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TD d'Histoire de la pensée économique SO00CM24 Licence 2ème année Semestre 1. Université de Strasbourg (SSPSD) Philippe Gillig. Corrigé type_La Fable ...




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Corrigé type_La Fable des abeilles de Bernard de Mandeville


Bernard de Mandeville, Fable des abeilles ou les vices privés font le bien public, 1714, extraits p 33-40, Vrin, 1974.


La ruche prospère
Une vaste ruche bien fournie d'abeilles,
Qui vivait dans le confort et le luxe,
Et qui pourtant était aussi illustre pour ses armes et ses lois,
Que pour ses grands essaims tôt venus,
Était aux yeux de tous la mère la plus féconde
Des sciences et de l'industrie.
Jamais abeilles ne furent mieux gouvernées,
Plus inconstantes, ou moins satisfaites.
Elles n'étaient pas asservies à la tyrannie
Ni conduites par la versatile démocratie,
Mais par des rois, qui ne pouvaient mal faire, car
Leur pouvoir était limité par des lois.
[...]
On se pressait en foule dans la ruche féconde,
Mais ces foules faisaient sa prospérité.
Des millions en effet s'appliquaient à subvenir
Mutuellement à leurs convoitises et à leurs vanités,
Tandis que d'autres millions étaient occupés
À détruire leur ouvrage.
Ils approvisionnaient la moitié de l'univers,
Mais avaient plus de travail qu'ils n'avaient d'ouvriers.
Quelques-uns avec de grands fonds et très peu de peines,
Trouvaient facilement des affaires fort profitables,
Et d'autres étaient condamnés à la faux et à la bêche,
Et à tous ces métiers pénibles et laborieux,
Où jour après jour s'échinent volontairement des misérables,
Épuisant leur force et leur santé pour avoir de quoi manger.
Tandis que d'autres s'adonnaient à des carrières
Où on met rarement ses enfants en apprentissage,
Où il ne faut pas d'autres fonds que de l'effronterie,
Et où on peut s'établir sans un sou,
Comme aigrefin, pique-assiette, proxénète, joueur,
Voleur à la tire, faux-monnayeur, charlatan, devin,
Et tous ceux qui, ennemis
Du simple travail, se débrouillent
Pour détourner à leur profit le labeur
De leur prochain, brave homme sans défiance.
On appelait ceux-là des coquins, mais au nom près
Les gens graves et industrieux étaient tout pareils ;
Dans tous les métiers et toutes les conditions il y avait de la fourberie,
Nul état n'était dénué d'imposture.
[...]
C'est ainsi que, chaque partie étant pleine de vice,
Le tout était cependant un paradis.
Cajolées dans la paix, et craintes dans la guerre,
Objets de l'estime des étrangers,
Prodigues de leur richesse et de leur vie,
Leur force était égale à toutes les autres ruches.
Voilà quels étaient les bonheurs de cet État ;
Leurs crimes conspiraient à leur grandeur,
Et la vertu, à qui la politique
Avait enseigné mille ruses habiles,
Nouait, grâce à leur heureuse influence,
Amitié avec le vice. Et toujours depuis lors
Les plus grandes canailles de toute la multitude
Ont contribué au bien commun.
Voici quel était l'art de l'État, qui savait conserver
Un tout dont chaque partie se plaignait.
C'est ce qui, comme l'harmonie en musique,
Faisait dans l'ensemble s'accorder les dissonances.
Des parties diamétralement opposées
Se prêtent assistance mutuelle, comme par dépit,
Et la tempérance et la sobriété
Servent la gourmandise et l'ivrognerie.
La source de tous les maux, la cupidité,
Ce vice méchant, funeste, réprouvé,
Était asservi à la prodigalité,
Ce noble péché, tandis que le luxe
Donnait du travail à un million de pauvres gens,
Et l'odieux orgueil à un million d'autres.
L'envie elle-même, et la vanité,
Étaient serviteurs de l'application industrieuse ;
Leur folie favorite, l'inconstance
Dans les mets, les meubles et le vêtement,
Ce vice bizarre et ridicule, devenait
Le moteur même du commerce.

Nous voulons de l'honnêteté
Il ne se commettait pas la moindre erreur,
La moindre entorse au bien public,
Que tous ces pendards ne s'écrient effrontément :
« Grands dieux! Si seulement nous avions de l'honnêteté! »
Mercure souriait de cette impudence.
Et d'autres trouvaient absurde
D'invectiver sans cesse contre ce qu'ils aimaient tant.
Mais Jupiter transporté d'indignation.
Finit par jurer dans sa colère « Qu'il débarrasserait
Cette ruche braillarde de la malhonnêteté ».
C'est ce qu'il fit. À l'instant même celle-ci disparaît
Et l'honnêteté emplit leur cœur.
Là elle leur montre, tel l'arbre de la connaissance,
Des crimes qu'ils ont honte d'apercevoir.
Et que désormais en silence ils avouent
En rougissant de leur laideur.
Comme des enfants qui voudraient bien cacher leurs fautes.
Mais qui par la couleur de leurs joues découvrent leurs pensées,
S'imaginant, quand on les regarde,
Qu'on voit tout ce qu'ils ont fait.


Le déclin
Mais, ô dieux! Quelle consternation,
Quel immense et soudain changement!
En une demi-heure, dans toute la nation,
Le prix de la viande baissa d'un sou par livre.
L'hypocrisie a jeté le masque
Depuis le grand homme d'État jusqu'au rustre.
[...]
Regardez maintenant cette ruche glorieuse, et voyez
Comment l'honnêteté et le commerce s'accordent.
La splendeur en a disparu, elle dépérit à toute allure,
Et prend un tout autre visage.
Car ce n'est pas seulement qu'ils sont partis,
Ceux qui chaque année dépensaient de vastes sommes,
Mais les multitudes qui vivaient d'eux
Ont été jour après jour forcées d'en faire autant.
En vain ont-ils cherché d’autres métiers
Tous étaient en conséquence excessivement encombrés
Le prix des terres et des maisons s’effondre ;
[...]
À mesure que l'orgueil et le luxe décroissent,
Graduellement ils quittent aussi les mers.
Ce ne sont plus les négociants, mais les compagnies
Qui suppriment des manufactures entières.
Les arts et le savoir-faire sont négligés.
Le contentement, ruine de l'industrie,
Les remplit d'admiration pour l'abondance de biens tout simples
Sans en chercher ou en désirer davantage.
Il reste si peu de monde dans la vaste ruche
Qu'ils ne peuvent en défendre la centième partie
Contre les assauts de leurs nombreux ennemis.
Ils leur résistent vaillamment.
Puis enfin trouvent une retraite bien défendue,
Et là se font tuer ou tiennent bon.
Il n'y a pas de mercenaire dans leur armée,
Ils se battent bravement pour défendre leur bien ;
Leur courage et leur intégrité
Furent enfin couronnés par la victoire.
Ils triomphèrent non sans pertes,
Car des milliers d'insectes avaient été tués.
Endurcis par les fatigues et les épreuves,
Le confort même leur parut un vice,
Ce qui fit tant de bien à leur sobriété
Que, pour éviter les excès,
Ils se jetèrent dans le creux d'un arbre,
Pourvus de ces biens : le contentement et l'honnêteté.
Le vice est aussi nécessaire à l'État,
Que la faim l'est pour le faire manger.

Morale
Cessez donc de vous plaindre : seuls les fous veulent
Rendre honnête une grande ruche.
Jouir des commodités du monde,
Être illustres à la guerre, mais vivre dans le confort
Sans de grands vices, c'est une vaine
Utopie, installée dans la cervelle.
Il faut qu'existent la malhonnêteté, le luxe et l'orgueil,
Si nous voulons en retirer le fruit.
La faim est une affreuse incommodité, assurément,
Mais y a-t-il sans elle digestion ou bonne santé?
Est-ce que le vin ne nous est pas donné
Par la vilaine vigne, sèche et tordue?
Quand on la laissait pousser sans s'occuper d'elle,
Elle étouffait les autres plantes et s'emportait en bois ;
Mais elle nous a prodigué son noble fruit,
Dès que ses sarments ont été attachés et taillés.
Ainsi on constate que le vice est bénéfique,
Quand il est émondé et restreint par la justice ;
Oui, si un peuple veut être grand,
Le vice est aussi nécessaire à l'État,
Que la faim l'est pour le faire manger.
La vertu seule ne peut faire vivre les nations
Dans la magnificence ; ceux qui veulent revoir
Un âge d'or, doivent être aussi disposés
À se nourrir de glands, qu'à vivre honnêtes.

***


Questions (maximum 10 lignes par réponse)
Présentation de l’auteur
Quand la 1ère version de ce texte fut-elle publiée ? Sous quel titre ?
Que symbolisent la ruche et les abeilles ?
Qu’amène avec elle l’honnêteté ? Traduisez cela en langage économique
De quel(s) auteur(s) pourrait-on rapprocher cette analyse ? L’opposer ?
Listez précisément ce que Mandeville entend par « vice » ?
Qu’entend-il ici par « bien public » ? Cette acception vous paraît-elle critiquable ?
Quel type de politique préconise implicitement Mandeville ?
Quelle idée hautement paradoxale défend-il concernant le bien public ?


Travail de synthèse : A partir de vos réponses aux questions et de vos lectures, proposez le plan et les arguments d’un exposé présentant l’intérêt de ce texte.



CORRIGÉ


Questions : (maximum 10 lignes par réponse)
Présentation de l’auteur
1670-1733 ; né en Hollande ; étudie la médecine et la philosophie.
Médecin (publie en 1711 un important Traité des passions hypocondriaques et hystériques) – comme
William Petty (1623-1687) avant lui ou François Quesnay (1694-1774) après lui.
Influence forte sur des auteurs très différents (on va voir lesquels…).
Influence ambigüe sur Smith : l’a beaucoup critiqué sur sa conception de l’épargne comme frein à l’activité économique ; en revanche on retrouve derrière la « main invisible » smithienne sa fable

Quand la 1ère version de ce texte fut-elle publiée ? Sous quel titre ?
1705 : « la ruche mécontente ou les coquins devenus honnêtes » (The Grumbling Hive, or Knaves turn'd Honest), poème publié anonymement.
Mais au moins 3 autres versions furent publiées :
1714 : Fable des abeilles = version additionnée de textes supplémentaires
1723 : édition enrichie qui expose une critique des maisons de charité. Ce fut cette publication qui déclencha la cabale contre lui (censure).
1728 : publia une seconde partie de la fable composée d'un ensemble de dialogues approfondissant ses thèses

Que symbolisent la ruche et les abeilles ?
Ruche = économie nationale = l’ensemble secteur public (l’État) + privé (les entreprises)
Abeilles = agents économiques privés : travailleurs, entrepreneurs, rentiers.

Qu’amène avec elle l’honnêteté ? Traduisez cela en langage économique
« Honnêteté »


« Contentement » = “! demande / ‘! épargne


fermeture d entreprises, disparition de métiers (car  de besoins et plus de crimes, dc plus de juge, d avocats& )
“! prix = déflation
Délocalisation
‘! chômage
baisse de la qualité de la main-d Suvre, de l innovation (cf. « Art & savoir-faire négligés »)
Récession, ‘! pauvreté

De quel(s) auteur(s) pourrait-on rapprocher cette analyse ? L opposer ?
De Keynes, Malthus, et Boisguilbert pour l accent qu il met sur le rôle de la demande (consommation et investissement) dans la croissance.
Keynes, en particulier, le cite à ce titre dans le chap. 23 de sa Théorie Générale de l’intérêt, de l’emploi et de la monnaie (en effet, on sait que Keynes attribue une importance cardinale à la demande pour la croissance et surtout le plein-emploi (cf. son concept de demande effective).

On peut l’opposer en revanche à Smith, Ricardo, Say pour qui c’est l’épargne qui est central car est le préalable à tout investissement et donc à toute croissance.

Listez précisément ce que Mandeville entend par « vice » ?
- égoïsme : goût du luxe, cupidité, l'orgueil, l'envie et la vanité ’! « gens industrieux »
- délinquance : proxénétisme, escroquerie, vol, charlatanisme ’! « gens graves », « coquins »

NB : Mandeville ne fait pas l’apologie du vice: affirme qu’il faut condamner le vice lorsqu'il se transforme en crime, et que le gouvernement est nécessaire à la transformation des vices privés en vertus publiques.
Il n’est donc pas ce « Man devil », comme certains contempteurs ont pu le nommer !

Qu’entend-il par « bien public » ? Cette acception vous paraît-elle critiquable ?
’! L ordre public
’! Prospérité de l État mais aussi du privé (= richesse en termes de biens et services) mesurée
aujourd hui par le PIB
’! L absence de chômage

Acception très étriquée qui tranche avec celle des philosophes des Lumières. En effet, chez Rousseau, l’« intérêt général » n’est justement pas la somme des intérêts individuels : l’intérêt général ou « bien commun » est ce qui profite à tous, ou est susceptible de profiter à tous, quelles que soient les particularités de chaque citoyen (par exemple, j’aime fumer mais il est dans l’intérêt général de ne pas fumer dans des lieux publics, afin de préserver la santé de tous). Or cela suppose précisément pour tout un chacun de dépasser son petit intérêt individuel. Cet intérêt général est alors aussi ce qu’on peut appeler la « chose commune », soit au sens propre, la res publica. En république, il s’agit pour chaque citoyen d’élire non pas selon ses intérêts personnels (du type : « quel homme politique va le mieux satisfaire mes intérêts personnels ? ») mais selon l’intérêt général.

NB : cette différence d’acception du « bien public » explique que les (ultra)libéraux ont toujours été méfiants vis-à-vis des contractualistes comme Rousseau et de leur apologie de la Raison (i.e., de l’idée que les hommes pourraient se mettre à table et décider de la société rationnellement), on va le voir…
Les libéraux pensent au contraire qu’il existe des effets émergents qui dépassent la raison humaine (cf. réponse suivante)

Quelle idée hautement paradoxale défend-il concernant le bien public ?
La poursuite par chacun de son intérêt personnel, sans considération pour le bien-être de ses compatriotes, amène un résultat imprévu : l'innovation, la stimulation du commerce, le progrès économique, la richesse, l'emploi, et donc les vertus publiques. Inversement, une société vertueuse est condamnée à la médiocrité et à la pauvreté.
Cette idée sera reprise évidemment à travers la métaphore de la « main invisible » de Smith ; mais également chez des auteurs (Raymond Boudon, W. I. Thomas, Friedrich von Hayek…) qui mettront en exergue les « effets émergents » dans le monde social (l’idée qu’il y a un fossé entre les actions individuelles et leur résultat au niveau global, en ce que on ne peut prévoir ce dernier à partir des premières).

Quel type de politique préconise implicitement Mandeville ?
Politique = ensemble de mesures prises par la puissance publique. [Conseil : pensez comme moi à définir le cas échéant]
Ici : libéralisme = absence de politique = laissez-faire

Note : Pas étonnant que Hayek soit laudatif de Mandeville (Lecture on a mastermind, 1966) : il reprend l’idée que les actions individuelles se coordonnent « naturellement ».
Hayek relève que la tradition philosophique a toujours considéré qu’il existe 2 types d’ordre (au sens de construction ordonnée) en ce bas monde :
- naturel (« physis ») ’! relève de la volonté d un créateur suprême
- humain (« nomos », « thesei ») ’! relève de la volonté individuelle
Or, Hayek fait remarquer qu il en existe un 3e : l ordre social, lequel est un mélange unique des 2 car il n’est le résultat d’aucune volonté individuelle. Il est un « ordre spontané » (taxis).
L’ordre social relève non des intentions individuelles mais de leurs actions. La coordination des actions individuelles obéit à une sorte de loi naturelle.

Ceci est typique des libéraux qui souscrivent à la devise : « le mieux est l’ennemi du bien » (= ne croient pas qu’il est possible d’améliorer la société de façon délibérée (« le mieux »), en allant contre les actions spontanées des individus (« le bien »). D’où leur anti-contractualisme, anti-constructivisme qu’incarnent à leurs yeux Rousseau, Descartes, Platon...

Rq : paradoxe : Keynes reprend aussi l’idée d’effets émergents (cf. le « no-bridge » ; le théorème de W.I Thomas) mais aboutit à des conclusions strictement opposées !
Épargne = condition de la prospérité pour un ménage
`" condition de la prospérité pour la nation



Travail de synthèse : A partir de vos réponses aux questions et de vos lectures, proposez le plan et les arguments d un exposé présentant l intérêt de ce texte.
Un précurseur de la pensée économique à venir
La naissance d’une thématique centrale en économie : l’intérêt égoïste
Mandeville ouvre la voie à cette hypothèse centrale en économie qu’est l’homo oeconomicus. En effet, de nombreux commentateurs notent qu’une des conditions essentielles d’émergence de toute réflexion économique fut une conception nouvelle de l’homme, affranchie de dogmes philosophiques (la philosophie grecque) ou théologiques (les religions monothéistes). En particulier, la condamnation de la poursuite individuelle de la richesse (l’interdit du prêt à intérêt par l’Eglise, par exemple) aurait empêché d’envisager les conséquences d’un individualisme égoïste généralisé. Mandeville est ainsi un des tout premiers auteurs à oser le faire. Louis Dumont, dans Homo Aequalis, fait même de lui l’initiateur principiel de cette approche : alors que la recherche intéressée du profit fut toujours sévèrement limitée dans l’histoire humaine, dans la mesure où elle est restée « encastrée » dans des considérations morales et sociales dictées à l’individu par le groupe (référence à la notion d’encastrement (« embeddeness ») de Karl Polanyi), Dumont souligne le caractère révolutionnaire dans l’histoire des idées de ce petit texte.
Mandeville annonce un certain nombre de thèmes majeurs de la pensée économique
L’importance de la division du travail. Il montre ainsi comment la poursuite par chacun de ses intérêts personnels, y compris les plus pervers, tels ceux des libertins (il publie en 1724 une apologie des maisons de joie), favorise la multiplication des métiers et donc la croissance économique. A. Smith approfondira ce point.
S'opposant aux idées dominantes de son temps condamnant les dépenses de luxe, il insiste au contraire sur leur importance pour stimuler l'emploi et stigmatise la frugalité ainsi que l'épargne, publique comme privée. L'argent doit circuler. Même le vol, quoique moralement condamnable, est un moyen de faire circuler l'argent thésaurisé par les riches. Malthus puis surtout Keynes reprendront cette idée contre Smith et Ricardo (pour qui l’investissement, et donc la croissance économique, supposent une épargne préalable)
Un héritage contrasté
Des appropriations divergentes, notamment sur la question du libéralisme
C'est à titre posthume que grandit surtout la célébrité de Mandeville. Il influença des auteurs aussi différents que David Hume, Adam Smith, Karl Marx, John Maynard Keynes et Friedrich von Hayek.
En particulier, il fut à la fois invoqué à la fois par l’ultra-libéral F. von Hayek et par l’interventionniste Keynes :
Expliquant que les pouvoirs publics n'ont pas à intervenir dans la vie économique de la société, Mandeville est considéré comme un précurseur du laisser-faire, bien qu'il prône des mesures mercantilistes en ce qui concerne le commerce extérieur.
Hayek retient de Mandeville que la poursuite par chacun de son intérêt personnel, sans considération pour le bien-être de ses compatriotes, amène un résultat imprévu et imprévisible (par un Etat) : l'innovation, la stimulation du commerce, le progrès économique, la richesse, l'emploi, et donc les vertus publiques. Cela justifie donc la supériorité du libéralisme.
Keynes lui rend hommage pour avoir souligné le caractère crucial de la demande globale dans la croissance économique. Or Keynes expliquera qu’il n’y aucune raison en laissant faire le marché pour que la demande globale soit suffisante pour garantir le plein-emploi (légitimant ainsi l’intervention de l’État dans l’économie de marché).

Marx a lui aussi imité le style de Mandeville en écrivant sur les répercussions importantes du crime sur le développement des forces productives, son utilité pour faire vivre avocats, juges, geôliers, bourreaux et serruriers. Mais il cite Mandeville, qualifié d'"infiniment plus audacieux et honnête que les philistins apologistes de la société bourgeoise".

Une contribution à la vision d’une « science lugubre »
Ce poème réalise un véritable tour de force en affirmant qu’une société vertueuse est condamnée à la médiocrité et à la pauvreté. 
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& F„„ª^„`„ªa$gd h/ $„B^„Ba$gd h/Critique de sa conception du vice et de la vertu, Adam Smith a pourtant paraphrasé, sans le citer, un passage de Mandeville sur la division du travail ! On comprend, partant, que la théorie économique a, dès ses débuts, été critiquée pour mettre en avant ce qu’il y a de rétrograde dans l’homme plutôt que d’être source de progrès (par opposition aux autres sciences). Certes, l’expression « dismal science » (« science lugubre »), forgée par l’historien Victorien Carlyle, ne vise-t-elle initialement que la théorie de la (sur)population de Malthus et notamment l’immoralité d’un marché du travail ; mais rapidement, elle fut employée pour stigmatiser l’appel dans le raisonnement aux motivations humaines les plus viles (l’homo oeconomicus).
La Fable des abeilles fut condamnée à deux reprises par le grand jury du Middlesex, ce qui n'empêcha pas Mandeville d'en publier plusieurs éditions subséquentes, enrichies d'une "défense" (il était sans doute protégé par Lord Macclesfield, juge en chef de 1710 à 1718, puis Chancelier (deuxième fonctionnaire de l'Etat) de 1718 à 1725, dont il était proche).
Notons tout de même que la vision de Mandeville n'implique toutefois pas l'apologie de l'anarchie et du crime dont on l’a accusé. Il affirme en effet qu'il faut condamner le vice lorsqu'il se transforme en crime, et que le gouvernement est nécessaire à la transformation des vices privés en vertus publiques.









TD d’Histoire de la pensée économique SO00CM24 Licence 2ème année Semestre 1
Université de Strasbourg (SSPSD) Philippe Gillig

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« Fourberie » dans les 2 cas

Acception purement économique