2. Etat des lieux de l'eau et de l'assainissement au Burkina ... - Protos
La comptabilité budgétaire de l'État a été mise en conformité avec celle de .... à
ce sujet, ce qui en fait de loin le sujet le plus développé en dehors des sujets ......
en Asie (Népal, Cambodge et Laos) mais également dans plusieurs îles comme
...... latine en encourageant notamment le développement de la microfinance.
part of the document
197" 2.4. Niveau d'équipement et taux de desserte PAGEREF _Toc72147197 \h 11
HYPERLINK \l "_Toc72147198" 2.4.1. Hydraulique villageoise et petites villes PAGEREF _Toc72147198 \h 11
HYPERLINK \l "_Toc72147199" 2.4.2. En milieu urbain (villes desservies par lONEA) PAGEREF _Toc72147199 \h 12
HYPERLINK \l "_Toc72147200" 2.4.3. Assainissement (rural et urbain) PAGEREF _Toc72147200 \h 12
HYPERLINK \l "_Toc72147201" 2.5. Coût d'équipement rapporté à lusager PAGEREF _Toc72147201 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc72147202" 2.6. Vue densemble des taux de couverture estimés et de lenjeu que représentent les objectifs de développement du millénaire PAGEREF _Toc72147202 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc72147203" 2.7. Evaluation de la demande PAGEREF _Toc72147203 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc72147204" 2.7.1. En milieu rural et dans les petites villes PAGEREF _Toc72147204 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc72147205" 2.7.2. En milieu urbain (périmètre de lONEA) PAGEREF _Toc72147205 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc72147206" 2.7.3. La demande en matière dassainissement (rural et urbain) PAGEREF _Toc72147206 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc72147207" 2.8. Politiques de l'eau & aspects institutionnels PAGEREF _Toc72147207 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc72147208" 2.8.1. Gestion des ressources en eau PAGEREF _Toc72147208 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc72147209" 2.8.2. Hydraulique rurale et semi-urbaine : la réforme PAGEREF _Toc72147209 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc72147210" 2.8.3. Décentralisation : un processus en panne ? PAGEREF _Toc72147210 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc72147211" 2.8.4. Articulation avec la lutte contre la pauvreté PAGEREF _Toc72147211 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc72147212" 2.8.5. Le nouveau positionnement de lONEA PAGEREF _Toc72147212 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc72147213" 2.8.6. La mise en uvre des nouvelles orientations politiques dans le secteur PAGEREF _Toc72147213 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc72147214" 2.9. Formes de régulation PAGEREF _Toc72147214 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc72147215" 2.10. Politiques sociales PAGEREF _Toc72147215 \h 17
HYPERLINK \l "_Toc72147216" 2.11. Importance du secteur privé local PAGEREF _Toc72147216 \h 17
HYPERLINK \l "_Toc72147217" 2.12. Panorama de la société civile PAGEREF _Toc72147217 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc72147218" 2.13. Gestion de l'information PAGEREF _Toc72147218 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc72147219" 2.14. Le financement du secteur eau et assainissement PAGEREF _Toc72147219 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc72147220" 3. Perspectives 2005-2015 PAGEREF _Toc72147220 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc72147221" 3.1. Les points forts & opportunités PAGEREF _Toc72147221 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc72147222" 3.2. Les points faibles & faiblesses PAGEREF _Toc72147222 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc72147223" 3.3. Les initiatives en cours pour atteindre les objectifs de développement du millénaire PAGEREF _Toc72147223 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc72147224" 3.4. Première ébauche dune « feuille de route » PAGEREF _Toc72147224 \h 21
HYPERLINK \l "_Toc72147225" 3.4.1. Passer dune logique de plan daction à une logique de feuille de route PAGEREF _Toc72147225 \h 21
HYPERLINK \l "_Toc72147226" 3.4.2. Passer dune logique projet à une logique programme PAGEREF _Toc72147226 \h 21
HYPERLINK \l "_Toc72147227" 3.4.3. Placer la DGAEP aux commandes du processus PAGEREF _Toc72147227 \h 21
HYPERLINK \l "_Toc72147228" 3.4.4. Mettre en place un cadre de suivi budgétaire sur 3 ans glissant PAGEREF _Toc72147228 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc72147229" 3.4.5. Définir une batterie dindicateurs robustes et faciles à suivre PAGEREF _Toc72147229 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc72147230" 3.4.6. Réaffirmer des principes dintervention forts PAGEREF _Toc72147230 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc72147231" 3.4.7. Calendrier proposé pour une mise en route du processus PAGEREF _Toc72147231 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc72147232" 4. Annexes PAGEREF _Toc72147232 \h 24
HYPERLINK \l "_Toc72147233" 4.1. Le « Budget Programme Eau (BPE) » du Bénin PAGEREF _Toc72147233 \h 24
HYPERLINK \l "_Toc72147234" 4.2. Proposition dun cellule de suivi des ODM dans le domaine de leau potable et de lassainissement PAGEREF _Toc72147234 \h 24
HYPERLINK \l "_Toc72147235" 4.3. Comité dorientation et de coordination pour latteinte des ODM dans le secteur de leau potable et de lassainissement PAGEREF _Toc72147235 \h 26
HYPERLINK \l "_Toc72147236" 4.4. La gestion des ressources en eau par bassin versant, une opportunité pour accompagner la décentralisation dans le domaine de leau et dans la perspective des OMD PAGEREF _Toc72147236 \h 27
HYPERLINK \l "_Toc72147237" 4.5. Lexpérience de la Fédération des Associations dUsagers de lEau de la Région de Bobo-dioulasso (FAUEREB) PAGEREF _Toc72147237 \h 31
HYPERLINK \l "_Toc72147238" 4.6. La société civile dans le secteur de leau et lassainissement PAGEREF _Toc72147238 \h 34
HYPERLINK \l "_Toc72147239" 4.7. Documents consultés dans le cadre de l'étude PAGEREF _Toc72147239 \h 36
HYPERLINK \l "_Toc72147240" 4.8. Personnes rencontrées au Burkina Faso PAGEREF _Toc72147240 \h 36
Liste des sigles et abréviations
AEPAlimentation (ou Adduction) en Eau PotableAFDAgence Française de DéveloppementAUEAssociation des Usagers de lEauBADBanque Africaine de DéveloppementBETBureau d'Etudes TechniquesBFBorne(s)-fontaine(s)BPBranchement(s) privé(s) ou particulier(s)CGPEComité de Gestion de Point d'EauCSLPCadre Stratégique de Lutte contre la PauvretéCLEComités Locaux de lEauDGAEPDirection Générale de lAlimentation en Eau PotableDGHDirection Générale de lHydrauliqueEIEREcole Inter-Etats des ingénieurs de l'Equipement RuralFACFonds d'Aide et de CoopérationGIEGroupement d'Intérêt ÉconomiquesHMTHauteur Manométrique TotaleIDAInternational Development Association (Banque Mondiale)INSDInstitut National de la Statistique et de la DémographieJMPJoint Monitoring Program (OMS-UNICEF)ODMObjectifs de Développement du MillénaireONEAOffice National de l'Eau et de l'AssainissementONGOrganisation Non GouvernementalePAGIREPlan dAction pour la Gestion Intégrée des Ressources en EauPEAProgramme Eau et Assainissement (Water and Sanitation Program)PEAPoste dEau AutonomePMHPompe à Motricité HumainePNUDProgramme des Nations Unies pour le DéveloppementPPTEPays Pauvres Très Endettés (Initiative en faveur des)PRSProgramme Régional SolaireRESOProgramme financé par lUnion Européenne (terminé)SARLSociété Anonyme à Responsabilité LimitéeSCACService de Coopération et dAction Culturelle (Ambassade de France)S(D)AGESchéma (Directeur) dAménagement et de Gestion des EauxVREOProgramme financé par lUnion Européenne (en cours)
Introduction
Cette étude financée par lAFD, en partenariat avec le SIE, a pour vocation de faire le point sur latteinte des objectifs de développement du millénaire dans le secteur de leau et de lassainissement, sur le plan quantitatif (taux de couverture, portefeuille de projets en cours et programmés pour les années à venir, financements complémentaires nécessaires, etc.) aussi bien que qualitatif (expériences innovantes, état davancement des réformes et de la réflexion en ce qui concerne latteinte des ODM pour leau et lassainissement).
Le souhait de lAFD, qui se reflète dans les termes de référence, est double : 1) offrir une approche transversale (même si ce rapport ne traite que du Burkina Faso, un travail similaire est réalisé dans deux autres pays dAfrique de lOuest : Mali et Niger) ; 2) éclairer certains aspects qui sont souvent laissés pour compte dans ce type dexercice citons en particulier le rôle et la place de la société civile, la décentralisation (et en particulier létat effectif du transfert de compétences aux communes), les financements disponibles localement, etc.
Ce travail se situe dans un cheminement, et a pour vocation de se définir en complément et non en substitution des autres initiatives en cours sur le même thème. Parmi ces initiatives, citons notamment la situation pays / plan daction financé par la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement (fin 2003) ; le plan daction pour latteinte des ODM rédigé par le gouvernement (septembre 2003) ou encore linitiative lancée par la BAD pour un « Programme National dHydraulique Rurale ».
Des discussions qui ont eu lieu à loccasion de la réalisation de cette étude, il ressort très clairement quau delà des constats sur la situation de départ et les objectifs à atteindre, les acteurs dans leur majorité sont demandeurs dun cadre fédérateur qui leur permette de rentrer dans le concret et dopérationaliser les grands principes dune démarche densemble du secteur pour latteinte des objectifs de développement du millénaire.
En deuxième partie de ce document, nous formulons donc quelques propositions en vue dune « feuille de route » qui sans contraindre indique quelques pistes de travail, suffisamment concrètes pour être mises en uvre dès les prochains mois. Ces propositions sont ouvertes à la critique et à la discussion. Léquipe de consultants pourra dailleurs continuer à y travailler dans le cadre de « linitiative ODM pour lAfrique » qui doit être très prochainement lancé et piloté par le Programme Eau et Assainissement (PEA), et à laquelle lAFD est dores et déjà associées ainsi que nombre dautres partenaires.
Remerciements
Lélaboration de ce rapport dans des délais aussi brefs naurait bien entendu pas été possible sans la participation active de nombreuses personnes et institutions, que les auteurs remercient chaleureusement pour leur disponibilité et leur souci de partager leur vision ou leur expérience du secteur de leau et lassainissement..
Résumé du rapport
Etat des lieux en 2004
Perspectives pour 2015
NB : Le contenu et la forme de ce résumé (maximum 6-7 pages) sera discuté lors de la réunion du 4 mai de manière à répondre à lutilisation et aux objectifs en termes de diffusion à lextérieur des informations et propositions contenues dans ce document.
Etat des lieux de leau et de lassainissement au Burkina Faso
Mise en contexte
Situation géographique
Situation socio-économique
Rappelons quelques chiffres clés sur le Burkina Faso :
Surface totale du pays 274 000 km2
Denier recensement national 1996 (recensement administratif en cours en 2004)
Population (estimation 2002) 11,8 millions
- Population urbaine 20 %
- Population rurale 80 %
Espérance de vie (2000) 46,7 ans
PIB / habitant (2000) 976 USD (corrigé parité de pouvoir dachat)
PNB / habitant (Atlas, 2002) 230 USD
Croissance PIB (2002) 4,6 %
Indice de Développement Humain 0,325 (169e sur 173 pays classés en 2000)
Croissance démographique 2,40 %
- Milieu rural 1,70 %
- Milieu urbain 4,75 %
Taux dalphabétisation (2000) 23,9% (adultes de plus de 15 ans)
Incidence de la pauvreté 45% (population en dessous du seuil de pauvreté)
Dernière version du CSLP 2000, en cours de réactualisation (prévu pour 2004)
Eligibilité initiative PPTE Oui
Démographie
Le dernier recensement national de la population a eu lieu en 1996 au Burkina Faso. Une extrapolation de ce recensement au taux daccroissement constaté de 2,4% (le taux était de 2,8% pendant la dernière période intercensale), établit la population 2002 à 11,8 millions.
Un recensement administratif est actuellement en cours et les résultats devraient être disponibles à la fin de lannée 2004. Rien ne permet a priori de remettre fondamentalement en cause la fiabilité du recensement de 1996. Le Burkina reste un pays très rural, comme le montre la distribution de la population en fonction de la taille de la localité :
Population en milliers0 0,20,2 22 55 2020 5050 200Nombre de localités8205 942833163122Nombre de localités en %11%76%11%2%0,15%0,03%Les deux seules localités de la tranche de 50 à 200 000 habitants sont bien entendu Ouagadougou et Bobo Dioulasso, qui concentrent 35% de la population urbaine du pays.
Daprès ladministration burkinabé, la frontière entre « urbain » et « rural » se situe à 10 000 habitants, ce qui portait le « taux durbanisation » à environ 18% en 2000 et environ 20% en 2002, qui constituera notre année de référence pour lestimation des taux de couverture. Cette définition a dailleurs été reprise dans les textes de la décentralisation en 1998. Le nombre de ces localités va littéralement exploser dans les années à venir :
Nombre de localités de plus de 10 000 habitants, projections
Si lon prend comme frontière entre lurbain et le rural 5 000 habitants (ce qui est souvent le cas dans lautres pays de la sous-région), alors la population « urbaine » est déjà de 30%. En ce qui concerne le concept de « petites villes » (= les localités qui justifient économiquement dêtre équipées dun petit réseau de distribution deau), la stratégie nationale du Burkina met la barre à 2 000 habitants, ce qui est probablement trop faible (cf. plus loin la discussion relative à lestimation de la demande solvable dans les petites villes).
Situation spécifique de Ouagadougou. Aujourdhui il est généralement admis que la capitale du Burkina Faso compte environ 950 000 habitants en 2003, dont environ un tiers dans les zones non loties situées en périphérie. Ces zones non loties ont un très fort taux de croissance (en moyenne 8,5% par an sur la période 1985-1996, jusquà 15% pour certaines dentre elles), alors que certains quartiers du centre ville se dépeuplent légèrement. Même en considérant une hypothèse relativement conservatrice (ralentissement de la croissance liée à une saturation progressive) en 2010 Ouagadougou pourrait compter 1 230 000 habitants dont 420 000 dans les zones non loties (si rien nest fait dici là). Toujours en prenant la même hypothèse dune croissance « modérée » la capitale burkinabé compterait environ 1 490 000 habitants en 2015, horizon retenu pour les ODM.
Exemple dune zone non lotie en périphérie de Ouagadougou (à droite)
Cliché (c) Hydroconseil, 2003
Situation des ressources en eau
Une synthèse très complète de la situation des ressources en eau au Burkina Faso, bassin par bassin, a été réalisée en 2001 dans le cadre de la préparation du PAGIRE. Cette synthèse fait apparaître le Burkina Faso en situation de stress hydrique, la moyenne des ressources en eau théoriquement disponibles et mobilisables étant évaluée à 850 m3 par an et par habitant, alors que le seuil de pénurie est généralement évalué à 1 000 m3.
Sur la plan pratique, la majorité du territoire du Burkina Faso se caractérise par des formations cristallines, ce qui limite fortement la possibilité de réaliser des forages à débit important, obligeant lhydraulique urbaine à recourir massivement aux eaux de surface (par exemple le barrage de Ziga qui permettra dalimenter la ville de Ouagadougou).
La double conséquence de cette situation sur le secteur eau potable et assainissement proprement dit est un coût élevé de mobilisation des ressources en eau (faible taux de succès des campagnes de forages, nécessité de construire des ouvrages de rétention des eaux de surface), et un nécessaire principe de précaution à appliquer en ce qui concerne la disponibilité de la ressource en eau souterraine.
Le Burkina Faso ne partage pas de nappe souterraine dintérêt majeur avec un autre pays. En revanche, plusieurs réseaux hydrographiques sont en gestion partagée avec des pays limitrophes, le principal enjeu étant la gestion du fleuve Niger, qui possède déjà une organisation multi-pays pouvant évoluer vers une véritable agence de bassin.
Niveau d'équipement et taux de desserte
Hydraulique villageoise et petites villes
Le dernier inventaire exhaustif des points deau a été réalisé en 1996 (base BEWACO). Depuis lors, une mise à jour partielle a été réalisée en juin 2002, constituant la seule base de travail récente et disponible. La fiabilité de ces données est aujourdhui mise en doute par la plupart des acteurs du secteur, qui attendent tous une initiative de la part du Ministère pour actualiser les chiffres de 1996 et sortir une « situation zéro » digne de ce nom. Cette situation se reflète dailleurs dans les chiffres collectés par le JMP UNICEF/OMS et publiés en 2000 le Burkina Faso est en effet un des rares pays dAfrique de lOuest à ne pas disposer de chiffres pour le taux de desserte en milieu rural (le milieu urbain, quand à lui, étant crédité un taux de desserte de 84%, un peu trop optimiste à nos yeux cf. infra).
A partir de différentes sources, on peut néanmoins essayer de reconstituer le taux déquipement et en déduire un taux de desserte estimatif à léchelle nationale, qui puisse servir de base de discussion en attendant de disposer dun inventaire plus détaillé (la DGAEP nous a indiqué lors de la réunion de travail du 27 avril 2004 que la mise à jour des données était incluse dans létude en cours de démarrage sur financement de la BAD, mais nous maintenons quelques réserves à ce sujet car : 1) le volume de travail prévu dans létude de la BAD ne nous paraît pas suffisant pour réaliser un état des lieux exhaustif ; 2) le problème du suivi régulier des indicateurs nest toujours pas résolu). Daprès la mise à jour partielle réalisée en juin 2002 par la DGAEP, la situation sétablissait comme suit :
Catégorie douvrage & description sommaireNombre total% fonctionnelsForages équipés de pompes manuelles22 35070%Puits modernes permanents (à grand diamètre)10 60090-100%Postes deau autonomes (PEA)7580%Petits réseaux simplifiés (mini-AEP)15890%Source : DGAEP, juin 2002
Remarques : Les taux de fonctionnement des différentes catégories proviennent dune estimation très partielle de notre part, sans validation possible à léchelle nationale dans létat des données disponibles. Les puits modernes ne sont pas considérés comme des points deau modernes. Les ouvrages de type PEA et mini-AEP sont pris en compte dans le calcul du taux déquipement de manière approximative (un PEA = une mini-AEP = 3,5 points deau modernes, quelque soit la taille de la localité desservie).
Si lon compare globalement, à partir des chiffres de 2002, le taux de couverture théorique des besoins avec le taux déquipement (corrigé des % de fonctionnalité indiqués ci-dessus), on obtient environ 60% de couverture hors du périmètre de lONEA (soit le « rural » plus les « petites villes »). Ce qui nest pas complètement irréaliste : cela correspondrait à environ un point daugmentation par an du taux de couverture de 1990, seul point de comparaison possible. Nous proposons de conserver ce chiffre dans la suite de nos estimations.
Notons que ce chiffre de 60% cache de très importantes disparités sur le plan géographique, et montre la limite de lapproche « taux de couverture des besoins théoriques » utilisée au Burkina comme dans beaucoup dautres pays de la sous-région : certaines provinces font ainsi apparaître un taux de couverture supérieur à 100%, ce qui est contraire à lexpérience (de nombreux villages ne sont toujours pas équipés), alors que certaines provinces dépassent à peine les 30% (ce qui, a contrario, relève un grave sous-équipement : cest par exemple le cas des provinces de la boucle du Mouhoun Banwa, Kossi, etc.).
Voir en annexe de ce document le tableau complet de la situation en juin 2002, détaillant les provinces et les catégories déquipement.
Dans la suite de ce document, nous qualifierons de « milieu urbain » le périmètre de lONEA, que nous estimons 2,4 millions de personnes en 2002, indépendamment du « milieu urbain » défini de manière administrative. Par différence nous qualifierons de « milieu rural + petites villes » la population située hors périmètre ONEA, soit 9,4 millions de personnes.
En milieu urbain (villes desservies par lONEA)
La meilleure structuration du secteur urbain autour de lONEA permet davoir des chiffres un peu plus précis. LONEA intervient actuellement sur 36 centres urbains, qui représentent une population total évaluée à 2,4 millions de personnes en 2002.
A cause du différentiel de taux de croissance entre rural et urbain, le périmètre ONEA va augmenter régulièrement, passant en 2015 à environ 4,1 millions de personnes (et beaucoup plus si lONEA prend en charge dautres villes, ce qui est très probable, puisque les communes urbaines constituent le « segment » naturel de lONEA).
Il est assez difficile de déterminer quel est le « taux de desserte » à lintérieur du périmètre de lONEA, car une très grande partie de la desserte se fait au travers de bornes-fontaines si lon raisonne en volumes distribués, il sagit même dune situation unique en Afrique de lOuest, puisque lONEA distribue environ 6 millions de m3 par an via les bornes-fontaines, et 8 millions de m3 via les branchements domiciliaires.
Toutes villes confondues, il y avait fin 2002 environ 67 000 branchements domiciliaires actifs et environ 1 600 bornes-fontaines actives. Le taux de desserte dépend donc intiment du ratio choisi : 10 habitants par branchement privé semble raisonnable en première approche, mais que prendre pour les bornes-fontaines ? 500 habitants par borne conduirait à un taux de couverture total de 61% ; 750 habitants par borne à 78%, etc.
Si lon reprend le raisonnement sur le plan géographique, il a été mis en évidence récemment quà Ouaga, un tiers des habitants habitent dans des quartiers non lotis qui ne sont pas desservis par lONEA, où uniquement à la périphérie. On peut donc difficilement avancer que le taux de couverture à Ouagadougou est supérieur à 67%, et rien ne laisse penser que la situation soit très différente dans les centres secondaires.
En combinant les deux approches, on peut dire que 70% est un taux de desserte relativement réaliste à léchelle de lensemble du périmètre de lONEA.
Assainissement (rural et urbain)
Au Burkina, en matière dassainissement, le contraste est assez fort entre urbain et rural, comme le montre le résultat dune enquête récemment menée à léchelle nationale :
Dispositifs (niveaux de service)RuralUrbainTotalLatrines modernes0,3%7,8%1,9%Latrines traditionnelles13,0%78,1%27,8%Aucune installation86,7%14,1%70,3%Cette situation est largement due à la performance de lONEA. LOffice mène en effet depuis plus de 10 ans un programme novateur de subventionnement léger déquipements sanitaires, via un prélèvement effectué sur la facture deau. A Ouagadougou, cette approche a permis de réaliser environ 38 000 installations familiales et daugmenter sensiblement le taux de couverture à léchelle de la ville. Aujourdhui cette approche privilégiant lassainissement autonome a été complété par des investissements dans lassainissement collectif (un projet principalement soutenu par lAFD). Ce dynamisme se traduit également par lélaboration dun Plan Stratégique dAssainissement de Bobo Dioulasso, sur le modèle de celui mis au point pour Ouagadougou au début des années 1990.
Coût d'équipement rapporté à lusager
Il est extrêmement difficile de compiler les données concernant le coût des projets réalisés ces dernières années ramené à lusager. LONEA a fourni un chiffre pour la période avant 2000, qui estimait sur lensemble des 36 villes de son périmètre linvestissement moyen par usager à environ 51 dollars, mais ce coût ne comprenait pas le barrage de Ziga et le projet qui y est associé. De plus il sagissait dinvestissement physique, hors toute mesure daccompagnement sur le plan technique ou social. Nous proposons donc de prendre une valeur moyenne de 100 dollars US par usager pour le secteur urbain jusquen 2015.
Pour le secteur rural la situation est encore plus confuse, à cause du manque de compilation des données, de lutilisation de cadres budgétaires différents pour quasiment chaque projet réalisé, de lutilisation de standards techniques très variables et enfin dune intensité de mesure daccompagnement pouvant varier du simple au double. En revanche on connaît avec une relative précision les coûts unitaires douvrages réalisés dans le cadre de tel ou tel projet, qui conduit à prendre une valeur moyenne de 75 dollars US par usager habitant en milieu rural ou petites villes (mesures daccompagnement comprises).
Vue densemble des taux de couverture estimés et de lenjeu que représentent les objectifs de développement du millénaire
En suivant la définition des ODM, on peut déduire de lestimation des taux de couverture et des coûts unitaires cités au paragraphe précédent une vue densemble des efforts à faire dici à 2015, que ce soit sur le plan de la couverture comme des investissements :
Source : Valfrey et Diallo, 2003, mise à jour 2004
Evaluation de la demande
En milieu rural et dans les petites villes
En milieu véritablement rural (petits villages), les difficultés de recouvrement des contributions villageoises semblent indiquer une demande solvable faible, qui cache cependant probablement de fortes disparité (par exemple, les zones où lactivité économique est à dominante pastorale manifestent un intérêt certain pour les puits modernes à grand diamètre, ou encore les puits-forages, ce qui revient au même sur le plan de lexhaure).
En ce qui concerne les petites villes, et les réseaux simplifiés qui y sont installés, quelques rares données sont disponibles, en attendant les résultats des enquêtes plus exhaustives actuellement menées dans le cadre des projets tels que VREO, Réforme, PRS 2, etc. Le suivi réalisé auprès de 29 associations dusagers de la zone de Bobo Dioulasso (sur plus de 4 ans, voir les rapports correspondants publiés par lADAE) montre une demande solvable très faible, de lordre de 3 litres par jour et par habitant, reflétant une très forte sensibilité à la concurrence des points deau « traditionnels » (hors mini-AEP) et la fragilité de ces mini-AEP en matière de pérennité de la gestion du service. Contrairement à dautres pays de la sous-région, la demande de branchements individuels semble très limitée au niveau des mini-AEP, alors même quils permettraient daugmenter les consommations.
En milieu urbain (périmètre de lONEA)
Les enquêtes menées par lONEA ont fourni une évaluation récente des consommations et de la demande solvable à Ouagadougou (que lon peut transposer partiellement sur Bobo Dioulasso, lexercice devenant plus périlleux lorsquil sagit des autres centres urbains gérés par lONEA). Il en ressort que lONEA dispose dune grande marge de manuvre sur le segment des branchements privés (dans les zones loties plus de deux tiers des ménages non raccordés citent le raccordement au réseau comme leur principale demande).
Les enquêtes danalyse contingente de la demande montrent quau prix de 100 000 FCFA, 58% des ménages dans les zones loties et 40% dans les zones non loties seraient intéressés à un raccordement au réseau, ce qui représente une demande totale de 40 000 branchements en 2003 et denviron 60 000 pour lhorizon 2010 soit quasiment un doublement en moins de 10 ans
à la condition bien entendu que lONEA soit capable de faire face à cette demande considérable (entre 5 et 6 000 nouveaux branchements à installer par an).
En ce qui concerne les conditions de paiement, la même étude a permis détablir que lobligation de devoir régler en une seule fois le prix du raccordement au réseau constituait un blocage important pour les ménages de Ouagadougou (a contrario la crainte de factures mensuelles trop élevées nest citée que par 10% environ des ménages interrogés) et que le portrait-robot du « branchement idéal » (selon deux tiers des ménages interrogés) serait une contribution initiale de 45 000 FCFA et douze mensualités de 5 000 FCFA.
La demande en matière dassainissement (rural et urbain)
En ce qui concerne lassainissement, la demande (solvable) est quasiment inexistante en milieu rural (où les projets se contentent en général dinstaller des latrines de démonstration dans les lieux publics : école, marchés, centres de santé), et relativement faible dans les petites villes (en tous les cas il est peu probable que beaucoup de ménages soient prêts à investir dans le haut de gamme (VIP) recommandé par lONEA dans ses campagnes de promotion de lassainissement autonome). En revanche, il existe probablement une demande non négligeable dans les deux plus grandes villes (même si à Ouagadougou on va sans doute assister à un fléchissement de la demande, en tous les cas au taux de subventionnement actuellement proposé aux usagers par lONEA).
Politiques de l'eau & aspects institutionnels
Gestion des ressources en eau
Avec la loi de février 2001, le Burkina Faso sest doté dun cadre institutionnel extrêmement ambitieux en matière de gestion des ressources en eau, qui sest concrétisé sous la forme du PAGIRE (Plan dAction pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau), qui a été positionné avec un statut de direction générale au niveau du Ministère, et qui devrait recevoir un appui de la plupart des bailleurs de fonds et notamment de la coopération danoise dont le nouveau programme sectoriel comporte un important volet dappui au PAGIRE.
Assez fortement inspiré de lexpérience française, le PAGIRE prévoit la création dans chacun des bassins versants identifiés au Burkina Faso dun Comité de Gestion de Bassin (rassemblant les usagers agricoles, domestiques et industriels, lEtat et les collectivités locales), dune Agence de Bassin (qui sera lorgane opérationnel du dispositif) et de plusieurs Comités Locaux de lEau (CLE), auxquels seront attribuées des tâches spécifiques. Notons cependant quaucune de ces structures précédemment citées nexiste actuellement.
Hydraulique rurale et semi-urbaine : la réforme
En cohérence avec la stratégie sectorielle définie en 1998, le Burkina Faso a défini en 1999 une réforme de la gestion des forages et mini-AEP en milieu rural et semi-urbain, qui laisse la part belle à la gestion déléguée par les associations dusagers (et prochainement aux communes rurales) aux opérateurs privés, quil sagisse de la maintenance ou de lexploitation du service de leau. LAFD finance actuellement un projet dinvestissement conséquent (14 millions dEuros) à léchelle de 13 provinces, destiné à tester en vraie grandeur les principes de la réforme (sur le modèle du programme REGEFOR au Sénégal).
Décentralisation : un processus en panne ?
La décentralisation joue en théorie un rôle central dans la nouvelle organisation du secteur de leau et de lassainissement, puisque daprès les textes de 1998 (dits « Textes dOrientation de la Décentralisation » ou TOD), les communes sont les nouveaux maîtres douvrage compétents pour leau et lassainissement au niveau local (avec dailleurs un certain flou sur la répartition des rôles entre province et commune).
Aujourdhui, près de 6 ans après les TOD, la situation nest pas encore complètement satisfaisante, puisque seules 45 communes (urbaines) sont créées dans les chefs-lieux des provinces. Non seulement les quelque 300 communes rurales ne sont pas encore en place (les élections doivent avoir lieu prochainement), mais de surcroît, le découpage retenu va laisser 70% de la population rurale en dehors de la décentralisation, puisque les communes rurales seront simplement constituées du chef-lieu de département et déventuellement quelques villages environnants, et non pas de lensemble du département.
On peut ainsi affirmer avec une relative certitude quen tant que maître douvrage de leau et de lassainissement, les communes rurales ne seront probablement pas opérationnelles avant deux ou trois ans (le temps de mettre en place ces communes et dorganiser le transfert de compétences depuis lEtat central). Entre temps, les associations dusagers resteront probablement les interlocuteurs de référence en dehors du périmètre de lONEA.
Articulation avec la lutte contre la pauvreté
Le dernier document du CSLP date de 2000, avec un rapport à mi-parcours en 2002 et une nouvelle version prévue pour 2004. Le moins que lon puisse dire est que larticulation entre eau et assainissement et réduction de la pauvreté est assez limitée, ceci étant probablement du en partie au manque de visibilité en ce qui concerne les taux de couverture dans le pays. Le CSLP fixe quatre objectifs pour leau potable (aucun pour lassainissement), qui paraissent relativement irréalistes (365 villes de 2 à 10 000 habitants équipées en 2003, taux de couverture supérieur à 90% dans la totalité des provinces en 2010, par exemple). Laffectation des fonds PPTE ne traduit dailleurs aucune priorité particulière accordée à leau et à lassainissement, puisque seulement 0,15 à 0,35% des fonds seraient affectés à leau et lassainissement, sans perspectives notables daugmentation.
Le nouveau positionnement de lONEA
Consciente des évolutions récentes et des nouveaux enjeux du secteur, lONEA a cherché ces dernières années à renforcer sa position dopérateur de référence de lhydraulique urbaine (en témoigne, autant fonctionnellement que symboliquement, la construction du nouveau siège social de lOffice), et à anticiper les évolutions à venir. Ces orientations sont reflétées dans le nouveau plan dorientation 2004-2008 de lONEA, qui positionne clairement lONEA sur son segment « naturel » de marché : les communes urbaines, même si les futures relations contractuelles entre lONEA et les communes sont à préciser. La question dimportance dans la perspective des ODM est de savoir si la position dominante de lONEA et sa relative bonne santé financière se traduiront par une extension de son périmètre.
A la différence du secteur rural et petites villes, lONEA a développé une approche novatrice en matière dassainissement, qui sest concrétisée par lélaboration et la mise en uvre du Plan Stratégique de lAssainissement de Ouagadougou (PSAO) en 1993, et plus récemment dun plan identique pour Bobo Dioulasso, en cours dexécution. LONEA souhaite développer cette approche en mettant en chantier des PSA pour lensemble des villes comprises dans son périmètre, et cette initiative devrait être vivement encouragée.
La mise en uvre des nouvelles orientations politiques dans le secteur
Depuis 2002 les initiatives sectorielles autour des ODM ont foisonné, sans grande coordination (voir § 3.3 plus loin dans ce document). Si lon se limite au seul secteur de leau potable et de lassainissement, il ny a pas aujourdhui de leadership affirmé (cette situation étant renforcée par le nouvel organigramme du Ministère). Mis à part la coopération danoise, lapproche programme est très peu développée, la répartition des rôles entre bailleurs se fait encore selon une logique très territoriale et il y a une tendance à identifier chaque orientation stratégique majeure (GIRE, réforme) avec un projet particulier. La seule initiative « autonome » du Ministère (septembre 2003) sest concrétisée par un document dont le caractère de « shopping list » limite fortement lintérêt, malgré quelques qualités. En dernier lieu, il y a une demande très nette pour une plus grande transparence et une vision densemble, notamment sur la question de latteinte des objectifs de développement du millénaire.
Formes de régulation
De manière générale, la régulation formelle nest pas très développée au Burkina Faso, ce qui nempêche pas de pouvoir identifier des expériences intéressantes.
En milieu rural, lentité de référence reste lassociation dusagers de leau, qui joue un double rôle de « représentation » de lensemble des consommateurs
mais aussi dexploitant, ce qui complique les choses. Au mieux, lassociation fonctionne correctement et constitue un cadre dautorégulation « citoyenne » (le bureau devant rendre compte de sa gestion devant lassemblée générale des usagers). Au pire, lassociation ne fonctionne pas ou est accaparée/détournée par certains de ses membres, et la régulation est nulle.
La Fédération et le Centre de Gestion des AUE de la région de Bobo Dioulasso constituent une expérience très intéressante (voir annexe 4.5) car elle offre une bonne idée des formes que pourrait prendre une régulation au niveau des mini-AEP. Dans le cadre du projet réforme, il est prévu de mettre en place un suivi indépendant du fonctionnement des mini-AEP. Lexpérience du Mali (et dans une moindre mesure, celle du Niger) montre à quel point lexistence de cette forme de régulation est dune importance majeure.
En milieu urbain, il nexiste pas encore de régulateur (contrairement à dautres secteurs, par exemple celui des télécommunications, avec lART), et il sagit donc uniquement dune régulation « par le contrat » dans le cadre des objectifs fixés à lONEA par le gouvernement, et (mais dans une moindre mesure seulement) dun contrôle citoyen exercé par les associations de consommateurs (par exemple la LCB qui dispose dun siège dobservateur au Conseil dAdministration de lONEA).
Politiques sociales
En milieu rural, il nexiste aucune politique « sociale » au sens strict du terme, bien que lincidence de la pauvreté soit plus forte en milieu rural. Il ny a pas de péréquation entre différentes catégories dutilisateurs, hormis mesures spécifiques mises en place par telle ou telle AUE (se traduisant souvent par une exonération des familles les plus pauvres). La même remarque peut être formulée en ce qui concerne les petites villes, où sauf exception le système de gestion est encore très inspiré de lhydraulique villageoise.
En milieu urbain, il existe effectivement une tranche « sociale », mais son impact est limité par la faible proportion des branchements privés, qui constituent aujourdhui le mode dapprovisionnement « majoritaire » en termes de volume distribué, mais certainement pas en termes de familles raccordées (à léchelle de Ouagadougou le taux global de raccordement est de 4,6 BP pour 100 habitants, un taux deux fois inférieur à celui de Dakar). Toute politique en faveur des plus pauvres passera donc forcément par une augmentation du nombre de branchements privés, notamment dans les quartiers non lotis. Cette conclusion sapplique également en grande partie aux autres villes du périmètre de lONEA.
Importance du secteur privé local
Le secteur privé au Burkina est relativement développé, même si dans loptique des ODM, il faudra mettre en place un monitoring assez précis pour évaluer si les opérateurs ne sont pas à la limite de leurs capacité. Le secteur privé burkinabé bénéficie tout de même des nombreux centres de formation et écoles dingénieur présentes à Ouagadougou.
Catégorie dactivitéEntreprisesMicro (< 10 pers.)Petites (10 à 50 pers.)Moy. (50 à 300 pers.)Fournisseurs de pompes manuelles2Pièces détachées de pompes manuelles40Petits réseaux (travaux et équipements)151Bureaux détudes115Entreprises de forage452Entreprises de travaux (assainissement autonome)313Réparateurs en milieu rural (pompes manuelles)250Réparateurs en milieu semi-urbain5ONG (assistance technique et contrôle de travaux)45Source : Valfrey et Diallo, 2003, op. cit.
Depuis quelques années, on a même assisté ce qui est une nouveauté au développement dopérateurs privés positionnés sur le créneau de la gestion du service de leau dans les petites villes (souvent en lien avec des activités de maintenance). Citons par exemple la CF2E (Compagnie Fermière pour lEau et lElectricité), SES, une entreprise plutôt spécialisée dans la maintenance, ou encore les contrats de type affermage signés avec des opérateurs privés et les communes urbaines de Dano, Batié.
Le secteur informel est très développé, principalement dans les deux grandes villes (portage deau à domicile, plombiers, maçons pour les ouvrages dassainissement, etc.). On dénombre par exemple plus de 4 500 revendeurs ambulants à Ouagadougou, et le chiffre daffaires des revendeurs + gérants de bornes est certes inférieur, mais du même ordre de grandeur que le chiffre daffaires de lONEA à Ouagadougou (ce qui donne au passage une idée du potentiel de développement dont dispose lOffice).
La coopération danoise avait identifié un projet dappui au secteur privé, mais pour différentes raisons il na pas été mis en uvre lors de la phase actuelle du PADSEA, et devrait donc commencer sa phase active au début de lannée 2005 (PADSEA 2).
Notons cependant que la capacité nationale en termes de forages pourrait poser problème à lavenir quant à la capacité datteinte des ODM depuis la disparition de lONPF, on dénombre environ 7 entreprises de forages totalisant une quinzaine de foreuses, ce qui limite probablement la capacité de réalisation à 300-400 forages par an : on est loin du compte.
Panorama de la société civile
Une analyse plus détaillée de la société civile est donnée en annexe à ce rapport. Il en ressort que la société civile est encore peu développée au Burkina Faso dans le secteur de leau et de lassainissement, à lexception notable des associations dusagers qui exploitent les points deau et les mini-AEP hors du périmètre de lONEA. Ces associations dusagers commencent tout juste à se regrouper et à se structurer comme en témoigne linitiative de la FAUEREB, dans la région de Bobo Dioulasso, qui constitue à ce jour lexpérience la plus intéressante au Burkina, et qui mériterait donc dêtre capitalisée et développée.
Gestion de l'information
Rural et petites villes : les informations concernant les points deau (puits modernes, forages équipés de pompes manuelles, mini réseaux AEP) sont en théorie renseignés dans une base de données à léchelle nationale, la base BEWACO (mise en place sur financement de la coopération hollandaise). Sur le papier, BEWACO est un outil puissant, doté de capacités dintégration de données très étendues, permettant de gérer au sein dun même outil le suivi des ressources en eau et les informations concernant les points deau. Mais depuis larrêt de lappui de la coopération hollandaise (1997), loutil a périclité et aucune mise à jour significative na été faite depuis 1996 en ce qui concerne les points deau. A cela sajoute de sérieux problèmes structurels (fonctionnement sous Dos, utilisation du langage Dataflex, incompatibilité avec les bases développées par les Directions régionales et avec dautres systèmes statistiques développés au Burkina, etc.)
Une réflexion est donc en cours pour la mise en place dun nouveau « SNIE » (système national dinformation sur leau), mais il nous semble que dans lintervalle, on pourrait aisément activer un système souple de collecte des données concernant les points deau, sappuyant sur le réseau de lencadrement agricole, et impliquant fortement les Directions régionales. Une proposition ont déjà été formulée, jusque dans les détails financiers et opérationnels pour mettre en place un tel système de collecte à peu de frais, ce qui permettrait davoir au moins une mise à jour de la situation avant la fin de lannée 2004.
En milieu urbain, lONEA dispose a priori dun système de gestion de linformation relativement performant, avec une couverture SIG partielle pour Ouagadougou. La situation reste encore à évaluer en ce qui concerne les autres villes où le service de leau est assuré par lONEA, et notamment dans les plus petites dentre elles.
Le financement du secteur eau et assainissement
En milieu rural et dans les petites villes, malgré les difficultés inhérentes à ce genre dexercice, il semblerait, daprès les estimations les plus récentes, quenviron 15 millions de dollars US sont investis annuellement dans le secteur de leau et de lassainissement, avec une forte proportion consacrée à leau (probablement plus de 95%) et une dépendance marquée vis-à-vis des financements extérieurs (qui a été estimée à 89% pour la période 1996-2000, les 11% restant représentant la part des collectivités locales, des usagers et de lEtat).
Il est extrêmement difficile aujourdhui de pouvoir disposer de chiffres crédibles sur les investissements réalisés directement par lEtat sur les fonds PPTE ou sur budget du Ministère (sur la période 2001-2003 il semblerait que ces financements aient atteints 1,1 milliard de FCFA, soit environ 600 000 dollars par ou encore environ 4% des investissements totaux. A ces investissements il faudrait ajouter le budget de fonctionnement du Ministère (y compris Directions régionales), estimé à environ 1 million de dollars US par an.
Si lon met de côté les fonds transitant par les ONG et les coopérations décentralisées (nombreuses au Burkina Faso), quil est impossible de chiffrer (1 millions de dollars US par an ?), lessentiel des fonds du secteur, et notamment des investissements, sont décaissés sous forme de projets sectoriels dont la maîtrise douvrage est assurée par la DGH, la DGAEP, les Directions régionales ou lONEA dans le cas de lurbain. Il nexiste pour linstant pas dapproche programme au Burkina Faso, et pas de programmes sectoriels comme il peut en exister dans les secteurs de léducation ou de la santé.
Dans le secteur urbain, lONEA aurait investi ces dernières années une moyenne de 30 millions de dollars annuels pour leau et lassainissement, avec une moyenne de 2 millions pour lassainissement. Une part importante de ce financement a été absorbé par le projet Ziga.
Micro-financement : bien que les besoins en la matière soient relativement conséquents (quil sagisse dassainissement latrines ou deau potable branchements privés), le constat fait par le CREPA dans la synthèse régionale récemment publiée rejoint lobservation directe : il nexiste aujourdhui quasiment aucune expérience significative en matière de micro-financement du secteur, et le Burkina néchappe pas à la règle.
La seule initiative notable en matière de financement décentralisé (mais très récente) est la signature dun protocole daccord entre la FAUEREB et une banque commerciale, de manière à permettre à certaines AUE, à terme, de recourir au crédit bancaire pour financer les investissements lié à lamélioration et au développement du service.
Perspectives 2005-2015
Les points forts & opportunités
Parmi les points positifs concernant lavenir du secteur eau et assainissement, sur lesquels on pourrait sappuyer pour définir une « feuille de route » :
Le cadre novateur en matière de GIRE (la loi de février 2001, actuellement opérationnalisée par le PAGIRE, avec le soutien notamment de la coopération danoise)
La réforme du système de gestion des mini-AEP et forages ruraux, qui sera testé en grandeur nature à partir de 2004 grâce au projet financé par lAFD
Une entreprise publique performante, lONEA, dont les performances techniques et financières sont un élément positif pour la durabilité de lhydraulique urbaine
En milieu urbain, une expérience réussie en matière dassainissement (le Plan Stratégique dAssainissement de Ouagadougou), en cours de duplication
Une première expérience (sur la zone de Bobo) dappui professionnel à destination des Associations dusagers actuellement en situation dexploitants de mini-AEP
Les points faibles & faiblesses
Mais le secteur présente de nombreuses faiblesses auxquelles il faudra impérativement remédier si lon veut « passer à léchelle » et atteindre les ODM :
Un « état zéro » difficile à établir en ce qui concerne les points deau ruraux et les petites villes, empêchant de diriger les investissements vers les zones vraiment prioritaires
Un manque global de lisibilité du secteur, en partie liée au premier point, mais aussi labsence de vue densemble des interventions et de programmation/coordination (sans même parler dapproche programme au sens propre du terme) et enfin une « territorialisation » marquée des principaux projets en cours
La nécessité de développer loffre de service de lONEA en matière de branchements privés (pour lesquels il existe une forte demande) et dans les quartiers non lotis (cas spécifique de Ouagadougou et de ses quartiers périphériques)
Une capacité de ladministration à (re)construire, après des années de non-renouvellement des effectifs et de départ pour le secteur privé ; on demande aux services centraux et régionaux dassurer des fonctions pour lesquelles ils nont ni expérience ni outil (programmation au niveau central, appui-conseil au niveau régional)
Le secteur privé va-t-il pouvoir suivre en termes de capacités ? En première estimation latteinte des ODM suppose un doublement des financements actuels, ce qui risque fort de dépasser les capacités actuelles du secteur privé
La décentralisation semble marquer le pas, ce qui risque de maintenir pendant plusieurs années un flou artistique sur les compétences respectives des acteurs locaux
Le PAGIRE, politique ou projet ? La mise en uvre du PAGIRE en tant que projet, ainsi que son positionnement hiérarchique au sein de la structure du Ministère, va rendre difficile son articulation avec les autres secteurs (eau potable, irrigation).
Les initiatives en cours pour atteindre les objectifs de développement du millénaire
Depuis 2002, le Burkina Faso fait lobjet de plusieurs initiatives en lien avec latteinte des objectifs de développement du millénaire. On peut notamment citer :
le document situation pays / plan daction financé par la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement (version anglaise disponible à partir de novembre 2003, traduction française en avril 2004) ;
le plan daction élaboré à linitiative directe du gouvernement en septembre 2003, qui contenait quelques idées intéressantes, mais a beaucoup pâti de son côté « liste de Noël », de sa volonté denglober trop de secteurs (y compris les secteurs de la pêche et de lhydroélectricité, qui peuvent certes être considérés comme des priorités pour le gouvernement du Burkina, mais ne sont pas véritablement inscrits dans les objectifs de développement du millénaire, ce qui contribue encore à brouiller limage de la politique que souhaite mettre en uvre le gouvernement), et enfin de son manque de réalisme sur le plan financier (près des deux tiers du plan daction sont constitués par des investissements dans les secteurs hydroélectricité et pêche) ;
linitiative lancée par lAFD sur trois pays (Burkina Faso, Mali et Niger), dont ce document constitue le compte-rendu ; par le biais de cette étude, lAFD souhaite surtout faire le point sur lavancement des trois pays, sans revendiquer le leadership dun nouveau « plan daction » marqué de son sceau ;
le nouveau « plan daction » financé récemment par la BAD, et en cours dexécution, qui semble ignorer les initiatives précédentes, y compris celle soutenue par la Banque Africaine elle-même en 2003 (malgré la concertation rapide dont les termes de référence ont fait lobjet parmi les principaux bailleurs de fonds du secteur). On peut notamment avoir de sérieux doute sur ladéquation entre les objectifs fixés à cette étude (par exemple, détablir un état des lieux complet du secteur) et le temps de travail alloué.
Première ébauche dune « feuille de route »
Passer dune logique de plan daction à une logique de feuille de route
Lidée dun « plan daction » monolithique, proposant un ensemble dactions à financer et réaliser dans les années à venir ne semble pas convenir au secteur de leau et de lassainissement au Burkina Faso. Un tel plan daction nest ni dans lintérêt de ladministration, qui na pas la capacité den rechercher le financement et den assurer le suivi de manière satisfaisante, ni dans lintérêt des bailleurs de fonds, qui demandent surtout dy voir le plus clair possible dans la stratégie de létat burkinabé. Cest la raison pour laquelle nous recommandons vivement, sagissant des ODM, de délaisser la logique « plan daction » en faveur dune logique de feuille de route, moins directive et plus réaliste en ce qui concerne le temps que prendront les changements (de méthode de travail, de mise en oeuvre et de suivi des projets, de volumes de financement) liés à latteinte des ODM. La logique de feuille de route permet également de jeter rapidement sur papier les jalons à moyen terme (horizon 5 ans) et long terme (horizon 10 ans, i.e. celui des ODM).
Passer dune logique projet à une logique programme
La logique projet conduit aujourdhui à une territorialisation des interventions (source dincohérence), ainsi quà des délais importants de mise en uvre (en labsence de programmation sectorielle, les bailleurs de fonds ont tendance à allonger le cycle projet, dont ils ont lentière responsabilité. De manière progressive et concertée, et sans se surimposer aux projets en cours, il serait intéressant de passer progressivement à une logique programme (mais pour cela, il faut que le Ministère définisse un mécanisme et des critères de programme cohérents et acceptés par la majorité (sinon lensemble) des partenaires.
Placer la DGAEP aux commandes du processus
Nous proposons que la DGAEP soit renforcée dans sa mission de coordination du secteur, en cohérence avec la redéfinition du rôle de lEtat opérée à partir du milieu des années 1990, et concrétisée par les textes de politiques sectorielle de 1998-1999 et 2001. Pour cela, nous proposons la mise en place dune cellule de suivi des ODM, qui soit logée au niveau de la DGAEP, dotée de moyens et dun contrat dobjectifs (et surtout pas de moyens). Lensemble du dispositif (avec également un Comité dorientation chargé de superviser les travaux de la cellule de suivi) est décrite dans le détail en annexe de ce document (y compris le budget estimatif du fonctionnement annuel de la cellule de suivi). Bien entendu ce dispositif et notamment la mission de la cellule doit être validé par les partenaires du secteur, et le financement doit en être trouvé avant la fin de lannée 2004 (si lon veut respecter le planning proposé plus loin dans cette ébauche de la feuille de route).
Mettre en place un cadre de suivi budgétaire sur 3 ans glissant
Afin daméliorer la visibilité du secteur, et faciliter la coordination/programmation entre lEtat et les partenaires au développement, nous proposons quune des principales missions de cette cellule soit de mettre en place un cadre de suivi budgétaire glissant sur 3 ans, sinspirant en cela de lexpérience en cours au Bénin. La mise en place de ce cadre constitue de toutes les façon la condition sine qua non dun éventuel appui budgétaire ultérieur, seule façon possible daugmenter efficacement les flux financiers du secteur.
Définir une batterie dindicateurs robustes et faciles à suivre
Le cadre budgétaire, outre sa fonction de programmation, permettra également dassurer le suivi dun certain nombre dindicateurs objectivement vérifiables concernant le taux déquipement / de desserte, mais également lefficacité des investissements mis en uvre (par exemple, le coût unitaire de raccordement dun usager en milieu rural ou en milieu urbain, le nombre demployés ONEA pour 1 000 branchements, etc.). Au départ il semble sage de définir un nombre réduit dindicateurs (une dizaine) construits à partir dinformations faciles à collecter au niveau des exploitants et des Directions régionales.
Réaffirmer des principes dintervention forts
La feuille de route doit établir un certain nombre de principes dinterventions communs à toutes les initiatives qui seront menées dans ce cadre. Première liste :
Lapproche par la demande : la nécessité détendre de manière significative la couverture des services ne doit pas faire perdre de vue limpératif de répondre à la demande, et qui plus est la demande solvable
En matière de ressources en eau, respect des principes définis par le PAGIRE
Implication progressive du secteur bancaire et des institutions de micro-finance
En matière de gestion, pour les points deau ruraux et les mini-AEP, respect des principes définis dans la réforme de 1999
Léquilibre financier de lexploitation reste dans tous les cas un objectif fort
Une meilleure articulation avec la stratégie de réduction de la pauvreté
La priorité donnée aux zones les plus défavorisés (par exemple, problème des quartiers non loties de Ouagadougou, qui ne sont actuellement pas desservis en eau)
Renforcement de la maîtrise douvrage communale, et du positionnement des Directions régionales / antennes départementales en appui conseil aux communes
Implication du secteur privé, dans les activités détudes, de maintenance, mais aussi dans les activités dexploitation du service de leau
Calendrier proposé pour une mise en route du processus
Afin que la feuille de route soit ancrée dans lagenda des prochains mois, nous proposons le planning indicatif suivant, qui part de lhypothèse dune cellule de suivi opérationnelle à la rentrée 2004 (septembre) et permettrait, sil est respecté, de disposer dun premier budget-programme glissant pour la période 2006-2008.
Annexes
Le « Budget Programme Eau (BPE) » du Bénin
Suite à la réforme budgétaire, le Bénin a introduit en 2002 un nouveau CDMT (cadre de dépenses à moyen terme) qui confère aux ministères sectoriels (comme le MMEH Ministère des Mines, de lEnergie et de lHydraulique) lentière responsabilité dans lallocation intrasectorielle des enveloppes destinées au niveau central (MEF Ministère de lEconomie et des Finances). Le MMEH a donc élaboré pour la période 2002-2004 son premier budget programme, découpé en trois programmes opérationnels (Mines, Energie, Eau) et un programme intitulé « Administration Centrale ». Ce Budget Programme permet :
Dunifier sur le plan budgétaire les montants dinvestissement et les frais de fonctionnement, ce qui offre une meilleure transparence (notamment pour les bailleurs)
De développer entre le Ministère et la plupart de ses partenaires une approche programmatique (définition conjointe de priorités sectorielles/géographiques)
Délaborer un budget en fonction dobjectifs à atteindre, le tout étant associé à un cadre de suivi (mise en place dindicateurs et revue annuelle indépendante)
Avec le recul de deux exercices budgétaires (2002 et 2003), le BPE a montré tout son intérêt, déclenchant dutiles réflexions sur les moyens affectés à la DH, le coût unitaire des ouvrages réalisés, la pertinence des priorités géographiques. Le fonctionnement sur trois années glissantes offre une certaine souplesse, même si les indicateurs permettent de mesurer avec une relative précision latteinte des objectifs fixés pour lannée.
Des efforts notables restent cependant à accomplir en ce qui concerne lamélioration des procédures de marchés publics et du circuit de dépense, ainsi que lensemble du cycle de suivi et délaboration des rapports annuels du BPE (le délai délaboration des rapports annuels ne permet pas de corriger le tir suffisamment vite).
Sans avoir la lourdeur dun « pot commun », le BPE offre donc au secteur E&A au Bénin un cadre souple de coordination inter-bailleurs, de mise en uvre dune approche programmatique et dun monitoring rigoureux des progrès réalisés.
Proposition dun cellule de suivi des ODM dans le domaine de leau potable et de lassainissement
Justification
De lavis de la majorité des acteurs du secteur de leau et de lassainissement, le manque de leadership de la DGAEP est un problème essentiel à résoudre pour dynamiser le secteur, et ce manque de leadership est lié à un déficit de capacités au niveau central.
Nous proposons donc de créer au sein de la DGAEP une cellule de suivi légère (par exemple un chef de cellule disposant dune bonne expérience en matière de programmation-suivi-évaluation, appuyé par un économiste et un ingénieur compétent en SIG), qui puisse recréer (même de façon temporaire) le minimum de capacité nécessaire à lancer tous les chantiers liés aux ODM, assurer la coordination sectorielle et suivre les progrès effectués.
Missions
Placée au niveau de la DGAEP, sous lautorité du Directeur, étant donné que seuls les sous-secteurs de leau et de lassainissement sont concernés, la cellule aurait pour missions :
Définir létat des lieux en matière de points deau, en liaison avec le travail en cours (étude financée par la BAD), et en liaison avec le travail de collecte de données à réaliser au niveau régional en liaison avec le SNIE (fin 2004)
Pendant la fin de lannée 2004 et le début de lannée 2005, préparation du premier budget-programme triennal, à discuter en mai 2005 (comité dorientation) et à faire valider par le gouvernement à partir de septembre
Mettre en place les indicateurs nationaux pour leau et lassainissement en lien avec le CSLP et le SNIE en cours de redéfinition
Coordonner toutes les initiatives en vue de définir les actions à mener pour atteindre les ODM, et notamment rédiger et/ou approuver les TdR de toute étude permettant daméliorer lefficacité du secteur dans latteinte des ODM
Veiller au respect de la feuille de route ODM (principales étapes, calendrier)
Assurer le secrétariat du Comité dorientation, en préparer les réunions et constituer les dossiers sur lesquels le Comité devra se prononcer
Définir et assurer le suivi dun cadre budgétaire tri-annuel (glissant) permettant davoir une visibilité en termes : 1) de priorités géographiques ; 2) de clé de répartition des financements entre bailleurs et Etat burkinabé ; 3) de ratio entre investissement physique et fonctionnement ; 4) defficacité dans latteinte des objectifs fixés annuellement ; 5) de suivi des indicateurs clés. Cela signifie (entre autres) :
au début de chaque année (janvier-mars), compilation des informations disponibles au niveau des projets, des administrations centrales et déconcentrées afin de rédiger le rapport dexécution de lannée écoulée
en avril-mai, le rapport dexécution est discuté au niveau du comité dorientation élargi aux bailleurs de fonds ; les écarts entre la programmation et les réalisations effectives sont analysés et les mesures dajustement sont proposées ; un premier jet très sommaire du nouveau budget programme triennal est alors proposé
de juin à septembre, la cellule travaille, en concertation avec lensemble des partenaires, à la formulation du nouveau BP triennal, avec une première proposition de clé de répartition des financements bailleurs/état et entre bailleurs
en septembre, le budget programme triennal « définitif » est soumis pour approbation au comité dorientation, puis au gouvernement (qui sengage sur sa participation et linclut dans sa programmation budgétaire) et aux bailleurs de fonds (tour de table à organiser sur la base de la programmation tri-annuelle)
Moyens de la Cellule de suivi
Une cellule de 3 à 5 personnes (un chef de cellule, un économiste, un ingénieur, un secrétaire-comptable et un agent de liaison chauffeur pour les missions).
Moyens de déplacement (voir budget estimatif) et équipement informatique.
Une assistance technique légère, sous la forme dun contrat à bons de commande avec un tandem de bureaux détudes franco-burkinabé capables de mobiliser des compétences pointues sur des courtes durées, compétences que la Cellule de suivi pourra mobiliser en fonction de ses besoins et de lavancement de ses travaux
Première estimation du coût annuel dune telle structure
En première approximation, y compris investissements de départ, le coût dune telle Cellule de suivi serait denviron 100 millions de FCFA par an, un budget qui pourrait être cofinancé entre lEtat burkinabé et la communauté des bailleurs. Voir le détail page suivante.
Comité dorientation et de coordination pour latteinte des ODM dans le secteur de leau potable et de lassainissement
Justification et statut
La Cellule de suivi aura un rôle essentiellement opérationnel. Il paraît donc justifié de lui associer un Comité dorientation, chargé didentifier les grands chantiers et démettre des avis motivés sur les dossiers que lui soumettra la Cellule de suivi. Nous proposons que le Comité dorientation soit placé sous la tutelle « morale » du Conseil National de lEau, sans pour autant que les membres du Comité soient eux-mêmes membres du CNE (qui est une structure trop lourde à réunir pour assurer un suivi suffisamment souple du travail de la Cellule, et dont le mandat est de surcroît plus large que leau et lassainissement stricto sensu).
Proposition de composition (total : 21 personnes)
Collège n°1 : administration centrale 6 représentants
- DGAEP
- ONEA
- DGRIH
- SP/PAGIRE
- DHPES
- DGACV
Collège n°2 : collectivités locales 5 représentants
- AMBF
- Commune de Ouagadougou
- Commune de Bobo Dioulasso
- 2 représentants de communes de villes moyennes
Collège n°3 : secteur privé 3 représentants
- 1 représentant des bureaux détudes
- 1 représentant des entreprises de forage
- 1 représentant des entreprises de génie civil / hydraulique
Collège n°4 : usagers et consommateurs 2 représentants
- Ligue des consommateurs
- Fédération des Associations dUsagers de lEau de la région de Bobo Dioulasso
Collège n°5 : bailleurs de fonds 5 représentants
- Banque Mondiale
- LAFD
- Danida
- LUnion Européenne
- LUNICEF
La gestion des ressources en eau par bassin versant, une opportunité pour accompagner la décentralisation dans le domaine de leau et dans la perspective des OMD
Dans cette annexe est reproduite lintégralité dune des contributions rédigées par Mamadou Diallo dans le cadre de cette étude, qui a contribué à inspirer lanalyse du contexte institutionnel actuel au Burkina Faso
Le cadre général de la politique de leau avec ses objectifs, ses normes, ses critères de mise en uvre et ses ressources est déterminé de manière implicite ou explicite par un référentiel sectoriel. Le référentiel sectoriel, cest limage de la perception du secteur de leau, de ses rapports avec les autres secteurs et la société dans son ensemble.
Au Burkina, le référentiel sectoriel a été construit au cours des années 70 et 80 par les professionnels des métiers de leau (les ingénieurs et techniciens), les groupes professionnels (les bureaux détudes), les planificateurs (experts internationaux commis par les bailleurs de fonds) à partir de léchelon central de lEtat et en labsence de tout contrôle social.
La possibilité du contrôle social étant liée à la nature de lEtat, à lexistence de collectivités locales fortes, aux capacités dinitiative et daction de la société civile et du secteur privé.
Les tentatives successives de rénovation du secteur
Au cours des quinzaine dernières années, sous le coup des progrès réels de la société aux plans économique, politique culturel et social, le secteur de leau a été engagé dans un mouvement de rénovation sous la forme de tentatives diverses de remise en cause et de reconstruction du référentiel sectoriel de la politique de leau. Trois tentatives de restructuration, engagées à partir du Département chargé des ressources en eau, apparaissent comme les plus significatives.
La première tentative de reconstruction du référentiel a été engagée dans la direction de la déconcentration administrative, de la régionalisation et de la promotion des initiatives de base à loccasion de la préparation du 2ème plan quinquennal de développement populaire (1991-1995). Elle correspond à la mise en uvre des Directions Régionales de lEau (DREAU) en 1989, du programme « Eau et développement Régional (EDR) » financé par le PNUD et le programme RESO financé par lUnion Européenne ; lambition affichée étant daboutir à un transfert des compétences de léchelon central vers léchelon local au moyen dune stratégie de planification ascendante. Des contraintes structurelles ont empêché la pleine réalisation de ces deux programmes.
En particulier, la faiblesse des moyens alloués aux Directions régionales chargées de leau pour accompagner une planification ascendante et la promotion de la maîtrise douvrage locale, a eu raison du programme EDR ; tandis que lopposition farouche aux innovations institutionnelles mises en chantier par le programme RESO et accompagnant les nouvelles dynamiques impulsées au sein des collectivités locales, des organisations décentralisées de gestion de leau, du secteur privé et de la société civile en général, donnera un goût dinachevé à cette intervention par ailleurs qualifiée de véritable programme pilote de mise au point de la gestion intégrée des ressources en eau au Burkina.
La deuxième tentative de reconstruction du référentiel sectoriel de la politique de leau a été engagée entre 1992 et 1994 à loccasion du projet de restructuration du secteur de leau financé par la coopération française. Cette tentative a été mise en relation avec la mise en uvre des orientations de la lettre de politique sectorielle de leau adoptée en Octobre 1992. Ce mouvement traduisait une certaine volonté de recentrage du Département chargé de leau vers la mise en uvre des missions régaliennes de lEtat dans le domaine de leau.
Léchec de ces deux tentatives de reconstruction du référentiel sectoriel de la politique de leau souligne que le transfert des compétences aux collectivités locales dans le domaine de leau, la création dun environnement favorable à la pleine initiative des collectivités locales, du secteur privé et de la société civile afin de promouvoir une action publique moderne sont des défis majeurs pour le secteur de leau et la société burkinabé.
Lapproche GIRE, un espoir de nouveau référentiel sectoriel ?
La mise en uvre du programme GIRE ouvre la période dune troisième tentative de reconstruction du référentiel sectoriel de la politique de leau. Elle correspond à ladoption de la loi dorientation relative à la gestion de leau et du PAGIRE.
Ladoption et la promulgation de la loi 002-2001/AN du 8 février 2001 portant loi dorientation relative à la gestion de leau font de la Gestion intégrée des ressources en eau, la stratégie globale de rénovation de laction publique dans le domaine de leau.
La nouvelle loi sur leau par ses dispositions relatives à ladministration de leau, consacre les principes de participation et de décentralisation des modalités de planification, gestion et financement des interventions dans le domaine de leau à travers :
La création du Conseil National de lEau (CNE).
Lérection sur la base des bassins hydrographiques de nouveaux espaces de gestion en tant que circonscriptions spécifiques pour la gestion de leau dotées:
de structures de gestion (Comité de gestion de bassin, agence de bassin, comités locaux de gestion de leau) ;
doutils de planification (SDAGE, SAGE) ;
de moyens dintervention (redevances et aides associées).
Lobjectif affiché est détablir par une telle approche, à léchelon national, comme à léchelon des circonscriptions de bassin et au niveau local, la concertation des acteurs du secteur de leau comme une modalité concrète de régulation publique et collective du secteur.
Une telle concertation diffère de lapproche habituelle dune écoute institutionnalisée par lEtat des autres acteurs du secteur de leau. Il sagit dune concertation permanente, structurée, productive et engageante pour les différentes parties prenantes, notamment lEtat, les collectivités locales et les usagers. Une concertation permanente qui assure un développement des usages de leau en rapport aux exigences du développement économique et social du pays et en pleine connaissance des besoins des générations futures, ainsi que lamélioration des connaissances sur les ressources en eau et les milieux et qui assure leur protection et préservation. Une concertation qui permette enfin dimaginer et de mettre en uvre de nouveaux moyens, modes et mécanismes de financement pérenne.
Il sagit donc en lespèce, dorganiser progressivement et concrètement, le passage dune approche de gestion du secteur qui assure la primauté de ladministration publique de lEtat, à une approche de gestion qui souligne et concrétise la responsabilité commune de lEtat, des collectivités locales et des usagers dans et la gestion des ressources en eau.
Sous ce rapport, lespoir est que cette approche donne au Burkina Faso les moyens de faire face aux défis de lAEPA des différentes agglomérations urbaines et communautés rurales, de la valorisation économique de leau, du renforcement de la capacité dautofinancement du pays et du renforcement de la connaissance, de la gestion et de la protection des ressources en eau et des milieux.
Cest le fondement légal et solide aujourdhui pour la mise en uvre dapproches programmatiques dans le secteur de lAEPA. En effet, aux termes de la loi sur leau, les principes de détermination, de recouvrement et daffectation des redevances doivent sappuyer sur une approche programme.
Ainsi, les agences de bassin à mettre en place doivent établir et percevoir sur les personnes publiques ou privées des redevances dans la mesure où ces personnes rendent nécessaires ou utiles lintervention des agences ou dans la mesure où elles y trouvent leurs intérêts.
Ces maîtres douvrage sont représentés de manière significative au Conseil de Bassin qui fixe les assiettes et taux de redevances sur la base de programme pluriannuel dintervention ; ces programmes déterminent les investissements et autres interventions à réaliser pour atteindre les objectifs que ces maître douvrage ont convenus avec les autres acteurs notamment lEtat.
Par ailleurs, les agences attribueront des subventions et des prêts sans intérêt aux maîtres douvrage publics ou privés pour lexécution de travaux dintérêt commun au bassin directement effectués par eux dans la mesure où ces travaux entrent dans le cadre de la réalisation du programme pluriannuel dintervention précédemment défini.
Les maîtres douvrage sont représentés de manière significative dans le Conseil dadministration de lagence de Bassin.
Il est donc possible avec un tel système, de fixer le montant global des redevances mises en recouvrement par chaque agence de bassin en pourcentage du montant des dépenses arrêtées dans le cadre dun programme pluriannuel dintervention. Ce pourcentage tenant compte du développement progressif de la productivité économique et financière des différents usages.
Il restera à lEtat à contractualiser sa contribution au financement des programmes dintervention des agences de bassin notamment en ce qui concerne les actions envisagées par les collectivités dans ce cadre.
Cette disposition permettrait en somme, dorganiser laffectation des ressources par le budget de lEtat au secteur de leau, la recherche de financement auprès des partenaires au développement en cohérence totale avec le plan daction de leau, les SDAGE et SAGE.
Plan daction de leau et SDAGE/SAGE sont en effet les outils de planification et dencadrement réglementaire des interventions dans le domaine de leau définis par la loi sur leau. Le plan daction de leau définit les orientations fondamentales à considérer face aux enjeux et défis et définit en conséquence pour un horizon donné des objectifs opérationnels ; cest en loccurrence le programme national dAEPA. Les SDAGE et SAGE reflètent dans la spécificité de chacun des bassins, les orientations fondamentales et les objectifs opérationnels arrêtés au niveau national ; ce sera en loccurrence dans le bassin le volet AEPA du programme national AEPA.
Les défis à relever dans cette perspective sont relatifs (i) à larticulation de la politique sectorielle de leau avec la décentralisation (ii) à la mise en uvre dune stratégie réaliste et viable dopérationnalisation du nouveau cadre dintervention dans le domaine de leau.
Larticulation de la politique sectorielle de leau avec la décentralisation
Les modes centralisés de décision, dinvestissement et de gestion des services publics deau et dassainissement ont montré leur limite pour suivre la croissance urbaine et prendre en compte la spécificité de lurbanisation au Burkina Faso.
La décentralisation des modalités dintervention dans le domaine de lAEPA et particulièrement, limplication significative des collectivités locales se présente donc naturellement comme une alternative à explorer. Une telle alternative suppose que lon ne continue plus à parler et à agir en lieu et place des communes.
Les Textes dorientation de la décentralisation (TOD) fournissent ainsi le cadre législatif et réglementaire nécessaires pour lintervention des collectivités locales dans le domaine de lAEPA. Bien plus quun simple cadre de réforme de lEtat, la décentralisation est conçue depuis comme laxe fondamental dimpulsion de la démocratie et du développement.
Limplication des collectivités locales peut-elle ouvrir des perspectives dune révision du schéma de financement des équipements et services dAEPA par une mobilisation adaptée du produit local brut de ces centres ? Tel est lun des enjeux de la décentralisation dans le domaine de leau et de lassainissement.
Habiliter et rendre crédible laction des collectivité locale dans les domaines relatifs à lAEPA et à lhygiène, apparaît comme un défi majeur de développement politique, social et économique pour la société burkinabé.
A cet égard, il est apparu dans laction concrète des administrations civiles des difficultés à construire des repères pour le développement de laction publique locale comme un pendant du recentrage de lEtat dans la réalisation de ces missions régaliennes.
En effet, les réflexions souvent avancées sur les insuffisances des municipalités à assumer leur rôle ont souvent conduit les projets déquipements hydrauliques à les marginaliser et à construire des cadres réglementaires ad-hoc adaptés à leur usage ; il en est ainsi de la tendance des administrations de lEtat à créer par acte administratif des associations civiles et privés auxquelles sont conférées des prérogatives de puissance publique dont le régime juridique pourraient semer une véritable confusion ; cela a abouti aujourdhui à une prolifération institutionnelle et normative préjudiciable au transfert des compétences et à la décentralisation vu comme une gestion démocratique de lespace public local.
La question nest probablement pas de savoir dabord si les collectivités locales peuvent ou pourront assumer la décentralisation, mais de les aider à construire leur responsabilité première dans le domaine de leau conformément aux TOD et aux dispositions de la loi sur leau relativement au régime des services publics et des utilisations économiques de leau. Cest toute la problématique de construire concrètement des capacités de maîtrise douvrage locale et de développer effectivement des relations contractuelles, dassistance entre les services déconcentrés de lEtat et les collectivités locales conformément aux Textes dorientation de la décentralisation (TOD).
Le défi de mise en uvre dune stratégie adaptée dopérationnalisation du nouveau cadre dintervention
la refonte du cadre institutionnel actuel de gestion des ressources en eau engagée dans le cadre de la loi sur leau et du PAGIRE est exécutée sous la tutelle du Ministère de lAgriculture. Une telle opération déborde largement le cadre dun projet et dun ministère. Une traduction insuffisante de cette situation dans lapproche de la mise en uvre du nouveau cadre peut aboutir à une indifférence des acteurs et conduire à un échec du processus dinnovation institutionnelle.
lentrée en scène des organismes de bassin, de même que la restructuration de lAdministration centrale et déconcentrée prévue par le PAGIRE doivent être orchestrées de manière coordonnée et cohérente afin déviter les duplications, les conflits de compétences et de promouvoir lemploi efficace et efficient des ressources humaines déjà limitée de lEtat.
les nouveaux mécanismes dorganisation du financement du secteur de leau apparaissent, après ladoption formelle de la nouvelle organisation institutionnelle du secteur, comme les éléments déterminants de son évolution et de sa consolidation. Après des siècles où leau a été considérée comme un don du ciel, plus quelques décennies dassistanat, les mentalités et les comportements ne changeront pas du jour au lendemain ; il faut donc convenir que à court et moyen termes, les ressources financières des agences risquent dêtre modestes, de sorte que leur capacité daction propre sera faible et que leur légitimité risque dêtre contestée ; cet élément de stratégie institutionnelle pourtant essentiel apparaît ainsi fragile. La période de démarrage et de montée en puissance des agences de leau comporte donc des risques importants de déviation et déchec.
Ce sont là dans le domaine de leau, les éléments fondamentaux des réformes à engager au Burkina Faso dans la perspective des ODM.
Lexpérience de la Fédération des Associations dUsagers de lEau de la Région de Bobo-dioulasso (FAUEREB)
Dans le cadre du Programme de Valorisation des Ressources en Eau du Sud Ouest du Burkina Faso (Programme RESO) financé par le 7ème FED, 36 centres ruraux ont été équipés de mini-réseaux d'Adduction d'Eau Potable (AEP) ; six de ces mini-AEP sont à vocation pastorale ; 35 mini-réseaux AEP ont été concédées à des Associations dUsagers de lEau (AUE) et une mini-AEP a été concédée à la commune urbaine de Houndé. Les adductions deau potable simplifiées (AEPS) concernent en 2003 plus de 135 000 personnes en milieu semi-urbain et rural dans 5 provinces (Houet, Tuy, Leraba, Comoé et Kénédougou).
Les AUE ont crée le 29 Mai 2000 une fédération: la Fédération des Associations dUsagers de lEau de la Région de Bobo Dioulasso (FAUEREB).
La FAUEREB se donne pour mission de susciter la solidarité et lunité daction entre les Associations membres en tant que fondement du renforcement continu de leur capacité de maîtrise douvrage pour la pérennisation et le développement du service public deau potable dont elles ont la charge dans leur localité respective.
La création de la FAUEREB a été décidée au cours dune concertation organisée le 27 juillet 1999 à linitiative du programme RESO suite à la décision de lautorité de tutelle du programme de surseoir à la mise en chantier de laffermage de la gestion de 23 de ces mini-AEP. Outre la création de la fédération, cette rencontre a retenu les principes de mise en uvre dun Centre de Gestion des AEPS (CDG) et les prix de vente de leau au niveau des AEPS à vocation humaine et pastorale. LAssemblée Générale constitutive a situé clairement les enjeux de la création de la FAUEREB dans les termes suivants :
ouvrir les perspectives pour lémergence et lenracinement dune organisation des usagers de leau forte, crédible et prospère au service de la satisfaction des besoins en eau des communautés de base en conformité avec laxe fondamental dimpulsion du développement dans notre pays à savoir la Décentralisation (cf. article 2 de la Loi n° 040/98/AN portant orientation de la décentralisation au Burkina Faso).
cest un évènement historique qui sappuie sur la volonté des communautés locales et particulièrement des usagers de leau potable dêtre aux côtés des pouvoirs publics pour accompagner lémergence dun service de leau potable durable.
Pour ce faire la FAUEREB sest fixé les objectifs spécifiques suivants :
gérer en commun les contrats de concession signés entre les Associations d'Usagers de l'Eau (AUE) et l'Etat d'une part, les contrats de service signés entre les AUE et le Centre de Gestion des AEPS (CDG) d'autre part ;
promouvoir une politique tarifaire commune visant l'équilibre financier du service de l'eau et basée sur une certaine péréquation des prix ;
définir une politique de développement du service de l'eau potable favorisant la pérennité des infrastructures, les extensions, l'augmentation des capacités de production deau potable et la création des nouveaux systèmes d'AEPS qui renforcent la capacité d'autofinancement de la fédération.
En accompagnement de cette initiative, des professionnels des métiers de l'eau ont décidé de la création de l'Association pour le Développement des Adductions dEau Potable dans la Région de Bobo-Dioulasso (ADAE).
LAssociation pour le Développement des Adductions dEau Potable dans le Région de Bobo Dioulasso (ADAE) est une association à but non lucratif de personnes physiques et morales ; son but est de contribuer au développement de la consommation deau potable et des pratiques dhygiène et dassainissement dans les agglomérations urbaines dans la Région de Bobo Dioulasso. Elle est constituée conformément aux dispositions de la loi n( 10/92/ADP portant Liberté d'Association au Burkina Faso. LADAE se donne pour objectifs :
dappuyer le développement des services publics dalimentation en eau potable et dassainissement dans les agglomérations urbaines de la Région de Bobo Dioulasso ;
de souligner le rôle de l'eau potable comme moyen d'appui et de promotion du développement local et régional ; de la décentralisation et de la coopération internationale
Les moyens daction de lassociation sont :
développer une capacité de maîtrise douvrage locale en matière dAEPA dans les centres semi-urbains,
favoriser lémergence et le renforcement des structures daccompagnement : technique (entretien, études, et réalisation), gestion (appui-conseil à la maîtrise douvrage et à lexploitation), financières (gestion des provisions et financement des investissements),
accompagner les pouvoirs publics et animer un partenariat Sud-Sud et Nord-Sud.
Cest dans le cadre dune telle mission que lADAE assure sous contrat, lappui conseil de 29 Associations dUsagers de lEau (AUE) membres de la FAUEREB pour lexploitation et la gestion de leurs adductions deau potable simplifiées (AEPS). Cette activité est sous la conduite opérationnelle dun Centre de gestion (CDG) organe technique de lADAE.
Aujourdhui après près de cinq années dexploitation des mini-AEP différentes perspectives souvrent à laction des AUE dans le cadre de la mise en uvre de la mission de développement du service public de leau qui leur a été confiée par lEtat. La principale perspective est relative au renforcement institutionnel et organisationnel de lexpérience de gestion partagée initiée avec la mise en uvre du centre de gestion de lADAE.
Les points forts de cette expérience sont les suivants :
plus de 90 % des AUE mises en place dans le cadre du programme RESO sont membres de la FAUEREB
toutes les AUE mises en place dans le cadre du RESO et suivies par le CDG sont membres de la FAUEREB
87,5% des membres de la FAUEREB sont suivis par le CDG
les ventes deau de lannée 2003 sélèvent à près 54 millions de FCFA dont 20,7 millions de FCFA provisionnés pour la maintenance et linvestissement. Ces recettes correspondent à un volume deau vendue de 116 744 m3 pour un taux de recouvrement des ventes de près de 93%, une performance pour le Burkina Faso
léquilibre densemble de lexploitation de toutes les AEPS a été réalisé au cours de chaque exercice ; par ailleurs, les états financiers des AUE et du CDG des exercices 2000, 2001, 2002 et 2003 ont été certifiés par un cabinet comptable indépendant
la FAUEREB est aujourdhui une réalité significative de la gestion des AEPS dans la Région de Bobo Dioulasso
le système de gestion FAUEREB/AUE/ADAE est le système de gestion des AEPS dominant dans la Région de Bobo Dioulasso ; il est unanimement considéré par les partenaires comme un système sécurisé et crédible
en quatre années dexercice, la FAUEREB en partenariat avec lADAE, à mobilisé auprès de partenaires financiers plus 200 millions de FCFA pour appuyer le développement du service public deau potable
La FAUEREB et lADAE jouissent aujourdhui dune certaine crédibilité auprès :
De lAdministration (ils sont membres du Conseil National de lEau)
De bailleurs de fonds extérieurs
Dune banque locale : la BACB (avec laquelle un protocole de partenariat a été signé en octobre 2002).
Le partenariat stratégique de la FAUEREB et de lADAE trouve à présent avec la tenue de la première Assemblée Générale ordinaire les 16 et 17 juillet 2002, une base partenariale concrète et crédible. Ce partenariat a pour objectif fondamental de passer de la logique projet à une logique de développement local comme axe fondamental de structuration de la composante AEPS de la proposition de Schéma Directeur dAménagement et de Gestion des Ressources en Eau du Sud-ouest (SDAGRESO) dont le cadrage politique et réglementaire sera engagé par le programme de Valorisation des ressources en eau dans louest (VREO). La maîtrise douvrage locale en matière de services publics marchands trouve ainsi un terrain dépanouissement ; elle sera sans nul doute, source de décentralisation et de démocratie locale.
A cet égard, la FAUEREB, grâce à son partenariat stratégique avec lADAE, dispose à présent doutils financiers et méthodologiques pour le développement et la structuration du service public deau potable dans les centres semi-urbains non couverts par lONEA.
Il sagit :
dun mécanisme de mutualisation des provisions destinées à la maintenance des systèmes et à linvestissement (extension des réseaux)
dun mécanisme de financement des besoins dinvestissement productif, forgé avec lappui de la BACB ; ce mécanisme adossé sur un fonds de garantie permet aux AUE dobtenir des crédits auprès de la BACB. Ce mécanisme a permis la mise en place au courant de lannée 2002 de prêts long terme au profit des AUE de Mangaodara et de Sidéradougou qui ont ainsi pu réaliser avec lappui du SEDIF et du FSD des extensions et renforcement de leur réseaux AEPS.
dun fonds pour le développement des branchements particuliers
dun outil de planification du développement du service public de leau : le Schéma Directeur Local dAEP (SDALAEP).
La société civile dans le secteur de leau et lassainissement
La société civile urbaine et rurale dans le secteur de lAEPA pourrait être délimitée en référence aux organisations formelles et informelles de personnes physiques et morales, autonomes de ladministration et qui agissent de manière significative sur le terrain de lintérêt général ou de lintérêt collectif dans le domaine de leau. Sous ce rapport, on peut retenir :
Les associations de consommateurs, principalement la Ligue des Consommateurs du Burkina (LCB)
La LCB est membre du conseil dadministration de lONEA à titre dobservateur. Au cours de ces cinq dernières années, elle a engagé des actions publiques dinterpellation de lONEA et des pouvoirs publics en relation avec la qualité de leau du réseau et la prolifération sans aucun contrôle des eaux emballées. La ligue est représentée dans la plupart des régions.
LAssociation des Municipalités du Burkina Faso (AMBF)
Une des originalités du processus de décentralisation au Burkina Faso est sans doute laction concrète aux côtés des pouvoirs publics de lAMBF pour le développement et lenracinement de laction municipale dans tous les domaines de compétence des communes. LAMBF a été créée le 2 décembre 1995 comme une organisation de la société civile conformément à la loi 10/92/ADP du 15 Décembre 1992 portant liberté dassociation au Burkina Faso. Depuis janvier 2001, elle est une organisation de personnes morales de droit public à savoir les municipalités.
Daprès ses nouveaux statuts adoptés à son congrès des 12 et 13 Janvier 2001, lAssociation des Municipalités de Burkina Faso a pour buts de participer :
à la création et/ou au renforcement dune véritable administration communale et à lapprofondissement de la démocratie locale ;
à la création et à lémergence de cadres de concertation et de recherches appropriées- nationaux ou internationaux- afin dassurer avec efficacité des tâches dadministration et de gestion des collectivités territoriales décentralisées. (article 5 des statuts).
En ce qui concerne ses objectifs, larticle 6 de ses statuts les précise :
contribuer au renforcement de la décentralisation
accompagner les communes dans lanimation de la vie locale
favoriser la participation de tous les acteurs locaux au développement des communes
développer, capitaliser et fructifier les expériences de gestion communale pour renforcer les capacités des communes membres
promouvoir ladministration communale
servir dinterface entre communes et pouvoirs publics, communes et partenaires pour représenter et défendre lintérêt des communes
promouvoir la solidarité, le partenariat et la coopération entre commune burkinabè dune part et entre celles-ci et les communes dautres pays dautre part.
La vie et le fonctionnement de lAMBF sont structurées autour de deux instances : le Congrès et lassemblée générale et dun organe : le Bureau exécutif assisté dun secrétariat permanent en tant que structure administrative sous lautorité du Président de lAMBF.
Le secrétariat permanent comprend : un service technique ; un service formation ; un service communication et relations publiques ; un service administratif et financier. Les services sont coordonnés par un secrétaire permanent.
La mise en uvre prochaine dun Appui aux communes dans les secteurs de leau et de lassainissement par Danida, résulte dune requête de lAMBF adressée à lambassade Royale du Danemark courant octobre 2000. Cette action de lAMBF est une illustration de sa volonté de rechercher les moyens de réaliser ses objectifs.
Aujourdhui lAMBF regroupe les 49 communes urbaines du Burkina ; sa notoriété est établie à lintérieur et à lextérieur du pays et auprès des principaux bailleurs de fonds du Burkina.
Les autres organisations de la société civile
Depuis les années 1980 sous le coup des difficultés de couverture des charges récurrentes des programmes déquipement hydraulique, lEtat a de fait, par différentes formes de délégation, confié aux communautés daccueil des points deau modernes, la maîtrise douvrage de ces infrastructures. Aujourdhui, ce sont plusieurs dizaines de milliers de forages publics qui sont gérés par des Comités de points deau mis en place à linitiative des projets ; limmense majorité de ses structures na pas de capacité de juridique.
Les années 1990 ont vu de même, le désengagement de lONEA de léquipement et de la gestion des centres secondaires de moins de 10.000 habitants, et plus généralement des nouveaux centres dont léquilibre financier ne peut être assuré dans le cadre de la péréquation des prix.
Une telle situation a engagé de fait la mise en place de formes innovantes de maîtrise douvrage locale avec différentes formules de concession de fait de petits réseaux dAEP à des organisations comme les Associations dusagers de leau (AUE) ou les Comités de suivi des équipements solaires (CSES) de pompage de leau. Plus de 200 localités sont ainsi engagées dans un courant novateur de construction dune action publique locale. Une trentaine de ces associations dusagers de leau a crée courant Mai 2000, la Fédération des Associations dUsagers de lEau de la Région de Bobo-dioulasso (FAUEREB).
Cette situation a conduit dans le cadre de la réforme du système de gestion des infrastructures hydrauliques dAEP en milieux rural et semi-urbain, à la consécration de lAssociation dUsager de lEau (AUE) comme la forme légale dorganisation des usagers de leau à laquelle sera déléguée la responsabilité de la gestion du service de leau dans les villages. La responsabilité du service publique de leau dans ces conditions impliquera lharmonisation de la gestion de toutes les infrastructures hydrauliques sous la responsabilité de lAssociation dUsagers de leau.
Il faut enfin souligner la naissance et le développement à la faveur du renforcement de lEtat de droit, de la démocratie, dorganisations de la société civile actives dans le domaine de leau et positionnées dans le domaine des politiques de leau, de lingénierie ou de la gestion. On pourrait sous cette catégorie citer en ce qui concerne lAEPA : lAssociation des Ingénieurs et Techniciens en génie civil du Burkina (AITB) créée courant 1989 et lAssociation pour le Développement des Adduction dEau potable dans la région de Bobo Dioulasso (ADAE) créée courant avril 2000.
Documents consultés dans le cadre de l'étude
[A compléter]
Personnes rencontrées au Burkina Faso
[A compléter]
Rédigé par le même tandem de consultants que le présent rapport.
Pour lensemble de ce paragraphe, la source est létude réalisée en 2003 pour lONEA par le groupement Hydroconseil ISL Sahel Consult.
Etat de lieux des ressources en eau du Burkina Faso et de leur cadre de gestion, Ministère de lEnvironnement et de lEau, DGH, mai 2001, financement DANIDA.
Même si ce taux reste un taux de couverture des besoins théoriques en fonction des normes définies au Burkina, il est intéressant de le comparer aux chiffres concernant laccès fournis par les différentes enquêtes menées par lINSD.
Cette estimation utilise une hypothèse relativement « raisonnable » : 2,3% de taux de croissance national, avec 1,7% pour les zones rurales et 4,3% pour les zones urbaines.
Et il ne sagit en général pas de desserte directe, puisque la plupart des bornes-fontaines ont pour clients des porteurs deau ou des charretiers, qui livrent ensuite leau à domicile dans les quartiers lotis ou non lotis. Selon la définition du JMP OMS-UNICEF, seuls les usagers alimentés directement à la borne-fontaine bénéficient dun véritable « accès à leau », ce qui est bien entendu contestable.
Voir la note de synthèse rédigée par Marc Vézina dans le cadre de la série « Blue Gold » éditée en 2003 par le Programme Eau et Assainissement Afrique (Nairobi).
Ce qui correspond bien entendu à des hypothèses relativement fortes quil ny ait pas de dévaluation dici 2015 et que linflation soit compensée par laugmentation des performances de lONEA dans la mise en concurrence des entreprises et le respect des coûts dinvestissement
Voir Hydroconseil ISL Sahel Consult, 2003, op. cit.
Un premier jet de termes de référence pour développer des PSA a été rédigé par lONEA et létude devait être financée par la BAD, qui a apparemment décidé de ne plus donner suite à cette requête initialement approuvée. LONEA souhaiterait avoir les moyens de réaliser au moins 10 plans stratégiques dici à 2010, ce qui paraît un objectif raisonnable.
Première estimation dans Collignon et Vézina, 2000 (les opérateurs indépendants de leau et lassainissement, synthèse sur 10 pays, Banque Mondiale), confirmée par les études plus récentes (voir Hydroconseil ISL Sahel Consult, 2003, op. cit.).
A ce sujet voir 2003. François Ouédraogo (chef du service dinformation sur leau). Etude de cas : la base de données sur les ressources en eau « BEWACO » de la DGIRH. Communication PowerPoint présentée en octobre 2003 à Ouagadougou.
Voir 2003. Diallo Mamadou. Note de synthèse relative aux travaux de latelier sur la mise à jour et lexploitation des données sur les infrastructures hydrauliques (décembre 2004), ainsi que les propositions élaborées sur le même thème (fiche de collecte des données, estimation financière
).
Voir par exemple Valfrey et Diallo, Les ODM pour leau et lassainissement, Etude pays Burkina, financement Banque Mondiale et Banque Africaine de Développement.
Mais il est bien entendu très difficile de déterminer la part du fonctionnement du Ministère qui est directement assurée par les projets, parfois de façon extra-budgétaire.
2003, CREPA. La micro-finance et le secteur de leau et de lassainissement en Afrique.
Voir à ce sujet le montage des programmes hydraulique et dassainissement. Ceux-ci nhabilitent guère en général, la maîtrise douvrage locale.
Dans chaque village, le réseau dAEP est constitué dun forage à pompage motorisé et de quelques bornes-fontaines alimentées via un château d'eau.
Au cours de cette assemblée lADAE a été honorée du titre de membre dhonneur de la FAUEREB et reçu mandat de faire sa promotion.
Syndicat des Eaux dÎle de France ; regroupe 144 communes de la région parisienne depuis 1923.
Fonds Social de Développement : outil financier de la coopération française au Burkina.
AFD / SIE
Burkina Faso Livre Bleu Rapport provisoire 1 30 avril 2004 Page PAGE 10