Croissance endog?ne.doc
Le présent corrigé ne met en avant que des éléments de corrigé et est donc par
.... le progrès technique est facteur de croissance (même si Solow n'explique ...
part of the document
Conférence de Macroéconomie, M F. Bittner, 18 mars 2009
Benoît Muller & Florian Cahagne
Théorie de la croissance endogène
Un des principaux objectifs de la macro-économie est dexpliquer lorigine de la croissance et les différences entre pays. Plusieurs théories ont donc été proposées pour tenter de révéler les mécanismes fondamentaux de la croissance. Les théories néo-classiques ont été les premières à proposer des explications satisfaisantes. La théorie proposée par Robert Solow dans les années 1950 a ainsi connu une grande diffusion. Parmi les théories plus récentes celles de la croissance endogène occupent sans doute une place centrale. Ces théories ont été pensées afin de corriger les imperfections de la théorie de Solow (I). Elles accordent notamment une importance fondamentale à la connaissance (II) et ont de nombreuses implications en matière de politique économique, notamment de R&D (III).
La théorie de Solow, bien que complétée, nest pas une explication satisfaisante de certains faits.
La première théorie de Solow narrive pas à expliquer la croissance à long terme.
Robert Solow a proposé sa première théorie de la croissance dans les années 1950 afin den révéler les mécanismes dissimulés. Il sappuie pour cela sur deux équations, une équation de production et une équation de dynamique du capital par tête. La production ne dépend que de deux facteurs, le travail et le capital. La dynamique du capital par tête est fonction des investissements (considérés comme égaux à lépargne), de la croissance de la population et de la dépréciation du capital. La combinaison de ces deux équations mène à létat déquilibre du capital par tête.
avec Y la production, K le capital, L le travail, k le capital par tête, y la production par tête, f une fonction croissante concave, s le taux dépargne, n la croissance de la population, ´ la dépréciation du capital, ces trois derniers facteurs étant supposés exogènes.
L état d équilibre est donné pour EMBED Equation.3 , ce qu un graphique permet d aisément visualiser.
(
On aboutit finalement à un taux de croissance du capital par tête nul à long terme. La croissance nest positive que lors de la période transitoire daccumulation du capital. Hors empiriquement on observe une croissance à long terme du capital par tête. Qui plus est on devrait observer une convergence des différents pays, ce qui ne semble pas être le cas puisque les écarts de richesse ont eu tendance à rester stable, voire à se creuser.
Solow propose ensuite un deuxième modèle qui prend en compte le progrès technique
Afin de surmonter ces contradictions, Robert Solow affine son modèle en introduisant le progrès technique au moyen dun facteur defficacité du travail A. La fonction de production devient alors EMBED Equation.3 . On suppose de plus que A crois avec un taux g constant et exogène. Les nouvelles variables intensives à considérer est cette fois EMBED Equation.3 . Les équations deviennent alors :
On procède donc de même quauparavant avec EMBED Equation.3 au lieu de EMBED Equation.3 . La différence fondamentale que désormais EMBED Equation.3 tend vers une valeur déquilibre, mais comme cette variable intensive incorpore à son dénominateur A qui est croissant, le capital par tête est croissant à long terme. Solow peut donc ainsi expliquer lorigine de la croissance à long terme observée. Néanmoins, ce modèle savère encore une fois imparfait. Dune part le progrès technique, « manne tombée du ciel », y est donné comme exogène, ce qui est peu satisfaisant, dautre part il nexplique pas les différences technologiques entre pays.
Les théories de la croissance endogène cherchent à corriger les imperfections du modèle de Solow en sintéressant à léconomie de la connaissance.
Léconomie des idées est à la base des théories de la croissance endogène
Les théories de Solow nétaient donc pas totalement satisfaisantes. Qui plus est on était passé dune économie du capital à une économie des idées. Il convenait donc den prendre compte dans les modèles. Cest dans cette perspective quinterviennent les théories de la croissance endogène. Elles accordent une place fondamentale à léconomie de la connaissance et tentent dendogénéiser le progrès technique.
Romer a notamment formalisée cette économie des idées dans le schéma suivant :
Les idées peuvent en effet être partagées, au contraire des autres biens. Deux personnes peuvent utiliser en même temps la même idée, ce qui nest pas le cas dune fourchette. Cela implique des rendements croissants.
Sil existe des coûts fixes pour le développement dune idée, les coûts marginaux sont ensuite très faibles. La plupart des industries de hautes technologies (pharmacie, logiciels
) répondent à ce critère. Enfin, les rendements déchelle croissants impliquent une concurrence imparfaite. Le découvreur dune idée a souvent une rente de situation (brevet) qui tend à la création dun monopole (Microsoft). Ce nouveau modèle économique va entraîner une formalisation innovante, tant micro que macro-économique, de la croissance.
Une microfondation associée à une modélisation macroéconomique permettent dexpliquer la croissance.
Le progrès technique nest plus désormais considéré comme une manne tombée du ciel. Les entreprises vont lendogénéiser et vont fournir un effort de R&D en anticipant les profits qui peuvent en résulter. Ces profits sont notamment liés à la protection de la propriété intellectuelle. Si le progrès se traduit par un bien social et de la croissance, il est donc nécessaire de lui associer un bien privé pour que celui-ci puisse avoir lieu.
Romer proposait ainsi des fondements microéconomiques reposant sur la distinction entre trois secteurs :
Le secteur de la recherche : il produit des idées protégées par des brevets.
Le secteur des biens intermédiaires : il transforme les idées en moyens de production à laide de brevets. Il est régi par des rendements déchelle croissants et une concurrence imparfaite.
Le secteur des biens de consommation : il obéit à des rendements déchelle constants et à une concurrence parfaite.
En modélisant ces trois secteurs avec des équations idoines, on finit par retrouver les modèles macroéconomiques avancés.
A un niveau plus macroéconomique, le progrès va également reposer sur létat des connaissances antérieures et sur lémulation entre chercheurs. Newton déjà affirmait que «s[il avait] pu voir plus loin que les autres, cest parce qu[il était assis] sur les épaules de géants ».
Romer avançait ainsi le modèle suivant de croissance du progrès technique A, avec LA la main duvre consacrée à la recherche :
EMBED Equation.3
Soit EMBED Equation.3
Avec EMBED Equation.3 une constante, EMBED Equation.3 un facteur démulation entre chercheurs et EMBED Equation.3 qui traduit linfluence du stock didées sur la découverte de nouvelles idées. En supposant que la population croît à un taux n, à léquilibre le capital par tête croit à la même vitesse que la connaissance, la main duvre scientifique à la même vitesse que la population totale. On a donc un taux de croissance g égal à :
EMBED Equation.3
On le voit, deux facteurs permettent donc daugmenter la croissance. Un EMBED Equation.3 proche de 1, signe de nouvelles idées plus faciles à trouver lorsque le stock est plus important (il est plus facile dinventer lavion lorsque lon a déjà théorisé la gravité) et un EMBED Equation.3 élevé (les chercheurs coopèrent et se répartissent le travail plutôt que dêtre en concurrence) permettent de loptimiser. Ce modèle assez simple dévoile toute limportance dune politique de recherche.
Les théories de la croissance endogène permettent donc une microfondation des modèles de croissance néoclassiques fondés sur le progrès techniques. La clef de ces modèles réside sans doute dans les rendements déchelle croissants de léconomie de linnovation et lincitation à la R&D que constitue lespoir dun monopole technologique.
Le progrès technique endogène révèle enfin un équilibre entre privé et public.
Arrow, dès 1962, avait théorisé la dimension partiellement endogène du progrès technique. Par sa théorie relative aux effets dapprentissage (« Learning by doing »), il souligne que lexpérience permet daugmenter de la productivité du capital au cours du temps. Idée quil formalise sous la forme suivante :
A = ZK(
Le niveau de productivité (A) est fonction du stock de capital (K) et dun facteur autonome (Z), où ( est le coefficient dapprentissage résultant des dépenses publiques en éducation.
Ainsi, il apparaît que par lémergence deffets externes, « le rendement social du capital (est) supérieur à son rendement privé ». Prenons lexemple dune plateforme déchange (Deezer, YouTube etc.). Larrivée sur ce réseau dun utilisateur supplémentaire accroit lutilisé de ce réseau pour lensemble des utilisateurs. Ainsi, cette connexion supplémentaire génère une externalité positive, et le bénéfice social quelle produit est supérieur au seul bénéfice privé de lutilisateur n+1.
Se pose dès lors la question de la production de ces externalités.
Dans le cadre de Romer, la recherche est plus le fruit de la production des entreprises. LEtat doit ici encore intervenir pour garantir la propriété intellectuelle, incitation à rechercher, tout en permettant la diffusion des nouvelles idées, pour ne pas laisser une trop grande et nuisible rente de monopoles aux entreprises innovantes. Le progrès technique implique la recherche dun nécessaire et difficile équilibre entre rendement privé et rendement public.
Endogénéiser le progrès technique et envisager la production dexternalités positives a des implications théoriques et politiques. Quelles sont-elles ?
Si lEtat doit intervenir pour financer les externalités de recherche
La prise en compte de la connaissance, du capital humain et de la R&D sappuie sur une hypothèse nouvelle : les rendements déchelles sont désormais croissants. Dès lors, deux grands types de modèles peuvent être distingués en fonction du statut quils confèrent aux connaissances : présentées comme un produit dérivé pour Arrow, elles sont le résultat dune production pour Romer.
Que laccent soit mis sur la R&D (Romer) ou sur le système éducatif (Lucas), ces théories posent une question essentielle : celle de lintervention publique dans la production des externalités.
Tout dabord, Il convient de souligner que limportance des dépenses publiques dans la théorie de la croissance endogène nest pas du même ordre que celle de lintervention étatique keynésienne. Alors que selon ce dernier, les dépenses publiques sont facteurs de croissance par un effet de demande, lintervention de lEtat repose ici sur un effet doffre. Le développement dinfrastructures publiques, ou plus généralement les dépenses publiques, sont ici considérées comme un facteur de production bloquant la contraction des rendements marginaux du capital.
Se pose cependant la question de son degré dintervention.
Si les théoriciens de la croissance endogène ont placé léducation au cur de leurs modèles (notamment Lucas), cela ne répond pas pour autant à la question du degré dintervention de lEtat. Par exemple, certains économistes ont mis en avant le caractère distortionnaire de léducation publique, soulignant que des subventions à léducation privée généraient davantage de croissance (Zhang, 1996).
La question du niveau optimal dintervention publique soulève le problème du coût de la production des externalités. En effet, le financement par la fiscalité des dépenses publiques réduit la rentabilité de linvestissement privé. Lintervention de lEtat est donc susceptible de faire naitre une distorsion, entrainant une baisse du niveau de la production. En ce sens, il convient pour lEtat de procéder à un arbitrage entre le fruit de son intervention et leffet déviction inhérent à cette même intervention.
Ces distorsions dues à la fiscalité ont été formalisées par Barro et Sala-i-Martin qui mettent en avant le caractère non linéaire du lien entre taux dimposition et taux de croissance. Ils expliquent ainsi quil existe un taux dimposition optimal, au delà duquel la contribution de lEtat à la PGF est décroissante.
Le modèle néoclassique permet de comprendre en quoi laccumulation du capital contribue à laugmentation du niveau de production, mais nexplique pas lexistence dun taux de croissance à long terme. Amorcée par Solow, la résolution de ce problème semble reposer sur la génération dexternalités positives qui permettent dintégrer dendogénéiser le progrès technique, dans le contexte dune économie dont les rendements déchelle sont croissants. Ainsi, lintervention de lEtat - fonction de la productivité marginale des biens publics - permet la coordination des comportements privés.
Bibliographie
Politique Economique, A. Bénassy-Quéré ; Benoit Coeuré ; Pierre Jacquet ; Jean Pisani-Ferry, Ouvertures Economiques, 2004
Macroéconomie, O. Blanchard ; D. Cohen, Pearson, 2004
Théorie de la croissance endogène, C. I. Jones, De Boeck, 1999
Politique Economique, A. Bénassy-Quéré ; Benoit Coeuré ; Pierre Jacquet ; Jean Pisani-Ferry, Ouvertures Economiques, 2004.
EMBED Equation.3
EMBED Equation.3