veux pas quitter le ventre de ma mère, ou bien je ne veux pas croître. Si les parents ne veulent qu’un enfant et qu’au quatrième mois on leur dit qu’il y en a deux, l’un des deux peut décider de rester fixé là où il est actuellement puisque ses parents ne l’acceptent pas, et faire un choix de mort. C’est charmant d’être le jumeau de quelqu’un qui a choisi la mort à cause de ses parents. Tous les psychologues savent cela très bien. Le premier élément est donc la fixité : je ne veux pas quitter le sein maternel au moment du sevrage, je ne veux quitter la chambre de papa et maman quand on me donne une nouvelle chambre au troisième mois, je ne veux pas quitter la maison pour aller à la maternelle, je ne veux pas quitter mon père et ma mère pour prendre une épouse, je ne veux pas m’engager. C’est un refus d’assumer en pleine paternité la paternité de ma vie : je suis source de ma propre vie, je suis responsable, puisque le Père est en moi, cette Paternité se communique à moi, je suis à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Cette fixité correspond à un refus de grandir, à un refus de vivre dans l’ordre de la lumière, de la vie et de l’amour. Le refus du départ se spécifie en un refus d’approfondir mon identité, un refus d’être encore plus ce que je suis, fils de mon Père et source d’amour éternel dès maintenant et jusque dans l’éternité. Comme c’est à travers le visage incarné de ceux qui sont proches de moi que cette croissance peut se faire, je refuse la relation vraie et profonde avec ceux qui sont proches de moi. Je veux bien si c’est pour moi, parce que je suis blessé, il me faut quand même une consolation : c’est une relation captative, à partir de l’extériorité. Puisque je refuse la nourriture qui est la mienne dans mon corps : la vie de mon Père qui est amour, lumière et vie, source de filiation et source d’éternité, puisque je refuse cette nourriture, il me faut des compensations et je rentre dans une mémoire de l’avoir, non pas de ce que je suis, mais de ce que j’ai, de ce que je peux accumuler comme compensations. C’est l’égocentrisme. Et plus un événement de non-amour me frappe, plus ce circuit de souffrance augmente, plus je m’accroche à ce que j’ai, plus l’égocentrisme augmente, jusqu’à l’hypertrophie de l’ego. Le fameux ego du bouddhisme, de l’hindouisme, de toutes les spiritualités occidentales et orientales et de toutes les philosophies, apparaît. C’est l’inconscient freudien qui est en train de se constituer. Cet égocentrisme me met dans un refus de traverser toute souffrance et toute angoisse. Et pour refuser de traverser toute souffrance et toute angoisse, qui y sont, il faut bien que je me construise moi-même une nouvelle sensation intérieure, un nouveau comportement intérieur : c’est le repli sur soi. Je me constitue un moi dans lequel je me réfugie et dans lequel je suis à l’abri de cette souffrance et de cette angoisse à traverser, à assumer et à offrir. Ce moi est possesseur, jouisseur et dominateur. Vous pouvez lire Freud, Adler, Jung, etc. ou vous regarder vous même psychologiquement, et vous allez voir que tous vos fantasmes sont des fantasmes de possession (« j’aimerais tellement qu’il soit à moi »), de jouissance, de domination (« je le maîtriserai quand même »). Penser cela n’est pas même pas humain sur le plan psychologique, c’est en dessous de l’animal. Plus on a souffert et plus on est porté à faire cela si on ne sait pas faire mémoire : « Faites ceci en mémoire de Moi ».
Du coup je refoule tout ce qui est contraire à l’ego possesseur, jouisseur et dominateur. Mais pour le refouler, il faut que je puisse trouver un ersatz, et je vais faire une relecture de toute ma vie, depuis ma conception jusqu’à aujourd’hui, où je vais prendre tous les éléments qui m’arrangent et qui justifient que je suis possesseur, jouisseur et dominateur, et laisser les éléments qui me dérangent, pour faire de ma vie une histoire de malheur. C’est grâce à cela que je peux justifier dans ma conscience, sans en souffrir et sans avoir trop d’angoisses, d’avoir ce comportement d’un ego possesseur, jouisseur, et dominateur. Cette histoire de malheur va nourrir mon identité néo-formée encore plus et ré-accentuer le doute et l’oubli de ce que je suis dans l’instant présent.
Il est important de comprendre ce premier cercle : l’angoisse me fait réagir en m’accrochant à ce que j’ai, et comme j’ai peur d’être abandonné, je ne veux pas quitter ce que j’ai encore, ma dernière planche de salut. Ceux qui se sont noyés et ont été ranimés grâce à un baiser, doivent être guéris à tout jamais de cette première réaction : ils ont compris à travers cette noyade qu’à un moment il fallait tout lâcher. C’est ce qui se passe dans le cercle suivant.
2. Deuxième cercle : le cercle du détachement et du refus de s’attacher.
« Ne t’accroche plus, décroche-toi, sépare-toi de tout cela, rentre dans l’autonomie, l’indépendance ». Puisque je souffre et que je suis dans l’angoisse, au lieu de m’accrocher et de rentrer dans ces histoires de malheur, je vais devenir totalement insensible, je me sépare, je coupe, je ne veux plus en entendre parler, je me débrouille tout seul, je préfère m’occuper des cochons. C’est le fils prodigue. La parabole de l’enfant prodigue nous aide à comprendre ce cercle du détachement et du refus de s’attacher. Le fils aîné, lui, s’était constitué un moi possesseur, jouisseur et dominateur.
La mémoire est très sensible, elle est la sensibilité métaphysique du corps, très proche des énergies comme nous l’avons vu. Alors je m’insensibilise, je me replie sur moi, du coup je coupe définitivement avec ceux que j’aime, avec ma famille, et je rentre dans une attitude d’orphelin. Je pleure, mais je demeure dans cette solitude, je prends mon indépendance, vis à vis de tous les souvenirs aussi, et pas seulement vis à vis de la relation. Le cercle de la constitution de l’autonomie est structuré par l’oubli. J’oublie totalement tout amour relationnel. Je rentre dans un isolement total et le rejet de toute forme de dépendance dans l’ordre de l’amour, et c’est pourquoi je commence à avoir peur d’autrui, peur de m’engager, peur de l’amitié, peur de la solidarité intérieure, peur de la prière. Et plus j’ai peur, plus je veux m’isoler à nouveau, me séparer, m’insensibiliser. Puisqu’on ne peut pas vivre sans les autres, cette peur d’autrui s’intensifiant fait que je vais m’identifier. Je ne peux pas l’avoir face à face ou à côté de moi, donc je vais rentrer dans une relation de dépendance fusionnelle aliénante, une dépendance d’infantilisation.
Ces réactions de refus de la séparation ou du détachement et de l’insensibilisation sont psychologiques, automatiques. Plus on me rejette, plus on me méprise, plus on me casse, plus ces mécanismes sont présents. Ce n’est ni mal ni bien. C’est pénible, c’est la croix. J’accepte la croix, je rentre dans mon histoire de malheur et je me constitue un ego, je rentre dans la constitution de la personnalité et je trouve une certaine autonomie. L’aspect positif est que c’est grâce à cela que mon moi se constitue, sinon je ne serait que dans le moi initial, passivement, tout se ferait par l’Être de Dieu. Mais le Je Suis de Dieu veut et accepte tout cela pour que je me constitue dans un moi et qu’il puisse y avoir un vrai amour dynamique entre Lui et moi. C’est donc pénible, mais cette croix est pour vivre de la victoire de l’amour sur tout et que cela vienne aussi de moi, et pas seulement de Dieu : « Aide-toi, le ciel t’aidera ».
Etant dans la souffrance et l’angoisse, je rentre dans le cercle du refus de la séparation avec la constitution de l’ego possesseur, jouisseur et dominateur (premier cercle), et je rentre aussi dans le cercle du refus de l’attachement pour avoir une certaine autonomie intérieure (deuxième cercle), ces deux cercles contribuant à me rendre presque impossible le choix de ma finalité puisque je me constitue dans une identité néo-formée et une espèce de ‘personnalité’. Si les cercles de l’ego et de l’autonomie sont là, risque d’apparaître l’acte qui fait que les trois cercles font une seule nouvelle identité spirituelle, le nouveau 6-6-6 : l’acte de l’orgueil. Par l’orgueil, si j’accepte les trois cercles ensemble, l’orgueil s’installe dans la mémoire ontologique et pénètre jusque dans l’image de Dieu et je suis perdu pour l’éternité : c’est ce qui s’appelle la réprobation.
Nous allons voir ce qu’est l’orgueil, comment il se structure spirituellement dans le corps, l’âme et l’esprit, et comment nous en guérissons, philosophiquement parlant.
Si vous rentrez dans l’attitude d’orphelin, la peur d’autrui va faire que vous voulez toujours entrer dans ce cercle où votre cœur va s’endurcir de plus en plus, et donc il faut que vous ayez de plus en plus confiance en vous. Vous allez mettre votre confiance non pas dans le Père de votre vie, Dieu, ni dans votre père, ni dans votre mère, mais en vous. Pour la même raison, la constitution du cercle de l’ego jouisseur, vous allez vous agripper encore plus, à cause de la souffrance nouvelle et de l’angoisse qui apparaissent, à ce que vous avez déjà, à ce que vous avez acquis, à vos richesses, à votre moi, votre ego que vous venez de constituer et qui est votre plus grande richesse. Votre ego est fabriqué à partir de vos souffrances, et vous m’avez entendu mille fois dire que là où nous sommes le plus orgueilleux, c’est avec nos souffrances. Mes souffrances sont mon avoir le plus à moi, j’en suis possesseur, propriétaire. M’accrocher à cet ego va pouvoir continuer à se faire avec la constitution d’un orgueil spirituel. Tout cela est une déstructuration de la mémoire psychologique, mais si je choisis de ne faire confiance qu’à moi-même, si je choisis l’orgueil, va se constituer l’axe d’une mémoire brisée définitivement, et donc un refus absolu et de mon origine et de ma finalité.
Vous voyez comment se constitue l’orgueil. Vous finissez par avoir peur d’autrui et par vous agripper à vos richesses, à votre histoire de malheur, et donc vous allez avoir l’impossibilité de vivre de l’instant présent. C’est à cela que vous reconnaissez que l’orgueil est là : vous refusez de vivre l’instant présent.
Cela se traduit de deux manières : la fuite vers l’avenir ou le refuge dans le passé. Dans la fuite vers l’avenir, vous faites plein de projets : « Je vais créer une congrégation internationale d’ermites ». La fuite dans le passé est le point de vue d’un vécu nostalgique. Les mystiques nostalgiques du new age, comme petits fils de Freud, s’inscrivent essentiellement dans l’ego jouisseur. Vous créez des grands mythes et rentrez dans l’identification à des mystères mystériques (pas mystiques), orphiques, Isis et Osiris, comme les mystères maçonniques et rose-croix. Abandonnez les projets, vivez de l’instant présent ! Il faut dix ans à un postulant qui rentre à l’âge de vingt ans dans une communauté, pour arriver à ne plus avoir de projet : « Je veux bien être moine, mais à condition que je devienne prieur, et quand je serai prieur, je ferai ça et ça et ça ». On dit toujours que lors d’une fondation monastique, la première génération est sacrifiée, parce que pendant dix ans ils font toujours des projets, voulant être moine à condition de…
Vous réfugiant dans une nostalgie, ou dans des projets, ou dans les deux, vous ne pouvez pas vivre de la grâce de l’instant présent. La grâce se reçoit toujours dans l’instant présent.
« Il faudrait que j’aille à San Damiano, à Medjugorje, à Montmorin, au groupe de Montepllier le mois prochain, … ».
- Mais enfin, là, maintenant, là où tu es, Dieu te donnera toutes les grâces dont tu as besoin. Ne fais pas de projets, vis de la grâce de l’instant présent.
- Ah, quand je serai marié, ça ira mieux !
- Si tu n’es pas capable de vivre de la grâce de l’instant présent, cela m’étonnerait que tu sois capable de te marier.
Car je refuse cette pédagogie du Père qui consiste à accepter le point de vue de la croissance de l’amour dans le temps. Du coup, je rentre dans l’impatience, qui fait que je veux tout, tout de suite. Et si je ne l’ai pas, je fais des projets, comme cela j’ai tout de suite le projet et j’en jouis déjà, j’anticipe. Et je rentre dans une nouvelle forme de la convoitise et de la relation avec la possession, et cette convoitise devient spirituelle, comme le dit S. Augustin. Ici, c’est la vie spirituelle à travers le corps, et cette convoitise est différente de la convoitise psychologique qui est dans la constitution de l’ego. S. Augustin dit que « les péchés évidents contre la pureté sont un châtiment qui révèle un orgueil spirituel caché et qui domine tout ». C’est la vérité. S. Augustin est un très fin psychologue !
Cette convoitise fait que je me blesse moi-même. Ce n’est plus la relation, Dieu, le père, la mère, mais moi-même qui me blesse et qui réactive les cercles d’une manière spirituelle : voilà l’orgueil, et tout s’écroule dans les enfers. Le mécanisme de la haine de l’autorité, de la haine du père, du refus de la dépendance d’amour, est la source qui risque de me faire tomber dans les enfers, dans les zones inférieures, dans les ténèbres.
Voyons comment psychologiquement, humainement, nous pouvons essayer de nous en sortir. Je tiens à vous dire que tout cela est presque normal pour tout le monde, alors ne vous dites pas : « Je suis comme cela, c’est foutu ! ». Si vous dites : « Les autres sont comme cela, mais moi non », cela prouve que vous manquez de maturité et que vous avez des systèmes de défense prodigieux pour ne pas le voir.
Ces cercles sont au cas où vous avez réagi négativement face à la blessure d’amour. C’est pourquoi la punition est l’orgueil, l’impureté évidente. Mais vous avez pu réagir aussi positivement en choisissant d’avoir confiance et de dire merci à la Providence malgré la blessure. Philosophiquement, humainement, quelque soit le choc que nous prenions en plein visage, en plein cœur, en plein corps, faire confiance à l’autre et rentrer dans une patience d’amour est possible pour tout le monde. Si je dis merci à celui qui me frappe, à celui qui me blesse, parce que je sais que quand il fait cela, il m’introduit de manière vivante, incarnée dans la dynamique de l’amour personnel et que je deviens source d’amour éternel, si je lui en suis reconnaissant, cela se fera dans la patience, dans le temps. Si je suis impatient et que je reçois un coup, je râle. Mais si je suis patient et que je reçois un coup : « alléluia », je remercie et j’embrasse deux fois celui qui m’a blessé. Dans l’Ecriture, Jésus n’a embrassé sur la bouche que Judas qui l’a trahi. La gratitude de Jésus pour Judas est extraordinaire : grâce à lui, tous les hommes pourront être sauvés.
Voilà la première voie de guérison : je choisis toujours l’amour, je dois retrouver en moi cette source de ma mémoire qui fait qu’à chaque fois je me rappelle que Dieu est là. Je reçois une nouvelle blessure, mais je suis lié à Dieu : « Merci Seigneur » et je vais toujours plus loin dans l’ordre de l’amour.
La deuxième voie est la perte du sens qui structure le point de vue du cercle de la constitution de l’ego avec la création d’un moi : « J’ai beaucoup souffert, c’est terrible, mais j’ai quand même tenu le coup et j’ai toujours fait le bien. Et c’est moi qui commande et puis c’est tout ». Alors j’essaie de prendre conscience à travers les évènements, je regarde humainement les nouveaux évènements, je lis l’Ecriture. Alors que je vois que je suis un Judas, que mon ego est foutu, que je suis un orgueilleux, un traître, et que je suis désespéré, je m’aperçois que Jésus aime Judas, lui lave les pieds, et je comprends que Jésus l’aime encore plus. A travers cela, à travers une lecture, en lisant l’Ecriture, en voyant un film, je vois des évènements comparables à ceux que j’ai vécus dans les histoires d’autres personnes, et en fonction de cela je réalise que l’amour est toujours plus fort : Jésus ne m’en aime que davantage. Je fais une prise de conscience qui me permet de voir que je ne suis pas enfermé dans cet ego, que cette histoire de malheur est une auto-construction, que l’amour est premier. Je retrouve la présence de l’amour, et à travers l’amour, je découvre que cette souffrance qui n’avait plus aucune signification, qui me faisait perdre le sens de ma vie, a un sens, une fécondité. Heureusement qu’elle est là. Et si je suis dans un état de désespoir, de pauvreté, d’impuissance, c’est précisément parce que Jésus le veut à travers cela, et que je sois source de résurrection et de rédemption pour tous ceux qui sont très très bas, comme moi. Jésus ne peut prendre ma vie comme source d’amour qu’à partir des blessures correspondantes, et Il veut sauver tous les hommes. A ce moment-là ma souffrance a un sens, un but, il faut que je l’offre et que je laisse Jésus faire à travers cela. Dans ma pauvreté Jésus est là, en pleine gloire. Ce n’est pas moi qui ai la victoire. Et à travers cette défaite absolue, il y a la place pour le Fils de l’homme, assis à la droite du Père, ressuscité d’entre les morts, introduisant en mon corps la victoire d’amour sur tout. Et son Trône est dans mon péché, dans ma pauvreté. Mon péché prend un sens glorificateur.
Nous allons essayer de voir comment les gens que nous accompagnons lisent leur histoire, pour leur montrer qu’ils n’ont pris dans leur histoire de malheur que ce qui les arrangeait pour constituer leur ego : « Et ce que tu as laissé là… tu as oublié ça aussi… ». Nous faisons prendre conscience que Dieu ne les a pas abandonnés, qu’ils sont toujours aimés au maximum par tous ceux qui sont autour d’eux.
« Mon mari ne m’aime plus, c’est l’échec, quand il rentre à la maison il ne me parle plus, il regarde la télé, alors que quand on était financés on parlait jusqu’à deux heures du matin. Il ne m’aime plus ». - Attends, est-ce qu’il est allé chez la voisine ? - Non, quand même. - Donc il vient chez toi. - D’accord, mais c’est moi qui lui fait à manger. - Donc il ne va pas manger dans la gamelle de la voisine. Ne dis pas qu’il ne t’aime pas parce qu’il ne te parle pas.
Avec des évènements analogiques, elle prend conscience que quand il caracolait avec elle, c’était pour la séduire, que ce n’était pas de l’amour, et que maintenant il l’aime, il est attaché à elle, il ne peut pas être autrement qu’avec elle, mais c’est plus intérieur. Saint Joseph avec Marie ne disait pas un mot, et personne n’a aimé autant son épouse que saint Joseph.

Après la blessure et avant la constitution des cercles d’enfermement de la mémoire psychologique déstructurée, il y a le point de vue du choix : je peux toujours choisir d’avoir confiance. 
Pour le cercle de l’ego, il y a la perte du sens. Il faut que j’attaque là si je veux aider quelqu’un ou m’aider moi-même. Je fais une relecture de toute ma vie pour voir que mon histoire de malheur n’est pas tout à fait exacte. J’existe, quand même. Je le fais à partir de l’Ecriture, à partir de la lecture de la Bible. La Vierge a pleuré dans un village de Yougoslavie : « Vous ne lisez plus l’Ecriture, vous ne lisez plus la Bible, et du coup, vous vous enfermez ».
L’attitude d’orphelin est la troisième case qui se trouve dans le cercle de la constitution du refus de l’attachement, de l’isolement, qui peut aller jusqu’à la dépendance aliénante. « Je suis sans père, je suis sans mère, je suis tout seul ». Si on laisse parler cet homme-là en psychanalyse, il va finir par dire : « Bon, je m’en fiche, je vais me débrouiller tout seul, je vais faire autre chose ». Mais vous, au moment où il dit : « je suis tout seul, personne ne m’aime, je n’ai plus ni père ni mère », prenez-le là, et priez pour lui. Les mystiques bouddhistes appellent cela la compassion, et les chrétiens, la charité. La charité fait que vous recevez sa souffrance, sa détresse, sa soif, et vous suppliez l’Esprit Saint de réouvrir son cœur de l’intérieur. Ce n’est pas vous qui allez rouvrir son cœur, ce n’est pas vous qui avez pouvoir sur sa capacité d’amour, mais le Père. Et vous dites un Notre Père pour qu’Il le recrée, pour que son cœur s’ouvre à nouveau. A ce moment-là, dans cette attitude d’orphelin, il y a comme une impression que quelque chose de différent est là, parce que vous l’écoutez, et qu’en l’écoutant silencieusement, vous participez avec le Père à un nouvel enfantement pour que son cœur s’ouvre. Alors, parce que vous le regardez, que vous priez, et que vous demandez à Jésus qui est au fond de son cœur de se manifester pendant qu’il dit lui-même : « Personne ne m’aime », il entend qu’il y a quelque chose d’autre que ce qu’il dit, qu’il y a encore de l’amour en lui, il sent sa vocation à l’amour, et c’est alors possible pour lui de dire : « Je vais me réconcilier avec mon Père » et de rentrer dans une attitude de pardon. Il trouve sa vocation à la dépendance d’amour, à la réconciliation et au pardon.
C’est pour cela que dans la parabole, l’enfant prodigue qui va se réconcilier avec le Père n’est pas l’aîné. Le fils aîné est dans l’ego possesseur, jouisseur, dominateur, et du coup il est jaloux : «  Mais alors, et moi ? » (comme la femme qui dit de son mari qui pourtant est toujours à la maison : « Il ne m’aime plus »). Prise de conscience : le Père lui dit : « Je suis toujours avec toi, tout ce qui est à moi est à toi, je t’ai toujours aimé, je ne t’ai jamais quitté ».
Avec le point de vue du Fils, donc de la lumière (par la prise de conscience, lumière est faite), et le point de vue de la vie et de l’origine à nouveau dans cette vocation à l’amour, je peux choisir moi-même de vivre de l’Esprit Saint : à travers la croix, l’amour victorieux de tout ce qui est contraire à l’amour, voilà l’Esprit Saint : Jésus à la croix source d’amour malgré la croix.
Vous avez un petit résumé de ce qu’est la personne humaine créée par Dieu, à travers une structure où j’emploie quelquefois le langage chrétien. Mais si je change certains mots par compassion, sagesse…, vous voyez bien que ça fonctionne aussi pour le Samadhi sans racine, la voie de Bhakti et la voie ascétique : je choisis cette épure, je ne fais rien et je ne vis que de l’amour. Toutes les mystiques sont structurées par là, mais le niveau où cela se joue sera différent.
Il est évident que le problème principal est celui de l’orgueil.
Il n’y a donc que trois portes d’entrées : la prise de conscience, pour retrouver dans la perte du sens un nouveau sens à sa souffrance et à son angoisse pour pouvoir l’offrir dans la louange ; et l’attitude silencieuse face à l’attitude d’orphelin pour prier pour lui, puisque nous savons que Dieu le Père est là, et en le touchant simplement par une caresse, par une présence, nous demandons à Dieu de le toucher, de le caresser aussi de l’intérieur. Il sent, il voit à travers cela, intérieurement, qu’il a une vocation à l’amour et que c’est tout à fait le contraire de ce qu’il croit qu’il ressent. Il réentend la voix de l’amour de l’intérieur, son cœur s’ouvre, et il lui est possible de choisir dans la confiance et de s’abandonner à sa vocation.
Ce que je vous ai dit jusqu’à maintenant est philosophique.
Il est dommage que nous n’ayons presque plus de temps pour saint Jean de la Croix, le grand mystique de la mémoire : c’était le but. Ecoutons maintenant le Docteur mystique de la mémoire :
Si je fais oraison, je me remets dans l’instant présent, je donne du temps à Dieu pendant 22 minutes, et je vis de l’instant présent. Je laisse librement le Père me reconstituer en mon corps, je retrouve l’odeur de mon identité, de ma vocation et je vis pleinement cela. Et je demande à l’Esprit Saint de faire le reste pendant 22 minutes. A ce moment-là l’Esprit Saint va purifier toutes les distorsions de ma mémoire ontologique, dévoiler, découvrir cruellement à ma mémoire mes pauvretés que je vais regarder en face, dans l’abandon, dans la confiance, dans la louange, dans la gratitude, dans le remerciement, dans l’espérance, dans l’adoration. Dans la louange parce qu’il y a l’angoisse, dans l’adoration parce que Dieu est là, dans la confiance et dans l’abandon parce que c’est l’Esprit Saint qui est là.
Œuvres complètes de saint Jean de la Croix, traduction établie par le Père Cyprien de la Nativité de la Vierge, p. 444 :
« Dans l’union à laquelle dispose et achemine cette nuit,
Plus de possession, plus de jouissance, plus de domination, Dieu seul, l’Esprit Saint est là et te montre que tu n’es rien du tout, nada,
« l’âme doit être pleine, remplie et ornée d’une glorieuse grandeur parce qu’elle est en communication avec Dieu,
Tu n’es en communication avec Dieu que dans ces blessures, cette noirceur, cette nullité et ce néant. Dieu ne nous rejoint pas dans nos vertus, dans nos qualités : « Moi, j’ai été pratiquant toute ma vie », « Moi, j’ai toujours fait le bien »… Ça, c’est l’ego dominateur : moi moi moi. Non, dans ta pauvreté, c’est toi, et l’Esprit Saint te montre que c’est dans cette pauvreté que tu es orné d’une magnificence glorieuse parce que tu es en communication avec Dieu et que tu enfermes en ce rien qui es toi
« des biens et des délectations innombrables qui excèdent toute l’abondance que l’âme peut normalement posséder,
Heureusement que c’est dans ces fautes-là, parce que sinon tu ne possèderais que des choses très belles mais à la mesure de tes vertus. Tandis que les pauvretés, le péché, la brisure de l’orgueil sont à la mesure de l’éternité, de la grandeur, de l’immensité, de la magnificence de l’amour surabondant de Dieu, de sa miséricorde, de sa paternité.
« Car elle ne peut la recevoir en une nature aussi faible et impure, ainsi que le dit le chapitre 64 d’Isaïe : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour lui, voilà ce qui surgit en son cœur en cet état de nudité. Il faut premièrement que l’âme, pour cela, soit mise dans un état de vide et de pauvreté totale d’esprit, en la purifiant de toute sécurité, appui, consolation, mémoire de toute grâce reçue antérieurement, tant à l’égard des choses surnaturelles que des choses terrestres, afin qu’étant ainsi vide, totalement pauvre d’esprit, dépouillée de son moi, elle puisse vivre cette nouvelle et bienheureuse vie qu’on obtient par le seul moyen de cette nuit totale et qu’on appelle l’union avec Dieu. »
A ce moment-là, dans cette pauvreté absolue de la blessure béante du péché dans ma terre, le cœur de Jésus ouvert par une blessure béante, c’est moi, je suis une plaie vivante, c’est de là que jaillit le mystère de l’Immaculée Conception, 1000 (les 1000 ans de l’Apocalypse), à ce moment-là saint Jean de la Croix dit (p. 555) :
« Faisant tout cela par sa sagesse par laquelle Il te crée, à savoir la présence de son Fils, son Verbe, la Sagesse ainsi présente dans cette nuit dit ceci : « Je répands 1000 grâces,
La grâce en plénitude de l’Immaculée Conception
« par ces 1000 grâces que Dieu allait en les répandant, en les faisant couler délicieusement en elle. Cette parole révélée entend et veut dire l’indicible multitude des créatures désignées par le grand nombre de 1000. Elles sont appelées grâces à cause des nombreuses grâces dont Il a doué toutes créatures qu’Il a répandues, c’est-à-dire desquelles Il a rempli le monde entier.
Vous avez les grâces qui sont répandues dans le monde entier dans ces pauvretés-là, vous devenez la présence de tous les péchés du monde, et de toutes les grâces de rédemption du monde entier.
Alors Il dit : « J’ai passé par ce bois en grande hâte ». En disant : « J’ai passé par ce bois en grande hâte », Il veut dire qu’Il crée et qu’Il continue de créer les éléments qui sont ici appelés le bois, parce qu’Il veut dire par là qu’Il a répandu 1000 grâces, parce qu’Il les a enrichies dans toutes les créatures de la grâce de sa Présence et en plus de cela, Il verse en elles 1000 grâces en leur donnant le pouvoir de contribuer à la génération de cette gloire et à la conservation de toutes choses en Dieu. Si tu es crucifié et que tu es une plaie vivante et que tu en vis dans l’allégresse, dans la nuit, la pauvreté, tu contribues à la recréation dans la grâce de toutes choses et à sa conservation éternellement en Dieu. »
« Selon ce que dit saint Paul, le Fils de Dieu est la splendeur de la gloire du Père ».
Tu vis cet instant présent pendant 22 minutes. Deuxième pédagogie de Dieu.
« A ce moment-là, tu es fils de ton Père, et tu es la splendeur de la gloire du Père et le visage de sa substance, ainsi que le dit le premier chapitre de l’Épître aux Hébreux. Il faut donc savoir que Dieu regarde là toutes choses par ce seul visage de son Fils en toi.
Tu n’es son fils qu’à travers tes blessures, tes pauvretés, tes croix, tes péchés qui demandent un rédempteur. Ce n’est que là qu’Il voit son Fils, pas ailleurs.
« Il veut dire par là qu’Il leur communique d’innombrables grâces, d’innombrables dons, et même qu’Il fait que ces grâces et ces dons s’accomplissent dans une perfection absolue, puisque Dieu voit toutes choses qu’Il a faites, et quand Il vit ce qu’Il avait fait, Il vit que cela était bon.
Quand je vois mes péchés et mes blessures, si je les vis dans l’abandon, le sourire, l’allégresse, la miséricorde, Dieu est à nouveau Créateur et Père.
« Les regarder très bonnes, c’était les voir bonnes à l’intérieur du Verbe rempli de gloire, dans son Fils qui souffre encore.
Son Fils qui souffre encore, c’est moi. Son Fils qui ne souffre plus, c’est Jésus ressuscité d’entre les morts. Mais son Fils ressuscité d’entre les morts est en moi et à travers moi Il souffre encore.
J’ai promis que je m’arrêterai, alors nous continuerons l’année prochaine à regarder saint Jean de la Croix. J’avais terminé l’année dernière en disant : « L’année prochaine, nous regarderons saint Jean de la Croix pour comprendre la mystique de la mémoire ». Regardez tout le travail qu’il a fallu que nous fassions pour commencer à lire ne serait-ce que dix lignes dans saint Jean de la Croix. L’année prochaine, étant donné que nous avons repéré beaucoup de choses, nous allons pouvoir rentrer dans cette mystique de la mémoire par saint Jean de la Croix, et enfin apprendre à faire dans l’oraison pour entrer dans la guérison du monde entier.
 L’Eglise, et le philosophe aussi (celui qui aime l’homme), veut veiller au respect, à la dignité, à l’amour, à la possibilité d’aimer, de contempler, de vivre ensemble.
 Aristote disait qu’il n’y avait pas d’animation avant le quarantième jour parce que l’embryon n’a pas les organes pour mener une vie rationnelle, une vie affective, une vie éthique. Quand Valéry Giscard d’Estaing a décidé de faire l’avortement au quarantième jour, il a référé à une connaissance qui date de 2300 ans, or Aristote n’avait pas accès à ce que nous savons aujourd’hui sur la mémoire génétique.
 Si l’on vous demande où vous avez trouvé le mot métapneumatique, répondez : « du parallélisme avec les mystiques orientales », car si vous dites : « c’est le Pape qui le dit », on vous dira que c’est ringard…
 Si nous avons le temps, nous regarderons Sainte Hildegarde.
 La vie psychique est ce que nous avons en partage avec l’animal.
 Anagogie : interprétation des Ecritures par laquelle nous nous élevons du sens littéral au sens mystique.
 L’origénisme (du théologien Origène) est l’hérésie qui dit qu’il y a une antériorité de l’âme sur l’union avec le corps : l’âme spirituelle serait créée par Dieu à un moment donné, et au bout de deux ou trois jours ou de deux heures, elle serait infusée dans l’embryon. Origène n’a pas été canonisé à cause de cette hérésie. A la fin de sa vie, il est entré dans le tradutianisme plotinien.
 Ce qui dure assez longtemps après la mort, quelques années pour certaines cellules, mais nous n’en déduisons pas que l’âme ne s’est pas séparée du corps. C’est à cause de cela qu’il y a les reliques.
 « Une fois la fécondation opérée, il n’y a qu’une seule cellule, le zygote, formé par l’apport de gamètes (spermatozoïde de l’homme et ovule de la femme) : c’est une cellule complète qui va pouvoir se diviser des milliards de fois, et capable de donner tous les ordres qui formeront l’individu par ce processus de divisions. A partir d’un certain moment, l’embryon n’est plus un amas de cellules parfaitement identiques : les cellules se différencient dans leur fonction en se spécialisant, tout en gardant les informations de la première cellule. La différenciation au niveau organique s’explique par l’information génétique. Tout le développement de l’être humain est inscrit dans un livre mode d’emploi, l’ADN, acide désoxyribonucléique.
L’ADN se présente comme une chaîne très longue et très complexe, à double hélice, qui comporte toutes les informations en séquences qui exprimeront chacune un caractère fonctionnel, morphologique ou autre, de l’individu. Cette chaîne se condense en chromosomes de formes un peu différentes : toutes nos cellules ont vingt-trois paires de chromosomes, sauf les gamètes (l’ovule et le spermatozoïde). Dans un gamète mâle (contenant l’information génétique du père) ou femelle (contenant l’information génétique de la mère), nous avons moitié moins de chromosomes que dans les autres cellules, cependant l’ADN est complet. Lorsque ces deux ADN se réunissent dans l’œuf, il y a ré-appariement des chromosomes pour former un seul noyau dans une nouvelle cellule, dans un nouvel individu. » (extraits de l’exposé de Gilles).
 Les quatre nobles vérités qui sont le fondement du bouddhisme enseigné par Bouddha, sont dans l’ordre pédagogique : la constatation de la souffrance ; le fait que la souffrance a une cause ; quand nous découvrons la nature de la souffrance, nous pouvons découvrir la nature de la cause qui a pour effet cette souffrance, et en découvrant la vraie cause de la souffrance, nous pouvons arriver à cesser de souffrir ; suivre la voie qui permet la cessation de toutes les causes de la souffrance, la voie de la boddhéïté, la voie de la libération.
Un autre fondement de la doctrine bouddhique, le samsara, constate qu’à partir de la conception du corps et de l’esprit, le corps ne peut naître que du corps, parce que l’esprit ne peut pas engendrer la matière, et l’esprit ne peut naître que de l’esprit, parce que la matière ne peut pas engendrer l’esprit. Nous revenons à la première cellule du bébé. Nous constatons que son corps ne vient pas de lui-même, mais du corps de ses parents. C’est la notion d’interdépendances des phénomènes. L’esprit ne naissant pas de la matière, n’ayant aucune réalité propre (nous en revenons à la notion de vacuité, d’absence de substance), et constatant que l’esprit, à un instant T, a forcément une cause qui est une conscience spirituelle à l’instant T-1 (le bouddhisme ne parle pas de l’âme, mais de la conscience : il n’y a pas d’animus, de principe aimant, mais ce que l’on appelle le ‘mindstream’, le continuum de conscience) nous en déduisons logiquement que l’esprit est la conséquence de l’esprit à T-1. Comme il n’y a pas d’autonomie propre, nous ne pouvons pas dire qu’une conscience existe : c’est un état de conscience par rapport à un objet, à un temps T, à un temps T-1, et ces petits moments de conscience dans le temps (je prends conscience de mon corps, d’un arbre, d’une pomme), forment ce que l’on appelle le ‘continuum de concience’ qui n’a ni début ni fin. Donc le méga-dérapage, à mon avis, se situe non pas dans la manière dont les bouddhistes vivent la mystique, mais de leur point de vue sur le bébé, l’être humain dans l’œuf. Une des éminences grises du Dalaï Lama m’a confirmé que la notion de réincarnation venait du constat que l’esprit de l’œuf ne pouvait être le résultat de la matière de l’œuf. Comme il n’admet pas d’acte créateur parce qu’il n’admet pas d’acte pur, et qu’il n’admet pas la substance, nous sommes dans l’absence de substance, dans l’intéropérabilité, nous vivons donc dans un continuum, une relativité pure de cause à effet.
Les fondements doctrinaux de bouddhisme sont : les quatre nobles vérités sur la souffrance, les causes, les cessations et la voie ; le karma (toute souffrance a une cause, toute action positive a un effet positif, toute action invariable a un effet invariable, toute action négative a un effet négatif) ; est hérétique celui qui ne croit pas aux quatre nobles vérités, au karma et à la réincarnation. La réincarnation vient de cette conception de l’œuf ; le karma vient du principe causal appliqué à la souffrance ; les quatre nobles vérités viennent de l’enseignement de Bouddha : toute souffrance est déterminée par une cause, en éliminant la racine de cette souffrance (le karma) et la délusion qui sont les deux causes de la souffrance, on arrive à une cessation des causes, donc de la souffrance, donc on obtient une passivité, une espèce de paix qui n’est pas du tout la paix substantielle.
Il y a deux principes de métaphysique dans la pensée bouddhiste : le principe causal, et l’interdépendance des phénomènes. Il y a trois voies pour obtenir la boddhéïté : un comportement juste, la méditation juste, la sagesse juste, pour accéder à un comportement transcendant, à une méditation transcendante et à une sagesse transcendante.
 Nom donné à diverses sectes chrétiennes ou juives répandues surtout en Asie au 2e et 3e siècles.
 Aujourd’hui, quand on veut créer une formule synthétique dans l’ordre minéral, on trouve une formule de synthèse, mais il faut parfois dix ans avant d’arriver à la cristalliser : c’est très difficile, on ne maîtrise pas cela, on ne sait pas comment cela se fait, c’est inexplicable. Et puis tout à coup, quelqu’un y arrive (par exemple à Orsay), et alors d’un seul coup, dans le monde entier, dans les vingt ou trente laboratoires, cela se cristallise… c’est très curieux. On peut ne pas avoir réussi pendant dix ans, et puis soudain, ça réussi partout : il suffit qu’il y en ait un qui se cristallise, et indépendamment de la distance, les autres cristallisent aussi. C’est une curieuse interrelation d’une perfection qui advient et qui se transmet dans quinze ou vingt endroits, et après, plus rien. C’est la question des champs morphogénétiques, qui agissent aussi bien sur le plan des particules que sur le plan de la vie, sur le point de vue psychique, spirituel, surnaturel. Nous y reviendrons plus tard.
 Il est très à la mode de faire des stages de cinq ou sept jours (qui coûtent très chers) pour reprendre conscience de ce que nous étions dans la première cellule. Ce n’est pas la peine de participer à ces stages, venez ici, c’est gratuit.
 Mes sources :
Albert Jacquard.- Qu’est-ce que l’hérédité ? Introduction en biologie, collection Ouverture.
Jérôme Lejeune.- L’enceinte concentrationnaire, éditions Fayard, 1988. Il a obtenu le prix Nobel pour sa découverte du gène responsable de la trisomie. Il fait remarquer l’aspect de trois dans un.
Le procès de Maryville, la source noire, Patrick van Hersen, Kovak…

 Le signe qu’il y a unité substantielle de notre âme et de notre corps est qu’il est possible d’avoir un exercice spirituel à travers le corps.
 Le Prince Louis de Broglie, physicien, est né à Dieppe en 1892. Pendant la première guerre mondiale, il fait partie de l’équipe qui, sous la direction du général Ferrié, organise l’appareil d’émission radiotélégraphique de la Tour Eiffel. En 1924, il présente une thèse de doctorat très remarquée, Recherche sur la théorie des quanta : ayant cherché à concilier les deux théories mathématiques de la lumière (celle de l’émission et celle des ondulations), il crée, dans sa thèse, la mécanique ondulatoire. Cette théorie, suivant laquelle l’électron et les autres particules en mouvement sont douées de propriétés ondulatoires, reçoit l’année suivante une éclatante confirmation lorsque Davisson et Germer réussissent à diffracter un faisceau d’électrons à travers une lame cristalline.
Les quanta sont définis par des quantités discontinues sous lesquelles est émis un rayonnement, se propage la lumière, et d’une façon plus générale, l’énergie. Plank, en 1900, parle des quanta : l’émission d’un rayonnement par des corps solides incandescents obéissait à des lois incompréhensibles tant qu’on supposait que cette émission se produisait d’une manière continue ; au contraire, tout s’éclaire si l’on admet que cette émission s’effectue en petits paquets discontinu, en quantités séparées, en quanta. Un quantum d’énergie a pour valeur hu, h étant la constante de Plank, et u la fréquence du rayonnement. Einstein, en 1905, montre que, pour expliquer l’émission d’électrons par des corps éclairés, il est nécessaire de considérer que non seulement l’émission, mais aussi la propagation de la lumière a lieu par quanta ; c’est ce qu’on appelle les quanta de lumière, aujourd’hui désignés sous le nom de photons. Puis, grâce aux travaux de Bohr sur la description de l’atome (1911), de L. de Broglie sur la mécanique ondulatoire (1924), d’Heisenberg sur les relations d’incertitude (1927), il fut montré qu’il est impossible de préciser simultanément la position et la vitesse d’un électron, d’un photon… Lorsqu’on travaille sur des quantités de plus en plus petites, il arrive un moment où les perturbations produites par une opération de mesure deviennent comparables aux grandeurs que l’on désirait mesurer. La mesure nous renseigne donc sur ce qui se passe après la perturbation, et non sur ce qui se serait passé sans notre intervention.
 L’existence des tachyons, particules complémentaires des particules connues, a été postulée en 1967. Possédant une énergie infinie à la vitesse de la lumière, elles perdraient progressivement cette énergie pour s’accélérer et atteindre des vitesses infinies pour une énergie nulle. Dans ces conditions, les tachyons ne pourraient propager aucun signal, ce qui fait que leur détection est très difficile.
 Si ce n’est pas la vérité, nous ne pouvons pas adorer. Si nous assistons à la messe d’une des trente-deux prêtresses anglo-saxonnes, nous n’allons pas adorer le Saint Sacrement, puisqu’il n’y aura pas de Présence réelle. C’est un suicide : ils organisent une religion nationale où, officiellement, on fait des messes, mais comme il n’y a pas de pouvoir sacerdotal puisqu’il n’y a pas la matière du sacerdoce, il n’y aura donc pas transformation eucharistique.
 Le martinisme est une espèce de loge initiatique gnostique qui plonge ses racines dans des résurgences de développements gnostiques. Le martinisme est cousin germain avec l’Amorc (la gnose rosicrucienne)
 Réponse à la remarque d’un auditeur disant que Bergson n’était pas loin du catholicisme à la fin de sa vie : je vous ai signalé l’année dernière que Bergson était un très grand penseur juif. Je vous ai signalé les livres qu’il a écrits, dont l’Évolution créatrice (1907), assez hindoue. Au niveau éthique religieuse, il est très intéressant, notamment dans ses Deux sources de la morale et de la religion (1932). Il a compris que l’on pouvait s’appuyer sur l’éthique, et il était beaucoup moins panthéiste à la fin de sa vie. L’Évolution créatrice est très panthéiste. Pour le panthéisme, Dieu et le tout est la même chose. Mais Dieu n’est pas le tout : Dieu est le Créateur du tout. le tout n’est rien du tout, il n’est qu’un milliardième du milliardième du milliardième, à l’infini, de Dieu.
 Gaston Bardet.- Je dors mais mon cœur veille…
 Gaston Bardet.- Je dors mais mon cœur veille…
 Gaston Bardet.- Je dors mais mon cœur veille… (chapitre ‘Vers les Samadhi’)
 Gaston Bardet (chapitre ‘Le Serpent d’Airain’).
 Gaston Bardet (chapitre ‘le jivan-mukta ou délivré vivant’).
 Il y a quelques semaines, la veille de la Résurrection, je suis allé chez des amis agriculteurs et je leur ai demandé s'ils allaient venir à la messe de la Résurrection le lendemain. Ils m'ont répondu :
"Ah non, on n'y croit plus".
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Je suis descendu ici des milliers de fois, j'ai catéchisé vos enfants, nous avons passé des milliers d'heures pour faire gratuitement vos cueillettes.
- Mais on n'y croit plus : le Père Emmanuel est mort, on pensait qu'il était éternel, alors on n'a plus la foi.
- Alors vous êtes priés de venir demain parce que c'est moi qui dis la messe, vous me donnerez un moment, par amitié, je suis content de vous voir.
C'est naturel, c'est un minimum de gratitude. Ce que Dieu a fait pour eux est impensable, je suis témoin des grâces qu'ils ont reçu. Ce n'était pas la foi qui disait : "Vous devez venir à la messe", mais une exigence de la loi naturelle. Ce serait inhumain de ne pas venir. Mais il y a eu encore 24 heures, il y a eu d'autres voix que la voix de l'ange, et ils ne sont pas venus. Je leur ai dit : "Vous voyez les fleurs sur vos arbres, la vie ressuscite. Vous pouvez bien fêter la résurrection dans un culte, c'est naturel. Si vous ne le faites, pas, il va y avoir la foudre." Ils n'étaient pas là à la messe de Pâques. Le lundi de Pâques, il neige ; le mardi, il gèle ; le mercredi je dis au Seigneur : "je n'ai pas l'habitude d'avoir froid comme cela, c'est Pâques…" et Il me dis : "C'est toi qui me l'a demandé !". Pendant ce temps tout gèle, et ils n'auront pas un seul fruit cette année. C'est une loi naturelle, et c'est le mystère de la résurrection qui a fait cela : si l'on ne respecte plus la nature, la nature n'obéit plus. C'est pourquoi les parents emmènent leurs enfants à la messe, à la synagogue, ou à la mosquée, parce qu'il est naturel d'avoir un culte hebdomadaire à Dieu. Quelqu'un qui ne fait pas un culte est inhumain. L'athéisme est contre l'homme. La bête de la mer et la bête de la terre (666), c'est pour tuer l'homme (777), ce n'est pas pour tuer le Christ (888).

 Tout choix suppose une responsabilité. Ne dites pas que le choix de l’enfant qui choisit la mort avant sa naissance est instinctif : l’enfant est responsable, mais pas coupable. Certains politiques situent leur responsabilité au niveau de l’enfant qui n’est pas encore né. Relisez aussi les textes de Luther. C’est vraiment une hérésie, et il ne faut pas tolérer l’erreur, l’hérésie ou le mensonge, parce que ce mensonge oblige les hommes à rentrer dans une dynamique de mort, et nous n’avons pas le droit d’être complices, sinon nous sommes complices d’homicide volontaire et involontaire. Il faut proclamer la vérité et ne pas tolérer l’erreur, c’est pourquoi nous sommes philosophes. Il faut comprendre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas dans Luther, dans Descartes, Malebranche, Heidegger, qui était catholiques. Kant et Hegel, protestants, sont les plus destructeurs, et ils disent explicitement : « Je veux proclamer au monde de manière scientifique que personne ne pourra sortir de cette pensée, ce que nous croyons dans notre foi luthérienne. Traduction laïque de la foi luthérienne.










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