Du côté de la géographie scolaire. - Examen corrige
La géographie à l'école primaire, de l'abbé Gaultier à Émile Levasseur p.31 ..... L'
enseignement supérieur n'a-t-il pas pour mission et pour but d'ouvrir toute
grande ..... La troisième période va des années 1900 à la décennie 1960, elle est
...... du maïs, de l'indigo, du tabac renommé ; les forêts donnent d'excellents bois
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Un grand merci à ma famille pour sa patience et son soutien.
Et un grand bonjour à tous les écoliers que jai rencontré sur le chemin de la géographie.
Jean-Pierre Chevalier
UMR 8504 Géographie-cités, équipe E.H.GO.,
Du côté de la géographie scolaire.
Matériaux pour une épistémologie et une histoire de lenseignement de la géographie à lécole primaire en France
Sommaire
Les savoirs scolaires dans le champ de la géographie. p.4
Livre premier
La géographie à lécole primaire, de labbé Gaultier à Émile Levasseur p.31
Chapitre 1. La géographie à lécole primaire avant Jules Ferry. Un long XIXe siècle. p.32
Livre deuxième
La géographie à lécole primaire au temps du « moment » Buisson p.87
Chapitre 2. Intuition et mémoire. Le tournant cartographique de la géographie et le Dictionnaire de Ferdinand Buisson p.92
Chapitre 3. Inventaire boutiquier et découverte de la nature. Des Géographies dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson p.111
Chapitre 4. Plans à tiroirs et tableaux spécifiques. Descriptions monographiques du Dictionnaire et découpes régionales des petites géographies p.130
Chapitre 5. Mémorisation et leçons de choses. Les paradigmes fondateurs de la géographie scolaire. p.165
Livre troisième
Les configurations de la géographie scolaire et de lécole primaire au vingtième siècle p.220
Chapitre 6. La géographie à lécole et à lUniversité. Les références savantes de la géographie du primaire dans la première moitié du XXe siècle. p.224
Chapitre 7. Méthodes savantes et méthodes pédagogiques.
La pratique monographique et létude du local à lécole primaire. p.263
Chapitre 8. La géographie et le modèle éducatif de lenseignement primaire.
Finalités et démarches pédagogiques dans la première moitié du vingtième siècle. p.286
Livre quatrième
Les savoirs de lécole primaire dans le champ de la géographie p.323
Chapitre 9. Deux siècles denseignement de la géographie à lécole primaire en France.
Six moments, six configurations du modèle descriptif p.324
Bibliographies p.355
Tables p.410
Présentation générale.
Les savoirs scolaires du primaire
dans le champ de la géographie.
En ce début de XXIe siècle, lenseignement de la géographie à lécole élémentaire nest vraiment pas un sujet qui mobilise la communauté scientifique, le monde politique ou même les acteurs de lenseignement. Du côté des géographes universitaires lattention se porte surtout vers la préparation des concours denseignants du second degré, et donc de lenseignement de la géographie dans les lycées et collèges. LÉcole, y compris lenseignement primaire, reste un objet central du débat politique mais les débats portent plus sur la sociabilité (la violence, lennui
) et sur lenseignement de savoirs instrumentaux (français, mathématiques, langues étrangères
) que sur des disciplines comme la géographie. Du côté de linstitution scolaire, la géographie a été dotée de nouveaux programmes en 2002, cest loccasion de quelques études dans la presse professionnelle. LInspection générale dhistoire et de géographie lui accorde une petite place dans ses journées détude, mais la « corporation » des enseignants du second degré, telle quelle peut sexprimer à travers une revue comme Historiens et Géographes, se désintéresse largement de lenseignement de la géographie à lécole primaire. Le contraste est très fort avec ce que lon sait de cet enseignement dans les années 1860-1890 : il sagissait alors dun mouvement général au niveau européen, qui sest étendu de lAllemagne et de la Suisse vers lEurope de lOuest et enfin vers le Royaume-Uni.
En effet, aujourdhui, la géographie de lécole élémentaire semble plus relever de choix personnels de lenseignant que des programmes, quelle que soit leur rédaction. La nécessité denseigner de la géographie à lécole primaire semble être de moins en moins évidente, compte tenu que la quasi-totalité des écoliers poursuivent leurs études au collège. Elle nest plus identifiée en tant que discipline dans les programmes quau cours des 3 dernières années de lécole primaire. Comparativement au « bouillonnement créateur » des années 1870-1890 évoqué par André Meynier. Le débat public sur lenseignement de la géographie semble quasi absent et plus encore en ce qui concerne la nécessité de diffuser ces savoirs en direction des enfants des écoles, qui était alors au cur des discussions. Les dossiers sur lenseignement de la géographie et le couple quelle forme avec lhistoire négligent lenseignement à lécole primaire. Comparativement aussi aux débats publics et médiatiques qui se sont développés dans les années 1970-1980 sur lenseignement de lhistoire et plus largement sur « léveil » à lécole élémentaire, le désintérêt contemporain pour lenseignement de la géographie est dun silence étourdissant. Ainsi en 1983, les 8 pages du rapport Girault qui dressaient le bilan de lenseignement de lhistoire et de la géographie dans les écoles se préoccupaient beaucoup plus de lenseignement de lhistoire que de celui de la géographie. La situation est inversée par rapport à 1871 car Levasseur et Himly sintéressaient alors surtout à la géographie.
Lenseignement de la géographie a une histoire, et il a aussi une géographie que nous évoquerons à quelques occasions. Les matériaux de recherche rassemblés pour cette étude ne visent pourtant pas à dresser un tableau historique global de lenseignement de la géographie à lécole primaire, mais à éclairer la place des savoirs scolaires dans lensemble de la géographie. Ils visent un double objectif : dune part tenter de saisir la spécificité de lenseignement de la géographie à lécole primaire par rapport à lenseignement secondaire en particulier ; dautre part tester un modèle descriptif du fonctionnement de la géographie scolaire et de ses rapports avec lensemble de ce qui est reconnu comme étant de la géographie et, par là, éclairer une partie du système social de production et dusage des savoirs géographiques.
1. Des modèles pour analyser la géographie à lécole
Pour le grand public, les activités et les savoirs de la géographie enseignée à lécole primaire ont pendant longtemps forgé limage de la géographie. La réalité, ou sa caricature, présentait la géographie comme une discipline de mémoire où la maîtrise de la liste des départements et de leurs préfectures ou bien celle de linventaire des fleuves et de leurs affluents permettait de briller lors des interrogations du certificat détude. Ceci est dénoncé dès 1889 par Paul Dupuy, sans grand effet semble-t-il :
Les bons examinateurs sont malheureusement très rares pour la géographie : les inconvénients des programmes, loin dêtre atténués, sont aggravés par la perspective de questions qui attendent les écoliers aux certificats et aux brevets. Rien ne contribue davantage à maintenir tout ce que jai blâmé dans lenseignement.
(Paul Dupuy.)
Savoir sa géographie, cest tracer de mémoire « le croquis de la côte française de la Méditerranée » en y indiquant « les fleuves, les ports et les villes » ou indiquer « quels produits agricoles ou industriels lAfrique Occidentale exporte-t-elle vers la France ? ». Ainsi, la géographie scolaire, et plus particulièrement celle de lécole primaire, connotait ainsi fortement limage de lensemble de la discipline.
Au-delà du simple tête à tête entre la géographie scolaire et la géographie savante qui a souvent servi de modèle descriptif et appréciatif de la géographie enseignée à lÉcole, nous avons tenté de faire fonctionner lensemble des matériaux réunis dans un système explicatif plus vaste et plus complexe, associant les activités de la géographie appliquée et les centres dintérêt de la géographie « grand public ». Ainsi, dans un premier temps, nous avons mis à lépreuve le modèle que nous avons nommé : « quatre pôles dans le champ de la géographie ».
1.1. Quatre pôles dans le champ de la géographie
Ce modèle considère la géographie comme un vaste champ de savoirs qui a commencé à se former bien avant lapparition de la géographie universitaire ou de la géographie scolaire (figure 1). La géographie universitaire et la géographie scolaire sont deux institutions qui produisent ou utilisent les savoirs géographiques. Les deux autres polarisations des savoirs dans ce champ de la géographie sont moins instituées. Il sagit de la géographie appliquée et de la géographie grand public, qui recouvre largement ce que Michel Chevalier appelle la « paragéographie » (dans laquelle il comprend les médias qui proposent des reportages géographiques), et que nous entendrons dans un sens plus large en y ajoutant notamment tous les jeux proposant des questions dites de géographie.
Ces quatre pôles ont des fonctionnements différents. La géographie universitaire, dotée dinstitutions académiques, est un lieu de production de savoirs scientifiques, mais cest aussi une organisation sociale avec ses procédures de validation des savoirs et de qualification des personnes. Dans le champ de la géographie cest le pôle de référence majeur, mais ce nest pas le seul. La géographie scolaire est elle aussi une institution, avec ses propres modes de contrôle et des modalités spécifiques de diffusion des savoirs géographiques, en particulier une composition particulière des champs disciplinaires associant étroitement, en France, la géographie à lhistoire.
LUniversité nest pas le seul lieu d'élaboration des savoirs, lÉcole nest pas le seul lieu de diffusion des savoirs. La géographie appliquée, telle quelle est mise en uvre en dehors des universités est aussi un lieu délaboration et de mobilisation de savoirs dans de multiples domaines : aménagement du territoire, géomarketing, armées
Enfin il existe des marchés de la géographie grand public, dun côté, celui de la diffusion des savoirs géographiques ou paragéographiques (revues, films, conférences, guides touristiques
) de lautre, celui de la mobilisation de savoirs géographiques par les jeux éducatifs (puzzle cartographique, questions dites de géographie du Trivial pursuit
).
Figure1 Représentation graphique du modèle initial des « quatre pôles dans le champ des savoirs de la géographie ».
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Le graphe de la figure 1 représente le champ ouvert des savoirs géographiques. Au sein de celui-ci les savoirs sont organisés par quatre logiques qui les polarisent. Les relations sont figurées de façon sagittale pour visualiser le fonctionnement en système de cet ensemble.
La géographie universitaire produit des savoirs pour les trois autres pôles, y compris pour la géographie grand public. Des ouvrages, comme les Géographies universelles ou les guides touristiques, se situent sur cet axe de diffusion, plus ou moins proches du pôle scientifique. En retour la géographie grand public produit des savoirs qui sont étudiés par quelques géographes qui sintéressent aux indicateurs de lévolution des conceptions et des représentations (étude des guides touristiques, par exemple). La géographie appliquée est aussi une source de commandes pour les géographes universitaires, elle contribue ainsi à perfectionner les outils scientifiques : ainsi les images satellitales ou les systèmes dinformation géographique ont été créés dans le cadre de la géographie appliquée, avant de devenir des outils de la géographie, discipline scientifique.
La géographie scolaire, en particulier dans lenseignement secondaire, apparaît comme un prolongement des savoirs universitaires. Les universitaires participent à la formation et au recrutement des enseignants de leur discipline. La principale revue syndicale des enseignants du secondaire garde encore les initiales de son intitulé dorigine ; « LU.S. », LUniversité Syndicaliste. Cette référence à lUniversité a dailleurs été pendant longtemps un signe de distinction, différenciant lenseignement secondaire du primaire. Ce pôle de la géographie scolaire sapproprie aussi des savoirs provenant de la géographie appliquée, ainsi peut sexpliquer la précoce diffusion des images satellitales dans les ouvrages scolaires, signe de modernité et de technicité. Ces thématiques de la géographie appliquée (découvertes, grands aménagements, protection des environnements
) orientent depuis deux siècles le choix des objets détude retenus par les auteurs des programmes et par les enseignants.
Les images patrimoniales, les photographies dactualité alimentent la géographie scolaire. En retour, les formes anciennes de la géographie scolaire, en particulier les listes dinventaire, perdurent dans les Quizz de la géographie grand public. Les échanges fonctionnent dans les deux sens entre ces deux pôles.
Ce champ des savoirs géographiques est aussi ouvert sur des informations, des concepts, issus d´autres champs disciplinaires. Ceci est bien connu pour la géographie scolaire, où, par exemple, la pyramide des âges des démographes et le produit national brut des économistes sont devenus, depuis des décennies, des objets canoniques.
1.2. Les modèles des savoirs de la géographie scolaire
Six familles de modèles sont utilisés depuis des décennies pour décrire le fonctionnement des savoirs de la géographie scolaire : celui que nous nommons le « modèle unitaire », le modèle de la géographie, discipline scolaire modelant la discipline scientifique, les modèles de la transposition didactique et de la transformation didactique, les modèles de la discipline scolaire et celui de la culture scolaire, où les savoirs enseignés sont plus ou moins autonomes des savoirs scientifiques.
Létude de lenseignement de la géographie à lécole nest pas une nouveauté. Les travaux de Levasseur ont ouvert la voie, en particulier son ouvrage Létude et lenseignement de la géographie dont il a commencé la rédaction dès janvier 1871. Levasseur en présente successivement une dizaine de facettes, de létude des climats à la géographie commerciale. Néanmoins, elle est pour lui une seule et même science dont létude doit être développée. Le terme « étude » peut être entendu à la fois au sens de construction de nouveaux savoirs et au sens dapprentissage scolaire. Aussi, Levasseur associe-t-il dans une même préoccupation les école primaires, les lycées et collèges et lUniversité.
Alors, en ce milieu du XIXe siècle, ce qui senseigne à lÉcole et ce qui sétudie à lUniversité sont conçus comme une même géographie. Cette posture est reprise au milieu du XX e siècle par Albert Demangeon ou René Ozouf qui décrivent la géographie savante et la géographie à lécole primaire sans solution de continuité, dans le cadre dun modèle implicite unitaire de la géographie scolaire et de la géographie savante.
Rétrospectivement, Catherine Rhein souligne quÉmile Levasseur est plus un économiste quun géographe. Elle présente linstitutionnalisation de la géographie à lécole comme le résultat de lappropriation dune discipline scolaire par les tenants les plus éminents de léconomie libérale. Dans un premier temps la géographie scolaire est remodelée et instrumentée par léconomie politique, dans un deuxième temps, et ultérieurement souligne-t-elle, la géographie est institutionnalisée à luniversité : « une des fonctions majeures de la géographie universitaire est de former des maîtres ». Horacio Capel est plus radical encore car pour lui « la formation des maîtres est le facteur essentiel dinstitutionnalisation de la géographie » :
Thus, geography had the privilege to be one of the sciences favoured in the movement for educational reform and expansion. To provide teachers, geography became institutionalized in the university. And thus was born the scientific community of geographers, to teach geography to those who had to teach geography.
(Horacio Capel.)
Nous sommes donc ici dans un modèle scolaire de la géographie, fondé sur une approche sociologique des communautés scientifiques et de la production des savoirs. Cette idée de « commande par laval » est reprise par Marie-Claire Robic pour décrire cette période dinstitutionnalisation de la géographie. Elle léclaire aussi par les impératifs économiques et politiques :
On sait que linstitutionnalisation de la géographie sest produite à partir de 1860-1870 sous leffet dune forte demande denseignement : ouverture au monde moderne et fortification des nationalismes ont partout motivé cette « commande par laval » et impulsé des stratégies de développement universitaire qui ont dû établir un jeu de balance entre les sciences de la nature et les sciences de lhomme.
(Marie-Claire Robic.)
Après que la géographie se soit institutionnalisée au niveau universitaire ce modèle unitaire de la géographie sest décliné sur un mode hiérarchique donnant le rôle davant-garde à lenseignement supérieur. Jean-Baptiste Paquier, professeur au lycée Saint-Louis et à lÉcole normale primaire supérieure de Saint-Cloud, laffirme dès 1884 :
Lenseignement supérieur na-t-il pas pour mission et pour but douvrir toute grande et délargir tous les jours davantage la voie où le suivront, chacun suivant sa nature et ses moyens, lenseignement secondaire et lenseignement primaire ? Cest lui la tête ; quand celle-ci fait défaut, tout dépérit, tout manque et disparaît bientôt.
(Jean-Baptiste Paquier.)
Les modèles de la transposition didactique et de la transformation didactique partent eux aussi du principe que lenseignement supérieur formule le niveau dénonciation des concepts de référence, mais leur démarche inverse. Ils apprécient les écarts entre les savoirs scolaires et les savoirs de référence, ils présupposent, au moins implicitement, que les savoirs scientifiques sont premiers et que les savoirs scolaires en proviennent. Ces modèles viennent dautres champs disciplinaire, la grammaire, les mathématiques, lenseignement des sciences ou la sociologie. Le colloque organisé en 1988 par lI.N.R.P se situait dans cette problématique, son titre, « Savoirs enseignés-savoirs savants », résuma bien ce modèle :
Ainsi, on fait appel aujourdhui au concept de transposition didactique pour désigner les écarts, les différences entre les savoirs savants et les savoirs enseignés. Ceux-ci ne sont pas une réduction homothétique de ceux-là ; il y a transformation, recomposition. La transposition didactique est dabord un fait ; elle porte autant sur les données factuelles que conceptuelles et méthodologiques (démarches et outils).
(François Audigier.)
Ceux qui utilisent ce modèle de la transposition didactique visent à rapprocher les savoirs savants et les savoirs scolaires, ils analysent lécart pour le réduire, pour requalifier la géographie scolaire en la rapprochant de la géographie savante. On peut aussi, dans une démarche inverse, telle Isabelle Lefort, sappuyer sur la géographie scolaire pour souligner les carences de la géographie universitaire :
Cest parce que, en France, il a fallu enseigner la géographie que cette dernière est devenue une discipline scientifique et universitaire. [
]
La géographie scolaire constitue donc pleinement un révélateur de la géographie savante : elle a mis à jour les insuffisances de cette géographie, servante de lhistoire, longtemps pratiquée, mais également les limites et les ambiguïtés de la géographie vidalienne.
(Isabelle Lefort.)
Micheline Roumégous, sappuie sur les savoirs savants pour retravailler les savoirs enseignés par lÉcole, dans le cadre, implicite de la transposition didactique. La pertinence des savoirs de la géographie scolaire sapprécie à laune des savoirs issus de la recherche :
Le paysage est donc devenu un objet scolaire porteur denjeux sociaux et cognitifs différents de ceux quil avait initialement construits en parallèle dans les champs de la recherche scientifique et de la recherche didactique. Les finalités, lépistémologie et la méthodologie de la question sont en partie communes, mais le paysage de la géographie scolaire nest pas celui de la recherche.
(Micheline Roumégous.)
Micheline Roumégous se situe ici dans le contexte de la transformation didactique, modèle qui supplante progressivement chez les didacticiens de la géographie celui de transposition didactique. Il postule une plus grande transformation des savoirs, un changement daspect mais aussi de signification. Ce modèle descriptif suit une logique de plus grande autonomie des savoirs enseignés à lécole. En poussant plus loin cette logique, Alain Chervel a construit le modèle de la discipline scolaire. LÉcole est un lieu de création de savoirs qui lui sont propres, déterminés en fonction de ses finalités et de ses besoins particuliers. Ce modèle a été construit à partir de lanalyse de la construction des catégories grammaticales de la grammaire scolaire. François Audigier adopte en 1992 ce modèle pour la géographie, quil développe dans sa thèse. Cest aussi celui quinvoque, sans le nommer, lInspecteur général Pierre Desplanques pour parler dobjectifs et de finalités spécifiques, mais dans le cadre dun champ unique des méthodes et des concepts de la géographie :
En même temps nous devons prendre acte de la rupture des objectifs et des finalités de la géographie scolaire et de la géographie universitaire et maintenir la continuité scientifique et culturelle dun champ unique fondé sur des méthodes et des concepts spécifiques. Les rédacteurs des programmes doivent répondre à cette double exigence, sans douter de soi.
(Pierre Desplanques.)
Chervel est aussi linventeur de lidée de culture scolaire Il sagit à la fois dune culture « spécifiquement scolaire », engendrée par des « contraintes et pédagogiques ou [
] didactiques » et dun « sous-ensemble de la culture de la société globale ». Cette seconde proposition a été reprise et retravaillée par Pascal Clerc pour étudier la présentation du Monde dans la classe de géographie. Le concept de culture y est privilégié par rapport à celui de savoir :
La culture scolaire en géographie est abordée comme une composante dune culture commune dans sa relation avec la culture géographique. [
]
Cette culture est « en géographie », cest-à-dire dans un champ identifié et délimité du découpage scolaire des savoirs. Certains de ces savoirs enseignés dans les cours de géographie ne sont pas géographiques. [
]
La culture scolaire en géographie nest pas ou très peu, le résultat direct et attendu dun processus dapprentissage [
] mais procède de processus dimprégnation fondés sur des non-dits, des impensés, des modèles implicites.
(Pascal Clerc.)
Le modèle qui constituait notre point de départ, avec ses 4 pôles dans le champ de la géographie (figure 1), partage avec celui de la culture scolaire lidée dun champ de la géographie, mais il privilégie le concept de savoirs géographiques plutôt que celui de culture géographique. Peut-être ce choix sexplique-t-il par la volonté, ou lespoir, de ne pas renoncer à saisir de lévaluable, à lidée quil existe des concepts et pas seulement des ensembles didées implicites ou des impensés. Surtout parce quil se donne lambition dembrasser lensemble des savoirs géographiques et pas seulement ceux mobilisés à lÉcole. Ainsi, lutilisation du concept de « champ de la géographie » propose de rassembler les savoirs géographiques savants ou vernaculaires, scolaires ou pratiques. Ce champ de la géographie comprend non seulement la géographie scolaire et la géographie universitaire, tout comme le modèle utilisé par Pierre Desplanques, mais aussi les savoirs des géographies appliquées et grand public.
À lintérieur de ce champ, fonctionne un système de relations entre les quatre instances de polarisation des savoirs de la géographie. Les apports de la géographie universitaire, de la géographie appliquée et de la géographie grand-public à la géographie scolaire peuvent être décrits en tant quimportation et transformation des savoirs et des méthodes. Nécessairement, quand des objets géographiques passent dune polarisation à une autre, dun lieu de discours et de production à un autre, ils sont recontextualisés. Ainsi, si nous prenons la notion de paysage en géographie, il y a transposition didactique du paysage vers lÉcole, déconstruction/reconstruction savante du paysage à lUniversité et mobilisation économique ou identitaire des paysages dans les géographies appliquées et grand public.
Ce modèle « des 4 pôles » se veut donc englobant par rapport à ceux que nous venons dévoquer. Il a surtout comme originalité de repérer des lieux de polarisation et de diffusion des savoirs géographiques. Pour cela, comme le modèle de la « culture scolaire », il fonctionne en dehors du tête-à-tête École-Instances universitaires, sans pour autant penser une autonomie quasi totale des savoirs scolaires par rapport aux savoirs de référence, en prenant en compte quil existe des savoirs de référence et que ceux-ci relèvent de plusieurs « pôles » : géographie savante, géographie appliquée, géographie grand public.
Au long de cette étude qui rassemble ici des matériaux pour une histoire de la géographie à lécole primaire en France, nous nous sommes situés dans le cadre de ce modèle des 4 pôles. À la suite de ces travaux, nous reprenons ce modèle général et nous le déclinons à plusieurs moments de lhistoire de la lenseignement de la géographie à lécole élémentaire. Pour cela, dans le chapitre 9, nous serons conduits à préciser la formulation générale de notre modèle, telle une hypothèse affinée au terme dune mise à lépreuve. Il sagit, comme nous lécrivons un peu plus loin, de « replacer la géographie scolaire dans son champ ». Nous reconsidérerons ces savoirs de la géographie scolaire au terme dune approche historique de la géographie à lécole primaire.
La géographie à lécole primaire : périodes dimplantation, de synthèse et de fragilité
Lenseignement de la géographie à lécole primaire a, et a eu, de nombreuses spécificités qui le distinguent de lenseignement secondaire. On pense immédiatement au jeune âge des écoliers, mais ce sont dautres données structurelles qui contribuent à la situation particulière de lenseignement de la géographie à lécole primaire.
Tout dabord, il faut souligner que les maîtres décole enseignent un grand nombre de matières, et le plus souvent toutes. Ils sont donc encore moins souvent spécialistes de la géographie que les enseignants du secondaire ; mais aussi moins marqués par une formation dhistorien que ceux-ci, ils associent plus volontiers lenseignement de la géographie aux sciences de la vie et de la Terre. Surtout, ils disposent de beaucoup plus de souplesse que leurs collègues du secondaire pour organiser lemploi du temps de la classe. Ceci leur offre, du moins théoriquement, beaucoup plus de possibilités pour faire varier la durée des séances de géographie et pour les insérer dans des projets pédagogiques plus vastes.
Enfin il faut rappeler que pendant longtemps les finalités de lécole primaire et de lenseignement secondaire divergeaient, pendant près de deux siècles lenseignement secondaire nétait pas la suite de lenseignement primaire mais une voie élitiste parallèle. Les pratiques pédagogiques daujourdhui, lorganisation sociale des établissements sont encore marqués par cet héritage historique qui ne peut quavoir des conséquences sur les contenus denseignement et limage des disciplines. Pendant longtemps lécole primaire, en tant quécole du peuple, sest « distinguée » de lenseignement secondaire, école des enfants des familles fortunées. Lécole primaire contrastait avec la filière de lenseignement secondaire qui accueillait dès sa « Onzième » classe les enfants âgés de 7 ans.
Lécole primaire était donc lécole pour le peuple et pour certains, tel Jules Ferry, cela voulait dire que ses ambitions étaient nécessairement limitées, quelle navait pas vocation à préparer à la réflexion scientifique. Son enseignement se devait dêtre intuitif dans sa méthode et limité aux dimensions pratiques dans ses finalités :
Lenseignement doit être avant tout intuitif et pratique ; " intuitif, c est-à-dire s adresser au bon sens naturel et à l évidence même ; pratique, c est-à-dire ne pas perdre de vue ce qu il faut apprendre d essentiel.
(Jules Ferry.)
Encore en 1946, quand l expression « école populaire » a pourtant acquis une connotation progressiste ce qualificatif est repris par Lucien Gachon pour distinguer lenseignement de la géographie à lécole primaire de son enseignement dans le secondaire. Ceci justifie la nécessaire modestie de ses objectifs pédagogiques :
Pour lÉcole élémentaire, primaire ou populaire comme on voudra la nommer, la règle dor, en toute matière, en tout endroit, est de demeurer dans le concret, le vivant. Et sil nous faut insister autant là-dessus, cest que nous savons comment est méconnu parfois ou tourné le principe de la pédagogie primaire.
(Lucien Gachon.)
Il convient aussi de rappeler limportance numérique de lenseignement primaire, y compris pour les élèves âgés de plus de 11 ans. Ainsi, entre 11 et 16 ans les élèves scolarisés dans le primaire (au sens large du terme) sont jusquen 1959 plus nombreux que ceux du premier cycle des lycées.
Lexistence pendant plus dun siècle dun enseignement primaire supérieur pouvant conduire aux écoles normales primaires, voire même aux écoles normales primaires supérieures donne à lenseignement primaire plus les caractéristiques dune filière denseignement pour le peuple que dune école pour jeunes école pour jeunes enfants. Laccès au professorat, après un succès à lécole normale, apparaît comme le point culminant de la promotion sociale par la filière de lécole primaire :
Quil soit Professeur dÉcole Normale ou Instituteur, lenseignant de lécole populaire ne doit jamais perdre de vue quil uvre pour lÉducation du Peuple, et non pas dabord pour linstruction de futurs enseignants.
(Lucien Gachon.)
Pourtant le mimétisme de lenseignement secondaire influence fortement lenseignement primaire menant au brevet, puis au brevet supérieur (écoles primaires supérieures, devenus cours complémentaires puis collèges denseignement généraux). Ce long processus débouche, comme on le sait, sur leur fusion dans les premiers cycles des lycées dans le cadre des collèges denseignement secondaire. Quand, à la fin du XXe siècle, lécole primaire se réduit aux classes élémentaires et que lenseignement secondaire, devenu gratuit, souvre au plus grand nombre des pré-adolescents et des adolescents, cest le jeune âge des écoliers qui devient le trait original de lenseignement primaire. Le primaire se change alors en une propédeutique du collège. Les transformations de lenseignement de la géographie dans les petites classes sont donc à resituer dans ce contexte institutionnel, et ce indépendamment des multiples autres transformations qui ont bouleversé le Monde et sa géographie.
Un enseignement de géographie autrefois pionnier, aujourdhui déstabilisé
Lenseignement de la géographie à lécole primaire a longtemps été un enseignement pionnier. Il doit être ainsi qualifié à double titre : parce quil sinstitutionnalise précocement et parce quil a une finalité pratique clairement affichée.
Lenseignement déléments de géographie est peut-être aussi ancien que les premières écoles communales ou particulières, cest dire quil remonte à lAncien Régime. Mais, la première impulsion efficace na lieu que sous la Monarchie de Juillet. Cest Guizot qui fait de lécole primaire une affaire dÉtat et précise, pour lenseignement primaire supérieur, limportance de la géographie « qui nous apprend les divisions de cette terre où nous habitons » . La reconnaissance du rôle de la géographie se concrétise lors de la mise en uvre de la loi Guizot : la géographie est définie comme une matière de lenseignement primaire (arrêté du 25 avril 1834). Le Cours de pédagogie
dAmbroise Rendu paru en 1841 développe cette idée.
Ces différentes matières denseignement ne sont pas toutes exigées dans toutes les écoles ; on sait déjà que les éléments de la géométrie avec ses applications usuelles, les notions des sciences physiques et de lhistoire naturelle appliquée aux usages de la vie, le chant, les éléments dhistoire et de géographie, ne sont nécessairement enseignés que dans lInstruction primaire supérieure. Cest donc seulement dans les écoles où cette instruction supérieure est donnée que ces différents objets détude doivent entrer régulièrement dans le cadre des travaux. Mais ne concluons pas que linstituteur primaire nen doive jamais en tenir compte dans une école primaire élémentaire [
]. Mais ce sera seulement en sattachant à la méthode denseignement incidentiel dont nous avons développé tous les avantages que linstituteur pourra alors interrompre la marche ordinaire de lécole la plus élémentaire, saisir toutes les occasions de vivifier, de varier et de charmer les études essentielles par mille notions agréables et utiles
(A. Rendu.)
Cest aussi sous la Monarchie de Juillet que, dans lenseignement secondaire, le programme de géographie est précisé pour le baccalauréat (règlement du 14 juillet 1840). Il en est de même pour lenseignement spécial, dont la création saccompagne en 1847 de la définition dun programme de géographie physique et dhistoire et dun programme de géographie historique. Cette nouvelle voie de lenseignement secondaire qui remplace létude des langues anciennes par lapprentissage des langues vivantes participe avec lenseignement primaire supérieur de la tentative de création dune 3ème nouvelle voie entre lenseignement primaire court et lenseignement classique. Une réaction contre lenseignement de la géographie a bien lieu au début du Second Empire comme lindique Isabelle Lefort. La géographie est ainsi ramenée au nombre des matières facultatives, lenseignement primaire est dans son ensemble restreint dans ses ambitions culturelles et scientifiques et limité à des savoirs simples (loi du 15 mars 1850) :
Le but de lenseignement primaire est de mettre les enfants en possession des premiers instruments indispensables au développement de leur intelligence. Il faut en exclure le luxe et y chercher lutilité pratique.
(Hippolyte Fortoul.)
Pour lenseignement secondaire, lhistoriographie oppose la période de « démantèlement » de lenseignement de lhistoire et de la géographie à celle de sa renaissance avec le ministère Duruy, mais cette approche est fortement nuancée par Philippe Marchand qui souligne que cest en 1852, sous le ministère Fortoul, que pour la première fois un « enseignement général, régulier et détaillé, est applicable de la 8e à la rhétorique ». Dailleurs Levasseur le reconnaît :
La géographie proprement dite quon nenseignait que dans quelques établissements à des jeunes gens, placés hors cadre et se destinant à lÉcole militaire, prit rang à son tour en 1852 dans les études régulières ; elle neut pas de professeurs spéciaux mais elle eut son programme distinct et ses heures réservées.
(Émile Levasseur.)
En 1857, les programmes promulgués par Gustave Rouland, qui a succédé à Fortoul, généralisent au baccalauréat linterrogation sur une question de géographie et réduisent la part de la géographie historique. Cette contraction de la géographie historique peut expliquer que lhoraire de la géographie soit réduit dans lenseignement secondaire « classique » (instruction du 24 mars 1865, cest-à-dire sous le ministère Duruy). Ceci est à relier avec la nouvelle centration de la géographie scolaire telle que la définit Levasseur : une « géographie économique, appuyée sur léconomie politique, étudiant les rapports de lhomme avec la nature dans lagriculture, dans les mines et dans lindustrie, dans le commerce et sinquiétant de la condition des peuples, résultante de laction de lhomme sur la nature et sur lui-même ». Cest dans lenseignement spécial que cette tendance est la plus manifeste avec des programmes orientés vers la géographie commerciale (arrêté du 4 avril 1866). Ainsi des enfants des couches moyennes qui fréquentent cette nouvelle filière ont un enseignement de la géographie qui constitue une ouverture sur le monde contemporain et non un cadre pour situer lenseignement de lhistoire :
Lenseignement nouveau était destiné à former des industriels et des commerçants. La géographie avait pour eux une importance plus grande encore que pour les élèves de lenseignement classique et un intérêt immédiat pratique ; pour bien faire le commerce, il importe de connaître les pays dans lesquels le commerce se fait. Et comme ce sont surtout les ressources en produits naturels ou manufacturés, les voies de communications et les échanges qui offrent ce genre particulier dintérêt, il convenait moins dinsister sur la géographie historique, qui avait surtout préoccupé les maîtres de lenseignement classique, que sur la géographie économique, expression jusque-là inconnue, parce que la chose même existait à peine dans linstruction publique.
(Émile Levasseur.)
En même temps la géographie redevient obligatoire dans lenseignement primaire dès 1867. Tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, la question de lintérêt de lenseignement pour les « classes inférieures » de la population a été débattue. Thiers en 1849, Falloux en 1850, Fortoul en 1854 veulent limiter ces savoirs. À linverse, Guizot en 1833 et Duruy en 1867 veulent favoriser des éléments de culture scientifique. Mais au-delà de cette divergence, ce qui les rassemble, cest le primat de la pratique et le caractère utile des enseignements à donner aux enfants issus des classes populaires.
Pourtant, malgré cette longue maturation à lécole primaire et dans la filière de lenseignement « spécial », cest souvent la défaite de 1870 qui est présentée comme le tournant pour lenseignement de la géographie. Il est vrai que le rapport de Himly et Levasseur (3 septembre 1871) présentait lenseignement de la géographie comme la condition du redressement de la France :
Nous croyons, daprès les renseignements que nous avons pris, que la majeure partie des élèves des écoles primaires de France napprennent encore ni histoire, ni géographie [
]
Le pays, cruellement frappé par la guerre, a reconnu cette insuffisance de nos connaissances ; il sen est plaint avec amertume, et il sest formé un courant dopinion favorable au développement des sciences géographiques.
(É. Levasseur, A. Himly.)
La géographie est ensuite rapidement introduite dans les écoles maternelles (salles dasile), le décret du 2 août 1881 mentionne parmi les matières denseignement des « notions dhistoire naturelle et de géographie ». Pour ces très jeunes enfants, les instructions de 1887 conservent ce texte, sans en changer une ligne. Cette nouvelle impulsion se concrétise bien sûr aussi dans lenseignement secondaire moderne, celui qui succède à lenseignement spécial. La géographie y obtient le même coefficient au baccalauréat que lhistoire (décret du 5 juin 1891).
La structure générale du curriculum de la géographie à lécole primaire date des instructions nationales de 1887. En fait, elle reprennent le plan denseignement de 1882 du département de la Seine. Cest le moment où le concept de « discipline » scolaire est en train de se forger, avant de devenir dusage commun après la première guerre mondiale. À la différence de lenseignement secondaire, lécole primaire ne connaît plus de changement de programmes avant 1923, et ces nouveaux programmes ne changent guère larchitecture de lenseignement de la géographie.
Chronologiquement, linstitutionnalisation de la géographie dans les programmes du primaire est aussi contemporaine de linstitutionnalisation de lécole publique par les lois Guizot (1833) et Ferry (1881-1882). Le développement de lenseignement de la géographie est lélément déterminant de linstitutionnalisation de la géographie à lUniversité en Europe et en Amérique du Nord. Cette genèse explique la constitution dune vulgate de la géographie scolaire antérieure à la géographie universitaire. Au début du vingt-et-unième siècle, la géographie reste-t-elle aujourdhui toujours consubstantielle de lécole primaire ?
La réponse à cette question est loin davoir des réponses évidentes. Ainsi, quand, lors dentretiens conduits dans le cadre dune enquête menée avec lINRP, nous avons demandé aux maîtres du primaire : « Pourquoi enseigne-t-on aujourdhui de la géographie à lécole élémentaire ? », les enseignants avaient de réelles difficultés à formuler un sens pour lenseignement quils pratiquent. Aujourdhui, sous les effets conjugués de lapparition de nouveaux paradigmes cognitifs à lécole primaire (léveil
), du renouvellement scientifique (les nouvelles géographies) et des bouleversements du monde, la géographie enseignée aux jeunes écoliers semble ne pas pouvoir se fonder sur des certitudes. Surtout, la généralisation de lenseignement secondaire fait de lenseignement primaire une propédeutique. Dans ce contexte, la place de lenseignement de la géographie devient très aléatoire. Au mieux, il peut être une discipline structurante de pratiques typiques de lécole primaire (sujets détude, classes de découverte
) au pire ce sont des sujets étudiés de façon très occasionnelle, très « incidentielle » pourrait-on écrire pour reprendre lexpression de 1840. Son enseignement est devenu semble-t-il moins stable quau temps des horaires parcellisés, mais hebdomadairement programmés comme une mécanique, moins prestigieux quau temps où la géographie était la discipline véhicule de linnovation pédagogique.
Pour éclairer ces questions nous avons organisé en quatre grandes périodes les matériaux rassemblés pour létude de lenseignement de la géographie à lécole primaire. La première période est définie par un long processus dinstitutionnalisation de la géographie scolaire au cours du XIXe siècle. La deuxième est plus un moment qui sétend sur deux décennies, lorsque la géographie à lécole primaire se cristallise à la fin du XIXe par des programmes scolaires nationaux. La troisième période va des années 1900 à la décennie 1960, elle est caractérisée par lassociation dans les programmes et dans les discours de la méthode intuitive et dune géographie vidalienne « gauchie ». La quatrième, couvrant les trois dernières décennies, est celle de la recherche de nouvelles combinaisons didactiques entre la pédagogie de léveil et les nouvelles géographies, entre la psychologie constructiviste et les nouvelles identités territoriales.
2.2. Deux siècles dhistoire de la géographie à lécole primaire : une vue cavalière de linteraction entre les pôles
La conception de la géographie scolaire en tant que composante dun système social, évolutif, de production et dusage des savoirs, nous a conduit à retenir ce plan chronologique. Cette approche ne néglige ni la diversité de la géographie, ni les moments de rupture épistémologique. Cest lensemble de ces relations, et plus particulièrement celles qui sétablissent entre la géographie pratiquée à lécole primaire et les pratiques sociales auxquelles elle se réfère, qui sont ici approchées dans un cadre historicisé.
Plus généralement, lhistoire de la géographie « savante » connaît plusieurs modèles historiographiques. Certains mettent laccent sur lhétérogénéité des courants et des centres dintérêts qui perdurent en parallèle, dautres ont une conception plus unitaire de la discipline et mettent laccent sur la périodisation en distinguant les moments que des géographes proclament eux-mêmes comme ceux dune rupture : Levasseur et lenseignement de la géographie vers 1870, Vidal de La Blache et la formation de lécole vidalienne au tournant du siècle, les géographes de la Nouvelle géographie dans les années 1970.
Cest le degré dunité plus ou moins grand de la géographie, la relation plus ou moins étroite entre la géographie enseignée et les lieux de production et dutilisation des savoirs géographiques qui fondent notre chronologie. Notre modèle est celui dun système évolutif, qui connaît plusieurs états, depuis la cristallisation de la géographie scolaire au cours du XIXe siècle jusquaux interrogations nouvelles de la fin du XXe siècle. Lors de létude de chacune de ces périodes, nous focalisons notre attention sur les relations entre la géographie scolaire et le pôle de la géographie savante, entre celle-ci et les centres dintérêts en géographie du grand public, entre celle-ci et les préoccupations et les outils de la géographie appliquée, militaire et surtout économique.
Les raisons économiques de la condensation de la géographie à lécole primaire
La géographie à lÉcole primaire a bénéficié lors de sa mise en place de lappui des entrepreneurs modernes et des républicains. Il faut souligner ce rôle des économistes libéraux (au sens de partisans du libre-échange) et des républicains modernes qui ont voulu transformer la géographie, discipline de mémoire, à lintérêt politico-historique, en une discipline moderne à finalités économiques. Catherine Rhein parle dun « legs Levasseur », utilisant la géographie comme vecteur scolaire pour la « diffusion la plus large possible dun certain nombre de notions et didées sur lordre productif. » Jusquau début du XXe siècle, les manuels de géographie de Foncin impriment en frontispice, sur leur couverture, une citation de lauteur qui, telle une devise, cadre les finalités de lenseignement de la géographie, comme le fait Émile Levasseur :
Si nous voulons, nous, Français, conserver une place dans le monde, il faut, par un vigoureux effort, voyager, coloniser, répandre partout notre langue, apprendre les langues étrangères, nous renseigner sur les productions de chaque pays.
(P. Foncin.)
Ce manuel scolaire donne aussi à voir, en quatrième de couverture, dautres objets symboliques de cette ouverture commerciale sur le monde : un bateau dans un port, un train sur un viaduc, un éléphant chargé de marchandises, un palmier. Ce nest que vers 1910, soit plusieurs décennies après la publication des programmes de géographie de 1882, que la couverture de La Première année de Géographie de Foncin donnera une place centrale à limage célèbre de lenfant étudiant sa géographie devant une carte de France ou apparaissent lAlsace et la Lorraine. Cette nouvelle image renvoie à une autre finalité patriotique, plus guerrière quéconomique. Elle sest progressivement développée, jusquà la « Grande guerre », mais il sagit dun deuxième temps, après que laccent ait été mis, dès avant 1871, sur lutilité de lenseignement de la géographie.
Nous voulons que notre commerce se développe. Songeons-nous à lobstacle que lignorance des langues étrangères et des pays étrangers, de leurs murs, de leurs ressources, de leurs besoins y apportent.
(É. Levasseur.)
Cette affirmation du caractère économique, pratique, de la géographie renvoie aux liens étroits entre la géographie scolaire et la géographie appliquée, celle des marchands dabord, celle des militaires ensuite. Aujourdhui encore, ces préoccupations sont toujours présentes : la géographie a le statut de discipline qui aide à comprendre les problèmes du monde contemporain. Ainsi, les programmes de 2002 pour le cycle 3 de lécole primaire indiquent parmi leurs « points forts » : « Les paysages ruraux et industriels appréhendés à travers quelques problèmes actuels » et « La France à lheure de la mondialisation » : « laccroissement des différences (guerres et déplacements de population, opposition Nord-Sud, mouvements dopposition à la globalisation
) ». « Problèmes », «mondialisation », « globalisation », « opposition », « guerres »
Avec un programme qui utilise ce vocabulaire, la géographie scolaire est toujours présentée comme fortement articulée avec les enjeux économiques, sociaux et politiques, tels ceux de la géographie appliquée. Cette géographie ne devrait donc pas être aujourdhui, pas plus que pour Levasseur, Schrader ou Foncin, « discipline bonasse et fastidieuse », mais un enseignement fortement articulé sur la découverte et les transformations du monde.
La période dinstitutionnalisation de la géographie scolaire sest développée au travers dun processus qui a connu, en France, deux phases daccélération : un premier moment entre 1833 et 1847, puis un second de 1866 à 1891. La publication des différents Dictionnaires de pédagogie de Ferdinand Buisson (1878 1911) se situe dans cette seconde phase.
Les géographes savants et la géographie à lécole
Les noms des auteurs que nous avons cités, Levasseur, Schrader et Foncin, soulignent les liens entre les géographes savants et la géographie de lécole primaire au moment de linstitutionnalisation de celle-ci. En cette fin du XIXe siècle, cest avec Henry Lemonnier, maître de conférence à lÉcole normale de Sèvres et Marcel Dubois, maître de conférences de géographie à la Sorbonne, que Franz Schrader publie les livres de son cours complet denseignement primaire « rédigé conformément aux programmes du 27 juillet 1882 ». Des savants, tels Ritter ou Reclus, sont les géographes de référence de son article « géographie » dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Ensuite, au XXe siècle, jusque dans les années soixante, on constate une très grande proximité entre la géographie prônée pour lécole primaire et les géographes vidaliens. Ce rapprochement fonctionne dans les 2 sens : dune part les géographes, Demangeon ou Gachon en particulier, sintéressent à lécole primaire et à la géographie qui y est enseignée, dautre part les prescripteurs pédagogiques pour lécole primaire font explicitement référence aux thèses des géographes universitaires. Cest lépoque où il semble y avoir adéquation, assimilation, parallélisme, entre la méthode pédagogique intuitive et la méthode géographique savante. Cest le moment où la géographie est présentée par Max Sorre comme la discipline par laquelle les nouveautés et les nouvelles pratiques entrent dans lensemble de lécole primaire.
Ensuite, pour la fin du XXe siècle, les travaux de Micheline Roumégous ont bien montré les rapports entre la recherche en géographie et lenseignement. Cest ainsi que « les didacticiens », en particulier les jeunes professeurs décole normale dinstituteurs, ont instrumenté durant les années 1970-1980 la Nouvelle géographie, pour englober sous ce vocable lensemble des nouvelles épistémologies, afin de tenter de transformer contenus et pratiques de la géographie scolaire. Ce mouvement commence dans le cadre de « léveil » et se poursuit les années suivantes dans le cadre dune volonté de renouvellement global des pratiques didactiques sappuyant sur la psychologie constructiviste. Cest alors la géographie scientifique qui sert à légitimer les transformations que lon veut apporter à lenseignement primaire.
Ainsi, les rapports entre le pôle de la géographie savante et celui de la géographie scolaire sont éclairés par les matériaux que nous avons rassemblés à plusieurs moments de lhistoire de lenseignement de la géographie à lécole primaire.
La géographie scolaire et la géographie grand public.
Nous navons pas exploré systématiquement les relations entre le pôle de la géographie scolaire et celui des géographies pour le grand public, que leurs liens ne soient quimplicites comme dans le Tour du monde en quatre-vingt jours de Jules Verne ou quils soient explicitement didactiques comme dans les géoramas ou les expositions universelles. Néanmoins, au XIXe siècle nous avons relevé, dune part, linvestissement des personnels de lenseignement primaire dans les sociétés locales de géographie et, dautre part, la place que lenseignement de la géographie occupe dans les expositions universelles de Vienne en 1873, Philadelphie en 1876, de Paris en 1878
Deux entrées mériteraient alors dêtre privilégiées : dun côté limage, au sens de la représentation sociale, de la géographie scolaire, de lautre, liconographie utilisée dans lenseignement de la géographie, avec lusage des images à la mode et de celles au statut patrimonial.
Nous faisons lhypothèse quune bonne partie de la représentation de la géographie, telle que nous la repérons dans les jeux pour le grand public, est conforme à limage que lon se faisait de la géographie pour le certificat de fin détudes primaires : un exercice de mémorisation de savoirs factuels. Sur un registre voisin, dans dautres travaux, nous avons noté le continuum entre les apprentissages scolaires et les activités proposées dans la presse enfantine.
Dans le domaine des images, plus que les cartes, ce sont les vues paysagères qui créent des liens entre les savoirs dune époque et la géographie scolaire. Dès la fin du XIXe, nous notons lexistence de nombreuses gravures dans les manuels scolaires. Il sagirait alors de voir comment la géographie scolaire contribue, selon lexpression de Didier Mendibil, au « formatage du regard » et à la constitution dun « imagier national ». Par ailleurs, limagerie paysagère se développe dans les manuels scolaires. Elle sert dabord dillustration, avant même que le paysage ne devienne un concept en géographie. Il sagirait alors de repérer comment des acteurs comme Max Sorre ont contribué à faire de lanalyse paysagère une activité caractéristique de la géographie scolaire, y compris par ses formalisations (classification des plans, typologies des éléments observés, exercices canoniques sur limage paysagère
). Il sagirait aussi de voir comment les images scolaires renvoient aux hauts-lieux attendus de la culture nationale, tels que Didier Mendibil a pu les observer : falaises dÉtretat et de Bonifacio, Mont Saint-Michel et Tour Eiffel
Létude des relations des rapports entre la géographie scolaire et la géographie grand public permet dajouter aux raisons pratiques, économiques, de la condensation de la géographie scolaire dans les années 1860-1890, les raisons plus largement culturelles et politiques. Ainsi, dans leur ensemble, les matériaux que nous avons réunis permettent dobserver trois grands couples de relations : géographie scolaire / géographie appliquée ; géographie scolaire / géographie universitaire ; géographie scolaire / géographie grand public. Lensemble de ces relations forme un système dans le champ de la géographie, que nous éclairons à plusieurs moments au long de ces deux derniers siècles.
2.3. Une périodisation de la géographie à lécole primaire en France
Les matériaux que nous présentons ici sur lhistoire de la géographie enseignée à l'école primaire sont organisés en quatre parties.
Le livre premier éclaire lenseignement de la géographie aux écoliers qui fréquentent lécole primaire avant les lois Ferry. Il sagit dun long siècle qui commence avec luvre de labbé Gaultier et qui conduit aux innovations dÉmile Levasseur, du temps de la Révolution au tournant des années 1860-1880 quand les propositions de Levasseur se concrétisent dans un programme national pour lécole primaire. Nous nous intéresserons en particulier aux livres identifiés dans les écoles en 1833, lors de lenquête Guizot. Nous verrons la méthode de labbé Gaultier et celle de Meissas et Michelot. Nous comparerons les livres des frères des écoles chrétiennes et ceux des géographes libéraux. En France, comme dans la plupart des pays voisins, le cadre de lenseignement de la géographie a été préparé au cours du milieu du dix-neuvième siècle.
Le livre second, sarticule autour dun moment fondateur (1866-1882) quand sinstitutionnalise un ensemble de contenus denseignement (programmes scolaires) et doutils. La carte devient un objet social, on édite des cartes murales scolaires, les manuels scolaires organisent le texte en regard des cartes. Cette institutionnalisation de la géographie à lécole primaire, via un programme national à partir de 1882, précède la véritable installation de la géographie à lUniversité.
Le monument éditorial que constitue le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson confère une place importante à la géographie. Le Nouveau Dictionnaire, publié en 1911, pourra être comparé au premier, dautant quentre les deux éditions du Dictionnaire, lécole française de géographie aura commencé à saffirmer. Les dictionnaires de Ferdinand Buisson sont ici analysés comme des révélateurs de la façon dont les textes de référence présentent la géographie par rapport à ses finalités pédagogiques et par rapport aux savoirs de cette époque. Cette institutionnalisation de la géographie à lécole primaire seffectue aussi avant la définition des contenus de la géographie de lenseignement secondaire en référence aux travaux de Vidal de La Blache (conférences de 1905 au Musée pédagogique). Ce moment Buisson peut être caractérisé par ce que nous appelons le tournant cartographique de la géographie. La carte et le croquis à main levée de la carte deviennent alors loutil et lexercice central dune géographie qui cherche à combiner lapproche intuitive et lexercice de la mémoire. Par ses objets détude, par ses pratiques pédagogiques cette géographie scolaire est tiraillée entre lentre inventaire boutiquier et la découverte de la nature, entre lexercice de mémorisation et la leçon de choses, paradigmes variés, si ce nest contradictoires, mais qui fondent limage de la discipline scolaire à lécole primaire.
Les matériaux rassemblés dans notre livre troisième correspondent aux deux premiers tiers du vingtième siècle (1905-1969). Cette période quil est difficile de qualifier de « normale » compte tenu de léclectisme de ses références et de ses pratiques, peut se décliner en deux sous-parties ; avant et après les années trente. Nous situons ici le rapprochement maximum de la géographie universitaire et de la géographie scolaire. Ces années trente séparent aussi un début de siècle où le paysage nest pas encore un objet scolaire et un milieu de vingtième siècle où le paysage apparaît comme lobjet commun des enseignants et des chercheurs en géographie. On peut y voir la marque de Max Sorre, en tant que géographe universitaire et que Directeur de lenseignement du premier degré au Ministère.
La collaboration entre Demangeon et René Ozouf peut aussi symboliser cette association entre luniversité et lenseignement primaire. La création de la revue lInformation géographique témoigne de limplication des universitaires dans la géographie scolaire, y compris pour les petites classes. Pendant toutes ces décennies la méthode de la pédagogie intuitive héritée de Ferdinand Buisson est associée à une géographie se réclamant de Vidal de La Blache. La monographie, quelle soit pratiquée par linstituteur avec ses élèves ou par le chercheur universitaire semblent sinscrire dans une même logique. La géographie est une, la construction des savoirs scolaires et des savoirs savants semblent relever dune démarche commune.
Notre périodisation importe, le concept de période normale pour qualifier les savoirs scolaires entre 1880 et 1980. En reprenant lexpression dIsabelle Stengers, nous faisons « nomadiser » ce concept kuhnien du monde des sciences au monde des savoirs scolaires. Il ne sagit pas ici dassimiler les pratiques scolaires à un paradigme scientifique; mais de considérer un ensemble de vulgates codifiées dans le cadre dinstitutions et de textes comme un cadre de référence intellectuel faisant globalement consensus. Leur hétérogénéité nest en effet pas perçue par ceux qui sy réfèrent.
Notre livre quatrième correspond à une période, caractérisée par la relative instabilité des programmes et par un repositionnement de lécole primaire. Les instructions officielles changent très fréquemment pendant ces années : 1977-1980, 1984, 1985, 1990, 1995, 2002. Cette valse des programmes est beaucoup plus rapide que les transformations des pratiques. Car lévolution des contenus enseignés doit aussi sexpliquer par une double et longue tendance de déqualification de la géographie enseignée à lécole primaire : dévaluation par rapport à lenseignement secondaire, dont elle ne devient quune simple propédeutique désarticulée ; déconsidération aux yeux des maîtres du primaire, compte tenu des nouvelles priorités didactiques traduisant des demandes politiques nouvelles envers lécole primaire. En quelques années, autour de la charnière 1978-1985, nous sommes passés dune école fonctionnant théoriquement en trois « tiers temps », dont un consacré à léveil dont participe la géographie, à une école élémentaire dont tous la plupart des enseignements, dont la géographie, se doivent dêtre structurés autour des apprentissages langagiers.
Nous ne proposons pas ici de nouveaux matériaux pour ces dernières décennies. En effet, nous renvoyons en ce qui concerne les trente dernières années à nos propres travaux déjà publiés et principalement à ceux de Monique Benoît, François Audigier, Micheline Roumégous et Anne Bouchut. Nous dressons deux tableaux chronologiques qui rassemblent ces informations sur lenseignement de la géographie à lécole élémentaire. Ceci nous permet de distinguer deux sous-périodes articulées autour des instructions officielles de 1980 pour le cours moyen. Dans un premier temps, la géographie est donnée en exemple pour conduite des activités déveil à lécole (1960-1980). Les didacticiens sefforcent de combiner les nouvelles géographies et la psychologie constructiviste. Dans un deuxième temps, la géographie apparaît comme une discipline marginalisée à lécole élémentaire (1980-2002). Elle est mobilisée pour construire de nouvelles identités territoriales telle lEurope, mais ses finalités deviennent obscures ou confuses pour de nombreux maîtres.
Au long des deux siècles observés, nous distinguons au final six configurations de notre modèle descriptif. Nous faisons des « arrêts sur image » en 1833, 1882, 1911, 1938, 1980 et 2002. À chacun de ces moments nous nous efforçons de dégager la spécificité de la place de la géographie scolaire dans le champ des savoirs de la géographie, ce qui suppose une attention particulière au fonctionnement interne de lécole.
3. Reconsidérer les savoirs de la géographie scolaire.
Pour conclure cette présentation, il convient aussi de rappeler la multiplicité des écarts didactiques : écarts entre les savoirs appris par lécolier et ceux visés par lenseignant, écarts entre les savoirs prescrits et les activés enjointes. Ceci est nécessaire pour ne pas confondre ce qui est écrit dans les livres et ce quapprennent les écoliers, ce que disent les programmes et ce quenseignent les maîtres.
3.1. Quapprennent-ils ? Que leur dit-on denseigner ?
Les matériaux que nous avons rassemblés ici sont variés : ils comprennent de larges extraits de textes issus de cahiers dinstituteur, de manuels scolaires, de programmes, de livres pédagogiques, de revues de géographie et des analyses souvent mises sous forme de tableaux. Ils pourront servir tant à des approches épistémologiques de la géographie, quà des recherches en histoire de léducation et à des travaux de didactique de la géographie. Mais ils ne constituent pas, en eux-mêmes, une approche de la didactique de la géographie, ils ne proposent pas des activités. Pourtant on ne peut ignorer que la question fondamentale qui se pose nest pas « Quenseignent-les maîtres ? », mais « Quest-ce que les écoliers apprennent ? » ou « Que savent les écoliers en géographie ? »
En réponse à cette dernière question, et pour les périodes proches, nous disposons des travaux dévaluation des élèves organisés par le Ministère de lÉducation Nationale et de quelques travaux de chercheurs en didactique de la géographie. Nous pourrions aussi verser à cet état des lieux notre thèse sur les apprentissages cartographiques. Mais aucune enquête ne peut prétendre dresser un tableau complet de ces savoirs. Chacune a été construite, presque toujours implicitement, en fonction dune certaine conception épistémologique des savoirs géographiques attendus de la part des élèves. Cette entrée par lappréciation des savoirs acquis par les élèves ne peut éluder, pas plus que lentrée par les savoirs enseignés, les questions épistémologiques sur la géographie.
Pour répondre à la question « Quenseignent-les maîtres en géographie ? » et pour les périodes plus anciennes, les matériaux que nous rassemblons ici, apportent quelques informations.
Nous apportons un peu plus dinformations sur les outils, mais pas sur tous. Par exemple nous inventorions les livres de géographie présents dans les écoles en 1833, même si nous ne savons pas grand chose sur leur utilisation. Dans lensemble des travaux que nous présentons ici nous prenons surtout en compte les manuels. Nous les distinguons par leur structure : catéchistique, méthodique, livres-atlas avec double page ; par leur organisation, avec ou sans résumé, avec ou sans photographies paysagères, avec ou sans chapitres problématisés.
Pour une étude de lhistoire des manuels scolaires les recherches Alain Choppin font référence et pour une approche méthodologique des manuels de géographie on se rapportera aussi aux travaux de Daniel Niclot
Les travaux centrés sur des approches didactiques sont nombreux. Il faut citer le rôle de François Audigier qui anima pendant plusieurs années la recherche didactique à lINRP. Maryse Clary a développée ses recherches sur la modélisation graphique à lécole. Anne Le Roux a collaboré avec Francine Best pour promouvoir la démarche déveil en géographie Michelle Masson-Vincent a étudié les représentations mentales de lespace par les enfants. M.H. Matthews a conduit des études systématiques sur les figurés graphiques et la figuration cartographique des espaces connus, Sylvie Considère sest intéressée au mêmes objets mais dans une logique plus didactique et prescriptive. Plus récemment Anne Bouchut a fourni de nombreux matériaux sur lenseignement de la géographie de la ville au cycle 3 et Jean-François Marcel a communiqué les résultats dune analyse lexicale de séances de géographie au cycle 2.
Ce qui se passe à lintérieur des quatre murs de la salle de classe reste une des choses les plus difficiles à connaître, et ce à toutes les époques. Dans cette contribution nous apportons quelques éclairages sur les pratiques des instituteurs en particulier à partir dune analyse de cahier de préparation de classe dune institutrice de Nanterre en 1930-1931. Nous avons aussi étudié les monographies rédigées par les normaliens de Seine-et-Oise de la Libération aux années soixante-dix qui nous renseignent en particulier sur les attentes de leurs formateurs. Pour la période la plus récente, nous pouvons mieux connaître les conceptions des enseignants du Premier degré au travers des résultats de lenquête que nous avons menée avec lINRP.
En ce qui concerne les prescripteurs, les thèses de Monique Benoît pour la période 1867-1991 et de Micheline Roumégous pour la période 1968-1998 éclairent bien les intentions des rédacteurs des programmes et des principaux médiateurs auprès des enseignants. Monique Benoît sintéresse plus particulièrement aux textes réglementaires, Micheline Roumégous se centre sur les jeux dacteurs des décideurs et des didacticiens. Plus éloignés du fonctionnement de la classe, Jean-François Chanet et Anne-Marie Thiesse ont étudié dune façon plus générale larticulation de la construction de lidentité nationale avec les petites patries locales.
Nous nous sommes quant à nous surtout intéressés aux finalités affichées. Nous avons particulièrement pris en compte les discours sur ces finalités de la géographie dans lenseignement quand ce sont des géographes de renom qui écrivent à ce propos (Pierre Foncin, Franz Schrader, Paul Vidal de la Blache, Pierre Dupuy, Pierre Deffontaines Albert Demangeon, Max Sorrre, Louis Gachon
). Nous donnons aussi une place particulière à certains inspecteurs qui tiennent un rôle éminent dans la définition des finalités et des méthodes de lenseignement de la géographie (René Ozouf, René Clozier, Louis François
). Ce qui nous permet de souligner une autre tension, entre dune part les savoirs prescrits attendus pour les sujets dexamen et dautre part les activités enjointes par les conseillers pédagogiques et les corps dinspection.
Replacer la géographie scolaire dans son champ
Pour clore, provisoirement, ce dossier documentaire, nous avons élaboré deux tableaux chronologiques et des représentations graphiques de la situation de la géographie à lécole primaire dans le champ de la géographie à six moments remarquables : 1833, 1882, 1911, 1938, 1980 et 2002 (chapitre 9). Ils nous conduisent à revoir notre modèle initial , dit des « 4 pôles dans le champ de la géographie ».
Avec le tableau chronologique où nous cherchons à mettre en connexion la géographie universitaire et savante, les géographies appliquées et grand public avec la géographie scolaire, nous avons pu identifier et renseigner une colonne indiquant pour chaque période et sous-période des géographes de référence. De même, il nous a été possible de caractériser ces moments par les méthodes de la géographie savante en usage à ce moment. Ainsi, par rapport à la géographie scolaire, il est possible didentifier un pôle de la géographie savante, dont les concepts et lépistémologie influencent la géographie scolaire, et ce même en 1833. Par contre, il est difficile détablir une relation réciproque et de penser que la géographie scolaire influence de la même façon la géographie scientifique. Les débouchés économiques que lÉcole représente pour lUniversité nentraînent pas, excepté pour la préparation aux concours de recrutement des enseignants, un formatage de la géographie universitaire par la géographie scolaire, ce du moins au XXe siècle, après linstitutionnalisation de la géographie universitaire. Nous avons donc choisi de tracer sur un nouveau graphe (figure 2) une flèche allant de la géographie scientifique vers la géographie scolaire, mais pas de flèche en sens inverse indiquant une influence réciproque comparable. Mais il est clair quil nen a pas toujours été ainsi et que lon peut expliquer à la fin du XIXe siècle linstitutionnalisation de la géographie à lUniversité comme une conséquence du succès de la matière scolaire appelée géographie.
Nous avons eu aussi du mal à distinguer, du point de vue de la géographie scolaire, un pôle de la géographie appliquée et un pôle la géographie grand public. Il nous a semblé, au terme de cette étude, que ces deux déclinaisons de la géographie concourent toutes deux à influencer les contenus de la géographie scolaire, mais de façon relativement conjointe. La géographie appliquée développe des outils et des techniques (cartographie, statistiques, photographies aériennes, images satellitales, S.I.G., etc.) qui influencent la géographie scolaire. La géographie à lÉcole sapproprie rapidement la modernité de ces outils et techniques et valorise ainsi limage de la discipline scolaire. Le concept de géographies grand public nous a plutôt servi à repérer les centres dintérêts géographiques de la société, préoccupations géophiles et géosophes, avons-nous écrit. Lattrait pour les découvertes et laventure coloniale caractérisent le temps des Sociétés de géographie ; le goût pour lexotisme et les grands travaux daménagement sont aussi remarquables au temps des Trente glorieuses, alors que lintérêt pour les terroirs et la préservation de lenvironnement « naturel » sont plus fortement sensibles aujourdhui
Le graphe de la géographie scolaire dans le champ des savoirs de la géographie (figure 2) ne représente donc plus quatre pôles en tant que quasi-institutions. La géographie grand public apparaît plutôt comme un catalyseur de centres dintérêt de la société et la géographie appliquée comme un émetteur de techniques qui contribuent, de concert avec les transformations de la géographie scientifique, à faire évoluer les contenus denseignement de la géographie scolaire. Inversement cest la relative « passivité » qui distingue la géographie scolaire. Passivité au sens où elle névolue que lentement, passivité dans ses relations avec les autres pôles.
Ce nouveau modèle descriptif est, comme le précédent, un système ouvert. Nous identifions quatre grandes intersections qui contribuent à faire évoluer le champ de la géographie, et plus particulièrement le pôle de la géographie scolaire : le champ de la demande éducative en géographie, celui de la politique scolaire, celui des médias de diffusion des savoirs géographiques et celui des autres savoirs de référence.
Les finalités de référence peuvent être bellicistes ou pacifistes, les méthodes pédagogiques frontales ou coopératives, les écoliers peuvent vivre dans un monde où les médias pénètrent peu ou proposent des informations abondantes, les sciences de la nature, les sciences de lhomme évoluent aussi, tout ceci constitue les éléments dun système relativement extérieur à la géographie scolaire mais qui interfère en permanence avec celle-ci.
Comme dans le modèle initial nous avons noté lexistence dautres savoirs de référence : sciences humaines, sciences de la nature, arts
Mais nous avons aussi distingué et figuré graphiquement un champ de la demande éducative et un champ de la politique scolaire qui remplacent ce que nous appelions « Demandes sociales » dans le graphe précédent (figure 1). Nous identifions dune part ce qui relève de lappétence de savoirs, de la demande éducative et ce qui relève de choix politiques se concrétisant par des décisions institutionnelles.
Au sein du champ de la demande éducative, il y a ce qui relève des modèles éducatifs, il est évident que le modèle de l'éducation nouvelle et celui des humanités ne renvoient pas aux mêmes attentes envers la géographie. Ceci est fonction de limage quune société se fait à un moment de la géographie : science moderne ou discipline patrimoniale par exemple. La construction de cette représentation sappuie sur tous les aspects de la géographie : scolaires, scientifiques, appliqués, ludiques
Les attentes envers la géographie scolaire varient donc à la fois en fonction des modèles éducatifs et de limage dominante de la géographie (chapitre 9).
Dans le domaine de la politique scolaire, nous soulignons le rôle de lorganisation du système scolaire, et, en ce qui nous concerne ici plus particulièrement, la place de lécole primaire. Les programmes scolaires et les mesures institutionnelles dans le domaine de la formation des enseignants concrétisent cette volonté politique. Dans le contexte contemporain marqué par la valse des programmes et de nombreux effets de balancier entre les politiques novatrices et conservatrices, les programmes sont principalement définis comme la résultante dune demande sociale globale et dune politique scolaire à un moment donné. Ils sont présentés comme un choix parmi les savoirs de la géographie, un choix politique au sens général du terme.
À lintersection du champ de la demande éducative et du domaine de la politique scolaire nous notons le rôle des modèles psychopédagogiques qui incluent les apprentissages géographiques dans des schémas denseignement et dapprentissage, dans des théories cognitives, en relation avec des conceptions éducatives. Ces modèles, telle la méthode intuitive et sa déclinaison en leçons de choses, soustendent la rédaction des programmes scolaires et participent des conceptions des enseignants indépendamment de toute formation, de toute information sur les programmes. Ces conceptions des enseignants nous semblent plus importantes que le libellé des programmes scolaires. Aujourdhui, les enseignants du primaire enseignent en géographie, dans les faits, ce qui leur plaît. Lorganisation des programmes sur les 3 années du cycle leur laisse beaucoup de liberté pour choisir ce quils préfèrent dans le programme, si ce nest dans ce quils croient être au programme.
Enfin, de même que lévolution des outils des géographes (des carnets de Vidal de La Blache aux systèmes dinformations géographiques) ne peut que faire évoluer limage de la discipline et ses contenus, de lévolution des médias contribue à la transformation des savoirs transmis. En deux siècles la géographie est passée de la planète Gutenberg à la planète de lInternet.
Lévolution des médias, laugmentation des données accessibles, chiffrées, verbales ou iconiques, laccélération de la diffusion des informations et laccroissement des capacités de traitement de celles-ci ne bouleversent pas que les travaux et les savoirs des géographes scientifiques. Lécolier voit aussi ses conditions dapprentissage bouleversées, mais plus encore que lécolier, cest lenfant qui se trouve placé devant de nouvelles réalités géographiques. Les territoires et les paysages connus ne sont pas forcément les plus proches. LÉcole nest plus le lieu doù lon part à la découverte du monde, elle est devenue surtout lendroit où lon doit organiser des informations sur le monde. Tâche difficile car il sagit didentifier de nouvelles échelles dintelligibilité et donc de construire ou de transformer des niveaux didentité.
Livre premier
La géographie à lécole primaire,
de labbé Gaultier à Émile Levasseur
Quelques auteurs datent linstitutionnalisation de la géographie scolaire du début de la Troisième République. Ce mouvement résulterait dune réaction patriotique et moderne, à la défaite honteuse de 1870 et au séisme politique de la Commune. La géographie serait à la fois une discipline utilitaire, visant à former de meilleurs futurs sous-officiers, et une discipline idéologique visant à donner des valeurs patriotiques communes à tous les petits écoliers français, fils de paysans, douvriers, demployés ou de boutiquiers. Pourtant, si lon regarde la bibliographie dÉmile Levasseur, un des principaux artisans de ce mouvement, notamment au travers de ses tableaux et des rapports sur létat de lenseignement de la géographie, on note quil avait, et ce dès avant 1870, mis en chantier une collection complète de livres scolaires chez léditeur Delagrave. De même les programmes scolaires étrangers publiés dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson et lengouement pour lenseignement de la géographie dans les expositions internationales montre quil ne sagit ni dun phénomène particulièrement français, ni dun brusque surgissement à la fin du XIXe siècle, comme la dailleurs montré Horacio Capel.
À partir de cet état des lieux en 1833 au temps de « lenquête Guizot », nous pourrons ensuite voir plus largement lensemble de cette première phase de développement de la géographie à lécole, de lextrême fin du XVIIIe siècle à la fin du Second Empire.
On étudiera lévolution des livres scolaires, de la géographie de labbé Gaultier à celle de Meissas et Michelot, dabord du point de vue de la forme, ensuite du point de vue des finalités de cet enseignement.
Enfin nous verrons les étapes du processus conduisant à lenseignement de la géographie dans le cadre dun enseignement devenu obligatoire, marquées à la fois par des dispositions réglementaires et législatives, concrétisées par des publications destinées à lenseignement, portées par des promoteurs de cet enseignement et en particulier les économistes libéraux avec la grande figure dÉmile Levasseur.
Livre premier
La géographie à lécole primaire,
de labbé Gaultier à Émile Levasseur
Quelques auteurs datent linstitutionnalisation de la géographie scolaire du début de la Troisième République. Ce mouvement résulterait dune réaction patriotique et moderne, à la défaite honteuse de 1870 et au séisme politique de la Commune. La géographie serait à la fois une discipline utilitaire, visant à former de meilleurs futurs sous-officiers, et une discipline idéologique visant à donner des valeurs patriotiques communes à tous les petits écoliers français, fils de paysans, douvriers, demployés ou de boutiquiers. Pourtant, si lon regarde la bibliographie dÉmile Levasseur, un des principaux artisans de ce mouvement, notamment au travers de ses tableaux et des rapports sur létat de lenseignement de la géographie, on note quil avait, et ce dès avant 1870, mis en chantier une collection complète de livres scolaires chez léditeur Delagrave. De même les programmes scolaires étrangers publiés dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson et lengouement pour lenseignement de la géographie dans les expositions internationales montre quil ne sagit ni dun phénomène particulièrement français, ni dun brusque surgissement à la fin du XIXe siècle, comme la dailleurs montré Horacio Capel.
À partir de cet état des lieux en 1833 au temps de « lenquête Guizot », nous pourrons ensuite voir plus largement lensemble de cette première phase de développement de la géographie à lécole, de lextrême fin du XVIIIe siècle à la fin du Second Empire.
On étudiera lévolution des livres scolaires, de la géographie de labbé Gaultier à celle de Meissas et Michelot, dabord du point de vue de la forme, ensuite du point de vue des finalités de cet enseignement.
Enfin nous verrons les étapes du processus conduisant à lenseignement de la géographie dans le cadre dun enseignement devenu obligatoire, marquées à la fois par des dispositions réglementaires et législatives, concrétisées par des publications destinées à lenseignement, portées par des promoteurs de cet enseignement et en particulier les économistes libéraux avec la grande figure dÉmile Levasseur.
Chapitre 1
La géographie à lécole primaire avant Jules Ferry
Un long XIXe siècle
Cest vers le début du XIXe siècle que lon peut dans un premier temps remonter vers les origines de la géographie scolaire. Au même moment dautres évènements ponctuent le développement de la géographie en France : la fondation de la Société de géographie de Paris et la publication douvrages encyclopédiques, en particulier la Géographie universelle de Malte-Brun. Dans les écoles primaires, nous pouvons observer quelques aspects de ce début denseignement de la géographie ; en particulier en 1833, lors de lenquête diligentée par Guizot dans le cadre de la préparation de la loi. Elle rendit obligatoire le financement par les municipalités dune école primaire de garçons, celui dune école primaire supérieure dans chaque municipalité de plus de 6000 habitants et létablissement dune école normale primaire par département ou groupe de départements.
1. Lenseignement de la géographie à l'école primaire en 1833
La Monarchie de Juillet est un moment important dans lhistoire de lenseignement, et de celui de la géographie. Limportance de la géographie « qui nous apprend les divisions de cette terre où nous habitons » est reconnue par larrêté du 25 avril 1834 qui fait de la géographie une des matières enseignées dans les cours supérieurs du primaire. La géographie devient alors de façon réglementaire une des matières de lenseignement primaire et elle peut même être enseignée de façon « incidentielle » dans les autres cours. Cest une nouveauté : en effet les précédentes législations sur lécole primaire nenvisageaient pas lenseignement de la géographie. Dans le décret du 3 brumaire An IV (24 octobre 1795) la Convention ne parlait que de lecture, décriture, de calcul et de morale républicaine :
Article 4. Dans chaque école primaire, on enseignera à lire, à écrire, à calculer, et les éléments de la morale républicaine.
Le vocabulaire ressemble à celui de Jules Ferry, mais, à la différence du siècle suivant, on nenvisage pas alors dautres enseignements. Ceci dailleurs exprimait plus une orientation, quune décision, compte tenu de létat misérable de nombreuses écoles à cette époque. Dailleurs la loi sur linstruction publique du 11 floréal An X (1er mai 1802), quelques années plus tard, nénumérait plus les matières de lenseignement à lécole primaire. Certes, cet intérêt politique pour les écoles primaires sétait à nouveau manifesté pendant les Cent jours, au cours desquels le ministre Carnot avait mis sur pied une Commission pour la rénovation de lécole primaire où il nomma labbé Gaultier, célèbre auteur dune méthode denseignement de la géographie. Mais cest sous Guizot que la question de son enseignement redevint lobjet des débats politiques. Le 2 janvier 1833, devant la Chambre des députés, Renouard, magistrat et économiste de formation, exposant les motifs de la loi qui sera connue sous le nom de loi Guizot, présente ainsi le rôle de la géographie dans le « degré supérieur de lenseignement primaire ».
Cest par ces considérations que nous avons établi et réglé un degré supérieur dinstruction primaire, qui ajoute aux connaissances indispensables à tous les hommes les connaissances utiles à beaucoup : les éléments de la géométrie pratique, qui fournissent les premières données de toutes les professions industrielles ; les notions de physique et dhistoire naturelle, qui nous familiarisent avec les grands phénomènes de la nature, et sont si fécondes en avertissements salutaires de tout genre ; les éléments de la musique, ou au moins du chant, qui donnent à lâme une véritable culture intérieure ; la géographie, qui nous apprend les divisions de la terre où nous habitons ; lhistoire par laquelle nous cessons dêtre étrangers à la vie et à la destinée de lespèce, surtout lhistoire de notre patrie qui nous identifie avec elle ; sans parler de telle ou telle langue moderne, qui, selon les provinces où nous sommes placés, peut nous être indispensable ou du plus grand prix. Tel est, Messieurs, lesprit du titre Ier de la loi qui vous est soumise.
(A.-C. Renouard.)
Le texte définitif de la loi sur lenseignement primaire est promulgué par le roi le 28 juin 1833 et lenseignement est précisé le 25 avril 1834 par le statut sur les écoles primaires élémentaires.
Article 1. Dans toute école primaire élémentaire, lenseignement public comprendra nécessairement, linstruction morale et religieuse, la lecture, lécriture, les éléments du calcul, les éléments de la langue français et le système des poids et mesures.
Des notions de géographie et dhistoire, et surtout de la géographie et de lhistoire de la France pourront en outre y être données aux élèves les plus avancés. Le dessin linéaire et le chant pourront également y être enseignés.
En effet, la géographie relève de la 3ème division, cest-à-dire des élèves de 10 ans et plus, cest ce que précise larticle 8 en même temps quil distingue deux volets dans la géographie : la géographie générale et la géographie de la France. « Article 8. [
] Géographie et histoire ; Troisième division : [
] : Géographie et histoire générale. Géographie et histoire de France. » Lhistoire est donc associée à la géographie, mais lénumération se fait dans lordre alphabétique, géographie puis histoire et non linverse comme au XXe siècle. Ne sollicitons néanmoins pas trop cet ordre dénonciation pour trouver une hiérarchie entre Géographie et Histoire, il sagit dun ordre épistémologique : la géographie présente dabord le cadre où se déroule ensuite lhistoire, et non dune préséance de la géographie sur lhistoire.
1.1. Lenquête Guizot.
Les autorités de lépoque étaient éclairées sur létat de lenseignement par la grande inspection de toutes les écoles de garçons que Guizot avait commandée parallèlement à lélaboration de sa loi. Ainsi les tableaux statistiques annexés au Rapport au Roi (tableau XXI, p.425) indiquaient quil y avait alors en France :
9 177 écoles qui utilisaient la méthode de lenseignement individuel, surtout dans le sud de la France ;
1 895 écoles qui relevaient plus ou moins de lenseignement mutuel, inspiré des méthodes lancastriennes venues dAngleterre, utilisant des élèves plus avancés comme moniteurs auprès des plus jeunes ;
21 613 écoles, soit près des deux-tiers, qui étaient déclarées suivre lenseignement simultané, cest-à-dire mettre en uvre une pédagogie frontale entre le maître et le groupe classe nécessitant, un tableau, des ardoises, des cahiers et des livres uniformes.
Le ministre avait prévu que les rapports des visites effectuées dans les écoles fournissent de nombreux renseignements sur les écoles et les maîtres décole. Ainsi, entre autres, les personnes déléguées à linspection devaient indiquer les livres en usage et les matières enseignées. Voici, à titre dillustration, ce quobservait Louis-Arsène Meunier, qui participa à linspection générale des écoles de larrondissement dEvreux dans lEure.
Quels sont les livres qui y sont en usage ?
Cétaient lalphabet, vulgairement appelé la Syllabe ou la Croix de par Dieu, le Psautier latin, labrégé de lAncien Testament, la vie de N.S.J.C., les Pensées chrétiennes, le devoir du chrétien, la Civilité puérile et honnête. Le seul ouvrage autre que les livres de lecture était la grammaire de Lhomond. Point darithmétique, de géographie, dhistoire, si ce nest dans les villes et dans les écoles exceptionnelles mentionnées plus haut.[
]
Des livres de géographie étaient donc présents dans quelques écoles urbaines, probablement pour les élèves les plus avancés.
Quelles sont les matières de lenseignement ?
Dans la moitié des écoles, elles se bornaient à la lecture, à lécriture, au calcul et au catéchisme. Dans les autres on y ajoutait lorthographe, quelquefois les principes de grammaire, quelquefois les éléments de larpentage et du toisé, rarement la géographie, plus rarement encore lhistoire de France.
Cest ainsi, et avec regret semble-t-il, que ce visiteur note que la majorité des écoles nenseignent pas de géographie. Nenseignent pas encore de la géographie pourrait-on dire sans trop solliciter son texte.
Cet arrondissement dEvreux, visité par Louis-Arsène Meunier, est très proche géographiquement de la ligne Saint-Malo - Genève qui sépare la « France éclairée » de la « France obscure ». La situation scolaire de cet arrondissement nest guère singulière ; leffort de scolarisation y est proche dans de nombreux domaines de la moyenne française, et la faible place de la géographie dans lenseignement est fréquente dans la France de la Monarchie de Juillet. Cependant, cette situation moyenne recouvre de grandes disparités qui se révèlent à la lecture des cahiers rédigés à loccasion de cette inspection générale des écoles.
1.2. Des livres de géographie dans les écoles.
Dans le cadre des travaux sur lenquête Guizot de 1833 conduits dans le cadre du Service de lhistoire de léducation de lINRP, nous avons pu dresser une liste des livres de géographie notés par les inspecteurs au cours de leurs visites.
Lors de leur enquête, ils devaient répondre à ces questions :
- Les élèves sont-ils pourvus de livres uniformes en nombre suffisant ?
- Quels sont ces livres ?
- Quels sont les objets dont manque lécole ?
- [..] Quelles sont les matières de lenseignement ?
La liste des livres et du matériel de géographie a été dressée à partir des rapports dinspection provenant des départements suivants : Ardèche, Bas-Rhin, Cher, Corrèze, Creuse, Gard, Finistère, Gers, Indre-et-Loire, Loiret, Lozère, Marne, Nièvre, Hautes-Pyrénées, Seine, Seine-et-Marne, Deux-Sèvres, Vaucluse, Yonne et partiellement Oise. Pour notre part, nous avons effectué un décompte précis des titres des livres et du matériel de géographie dans les écoles de 7 départements : Cher, Finistère, Gard, Marne, Hautes-Pyrénées, Bas-Rhin et Seine.
Les ouvrages les plus fréquents sont la géographie de labbé Gaultier, les géographies dites de Crozat, les ouvrages de Le Tellier, les géographies de Lamp et la géographie de Meissas et Michelot (tableau 1). Dans la grande majorité des cas, les rapports dinspection indiquent la présence de livres de géographie sans éprouver le besoin den préciser lauteur, tant ces livres se ressemblent. À cette époque, les droits dauteurs nexistent pas, les livres sinspirent du plan de la géographie dite de Crozat ou en reprennent des pages entières, les rééditions revues et corrigées continuent pendant environ un siècle.
Les livres publiés par des éditeurs provinciaux ont visiblement une aire de distribution régionale : Aufschlager et Lamp en Alsace, Abadie dans le Sud-Ouest, Gibrat dans le Sud-Est
Les tableaux et les cartes de géographie sont encore plus rares dans les écoles visitées par les inspecteurs en 1833 et surtout signalés dans la France du Nord et de lEst (tableau 2).
Tableau 1. Les livres de géographie dans les écoles en 1833.
Livres de géographie indiqués par les inspecteurs lors de lenquête GuizotNombre de fois où louvrage est signalé dans les 7 départements étudiés par nous.Ouvrages de géographie de cet auteur présents à la BNF et antérieurs à 1833Géographie de labbé Gaultier, (Aloïsius ou Louis, Edouard Camille) (1746-1818)98 fois
(dont 84 dans la Seine)Leçons de géographie par le jeu. 1788.
Atlas du Cours complet de jeux instructifs. 1807.
Rééditions revues par dautres auteurs : 1826, 1828
Géographie « de Crozat »
(auteur : abbé A. Le François)46 fois
(dont 16 dans la Marne)Méthode abrégée et facile pour apprendre la géographie. (début XVIIe)
Nombreuses rééditions revues par dautres auteurs : An VII, 1804, 1813, 1821, 1822, 1828 1829
Géographie de Le Tellier (Charles-Constant) (1768-1846)39 fois
(21 dans la Seine, 15 dans la Marne)Nouvelle géographie élémentaire, divisée par leçons. 1810, 12e édit. 1822.
Géographie des commençants, par demandes et réponses. 1812, 57è édit. 1826.Géographie de Lamp (Jean-Frédéric)18 fois
(18 dans le Bas-Rhin)Précis de géographie moderne. 1818.
Elémens de géographie moderne. 1823.
Abrégé de géographie pour les écoles. 1828.Abécédaire géographique d'Eymery (Alexis), 15 fois
(dont 13 dans la Seine)Le voyageur anglais autour du monde habitable, nouvelle méthode amusante et instructive pour étudier la géographie
1826.Géographie de Meissas (Achille) et Michelot (Auguste).14 fois
(dont 9 dans la Seine)Nouvelle Géographie méthodique. 1827, 1833.
Petite Géographie méthodique destinée aux enfants du premier âge et aux écoles élémentaires. 1828, 1830, 1832, 1833.
Manuel de géographie, contenant les Tableaux géographiques des mêmes auteurs. 1833.Géographie de Buqcellos (Blocquel, Simon dit) (1780-1863)13 fois
(dont 8 dans la Marne)Leçons de géographie, par Bucqcellos, 1824.
Petite Géographie des jeunes gens
par Buqcellos. 1824.
Abrégé de la géographie de Crozat, édition revue et augmentée par Buqcellos. 1829, 29e édit.Géographie de Ansart (Félix)9 fois
(dont 8 dans la Seine)Petite géographie de la France à lusage des écoles primaires. 1830.Géographie des écoles chrétiennes4 fois
(dont 3 dans la Seine)Géographie d'Abadie (A. A***.)4 fois
( Hautes-Pyrénées)Itinéraire topographique et historique des Hautes-Pyrénées. 1819, 1824, 1833.Suite page suivanteTableau 1 (suite). Les livres de géographie dans les écoles en 1833
Livres de géographie indiqués par les inspecteurs lors de lenquête GuizotNombre de fois où louvrage est signalé dans les 7 départements étudiés par nous.Ouvrages de géographie de cet auteur présents à la BNF et antérieurs à 1833Géographies de Aufschlager (Jean-Frédéric)4 fois
(Bas-Rhin)Das Elsass. Neue historischtopograpphische Beschreibung der beiden Rhein-Departemente. 1825-28.
LAlsace, Nouvelle description historique et topographique des deux départements du Rhin
1826-28.Géographie de Constantin (Louis dit frère Anaclet)3 fois
(Gard)Abrégé de géographie commerciale et historique, 1832.Géographie de Pannelier (J.-A.)3 foisGéographie moderne
par Nicole de la Croix, Crozat et Lenglet-Dufresnoy. Nouvelle édition
par demandes et par réponses.. par un ancien professeur de géographie, édit.1812, 1817.
Abrégé
., édit. 1813
1837.Géographie de Boniface (Alexandre) 2 fois
(Seine)Géographie élémentaire descriptive, ou Leçons graduées de géographie, à lusage des écoles normales, des collèges et des maisons déducation
Divisé en deux cours. 1833. Géographie de Lacroix (Louis, Antoine Nicolle de) (abbé)2 foisGéographie moderne abrégée, précédée dun petit Traité de la sphère et du globe
1748.
Abrégé de géographie à lusage des jeunes personnes, extrait de-la « Géographie moderne ». 1758.
Nombreuses rééditions revues par dautres auteurs : 1752, 1758, 1761, 1766, 1769, 1780,1786, 1806, 1812, 1813, 1817, 1821, 1824, 1825, 1826, 1827, 1828, 1826, 1830, 1832.Géographie de Poulain (ProsperAuguste Poulain de Boussay)2 foisNouvel abrégé de géographie à lusage des classes élémentaires et des écoles primaires. 1830.
Atlas de géographie historique, 1833.Géographie de Chemin Dupontès (J.-B.)1 foisLeçons élémentaires de géographie, 1811.
Première étude de géographie générale. 1817, 1819, 1821, 1822, 1824, 1827, 1832.
Elémens de la géographie de la France, faisant partie du Cours détudes élémentaires ; 1821.Géographie de Gaudin (J.F.A.P.) (ou Gaudin Alexis ?)1 foisAgrostologia helvetiaca
. 1811.
Abrégé dhistoire de la Suisse. 1817.
Flora helvetica
1828-1833Géographie de Gibrat (J.-P.) (Le Père)1 foisTraité de la géographie moderne, avec un abrégé de la géographie ancienne, 6e édition augmentée dune analyse du globe terrestre. 1787, 1813, 1829.
Géographie ancienne, sacrée profane. 1790.Suite page suivanteTableau 1 (suite). Les livres de géographie dans les écoles en 1833
Livres de géographie indiqués par les inspecteurs lors de lenquête GuizotNombre de fois où louvrage est signalé dans les 7 départements étudiés par nous.Ouvrages de géographie de cet auteur présents à la BNF et antérieurs à 1833Géographie dHérisson (Eustache)1 foisAtlas portatif contenant la géographie universelle et moderne. 1806, 1807, 1809.
Nouvel atlas de la jeunesse à lusage des commençants. 2è édit.. 1812.
Petit atlas de toutes les parties du monde
1820, 1832.
Atlas des départements de la France.. .1827.Géographie dite de Langlois (Hyacinthe-Éloi)
(éditeur)
Autre auteur : Le chevalier Briand-de-Verzé.1 foisAbrégé de la géographie universelle de W. Guthrie. 1805, 1827.
Itinéraire complet de lempire français. 1811. Itinéraire complet du royaume de France. 1815, 1816, 1822.
Itinéraire abrégé du royaume de France. 1823.
Dictionnaire classique et universel de la géographie moderne. 1826.
Précis de géographie et de topographie de la France. 1827.
Dictionnaire complet, géographique, statistique et commercial du royaume de France et de ses colonies
1830.Géographie de Legendre1 foisPas de référence trouvée à la BNFGéographie de Letronne (Antoine-Jean)1 foisTableau du système planétaire. 1806.
Cours élémentaire de géographie ancienne et moderne. 2è édit. 1820, autre édition en 1838..Géographie de Sambucy (Louis de Saint-Estève, abbé)1 foisElemens dhistoire et de géographie, à lusage du pensionnat des Dames apostolines de la Maison royale de St-Denis. 1821Géographie. A l'usage des écoles militairesAbsent de léchantillon observéCours élémentaire de Géographie ancienne et moderne, rédigé sur un nouveau plan, approuvé par la commission de linstruction publique et adopté pour les Écoles royales militaires. 2ème édit. 1820.Géographie de Boinvilliers (Jean Etienne Judith Forestier dit)Absent de léchantillon observéAlmanach du département de lOise
An VII.
Le manuel des enfans, ouvrage contenant des principes de lecture, de morale, de grammaire, dhistoire, de géographie et darithmétique. An VII, 1803, 1818, 1823.Géographie de Morin
(J.-B.)Absent de léchantillon observéGéographie élémentaire ou Description des quatre parties du monde
1809.Suite page suivanteTableau 1 (suite). Les livres de géographie dans les écoles en 1833
Livres de géographie indiqués par les inspecteurs lors de lenquête GuizotNombre de fois où louvrage est signalé dans les 7 départements étudiés par nous.Ouvrages de géographie de cet auteur présents à la BNF et antérieurs à 1833Petit voyage autour du MondeAbsent de léchantillon observéCf. ci-dessousVoyage autour du Monde par Blanchard (Pierre)Absent de léchantillon observéPetit voyage autour du monde. 1819.Voyage autour du Monde par LaporteAbsent de léchantillon observéVoyage pittoresque de la Syrie, de la Phoenicie, de la Palestine et de la Basse-Egypte. An VI.Le spectacle de la nature de l'Abbé Pluche (Antoine, dit aussi Noël)Absent de léchantillon observéLe spectacle de la nature ou entretiens sur les particularités de lhistoire naturelle. 1732. Éditions jusquen 1756.
Tableau 2 Le matériel de géographie dans les écoles en 1833
Matériel scolaire pour lenseignement de la géographieNombre de fois où il est signalé dans les 7 départements étudiésTableaux de géographie2 fois (département de la Seine)Tableaux de géographie de Meissas et Michelot1 fois (Paris)Cartes de géographie1 fois (Marne)Cartes de ToussaintAbsent de léchantillonCartes publiées par LevraultAbsent de léchantillon
1.3. Une géographie de lenseignement
Dans lensemble des écoles primaires, on signale en 1833 lenseignement de la géographie ou la présence de livre de géographie dans la salle de classe de façon très variable. Ces deux critères ne concernent que 6 % des écoles du Finistère, mais 69 % des écoles situées dans Paris.
Au-delà de cette présentation globale qui montre une très grande diversité des titres des ouvrages, il faut surtout noter les contrastes très forts de la géographie de lécole ; ce qui conduit à étudier plus précisément le cas de 7 départements dans la France peu scolarisée et dans la France « éclairée ». Au sud de la ligne Saint-Malo Genève, plus de 40 % des recrues sont ignorantes, les écoles sont rares et la géographie fort peu présente dans les écoles (tableau 3).
Tableau 3.
La géographie dans les écoles au sud de la ligne Saint-Malo Genève en 1833
DépartementsRecrues ignorantes
(en % en 1830 ;
daprès dAngeville)Ecoles avec livres de géographie et/ou enseignement de la géographie
(en % en 1833 ; daprès les données de lenquête Guizot)Finistère77%6%Cher74%10%Hautes-Pyrénées38%9%Gard41%15%
Le Finistère est un des départements les plus en retard dans le développement de la scolarisation ; dAngeville le classe au 82ème rang des départements français dans le domaine de linstruction, avec 77 % de recrues ignorantes. Il ny a en effet dans le Finistère que 314 écoles pour une population de plus de 500 000 habitants. Lenseignement est misérable et lon y enseigne encore la lecture du Français à partir de vieux contrats et de manuscrits. Il nest donc guère surprenant que lon ny signale que trois écoles avec des livres de géographie (à Pont-Croix, Carhaix et Daoulas), et seulement sept autres écoles où la géographie serait enseignée, sans que lon y indique la présence de livres de géographie dans la classe. Néanmoins, linspecteur qui visite les écoles du canton de Landernau indique parmi les objets manquants dans les classes les cartes de géographie, ce qui témoigne de limportance quil accorde à cette matière.
Le Cher est un département presque aussi déshérité sur le plan scolaire que le Finistère (74 % de recrues ignorantes dans le Cher selon dAngeville), il en diffère pourtant par sa situation linguistique, beaucoup plus simple que celle de la Bretagne bretonnante. Néanmoins, il relève lui aussi du « fatal triangle » qui, au centre et à louest de la France, concentre les retards dans le domaine scolaire. Ainsi de nombreux cantons berrichons nont quune ou deux écoles et les livres de géographie sont quasiment absents de ces rares écoles.
Le département des Hautes-Pyrénées présente un cas de figure original ; en effet, il se singularise par la forte proportion décoles particulières, non aidées par les communes, et par la présence de nombreuses écoles où lon continue à pratiquer la méthode denseignement dite individuelle, celle où le maître fait venir à lui tour à tour ses élèves pour leur apprendre en tête-à-tête, principalement à lire. Ainsi, alors que le département des Hautes-Pyrénées ne compte que 38 % de recrues ignorantes (dAngeville 1836), il ny que 9 % de ses écoles où lon note des livres de géographie. En règle générale, les livres sont rares dans les écoles qui utilisent la méthode individuelle. Ce sont surtout des géographies inspirées de celle de labbé Le François (Méthode abrégée et facile pour apprendre la géographie) et de quelques monographies régionales de dAbadie (Itinéraire topographique et historique des Hautes-Pyrénées).
Le département du Gard a un nombre dalphabétisés voisin de celui des Hautes-Pyrénées (41 %), mais les écoles y possèdent plus de livres de géographie et surtout on y signale beaucoup plus souvent que cette matière y est enseignée. Ceci est certainement lié à une part plus grande des écoles aidées financièrement par les communes et à un usage plus répandu de la méthode simultanée, celle où lenseignant fait faire le même exercice, en même temps, à plusieurs élèves. À léchelle du département des contrastes sont nets. On ne signale ni livre, ni enseignement de la géographie dans les cantons adossés aux Cévennes (Saint-André de Valborgne, Saint-Jean du Gard, Lasalle et Vézénobres). Par contre, cest dans les cantons de Barjac et de Pont-Saint-Esprit que cet enseignement est le plus fréquent (dans 5 écoles sur 10 et dans 7 écoles sur 17). Ici la matière géographie est plus présente que dans les départements du Nord et lEst de la France. Les livres les plus cités sont ceux de labbé Gaultier et les géographies dites « de Crozat ».
Tableau 4.
La géographie dans les écoles au nord de la ligne Saint-Malo Genève en 1833
Départements(ou arrondissements)Recrues ignorantes
(en % en 1830 ;
daprès dAngeville)Écoles avec livres de géographie et/ou enseignement de la géographie
(en % en 1833 daprès les données de lenquête Guizot)Bas-Rhin19%22%Marne20%32%Seine (arrondissements de Sceaux et de Saint-Denis)
19%30%Seine
(arrondissement de Paris)69%
Si dans les quatre départements situés au sud de la ligne Saint-Malo Genève la présence de la géographie nétait signalée que dans 6 % à 15 % des écoles (tableau 3), les livres ou lenseignement de la géographie sont présents dans plus de 20 % des écoles au Nord de la ligne Saint-Malo Genève, cette fréquence atteint même 69 % à Paris (tableau 4).
Les écoles du Bas-Rhin sont souvent jugées médiocres ou mauvaises par les inspecteurs diligentés par Guizot ; il leur est reproché une grande pauvreté en livres et aussi labsence denseignement du français, langue parfois non comprise par linstituteur. Les livres se réduisent parfois à quelques livres de piété utilisés pour apprendre à lire. Dans les campagnes, les livres sont souvent en allemand, comme la première édition de la géographie dAufschlager (Das Elsass. Neue historischtopographische Beschreibung der beiden Rhein-Departemente) publiée en français lannée suivante (LAlsace, Nouvelle description historique et topographique des deux départements du Rhin).
Lenseignement de la géographie est particulièrement bien représenté à Strasbourg où sur un total de 33 écoles primaires, une possède des cartes de géographie, cinq ont le livre de géographie de Lamp qui est publié à Strasbourg avant dêtre édité à Paris par Levrault. Dans 27 autres écoles, on indique quon y enseigne de la géographie, sans quil y soit indiqué de livre de géographie. Dans ce département aussi, les inspecteurs sont attentifs à lenseignement de la géographie. M. Hervé, qui inspecte les écoles des cantons de Molsheim et dOberhausbergen, écrit à regret : « Larpentage et le dessin linéaire nont encore pénétré nulle part : la géographie est plus répandue. » Dans les cantons de Bar, de Lauterbourg et de Villé, les inspecteurs indiquent que les cartes manquent dans les écoles ; celui de Niederbronn écrit dans son rapport « Les cartes manquent absolument » ; celui qui visite les écoles des cantons de Seltz et Soultz-sous-Forêts réclame des « cartes que lon puisse suspendre. ». À Brumath, un autre signale parmi les objets manquants : « cartes, globe, livres français
». À Wissembourg, on réclame des « cartes muettes » ; une « carte de lAlsace, de lAfrique, de lAmérique ». La question de lenseignement de la géographie à lécole primaire est donc bien un enjeu au début de la monarchie de Juillet.
Le département de la Marne fait lui aussi partie de cet espace qui, des Ardennes au Jura, se caractérise par un fort taux de scolarisation. Dès cette époque, la quasi-totalité des enfants fréquentent plus ou moins lécole, les municipalités prennent en charge son financement et lenseignement se fait quasi exclusivement selon la méthode la plus moderne, dite de lenseignement simultané. Dans la Marne, les écoles sont nombreuses (690 pour 337 076 habitants, à comparer aux 158 écoles pour 524 396 habitants du Finistère). En 1833, dans 205 dentre elles les visiteurs chargés de linspection ont recensé au moins 1 livre de géographie ; dans 18 autres, sans quil soit indiqué de livre, ils considèrent que la géographie est une des matières enseignées. Crozat et Le Tellier sont les auteurs de livres de géographie les plus souvent cités. La fréquence de cet enseignement montre bien, quici pour le moins, la géographie ne relève pas uniquement du primaire supérieur, mais quelle est aussi diffusée en milieu rural dans des écoles naccueillant pas les élèves au delà de 11 ans. Les contrastes à lintérieur du département sont néanmoins importants. Si rien nindique que lon enseigne de la géographie dans les 48 écoles des cantons de Montfort et de Damartin-sur-Yèvre, les livres de géographie sont signalés dans la majorité des écoles rurales du nord-est du département, les maximums se trouvant dans les cantons viticoles. Les livres de géographie de Le Tellier, des abrégés de Crozat et des géographies de Buqcellos sont présents dans 35 des 36 écoles des cantons dAy et dAvize. À linverse, linspecteur indique que les cartes y font défaut, il nen a vu que dans une seule classe.
Le département de la Seine, à linstar dautres contrées industrieuses, telles les hautes vallées vosgiennes et les villes de la Flandre, connait un taux de scolarisation plus faible que les campagnes du Nord et de lEst de la France. Mais, tout comme les arrondissements urbains de Lille ou de Rouen, la Seine se distingue des contrées rurales environnantes par un coût de lécolage plus élevé. Ceci sexplique par un moindre engagement de ces communes dans le financement de lÉcole, mais cest aussitôt un indicateur de la meilleure qualité de ces écoles urbaines où les enseignements sont beaucoup plus complets. Dailleurs, au sein du petit département de la Seine, le contraste entre les arrondissements « périurbains » de Saint-Denis et de Sceaux et larrondissement de la ville de Paris souligne ce phénomène. Il y a des livres de géographie dans la moitié des écoles parisiennes et seulement dans un cinquième des écoles situées extra-muros dans le reste du département de la Seine. Dans les communes à proximité de Paris, les ouvrages de géographie sont rares, aucun nest signalé dans les écoles du canton de Courbevoie, alors que les livres sont beaucoup plus fréquents dans les 12 arrondissements parisiens. En 1833, à Paris, toujours délimité par lenceinte des fermiers généraux, 80 écoles possèdent la géographie de labbé Gaultier, 19 la géographie de Le Tellier, 13 labécédaire géographique dEymery, 11 une géographie dite de Crozat, 6 la géographie dAnsart et 7 autres la géographie méthodique de Meissas et Michelot. Ce dernier auteur, Achille Michelot, a dailleurs été chargé de linspection des écoles du 10ème arrondissement et de celles du canton voisin de Pantin. De plus, la géographie est aussi enseignée dans 75 écoles, sans quun titre de livre y soit signalé. Une de ces écoles enseigne la géographie sans livre « selon la méthode Jacotot ».
Ce développement de lenseignement de la géographie nest pas spécifique de la France. On sait que lEspagne, comme lItalie ou le Portugal, est globalement en retard sur la France pour le développement de lenseignement primaire. Horacio Capel a montré que dans ce pays pendant tout le XIXe siècle la majorité des livres scolaires de géographie publiés en Espagne étaient des traductions douvrages publiés en France (tableau 5). Pays où depuis la révolution bourgeoise de 1833 la scolarisation et lenseignement de la géographie se sont aussi développés conjointement dans lenseignement primaire.
Tableau 5.
Origine des livres scolaires de géographie traduits en Espagne (source : H. Capel) (période de publication de la traduction en Espagne).
Pays où a été publiée la version originale1800-18491850-18991900-1939France151417Allemagne6516Royaume-Uni1111Italie-1-Norvège--1Suède--1Russie--1
Ainsi, le cas de la France nest pas un cas exceptionnel en Europe, elle est légèrement en retard sur les pays germaniques, et connaît un développement de lenseignement primaire et de la géographie scolaire de façon un peu plus précoce que les pays méditerranéens et surtout que lAngleterre où lemploi manufacturier des enfants retarde les progrès de la scolarisation. Lenseignement de la géographie y est présent dès le début du XIXe siècle, tant dans les contrées rurales fortement scolarisées au nord de la ligne Saint-Malo Genève que dans les écoles urbaines où se développe un enseignement primaire plus complet. La géographie fait partie des matières que lon peut situer dans un deuxième cercle, à proximité du noyau central de lenseignement primaire constitué par lapprentissage de la lecture, de lécriture et de rudiments de calcul.
Au-delà de ce recensement, reste à définir les contenus et les modalités de cet enseignement, ou plus modestement de tenter de les cerner.
2. De la géographie de labbé Gaultier
à celle de Meissas et Michelot.
« La géographie ne saurait être un savoir purement verbal ; son rapport au réel se met en place sous linfluence de Rousseau et Pestalozzi. Celle-ci est très sensible chez les fondateurs, Carl Ritter et Élisée Reclus. » Ce qui est vrai au temps de Ferdinand Buisson est beaucoup moins évident durant la première moitié du XIXe siècle. Linfluence des idées rousseauistes reste longtemps faible dans les écoles primaires. Dailleurs, pour Rousseau, lécole ne concerne guère les enfants des classes populaires : « Ninstruisez pas lenfant du villageois, car il ne lui convient pas dêtre instruit. » (La Nouvelle Héloïse). Le programme éducatif de lÉmile nest pas fait pour les enfants du village, mais pour les enfants de la bourgeoisie et de laristocratie.
Même dans les collèges et lycées, dans ce qui est qualifié à partir de 1803 denseignement secondaire, les influences rousseauistes centrées sur la perception de la nature restent marginales. La géographie enseignée dans les collèges de Jésuites vise avant tout aux XVIIe et XVIIIe siècles à donner une vision cosmographique et encyclopédique du monde. Le premier objectif correspondait à une présentation historique de la découverte et de la cartographie du monde, le second sappuyait sur les connaissances des Lettres édifiantes des pères jésuites et se concrétisait par lapprentissage de nomenclatures principalement politiques. Dans ce cadre, les pédagogues cherchaient, certes, des moyens pour soutenir cette mémorisation, par exemple la technique de la poésie didactique avec les rimes pour aider la mémorisation (Géographie universelle en vers artificiels du père Buffier, 1705). Mais ces divers artifices qui visent à soutenir une mémorisation cumulative de nomenclatures ne relèvent pas de linfluence de Rousseau et de Pestalozzi.
Les problèmes qui se posent alors à lenseignement primaire sont dune autre nature. Ici il ne sagit pas de former une élite cultivée mais tout dabord dapprendre des savoirs « élémentaires » aux jeunes enfants issus des milieux populaires. Au XVIIIe siècle, lÉglise catholique a été le principal soutien de cette instruction populaire. Elle est ensuite relayée par les préoccupations économiques et émancipatrices des philosophes radicaux, comme Diderot, Helvetius, ou Holbach qui réclament le développement de linstruction pour sortir le peuple des « ténèbres de lignorance ». Cest sous cette double impulsion, que lenseignement de la géographie aux enfants des classes populaires émerge comme question politique. Cest alors au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle que commencent à se poser conjointement le développement de la scolarisation et celui de lenseignement de la géographie.
Luvre de la Révolution est sur ces questions plus empreinte de principes que marquée par des réalisations effectives. On notera que les Conventionnels veulent que la géographie « des peuples libres » soit inscrite aux programmes des écoles primaires :
Chapitre IV. Instruction et régime des écoles primaires
1° Les élèves ne seront pas admis aux écoles primaires avant lâge de six ans accomplis.
2° Dans lune ou lautre section de chaque école on enseignera aux élèves :
1. à lire et à écrire les exemples de la lecture rappelleront leurs droits et leurs devoirs aux citoyens ; 2. la déclaration des droits de lhomme et du citoyen, et la constitution de la République française ; 3. on donnera des instructions élémentaires sur la morale républicaine ; 4. les éléments de la langue française soit parlée, soit écrite ; 5. les règles du calcul simple et de larpentage ; 6. les éléments de la géographie et de lhistoire des peuples libres ; 7. des instructions sur les principaux phénomènes et les productions usuelles de la nature. On fera apprendre le recueil des actions héroïques et des chants de triomphe.
(Décret de la Convention nationale, An II.)
Mais lon sait que dans le domaine de lenseignement primaire les principes votés par les révolutionnaires ne se concrétisèrent pas. Néanmoins on retiendra que la géographie est déjà considérée comme devant y être enseignée.
2.1. La géographie de lAbbé Gaultier
Deux auteurs marquent lenseignement de la géographie à l'école primaire pendant la première moitié du XIXe siècle : labbé Gaultier et Achille Meissas. Le premier, Aloïsius Gaultier, se fonde sur la méthode catéchistique par questions réponses, il appuie cette routine par lorganisation de compétitions entre ses élèves afin de désigner celui qui répond le plus souvent aux questions que le maître formule à lidentique du livre. En 1833, la géographie de labbé Gaultier était, et de très loin, louvrage de géographie le plus fréquemment présent dans les écoles primaires (35 % des titres identifiés dans léchantillon étudié ci-dessus).
GÉOGRAPHIE
de
labbÉ Gaultier
[
]
Quest-ce quun continens ? Un continent est le plus grand espace de terre quon puisse parcourir sans passer par la mer.
Combien y a-t-il de continens ? Il y a trois continens : 1° lAncien qui comprend lEurope, lAsie et lAfrique ; 2° le Nouveau qui comprend lAmérique ; 3° le Continens Austral ou Nouvelle-Hollande qui fait partie de lOcéanie.
Quentend-on par mer ou Océan ? On entend par mer ou océan la vaste étendue deau salée qui couvre à-peu-près les deux tiers du globe, et dont les parties prennent différens noms suivant leur position géographique.
[
]
SECTION I : EUROPE
LEçON I : CONTRÉES DE LEUROPE
Quest-ce quune contrée ? Une contrée est une grande étendue de terre qui renferme une nation entière. On entend par nation tous les habitants dun même pays vivant sous les mêmes lois ou parlant une même langue.
1.
En combien de contrées divise-t-on lEurope ? On divise lEurope en dix-neuf contrées, dont cinq au nord, neuf au milieu et cinq au midi.
2.
Quelles sont les cinq contrées au nord ? Les cinq contrés au nord de lEurope sont : les îles britanniques, dont la capitale est Londres ; le Danemark, capitale Copenhague, la Norwège, capitale Christiana ; la Suède, capitale Stockholm ; la Russie, capitale Saint-Pétersbourg.
3.
Quelles sont les neuf contrées du milieu ? les neuf contrées au milieu de lEurope sont : La France, capitale Paris ; la Belgique, capitale Bruxelles ; la Hollande, villes principales, Amsterdam, La Haye ; lAllemagne ou Confédération germanique, villes principales, Vienne, Munich, Dresde, Berlin, Hambourg, Hanovre, Francfort-sur-le-Mein et Stuttgard ; la Prusse, capitale Berlin, dans la Confédération germanique ; la Pologne, capitale Varsovie ; la Hongrie, capitale Bude ; lAutriche, capitale Vienne, dans la Confédération germanique ; la Suisse, villes principales, Bâle, Berne et Genève.
4.
Quelles sont les cinq contrées du midi ? Les cinq contrées du midi de lEurope sont : le Portugal, capitale Lisbonne ; lEspagne, capitale Madrid ; lItalie, villes principales, Turin, Milan, Venise, Florence, Rome, Naples, etc. ; la Turquie, capitale Constantinople ; la Grèce, capitale Athènes.
5.
Quest-ce que Londres ? Londres est la capitale des îles Britanniques.
Quest-ce que les îles Britanniques ? Les îles britanniques sont une des dix-neuf contrées de lEurope, et une des cinq au nord. (*)
[(*) Note de bas de page de lauteur : On fera les mêmes questions pour toutes les contrées de lEurope et pour leurs capitales.]
6.
Quest-ce que le Danemark ? Le Danemark est une des dix-neuf contrées de lEurope et une des cinq du nord. Quelles en sont les bornes ? Il est borné par lAllemagne et par la mer.
[(*) Note de bas de page de lauteur : le maître fera bien de demander si cest au nord, au midi, etc., que telle contrée borne telle autre.]
7.
Quest-ce que la Norwège ? La Norwège est une des dix-neuf contrées de lEurope et une des cinq au nord. Quelles en sont les bornes ? Elle est bornée par la Suède, la Russie et la mer.
8.
Quest-ce que la Suède ? La Suède est une des dix-neuf contrées de lEurope et une des cinq au nord. Quelles en sont les bornes ? Elle est bordée par la Norwège, la Russie et la mer.
9.
Quest-ce que la Russie ? La Russie est une des dix-neuf contrées de lEurope et une des cinq au nord. Quelles en sont les bornes ? Elle est bordée par la Turquie, lAutriche, la Pologne, la Prusse, la Suède et la mer.
10.
Quest-ce que la France ? La France est une des dix-neuf contrées de lEurope et une des neuf au milieu. Quelles en sont les bornes ? Elle est bornée par la Belgique, lAllemagne, la Suisse, lItalie, lEspagne et la mer.
[
]
LEçON XII.
DIVISION DES CONTRÉES DE LEUROPE DU MILIEU
ANCIENNE DIVISION DE LA France.
141.
Comment divisait-on autrefois la France ? On divisait la France avant 1789 en 33 gouvernemens ou provinces, dont 6 au nord, 6 à lest, 6 au midi, 6 à louest, 8 au milieu et 1 dans la Méditerranée, lîle de Corse, capitale Bastia.
142.
Quelles étaient les 6 provinces au nord ? Les 6 provinces au nord étaient : la Normandie, capitale Rouen ; la Picardie, capitale Amiens ; lArtois, capitale Arras ; la Flandre française, capitale Lille ; lIle-de-France, capitale Paris et la Champagne, capitale Troyes.
143.
Quelles étaient les 6 provinces à lest ? Les 6 provinces à lest étaient : la Lorraine, capitale Nancy ; lAlsace, capitale Strasbourg ; la Franche-Comté, capitale Besançon ; la Bourgogne, capitale Dijon ; le Lyonnais capitale Lyon, et le Dauphiné, capitale Grenoble.
NOUVELLE DIVISION DE LA France.
[
]
DÉPARTEMENS AU LEVANT.
156.
Combien de départemens forme lancienne LORRAINE ? Lancienne Lorraine forme les quatre départemens : de la Meurthe, chef-lieu Nancy ; des Vosges, chef-lieu Epinal ; de la Meuse, chef-lieu Bar-le-Duc ; de la Moselle, chef-lieu Metz.
157.
Combien de départemens forme lancienne ALSACE ? Lancienne Alsace forme les deux départemens : du Bas-Rhin, chef-lieu Strasbourg ; du Haut-Rhin, chef-lieu Colmar, ville principale Mulhouse.
[
]
Les concepts géographiques utilisés par labbé Gaultier, ses collaborateurs et successeurs, présentent un certain intérêt et ne sont pas aussi pauvres quune caricature rapide pourrait le suggérer. Ainsi, le concept de « contrée » utilisé pour diviser lEurope permet de parler de lItalie (non unifiée), de la Suisse (diverse par ses langues) et des États centralisés (Prusse, France). Notons aussi la démarche qui fait précéder lusage de ce concept de contrée par sa définition, en préambule des leçons. La liste des villes ne se réduit pas à celle des capitales. Plusieurs villes principales sont indiquées pour la Hollande multipolaire, ou pour les contrées composées de plusieurs États (Allemagne, Italie
). En France, Mulhouse ou Reims sont désignées comme les villes principales à côté de leurs chefs-lieux de départements : Colmar et Châlons. Enfin soulignons parmi les qualités géographiques de cet ouvrage, lattention portée par labbé Gaultier à la position, « au nord, au sud, au milieu
. » ; on verra plus loin que ce manuel est conçu pour être utilisé avec une carte.
La démarche de linventaire géographique du monde est simple, elle répond à un décompte, (en réponse à la question Combien ?), dobjets politiques (contrées), classés en fonction de leur position géographique : « Quelles sont les cinq contrées au nord ? Quelles sont les neuf contrées du milieu ? Quelles sont les cinq contrées du midi ? »
Lintérêt se centre donc sur les dimensions politico-administratives. Ainsi, en réponse aux questions « Quelles en sont les bornes ? », labbé Gaultier indique le nom des « contrées » ou États voisins, mais il ne nomme pas les mers bordières qui restent indifférenciées. Quant aux autres limites dites « naturelles », elles ne sont pas encore à lordre du jour.
Cette géographie peut ainsi fonctionner comme un cadre pour lhistoire et la géographie historique y tient une place notable : « Comment divisait-on autrefois la France ? ». Pourtant cette géographie de labbé Gaultier est avant tout linventaire du monde contemporain.
Ce qui la singularise surtout ce sont ses procédés didactiques : la méthode catéchistique et la répétition. La méthode catéchistique se déroule au rythme lancinant des questions et des réponses reprenant partiellement le libellé de la question :
« Quelles étaient les 6 provinces à lest ?
Les 6 provinces à lest étaient
»
« Combien de départemens forme lancienne ALSACE ?
Lancienne Alsace forme les deux départemens
».
Enfin, les mêmes informations sont rituellement répétées de nombreuses fois, dans le dessein de les ancrer dans les mémoires. Ainsi la présentation de chaque contrée de lEurope donne loccasion dénoncer, au total une vingtaine de fois, « une des dix-neuf contrées de lEurope ». Le caractère répétitif est le second trait singulier didactique. Mais, loriginalité principale de ce livre est sa méthode dapprentissage, que labbé Gaultier veut avant tout ludique. La méthode catéchistique est rendue plus motivante par lorganisation dun concours entre les élèves. Voici la façon dont doit se dérouler linterrogation en géographie selon la méthode « du jeu » de labbé Gaultier. Ferdinand Buisson y note lusage de la carte et le souci de localisation :
Les leçons de géographie de labbé Gaultier sont écrites par demandes et par réponses, ainsi que tous ses ouvrages déducation. Comme les questions sont plus ou moins difficiles, et que les réponses sont plus ou moins longues, lauteur a indiqué à la fin de chacune le nombre de jetons que le maître doit donner à lélève qui répondra exactement. Linstituteur a un sac rempli détiquettes, qui correspondent aux questions du livre, et portent chacune un numéro. Après avoir mis dans le sac toutes les étiquettes relatives à la leçon sur laquelle les élèves doivent être exercés, et qui leur a été expliquée davance, le maître prend place en haut de la table autour de laquelle les enfants sont assis. Il déploie sur cette table la carte de la partie de la terre qui est le sujet de la leçon, donne à chaque enfant un certain nombre de jetons comme enjeu, et la partie commence. Linstituteur tire au hasard une étiquette à un des élèves. Supposons que lenfant est tiré létiquette numéro 17, Lisbonne ; le maître, en consultant le livre, demander « Quest-ce que Lisbonne ? » Lélève : « Cest la capitale du Portugal ». Le maître « Quest-ce que le Portugal ? » Lélève : « Cest une des seize contrées de lEurope, et une des quatre contrées au midi. » En répondant aux différentes questions qui lui sont adressées de cette manière, lenfant doit montrer sur la carte tous les endroits quil nomme : sil les indique bien et quil réponde exactement, il reçoit du maître le nombre de jetons fixé pour chaque réponse. Sil se trompe, il est corrigé par son voisin de droite, à qui il paie un jeton. Si celui-ci se trompe aussi, il est corrigé à son tour par le suivant, qui gagne deux jetons. Le troisième, dans le même cas, en gagne trois, et ainsi de suite ; mais sil arrive quaucun des élèves ne puisse rectifier lerreur du premier, le maître le corrige, et exige un jeton de chacun des enfants à la ronde. Lorsque le premier élève a répondu à toutes les questions relatives à son étiquette, le second en tire une autre, et ainsi de suite, jusquà ce que le tour soit fini ; après quoi on peut en recommencer de nouveaux, tant que le maître juge à propos de prolonger lexercice.
Lorsque de nouvelles leçons ont été expliquées aux enfants, on ajoute dans le sac, pour les parties suivantes, de nouvelles étiquettes qui y sont relatives, mais en y laissant toujours les anciennes ; et, lorsquelles deviennent trop nombreuses, le maître peut en faire le sujet de plusieurs parties, en mettant dans un sac à part toutes celles qui sont tirées par les enfants, après quils en ont fait lexplication. On passera ainsi successivement en revue, et à plusieurs reprises, les trois cents étiquettes qui correspondent aux trois cents paragraphes des leçons de géographie.
(Ferdinand Buisson.)
Les leçons de géographie par le moyen du jeu de labbé Gaultier ont été publiées pour la première fois par lauteur en 1788. Nous avons vu que cétait le plus répandu des livres de géographie lors de lenquête Guizot de 1833. Monique Benoît indique dans sa thèse une édition de 1875 de la géographie de labbé Gaultier (la 29ème), cest dire la longévité de cette méthode. Savoir sa géographie serait alors savoir réciter 300 paragraphes de savoir factuels, mais cest aussi savoir localiser individuellement ces objets sur une carte.
2.2. La méthode catéchistique
La méthode catéchistique par demandes (D.) et réponses (R.) est aussi utilisée dans les géographies à lusage des écoles primaires des frères des Écoles chrétiennes. Ils diffèrent quelque peu de la géographie de labbé Gaultier, car ils sont rédigés avec beaucoup moins de reprise du texte de la question dans la réponse. Le texte est beaucoup plus rédigé. Adjectifs qualificatifs et relations causales font de la réponse un début danalyse.
France.
77. D. Quest-ce que la France ?
R. Cest un des plus vastes, des plus riches et des plus beaux états de lEurope. Elle est située sous un climat très avantageux, lair y est pur et tempéré ; son sol est dune fécondité étonnante, suffisant non-seulement aux besoins dune population de près de trente-six millions dhabitants, mais encore à ses plaisirs. Outre les canaux que lindustrie y a pratiqués, une multitude de rivières, de routes bien tracées et parfaitement entretenues, de nombreuses lignes de chemins de fer, facilitent les voyages et les transports de produits. Ses ports sont fréquentés par toutes les nations, et produisent, par des échanges, un bénéfice immense qui anime son commerce.
78. D. Quelles sont les bornes de la France ?
R. La France est bornée à lest par le grand-duché de Bade, la Suisse, la Savoie et les Alpes ; au sud par la Méditerranée et lEspagne, à louest par lOcéan ; et au nord par la manche, le Pas-de-Calais et la Belgique. Elle est située entre les 42° et 51° degrés de latitude nord, le 6° de longitude est, et le 7° de longitude ouest ; elle a 1022 kilom. du nord au sud et 977 kilomètres de lest à louest, et environ 538585 kilom. de superficie.
ANCIENNE DIVISION DE LA FRANCE.
79. D. Quelle était autrefois la division territoriale de la France ?
R. Autrefois la France était divisée en 39 provinces, aujourdhui elle lest en 86 départements.
80. D. Que faut-il faire pour avoir une idée de la position respective des anciennes provinces ?
R. Il faut diviser la France en plusieurs grandes parties, et remarquer les provinces qui sont contenues dans chacune.
81. D. Quel est le moyen le plus commode pour fixer lattention sur la position des diverses provinces ?
R. Cest la division par bassins.
82.D. Quest-ce quun bassin géographique ?
R. Cest une étendue de pays arrosée par un fleuve et ses affluents.
83. D. En combien de bassins peut-on diviser la France ?
R. En quatre grands et deux petits ; les quatre grands sont 1° celui de la Seine ; 2° celui de la Loire ; 3° celui du Rhône ; 4° celui de la Gironde formé par la Garonne et la Dordogne. Les deux petits sont celui du Rhin et de lEscaut.
Ces livres, à linstar de lAbrégé de géographie en usage dans les écoles des Frères des écoles chrétiennes diffusent au milieu du XIXe siècle la division par bassins héritée de Buache. Ce découpage spatial complète les partitions administratives et de position par rapport aux points cardinaux de labbé Gaultier. Ainsi ces géographies enrichissent leurs descriptions, ne se contentant plus de définir les bornes des contrées et den nommer les capitales. Les limites des États sont moins administratives, les mers portent des noms et des montagnes sarticulent avec les limites politiques. Lespace géographique prend une épaisseur, les activités des hommes et les conditions naturelles y prennent place.
2.3. La géographie méthodique de Meissas et Michelot
En 1833, lors du recensement des livres présents dans les classes commandé par Guizot, les géographies de labbé Gaultier sont de loin les plus diffusées et la Petite géographie méthodique dAchille Meissas et dAuguste Michelot ne représente alors que 5 % des titres que nous avons identifiés. Par la suite cet ouvrage connaît un succès croissant, de sorte que Meissas et Michelot vont progressivement dominer le domaine des publications de géographie pour lécole élémentaire ; et ce durant de longues années, de la Monarchie de Juillet jusquaux débuts de la IIIe République. Ce titre connaît plus de 60 éditions. Achille Meissas est donc un auteur scolaire important, ce qui lui vaut dêtre ainsi présenté par Ferdinand Buisson dans son Dictionnaire de pédagogie.
[
] Parmi les nombreux ouvrages classiques publiés par Achille Meissas, la plupart avec la collaboration dAuguste Michelot, nous citerons dabord la Nouvelle géographe méthodique, Hachette, in-12, qui a paru pour la première fois en 1827 et atteint en 1864 sa soixante et unième édition ; la Petite géographie méthodique, formant la première partie de louvrage précédent, et dont les éditions ne se comptent plus ; plusieurs séries de Tableaux pour lenseignement dans les écoles : Tableaux de géographie, Tableaux dhistoire de France, etc. ; des Manuels, des Atlas, des Cartes murales grandes et moyennes, dont les éditions ont été renouvelées par dimportantes additions relatives au figuré topographique du terrain ; plusieurs séries de Cartes muettes destinées aux exercices des élèves, un Dictionnaire de géographie ancienne et moderne, dont une édition revisitée en 1864, a été sa dernière uvre.
[
] Achille Meissas a encore préconisé et répandu lusage très utile des cartes muettes comme procédé de révision et de vérification ; il a été enfin lun des premiers qui aient eu lidée de publier ces grandes cartes murales, au moyen desquelles un enseignement simultané, régulier et normal de la géographie est devenu possible dans nos écoles. [...]
(Ferdinand Buisson..)
Leur succès provient du fait que, bien quinspiré au départ par la méthode denseignement mutuel, leur matériel denseignement sadapte à la méthode « denseignement simultané, régulier et normal de la géographie » qui se généralise au cours du XIXe siècle. Ainsi, avec leurs nouveaux livres de géographie Achille Meissas et Auguste Michelot rompent délibérément avec la méthode catéchistique de labbé Gaultier. La Petite Géographie méthodique est publiée à leur compte en 1827, elle devient ensuite la première partie de leur Géographie méthodique, éditée par Hachette. Ils expliquent la nouveauté de leur démarche dans lavertissement de louvrage. Ainsi, apparemment du moins, ils remettent en cause la mécanique du « par cur » et aspirent à une plus grande compréhension des faits géographiques par les écoliers.
[
] On sétonnera peut-être que nous nayons pas disposé notre Géographie par demandes et par réponses ; mais cette forme, plus commode pour la mémoire a de graves inconvénients. Les enfants croient avoir rempli leur tâche en apprenant par cur des réponses dont ils ne lisent guère les demandes, et presque toujours ils sont hors détat de répondre à dautres questions que celles du livre. Dailleurs, en plaçant des questions et des exercices à la suite de chaque chapitre, nous pensons avoir réuni les avantages des différents modes dinstruction. [
]
(Meissas et Michelot.)
La géographie de Meissas et Michelot développe le discours géographique, souvent encore sous forme dinventaire, mais distinct du moment des exercices sur la carte et au tableau. La géographie scolaire ne se réduit plus à la mécanique catéchistique (tableau n°6).
Tableau n°6
Leçon catéchistique et leçon suivie dexercices sur la carte et tableau
Géographie de labbé Gaultier
(1ere édition 1788, 29ème édition 1875)
extraits de lédition de 1846Géographie de Meissas et Michelot
(1ère édition 1827, 52ème édition 1871)
extrait de lédition de 1871
Quest-ce quun continens ? Un continens est le plus grand espace de terre quon puisse parcourir sans passer par la mer.
Combien y a-t-il de continens ? Il y a trois continens : 1° lAncien qui comprend lEurope, lAsie et lAfrique ; 2° le Nouveau qui comprend lAmérique ; 3° le Continens Austral ou Nouvelle-Hollande qui fait partie de lOcéanie.
4.
Parties du monde et continens.
La terre se divise en cinq parties, qui sont lEurope, lAsie, lAfrique, lAmérique et lOcéanie.
5.
On les appelle les cinq parties du monde.
On appelle continens les plus vastes étendues de terre quon puisse parcourir sans traverser la mer.
Il y a deux continens.
LEurope, lAsie et lAfrique forment lancien continens.
LAmérique forme le nouveau continens.
Exercices.Comment divise-t-on la terre ?
Montrez sur la carte chaque partie du monde.
Mettez un jeton sur chacune de ces parties.
Prenez le jeton qui est sur lAfrique, sur lAsie, etc.
Retournez la carte et indiquez sur la table ou sur le tableau la position des cinq parties du monde. au sud ? - au sud-est ?
Quelle est la partie du monde qui touche lEurope ? lAfrique ,
Quest-ce quun continens ?
Quelles sont les parties du monde qui composent lancien continens ? le nouveau continens ?
La première partie des exercices de Meissas et Michelot sappuie donc systématiquement sur une carte et demande des manipulations de jetons à placer sur la carte. La deuxième partie se fait sans la carte en essayant de se souvenir de ce quon y a désigné. La troisième partie est composée de questions fermées qui ressemblent à celles des ouvrages catéchistiques. La manipulation de jetons et lusage de la carte ne marquent donc pas une rupture totale avec la méthode de labbé Gaultier, mais la carte est déjà prise comme une sorte de réel dévidence qui, vu par lélève, permet de comprendre les notions géographiques abstraites.
On commencera en mettant une carte entre les mains de lélève, par lui montrer quelques contrées, quelques îles ; on lui fera remarquer les lignes qui dessinent autour des côtes, et ces ombres que les graveurs appellent les eaux. Lélève indiquera bientôt lui-même les parties qui représentent les terres et celles qui représentent la mer. On fera précéder dun exercice semblable létude de chacun des chapitres qui commencent par une définition. Ainsi lorsquil sagira de golfes, en donnant à lélève la définition de ce mot, on lui montrera le golfe de Bothnie, celui de Riga, le Zuyderzée, etc. ; on lui fera remarquer leur enfoncement dans les terres, et il montrera ensuite les autres golfes sur la carte.
(Meissas et Michelot.)
Meissas et Michelot assument aussi le procédé de la répétition comme moyen de mémorisation, mais, dans une logique de croisement des questions. Ils veulent, tout comme labbé Gaultier, rendre lapprentissage de ces énumérations un peu ludique, en assimilant linterrogation de géographie à un concours entre écoliers.
[
] Il ne suffit pas que les élèves apprennent une fois chaque chapitre, rien ne sort plus promptement de la mémoire que les notions de géographie qui nont pas été répétées souvent ; il faut avoir soin de revenir à chaque leçon sur une partie de ce qui a été vu précédemment et de recommencer les exercices que lon a déjà faits. Ces fréquentes répétitions sont particulièrement nécessaires pour la première partie, qui sont la base de tout notre enseignement géographique.
Tantôt on demande aux élèves le nom de tous les fleuves, de tous les lacs, de toutes les montagnes quils connaissent ; tantôt on leur fait répéter tout ce quils ont appris sur une contrée, sur une mer. On peut, pour ces questions, recourir à la table qui termine le livre.
Afin que les élèves ne reviennent pas toujours sur les mêmes sujets, et quils revoient toutes les parties de la géographie, on colle sur des jetons les numéros des chapitres qui ont été étudiés ; on met ces jetons dans une boîte ou dans un sac, et à chaque leçon les élèves en tirent au hasard un certain nombre, qui font lobjet dun exercice particulier. Si par exemple, ils ont tiré le n°23, ils récitent tout ce qui est relatif aux fleuves dEurope, et répondent aux questions qui leur sont adressées sur ce sujet. On trouvera aisément dans le livre le chapitre qui correspond à chaque numéro, et les réponses que lélève doit donner. [
]
(Meissas et Michelot.)
Le procédé de la répétition est aussi induit par la structure du livre qui traduit une organisation de létude, un curriculum, sur plusieurs années. Les deux premières sections de louvrage étudient chacune à leur tour les différentes contrées du monde. Mais là où il faut treize lignes pour présenter la liste des vingt-deux cantons de la Suisse dans la première section, trois pages et demi lui sont consacrées dans la deuxième partie destinée aux élèves plus avancés. Ce nest, bien sûr, pas seulement une question quantitative, mais un changement de lapproche.
Dans la deuxième partie de louvrage, la plus volumineuse, le plan descriptif type des différentes contrées se décline en trois sections : « Notions historiques », « Description générale », « Villes et lieux remarquables ». Les États les plus vastes bénéficient aussi dune partie supplémentaire inventoriant les « subdivisions » administratives. Une quatrième section se rajoute parfois dans les éditions les plus récentes, elle est intitulée « additions à la géographie physique » ; elle traite, en fonction des pays, des cours deaux, des montagnes ou des caps.
La troisième partie du livre, abordant ce que nous appelons aujourdhui, la géographie générale, reprend à son tour certaines des informations des parties précédentes. Ainsi, une certaine forme de répétition fonctionne entre la première partie qui donne en une dizaine de pages des définitions et des listes dinventaire (des mers, détroits, golfes, îles, presquîles, isthmes, caps, montagnes, volcans, lacs, fleuves ou rivières) et la troisième partie qui propose une section « géographie physique » de quatorze pages. De même, dans cette troisième partie, au travers de ce que nous qualifions aujourdhui de géographie générale humaine, il y a reprise synthétique des informations éclatées dans le cadre détudes par contrées dans la deuxième partie (productions, races, religions
).
Par comparaison avec le début du livre, le mode descriptif adopté par Meissas et Michelot dans les deux dernières parties de leur ouvrage, dans ces pages « destinées aux élèves les plus avancés », est dun ton nettement plus moderne, cest ici que lon dépasse la simple énumération ou la liste dinventaire organisée. Ceci peut être illustré par la description générale des Etats-Unis qui succède à un chapitre 353. Notions historiques et précède les chapitres 355. Divisions et 356. Villes et lieux remarquables.
Etats-Unis
[
] 354.
Description générale.
Cette vaste contrée, qui sétend de lOcéan-Atlantique au Grand-Océan, et depuis le golfe du Mexique jusquau bord du fleuve Saint-Laurent, offre des climats très-variés. Les États du nord éprouvent de grandes chaleurs en été, et des froids très-rigoureux en hiver. Ceux du milieu et du sud sont insalubres dans le voisinage de la mer, où règne la fièvre jaune ; mais dans lintérieur des terres, le sol est plus élevé et lair est plus pur. Les États de lest entre lOcéan-Atlantique et le Mississipi, sont bien cultivés et couverts dune population assez considérable. A louest de ce fleuve, on trouve, jusquau monts Rocheux, beaucoup de vastes savanes, couvertes dherbes élevées et dépourvues darbres ; mais au-delà de ces montagnes, dans les parties qui ne sont pas occupées par le Désert américain, on retrouve la végétation dans toute sa vigueur ; les arbres y acquièrent une grosseur prodigieuse : on y voit, dit-on, des sapins de 100 mètres de haut et de 15 mètres de circonférence.
Le sol des Etats-Unis renferme de très-riches mines de fer, de cuivre et de houille, du pétrole, de lor, du mercure, du plomb, etc. Les Américains sadonnent principalement à lagriculture ; ils exportent beaucoup de céréales et de riz ; ils ont longtemps fourni presque tout le coton employé dans lindustrie européenne ; ils recueillent aussi du sucre, du maïs, de lindigo, du tabac renommé ; les forêts donnent dexcellents bois de construction. Les pâturages nourrissent de nombreux troupeaux ; on trouve dans les Etats-Unis tous les animaux domestiques et la plupart des animaux sauvages de lEurope ; dinnombrables troupeaux de bisons, délans, de cerfs et de daims errent dans les savanes.
Cette contrée est sillonnée de nombreux chemins de fer qui sy développent rapidement. Le plus remarquable va de New-York à San-Francisco, en traversant le continent américain.
(Meissas et Michelot.)
Ainsi, la description souvre par la présentation de la situation de la contrée, viennent ensuite des indications sur les climats, suivies dinformations sur la végétation ; ensuite les auteurs énumèrent les ressources minérales puis celles de lagriculture avant de conclure sur les transports. Lenchaînement des centres dintérêt, logique interne de ce discours géographique, apparaît plus proche des descriptions des manuels de géographie du vingtième siècle que des dialogues catéchistiques de labbé Gaultier.
Il faut, néanmoins, modérer ce jugement optimiste sur ces pages de la deuxième et de la troisième parties de la Géographie méthodique. En effet, le questionnement des élèves par le maître, tel quil est souhaité par Achille Meissas et Auguste Michelot, ne porte guère sur ces parties intitulées Description générale. Dans les exemples de questions sur la deuxième partie du livre quils proposent dans leur introduction générale, les auteurs ne suggèrent guère de questions sur les Descriptions générales. Cest ce que nous souhaitons mettre en évidence dans le tableau n°7 où nous mettons en regard le déroulement des chapitres du texte courant de louvrage et les questions suggérées par les auteurs dans leur introduction.
Tableau 7 Meissas et Michelot :
Texte courant et exemple questionnement sur la 2ème partie
Texte courant
(2ème partie, pages 39-47)Questions suggérées dans lintroduction
(pages XIII et XIV)84.
Notions historiques
LAngleterre, appelée autrefois Bretagne, fut conquise par les romains vers lan 78 ; mais ils abandonnèrent cette contrée en 448. Les Bretons, opprimés par les peuples de lÉcosse, implorèrent le secours des Anglo-Saxons, qui [
]
Le gouvernement de lAngleterre est une monarchie constitutionnelle.
La religion anglicane domine en Angleterre et le presbytérianisme en Écosse ; ces deux sectes sont [
]
- Quel était autrefois le nom de lAngleterre ?
- Par quels peuples cette contrée a-t-elle été conquise ?
- Quelle est la forme de gouvernement des Iles-Britanniques ?
- Quelles sont les religions de cette contrée ?85.
Description générale.
Il y a dans la Grande-Bretagne beaucoup de montagnes, surtout en Écosse et dans le pays de Galles ; elles ne sélèvent pas à une très grande hauteur. La température de ce pays est froide et humide ; aussi le sol ne produit-il pas de vin, mais il donne beaucoup de grains et de fourrages. Les chevaux des Anglais, leurs bestiaux et les laines de leurs moutons sont très estimés.
On trouve dans les Iles-Britanniques une grande quantité de mines de fer, de plomb, de cuivre, détain, de houille ou de charbon de terre ; létain du comté de Cornouailles est le plus recherché.
Une multitude de canaux, et surtout de chemins de fer, favorisent le commerce de cette riche contrée.
LIrlande est couverte dun grand nombre de lacs ; elle est très-fertile, et nourrit une nombreuse population.
Quoique les Anglais aient porté lagriculture à un haut degré de perfection, leur industrie et leur commerce font leur principale richesse. Leurs manufactures sont très-renommées ; ils ont des relations commerciales avec tous les peuples de la terre.
- Doù viennent les richesses des Anglais ?
Suite du tableau page suivante
Texte courant
(2ème partie, pages 39-47)Questions suggérées dans lintroduction
(pages XIII et XIV)88.
Subdivisions
LIrlande est divisée en quatre provinces : la province dUlster, cap. Londonderry ; la province de Conaught, cap . Galway [
]
- Comment divise-t-on lIrlande ?89.
Villes et lieux remarquables
Angleterre
Londres (3,200,000 hab.), sur la Tamise, est la ville la plus populeuse de lEurope, et la plus commerçante du monde [
] Les principaux monuments sont :[
] Londres est la patrie de Bacon, de Milton, de Pope [
]
Liverpool (520,000 hab. ) à lembouchure de la Mersey, près de la mer dIrlande, fait un immense [
]
Oxford (37,000 hab. et Cambridge (26,000) sont les deux principales universités de lAngleterre. [
]
Stratford (4,000 hab.) bourg du comté de Warwick est célèbre par la naissance et la mort de [
]
Écosse.
Édimbourg (178,000 hab.) cap. de lÉcosse, est à une lieue de la mer ; la ville de Leith lui sert de port. Elle possède une université très-célèbre, où professa [
.]- Quelles sont les villes remarquables de lAngleterre ?
- Quest-ce que Londres ?
- Sur quel fleuve est située cette ville ?
- Quels sont les monuments remarquables de Londres ?
- Quels grands hommes cette ville a-t-elle produits ?
- Que remarque-t-on dans la ville dOxford ?
- Où est né Shakspeare ?
- Dans quelle université professa lhistorien Robertson ?
- Quelle est la ville la plus considérable des Iles-Britanniques après Londres ?90.
Addition à la géographie physique.
Cours des principaux fleuves
La Tamise se forme des deux rivières de Thames et dIsis arrose Oxford, Reading, Londres et se jette dans la mer du Nord
La Severn prend sa source dans les montagnes du [
]
Le Shannon arrose lIrlande, traverse les lacs de [
]
Canaux et chemins de fer
Les canaux les plus considérables [
]
Lacs
Les principaux lacs sont : 1° en Écosse, le lac Ness [
]
Montagnes.
Les montagnes les plus remarquables sont [
]
Golfes
Les principaux golfes des Iles-Britanniques sont [
]
Caps
Les caps les plus remarquables [
]
Iles
Outre les îles déjà nommées dans la première partie, on remarque les Sorlingues, au sud-ouest de [
]- Quelles sont les rivières qui forment la Tamise ?
- Quelles sont les villes qui sont situées sur la Tamise ?
- Quels sont les fleuves qui arrosent les Iles-Britanniques ?
- Quels sont les principaux canaux de lAngleterre ? de lÉcosse , de lIrlande ?
- Quels sont les principaux lacs de lÉcosse ? de lIrlande ?
- Où se trouvent les monts Grampians ? les Moorlands ?
- Quelle est la plus haute montagne de la Grande-Bretagne ?
- Quels sont les principaux golfes des Iles-Britanniques ? les principaux caps ? les principales îles ?Suite du tableau page suivante
Texte courant
(2ème partie, pages 39-47)Questions suggérées dans lintroduction
(pages XIII et XIV)91.
Possessions hors de lEurope
Les principales possessions des Anglais sont : [
]
- Quelles sont les possessions des Anglais en Asie ? en Afrique ? en Amérique ? Dans lOcéanie ?
La nature du questionnement, fait de questions fermées, de questions portant sur des savoirs ponctuels, qui sénoncent au travers dun mot, a comme conséquence que les interrogations portent plus sur certains aspects que sur dautres. Les questions sappliquent principalement aux leçons, « villes et lieux remarquables » (9 questions), aux « Notions historiques » et aux inventaires des « compléments de la géographie physique » (4 questions). Viennent ensuite, avec une seule question chacune, les leçons « subdivisons », « possessions hors dEurope » et « description générale » qui donnent pourtant le plus de sens aux connaissances géographiques. Aucune question ne porte sur les phrases introduisant des éléments de causalité du type : « La température de ce pays est froide et humide ; aussi le sol ne produit-il pas de vin, mais il donne beaucoup de grains et de fourrages. » ou « Une multitude de canaux, et surtout de chemins de fer, favorisent le commerce de cette riche contrée. »
Les géographies de Meissas et Michelot, avec leurs 2eme et 3eme parties rédigées uniquement sous la forme affirmative, sans formulation de questions catéchistiques, marquent ainsi une rupture avec les géographies de labbé Gaultier. Par leur ampleur, par leur côté encyclopédique, ces géographies témoignent du fait que, dès le milieu du XIXe siècle, lenseignement primaire vise un public âgé de plus de 11 ans, comparable à celui de lenseignement spécial pour lequel Émile Levasseur a été chargé en 1864 de rédiger les programmes de géographie, les élèves du cours supérieur, qui se transformeront ensuite en écoles primaires supérieures (E.P.S.), ancêtres des Cours complémentaires, puis des Collèges denseignement général (C.E.G.). Lenseignement primaire est alors un dispositif de formation complet et non une formation préalable à lenseignement secondaire. Les contenus et les valeurs diffusés par lenseignement de la géographie sont aussi caractéristiques du rôle assigné à lenseignement primaire.
3. La géographie édifiante
Les Lettres édifiantes ont été pendant les XVIIe et XVIIIe siècles la matière de lenseignement de la géographie dans les collèges des Jésuites. Formation morale et découverte du monde sont ainsi intrinsèquement liées dans la périégèse des apprentissages scolaires. Apprendre sa géographie, cest faire un voyage initiatique au cours duquel, tel le Télémaque de Fénelon ou les deux enfants du Tour de France, lécolier apprend à être vertueux en même temps quil apprend le monde.
Cette finalité perdure jusquà aujourdhui. En 1985 une collection de manuels scolaires prend pour titre : Télémaque, explicitant par ce choix, la valeur éducative de la découverte du monde sous la conduite dun Mentor, le livre de géographie ou le maître. Cette dimension édifiante de la géographie est présente dans les publications des savants comme dans les livres scolaires. Dans la première moitié du XIXe siècle, elle est présente de façon implicite dans les livres de géographie scolaire et de façon explicite dans les ouvrages de géographes tels ceux de Malte-Brun ou dAdrien Balbi.
3.1. Les géographes et la valeur éducative de la géographie
Pour Conrad Malte-Brun, les volumes du Précis de Géographie universelle (1810-1829) sont, en premier lieu, des livres pour les maîtres qui enseignent de la géographie :
Nous osons croire que notre Précis pourra servir de guide à tout professeur jaloux denseigner la géographie avec fruit ; que, dans les écoles supérieures, il pourra être mis entre les mains des élèves, et quil ne déplaira point aux gens qui désireraient sinstruire sans maître.
Dailleurs, quand il se pose la question de la frontière entre la géographie et les matières ou sciences voisines, il est conscient que souvent ses contemporains réduisent la géographie à un exercice de vocabulaire et dinventaire :
Nous circonscrirons même la géographie moderne dans de justes limites, qui, sans la réduire à une aride et insignifiante nomenclature, lempêcheront de se confondre avec dautres sciences.
(C. Malte-Brun.)
La mémorisation apparaît en effet comme un enjeu important en géographie. Cest au nom de cet objectif que Malte-Brun justifie son recours au pittoresque et à lanecdotique, en tant que procédé pédagogique facilitant la mémorisation de la toponymie ou de la nomenclature.
[
] nous ne nous interdirons pas non plus le plaisir de semer, au milieu dune description topographique, des traits dhistoire ou des anecdotes relatives aux murs, et qui servent à fixer dans la mémoire les noms les plus difficiles à retenir.
(C. Malte-Brun.)
Après Malte-Brun, quelques années plus tard, en 1832, Adrien Balbi explique que la géographie en elle-même, les savoirs géographiques en soi, que tous les livres de géographie ont une fonction éducative. La géographie est « une source de lumière et dinstruction pour la jeunesse studieuse » et les savants se doivent de transmettre leurs savoirs à la jeunesse, cest ce qui apparaît dans le texte introductif :.
Introduction à la géographie
À quelques honorables exceptions près, en France et en Angleterre surtout, les traités, destinés à propager et à favoriser létude de la géographie, sont devenus, pour ainsi dire la proie de savans ou littérateurs complètement étrangers à cette science. Presque tous semblent sortir du même moule : ignorance des faits, absence de critique, voilà leur cachet général ; presque tous sont la reproduction plus ou moins modifiée dautres traités de géographie auxquels on a ajouté quelques lambeaux de voyages récens, des extraits de journaux et des séries de chiffres statistiques, pris dans les feuilles quotidiennes et qui se rapportent à des époques différentes. Eh bien ! ce chaos où entrent pêle-mêle les élémens les plus hétérogènes, ce mélange monstrueux derreurs et de vérités, cette mosaïque de choses contemporaines et de choses qui ont cessé dexister depuis des siècles, est présenté à la jeunesse studieuse comme une source de lumière et dinstruction, comme létat actuel de la Terre, et exerce malheureusement une pernicieuse influence non-seulement sur létude de la géographie, mais aussi sur celle de plusieurs autres branches des connaissances humaines. Il est en France des hommes célèbres dans la science : ceux-là ont produit de savans mémoires ou des ouvrages dune profonde érudition. Plus dune fois, en étudiant leurs productions, nous avons regretté quils ne descendissent pas des hauteurs où ils sont justement placés, pour faire eux-mêmes comme Bossuet, le catéchisme aux enfans. Leur silence (*) et le besoin de remplir une lacune dans linstruction, a dirigé depuis longtemps nos méditations sur la composition dun véritable traité élémentaire. Nous lavions essayé dans notre patrie avec les faibles ressources que nous offraient nos propres moyens et les établissements littéraires de Venise. Habitant depuis plusieurs années la capitale de la France, quon pourrait sans exagération, appeler le rendez-vous obligé de tout ce quil y a de plus distingué et de plus remarquable sur le globe, nous avons pensé que nous pourrions tirer parti de cette circonstance favorable, qui nous rendait accessibles les immenses richesses littéraires renfermées dans les collections publiques et particulières et qui nous mettait en rapport avec une foule de savans et de personnages distingués, pour améliorer et pour étendre le plan de notre Compendio di geografia universale, en le modifiant de manière à le mettre en harmonie avec les progrès que la science avait faits depuis sa première apparition, et à le rendre digne de lépoque éclairée où nous vivons.
Telle est lorigine de louvrage que nous offrons au public. [
]
(A. Balbi.)
LAbrégé de géographie, tout comme le Précis de géographie universelle relève dun genre éditorial orienté vers un public cultivé ; ils visent à former plus les Mentor que les « Télémaques » auxquels sadressent directement les livres scolaires.
3.2. La géographie morale des peuples des années 1850.
Les livres pour écoliers assurent cette dimension éducative par le biais des valeurs quils diffusent plus ou moins implicitement. De ce point de vue, un ouvrage de géographie en usage dans les écoles des frères des écoles chrétiennes est dune grande transparence idéologique dans sa description de « murs et usages des principaux peuples ». Le tableau des peuples du monde et de leurs murs dressé par le frère P. B. dans cet abrégé de géographie consiste en une description que nous ressentons aujourdhui comme fortement caricaturale et à connotation nettement raciste. Les sources dinformation de lauteur et ses clichés sur les peuples sont puisés dans lenseignement de la géographie que les Jésuites ont développé dans le cadre de lenseignement des humanités dans leurs collèges. Le tableau de frère P. B. commence par la description des murs et usages des Français et des Anglais et se termine par celle des Javanais et des Polynésiens. La distance spatiale dans le texte semble souvent proportionnelle à la hiérarchie des vertus attribuées aux peuples :
Les Français sont spirituels, actifs, vaillants, gais, hospitaliers ; ont limagination ardente ; cultivent avec succès les arts et les sciences ; mais on leur reproche de la légèreté et lamour des nouveautés et des modes.
Les Anglais sont bien faits, spirituels, grands politiques, habiles navigateurs ; ils ont limagination vive pour linvention, sont fiers, envers les étrangers ; la haute classe est honnête, la basse classe est grossière. [
]
(frère P. B.)
Les peuples du monde sont appréciés en fonction de leurs activités. Ceux qui apparaissent les plus valorisés sont ceux qui « cultivent avec succès les arts et les sciences » (Français et Danois). Les Prussiens sont aussi « amateurs des sciences et des arts », les Italiens, les Grecs, les Perses y sont « aptes », les Russes « font des progrès » en ce domaine. Un peu moins doués, les Arabes (dArabie) se montrent « appliqués », surtout dans les sciences, les Mexicains « aiment les sciences et surtout les arts ». Ces peuples contrastent avec les Tunisiens qui « sont très-ignorants sur les sciences et les arts » et surtout des malheureux Lapons « ignorants, presque sauvages ».
Cette hiérarchie des peuples dans le domaine des sciences et des arts est plus ou moins corrélée avec une autre hiérarchie, plus implicite celle-ci, définie en fonction de leurs activités économiques ; hiérarchisation qui valorise les activités commerciales et lagriculture, qui péjore les activités de chasse et stigmatise le vol et le brigandage. Ainsi, Hollandais et Belges sont des peuples qui excellent, est-il dit, dans le commerce et lindustrie, à linverse des Turcs ou des Algériens. On voit donc que la discipline scolaire enseignée dans les années 1850 se prêtait fort bien à son instrumentation par les économistes libéraux comme linterprète Catherine Rhein.
Les Hollandais sont [
] fort habiles dans la navigation et le commerce [...]
Les Belges sont [
] probes dans le commerce, courageux dans les entreprises. [
]
Les Turcs [
] sont indolents, paresseux, négligents dans le commerce [
].
Les Algériens [
] nont dautres industrie que la fabrication de quelques étoffes.
(frère P. B.)
Selon le frère P. B., Chinois et Japonais sont de bons cultivateurs et en Afrique, les peuples de lAfrique orientale réussissent mieux dans le domaine agricole que ceux de Basse Guinée :
Les Chinois [
] sont sobres, industrieux, excellents cultivateurs [
]
Les Japonais sont [
] bons cultivateurs. [
]
Les habitants des Côtes Orientales de lAfrique [
] sexercent à lagriculture et aux arts. [
]
Les habitants indépendants de la Basse-Guinée [
] méprisent lagriculture.
(frère P. B.)
Parallèlement les activités des peuples de chasseurs et de cueilleurs (Cafres et Indiens des Amériques) sont peu valorisées par le frère P.B. :
Les Cafres [
] soccupent de la chasse et de la garde de quelques troupeaux de bufs et de moutons. [
]
Les Iroquois, les Hurons, les Illinois, les Canadiens, etc., sont [
] grands chasseurs.[
]
Les Patagons [
] vivent de pêche et de chasse [
]
Les Indiens retirés dans lintérieur de la Guyane vivent de la chasse [
].
(frère P. B.)
Ces aptitudes et ces activités sont associées à dautres qualificatifs qui renvoient plus encore aux qualités morales attribuées aux différent peuples. Ainsi, des peuples sont qualifiés de « vaillants » (Français, Allemands), de résistants à la fatigue (Suédois, Danois, Arabes), dautres de « courageux » (Polonais, Prussiens, Belges, Malais), de « laborieux » (Mexicains). À linverse dautres sont stigmatisés comme « indolents » (Égyptiens), « paresseux » (Lapons, Espagnols, Turcs, Hindous, Sénégambiens et Javanais) ou même « très-paresseux » (Haute-Guinée).
Dautres contrastes apparaissent aussi entre les sobres et les ivrognes ; les propres et les mal propres ; les honnêtes et les corrompus. Les peuples « sobres » (Espagnols, Turcs, Hindous, Chinois et Siamois) se distinguent des peuples où lalcoolisme sévit : Allemands « peu sobres », Perses qui « sadonnent au vin » et les habitants « ivrognes » des côtes de la Haute-Guinée. Les Hollandais sont vertueux car « sérieux et économes », et, tout comme les Belges, « propres » à linverse des Siamois « malpropres ». Lhonnêteté ou la probité caractérise les Polonais ou les Belges, tandis que les Turcs ont de « murs fort corrompues» et, pire encore, celles des Algériens sont « dépravées ».
Les plus décriés de tous les peuples sont ceux qui sont décrits comme voleurs ou pirates (Maures, Algériens, Egyptiens, Nubiens, Tatares, Siamois) et ceux qui sont présentés comme cruels entre eux ou envers les étrangers (Bédouins, Perses, Bérébères, Orénoques, Chilisiens et Malais). Les plus craints sont les anthropophages (Sénégambiens de lintérieur, Brésiliens et habitants de la Nouvelle-Hollande).
Frère P. B. souligne les « superstitions » religieuses des peuples animistes. Il y a ceux qui croient à un être suprême et ceux qui sont qualifiés de superstitieux ou de très superstitieux :
Les Iroquois, les Hurons, les Illinois, les Canadiens, etc., [
] adorent Dieu sous le nom de Grand-Esprit.[
]
La plupart des îles de la Polynésie sont habités par des noirs dun naturel doux et humain ; les uns sont idolâtres, les autres adorent un Etre suprême.
[
]
Les Hindous [
] Leur principale fête est en lhonneur du Gange ; ils simaginent que ses eaux ont la vertu de purifier la conscience. Les chefs de leur religion superstitieuse se nomment Brames. [
]
Les Chinois [
] sont très-superstitieux, croient à la métempsycose. [
]
Les habitants du Soudan sont de haute stature, très-noirs, nont aucune civilisation, sont très-superstitieux. Le vol dun oiseau, la rencontre dun animal, décident souvent des plus grandes entreprises [
]
Les Patagons [
] adorent les astres. [
]
(frère P. B.)
De ce point de vue, les Tatares sont les plus décriés et semblent les plus éloignés de lidéal religieux des frères des écoles chrétiennes. En effet, il va de soi pour le frère P. B. que la christianisation contribue à élever la valeur morale des peuples :
Les Cophtes, quoique chrétiens, sont aussi fort sujets à ces vices ; mais ils sont plus spirituels et plus susceptibles dune entière civilisation ; le patriarche du Caire a juridiction sur eux.[
]
Les habitants indépendants de la Basse-Guinée [
] croient en limmortalité de lâme ; mais ils nont de Dieu quune idée très-imparfaite, et lhonneur quils lui rendent est mêlé de cérémonies superstitieuses. Les Européens ont adouci les murs de ceux quils ont subjugués, et le christianisme les a en partie corrigés de linclination quils avaient au vol et au brigandage.
(frère P. B.)
Simultanément, le frère P. B. porte une appréciation sur laspect physique des peuples. Non seulement il caractérise certains peuples comme « grands » ou « robustes », mais il parle aussi de peuples « bien faits », (Algériens, Tripolitains, Péruviens). Ces jugements esthétiques recoupent lappréciation globale des caractères, des murs et des activités. Les Lapons et les habitants de la Terre-de-Feu sont explicitement qualifiés de « laids » de même « plusieurs indigènes de la Nouvelle-Hollande sont noirs, les autres sont cuivrés, extrêmement laids ». Dans dautre cas, le jugement esthétique sur lapparence des habitants est moins explicité :
Les Esquimaux ont le visage plat, le nez écrasé, les lèvres épaisses [
]
Les Chinois ont le visage large, de grandes oreilles, les yeux petits, le nez court, le teint olivâtre [
] Les Japonais sont grands, mal faits, ont le teint olivâtre, les yeux petits.
(frère P. B.)
Dans ces différentes échelles des mérites des différents peuples, les Tatares du Turkestan sont décriés dans de nombreux domaines : activité économique, mode de vie nomade, traditions alimentaires, organisation politique et rapport à la religion :
Les Tatares sont très-adonnés au brigandage et au vol ; ils habitent sous des tentes ou dans des chariots ; sont friands de la chair de cheval et des liqueurs fortes ; ils sont forts et robustes, mais peu policés, et nont presque aucune idée de Dieu.
(frère P. B.)
Ce tableau des caractères et des murs des peuples de la terre est donc plus loccasion dune leçon de morale que celle dun enseignement pratique, permettant une meilleure connaissance du monde afin de favoriser les conquêtes marchandes ou militaires. La fonction de la matière géographie à lécole primaire est alors celle dune discipline idéologique, avant dêtre une discipline pratique et utilitaire. Mais cest ce caractère ambivalent qui sera certainement une des causes de son succès institutionnel.
3.3. Géographies chrétiennes et géographies libérales en 1882
Ces dimensions idéologiques perdurent et se retrouvent quelques années plus tard dans le Cours supérieur de géographie pour lenseignement primaire à lusage des écoles chrétiennes. Les religions y sont étroitement associées à des races et non plus à des peuples comme chez le frère P. B. :
76. Espèce et races. Les hommes, tous issus dAdam, ne constituent ensemble quune seule espèce humaine.
Cependant ils peuvent se partager en trois types ou races principales : la blanche, la jaune et la noire, et deux races intermédiaires, dérivant des deux premières : la brune et la rouge.
(frère I. C.)
Curieuse fonction que celle de ce « Cependant » entre ces 2 phrases affirmatives, il permet à la seconde assertion de quasiment contredire lénoncé de la phrase précédente :
77. Géographie ethnographique. La race blanche habite [
]
78. Religion. Les peuples de race blanche connaissent généralement le vrai Dieu.
Le christianisme domine en Europe et en Amérique ; le mahométanisme, dans lAsie occidentale et lAfrique septentrionale. Le judaïsme est professé seulement par les Juifs dispersés sur le globe.
Les autres races sont généralement païennes. Le bouddhisme domine parmi les jaunes (les Chinois) ; le brahmanisme, parmi les bruns (les Hindous) ; et le fétichisme, parmi les Nègres en Afrique.
(frère I. C.)
En effet, dans lenseignement de la géographie par les frères des écoles chrétiennes, naturellement, au sens strict de ce terme, cest-à-dire littéralement par leur nature, les personnes « appartiennent » à une religion en fonction de leur race ou de leur nation. Ainsi pour décrire les Français, le titre du paragraphe 67 « Religion » est employé au singulier, à la différence des paragraphes précédents « 65. Familles ethnographiques », « 66. Langues » qui sont titrés au pluriel :
67. Religion. Les Français appartiennent à la religion catholique. Cependant il y a environ 600 000 calvinistes répandus surtout dans le Languedoc et la Charente, et 50 000 israélites.
(frère I. C.)
Quand, par exception, ils professent une autre religion que celle de leur « nature », ce fait est introduit par un « cependant ». Ladverbe permet darticuler de la même façon ce qui peut être une exception à la règle, une opposition ou une contradiction du discours. Le titre de paragraphe « Religion », ici au singulier, est dailleurs employé au pluriel dans les parties du monde où le catholicisme ne domine pas : en Asie, en Afrique, en Amérique, en Océanie et en Europe .
Sur le plan politique, en cette année 1882, où sont promulguées les lois scolaires de la IIIe République, le livre de géographie des frères des écoles chrétiennes incline toujours un peu plus du côté de la monarchie que de la république :
Le gouvernement est lautorité souveraine qui régit un Etat. On distingue la monarchie et la république.
Le gouvernement est une monarchie, lorsquil a pour chef un souverain, ordinairement héréditaire, appelé empereur, roi, prince, duc, etc.
Le gouvernement est une république, lorsquil na quun chef temporaire et électif appelé président.
(frère I. C.)
On peut y lire que la monarchie « a un chef », quelle bénéficie dun chef, alors que la république « na quun chef temporaire » et cette forme de gouvernement doit se contenter dun chef temporaire.
À linverse des frères des écoles chrétiennes, des auteurs comme Achille Meissas et Auguste Michelot, nés sous la Révolution et pourvus de prénoms inspirés par lAntiquité, peuvent être situés dans un courant politique plus « républicain », moins monarchiste et clérical, si lon en croît larticle du Dictionnaire de Ferdinand Buisson :
Achille Meissas, né à Gap le 4 mai 1799, mort le 14 mai 1874, fit de très brillantes études au lycée de Grenoble. Il se destinait à la carrière militaire ; mais ayant renoncé à ses projets après la chute de lEmpire, il vint retrouver à Paris, en 1816, son frère aîné Alexandre André, élève de lEcole polytechnique, qui venait dêtre licencié avec sa promotion ; [
]
Achille Meissas na jamais appartenu à linstruction publique ; mais dès la fondation de lAssociation polytechnique, au lendemain de la révolution de 1830, il fit avec son frère, des cours spécialement destinés aux ouvriers. Pendant de longues années, il a été membre de la Société de géographie, et il a même fait partie de la commission centrale de cette Société.
(F. Buisson.)
Cette différence dopinion, dans le domaine politique et religieux, se manifeste dans le texte de leurs géographies quand il sagit de présenter la forme du gouvernement de la France ou la place de la religion catholique dans ce pays. Leur formulation diffère fortement de celles que nous venons de relever dans le manuel des frères des écoles chrétiennes.
109. [
] La France est actuellement gouvernée par une Assemblée nationale et un chef du pouvoir exécutif. La religion catholique est celle de la majorité des français.
(Meissas et Michelot.)
Leur position par rapport au régime politique du pays et par rapport à ladhésion religieuse des Français se traduit par des énoncés objectivant les faits, contrastant avec les tournures utilisées par les frères des écoles chrétiennes dans leurs livres de géographies.
Quant aux peuples du monde, ils échappent aussi, dans la géographie de Meissas et Michelot aux caricatures que lon pouvait lire sous la plume du frère P. B. Ainsi, les malheureux Tatars, dernier peuple de la Terre aux yeux de ce dernier, bénéficient dune description beaucoup moins défavorable. Là où le frère P. B. ne voyait que brigands et voleurs, Meissas et Michelot dressent un tableau plus précis, plus informé et avec moins de jugements de valeur, même sils les qualifient de belliqueux, ce qui est probablement justifié.
246.
Notions historiques
Cette contrée portait, chez les anciens, le nom de Scythie en deçà de lImaüs ; elle était habitée par les Massagètes, les Saces, les Sodgiens et quelques peuples moins célèbres. Cest de là que sont sortis les Turcs, les Huns, et le célèbre Timour ou Tamerlan, qui régnait à Samarkand, à la fin du XIVe siècle.
Les principaux peuples qui habitent aujourdhui le Turkestan sont les Ouzbecks, qui occupent surtout la Grande-Boukharie, et qui sont les plus puissants de tous ; ensuite les Boukhares, les Turcomans, les Kirghiz et les Karakalpaks ; on y trouve aussi des Juifs. Le souverain de Boukhara prend le titre dÉmir-el-Mouménin (prince des croyants), et gouverne avec un pouvoir absolu ; les autres princes sont appelés Khans.
Les Kirghiz sont des peuples belliqueux et généralement nomades ; ils sont divisés en trois hordes, la grande est appelée horde dor. Ils ont été subjugués par les Russes, qui étendent tous les jours leurs conquêtes sur le Turkestan.
Les habitants du Turkestan sont généralement mahométans.
247.
Description générale.
Dimmenses steppes arides, coupées de lacs salés et de montagnes arides, couvrent plus de la moitié du Turkestan ; elles sont presque toutes occupées par les Kirghiz. [
]
(Meissas et Michelot.)
Si lon a souvent souligné les faibles différences séparant les livres scolaires publiés par les éditeurs « républicains » (Hachette, Colin) et les livres des éditions catholiques (Mame), si lon sait que dans la première édition du Tour de France les enfants rendaient grâce à Dieu à de multiples occasions, il serait incroyable que les désaccords idéologiques entre intellectuels du XIXe siècle ne transparaissent pas dans une littérature scolaire à forte finalité éducative comme la géographie. La géographie de Meissas et Michelot est aussi marquée, naturellement, par des partis pris idéologiques. Elle participe à lexaltation patriotique, elle a confiance dans le progrès technique et présente le rôle positif du développement du commerce et de la colonisation. Ces éclairages marquent durablement la géographie scolaire, ils en constituent même un de ses contenus éducatifs.
Il nest pas non plus surprenant que leurs « Descriptions générales » des diverses contrées sapprochent des modes descriptifs des géographies de la fin du XIXe siècle, leurs contemporains. Cest pourquoi il est difficile de reprendre ces propos de Numa Broc « Meissas et Michelot est devenu synonyme de manuel suranné et ridicule », sans les nuancer pour le moins.
Pour paraphraser le titre dun ouvrage désormais célèbre dYves Lacoste : La géographie à lécole, ça a servi dabord à faire de la morale, avant de préparer à la guerre ou au commerce. De ce point de vue, les géographies de Meissas et Michelot marquent une transition vers une géographie scolaire associant des finalités pratiques, économiques aux finalités morales.
4. Vers lenseignement obligatoire de la géographie à lécole primaire (1833-1882).
4.1. La géographie et la généralisation de lenseignement primaire.
De la loi Guizot de 1833 aux lois Ferry de 1881-1882, on note un double mouvement de généralisation de lenseignement primaire et de généralisation de lenseignement de la géographie (tableau 7). Encore faut-il préciser et distinguer écoles communales, écoles primaires et écoles élémentaires.
On distingue au temps de lenquête Guizot, les « écoles privées » et les « écoles publiques » : les premières sont celles que nous qualifions de « particulières », les secondes de « communales ». Au sud de la ligne Saint-Malo/Genève et dans les grandes villes, les écoles particulières sont plus nombreuses que les « écoles communales », ces dernières sont au total les plus nombreuses et nettement majoritaires au nord et à lest de la France. Elles se distinguent des autres par le fait quelles reçoivent des subsides de la commune sous diverses formes : fourniture de la maison décole à linstituteur ou versement dun traitement fixe au maître qui sajoute à lécolage versé par les parents des élèves payants. Ceci caractérise la France où la scolarisation est dans les faits devenue une affaire publique, où lenseignement primaire est déjà une école « communale », prise en charge par la municipalité.
De 1833 à 1882, les législations de Guizot, Duruy et Falloux marquent les étapes successives de la généralisation de lobligation pour les communes de financer une école primaire. Le budget municipal, éventuellement complété par une aide du département doit prendre en charge le bâtiment décole et son équipement. LÉtat assure, à partir de 1881, le traitement des instituteurs. La question des programmes devient une affaire dÉtat (programmes nationaux à partir de 1882), une affaire départementale (agrément des livres) et une affaire communale (financement des livres et des cartes).
Par ailleurs, jusque vers 1923, le terme denseignement primaire désigne une filière distincte de celle de lenseignement secondaire et non pas les classes élémentaires. Des classes élémentaires existent aussi dans lenseignement secondaire (de la 11ème à la 7ème). Après 1882, la gratuité de lenseignement ne sapplique pas aux classes élémentaires de lenseignement secondaire, qui reste longtemps payant à la différence de lenseignement primaire. Inversement, certains établissements primaires, donc gratuits après 1882 (Chaptal, Turgot à Paris, par exemple), donnent des enseignements dun niveau de plus en plus comparable à celui des collèges et des lycées de lenseignement secondaire. Ce dualisme des filières perdurera jusquaux réformes Fouchet, cest-à-dire pendant presque un siècle.
Tableau 8.
La géographie et lécole primaire, un siècle avant Jules Ferry.
AnnéesMinistresPrincipales dispositions législativesEnseignement de la géographie dans les écoles primairesXVIIIe Édition des premiers livres denseignement de la géographie1833GuizotUne école publique de garçons dans toutes les communes de plus de 2000 habitantsEnseignement de la géographie dans le cours supérieur1850FallouxLiberté denseignementEnseignement de la géographie facultatif dans les écoles primaires1867DuruyUne école publique de filles dans toutes les communes de plus de 500 habitantsEnseignement de la géographie obligatoire dans les écoles primaires1881-1882FerryGratuité. Obligation scolaire pour les deux sexes. Laïcité.Enseignement de la géographie au programme des cours élémentaire, moyen et supérieur
Cette distinction entre enseignement primaire et classes élémentaires est nécessaire pour mettre en perspective la législation scolaire (tableau 8). Ainsi, quand en 1833 la loi Guizot parle de la possibilité denseigner « des notions de géographie et dhistoire, et surtout de la géographie et de lhistoire de la France » à lécole primaire et quelle ne vise explicitement que « les élèves les plus avancés », il sagit des élèves âgés de 10 ans et plus. À linverse, quand la loi Falloux en 1850 rend facultatif dans lenseignement primaire lenseignement d « éléments de lhistoire et de la géographie », il ne sagirait dun véritable retour en arrière que pour les « les élèves les plus avancés » du cours supérieur.
Toujours pour nuancer leffet des décisions politiques, on peut aussi souligner que la loi du 10 avril 1867 de Victor Duruy qui fait des éléments de lhistoire et de la géographie de la France une matière obligatoire de lenseignement primaire ne touche vraiment que les classes où cet enseignement, facultatif, nétait pas déjà mis en uvre. Par ailleurs, rien nest dit dans la loi du contenu des programmes qui relèvent de la compétence des autorités académiques départementales.
Article 3 [
] Programme de géographie.
Cours élémentaire : Notions de géographie générale, définitions.
Cours moyen : Notions sommaires sur les cinq parties du monde et sur lEurope en particulier.
Cours supérieur : Géographie physique, politique, agricole, industrielle et commerciale de la France.
Tableau 9.
La législation et lenseignement de la géographie dans les différents cours de lécole primaire (1833-1882)
annéesCours élémentaireCours moyenCours supérieurAn IV (1795)---An X (1802)---1833--Notions de géographie1850FacultatifFacultatifFacultatif1867Notions de géographieNotions de géographieGéographie1882Programme nationalProgramme nationalProgramme national
Jusquen 1833, la géographie a été absente des textes législatifs, mais son enseignement a commencé petitement à se diffuser, comme en témoignent les rapports dinspection des écoles et lédition de livres. Cest une période de premier développement. Ensuite, de 1833 à 1882, la géographie est reconnue comme matière scolaire ; mais la fourchette des possibles reste grande dans cette période. Après 1882, léventail des possibles reste ouvert dans la mesure où il y une marge importante dinterprétation de programmes, fort succincts dans leur énoncé, mais la géographie est devenue un enseignement obligatoire dans tous les cours.
Il ny a donc pas de parallélisme étroit entre lévolution de la législation et la généralisation de lenseignement de la géographie, mais la généralisation de lenseignement de la géographie suit de près la généralisation de lenseignement.
4.2. La défaite de 1870, mythique événement fondateur de la géographie scolaire.
Les programmes nationaux de 1882 reprennent globalement les instructions du ministre Jules Simon du 18 novembre 1871. Ils marquent lachèvement du processus dinstitutionnalisation de lécole primaire et de lenseignement de la géographie dans le cadre des lois Jules Ferry. Au lendemain de la défaite de 1870 et de la Commune de Paris de 1871, ces évènements servent de justification au développement de linstruction primaire et à lenseignement de la géographie à lécole. Cest, depuis les dernières décennies du XIXe siècle, le point de vue déclaré des géographes français. Cette opinion est plus nuancée chez Schrader que chez Pâquier ou Möessard :
Deux causes, lune particulière à la France, lautre plus générale, ont attiré lopinion publique département de la Seine de 1872. Ce contexte a contribué à associer ce phénomène avec ces événements militaires et les efforts des pédagogues sur la géographie. La première cause, souvent considérée comme la seule, cest la guerre de 1870. Il nous est resté de nos désastres, outre la douleur, un certain sentiment dhumiliation : létranger était géographiquement mieux préparé à envahir notre sol que nous à le défendre. De là une impulsion subite, qui, pour avoir eu des résultats rapides, na pas été moins sérieuse et moins durable. Elle augmente plutôt que de diminuer ; on noubliera plus en France quil faut apprendre la géographie à tout prix.
À cette cause soudaine de conversion, il faut en ajouter une autre plus puissante encore, sous peine de mal comprendre et de mal réaliser la réforme de lenseignement géographique. Depuis que lhomme habite sur la terre, il sétait établi entre la planète et lui des rapports de toute sorte qui faisaient partie de son existence physique et morale.
(Fr. Schrader, 1882.)
Si nous mettons à part quelques livres, rédigés par des maîtres habiles, que nous venons de rappeler, et qui navaient pas eu le temps de produire tous leurs fruits, nous voyons quen 1871 tout, ou à peu près, était à faire.
(J.-B. Pâquier, 1884.)
Les terribles enseignements de la guerre de 1870 ont eu pour résultat dimprimer en France un élan magnifique à létude des sciences de la terre, géographie et topographie. Partout des sociétés, des corporations se sont créées pour propager ces connaissances, et organisent des excursions périodiques pendant lesquelles les sociétaires, sexercent à la lecture et à lemploi du terrain. Cette vive impulsion a porté des fruits. Les écoles civiles ou militaires ont introduit dans leur programme cette matière nouvelle ; le Dépôt de la guerre sest associé au mouvement ; il a beaucoup produit et répandu à profusion dans le public les éditions à bon marché de ses magnifiques cartes [la carte de létat-major, édition zincographique, se vend aujourdhui 10 centimes le quart de feuille], il a achevé les uvres en cours dexécution, il en a entamé de nouvelles, et ses productions, autrefois lapanage de quelques savants, se sont vulgarisées et se trouvent maintenant dans toutes les mains.
(P. Moëssard, 1886.)
La défaite de 1870 reste aujourdhui souvent indiquée comme élément de contexte marquant ou même comme facteur décisif pour expliquer lessor de lenseignement de la géographie. Une lecture rapide de citations, extraites de leur contexte, pourrait tendre à faire de lannée 1870, lannée charnière pour cet enseignement. Les affirmations de la fin du XIXe pourraient paraître reprises sans critique, faisant de la chronologie de lhistoire politique de la France un élément décisif.
Après la défaite de 1870, sest exprimée la volonté de donner à tous les élèves le sens de la nation, en leur présentant, de façon concrète, son passé et son territoire, dans des leçons obligatoires dhistoire et de géographie. La généralisation de lenseignement primaire et le développement des études secondaires ont suscité une forte demande de formation des maîtres pour ces disciplines [
]
(R. Marconis, 1996.)
Cest quaprès la défaite de 1870 et lécrasement de la Commune, lenseignement de lHistoire et de la Géographie (à raison dune heure par jour) doit développer chez les petits Français le patriotisme et lattachement à la République naissante.
(H. Delpup, G. Lorquin, 1999.)
Lenseignement de la géographie a toujours existé, notamment dans les écoles militaires. Mais lenseignement de la géographie moderne, qui a été généralisé dans le système éducatif français en raison dune volonté politique, na vraiment débuté quaprès 1870, dans le contexte de la défaite française devant les armées prussiennes.
(M. Masson-Vincent, 2001.)
Numa Broc et Horacio Capel mettent en évidence le rôle pédagogique, éducatif, globalement reconnu à la géographie. Ils soulignent aussi les dimensions nationalistes de cette généralisation de la géographie, ils montrent quelles ne sont pas dissociables des finalités économiques et quil sagit dun phénomène européen qui a commencé au milieu du XIXe siècle.
Pour les savants de lépoque, lamour propre national, les préoccupations commerciales et coloniales, les buts scientifiques et humanitaires se confondent dans une même bonne conscience géographique et dans un même enthousiasme géographique.
(Numa Broc, 1974.)
The development of European nationalism during the nineteenth century is related to innumerable factors (the influence of French Revolution, romanticism, discontent among small agricultural landowners and the emerging middle class, etc.). It is evident, nevertheless, that to a great extent nationalism also coincides, above all after 1848, with the interests of the growing European bourgeoisie, at a time when national markets were united and the bourgeoisie began dismantling the structures of old regime and of rationalization and homogenization of their respective territories of influence.
(Horacio Capel, 1982.)
En ce qui concerne le cas de la France, Catherine Rhein montre comment « un certain nombre de représentants de lécole libérale « optimiste » appartenant ou proche de lAcadémie des Sciences Morales et Politiques [
] procèdent, entre 1840 et 1860, à la mise en forme dune doctrine dérivée de lindustrialisme saint-simonien », ce sont eux, et en particulier Émile Levasseur qui sapproprieront la géographie scolaire au milieu du XIXe siècle et qui pousseront à son développement. En ce qui concerne lécole primaire, Monique Benoît, parle dune « fondation en 3 temps », relativement indépendants des événements dramatiques militaires et politiques, fondation articulée autour de 3 dates de la réglementation scolaire : 1867, 1871, 1882.
La géographie, matière obligatoire en 1867, une nécessité économique. [
]
Le plan Simon de 1871, premier modèle de programme national. [
]
Lautonomie de la géographie proclamée par la loi du 28 mars 1882 sur lenseignement primaire.
(M. Benoît , 1992.)
Dans un tel processus, rythmé en France par la réglementation scolaire, nous allons nous focaliser sur les années qui précèdent la défaite de 1870, afin de souligner que les fondations étaient déjà en place. Les événements politiques et militaires ont certes été instrumentés par les tenants dun enseignement de la géographie, mais les bases de son essor dans lécole primaire étaient installées au plan législatif comme au plan didactique dès 1867 (tableau 10).
Tableau 10. De la géographie de labbé Gaultier aux lois Ferry (1788-1882)
DécenniesGéographie et école primaireGéographie savante et
évènements scientifiquesAvant 17901752, BUACHE, Essai de Géographie physique,
1754, BÜSCHING, Neue Erdbeschreibung ,
1775, GATTERER, Abriss der Geographie.17901788. Abbé GAULTIER, Les leçons de géographie par le moyen du jeu.
1795. Ordonnance du 3 Brumaire an IV.18001802. Loi 11 floréal an X : remet aux communes lécole primaire.
1805. PESTALOZZI à Yverdon.1807. HUMBOLDT, Essai sur la géographie des plantes
1808. ZEUNE, Versuch einer wissenschaftlichen Erdbedschreibung.18101815. Labbé Gaultier nommé pendant les Cent jours à la commission pour la réorganisation de lenseignement primaire.1810-1829. MALTE-BRUN, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau.
1817-1857. RITTER, Erdkunde
18201827. MEISSAS, MICHELOT, Nouvelle Géographie méthodique.
1828. LETRONNE, Cours élémentaire de géographie.1821. Fondation de la société de géographie de Paris. 18301833. GUIZOT, Loi du 28 juin.
1834. GUIZOT, Statut sur les écoles primaires élémentaires.1832. BALBI, Abrégé de géographie1840Vers 1840. CORTAMBERT,
Petit atlas géographique du premier âge.1841. DUFRENOY, Elie de BEAUMONT, Explication de la carte géologique de France.
1844. RITTER, Über die asiatische Heimat und die geographisches Verbreitung de Platane, des Oliven und Feigenbaum, der Granate, Pistacia und Cypresse in der alten Welt.18501850. FALLOUX. Loi du 15 mars.
1857. ROULAND. Circulaire du 20 août.1852, CORTAMBERT, Place de la Géographie dans la classification des connaissances.
1859. DARWIN, De lorigine des espèces au moyen de la sélection naturelle.
1845-1862 HUMBOLDT, Le Cosmos.18601867. DURUY. Loi du 10 avril relative à lenseignement primaire.
1868. GRÉARD. Instructions générales
LEVASSEUR, E., Petite géographie de la France et de ses colonies.1863, Exposition universelle de Londres, exposition scolaire et conférences.
1867, Exposition universelle de Paris, exposition scolaire et conférences.18701871. LEVASSEUR, HIMLY. Rapport Général sur lenseignement de LHistoire et de la Géographie.
1875. BUISSON. Rapport sur linstruction primaire à loccasion de lexposition universelle de Vienne en 1873.
1876, Géographie des écoles primaires, Cours supérieur. Tours : Mame.
1877. BRUNO. Le tour de France par deux enfants.
1879. Musée pédagogique de la ville de Paris.1871, Premier congrès international de géographie, Anvers.
1873, Exposition universelle de Vienne, exposition scolaire et conférences.
1874, DESDEVISES DU DÉZERT, Ouverture du cours à la faculté des Lettres de Caen.
BERLIOUX, Des cartes topographiques et de la lecture des cartes géographiques.
1876, Exposition universelle de Philadelphie, exposition scolaire et conférences. Deuxième congrès international de géographie, Paris. CLERC, Introduction à la géographie géologique de la France.
1876-1894, RECLUS, É., Nouvelle Géographie universelle.
1877, Vidal de La Blache, maître de conférences à lÉcole Normale Supérieure.
1878. Exposition universelle de Paris, exposition scolaire et conférences.18801880-1887. BUISSON, Dictionnaire de pédagogie et dinstruction primaire.
1880, 5juin, création de lE.N.P.S. de Fontenay-aux-Roses.
1881, 16 juin, tous les instituteurs doivent avoir le brevet.
1882. FERRY. Loi du 28 mars, Arrêté du 27 juillet 5juin, création de lE.N.P.S. de Saint-Cloud. Chaires de géographie à Paris, Bordeaux, Lyon, Caen et Dijon.
1884, PAQUIER, Les progrès accomplis en France depuis 1870 dans létude et lenseignement de la géographie.
1885, VIDAL DE LA BLACHE, P., Collection de cartes murales accompagnées de notices.
4.3. 1865-1867 La mise en place dans lenseignement primaire et dans lenseignement secondaire spécial dun enseignement moderne de la géographie.
Les programmes officiels et les publications des différents éditeurs peuvent être interprétés comme des éléments dimpulsion contribuant à la généralisation de lenseignement de la géographie, ils peuvent aussi être interprétés comme des indicateurs du succès de cet enseignement.
La géographie entre lhistoire et léconomie.
En 1865, le ministre de lInstruction publique, Victor Duruy, suspend les cours de géographie dans lenseignement secondaire classique en classe de philosophie. Ceci traduit-il un désintérêt pour lenseignement de la géographie ?
La géographie est une nomenclature dont la mémoire doit se charger, et qui comme toutes les nomenclatures, soublie vite. [
] Pour apprendre cette nomenclature, il nest pas besoin dune classe régulière ; quelques dessins et interrogations suffisent. La classe dune quinzaine précédemment consacrées à la géographie sera donc rendue aux lettres [
]
Mais la géographie nest pas seulement une nomenclature ; elle est encore une science fort belle, très philosophique, et qui explique la moitié de la destinée des peuples. Aussi faut-il la mêler sans cesse à lhistoire
[
]
(V. Duruy.)
En 1867 la suppression de la conférence de géographie est étendue à lensemble des hautes classes des lycées (rhétorique, seconde et troisième), par lettre circulaire du 2 mars 1867, signée du ministre. Pourtant, et dans un même mouvement, pourrait-on dire, il promulgue le programme de géographie de lenseignement secondaire spécial (4 avril 1866) et la loi relative à lenseignement primaire (10 avril 1867) qui ajoute la géographie aux matières obligatoires de lenseignement primaire :
Article 16. Les éléments de lhistoire et de la géographie de la France sont ajoutés aux matières obligatoires de lenseignement primaire.
(V. Duruy.)
Les programmes de lenseignement secondaire spécial, cest-à-dire avec enseignement dune langue vivante et sans latin et grec ont été rédigés sur les conseils dÉmile Levasseur. Le Tracé de la carte du département et létude sommaire de la France sont au programme de lannée « préparatoire » qui accueille les plus jeunes élèves de lécole élémentaire. Les cinq parties du monde et létude détaillée de lEurope sont au programme de la première année. La deuxième année est consacrée à la géographie agricole, industrielle, commerciale et administrative de la France et de ses colonies. La troisième année à la géographie commerciale des cinq parties du monde et à la France, considérée dans ses rapports avec létranger.
Dans ce double mouvement, suspension de lhoraire dans lenseignement classique, promulgation dun nouveau programme dans lenseignement spécial, on voit saffronter deux conceptions à propos des finalités de lenseignement secondaire. La géographie explication philosophique de lhistoire des peuples est remise en cause, la géographie économique « indispensable au négociant » est promue.
[
] Dans les cours des années précédentes, les élèves ont étudié la France avec détails ; ils ont appris à connaître les richesses de son sol et les produits de ses manufactures, ainsi que les facilités données à son commerce intérieur. Ces notions constituent le côté essentiel de leur instruction géographique spéciale ; aucun deux nen doit être privé, même ceux que les nécessités de la vie obligent à quitter le collège à la fin de la seconde année. Mais il est une autre partie dont lutilité saccroît à mesure que les relations des peuples se multiplient : cest la géographie du commerce général du monde. Elle est indispensable au négociant ; lindustriel lui-même y puise de précieuses indications. En Angleterre, les fabricants sont au courant de létat des marchés les plus lointains, aussi bien ou mieux que de létat du marché de Londres ; leurs rapports multipliés avec létranger leur facilitent cette connaissance, qui à son tour accroît leurs relations.[
]
(V. Duruy.)
En ce qui concerne lenseignement primaire Monique Benoît souligne le rôle fondamental dOctave Gréard. Condisciple dÉmile Levasseur à lEcole Normale Supérieure, il est nommé en 1864 inspecteur dacadémie de la Seine et accompagne le texte de loi de Victor Duruy dun règlement dorganisation pédagogique des écoles de la Seine (10 juillet 1868) et dune instruction générale sur sa mise en uvre. Les découpages administratifs tiennent encore une grande place dans le programme de géographie, mais en amont de ceux-ci la géographie physique prend une place spécifique et 6 leçons sur 30 du cours supérieur sont consacrées à la géographie économique (tableau 11).
Tableau 11.
Plan détude dOctave Gréard pour les écoles de la Seine, 1868.
Numéros des leçons consacrées à différents domaines.
Cours élémentaireCours moyenCours supérieurRévision1. 2. 3. 4. 5.Cosmographie.1. 2. 3.Définitions, Nomenclature, 1. 2. 3. 4. 5. 6.4.Mappemonde et grandes divisions du globe.7. 8. 95. 6. 7. 8. Europe géographie physique9. 10. 11. 12.6. 7. 8. 9. 10.Europe géographie politique.12. 13. 14.France généralités10. 11.12.France géographie physique15. 16. 17.France géographie politique, géographie administrative, anciennes provinces, départements.18. 19. 20. 21. 22. 23. 24.11. 12. 13. 14. 15. 16.
26. 27. 28. 29. 30.France, agriculture, industrie et commerce25.17. 18. 19. 20. 21. 22.Colonies23. 24. 25.
Le programme dOctave Gréard est signé par le ministre de lInstruction publique, Victor Duruy, mais il ne sapplique quau département de la Seine. En effet, chaque département a alors sa propre réglementation dans ce domaine. Certains ont des programmes scolaires de géographie, dautres non, même si lenseignement de la géographie est devenu obligatoire à lécole primaire. Le plan détude le plus répandu était alors celui de Jean-Jacques Rapet, organisé sur cinq années, qui accorde moins de place à létude de lagriculture, de lindustrie et du commerce que celui de Gréard.
Les éditeurs proposent de nombreux matériels pour enseigner la géographie.
Les publications des différents éditeurs français sont des indicateurs précieux pour apprécier la mise en place de ce dispositif denseignement de la géographie, et ce dès avant 1870. La comparaison de la liste des publications de géographie de Meissas et Michelot et dÉmile Levasseur met en valeur le caractère diversifié du matériel didactique proposé par les éditeurs au milieu du XIXe siècle. Un cycle de publication sachève chez léditeur Louis Hachette, alors quun autre commence chez Charles Delagrave (tableau 11).
Pour faire cette comparaison nous avons utilisé dune part la liste des ouvrages de MM. Achille Meissas et Auguste Michelot indiqués dans lédition de 1871 de leur Nouvelle géographie méthodique et dautre part les 31 pages de présentation du matériel composé par Émile Levasseur publiées en 1872 à la suite son ouvrage Létude et lenseignement de la géographie. On peut donc considérer que ces deux listes sont quasiment contemporaines.
Meissas et Michelot sont alors des auteurs âgés, leur Nouvelle géographie méthodique en est à sa 52ème édition. Ils visent essentiellement le public des écoles primaires et leur ouvrage principal est un livre unique organisé en 3 parties correspondant à 3 cours de lécole primaire. Ils ont aussi rédigé des géographies pour enseigner la géographie historique ou la religion. À linverse Émile Levasseur ne se tourne pas vers lhistoire, mais vers la statistique et léconomie. Il publie dabord des livres pour lenseignement spécial, dont il a inspiré les programmes officiels et il prépare des livres pour lenseignement primaire (tableau 12). Nous sommes quelques années avant lexposition de Philadelphie (1876) et Levasseur na pas encore lidée du « Texte-Atlas », sur le modèle des ouvrages américains ; mais, à la différence de Meissas et Michelot, il propose déjà « des figures intercalées dans le texte ». Ainsi Émile Levasseur et son éditeur Charles Delagrave apparaissent ici comme des novateurs, alors quAchille Meissas et Louis Hachette bénéficient de la notoriété dun renom plus ancien. Ce nest quen 1882, avec la collaboration de Schrader, que Louis Hachette renouvellera sa collection de livres de géographie pour le primaire, lançant une nouvelle série douvrages avec de nouveaux auteurs.
Les années 1866-1882 constituent donc une phase de renouvellement du dispositif éditorial. Elles correspondent au remplacement des vieux livres scolaires de la génération abbé Gaultier Meissas et Michelot par les nouveaux manuels scolaires, les nouvelles petites géographies de Levasseur, Schrader et Foncin. Ce phénomène se présente comme un tuilage, les collections innovantes se juxtaposant durant cette période aux ouvrages de la génération précédente.
Si les livres de géographie de Meissas et Michelot continuent à ne pas avoir dillustration, ni de cartes, lutilisation de cartes en complément du livre est plus explicite que chez labbé Gaultier :
Nous croyons utile de faire connaître aux parents et aux jeunes instituteurs les procédés qui paraissent les plus propres à assurer le succès des leçons. [
]
Dans toutes les leçons, les maîtres doivent faire un grand usage des cartes muettes ; elles aident la mémoire des élèves, captivent leur attention, et gravent dans leur esprit les positions des divers accidents géographiques. Elles fournissent aussi des sujets de composition : les élèves écrivent de mémoire sur ces cartes les noms des contrées, des fleuves, des lacs, etc., qui sy trouvent représentés, et cet exercice les conduit au dessin de la carte, travail qui doit compléter les études géographiques, et dont nous avons expliqué les procédés à la fin de la troisième partie.
Nous recommanderons seulement ici de faire commencer les élèves par des cartes ou des parties de cartes très-faciles. On leur demandera dabord les contours dune contrée ; il y ajouteront successivement les fleuves, les rivières, les principales villes, les montagnes, etc., et ils arriveront ainsi graduellement au dessin des cartes les plus compliquées. On leur apprendra ensuite à changer les dimensions dune carte, pour la réduire ou pour lagrandir, et enfin à tracer les projections.
Cest pour amener graduellement les élèves à la construction des cartes les plus difficiles, et en même temps que nous avons publié des feuilles dexercices géographiques, lithographiées sur 1/2 carré. [
] »
(Meissas et Michelot.)
Dans le cadre de linspection que mènent Levasseur et Himly en 1871 pour préparer leur rapport sur lenseignement de lhistoire et de la géographie, ils constatent que les cartes de Meissas et Michelot sont, avec celles de Magin, les plus répandues dans les Ecoles normales dinstituteurs et « dans la majeure partie des établissements, en quantité suffisante. » Mais, le Dictionnaire de Ferdinand Buisson fait remonter la publication de petits atlas pour lécole primaire à la Monarchie de juillet :
Mais si lon veut retrouver le véritable atlas primaire dans toute sa simplicité, à un prix réduit pour quil soit dun usage général, cest en France quil faut, croyons-nous, en chercher les débuts : dabord dans le Petit Atlas géographique du premier âge de M. Cortambert (vers 1840, éditeur Hachette) ; puis (1851) dans celui de MM. Lebrun et Le Béalle, malheureusement fidèle au système de Buache, mais dont la préface réagissant contre labus des questionnaires de labbé Gaultier, disait très bien : « Savoir la géographie, cest savoir la carte et non le livre » ; enfin (1865) dans lélégant Petit Atlas élémentaire de géographie moderne, avec texte ou sans texte, de M. Cortambert (éditeur Hachette), bientôt suivi de celui de M. Périgot (éditeur Delagrave) et plus récemment 1873 de celui de M. Foncin (éditeur A. Colin) qui a su habilement profiter des progrès accomplis par ses devanciers français et étrangers.
(F. Buisson.)
Le processus est amorcé dès avant 1870 dans le domaine de la production des atlas et des cartes murales, ces deux éditeurs, Louis Hachette et Charles Delagrave, proposent déjà des cartes en relation avec leurs livres scolaires, avec la Nouvelle géographie méthodique chez Hachette, avec les découpages des programmes scolaires effectués par Levasseur chez Delagrave. Au total Meissas et Michelot proposent 19 cartes écrites et 8 cartes muettes différentes, ils annoncent la publication prochaine de 54 cartes différentes. Levasseur une collection plus fournie de 54 cartes, mais sans cartes muettes (tableau 13).
Tableau 12. Les livres scolaires de géographie de Meissas et Michelot et ceux dÉmile Levasseur en 1871-1872
Livres pour les élèves de
A. Meissas et A. Michelot,
L. Hachette éditeur (année 1871)Livres pour les élèves de
É. Levasseur,
C. Delagrave éditeur (année 1872)
Pour les élèves des écoles primaires
( et livres en préparation)- Nouvelle géographie méthodique 1 vol. in-12. 2,5F.
- Petite géographie méthodique destinée aux enfants du premier âge, 1 vol in-18. 2,5F.
- Manuel de géographie reproduisant 28 tableaux avec additions à la géographie de la France ; 1 vol. in-18 ; 0,75F.- Petite géographie de la France à lusage des écoles primaires, 1 vol. in-18 de 48p., figures intercalées dans le texte. 0,60F. (en préparation)
- Petite géographie de la Terre à lusage des écoles primaires, 1 vol. in-18 de 48p. avec figures intercalées dans le texte. (en prép.)
- La petite géographie des écoles primaires. Ouvrage composé de la réunion des deux précédents (en préparation).
-Petites géographies du département et de la France à lusage des écoles primaires (collection en préparation)
Livres non spécifiques du primaire
(et livres en préparation)
- Géographie ancienne, comparée avec la géographie moderne. 1 vol ; in-12. 2,5F.
- Petite géographie ancienne, comparée avec la géographie moderne. 1 vol ; in-18. 1F.
- Géographie sacrée, approuvée par larchevêque de Paris et plusieurs autres prélats, 1 vol., in-18. 1,25F.- La Terre (moins lEurope), géographie et statistique ; 1 vol. in-18, figures intercalées dans le texte (2/3 parus) 2, 5 F.
- LEurope (moins la France) géographie et statistique ; 1 vol. in-18, figures intercalées dans le texte. 4 F.
- La France avec ses colonies géographie et statistique ; 1 vol., figures intercalées dans le texte, 3F.
- La géographie physique, politique, économique (rassemblant les 3 ouvrages précédents, avec introduction sur lEtude et lenseignement de la géographie, 1700 pages).
- La géographie physique, ouvrage composé à partir des précédents, plus partie nouvelle « la Nature et lhomme) (sous presse)
- Géographie de la France et de ses colonies, 1 vol. in-12 de 142p. Avec figures intercalées dans le texte. 1F. (en préparation)
- Géographie des cinq parties du monde, 1 vol.. in-12 , figures intercalées dans le texte. (En préparation)
- Manuel de géographie (ouvrage composé de la réunion des deux précédents.) (en prép.).
Tableau 13. Atlas et cartes scolaires de Meissas et Michelot et dÉmile Levasseur en 1871-1872
Atlas et cartes
d A. Meissas et A. Michelot,
édités par L. Hachette (1871)Atlas et cartes
dÉmile Levasseur,
édités par Charles Delagrave (1872)
Atlas cartonnés avec cartes
in-folio.- Atlas de la nouvelle géographie méthodique, 8 cartes in folio. (Le monde et la France) 6F.
- Le même avec les 8 cartes muettes 11,50F.
- Atlas universel de la nouvelle géographie méthodique , 12 cartes in-folio écrites, 10,50F.
- Le même avec en plus 8 cartes muettes, 15F.
- Atlas universel de la géographie moderne, 19 cartes écrites, 15F.
- Le même avec en plus 8 cartes muettes, 21F.- La Terre (moins lEurope), atlas15 cartes coloriées, 3 F.
- LEurope (moins la France), atlas de 34 cartes coloriées, 4F.
- La France avec ses colonies, atlas de 27 cartes coloriées, 3F.
- Géographie physique, politique, économique, atlas rassemblant les 92 cartes précédentes.
- Géographie agricole, industrielle, commerciale et administrative de la France et de ses colonies, 19 cartes, 2,5F.
- Géographie commerciale des cinq parties du monde, 14 cartes.
En préparationCartes format in-8°
- Petit atlas élémentaire, 8 cartes écrites. 2,5F. Le même avec en plus 8 cartes muettes, 3,50F.
- Petit atlas universel de la géographie moderne, 17 cartes écrites, 5F. Le même avec en plus 8 cartes muettes, 6F.
- Atlas complet de géographie ancienne, du moyen-âge et moderne et de géographie sacrée, 54 cartes. 14F. Le même avec 8 cartes muettes, 15F.
- Atlas de géographie ancienne, 19 cartes, 5F.
- Petit atlas de la géographie du moyen-âge et des principales époques des temps modernes, 10 cartes, 3,5F.
- Petit atlas de la géographie sacrée, 8 cartes sur 6 planches, 2F.
- Cartes muettes pour exercices géographiques sur grand raisin, 8 cartes, 0,20F.Atlas brochés
- Petit atlas de la France, 8 cartes tirées en chromolithographie.
- Petit atlas des cinq parties du monde, 16 cartes tirées en chromolithographie.
- Petit atlas de la France et des cinq parties du monde, 24 cartes tirées en chromolithographie.
- Atlas élémentaire, 8 cartes.
Dans le domaine des grandes cartes murales (tableau 14) le même type de « tuilage » apparaît. Avec Meissas et Michelot, Hachette propose une gamme de cartes murales plus fournies (19 grandes cartes et 6 petites) que les éditions Delagrave qui néditent que 2 cartes murales et ont avec Émile Levasseur 4 autres en projet, ces dernières étant plus modernes dans leur conception. En effet, les cartes murales de Meissas et Michelot sobtiennent par la juxtaposition de plusieurs feuilles de format inférieur, les cartes de Levasseur tiennent sur une seule feuille. De plus Émile Levasseur a des projets innovants : carte sur ardoise, carte sur toile cirée pour y écrire à la craie. Par contre, sur le plan graphique les cartes de Levasseur ne sont guère innovantes « Levasseur estime avoir composé personnellement des cartes selon des idées en grande partie nouvelles, notamment en matière économique. Loriginalité graphique est pourtant faible dans les manuels et atlas quil destine à lenseignement ».
Le dispositif est néanmoins au total fort complet puisque sy ajoute un « relief topographique » chez Delagrave et des cahiers et feuilles dexercices chez les deux éditeurs. Meissas et Michelot ont de plus rédigé un Dictionnaire de géographie à lintention particulière des maîtres et Émile Levasseur annonce dans son dispositif pour lenseignement de la géographie la publication de tableaux statistiques dans des vade-mecum (tableau 15).
Tableau 14.
Cartes murales de Meissas et Michelot et dÉmile Levasseur en 1871-1872.
Cartes murales dA. Meissas et A. Michelot, édités par L. Hachette (1871)Cartes murales dÉmile Levasseur, édités par Charles Delagrave (1872)
Grandes cartesGrandes cartes murales imprimées sur plusieurs feuilles
- Empire romain ; Italie et Grèce ; Palestine ; Afrique ; Asie ; Europe écrite ; Europe muette ; France, Belgique et Suisse écrites ; France muette. En 16 feuilles couvrant 1,8m de haut sur 2,3m de large ; chaque carte 10 F.
- Amérique septentrionale et Amérique méridionale ; Mappemonde écrite ; Mappemonde muette. En 20 feuilles couvrant 1,8 m de haut sur 2,8 m de large, chaque carte 12 F.Carte murale :
- France au 1/1 000 000 (à la gravure),
- France au 1/600 000 (en préparation).
Carte-tableau sur toile cirée :
- France au 1/1 000 000.
- France au 1/600 000 (en préparation).
Carte-ardoise
- France au 1/4 000 000 et Europe au 1/16 000 000. (Pour paraître très prochainement).
Petites cartes murales écrites- France et Belgique et Suisse, 4 feuilles jésus, 4,50 F.
- Europe, 4 feuilles jésus, 4,50 F.
- Mappemonde, 8 feuilles jésus, 6 F.
- Asie, 4 feuilles jésus, 5 F.
- Afrique, 4 feuilles jésus, 5 F.
- Amériques, 6 feuilles jésus, 6 F.
Tableau 15. Matériel pédagogique divers pour lenseignement de la géographie de Meissas et Michelot et dÉmile Levasseur en 1871-1872
Matériel pédagogique dA. Meissas et A. Michelot, édités par L. Hachette (1871)Matériel pédagogique dÉmile Levasseur, édités par Charles Delagrave (1872)Pour les exercices- Questionnaires et exercices sur les cartes murales. 1 vol. in-18 ; 0,30F.
- Feuilles dexercices géographiques :
Les feuilles du 1er degré, la douzaine de chaque carte 1,50F.
Les feuilles des 2e et 3e degré, La douzaine de chaque carte 1,20F, lithographiées sur format demi-carré.- Petit cahier. 8 cartes, format in-4°. 0,10F.
- Moyen cahier. 16 cartes, format in-4°. 0,15F.
- Grand cahier. 32 cartes, format in-4°. 0,30F.Relief Relief topographique avec carte et brochure : La lecture des plans topographiques.Pour le maître- Dictionnaire de géographie ancienne et moderne, nouvelle édition, 1 vol. grand in-8°, avec 8 cartes. 7,5F.Vade-mecum du statisticien (Tableaux statistiques) : France et colonies, 1,5 F ;
Pays hors dEurope (en préparation).Les fondements de la géographie scolaire sont posés avant 1870
Levasseur, le négociant anglais et lofficier allemand.
Émile Levasseur joue un rôle clé dans la nouvelle impulsion donnée à lenseignement de la géographie à partir de 1867, en tant que savant économiste et statisticien reconnu, conseiller des ministres pour la rédaction de programmes scolaires et auteur de matériel scolaire. Levasseur veut passionnément le développement de lenseignement de la géographie et des langues vivantes, dune géographie aidant à la compréhension de la société, contribuant au développement des échanges économiques. En 1865, il conseille Victor Duruy qui installe la géographie dans lenseignement spécial au nom de la concurrence avec les négociants anglais.
« Là, comme on songeait surtout à donner des connaissances dune utilité pratique, on a fait une part plus large aux langues vivantes et à la géographie. Le principe est bon ; il ne sagit que den régler lapplication, et de faire rendre, à laide de bonnes méthodes et de bons maîtres, à ce double enseignement des fruits meilleurs que ceux quil a portés jusquici. [
]
Connaître le monde est devenu une nécessité aussi bien que connaître la langue des grands peuples du monde civilisé. Pour avoir le courage dapprendre, il suffit de réfléchir à létat dinfériorité où notre ignorance nous place.
Nous voulons que notre commerce se développe. Songeons-nous à lobstacle que lignorance des langues étrangères et des pays étrangers, de leurs murs, de leurs ressources, de leurs besoins y apportent ? Cest à un commissionnaire français que la légende attribue lenvoi dune pacotille de patins au Brésil ; on naurait jamais eu lidée de lattribuer à un Anglais.
Nous voulons que notre pays ne soit pas la proie de létranger. Nous avons compris maintenant lavantage que donnent en guerre la connaissance des langues étrangères et celle de la géographie.
(É. Levasseur.)
Ainsi sexprime Levasseur devant lAcadémie des Sciences morales et politiques durant le siège de Paris par les Allemands, moment où il continue à penser au moins autant à la concurrence commerciale quaux affrontements militaires. Dailleurs, le développement de son enseignement a commencé en France avant la guerre franco-allemande, lExposition universelle de Paris en 1867 a déjà été loccasion de conférences pédagogiques à destination des instituteurs et ce nest pas un phénomène limité à la France. De telles conférences se tiennent parallèlement aux expositions de Londres 1863, Vienne 1873, Philadelphie 1876. Levasseur visite ces expositions et en fait les comptes-rendus : « La géographie occupait à lExposition une place considérable ; elle couvrait à elle seule près de la moitié des surfaces consacrées à linstruction. »
Lengouement pour lenseignement de la géographie est partagé par les savants géographes, économistes ou statisticiens. Des concours pédagogiques ont lieu à loccasion des congrès géographiques. Émile Levasseur obtient la médaille hors-concours pour son matériel pour lenseignement de la géographie ou plus précisément « des sciences géographiques, cosmographiques et commerciales » à Anvers en août 1871. Cortambert est lui récompensé pour sa Petite géographie illustrée de la France qui comprend des gravures en vignette. Lextension de lenseignement de la géographie est donc un phénomène général en Europe de louest et du centre ainsi quen Amérique du nord, ce que montre comme nous le verrons plus loin la présentation des programmes scolaires des écoles et des écoles normales primaires de plusieurs pays dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson, à la suite de larticle Géographie de Pierre Foncin.
Certes, pour Levasseur lenseignement primaire nest pas la priorité. Dans le Rapport général sur lenseignement de la géographie quil adresse au Ministre en 1871, il ny consacre que 8 pages, après les 27 pages présentant lenseignement secondaire et les 3 pages sur lenseignement supérieur. « Pressés par le temps » les auteurs se sont principalement préoccupés des lycées et des collèges ; du côté de lenseignement primaire, ils se sont plus intéressés aux écoles normales quaux classes élémentaires.
Les fondements scolaires de la géographie
Ainsi, à partir de 1867 en France, une forte demande denseignement de la géographie se cristallise. La principale caractéristique qui distingue ce moment des décennies précédentes où lenseignement de la géographie avait commencé à sinstaller dans lenseignement primaire, cest quà côté de la finalité moralisatrice de lenseignement de la géographie se manifeste fortement une fonction pragmatique de cet enseignement : former des hommes habiles au commerce et aux échanges.
Tableau 1. Les programmes de géographie des classes élémentaires de lenseignement primaire et secondaire (1852-1874).
DateCours élémentaire du primaireClasse préparatoire des lycéesCours moyen du primaireClasses de 8ème et 7ème des lycées15 mars 1850
Falloux« Éléments de géographie » (programmes départementaux)30 août 1852
Fortoul8ème : Explication des termes, Divisions principales du globe et de lEurope
7ème : Géographie de la France : limites. Montagnes. Fleuves. Anciennes provinces. Départements avec chefs-lieux.20 août 1857
RoulandQue lon complète ces données fondamentales par des notions très simples de géographie, en prenant pour point de départ le village, le canton, larrondissement, le département, en donnant des explications sommaires, mais précises, sur les faits historiques, administratifs, industriels, agricoles, qui se rattachent aux lieux indiqués sur la carte
10avril 1867
Victor DuruyLes éléments de lhistoire et de la géographie de la France sont ajoutés aux matières obligatoires de lécole primaire.23 juillet 1874
De CumontNotions élémentaires de géographie générale.[
]
Notions sur la géographie physique de la France, en insistant sur la géographie physique de la commune et du département.
Géographie sommaire de la Terre Sainte.Programmes départementaux8ème : Géographie élémentaire des cinq parties du monde.
7ème : Géographie élémentaire de la France
La géographie dans son ensemble bénéficie dun nouvel élan lié au développement de son pôle scolaire. Cet enseignement a ses propres légitimités et la production de savoirs et doutils pour lenseignement est une des missions que sassignent les nouveaux géographes universitaires au fur et à mesure quils saffirment comme corporation. Dans cet ensemble, les cartes et lapprentissage de leur usage est ce qui apparaît le plus novateur aux yeux des contemporains.
Les cartes ne sont pas, à beaucoup près, toute la science géographique ; mais elle en sont une partie considérable. Elles expriment la physionomie des contrées ; elles résument et elles classent à leur place les connaissances susceptibles dêtre localisées, et elles le font par des procédés qui varient suivant la nature des objets à figurer et la grandeur de la représentation ; mais quels que soient lobjet et léchelle, limpression quon reçoit de limage est dautant plus propre à instruire que lartiste a su habilement choisir et tracer les traits caractéristiques. Pour bien voir et bien se figurer une contrée quelconque, lécolier, comme le savant, le militaire et le marin, ont également besoin dune carte : sans bonnes cartes, il ne saurait y avoir de bon enseignement géographique.
(É. Levasseur.)
Les programmes de géographie ont dabord été rédigés pour les élèves de 9 à 11 ans des classes de 8ème et 7ème des lycées (1852), ils ont été complétés à partir de 1874 pour les plus jeunes enfants des classes préparatoires (1874). Depuis 1833 (Guizot) et surtout depuis 1867 des éléments de géographie doivent être enseignés à lécole primaire. Cependant jusquen 1882 il ny a pas de programmes nationaux pour lécole primaire, seulement des programmes départementaux (tableau 1).
Linstitutionnalisation de la géographie à lécole primaire est un processus qui connaît une accélération au cours du dernier tiers du XIXe siècle. Les finalités moralisatrices et idéologiques de lenseignement de la géographie, ses finalités « classiques », au sens de finalités communes avec les humanités perdurent. Enseigner de la géographie a toujours été enseigner des identités territoriales et des valeurs morales. Mais lévénement de 1867, son passage au rang de matière obligatoire dans lenseignement primaire se déroule dans un contexte où laccent est mis sur les finalités pratiques et économiques de lenseignement de la géographie ; ce qui est aussi porteur de valeurs.
Le fait que la carte, et son apprentissage en tant quoutil, apparaissent alors comme des innovations, accentue le caractère nouveau et moderne de cette discipline, trait commun à lenseignement spécial et à lenseignement primaire.
Tout ceci donne un caractère moteur au développement de la géographie scolaire par rapport à la constitution de la discipline universitaire. À côté du pôle de la géographie appliquée incarné en grande partie par les sociétés de géographie mais qui elles se développent plutôt après 1870, le développement du pôle de la géographie scolaire est lélément décisif pour la constitution dun pôle des savoirs géographiques à lUniversité.
Tableau 2. Repères chronologiques 1788-1871
AnnéeEvénement1788Abbé Gaultier, Les leçons de géographie par le moyen du jeu1827Achille Meissas et Auguste Michelot, Nouvelle Géographie méthodique 1833Loi du 28 juin 1833, dite loi Guizot 1834Statut sur les écoles primaires élémentaires1850 Loi du 15 mars 1850, dite loi Falloux1857Circulaire du 20 août 1857, dite circulaire Rouland1867Loi du 10 avril 1867 relative à lenseignement primaire (Victor Duruy)1868Instruction générale adressée par lInspecteur dacadémie à MM. Les inspecteurs de lenseignement primaire, sur la mise en exécution du règlement dorganisation pédagogique (Octave. Gréard)1871Émile Levasseur, A. Himly, Rapport Général sur lenseignement de lHistoire et de la Géographie
Livre deuxième
La géographie à lécole primaire
au temps du « moment » Buisson
Avant détudier plus loin les héritages et les évolutions de la géographie à lécole primaire au long du vingtième siècle, nous nous centrerons dans les chapitres de ce deuxième livre sur le Dictionnaire de Pédagogie de Ferdinand Buisson. Nous linterrogerons comme un témoignage et un outil de linstitutionnalisation de la géographie à lécole. Le Dictionnaire une bible, cest-à-dire un objet mythique qui sera longtemps invoqué par les pédagogues novateurs, un texte écrit à plusieurs mains avec des articles divergents et un objet historique dont nous nous proposons détudier les articles en rapport avec la géographie pour caractériser le « moment » Buisson.
Après le rapport Himly - Levasseur de 1871, après les programmes dOctave Gréard (1868) qui ne sappliquaient quà lacadémie de Paris, ceux de la loi Jules Ferry sur lenseignement obligatoire (1882) modèlent jusquen 1923 lenseignement sur tout le territoire français. La législation scolaire de Jules Ferry organise de façon durable lenseignement primaire. Jules Ferry nomme en janvier 1879 Ferdinand Buisson directeur de lenseignement primaire. Il assure cette responsabilité pendant plus de dix-sept ans, cest-à-dire pendant la période dinstitutionnalisation de lécole de la IIIe République.
À la fin du XIXe siècle, lenseignement de la géographie concerne plus délèves dans la filière primaire que dans la filière de lenseignement secondaire. Les salles dasile, les écoles primaires de garçons et de filles, les écoles primaires supérieures, les écoles normales dinstituteurs et celles dinstitutrices organisent une scolarisation de masse à côté de la filière délite qui conduit dans les lycées des classes de onzième jusquau baccalauréat. Lenseignement primaire bénéficie aussi des Écoles Normales Primaires Supérieures de Saint-Cloud et de Fontenay-aux-Roses.
Ferdinand Buisson, républicain convaincu a été nommé inspecteur de lenseignement primaire en 1872. Il organise la participation du Ministère de lInstruction publique à lExposition universelle de Vienne. Au retour de celle-ci il promeut dans son rapport la méthode intuitive et signale la faiblesse de la statistique scolaire en France. Il est nommé secrétaire de la Commission de statistique créée au ministère et présidée par Émile Levasseur. En juillet il conduit la mission du gouvernement français pour lexposition primaire à lExposition de Philadelphie. Il rédige aussi le compte-rendu de la section pédagogique de lExposition universelle de Paris. En 1878, il est nommé inspecteur général hors cadre et travaille en particulier à la création dun musée pédagogique.
Le monument éditorial du système scolaire français de la fin du XIXe siècle.
« Cathédrale de lécole primaire », « miroir du monde », « bible dune génération dinstituteurs », « bible, sinon des instituteurs, du moins des inspecteurs et des directeurs décole normale
», cest ainsi que Patrick Dubois présente le Dictionnaire reprenant les qualificatifs que Pierre Nora, Eugène Weber ou Françoise Mayeur ont attribué à louvrage. Pierre Nora estime quun quart des instituteurs laïques ont acquis la première édition. Ainsi le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson a longtemps été louvrage de référence pour lenseignement primaire.
Les articles du Dictionnaire de Ferdinand Buisson sont, avec les publications du Manuel général, les principaux vecteurs de la diffusion des injonctions et des prescriptions envers les instituteurs. La géographie y tient une place conséquente. Le Dictionnaire de pédagogie dont lélaboration sétend sur une dizaine dannées, de 1876 à 1887 porte des éclairages variés et nombreux sur la géographie. Le Nouveau Dictionnaire en 1911 apporte une vue plus unitaire de cet enseignement à lécole primaire, comme si samorçait une phase normale ou du moins plus normée de la discipline scolaire. Le premier « moment Buisson » à la fin du XIXe siècle juxtaposait une conception autoritaire de lécole et des propositions libertaires. Lédition de 1911, à linverse semble laboutissement dun tri. Elle propose des orientations plus homogènes, se réfère toujours à la méthode intuitive et aux leçons de choses mais approche avec beaucoup plus de modestie les voyages et les caravanes scolaires.
Émile Levasseur voisine dans la liste des auteurs du Dictionnaire avec Pierre Foncin, Gaston Meissas, Félix Oger, Élisée Reclus. Dans le champ de la géographie, les références épistémologiques du Dictionnaire de Ferdinand Buisson sont antérieures à létablissement de la géographie dans lUniversité et en amont de la synthèse vidalienne. Néanmoins, létude des articles de géographie permet de distinguer au fil de lécriture du Dictionnaire une évolution du mode discursif des monographies géographiques vers une géographie science de synthèse.
Le Dictionnaire apparaît aussi écartelé entre les leçons de choses et les exercices de mémorisation, les savoirs évalués relèvent principalement dexercices de nomination et dinventaire. Dans lensemble de la géographie scolaire, lexercice cartographique apparaît comme celui où pourraient se réconcilier plus facilement la méthode intuitive et la liste des savoirs factuels attendus.
La comparaison du Dictionnaire de 1878 et du Nouveau Dictionnaire de 1911, suggère que la sensibilité de Schrader (position sur les cartes et description de la nature) laurait emporté sur celle de Foncin, plus porté comme Meissas sur les listes dinventaire des ressources et des productions.
Ceci paraît encore plus manifeste dans le domaine de la cartographie où, dès 1878, Schrader donnait sa cohérence à lensemble des articles de géographie du Dictionnaire. Cette conception peut sembler en phase avec la primauté conférée en pédagogie à la méthode intuitive. Certes, cette cohérence du Dictionnaire nest pas totale, mais elle contribue à faire évoluer limage de la géographie pour les contemporains non-spécialistes : à la mémorisation et à la carte administrative viennent sajouter, dans les dernières décennies du XIXe siècle, la carte topographique et la méthode intuitive. En empruntant le concept de paradigme pédagogique à Annie Bruter, on définira le « moment Buisson » comme celui de la cristallisation dun nouveau paradigme pédagogique pour lenseignement de la géographie.
Cette géographie associant de façon contradictoire, mais non perçue en tant que contradiction, inventaire du monde et référence à la méthode intuitive, sinstitutionnalise à lécole primaire avant létablissement de la géographie universitaire française. Elle nest pas coupée, loin sen faut, des géographes contemporains et de leurs savoirs savants ni des curiosités ou des intérêts pratiques de la société du XIXe siècle. Mais peut-on déjà parler de discipline scolaire ? Ferdinand Buisson nécarte pas totalement lidée de discipline-matière qui désigne le fait dapprendre aussi bien que la manière dapprendre , mais il ne privilégie pas ce sens du mot discipline ; acception large et un peu vague à ses yeux.
Au terme de notre étude, nous pourrons réinterroger ces conceptions de la forme scolaire des savoirs et la délimitation dune discipline géographie. Mais tout dabord nous allons examiner la situation à la fin du XIXe siècle. Nous partirons tout simplement du fait que la géographie est inscrite, en tant que telle, dans les programmes scolaires et quelle sorganise dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson à partir des deux articles princeps intitulés Géographie .
« Ce Dictionnaire pédagogique dont la consultation na jamais cessé dêtre recommandable » (Max Sorre)
Cet ouvrage, pris dans son ensemble, accumule prescriptions et injonctions souvent contradictoires. Ainsi, en géographie, il juxtapose des exigences de mémorisation et la dénonciation de laccumulation de la nomenclature. Il met en avant lintuition de lélève et les classes promenades et présente des programmes scolaires largement contradictoires avec ce type de démarche. Il ne sagit pas non plus de préjuger de la réception de ce discours et de son efficacité sur les pratiques quotidiennes des maîtres. Il sagit encore moins de considérer le Dictionnaire comme le reflet ou le corset des pratiques scolaires. Il est la tribune où sont énoncés des enjeux principaux liés à lenseignement de la géographie à lécole primaire durant la période 1876-1911. Les articles du Dictionnaire apportent donc un éclairage sur létat de la géographie à lécole primaire à la fin du XIXe siècle; au tournant des grandes lois scolaires de la IIIe République, un document, à étudier avec toutes les précautions à prendre vis-à-vis des propos de tout témoin, même le plus sincère.
Nous examinerons le corpus constitué par les articles relevant de la géographie dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson dans le cadre du modèle où la géographie dans son ensemble est considérée comme un champ et la géographie scolaire une de ses polarités. Nous verrons ainsi comment inter-réagissent les différents pôles, et plus particulièrement les échanges avec la géographe appliquée du XIXe siècle et la géographie savante de lépoque.
Le Dictionnaire de Ferdinand Buisson met en évidence la place originale de lenseignement de la géographie à lécole primaire, il révèle ses forces, mais aussi ses faiblesses. Forces liées à sa place centrale et sa modernité, faiblesses liées à labsence de géographie universitaire institutionnalisée. Létude du moment Buisson permet aussi déclairer la façon dont la géographie à lécole primaire nouera ensuite, au cours du premier XXe, des liens très étroits avec la géographie vidalienne (chapitre 6). Il peut aussi permettre dinterpréter comment, à laube du XXIe siècle, la géographie à lécole élémentaire subit aujourdhui une double marginalisation, liée au poids grandissant de lenseignement secondaire et à la perte des repères disciplinaires (chapitre 9). Enfin létude du fonctionnement systémique du champ de la géographie mettra à lépreuve notre modèle théorique de la géographie scolaire : une des quatre polarisations des savoirs dans le champ de la géographie. La géographie à lécole, les livres de géographie pour les écoles primaires, les méthodes denseignement de celle-ci relèvent dun processus amorcé au début du XIXe siècle.
Pendant longtemps, le système scolaire français a juxtaposé un enseignement primaire se prolongeant par des classes primaires supérieures et une filière denseignement secondaire accueillant dès les classes élémentaires des élèves payants.
Tout dabord, nous limiterons notre examen aux articles traitant de cartographie, activité qui y est présentée comme la grande novation dans lenseignement de la géographie. Ensuite nous élargirons notre étude à lensemble des articles traitant de géographie pour cerner les logiques scientifiques de celle-ci. Nous étudierons en particulier les liens conceptuels qui situent la géographie par rapport aux sciences voisines et les nuances ou contradictions au sein du Dictionnaire. Enfin, nous examinerons la structure des monographies géographiques du Dictionnaire décrivant des États, afin de voir si entre 1878, date de la publication des premiers fascicules et 1911, date de lédition du Nouveau Dictionnaire, apparaissent de nouveaux paradigmes en géographie.
Ces modes danalyse géographique, ces itinéraires descriptifs joueront un rôle important et luvre de Ferdinand Buisson servira longtemps de référence pour les maîtres et leurs formateurs.
[
] Dès les origines de lécole publique, les hommes qui en ont orienté la pédagogie ont eu quelques-unes de nos préoccupations essentielles et les principes quils ont posés un développement continu. On sen rend compte en relisant les articles de ce Dictionnaire pédagogique dont la consultation na jamais cessé dêtre recommandable. [
]
(Max Sorre.)
Létude du moment Buisson, du nom de celui qui a dirigé lenseignement primaire de 1879 à 1896, mettra en valeur les paradigmes fondateurs de la géographie scolaire.
Chapitre 2.
Intuition et mémoire.
Le tournant cartographique de la géographie et le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson témoigne des liens très forts qui existent à la fin du XIXe siècle entre lapprentissage des usages de la carte et lécole primaire ; on a pu même écrire à propos de la réforme de lécole primaire que La rénovation se marque surtout aux cartes que lon fait dessiner aux élèves. , mais il ne faut pas oublier, comme nous le notions au chapitre précédent que la méthode de labbé Gaultier associait à linterrogation catéchistique le pointage des villes et des contrées sur la carte. Meissas et Michelot écrivaient dès 1827 Un maître doit dabord enseigner à son élève lusage des cartes et la manière de reconnaître les différents objets quelles représentent . En 1871, Levasseur et Himly notaient dans leur rapport général sur lenseignement de lhistoire et de la géographie que les écoles normales étaient équipées de cartes : Les cartes murales, presque toutes de Meissas et Michelot, ou de Magin, sont dans la majeure partie des établissements, en quantité suffisante , mais ajoutent-ils Les cartes françaises sont toutes médiocres. En attendant que les cartographes, quil faut stimuler à cet égard, en aient fait de bonnes, prendre de préférence Meissas et Michelot ou Magin. . Le rapport est rapidement suivi de mesures ministérielles visant à faciliter lachat de cartes et de globes pour équiper les écoles communales et pour faciliter lachat de cartes topographiques par les enseignants.
Les cartes, on en parle beaucoup plus quon nen voit.
La part des références à la carte, à sa construction et à son enseignement, est remarquable dans les volumes du Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson. Marie-Claire Robic souligne aussi que Buisson leur fait une grande place dans ses rapports sur lExposition de Vienne et de Philadelphie. Pourtant, dans le Dictionnaire, la plupart des monographies géographiques de la Deuxième partie du Dictionnaire adoptent encore un mode descriptif qui peut sexpliquer par labsence dillustration cartographique. Ainsi, le caractère bavard de cette description du cours du Doubs, fait penser aux commentateurs sportifs radiophoniques cherchant à faire imaginer laction auprès de leurs auditeurs privés dimage :
Le Doubs naît près de la frontière de la Suisse, coule au nord-est, traverse le lac de Saint-Point, descend par une cluse à Pontarlier, coule de nouveau au nord-est, franchit au-dessous de Morteau un saut d'une trentaine de mètres, forme frontière entre la France et la Suisse, puis entre en Suisse, jusquà ce qu'il soit renvoyé par le mont Terrible vers louest. Rentré en France, il perce le Lomont vers le nord, reçoit par la droite l'Allaine, qui vient de Montbéliard et que suit le canal du Rhône au Rhin. À partir de ce confluent, le Doubs descend au sud-ouest par Baume-les-Dames, Besançon et Dôle, se grossit au-dessous de cette ville par la gauche, de la Loue, et tombe dans la Saône à Verdun. À partir de Dôle, le canal venant du Rhin et qui côtoie le Doubs ou emprunte son lit, se continue jusquà Saint-Jean de Losne vers le canal de Bourgogne.
(G. Meissas.)
Le Dictionnaire de Ferdinand Buisson annonce donc plus un tournant cartographique quil ne le concrétise, car la plupart de ses descriptions géographiques sont dans la continuité des descriptions non accompagnées de carte, telles celles que Conrad Malte-Brun ou Adrien Balbi pouvaient les rédiger au tout début du siècle. Les propos sur la nécessité de lusage des cartes dans lenseignement primaire reprennent ce que des auteurs comme labbé Gaultier ou Achille Meissas avançaient dans la première moitié du XIXe siècle. Mais, le Dictionnaire de Ferdinand Buisson est publié au moment où les cartes murales et les cartes à lintérieur des livres de géographie vont réellement être multipliées, en même temps que lon va de plus en plus faire dessiner des cartes aux écoliers. Il est donc concomitant de la généralisation des pratiques cartographiques à lécole.
En effet, cest au cours de ces deux dernières décennies du XIXe siècle, que la carte devient un objet dapprentissage scolaire par le biais dexercices pédagogiques en voie de formalisation :
- comparaison avec les plans-reliefs,
- étude des plans et cartes locales,
- exercices de mémorisation sur des cartes muettes,
- édition datlas, de manuels scolaires,
de feuilles et de cahiers dexercices.
Ces apprentissages cartographiques sont souvent justifiés après 1870 par la référence à la défaite, désastre militaire, qui aurait été due à une méconnaissance des cartes et de la géographie par les soldats et les sous-officiers français. Une telle opinion a souvent été reprise par la suite. Elle sert dexplication au processus dinstitutionnalisation de la géographie scolaire, elle la caractérise comme participant à lentreprise de relèvement moral et matériel après la guerre de 1870 et lécrasement de la Commune. Il ne faut pourtant pas oublier que les auteurs du Dictionnaire, au-delà de cet argument de circonstance, replaçaient la cartographie et la géographie scolaires dans une perspective remontant au moins au début du XIXe siècle. En 1878 Franz Schrader écrit ainsi :
Avant la fin du dix-huitième siècle, il nétait question nulle part de cartes scolaires à lusage du peuple, bien quil existât des cartes et même des atlas destinés à lenseignement secondaire et supérieur. Cest seulement, on peut le dire dans ces dernières années quon a généralisé en Allemagne, en Suisse, en France et en Angleterre, lapplication des cartes à lenseignement primaire.
(F. Schrader.)
De quelles cartes sagit-il, quels espaces figurent-elles ? quen montrent-elles ? Les réponses à ces questions correspondent aux finalités de lenseignement qui privilégient des territoires de référence, (la France, la commune, lEurope
) aux centres dintérêt de ceux qui font de la géographie : (découpages administratifs, reliefs, cours deau, places fortes, explorations
). Mais les cartes sont aussi étroitement liées aux conceptions pédagogiques de lépoque. La géographie-inventaire traditionnelle et la géographie leçon de choses de Ferdinand Buisson privilégient certains types de cartes et peuvent ainsi expliquer loubli de certains thèmes et de certains modes de figuration.
1. Le tournant cartographique de la géographie scolaire.
Les articles en rapport avec la cartographie sont relativement nombreux dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson et souvent détaillés : Arpentage (Henri Sonnet) Calque, Cartes, Cartographie (Franz Schrader), Cartographiques (Exercices), Géographie (DP1, Pierre Foncin), Géographie (DP2, Franz Schrader), Géorama, Globes (Franz Schrader), Levé de plans, Mappemonde (Gaston Meissas), Topographie (Pierre Moëssard). Les articles publiés sans signature expriment le point de vue de la rédaction . Cest le cas des articles Atlas, Calque, Cartes, cartographiques (Exercices), Géorama, (DP1) ou Levés de plan (DP2). Pierre Foncin dans son article Géographie (DP2) traite aussi de façon incidente de la carte ; il la replace dans le cadre de lhistoire des découvertes géographiques.
Par contre, larticle Mappemonde de Gaston Meissas sert de cadre à une présentation de la géographie générale de la Terre et nest pas une entrée sur lobjet des mappemondes. Larticle Globe (Constitution du) de Victor Raulin traite de la géologie et non des globes terrestres en tant quobjets didactiques qui sont, eux, rapidement évoqués par Franz Schrader dans les petits articles Globe(s) des deux éditions du Dictionnaire.
Les questions liées à la cartographie relèvent donc plus strictement dun petit nombre dauteurs qui les traitent en fonction de leur propre point de vue : Paul Moëssard est ingénieur topographe ; Hippolyte Sonnet mathématicien et Franz Schrader, géographe, topographe et responsable depuis 1880 de latelier de cartographie des éditions Hachette. Au total, les articles en rapport avec la carte (tableau n°1) constituent léquivalent dune soixantaine de pages, soit 1 % de lensemble de la publication. Cest néanmoins une part importante dans un ouvrage de culture générale et pédagogique. L'ensemble de ces articles est fort documenté en particulier sur les techniques de relevé de terrain, les questions de projection, les figurés du relief, les nouveautés américaines et allemandes.
Tableau 1. Les articles en rapport avec la carte dans les dictionnaires de Ferdinand Buisson
Articles en rapport avec la carteAuteursPages dans la première publication reliéeAnnées prévues pour la publicationAfrique (1 carte) G. Meissasp.39-45 DP21878Algérie G. Meissasp.77-83 DP21878Arpentage H. Sonnetp.190-192 DP21878-1911Arpentage (instruments) H. Sonnetp.192-199 DP21878Atlasp.138 DP11878Calque p.317 DP11878-1911Cartes p.336-340 DP11878-1911CartographieF. Schraderp.341-349 DP21878Cartographiques (Exercices) p.340-342 DP11878-1911Dupin (baron Charles) p.747 DP21880Globe(s)F. Schraderp.1189-1190 DP11882-1911GéographieP. Foncinp.855-858 DP21878Géographie (programmes) p.858-864 DP21878Géographie F. Schraderp.1151-1159 DP11882-1911Géorama p.1166 DP11882Imagerie scolaire A. Gressep.1320-1322 DP11882Meissas Achillep.1886-1887 DP11884-1911Promenades Chaumeilp.2457-2458 DP11885Topographie P. Moëssardp.2881-2884 DP11886
Liconographie des articles Cartographie et Exercices cartographiques propose cinq croquis de projections de planisphère, trois exemples de figurés du relief, deux cartes physiques de lEurope, la carte Amérique de latlas Swinton et deux croquis montrant des canevas géométriques pour dessiner lEurope. Au total, liconographie est rare dans lensemble de louvrage. Ainsi, le Dictionnaire et son supplément qui comprennent en tout vingt-six monographies géographiques nen ont que deux accompagnées dune carte, celles dAlgérie et dAfrique, les deux premières.
Dans cet article, la carte de lAfrique méridionale porte en figuré quelques reliefs esquissés par des hachures, le tracé des fleuves connus, celui des grands lacs, ainsi que le tracé des expéditions de Cameron (1875) et de Stanley (1877). La nomenclature identifie principalement lhydrographie et le relief, quelques peuples (Gallas, Hottentots), deux territoires (Guinée méridionale, Colonie du Cap) et deux villes (Le Cap et Natal). La carte accompagnant larticle Algérie associe les figurés du relief et lhydrographie à une toponymie plus fournie : plus dune vingtaine de villes y sont indiquées. Les limites des provinces de Constantine, dAlger et dOran définissent lextension de la colonie.
La volonté de la rédaction et de léditeur de réduire lampleur de louvrage explique probablement cette limitation à deux du nombre de cartes et leur absence dans les autres monographies géographiques, passée la lettre A du Dictionnaire. Dautres resserrements éditoriaux apparaissent dailleurs au fil de la publication des articles, telle la disparition des suggestions dexercices pédagogiques accompagnant les notices géographiques sur les différents pays.
Cest que, dans son ensemble, le Dictionnaire est fort peu illustré ; les gravures sont quasiment absentes et il ny a bien sûr aucune photographie comme dans la plupart des livres dalors. Cette part minime de liconographie est à mettre en rapport avec les problèmes techniques que pose encore à la fin du XIXe siècle linsertion dillustrations gravées dans un livre, mais elle est aussi à référer aux choix éditoriaux en ce qui concerne le rapport texte - image. Ainsi le Dictionnaire se situe entre les ouvrages scolaires de géographie sans iconographie, même quand leurs auteurs renvoient dès leurs premières pages aux atlas et cartes murales (A. Meissas et A. Michelot, 1871) et les premiers manuels scolaires, du type texte-atlas publiés à partir de 1876 sur lexemple américain (E. Levasseur, P. Foncin) .
Mais, le fait que ce soit Franz Schrader, et non Levasseur ou Foncin, qui rédige les principaux articles en relation avec lusage des cartes, contribue à donner un éclairage particulier à cette cartographie. Au sein du Dictionnaire, ce rôle central de Schrader pour la vulgarisation des pratiques cartographiques peut sexpliquer dune part par sa proximité des choix pédagogiques de Buisson et dautre part par sa position institutionnelle chez léditeur Hachette.
1.1. Schrader : une cartographie du relief, de lhydrographie et des limites administratives.
Liconographie de larticle Cartographie exprime les conceptions de Franz Schrader, la cartographie a une double fonction, figurer la Terre et figurer le visible (nous soulignons en caractères gras).
[
] Lart de la cartographie se divise en deux parties bien distinctes une partie géométrique, et une partie à la fois géométrique et artistique. La première consiste à diviser la surface de la carte en sections dune valeur déterminée, mesurables, comparables entre elles, sans soccuper dabord de ce qui viendra sy dessiner : cest la projection. La seconde consiste à reporter sur cette projection, sur ce canevas, les différents objets qui se trouvent sur le terrain à représenter, en leur donnant respectivement la place quils occupent sur un autre réseau idéal, quon imagine et quon mesure à la surface de la terre ; puis à reproduire le détail, les formes, la nature des objets, de façon que lil du spectateur conçoive le relief du sol, le cours des fleuves, la disposition des chemins ou des lieux habités, avec autant de certitude que sil avait sous les yeux limage réduite et sculptée. Cette partie de lart cartographique est le dessin géographique ou le figuré du terrain. [
]
(F. Schrader.)
Cet article donne à voir tout dabord une série de schémas de systèmes de projection : orthographique, stéréographique, plane, conique, polaire et selon Mercator. Plus loin, pour illustrer le dessin géographique du figuré de terrain, il juxtapose trois extraits de carte du relief au 1/50 000. Le même espace montagnard est figuré successivement, avec des hachures et un éclairage en lumière oblique, puis avec des hachures et un éclairage en lumière zénithale et enfin en courbes de niveau. Il est rédigé au moment où le corps des officiers demande de nombreuses révisions de la carte au 1/80 000 en hachures, chantier qui ne sera achevé quen 1891. Il faut aussi signaler que le Dépôt de la guerre réalisa en 1872 des éditions polychromes au 1/80 000 des Alpes avec figuration en courbes de niveau du relief. Mais cest le premier mode de figuration, en hachures avec éclairage oblique, que Franz Schrader trouve le plus suggestif. Ceci explique les modes de figuré des deux autres cartes qui illustrent son article. Comme il lindique, il sagit de deux cartes retenues pour leur suggestion du relief, lEurope et lAmérique du Nord à vol doiseau extraites de latlas de Swinton, Complete course in geography :
On sest encore efforcé de faire sentir la forme des reliefs terrestres par des teintes réparties à la surface des continents, non plus suivant un système arrêté à lavance, mais daprès linstinct du dessinateur et le sentiment pittoresque. Les deux cartes ci-jointes, extraites du Rapport sur linstruction primaire à lexposition de Philadelphie, donnent une idée de ce genre de cartes, assez en faveur aux États-Unis.
(F. Schrader.)
En effet pour lui, la carte permet à lélève de voir le monde, de la regarder comme limage de la terre :
Et combien la géographie en deviendra plus attrayante ! Combien l'élève apprendra avec plus de joie et d'entrain quand au lieu de voir dans la carte l'image d'une terre vague et imaginaire, il y sentira le portrait et la ressemblance de la terre sur laquelle il marche, du fleuve au bord duquel il se promène, de la montagne qui se dresse à l'horizon. [...] Mais il faudra surtout le faire voyager sur les cartes à grande échelle qui représentent la commune natale, le canton voisin, le ruisseau quil traverse pour venir à lécole.
(F. Schrader.)
Schrader termine ce long article en évoquant les reliefs, entendons par là les blocs en relief. Cette préoccupation souligne à nouveau limportance majeure de la figuration et de la perception du relief par rapport aux autres informations apportées par la carte :
Mais pourquoi n'essaierait-on pas d'en faire construire par les enfants eux-mêmes ? Leur esprit et leurs mains ne demandent qu'à s'occuper, la terre et l'eau ne sont pas rares, il y a là de quoi fabriquer des montagnes, des gorges, des plateaux, des lacs, des îles, des détroits, des canaux ; non point au hasard, mais sur un plan qu'il serait aisé de leur indiquer et sous la direction du maître qui prendrait autant de plaisir que ses élèves à cette géographie en action. Rien ne pourrait donner aux enfants une interprétation plus nette et une image plus ineffaçable de ce que représentent les cartes géographiques. Peut-être aussi des promenades en commun avec la carte du pays sous les yeux seraient-elles un puissant moyen de leur inspirer le goût de la géographie ; mais c'est à ce mot que des questions semblables devront être traitées, nous ne pouvons que les indiquer ici.
(F. Schrader.)
En fait cette dernière partie de larticle Cartographie forme un autre article intitulé Cartographiques (Exercices) probablement rédigé par léquipe de rédaction animée par Buisson, ceci étant annoncé plus précisément dans l'édition de 1911. Les auteurs présentent tout d'abord les reliefs , puis les cartes murales, et les Atlas scolaires. Larticle propose des renvois aux articles Globes et Topographie et décrit l'intérêt des cartes muettes scolaires apparues en France en 1832. Il se conclut en montrant la dimension pratique de ces apprentissages, trait caractéristique des enseignements de l'école primaire :
[...] il y en a deux au moins que tout Français doit savoir lire : l'une est le plan cadastral, l'autre la carte de l'état-major. Pour ce dernier exercice On aura besoin de plus de temps et de soin pour arriver à une lecture courante.
[
] Un maître habile variera de mille manières les exercices propres à atteindre ce résultat : tantôt il donnera à un élève un voyage à faire sur la carte de tel lieu à tel autre en lui demandant de décrire la route comme s'il y était en réalité, de dire le temps qu'il met pour aller de tel village à tel autre, quels accidents de terrain il rencontre, quels cours d'eau il traverse, quand la route monte, quand elle descend, si elle est bordée de champs, de bois, de fermes, etc. Tantôt ce sera une promenade réelle, faite la carte et la boussole à la main, et servant soit à constater l'exactitude minutieuse de la carte, soit à faire découvrir par les élèves eux-mêmes une modification survenue depuis que la carte a été dressée, établissement, d'un chemin de fer, d'une usine, d'un chemin vicinal, etc.
(P. Moëssard.)
Cet article nest pas repris dans lédition de 1911, probablement parce que trop technique dans ses développements. Son auteur, Paul Moëssard, ingénieur topographe, y exprime une véritable passion pour la carte topographique. Il justifie explicitement les finalités militaires de la lecture de la carte d'état-major, il reprend, lui aussi, l'idée que la méconnaissance des cartes expliquerait la défaite de 1870. Avec ses objectifs ambitieux, il semble renvoyer plus à des exercices destinés aux élèves des écoles normales dinstituteurs quà ceux réalisables dans les classes élémentaires ou supérieures de lenseignement primaire. Dans leur rapport de 1871, Levasseur et Himly recommandaient dailleurs lapprentissage de la lecture des cartes topographiques pour les écoles normales et non pour les écoles communales :
ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES NORMALES
[
]16° Habituer les élèves à lire couramment une carte topographique, et, pour cela, faire, à laide de la carte détat-major, des promenades dont ils devront rendre compte (daprès la proposition de M. Ziegler).
(Levasseur et Himly.)
Parmi les programmes scolaires publiés à la fin larticle Géographie de la 2ème partie du Dictionnaire, seul celui de la Belgique fait référence de façon précise à ce type de cartes : Lecture dune série graduée de planchettes relatives au territoire communal (planchette du Dépôt de la guerre spécialement préparées pour lenseignement secondaire) au second degré du primaire et Exercices sur les planchettes du Dépôt de la guerre au troisième degré de lenseignement primaire belge.
Si cet apprentissage de la lecture de carte topographique est de la première importance pour Schrader ; la confection de reliefs et les sorties cartes en main peuvent contribuer à en comprendre les figurés. Pourtant, que lon prenne les cartes présentes dans le Dictionnaire ou que lon analyse les activités scolaires proposées par les différents auteurs, deux thèmes seulement dinformation apparaissent : les limites administratives et la géographie physique, réduite au relief et à lhydrographie. Les cartes administratives sont dans la tradition de la géographie inventaire, les cartes de géographie physique se situent dans le contexte de lémergence de la nouvelle géographie scientifique. Mais, comme nous le verrons plus loin, labsence de carte thématique de population et dactivités sexplique autant par les options pédagogiques de léquipe de Ferdinand Buisson que par les pratiques cartographiques à la fin du XIXe siècle que Gilles Palsky a analysées. Notons que les articles Globe et Géographie de Franz Schrader mettent laccent sur le caractère « suggestif » de la carte. Il semble que ce soit principalement cette vertu qui importe à Ferdinand Buisson et à ses collaborateurs.
Lensemble de ces articles combinés avec les programmes scolaires présentés en fin de larticle géographie de la 2ème partie, concourent à définir une pédagogie de la carte différenciée suivant trois échelles : locale, régionale et nationale, et enfin mondiale. Léchelle locale étant plus souvent implicitement celle de la carte topographique que celle du département.
1.2. La carte étudiée à 3 niveaux déchelle.
Le Dictionnaire de Ferdinand Buisson ne retient donc pas les quatre niveaux scalaires proposés par Himly et Levasseur dans leur rapport de 1871 : A la rigueur, en effet, une école normale na besoin que de quatre cartes : La Mappemonde, lEurope, la France et le département.[
] La lacune la plus fréquente, même dans les écoles normales est labsence dune bonne carte du département. . Par contre, Schrader et les autres auteurs du Dictionnaire négligent le niveau européen et privilégient le local sur le niveau départemental.
En effet, pour les auteurs réunis par Buisson cest surtout dès léchelle locale que commence lapprentissage du vocabulaire des formes. Laccent est mis sur les reliefs, nous dirions aujourdhui les maquettes en trois dimensions, quil convient de mettre en premier sous les yeux des enfants (articles Carte, Cartographie, Exercices cartographiques, Géographie, DP2). Larticle Topographie propose même de commencer à très grande échelle par le plan dobjet avant létude du plan de lenvironnement immédiat, et avant létude très délicate du figuré de terrain et de sa comparaison avec les reliefs. La sortie dans le milieu proche peut déboucher sur la confection de modelés de reliefs (Géographie DP2), elle peut aussi permettre des confrontations avec la carte (Topographie) ou donner lieu à des levés de plan (Promenades, Topographie).
À cette échelle, la cartographie du relief est le thème principal. Ces activités sont proposées dans les programmes scolaires de Belgique, de Bavière et du canton de Vaud en Suisse. Présentes dans lancien programme du département de la Seine (1868) Préparation à létude de la géographie. [
] De la carte : tracer au tableau noir un plan du quartier de lécole et faire voyager les élèves sur ce plan, avec la baguette. carte sommaire des environs de la ville ou du village. ; ces activités peuvent aussi sinscrire dans les programmes promulgués en France en 1882 pour le cours élémentaire Idée de la représentation cartographique : éléments de lecture de cartes et de plans. [
] Entretiens sur le lieu natal .
À moyenne échelle, la figuration du relief est présentée comme une nouveauté complétant les traditionnelles cartes administratives politiques. Cest à ce niveau scalaire que lon signale des cartes à fresques sur les murs des écoles (Exercices cartographiques). Les reliefs sont à proscrire car trop exagérés dans les altitudes (Géographie DP2). Les auteurs du Dictionnaire critiquent aussi vivement les jardins cartographiques (Géorama). Ils se félicitent par contre du développement des cartes murales (Cartes, Géographie DP2) et des atlas scolaires (Cartes).
Buisson et ses collaborateurs proposent principalement comme exercices linterrogation à partir de cartes muettes (Cartes) et la copie de cartes simplifiées.
En France, le mot carte napparaissait quune seule fois dans le programme du département de la Seine de 1868, au sein dune longue énumération dobjets à apprendre au cours moyen et au cours supérieur : Division en départements : chefs lieux (étudier la place des départements sur la carte, à laide des fleuves et des rivières ou de la direction des montagnes dont ils portent le nom). Par contre, le nouveau programme national de 1882 y consacre une ligne sur les quatre du libellé du programme du cours moyen Géographie de la France et de ses colonies. [
] Exercices de cartographie au tableau noir et sur cahier, sans calque. . La cartographie, énumérée en dernier lieu, apparaît ainsi comme un schéma de synthèse qui condense la leçon et que lélève devra être capable de reproduire de mémoire, sans calque.
À très petite échelle, la référence à létude de la Terre et à sa sphéricité est présente dans de nombreux programmes scolaires. Franz Schrader demande que les classes soient équipées dun globe, mais il déconseille les globes avec des reliefs, car trop exagérés (Globe). On pense au projet non abouti de globe dÉlisée Reclus pour lExposition de 1900 dont le caractère gigantesque aurait limité lexagération des reliefs.
Au cours élémentaire, dans le programme français de 1882, la formulation du programme scolaire englobe sans les distinguer la sphère terrestre et sa figuration : Globe terrestre, continents et océan. . Linstrument didactique est par contre nommément désigné dans la présentation des programmes prussiens : Dans lécole primaire complète à six classes, lenseignement de la géographie commence avec la troisième année scolaire. On se sert du dessin au tableau noir, du globe terrestre et de la carte. . Il en est de même dans les programmes de Saxe-Weimar : Degré supérieur : Étude de lEurope et des autres continents à laide de la carte et du globe. Notions de géographie mathématique et dans ceux de lécole de Saint-Louis du Missouri aux USA : Quatrième année : cartes, globes et leur usage . Les programmes de Belgique pour le deuxième degré précisent le geste didactique : Montrer sur la sphère et sur la carte, les États les plus importants de lEurope avec leurs capitales. .
Lapproche des projections, liée à la géographie mathématique, peut sappuyer sur lusage du globe. Les enseignants du Degré intermédiaire du canton de Vaud sont invités à le faire : Étude générale de la mappemonde, si possible au moyen du globe terrestre. Différents procédés de projection pour construire des planisphères sont présentés par Franz Schrader à laide de croquis (Cartographie). En Belgique, les programmes de géographie parlent de « lIdée de la construction dune mappemonde et dun planisphère » (enseignement du 3è degré). Ce sont les programmes des Écoles normales dAutriche qui sont les plus explicites sur ce point : Étude des principes fondamentaux de la géographie physique et mathématique ; explication des projections les plus employées. (Quatrième année).
Se pose alors la question de la délimitation entre la géographie et lastronomie dans le cadre de la géographie mathématique . En Prusse, lenseignement de la géographie mathématique à lécole primaire comprend des éléments de cosmographie : 1° lhorizon ; 2° les diverses manières de représenter la terre ; les lignes qui servent à la diviser ; 3° les preuves de la sphéricité de la terre ; 4° les saisons et les zones ; 5° notions sur les étoiles fixes ; 6° notions sur le soleil et la lune ; 7° notions sur le calendrier. En Suisse, la situation est différente, tant dans les écoles primaires du canton de Vaud, où la géographie mathématique senseigne à part, sous le nom de cosmographie ou notions de sphère ; que dans les écoles normales des Régentes du Jura Bernois à Delémont où La géographie mathématique (sphéricité de la terre, ses mouvements, saisons, calendriers, latitude et longitude, etc.) est aussi comprise dans le cours de cosmographie et non de géographie.
Nous reviendrons plus loin sur la délimitation de la géographie et ses rapports avec les autres savoirs. Nous voudrions tout dabord montrer, quau travers de lensemble de ces conseils didactiques et de ces prescriptions, quelque peu disparates, cest principalement la vertu suggestive prêtée à la carte qui motive Buisson et ses collaborateurs.
Pourtant la promotion des activités cartographiques à lÉcole, lusage des cartes en tant que support pour des exercices de localisation et de mémorisation, ne doit pas masquer que ces activités sont très rapidement assimilées à des exercices de compréhension . Cest probablement prêter beaucoup de sens à des savoirs qui ne sont évalués que factuellement.
1.3. Savoir sa géographie cest savoir sa carte et non le livre (F. Buisson)
Larticle Cartes est un complément de l'article Cartographie, il présente les activités scolaires en regard de larticle faisant le point scientifique sur cet outil. Le propos sorganise en quatre parties : 1° Nécessité de l'usage des cartes dans l'enseignement primaire , 2° Valeur des différentes cartes faites pour l'enseignement primaire , 3° lecture des cartes scolaires et dans une certaine mesure des cartes en général , 4° construction et dessin des cartes par les élèves eux-mêmes.
Pour Ferdinand Buisson, la carte n'est pas seulement un moyen de représenter les objets à étudier, c'est le seul moyen d'en acquérir une certaine notion, la condition sans laquelle on n'aura jamais que des mots dans la mémoire et non des idées dans la tête. Ainsi il sexprime son souci de renforcer lacquisition du vocabulaire par l'association du mot à une perception. Ce qui est dautant plus remarquable quil est rarement fait référence dans cet ouvrage à lusage dautres images, en particulier des vues paysagères, pour enseigner la géographie. Avant larrivée du concept de paysage en géographie, la vertu suggestive attribuée généralement aux images paysagères est alors décernée à la seule carte, mais si possible associée à la classe - promenade : La carte est à l'enseignement géographique ce qu'est la collection dimages à l'histoire naturelle... Dailleurs, en ce qui concerne les livres scolaires de géographie, Buisson sintéresse avant tout aux atlas scolaires. Il reprend à son compte les propos de MM. Lebrun et Le Béalle dans la préface de leur atlas scolaire (1851) : Savoir la géographie, cest savoir la carte et non le livre .
Mais si les cartes imprimées ou une fois réalisées ont une vertu suggestive, les auteurs, Buisson comme Schrader, se méfient du temps perdu et des détails superflus des croquis tracés par les écoliers :
La confection des cartes par les élèves est un des exercices dont les avantages sont le plus généralement connus.
Cest aussi un de ceux qui demandent le plus constamment lintervention, la direction et la surveillance éclairée du maître ; car sil est mal fait, il entraîne une perte de temps considérable sans le moindre profit pour linstruction. [
]
(Franz Schrader.)
Pour ces auteurs, la question du temps est capitale. Temps inefficace pédagogiquement quand on utilise le calque et temps vainement gaspillé pour en perfectionner l'enluminure. Cest pourquoi, ils proposent de s'inspirer des méthodes de construction à partir de tracés géométriques inspirés du Suédois Sven Agren ou de A. Guyot, Suisse établi aux États-Unis. Deux exemples sont proposés : une carte d'Europe tracée à partir de formes géométriques bâties à partir d'un triangle isocèle, et une autre carte dont l'architecture s'appuie sur un quadrillage. En fait, cet article peut laisser les lecteurs un peu désemparés.
Chaque auteur a son propre système de map drawing ; et il faut quand même convenir que la plupart, à force de vouloir guider l'élève, finissent par lui donner autant à faire pour retenir les artifices de cette construction que s'il avait à dessiner la carte elle-même sans tous ces aide-mémoire.
(Franz Schrader.)
La copie à laide de procédés géométriques ne relève donc pas de lactivité de compréhension. Les procédés de géométrisation permettent de tracer des patrons plus que des modèles. Des patterns facilitent le tracé des détails des contours plus que la reconnaissance globale des formes. Ces exercices cartographiques aident à la mémorisation. Ils ressemblent, dans une certaine mesure, à des exercices de construction, se différenciant de la simple copie. L'article Calque règle dailleurs rapidement et définitivement son compte à lusage du calque.
[...] le calque n'est jamais un procédé pédagogique ; à supposer qu'il apprenne quelque chose, il n'apprendra qu'à se dispenser de comprendre et presque à se dispenser de bien voir et de bien observer.
Telle est la raison générale et toute théorique pour laquelle nous croyons devoir condamner, quelque mérite de détail qu'ils puissent avoir, les procédés de calque calligraphique, géographique et autres.
Effectivement, le calque est dénoncé comme obstacle à la compréhension, mais, il nest pas certain que la carte ait cette finalité. Si elle permet de se représenter, de se figurer le terrain, la question de la compréhension ne semble guère se poser, y compris dans les exercices cartographiques. Schrader, comme Buisson, se situent dans une logique générale de pédagogie intuitive ou la perception induit la compréhension. Le rejet de lapprentissage livresque et des listes dinventaires que contenaient les anciennes géographies débouche donc sur une série de trois télescopages : tout dabord, voir la carte ce serait observer le réel visible ; ensuite, percevoir le réel ce serait le comprendre et donc enfin savoir sa carte ce serait savoir sa géographie.
Paul Dupuy en critiquant les anciennes cartes, administratives ou historiques, mal dessinées et en associant la pédagogie moderne aux cartes du relief figurés en courbes de niveau est caractéristique de cette association entre la pédagogie nouvelle et lusage de cartes du relief :
Jai en commençant, rappelé larticle 4 de larrêté du 3 août 1881 sur le travail dans les écoles normales primaires. On a au aussi lambition de proscrire de lécole primaire, autant que cela est possible, les procédés propres à encourager le travail machinal et à supprimer leffort de réflexion pour ne provoquer que leffort de mémoire. Parmi toutes les matières de lenseignement il ny en a pas où les abus de ce genre soient plus criants que la géographie. On a pensé y remédier par lusage de la méthode intuitive recommandée dans les programmes allemands ; malheureusement la géographie ne peut être entièrement fondée sur des leçons de choses, et la méthode intuitive ne lui a pas profité. Elle a paralysé limagination des maîtres et des élèves ; elle a donné une place exagéré aux cartes et les a confondus avec les plans. Une application avant la lettre de cette méthode avait conduit à des représentations arbitraires : ces représentations sont maintenues, si bien quon a continué à étudier exclusivement le dessin des cartes sur des cartes mal dessinées.
Mais en même temps les hautes études géographiques apportaient en se développant des idées pédagogiques nouvelles ; elles se fondaient sur létude raisonnée de la surface de la terre celle de toutes les manifestations de la vie qui se rapportent à sa surface ; elles introduisaient dans la cartographie lusage des reliefs et surtout des courbes de niveau.
(Paul Dupuy.)
2. La carte et les images.
Ainsi la carte a dès linstallation de la géographie scolaire une place centrale. La carte était déjà le support des exercices de localisation avec des jetons inventés par labbé Gaultier. Savoir sa géographie, cétait dès la fin du XVIIIe, plus localiser sur une carte que décrire un territoire ou interpréter se figuration sur une image. Ce primat de la carte sur les autres images se poursuit tout au long du XIXe siècle. Si limage figurative a une vertu pédagogique reconnue, elle na pas laspect scientifique de la carte. Limage figurative ne serait quune vue dartiste tandis que la carte serait une production scientifique objective.
2.1. Figurés et figuration, représentation et imagination.
L'article « Imagerie scolaire » du Dictionnaire de Ferdinand Buisson n'apporte pas de précision sur lusage des images en géographie ; rien sur des tableaux de paysages singuliers, ce qui est particulièrement remarquable quand on sait limportance que Buisson accorde à la vision des choses. Il faut lire le programme des écoles de Saint-Louis du Missouri pour voir apparaître le mot image dans le champ de la géographie.
TROISIÈME ANNÉE. Étude du manuel intitulé Première géographie. 1er trimestre (p.1-19) : plaines, déserts, oasis, collines, montagnes, volcans, vallées, sources, fleuves, lacs, cataractes, continents, îles, presquîles, isthmes, mers, golfes, détroits, océans, cartes, boussole ; forme de la terre, sa dimension, ses mouvements ; parallèles, méridiens, etc. On aura la plus grand soin de donner aux élèves des idées claires du sens des termes techniques employés en géographie. Conversations à propos des images contenues dans ce manuel.
Cest la seule fois où le mot image apparaît dans les programmes de géographie. Il renvoie non pas à des vues paysagères, mais à des croquis figuratifs. Certes létude de paysages nest pas encore en usage en géographie, mais les figurés de formes de relief - type apparaissent dans les livres scolaires, par exemple ceux de Pierre Foncin dès les premières éditions. Ce sont de petites gravures figurant des vues de paysages singuliers (vue dAlger, Le Creusot, viaduc de Morlaix
) et des gravures darchétypes (trombe, atoll, écluse
). Lensemble est en noir et blanc, dun format dune largeur de colonne (5,5 cm) et dune hauteur de 4 à 5 cm. Un livre de lecture unique comme Le tour de France par deux enfants est lui aussi illustré de petites gravures. Ainsi ces représentations rendent présents ces lieux lointains et permettent dimaginer des objets complexes.
Elles sont dautant plus utiles que les images sont rares. Certes les colporteurs les diffusent et les livres et journaux en ont de plus en plus, mais il faut comprendre limpact de ces rares supports imagés dans une société sans télévision, sans cinéma, où photographier est encore une activité exceptionnelle. Les livres de prix du début du siècle donnent une place importante aux gravures. Ce nest quau début du vingtième siècle que la photographie devient un vecteur important de diffusion des savoirs de la géographie.
2.2. Les images dans les petites géographies de Foncin.
Les livres de géographie pour les plus jeunes élèves (9-11 ans) proposent pour la géographie générale des figurations de modèles archétypaux : le port, lécluse, la plaine. La technique de la photographie nen est quà ses débuts. Il ny a pas de photographie pour illustrer les livres. Mais il y a aussi peu de gravures représentant des lieux singuliers. Ces gravures représentent souvent des modèles-types. Cest pourquoi ils illustrent les chapitres de géographie générale et sont absents des chapitres sur la France. Le choix est clairement fait de figurer des objets géographiques modélisés pour donner à voir le général, le conceptuel et non le singulier, le particulier (tableau 2).
Tableau 2. Les vignettes de la Première année de géographie de P. Foncin, édition de 1886 : 16 vues archétypales.
Fig. 4. Iles et archipel. Fig. 5. Détroit et cap. Fig. 6. Golfe.
Fig. 7. Port. Fig. 8. Presquile ou péninsule. Fig. 9. Isthme.
Fig. 10 Montagnes et vallées. Fig. 11 Volcans. Fig. 12 Plaine.
Fig. 13 Plateau (plaine élevée). Fig. 14 Embouchure dun fleuve. Fig. 15 Lac.
Fig. 17 Tunnel. Fig. 18 Viaduc. Fig. 19. Ecluse.
Fig. 20 Aqueduc.
À linverse le livre de La Troisième année de géographie qui sadresse aux candidats aux divers baccalauréats, aux brevets de capacité, au certificat détudes (enseignement spécial), au certificat détudes secondaires et au diplôme de fin détudes (lycées de jeunes filles) est illustré par des vignettes figurant des lieux singuliers pur la plupart désignés par un nom propre permettant de les localiser (tableau 4).
Entre ces deux ouvrages, La Deuxième année de Géographie qui vise le niveau intermédiaire, cest-à-dire principalement les élèves de lenseignement primaire supérieur , contient un nombre à peu près équivalent dimages archétypales et de vues singulières (tableau 3). De La Première année de géographie à La Troisième année de géographie, les transformations de liconographie traduisent la démarche qui va du général au particulier, des images modèles aux vues particulières.
Tableau 3. Les vignettes paysagères de la Deuxième année de géographie de P. Foncin, édition de 1880 : 10 images archétypales et 8 vues singulières localisées.
Fig. 45 Une forêt vierge dans le bassin de lAmazone. Fig. 47 Trombe.
Fig. 55 Un navire pris dans les glaces polaires. Esquimaux et attelages de rennes.
Fig. 58 Atoll (île de corail). Fig. 60 Raz de marée.
Fig. 65 Le Vésuve.
Fig. 66 Steamboat (bateau à vapeur) sur le Mississipi.
Fig. 69 Tuyaux placés sous la terre et destinés à la drainer, cest-à-dire à enlever leau qui, en y séjournant trop longtemps, ferait pourrir les racines des plantes.
Fig. 72 Un passage dans les Andes du Chili. Fig. 73 Canal de Suez.
Fig. 82 Cirque de Gavarnie. Fig. 88 Vue dAlger.
Fig. 89 Vue de Constantine. Fig. 92 Intérieur dune mine.
Fig. 93 Intérieur dune filature. Fig. 94 Le Creusot.
Fig. 95 Ecluse. Fig. 98 Viaduc de Morlaix.
Tableau 4. Les vignettes paysagères de la Troisième année de géographie de P. Foncin, édition de 1889 : 33 vignettes, pour la plupart localisées.
Fig. 1 Monuments mégalithiques. Fig. 2 Marais salants.
Fig. 3 Une des forges du Creusot. Fig. 4. Port de Brest.
Fig. 5. Rade et digue de Cherbourg Fig. 6. Vue de Metz.
Fig. 8. Habitations lacustres sur pilotis. Fig. 11. Les glaciers du mont Blanc.
Fig. 13. Burg féodal.
Fig. 14. Grotte de Fingall, dans lîle de Staffa (une des Hébrides).
Fig. 15. Fjord (Norvège). Fig. 16. Vue de Rotterdam (Hollande).
Fig. 17. Pont de Fribourg. Fig. 18. Eglise Vassili au Kremlin (Moscou).
Fig. 19. LAlhambra de Grenade. Fig. 20. Courses de taureaux.
Fig. 21. Cathédrale de Milan. Fig. 22. Place Saint-Marc à Venise.
Fig. 23. Vue de Constantinople. Fig. 24. Vue dAthènes.
Fig. 26. Traîneau sibérien. Fig. 27. Caravane dans le Turkestan.
Fig. 28. Jérusalem. Fig. 29. Ruines hindoues.
Fig. 30. Une rue de Canton. Fig. 32. Atoll (île de corail).
Fig. 33. Une rue de Batavia. Fig. 35. Une oasis dans le Sahara algérien.
Fig. 36. Lavage des diamants. Fig. 39. Exploitation dune forêt.
Fig. 40. Indiens des prairies. Fig. 41. Récolte de coton.
Fig. 43. New-York.
Tableau 5.
Liconographie de la Première année de géographie de P. Foncin, édition de 1886.
vignettes paysagèresobjets, danimaux ; personnages en vignetteSchémas, profils, coupes
Cartes et
plans en noir et blancCartes et plans en quadrichromieNotions préliminaires (4 pages)120303Europe muette (1 page)00001France, Relief du sol (2 pages)00001France, Cours deau (2 pages)00001France, Départements (8 pages)00004France, Administrative (2 pages)00001F., Voies de communications (2pages)20001France, Canaux (2 pages)20001F., Agric., Industrie, Commerce (2p.)00001Algérie, Colonies (2 pages)00004France, Défense militaire (1 page)00001Alsace Lorraine (1 page)00001France, Provinces en 1789 (2 pages)00001Questions, (France muette (2p.)00001Europe physique (2 pages)00001Europe politique (4 pages)00002Asie, Océanie (2 pages)00001Afrique (2 pages)00001Amérique (2 pages)00001Géographie générale (3 pages)00402Sous totaux1607030Total général : 53 figures
Mais les vignettes paysagères, quil sagisse de paysages-types ou de paysages singuliers, ne représentent quune faible part de liconographie. À lécole élémentaire, on dénombre dans La Première année de géographie de P. Foncin : sept croquis, seize vignettes paysagères et trente cartes en quadrichromie (tableau 5). Encore faut-il souligner que ces vignettes sont en noir et blanc et de petit format, tandis que les cartes sont en quadrichromie et le plus souvent occupent une pleine page.
Certes, dans lenseignement primaire supérieur liconographie se diversifie. On dénombre dans la Deuxième année de géographie 33 gravures dont 18 figurant des vues paysagères, 47 schémas, coupes ou profils et 90 cartes dont 63 en quadrichromie (tableau 6). Les images à faible degré diconicité comme les cartes et les schémas sont plus nombreuses que les plus figuratives (gravures figurant des objets, des personnages, des paysages
). Le discours de Ferdinand Buisson prônant la psychologie intuitive peut se retrouver en géographie dans les invitations à la classe promenade, mais laccent mis sur la carte dans le domaine de liconographie de la géographie scolaire sous-estime le côté abstrait des cartes.
Tableau 6.
Liconographie de la Deuxième année de géographie de P. Foncin, édition de 1880,
(170 figures au total).
Vignettes paysagèresObjets, danimaux ; personnages en vignetteSchémas, profils, coupes
Cartes et plans en noir et blancCartes et plans en quadrichromie1ère partie La TerreLa Terre dans lespace (4 pages)021700Figuration de la Terre (3 pages)011160Géographie physique de la Terre (9 pages)741352LHomme (1 page)00001Travail de lHomme (1 p.)100002ème partie : révisionLes 5 parties du monde
(38 pages)2700203ème partie La FranceGéographie physique et politique (35 pages)304135Agriculture (9 pages)01025Industrie (8 pages)300100Commerce (9 pages)20230Géographie administrative (7 pages)00000Sous totaux1815472763
Les conseils que Pierre Foncin donne à ces jeunes lecteurs montrent bien ce caractère central de la carte dans les apprentissages cartographiques.
Conseils aux élèves qui se servent de ce livre :
1° Ne pas lire dans le texte un seul mot géographique sans reporter immédiatement les yeux sur la carte et ly chercher.
2° Répondre de vive voix aux devoirs oraux, et par écrit aux devoirs dexamen indiqués en bas des pages.
3° Remplir de nombreuses cartes muettes pour se préparer à tracer des cartes.
4° Sexercer au tracé des cartes, soit au tableau noir, soit sur cahier, daprès modèle dabord, puis de mémoire.
Exécuter ce tracé rapidement, lébaucher plutôt que le dessiner.
Indiquer les montagnes par un trait plein qui en marque pleinement la direction générale. (Voir pour modèle la carte, p.40.)
(P. Foncin.)
En 1911 le Nouveau Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson ne traduit pas dinflexion dans lusage des images en géographie, les mêmes phrases seront reproduites à l'identique, c'est dire la prégnance du primat des exercices de localisation cartographique et aussi linsuffisante mise à jour des articles.
Ainsi, en plus de la carte d'état-major, le lecteur aura rencontré au fil des articles du Dictionnaire : le cadastre, des cartes du relief, des cartes administratives, des cartes régionales, mais rien n'évoque la lecture de cartes portant sur d'autres thèmes que la figuration de la topographie, des cartes particulières ou spéciales comme lon dit alors. Si à la fin du XIXe siècle les cartes thématiques issues de la statistique sont surtout le fait de démographes, de médecins et dingénieurs, elles sont utilisées par quelques géographes, dont certains contribuent au Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Les ouvrages d'Élisée Reclus en contiennent quelques-unes, ainsi le tome 3 de sa Nouvelle Géographie universelle, publiée justement en 1878, chez le même éditeur, Hachette, dont Schrader dirige latelier de cartographie, propose des cartes choroplèthes des densités de population en Allemagne, figurées par 5 niveaux de gris. Soizic Alavoine décompte 3500 cartes dans la Nouvelle Géographie universelle, dont 20 % de cartes spéciales. Autre auteur du Dictionnaire, Émile Levasseur sest lui aussi manifesté avant la rédaction de larticle de Schrader par de nombreuses tentatives pour cartographier les phénomènes statistiques.
Dans lAtlas physique, politique, économique de la France, publié en 1876, Levasseur rassemble 114 cartes en 8 planches, dont un grand nombre de cartes statistiques, de construction personnelle ou reposant sur les résultats de la statistique générale de la France. Cartes choroplèthes, cartogrammes et cartes de flux mêlés fournissant un tableau assez complet du code quantitatif [
]
(Palsky, 1996.)
Cette absence des cartes thématiques dans les dictionnaires de Ferdinand Buisson est encore plus surprenante dans l'édition de 1911, comme si rien ne s'était passé dans ce domaine durant une trentaine d'années. Lactivité de nomination - localisation serait-elle lunique utilité de la carte à l'école primaire ? Sûrement en ce qui concerne les exercices de lecture de cartes et il en est très largement de même pour les activités de dessin de cartes.
Par contre, Pierre Foncin, autre grande signature du Dictionnaire, auteur scolaire le plus diffusé dans lenseignement primaire à cette époque, publie chez Armand Colin, léditeur de Vidal de La Blache. Les cartes statistiques de Foncin utilisent des figurés variant de façon proportionnelle. En 1880 sa Deuxième année de géographie contient une carte Cultures alimentaires et une carte Cultures industrielles , avec comme figuré pour chaque département un disque de taille variable distinguant production intensive et production moyenne et une autre carte Instruction utilisant quatre niveaux de gris en hachure pour figurer la proportion de conscrits illettrés dans chaque département.
Pierre Foncin reproduit aussi régulièrement dans ses différents livres scolaires une carte France et Belgique voies navigables, ports marchands . Sa légende ne précise pas dans les premières éditions le rôle des disques proportionnels, mais par la suite il est précisé : Ports de commerce avec limportance indiquée par le cercle rouge . Cette carte est aussi régulièrement montrée dans La Première année de géographie. Il y est toujours indiqué en bas de page la référence à la Carte murale n°6 parlante au recto, muette au verso par M. Vidal-Lablache . Dès 1889 la légende dune Carte des chemins de fer précise que la largeur des bandes est proportionnelle au trafic à raison de 1/2 millimètre par 100.000 tonnes .
Lusage de la variable taille pour des cartes statistiques est donc rare dans ces livres scolaires. Son emploi se situe généralement dans le champ de la géographie économique. Lemploi de ce type de figuré peut sexpliquer par le fait que Pierre Foncin, bien quayant une définition archaïque de la géographie sintéresse particulièrement, comme Émile Levasseur, aux aspects économiques (voir ci-dessous le chapitre 3) .
Les livres de Foncin comme ceux de Schrader contrastent fortement dans ce domaine avec les ouvrages antérieurs à 1882 qui ne contenaient aucune carte. Certes lactivité de nomination localisation reste longtemps le principal usage de la carte à l'école primaire, tant en ce qui concerne les exercices de lecture de cartes que ceux de dessin de cartes. Mais le nombre important des articles consacrés à la carte dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson est révélateur de ce tournant cartographique de la géographie scolaire. Il nest pas une spécificité de la France, les géographes et les pédagogues français sinspirant clairement de leurs collègues des pays anglo-saxons. Cette révolution cartographique est néanmoins plus précoce que dans dautres pays voisins, par exemple lItalie. En 1872, la 2ème édition du Breve corso de geografia, Teorico-pratice dEugenio Coma ne contient encore aucune illustration et ses 96 pages destinées aux élèves de 9 à 11 ans font penser aux ouvrages de Meissas et Michelot sans iconographie. En 1894 la Piccola Geografia per gli alunni et le alunne de Francesco Baldini ne contient, elle aussi, aucune iconographie. En 1890 Les Elementi di Geografia delle scuole elementare superiori et delle secondarie inferirori dOttone Brentari proposent quelques rares gravures. Il semble quil faille attendre le début du XXe siècle pour que liconographie des livres de géographie scolaire se développe chez nos voisins transalpins avec la publication de petits atlas scolaires comme, vers 1910, lAtlante geografico per le scuole elementari di Padova e sua provincia, qui, édité à Rome par lInstituto Cartografico italiano propose une collection de cartes allant du local au planisphère.
En France, lirruption des cartes non-historiques dans la géographie scolaire est le fait à souligner en ce dernier tiers du XIXe siècle. Ce tournant cartographique sest amorcé en France au milieu du XIXe siècle avec les petits atlas de Cortambert (1840, 1857) et de Perigot (1857). Au cours des années 1860-1870, ces atlas scolaires sont de moins en moins composés de cartes de géographie historique ou religieuse (chapitre 1) ; deux autres thèmes retiennent lintérêt des cartographes et des géographes : le relief et léconomie. À partir de 1885 les cartes murales de Vidal de La Blache ont un tel succès quelles deviennent en France un des objets symboliques de la salle décole primaire et de lenseignement de la géographie.
Dans son article « Cartographie » du Dictionnaire de Ferdinand Buisson, Franz Schrader, en se centrant sur la figuration du relief, annonce la place nouvelle de la nature dans la géographie. Il développe peu, dans cet article, lintérêt économique des savoirs géographiques, en ce sens il se distingue ici de Levasseur et de Foncin. Ceci nous interroge sur déventuels centres dintérêt divergents, de Levasseur, de Foncin et de Schrader et ceci nous renvoie aussi aux liens différenciés que la géographie scolaire entretient avec les autres domaines de la connaissance. Nous verrons en effet quau sein du Dictionnaire de Ferdinand Buisson, les relations de la géographie avec les sciences de la nature ne sont guère symétriques.
Chapitre 3.
Inventaire boutiquier et découverte de la nature.
Des Géographies dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson
Les Dictionnaires de pédagogie de Ferdinand Buisson ont longtemps été des ouvrages de référence pour lenseignement primaire. En géographie, limportant corpus darticles sur les cartes et la cartographie témoigne de laccent mis sur cet outil, mais il faut les replacer dans leur contexte, cest-à-dire dans un ensemble darticles se renvoyant de lun à lautre, comme cest souvent le cas dans les dictionnaires encyclopédiques. En considérant ces dictionnaires et leurs articles comme faisant système, ce nest plus la place des cartes qui apparaît la plus remarquable, mais léclatement du dispositif en deux sous-ensembles darticles ayant peu de liens entre eux. Ainsi se révèle léclatement en deux réseaux des articles de géographie : géographie - inventaire du monde dun côté et géographie descriptive des rapports entre la nature et les hommes de lautre. De plus les renvois de lensemble de ces articles de géographie avec le reste du Dictionnaire montre le caractère dissymétrique des liens entre la géographie et les sciences et savoirs voisins.
Des géographes connus de leurs contemporains, participent à la rédaction des articles du Dictionnaire. émile Levasseur voisine avec Pierre Foncin, Gaston Meissas, Félix Oger, Élisée Reclus et Franz Schrader. Les articles en rapport avec la géographie sont principalement signés Schrader (Géographie DP1, Globes DP1, Cartographie DP2), Foncin (Géographie DP2). Gaston Meissas rédige Mappemonde DP2, et de très nombreuses monographies de régions et dÉtats). Curieusement Émile Levasseur, qui a eu la responsabilité dun rapport national sur lenseignement de la géographie (Levasseur, 1871) et qui publie des textes-atlas pour les écoliers, ne signe dans le Dictionnaire aucun article dans le champ spécifique de la géographie. Sa signature napparaît que dans larticle Commerce quil qualifie comme relevant de léconomie politique. Il paraît peu probable que Levasseur ait directement contribué à la rédaction des articles non signés qui expriment le point de vue de la rédaction , cest-à-dire de Buisson, mais peut-être a-t-il inspiré : Cartes et Exercices cartographiques qui sont les principaux, sy ajoutent Atlas, Calque, Géorama (DP1) et Levés de plan (DP2)
Lensemble des articles rentrant dans le champ de la géographie pose des problèmes épistémologiques et didactiques.
- Comment peut-on définir la géographie en 1878 quand commence la publication sous forme de fascicules du Dictionnaire ? Ensuite, lapparition de la géographie vidalienne marque-t-elle en 1911 le Nouveau Dictionnaire ?
- Quelles propositions didactiques Buisson et son équipe articulent-ils avec leurs conceptions de la discipline ?
Pour répondre à la première question nous verrons tout dabord se tisser des réseaux conceptuels, via les renvois entre articles, les citations, les auteurs et les références explicites. Pour répondre à la seconde nous verrons plus loin les choix didactiques de Ferdinand Buisson qui marqueront pour longtemps lenseignement de la géographie à lécole primaire.
Dans les domaines de la géographie et de la cartographie, une première lecture tendrait à souligner une tension entre deux pôles au sein des Dictionnaires : une géographie-inventaire avec Pierre Foncin, une géographie plus soucieuse des rapports hommes-nature avec Franz Schrader. Cette double logique est dautant plus fortement induite quil existe deux articles Géographie. Le premier article Géographie est rédigé par Pierre Foncin et paraît dès 1879, dans la Deuxième partie , ou partie spéciale du Dictionnaire qui a été publiée plus rapidement que la Première partie . Larticle Géographie de Schrader de la Première partie du Dictionnaire, dite partie générale est donc postérieur ; sa première publication sous forme de fascicule, ne date que de 1882.
1. Pierre Foncin : La géographie une science en miettes pour inventorier le Monde
À linstar de nombreux articles de cette Deuxième partie du Dictionnaire, l'article Géographie de Foncin assure une double fonction. Dune part, il vise à donner aux lecteurs, en loccurrence les enseignants du primaire et leurs cadres, des connaissances, une culture générale. Dautre part il fonctionne comme un article princeps ; il est ainsi suivi dune longue annexe rédigée par léquipe de la rédaction du Dictionnaire où sont présentés larticulation des articles relevant de la géographie dans louvrage puis les programmes scolaires en usage en France et à létranger.
Pierre Foncin ne cherche pas à donner une définition originale de son objet. Larticle débute par cette proposition : La géographie est, daprès Littré, "la science qui a pour objet de connaître les différentes parties de la superficie de la terre, den assigner les situations réciproques et den donner la description." Sans remettre en cause cette définition, mais au contraire pour lillustrer, Foncin expose une classification en trois parties de la géographie : géographie générale (mathématique, physique, politique) ; géographie appliquée, géographie comparée. Chacune de ces grandes divisions étant elle-même subdivisée.
1.1. Trois géographies générales
La géographie générale se décline en trois sous-parties. La première est dite géographie mathématique, les deuxième et troisième parties renvoient à la distinction, devenue plus tard classique, entre géographie physique et géographie humaine.
La géographie mathématique rassemble dun côté la cosmographie et de lautre la cartographie. La cartographie est donc tirée vers la géométrie et le calcul, plus que les objets à cartographier, elle est une technique à maîtriser en soi. Laccent est mis par Pierre Foncin sur ses finalités pratiques. La cosmographie est utile pour expliquer les différences de climats. Ferdinand Buisson note plus loin, dans le cadre de la présentation des programmes scolaires étrangers, que lenseignement de la cosmographie est séparé de la géographie dans les programmes du canton de Vaud et dans les Écoles normales du Jura suisse :
GÉOGRAPHIE MATHÉMATIQUE [
]
1 Géographie astronomique [
] (Voir Cosmographie) [
].
2 Géographie géodésique [
] (projections, [
] chorographie, [
] topographie) (Voir Cartographie, Arpentage),[
] géographie nautique, [
] mesures ditinéraires [
].
(P. Foncin, Géographie.)
Foncin présente la géographie physique comme empruntée aux sciences physiques et naturelles . On note quil énumère ce quil appelle géographie physique proprement dite cest-à-dire ce qui a trait à létude du relief et des eaux, et quil expédie en quelques lignes ce que nous appellerions aujourdhui biogéographie, sans renvoi vers dautres articles du Dictionnaire.
II. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE [
].
1 Géographie géologique [
]. (Voir Géologie).
2 Géographie physique proprement dite. [
] (orographie) [
], (hydrographie) [
], (sismographie) [
].
3 La géographie météorologique [
] (Voir Météorologie).
4 La géographie botanique [
].
5 La géographie zoologique [
].
(P. Foncin, Géographie.)
Pour Pierre Foncin, la géographie politique, pourrait sappeler dun mot géographie de lhomme . Il précise dailleurs que le terme de géographie politique proprement dite ne sapplique quà létude de lorganisation sociale, des gouvernements et des administrations. Il décline les outils caractéristiques de ces différents domaines : tableaux graphiques pour létude de la population ou dessins pour représenter les types raciaux. Lensemble reflète les avancées du XIXe siècle dans le domaine de la géographie médicale et confère une place relativement réduite à la géographie historique. Il termine par la géographie économique.
III. GÉOGRAPHIE POLITIQUE [
].
Population [
].
Races [
].
Géographie médicale [
].
Langues, usages, coutumes, littérature, arts, sciences, croyances [...]
Organisation sociale, politique [...]
Histoire ou géographie historique (cartes historiques) [...]
Monuments (Cartes préhistoriques, géologiques) [...]
Produits agricoles et industriels ; commerce, monnaies, voies de communication. [
].géographie économique.
(P. Foncin, Géographie.)
La géographie politique contraste avec les deux volets précédents de la géographie générale, elle semble un domaine plus autonome, plus isolé car il ny a aucun renvoi vers dautres articles du Dictionnaire. Pourtant des articles classés dans léconomie politique, tels Commerce et Monnaie rédigés par Levasseur ont dincontestables dimensions géographiques. Cette situation se rencontre aussi à cette date dans la Revue de géographie. Le domaine de la « géographie politique » est informe au Congrès international de 1889. La « géographie politique ne se structure que plus tard avant de se transformer en 1900 en « géographie humaine » dans les Annales de Géographie. Cette absence de liens entre les articles traitant de géographie et ceux traitant déconomie quand on sait lengagement dun Foncin vers les milieux daffaires, tant dans le cadre de la société de géographie de Bordeaux quensuite dans celles de Douai puis de Lille.
Il est envisageable que cette mise à distance de la géographie et de léconomie reflète surtout le point de vue de la rédaction, les conceptions de Buisson et Guillaume, son proche collaborateur. Ils nauraient pas prévu de tels renvois dans larchitecture du Dictionnaire, ce qui tendrait à indiquer quils naccordent guère de place à la géographie économique dans la géographie scolaire, ce qui serait un peu surprenant, compte tenu des responsabilités politiques de Buisson, mais qui pourrait sexpliquer par des orientations pédagogiques ou par une faible réflexion sur les objets de la géographie.
1.2. La géographie appliquée déclinée en 4 domaines successifs
Après cet assez long catalogue (883 mots) qui inventorie les objets de la géographie générale , vient linventaire, plus rapide, de la géographie appliquée , domaine de ce que nous appellerions depuis la géographie régionale. Cette géographie du régional, du local napparaît pas, pas encore, comme un élément constituant de la géographie générale, mais au contraire comme sa concrétisation, dans une logique déductive. Les mêmes rubriques que celles qui sont proposées pour létude de la géographie générale sont à nouveau déclinées, dans le même ordre de catalogue. Petite différence, la géographie économique est promue au niveau dune grande sous-partie.
1 Situation (longitude, latitude), orientation, superficie : Géographie mathématique.
2 Nature du sol, relief, cours deau ; climat, flore, faune : Géographie physique.
3 Population, race, langue, coutumes ; divisions administratives ; souvenirs historiques, monuments ; Géographie politique.
4 Agriculture, industrie, commerce : Géographie économique.
(P. Foncin, Géographie.)
Cette rubrique géographie économique , distincte de la géographie politique , se matérialise dans certaines monographies du Dictionnaire, elle apparaît comme une sorte de dédoublement de la géographie politique , mais sans que litinéraire de létude varie. Cette constance de lordre de létude est présentée par Foncin, à la fois comme une caractéristique des divisions de la science même et comme un moyen pour le maître dintéresser son auditoire en sen servant comme illustration des lois générales (du général vers le particulier).
Après avoir rapidement évoqué une géographie comparée (102 mots) qui est en quelque sorte une géographie thématique régionale, Foncin décrit les rapports de la géographie avec les autres sciences quelle met plus ou moins à contribution (133 mots). Il conclut en présentant sa conception de la géographie que lon peut qualifier de taxinomique tant il lassimile à une science de la classification : Ayant à représenter le monde terrestre en raccourci, elle résume et condense le savoir humain. Mais elle n'invente rien ; elle se contente de reprendre, de classer et de peindre. Ses qualités essentielles sont la clarté, la méthode et l'exactitude. . Curieuse science que cette géographie qui ninvente rien, qui compile, classe et décrit les phénomènes découverts par dautres.
Ensuite, il consacre les deux derniers tiers de son article (2 639 mots) à une Histoire de la géographie qu'il termine par ces propos, assimilant implicitement les progrès de la géographie à la découverte du monde.
Outre les ouvrages savants et spéciaux, des atlas et des revues, des récits de voyage contribuent à répandre le goût de la géographie.
Il importe de seconder ce mouvement qui tend à rapprocher les peuples, à les instruire par la comparaison et l'expérience, et par conséquent à les améliorer, comme aussi d'encourager l'étude de plus en plus sérieuse et précise d'une science qui éveille l'imagination sans l'abuser, éclaire les intérêts légitimes du négociant ou de l'industriel, fournit des renseignements précieux à l'homme politique, satisfait les plus nobles curiosités, et ne saurait sans mentir à elle-même, avoir d'autre devise que celle de la vérité.
(P. Foncin, Géographie.)
Au total, la géographie de Foncin a pour objet de tout inventorier, classer, dépeindre ; vaste catalogue, mais ambition fort restreinte pour une science .
L'article Géographie de la Deuxième partie du Dictionnaire se poursuit par une deuxième section, rédigée par la rédaction, qui propose curieusement un autre découpage pour la géographie à lécole primaire : la géographie générale puis la géographie de la France. Pour Buisson, il y a la géographie de la France et la géographie générale.
Le plan détude scolaire de Buisson diffère donc globalement du plan de présentation scientifique de la géographie par Foncin. Lexpression géographie générale semble particulièrement confuse dans le plan détude du Dictionnaire, puisque Ferdinand Buisson renvoie à des articles qui, selon la présentation de Foncin, relèvent de ce champ : (Glaciers, Globe, Mappemonde, Marées et Océans) ; mais aussi à des articles qui devraient relever de la géographie mathématique (Cartographie), et surtout de la géographie appliquée , découpée en États ou en parties du monde, pour employer le vocabulaire de lépoque : Afrique, Algérie, Allemagne, Alpes, Amérique, Angleterre, Australie, Autriche, Asie, Belgique, Égypte, Europe, Espagne, Grèce, Inde, Italie, Océanie, Orient (extrême), Pays-Bas, Scandinave (États), Suisse, Russie et Turquie.
La liste des articles qui sont indiqués à partir de lentrée géographie de la France (Algérie, Alpes, Cadastre, Canaux, Chemin de fer, Colonies françaises, Départements, Droit administratif, Droit public, France, Glaciers, Provinces) confirme l'éclectisme de cette approche. Pourtant, les plans détudes proposés par Foncin pour la géographie appliquée , cest-à-dire régionale au sens présent du terme, et par Buisson pour létude de la France convergent (tableau 1). Y aurait-il déjà convergence vers un plan à tiroirs commun à toutes les monographies ?
Marie-Vic Ozouf Marignier signale à propos du Tableau de la géographie de la France de Vidal de La Blache lexistence antérieure « de toute une gamme de sources possibles pour les études régionales : mémoires dintendant, enquêtes révolutionnaires ou impériales et « toute une série douvrages appartenant à des genres éditoriaux voisins tels que les « descriptions », les « géographies », les « tableaux géographiques », les « atlas », les « dictionnaires », les histoires naturelles et les statistiques .» Elle indique que du point de vue du plan ces sources anciennes étaient déjà souvent fortement structurées, ne serait-ce que par lexigence du commanditaire de lenquête. Elle cite en exemple les mémoires de 1697 commandés par le Comte de Boulainvilliers à ses intendants de province étudiés par Esmonin. Les premières rubriquent doivent être :
Étendue du pays, longueur et largeur, confins à lorient et à loccident, au midy et au septentrion. Mers, ports et rivières navigables (ou) propres à les rendre telles, autres rivières, canaux à creuser pour la communication rivières ou en joindre quelques-unes. Montagnes, pays unis, forestz, quelle sorte de bois, fruits principaux de la terre. Climat froid, chaud ou tempéré, pâturages, nourriture des bestiaux. Mines, métaux ou autres richesses souterraines, salpêtre. Plantes, arbres fruitiers, commerce de denrées, avec quels voysins et par où, marais à dessécher. Hommes : leur naturel vif ou pesant, laborieux ou paresseux, leurs inclinations, leurs coutumes. Nombre de villes, nombre des hommes à peu près en chacune, nombre de village et des hommes, total des paroisses et des âmes de chacune
Les plans proposés pour létude de la géographie appliquée par Foncin ou par Buisson pour létude de la France à lécole primaire se situent donc dans une tradition plus ancienne. On remarquera néanmoins que le relief tend à précéder létude des cours deau, cest semble-t-il une des caractéristiques de ces dernières décennies du XIXe siècle (tableau 1).
Tableau 1 : Plans détude pour la géographie régionale de Foncin et Buisson dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson
Plan détude de P. Foncin
pour la géographie appliquée Plan détude de F. Buisson pour la géographie de la France à lécole primaire 1. Situation (longitude, latitude), orientation, superficie : Géographie mathématique.1. Géographie physique. Côtes et frontières2. Nature du sol, relief, cours deau ; climat, faune, flore : Géographie physiqueOrographie
Hydrographie3.Population, race, langue, coutumes ; Souvenirs historiques, monuments : Géographie politique4. Géographie historique5. Géographie politique et administrative4. Agriculture, industrie, commerce : Géographie économique6. Géographie agricole
7. Géographie industrielle et commerciale8. Algérie9. Autres colonies10. Révision générale
On retrouve ce type de plan dans certains des programmes scolaires étrangers recensés dans le Dictionnaire. Cest en particulier le cas des écoles de Saint-Louis du Missouri, écoles modèles pour Buisson, leur plan détude nénumère pas moins de 14 rubriques successives pour la géographie spéciale . Remarquons aussi la place particulière attribuée aux villes en fin détude.
[
] description et cartes des deux hémisphères, de lAmérique du Nord et des États-Unis. La description contiendra les points suivants : 1° limites, 2° étendue, 3° cours deau et lacs, 4° divisions politiques, étude spéciale de chacune de ses divisions, sous le rapport : 5° du climat ; 6° de la flore, 7° de la faune ; 8° de la population ; 9° du gouvernement ; 10° de la religion ; 11° de léducation ; 12° de lhistoire ; la description détaillée des subdivisions de chaque État comporte létude : 13° des productions ; 14° des villes. [
]
(article Géographie, DP2.)
Dans les écoles normales italiennes le plan détude de la péninsule ne diffère guère, il est fortement marqué par les enjeux de lunité italienne.
[
] 9° LItalie. Situation absolue et relative. Configuration. Dimensions. Orographie et hydrographie. Régions. Îles. Volcans. Climat et productions. Population.
10° Division politique de lItalie. Territoires dépendant dÉtats étrangers. États italiens : république de San Marino, État pontifical, royaume dItalie (ce programme a été rédigé antérieurement à 1870). Population, constitution, divisions administratives, forces de terre et de mer, industrie, commerce, importation et exportation. [
]
(article Géographie, DP2.)
1.3. Le système Pierre Foncin - Gaston Meissas
Un système de renvois polarise différents articles autour du plan détude publié à la suite de larticle Géographie de Foncin (graphe 1). Excepté larticle Cosmographie, ce système est constitué darticles de la seconde partie du Dictionnaire. Nombreuses sont les monographies rédigées par Gaston Meissas qui se renvoient lune à lautre. Son article France, (géographie) est particulièrement riche en renvois explicites à des articles publiés antérieurement.
Les Alpes ont été décrites à part dans ce dictionnaire (V. Alpes). (p.801) ;
Depuis là jusqu'au mont Blanc, la frontière suit constamment la crête, décrite à l'article Alpes qui sépare les affluents du Pô à l'est, et ceux du Rhône à louest. (p.811) ;
Les canaux et les chemins de fer, qui servent au transport des marchandises à lintérieur de la France, ont été lobjet darticles spéciaux dans ce Dictionnaire [
] (p.820)
Pour compléter la description de la France, V. les mots : Algérie, Alpes, Canaux. Chemins de fer, Colonies, Départements, Droit administratif, Provinces (p.822)
Pour le programme du cours de géographie de la France et sa division en leçons, V. larticle Géographie de la France (p.823). (G. Meissas France.)
Nous appellerons donc cet ensemble de renvois système Foncin-Meissas dans la mesure où il associe étroitement les monographies de Gaston Meissas à larticle princeps de Pierre Foncin.
Ce système Foncin-Meissas comprend de nombreux déléments, mais il est constitué de chaînes de relations courtes et généralement univoques, gravitant autour dun seul article structurant. Larticle Géographie de Foncin, tout comme les articles Cartographie et Géographie de Schrader ne proposent pas de renvois vers les sciences humaines, même pas, comme on pourrait sy attendre vers larticle Commerce de Levasseur. Arpentage et Météorologie sont les seuls articles qui renvoient en retour à Géographie. Cet article apparaît surtout comme un pôle de dispersion vers des domaines dont la géographie organise linventaire (géologie, glaciers, météorologie, droit public
) et des articles qui déclinent des géographies « particulières » (Afrique, Algérie, Alpes
). Inversement larticle Géographie est un faible pôle attractif, il ne joue ce rôle que pour Arpentage et Météorologie (graphe 1).
Curieusement aussi, larticle de Foncin nannonce pas lautre article Géographie, celui de Schrader, publié ultérieurement, en 1882, dans la première partie du Dictionnaire. Ce qui fait supposer quà cette date de publication, lensemble « géographie » nest pas très structuré.
Graphe 1 : Le système Foncin-Meissas de la 2ème partie du Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Renvois à des articles ou à des auteurs
Afrique G. Meissas
Arpentage H.Sonnet Amérique G. Meissas
Météorologie Marié-Davy Asie G. Meissas
Australie G. Meissas
Autriche G. Meissas
Mappemonde G. Meissas Espagne et Portugal G.Meissas Cosmographie A. Guillemin Italie G. Meissas
Cartographie Schrader Océans G. Meissas
Marées Marié-Davy Pays-Bas G. Meissas
Globe (constitution du) Russie G. Meissas
V. Raulin Turquie G. Meissas
Glaciers Desor
Géologie V. Raulin
Cadastre C. Roubie
Droit public Delacourtie Géographie France
Foncin G. Meissas
Allemagne F. Oger
Europe F. Oger Algérie G. Meissas
Océanie F. Oger Alpes G. Meissas
États-Unis B. Berger Canaux G. Meissas
Égypte G. Maspero Chemins de fer G. Meissas
Inde L. Rousselet Départements G. Meissas
Orient (extrême) T. Lindenbaud Colonies françaises G. Meissas
Scandinaves (États) E. Reclus Provinces G. Meissas
Droit administratif Delacourtie
2. Franz Schrader : la nomination et l'émotion (1882)
2.1. Émerveillement des découvertes et nomenclature à apprendre par cur
Franz Schrader est lauteur de l'article Géographie de la Première partie du Dictionnaire. Il a été publié en 1882, soit quelques années après l'article Géographie de Pierre Foncin de la Deuxième partie. D'emblée sa définition de la géographie paraît plus consistante :
cest létude de la surface terrestre, et des rapports de cette surface avec lunivers et avec les êtres quelle porte. La référence aux êtres vivants confère implicitement une plus grande place à létude des hommes et à celle des formations végétales et des groupements animaux. Le contraste est net avec l'inventaire localisant de Foncin pour qui la géographie est la science qui a pour objet de connaître les différentes parties de la superficie de la terre, den assigner les situations réciproques et den donner la description. . Ainsi, Schrader utilise le concept de rapport, même si l'identification et la nomination restent des préalables : Lenseignement de la géographie devra donc comprendre tout à la fois 1° les choses, 2° les noms des choses, 3° les rapports qui unissent ces choses. .
Pourtant, tout au long de son développement, Franz Schrader semble se débattre dans une contradiction, pris entre son souci de proposer une démarche dapprentissage de la géographie fondée sur la découverte du monde et son attente de savoirs factuels inventoriant la France et le monde.
Larticle Géographie de Schrader s'étend sur 2 colonnes en petits caractères de la page 1151 à la page 1160. Il rappelle en introduction que cet enseignement a été maltraité dans le passé et que l'analyse de la défaite de 1870, tout comme les bouleversements de la société, rend urgent le développement de l'enseignement de la géographie. Il s'inscrit donc demblée dans ce contexte où les lois scolaires de la IIIe République apparaissent comme un moment fondateur et il utilise lui aussi de façon opportuniste la référence à 1870. Dans une première partie, il dépeint et critique l'ancienne école géographique. Les livres scolaires du type de ceux de labbé Gaultier ou dAchille Meissas (le père de Gaston Meissas, auteur de plusieurs articles dans ce même Dictionnaire) ne sont pas explicitement dénoncés, mais on peut les identifier à ce genre de géographie. Lauteur présente ensuite la Terre comme un organisme. La géographie constituant l'étude de la surface terrestre, elle permet de connaître les noms, les rapports, les pays et les peuples. Dans une deuxième partie, il met en rapport l'enseignement de la géographie et la démarche scientifique pour critiquer à nouveau la nomenclature énumérative, la méthode catéchistique , celle de labbé Gaultier, en particulier semblant clairement visée :
Lenseignement de la géographie devra donc comprendre tout à la fois : 1° les choses, 2° les noms des choses, 3° les rapports qui unissent les choses. Avant tout, il faudra se préoccuper de savoir ce qui existe ; on apprendra ensuite à le nommer et à le placer.
Remarquons en passant que cette marche est commune à toutes les sciences (et il est bien entendu que la géographie nest plus une annexe des lettres lettres , mais bel et bien une science). On nenseigne pas la chimie en disant : il y a tant de corps simples, dont voici les noms : celui-ci se combine de douze façons, celui-là de quatorze, etc. . On montre ces corps simples et en combinaison dans la nature.
(F. Schrader, Géographie, DP1.)
Schrader oppose l'attrait des lectures géographiques à cette mémorisation stérile et fastidieuse de listes apprises par cur à l'aide d'un système de questions et de réponses ; ce qui légitime sa critique des manuels qui font peu de place à la géographie vivante . Après avoir présenté ce qui s'enseigne dans les bonnes écoles primaires, il conclut par une envolée lyrique sur ce que sait l'élève et surtout ce qu'il ne sait pas : trop de mots, mais pas assez de compréhension. Ceci est cohérent avec la troisième partie de son article, où il se réfère à Bacon, Comenius, Rousseau et Pestalozzi. Il faut partir du fait, non de la définition. Il faut raconter la géographie en s'appuyant sur les formes sensibles, il faut montrer l'école, la mairie. Il faut rompre avec la routine des vieilles méthodes. Il cite un « extrait dune lettre tout intime et encore inédite dÉlisée Reclus » :
Je me garde bien, dit Élisée Reclus, de repousser létude de létroit milieu dans lequel se trouve lenfant. Il est bon quil se rende compte de tout, mais chaque chose de cet étroit milieu le transporte dans un monde infini. Il a son ardoise devant lui : il est bon quil en connaisse la place et les dimensions, mais il est bien plus important quil sache ce que cest, et voilà que linstituteur parle de ces carrières et des montagnes stratifiées, et des eaux qui ont déposé les molécules terreuses, et des roches dont le poids les a durcies. Il est assis sur un banc ; le banc a trois mètres de long, je le veux bien, mais ce banc est en chêne, - et nous parcourons en imagination les grandes forêts de France, ou en sapin, et nous voici gravissant les montagnes de Norvège. Et que de voyages, que dexcursions dans lespace, que de conversations amusantes sur les pierres et les clous des maisons, sur les fleurs du jardin et le ruisseau du village. La géographie vient en même temps, mais sous forme vivante. » Et plus loin encore cette remarque profondément juste : « Lenfant a la passion du gigantesque, du colossal. Il en veut à tout prix. Il voit une pierre, il veut imaginer que cest un rocher ; une taupinière, cest une montagne pour lui. Quand nous lui disons dune chose quelle est très grande, son imagination travaille sans cesse pour écarter les bornes que nous lui avons fixées dabord. Je me rappelle encore le jour où mon grand-père me dit que le Sahara est un désert où lon peut marcher pendant des jours et des jours sans trouver autre chose que du sable. Depuis quil ma donné cette première leçon de géographie, je le vois essayant sans cesse en imagination de « réaliser » cet espace sans bornes,
Qui ne finit jamais et toujours recommence. »
(Élisée Reclus, cité par F. Schrader.)
Pour Franz Schrader, comme pour Élisée Reclus l'étude du milieu local transporte dans le monde infini . Enseigner des faits perceptibles d'abord, raconter la terre qui porte les hommes en utilisant l'analogie avec le milieu des élèves :
Nous essaierons dabord de fonder lenseignement sur les faits. Mais ces faits ne seraient pas la classe ou le département. La classe, nous lavons dit, ne peut servir qu'à une explication de quelques minutes, toute spontanée ; cest une parenthèse aussi bonne que tout autre, mais ce serait un mauvais point de départ. Dabord, lenfant naimera sa classe que si, de cette chambre austère et grise, sa pensée senvole vers les choses extérieures. [
] La classe nest pas une forme terrestre, un accident naturel. [
] De même, le département est un mauvais point de comparaison. Rien de plus conventionnel quun département. Si nous devons partir de ce que lenfant voit, qui donc a vu un département ? Nous sommes en pleine abstraction. Mieux vaudrait partir du ciel infini, du soleil, de la lune, des étoiles. Cela, au moins, lenfant la vu, ce nest pas abstrait pour lui, ce sont des réalités qui lont frappé dès quil a ouvert les yeux à la lumière.
(F. Schrader, Géographie, DP1.)
Tout en se situant dans la logique de lobservation de lenvironnement, celle des leçons de choses, il sen éloigne en faisant appel à limagination, au merveilleux quand il poursuit ainsi :
Mais si nous avions à choisir un début, nous en choisirions un plus simple encore, plus à la portée de lenfant, plus strictement limité aux faits. Nous supprimerions toute mesure de longueur, toute définition géométrique, toute nomenclature aride ; nous nous souviendrions, seulement de deux choses : Il y a une terre, qui porte des hommes. Et nous raconterions la terre et les hommes. Le premier mois tout entier, deux mois peut-être, seraient employés exclusivement de la sorte : rien que des récits de faits, des histoires propres à passionner lenfant, à jeter dans son esprit des semences fécondes. Et quelles histoires ? Mon Dieu, celles qui, sil les lisait, lui enlèveraient lidée daller dormir. Grands glaçons polaires avec leurs ours blancs, déserts avec leurs files de chameaux, tempêtes démâtant les navires, Esquimaux poursuivant les phoques, forêts tropicales, Chinois aux murs étranges, grands fleuves dAmérique roulant des forêts arrachées, avalanches recouvrant des villages, pays où il ne pleut jamais, pays où il pleut toujours, hautes montagnes, plaines interminables, découverte de lAmérique, éruptions de volcans, tout cela avec images et projections ; des faits palpables avec leurs formes visibles.
(F. Schrader, Géographie, DP1.)
Ensuite vient l'enseignement, et dans ce domaine Franz Schrader se montre favorable à lapprentissage par cur des noms de lieux de notre nid, la France , petite contradiction avec les références à Rousseau et à Pestalozzi, avec la dénonciation de la vieille routine :
Lenseignement de la nomenclature géographique nous paraît être un des trois points principaux de létude de la géographie. Mais cette nomenclature doit-elle être apprise par cur, ou assimilée par un acte de raison, comme faisant partie intégrante de lenseignement total ? A notre avis, elle doit être apprise par cur, et fixée dans la mémoire indépendamment de toute autre opération de lesprit.
(F. Schrader, Géographie, DP1.)
Cest ici quil explique comment les cartes peuvent aider à mémoriser cette nomenclature. Favorable aux représentations cartographiques, comme nous lavons vu dans le chapitre précédent, Franz Schrader met néanmoins en garde contre les devoirs où les élèves sont amenés à passer de longues heures pour dessiner maladroitement des cartes trop compliquées pour eux. Schrader insiste pour que la nomenclature et la cartographie s'appuient sur la compréhension, et si possible sur la vue directe des objets géographiques. Mais, comme nous lavons noté chez Levasseur, il ny a pas chez Schrader de distinction faite entre lobservation visuelle du monde et lobservation de carte.
2.2. Un système Schrader dans le Dictionnaire
Le rôle joué par les cartes dans léducation et lenseignement géographiques que proposent Schrader et Buisson apparaît dans lorganisation du Dictionnaire et de ses articles. En effet, les articles Cartes et Exercices cartographiques tiennent une place majeure dans le système du Dictionnaire.
Larticle Cartes, rédigé par la rédaction, Buisson et Guillaume (DP1, 1878), annonce avec ses renvois plusieurs articles, parus quelque temps auparavant ou simultanément : Atlas (DP1, 1878), Cartographie (DP2, 1878) ou à paraître : Globes (DP1, 1882), Topographie (DP1, 1886). Par contre, seul le rapide article Atlas, signé lui aussi par la rédaction renvoie à un article Géographie, probablement celui de la même partie du Dictionnaire, cest-à-dire larticle Géographie de Schrader (DP1, 1882). Quant à larticle Géographie de Foncin, il est complètement isolé du système de renvois qui senchaînent à partir des articles en rapport avec les cartes.
À côté du système Foncin-Meissas (graphe 1), on peut tracer un réseau de renvois, un système Schrader-cartes (graphe 2). Ainsi, deux réseaux principaux se tissent dans le domaine de la géographie et de la cartographie au sein du Dictionnaire : celui de Schrader, celui de Foncin et Meissas.
Graphe 2 : Le système Schrader-cartes dans la première partie du Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Renvois à des articles ou à des auteurs
Calque (Buisson)
Cartographie Exercices cartographiques
Schrader (Buisson)
Cartes
(Buisson) Globes
Schrader
Atlas Géographie Ethnographie,
(Buisson) Schrader Ethnologie
(Buisson)
Topographie E. Reclus
P. Moëssard E. Levasseur
Levés de plan
H. Sonnet
On peut distinguer dans ce système Schrader-cartes 3 types darticles.
Les articles Cartes et Exercices cartographiques rédigés par Buisson forment des pôles centrifuges qui renvoient à plusieurs autres articles. Ils ont de nombreuses connections avec dautres articles. Ils sarticulent en de nombreux points avec lensemble du Dictionnaire, mais ils ne sont pas des références pour dautres articles. La rédaction conçoit la structure du Dictionnaire, mais les auteurs darticles nont pas nécessairement une vision densemble de louvrage et un souci de se positionner par rapport aux autres entrées.
Les articles Géographie et Cartographie de Schrader ont eux aussi de nombreuses connexions, mais, à linverse des articles Cartes et Exercices cartographiques, ils apparaissent comme des pôles centripètes qui organisent des articles de second rang. Larticle Cartographie et larticle Géographie de Schrader fonctionnent donc comme des pôles dattraction, servant de référence scientifique pour les autres articles. Les articles de Schrader éclipsent ainsi ceux de Foncin et de Meissas.
Enfin, un moindre niveau dimportance peut être attribué aux articles qui napparaissent quau bout dune seule chaîne de renvois (Calque, Levés de plans, Globe).
Deux autres auteurs du Dictionnaire, Élisée Reclus et Émile Levasseur, peuvent être rattachés à ce système car ils sont explicitement les principales références scientifiques de Schrader. Un seul article, éloigné de la liste des articles de géographie dressée par Buisson, se raccorde à ce système, il sagit dEthnographie, ethnologie ; en revanche, aucun article traitant des sciences de la nature ne se rattache à ce réseau conceptuel géographique.
Quelques décennies plus tard, en 1911, Le Nouveau Dictionnaire de Pédagogie de Ferdinand Buisson délaisse les développements encyclopédiques et se présente comme un ouvrage plus recentré sur la seule pédagogie. Par exemple larticle Commerce de Levasseur nest pas repris, cédant la place à un article Commerce (Écoles de). Les monographies géographiques de Gaston Meissas disparaissent aussi de cette nouvelle édition. Larticle Géographie de Pierre Foncin nest pas reproduit, alors quil continue à diriger sa collection de manuels scolaires chez Colin.
Au total, lensemble du Nouveau Dictionnaire néquivaut quau 2/3 de la seule première partie du Dictionnaire ce qui pourrait expliquer en partie que le système de renvois soit en 1911 plus réduit. Larticle Cartes devient alors, dans le champ de la géographie, celui qui à le plus de renvois. Cest un article assez peu développé (7 colonnes), bien moins que lensemble des articles Géographie, Cartographie et Globes rédigés par Schrader qui totalisent 36 colonnes, soit léquivalent de 18 pages. Larticle de Foncin nétant pas republié, les articles de Franz Schrader prennent seuls la place centrale dans le nouveau corpus darticles en rapport avec la géographie (graphe 3).
Graphe 3 : Le deuxième système Schrader en 1911 dans le Nouveau Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Renvois à des articles ou à des auteurs
Exercices cartographiques
Cartographie (Buisson) Calque Defodon
Schrader
Globes Schrader Cartes Atlas (Buisson)
(Buisson)
Géographie
Schrader Arpentage H. Sonnet
Topographie, article annoncé mais non publié
E. Levasseur
E. Reclus
En 1911, la géographie présente ainsi un visage moins diversifié aux lecteurs du « Ferdinand Buisson ». Lancienne géographie inventaire est moins présente en arrière fond que dans le premier Dictionnaire. Mais curieusement, alors que de nombreux articles ont été complètement remaniés pour cette nouvelle édition, avec y compris changement dauteur, larticle de Schrader ne connaît que peu de modifications : il est au total 15% plus court.
Lessentiel des passages supprimés correspond à ce qui à nos yeux, était une contradiction dans larticle de 1882. En effet Franz Schrader dune part, y dénonçait fortement la persistance des méthodes catéchistiques et dautre part proposait des procédés mnémotechniques pour retenir les listes de départements avec préfecture et sous-préfectures. Néanmoins, Schrader continue daffirmer quil « faut fonder lenseignement sur des faits » et plus loin décrire à propos de la mémoire : « Pour ce travail mécanique, les commentaires rationnels seraient une surcharge plutôt quun secours. Ils devront venir ensuite, mais le travail consistera dabord à graver dans le souvenir un certain nombre de sons dans un ordre préconçu. » Sans toujours y voir, semble-t-il de contradiction.
De nouveaux paragraphes sont rédigés pour tenir compte des nouveaux programmes, mais aussi pour exprimer sa philosophie, son refus dune géographie utilitariste. Schrader y exprime son inquiétude face aux développements techniques avec une tonalité que lon qualifierait aujourdhui décologiste. On peut le ressentir dans cet extrait :
[
] La conception du monde moderne relativement aux rapports de la terre et de lhomme est fondée sur le point de vue industriel, non sur le point de vue philosophique : cest à dire que, lhomme est considéré comme lexploiteur naturel du globe, et le globe comme le fournisseur obligatoire de lhomme. De là, lesprit utilitaire qui règne dans la notion de géographie. Il ne peut guère en être autrement à une époque et pour une génération qui a vu le développement si prodigieux des nouveaux moyens dutilisation et la forme nouvelle de civilisation qui en est résultée ne tarderont pas, par lexpérience même quaura produite leur usage, à introduire dans la pensée générale lélément nouveau dont je voudrais dire quelques mots. On a pu se faire pendant un demi-siècle lillusion que les nouveaux rapports de lhomme avec la terre étaient appliqués dune façon naturelle et normale. Un vague malaise de toutes les nations civilisées commence à les avertir quil nen est rien; ce malaise, dabord diffus, va ou ira se précisant peu à peu ; cest à ce moment que la géographie opérera de façon consciente son évolution nouvelle, que nous devons prévoir pour en faciliter la naissance. [
]
(Franz Schrader.)
Cette attente dun nouvelle écogéographie se situe logiquement dans les références maintenues à Rousseau, à Ritter, à Pestalozzi et à Reclus. Ces auteurs, de même que Comenius et Levasseur nommés dans larticle de 1911 comme dans larticle en 1882. Mais labsence dans le Nouveau Dictionnaire de pédagogie du nom de Vidal de La Blache est curieuse. Est-ce dû au fait que larticle a été raccourci sans être vraiment remanié ? Probablement. Mais cest aussi à nos yeux lindice que la géographie à lécole primaire au début du XXe siècle reste encore fortement marquée par sa période dinstitutionnalisation, antérieure à la fondation de lécole française de géographie. En 1911 Buisson en choisissant de demander à Schrader plutôt quà Foncin dactualiser son article géographie, retient certes lauteur de chez Hachette qui édite son dictionnaire plutôt que lauteur de chez Colin. Mais surtout il privilégie le plus idéaliste des deux auteurs. Buisson privilégie la géographie comme moyen déducation des hommes au Monde, incarnée par Schrader, alors président du Club Alpin Français, aux dépens de la géographie pour lapprentissage du commerce sur la Terre, incarnée alors par Foncin, fondateur et président de lAlliance Française.
3. La géographie et les champs notionnels et disciplinaires du Dictionnaire
Cette différence de sensibilité entre Schrader et Foncin peut aussi se mesurer dans leurs rapports avec les disciplines connexes et en particulier avec les sciences de la nature. Dans son ensemble, le Dictionnaire confère une place dimportance aux sciences de la vie et de la terre. Cet intérêt pour les sciences de la nature est manifeste dans les entrées pédagogiques darticles comme Leçons de choses, Projections lumineuses et Promenade qui font surtout référence aux sciences naturelles et fort peu à la géographie. Le paysage, avec ses composantes naturelles, nest pas encore devenu un objet détude caractéristique de la géographie. Pour leur part, les articles du champ de la géographie sont plus ou moins polarisés par les sciences de la nature et de la terre. Ceci peut se mesurer dans les articles du Dictionnaire.
Pour chaque auteur important du corpus de géographie, nous avons tout dabord sélectionné, larticle le plus général dans le domaine de la géographie ou dans un domaine proche : Cartes pour Buisson ; Commerce pour Levasseur ; Géographie DP1 pour Schrader, Géographie DP2 pour Foncin ; Mappemonde pour Meissas. Ces articles sont de longueur inégale, mais relativement comparable, entre 3 000 et 10 000 mots. Nous avons ensuite retenu comme indicateurs des centres dintérêts des différents auteurs une liste de lexèmes fortement connotés et présents dans ces articles : économie, économique ; État ; homme, humain ; nation, national, international ; nature, naturel ; peuple ; politique ; science, scientifique ; végétation ; terre et terrestre ; vie. Ensuite nous avons compté leur présence dans les articles choisis (tableau n°2).
Tableau n°2 : Les centres dintérêts des articles de géographie du Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Présence et fréquence de mots caractéristiques dans les articles.
Article
motsGéographie
P. FoncinGéographie
F. SchraderMappemonde
G. MeissasCommerce
E. LevasseurCartes
F. BuissontotalTerre(stre)19491512196(inter)nation(al)21237042Homme/humain621113041Nature(lle)610311636Science201000030Peuple81003223Politique5408522État30012015Economi(que)1309215Végétation042006Vie100102Total des mots de larticle39459789316496164145
Les noms terre, nation, homme et nature, avec leurs adjectifs correspondants, sont les plus fréquents. Terre est le plus occurrent, il caractérise les articles de Foncin et Schrader, auteurs qui définissent le plus lobjet de la géographie. Il nest guère surprenant que le lexème terre soit aussi très fréquent dans larticle de Gaston Meissas, compte tenu du sujet : la Mappemonde.
Curieusement larticle Cartes de Ferdinand Buisson se situe sur un autre champ lexical où reviennent plutôt les mots nature et politique. Ceci nous rappelle les deux types de cartes que Buisson privilégie pour lécole primaire : les cartes du relief et les cartes administratives.
Le vocabulaire de larticle Commerce dÉmile Levasseur ne donne pas le premier rang au mot économie, mais à dautres lexèmes qui renvoient plus à la géographie politique : nation, homme, terre, État. Et si nature est aussi fortement présent, cest lusage abondant des mots bâtis sur le radical nation (national, international
) qui fait loriginalité de lapproche de Levasseur, ardant défenseur des bienfaits du libre-échange entre les États, condition à ses yeux de lamélioration des bases matérielles de nations.
La forte présence conjointe de science et de terre est peu surprenante dans larticle de Pierre Foncin qui définit lobjet de la géographie. Larticle Géographie de Franz Schrader utilise moins fréquemment le mot science. Il utilise, contrairement à Foncin plus souvent le vocabulaire renvoyant aux hommes quà la science. Le mot État est absent du vocabulaire quil emploie dans son article Géographie (tableau 3). Pourtant, dans lensemble, si Schrader insiste plus sur les rapports entre les êtres vivants et la surface de la terre, le vocabulaire quil utilise ne le distingue pas fortement de Foncin. Ceci recoupe en effet ses préoccupations dans le domaine des cartes, pour lesquelles il sattache avant tout aux questions de figuration de la sphère et du relief plus quà la cartographie des phénomènes humains.
Tableau n°3
Les centres dintérêts des articles Géographie de Foncin et Schrader.
Présence et fréquence de mots caractéristiques dans les articles Géographie du Dictionnaire de F. Buisson.
Article
motsGéographie
P. FoncinArticle
MotsGéographie
F. SchraderScience20Terre(stre)49Terre(stre)19Homme/humain21Peuple8Science10Homme/humain6Peuple10Nature(lle)6Nature(lle)10Politique5Politique4État3Végétation4(inter)nation(al)2Economi(que)3Economi(que)1(inter)nation(al)1Vie1État0Végétation0Vie0Total des mots de larticle3945Total des mots de larticle9789
Néanmoins, cette petite différence de vocabulaire entre les articles Géographie de Foncin et Schrader se retrouve dans celle des réseaux conceptuels affichés à travers les renvois entre articles. Dans son ensemble, la définition de l'étude de la géographie proposée par Foncin renvoie plus aux sciences de la matière quaux sciences de la vie. Larticle de Foncin affiche des renvois vers la mesure de la terre (Arpentage), la climatologie (Météorologie), l'astronomie (Cosmographie) et la géologie. À linverse, il fait peu de référence aux sciences du vivant.
Quant au mot Milieu, il ne fait pas encore partie du champ conceptuel de la géographie. Larticle Milieu (Docteur Safray, DP1) est une approche strictement médicale de la question, sans carte. Lon note bien aussi labsence de lentrée Paysage dans le Dictionnaire. Le paysage nest pas encore formulé comme un objet détude géographique, cette absence est particulièrement remarquable sous la plume de Schrader, peintre aquarelliste des Pyrénées.
Plus que le vocabulaire, le système de renvois met en évidence la situation univoque des liens de la géographie avec les sciences de la nature : Géographie renvoie à Géologie, à Constitution du Globe ou a Cosmographie sans que ces articles ne flèchent de retour vers Géographie (graphe 2). Ni le mathématicien Guillemin ni le géologue Raulin ne se soucient dans leurs articles de situer leur discipline par rapport à la géographie. Seuls Météorologie de Marié Davy et Arpentage de Henri Sonnet proposent des renvois vers Géographie, et ici la conception de Foncin dune géographie qui classe des informations produites par dautres sciences est validée.
Du côté de létude des hommes et des sociétés, les renvois vers la géographie sont aussi rares. Seul, le petit article Ethnographie, ethnologie flèche vers Géographie. Les termes Ethnographie et ethnologie sont dailleurs utilisés comme titre dune rubrique des monographies géographiques rédigées par Gaston Meissas pour la Deuxième partie du Dictionnaire. À linverse, le long article Races humaines de lanthropologue Edmond Perrier est rattaché à lHistoire générale et non à la géographie comme on aurait pu sy attendre.
Du côté des sciences exactes, les renvois sont ainsi généralement à sens unique ; ils mettent la géographie en situation de dépendance par rapport à ces savoirs, tendant ainsi à réduire la géographie à une pratique : linventaire et à un outil privilégié : la carte. Ces références aux sciences de la terre sont aussi cohérentes avec laccent mis dans le cadre des activités cartographiques sur les faits naturels, en particulier sur le relief et lhydrographie.
Ainsi au total, les relations conceptuelles et le vocabulaire révèlent un éloignement de Foncin et de Schrader des savoirs des disciplines humaines et sociales, domaines dont Levasseur est à linverse plus proche. Mais, cest Foncin et Schrader qui rédigent lessentiel du corpus des articles proprement géographiques, qui donnent le la, qui écrivent la référence de la géographie à enseigner à lécole primaire. Dans ses articles Commerce et Monnaie Levasseur y tient strictement un rôle déconomiste. Il ninspire guère larticle de Franz Schrader, même si son rôle est rappelé pour limpulsion de la géographie après 1870. Larticle Géographie de Foncin ne renvoie pas aux articles Commerce et Monnaie de Levasseur.
Ainsi à la fin du XIXe siècle, la géographie de lécole primaire apparaît nouer des liens de dépendance importants avec les sciences de la Terre et de lunivers. Paradoxalement ces articles du Dictionnaire font peu de référence aux sciences de la vie, relues comme un paradigme dominant au XIXe siècle. En fait, ce nest quà partir des années 1890, peu après la rédaction des volumes du Dictionnaire, que les géographes français se tournèrent vers un néo-lamarckisme mettant laccent sur linégale aptitude des êtres vivants à tirer parti des milieux environnants. Par ailleurs les liaisons entre la géographie et le domaine des études de lhomme et des sociétés renvoient principalement à léconomie et à la géographie politique et ici on voit une part de lhéritage des économistes libéraux tels Levasseur.
Cette condensation relativement précoce dun corpus de savoirs de référence et dexercices canoniques (croquis cartographique de mémoire et liste dinventaire) éclaire loriginalité de la géographie à lécole primaire par rapport à celle de lenseignement secondaire dont linstitutionnalisation est plus lente, tiraillée entre un modèle classique hérité des humanités et le modèle de lenseignement spécial proche, par ses finalités des cours supérieurs de lenseignement primaire dont il partage souvent les livres scolaires. Cette géographie pour lécole primaire présente des aspects contradictoires.
En cette fin du XIXe siècle la géographie enseignée à lécole primaire apparaît à travers le Dictionnaire de Ferdinand Buisson comme insérée dans un réseau de références scientifiques dissymétriques et naturalistes, mais la logique de linventaire est souvent présente car la tension est grande entre deux modèles.
Le premier modèle est énoncé par Pierre Foncin : la géographie [est la] science qui a pour objet de connaître les différentes parties de la superficie de la terre, den assigner les situations réciproques et den donner la description. Franz Schrader propose une autre définition de la géographie comme étude de la surface terrestre, et des rapports de cette surface avec lunivers et avec les êtres quelle porte. Cette conception est plus ouverte sur la nature et renvoie à des finalités morales de léducation géographique. Ces finalités éducatives étaient déjà clairement énoncées par Levasseur mais lui mettait plus laccent sur la maîtrise de la nature que sur lharmonie avec la nature.
Dans la lutte continuelle que lhumanité livre depuis le commencement des siècles contre la misère, lignorance et limmoralité, cest-à-dire contre le mal, chaque peuple a pour auxiliaires ou pour ennemies les forces de la nature, selon quil a su les plier à ses desseins à force dintelligence et de travail, ou que, par imprévoyance et paresse, il les a abandonnées à elles-mêmes : telle est la conclusion dernière à laquelle arrive la géographie.
Partie de lobservation des phénomènes purement physiques et matériels, elle sélève ainsi jusquà des études dordre moral, et, parvenue à son terme, elle se confond presque avec la science économique quelle navait cessé de côtoyer lorsquelle étudiait les rapports de lhomme avec la nature.
(Émile Levasseur.)
Ainsi cest plus Pierre Foncin que Franz Schrader qui transmet le « leg Levasseur » en conférant. La géographie en actes dans le Dictionnaire, en particulier nous le verrons dans les nombreuses descriptions géographiques quil contient, confronte ces deux conceptions : dun côté lapproche de Schrader, inspirée par Ritter et Reclus pour qui la Terre est un organisme vivant habité par les hommes et la géographie une matière éducative, de lautre la conception de Foncin, pour qui la Terre est un monde de marchandises et la patrie un objet déducation géographique. Ceci étant écrit en forçant le trait.
Au-delà de ces divergences dapproche, les auteurs du Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson ne rusent plus en proclamant que la géographie serait un cadre utile de repérage, préalable à létude de lhistoire. Ils assument pleinement, à linstar dÉmile Levasseur acteur et porte-drapeau de cette promotion de la géographie, lintérêt pour soi et en soi de lenseignement de la géographie.
Chapitre 4.
Plans à tiroirs et tableaux spécifiques.
Descriptions monographiques du Dictionnaire
et découpes régionales des petites géographies.
Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson contient de nombreuses monographies géographiques. Ce genre nest pas une nouveauté, les abrégés de géographie, les Géographies universelles, tout comme les dictionnaires encyclopédiques, tous ont recours à ce mode de présentation des connaissances qui se répand alors en Europe. Après avoir présenté lensemble du corpus de ces articles, il sagira de regarder plus en détail une sélection de ces notices géographiques, ce afin de présenter les centres dintérêts, les finalités, les logiques explicites qui parcourent ces différents textes.
Ensuite, les manuels scolaires, en particulier les plus vendus : les petites géographies de Pierre Foncin, seront confrontés à lécriture des monographies du Dictionnaire. Le poids de lhydrographie marquent ces livres scolaires, même après le renoncement au découpage par bassins. Les découpages par région proposés par Vidal de La Blache ne pénètrent que progressivement ces géographies pour lécole primaire. Cela fait donc de cette géographie scolaire un conservatoire dinfluences, antérieures à létablissement de lécole vidalienne de la géographie.
1. Parcours descriptifs et logiques explicatives des articles monographiques du Dictionnaire de Ferdinand Buisson
Dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson, nous sommes en présence de 25 monographies géographiques. Elles se composent dune part darticles présentant les grandes parties du monde : Afrique, Amérique, Asie, Océans, Europe et Océanie, et, dautre part, darticles présentant des États auxquels sajoute une monographie régionale sur les Alpes. La présence de cet article témoigne de lattrait des contemporains pour la montagne et de lintérêt de plus en plus grand en faveur de la géographie physique et de ses découpages de lespace. Mais, le fait que cette grande chaîne montagneuse soit la seule à bénéficier dune notice spécifique, sexplique aussi par sa place dans lordre alphabétique ; les contraintes éditoriales, qui par la suite ont contraint Buisson et son équipe à réduire lampleur de leur ambition, les ont aussi conduits à ne publier de notices géographiques que sur les continents et les États. Ces choix, ces modes de découpage de lespace pour le décrire, ne sont certes pas neutres, ils reprennent les découpes de lespace des géographies antérieures qui inventoriaient le monde par continents et par États.
Les auteurs de ces articles sont fort peu nombreux, quatre pour les monographies typiquement géographiques (tableau 1). Félix Oger, professeur à Sainte-Barbe, rédige aussi les notices géographiques dAllemagne, ainsi que celles sur lEurope et lOcéanie. Élisée Reclus est lauteur de celle sur les Etats scandinaves et Eugène Borel, directeur de lUnion postale Internationale à Berne, celle sur la Suisse. Mais, la majeure partie des articles est signée par Gaston Meissas, le fils dAchille Meissas, : Angleterre, Australie, Autriche, Espagne et Portugal, Etats-Unis, Grèce, Italie, Pays-Bas, Russie, Turquie. Cette série darticles dont la publication a commencé en 1879 se termine en 1887 par son article Belgique, curieusement publié dans les suppléments au Dictionnaire, un peu comme sil sagissait dun article oublié. Dans cette abondante production de Gaston Meissas, il faut aussi souligner son long article France (géographie) et ses articles sur lAlgérie, sur les colonies françaises et les Alpes.
En effet, ces articles sont dans la première édition du Dictionnaire de longueur assez homogène, ils comprennent entre 2 000 et 5 000 mots, larticle France se distinguant par son ampleur (tableau 1).
Tableau 1. Longueur de quelques monographies géographiques dans les Dictionnaires de Ferdinand Buisson.
ArticleAnnée prévue pour la première publicationNombre de mots du texte dauteurAutres documents jointsAfrique18786 8011 carteAllemagne18784 514Algérie18782 9931 carteFrance (géographie)187927 312Scandinaves (Etats)18815 0333 tableaux statistiquesBelgique18872 856Afghanistan1911351
Nous ne prenons pas en compte dans cette étude les articles Egypte de Gaston Maspero, Inde de Louis Rousselet et Orient (extrême), de Th. Lindenbaud, qui, bien quappelés par des renvois depuis larticle Géographie de Foncin, sont bien peu géographiques et nous présentent avant tout légyptologie ou la culture et les religions orientales. Les 87 monographies départementales, les 19 monographies de provinces ne sont pas, elles non plus, prises en compte ; leurs auteurs ne sont pas des géographes, leur finalité nest pas de dresser des tableaux géographiques, mais de présenter lhistoire et lactualité du système éducatif de ces contrées. Les articles Chaldée, Colonies, Luxembourg, Macédoine ou Mexique ne relèvent pas non plus de la géographie, mais de lhistoire.
Ainsi, la liste des contrées décrites dans le Dictionnaire fait apparaître deux dimensions privilégiées pour ce tableau du monde : la France et les puissances européennes. La dimension française est elle évidente, elle se manifeste par la longueur de la monographie sur la France et ses nombreux renvois. À la dimension européenne, on peut adjoindre les espaces européanisés des États-Unis et de lAustralie.
En 1911, dans le Nouveau Dictionnaire de Pédagogie, toutes ces monographies géographiques, de même que les articles historiques, ne seront pas republiées, mais remplacées par une présentation des systèmes scolaires des différents États. Cette nouvelle orientation éditoriale apparaît dès le supplément à la 2ème partie du Dictionnaire, publié en 1881, de petits articles y présentent lorganisation de lÉcole dans différents États. Cette disparition des notices géographiques lors de la nouvelle édition du Dictionnaire pourrait sexpliquer en partie par le fait quen 1911, les maîtres et leurs professeurs ont dautres sources pour leur enseignement géographique. Le Nouveau Dictionnaire de pédagogie peut alors se concentrer sur les articles plus en rapport avec lenseignement et le fonctionnement de lÉcole. Cest ainsi quen 1911 la longue monographie géographique Afrique de 1878 est remplacée par ces quelques lignes laconiques.
AFRIQUE. On pourra consulter, dans ce Dictionnaire, les articles suivants sur les pays du continent africain et les îles qui en dépendent : Turquie (pour le pays africains soumis directement à lautorité du sultan de Constantinople), Egypte, Tunisie, Algérie, Maroc, Libéria, Congo (Etat du), Cap (Colonie du), Natal, Orange, Transvaal, Madagascar, Ethiopie. Pour les pays occupés par des puissances étrangères, autres que lEgypte, la Tunisie, lAlgérie, la Colonie du Cap, la Natal, la Colonie dOrange, le Transvaal, Madagascar, on consultera au mot Colonies, les notices consacrées aux colonies des divers Etats de lEurope.
Une seule et curieuse exception en 1911 : un article assez court sur lAfghanistan, difficilement explicable, si ce nest par sa position dans lordre alphabétique, avant que la nouvelle ligne éditoriale ne se soit affirmée.
Nous avons déjà noté dans le cadre de la présentation de la cartographie dans le Dictionnaire, la suppression des cartes à partir de larticle Allemagne, ce probablement pour des raisons de coût, choix néanmoins significatif des difficultés à insérer de liconographie au sein du texte. Il faut aussi relever à partir de larticle Autriche, la suppression des conseils pédagogiques et des références bibliographiques en fin de notice. Nous envisagerons plus loin quelques hypothèses expliquant cet abandon en renvoyant plus aux orientations pédagogiques de louvrage et à ses contradictions quà des raisons strictement économiques. Indépendamment de ces deux évolutions, la longueur des articles ne varie pas de façon significative au fur et à mesure de leur publication en fascicule et des différentes livraisons du Dictionnaire (tableaux 1 et 2).
Tableau 2.
Inventaire des monographies géographiques dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Année de publication en fascicule, volume du Dictionnaire et nombre de pages.
ArticleAuteurPublication prévue en VolumePagesNombre de cartesConseils pédagogiquesAfriqueG.Meissas1878DP2p. 39-45.1OuiAlgérieG.Meissas1878DP2p. 77-83.1OuiAllemagneF. Oger1878DP2p. 87-91.0OuiAlpesG.Meissas1878DP2p. 98-102.0OuiAmériqueG.Meissas1878DP2p. 103-112.0OuiAngleterreG.Meissas1878DP2p. 138-136.0OuiAsieG.Meissas1878DP2p. 200-212.0OuiAustralieG.Meissas1878DP2p. 229-232.0OuiAutricheG.Meissas1878DP2p. 232-236.0NonColonies françaisesG.Meissas1879DP2p. 442-445.0NonEspagne et PortugalG.Meissas1879DP2p. 695-701.0NonEtats-UnisG.Meissas1879DP2p. 716-728.0NonEuropeF. Oger1879DP2p. 741-746.0NonFrance (géographie)G.Meissas1879DP2p. 801-823.0NonGrèceG.Meissas1879DP2p. 899-914.0NonItalieG.Meissas1880DP2p. 1065-1071.0NonOcéanieF. Oger1880DP2p. 1428-1432.0NonOcéansG.Meissas1880DP2p. 1432-1435.0NonPays-Bas (géographie),G.Meissas1881DP2p. 1533-1536.0NonRussie (géographie)G.Meissas1881DP2p. 1959-1965.0NonScandinaves (États)E. Reclus1881DP2p. 1991-1995.0NonSuisseE. Borel1881DP2p. 2082-2088.0NonTurquie (géographie)G.Meissas1881DP2p. 2044-2050.0NonBelgique (géographieG.Meissas1887Sup. DP2p. 2386-2388.0NonAfghanistan-1911NDPp. 13.0Non
Pour conduire cette étude des monographies géographiques, nous retenons six monographies du début et de la fin du Dictionnaire Pédagogique de Ferdinand Buisson. Elles sont dauteurs différents : un article de Félix Oger : Allemagne, un article dÉlisée Reclus : Scandinaves (États), quatre articles de Gaston Meissas ; ce sont pour cet auteur les premiers publiés : Afrique et Algérie, le dernier publié : Belgique et le plus long : France. Nous y ajoutons la seule monographie du Nouveau Dictionnaire de 1911, Afghanistan et la nouvelle écriture en 1911 de larticle Afrique, qui nest plus alors à proprement parlé une monographie géographique.
Nous en soulignerons les traits caractéristiques et lorganisation du discours. Les parcours descriptifs et les plans choisis diffèrent dun auteur à lautre, les descriptions géographiques et les types de causalité varient aussi dun article à lautre. Nous étudierons dabord les articles Afrique et Algérie qui convergent dans la défense et lillustration de la colonisation. Larticle Allemagne est rédigé de façon très singulière, elle est implicitement présentée comme un exemple à suivre pour moderniser la France. Les articles France et Belgique sont caractéristiques de la démarche descriptive de Gaston Meissas qui va du général au particulier. Ils différent fortement de larticle États scandinaves rédigé par Élisée Reclus qui est articulé autour de thématiques spécifiques chacune à un État différent.
1.1. Afrique et Algérie : la géographie au service de la colonisation
Ces deux monographies, toutes deux rédigées par Gaston Meissas, apparaissent très semblables dans léclairage quelles portent sur ces terres qui apparaissent comme vouées à la colonisation européenne. Il est vrai que les schémas explicatifs qui justifient cette entreprise coloniale sont dune très grande simplicité.
Larticle Afrique propose tout dabord une présentation de la configuration de lensemble du continent africain. Ensuite, malgré une erreur de titrage, la deuxième partie décline tour à tour, les zones climatiques, le relief et lhydrographie. Ceci représente au total un cinquième de larticle (tableau 3).
Le corps du développement est constitué par une approche par grandes régions. Leur découpage relève pour partie de la géographie des bassins (bassin du Nil, bassin du Congo
), mais nest pas esclave de ce principe de partition de lespace (Sahara, Afrique australe
). Le parcours descriptif nous conduit tout dabord des rives de la Méditerranée au golfe de Guinée, puis de lÉgypte au Cap de Bonne espérance ; pour finir par les îles de locéan indien. Cette approche par vaste région est le cur de larticle, elle en constitue un peu plus de 60 % (tableau 3). Ici sinsère une carte des expéditions des explorateurs dans lAfrique sub-saharienne.
Vient enfin une présentation assez rapide (11 % de larticle) des populations, qui sintéresse plus longuement aux populations venues dailleurs, Arabes et Européens. Il faut dire que lapproche régionale antérieure a déjà donné des informations et des jugements de valeur sur les différents peuples. Le sens de cette approche géographique de lAfrique est clairement explicité dans la conclusion tournée vers « lavenir de lAfrique » : « On peut dire que si lAfrique est la dernière partie du monde initiée aux bienfaits de la civilisation, elle est appelée néanmoins à en être une des plus prospères. » La géographie de lécole de Ferdinand Buisson est en harmonie avec celle de Jules Ferry, le colonisateur surnommé Ferry-Tonkin.
Tableau 3. Le plan descriptif de larticle Afrique.
AfriqueNombre de mots% de mots au sein de la monographie géographiquechapeau571,0%1. Situation, limites, formes, superficie et population3135,6%2. ClimatOrographie, hydrographie85815,3%3. Contrées et peuples de l'Afriquerégion méditerranéenne4998,9%Sahara1803,2%Soudan530,9%région atlantique3506,2%bassin du Nil4598,2%Carte de lAfrique (explorations)Région des grands lacs3957,0%bassin du Congo1833,3%région de la mer des Indes5099,1%Afrique Australe3636,5%Iles africaines3957,0%4. Races de l'AfriqueRaces indigènes2574,6%Races venues du dehors3786,7%5. ConclusionAvenir de l'Afrique3546,3%total de la monographie géographique5603100,0%Modèles d'exercicesDessin de la carte21Questions géographiques827Problèmes géographiques350total de l'article6801
Pour Gaston Meissas lAfrique du Nord est présentée comme un pays de cocagne qui attend ses défricheurs, même le Sahara peut être accueillant avec ses oasis luxuriantes :
D'un bout à l'autre, elle offre trois régions distinctes, parallèles à la Méditerranée : au nord, le Tell, le pays des céréales, d'autant plus fertile qu'il est plus arrosé ; au milieu, les hauts plateaux couverts de pâturages, pouvant en grande partie être défrichés, jouissant au surplus, grâce à leur altitude, d'un climat moins énervant que le Tell ; au sud, enfin, le Sahara brûlé par l'ardeur du soleil, mais couvert de la plus belle végétation dès que la source y fait jaillir de l'eau. C'est le pays des dattes par excellence, dans les oasis.
(G. Meissas.)
Tout cela est fort simple à expliquer et relève dune causalité restreinte, simple, monolinéaire. Les richesses du pays appellent la colonisation :
Côte de Guinée. Toute la côte de Guinée n'offre pas de conditions plus favorables aux Européens. Pas de ports pour les navires, une côte basse, sablonneuse, assaillie par des lames gigantesques, que les naturels seuls ont l'habileté de franchir sur leurs légères embarcations ; et derrière cette côte, des lagunes, qui forment un rempart de plus aux pays de l'intérieur. Mais ce pays renferme trop de riches produits pour échapper à l'activité des trafiquants anglais, français, portugais, allemands.
(G. Meissas.)
En Afrique centrale et australe, les Européens pourraient conduire de gigantesques travaux de mise en valeur, à linstar des canaux transocéaniques de Suez ou de Panama. Cest du moins la perspective proposée par Meissas :
Le Zambèze Aucune élévation importante ne sépare le bassin du Congo de celui du Zambèze. On peut donc entrevoir le moment où, grâce à la colonisation de ce pays par les Européens, un canal navigable pourrait conduire des eaux de l'Atlantique dans celles de la mer des Indes.
(G. Meissas.)
Toutes les initiatives coloniales des Européens sont présentées comme bénéfiques pour les peuples noirs « grossiers ». Elles sont préférables à celles que les Arabes ont entreprises en Afrique :
Ces populations nègres, au naturel craintif, à lesprit si inerte qu'ils n'ont rien su créer par eux-mêmes, ni se soustraire au despotisme sanguinaire et abrutissant de leurs chefs, ni aux superstitions grossières du fétichisme, ont cédé nécessairement à la domination de cette race [les Arabes] relativement supérieure, qui n'a reculé devant aucun moyen pour s'assurer l'empire de ce riche pays.
(G. Meissas.)
Gaston Meissas conclut donc explicitement et sans surprise son article Afrique par une justification de la colonisation qui fera de lAfrique une des contrées les plus prospères de la Terre. La géographie est ici à la fois discipline pratique et discipline idéologique :
Les peuplades africaines n'ont qu'à gagner, en échappant au despotisme barbare de leurs potentats, à être initiées à la morale chrétienne, délivrées de cette chasse aux esclaves qui menace constamment leur liberté, et leur met sans cesse les armes à la main les unes contre les autres, utilisées enfin dans des exploitations intelligentes qui mettraient en valeur leur sol merveilleux. Combien de richesses gisent encore inexploitées dans ce beau pays. Une grande partie en est sans doute encore ignorée. Mais rappelons que le coton, l'indigo, les céréales y réussissent parfaitement. Le café en est originaire. Le monde entier s'y fournit d'ivoire. La laine de l'Afrique australe, la poudre d'or, les arachides, les huiles de palme et de cocotier, et les gommes constituent les principaux objets déchange avec les navigateurs européens. Les forêts des zones tropicales sont remplies d'oiseaux à la parure éclatante, et pour ne pas détruire entièrement les autruches que l'on était menacé de voir disparaître en les chassant trop dans les déserts, on s'est mis à les domestiquer et les élever dans la colonie du Cap. On a trouvé du charbon de terre le long du Zambèze. Le fer et le cuivre sont assez répandus pour que les indigènes eux-mêmes sachent les fondre et les travaillent pour s'en fabriquer des armes et des ornements. On peut dire que si l'Afrique est la dernière partie du monde initiée aux bienfaits de la civilisation, elle est appelée néanmoins à en être une des plus prospères.
(G. Meissas.)
Lapproche de lAlgérie est fort semblable dans la démarche (tableau 4a). LAlgérie est une nouvelle France à construire. Lenchaînement des parties est construit dans la logique de la colonisation : tout dabord Meissas présente lintérêt de lAlgérie, puis les moyens pour y accéder, puis le climat propice à létablissement des Européens et les premiers succès de la colonisation. Puis, en guise de lecture historique et éducative, viennent en fin darticle des descriptions des hauts faits militaires de la conquête.
Tableau 4a. Le plan descriptif de larticle Algérie
Algérie
1. Géographie générale.Nombre de mots% de mots au sein de la monographie géographiqueImportance de cette colonie1053,5%Trajet de France en Algérie1083,6%Climat de lAlgérie en général2578,6%Limites et grandes régions de lAlgérie. Aspect du littoral. Le Tell2929,8%Les hauts plateaux2919,7%Régime des eauxRivières de lAlgérie et chotts2398,0%Le Sahara30910,3%Forêts de lAlgérie1434,8%Carte de lAlgérieRichesses minérales1224,1%Industrie622,1%Commerce extérieur, importations et exportations1595,3%Races peuplant lAlgérie38913,0%Colonisation762,5%Chemins de fer2056,8%Administration2026,7%Ouvrages à consulter341,1%Total de la partie géographie2993100,0%2. Histoire de lAlgérie (Maurice Wahl)3. Lectures et DictéesMazagran La casquettePrise de Constantine
Ainsi, tout lenjeu de la colonisation est formulé dès le préambule introductif. Tout le texte est construit comme une démonstration en faveur de la colonisation de lAlgérie par les Français :
Importance de cette colonie. - Parmi toutes nos colonies, l'Algérie occupe le premier rang, non seulement à cause de la proximité où elle se trouve de la France, et du grand nombre d'européens qui s'y établissent et s'y multiplient de plus en plus, mais aussi à cause de l'importance des ressources qu'offre ce pays et du trafic qu'il entretient avec la métropole et plusieurs des pays voisins. Le souvenir si récent des luttes qui ont signalé notre conquête répand un intérêt de plus sur cette terre, arrosée du sang de nos soldats avant dêtre féconde par la sueur de nos colons.
[
] Ce n'est donc pas sans raison que l'on appelle souvent l'Algérie une Nouvelle-France. [
] Le séjour d'Alger est particulièrement recommandé aux phtisiques et n'a d'égal, pour leur guérison, que celui de Madère. [
] Le climat de cette côte est donc des plus bienfaisants [
]
(G. Meissas.)
Les Français vainqueurs viennent apporter le progrès. Après les rudes affrontements de la conquête, ils sont (parfois) bien acceptés si lon suit ce quécrit Meissas dans le Dictionnaire :
Les surprises de la nation vaincue ne sont plus à redouter [
].
Aussi les indigènes, qui, depuis longtemps du reste, creusaient des puits, accueillent-ils avec une extrême reconnaissance les équipes de nos ouvriers plus habiles qui sont constamment à l'uvre dans le sud du département de Constantine.
L'Algérie possède encore de superbes forêts, des chênes-lièges dans le département de Constantine, des bois débénisterie, comme le cèdre et le thuya, ou de construction, comme le pin d'Alep, dans la province d'Alger. Mais l'incurie et la malveillance, en ont détruit de grandes étendues, et c'est un des grands soucis de l'administration française que de porter remède à ce fléau, dont les conséquences, semblables des deux côtés de la Méditerranée, font ébouler les flancs de l'Atlas comme ceux des Alpes ou des Cévennes.
(G. Meissas.)
Les indigènes ne forment, dailleurs, pas une communauté homogène. Gaston Meissas oppose, comme souvent , Kabyles « laborieux », Arabes « fanatiques » et Juifs « utiles intermédiaires » :
La grande Kabylie n'a été soumise à nos armes qu'en 1857. Ces Kabyles sont des cultivateurs laborieux, attachés à leur sol natal et à la propriété individuelle, ne partageant pas le fanatisme oriental des Arabes et plus susceptibles que ces derniers de profiter des bienfaits de notre civilisation et de nos arts. Il y a un million de Kabyles environ et presque autant de Berbères croisés de sang arabe. Quant aux Arabes purs, le nombre en va toujours diminuant. Ils ne sont plus que 500 000. Avec leur caractère indolent, rêveur et imprévoyant, avec leur vie nomade qui exige de grands espaces pour nourrir leurs troupeaux, ils ne peuvent soutenir la lutte contre les progrès de la colonisation, ni contre les Berbères, du moment qu'ils ne sont plus les maîtres du pays. Les famines, les épidémies les font périr par milliers.
Les Juifs descendant principalement de ceux que l'inquisition a fait sortir d'Espagne, sont de 30 à 40 000. Bien qu'ils soient méprisés par les Musulmans, la souplesse de caractère que leur donne l'amour du lucre, et la connaissance des diverses langues parlées dans le pays en font d'utiles intermédiaires, qui tiennent dans leurs mains un grand commerce.
(G. Meissas.)
La vision proposée est optimiste. La mise en valeur de la nouvelle colonie a déjà commencé avec succès. Elle est encore pleine de promesses pour lavenir :
(Les) vignes dont l'étendue s'accroît rapidement depuis les terribles ravages du phylloxéra en France.
[
] le sol est de qualité suffisante pour qu'en ramenant à la surface une partie des eaux tombées pendant l'hiver, qui s'engouffrent dans des cavités souterraines, on puisse transformer une grande partie des plateaux en terres labourables comme celles du Tell. Dans le département de Constantine, où les pluies sont plus abondantes que dans les deux autres, la transformation est en partie faite, et c'est de ce côté que se portent le plus volontiers les émigrants du nord ou de l'est de la France, qui y trouvent un sol fécond sous un climat approprié à leur tempérament.
Chaque année on établit de nouveaux barrages à travers les vallées, pour emmagasiner en amont une réserve d'eau qui transforme en terre fertile un sol calciné par la sécheresse.
(G. Meissas.)
Le processus dappropriation des terres algériennes par les colons est organisé par ladministration française. Au fur et à mesure de la soumission des indigènes algériens, ladministration militaire est transférée à lautorité coloniale civile :
Chaque année avec les ressources du budget ou des dons volontaires, comme pour les Alsaciens Lorrains, l'administration crée de nouveaux villages, où elle appelle des cultivateurs européens ou des Africains établis sur d'autres points plus peuplés, en leur concédant des terres, et en leur faisant les avances nécessaires pour les mettre en valeur, après avoir élevé, près d'une source suffisante, les bâtiments rudimentaires de toute commune et ceux qui devront abriter provisoirement les nouveaux arrivants.
Les diverses communes sont appelées petit à petit à passer du territoire de commandement dans le territoire civil au fur et à mesure que la colonisation y est suffisamment établie et les indigènes à létat de soumission.
(G. Meissas.)
Tout semble ainsi possible dans ce nouvel El dorado, aussi bien la traversée du Sahara en chemin de fer que le retour de lhumidité dans le Sud algérien. Toutes ces transformations apparaissent probables à Gaston Meissas :
L'Algérie commence à se sillonner de chemins de fer. [
]. Les chemins de fer du Sahara pourront [
] servir à diminuer le chiffre de notre armée d'occupation qui s'élève encore à 50 ou 60 000 hommes.
Enfin le sel des chotts et les mines de sel gemme du Sahara algérien offriront de grandes ressources le jour où l'on pourra transporter facilement de grandes quantités de leurs produits jusqu'au Soudan, [
]
(Les) eaux descendaient dans cette vaste dépression du chott Melrir, qui s'étend au sud de Biskra, et dont le niveau, inférieur à celui de la Méditerranée, ainsi que l'a constaté récemment un nivellement de haute précision, permettrait d'y ramener les eaux de la mer et de transformer probablement la région avoisinante en en rendant le climat plus humide.
(G. Meissas.)
Pratique et idéologique, cette description de lAlgérie coloniale est, sans surprise, cohérente avec la tonalité et le sens de larticle Afrique. La géographie, ça sert à coloniser et les schémas explicatifs sont alors dune extrême simplicité. La présentation de lAllemagne échappe par contre à ce simpliste optimisme qui caractérise les articles sur les colonies.
1.2. LAllemagne géographiquement confrontée à la France
Larticle Allemagne de Félix Oger rappelle en son début le plan de larticle Afrique de G. Meissas (tableau 4b). Ils commencent tous les deux par une présentation de la configuration générale de lobjet géographique étudié, suivie dune présentation du relief et des cours deau. Ensuite, larticle de Félix Oger se distingue du plan adopté par Meissas pour présenter lAfrique. Il ne procède pas par approches régionales successives qui constituent le cur de larticle Afrique ; mais par contre, il donne une place relativement importante à la géographie économique. Ainsi, la seconde partie, intitulée, « géographie agricole et industrielle », constitue le quart de la monographie. Enfin, Oger attache une attention presque aussi importante à la géographie politique et administrative du nouvel empire allemand. Le primat de la géographie physique est donc ici marqué par sa place première dans la description, mais ne se retrouve guère par sa part quantitative dans lensemble de létude.
Tableau 4b. Le plan descriptif de larticle Allemagne.
Allemagne: I. GéographieNombre de mots% de mots au sein de la monographie géographiquechapeau531,3%1. Géographie physiqueLimites, Superficie, population, climat42910,6%Orographie et hydrographie156038,6%Côtes et ports1924,8%2. Géographie agricole et industrielle86221,3%3. Ethnographie1994,9%4. Géographie politique74318,4%total de la monographie4038100,0%Questions géographiques183Problèmes géographiques293total de la partie géographie4514
La structure interne des différentes parties de cet article est elle aussi remarquable ; toute la description de lAllemagne est bâtie en référence à la France. Ainsi, Félix Oger confronte systématiquement lAllemagne à la France, au double sens de « confrontation », celui de la comparaison entre les deux pays et celui du rappel des batailles et des guerres.
Lattention du lecteur est dabord portée sur létendue de lAllemagne et sa dynamique dextension aux dépens de ses voisins :
À lest, elle touche aux montagnes qui enveloppent la Bohême de toutes parts, puis la Russie, dont la sépare une ligne de convention tracée au milieu de lancien royaume de Pologne. Au nord, de la Baltique à la mer du Nord, cest aussi une ligne conventionnelle qui a fixé les limites entre le Slesvig devenu allemand, et le Jutland resté danois dans lancienne Chersonèse Cimbrique.
Bassins houillers. [
] Le bassin de la Sarre, entre Metz et Mayence, de découverte relativement récente, avait contribué à donner un développement considérable aux établissements métallurgiques de la Lorraine française, si riche en minerai de fer. [
]
Eaux minérales. [
] Les sources salées et les mines de sel gemme sont généralement fort répandues, et la plus riche mine de la Lorraine, celle de Dieuze, s'est trouvée comprise dans l'annexion allemande. [
]
Races. Sans doute l'élément germain domine dans lensemble de l'empire ; mais les slaves constituent un noyau considérable dans le duché de Posen, qui provient du démembrement de la Pologne et dans quelques parties de la Silésie. Sur les bords de l'Elbe et de l'Oder, où ils ont été autrefois dominants, ils ont été peu à peu absorbés dans l'élément germanique. Les Danois du Slesvig, annexés depuis 1866 ; appartiennent à la race scandinave, et les habitants de Metz, par leur rang, leur langue et leurs sympathies ont toujours été Français.
(F. Oger.)
La comparaison systématique de lAllemagne avec la France nest pas un simple procédé pédagogique, permettant de découvrir un pays peu connu par comparaison à un autre plus connu. Il sagit ici, bien évidemment, de la comparaison de deux adversaires qui devront à nouveau se mesurer :
Superficie. Létendue de lempire ainsi délimité est un peu plus grande que celle de la France (540,000 kilom. carrés, au lieu de 528,000), mais sa population est plus considérable dune façon absolue, et plus dense relativement au pays quelle couvre.
Population : sa densité. L'empire d'Allemagne compte 42 100 000 habitants ; la population moyenne y est donc de 79 habitants par kilom. carré. Elle est environ de 70 en France. Seules en Europe, la Belgique, la Hollande, les Iles Britanniques et l'Italie ont une population plus dense que celle de l'Allemagne.
Climat. L'Allemagne jouit d'un climat moins beau que celui de la France. Sa latitude est plus septentrionale, les vallées qui la traversent sont tournées vers le nord, au lieu de s'ouvrir, comme celles de notre pays, vers la Méditerranée ou lOcéan dont les flots sont réchauffés par le courant chaud du Golfe, le Gulfstream.
[
] Ni là, ni dans la Forêt-Noire, qui fait, sur la rive droite du Rhin, le digne pendant de nos Vosges, on ne trouve de sommet dépassant 1500 mètres.
Agriculture. L'Allemagne est beaucoup moins fertile que la France. [
] Le froment est aussi plus rare qu'en France et est remplacé par le seigle, lorge, l'avoine, le sarrasin, qui conviennent mieux aux terrains maigres. [
]
Géographie politique. [
] l'Allemagne, sans être encore arrivée à une centralisation aussi grande que la France, s'en rapproche de plus en plus, à tous égards.
(F. Oger.)
Lensemble des « problèmes géographiques » proposés en fin darticle est lui aussi bâti sur le mode de la comparaison de la France et de lAllemagne. Ils partent dexercices comparant la taille et la population respectives des deux États pour aboutir, dans un second temps, à une incitation implicite à une plus grande natalité en France. Ensuite, les politiques publiques qui pourraient porter la puissance économique de la France au niveau de lAllemagne sont suggérées de façon tout aussi implicite :
Problèmes géographiques. La population et la superficie de la France sont de 36 900 000 habitants et de 528 800 kilom. carrés ; celles de lempire dAllemagne, de 42 700 000 habitants et de 540 000 kilom. carrés.
1° Quelle serait la population de la France, prise dans ses limites actuelles,[] si elle était aussi dense que celle de lAllemagne ? (Rép. : 41 760 000.) Quelle serait la population de la France, si elle était aussi étendue que l'Allemagne, sans que la densité de sa population eût augmenté ? (Rép. : 37 800 000.)
2° Il y a en Allemagne 29 150 kilom. de chemin de fer en exploitation, et en France 22 670. Combien y a-t-il de kilom. de chemin de fer par 10 000 kilom. carrés de superficie en Allemagne ?- en France ? (Rép. : 540 en Allemagne ; 429 en France.)
Combien y a-t-il de kilom. de chemin de fer pour 10 000 habitants en Allemagne ? en France ? (Rép. 6k,8 en Allemagne ; 6k,1 en France.)
Combien la France devrait-elle construire de kilom. de chemins de fer pour en avoir autant que lAllemagne ? 1° Relativement à sa superficie ? 2° Relativement à sa population ? (Rép. 1° 5 680 kilom. ; 2° 2 495 kilom.)
3° Il y a en Allemagne 8 366 bureaux de postes distribuant 596 000 000 de lettres et en France 5 117 bureaux distribuant 350 000 000 de lettres. Combien de kilom. carrés de superficie et combien d'habitants un bureau de poste doit-il desservir en Allemagne ? en France ? (Rép. : 63 kilom. carrés en Allemagne ; 102 kilom. carrés en France.)
Combien sexpédie-t-il de lettres par tête en Allemagne ? en France ? (Rép. 13,9 en Allemagne ; 9,5 en France.)
Larticle, dans son ensemble, invite les lecteurs Français à tirer des leçons de lefficacité des Allemands. Félix Oger souligne à la fois la ténacité au travail des Allemands et lefficacité de lorganisation du service militaire à la prussienne :
Agriculture. [
] On doit rendre cette justice aux Allemands quils mettent tous leurs soins à tirer de leur sol ingrat tout le parti possible. Nulle part dailleurs les forêts ne sont aussi bien aménagées ; les vallées sont généralement couvertes de belles prairies. Les races de bétail sont bien entretenues ; on cherche à en améliorer les qualités et on y réussit.
Attributions du gouvernement impérial. [
] Le régime militaire qui a amené le triomphe de la Prusse est aujourd'hui appliqué à toute l'Allemagne : chacun est soldat, chacun fait l'exercice à la prussienne.
(F. Oger.)
La funeste défaite de 1870 est évidemment loin dêtre oubliée, la cicatrice est récente, la plaie restera ouverte, on le sait, jusquà la revanche. La Moselle et le Rhin, Metz et Strasbourg rappellent de cruels souvenirs :
Le Rhin. Dans la partie moyenne de son cours, le Rhin servait de frontière franco-allemande jusqu'à la funeste guerre de 1870.
[
] la Lauter, qui formait jusqu'en 1870 la limite entre l'Alsace et la Bavière Rhénane ; et enfin la Moselle le plus important de tous ses affluents. Née au ballon dAlsace, la Moselle est française par la première partie de son cours ; elle traverse Metz, qui nous rappelle de si cruels souvenirs ; [
]
La plus récente et la plus magnifiquement dotée des universités allemandes est celle de Strasbourg, libéralité dont le but est facile à comprendre.
(F. Oger.)
Les autres guerres franco-allemandes sont toujours en arrière fond du discours, de lIncendie du Palatinat par Louis XIV aux guerres de la Révolution et de lEmpire. Il nest pas possible de faire une description géographique de lAllemagne sans en parler comme un champ de batailles :
Le Danube est le grand chemin dOccident en Orient, suivi par les croisés et toutes les expéditions militaires qui ont eu Vienne pour objectif.
De Bâle à Mayence il [le Rhin] parcourt une large vallée dont le territoire fertile en fait un des plus riches pays du monde, mais dont la possession si souvent disputée a fait couler le sang dans de nombreux combats. [
] le château de Heidelberg dresse, au-dessus de la vallée du Neckar, son imposante façade en ruines, dont les Allemands nous reprochent l'incendie depuis deux siècles
[
] l'Elbe reçoit sur sa rive gauche la Saale, grossie de l'Elster, deux rivières dont les flots ont été plus d'une fois teintés de sang.
(F. Oger.)
Les affrontements futurs, sans être explicitement évoqués, sont à craindre, car la puissance sans cesse grandissante de lAllemagne est inquiétante. Même la croissance démographique de Berlin qui est pourtant moins peuplé que Paris est qualifiée « deffrayante... » par Félix Oger :
Wilhemshafen, où sont réunis les principaux arsenaux de la marine militaire naissante de l'empire d'Allemagne.
Attributions du gouvernement impérial [
] L'instruction, partout obligatoire et donnée avec le plus grand soin (V. Allemagne dans la 1ère PARTIE du Dictionnaire), fait partout aussi pénétrer le même sentiment, celui de la prééminence germanique, sentiment que les conquêtes de 1871 ont naturellement exalté et qui est porté aujourd'hui aussi loin qu'a pu l'être aux jours de notre plus grand enivrement le chauvinisme français.
Grandes villes. Berlin, qui s'accroît avec une rapidité effrayante, a aujourdhui près dun million dhabitants [
]
(F. Oger. )
La géographie enseignée contribue ainsi à la préparation de la revanche. À cette fin, pour être efficace, elle a recours à des procédés explicatifs plus complexes que ceux qui sont utilisés précédemment dans les descriptions coloniales de lAfrique ou de lAlgérie. Ainsi dans cet article Allemagne, lécole obligatoire, la conscription, la natalité et lefficacité économique participent ensemble à lexplication de la puissance allemande. Ici, lauteur Félix Oger, même quand il est enfermé dans une vision manichéiste de la rivalité franco-allemande, est conduit à sortir de la logique des explications monocausales afin de rendre ses analyses plus efficaces.
En ce sens il diffère fortement du discours tenu par Gaston Meissas sur la colonisation en Algérie et en Afrique. Mais Meissas peut être plus nuancé dans son discours, par exemple lorsquil décrit la France ou la Belgique.
1.3. Du général au particulier ; les articles France et Belgique
Ces deux articles, publiés à huit années dintervalle, ont en commun dutiliser à de nombreuses reprises une démarche déductive : laffirmation dun caractère général du pays est suivie dillustrations de celui-ci. Lexplication fine et multicausale des localisations industrielles est un autre trait commun de ces deux articles.
Larticle France surprend tout dabord par son importance en volume ; 23 pages qui succèdent à larticle Française (Langue) de Ch. Marty-Laveaux et qui précèdent larticle France (histoire), volet historique, qui lui noccupe que 6 pages. La géographie de la France aurait-elle plus dimportance que lhistoire de la France, ou bien serait-elle plus facile à écrire en 1879 de façon relativement consensuelle ?
Cet article France présente aussi quelques différences avec le plan détude de la France proposé à la suite de larticle Géographie (tableau 9). Ainsi G. Meissas introduit une partie significative sur le climat de la France (3 colonnes), alors que le plan denseignement de la géographie de la France du Dictionnaire ne lenvisageait pas. Ce qui peut expliquer que Foncin dans son article Géographie ne propose pas de renvois vers larticle Climat de Marié-Davy. La présentation du climat par Gaston Meissas ne se situe dailleurs pas en amont de la partie « Hydrographie », mais après létude des frontières, en préambule de la Géographie agricole (tableau 5).
Tableau 5. Le plan descriptif de larticle France
France: GéographieNombre de mots% de mots au sein de la monographie géographique1. Généralités4411,6%2. Orographie21377,8%3. Hydrographie696225,5%4. Étude des frontières (maritimes et terrestres)323311,8%5. Climat17026,2%7. Géographie agricole399214,6%8. Géographie industrielle519919,0%(9.) Géographie commerciale26029,5%(10.) Population3171,2%(11.) Corse7272,7%Total de larticle27312100,0%
La part de la partie « hydrographie » est particulièrement importante, près du quart du total ; létude successive de tous les bassins fluviaux sert de moyen de localisation des villes. Cest une tradition que lon retrouve chez Malte-Brun ou plus tardivement dans le volume Élisée Reclus sur la France. Létude du relief tient moins de place (7,8 % de larticle), il est vrai quil est fait renvoi à larticle Alpes et quil faut y ajouter létude linéaire des frontières maritimes et terrestres (11,8 %). La présentation des climats (6,2 %) précède la géographie agricole. Linventaire des activités économiques tient une place majeure (43,1 % du total) dans le domaine de la géographie commerciale ; ici Gaston Meissas renvoie à son article canaux. La géographie industrielle est une préoccupation plus importante (19 % du texte) que la géographie agricole (14,6 %), ce qui mérite dêtre souligné. Par contre, on remarquera le faible développement de létude démographique et létude séparée de la Corse ; son retard sur le continent est nettement mis en évidence :
Climat et productions [
] L'agriculture est très arriérée. On pourrait cultiver avec profit la canne à sucre et le coton, surtout quand des plantations d'eucalyptus auront rendu la côte orientale habitable, en la mettant à l'abri de l'influence paludéenne des lagunes qui la couvrent en grande partie. [...] Une grande partie de l'île est couverte par des maquis, fourrés impénétrables qui ne donnent pas de bon produit forestier et fournissent un asile aux malfaiteurs.[
]
Industrie. Lindustrie est presque nulle en Corse ; le sol renferme de beau marbre analogue à celui de Carrare, des granits et des porphyres propres aux constructions, des mines de fer et de plomb, à peine exploitées
(G. Meissas.)
Cet article nest pas illustré par une seule carte, en effet depuis la lettre B du Dictionnaire, des choix éditoriaux ont privé les monographies géographiques dillustrations cartographiques. Les raisons sont probablement économiques , mais saccordent aussi avec le mode narratif de Gaston Meissas, qui nous fait suivre de façon imaginaire la descente des cours deau. La longue nomenclature des fleuves et de leurs affluents est la principale modalité dinventaire et de localisation des villes. Ou ne serait-ce pas linverse : un style narratif conditionné par labsence de carte ?
Les descriptions des parcours de la Moselle et de la Meuse sont probablement les plus caractéristiques de ce mode descriptif « au fil de leau » :
LE RHIN. - Le Rhin ne coule plus en France depuis la perte de l'Alsace-Lorraine ; mais notre pays lui envoie la Moselle, le plus important de ses affluents.
La Moselle naît sur le versant nord du Ballon d'Alsace, descend au nord-ouest par Remiremont et Epinal. Entre ces deux villes, la Vologne lui apporte le tribut des lacs de Longemer et de Gérardmer. A Epinal arrivera bientôt le nouveau canal de l'Est, joignant la Saône par le Coney avec la Moselle et la Meuse. D'Epinal, la Moselle descend au nord, puis, tourne à l'ouest, reçoit à gauche le Madon, qui vient de Mirecourt, passe à Toul, retourne au nord-est jusqu'à Frouard, où elle reçoit la Meurthe. De Frouard, la Moselle descend par Pont-à-Mousson vers Metz, où elle reçoit par la droite la Seille, qui, dans une partie de son cours forme frontière entre la France et l'Allemagne. La Moselle, après avoir traversé Metz, Thionville et Trêves, se réunit au Rhin, à Coblentz.
La Meurthe naît sur la frontière des Vosges et de lAlsace, descend au nord, puis au nord-ouest par Saint-Dié, Baccarat, Lunéville, où arrive la Vezouse, qui met en mouvement les usines de Cirey. La Meurthe, que suit dès lors le canal de la Marne-au-Rhin, tourne à l'ouest et passe par Nancy avant de se réunir à la droite de la Moselle.
(G. Meissas.)
Ici le rappel douloureux de la perte de lAlsace-Lorraine est quasiment inévitable, déchirure qui apparaît de façon récurrente tout au long de larticle France comme de larticle Allemagne. Ainsi, la description du cours de la Meuse est loccasion dévoquer Sedan de triste mémoire :
(Le fleuve Meuse) passe à Neufchâteau, Domrémy, Vaucouleurs, célèbres dans lhistoire nationale, à Pagny, où il se sépare du nouveau canal de lEst et traverse celui de la Marne-au-Rhin à Commercy, Verdun, où le lit commence à devenir naturellement navigable, à Bazeilles, en amont duquel il reçoit, par la droite, le Chiers qui vient des plateaux boisés du Luxembourg ; à Sedan, de triste mémoire, et Givet, où il entre en Belgique.
(G. Meissas.)
En effet, depuis à peine plus de 10 ans, les Vosges sont devenues une frontière obsédante. Gaston Meissas nous fait suivre sa description linéaire sur le même mode, « au fil de leau », que les cours deau :
Les Vosges et la frontière du nord-est. La limite entre la France et l'Alsace, depuis 1871, suit la crête des Vosges jusqu'au mont Donon sur une longueur de 150 kilomètres, puis tourne au nord-ouest entre la Sarre et la Vesouze, affluent droit de la Meurthe. Elle traverse, à Avricourt, le chemin de fer de Paris à Strasbourg, gagne la Seille, passe sur la rive gauche de la Moselle, tourne au nord, entre Metz et Briey, et atteint le territoire du Luxembourg, près de la source de l'Alzette. Il y a 225 kilomètres entre le mont Donon et la frontière du Luxembourg. La France ne touche le grand-Duché que sur 13 kilomètres.
(G. Meissas.)
Létude de la géographie agricole fournit loccasion dassocier lAlsace aux autres provinces françaises. Ainsi Meissas trouve lopportunité de parler en 1879 des provinces perdues dans le cadre de la géographie de la France :
Le maïs. Le maïs mûrit en Touraine et même en Alsace ; en Franche-Comté, il forme une des bases importantes de lalimentation. Le plateau central est naturellement trop froid pour cette culture. [
]
Les substances tinctoriales. - Avant les progrès réalisés par la chimie industrielle, qui tire maintenant toutes les couleurs des résidus de la fabrication du gaz d'éclairage, on cultivait en grande quantité la garance, dont on tire un rouge très beau et très solide, dans le Comtat Venaissin et l'Alsace.
(G. Meissas.)
Dix ans après la défaite, cest dans le domaine industriel que les pertes sont les plus soulignées. La géographie est celle dune France diminuée dont on rappelle les amputations :
Bassin houillers [
] Ronchamp, au pied sud-ouest du Ballon dAlsace, donne 250 000 tonnes de houille. Cest la seule houillère de la région du nord-est, depuis la perte du riche bassin de la Sarre en 1871. [
]
Le fer. [
] Les principaux gîtes de minerai de fer en France sont en premier lieu dans le département de Meurthe-et-Moselle, autour de Nancy, malgré les pertes territoriales de la France. [
]
Le sel et les produits chimiques. [
] la France (avant la guerre de 1871) employait moins de sel provenant de cette source (600 000 tonnes) [sel de mer] que de sel gemme extrait des mines (800 000 tonnes). Nancy est le grand centre de celle-ci. Une partie a été cédée à la Prusse (Dieuze notamment), mais nous conservons Saint-Nicolas et Rosières entre Nancy et Lunéville.[
]
Le coton. Mulhouse, en Alsace, était avant 1870 le principal centre des filatures et de l'industrie du coton en France. Une grande partie des industriels de cette région ont transporté leurs établissements sur le versant français des Vosges, à Giromagny, à Remiremont, Épinal. Ils fabriquent du fil à coudre, des calicots, des jaconas, des étoffes fines.
Rouen, au contraire, qui est le centre le plus considérable pour l'industrie du coton en France, depuis la perte de Mulhouse, a la spécialité des étoffes grossières à bon marché, les rouenneries et les Guinées destinées à l'exportation en Afrique.
(G. Meissas.)
Bien sûr, cette perte de LAlsace et de la Moselle se concrétise sur le plan démographique. Gaston Meissas sefforce néanmoins de souligner le redressement en cours de la France :
La population de la France, qui était de 19 609 000 habitants en 1700, de 27 445 000 en 1800, de 38 000 000 en 1866 avant la perte de l'Alsace et de la Lorraine, est descendue 36 100 000 en 1872, pour remonter à 36 905 788 au recensement de 1876 et à 37 672 048 à celui de 1881.
(G. Meissas.)
Si la présentation de la géographie de la France est nécessairement marquée par la perte de lAlsace-Lorraine, larticle France permet aussi de constater que lécriture géographique de Gaston Meissas ne se réduit pas à une simple description linéaire et topologique comme lorsquil suit le cours de la Moselle ou le tracé de la frontière (voir ci-dessus). Son tableau du cours aval de la Durance nous montre lauteur mettant clairement en relation le cours deau, sa vallée et ses environs :
À Mirabeau, la Durance débouche des montagnes. Roulant sur des pentes rapides où entre les cailloux, la Durance s'étale dès quelle est libre, sur un vaste lit de galets qui a jusquà 2 kilomètres de largeur. Recouvrant dune épaisse couche de graviers les champs qu'elle envahit dans ses crues, elle les rend stériles, mais fertilise, par contre, les terres où les canaux de dérivation conduisent ses eaux chargées dalluvions. Sur sa droite, la plaine de Cavaillon forme un jardin admirable. À gauche, elle alimente les canaux de Craponne et des Alpilles, qui vont irriguer les Bouches-du-Rhône et ramener un peu de verdure sur la Crau, vaste plaine de cailloux que la Durance a charriés. De ce côté aussi, la Durance alimente le canal de Marseille, qui fournit d'eau cette ville et les campagnes voisines.
(G. Meissas.)
En règle générale, Gaston Meissas sintéresse beaucoup plus aux activités économiques quaux évocations historiques. Il se rapproche des centres dintérêt de Levasseur. Quand il a fait des rappels historiques, comme dans le cas de Fréjus, ils servent surtout à expliquer la position actuelle de la ville et son propos revient vite à la présentation des activités contemporaines, y compris le tourisme. Les activités présentes importent plus que les rappels historiques :
Au pied des montagnes des Maures, le petit golfe de Saint-Tropez est fréquenté par les pêcheurs de corail, de thon et d'anchois. À l'embouchure de l'Argens, le golfe de Fréjus était la station principale de la flotte romaine sur les côtes de la Gaule. Aujourd'hui la ville est à 3 kilom. dans lintérieur des terres. C'est plus loin, autour de Nice que la foule se porte de nos jours pour trouver un séjour d'hiver favorisé par un doux climat, un ciel serein, des paysages riants et embaumés par une végétation luxuriante.
(G. Meissas.)
Cet intérêt pour léconomie entraîne Gaston Meissas à dresser quelques rares prospectives économiques. Elles témoignent rétrospectivement dune certaine clairvoyance ou plutôt dune intuition en ce qui concerne les réserves de houille de la Chine :
Les pays du monde les plus riches en houille sont au premier rang l'Angleterre, puis les États-Unis et l'Allemagne, qui seront peut-être tous dépassés un jour par la Chine, si on se met à exploiter sérieusement ses immenses dépôts de combustibles minéraux.
(G. Meissas.)
Sa géographie économique nest pas un simple inventaire descriptif, elle est déjà explicative. Ainsi, Gaston Meissas indique-t-il de façon détaillée les différents facteurs de localisation de lindustrie, de la métallurgie ou de lindustrie papetière :
Le fer est travaillé dans les forges pour donner des lames ou du fil de fer ; les ateliers de construction le découpent et assemblent les pièces qui constituent les machines ou la charpente des constructions. Ces diverses sortes d'ateliers, consommant beaucoup de combustible, se groupent naturellement autour des puits de mines, ou bien dans les régions forestières, quand ils emploient du charbon de bois. [
] Les besoins des grandes villes ont fait établir aussi des forges dans leur voisinage. [
]
Les papiers se fabriquent généralement dans les pays de montagnes, où l'on trouve à la fois des eaux très pures et des forces motrices économiques.
(G. Meissas.)
On note aussi que son inventaire des nouvelles stations de bains de mer renvoie à une explication spatiale implicite : lespace des Parisiens. Derrière lévocation un peu désuète des premières stations balnéaires se profile une géographie du tourisme :
Les bains salés, pris près des mines de sel ou dans la mer sur toutes nos côtes, sont d'un usage de plus en plus répandu. Le Tréport, Dieppe, Saint-Valéry, Fécamp, Etretat, dans la Seine-Inférieure ; Trouville, Villers, Cabourg, Arromanches, dans le Calvados, Dinard vis-à-vis de Saint-Malo, sont fréquentés par les Parisiens.
(G. Meissas.)
Ce qui pour dautres pourrait être une conclusion est, chez Gaston Meissas, dans la logique dune démarche déductive, affirmée dès la première phrase de la géographie industrielle. Pourtant on ne sait à la lecture de ces deux phrases ce qui est la cause et ce qui est leffet, à moins que Gaston Meissas soit à loccasion un dialecticien ignoré :
La houille est le pain de l'industrie depuis l'invention des machines à vapeur. Aussi la richesse d'un pays en houillères correspond-elle généralement à sa puissance commerciale et au développement de ses manufactures et de ses diverses autres industries.
(G. Meissas.)
Gaston Meissas procède ainsi généralement suivant cette manière déductive : dabord affirmation dune règle générale, éventuellement à valeur explicative, ensuite inventaire des cas particuliers. Le constat général sert de préambule à la description de lorographie, il narrive pas de façon conclusive à linventaire des montagnes :
C'est au pourtour du territoire français que se trouvent les massifs de montagnes les plus considérables, avec les cimes les plus élevées, les Alpes et les Pyrénées.
(G. Meissas.)
De même, il propose des généralités en introduction à la présentation de lhydrographie :
Le Rhône, la Loire et la Garonne ont chacun un bassin nettement circonscrit. On n'en pourrait dire autant de la Seine, qui a été facilement reliée aux fleuves voisins.
(G. Meissas.)
Cette volonté dintroduire létude par la géographie générale sappuie parfois sur des savoirs, aujourdhui vieillis, mais cette démarche densemble reste remarquable. Elle va du général vers le particulier, de la « régularité » aux « circonstances locales » :
Située à égale distance du pôle et de léquateur, la France est soumise à la double influence des vents échauffés dans la région équatoriale et des vents glacés du pôle. Les premiers, sélevant à cause de leur température, tendent à être remplacés par les vents froids que leur plus grande densité rapproche de la terre. Mais en s'éloignant vers le nord, les vents du sud conservent la vitesse de rotation du globe à léquateur dans le sens de l'ouest à lest, plus rapide que celle des parallèles plus septentrionaux. Ils s'inclinent donc vers l'est. Par contre les vents polaires sinclinent à louest. Notre pays est donc normalement soumis à un double courant de vents chauds venant du sud-ouest et vents froids venant du nord-est. Mais cette régularité est singulièrement troublée par une foule de circonstances locales, les obstacles quopposent les montagnes au passage des vents, et les différentes modifications quapportent à la température dun lieu et à la circulation de lair, laltitude, lexposition, le voisinage de la mer, ou des montagnes chargées de glaciers.
(G. Meissas.)
La démarche connaît ses limites quand les catégories spatiales sont largement arbitraires, à linstar, des treize régions de recensement agricole :
Pour les concours agricoles, la France est partagée en treize régions, où les départements sont groupés d'après leur voisinage, leur climat, la nature de leurs cultures principales.
(G. Meissas.)
à côté des longues listes dinventaire qui marquent le caractère ancien de cette géographie, présentée sans carte, larticle France témoigne du fort intérêt de ces géographes pour léconomie. Les principes explicatifs ou descriptifs précèdent la présentation des cas particuliers et des listes dinventaire. Quelques années plus tard on retrouve les mêmes principes décriture dans la présentation de la Belgique.
Larticle Belgique, annoncé en 1879 dans larticle princeps Géographie de Foncin, aurait été soit oublié, soit décidé ultérieurement à la publication de la lettre « B », ce qui expliquerait sa publication dans le Supplément en 1887. Le poids de la géographie économique est aussi remarquable dans cet article (tableau 6), elle représente la plus grande partie de la description du pays (57 % du texte).
Tableau 6. Le plan descriptif de larticle Belgique
Belgique: GéographieNombre de mots% de mots au sein de la monographie géographiquePréambule341,2%1. Géographie physique57720,2%2. Géographie agricole et industrielle164257,5%3. Géographie politique60321,1%Total de larticle2856100,0%
Ici, comme dans les articles précédents Gaston Meissas développe des analyses en allant du général au particulier. Ainsi il présente les régions agricoles avant leurs productions :
Régions agricoles. Ardennes . [
] Région limoneuse. [
] Région sablonneuse. [
] Polders. - Au nord du pays de Waes s'étend la région des polders. Ce sont des terres basses et unies, sur lesquelles chaque marée refoulait les eaux de l'Escaut. Fertilisées par les dépôts du fleuve, elles sont devenues d'excellents pâturages, quand elles ont été mises à l'abri des inondations de l'eau salée à l'aide de digues.
Productions agricoles. - La Belgique est fort bien cultivée. Les bois n'y occupent que la sixième partie du territoire, les bruyères la dixième, les terres en jachères la treizième. Les Flandres, le Brabant, le Hainaut sont les provinces les plus fertiles. Elles produisent surtout des céréales, du chanvre, du lin, du colza, des betteraves, des pommes de terre et du houblon. Cependant la Belgique ne récolte pas assez de blé pour nourrir sa nombreuse population. [
]
(G. Meissas.)
Cette démarche peut aussi recouvrir un primat du spatial sur léconomique ; car les dimensions proprement spatiales sont fortement présentes dans ces descriptions qui sont loin dêtre de simples inventaires. Gaston Meissas explique les localisations industrielles :
Usines métallurgiques et verreries. Un grand nombre de hauts-fourneaux, de fonderies, de fabriques de fer et d'usines à ouvrer le fer, sont groupées autour des puits des mines, ou au milieu des forêts des Ardennes, où le charbon de bois leur sert de combustible.
(G. Meissas.)
Il présente les réseaux de canaux de Belgique et du Nord de la France à linstar de systèmes spatiaux :
Canaux et chemins de fer. La Belgique jouit d'un réseau étendu de voies navigables, 1,060 kilom. sur les rivières naturelles ; des canaux profonds donnent accès aux navires de mer jusquà Gand, Bruxelles et Malines. Des canaux ordinaires relient entre eux la Meuse et l'Escaut à travers la Campine, sillonnent les Flandres et le Hainaut, et se rattachent à ceux du nord de la France.
(G. Meissas.)
Dans ces passages, lécriture de Gaston Meissas est loin de la pure nomenclature énumérative, à laquelle on pourrait assimiler la géographie scolaire prévidalienne. Mais cest Élisée Reclus qui se singularise le plus par la forme de son écriture.
1.4. États scandinaves et Afghanistan,
des discours autour dun nombre réduit de problématiques
Annoncé sur la liste des contributeurs du Dictionnaire, Élisée Reclus ne signe quun seul article en fin de publication : Scandinaves (Etats). Il est vrai que le Dictionnaire de Buisson (1878-1887) est contemporain de la rédaction de sa Nouvelle Géographie universelle (1876-1890) ; Reclus est en train de la rédiger pour le même éditeur : Louis Hachette. Linfluence Élisée Reclus sur ses contemporains est néanmoins soulignée dans larticle Géographie de Franz Schrader. Élisée Reclus et Carl Ritter y sont cités comme les géographes de référence scientifique, Émile Levasseur étant de son côté la référence en matière dinnovations pour lenseignement de la géographie.
Élisée Reclus, auteur dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Larticle rédigé par Élisée Reclus est très différent des autres, ne serait-ce que par sa mise en page : pas de plan numéroté, rares mots mis en valeur par des caractères italiques. Son texte a une rédaction très intriquée ; les parties distinguées ci-dessous par nos soins senchaînent en fait sans rupture (tableau 7).
Tableau 7. Le plan descriptif de larticle Scandinaves (États)
Scandinaves (Etats) : GéographieNombre de mots% de mots au sein de la monographie géographiqueDéfinition de la Scandinavie3196,0%Histoire1823,5%Histoire géologique4528,6%Hydrographie4278,1%Orographie72813,8%Relief littoral4278,1%Climat2474,7%Peuples et démographie56610,7%Villes91617,4%Activités agricoles (Danemark surtout)1352,6%Activités industrielles (Suède surtout)2655,0%Activités maritimes (Norvège surtout)2104,0%Transports intérieurs791,5%Organisations administratives801,5%Tableaux statistiques (populations et superficies)2414,6%Total de larticle5274100,0%
Dans cet ensemble des monographies géographiques, larticle Scandinaves (Etats) rédigé par Élisée Reclus se singularise fortement. Reclus est le seul à ne pas utiliser un plan stéréotypé de type catalogue (tableau 7). Après une présentation globale de la Scandinavie du point de vue géomorphologique et climatique puis dans le domaine de la géographie humaine, Reclus décrit les villes des trois royaumes et les communications qu'elles ont entre elles puis les aspects modernes de ces pays. Ensuite, il fait la description de chaque État avec un éclairage particulier : le Danemark est associé à l'activité agricole des pays scandinaves, la Suède à l'industrie et la Norvège à la pêche. Élisée Reclus ne se situe donc pas dans une tentative illusoire dexhaustivité, il se soucie de traiter une question spécifique, (une problématique ?) liée à chaque espace :
La géographicité de Reclus est unitaire parce que toute imprégnée dune philosophie de la nature qui le rapproche des romantiques allemands et du géographe C. Ritter [
] lun de ses biographes a pertinemment intitulé son travail « Élisée Reclus : historian of nature. »
Dailleurs ne croyant pas encore matériellement possible datteindre luniversalité, il se contente pragmatiquement dans sa Nouvelle géographie universelle de composer des descriptions originales, conformes aux caractères des lieux et de leurs habitants, et de proportionner létude de chaque partie à la qualité de linformation dont il dispose et à son importance contemporaine.
(M.-C.Robic.)
Élisée Reclus confronte souvent les données naturelles et les données humaines, mais pas de façon dualiste, dans un antagonisme entre la géographie physique et la géographie humaine. Ainsi quand il utilise le concept de frontière naturelle pour le confronter au découpage politique des États scandinaves, il associe la géologie et la géographie de la population pour les opposer toutes deux aux limites fixées par les guerres de conquête :
La superficie totale des trois pays scandinaves, dans les limites actuelles qui leur ont été tracées par les guerres et les traités est évaluée à 707,134 kilomètres carrés, dont 38,238 pour le Danemark, 316,694 pour la Norvège, 442,203 pour la Suède. Ses frontières naturelles, indiquées par le relief du sol, donneraient à la Scandinavie une surface plus considérable. Au nord-est, du côté de la Russie, la ligne de séparation qu'il semblait convenable de choisir est celle qui du Varanger-fjord se dirige vers le golfe de Botnie par le lac Enara et la vallée du Kémi ; mais la Russie, plus puissante que ses deux voisines de l'ouest, la Suède et la Norvège, a modifié la frontière à son profit, de manière à enclaver toute la Laponie norvégienne et à s'avancer jusquaux montagnes qui dominent les fjords voisins de Tromsö. Au sud, les dimensions normales du territoire scandinave ont été également réduites. Les trois pédoncules de la presqu'île danoise sont naturellement séparés de l'Allemagne du côté de la mer du Nord par le cours de l'Eider, et du côté de la Baltique par sinuosités de la Schlei. Ces limites ont été franchies par les armées allemandes, et la frontière politique a été reportée beaucoup plus au nord, en un pays de langue danoise appartenant par sa formation géologique et par ses traits géographiques au monde scandinave.
(É. Reclus.)
Quelques points de son développement surprennent néanmoins le lecteur contemporain, par exemple sa recherche dun type national pur. Mais, lon sait que sa Nouvelle Géographie Universelle est par de nombreux aspects, en particulier ses gravures, très ethnographique dans son approche des peuples :
Les Scandinaves des trois royaumes, naturellement groupés en plus grand nombre dans les régions méridionales, appartiennent à diverses familles de la race germanique, Danois, Goths, Svear ou Suédois. Les Suédois que l'on considère en général comme représentant le type national le plus pur sont les Dalécarliens, qui vivent au nord-ouest de Stockholm, dans le bassin supérieur du Dal-elf. Quant aux Danois, il est probable que leur type le moins mélangé doit se retrouver en Norvège.
(É. Reclus.)
De même, le lien quil établit entre la conscription et la taille des habitants nest pas non plus très évident. Les Scandinaves vivent de plus en plus vieux et deviennent de plus en plus grands certes, mais on comprend mal comment ailleurs la sélection militaire fait diminuer la taille. Les petits échappant à la conscription seraient-ils moins décimés par les guerres ou auraient-ils plus denfants que les grands mobilisés dans larmée ?
En Danemark, la natalité dépasse annuellement la mortalité des deux cinquièmes : en Norvège, la proportion est encore plus favorable ; de tous les pays du continent, il est celui qui perd le moins d'enfants en bas âge et où la vie moyenne est la plus longue. Il y a certainement en Scandinavie une amélioration de la race contrastant avec la détérioration qui se produit en d'autres contrées par l'effet de la sélection militaire.
(É. Reclus.)
Mais, ce qui frappe le plus chez Élisée Reclus, comme chez les autres géographes du Dictionnaire, cest une attention particulière portée à la population et à lactivité économique. On y entend le même éloge implicite de lesprit dentreprise :
Ensemble les trois États scandinaves ont plus de 15 000 navires, d'un port de 2,200,000 tonnes, près de trois fois plus que la France. La plupart des habitants des villes, au lieu de placer leurs économies à la caisse d'épargne ou dans les banques, les emploient dans une « part » de navire.
(É. Reclus.)
Cette approche structure le discours. Chacun des États est caractérisé fortement par une activité économique. Ainsi, il ne peut y avoir de plan répétitif, identique pour chaque contrée :
Dans la division générale du travail, on peut dire que le Danemark représente surtout lagriculture, tandis que l'industrie, est la part de la Suède et le commerce celle de la Norvège.
(É. Reclus)
On retrouve ici une singularité et une modernité du discours géographique dÉlisée Reclus. Nous avons avec Didier Mendibil comparé avec laide dun logiciel danalyse lexicale lécriture de quatre Géographies universelles : de Malte-Brun à Roger Brunet. Nous avions distingué sept mondes lexicaux dans la Géographie universelle de Malte-Brun, ses itinéraires descriptifs repassant de façon récurrente autour de sept thématiques. Nous avons retrouvé une diversité presque aussi grande en identifiant six mondes dans la G.U. dirigée par Vidal et Gallois. Par contre lanalyse lexicographique ne décomptait que cinq mondes lexicaux chez Reclus et trois ou quatre dans les chapitres correspondants de la géographie dirigée par Roger Brunet. Larticle États scandinaves du Dictionnaire de Ferdinand Buisson confirme cette caractéristique de lécriture dÉlisée Reclus : identifier une problématique caractéristique de chaque espace géographique plutôt que décliner à chaque fois le même plan discursif « à tiroirs ».
Enfin, Élisée Reclus complète son article sur les États scandinaves par trois tableaux statistiques recensant la superficie et la population des différentes provinces, il est avec Oger le seul à utiliser cet outil. Son approche est ainsi, et de loin, celle qui présente les traits les plus modernes au sein du Dictionnaire.
Afghanistan : La monographie géographie du Nouveau Dictionnaire
Pour les raisons évoquées plus haut, une seule notice géographique est publiée dans le Nouveau Dictionnaire en 1911, celle sur lAfghanistan. Elle aussi est nettement marquée par la prédominance de la part de la géographie humaine (tableau 8). Afghanistan est un article court, centré sur lethnographie et les aspects culturels. Il est non signé. Mais, compte tenu de sa connaissance de lempire russe et de lAsie centrale on peut attribuer cet article à D. Aïtoff, nouveau venu dans la table des auteurs de cette nouvelle édition du Dictionnaire .
La région de lAsie que nous appelons Afghanistan, [
] sappelle en réalité Poukhtounkhoua, cest-à-dire « pays des Pachhtanah » (Pachtanah est le pluriel du singulier « Poukhtoun ») ; lidiome parlé par la majorité des habitants est le pouchto ou poukhtoun, langue assyrienne intermédiaire entre le zend de la Perse et le sanscrit de lInde, mais plus rapprochée de lidiome iranien, avec quelques mots sémitiques empruntés à larabe. Les Afghans ou Pachtanah qui sont au nombre denviron deux millions [
] sont divisés en tribus nombreuses (environ 400), et habitent généralement la campagne, sauf ceux dentre eux qui sont soldats et quelques marchands. Dans les villes, on rencontre une population dorigine iranienne, les Tadjiks (les « couronnés » ou gens à tiare), au nombre denviron un demi-million, descendants des anciens maîtres de la contrée, diversement croisés ; ils sont la classe industrielle et commerçante, ainsi que lélément lettré. Il y a en outre en Afghanistan des Hindous aryens, des Mongols, des Turcs et enfin des Kafirs ou « infidèles », restés païens et dont les peuplades, habitant des montagnes peu accessibles, sont généralement demeurées indépendantes.[
]
Tableau 8. Le plan descriptif de larticle Afghanistan, NDP, 1911
AfghanistanNombre de mots% de mots au sein de la monographie géographiquePeuples24068,4%Religion et enseignement4212,0%Villes et régime politique6919,7%Total de larticle351100,0%
Dans lensemble des monographies géographiques, ces articles sur les États scandinaves et sur lAfghanistan constituent une exception, ils contrastent avec les monographies de Félix Oger et de Gaston Meissas qui déroulent paragraphe après paragraphe une géographie inventaire. En règle générale, comme nous lavons vu, les parcours descriptifs de Gaston Meissas et de Félix Oger déroulent 3 ou 4 parties, elles-mêmes subdivisées en sous-parties, de façon à inventorier de multiples aspects dune contrée, sans relation toujours évidente entre les différentes parties de lensemble, si ce nest lunité de lieu, la même découpe spatiale.
Le Dictionnaire est à la fois lhéritage décritures géographiques marquées par les héritages du début du dix-neuvième siècle et le lieu où Élisée Reclus propose un discours géographique neuf. La comparaison des plans détude est révélatrice de cette diversité.
1.5. Entre le sérieux du plan type dAdrien Balbi et le souci du singulier et du pittoresque de Conrad Malte-Brun.
Au début du XIXe siècle deux approches opposaient les géographes : dune part les tenants dune description géographique narrative, qualifiée de pittoresque par ses détracteurs, dautre part les tenants du plan stéréotypé, qualifié ultérieurement de façon péjorative de « plan à tiroirs ». Conrad Malte-Brun se fait le héraut dune géographie narrative, Adrien Balbi se déclare partisan du plan répétitif.
Si Conrad Malte-Brun propose dans lintroduction à sa Géographie universelle un plan détude standard en deux temps : la nature dabord, les hommes ensuite, il nuance fortement ensuite son propos.
Passant ensuite au tableau physique du globe, nous contemplerons les grands traits de la nature, les montagnes dont se hérisse la surface de la terre, les mers qui la ceignent, les fleuves et les vallées qui la sillonnent ; nous descendrons dans les cavernes et dans les mines, nous nous pencherons sur les bords du cratère fumant ; en un mot, nous étudierons la structure du globe. Après avoir pris connaissance des mouvements de latmosphère et la loi des températures, nous distribuerons dans leurs régions natales les animaux, les végétaux, tous les êtres enfin que nourrit le sein inépuisable de la terre. Nous finirons par considérer lhomme dans son état naturel et politique ; nous classerons les races humaines daprès les nuances corporelles qui les distinguent, daprès les langues quils parlent, les croyances qui les consolent ou les enchaînent, et les lois qui marquent lessor de leur civilisation ou la profondeur de leur abrutissement.
(C. Malte-Brun.)
Autrement dit le plan détude annoncé décline dans un premier temps lorographie, lhydrographie, la géologie, la climatologie, la faune et la flore ; puis dans un deuxième temps étudie les races, les langues, les croyances et les lois. Mais pour écrire de la géographie, Malte-Brun refuse lidée dun plan type. Il fait de litinéraire supposé un principe narratif qui entraîne un ordre et un équilibre interne spécifique à chaque parcours descriptif.
Après avoir examiné toutes les prétendues classifications des objets de la géographie spéciale (), nous avons reconnu que cest précisément lemploi trop rigoureux de ces méthodes abstraites qui donne aux livres de géographie tant de sécheresse. Grâce à ce vain appareil de science, la géographie, cette image vivante de lunivers, ne semble en être que la froide et triste anatomie ; la jeunesse redoute, les savants la négligent, les gens du monde la dédaignent. Nous avons donc cru devoir suivre les principes généraux de lart décrire ; et, variant daprès la nature des objets, non seulement le ton, mais même lordre de la description, nous avons cherché à inventer, pour la peinture de chaque pays, un cadre particulier qui convînt à la grandeur relative des objets. Un pays offre-t-il le spectacle dune riante culture, nous en détaillons avec soin les diverses productions. Est-il inculte, nous retraçons plus en grand le caractère que la nature lui a imprimé. Ici, dans un voyage supposé, nous énumérons sans sécheresse les villes de lintérieur ; là, navigateur sans péril, nous voguons de port en port, dîle en île. Une nation joue-t-elle un grand rôle dans le monde civilisé, nous indiquons ses forces, ses ressources, ses intérêts ? Sagit-il dune peuplade sauvage, nous nous attachons davantage à peindre ses murs et sa manière de vivre.
(C. Malte-Brun.)
À la même époque, son contemporain Adrien Balbi théorise le plan à tiroirs pour des descriptions cadrées dans les limites politiques. Il polémique implicitement contre les plans des descriptions de Malte-Brun, repris par son disciple Jean-Jacques Nicolas Huot :
La géographie étant une science positive, les objets quelle embrasse doivent être classés, non dune manière pittoresque propre à frapper limagination, mais dune manière logique, qui éclaire lintelligence et aide la mémoire. La méthode pittoresque, employée avec le plus rare talent par un illustre géographe, est tolérable, peut-être, dans un traité étendu sur la science, mais elle doit être rejetée dans un ouvrage élémentaire.
Lordre dans lequel les faits se présentent aux regards de lobservateur nadmet en réalité aucune classification : les plus rapprochés par lanalogie se trouvent disséminés de loin en loin sur la route du voyageur ; les plus opposés, ceux qui séclairent le moins lun par lautre, soffrent, au contraire, en même temps ; partout de brusques transitions, des distractions qui égarent le jugement en troublent les souvenirs. Certes, dans la nature même, ce désordre a son charme et, peut-être, son côté instructif ; mais dans une narration, une partie de lintérêt se perd déjà : Segnius irritant animos demissa per aurem
Que sera-ce donc dun traité élémentaire avec sécheresse inévitable ? La méthode pittoresque y paraîtra ce quelle est en effet, labsence de toute méthode. Là pour que lattention se fixe à quelque chose, il faudra tracer de larges divisions ; puis dans chacune delles grouper les faits analogues, et encore suivre la même loi, toujours la même, pour passer dun groupe à un autre. On ne craindra pas de multiplier les titres et les indications, détablir dans chaque chapitre un même ordre de paragraphes ; car de cette symétrie résultera la clarté ; de cette uniformité naîtront des rapprochements utiles. Telle est cette méthode logique, grâce à laquelle lexposition de la science devient plus suivie, plus succincte, plus claire et plus substantielle.
(A. Balbi.)
Les descriptions géographiques du Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson se situent à mi-chemin entre le plan « à tiroirs », strictement répétitif, tel que le réclamait Adrien Balbi et les parcours descriptifs plus variés, laissant une place au pittoresque, tels que Malte-Brun les souhaitait. Les premiers articles parus sont très marqués par l'aspect catalogue. C'est le cas de ceux qui sont rédigés par Oger. Son article Europe se déroule ainsi en huit parties principales : 1° Configuration générale, 2° Latitudes, longitude, configuration, bornes, 3° Mers et golfes, 4° Presquîles, 5° Relief, 6° Climat, 7° Superficie et population, 8° Etats. Ces inventaires sont rarement ouverts par une introduction générale ; ce type de plan est utilisé pour le catalogue des contrées de lOcéanie (F. Oger) et les articles répertoriés comme géographiques et quasiment tous signés G. Meissas : Canaux, Colonies françaises, Département, Empires, Provinces.
Tableau 9. Des parcours descriptifs découpés en parties et sous-parties.
Plan de larticle
Allemagne I Géographie
(F. Oger, DP2, 1878)Plan denseignement de la géographie de la France (article Géographie DP2, 1879)Plan de larticle France,
(G. Meissas DP2, 1879)Plan de larticle
Belgique (Géographie)
(G. Meissas,
Supp, DP2, 1887)1° Géographie physique (Limites ; Superficie ; Population, sa densité ; Climat) (0,75 colonne)I Géographie physique. Côtes et Frontières. Voir FranceI Généralités
(1 colonne)I° Géographie physique
(Situation, limites, forme ; Hydrographie ; Relief du sol ; Climat)
(1 colonne)Orographie et hydrographie (Relief du sol ; Grands bassins ; Côtes et ports) (3 col.)II Orographie. - Voir France, Alpes, Glaciers
.II Orographie
(4,5 col.)III Hydrographie. Voir France, CanauxIII Hydrographie
(10,5 col.)IV Géographie historique. - Voir France, Provinces.IV Etude des frontières (maritimes et terrestres) (5,25 col.)V Géographie politique et administrative. Voir France, Départements, Droit administratif, Droit PublicV Climat (2,75 col.)2° Géographie agricole et industrielle (Agriculture ; Mines ; Bassins houillers ; Eaux minérales ; Pierres lithographiques) (1,5 col.)VI Géographie agricole. - Voir France, CadastreVI Géographie agricole : Céréales et cultures annexes, bétail, vins, autres cultures),
(6,5 col.)II° Géographie agricole industrielle (régions agricoles ; Productions agricoles ; Productions minérales ; Industrie ;
Canaux et chemins de fer ; Ports et commerce maritime)
(3 col.)VII Géographie industrielle et commerciale. Voir France, Canaux, Chemins de fer.VII Géographie industrielle : bassins houillers, mines métalliques, minéraux divers, matériaux de construction, industries alimentaires, de lhabillement, (9 col.)
Géographie commerciale (5 col.)3° Ethnographie (Races ; Langues )
(0,3 colonne)Population
(0,5 colonnes)III° Géographie politique (Ethnographie ; Gouvernement ; Grandes villes ; Souvenirs historiques)
(1 colonne)4° Géographie politique (Religion, Unité politique, Universités, Gouvernement, Grandes villes) (1,3 col. )VIII Algérie. - Voir Algérie.
IX Autres colonies. - Voir Colonies françaisesLa Corse (1,25 col.)Questionnaire géographique ; Problèmes géographiques (1 col.)X Révision générale
Le plan denseignement de la France proposé par la Rédaction, cest-à-dire Buisson, à la suite de larticle Géographie de Foncin (tableau 9) se déroule en dix parties et est cohérent avec la conception de Pierre Foncin qui définit la géographie comme une science qui « se contente de comprendre, de classer et de peindre » . De même, les programmes scolaires des pays étrangers présentés dans le Dictionnaire ont souvent laspect dun long catalogue. Cest en particulier le cas du programme détude de lécole de Saint-Louis du Missouri, école modèle pour Buisson, où la géographie spéciale se décline en quatorze rubriques successives. Les derniers articles publiés dans le Dictionnaire, celui sur les états Scandinaves dÉlisée Reclus (1881), celui sur la Belgique de Gaston Meissas (1887), et même Afghanistan en 1911, séloignent le plus des plans à tiroirs stéréotypés. Ces articles laissent moins de place aux listes énumératives et se structurent en grandes parties. Cest même le cas de Belgique, dernier article de Meissas, qui est publié dans le supplément. La présentation géographique de la Belgique sy déroule, comme nous lavons vu, suivant un plan en 3 parties : 1° géographie physique, 2° géographie agricole et industrielle, 3° géographie politique (incluant lethnographie). La géographie économique occupe une place majoritaire et centrale. Néanmoins, quelles que soient ces variations de plan, une convergence très forte se fait sur lordre du plan : dabord la géographie physique, ensuite la géographie humaine.
Cette comparaison des plans des différentes monographies met en évidence que le même ordre des parties structure le discours géographique. Tout dabord les auteurs présentent le cadre naturel ; la géographie physique commençant par lhydrographie et non par le relief. Ensuite, vient la géographie économique (agriculture, industrie, commerce). En pratique létude de la géographie de la population clôt larticle, même si le plan détude proposé par Buisson pour étudier la France place ce point avant la géographie économique (tableau 9). Deux grands types de plans peuvent ainsi se différencier au sein de ceux qui suivent globalement cet ordre. La plupart des articles (15) suivent ce plan avec une ou des parties spécifiques sur la géographie économique. À linverse (tableau 10A), les articles (6) nayant pas de grand développement sur léconomie confèrent une part importante au découpage de lespace en bassins. Ces plans sans partie sur la géographie économique correspondent aux monographies relatives aux grandes parties du monde, lAsie exceptée (tableau 10B). Ceci confirme la place centrale des dimensions économiques dans les descriptions géographiques du Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Tableaux 10. Deux grands types de plans pour les monographies géographiques du Dictionnaire de F. Buisson.
Tableau 10A
Articles ayant une ou des parties sur léconomieAllemagne (1878)
Australie (1878)
Autriche (1878)
Espagne (1879)
États-Unis (1879)Plan type :
1/ Géographie physique
2/ Géographie économique
3/ Ethnographie
4/ Géographie politiqueAngleterre (1878)
Russie (1881)
Turquie (1881)
Belgique (1887)Variante : Ethnographie et géographie politique dans une même partieAsie (1878)
France (1879)Variante : Sans géographie politiqueItalie (1879)Variante : Avec géographie historique à la place de lethnographie.Grèce (1879)Variante : Sans partie sur les peuples, les races lethnographie ou économie politiquePays-Bas (1881)Variante : 1/ Géographie commerciale, 2/ Géographie physique 3/ Grandes divisions.Suisse (1881)Variante : 1/ Géographie physique ; 2/ Géographie politique ; 3/ Géographie économique ; 3/ Institutions et administrationScandinaves (états) (1881) Le plan de larticle dÉlisée Reclus est atypique. Il ny a pas de dispositif typographique de mise en valeur du plan. Après une présentation générale, la présentation sarticule autour de problématiques économiques illustrées chacune par un pays scandinave différent.
Tableau 10B
Articles ayant des plans sans partie spécifique sur léconomieAfrique (1878)
Algérie (1878)Plan type :
1/ Généralités
2/ Climat, orographie, hydrographie
3/ Contrées et peuples (par bassins)
4/ RacesAlpes (1878)
Amérique (1878)
Europe (1879)Variante : Sans géographie humaine : pas de partie sur les peuples, les races, lethnographie ou léconomie politique.Océanie (1880)Variante : 1/ Bornes ; 2/ Grandes divisions.
Les plans adoptés par la majorité des rédacteurs des descriptions géographiques du Dictionnaire, de même que ceux qui sont prescrits par Pierre Foncin ou Ferdinand Buisson, se situent dans une tradition de la monographie géographique plus complexe quon pourrait le croire, tiraillée entre le sérieux et le pittoresque, le répétitif et le singulier. Cette diversité de lécriture géographique était déjà apparue dans la Petite Géographie dAchille Meissas et Auguste Michelot.
Si les plans utilisés pour les monographies géographiques sont variés dans le détail, ils ont néanmoins en commun le fait de tous commencer par la géographie physique. Pourtant linfluence de la géographie économique, centre dintérêt majeur de Levasseur comme de Foncin, se traduit par un abandon progressif des longues descriptions des bassins (Allemagne, Afrique) pour laisser place à des articles sattardant principalement sur la géographie économique (France, Belgique
). Cet attrait de la géographie économique caractérise aussi pendant longtemps la géographie de lécole primaire.
De façon concomitante, trois traits originaux perdurent à lécole primaire : lhéritage des listes dinventaire et sa caricature sous forme de liste de départements et de chefs-lieux ; létude des bassins hydrographiques sous forme de listes daffluents ; lintérêt pour les aspects pratiques et économiques de la géographie. Ces trois dimensions se lisent dans la plupart des notices géographiques présentes dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
2. La géographie de la France à lécole primaire : entre la nature et léconomie
Après avoir étudié en détail les discours sur la géographie et les descriptions géographiques du Dictionnaire de pédagogie nous allons voir comment celle-ci se décline dans les livres destinés aux élèves. Nous centrerons notre étude sur les livres les plus usités à lécole primaire entre 1890 et 1920, les petites géographies de Foncin, et en particulier sa Première année de géographie destinée aux élèves de 9 à 11 ans.
2.1. Les influences de Philippe Buache et Karl Ritter perdurent
La géographie par bassins inspirée par Philippe Buache reste surtout présente dans les articles les plus anciens (Afrique, Allemagne). Dans ces premières monographies géographiques du Dictionnaire, le découpage de lespace par bassins géographiques occupe une place majeure dans larticle Allemagne rédigé par Félix Oger (tableau 9). La même approche par bassins structure larticle Afrique de Gaston Meissas. La part de la géographie physique est structurée par lorientation de lhydrographie, en fait linventaire des fleuves. La description de lhydrographie est deux fois plus longue que celle de lorographie dans larticle France et elle précède la présentation du relief. Le primat de la géographie physique dans lordre de la description de Gaston Meissas ne se confond pas avec celui de la géographie « classique » se situant dans lhéritage de Vidal, où la place première de la géographie physique est essentiellement supportée par la géomorphologie.
Cette influence de Buache, mais aussi plus globalement la place de la nature, revendiquée dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson par Franz Schrader comme un héritage de Karl Ritter, peut donc se lire dans la première place de la géographie physique dans lordre de la description. Ainsi, cest elle qui fournit lessentiel de la mise en place du cadre spatial.
La description des réseaux fluviaux, larborescence des affluents et des sous-affluents restera longtemps un exercice dapprentissage canonique de la géographie scolaire de lécole primaire. Nous y voyons une conséquence de la formalisation précoce de la géographie à lécole primaire, il sagit de la marque dune géographie prévidalienne contemporaine de linstitutionnalisation de la matière scolaire ou antérieure.
2.2. La géographie économique dÉmile Levasseur et Pierre Foncin et les fondations de la géographie de lécole primaire.
Dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson au cours des années qui séparent la publication de larticle Afrique de Gaston Meissas à larticle Scandinaves (Etats) dÉlisée Reclus, la tendance générale est donc au resserrement du nombre de moments descriptifs. Cette évolution a pu aussi être analysée par lanalyse lexicale douvrages de référence comme les Géographies universelles de Malte-Brun et dÉlisée Reclus. En ce qui concerne les articles du Dictionnaire de pédagogie, si nous regroupons les 3, 4 ou 10 parties typographiquement mises en valeur dans le plan des auteurs des monographies (tableau 10) en trois grands blocs, nous obtenons trois ensembles dampleur inégale (tableau 11).
Tableau 11 Géographie physique et géographie économique dans les articles
du Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Part du texte occupée par les généralités (limites, situation
)
et la géographie physiquePart du texte occupée par la géographie agricole, industrielle ou commercialePart du texte occupée par létude de la population, lethnographie et la géographie administrative et politiqueArticle Allemagne
Félix Oger, 1878.55%22%23%Article France
G. Meissas, 1879.53%46%1%Article Scandinaves (états) E. Reclus, 1881.51%13%35%Article Belgique
G. Meissas, 1887.20%58%21%
En règle générale un peu plus de la moitié du texte est consacrée à la présentation dune situation générale et à la géographie physique. La géographie humaine, au sens moderne du terme, occupe une petite moitié du texte, sauf dans le cas de larticle Belgique où elle est fort développée, appuyée par dimportants passages sur la géographie économique.
Cette place importante attribuée aux dimensions économiques peut être mise en relation avec les centres dintérêts dÉmile Levasseur et Pierre Foncin, leurs noms peuvent être associés au développement de la géographie à lécole primaire à la fin du XIXe siècle. Autorités scientifiques : professeurs au collège de France ou professeur duniversité ; autorités académiques : chargé de rapport ou inspecteur général ; ils participent tous deux au Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson et chacun deux est auteur dune collection de livres scolaires pour lécole primaire chez Delagrave pour Levasseur , chez Armand Colin pour Foncin.
Émile Levasseur, orienté par ses enseignements déconomie et de statistique, a tenu le rôle déterminant en faveur du développement dune géographie scolaire pratique, sappuyant sur les cartes et permettant aux écoliers de devenir ensuite des acteurs économiques efficaces. Pierre Foncin, engagé dans des sociétés de géographie associant milieux économiques et universitaires, fait lui aussi preuve des mêmes intérêts pour une géographie orientée vers la vie économique, nous le verrons lors de létude de ses manuels scolaires.
On remarque aussi que certaines entrées du Dictionnaire : chemins de fer, canaux, colonies, Algérie
), correspondent étroitement aux leçons du livre scolaire. Lécriture du livre scolaire de P. Foncin ressemble aussi plus souvent aux textes-inventaires de Gaston Meissas quaux envolées lyriques de Franz Schrader, elle reflète aussi le même engagement que celui qui sexprime au travers des monographies du Dictionnaire : une géographie pratique pour la patrie.
La plupart du temps le texte est un inventaire sec, sous forme de liste, parfois sans phrase, précédé dune description courte, qui nexalte pas la beauté du pays : « sur la Mer du Nord, les rivages sont sablonneux, bordés de dunes
entre les embouchures de la Loire et de la Garonne les rivages sont bas et vaseux
les plaines du Nord sont monotones ». parfois une indication apprend à lire la légende de la carte. [
] Le texte ne sanime quà propos de la patrie, des colonies et de lAlliance française, dont Foncin est président. Lauteur sort du catalogue aride pour inculquer lamour de la France, justifier la colonisation pour que la France reste « une grande nation » et pour montrer son uvre civilisatrice. Dans chaque chapitre sur la France il y a une petite phrase courte qui rappelle la défaite ou la résistance pendant la guerre de 1870.
(M. Benoît.)
2.4. Les manuels de Pierre Foncin et le découpage par bassins
Les Petites Géographies de Pierre Foncin sont ainsi les manuels de géographie les plus répandus, plus usités que les livres dHistoire dErnest Lavisse, et ce, tout au long de la IIIe République. Ces ouvrages commencent par une introduction à la géographie associée à lapprentissage dune série de termes relevant principalement de la géographie physique. Ensuite viennent les leçons sur le relief et les cours deaux de la France. Ils occupent le premier tiers du livre. Linventaire détaillé de la France est conduit dans le cadre des départements. Puis, un nombre de pages assez voisin est consacré à la présentation des activités économiques de la France (tableau 12). Enfin les livres de La Première année de la Géographie se concluent par une présentation des autres parties du monde, suivies de notions de géographie générale.
Lintérêt pour les activités économiques mobilise un nombre de pages proche de celles qui sont consacrées aux généralités et à la géographie physique. Les livres de géographie pour lécole primaire sont au moins autant tournés vers léconomie que les monographies du Dictionnaire. À partir de 1882 cet accent renforcé sur la géographie économique est justifié dans un avis des éditeurs qui insistent par ailleurs sur lintroduction quasi-systématique de la double page confortant la logique du « texte - atlas » introduit en France par Levasseur.
[
] La mise en regard des leçons et des cartes, qui contribue si puissamment au succès de la publication, souffrait dans lancienne édition, quelques exceptions (canaux, colonies, etc.) : nous lavons rétablie dans toute son intégralité. Limportance croissante de lAlgérie et notre expansion coloniale réclamaient quelques cartes nouvelles ; nous les avons données En géographie comme en toute autre science, la leçon nest profitable que si elle impose un effort : nous avons rajouté des cartes muettes pour exercices de recherches.
Mais létude de la géographie ne serait quun stérile exercice de mémoire si elle nétait pas complétée par la connaissance de la situation économique des différents pays. Aussi M. Foncin a-t-il insisté sur ce point, notamment pour la France. Mais il ne lui a pas semblé suffisant de faire connaître les chemins de fer, les canaux, les colonies, etc., il a expliqué lutilité des voies de communication, la nécessité des colonies et des rapports internationaux, en un mot, lauteur a donné de lintérêt aux nomenclatures en y ajoutant des notions générales.
Est-ce à dire que le niveau du livre a été élevé ? Non. Le livre est resté le même : simple, élémentaire et accessible à la moyenne des intelligences ; il est seulement devenu plus lisible, plus méthodique, plus intéressant, plus actuel. [
]
(Les éditeurs.)
Dans ces livres, si lon ne prend pas en compte la présentation des autres parties du monde, trois thèmes occupent une place comparable : la géographie physique, la géographie économique et la géographie administrative. Ainsi, dans la Première année de géographie, celle qui correspond aux élèves âgés dune dizaine dannée, le plan détude se déroule dans le même ordre que celui prescrit par Buisson dans le Dictionnaire.
Tableau 12. Géographie physique, économique et administrative dans la Première année de Géographie de Pierre Foncin.
Éditions de 1875 à 1884. (40 pages plus lexique)Éditions de 1885 à 1909
(48 pages plus lexique)Éditions à partir de 1910.
(52 pages plus lexique)Notions préliminaires
(cosmographie et termes géographiques). 557France : relief du sol.
France : cours deau344France administrative.
Anciennes provinces342France :
Départements888Algérie ;
Colonies.0,525France : Communications, Canaux et ports ; Agriculture, industrie et commerce.566France :
Défense militaire ; Alsace-Lorraine.022Exercices1,521Europe physique, Europe politique ; Afrique ; Amérique ; Asie ; Océanie.121212Géographie générale : Cosmographie, Races humaines, Grands voyageurs, Navigation ; Objets de commerce.23
La géographie physique constitue, comme dans la plupart des monographies du Dictionnaire le cadre premier de létude, mais pas la plus importante, même si la géographie physique occupe la plus grande partie des pages consacrées aux notions préliminaires. Ici, les termes de géographie définis dans le vocabulaire sont quasiment tous « relatifs aux mers », « relatifs aux terres », « relatifs aux cours deau ». À partir de 1910 sy adjoint un lexique « relatif au climat ». La France est dabord étudiée sous langle de la géographie physique. La carte des cours deau précède dabord celle du relief, puis à partir de 1885, au moment où on déclare renoncer à létude par bassin, la leçon sur le relief du sol précède celle qui traite sur les cours deau. On voit se produire la même inversion de lordre hydrographie, orographie que dans les monographies du Dictionnaire. Mais si la géographie physique est la première dans lordre de létude, ce nest pas celle qui occupe le plus de place dans le livre.
Létude de la France par départements regroupés par bassin est un héritage ancien comme le note Numa Broc : « [
] dès 1791, les géographes prennent lhabitude de regrouper les départements par bassins fluviaux, comme le fait Mentelle dans sa Méthode courte et facile pour apprendre aisément et retenir la géographie de la France. ». Nous verrons quà partir de 1885, Pierre Foncin abandonne lapproche régionale de la France par bassins. Ceci se produit quelques années après labandon de cette approche dans le plan des monographies géographiques du Dictionnaire de Ferdinand Buisson (1879) (cf. tableau 9).
En effet jusque vers 1884 le bassin est resté le cadre « naturel » de découpage de lespace, en particulier celui de la France. Ceci était justifié en 1853 par le frère P.B. :
81. D. Quel est le moyen le plus commode pour fixer lattention sur la position des diverses provinces ?
R. Cest la division par bassins.
82. D. Quest-ce quun bassin géographique ?
R. Cest une étendue de pays arrosée par un fleuve et ses affluents.
83. D. En combien de bassins peut-on diviser la France ?
R. En quatre grands et deux petits ; les quatre grands sont : 1°° celui de la Seine ; 2° celui de la Loire ; 3° celui du Rhône ; 4° celui de la Gironde, formé par la Garonne et la Dordogne. Les deux petits sont celui du Rhin et celui de lEscaut.
(Frère P.B.)
Ainsi, jusquen 1885, les leçons du manuel de Foncin présentent les départements regroupés par bassins hydrographiques. Mais il existait une alternative, celle pratiquée par Malte-Brun et qui se fonde sur les points cardinaux.
Cartes 1a et 1b : Les découpes majeures de la France par Malte-Brun et Huot en 1845 et par Foncin en 1880.
Carte 1a. Découpe en 5 livres de la description Carte 1b. Découpage des cartes regroupant par
de la France par Malte-Brun et Huot bassin les départements. Foncin 1880
Le découpage par bassin nest donc pas la seule tradition en 1880. Ainsi Malte-Brun proposait auparavant un autre découpage : « région méridionale » (livre 53ème), « région occidentale » (livre 54ème), « région centrale » (livre 55ème)
:
La division artificielle de la France en cinq grandes régions : celles du sud, de lest, du centre, de louest et du nord, nous semble la meilleure à adopter, et la plus commode pour suivre nos excursions chorographiques.
(Malte-Brun et Huot.)
Si lon compare les cartes du découpage de Malte-Brun et celui des cartes de lédition de 1880 de la Première année de géographie (cartes 1a et 1b) on constate une notable différence. Foncin privilégie le regroupement des départements par bassin hydrographique. Le département des Côtes-du Nord est joint à lensemble de ceux drainés par la Seine vers la Manche. Le versant méditerranéen sétend de Belfort à la frontière espagnole. Par contre, le versant atlantique est subdivisé en deux ensembles articulés principalement autour de la Loire ou de la Garonne. Les cinq grands fleuves : Seine, Loire, Garonne, Rhône et du Rhin organisent ce découpage spatial de la France.
Le poids pris par la géographie physique dans la deuxième moitié du XIXe siècle renforce le rôle des fleuves dans le discours géographique. Les descriptions de Malte-Brun se faisaient en suivant principalement les routes. Les article de Gaston Meissas dans le Dictionnaire sont rédigés plus « au fil de leau » quau long des chemins.
Lintérêt pour la géographie économique est ainsi juxtaposé à un long préambule, au sens étymologique du mot, où lon découvre lespace en suivant les cours deau. Puis, à partir de 1886 les livres scolaires de Foncin reflètent rapidement les évolutions des paradigmes des géographes, ils abandonnent les découpages par bassins (tableaux 13). Cette évolution est similaire à celle que nous venons de constater à partir de 1879 dans les monographies du Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Si lon compare ce nouveau découpage à celui retenu par Élisée Reclus pour décrire la France dans sa Nouvelle géographie universelle, on est frappé des ressemblances (cartes 2a et 2b).
Cartes 2a et 2b : Les découpes majeures de la France par Élisée Reclus en 1877 et par Foncin en 1886.
Carte 2a. Découpe en chapitres de Carte 2b. Regroupement régionaux des
la description de la France par Élisée Reclus départements par Foncin en 1886
La géologie a fait apparaître le Massif-central qui est plus méridional que la « région centrale » de Malte-Brun (carte 1a). Sous la plume de Reclus et dans lorganisation des livres de Foncin on voit alors surgir le rôle des montagnes dans la structuration de lespace français. Leur importance se lit dans la table des matières du volume de la G.U. de Reclus sur la France. Chapitre II : Les Pyrénées, les Landes et le bassin de la Garonne ; chapitre III : Les Alpes, le Rhône et le littoral méditerranéen ; Chapitre IV : Le Jura et le bassin de la Saône ; Chapitre V : Le plateau central de la France
. Dans ce volume de cette Nouvelle Géographie universelle, les montagnes précèdent les bassins dans le plan général de louvrage et dans les libellés des chapitres qui les associent.
Ceci est encore plus net chez Foncin. Il identifie à partir de 1886 un plateau central, il fait des Pyrénées et de leur avant-pays une région, il rassemble dans une même région méridienne et montagneuse Jura, Alpes et Corse, distincte du sillon rhodanien. Il fait même apparaître une région en Bourgogne sous lintitulé « Petits massifs montagneux entre Loire et Saône » (tableaux 13).
À côté des cartes des départements par bassins hydrographiques, les éditions antérieures à 1885, présentent aussi des inventaires des départements organisés par régions agricoles (carte p 75). Mais, il ny a pas à proprement parlé de description de géographie régionale, si ce nest dans le cadre des bassins. Ce découpage semble le plus important, car cest celui qui est utilisé pour décrire les espaces des départements.
Tableaux 13. Des bassins aux régions naturelles.
Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin).
Tableau 13a. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin). LOuest : un découpage implicitement paysager ou climatique à la place du bassin de la Loire.
Cartes des bassins avec
DépartementsDécoupages régionaux et départementsCartes des départementsÉdition 1880Édition 1886Éditions de 1910 et 1920Éditions de 1886,1910, 1920Plaines et collines de NormandieSeine-Inférieure, Eure, Calvados, Manche, Orne,Seine-Inférieure, Eure, Calvados, Manche, Orne,Départements de lOuestLa Loire et ses affluents.
LAulne.
Le Blavet. La Vilaine.
Finistère, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure.Bretagne, Vendée
(et Poitou en 1910)Côtes-du-Nord Finistère, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure,
Vendée.Côtes-du-Nord, Finistère, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure,
Vendée, Vienne,
Deux-Sèvres.Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Indre, Cher, Deux-Sèvres,
Vienne,
Allier, Creuse, Haute-Vienne, Puy-de-Dôme, Loire, Haute-Loire.Plaines de la LoireMayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Indre, Cher, Deux-Sèvres,
Vienne.Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Indre, Cher, Loiret, Nièvre.Invention en 1886 dune région Ouest, elle englobe toute la Normandie et ne comprend plus lamont du bassin hydrographique de la Loire.
Le découpage reste par la suite stable jusque dans les années 1920.
Tableau 13b. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin). Au Nord et à lEst de la France : des régions naturelles remplacent des bassins à partir de 1886.
Cartes des bassins avec
DépartementsDécoupages régionaux et départementsCartes des départementsÉdition 1880Édition 1886Éditions de 1910 et 1920Éditions de 1886,1910, 1920La Moselle, affluent du Rhin.
La Meuse. LEscaut.Nord, Pas-de-CalaisPlaines du Nord Nord, Pas-de-Calais, Somme. Nord, Pas-de-Calais, SommeDépartements Nord et Nord-Est.Ardennes, Meuse.
Meurthe et Moselle, Vosges.Plateau LorrainArdennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges, Haute-Marne.Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges.
(Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin)La Seine et ses affluents.
La Somme. LOrne. La Rance.
Somme, Oise, Aisne, Marne, Aube, Seine-et-Marne, Seine, Seine-et-Oise, Eure-et-Loir, Yonne, Côte dOr,Plaines de Paris et de la ChampagneOise, Aisne, Marne, Aube, Seine-et-Marne, Seine, Seine-et-Oise, Eure-et-Loir, Loiret.Oise, Aisne, Marne, Aube, Seine-et-Marne, Seine, Seine-et-Oise, Eure-et-Loir, Yonne, Haute-Marne.Seine Inférieure, Eure, Calvados, Manche, Orne,Côtes-du-NordEn 1880 le principe des bassins répartit les départements bretons en un versant atlantique et un versant tributaire de la Manche.
En 1886, la Normandie passe de lespace des fleuves tributaires de la Manche à lespace des régions de lOuest.
En 1910, excepté sur les marges du Loiret et de la Haute-Marne, le découpage régional reste stable.
Dans la nouvelle édition de 1920 les départements Alsaciens sont rattachés à lensemble « Plateau Lorrain et Vosges ». Une gravure représentant la place Kléber à Strasbourg illustre la leçon intitulée « Le hameau, le village, la ville » dans le nouveau manuel pour le cours préparatoire.
Tableau 13c. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin) Au centre et au Sud-ouest, après 1886, les massifs se distinguent des bassins.
Cartes des bassins avec
DépartementsDécoupages régionaux et départementsCartes des départementsÉdition 1880Édition 1886Éditions de 1910 et 1920Éditions de 1886,1910, 1920
Massif centralAllier, Creuse, Haute-Vienne,
Puy-de-Dôme,
Haute-Loire, Loire,
Dordogne, Lot, Tarn, Aveyron, Lozère, Corrèze, Cantal.Allier, Creuse, Haute-Vienne,
Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Loire,
Dordogne, Lot, Tarn, Aveyron, Lozère, Corrèze, Cantal.Départements Sud-OuestLa Garonne et ses affluents.
La Charente. La Sèvre Niortaise. LAdour.
Dordogne, Lot, Tarn, Aveyron, Lozère, Corrèze,
Cantal,
Vendée,
Charente-Inférieure, Charente, Gironde, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, LandesPlaines du Sud-OuestCharente-Inférieure, Charente, Gironde, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Landes.Charente-Inférieure, Charente, Gironde, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne,
Landes,
Gers.
Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Ariège.PyrénéesGers, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Ariège, Pyrénées-Orientales, Aude.Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Ariège,
Pyrénées-Orientales, Aude.Invention en 1886 dune région Massif central, composante du Sud-Ouest constituée de départements issus du bassin de la Loire et du bassin de la Garonne.
Autre montagne, les Pyrénées constituent aussi à partir de 1886 un ensemble géographique. Les départements des deux versants, méditerranéen et atlantique, des Pyrénées sont associés dans cette région.
Tableau 13d. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin). Le Sud-est : dun découpage en bassins à lorganisation par les massifs.
Cartes des bassins avec
DépartementsDécoupages régionaux et départementsCartes des départementsÉdition 1880Édition 1886Éditions de 1910 et 1920Éditions de 1886,1910, 1920Le Rhône et ses affluents.
La Têt. LAude. LHérault.
Le Var.
Saône-et-Loire,
Belfort,
Haute-Saône, Doubs,
Jura,
Ain.« Petits Massifs montagneux entre la Loire et la Saône » en 1886 « Jura et Saône », en 1910 et 1920Yonne, Nièvre, Côte dOr,
Saône-et-Loire.
Côte-dOr,
Saône-et-Loire,
Belfort,
Haute-Saône, Doubs,
Jura,
Ain.Départements Sud-Est« Jura et Alpes » en 1886
« Alpes », en 1910Côte-dOr, Belfort, Haute-Saône, Doubs, Jura, Ain,Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Var, Corse,Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Var, Corse.Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Var, Corse.Rhône, Isère, Ardèche, Drôme, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales.Vallée du Rhône et plaine du LanguedocRhône, Isère, Ardèche, Drôme, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault.Rhône, Isère, Ardèche, Drôme, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault.De 1880 à 1920 la Corse est rattachée à la région alpine, les critères morphologiques lemportent sur les critères climatiques.
Ainsi en 1886, lAude et les Pyrénées-orientales, avec lensemble de la chaîne pyrénéenne sont rattachés à lensemble des départements du Sud-ouest.
En 1886 une petite région rassemble les 4 départements de lactuelle Bourgogne sous lintitulé « Petits massifs montagneux entre Loire et Saône » ; auparavant et après 1886 la Saône rassemble les départements jurassiens associés au Val de la Saône bourguignon.
Il ny a pas despace régional méditerranéen.
On passe des bassins aux massifs.
La définition de régions naturelles selon dautres critères semble difficile tant la typologie des régions morphologiques reste sujette à caution dans les premières éditions des Petites Géographies de Pierre Foncin. Ainsi, les couleurs dune carte titrée « Alpes, Cévennes, Massif central, Vosges, Jura » témoignent du flou des informations morphologiques sur les contrées françaises (carte 3). En effet, la même teinte jaune recouvre à la fois les collines du Nivernais, le plateau de Langres, le Jura central, les Cévennes septentrionales qui sétendent du Charolais au Vivarais, les Alpes grées et les Alpes maritimes. Une couleur verte distingue la Côte dOr, le Jura méridional et les Alpes du Dauphiné. En orangé sont figurés du Nord au Sud de la carte : les Monts Faucille, le Jura septentrional, les Monts du Morvan, les Alpes de Savoie, les Alpes cottiennes, les Alpes de Provence, et les Cévennes méridionales. « Les Cévennes étayent à louest un vaste plateau auquel sa position au cur de la France a fait donner le nom de Massif ou Plateau central. » Cette vaste étendue apparaît en couleur violette sur la carte, se différenciant du Morvan et des bordures orientales et méridionales. Néanmoins, Pierre Foncin, conscient des confusions géologiques de sa carte complète le texte de la leçon par cette phrase en plus petits caractères : « Le Massif central, y compris les Cévennes, peut être comparé à une île de granit ». Aussi éprouve-t-il le besoin de publier une note de bas de page sous la carte voisine qui prend ses distances avec la typologie implicitement induite par les couleurs : « Nota. Les coloris de cette carte doivent être considéré (sic) que comme un procédé de simplification. » (carte 1).
À linverse, en 1880, chaque grand bassin hydrographique bénéficie dune carte où sont coloriés les départements qui en relèvent. Ainsi se dessine le « patron », la découpe, de létude de la France (carte 4 : Les regroupements de départements par bassins fluviaux dans la Première année de géographie de Pierre Foncin avant 1885).
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Carte 3 : Alpes, Cévennes, Massif central, Vosges et Jura cartographiés en 1880.
Pierre Foncin, La Deuxième année de Géographie, p.63.
Carte 4 : Les regroupements de départements par bassins fluviaux dans La Première année de géographie de Pierre Foncin avant 1885.
Ce découpage nest plus utilisé à partir de 1885. La carte régionale des départements du bassin de la Seine et celle des départements parcourus par les fleuves se dirigeant vers la Mer du Nord sont remplacées par une carte des départements du Nord et du Nord-Est. Face à cette carte, le texte de la leçon distingue trois régions caractérisées par leur morphologie :1. Plaines du Nord, 2. Plaines de Paris et de Champagne, 3. Plateau Lorrain. Le chevelu du réseau hydrographique a été simplifié ; le Petit Morin, le Vesle ou lAvre ne sont plus dessinés sur la carte comme en 1880. Le tracé des limites entre le bassin de la Seine et ses voisins (Somme, Touque
) disparaît aussi. Par contre, le nombre de villes figurées sur la carte augmente. Par exemple, Clermont dans lOise, Le Crotoy dans la Somme, Varennes et Domrémy apparaissent dans la catégorie « autres villes ». Le toponyme collines de lArtois disparaît, et léditeur sest expliqué préalablement de ceci en renonçant explicitement à la division par bassins et à ces « chenilles graphiques », collines plus ou moins imaginaires dessinées à leur périphérie.
« AVIS DES ÉDITEURS POUR CETTE NOUVELLE ÉDITION
Pourquoi la division de la France en bassins doit être proscrite de lEnseignement.
Un certain nombre de maîtres nous demandent pourquoi dans la Nouvelle édition (1885) de la Première année de géographie. M. Foncin a substitué, pour létude de la France, la division par régions à la division par bassins.
M. Foncin a dû adopter la division par régions pour rester fidèle à la vérité scientifique, et il y est tout à fait encouragé par une instruction ministérielle adressée tout récemment dans ce sens aux professeurs de lenseignement secondaire.
Voici la note raisonnée que M. Foncin a bien voulu nous remettre à ce sujet.
Il est temps den finir dans les classes avec la division de la France en bassins. Cette division ne tient compte daucun des éléments essentiels dune classification géographique. Elle donne une idée fausse de la physionomie réelle du sol national.
A. 1° Elle ne concorde pas avec les indications de la géologie. Le bassin dit de la Seine, tel quon lenseigne aux enfants, na quun rapport éloigné avec le véritable bassin parisien, qui est cependant une des régions géologiques les mieux délimitées de notre pays, et qui comprend, outre le cours de la Seine et de ses affluents, tout le cours moyen de la Loire.
2° Elle est contradiction avec le relief du sol. Le massif central, par exemple, qui est aussi une région naturelle très nette, occupe une partie des bassins classiques de la Loire, de la Garonne et du Rhône.
3° Elle heurte les vraies notions de lhydrographie. Toutes les eaux qui ruissellent dun même massif ou dun même groupe de terrains devraient en effet être classées et étudiées ensemble. Cest ainsi que la Bretagne ou les Pyrénées forment des régions hydrographiques dune remarquable unité. Il nest donc pas logique de couper en compartiments ou bassins séparés les divers cours deau bretons (bassin de la Rance, de lAulne, du Blavet et des affluents de droite de la basse Loire), ou les divers cours deau pyrénéens (bassins de lAdour, de la Garonne, du Tech, de la Têt, de la Gly (sic), de lAude).
4° Elle est en désaccord avec la distribution des climats. Le climat rhodanien, avec ses brouillards et ses neiges, le climat méditerranéen sec et chaud, occupent chacun une partie du prétendu bassin du Rhône, dont lunité est donc toute factice.
5° Elle nest pas conforme à la répartition des régions agricoles. Avec la division routinière en bassins, comment apercevoir, dans son intégrité, la région méditerranéenne, caractérisée par lolivier, qui se partage le bassin inférieur du Rhône et cinq ou six petits bassins côtiers ? Comment retrouver la région du Nord (pays à betteraves), scindée entre les bassins de lEscaut, de la Somme, de la Seine ?
6° Elle ne correspond à aucune des données de la géographie politique. Dans quel bassin placer le département du Loiret, ou celui de la Saône-et-Loire, ou les provinces du Limousin, de Champagne, à cheval sur les bassins différents ?
B. Ce qui est plus grave encore, cest que cette division en bassins trompe les élèves. Elle empêche de bien voir la hauteur relative de nos montagnes, létendue réelle de nos plateaux et de nos plaines. Quand on va en chemin de fer de Dunkerque à Paris, de Paris à Orléans, de Bordeaux à Bayonne, de Toulouse à Cette, on naperçoit aucun changement appréciable daltitude.
On traverse en effet la grande plaine du Nord, les champs absolument plans de la Beauce, le plateau très peu élevé des Landes, ou le seuil de Naurouze dans la plaine du Languedoc. Il a fallu cependant inventer, pour la séparation artificielle des bassins, des collines de convention qui figurent encore sur beaucoup de cartes, sous le nom de collines dArtois, de Picardie, de lOrléanais, de collines landaises, etc. , tandis que beaucoup dautres élévations du sol, singulièrement plus importantes, ne sont pas indiquées. Ces chenilles graphiques imaginaires constituent une véritable supercherie géographique.
Au contraire, une division de la France en régions naturelles, bien que difficile à établir (nous sommes les premiers à le reconnaître), force les enfants à réfléchir, à comparer, à se former une idée sensiblement exacte des aspects très différents de notre pays et de lharmonie de ses proportions.
La division en bassins est simple, il est vrai ; mais cest une simplicité trompeuse et de pure convention.
Voilà pourquoi nous supplions les maîtres de vouloir bien y renoncer. Nous osons espérer que nous aurons été assez heureux pour les persuader. »
(P. Foncin.)
Carte 5 : Les départements regroupés par régions naturelles dans la Première année de géographie de Pierre Foncin après 1885.
2.5. Archaïsme et modernité de la géographie à lécole primaire dans les années 1860-1880
Cette comparaison entre les cartes de la Première année de géographie de Pierre Foncin avant et après 1885 montre un enrichissement des informations des cartes de grandes régions présentant des ensembles de départements. Les informations nouvelles concernent les villes. À linverse les limites de bassins hydrographiques sont fortement estompées.
Mais, dans lensemble, limpression qui domine est celle dune grande permanence dans le découpage (tableaux 13). Certes, les limites des bassins hydrographiques sestompent, mais les nouvelles régions naturelles sorganisent dans un cadre voisin. Cette continuité est assurée par une double numérotation des pages de la nouvelle édition. Elle permet dutiliser conjointement les deux ouvrages dans une même classe. La rupture épistémologique des bassins aux régions naturelles compose donc avec les problèmes matériels des maîtres utilisateurs de ces manuels. Ces enseignants que Pierre Foncin sefforce de convaincre du bien fondé de ce changement avec texte introductif intitulé « Pourquoi la division de la France en bassins doit être proscrite de lEnseignement. » ne voient pas vraiment de différence puisquils peuvent continuer à appuyer leur enseignement sur les cartes des départements regroupés par bassin.
Ainsi, dans le cadre du découpage de la France en 4 cartes, limpression qui prédomine est celle dune permanence des grands découpages.
Une autre comparaison est possible, entre les découpes de Foncin et celles proposées par Vidal de La Blache. En 1888 Vidal écrit dans le Bulletin Littéraire, une revue destinée tout à la fois à lenseignement secondaire spécial, à lenseignement secondaire de jeunes filles et à lenseignement primaire supérieur. Il y publie un article sur les divisions fondamentales du sol français. Vidal y récuse la description dans le cadre de circonscriptions administratives, en particulier dans celui des départements. Il rejette aussi le découpage par bassins et propose une division régionale fondée à la fois sur lobservation et les connaissances des habitants, mais qui confère un rôle important à la géologie. Avec ces principes, il retient 5 divisions fondamentales qui sappuient sur des « divisions géologiques » et qui « se justifient aussi par des raisons tirées de laspect du sol, du caractère de la végétation, du groupement des habitants, cest à dire dordre essentiellement géographique ». Ces grandes régions sont : le Bassin de Paris, le Plateau central, lOuest, le Midi et la vallée du Rhône et de la Saône. À côté de ces grandes divisions, Vidal évoque très rapidement lexistence de groupes régionaux « périphériques », « comme des glacis le long des frontières ». On pense alors aux Pyrénées, à la Corse, aux Alpes, au Jura et aux Vosges qui ne sont pas cités dans le cadre de ces cinq « divisions fondamentales ».
Si lon se rapporte au livre de géographie de Foncin de 1886, on note à première vue une forte similitude. La grande région du Bassin de Paris, Morvan compris, proposée par Vidal, ressemble fort à lespace des départements du Nord et du Nord-est qui est le découpage proposé par Foncin.
Une différence notable concerne la partie du bassin de Paris relevant de lespace ligérien. En effet, et ceci souligne la prégnance des découpages hérités des bassins, Foncin incorpore les Plaines de la Loire (du département du Cher à celui de lIndre-et-Loire) dans le cadre des départements de lOuest (tableau 13B).
À cette exception près, lensemble des « départements de lOuest » de Foncin correspond globalement à la grande région Ouest de Vidal. Par contre, Foncin ne promeut pas le Massif central au rang de division de rang 1 à la différence de Vidal qui en fait alors une division « fondamentale » du sol français.
Le traitement de la Loire moyenne dans un cadre différent du bassin de Paris drainé par la Seine est chez Foncin un héritage des bassins. On peut aussi voir chez Vidal en 1888 linfluence des bassins hydrographiques, quand il fait de la vallée du Rhône et de la Saône, depuis le plateau de Langres jusquaux rives de la Méditerranée, une de ses grandes divisions de lespace français.
En 1888, Vidal ne propose pas encore les découpages principaux du Tableau de la géographie de la France. Mais plus que les découpes des régions, ce qui distingue surtout Foncin de Vidal, cest le choix maintenu jusquen 1910 par Foncin de respecter le cadre des départements pour son découpage régional de la France. Dès 1888 Vidal remettait explicitement en cause tout à la fois le cadre des départements, celui des bassins et celui trop étroit des pays pour conduire une description géographique de la France. Néanmoins, en 1917, dans la notice nécrologique quil rédige dans les Annales en lhonneur de Foncin, il se montre très compréhensif avec les découpages des petites géographies de Foncin :
Dans des ouvrages sadressant aux enfants de nos écoles primaires, les divisions administratives étaient imposées par les nécessités pratiques, mais le livre cherche désormais à les envisager géographiquement. Les départements sont groupés, suivant leurs analogies, en régions naturelles, et présentés ainsi de façon rationnelle, à lécolier. Voilà, en substance, les traits par lesquelles la personnalité de Foncin sest imprimée dans ces Géogaphies-atlas, et qui en fait le mérite durable. On sait quel succès ont obtenu et gardent encore ces publications dexécutions soignée, clairement disposées et judicieusement illustrées, qui présentaient pour la premières fois un aspect attrayant autant quinstructif.
(Vidal de la Blache.)
Et Vidal de poursuivre en insistant sur lintérêt personnel de Foncin pour les régions naturelles, peut-être parce que ceci nest pas évident à la lecture des différentes Années de géographie rédigées par Foncin :
Cette notion de régions naturelles a profondément préoccupé Foncin. Elle hantait son esprit et ses voyages périodiques auxquels ses fonctions dinspecteur général lobligeaient dans les diverses parties de la France. Son esprit dobservation se nourrissait de la variété des pays qui passaient sous ses yeux. Il voyait, il interrogeait, et cherchait à saisir partout ce qui peut subsister dindividualité régionale dans cet ensemble quune centralisation excessive tend à confondre sous une teinte uniforme.
(Vidal de la Blache.)
La méthode suivie par Foncin lui permet, par contre, daccorder dans son livre une place relativement comparable à chacune des régions quil découpe, à linverse Vidal sintéresse plus au Nord-est quau Sud-ouest de la France et porte une attention très inégale à chacune des grandes régions quil définit.
La géographie pour lécole primaire se constitue sous forme de discipline scolaire à partir de textes réglementaires ou législatifs publiés principalement entre 1850 et 1882. Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson, louvrage de référence de lécole primaire, est publié pour lessentiel entre 1878 et 1881. Les nouveautés, tels labandon du découpage par bassins, inspiré de Buache et lapproche régionale de Vidal de La Blache ne percolent que lentement par la suite. La structure des premières monographies géographiques du Dictionnaire se retrouve à lidentique dans les leçons de géographie pour lécole primaire telles que Pierre Foncin les proposent dans ses manuels scolaires (tableau 12). Les plans des ouvrages scolaires sont plus proches de ceux des monographies de Meissas ou Oger (tableau 9) que de ceux des contributions atypiques, telle celle dÉlisée Reclus.
Au moment où la géographie se condense en tant que discipline scolaire, les relations entre les géographies de référence et la géographie scolaire sont ainsi soulignées. Ces liens concernent non seulement la géographie universitaire, essentiellement historique à cette époque, mais aussi les relations avec la géographie appliquée et la géographie grand public, telles quelles fonctionnent alors au sein des sociétés de géographie.
Cette géographie conserve des traits plutôt anciens. Le suivi du réseau hydrographique, des affluents et des sous-affluents reste larmature première de lespace géographique. La description des contrées se fait au fil des fleuves. Au début du XXe siècle le cadre des départements apparaît dans les Petites géographies de Foncin comme une subdivision des régions naturelles, comme il était avant 1885 une sous-partie des découpages par bassin. Ainsi il y a une forte prégnance du découpage spatial par entités administratives, celles qui servaient à inventorier le monde dans les géographies du début du XIXe.
En même temps, le mode descriptif en géographie sinstitutionnalise alors autour dun discours où le moment de la géographie physique précède ceux de la géographie économique et administrative et ce bien avant le développement de la géographie physique à lUniversité. Il y a succession de ces deux approches mais pour les contemporains ceci exprime lunité dune nouvelle géographie où la place de la nature prime sur les découpages administratifs. La description géographique est de plus en plus explicative. Cette géographie pour lécole primaire semble, aussi, précocement moderne par la part quantitativement importante quelle accorde à la géographie économique et aux dimensions pratiques, y compris quand il sagit de présenter lennemi, lAllemagne.
La troisième originalité de la géographie de lécole primaire, on va le voir, elle aussi empreinte de contradictions, relève du domaine des méthodes de son enseignement. En ce domaine aussi Ferdinand Buisson et ses collaborateurs se posent en théoriciens et en vulgarisateurs.
Chapitre 5.
Mémorisation et leçons de choses.
Les nouveaux paradigmes de la géographie scolaire.
En 1972, lors du centième anniversaire du premier congrès géographique international, Chantal Balley rappelle que lenseignement de la géographie tenait une place importante dans les premiers congrès internationaux. Le développement de cet enseignement était alors indissolublement lié à la promotion de nouvelles méthodes pédagogiques :
Le congrès de Paris (1889) dont nous verrons ci-dessous quil marque une étape importante sur la voie de lorganisation de la science géographique en France se préoccupe à la fois de méthodes pédagogiques et du contenu de lenseignement géographique au niveau primaire et secondaire. Un vu adopté par le congrès met en évidence limportance des phénomènes de liaison dans la compréhension des faits géographiques pour lenseignement de la géographie dans les établissements dinstruction primaire, le congrès recommande de combiner, avec les exemples fournis par la géographie locale, lenseignement de rapports généraux qui relient les phénomènes géographiques ; et en second lieu, détablir, dans la mesure du possible, les exercices pratiques sur les données précises de la carte dÉtat Major. Un autre vu, complémentaire en quelque sorte, commence ainsi : le groupe est davis que dans les examens de géographie aux différents degrés, les examinateurs doivent limiter la part laissée aux exercices de pure mémoire
Les méfaits dune géographie-nomenclature ou inventaire, sont à de nombreuses reprises reconnus. Des recommandations très fréquentes visent à encourager, à lexemple des Suisses et des Allemands, la méthode intuitive : aller du local à ce qui est plus lointain, du particulier au général, et la pratique de méthodes modernes : observation directe, utilisation dinstruments divers par les élèves, lecture de cartes, etc
méthodes faisant appel à lactivité de lenfant, lui apprenant à penser par lui même.
(Chantal Balley.)
En France, linstitutionnalisation de la géographie à lécole primaire, en particulier avec les programmes nationaux et obligatoires de 1882, se fait à la conjonction dune nouvelle conception de la géographie scolaire et dune nouvelle doctrine pédagogique : la méthode intuitive.
Après une présentation de celle-ci, telle que Ferdinand Buisson la promeut, nous verrons les qualités pédagogiques que lon prête alors à la géographie. Ensuite, dans une troisième partie, nous essayerons de situer la place de la matière scolaire entre ses fonctions pratiques et ses finalités déveil scientifique. Puis nous verrons les tensions entre les injonctions et les prescriptions auxquelles les maîtres sont soumis pour mettre en uvre un enseignement conforme à ces exigences.
1. La méthode intuitive et la géographie
Les pratiques denseignement fondées sur la méthode intuitive sont développées dès 1875 par Buisson. Elles sont ensuite reprises et développées au fil de différents articles de son Dictionnaire de Pédagogie. Dans les décennies suivantes, à lentrée dans le Vingtième siècle, la conception de la géographie développée par Vidal de La Blache et les pratiques scolaires promues par Ferdinand Buisson semblent pouvoir se combiner aisément. Par contre au moment où Buisson coordonne son Dictionnaire de pédagogie le lien nest pas évident entre les articles de géographie, en particulier les monographies dÉtats, et cette méthode denseignement pour la géographie.
1.1. Ferdinand Buisson et la méthode intuitive
Les expositions universelles sont à la fin du XIXe siècle des lieux de présentation des innovations dans le domaine de lÉcole. Ferdinand Buisson est responsable de lorganisation de la participation du ministère de lInstruction à lExposition universelle de Vienne de 1873. Il rédige un compte rendu de cette exposition dont un chapitre est consacré à la présentation de la méthode intuitive dont la leçon de chose, lenseignement par laspect et les exercices dintuition ne sont que des applications, que sa mise en uvre :
Il faut distinguer sous le terme dintuition deux idées que les maîtres confondent parfois : la méthode et les procédés. Les procédés sont plus généralement connus et admis que la méthode, et cependant ils ne valent que par elle. Ce quon appelle dans les programmes allemands exercices dintuition, ce que les Américains ont nommé leçons de chose, ce que nous avons depuis peu inauguré en France, sous le nom denseignement par laspect, enseignement par les yeux, tout cela nest quune application, la première, il est vrai, dans lordre des études, mais aussi la plus importante, de la méthode intuitive prise au sens général. [
]
A proprement parler, il ny a quune question de méthode en pédagogie ; elle est universelle, elle embrasse toute léducation et a une influence décisive sur le développement des esprits.
Or cest précisément sur cette manière générale dentendre et de diriger léducation toute entière que lexposition de Vienne fournissait des enseignements nouveaux quil ne sera pas inutile de recueillir. Une grande leçon sest dégagée avec éclat de lensemble des expositions scolaires, ainsi que des votes du Jury : cest que partout aujourdhui lesprit pédagogique subit une transformation profonde, partout il cherche le progrès dans la même voie, il tend à introduire dans tous les domaines les idées et les pratiques scolaires que désigne le mot relativement nouveau de méthode intuitive. [
]
(F. Buisson)
La méthode intuitive est inspirée par les propositions pédagogiques de Rousseau et enrichie par les expériences scolaires de Pestalozzi. Les références philosophiques sont exactement celles que Franz Schrader reprendra quelques années plus tard dans son article géographie du Dictionnaire. Cette méthode permet aussi dexercer le jugement, de former la volonté et le sens moral des enfants :
[
] en France il était bien difficile de séparer lÉmile du Contrat social et den apprécier la partie pratique, abstraction faite de tout lensemble dutopies politiques, sociales et religieuses auxquelles ce roman déducation servait en quelque sorte dapplication chimérique. Les Allemands étaient plus à même que nous de faire le départ de ces éléments divers ; moins préoccupés de la portée générale des idées de Rousseau, moins passionnés par les débats ardents quelles soulevaient, ils purent donner plus dattention à la question pédagogique et recueillir les vues justes éparses dans ce « rêve dun visionnaire ».
Le plan déducation quils en tirèrent avait pour caractère essentiel de substituer lobservation des choses à létude des mots, le jugement à la mémoire, lesprit à la lettre, la spontanéité à la passivité intellectuelle. Linnovation qui en résultait dans la pratique pouvait se ramener aux points suivants : exercer avant tout les sens de lenfant, pour les rendre plus forts, plus souples, plus délicats ; exercer ensuite son jugement en le guidant sans lui imposer des idées toutes faites, en lui faisant peu apprendre et beaucoup trouver ; exercer sa volonté, soit comme attention, soit comme force de caractère, en lui donnant loccasion de se former, et au besoin de se réformer elle-même : exercer son sens moral, en lui faisant tirer de sa propre expérience la notion de devoir et même lidée religieuse.
(F. Buisson.)
La mise en uvre à lÉcole de cette méthode denseignement ne relève pas pour le pédagogue Buisson du préceptorat rousseauiste ou des techniques de lenseignement individuel. Pour Buisson qui est aussi directeur de lenseignement primaire, la méthode intuitive se doit dêtre conduite dans le cadre de lenseignement simultané. La méthode participerait ainsi de la généralisation de la scolarisation de la jeunesse, politique systématisée quelques années plus tard par le ministère Jules Ferry. Pour Ferdinand Buisson il sagit de faire bénéficier les enfants du peuple dune méthode précédemment réservée à ceux qui pouvaient bénéficier dun précepteur éclairé. Buisson, qui à séjourné lors de son exil à Neuchâtel, se revendique des expériences pédagogiques conduites par Pestalozzi au Neuhof et à Yverdon en faveur des orphelins et aux enfants de pauvres :
Mais lhomme qui consomma luvre de rénovation pédagogique, celui qui entreprit de réaliser pour les enfants du peuple un idéal conçu pour léducation des fils de familles, cest Pestalozzi. Cest lui, qui partant de ce principe : « lintuition est la source des connaissances », fonda sur lintuition tout lédifice de son enseignement nouveau. Comme Rousseau, dont louvrage avait été pour lui une révélation, mais dont il a singulièrement étendu et rectifié la théorie psychologique, Pestalozzi croit que le secret de léducation consiste à trouver pour nos diverses facultés les exercices les plus propres non à les dresser et à les cultiver artificiellement, mais à faciliter leur développement spontané, normal, naturel.
Ces pratiques denseignement fondées sur la méthode intuitive sont ensuite reprises et développées au fil de différents articles de son Dictionnaire de Pédagogie dont le contrat est signé avec léditeur en 1876. Deux domaines permettent de voir comment la méthode intuitive et la géographie se combinent dune part dans les articles spécifiquement géographiques et dautre part dans les propositions de pédagogie générale que lon peut trouver dans des articles tels Imagerie scolaire, Leçon de choses, Promenades ou Voyages scolaires.
1.2. Les exercices de géographie dans les Dictionnaires de Ferdinand Buisson ;
la difficulté déchapper au questionnaire et au calcul
Des exemples dapplications pédagogiques accompagnent les premières monographies géographiques publiées à la lettre A du Dictionnaire, dAfrique à Australie. Ainsi, larticle Allemagne est suivi par un « questionnaire géographique » sur le mode catéchistique (mais sans les réponses), puis dune série de « problèmes géographiques ». Ces deux rubriques correspondent à des approches fort contrastées. Les « questions géographiques » renvoient à des inventaires, des énumérations, à une connaissance factuelle, tandis que les « problèmes géographiques » se situent, au moins implicitement, dans le cadre dune géographie problématisée, appliquée à la confrontation entre la France et lAllemagne. Lobjectif implicite apparaît néanmoins de façon transparente, le problème géographique consistant à suggérer des réponses qui visent à aider la France à combler ses retards sur lAllemagne, sur le plan démographique, sur celui de ses infrastructures de transports et des échanges.
Allemagne [
]
Questions géographiques. 1. Sur la géographie physique. De quel côté lempire dAllemagne a-t-il des frontières naturelles ? Énumérer en partant du nord-ouest les États qui lentourent. Est-il plus ou moins peuplé, plus grand ou plus petit que la France ? Climat.
En combien de versants se partagent les eaux de l'Allemagne ? Quels sont les principaux bassins de chaque versant ? Quelles sont les principales villes dAllemagne situées sur : le Rhin ? l'Elbe, etc. ? Quels sont les principaux affluents coulant en Allemagne du Rhin, de lElbe ?
Quels sont les principaux ports de lAllemagne ?
2. Sur la géographie agricole et industrielle. Quels sont les principaux produits de lagriculture ? Les eaux minérales les plus fréquentées ?
Quels sont les principaux centres manufacturiers ? Quy fabrique-t-on ?
3. Sur lethnographie. Quelles sont les diverses races formant la population de lAllemagne ? Dans quelles contrées étrangères la langue allemande est-elle parlée ?
4. Sur la géographie politique. Quelles sont les religions suivies en Allemagne ? Les attributions du gouvernement impérial ? Les principales universités allemandes ? De quels États se compose lempire.
Les « questions géographiques » sont telles que les réponses ne peuvent être que des listes de mots, des informations factuelles. Aucune argumentation nest attendue. Ce qui ne signifie pas que ces listes naient pas de sens. On voit bien ici quelles convergent vers une prise de conscience de la puissance de lAllemagne. Il en est de même pour les « problèmes géographiques » qui suivent. Lobjectif de connaissance est implicitement la comparaison de la France et de lAllemagne. La technique consiste en une série de calculs. Est-ce une affirmation du caractère polyvalent de lenseignement à lécole primaire, est-ce loccasion aussi de souligner son caractère pratique ?
Problèmes géographiques. La population et la superficie de la France sont de 36 900 000 habitants et de 528 800 kilom. carrés ; celles de lempire dAllemagne, de 42 700 000 habitants et de 540 000 kilom. carrés.
1° Quelle serait la population de la France, prise dans ses limites actuelles, si elle était aussi dense que celle de lAllemagne ? (Rép. : 41 760 000.) Quelle serait la population de la France, si elle était aussi étendue que l'Allemagne, sans que la densité de sa population eût augmenté ? (Rép. : 37 800 000.)
2° Il y a en Allemagne 29 150 kilom. de chemin de fer en exploitation, et en France 22 670. Combien y a-t-il de kilom. de chemin de fer par 10 000 kilom. carrés de superficie en Allemagne ?- en France ? (Rép. : 540 en Allemagne ; 429 en France.)
Combien y a-t-il de kilom. de chemin de fer pour 10 000 habitants en Allemagne ? en France ? (Rép. 6k,8 en Allemagne ; 6k,1 en France.)
Combien la France devrait-elle construire de kilom. de chemins de fer pour en avoir autant que lAllemagne ? 1° Relativement à sa superficie ? Relativement à sa population ? (Rép. 1° 5 680 kilom. ; 2° 2 495 kilom.)
3° Il y a en Allemagne 8 366 bureaux de postes distribuant 596 000 000 de lettres et en France 5 117 bureaux distribuant 350 000 000 de lettres. Combien de kilom. carrés de superficie et combien d'habitants un bureau de poste doit-il desservir en Allemagne ? en France ? (Rép. :63 kilom. carrés en Allemagne ; 102 kilom. carrés en France.)
Combien sexpédie-t-il de lettres par tête en Allemagne ? en France ? (Rép. 13,9 en Allemagne ; 9,5 en France.)
Quelques pages plus loin, larticle Afrique propose, après la signature de Gaston Meissas, des conseils pédagogiques beaucoup plus complets, se souciant de la compréhension de lélève, conseillant lusage du tableau noir, des cartes et des croquis (renvoi est fait à larticle Exercices cartographiques). Les « questions géographiques » ne sont pas une simple liste de questions, comme dans larticle Allemagne. Elles sont accompagnées de réponses pédagogiquement commentées. Elles nabordent pas seulement la géographie physique ou administrative, mais aussi les questions économiques à travers des études de cas imaginaires de voyages de navires de commerce.
Les questions les plus catéchistiques portent sur lhydrographie : « En combien de versants se partagent les eaux de lAfrique et lesquels ?
». D'autres questions portent sur des transports imaginaires de marchandises ou des comparaisons de distance, elles relèvent certainement dune volonté dinnovation et de « concrétisation », mais semblent bien difficiles : « On charge un vaisseau à Marseille, un autre à Liverpool, un troisième à Brême pour aller faire échange de marchandises sur différents points de la côte dAfrique. Quemporteront-ils et que rapporteront-ils ? ».
Afrique. [
]
MODELES D'EXERCICES GÉOGRAPHIQUES
Dessin de la carte au tableau noir. Voir. Cartographie dans la Ire PARTIE, et Cartes dans la IIe.
Questions géographiques. 1° Sur la configuration. On met sous les yeux des élèves une carte d'Afrique (murale ou dessinée au tableau noir, ou dans l'atlas), et on leur demande à quoi elle ressemble. Faire un accueil encourageant à des réponses diverses qui prouvent que lenfant a saisi par lui-même une ressemblance même grossière. Les uns parleront de poire, dautres de cerf-volant, pour plus de précision le maître peut envelopper les contours de l'Afrique sur la carte par un triangle à lenvers ayant pour sommet le cap des Aiguilles et pour base la Méditerranée ; il atteindra plus d'exactitude en traçant un heptagone dont le côté S.-E., partant du cap des Aiguilles, s'étend le long de la mer des Indes jusquau cap Gardafui ; le côté suivant va du cap Gardafui au détroit de Bab el Mandeb ; le troisième borde la mer Rouge jusqu'au canal de Suez ; le quatrième va du canal de Suez à Gibraltar ; les cotés de louest vont respectivement de Gibraltar au cap Vert ; du cap Vert au fond du golfe de Guinée, et le dernier du fond de ce golfe au Cap des Aiguilles.
2° Sur la position. Fixer les idées des élèves par des questions qui les obligent à regarder et à réfléchir : LAfrique est-elle dans l'hémisphère boréal ou dans l'hémisphère austral ? Dans lequel des deux est la majeure partie de sa superficie ? Léquateur la traverse dans l'endroit où elle atteint sa plus grande largeur de l'est à louest ? Quels sont les grands lacs et les fleuves principaux qu'il coupe ? Sous quel degré de latitude. l'Afrique atteint-elle sa plus grande largeur de 1est à l'ouest (sous le 11e degré de latitude N.) ? Est-ce le tropique du Cancer ou celui du Capricorne qui traverse l'Afrique dans sa plus grande étendue ? Quels sont les deux déserts situés précisément sous les deux tropiques ? Lequel est le plus grand ?
3° Sur les côtes. Faire faire aux élèves, d'abord avec la carte, plus tard sans la carte, un voyage de circumnavigation de l'Afrique, en indiquant lembouchure des fleuves quon rencontre, les caps, les principaux établissements européens.
4° Sur lhydrographie et lorographie. En combien de versants se partagent les eaux de lAfrique et lesquels ? Quels sont les plus grands bassins fluviaux ? Quelles sont les parties les plus basses, quels sont les points élevés de toute l'Afrique ?
5° Sur les produits. On charge un vaisseau à Marseille, un autre à Liverpool, un troisième à Brême pour aller faire échange de marchandises sur différents points de la côte d'Afrique. Quemporteront-ils et que rapporteront-ils ?
Réponse. Le premier portera de Marseille, en Algérie des machines, des fers à construction, du sucre raffiné, des toiles, des meubles, et rapportera au retour des fruits, des primeurs, du bétail, des grains, du minerai de fer, des marbres, des peaux. Il ira porter à la côte de Guinée des cotonnades, des verroteries, des perles, de petits miroirs, des couteaux, de la quincaillerie, des armes de rebut, des liqueurs pour les Nègres, des costumes de parade pour flatter l'amour-propre des chefs, et il en rapportera des arachides et de l'huile de palme pour approvisionner les savonneries de Marseille, de la poudre d'or qui se vend partout. Au Cap il chargera du vin. À la Réunion, il pourra porter des articles de modes françaises, des meubles, des machines et charger des sacs de sucre et de café. À Zanzibar, il prendra de l'ivoire ; en Egypte, du coton, du sucre, des grains.
Le navire anglais de Liverpool aura sur les autres navires l'avantage de pouvoir emporter la cotonnade de Manchester, qui est la moins chère de toutes, et qui aura partout son écoulement, comme les liqueurs, les armes et la poudre. Au Maroc, il prendra des peaux, à la côte de Guinée des arachides, de l'huile de palme ; au Cap, des laines ; à Maurice, du sucre ; à Zanzibar, de l'ivoire ; à Socotora, de l'aloès ; en Algérie, de l'alfa, des minerais ; à Madère et aux Açores, des oranges.
Le navire allemand emportera des cotonnades, de la bimbeloterie à bon marché, et ira chercher des graines oléagineuses, du riz, de lindigo, à la côte de Guinée et au Gabon ; des laines, au Cap, etc.
6° Sur les distances comparées. La ville du Cap est-elle plus loin de Calcutta que de Liverpool ? (R. : De Liverpool).
En partant du cap de Bonne-Espérance et allant toujours à l'ouest, en restant à peu près à la même latitude, où irait-on ? A Buenos-Ayres. Et à l'est ? A Adélaïde, dans l'Australie méridionale, et à Melbourne.
De deux navires suivant ces deux routes, lequel arrivera le premier ? Celui de Buenos-Ayres.
Lîle de Sainte-Hélène est à 1 750 kilom. de la côte d'Afrique. Indiquez une distance équivalente dans la mer Méditerranée. (R. : De Gibraltar à Messine, ou de Messine à la côte de Syrie, au fond de la Méditerranée).
Les « problèmes géographiques » proposés ensuite présentent deux traits marquants. Ils systématisent le procédé de la comparaison entre lAfrique et la France, entre lAfrique et lEurope. Ils font de la géographie la matière dexercices de calcul. Nous sommes toujours ici dans la logique dun enseignement primaire fait par des maîtres polyvalents. La géographie, discipline scolaire, voit son rôle propre conforté par la matière quelle offre à un savoir primordial : le calcul. Pourtant la géographie nest pas une discipline auxiliaire des mathématiques, une simple matière à exercice de calcul pratique.
Néanmoins, lexercice reste formel et on le qualifierait abusivement de « concret ». « Le Nil a environ 6500 kilom. de longueur. Combien de fois est-il plus long que la Seine, qui a 77600 mètres ? ». Une telle comparaison ne semble guère avoir dintérêt pratique, il ne sagit que dun procédé didactique qui reste en fait très artificiel. Mais les calculs induisant une comparaison de la durée du voyage par le cap de Bonne Espérance et par le canal de Suez, outre quils peuvent alimenter les rêves des jeunes lecteurs de Jules Vernes soulignent aussi lefficacité de la technique.
Problèmes géographiques. La France a une superficie de 529 000 kilom. carrés, lAfrique de 30 200 000. Combien de fois la France est-elle tenue dans la superficie de l'Afrique ? (R. : 56 fois).
L'Europe a une superficie de cent mille myriamètres carrés. Combien de fois est-elle plus petite ?
LEurope, pour une superficie de 10 000 000 kilom. carrés, nourrit 325 700 000 habitants. Si la population de lAfrique avait la même densité, combien entretiendrait-elle dhabitants ? (R . : 983 614 000 hab.) Elle n'en a que 207 000 000 environ. Quelle est la densité moyenne de la population par kilom. carré. (R : 6,9)
Les cinq parties du monde comptent ensemble 1 439 000 000 d'habitants environ, quelle part occupe l'Afrique dans cette population totale ? ( R : 14 p. 100, ou environ le septième).
Le Nil a environ 6 500 kilom. de longueur. Combien de fois est-il plus long que la Seine, qui a 77600 mètres ? (R. : plus de 8 fois) ?
Pour aller de Gibraltar à Calcutta en faisant le tour de l'Afrique, un vaisseau faisant 500 kilom. par jour mettait 42 jours ; par le canal de Suez, le même vaisseau n'a que 12 000 kil. de route ; en combien de temps le fait-il ? (R. : 24 jours). Si la dépense moyenne de combustible est de 2 500 fr. par jour de vingt-quatre heures, quelle sera léconomie réalisée ? (R. : 45 000 fr.)
On évalue la population de Madagascar à 4 000 000 d'habitants, et sa superficie à 592 000 kilom. carrés. Si cette île était relativement aussi peuplée, que l'Angleterre, qui renferme 150 habitants au kilom. carré (sans compter lEcosse et l'Irlande), quelle serait sa population ? (R : 88 800 000 hab.)
Le cap de Bonne-espérance étant sous le 37° degré de lat. sud et le cap Horn sous le 57°, quelle est la distance de lun et de l'autre au pôle sud ? (R. : 5 830 kilom. pour le cap de Bonne-Espérance et 3 630 pour le cap Horn, le degré valant environ 110 kilom.)
Ce double souci de proposer au lecteur des exemples de lintérêt pratique de la géographie et de la possibilité de lassocier à lenseignement dautres contenus, en particulier les mathématiques, apparaît dévidence dans un dictionnaire pédagogique ayant une partie « pratique ». Pourtant le renoncement à faire suivre les monographies géographiques par des propositions dexercice est précoce. Les suggestions pédagogiques ne dépassent pas la lettre A de la 2e partie du Dictionnaire. Elles concernent l'article Australie, mais s'arrêtent dès septembre 1878, avant larticle Autriche. La volonté de réduire un projet éditorial, qui prenait de plus en plus dampleur, explique probablement la suppression de ces suggestions pédagogiques venant comme des post-scriptum après les monographies géographiques.
Ces exercices confortent limage dune géographie moderne et pratique. Les questions dinventaire rappellent les questionnaires denquête que Pierre Foncin élaborait à la même époque pour les capitaines de navire dans le cadre de ses travaux de géographie commerciale.
Dans lensemble de ces exercices, les connaissances sur lagriculture et léconomie occupent la plus grande place. Cest aussi ce qui apparaît dans les programmes scolaires des autres pays tels quils sont repris après larticle Géographie (DP1) : (programmes de Belgique, du pays de Vaud, de lécole de Saint-Louis du Missouri 5e et 6e année). Laccent y est mis sur le commerce et les échanges. Cette géographie est ouverte sur le monde et, à linstar de Levasseur, elle est clairement libre-échangiste :
[
] En général, les taxes sont rares à l'exportation ; elles sont aujourd'hui à peu près nulles en France. Elles sont diversement réparties à l'importation, suivant que la législation douanière s'inspire du système restrictif, qui, impose des prohibitions et des droits protecteurs, ou du système de la liberté commerciale, qui n'admet que les droits fiscaux. Le premier système, se préoccupant moins de lintérêt du Trésor et de la consommation que de lintérêt particulier de certaines industries nationales, oppose aux produits analogues de l'industrie étrangère une défense absolue, d'entrer ou des droits assez élevés pour en restreindre la vente en les faisant renchérir, afin de réserver ainsi l'avantage à ces industries nationales sur le marché intérieur. Le second système, se préoccupant surtout de lintérêt général des consommateurs, sans toutefois abandonner lintérêt du Trésor public, met sur les marchandises importées des droits légers, afin qu'elles puissent entrer en grande quantité, fournir largement le marché, stimuler par la concurrence les manufactures nationales à faire mieux que l'étranger et rémunérer le Trésor par la perception d'un très grand nombre de petites taxes.
[
] La liberté commerciale profite non seulement au commerce, qu'elle développe, mais à l'industrie nationale prise dans son ensemble, à laquelle elle fournit des débouchés plus larges par l'accroissement de l'exportation, en même temps que la consommation qu'elle approvisionne plus copieusement. Envisagée au point de vue des droits du producteur, elle signifie liberté du travail et égalité ; au point de vue des résultats généraux de l'échange, elle signifie facilité des débouchés et extension du marché.
(E. Levasseur.)
Grâce au commerce, Levasseur présente comme intimement liés le développement des échanges et lenrichissement ; laugmentation de la division du travail et laccroissement de lactivité laborieuse des hommes ; la colonisation, la connaissance mutuelle entre les peuples et la meilleure connaissance de la Terre.
[..] On peut résumer de la façon suivante les principaux avantages que le commerce procure aux hommes et à la civilisation :
1° En apportant chaque chose à l'endroit précis où elle est le plus recherchée, il accroît par ce seul fait la somme des utilités partout où il agit ;
2° Il est la condition nécessaire de la division du travail, qui est elle-même la condition nécessaire d'une production abondante ; le commerce extérieur donne même naissance à de nombreuses industries qui n'existeraient pas sans lui, faute de matière première, telle que la fabrication des cotonnades en Europe ;
3° Il tend à augmenter l'activité laborieuse des hommes, non-seulement par les industries dont il provoque l'établissement, mais par les jouissances nouvelles qu'il offre et qui ne peuvent être obtenues qu'au prix du travail ;
4° En établissant des relations fréquentes entre diverses contrées, il apprend aux peuples à se connaître, et il contribue à les éclairer les uns par les autres ;
5° En stimulant les découvertes maritimes, il a enseigné à 1'homme à mieux connaître la terre, son domaine ;
6° En lui faisant connaître la terre, il l'invite à en prendre possession par la colonisation. C'est ainsi que les États-Unis et une partie de l'Australie sont devenus des centres importants de population et des foyers nouveaux de civilisation dans le monde ;
7° Le commerce lui-même ne peut se développer quà l'aide de moyens de communication faciles, rapides et économiques. C'est le génie du commerce qui a suscité la navigation à vapeur et les chemins de fer.
(E. Levasseur.)
La géographie est la matière scolaire qui va diffuser auprès des jeunes cette conception du monde ; ne serait-ce que parce que les principaux acteurs de la politique scolaire et les principaux auteurs de géographie scolaire partagent cette vision du monde ; ainsi Foncin qui, rappelons le, participe à la fondation de lAlliance française en 1883 et en devient par la suite son président.
Limportance des échanges commerciaux apparaît aussi dans de nombreux autres programmes, celui des écoles du canton de Vaud ou celui des cinquième et sixième années de lécole de Saint-Louis du Missouri. Idéologie globale, cette géographie économique se décline à lécole primaire au travers dexercices très pratiques ; tels ceux apprenant au jeune écolier à se déplacer avec les moyens modernes de transport : « Exercer les élèves à se saisir du Guide officiel des voyageurs sur les chemins de fer de Belgique. » invite le programme de géographie de Belgique.
1.3. Les géographes et la pédagogie intuitive au temps du Dictionnaire
Cette dimension pratique de la géographie ne facilite pas nécessairement son articulation avec la méthode intuitive. La volonté des géographes de présenter le vaste monde et non létroit lieu natal, les conduit à remettre en cause la méthode intuitive. Ainsi, Paul Dupuy quelques années après la publication des premières livraisons du Dictionnaire, au moment du congrès géographique de Paris de 1889, récuse explicitement la méthode intuitive. Pourtant, il se situe lui aussi dans la filiation de Rousseau :
« on borne lenfant à des signes, sans jamais lui faire comprendre ce que ces signes représentent ; voulant lui faire apprendre la description de la Terre, on ne lui apprend quà connaître des cartes ; on lui apprend des noms de villes, de pays, de rivières quil ne conçoit pas exister ailleurs que sur le papier où on lui montre. »
(Jean-Jacques Rousseau.)
Cet article est rédigé après les premières conférences de Levasseur réclamant une réforme de lenseignement de la géographie daprès les principes, disait-il de la méthode intuitive. Paul Dupuy constate en 1889 la permanence « dhabitudes très anciennes » chez les institutrices quil prépare au professorat décole normale. Pour lui la méthode préconisée par Levasseur en serait la cause. Il sinterroge donc sur la pertinence de la méthode intuitive dans lenseignement de la géographie :
Quelle est la raison de cela ? Il ne suffit pas pour lexpliquer dinvoquer dinévitable persistance des vieilles habitudes, ou bien une certaine lassitude très excusables chez les maîtres qui restent sur la brèche sept heures par jour. La lenteur du progrès tient avant tout à des causes quil faut chercher dans la nature des études géographiques et des procédés quelles emploient. En première ligne, on doit se demander, comme le faisait dès 1882 M. Schrader, dans un très solide article du Dictionnaire de pédagogie, si la méthode intuitive, telle quelle est préconisée par M. Levasseur en 1878, puis par les programmes de 1882 et 1887, et par les instructions qui les accompagnent, était vraiment capable de ranimer lenseignement de la géographie dans les écoles primaires. Cest là le point capital.
(Paul Dupuy.)
En fait, il semble que Paul Dupuy assimile la méthode intuitive au primat de létude du local et plus explicitement au curriculum préconisé par Levasseur dans sa conférence aux instituteurs lors de lexposition de 1878. Levasseur faisait de létude du local le point de départ de létude de la géographie. A contrario, Dupuy souligne quil est difficile de tirer des conclusions générales à partir dun cas particulier. Pour lui la méthode intuitive doit être limitée à létude du local ; elle ne devrait tenir quune place limitée dans lemploi du temps scolaire :
Quant à moi, autant jai confiance dans cette méthode pour les parties de lenseignement dont la matière est tout entière à la portée des enfants, autant je la crois impropre à soutenir létude de la géographie. [...]
Pour moi si javais à préparer à la géographie des bambins de cinq ou sept ans, je donnerais la première place à tout ce qui serait capable dexciter leur imagination. Au lieu de leur faire remarquer ce quils ont autour deux je chercherais à leur faire deviner ce quils ont loin deux, à leur donner fortement cette pensée fondamentale que le monde, loin de rassembler à leur pays natal, en diffère de mille manières ; que rien négala la variété des spectacles de la nature terrestre.
(Paul Dupuy.)
Paul Dupuy fait de limagination, de lévocation de contrées lointaines, lalternative à lapproche par la méthode intuitive. Il partage cette opinion avec Franz Schrader et Élisée Reclus qui ont souligné avant lui lattrait, le merveilleux des pays lointains.
Dupuy charge même la méthode inductive dautres maux. Elle serait aussi néfaste pour lapprentissage de la carte car elle conduit à des géométrisations qui mettent laccent sur les linéarités : trait de côte, limites de bassins, lignes de crêtes. Cette géométrisation empêcherait de figurer les phénomènes surfaciques, en particulier les massifs montagneux.
Les rapports entre la géographie et la méthode intuitive sont donc pour le moins complexes. Certes, a posteriori, cette méthode a pu sembler avoir été la référence commune des pédagogues contemporains de Ferdinand Buisson, comme nous le dit, entre autres, Chantal Balley. Mais, si dans le Dictionnaire on rencontre la signature dÉmile Levasseur qui est la référence en géographie des tenants dun plan détude partant du local, les deux auteurs des articles du Dictionnaire intitulés géographie semblent, soit comme Foncin lignorer, soit comme Schrader sen défier. Pour Franz Scharader, comme plus tard pour Dupuy, il faut plus sappuyer sur limagination que sur la perception directe. Schrader, et plus tard Dupuy, peuvent, tout comme Buisson se réclamer de lhéritage de Rousseau et Pestalozzi et en même temps prendre leur distance vis-à-vis de la méthode intuitive.
Par ailleurs, les exercices de géographie qui sont proposés après les premières monographiques du Dictionnaire ne relèvent pas de la logique de la méthode intuitive. Leur principale singularité est le caractère pratique, mais ceci ne peut être assimilé à la méthode intuitive. La contradiction pédagogique est donc au cur des articles géographiques du Dictionnaire.
On peut donc distinguer deux contradictions : une tension pédagogique entre la géographie inventaire et la méthode intuitive et une tension scientifique entre la géographie découverte du Monde et les leçons de choses centrées sur le lieu natal. Les références communes à Rousseau ne peuvent les masquer.
2. Géographie et pédagogie générale
Ces contradictions, cette diversité, apparaissent aussi quand on prend en compte plus largement les articles de pédagogie générale du Dictionnaire. En effet, si dun côté, comme nous venons de le voir, larticulation entre la géographie et la méthode intuitive ne va pas de soi pour les géographes, dun autre côté, les auteurs qui promeuvent la méthode intuitive et les leçons de choses, fortement représentés dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson ne se situent pas toujours clairement vis-à-vis de la géographie.
Néanmoins on retrouve tout au long des articles de pédagogie générale la volonté dassocier lobservation à lapprentissage du monde. Leurs auteurs sinscrivent ainsi dans un courant pédagogique européen que les historiens de lenseignement de la géographie ont mis en évidence. Horacio Capel le rappelle :
During the nineteenth century, the impact of the work of Enrico Pestalozzi (1746-1827) contributed to the spread throughout Europe of a concern for the change of pedagogical methods and for en active education, not a pedantic one, in which the child would substitute his own personal experience for books. [
] Along with these, contact with nature, clearly of Rousseauian and Physiocratics roots, became another of the basic principles of the new pedagogy, also prompted accentuating the idea of the profound unity of the real by the work of Friedrich Fröbel, the great pedagogue of German romanticism [
] Both authors are found at the root of the development of the Heimatkunde, which had such effect upon teaching of geography.
Linked with the above currents, from the middle of the century, was the influence of positivism in pedagogy which led to an insistence on attentive and scrupulous observation, on experiment, and on the generalization of methods that proceed from the particular to the general.
(Horacio Capel.)
Dans le Dictionnaire, les biographies de Rousseau, Herder, Pestalozzi ou Tpffer reprennent cette idée. Cest dans ce contexte philosophique que Sigmund Auerbach, professeur à Berlin, rédige larticle biographique sur Jean-Gottfried Herder où il présente lécole souhaitée par Herder. La géographie relève dabord de la première classe, celle fondée sur lobservation. Dans la deuxième classe, où lélève mobilise limagination, on a recours à des récits de voyages. Enfin dans la troisième classe, celle où lécolier accède à labstraction, la géographie des différents pays est associée à la statistique :
[
] Lécole idéale de Herder se compose dune école réale et dune école de langue. Chacune delle se divise en plusieurs classes [
] Lenfant napprend quà sexpliquer toutes les choses qui lentourent, et par la curiosité, les sensations et les sentiments, il jette les bases de tout le reste ; le jeune garçon embrasse autant quil peut toutes les perspectives et les connaissances de limagination, et le domaine de la science se présente à lui en images vives et claires ; le jeune homme va au fond de tout et explore, avec intelligence et raison, ce que le jeune garçon naura vu que dune façon sommaire. Les sens et le sentiment sont les instruments dont se sert le premier, le second à recours à limagination, et le troisième a pour qualité principale la raison, « ce qui est pour ainsi dire le toucher de lesprit ». Pour répondre à cette division tripartite, lécole réale a trois classes.
[
] Du reste, lenseignement dans cette première classe ne doit pas être limité ; il doit « prendre son bien où il se trouve », cest-à-dire partout où se rencontrent les choses utiles à ce jeune âge, principalement dans lhistoire et dans la géographie ;
[
] Le cours de la seconde classe réale est déjà plus scientifique ; [
] Lenseignement de la géographie doit tenir beaucoup de place dans cette classe. Mais ce ne sera pas une sèche énumération ; « Un extrait bien vivant des meilleurs récits de voyage, faits dans le goût dun voyageur comme Rousseau (Émile, 4e partie) devra tout animer. »
La troisième classe enfin est celle de labstraction. Cest là que lon exposera les différentes sciences avec plus de précision et en touchant aux problèmes les plus difficiles. Ici viennent les mathématiques et la physique, avec leurs problèmes de mécanique, la géographie avec un résumé de statistique, pour chaque pays, et même la logique et la métaphysique avec une histoire de la philosophie.
(S. Auerbach.)
J.-G. Herder, qui fut le disciple de Kant à Knigsberg, donne ainsi une place importante à lenseignement de la géographie : « Le discours « sur lagrément, lutilité et la nécessité de la géographie » peut être lu avec fruit encore aujourdhui. Herder y insiste particulièrement sur létude de la géographie physique » précise Auerbach.
La géographie est donc une matière se prêtant particulièrement à une investigation relevant de la méthode intuitive dans la première classe de l'école idéale selon Herder. Dès la deuxième classe, le réel géographique est celui des récits de voyages et non plus celui directement observable. Dans la troisième classe, lapproche de la géographie est purement abstraite. La méthode intuitive ne recouvre donc que les premiers savoirs géographiques.
2.1. Promenades et voyages scolaires au temps de Ferdinand Buisson
À linverse, ou plutôt symétriquement, les articles Expériences, Leçons de choses, Promenades et Voyages scolaires qui mettent laccent sur la découverte renvoient peu au champ de la géographie. Est-ce que ces auteurs non géographes ont une image de la discipline qui ne les incite pas à linclure dans le champ des leçons de choses ? Ou plutôt nest-ce pas que ces tenants de la méthode intuitive et des leçons de choses ne songent pas toujours à situer les apprentissages entre les cloisons séparant des disciplines différentes ?
Larticle Promenades rédigé par Jean Chaumeil, inspecteur de lenseignement primaire, souligne lintérêt des promenades scolaires, mais insiste sur le rôle de lenseignant. Le seul contact avec la nature, la plus belle soit-elle nest pas en soi éducative. Mais, bien conduites par linstituteur, ces promenades sont de précieuses ressources :
PROMENADES. [
] Le développement des sciences dobservation, des études expérimentales a donné lieu, dans les établissements denseignement supérieur, à des excursions scientifiques. Ces excursions ont fait naître lidée des promenades détude pour lenseignement secondaire et même pour lenseignement primaire.
[
] Cest assurément un beau spectacle que celui dune jeune âme qui séveille, qui sépanouit en contemplant les merveilles de la nature. Ce spectacle est la récompense morale de linstituteur qui met ses soins à préparer les enfants à goûter et à aimer ce qui est beau.
Les enfants ne tireraient aucun profit intellectuel et moral dune promenade ou dune excursion si le maître se montrait froid et indifférent. Lesprit ne sillumine, le cur ne séchauffe quau contact dun esprit lumineux et dun cur chaud. La nature offre des aliments à la pensée ; mais elle ne fait pas jaillir la pensée. Les peuples sauvages restent sauvages dans les contrées les plus favorisées par la nature. Les habitants des montagnes nont aucun enthousiasme pour les scènes grandioses qui sont constamment sous leurs yeux ; les habitants des côtes sont indifférents au spectacle de la mer. Ladmiration est le fruit de la culture intellectuelle et morale.
Les promenades scolaires bien dirigées sont une précieuses ressource pour léducateur, et le mouvement qui sest produit à cet égard doit être favorisé.
Dun autre côté, y aurait-il un grand inconvénient à faire faire une promenade aux élèves un jour de classe, tous les quinze jours, par exemple ? Nous ne le pensons pas. Une leçon en plein air peut être plus profitable quune leçon entre quatre murs. Jamais les murs dune classe, si bien garnis quils soient en bons tableaux, ne parleront aux yeux des enfants comme la nature, comme la réalité.
(J. Chaumeil.)
La promenade scolaire doit donc être loccasion dun dialogue entre linstituteur et ses élèves. Ce moment doit être préparé préalablement en classe et ensuite exploité pédagogiquement lors du retour en classe. La promenade scolaire ainsi conduite est donc de grand profit :
Mais il y a de grandes précautions à prendre pour quune promenade devienne une leçon fructueuse. Souvent, pour vouloir trop bien faire, on fait mal. On donne à profusion des explications sur tout ce que lon voit ; on fait prendre force de notes aux élèves ; au retour, on exige deux une rédaction dans laquelle rien ne doit être oublié.
Il y a grande fatigue pour le maître à discourir continuellement, grande préoccupation pour les enfants à tout saisir et à tout noter. La promenade nest rien moins quagréable pour les uns et pour les autres ; le travail du retour, le compte rendu ne dédommagent personne. On a vu trop de choses et trop vite pour en avoir conservé une impression ; les notes sont confuses et incomplètes, la rédaction est nécessairement embarrassée, sans le mouvement et même la vérité. On ne fait de bonnes leçons quà lécole, pense le maître, et il ne voit dans les promenades dinstruction quune mode qui passera, quune illusion dont lexpérience vient de la débarrasser.
Lexpérience na pas été bien faite ; le maître a voulu penser et observer pour lélève, au lieu de le diriger seulement ; il a oublié que ce quil faut surtout pour apprendre à lenfant, cest à se servir de son intelligence.
Que linstituteur apprenne aux enfants à observer, quil excite leur esprit et se contente de répondre à leurs questions, il verra alors que la moisson didées faite dans une promenade est considérable. Les rédactions nauront pas, dans ce cas, luniformité du développement dun même thème ; elles porteront lempreinte de chaque esprit, et leur grande variété donnera un vif intérêt à la séance de correction. Le plaisir de la promenade se renouvellera à lécole ; un sérieux profit accompagne toujours un plaisir intellectuel.
Une promenade détude doit comporter quelques jeux purement hygiéniques ; ils préviennent la fatigue de lesprit et donnent de la vigueur au corps.
Les promenades scolaires peuvent avoir un objet défini, par exemple : visite dun monument, dune usine, dune exploitation agricole ; exercices pratiques darpentage, de levé de plans, herborisations ; recherches déchantillon pour le musée scolaire, etc.
Avant de faire ces promenades, il faut donner aux élèves toutes les indications capables de diriger leur examen ou leur travail, dexciter leur intérêt ou leur émulation. Les enfants sont toujours ardents pour les vérifications expérimentales de lenseignement quils reçoivent. Ils sont heureux den prendre linitiative et ils la prendront sur les lieux propices, à condition dy être préparé à lécole.
(J. Chaumeil.)
On note que la géographie nest pas explicitement citée dans cet article Promenades, même si Jean Chaumeil évoque le développement des sciences dobservation et des études expérimentales , au sein desquelles peut être située la géographie. Parmi les exercices, il suggère la visite dune usine, dune exploitation agricole et des exercices pratiques darpentage et de levé de plans.
Dans les articles Voyages scolaires, Hippolyte Durand et Maurice Pélisson, autres inspecteurs, insistent sur les profits multiples de ces activités. Les dimensions corporelles et la formation morale importent principalement, même si lenseignement de la géographie y tient un rôle notable. En 1886, dans la première édition du Dictionnaire H. Durand rappelle que ces pratiques ne sont pas nouvelles :
VOYAGES SCOLAIRES. Cette utile institution nest pas une invention récente ; mais la pratique de nos jours la renouvelée et généralisée. Elle consiste à former des caravanes décoliers ou d'élèves-maîtres, pour faire visiter en commun une contrée, une ville sous la direction de guides choisis.
Le profit en est multiple.
Dabord, comme les caravanes scolaires viennent à la suite de longs mois de travail, soit quelles coupent lannée, soit quelles le terminent, cest un excellent remède contre la fatigue intellectuelle. Le corps sy donne carrière et prend sa revanche dune pénible contrainte. La vie en plein air, les longues marches, les saines fatigues, autant de circonstances favorables pour le développement physique, autant de moyens de rendre à la machine humaine, parfois déprimée, son élasticité et son ressort.
Puis la vie du voyage développe chez lécolier des facultés nécessaires. En premier lieu lesprit dinitiative et de décision. Tout voyageur, si bien calculée que soit sa course, rencontre des cas où il lui faut faire acte dénergie, de persévérance et de volonté. De la prévoyance aussi et non seulement de la prévoyance personnelle, mais ce qui ne vaut pas moins, de la prévoyance pour autrui. Les caravanes scolaires ont leurs épreuves, sinon leurs périls : elles sont une excellente école de sang-froid, de services mutuels, de dévouement réciproque. [
]
(H. Durand.)
Ensuite Hippolyte Durand souligne que les caravanes scolaires permettent de développer lesprit dobservation. Cette qualité est renvoyée à des contenus disciplinaires et en premier lieu à la géographie, plutôt liée à lespace rural, alors que lhistoire est associée au monde urbain. On note que Durand insiste plus que Chaumeil sur le caractère quasi spontané des apprentissages :
Viennent ensuite lesprit dobservation, « lhonnête curiosité » dont parle Montaigne. À cet égard la vie du voyage agit comme ces mets savoureux qui stimulent lappétit en même temps quils le contentent, en sorte quil ny a jamais ni vide ni satiété. À chaque pas, les campagnes quon traverse offrent une leçon dagriculture ou de géographie pratique, les villes une leçon dhistoire, dart ou dindustrie. Mais ici, au contraire de lécole, la leçon ne vient pas delle-même et toute faite dans la tête de lécolier : cest à lui de faire les premiers pas, dinterroger lobjet, de le sonder, den dégager les notions quil contient. Excellente éducation de lesprit, moyen vraiment pratique den essayer les forces et den régler lemploi.
(H. Durand.)
Ces voyages scolaires sont donc loccasion dune formation globale des individus où les développements esthétiques et le sentiment ontologique de la nature sont importants :
Deux facultés encore auxquelles les voyages donnent lespace et lampleur quil leur manquent à lécole, cest le goût du beau et le sentiment de la nature. La visite dun monument, celle dun musée, suffisent parfois à jeter létincelle ou à la rallumer dans une âme paresseuse. Lexamen personnel découvre ce qui jusqualors avait échappé, et lémotion intime vivifie ce qui était mort ou engourdi.
Il en est de même des choses de la nature. Cest ici surtout que la leçon ne peut se substituer à lexpérience. Aimer la nature, en comprendre et en goûter les beautés tour à tour délicates et grandioses, ce nest pas chose indifférente et que léducateur peut dédaigner. Lhomme doit à ce sentiment, si cher à notre siècle, des joies saines et profondes. Les voyages léveillent chez lenfant. Bien réglé, ce sentiment engendre à son tour la bonne humeur et le contentement, état de lâme si précieux à obtenir et à maintenir. Une caravane scolaire chez laquelle il règne en permanence offre limage peut-être la plus parfaite du bonheur, parce quil ny entre rien que de pur et dinnocent, bien que tous les curs, tous les esprits soient en mouvement. [
]
(H. Durand.)
Le contact direct, le rapport sans médiation avec la nature et avec les constructions humaines a une valeur éducative au sens fort du terme. Il apparaît que pour lauteur, la méthode intuitive, le mot nest pas prononcé ici, a donc des vertus propres. Lexpérience personnelle remplace la leçon et elle a une dimension formative globale.
Larticle se poursuit par des conseils plus pratiques sur le déroulement et lexploitation pédagogique de ces voyages scolaires, insistant à la fois sur le compte-rendu rédigé mais aussi sur les croquis dessinés :
Une relation de voyage nest pas complète si le crayon ne joue pas son rôle à côté de la plume. Encore, pour nos écoliers, une application facile et intéressante des leçons de la classe, comme un ingénieux complément déducation. Rien nexerce le coup dil, rien ne développe lhabileté de la main, rien ne forme le goût comme les croquis faits sur place, sous laiguillon de lheure qui passe et de loccasion qui senfuit. [
]
(H. Durand)
Pourtant le développement de ces voyages scolaires ne va pas de soi. En 1911 Ferdinand Buisson commande à Maurice Pellisson un nouvel article. Cette nouvelle rédaction remplace larticle rédigé par H. Durand une trentaine dannées auparavant, lors de la première publication du Dictionnaire. Le nouvel article Voyages scolaires reste très favorable à cette pratique. Il se situe dans lhéritage pédagogique de Rodolphe Toepffer qui ouvrit une maison déducation à Genève et qui organisa annuellement, de 1825 à 1843, des voyages à pied dans les montagnes suisses. Toepffer en a publié le récit illustré de ces excursions avec ses élèves dans les Voyages en zigzag. Larticle du Dictionnaire fait largement le constat des difficultés rencontrées, en particulier les problèmes financiers. Nous sommes toujours dans la même lignée pédagogique qui conduit de Rousseau à Pestalozzi puis à Toepffer :
VOYAGES SCOLAIRES. Dans ses Voyages en zigzag (1843-1853), Tpffer avait montré lintérêt quil y a pour la jeunesse à « voir du monde, digérer ce que lon apprend, faire acte de force et de volonté, observer, lier la science à la vie. » (voir Tpffer). Il fit école [
] Vers 1876, certains comités des caisses des écoles de Paris pensèrent quil y aurait avantage à organiser des voyages de ce genre pour les enfants des écoles de la Ville : ce devait être une institution denseignement à la fois et dagrément ; ce pouvait être aussi un moyen dexciter lémulation, si lon faisait de ces voyages une récompense pour les bons écoliers.
Cette idée fut favorablement accueillie par le conseil municipal, qui vota, à cet effet, des subventions.
Pourtant on ne tarda pas à saviser que les choses nallaient pas sans des inconvénients que ne compensaient pas les avantages. Ces voyages coûtaient cher et, pour quils ne coûtassent pas trop, on en abrégeait la durée. Pouvaient-ils, dans ces conditions devenir vraiment profitables à la culture de jeunes voyageurs ?
[
] Ainsi commencé, le mouvement de défaveur saccentua, et en 1891 la municipalité parisienne supprima les voyages de vacances, même dans les écoles professionnelles. Les subventions précédemment allouées pour les voyages scolaires furent accordées à une autre institution, celle des colonies de vacances. Voir Vacances (Colonies de).
Cet exemple ne fut pas partout suivi. [
]
Ajoutons que, si les voyages scolaires ne sont plus subventionnés, à Paris, par les caisses des écoles et par le conseil municipal, ils trouvent encore des encouragements dans des sociétés particulières telles que le Touring Club, le Club Alpin, les Associations danciens ou danciennes élèves, lAssociation des instituteurs de la Seine.
(M. Pellisson.)
En 1886 larticle de H. Durand militait fortement en faveur des voyages scolaires. Cet engagement sexpliquait entre autre par le fait que leur principe était alors débattu. Dès 1887, le conseil municipal de Paris préférait « des promenades de courtes durées » aux « voyages de vacances pour les élèves des écoles primaires. ». Certainement pour des raisons déconomie. On voit donc que les principes pédagogiques de la méthode intuitive ne sont pas faciles à mettre en uvre dans le cadre de sorties, souvent difficiles à organiser. Une tension forte existe donc entre la méthode que Ferdinand Buisson et ses collaborateurs voudraient développer et les contraintes institutionnelles rencontrées par les instituteurs pour organiser des sorties hors de la classe. Dautres critiques sélèvent dailleurs, en particulier nous lavons vu du côté de certains géographes :
En effet, pour Paul Dupuy les voyages scolaires, tels quils sont conduits, ne permettent pas dapprendre la géographie. Les élèves nen rapportent que quelques souvenirs pittoresques :
On a fait à cet égard, depuis six ou sept ans, une expérience qui me paraît décisive : je veux parler des voyages de vacances exécutés par les élèves des écoles normales primaires. Jai pu parcourir quelques cahiers dimpressions rédigés par les jeunes touristes, et je ny ai pas trouvé ce que jy cherchais. Il y a des choses charmantes : la joie du mouvement et du grand air, la surprise des nouveautés qui surgissent à chaque pas, un peu détourdissement à courir si vite et à tant voir dun seul coup ; lapparence extérieure des choses produit toujours son effet, le sens intime échappe presque toujours. On rapporte tout un bagage des souvenirs pittoresques ; on les retrouve au besoin pour faire une leçon, mais on les y sème au hasard, comme une note amusante et personnelle, non pour servir une démonstration, pour soutenir une idée sur laquelle on insiste. Cela nest pas mal sans doute ; cela serait mieux autrement, et, tel que cela est, la géographie ny gagne à peu près rien.
(Paul Dupuy)
Dupuy se sert dailleurs des travaux effectués au retour de ces excursions pour énoncer une nouvelle remise en cause de la méthode intuitive. Les cartes dessinées au retour ne figurent pas le relief :
Toutes les écoles primaires supérieures de Paris ont, depuis plusieurs années, exécuté pendant les vacances des voyages dinstruction, et elles exposent des cartes délèves où sont tracés les itinéraires. Toutes ou presque toutes les cartes donnent la division par départements : les noms sont merveilleusement écrits, les chemins de fer dessinés dans la perfection ; le relief du sol manque : cest la seule chose à laquelle, le voyage terminé, on nattache plus dimportance. Ainsi rien sur ces itinéraires ne montre que les élèves aient compris les pays quils traversaient. Même pour les régions les plus propres à impressionner les imaginations, pour les Causses par exemple et les gorges du Tarn, les cartes ont le désolante nudité des indicateurs de chemin de fer.
(Paul Dupuy)
On comprend difficilement pourquoi Dupuy associe sa critique des voyages scolaires à celle dune géographie qui ne sintéresse pas assez au relief. Comme si voyages scolaires et carte des départements étaient intrinsèquement liés. Plus globalement, cette critique des excursions scolaires peut sexpliquer par une volonté de faire prendre plus au sérieux lenseignement de la géographie, une stratégie non délibérée, mais affirmée pour en faire reconnaître le caractère scientifique.
Cette même idée se retrouve en 1905 dans les propos de Vidal de La Blache lorsquil oppose voyages et enseignement organisé de la géographie : « Lidée très répandue que la géographie sapprend par les voyages est une manière de se dispenser de lapprendre autrement. »
Notons que sur ces points Paul Dupuy changera dopinion et adoptera en 1905 une position différente de celle quil défendait six ans plus tôt. Ainsi dans la conférence quil tient au Musée pédagogique, après avoir rappelé que la géographie est « le lien entre les sciences naturelles et les sciences sociales », Dupuy présente demblée lactivité des élèves comme fondée sur la méthode « inductive ».
Cette méthode renvoie au raisonnement inductif, il ne saurait être assimilé à la pédagogie intuitive fondée sur la perception. Néanmoins, la première étape de la méthode est un moment dobservation, de vision : « Cette méthode est avant tout la méthode inductive : il faut apprendre à voir, à voir exactement, commencer par lobservation, passer par la comparaison, pour arriver à la généralisation » Ainsi en 1905, Paul Dupuy promeut alors les sorties géographiques avec la classe, les « études en plein air » :
Ces études de géographie en plein air commencent à prendre une grande place dans la pédagogie américaine : quel que soit le programme de géographie de la classe, nombre de professeurs considèrent comme indispensable que leurs élèves reprennent, pour ainsi dire, pied plusieurs fois par an dans la géographie directement observable, au moyen dexcursions préparées. Cest un procédé denseignement qui, transporté chez nous, serait exactement conforme à ceux préconisés pour les sciences expérimentales et naturelles ; il aurait, en outre, ce très grand avantage dintroduire dune manière véritablement efficace la notion si importante du temps comme facteur géographique.
(Paul Dupuy)
Ce changement dopinion de Paul Dupuy peut probablement sexpliquer par le fait quen 1889 il désavouait des voyages scolaires aux finalités multiples et quen 1905 il défend des sorties à buts géographiques. Ce revirement est dû aussi au fait quen 1889 il constatait que ces voyages ne donnaient lieu quà une géographie inventaire où la géographie physique tient peu de place, alors quen 1905 il associe cette pratique à celle des sciences naturelles.
Lévolution du point de vue de Paul Dupuy signale que la méthode intuitive, promue par Ferdinand Buisson, nest pas partagée par tous dans les années quatre-vingt, mais tend à devenir une référence plus largement partagée au début du vingtième siècle. Même quand elle nest pas reconnue comme la seule possible pour lenseignement de la géographie.
2.2. Géographie et images au temps de Ferdinand Buisson
Franz Schrader et Paul Dupuy, se revendiquant dÉlisée Reclus, opposent donc dans les années quatre-vingt limagination à la méthode intuitive, en particulier quand il sagit de présenter les contrées lointaines. Pour ce faire le récit du maître et les images sont décisifs. Schrader appuie son plaidoyer en faveur du récit et des images par une citation de Levasseur :
Cest dans un excellent petit livre de M. Levasseur que lon trouve les lignes suivantes :
[
] «
. Avec de très jeunes enfants, le maître indiquera à peine les rapports de cause à effet qui dépassent ordinairement le niveau dune intelligence naissante ; il appuiera
sur les descriptions, et il fera comprendre, autant que possible par des images, par des formes sensibles, et chaque fois quil sera possible par la vue des objets mêmes et par des exemples familiers, les différentes notions de la géographie. »
[
] Et nous raconterions la terre et les hommes.[
]; tout cela avec images et projections ; des faits palpables avec leurs formes visibles. Ces faits pourraient être ceux que nous citons, ou dautres tout aussi différents.
(Franz Schrader.)
Pour Schrader le récit et les images peuvent rendre les faits « palpables » comme dans la leçon de chose. Élisée Reclus a aussi ce souci de lillustration, sa Géographie universelle est abondamment illustrée de gravures réalisées daprès photographies. Ceci est encore plus net dans ses livres destinés à un jeune public, son Histoire dun ruisseau connaît en 1881 une nouvelle édition accompagnée dune vingtaine de gravures de Benett. Son Histoire dune montagne, est dès la première édition illustrée du même dessinateur.
Paul Dupuy, fort critique de 1889, se félicite, comme Schrader en 1882, des progrès de lédition scolaire. Il loue le développement en France des livres-atlas qui confèrent une bonne place aux cartes. Par contre il se montre sévère vis-à-vis du reste de liconographie :
Si avec cela il y a des images bien choisies, limagination de lenfant recevra peut-être la part qui lui est due et verra autre chose que des énumérations écrites ou des lignes dessinées. Par malheur, la nécessité de composer des livres à bon marché a fait en général négliger les images : elles sont trop petites ou pas assez significatives.
(Paul. Dupuy)
Pour développer la capacité des élèves à imaginer les contrées lointaines, Franz Schrader compte sur les images des livres, les images à afficher et les projections lumineuses. Déjà en 1878 dans son rapport sur lExposition de Philadelphie, Ferdinand Buisson avait décrit cette usage de la lanterne magique dont le maître commente les images projetées « avec toute son imagination ». Paul Dupuy a observé des séances de projection dans les écoles primaires supérieures de Paris :
Dans une de ces écoles on complète, on illustre pour ainsi dire le cours de géographie par des séances de projections lumineuses qui ont lieu cinq ou six fois par an : des séries de vues photographiques expliquées par un maître défilent ainsi devant les écoliers ; on entendrait une mouche volée , et rien ne soublie de ce qui a été appris ce jour-là.
(Paul Dupuy)
Fort critique vis-à-vis des maigres images illustrant les livres, ravi par les projections lumineuses, Dupuy est aussi en 1889 enthousiaste pour la nouvelle collection de cartes murales de « M. Vidal-Lablache, duquel se réclament comme de leur maître presque tous ceux qui travaillent sérieusement à la rénovation de lenseignement géographique. » Les premières « cartes », bien que titrées cartes, représentent en fait des dessins de paysage « type » : carte n°1 : dessin dune « région polaire » et dune « région tropicale », carte n°1 bis « paysage polaire » et « port de mer ». Monique Benoît présente dans sa thèse dautres reproductions de panoramas fictifs : « panoramas ou paysage présentant des types daccidents ou formes géographiques » extraits de Lannée enfantine de géographie de Bedel, de la Géographie du cours moyen du Frère Alexis et des Notions de géographie de Grégoire.
Monique Benoît conduit une étude détaillée de ces premiers manuels ayant vocation à être utilisés en classe, elle rappelle aussi limportante illustration géographique des livres de lecture composés sur le même modèle que Le Tour de France de deux enfants. Nous avons vu dans un chapitre précédent que dans les années 1880, les livres de géographie de Foncin contenaient de petites gravures paysagères imprimées en vignette dans les colonnes du texte : 16 vignettes imagées et 30 cartes de grand format dans le livre de Première année ; 19 vignettes et 100 cartes dans le livre de la Deuxième année. En Première année il ne sagit que de dessins de panorama-type ou de croquis-type, en Deuxième année ce genre est encore majoritaire, ce nest quen Troisième année que la plupart des vues sont localisées, figurant des lieux singuliers. Ce nest donc pas que dans les livres destinés aux élèves les plus âgés, de 14 à 16 ans, que les images présentent des vues renvoyant à un réel singulier, auparavant elles servent à mettre en image un concept : isthme, montagne, port, région polaire
Les articles du Dictionnaire de Ferdinand Buisson ayant trait à lusage des images dans lenseignement sont nombreux, (Image, imagerie, Imagerie scolaire. Livres, Maisons décole, Salle de classe, Musées scolaires, Projections lumineuses, Tableaux muraux). Tour à tour ces articles traitent de la décoration des salles de classe, des livres illustrés et des images imprimées. Projections lumineuses fait surtout référence aux sciences naturelles. Image et imagerie sintéresse aux estampes et aux images dÉpinal associées à léducation historique et patriotique. Imagerie scolaire présente les images en tant que récompense pour les élèves et en tant que vecteur déducation esthétique. Larticle reprend longuement les travaux dune « Commission de la décoration des écoles et de limagerie scolaire » créée en 1880. Ces articles nabordent pas la distinction que nous évoquions plus haut entre figuration dun objet singulier ou représentation dune notion, dun concept. Dans lensemble, la géographie ne semble pas particulièrement associée aux images scolaires. Elle ny est associée que via les cartes.
À lépoque du Dictionnaire de Ferdinand Buisson, limage en géographie, même quand les auteurs parlent comme dune « réalité palpable » renvoie pendant longtemps à la vue dun modèle dessiné, dune abstraction figurée. Son usage est en décalage avec les discours sur les leçons de choses qui déclineraient la méthode intuitive à partir de leçons « real », à partir de la perception des « choses ».
Il faudra le développement dune part des techniques photographiques et dautre part de lanalyse paysagère, à la suite des travaux de Vidal de La Blache, pour que lon théorise lusage des images paysagères dans lenseignement de la géographie. La carte et les images paysagères ne composent pas encore un système iconographique spécifique à la géographie.
Les images figurent des modèles, des types, elles ne sont pas plus « concrètes » au sens de plus singulières que ce que figurent les cartes. Nous sommes en présence dans les livres-atlas, et en particulier dans ceux de Foncin, dans une relation carte-texte. Le nombre des autres images est restreint et leur réduite. On comprend que dans ce contexte la référence à la méthode intuitive ne puisse être utilisée que pour létude du « lieu natal », concept moins anachronique que celui de « milieu proche », non usité dans le vocabulaire géographique de lépoque.
3. La géographie à lécole, entre la discipline pratique et léveil scientifique. Une approche lexicale
Si les pratiques et les méthodes pédagogiques de référence sont donc relativement éclatées au temps du Dictionnaire de Ferdinand Buisson, le moment Buisson, que nous avons défini comme moment de cristallisation dune phase normale de lenseignement de la géographie à lécole primaire, propose au travers de son foisonnement darticles dautres tensions et dautres convergences dans la définition des finalités de lenseignement de la géographie à lécole primaire.
Au sein darticles du Dictionnaire de Pédagogie relevant du champ de la géographie nous avons essayé de repérer des polarisations dans les discours sur lenseignement géographie, qui correspondent à 4 groupes dindices lexicaux marqueurs de 4 dimensions de la géographie à lécole primaire : utilitaire, républicaine, intellectuelle et épanouissante.
Le corpus pour cette entrée lexicale comprend dabord des articles non signés, donc ceux qui expriment le point de vue de la rédaction, cest-à-dire de Ferdinand Buisson et de ses proches collaborateurs : « Carte », « Cartographiques (exercices) », « Géorama ». Létude porte aussi sur le plus long des deux articles signés par Émile Levasseur : « Commerce » ; sur les deux articles « Géographie », celui de Pierre Foncin dans la deuxième partie et celui de Franz Schrader dans la première partie. Elle comprend les autres articles de Schrader : « Cartographie » et « Globe », ainsi que larticle « Mappemonde » de Gaston Meissas. Larticle « Topographie» Moëssard et larticle « Promenades » de Chaumeil ont été ajoutés à cet ensemble.
Nous avons aussi pris en compte six monographies géographiques : « Allemagne » de Félix Oger, « Afrique », « Algérie », « France » et « Belgique » de Meissas. Ainsi que « Scandinaves (Etats) » dÉlisée Reclus. Ceci permet de regrouper des articles présentant la géographie et son enseignement avec des articles contenant des discours géographiques.
Enfin nous avons recherché les mêmes lexèmes dans le chapitre IV, intitulé « la Méthode intuitive », rédigé par Ferdinand Buisson dans son Rapport sur linstruction primaire à loccasion de lexposition universelle de Vienne en 1873 afin de mettre en évidence des points communs avec les développements plus spécifiques sur la méthode intuitive.
Nous avons retenu quelques mots, en tant quindices du côté utilitaire de lenseignement donné à lécole primaire. Cet aspect répondrait à la fois à la conception de Jules Ferry de lécole primaire et aux raisons de développer lenseignement de la géographie, telles quÉmile Levasseur a tendance à les formuler. Nous avons recherché les lexèmes utile et pratique, et leurs déclinaisons : utilité, inutilité, utiliser, utilement
; pratiquement
Pour la dimension républicaine du vocabulaire nous avons relevé le mot « droit » au sens où on lentend dans Droits de lHomme, ainsi que le vocabulaire qui décline le concept de Liberté : libre, librement, libérale, délivrer.
Pour les côtés intellectuels de la formation en géographie, nous avons repéré les mots bâtis sur le radical « intel » : intelligence, intelligent, intellectuel
, et ceux qui sont construits sur le radical éveil : éveiller, réveil.
Enfin, nous avons relevé les termes : épanouissement, joie et plaisir.
Cest Pierre Foncin qui rédige dans le Dictionnaire à la fois les plus belles lignes sur la géographie, en tant que science, au but désintéressé, cherchant à connaître la vérité
Une science qui éveille limagination et permet daccéder à la vérité de la connaissance. Dans les citations qui suivent, les mots mis en caractères gras sont de notre fait :
Il était réservé au XIXe siècle de constituer définitivement la géographie comme science et dachever la conquête géographique du globe. Dans toutes les directions, dintrépides voyageurs, appartenant à toutes les nations civilisées, sont les ouvriers et trop souvent les martyres de cette uvre héroïque. Si lon croit que la poésie est bannie de notre temps, quon lise le récit des expéditions qui montrent lhomme aux prises avec le froid polaire ou la fièvre des tropiques, en lutte avec les sauvages ou les bêtes féroces, supportant la faim, la soif, linsomnie, les mauvais traitements, bravant les assauts de tous les éléments ou la ligue des pires passions humaines, pour atteindre un but désintéressé entre tous, la connaissance de la vérité. Dautres mobiles, il est vrai, se joignent à celui-là chez quelques explorateurs : lamour de lhumanité, le patriotisme, lappât de la gloire, ou tout prosaïquement le désir de faire fortune. Mais le culte de la science pure a toujours inspiré et soutenu nos grands voyageurs contemporains, et ce ne sera pas un mince honneur pour notre siècle que den être le père. [
]
Il importe de seconder ce mouvement qui tend à rapprocher les peuples, à les instruire par la comparaison et lexpérience, et par conséquent à les améliorer, comme aussi dencourager létude de plus en plus sérieuse et précise dune science qui éveille limagination sans labuser, éclaire les intérêts légitimes du négociant et de lindustriel, fournit des renseignements précieux à lhomme politique, satisfait les plus nobles curiosités, et ne saurait, sans mentir à elle-même, avoir dautre devise que celle de la vérité.
(Foncin, Géographie.)
Foncin valorise aussi le côté pratique de la géographie. Ce qui débouche, nous lavons déjà relevé, sur une définition très réductrice de la géographie en tant que science :
La géographie météorologique, qui est la géographie de lair, des courants atmosphériques, des vents, des ouragans, des nuages, des pluies, des orages, des climats. Il faudrait une section à part pour le magnétisme terrestre, dont la boussole révèle la puissance. La connaissance pratique de divers instruments tels que le baromètre, le thermomètre, le pluviomètre, lanémomètre est indispensable à létude de cette partie de la géographie. [
]
Hérodote, esprit positif et pratique, donna lexemple de voyages scientifiques. [
]
Le Français Buache imagina la division des continents en bassins, système utile dont il eut le tort dexagérer limportance. [
]
[La géographie] Ayant à représenter le monde terrestre en raccourci, elle résume et condense tout le savoir humain. Mais elle ninvente rien ; elle se contente de comprendre, de classer et de peindre. Ses qualités essentielles sont la clarté, la méthode, lexactitude.
(Foncin, Géographie DP2.)
Émile Levasseur a été sollicité pour rédiger deux articles sur des sujets économiques dans ce dictionnaire de pédagogie : « Monnaie », relativement bref et « Commerce », beaucoup plus développé. Chez ce promoteur de lenseignement de la géographie, cet auteur de manuels de géographie, tout ce qui tourne autour de lutilité sociale est très important et les mots « utile » et « utilité » sont très employés :
[
] la valeur des objets échangés, laquelle dépend en grande partie de l'utilité et de la rareté relatives de ces objets. [
]
Car l'exercice du commerce est un des modes du travail, et, comme tout travail utile, il ajoute de la valeur aux produits ; or la production, dans le sens économique, ne consiste pas dans une création de matière (l'homme est impuissant à créer un atome de matière), mais dans une création d'utilité. [
]
Un exemple fera comprendre le genre particulier d'utilité créée par le commerce. [
]
Ce Supplément, qui représente les frais de transport, de garde, de manutention, les risques et le profit du négociant, mesure l'utilité créée ; [
]
En apportant chaque chose à l'endroit précis où elle est le plus recherchée, il accroît par ce seul fait la somme des utilités partout où il agit ; [
]
Nous ne l'avons pas fait, parce que les longues colonnes de chiffres, utiles à consulter dans le cabinet, ne sont pas en général bonnes pour lenseignement. . [
]
Il est utile de donner, dans un intérêt pédagogique, quelques indications sur la manière de les dresser. [
]
Car l'exercice du commerce est un des modes du travail, et, comme tout travail utile, il ajoute de la valeur aux produits ; [
]
[Certaines séries de nombre] Il est utile de donner, dans un intérêt pédagogique, quelques indications sur la manière de les dresser.
(Levasseur, Commerce.)
Dans une même logique, les Droits de lHomme sont vus par Émile Levasseur, avant tout sous langle de la liberté de production et de la liberté de commerce, cest-à-dire sous langle du libre-échangisme et du libéralisme économique :
Le commerce intérieur est au aujourd'hui entièrement libre en France.
[
] c'est à l'ordonnance de 1664, rendue sous le ministre de Colbert, et aux lois votées par l'Assemblée constituante de 1789, créatrice de l'unité administrative de la France, qu'est dû le bienfait de la libre circulation du commerce à l'intérieur du territoire. [
]
Elles sont diversement réparties à l'importation, suivant que la législation douanière s'inspire du système restrictif, qui, impose des prohibitions et des droits protecteurs, ou du système de la liberté commerciale, qui n'admet que les droits fiscaux. [
]
La liberté commerciale profite non seulement au commerce, qu'elle développe, mais à l'industrie nationale prise dans son ensemble, [
]
Envisagée au point de vue des droits du producteur, elle signifie liberté du travail et égalité ; [
]
C'était le système mercantile, qui est moins propre que la liberté commerciale au progrès des échanges. [
]
L'Angleterre qui, par la nature de sa grande industrie et de son commerce, sentait plus que d'autres le besoin d'élargir les débouchés pour son approvisionnement en substances alimentaires et en matières premières et, pour l'exportation de ses produits manufacturés, fut la première à adopter le principe de la liberté commerciale. [
]
Ils sont désapprouvés par la grande majorité des économistes, parce que léconomie politique, enseigne que le bon marché et labondance des produits sont le but principal de la production, que la concurrence est un des moyens les plus sûrs de l'atteindre, et que la liberté du travail, qui est à la fois un droit de lhomme et une cause de richesse, comprend non-seulement la liberté de produire, mais aussi la liberté de vendre et d'acheter. [
]
Envisagée au point de vue des droits du producteur, elle signifie liberté du travail et égalité ; au point de vue des résultats généraux de l'échange, elle signifie facilité des débouchés et extension du marché.
[La France] pendant la Révolution, elle adopta un tarif général (1791) inspiré également par un esprit libéral. (Levasseur, Commerce.)
Lévocation de la liberté peut se décliner soit sous langle de la liberté économique, comme le fait ici Levasseur, soit sous langle de la liberté intellectuelle. Ainsi, dans ces articles relevant du champ de la géographie, dautres auteurs parlent de la liberté en mettant laccent sur la liberté intellectuelle :
Cependant, cest lhonneur de ce petit peuple [Grecs] davoir essayé le premier, dans le domaine géographique, comme dans la plupart des autres sciences, de rechercher librement et rationnellement la vérité.
(Foncin, Géographie.)
Limitation libre avec tous ses périls, toutes ses mésaventures, tous ses tâtonnements, est un travail profitable à lil, à la main, mieux à lesprit.
(La rédaction, Calque.)
Faut-il voir une malice anticléricale dans la libération des jeudis du catéchisme religieux ?
Les catéchismes finissent dès le commencement des beaux jours ; par conséquent les jeudis deviennent libres pour les promenades scolaires.
(Chaumeil, Promenades.)
Quand on connaît la défiance envers lÉtat dÉlisée Reclus, on interprète ces rapides évocations des universités libres comme lexpression dune sympathie de la part du géographe anarchiste :
Gand et Liège sont l'une et l'autre sièges d'une université de l'État. Il y a des universités libres à Bruxelles et à Louvain.
(G. Meissas, Belgique.)
Stockholm est aussi ville de musées et de sociétés savantes, mais elle n'a qu'une université libre.
(É. Reclus, Etats Scandinaves.)
Cette liberté politique des villes libres dAllemagne qui attirent la jeunesse libérale nest pas appréciée que par le seul Reclus. Elle est positivement connotée dans larticle dOger sur lAllemagne :
Francfort, l'ancienne ville libre, [
] Ancienne ville libre comme Lubeck, Brême et Francfort, Hambourg est aujourd'hui un des plus grands ports de la terre. [
] trois villes libres, celles de Brême, Hambourg et Lubeck ; [
]
Ces villes, qui offrent à tous les genres d'études d'incomparables ressources, sont les foyers de pensée, d'action où la jeunesse libérale du pays se porte en grand nombre avec enthousiasme.
[
] les villes libres ont une sorte de sénat.
(Oger, Allemagne.)
Mais la présentation de la colonisation qui libère les peuples est associée à lidée de mise en exploitation (du pays) et donc à fin très utilitaire. Notons quil sagit dun autre auteur, Gaston Meissas :
Les peuplades africaines n'ont qu'à gagner, en échappant au despotisme barbare de leurs potentats, être initiées à la morale chrétienne, délivrées de cette chasse aux esclaves qui menace constamment leur liberté, et leur met sans cesse les armes à la main les unes contre les autres, utilisées enfin dans des exploitations intelligentes qui mettraient en valeur leur sol merveilleux. Combien de richesses gisent encore inexploitées dans ce beau pays.
(G. Meissas, Afrique.)
Au total le lexique de la liberté est plus utilisé pour parler de la liberté économique que pour traité de la liberté intellectuelle, ou de la liberté politique. Cest à mettre en relation avec la forte présence du vocabulaire de lutilité. Soulignons que ce trait est très marqué dans lensemble des monographies géographiques rédigées par Gaston Meissas :
[Les peuplades africaines], utilisées enfin dans des exploitations intelligentes qui mettraient en valeur leur sol merveilleux. Combien de richesses gisent encore inexploitées dans ce beau pays. [
]
Le venin en est mortel pour les chevaux, les bufs et les chiens, c'est-à-dire pour les animaux les plus utiles à l'homme, qui, lui du moins, échappe à ce fléau. [
]
Dans le désir de détruire entièrement l'esclavage, et d'ouvrir à l'exploitation européenne les riches pays de l'Afrique australe, dont le climat salubre peu convenir à notre tempérament et le sol nous fournir une foule de produits utiles, le roi des Belges a récemment fondé une société internationale pour l'exploration de l'Afrique. [
]
(G. Meissas, Afrique.)
De Marseille à Alger, la route est jalonnée par les Iles Baléares, qui offrent dans Port-Mahon un utile point de relâche. [
]
[ Les Juifs] Bien qu'ils soient méprisés par les Musulmans, la souplesse de caractère que leur donne l'amour du lucre, et la connaissance des diverses langues parlées dans le pays en font d'utiles intermédiaires, qui tiennent dans leurs mains un grand commerce.
(G. Meissas, Algérie.)
[LIsère] Elle passe ainsi près de Saint-Marcellin et à Romans, en recevant dans l'intervalle la Bourbre, la rivière de Pont-en-Royans, très utile aux irrigations. [
]
On fait aussi de l'huile avec le lin, qui toutefois est plus utile comme plante textile. [
]
On a aussi planté de grandes étendues incultes de la Sologne ou de la Champagne en pins pour en utiliser le sol et le fertiliser à la longue. [
]
C'est avec justice qu'on a élevé sur le rocher d'Avignon une statue au Persan Althen, pour avoir introduit cette utile culture en France. [
]
Le coton est aujourd'hui la matière la plus utilisée pour le vêtement de l'homme. [
]
La petite rivière de Cailly, qui tombe dans la Seine en aval de Rouen, est admirablement utilisée par une foule de manufactures à qui elle fournit sa force motrice. [
]
La Russie nous en fournit de grandes quantités. L'Inde nous envoie du jute, sorte de textile très utilisé depuis quelques années. [
]
LAnjou et la Bretagne emploient le chanvre à la fabrication des grosses toiles à voiles et autres. Voiron, dans lIsère, utilise le beau chanvre du Graisivaudan. [
]
Depuis cinquante ans, le commerce français n'a cessé de saccroître, sauf de courts temps d'arrêt causés par des guerres ou des crises politiques, avec le développement des moyens de transport facilitant les échanges, routes, canaux, chemins de fer, vaisseaux à vapeur, avec la conclusion des traités de commerce abaissant les droits de douane ou de navigation, et garantissant les intérêts des négociants dans les pays étrangers, avec les progrès de la science découvrant sur les divers points du globe de nouvelles matières utiles à l'homme, ou enseignant à tirer un parti plus avantageux de celles qui étaient déjà connues.
(G. Meissas, France.)
Le lexème « util » est aussi présent sous la plume dÉlisée Reclus, mais plus rarement :
] mais le précieux minerai de Dannemora et d'autres mines a relativement diminué de valeur depuis que les procédés modernes ont permis d'utiliser des minerais de qualités inférieures.
(É. Reclus, États scandinaves.)
Lutilité pédagogique relève manifestement dun autre registre que lutilité économique. Franz Schrader est lauteur qui, dans le Dictionnaire, se place le plus souvent sur le registre de lutilité économique ou inversement de la stérilité. Cest pour lusage des cartes que le lexème « util » est le plus souvent mobilisé par Schrader :
Notions stériles, creuses, mal placées en un lieu qui ne leur convient pas, toutes de convention, mais nul profit réel pour lintelligence !
Quelque simplification que nous apportions à la nomenclature, quelque nombreuses que soient les inutilités dont nous la déchargerons, [
]
Des manuels convenablement disposés rendraient, à cet égard, aux maîtres et aux élèves, les plus utiles services. [
]
Compris dans des limites naturelles, parce que les divisions physiques sont les seules véritables, les seules en harmonie avec la planète. Faire dessiner à un enfant les différents départements de la France, cest lui mettre dans lesprit des formes sans raison dêtre. Lui faire dessiner la France appuyée sur les Alpes, le Jura, les Vosges, les Pyrénées, les côtes maritimes ; ou bien lAfrique, ou bien lAsie avec son nud central et son pourtour déchiqueté, ou bien la presquîle dItalie, ou encore lEurope avec ses subdivisions politiques, cela est utile et juste. [
]
Il serait utile que chaque école primaire possédât une carte en relief dune région bien accidentée, à côté dune autre carte plane de la même région. Lune et lautre seraient sans cesse exposées à la vue des élèves et sexpliqueraient mutuellement. Nous ne croyons pas quon doive demander aux reliefs aucun autre genre de service. Ils nont de valeur quautant que les rapports de hauteur à la planimétrie ne sont pas sensiblement faussés, et par conséquent ils ne peuvent servir à représenter utilement que des surfaces peu étendues.
(Schrader, Géographie.)
Le globe géographique est donc très utile dans lenseignement primaire. Il y est dautant plus utile que lélève, moins habitué aux notions géométriques, est moins capable par cela même de leffort intellectuel nécessaire pour transformer la carte.
(Schrader, Globe.)
Laccent porté sur le caractère utile des cartes est aussi net dans les articles rédigés par léquipe de rédaction du Dictionnaire , non signés nominativement et probablement largement rédigés par Guillaume :
On peut même utilement commencer par des reliefs représentant un paysage purement idéal : [
]
(La rédaction, Cartes.)
Lutilité de la carte faite par lélève, cest de lobliger à saisir et à reproduire les contours, la situation des montagnes, la direction des cours deau, les limites des contrées, lemplacement des villes. Si on lui permet de les retracer machinalement en quelques minutes à laide dun papier transparent, lexercice cartographique perd beaucoup de sa valeur.
Dès 1832 M. Lamotte, dans le Manuel général (t. I, p. 371, Moyens dutiliser les murs dune école), conseillait ce genre de cartes
Et comme une carte de géographie doit être claire pour être utile, [
]
Depuis quelques années, au contraire, la confection des cartes en relief par les élèves décoles normales, professionnelles ou même primaires, a pris une certaine extension. Là, encore, il convient dencourager le bon vouloir des professeurs et le zèle des élèves sans le stimuler inconsidérément. Ce travail ne peut jamais devenir, quoi quen disent ses partisans, un exercice scolaire proprement dit ; il ne sera jamais, même à lécole normale, quune occupation choisie par quelques amateurs pour passer utilement des heures de loisir.
(La rédaction, Cartographie.)
Le vocabulaire faisant référence à lutilité, mais plus encore celui qui renvoie à la mise en pratique la méthode pédagogique, est aussi fortement présent dans le rapport que Ferdinand Buisson avait rédigé après sa visite à lExposition internationale de Vienne de 1873 :
Or, cest précisément sur cette manière générale dentendre et de diriger léducation toute entière que lexposition de Vienne fournissait des enseignements nouveaux quil ne sera pas inutile de recueillir.
[
] il tend à introduire dans tous les domaines les idées et les pratiques scolaires que désigne ce mot relativement nouveau de méthode intuitive ; [
]
Cest quen France il était bien difficile de séparer lÉmile du Contrat social et den apprécier la partie pratique, [
]
Linnovation qui en résultait dans la pratique pouvait se ramener aux points suivants [
]
Neuf ans après que lÉmile de Rousseau eut été brûlé à Paris et à Genève, souvrait à Dessau, sous le nom de Philanthropine, un établissement déducation destiné à mettre littéralement en pratique les théories de Rousseau.
(Buisson, Rapport
Méthode intuitive.)
Plus que de la mise en pratique de la méthode, cest de la pratique des élèves, quil est question dans les articles de géographie du Dictionnaire de Pédagogie. Il sagit bien sûr, implicitement ou explicitement, dune conception des apprentissages centrée sur lactivité des écoliers :
Nous croyons donc mieux faire en signalant, à ceux qui voudraient approfondir la question et sy exercer pratiquement, une courte et excellente notice publiée par un maître expérimenté, M. Ch. Leroy, directeur de lécole normale de Charleville : Enseignement de la géographie de la commune ; [
]
En dehors, ou plutôt à lappui des promenades topographiques, il sera bon dexercer les élèves à la pratique des levés et principalement des levés expédiés.
(Schrader, Géographie.)
Les promenades scolaires peuvent avoir un objet défini, par exemple : visite dun monument, dune usine, dune exploitation agricole ; exercices pratiques darpentage, de levé de plans, herborisations ; recherches déchantillon pour le musée scolaire, etc.
(Chaumeil, Promenades.)
À côté du lexique de lutilité et de la pratique, nous avons relevé dans cette sélection darticles, les phrases utilisant le vocabulaire en rapport avec le développement intellectuel des élèves. Nous avons distingué quatre familles dusage des mots de la famille « intelligent » : quand ils sont synonymes defficacité pratique, quand ils sont rattachés au progrès intellectuel des civilisations ou de lhumanité, quand ils renvoient à la capacité de compréhension des élèves et quand ils traitent plus globalement de lépanouissement intellectuel des jeunes écoliers.
Le lexème « intel » peut-être ainsi associé à la mise en valeur intelligente des colonies. Nous lavons vu plus haut dans larticle Afrique de Meissas. Il peut aussi recouvrir lidée dune efficacité des réalisations pratiques :
M. A. Guyot un intelligent et habile imitateur, qui eut le mérite de lapproprier à lenseignement américain. [
]
Tandis que la carte murale scolaire devenait en Allemagne lobjet de tant defforts intelligents,
(La rédaction, Cartes.)
Alexandre] ce despote intelligent confia même à Néarque le soin de reconnaître le littoral de la mer Erythrée, des bouches de lIndus à celles de lEuphrate.
(Foncin, Géographie.)
« Intelligent » peut aussi qualifier des individus ou les progrès intellectuels de lhumanité. La même idée peut-être dite en parlant de léveil ou de lépanouissement du mouvement scientifique et des civilisations :
Les expéditions des Normands, les croisades, qui mêlent les peuples et révèlent aux Occidentaux des pays dont ils avaient perdu la mémoire, les courses aventureuses des navigateurs italiens et catalans, auteurs de curieux routiers de mer ou portulans, linfluence des Arabes, un retour marqué vers létude de lantiquité, favorisèrent le mouvement intellectuel.
(Foncin, Géographie.)
Mais avec le XIIIe siècle arriva lemploi de la boussole, lune des deux ou trois inventions qui ont hâté la renaissance de lintelligence humaine.
(Schrader, Cartographie.)
Les universités, qui ont fait la gloire et la grandeur de l'Allemagne, y sont encore des centres intellectuels.
(Oger, Allemagne.)
La civilisation dont nous sommes les héritiers est née dans la haute Asie et sur les bords du Nil ; c'est autour du bassin de la Méditerranée qu'elle s'est épanouie. [
]
Cependant le travail de lAntiquité nétait pas perdu, et le calife Al-Mamoun faisait traduite à Bagdad les livres des géographes anciens, particulièrement ceux de Ptolémée, vérifier les points de départ, les mesures primitives, les détails géographiques. On a longtemps cru que ce réveil de la géographie avait été un progrès sur lAntiquité ; en réalité ce fut surtout une copie. [
]
Cependant au XIIIe siècle, un véritable réveil géographique se manifesta dans lEurope chrétienne.
(Foncin, Géographie.)
Ce qui nous intéresse plus particulièrement ici cest le travail intellectuel des écoliers, leur compréhension. Franz Schrader y est particulièrement attentif, au sens où en parle Buisson : « Le plan déducation quils en tirèrent avait pour caractère essentiel de substituer lobservation des choses à létude des mots, le jugement à la mémoire, lesprit à la lettre, la spontanéité à la passivité intellectuelle. » Mais ce nest pas le seul auteur à se préoccuper de la compréhension de ses lecteurs ou des écoliers, Levasseur sen soucie aussi :
[
] en accumulant beaucoup de chiffres d'en rendre l'intelligence moins facile.
(Levasseur, Commerce.)
Ce cours intuitif devant servir dintroduction à létude de la géographie, on en profitera pour donner aux élèves les notions générales nécessaires à lintelligence de cette science.
(Programme de géographie du Canton de Vaud.)
[
] mais on ne parlerait pas encore des rapports entre le climat de lEurope-Asie et la marche des peuples, parce que cela dépasserait la portée actuelle de lintelligence des élèves.
(Schrader, Géographie.)
Le globe géographique est donc très utile dans lenseignement primaire. Il y est dautant plus utile que lélève, moins habitué aux notions géométriques, est moins capable par cela même de leffort intellectuel nécessaire pour transformer la carte. [
]
Ce travail a pour objet de forcer lélève à matérialiser le travail purement intellectuel dont il vient dêtre parlé, de lui montrer nettement la position relative des points observés, de lhabituer à cette transformation de vues perspectives en cartes géométriques qui est le fond, lessence même de la topographie.
(Schrader, Cartographie.)
A de la compréhension, les mêmes mots, intelligence et intellectuel, évoquent aussi le développement intellectuel des écoliers, le développement de leurs connaissances. Ce qui comme le calque ne développe pas lintelligence est rejeté. Les connaissances géographiques doivent contribuer à lintelligence du monde :
Le calque est infaillible, et cest là son principal inconvénient ; il nexige aucune participation de la pensée, aucune étude, aucune initiative intellectuelle [
]
Cest une sorte de dextérité, dhabileté manuelle qui sacquiert sans entraîner avec elle un développement correspondant de lintelligence.
(La rédaction, Calque.)
Avec de très jeunes enfants, le maître indiquera à peine les rapports de cause à effet qui dépassent ordinairement le niveau dune intelligence naissante ; (Levasseur cité par Schrader,) [
]
Notions stériles, creuses, mal placées en un lieu qui ne leur convient pas, dune utilité toute de convention, mais nul profit réel pour lintelligence ! [
]
[La nomenclature] doit se trouver dans lapprovisionnement intellectuel de tout homme instruit, comme se trouvent dans son approvisionnement les mouvements nécessaires à la marche, les mots nécessaires au discours de chaque instant, cest-à-dire que ces mouvements ou ces mots doivent en cas de nécessité se produire comme par un acte réflexe. [
]
Lélève devra (cest la seconde partie de son étude) apprendre à les placer sur la carte, compléter son approvisionnement intellectuel par les notions de relation, de distance, de proximité ou déloignement.
(Schrader, Géographie)
Les moments les plus remarquables dans ces textes sont ceux où le développement intellectuel peut être associé à lidée de plaisir. Nous sommes alors loin de laspect purement pratique et utilitaire des apprentissages scolaires. Larticle Promenades est celui qui se situe le plus sur ce registre du plaisir intellectuel :
Les enfants ne tireraient aucun profit intellectuel et moral dune promenade ou dune excursion si le maître se montrait froid et indifférent. [
]
Le plaisir de la promenade se renouvellera à lécole ; un sérieux profit accompagne toujours un plaisir intellectuel.
(Chaumeil, Promenades.)
Au plaisir facile, péjorativement connoté, soppose donc le plaisir intellectuel, mêlé à la joie dapprendre. Franz Schrader place souvent lenseignement de la géographie sous ces abords radieux :
Les ornements dont on laccompagnait navaient aucune valeur scientifique et nétaient faits que pour le plaisir des yeux. [
]
Et combien la géographie en deviendra plus attrayante ! Combien lélève apprendra avec plus de joie et dentrain quand, au lieu de voir dans la carte, limage dune terre vague et imaginaire, il y sentira le portrait et la ressemblance de la terre sur laquelle il marche, du fleuve au bord duquel il se promène, de la montagne qui se dresse à lhorizon. [
]
Mais pourquoi nessaierait-on pas den faire construire par les enfants eux-mêmes ? Leur esprit et leurs mains ne demandent quà soccuper, la terre et leau ne sont pas rares, il y a là de quoi fabriquer des montagnes, des gorges, des plateaux et des lacs, des îles, des détroits, des canaux ; non point au hasard, mais sur un plan quil serait aisé de leur indiquer et sous la direction du maître qui prendrait autant de plaisir que ses élèves à cette géographie en action.
(Schrader, Cartographie.)
Si cest de la classe que vous lui faites voir le ciel, la terre et la lumière graduelle de la science, il transfigurera cette classe, il y courra avec joie, il sentira que là son esprit souvre. En classe, faites-lui oublier la classe. Cest le seul moyen que plus tard il se la rappelle avec plaisir. [
]
Cette partie de lenseignement est aidée par la prodigieuse facilité des enfants à apprendre de mémoire, et par le plaisir quils y éprouvent.
(Schrader, Géographie.)
Nous avons vu plus haut que Pierre Foncin présentait la géographie comme « une science qui éveille limagination ». Ce vocabulaire qui parle déveil et dépanouissement a aujourdhui un écho particulier après la période des activités déveil à lécole élémentaire dans les années 1960-1980. Il sagit déjà vers 1880-1890 déveiller lattention, mais aussi déveiller globalement les « jeunes âmes ». Le mot « éveil » est alors synonyme dépanouissement de lindividu, du jeune écolier. Lexpression est présente dans plusieurs articles.
Alors lattention toujours en éveil, il faut noter et emmagasiner dans son esprit tout ce quon voit autour de soi, faire immédiatement la part de lillusion et celle de la vérité, remettre tout à sa vraie place, deviner ce quon peut apercevoir, recueillir et interpréter judicieusement tous les indices qui sont de nature à corroborer ou à détruire nos premières suppositions ; en un mot, faire de tête, et, en partie, de mémoire, la carte de ce pays que lon nentrevoit que dune façon si imparfaite et si fugitive.
(La rédaction, Exercices cartographiques.)
Cest assurément un beau spectacle que celui dune jeune âme qui séveille, qui sépanouit en contemplant les merveilles de la nature.
(Chaumeil, Promenades.)
Le tableau 1 permet de voir comment le vocabulaire que nous venons de relever peut indiquer la polarisation de différents centres dintérêts des auteurs darticles en rapport avec la géographie et son enseignement.
Un premier pôle, en haut à droite de ce tableau traité comme une matrice ordonnée, rassemble la thématique de lutilité pratique de la géographie à lécole primaire. Cest pour Foncin une discipline pratique, cest pour Levasseur le souci de démontrer aux enseignants lefficacité économique du libéralisme, cest pour Gaston Meissas, principal auteur des monographies du Dictionnaire, une dimension forte de ses inventaires.
Tableau 1. La géographie entre discipline pratique et éveil scientifique.
Matrice ordonnée de thèmes lexicaux dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson (articles de géographie). Les chiffres indiquent le nombre doccurrence en fonction du classement proposé ci-dessus)
auteursP. FoncinE. LevasseurG. MeissasFélix OgerBuisson et la rédactionF. SchraderChaumeilGéographie, discipline pratique2Utilité économique1016Liberté économique 8Droits du producteur2Liberté politique24Liberté intellectuelle1111Utilité en pédagogie167Pratique des élèves21Intelligence / compréhension13Développement intellectuel1142Plaisir intellectuel des élèves62Éveil épanouissement des élèves122Géographie est une science1
Un autre pôle apparaît en bas et à gauche de la matrice ordonnée (tableau 1). A lopposé de lutilité pratique de la géographie nous sommes ici dans les finalités intellectuelles, scientifiques de la géographie et de son enseignement, les articles de Franz Schrader et celui sur les promenades de linspecteur Chaumeil se situant très nettement sur ce registre.
Entre ces deux centres dintérêt les articles non signés, issus de la rédaction et ceux de Schrader sintéressent particulièrement aux applications pratiques en classe (« utilité en pédagogie »).
En fonction de ces deux ou trois polarisations principales, larticle Géographie de Pierre Foncin paraît très éclaté. Son mode dinventaire le rattache fortement à la géographie des explorateurs et des marchands, mais Foncin définit aussi des ambitions intellectuelles pour la géographie. Les autres auteurs se définissent plus nettement par rapport à ces pôles. Émile Levasseur et Gaston Meissas privilégient lutilité économique de la géographie, la géographie scolaire est un savoir pratique. Inversement Franz Schrader et un pédagogue comme Chaumeil, insistent plus sur les finalités intellectuelles de lenseignement.
Ainsi dès le début de sa phase dinstitutionnalisation, la géographie scolaire subit une tension entre une polarisation du côté de lutilité dun savoir aux fortes dimensions pratiques et une polarisation du côté dun savoir scientifique aux dimensions formatives plus globales.
Mais une autre dimension, celle de la formation patriotique est aisée à mettre en évidence. Les programmes scolaires font de la France lunique objet de la géographie du cours moyen. Les programmations officieuses lui consacrent 16 mois détude contre 5 sur le reste du Monde.
Il y a convergence entre la devise de lAssociation Française pour lAvancement des Sciences, dont Foncin est membre, qui met la science au service de la patrie :
« Par la science pour la patrie »
et la citation que Pierre Foncin, secrétaire général de lAlliance Française met en exergue, en couverture de sa Troisième année de géographie :
« Si nous voulons, nous, Français, conserver une place dans le monde, il faut, par un vigoureux effort, voyager, coloniser, répandre partout notre langue, apprendre les langues étrangères, nous renseigner sur la production de chaque pays. »
Pour Foncin, et pour nombre de ses contemporains, il ny a pas dopposition entre les dimensions pratiques, scientifiques et patriotiques. Elles convergent dans les finalités patriotiques :
« Un amour éclairé qui connaît le fort et le faible de son pays, ladore, tel quil est, mais désire non moins ardemment quil accomplisse de nouveaux progrès
»
4. La pédagogie de la géographie entre injonctions et prescriptions
Si les finalités patriotiques rassemblent la plupart des rédacteurs des programmes scolaires et des auteurs de manuels, nous avons vu que les articles du Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson offrent donc une variété dapproche pédagogique. Il nest pas aisé de décliner les programmes scolaires, de préparer les examens et de mettre en oeuvre la méthode intuitive recommandée par Buisson et la plupart des prescripteurs institutionnels : inspecteurs et revues pédagogiques.
Au sein même du Dictionnaire, que lapproche soit celle des exercices types succédant aux premières monographies dÉtat ou que ce soit celle des articles de pédagogie générale, on ne voit guère dunité autour dune conception partagée de la méthode intuitive. En fait, cest dans les articles de Franz Schrader que lon trouve la réflexion pédagogique la plus développée en géographie et probablement celle qui est la plus proche des attentes de Ferdinand Buisson, même si Schrader se défie de la méthode concentrique partant du proche pour aller vers le lointain, prônée par Levasseur et relevant daprès lui de la démarche intuitive.
4.1. Lenseignement de la géographie selon Schrader
Lapproche intuitive, pestalozienne, prônée par Franz Schrader nest pourtant pas exempte de contradictions ; son article Géographie est répétitif, plus lyrique quargumenté. Dans un premier temps, Schrader sélève contre le « par cur » dinventaires administratifs :
A quoi bon passer un mois sur les anciennes provinces, avec époques et circonstances de leur réunion à la couronne ? Ce nest plus même de la nomenclature géographique, mais de lhistoire, et de lhistoire sans intérêt pour lenfant. Un mois aux ressorts du département, aux divisions militaires, maritimes, ecclésiastiques, etc., cela pendant deux ans de suite ! Notions stériles, creuses, mal placées en un lieu qui ne leur convient pas, dune utilité toute de convention, mais nul profit réel pour lintelligence ! Quen peut-il jamais sortir, de ces mots qui resteront des mots, des conceptions artificielles, enfoncées par force et sans explication possible dans lesprit des élèves ? Cest dans linstruction civique que ces détails administratifs auraient leur place. Là on les accompagnerait de considérations qui les feraient comprendre. Mais dans la géographie, que produiront-ils ? Aucune idée ne sy joindra. Autant vaudrait faire apprendre le français par la récitation du dictionnaire.
(F. Schrader.)
Dans lédition de 1911, il néprouve dailleurs plus le besoin de dénoncer cet apprentissage stérile de toponymes administratifs, peut-être parce quils ont une place un peu moindre dans lenseignement. Mais il persiste à prôner l'apprentissage du vocabulaire préalablement à l'acquisition de son sens, ce qui est à lopposé de la méthode intuitive :
Lenseignement de la nomenclature géographique nous paraît être un des trois points principaux de létude de la géographie. Mais cette nomenclature doit-elle être apprise par cur, ou assimilée par un acte de raison, comme faisant partie dun enseignement total ? A notre avis elle doit être apprise par cur, et fixée dans la mémoire indépendamment de toute autre opération de lesprit. Elle doit se trouver dans lapprovisionnement intellectuel de tout homme instruit, comme se trouvent dans son approvisionnement les mouvements nécessaires à la marche, les mots nécessaires au discours de chaque instant, cest-à-dire que ces mouvements ou ces mots doivent en cas de nécessité se produire comme par un acte réflexe.
(F. Schrader.)
Schrader est pour le par cur. Sur ce point il est nettement plus éloigné de la méthode intuitive que Levasseur. Ce dernier, à la différence de Schrader, ne pense pas que les mots de la nomenclature sacquièrent plus facilement associés à la perception des choses :
Sans doute la vue seule ne suffit pas ; il y a des noms et des définitions quil faut que lenfant apprenne par cur ; mais, autant que possible, il lui faut montrer la chose pour laider à en retenir le nom ; ainsi comprises à laide des yeux, ces définitions se fixeront dune manière plus rationnelle et plus solide dans sa mémoire. On pourrait reprendre à ce propos, en la modifiant, la phrase de Leibnitz : Nihil debet esse in memoria quod non prius fuerit in intellectu.
(É. Levasseur.)
En fait, Schrader semble toujours tiraillé entre le sens intuitif à donner aux savoirs et l'apprentissage de vocabulaire et de listes. Pratiquement, il ne voit que deux solutions pour sortir de ce dilemme, dun côté lalliance de lapprentissage du vocabulaire des nomenclatures à lobservation et la réalisation de cartes, de lautre le primat de la géographie physique dans la description :
La géographie doit enseigner non seulement des noms ; non seulement des rapports de position ; mais encore des choses.
Elle doit toujours faire marcher du même pas la nomenclature, la cartographie, la description physique.
Cette description physique ne sera juste que si on considère la terre et les hommes en action ; la terre par les diverses manifestations de forces que constituent le climat, la végétation, laspect du sol, la physionomie propre de chaque région ; lhomme, par les conditions de culture, dactivité, dagglomération, qui font de lui le principal agent modificateur de la terre.
La nomenclature et la cartographie demeureront stériles dans lesprit de lenfant, si le maître ny dépose en même temps la compréhension claire des conditions où se trouvent réciproquement le globe et lhomme.
Ces notions doivent être éclairées par la vue directe des objets géographiques les plus propres à frapper lesprit de lenfant. Cest en partant de cette base solide que les comparaisons ou les dissemblances pourront lui devenir sensibles, et que les détails se relieront à lensemble.
(F. Schrader.)
Cette contradiction est donc bien présente chez Schrader. Pour tenter de la résoudre, il propose en 1882, à titre dexemple, de faciliter la mémorisation de la liste des sous-préfectures de la Gironde par l'association dune image mentale à chacune des villes :
[ Par exemple, sil sagit dapprendre les noms des départements français, la mémoire ninterviendra dabord que pour assimiler cette phrase : La Gironde, chef-lieu Bordeaux ; sous-préfectures, Lesparre, Blaye, Libourne, La Réole, Bazas.
Sarrêter là serait laisser des noms vides de sens dans une mémoire qui nen ferait pas grandchose. Lélève devra (cest la seconde partie de son étude) apprendre à les placer sur la carte, compléter son approvisionnement intellectuel par les notions de relation, de distance, de proximité ou déloignement. Les exercices au tableau, les voyages sur la carte lui seront là dun grand secours, et le raisonnement pourra venir au secours de la mémoire. Enfin, comme complément, le livre, ou mieux encore, le maître devra donner sur ces noms et sur la région où ils ont été placés en vedette quelques renseignements montrant cette région avec son aspect physique, ses habitants, le caractère propre de son activité terrestre ou humaine, les arbres ou les herbes qui couvrent son sol, les rivières qui la traversent et les particularités de ces rivières, la contexture du sol avec son relief général, etc. Les villes pourront être caractérisées par leur leurs traits les plus frappants, très sobrement, afin que ces traits ne seffacent pas trop rapidement et quils reviennent facilement à la mémoire quand elle les évoquera. Pour prendre un exemple, lélève qui aura appris ces mots : « Gironde, Bordeaux, 215 000 habitants, Lesparrre, Blaye, Libourne, La Réole, Bazas », les conservera sous cette forme précise dans sa mémoire, comme dans un dictionnaire. Mais ses souvenirs lui montreront en regard de ces mots leur position relative, Lesparre vers lextrémité de sa langue de terre, Blaye sur la Gironde, Bordeaux autour du coude de la Garonne, Libourne plus au nord sur la Dordogne, La Réole sur la Garonne à lentrée du département, Bazas tout à lécart, à la lisière des Landes. Enfin, il aura gardé dans son esprit limpression dun département peu accidenté, couvert au nord de vignes et de cultures, au sud et à louest de forêts et de bruyères. Une ligne détangs derrière une plage de sables où la mer tonne sans cesse, où les navires nont quun pauvre abri, le bassin dArcachon. Au centre du département, à vingt lieues de lembouchure du fleuve, une très belle ville, au bord du croissant formé par le large courant vaseux. Beaucoup de grands navires, se chargeant surtout de vin, et descendant vers la mer par un fleuve si large quon nen voit pas toujours les deux bords à la fois. Dans les districts de vignobles, on ne lui aura montré une population remuante, agglomérée, active, fabriquant des tonneaux, foulant le raisin à lautomne. Dans le pays de forêts, un peuple rare, mélancolique, recueillant la résine de la grande pinède, grimpant aux arbres avec une échelle à un seul montant, saignant le tronc dune longue saignée par où coule la sève jusque dans le petit pot de terre placé au bas du tronc.
Cet exemple suffira, nous lespérons, pour éclaircir notre pensée.]
Mais il est évident que les mêmes noms, les mêmes notions se présenteront plusieurs fois et dans des enchaînements divers. Bordeaux, par exemple, sera cité avec ses chefs-lieux darrondissement dans la géographie départementale ; mais il sera cité avec Toulouse ou Agen dans létude de la Garonne ; il sera cité avec Paris, Lyon, Marseille, dans le premier coup dil jeté sur la France ; et si chaque fois à la simple récitation vient se joindre la notion de lieu et la notion de chose, la nomenclature, base précise de lenseignement géographique, finira par représenter non plus de simples mots, mais tout un ensemble dobjets unis, entre-croisés, enchevêtrés dans une sorte de réseau, dont les fils seront les actions réciproques de toutes choses les unes sur les autres.
(F. Schrader.)
Ainsi des images mentales aideraient à acquérir des listes dinventaire de sous-préfectures. Pourtant toute la partie que nous avons mise entre crochets dans la citation ci-dessus est supprimée en 1911 lorsque larticle est republié dans le Nouveau Dictionnaire ; indice probable de son caractère insatisfaisant pour les contemporains, ou du moins pour Ferdinand Buisson et son équipe, ou bien tout simplement nécessité due à la volonté de réduire la longueur des articles. Franz Schrader ne peut tenter de résoudre autrement la question de la place de la mémoire, tiraillé qu'il est, entre son approche pédagogique fondée sur la méthode intuitive et la logique dinventaire quil continue dassigner à la géographie, y compris à lÉcole.
Cest quen 1911, la géographie de Franz Schrader n'a guère changé dans son ensemble. Il reformule toujours dans sa troisième partie de larticle Géographie son souhait que l'enseignement parte des faits , ici les références pédagogiques sont les mêmes que celles de Buisson :
Bacon, puis Comenius, puis Rousseau et les encyclopédistes, puis Pestalozzi et ses disciples, nont cessé de prêcher linstruction par les faits ; [
]
Et cette idée juste, que nous trouvons chez tous les réformateurs de lenseignement peut se résumer ainsi : « Partir du fait et non de la définition ; bâtir sur des choses et non sur des mots ; transformer toute notion en une vision claire ; rendre lenfant acteur dans sa propre éducation. »
(F. Schrader.)
Mais les « faits » géographiques de Schrader ne sont pas les « choses » des leçons de choses de Buisson. Ce ne sont pas des objets de la perception sensible. Ce sont des faits dont le maître parle et non des choses que les enfants voient concrètement, ce sont des objets géographiques que le maître doit leur faire imaginer :
Nous essaierons dabord, cest entendu, de fonder lenseignement du maître sur les faits. Mais ces faits ne seraient pas la classe ou le département [
]
En géographie, partons des faits géographiques.
Le premier mois tout entier, deux mois peut-être, seraient employés exclusivement de la sorte : rien que des récits de faits, [
]
(F. Schrader.)
Dans la dernière partie de son article, Schrader modifie quelque peu ses conseils didactiques ; en particulier il ne critique plus l'usage du livre. Entre temps Schrader est devenu auteur de manuels scolaires, certes très différents de ceux du milieu du siècle. Puis, après avoir repris quelques critiques sur le programme des dernières années du second degré, Schrader conclut son nouvel article par une réflexion écogéographique invitant à réfléchir à « la vie intégrale » et qui remet en cause les conceptions purement utilitaires de la géographie :
La conception du monde moderne relativement aux rapports de la terre et de lhomme est fondée sur le point de vue industriel, non sur le point de vue philosophique : cest à dire que, lhomme est considéré comme lexploiteur naturel du globe, et le globe comme le fournisseur obligatoire de lhomme. De là, lesprit utilitaire qui règne dans la notion de géographie. Il ne peut guère en être autrement à une époque et pour une génération qui a vu le développement si prodigieux des nouveaux moyens dutilisation et la forme nouvelle de civilisation qui en est résultée ne tarderont pas, par lexpérience même quaura produite leur usage, à introduire dans la pensée générale lélément nouveau dont je voudrais dire quelques mots. On a pu se faire pendant un demi-siècle lillusion que les nouveaux rapports de lhomme avec la terre étaient appliqués dune façon naturelle et normale. Un vague malaise de toutes les nations civilisées commence à les avertir quil nen est rien ; ce malaise, dabord diffus, va ou ira se précisant peu à peu ; cest à ce moment que la géographie opérera de façon consciente son évolution nouvelle, que nous devons prévoir pour en faciliter la naissance.
En exposant les rapports des diverses nations entre elles, comme le fait la dernière année de lenseignement secondaire, on admet implicitement que ces rapports sont fondés sur une série de faits stables dont lenchaînement devra produire dans lavenir rapproché des conséquences analogues à celles produites dans le présent. Cest là une pétition de principe que démentent chaque jour davantage les faits observés.
Telle prospérité renferme un germe de mort prochaine ; telle pauvreté actuelle un grand avenir ; et ces évolutions partielles sont toutes fonctions de la vie intégrale de la planète et de lhumanité. Cest donc cette vie intégrale qui devra, dans un avenir plus ou moins proche, prendre sa place dans la géographie en soi, comme lhistologie est venue se placer à la base de létude des corps vivants. [
] A ne vouloir considérer que lutilitarisme immédiat lhumanité nest pas plus raisonnable que lhomme qui, pour ramasser à terre une pièce de monnaie, se ferait écraser par un train en marche. On nous permettra de ne pas insister.
(F. Schrader.).
Cette écogéographie fort inquiète constitue une nouveauté particulièrement intéressante, en décalage avec le culte du progrès industriel et un certain positiviste scientiste. Néanmoins, dans son ensemble l'article a été peu remanié pour lédition de 1911. Rousseau, Pestalozzi, Levasseur et Élisée Reclus restent les références. Curieusement, Franz Schrader n'évoque toujours pas en 1911 le nom de Vidal de La Blache, même pas à propos des cartes murales.
4.2. Des curricula organisés du proche vers le lointain
Cette question de la place de lobservation directe permet de caractériser les différents curricula recensés dans le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson. La plupart des programmes commencent leur curriculum par létude du lieu natal (Heimat) et donc par une approche intuitive. La géographie est dabord une étude du local, ou bien elle fait elle-même partie intégrante de lHeimatskunde (Prusse) avant de se constituer au fil des années d'étude en discipline et détendre ses investigations à la planète Terre (tableau 2). Ainsi sont organisés les programmes en France à partir de 1882, en Bavière, en Belgique, en Prusse et dans les écoles normales de garçons de Saxe-Weimar. À linverse, les curricula commencent par de la géographie générale avant de décliner des géographies « particulières » dans lécole exemplaire de Saint-Louis du Missouri et dans les écoles normales dAutriche et du Jura Bernois.
Sans que ce soit la règle générale, ce qui domine dans les programmes officiels, cest une cohérence fondée sur une pédagogie sensualiste, commençant par lobservation du proche. La référence à la pédagogie fondée sur lintuition est explicite dans les programmes du canton de Berne et dans ceux des écoles normales prussiennes. En France, les programmes promulgués en 1882 font régulièrement référence à la perception, du moins au cours élémentaire :
Méthode
[Lenseignement] est essentiellement intuitif et pratique : « intuitif », cest-à-dire quil compte avant tout sur le bon sens naturel, sur la force de lévidence, sur cette puissance innée qua lesprit humain de saisir du premier regard et sans démonstration, non pas toutes les vérités, mais les vérités simples et les plus fondamentales ; pratiques, cest-à-dire quil ne perd de vue que les élèves de lécole primaire noint pas de temps à perdre en discussion oiseuses, en théories savantes, en curiosités scolastiques et que ce nest pas trop de cinq ou six années de séjour à lécole pour les munir du petit trésor didées dont ils ont strictement besoin et surtout pour les mettre en état de le conserver et de le grossir par la suite.
Programme de géographie. [
] Cours élémentaire
Suite et développement des exercices du premier âge.
Les points cardinaux, non appris par cur, mais trouvés sur le terrain, dans la cour, dans les promenades, daprès la position du soleil. Exercices dobservation : les saisons, les principaux phénomènes atmosphériques, lhorizon, les accidents du sol, etc
Explication des termes géographiques (montagnes, fleuves, golfes, isthmes, détroits, etc
) en partant toujours dobjets vus par lélève et en procédant par analogie.
Préparation à létude de la géographie par la méthode intuitive et descriptive :
1° La géographie locale (maison, rue, hameau, commune, canton).
2° La géographie générale (la terre, sa forme, son étendue, ses grandes divisions, leurs subdivisions).
Idée de la représentation cartographique : éléments de lecture des plans et cartes.
Globe terrestre, continents et océans.
Entretiens sur le lieu natal.
(Programmes annexes au règlement dorganisation pédagogique des écoles primaires publiques
27 juillet 1882,.)
Tableau 2. Lordre des curricula de géographie en 1882, daprès le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Un curriculum allant du proche au lointain (« zoom arrière »)Une nomenclature générale en début de curriculum.France« Zoom arrière » : les nouveaux programmes de 1882 commencent pour lenfant de 2 ans par « demeure et adresse des parents, nom de la commune ».BavièreEnseignement « intuitif », discipline « réale »
« Zoom arrière » : Lieu natal/ province/ royaume/ Europe/ monde.Belgique« Zoom arrière » : Province/ Royaume/ Europe/ Monde.Saxe WeimarDans le cadre des leçons de choses, séparation progressive des sciences naturelles.Prusse (écoles normales)« moyens intuitifs »
Heimatskunde.Saxe Weimar (écoles normales)« Zoom arrière» : Étude du local en premier dans les écoles normales de garçons, mais pas dans celles de jeunes-filles.Prusse« Zoom arrière » : Du proche vers le lointain.Très répétitif.Berne Fondé sur lintuition.Très énumératif. (1868).Jura Bernois (écoles normales)Nomenclature de géographie générale pour commencer.Saint-Louis du MissouriNomenclature de géographie générale pour commencer.Italie (écoles normales)« Zoom avant » : Terre/ Europe/ Italie/ les 4 autres continents.Autriche (écoles normales)« Zoom avant » : Le monde, lAutriche puis le Heimat.
Les paradigmes fondateurs de la géographie de la géographie scolaire
Laccent mis sur lapproche intuitive, les références multiples à Rousseau et à Pestalozzi donnent leur cohérence au Dictionnaire. Mais, cette philosophie et cette conception pédagogique ne sont pas partagées par tous les rédacteurs, on ne les ressent pas à la lecture de Pierre Foncin ou de Gaston Meissas. Elles sont légèrement différentes chez Franz Schrader qui met laccent sur limagination de lélève pour concevoir des « faits » géographiques. Il sappuie sur des cartes du visible, du modelé. En 1882 du moins, il prône un enseignement de la géographie sans livre scolaire, où la parole du maître serait la principale source dinformation. Il abandonne par la suite ce point de vue et est lauteur de manuels de géographie, abondamment illustrés de vignettes qui doivent servir avec le récit du maître à nourrir limagination des écoliers du primaire. Cette sensibilité pédagogique semble partagée avec Élisée Reclus et surtout James Guillaume, principal adjoint de Buisson et auteur de limportant article Pestalozzi du Dictionnaire.
Pourtant la géographie scolaire de lécole de Jules Ferry reste associée à la mémorisation des listes, mythiques exercices de mémoire pour le certificat de fin détudes primaires dont certains de nos contemporains gardent la nostalgie.
[
] La mémoire est un muscle, non un débarras de vieilleries. Rabâche les bizarreries de la grammaire pour que « ça rentre », un point cest tout. Comme depuis plus dun siècle avant toi, pour le plus grand profit de lascension et de la cohésion sociales. En cachette, avec quelques copains, récitez-vous Les Animaux malades de la peste, les stances du Cid. La mémorisation nest pas un crime. Cest sa condamnation sommaire qui en est un. Grâce à elle, lécole de Jules Ferry a fait mieux que des chiens savants pour le certif ou des « bourgeois dans la tête » : elle a fait des gens libres et heureux. [
]
(B. Poirot-Delpech.)
Les pédagogues et les géographes de la fin du XIXe siècle reconnaissaient les difficultés et les limites de ces exercices. Levasseur et Himly recherchaient eux-aussi les moyens pour mieux rompre avec cette géographie scolaire héritée de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle :
24° Recommander aux instituteurs de ne pas faire apprendre les définitions géographiques, mais de se servir de la géographie du département pour faire comprendre, par des exemples connus de lélève, ce quest un cours deau, un confluent, une colline, etc ; [
]
25° [
] éviter les sèches nomenclatures ; accumuler peu de noms propres, décrire et expliquer autant que possible.[...]
(Himly et Levasseur.)
La comparaison du Dictionnaire de 1878 et du Nouveau Dictionnaire de 1911, suggère que la sensibilité de Schrader (privilégiant les cartes topographiques et la description de la nature) laurait emporté sur celle de Foncin, plus porté, comme Gaston Meissas, sur les listes dinventaires économiques. Ceci paraît encore plus manifeste dans le domaine de la cartographie où, dès 1878, Schrader donnait sa cohérence à un ensemble darticles du Dictionnaire. Ces nouvelles conceptions se rapprochent de la méthode intuitive. Certes, la cohérence du Dictionnaire nest pas totale, mais elle contribue à faire évoluer limage de la géographie pour les contemporains non-spécialistes. À lexercice de mémorisation et à la carte administrative qui perdurent, viennent sajouter, dans les dernières décennies du XIXe siècle, la carte topographique et la leçon de choses.
On définira le « moment Buisson » sous la dénomination symbolique du Directeur de lEnseignement primaire comme celui dune réorientation pédagogique de la géographie enseignée à lécole primaire. Après la réorientation des contenus dans les années 1860-1880, que lon a qualifié de « legs Levasseur », Ferdinand Buisson et ses collaborateurs introduisent vers 1880 une nouvelle inflexion caractérisée par la théorisation de la méthode intuitive. La géographie scolaire devient une « leçon de choses » . Le « moment Buisson », comme celui de la cristallisation dune sorte de nouveau paradigme pédagogique pour lenseignement de la géographie à lécole primaire.
La méthode intuitive et les leçons de choses en seraient les drapeaux, plantés sur des pratiques et des routines beaucoup plus diverses. Car cette géographie associe de façon contradictoire, mais non perçue en tant que contradiction, inventaire du monde et référence à la méthode intuitive.
À défaut dobservation directe, les cartes, permettent de « chosifier » un réel de substitution. La parole du maître, les petites vignettes des livres, les projections lumineuses offrent quelques possibilités dobservation médiatisée. Mais le plus souvent les images qui doivent nourrir limagination des enfants présentent des panoramas types plutôt que des paysages singuliers supports dune éventuelle démarche inductive. De plus et même temps, ce moment fondateur de lécole obligatoire, et de la géographie obligatoire, perpétue, parfois à regret, la tradition des listes dinventaire.
Cette géographie sinstitutionnalise à lécole primaire avant létablissement de la géographie universitaire française, mais elle nest pas coupée, loin sen faut, des géographes contemporains et de leurs savoirs savants ni des curiosités ou des intérêts pratiques de la société du XIXe siècle (tableau 3). Ainsi se cristallise le début dune phase que lon pourrait qualifier de « classique » de la géographie scolaire dont lunité proclamée ne peut cacher la variété.
Chronologiquement, la vieille géographie géographie « administrative » qui présente les divisions administratives et politiques a dabord été complétée par la géographie « économique », et la géographie des bassins et des hydronymes a cédée la préséance à la géographie des montagnes et à la nomenclature des reliefs. Ceci ressemble aux superpositions que M.-C. Robic observe dans les pratiques cartographiques au tournant de ces deux siècles : « ce sont des superpositions de genres géographiques qui saccumulent sans jamais disparaître, sinon des programmes du moins des enseignements ».
Tableau 1. De la géographie de lAncien régime aux paradigmes de la géographie de la IIIe République
Lécole primaire et la géographie : de lancien régime à la modernitéLes nouveaux paradigmes de la géographie à lécole primaire au moment « Buisson »De la fin du XVIIIe siècle
à 1867De 1867 à 1881Acteurs de la politique scolaireLes pionniers :
Guizot, FallouxLes fondateurs :
Duruy, FerryStatut scolaire de la géographieMatière balbutiante dans lenseignement primaireDiscipline consubstantielle de lécole primaireRéférence dans les autres pôles du champ de la géographieDécouverte
Colonisation
Commerce
Géographie historiqueDécouverte
Colonisation
CommerceGéographes de référenceMalte-Brun, Balbi
Ritter, Reclus
Rapport aux géographes de référenceCe sont principalement les auteurs de livres de géographie scolaire qui se recopient entre eux.Levasseur a un rôle déterminant mais ne se définit pas comme géographe Foncin, Schrader sont actifs et se définissent comme géographes.
Les géographes savants les plus cités sont Ritter et Reclus.Méthodologies revendiquées Inventaire et classification.Méthode déductivePédagogues de référenceAbbbé Gaultier,
Meissas et MichelotRousseau, Herder, Tpffer, Pestalozzi, Buisson, les clubs alpins.Outils et méthodes scolaires caractéristiquesProcédés catéchistiques
Procédés ludiques
Premières de descriptionsCarte
Pédagogie intuitive : Leçon de choses
Et toujours la mémorisationFinalités de la géographie scolaireFaire des humanités.
Connaître le monde
La géographie est moraleConnaître le monde
Éduquer au monde moderneRapports primaire / secondaireLe primaire et le secondaire : deux mondes distincts.Lenseignement primaire est proche des préoccupations des précurseurs de lenseignement secondaire spécial
Les finalités pratiques et idéologiques de la géographie scolaire portent à la fois la connaissance de son lieu natal, de sa patrie et du monde. Une finalité plus éducative ouvre à une réflexion sur les rapports des sociétés au Monde. Une double polarisation de lécole primaire apparaît ainsi, entre utilités éducatives et finalités intellectuelles. elle est aussi visible dans dautres oppositions que lon peut repérer au sein du Dictionnaire de Ferdinand Buisson : opposition entre la « Lecture-écriture » et lenseignement des Lettres via le français ; entre le dessin linéaire et les arts plastiques ; entre le calcul et les mathématiques
Cette tension entre un modèle populaire, reproductif, à base de savoir-faire et un modèle intellectuel, grand bourgeois, esthétique, symbolique est nette. Elle sinfléchit doucement en faveur du deuxième modèle au fur et à mesure que lidée décole unique triomphe du modèle juxtaposant une filière primaire et une filière secondaire.
Livre troisième
Les configurations de la géographie scolaire et lécole primaire au vingtième siècle.
Regardons les murs ce sont les murs de la caverne préhistorique où plongent nos radicelles dans les eaux prénatales. Chaque image compte et va nous ouvrir un horizon perdu. Gloire à Vidal de La Blache qui signait dans le coin en haut, à gauche, la carte muette de la France suspendue par deux illets de cuivre et sur laquelle, en indiquant le tracé bleu du bout de la règle, il fallait se rendre, par eau douce, de Toulouse à Strasbourg, ou de Roanne à Rouen. Merveilleuses flâneries au long des canaux, avec bon point au terminus.
Le pendant de cette France muette, dans mon souvenir, de lautre côté de la porte, est une carte historiée composée de trois fresques en longueur superposées, et sintitulant, du haut en bas : « région torride », « région glaciale » et « région tempérée » (la nôtre). On avait placé là, dune part, tout ce qui fait notre bonheur : un petit village, une rivière, une île, un cerisier, des bufs, des moissons, et dautre part, le grand bric-à-brac exotique de nos rêves ou de nos cauchemars : les lianes, les lions, luf dautruche, le crocodile, et les singes qui se balancent (tout cela est torride), et les phoques, les ours, liceberg du Titanic, les Esquimaux, la peau de lours (tout cela est glacial)
(Gaston Bonheur.).
De même que le Dictionnaire de Ferdinand Buisson fonctionne comme un mythe fondateur de la pédagogie de lécole de la IIIe République, de même il existe limage dune Belle époque de lécole primaire et dune géographie poussiéreuse et dorée qui sy enseignait. Gaston Bonheur lorsquil rassemble ses souvenirs des jeunes écoliers, évoque les cartes de Vidal de La Blache et le « gentil Foncin » qui raconte une géographie douce :
Lavisse chante les Gaulois. Foncin flâne au flanc dune colline. Cest le belvédère idéal doù lon peut contempler les calmes horizons. plus quun géographe, avec le recul, il mapparaît comme un berger. Un berger qui serait devenu un monsieur, qui porterait redingote et barbiche, mais qui nen resterait pas moins un berger ayant, comme Hamlet, des nuages pour moutons.
Quand je dis Lavisse, ou Foncin, cest pour simplifier : cest lauteur par excellence dans son genre.
Le globe terrestre trône sur larmoire, les fées géographes font souffler les vents et lhexagone sacré est fier de ses fleuves :
La France a quatre enfants : trois filles, la Seine (qui lui donnera bien des satisfactions), la Loire (paresseuse), la Garonne (rieuse), et un garçon (turbulent) le Rhône. Sans compter un enfant adultérin, disputé, objet de toutes nos querelles et de tous nos procès : le Rhin.
Le cinéma ambulant apporte quelques images animées de lailleurs dans les villages. Mais les enfants des campagnes et des villes doivent simaginer le monde à partir dun petit nombre dinformations :
Notre géographie, comme notre histoire, il nous fallait la fabriquer dans le petit périmètre de lécole buissonnière.
Nous disposions dune montagne qui culmine à 500 mètres, le mont Alaric ; dun fleuve côtier, lAude, dun petit affluent local, la Bretonne, et de quelques maigres sources dans nos coteaux rocailleux. Mais cétait assez pour imaginer le grand monde, ses jungles, ses déserts.
Le local est mobilisé pour imaginer les contrées lointaines. Mais pour retenir la liste des départements il ne reste que les procédés mnémotechniques les vers rimés qui ne sont pas améliorés depuis que les vers artificiels utilisés au XVIIIe siècle :
Le lendemain, avec la litanie des départements et des sous-préfecture, la classe retrouvait ses accents incantatoires. Et la « mnémotechnie » composait détranges chapelets de petites villes ignorées qui nétaient pour nous que des noms :
LYonne, chef-lieu Auxerre
Sous-préfectures : Joigny, Avallon, Sens, Tonnerre.
Nous retenions, littéralement, « avalons sans tonnerre ». une espèce de défi au ciel, de toast barbare porté par Clovis, avec son hanap, du côté des champs Catalauniques.
Les leçons se compliquaient encore des affluents de la rive gauche (le Gers, la Save et la Baïse), des monts qui culminent, des méandres qui louvoient (exclusivité de la Seine), des estuaires ensablés, du col de la Faucille et du ballon de Guebwiller.
Et cette mer, la plus exaltante de toutes celles qui nous baignent, avec ses crevasses sans fond et son front têtu qui avance inexorablement, la mer de Glace, où nous avions rêvé, avec M. Perrichon, de planter notre alpenstock.
Sans le secours daucun Coppée, daucun Prudhomme, lécole , affrontée à tant de prodiges, faisait alors des vers.
Nous avions assorti, à cause de la rime, ces deux alexandrins disparates (et purement mnémotechniques) :
La moutarde est un pot quon remplit à Dijon
La Loire prend sa source au mont Gerbier-de-Jonc
La géographie, existe aussi hors la leçon de géographie. À lécolier imaginatif, le syllabaire, le livre de lecture ou les romans de Jules Verne procurent mille occasions de voyages merveilleux, immobile sur son banc de classe. Cette image de la géographie scolaire est largement partagée. Une géographie dorée et poussiéreuse, des savoirs qui entrouvrent une porte sur le monde et qui inculquent linventaire du pré carré de la patrie, De multiples autobiographies la déclinent, les musées de lÉducation lexposent régulièrement dans des salles de classe reconstituées. Curieusement on a limpression quil sagit dune géographie unitaire fondée sur une sorte dépistémologie scolaire unifiée. Probablement parce que lon a limage dune école stable dans une société française encore largement rurale et peu bouleversée. Sûrement aussi parce que lon associe cette géographie scolaire a la période « classique » de lécole française de géographie inspirée par Vidal de La Blache.
Nous présenterons dans ce livre troisième ces deux premiers tiers du vingtième siècle, où après le « moment Buisson », la géographie scolaire apparaît fortement articulée avec la nouvelle géographie universitaire.
Une tentative pour combiner la méthode intuitive et une géographie vidalienne « gauchie »
Si la période 1867-1881, celle de Levasseur, Foncin et Schrader, peut-être considérée comme la phase fondatrice de la géographie à lécole primaire, succédant au temps des pionniers du début du XIXe siècle, la période qui sétend pendant presque un siècle, des programmes de 1882 jusquaux instructions des années 1960 sur le tiers temps pédagogique, peut-être qualifiée de période « normale » au sens de Kuhn dans la mesure où lon conçoit quil existe des paradigmes scolaires au même titre que des paradigmes scientifiques, et en se fondant plus sur limage dune discipline scolaire unifiée que sur léclectisme de ses références et de ses pratiques. Après le « moment Buisson », le vingtième siècle apparaît jusque vers 1960 comme celui dune grande proximité entre la géographie universitaire et la géographie de lécole primaire.
La combinaison, entre la géographie à lécole et la géographie universitaire de référence, semble seffectuer dautant plus intimement que lépistémologie du mixte qui caractérise la géographie vidalienne apparaît de même nature que la géographie de lécole primaire qui juxtapose sans vergogne : références à la méthode inductive liée à lobservation et nomenclature de géographie générale.
Nous proposons trois entrées pour explorer cette période. Tout dabord, létude des références savantes de la géographie pratiquée à lécole primaire sera centrée autour de létude dun livre : le Vade-Mecum pour lenseignement de la géographie de René Ozouf, afin dy explorer les réseaux de références scientifiques et pédagogiques. Ensuite nous verrons comment les pratiques monographiques semblent faire un pont ou une continuité entre la pratique scientifique du terrain et les injonctions didactiques faites aux maîtres. Enfin, nous resituerons la place dimportance tenue par la géographie au sein du modèle éducatif de lenseignement primaire durant ces deux premiers tiers du vingtième siècle.
Si le nom de Vidal de La Blache est absent en 1911 du Dictionnaire de Pédagogie et dinstuction primaire Ferdinand Buisson, linfluence de lhomme et de ses disciples, en particulier dAlbert Demangeon, est considérable sur lécole primaire. Ceci est dû aux liens nombreux qui se nouent entre les enseignants du primaire et lUniversité, et ce à une période où les instituteurs sont issus de la filière de lenseignement primaire qui jusquà 1941 ne débouche pas sur le baccalauréat et donc aurait dû les marginaliser par rapport à lévolution des idées dans lenseignement supérieur. Ces liens entre les géographes de lUniversité et lenseignement de la géographie à lécole primaire peuvent sobserver, dun côté, au travers de lintérêt quils manifestent, à cette époque, pour lenseignement de la géographie dans les écoles primaires comme dans les lycées et collèges, de lautre côté, par les références scientifiques de la géographie de lécole primaire, et dans les deux sens, par les liens personnels entre les acteurs de ces différents ordres denseignement et par la diffusion des novations scientifiques dans lenseignement.
Des conférences de 1905 au Musée pédagogique jusquaux initiatives particulièrement nombreuses à la fin des années 30, le pôle universitaire de la géographie, la géographie des savants et des thèses, et le pôle scolaire de la géographie, en particulier son versant enseignement primaire, sont de plus en plus en étroite symbiose.
Chapitre 6.
La géographie à lécole de lUniversité.
Références savantes de la géographie à lécole primaire
dans la première moitié du XXe siècle
La géographie, installée dans lenseignement primaire avant linstitutionnalisation de la discipline dans les universités françaises, sarticule, pendant cette première partie du vingtième siècle, de plus en plus avec le développement de la géographie scientifique qui sintéresse particulièrement à lenseignement.
Nous allons voir dans une première partie comment les géographes vidaliens sintéressent à lenseignement de la géographie et les limites de leur influence. Dans une deuxième partie nous verrons ensuite comment dans les années trente cette influence sétend considérablement. Dans un premier temps nous serons particulièrement attentifs à Paul Vidal de La Blache, Paul Dupuy et Lucien Gallois, dans un deuxième temps à Albert Demangeon, Maximilien Sorre, René Ozouf et Lucien Gachon.
Rappelons tout dabord rapidement le contexte à la fin du XIXe siècle. De 1860 à 1900, dans les expositions universelles, comme dans les congrès géographiques lenseignement de la géographie tient une place importante. Ainsi Vidal de La Blache est le président de séance du groupe qui débat de la « géographie pédagogique » lors du Congrès international des sciences géographiques en 1889. Pendant 5 jours déminents géographes débattent de questions denseignement. Camena dAlmeida y fait un exposé sur le rôle de lenseignement supérieur de la géographie et linfluence quil est appelé à exercer sur lenseignement aux autres degrés. Les congressistes sont unanimes pour insister sur lutilité de lenseignement de la géographie physique générale dans les établissements dinstruction secondaire.
Sur la question des méthodes denseignement applicables dans les établissements denseignement secondaire et primaire ; du matériel denseignement et de son emploi rationnel, Paul Dupuy prend nettement ses distances avec la méthode intuitive « importée dAllemagne en 1878 par M. Levasseur ». Il veut revenir à la géographie générale, ce point de vue est combattu par Hennequin, Laubert et Torre Campos. Du Fief cherche à concilier les points de vue.
De part son rôle de professeur suppléant à lÉcole normale supérieure dinstitutrices, Paul Dupuy est très attentif à lenseignement de la géographie à lécole primaire. Il collabore aussi à la rédaction de la Troisième année de géographie de la collection Foncin chez Armand Colin. Pierre Foncin le précisait dans sa préface :
En terminant, nous sommes heureux de pouvoir présenter publiquement à nos lecteurs un collaborateur qui nous a puissamment secondé dans notre travail, en réunissant des matériaux précieux et en puisant aux sources les plus sûres dutiles informations, M. Paul Dupuy, agrégé dhistoire et de géographie, maître-surveillant à lÉcole normale supérieure, professeur suppléant à lÉcole normale supérieure dinstitutrices, lun des maîtres les plus distingués et déjà les plus savants de notre jeune Université.
(P. Foncin.)
Un jeune maître-surveillant à lécole normale supérieure s intéresse aussi à lenseignement primaire, il sagit dAlbert Demangeon qui collabore à la revue Le Volume destinée aux instituteurs. Il y publie des articles pédagogiques. Le maître, Vidal de La Blache, sintéresse surtout à lenseignement secondaire qui tient une place décisive dans la constitution de la nouvelle géographie en tant que discipline universitaire. Les livres scolaires quil rédige visent le public des lycées et ses propos pédagogiques (Conférences de 1905) sadressent principalement aux professeurs de lycées. Pourtant, il ne néglige pas totalement lenseignement primaire, ses premières cartes sont destinées aux jeunes écoliers et diffusées dans les écoles primaires.
Les instituteurs suivent alors un cursus de formation (école primaire - école normale dinstituteurs) qui les place à lécart de luniversité, les liens sont nombreux entre lenseignement primaire et luniversité.
Dune façon « descendante », on notera que ce sont des géographes de renom qui enseignent dans les deux écoles normales supérieures primaires (Fontenay et Saint-Cloud) où sont formés les futurs professeurs décoles normales, qui, à leur tour, forment les instituteurs. Paul Dupuy est surveillant général à lENS de la rue dUlm et enseigne à Fontenay. Pâquier est professeur au lycée Saint-Louis, membre de la Commission centrale de la Société de géographie, il enseigne aussi à Saint-Cloud. De nombreux géographes célèbres, Demangeon, Max Sorre, par exemple, sintéressent à lenseignement de la géographie et plus particulièrement à la géographie enseignée à lécole primaire. Dune façon « ascendante », on verra que la géographie est souvent la voie de promotion de normaliens du primaire et de jeunes instituteurs, cest le cas célèbre de Maximilien Sorre, normalien primaire, passé par Saint-Cloud, professeur duniversité et enfin Directeur de lenseignement primaire. Nombreux sont les géographes universitaires ainsi issus des écoles normales primaires, ne citons que Lucien Gachon dont nous verrons lengagement pour la géographie à lécole élémentaire. Il faut dire que pendant longtemps les études universitaires de géographie étaient plus ouvertes aux bacheliers issus des écoles normales primaires que les études dhistoire où lapprentissage du latin dans le secondaire classique était discriminant.
Pour conduire notre analyse des rapports entre la géographie scolaire et la géographie universitaire nous marquerons deux temps : le premier au début du siècle, des conférences de 1905 aux programmes de 1923, le deuxième dans les années trente et quarante.
Des conférences de 1905 au Musée pédagogique jusquaux initiatives particulièrement nombreuses à la fin des années 30, le pôle universitaire de la géographie, la géographie des savants et des thèses, et le pôle scolaire de la géographie, en particulier son versant enseignement primaire, sont de plus en plus en étroite symbiose.
1. Des conférences au Musée pédagogique de 1905 aux programmes de 1923 : lécart maintenu par le primaire
Louis Liard organise en 1902 au Musée pédagogique des conférences sur lenseignement des mathématiques et de la physique, puis en 1905 des conférences sur lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Quest-ce qui explique ces associations de disciplines ? Est-ce lidée que lenseignement des math et de la physique doit devenir de plus en plus concret ? Est-ce que lenseignement des sciences naturelles et la géographie devraient se fonder dans les deux disciplines sur lobservation directe ? Alors lenseignement secondaire classique, ou du moins les classes de la sixième et la troisième, devrait sinspirer des mêmes principes pédagogiques que lenseignement moderne et lenseignement primaire supérieur.
1.1. Les conférences de 1905 :propos convergents duniversitaires
En effet, ces conférences ont pour principal objet lenseignement secondaire. Cest à partir du programme de 1905 que la géographie est enseignée en classe terminale de philosophie et de mathématiques, ce qui nétait pas auparavant le cas à la différence de lhistoire. Vidal de La Blache y fait une conférence à dimension épistémologique, Gallois présente les programmes de lenseignement secondaire et Dupuy se centre sur les questions pédagogiques.
Vidal de La Blache propose ainsi un « canevas » densemble « depuis les classes d'enfants de 9 à 10 ans jusqu'à celles des jeunes gens de 15 à 16 » ; implicitement, il vise principalement l'enseignement secondaire et il semble peu se préoccuper personnellement de lenseignement primaire. Ce souci de proposer un enseignement pour les enfants des classes aisées qui fréquentent cette filière scolaire est dailleurs manifeste dans la conférence de Lucien Gallois du 16 mars :
[
] il me semble que le meilleur moyen est de se demander tout simplement, sans parti pris, ce quil est souhaitable quun garçon qui sort du lycée à dix-sept ans ou dix-huit ans sache en fait de géographie, quelle que soit la carrière à laquelle il se destine.
Je crois quil faudrait que nos élèves eussent des notions sommaires, mais aussi exactes que possible, sur létat politique et économique du monde actuel. Si, comme on ne peut le nier, les intérêts économiques tendent de plus en plus à régler les rapports entre les peuples, nest-il pas indispensable que le plus grand nombre, parmi ceux qui constitueront la classe instruite de la nation, ait lesprit ouvert à ces questions.
Il ne sagit pas ici de repérer à travers les propos des géographes les caractéristiques sociales qui différencient lenseignement primaire de lenseignement secondaire mais dapprécier quelle peut être linfluence de Vidal et de ses collègues de la Sorbonne sur la géographie enseignée dans la filière du primaire.
Après sa thèse, les premières publications de Vidal de La Blache ont été les cours quil donne à Nancy et à Paris à lÉcole normale supérieure de la rue dUlm et à celle de Fontenay, qui reçoit les futurs professeurs des Ecole normales primaires de jeunes filles, donc il forme les futurs formateurs des institutrices du primaire. Il leur enseigne la géographie et le recueil de ses leçons est publié en 1883. En 1907 il développe ses conceptions pour lenseignement primaire dans une série darticles du Manuel Général de lInstruction primaire. Il y montre que lenseignement de la géographie doit être fondé sur lesprit dobservation et doit prendre son point de départ et ses termes de comparaison dans létude des réalités voisines de lenfant, cest-à-dire la géographie locale, reprenant, comme nous allons le voir, des idées déjà avancées par Paul Dupuy lors des conférences de 1905.
Linfluence de la géographie inspirée par Vidal de La Blache se traduit tout dabord par un premier infléchissement donnant un poids plus grand à la géographie physique, intérêt que nous avions déjà noté chez Franz Schrader. Pourtant Lucien Gallois à loccasion des conférences de 1905 décline toujours une conception ternaire de la géographie, celle que nous avions déjà rencontrée au XIXe siècle : géographie économique, géographie humaine et géographie physique. À noter que lexpression de « géographie humaine » avait été introduite dans la géographie française par le groupe des « vidaliens ». Gallois souligne limportance de cette dernière :
Ce nest pas seulement parce que la géographie économique et la géographie humaine ont besoin de sétayer constamment sur des notions de géographie physique quil est nécessaire de les introduire dans lenseignement, cest aussi parce que la géographie physique a son intérêt en elle-même, et quil ny a pas de raison pour quun homme instruit ignore tout ce qui sest fait depuis un demi-siècle dans ce domaine.
(Lucien Gallois.)
Cette importance de la géographie physique nest pas une nouveauté, elle était déjà soulignée dans les années 80, en particulier par Drapeyron, ceci conduit dailleurs Vidal à émettre quelques mises en garde pour que la géographie humaine ne soit pas quun « épilogue » dans lenseignement. Mais il est clair dans ses propos que la géographie physique est le « fondement » :
Cela dit, je crois que la géographie humaine se recommande à lattention particulière des maîtres de nos lycées. Faut-il beaucoup craindre une réaction excessive en faveur de la géographie physique dans nos classes ? Je ne sais ; en tout cas la géographie humaine ne doit pas être traitée comme une sorte dépilogue. Si elle a pour fondement la géographie physique, elle est elle-même le support des faits économiques qui sont la règle de la vie moderne. Elle ajoute le témoignage des conditions naturelles et du milieu à celui que les langues et lhistoire fournissent pour la connaissance des sociétés humaines. Or cette connaissance est le fond de notre éducation classique.
(Paul Vidal de La Blache.)
Sur le plan pédagogique Gallois prend position, à linstar de Schrader dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson, contre la nomenclature apprise de mémoire :
Revenons à nos programmes. Pour les classes élémentaires, je dirai tout dabord quils me paraissent excellents. Ils permettent de sadresser constamment à lintelligence de lenfant, et, dès le début il ne faut pas hésiter à y faire appel. [...]
Il faut restreindre la nomenclature dans les classes - et les examens - à un minimum, il faut surtout se pénétrer de cette idée que lélève retiendra dautant plus les noms indispensables quils lui rappelleront une explication, une remarque faite.
(Lucien Gallois.)
Ceci concerne les classes élémentaires des lycées tout comme les classes élémentaires de la filière de lenseignement primaire. Cette question du « par cur » est largement débattue lors de la discussion qui suit les exposés. Louis Gallouédec, futur inspecteur est alors professeur au lycée Charlemagne et auteur de manuels scolaires. Il pense que lapprentissage de la nomenclature dans les petites classes est un préalable :
Pour ma part, en ce qui concerne les classes primaires et élémentaires, je suis un peu en désaccord avec M. Gallois sur une des idées quil a exprimées dans sa conférence. [...] En résumé je souhaiterais que, dans les classes élémentaires et primaires, la nomenclature tint une place importante, quelle y fût lobjet principal denseignement. Dans le premier cycle, au contraire, il convient de faire aux idées générales une place plus grande.
(Louis Gallouédec.)
Cette question de la nomenclature, apprise de mémoire, est donc loin de faire lunanimité et elle va continuer, des décennies durant, à faire problème. Paul Dupuy sest lui-même essayé à faire quelques leçons dans la classe de sa fille. Il répond à Gallouédec en sappuyant sur cette expérience. Il défend, sur la question de lapprentissage par cur de la nomenclature, un point de vue proche de celui de Schrader :
Je suis donc ardemment attaché à ce principe que, en ce qui concerne lenseignement élémentaire, il faut, tout en ne sacrifiant pas la nomenclature, sattacher à ne pas faire de cette nomenclature le fond même de lenseignement, mais la faire intervenir uniquement à propos dexercices socratiques comme ceux dont je parlais, quitte à faire autant de fois quon le jugera utile, ou que les circonstances le permettront, des exercices de vérification, pour mieux sassurer que sur la carte muette ou dans leur mémoire ils ne feront pas de grosses fautes comme celle que lon nous signale. [
] Jestime par conséquent que ce serait une erreur, lorsquon à affaire à des commençants, que de sattacher avant tout à développer la mémoire.
(Paul Dupuy.)
Dupuy qui en 1889 se déclarait largement hostile à la méthode intuitive se fait, en 1905, le promoteur de la méthode inductive :
Cette méthode est avant tout inductive : il faut apprendre à voir, à voir exactement, commencer par lobservation, passer par la comparaison, pour arriver à la généralisation. [...] La géographie locale apparaît donc comme une préface et un accompagnement nécessaire de tout enseignement de géographie générale ayant un caractère réellement éducatif.
Les mots différent, la notion de méthode intuitive renvoie à lactivité perceptive, celle de méthode inductive renvoie à lactivité intellectuelle allant du général au particulier. Mais les références au regard et à la perception sont nombreuses chez les tenants de la méthode inductive ce qui induit une certaine contamination réciproques des deux concepts.
Lors du même cycle de conférences au Musée pédagogique, Gallois évoquait aussi, le regard sur le monde. « Il faut habituer lenfant à bien voir, à voir intelligemment, qualité qui nest pas commune. » Mais cest Paul Dupuy qui, dans sa conférence, huit jours plus tard, insiste le plus nettement sur le rôle pédagogique de lobservation en géographie.
La géographie locale, toutes les fois que les conditions où lon se trouve permettent den faire un exercice dobservation directe, devrait être lâme des études de géographie. Cest à peine si nos programmes y font une allusion pour les tout petits des classes préparatoires et élémentaires, avec le souci évident darriver le plus vite possible au dessin des cartes et à ce quon appelle « lintelligence des termes géographiques ». Or avant tout terme géographique, il y a un fait à connaître et à comprendre qui est essentiellement géographique : cest comment on peut vivre, comment lélève et ceux qui lentourent peuvent vivre sur le coin de terre où ils sont placés. Il nest aucun lieu au monde qui ne se prête à cette étude : commencée par de simples constatations, elle peut se prolonger à travers presque tout le cours des études, en sadaptant aux progrès des connaissances comme à celui des facultés intellectuelles. Faite dabord sans carte, et sans souci de la carte, elle finit par conduire à lusage et à lintelligence de la carte topographique à grande échelle ; elle doit être le support de toute connaissance vraie de la géographie générale, en rendant sensible, non pas seulement le rapport de la géographie entière et des sciences dont elle se nourrit avec les réalités vivantes dont lobservateur fait partie lui-même. Ces études de géographie en plein air commencent à prendre une grande place dans la pédagogie américaine : quel que soit le programme de géographie de la classe, nombre de professeurs considèrent comme indispensable que leurs élèves reprennent, pour ainsi dire, pied plusieurs fois par an dans la géographie directement observable, au moyen dexcursions préparées. Cest un procédé denseignement qui, transporté chez nous, serait assurément conforme à ceux que nous voyons préconiser pour les sciences expérimentales et naturelles ; il aurait, en outre, ce très grand avantage dintroduire dune manière véritablement efficace dans lenseignement la notion si importante du temps comme facteur géographique. [
]
(P. Dupuy.)
Mais Dupuy, à la différence de Schrader ne va pas chercher ses références chez Rousseau et Pestalozzi à linstar des pédagogues du Dictionnaire de Ferdinand Buisson. Cette absence de référence est à souligner. Surtout si lon compare les conférences de 1905 en France avec le discours tenu à Edimbourg en juillet 1906 par le professeur Alexander Darroch à loccasion de linauguration de la Outlook Tower. Léminent professeur britannique y développait les principes de lenseignement de la géographie. Ses propos nous rappellent plus les conférences faites aux instituteurs que les séances du Musée pédagogique :
Now the best method of imparting geographical knowledge is to go direct to Nature and learn from direct observation the causal interaction of physical fact to physical fact, and how the natural and physical features of a country or district determine the social and economic life of the people. This was the method of Rousseau; still more so was it the method of that much greater educationalist, Pestalozzi, in the teaching of Geography. [
]
In our present-day teaching of Geography this method of going direct to Nature should be employed wherever possible, and especially in the earlier stages, and any other method must be judged good or bad according as it approximates or falls short of the direct method.
But under the altered conditions of our time, and especially in our larges towns, the method of going direct to Nature can be followed only to a limited extend, and further the method has limitations itself which makes its consistent use inapplicable under existing conditions, for it is obvious that the direct method is always limited by the narrow range of childs environment.
(Alex. Darroch.)
Mais à Paris, au Musée pédagogique, si Rousseau et Pestalozzi ne sont pas cités, la place de létude du local est mise nettement en évidence. Dupuy partage les conceptions pédagogiques exposées par Vidal de La Blache le 16 mars. Vidal y avait alors souligné le double intérêt de létude du local en géographie, à la fois une propédeutique de la géographie générale, mais aussi une démarche pédagogique fondée sur lobservation :
Ce serait, par exemple, faire fausse route que dintroduire des chapitres spéciaux de géologie comme préliminaires à létude de la France. Il sagit de faire connaître à lélève le pays quil habite, la terre dont se sont formés nos habitudes, notre richesse, en partie notre histoire : commencer par des classifications de terrains primaires, secondaires, etc., cest détourner son esprit vers des notions dont la réalité lui échappe, qui ne représentent pour lui, au moment où vous lui exposez, rien de concret et de vivant.
Évitons tout appareil pédantesque, et songeons à ce que réclament lintelligence et la curiosité de lenfant. Son expérience est à peu près nulle ; lidée ne lui est pas venue de rapports et denchaînements entre les faits quembrasse son horizon ; mais sa curiosité est très susceptible dêtre éveillée sur ces questions. Cest toutefois à la condition denraciner en lui le sentiment quil sagit de réalités vivantes, de faits quil a vus sans les remarquer, ou dautres faits qui offrent des analogies mêlées de différences, en tout cas des rapports, avec ceux qui tombent sous son expérience directe.
La plupart nont pas vu de hautes montagnes ; mais il nest pas impossible de trouver dans les formes de terrain qui leur sont familières les éléments capables de leur donner au moins une idée des Alpes ou des Pyrénées. Un jeune Français na pas vu un fleuve tropical ; mais un maître habile saura lui expliquer, à laide de ce que sa petite observation peut atteindre, ce quest un fleuve tropical. Il importe quil le fasse ; car si lélève simagine le Sénégal ou un Congo en tout semblable à nos rivières de France, il ne comprendra rien aux modes dexistence des hommes qui habitent sur leurs bords.
Quand une fois son esprit dobservation aura été éveillé et sa curiosité mise en branle, cest lenfant lui-même qui réclamera plus dexplications. Il se reconnaîtra dans un monde sur lequel même sa modeste expérience personnelle peut dire son mot. Les notions géologiques nécessaires pour donner une idée des formes du sol, les notions météorologiques propres au régime des cours deau, nauront plus rien pour lui de rebutant ni de déconcertant : la curiosité des enfants, habilement sollicitée, se portera au-devant delles.
(Vidal de La Blache)
Vidal exprime ainsi une harmonie « naturelle » entre létude de la géographie physique et létude des sociétés, une harmonie entre une pédagogie qui part de lobservation et une géographie qui se fonde sur des divisions naturelles. Cette corrélation entre la pédagogie intuitive et la démarche détude des géographes sera de plus en plus implicite dans la mesure où la géographie est tout à la fois « science explicative » et « discipline éducative » pour Albert Demangeon ou que chez Max Sorre la production des savoirs en géographie et lapprentissage de la discipline relèvent de démarches confondues sous le terme « détudes géographiques ».
Malgré ces convergences, la géographie scolaire reste dans ses contenus et ses méthodes souvent éloignée des perspectives tracées par Paul Vidal de La Blache et Paul Dupuy lors des conférences de 1905. Les manuels scolaires et les programmes en témoignent.
1.2. Des découpages régionaux sans communication : Foncin et Vidal de La Blache
Sur le plan épistémologique, nous avions noté dans le chapitre 4 comment dans les années 1890 le découpage régional de la France des manuels de géographie de Foncin, les plus répandus dans lenseignement primaire, différaient de ceux proposés en 1888 par Vidal, les découpages de Foncin suivent les limites départementales et héritent encore des découpages par bassins.
La comparaison entre le découpage du Tableau de la géographie de la France de Vidal en 1903 et les manuels de Foncin publiés en 1910 montre la persistance de décalages entre les points de vue des deux géographes, le maître de la nouvelle école de géographie française et lauteur des manuels scolaires les plus diffusés.
Vidal organise son Tableau avec un premier découpage en quatre livres : « La France du Nord », « Entre les Alpes et lOcéan », « lOuest » et « le Midi ». Celui-ci est fondé sur des critères autres que la simple disposition topographique qui conduit dans les cartes régionales publiées par Foncin à la partition en quatre de la France dans sa Première année de géographie : Départements du Nord et de lEst, de lOuest, du Sud-Ouest et du Sud-Est. Découpage quil a reconduit depuis 1886 et qui diffère du Tableau principalement par labsence dune entité « Midi » (cartes 1a et 1b).
Cest au niveau dun découpage plus fin, celui des divisions de second ordre, que lon peut apprécier plus en détail le sens des différences au travers des cas du Massif central, du Midi ou du Val de Loire (tableau 1)
Cartes 1a et 1b : Les découpes majeures de la France par Vidal de La Blache en 1903 et Foncin en 1910
Carte 1a. Le Tableau de la géographie Carte 1b. Découpages régionaux de
de la France de Vidal en 1903 premier ordre et de second ordre dans
Divisions et subdivisions la Première année de géographie
(carte Daniel Loi) de Foncin en 1910
Le Massif central fait partie du livre « Entre les Alpes et lOcéan » dans le Tableau de la géographie de la France. Le relief montagneux donne une unité à cet ensemble chez Vidal. Le Massif central est rattaché au Sud-est dans la petite géographie de Foncin, commodité de cadrage des cartes ou association par les réseaux hydrographiques ?
Vidal de La Blache en 1903 identifie un Midi, de lAtlantique à la frontière italienne, lunité de cet ensemble étant climatique et linguistique, mais aussi de destin (une certaine décadence). Tandis que Foncin sépare au niveau des divisions de premier ordre le Midi aquitain et le Midi provençal. Nécessité cartographique ou plutôt persistance du découpage en fonction des grand bassins fluviaux ?
La région des « Plaines de la Loire » du département de la Nièvre à celui du Maine-et-Loire est rattachée par Foncin aux départements de la France de lOuest alors que la Loire moyenne relève du Bassin de Paris chez Vidal. Manifestement cest encore la découpe par grands bassins hydrographiques qui préside à cet ensemble.
De 1886 à 1920 le découpage régional de la petite géographie de Foncin ne change guère. Les principes définis en 1888 par Vidal pour fonder un découpage régional de la France ont certes évolués dans leur principe, comme le montrent Marie-Vic Ozouf-Marignier et Marie-Claire Robic, mais ils semblent avoir peu décho dans le livre de géographie de référence de lécole primaire.
Tableau 1. Les découpages régionaux de la France de Vidal en 1903 et de Foncin en 1910
Les divisions de premier ordre dans Le Tableau de la géographie de la France de Vidal en 1903.Les divisions de second ordre dans Le Tableau de la géographie de la France de Vidal en 1903.Les divisions de premier ordre dans La Première année de géographie de Foncin en 1910.Les divisions de second ordre dans La Première année de géographie de Foncin en 1910 (nombre de départements)Ardenne et Flandres
Plaines du Nord (3)La France du NordRégion rhénaneDépartements du Nord et Nord-EstPlateau Lorrain (4)Bassin parisienPlaines de Paris et de la Champagne (10)
Plaines de la Loire (9)Départements de lOuestPlaines et collines de Normandie (5)LOuestBretagne
Bretagne, Vendée et Poitou (8)Poitou et partie méridionale du massif de lOuestMidi méditerranéen
Le MidiMidi pyrénéen
Plaines du Sud-Ouest (7)Départements du Sud-OuestPyrénées (6 dont Aude)Massif centralMassif central (13)
Entre les Alpes et Océanrégion lyonnaise
Départements du Sud-estJura et Saône (7)
Alpes françaisesAlpes (7 dont Corse)
Bourgogne
Vallée du RhôneVallée du Rhône et plaine du Languedoc (8)
1.3. Les programmes scolaires du primaire de 1882 à 1923 : la stabilité
Les programmes de 1882, ceux de Jules Ferry pour lécole primaire restent en application sans changement pendant une longue période, de 1852 à 1923.
Pendant la même période, les classes élémentaires des lycées connaissent 5 programmes différents (1880, 1884, 1885, 1890, 1902) (tableau 3). Il faut nuancer cette affirmation par la grande stabilité de leurs contenus. Les enseignements de géographie de la classe préparatoire des « petits lycées » sappuient sur la description et lanalogie pour lapprentissage de vocabulaire. La référence au milieu local est forte. La carte sert à quelques localisations. La classe de 8ème est consacrée à la géographie générale et à létude des continents. Celle de 7ème se centre sur la France. Le programme de la classe préparatoire des « petits lycées » sapparente à celui du cours élémentaire de lécole communale, celui de la classe de 7ème ressemble à celui du cours moyen. Cest celui de la classe de 8ème de lenseignement secondaire qui est le plus différent de lenseignement primaire avec son approche du monde par la géographie générale. Il renvoie à des contenus censés être approchés en fin de cours élémentaire dans les écoles primaires.
Si linfluence de la méthode pédagogique intuitive est forte sur les programmes de cours élémentaires et de classe préparatoire, on la cherche en vain dans le libellé des programmes de cours moyen ou de 8ème et 7ème. De ce point de vue lenseignement de la géographie à lécole primaire ne se distingue guère de celui des petites classes du secondaire. En outre, lévolution des références savantes des géographes napparaît guère, si ce nest la mise au point de Foncin sur les bassins. Cependant si on lit attentivement le programme de 7ème on voit quà partir de 1890 les élèves sont invités à étudier les fleuves et non plus les bassins. Le nombre de fleuves explicitement nommés varie entre 5 et 8. Mais lon peut imaginer que la géographie enseignée reste fort stable derrière ces changements (tableau 2).
Tableau 2.
Fleuves et bassins dans les programmes de 7ème des lycées (1874-1902)
1874 : Bassins et cours deau, lacs.
1880 : Les grands bassins : Rhône, Garonne, Loire, Seine, Somme, Escaut, Meuse et Rhin.
1885 : Les grands bassins : Rhône, Garonne, Loire, Seine, Somme.
1890 : Les grands fleuves : Rhône, Garonne, Loire, Seine, Meuse. Indications des fleuves secondaires.
1902 : Les grands fleuves : Seine, Loire, Garonne, Rhône, Meuse. Les fleuves côtiers.
Tableau 3.
Les programmes de géographie des classes élémentaires de lenseignement primaire et secondaire (1880-1890)
DateCours élémentaire du primaireClasse préparatoire des lycéesCours moyen du primaireClasses de 8ème et 7ème des lycées2 août 1880
Jules FerryNotions élémentaires de géographie générale.
Notions sur la géographie physique de la France, en insistant sur la géographie physique de la commune et du département.Programmes départementaux8ème : Géographie élémentaire des cinq parties du monde. Principaux voyages de découverte. Grands navigateurs
7ème : Géographie élémentaire de la France27 juillet 1882
Jules Ferry
18 janvier 1887
(programme reconduit à l identique)Suite et développement des exercices du premier âge.
Les points cardinaux, non appris par cur, mais trouvés sur le terrain , dans la cour, dans les promenades, daprès la position du soleil. Exercices dobservation : les saisons, les principaux phénomènes atmosphériques, lhorizon, les accidents du sol. Explication des termes géographiques (montagnes, fleuves, golfes, isthmes, détroits, etc.) en partant toujours dobjets vus par lélève et en procédant par analogie.
Préparation à létude de la géographie par la méthode intuitive et descriptive :
1° La géographie locale (maison, rue, hameau, commune, canton).
2° la géographie générale (la terre, sa forme, son étendue, ses grandes divisions, leurs subdivisions).
Idée de la représentation cartographique : éléments de lecture des plans et cartes.
Globe terrestre, continents et océans. Entretiens sur le lieu natal.
Géographie de la France et de ses colonies.
Géographie physique.
Géographie politique avec étude approfondie du canton, du département, de la région.
Exercices de cartographie au tableau noir et sur cahier, sans calque.13 septembre 1884 et 22 janvier 1885 Armand FallièresNotions élémentaires de géographie générale.[
]
Notions sur la géographie physique de la France, en insistant encore sur la géographie de la commune et du département [
]8ème : Géographie élémentaire des cinq parties du globe. Principaux voyages de découverte.
7ème : Géographie élémentaire de la France28 janvier 1890.
Armand FallièresFaire comprendre par des descriptions et par des exemples , empruntés autant que possible au pays habité par lenfant, le sens des principaux termes de géographiques.
Indiquer sur le globe et sur la carte murale la position des océans et des continents, spécialement celle de lEurope et de la France .
Descriptions simples ; petits récits de voyages.8ème : La mer et les continents. Les océans ; les cinq parties du monde. Les régions polaires.
Europe, Asie, Afrique, Océanie, Amérique.
Formes et limites [
]
Grandes chaînes de montagnes. Fleuves et lacs. Pays chauds et pays froids. Déserts. Animaux et plantes remarquables.
Principaux États avec leurs capitales. Grands ports de commerce et grandes villes.
7ème : Géographie élémentaire de la France. Configuration [
] Frontières [
] Les montagnes [
] Les grands fleuves [...] Anciennes provinces et départements, chefs-lieux. Les grandes villes. Algérie et Tunisie. Principales colonies [
]
Éléments de dessin à laide du tableau noir. Petits croquis.
Les programmes de 1923 concernent lensemble de lécole primaire. Léon Bérard explique dans les Instructions qui les accompagnent que le nouveau plan détudes est dans la continuité des instructions de 1887, elles-mêmes reproduisaient à lidentique celles de 1882 (tableau 3). Elles sinscrivent dans le cadre de la convergence des programmes des classes de lélémentaire primaire et de celles des lycées et collèges :
Nous nous sommes inspirés, à cet égard, des programmes des classes élémentaires et primaires des lycées et collèges, qui, rédigés depuis 1887, ont bénéficié de lexpérience faite à lécole primaire ordinaire.
(Léon Bérard.)
Nous détaillons les étapes de cette convergence des programmes dans le tableau ci-dessous (tableau 4).
Dans ses attendus Léon Bérard insiste principalement sur le fait que les programmes « ont été trahis [
] par leurs interprètes ». On veut faire apprendre trop et trop tôt aux élèves, « on », cest-à-dire les maîtres, les inspecteurs, les auteurs de manuels scolaires. Bérard précise que ce nest pas parce que la majorité des élèves ne fréquentent pas le cours supérieur, que lon doit mettre au programme du cours moyen ce qui est indiqué pour le cours supérieur.
Le programme spécifique du cours supérieur (LEurope. Les grands pays du monde) ne doit pas à être étudié au cours moyen. Les élèves qui quittent lécole après le cours moyen auront eu quelques éclairages sur le monde au cours élémentaire et létude des colonies de la France au cours moyen permet de compléter cette ouverture sur la géographie du Globe.
Après les programmes des écoles maternelles et des classes enfantines, le curriculum de 1923 distingue fortement le cours élémentaire (sept à neuf ans) et le cours moyen (neuf à onze ans).
Au cours élémentaire, il est écrit avec force que « Les leçons de géographie seront dabord des leçons de choses. Elles se donneront de préférence dans la cour de lécole ou mieux en promenade. » La première année du cours élémentaire, dans les écoles où ce cours comprend au moins deux classes, peut effectivement commencer par la description de lespace proche, mais il vise ensuite à faire découvrir la Terre entière. La deuxième année doit conduire à « une représentation vivante des grandes régions de France ». Ladjectif « vivante » sappuie sur la perception dimages « quon lui montre des images variées (cest ici que le cinématographe et la projection fixe feront merveille) ». De fait la deuxième partie du cours élémentaire sapparente déjà fortement au cours moyen « exclusivement consacré à la géographie de la France. »
Tableau 4.
Les programmes de géographie des classes élémentaires de lenseignement primaire et secondaire (1902-1936).
DateCours élémentaire du primaireClasses préparatoires des lycéesCours moyen du primaireClasses de 8ème et 7ème des lycées31 mai 1902
Georges Leygues
10ème: Suite et développement des exercices commencés dans la classe enfantine. [
] Préparation à létude de la géographie descriptive.
9ème : Explication des termes géographiques [
] en parlant toujours dobjets vus par lélève et en procédant par analogie.
La géographie générale [
]
Petits récits de voyages [
]8ème : La mer [
] Les continents [
]
Pays chauds et pays froids [
]
Description élémentaire des cinq parties du monde [
°
Principaux États [
].
7ème : Géographie élémentaire de la France et de ses colonies. [
]23 février 1923 Léon BérardExercices dobservation : lhorizon, les accidents du sol [
]
Préparation à la connaissance de la carte [
]
Explication des termes géographiques les plus usités.La terre : sa forme, ses divisions.
Notions très sommaires sur la géographie de la France.La France et ses colonies.12 février 1926Même programme que dans les écoles primaires.Même programme que dans les écoles primaires.23 mars 1938
Jean ZayIdem 1923Idem 1923
Si la référence aux leçons de choses est explicite, il ny a pas dans ces programmes de 1923 de référence à une géographie nouvelle. Comme si la géographie navait pas connu de profondes transformations entre 1882 et 1923. Cette stabilité est plutôt une régression épistémologique.
La localisation de villes par lhydrographie et lapprentissage des préfectures restent les exercices les plus évoqués dans les instructions officielles ; comme depuis des décennies, laccumulation de la nomenclature est dénoncée, souvent sans grand effet semble-t-il :
[Cours élémentaire] Pour prendre un exemple, nous serions parfaitement satisfaits si lélève du cours élémentaire à qui lon demanderait dindiquer les villes que rencontrent nos fleuves se bornait à citer sur la Seine, Paris, Rouen et Le Havre ; sur la Loire, Orléans et Nantes ; sur la Garonne, Toulouse et Bordeaux ; sur le Rhône, Lyon. Nous nexigerons pas de lui la connaissance des affluents, à moins quils ne fussent telle la Saône presque aussi importants que les fleuves eux-mêmes. Nous nexigeons pas de lui la connaissance des chefs-lieux de départements, ni peut-être même celle des départements. [
]
[Cours moyen] Bannissons, au contraire, les énumérations devenues inutiles et nattendons pas la suppression des sous-préfets pour proscrire la liste des sous-préfectures.
(Léon Bérard.)
Léon Bérard précise donc quil nattend pas, dès 9 ans, la connaissance des principaux affluents (Saône exceptée), mais seulement la localisation sur la carte de France de 8 villes sur 4 grands fleuves. Mais quen sera-t-il à la fin du cours moyen dans les épreuves de la première partie du certificat détudes primaires ? Faudra-t-il alors localiser plus de villes, connaître plus daffluents ? Les sujets dexamen montrent que les exigences des examinateurs vont bien au delà des consignes du ministre.
De même il précise quil nattend pas à 11 ans que les élèves connaissent la liste des sous-préfectures. Mais il ne se prononce pas sur la liste des départements avec leur préfecture.
Sur le plan des prescriptions didactiques, Bérard propose une sorte de compromis entre les prescriptions de Buisson sur la méthode intuitive et les routines de lenseignement de nomenclature et de listes en usage dans les écoles. Sur le plan épistémologique, il ny a pas dans ces instructions de trace des évolutions de la géographie depuis 1882. Plus exactement, il y a une nette mise à distance explicite de lécole élémentaire par rapport à la science :
[
] lenfant de lécole élémentaire na pas besoin de connaître les théories géographiques, ni les termes empruntés aux autres sciences, dont se sert la géographie moderne. Il est inutile de lui parler de synclinaux et dantisynclinaux ; il nest pas nécessaire de lui parler disothermes et disobares. les faits représentés par ces mots peuvent sexpliquer en langage courant. Et, sils sont utiles pour abréger les discussions des savants, ils nest pas nécessaire de les imposer à la mémoire des enfants.
(Léon Bérard.)
De 1882 à 1923, alors que la géographie universitaire a considérablement évolué, la géographie de lenseignement élémentaire semble sêtre figée sur le plan pédagogique dans un équilibre entre dune part la référence aux leçons de choses et dautre part la pratique des listes énumératives et des exercices de localisation. Sur le plan épistémologique, il faut attendre les années trente et le développement des mouvements déducation populaire pour que de nouvelles références scientifiques fondent les contenus de lenseignement de la géographie. Le temps scolaire spécifiquement dégagé par Jean Zay pour les activités dirigées favorise ce rapprochement, mais la lettre des programmes ne change pas.
2. Une convergence des vidaliens et de lécole primaire dans les années trente.
Après les toutes premières années du Vingtième siècle, les années 1936, 1937, 1938 constituent un nouveau moment de forte cristallisation pédagogique et didactique dans le domaine de la géographie. Au moment où les idées de léducation nouvelle trouvent un écho favorable au sein du Ministère dirigé par Jean Zay, trois publications marquent lenseignement de la géographie. En 1936 la revue LInformation Géographique pour lenseignement est créée par André Cholley chez léditeur Baillière; en 1937 René Ozouf publie chez Nathan un Vade-Mecum pour lenseignement de la géographie, avec une introduction dAlbert Demangeon ; en 1938 Max Sorre anime la publication dun Cahier de pédagogie moderne chez Bourrelier sur Lenseignement de la géographie. Il rédige la préface et Albert Demangeon y présente le rôle de la géographie dans lenseignement. Enfin, cest dans ces années que le paysage devient un objet de la géographie scolaire.
2.1. Un intérêt éphémère pour le primaire : LInformation géographique
L'Information géographique reflète le mouvement de collaboration entre des universitaires et des enseignants novateurs du premier et du second degré. Elle est créée un an avant sa revue sur LInformation historique, signe de la vitalité pédagogique des géographes. La revue comprend une partie intitulée « Documentation générale » où lon peut lire des mises au point souvent signées par des auteurs qui deviendront des géographes éminents. Elle est suivie dune deuxième partie intitulée « Documentation pédagogique ». Pour illustrer lengagement dans la pédagogie de grands noms de la géographie et lorientation de la revue vers les élèves de tout âge, on peut citer les articles suivants :
- « Lemploi des blocs diagrammes dans lenseignement de la géographie » par Pierre George, vol. 2, 1936 ;
- « Comment Faire comprendre
Les principales pêches maritimes en France » par Eric Dardel, vol. 4, 1936 ;
- « Comment Faire comprendre
Les massifs en France » par André Cholley, vol.1, 1937 ;
- « Lemploi de la caisse de sable dans l'enseignement de la géographie » par A.-J.-C. Bertrand, Inspecteur de l'Enseignement primaire, vol 4, 1937 ;
- « Comment faire comprendre
Une ville aux enfants du village » par Mme Fayol, vol 4. 1937
- « Comment Faire comprendre
Le commerce aux tout-petits » par R. Lafond inspectrice des écoles maternelles, vol. 6, 1937.
- « Comment Faire comprendre
Un village du Trégorois » par Maurice Le Lannou, vol. 7, 1937 ;
- « Quelques indications pour la construction du bloc diagramme » par Michel Phlipponneau, vol. 1, 1951.
Le titre complet de la revue lors de sa création est : LInformation géographique pour lenseignement. Elle est initialement tournée vers les élèves de tout âge, de lécole maternelle au lycée, avec un comité éditorial rassemblant des enseignants du primaire, du secondaire et de luniversité (tableau 5).
Le comité directeur témoigne aussi dun certain mélange des ordres denseignement. En septembre 1936, LInformation géographique est dirigée par André Cholley, professeur à la Sorbonne et maître de conférences à l'E.N.S. de Sèvres. À ses côtés, le comité de direction rassemble René Clozier, professeur au lycée Saint-Louis et maître de conférences à l'E.N.S. de Fontenay, Henri Boucau, professeur à Louis-le-Grand et à l'E.N.S.E.T. et Maurice Debesse, professeur à l'école primaire supérieure Lavoisier et docteur ès lettres. Le secrétaire en est Pierre George, docteur ès lettres, professeur au lycée Charlemagne et le secrétaire adjoint A. Perrin, professeur au lycée Voltaire.
Avec les 30 autres membres de lensemble du comité de rédaction (tableau 4), on relève 5 instituteurs, 6 professeurs d'école primaire supérieure, de cours complémentaire, d'école pratique ou de collège, 1 professeur d'école normale dinstituteurs, 3 inspecteurs d'Académie et un seul universitaire stricto sensu : Cholley, le directeur. Le reste du comité est composé de professeurs de lycée, souvent docteurs ou doctorants.
La revue présente, durant ces premières années, les épreuves de géographie aux différents concours et examens, aussi bien celles du certificat détude primaire que celles de lagrégation.
Tableau 5. Membres du comité de rédaction de LInformation géographique lors de sa création en septembre 1936
A. Albitreccia, Directeur de l'Institut d'Enseignement commercial supérieur de Strasbourg ;
Bérenger, Inspecteur d'Académie des Hautes-Alpes ;
A. J.-C. Bertrand, Inspecteur de l'Enseignement primaire à Brioude ;
Bourdeau, Professeur agrégé au lycée de Nantes ;
Mme Debesse, Professeur à l'Ecole Normale de Dijon ;
Willy Diville, professeur agrégé au lycée de Rouen ;
Jean Dresch, Professeur agrégé au lycée de Rabat ;
Dubreuil, Inspecteur d'Académie de la Côte-d'Or ;
Dugaret, instituteur à Firminy ;
Échard, Professeur à l'Ecole pratique de Dijon ;
Mme Fayol, Professeur de Cours complémentaire à Villemomble ;
Louis François, Professeur au lycée Henri IV ;
Lucien Gachon, Professeur au collège d'Issoire ;
Leblanc, Instituteur à Paris ;
Mme Le Brun, Professeur à l'Ecole Primaire Supérieure Edgar Quinet (Paris) ;
Leclercq, Instituteur à Paris ;
Maurice Le Lannou, Professeur agrégé au lycée de Rennes ;
P. Leuillot, Professeur au lycée Charlemagne ;
Jean Martin, Professeur au lycée Jeanson de Sailly ;
André Meynier, Professeur à la faculté des Lettres de Rennes ;
Milley, Professeur de Cours complémentaire à Paris ;
Paganelli, Inspecteur d'Académie à Nîmes ;
Mme Parriel, Professeur au lycée Victor-Hugo ;
Perrier, Professeur d'Ecole Primaire Supérieure à Grenoble ;
Polin, Instituteur de l'Enseignement primaire de la Seine ;
Mlle A. Reymond, Professeur au lycée Victor Hugo ;
Mme Theurot, Institutrice à Dijon ;
Albert Troux, Professeur au lycée Voltaire, membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique ;
Mlle Vergez-Tricom, Professeur agrégée au lycée de Lille.
Lévolution sera rapide, tant du point de vue de la composition du comité de rédaction que du contenu rédactionnel de la revue. En 1938 Polin, instituteur, quitte le comité de rédaction, de même quAndré Meynier qui passe au comité de patronage. Ils furent remplacés par Birot, assistant de géographie à l'Université de Paris, Mlle Garrigou, professeur agrégée au lycée Marie-Curie de Versailles, M. Guilcher, Professeur agrégé à Brest et Mme Meynier. En 1942, la revue n'indique plus la composition de son comité de rédaction, mais uniquement son secrétariat de rédaction et son comité de patronage. Jules Isaac, IGEN, n'est plus au comité de patronage, par suite des lois racistes. Henri Boucau est devenu IGEN. En 1945, la revue reparaît avec un numéro daté « avril 1942-juin 1945 ». À côté de Cholley son directeur fondateur, travaillent Georges Chabot devenu maître de conférences à la Sorbonne et René Clozier devenu inspecteur général ; aucun autre nom n'est indiqué ; les articles ne concernent plus que très rarement lécole primaire.
Le lien université-enseignement primaire inauguré en 1936 par la création de LInformation Géographique paraît donc avoir vite fait long feu, comme nous le verrons de manière plus approfondie dans les chapitres suivants.
2.2. Les références savantes et pédagogiques dun passeur, René Ozouf
La création de LInformation Géographique concrétise dans les années Trente, la collaboration entre les géographes universitaires et les enseignants du primaire et du secondaire, au sein des membres fondateurs. Quelques itinéraires personnels incarnent dans la durée cette collaboration. Ainsi Lucien Gachon exprime cette association de luniversité et de lécole primaire. Normalien primaire, cloutier, actif dans le syndicalisme enseignant, devenu universitaire, il rédige après guerre des manuels de géographie pour le primaire. Nombre de contemporains expriment aussi par leur biographie cette étroite proximité entre le pôle de la géographie scolaire et celui de la géographie savante. Max Sorre est probablement le plus connu, lui aussi ancien normalien primaire, ayant accédé à lÉcole normale de Saint-Cloud, après avoir soutenu sa thèse, il est devenu successivement professeur duniversité, recteur, puis directeur de lenseignement primaire au Ministère jusquà sa suspension par le gouvernement de Vichy. Dautres géographes, bien que nayant jamais été membre de lUniversité, peuvent personnifier ces relations étroites entre lenseignement primaire et lenseignement universitaire de la géographie. René Ozouf en est un bon exemple.
Fils dun instituteur rural du Cotentin, normalien primaire, cloutier, directeur décole normale, rédacteur de manuels, issu dune famille paysanne, René Ozouf est né en 1889 à Tourville dans la Manche. Il suit la voie de son père en entrant en 1904 à lécole normale dinstituteurs de Saint-Lô. À la suite de ses études de normalien primaire, il prépare le concours dentrée à lENS de Saint-Cloud ; en 1910, après sa réussite, il est détaché du collège de Mortain. À Saint-Cloud, en géographie, il est lélève de Georges Weulersse ; ses camarades notent déjà son goût pour la photographie. Par la suite, au cours de ses nombreux voyages en France, il pratiquera systématiquement la photographie ; Demangeon a dailleurs utilisé certains de ses clichés pour illustrer la Géographie Universelle.
Au sortir de ses études à Saint-Cloud, il est dabord nommé professeur décole primaire supérieure à Redon (1912), puis professeur décole normale, à Avignon et ensuite à Rennes. En 1919, il réussit le concours dinspecteur du primaire et exerce tout dabord dans la circonscription de Saint-Malo. Il devient ensuite, de 1924 à 1939, directeur décole normale dinstituteurs, successivement à Mende, à Alençon puis à Chartres. Marianne, son épouse, fille de Léon Brossolette, est agrégée dhistoire.
Cest lépoque où il développe sa collaboration avec Lucien Gallouédec et Fernand Maurette. Ils rédigent ensemble des manuels de géographie générale, de géographie physique et de géographie générale aux éditions Hachette. René Ozouf est alors bien inséré dans le milieu des géographes vidaliens, par exemple Albert Demangeon fréquente son domicile familial. Les ouvrages de géographie quils publient alors sont destinés aux élèves des écoles normales et à ceux qui souhaitent obtenir le brevet supérieur préalable au concours dentrée ; son épouse Marianne Ozouf est alors professeur décole normale. Ces ouvrages contiennent des photographies prises par René Ozouf.
Ces photos témoignent de ses talents de photographe, mais aussi de la posture géographique du regard de René Ozouf sur le monde. Au travers de ces photos, on voit comment il met à profit son séjour à Mende ou ses voyages pendant ses vacances pour se constituer une solide documentation photographique. Dautres photos de cette Géographie physique rédigée par Gallouédec, Maurette et les époux Ozouf montrent que cette pratique photographique est aussi celle des grands géographes. Certain en effet contribuent à ce livre avec des photographies prises dans le cadre de leurs travaux de recherche : Albert Demangeon donne une vue de « La plaine picarde au sud dArras », Emmanuel de Martonne : « Un paysage du plateau de Transylvanie (Roumanie) » ou Raoul Blanchard : « Le Mont Aigu, près Locre (Flandres) ».
Les années suivantes, avec Maurice Kuhn, professeur à lécole Jean-Baptiste Say à Paris, Suzanne Blin, institutrice, puis Hubert Le Léap, René Ozouf commence avec léditeur Delagrave une série de manuels scolaires de géographie pour les enfants des classes élémentaires. Il publie avec son épouse chez Nathan en 1937 des cahiers pratiques de cartographie ainsi que 2 tomes de « Lectures géographiques ».
En 1938, il confectionne aussi un livret pour des études monographiques communales, cantonales ou départementales en Eure-et-Loir, département dont il dirige lécole normale de garçons. La même année il rédige, en collaboration avec J. Piton, « La Géographie par laspect. Le département de la Seine. Observation de gravures, de cartes, de textes, comme exercice préparatoire à la visite des sites et des monuments. Ouvrage à lusage des classes primaires et spécialement des candidats au C.E.P.». Le long titre de cet ouvrage résume bien les conceptions pédagogiques de lauteur. Cest dans cette période davant-guerre quil rédige aussi le Vade-Mecum pour lenseignement de la géographie destiné aux instituteurs et institutrices .
En 1939, René Ozouf reprend une mission dinspecteur primaire dans le département de la Seine. Il commence alors la publication dune série de livres de lecture (collection « Aimons à lire
») et de livres de grammaire en collaboration avec J. Gourdon (collection « Parler et écrire en français »). Il publie pendant la guerre des ouvrages administratifs destinés aux enseignants. Beau-frère de Pierre Brossolette, héros de la Résistance, René Ozouf est lui-même médaillé de la Résistance. En 1947, il entreprend avec Lucien Leterrier la rédaction dune collection de manuels dhistoire pour les élèves des écoles primaires. Cette collection est publiée par Eugène Belin.
Il continue en même temps à publier en géographie. En 1948 avec Mme Ozouf ils réalisent un Atlas du XXe siècle, complété avec la collaboration de M. Rouable en 1950 par une Encyclopédie géographique du XXe siècle. Dans le domaine de lédition René Ozouf participe aussi en 1951 à un nouveau manuel de géographie publié par Delagrave pour les classes de 3e des cours complémentaires en collaboration avec Maurice Fallex et en 1955 à un manuel pour les 3e de lenseignement technique en collaboration avec Aimé Perpillou, gendre dAlbert Demangeon, et Edmond Ducroq, publié lui chez Hachette. Il a alors de nombreuses occasions de rencontre avec Perpillou ou Max Sorre, en particulier dans le cadre du bureau de la Société dÉtudes historiques, géographiques et scientifiques de la région parisienne. Ils y siègent tous les trois, ainsi quAlbert Demangeon avant sa mort . Cette société édite, après guerre avec le concours du CNRS, la revue Études de la région parisienne.
À la fin de sa vie, dans les années 50, il aide son épouse Marianne à la confection dune série de manuels scolaires pour les élèves de 6e, 5e et de 4e et 3e des cours complémentaires, publiés chez Nathan. Signalons que Geneviève Pinchemel a été auparavant lélève de Madame Ozouf et quelles publieront ensemble un manuel scolaire en 1962.
Ainsi tout au long de sa vie René Ozouf a travaillé au contact des grands géographes français de son temps. Relevant de lenseignement primaire, quil soit instituteur, élève de Saint-Cloud, ou inspecteur primaire, René Ozouf est, par ses études, par ses relations familiales et par ses travaux à linterface entre le monde universitaire et celui des écoles primaires. Militant de lécole publique, il a toujours voulu développer les savoirs les plus actuels, à laide des meilleures méthodes pédagogiques.
Pour lensemble de ces raisons nous allons essayer de disséquer son Vade-Mecum pour lEnseignement de la géographie, qui est destiné aux instituteurs. Il sagit dun petit livre broché, in-8, de 128 pages, écrites en très petits caractères, sans illustration. Cest manifestement un outil de travail, relativement bon marché.
Dans son avant propos, René Ozouf précise le travail de mise au point et de synthèse quil a conduit :
[
] Il nous a paru possible, dès maintenant, de préciser ce quest actuellement lenseignement de la géographie à lécole et ce quil doit être. Les revues pédagogiques ont publié depuis quelques années sur ce sujet maintes études, la plupart fragmentaires toutefois. Nous avons fait à beaucoup de ces études, émanant de géographes réputés ou de praticiens avertis, de nombreux emprunts. Notre besogne, très modeste, a consisté à coordonner les matériaux ainsi glanés pour essayer de donner une vue densemble du problème. [
]
La méthode employée ici sapparente à celle que nous avons utilisée au chapitre 3 pour repérer les renvois à lintérieur des articles de géographie du Dictionnaire de Ferdinand Buisson. Nous allons, au sein du Vade-Mecum de René Ozouf, tout dabord inventorier les auteurs cités et les citations. Elles sont, nous le verrons, fort nombreuses et souvent longues, elles servent de chair au discours dOzouf. Il sadresse ainsi aux instituteurs par le truchement dauteurs reconnus. Son Vade-Mecum est ainsi légitimé par la dignité des auteurs cités.
Ce travail dinventaire des personnes nommées dans le texte et de repérage des citations (tableau 6) porte sur les trois premières parties du Vade-Mecum, intitulées : « La Science géographique », « Pourquoi enseigner la géographie » et « La matière de lenseignement de la géographie », (pages 3 à 31). La partie suivante, « Comment enseigner la géographie », plus pratique et plus développée (pages 32 à 118), fait, elle aussi, souvent référence à des articles et à des livres. Mais ils se situent plus étroitement dans le domaine de lédition scolaire (Revue de lenseignement primaire et primaire supérieur, Manuel général, par exemple), ce qui nempêche pas les auteurs cités et plus directement René Ozouf dans son texte dauteur à se référer ici aussi à Paul Dupuy, Paul Vidal de La Blache, Max Sorre, Emmanuel de Martonne ou André Cholley.
Tableau 6.
Personnes nommées dans les premières parties du Vade-Mecum de René Ozouf.
Personnes nommées dans le Vade-MecumDans un texte rédigé parRéférence
dans le cas dune citationPage du Vade-mecumR. OzoufDemangeon (préface)3Alexandre de Humboldt, Carl Ritter, Richthofen, Ratzel, Suess, Davis, Reclus, Schrader
Vidal de la Blache, Demangeon
De Martonne, Brunhes, DemangeonTexte courant de René Ozouf5-9Vidal de La BlacheCitation de H. GossotDiscours prononcé à la distribution des prix au lycée de Besançon.9Drieu la Rochelle
RatzelCitation de M. DebesseLa Géographie et lEducation moderne. Revue de lenseignement public, 1929.13-15Ratzel (2 fois), FoncinTexte courant de René Ozouf21-31Jules RomainCitation de Henri BoucauDiscours prononcé à la distribution des prix du Concours Général, 1935.23-24Vidal de La BlacheCitation de A.DemangeonLa Civilisation française. 15 mai 1919.25Paul Dupuy, Vidal de La BlacheCitation de Max SorreLenseignement de la Géographie. LEnseignement public, décembre 1933 et janvier 1934.25-26Meissas et MichelotCitation de Ch. CharrierPédagogie vécue. Nathan, 1920.28
Les auteurs cités sont presque toujours des références positives, tel le Schrader du Dictionnaire de Ferdinand Buisson. Ils ne servent que très rarement de repoussoir comme les Meissas et Michelot, en tant quauteurs de manuels anciens réputés fastidieux. Ratzel et Vidal de La Blache sont nommés 3 fois et Demangeon 2 fois.
Dans cet ouvrage les références aux fondateurs de la géographie moderne sont explicites, il sagit clairement dailleurs dune science dont les fondateurs sont des géographes dorigine diverse. Les deux célèbres « précurseurs » allemands du début du XIXe côtoyant des générations plus récentes duniversitaires français, allemands et américains. Les géographes étrangers, Alexandre de Humboldt, Carl Ritter, Richthofen, Ratzel, Suess, Davis, sont rapidement présentés, de même les français comme Élisée Reclus et Franz Schrader, Paul Dupuy et Vidal de La Blache. Parmi les contemporains, Jean Brunhes, Albert Demangeon, Emmanuel de Martonne sont particulièrement signalés.
Tableau 7.
Auteurs et citations dans les premières parties du Vade-Mecum de René Ozouf.
Auteur citéRéférence de la citationPage du Vade-mecumLongueur (en lignes)A. Demangeon Texte de la préface336H. BoucauDiscours prononcé à la distribution des prix du Concours Général, 1935.617A. DemangeonDu rôle et de la valeur de la géographie dans lenseignement et léducation, Annales de lUniversité de Paris, 1925-1926.852F. SchraderArticle géographie, Nouveau Dictionnaire de Pédagogie, F. Buisson (dir.), 1911.830H. GossotDiscours prononcé à la distribution des prix au lycée de Besançon.915P. DeffontainesQuest-ce que la géographie humaine ? Avant-propos à louvrage de G. Hardy : Géographie et colonisation, N.R.F., 1933.1213P. Vidal de La BlacheConférence pédagogique à lUniversité de Paris137M. DebesseLa Géographie et lEducation moderne. Revue de lenseignement public, 1929.13-1590A. DemangeonConseils du Géographe. Bulletin de la Société dÉtudes Historiques et Géographiques de la région parisienne, juin 1929.1630F. MauretteRecueil Pédagogique de la Société des Nations, décembre 1933.17-20131Jean-Élisée MercatorTechnique, novembre 1932.2216H. BoucauDiscours prononcé à la distribution des prix du Concours Général, 1935.23-2435L. FebvreLa Terre et lÉvolution humaine. Bibliothèque de Synthèse historique. Renaissance du Livre, 1922.2416A. DemangeonLa Civilisation française. 15 mai 1919.2516Max SorreLenseignement de la Géographie. LEnseignement public, décembre 1933 et janvier 1934.25-2650M.-L. et L. DebesseManuel Général, 5 avril 1930.27-2841C. CharrierPédagogie vécue. Nathan, 1920.2813A. MarchalLe Volume, 6 janvier 1906.2928C. VallauxConférence annuelle sur lenseignement de la géographie dans les Lycées et Collèges pour les candidats à lagrégation (1928-1933)3130(ne sont prises en compte dans ce tableau que les citations référencées).
La plupart des citations se réfèrent dailleurs à des textes ou des discours récents, des années 20 ou 30 (tableau 7). À la différence de ceux qui sont désignés comme des références, les auteurs cités sont uniquement Français. Cest probablement pour une raison linguistique quaucun géographe étranger nest cité, mais cela confirme limpression dune forte cohérence de lécole française de géographie.
Par ailleurs, si lon apprécie linfluence des différents auteurs à la longueur de leurs citations référencées, on notera la place primordiale dAlbert Demangeon et de François Maurette, gendre de Paul Dupuy, (tableau 8). Il est vrai que compte tenu de la longueur de ces citations, René Ozouf se devait davoir laccord de leurs auteurs et que ces deux géographes sont bien connus de lui, ce qui lui facilitait la tâche. Albert Demangeon a aussi préfacé louvrage, il est présenté par René Ozouf comme un « ami du personnel de lenseignement primaire ». Ainsi, si dès sa jeunesse Demangeon sest intéressé à lenseignement primaire, il continue à rechercher alors des collaborations avec des instituteurs. Avec François Maurette, les époux Ozouf ont aussi rédigé en 1935 des manuels de géographie générale pour les écoles normales primaires.
Tableau 8 Longueur des citations des différents auteurs dans les premières parties du Vade-Mecum de René Ozouf.
Auteur citéNombre de citationsLongueur totale des citations (en lignes)A. Demangeon 4 (dont préface)134F. Maurette1131L. (et M.-L.) Debesse 1+1137H. Boucau2.52Max Sorre150F. Schrader130C. Vallaux130A. Marchal128Jean-Élisée Mercator116L. Febvre116H. Gossot115C. Charrier113P. Deffontaines113P. Vidal de La Blache124
Ensuite, dans lordre de la longueur de ces citations référencées, vient Max Sorre. René Ozouf a dailleurs une trajectoire personnelle proche de celle de Max Sorre, lui aussi ancien normalien primaire et ancien élève professeur à Saint-Cloud. Louis Debesse et Henri Boucau sont membres du comité de direction de la nouvelle revue, LInformation géographique. Avec Vallaux et Deffontaines lensemble est très éclectique.
On note la faible part des citations directes de Vidal de La Blache, mais celui-ci est souvent nommé par dautres auteurs. Debesse le cite brièvement pour ses propos lors dune « Conférence Pédagogique de lUniversité de Paris ». Une autre fois, ses propos sont repris plus longuement mais sans que René Ozouf nindique lorigine de cette réflexion sur la morphogénèse des surfaces dérosion et « les derniers anneaux seulement qui, sauf de rares exceptions, nous touchent dans chaîne du temps ». Peut-être cette citation provient-elle de la même conférence pédagogique.
Les géographes qui participent à ce croisement des réseaux pédagogique et universitaire sont peu nombreux, ce sont souvent les mêmes noms qui reviennent, il est vrai que la communauté des géographes est alors peu nombreuse. Ce sont ainsi à la fois des réseaux scientifiques, des collaborations éditoriales et des soucis de novation de lenseignement public qui rassemblent universitaires et personnels de lenseignement primaire.
2.3. Lentrée du paysage dans lenseignement (Max Sorre)
La principale novation dont René Ozouf et Max Sorre se font les propagateurs est celle de lanalyse du paysage en géographie, pratique encore peu usitée dans les dernières décennies du XIXe siècle, même si nous avons noté dès 1905 limportance accordée par Paul Dupuy à lobservation in situ et à létude de photographies.
Cest à ses maîtres que Maximilien Sorre fait demblée référence :
[
] Le contact étroit avec le concret, voilà en effet une de nos servitudes les plus heureuses. En 1903 Paul Dupuy disait de la géographie quelle est une philosophie du concret. En 1913 Vidal de la Blache trouvait cette formule lumineuse : « la géographie est sollicitée vers les réalités ». Cest une des grandes vertus pour léducation des enfants et des hommes. Sa matière véritable ce ne sont pas des schémas et des statistiques, mais des formes, des couleurs, des réalités sensibles, et la carte elle-même vaut ce quelle contient et ce quelle évoque de la réalité. [
]
Ensuite il remet en cause les grilles danalyse trop analytiques des paysages. Il insiste sur le caractère global de lapproche du paysage, sur les émotions et la valeur esthétique du paysage. Une approche que les géographes contemporains redécouvrent :
Limportance du paysage et de son analyse suit de là par une conséquence naturelle. Il est le point de départ de nos travaux, sa reconstitution rationnelle est lobjet de nos synthèses. [
] La première vue quun géographe prend du paysage est celle que prennent tous les hommes : cest une impression globale avec tout un cortège de sentiments, démotions, si lon veut, déléments subjectifs. Des formes et des couleurs, des sons et des parfums, il y est sensible comme tout le monde. Ce quil a en propre cest une plus grande aptitude à dissocier les éléments du tableau, à dégager la signification de ces traits en évoquant des analogies lointaines, à découvrir le mécanisme de leur liaison, à le rendre intelligible. On a systématisé à létranger les procédés dinterprétation et avec eux les méthodes de la Géographie régionale. Javoue quelque méfiance à lendroit de ces tentatives. Il faut, à mon sens, laisser au tout géographique le droit de sexercer. Tout le monde ne trouve pas de primesaut avec un égal bonheur la dominante dun paysage. Le vrai géographe y arrive par une intuition directe sans démarches laborieuses. Il garde dans leur fleur ces impressions initiales. De leur fraîcheur, de leur force, dépendent pour une grande part leur persistance, leur aptitude à revivre, la possibilité pour le géographe de rester constamment en contact avec la réalité intégrale. Ces premières visions, elles empêchent notre pensée de se fragmenter, elles lui conservent sa vertu spécifique. Quon se garde donc de les mutiler particulièrement de les dépouiller de leur valeur esthétique. Si nos analyses du paysage laissent un résidu, celui-ci nest pas nécessairement irrationnel : on doit le conserver dans les descriptions sous peine denlever au paysage sa tonalité particulière. Un magasin dimages, de belles images, cest la première richesse du géographe. Il ne se lasse pas de laugmenter parce quil est mieux préparé à saisir leurs différences, leurs nuances. Le monde est toujours pour lui dans sa nouveauté fleurie, car aucun spectacle ne repasse deux fois devant ses yeux. [
]
(Max. Sorre.)
Ces propos de Max Sorre sur lapproche paysagère sonnent aujourdhui de façon très moderne, ils devaient à lépoque rencontrer ladhésion totale de René Ozouf dont nous avons signalé la passion pour la photographie. Cest, dit Max Sorre, le rôle de lenseignant de faire « vivre ces paysages », de montrer lenchaînement de leurs divers éléments. Pour cela lenseignant doit sappuyer sur « limagerie géographique » qui sera complétée par les cartes.
Parmi les images, la plus moderne est la photographie, son étude est, pour Max Sorre, « la source même de la connaissance ». Nous avions vu en 1899, Paul Dupuy se féliciter davoir observé dans des écoles primaires supérieures des professeurs utiliser des images pour illustrer a posteriori leurs cours « on complète, on illustre pour ainsi dire le cours de géographie par des séances de projections lumineuses qui ont lieu cinq ou six fois par an ». Quelques années plus tard, en 1905, Paul Dupuy souhaite plus nettement conférer un rôle central aux images : « une classe doit être disposée de telle sorte que lon puisse y disposer des vues. ». Les images ne doivent plus seulement être « expliquées par le maître, mais surtout interprétées par les élèves. [
] Apprendre à voir doit être le premier soin dune éducation réaliste [...] ».
Au cours des premières décennies du vingtième siècle, les géographes ont opéré une véritable révolution scientifique sur la place des images. Leur « savoir-regarder » sest transformé, la photographie qui était un outil pour prélever des images, est devenue une façon de regarder le monde. Sur le plan didactique, Max Sorre pousse au bout de sa logique lévolution amorcée par Dupuy. Il ne sagit plus déclairer a posteriori le cours, mais de faire de la photographie le point de départ de la leçon. Ainsi Max Sorre à partir dune position scientifique sur la place du paysage en géographie rejoint la méthode intuitive dans le domaine pédagogique. La photographie vient en substitution de la découverte du paysage ; elle est le point de départ et non plus lillustration :
[
] Après lexploitation du paysage, nous disposons en géographie, de lutilisation des photographies et dessins. Ici deux réflexions se présentent à lesprit. On parle parfois d'illustrer un cours et les manuels scolaires sont effectivement illustrés de dessins. Or ce nest pas de cela quil sagit. Nous ne demandons pas dillustrer une leçon ou un chapitre, nous voulons quon puisse tirer de limage la substance de lune et de lautre. Il y a plus quune nuance. Cette méthode suppose un excellent choix des photographies et une grande habitude du maniement de document figurés. Limage cesse dêtre un simple ornement, elle napparaît même pas comme un élément de preuve ou de vérification à lappui dun théorème abstrait. Elle est la source même de la connaissance.
La reproduction photographique comme le paysage parle à ceux qui savent lentendre à ceux là seulement [
]. Il faut insister sur limage, lanalyser.
(Max. Sorre.)
La diffusion de la photographie bouleverse, dans les premières décennies du siècle, les rapports avec lailleurs. Les livres de géographie saccompagnent désormais de photographies. René Ozouf inventorie chez les éditeurs quatre collections dimages format cartes postales et six collections dimages de grand format pour lenseignement de la géographie. Des listes de questions sont proposées aux instituteurs pour faire observer les grands tableaux dessinés (images dites « Rossignol », du nom de léditeur) et, dans les manuels scolaires, des questions sont adjointes aux photographies.
Petit à petit des exercices systématiques danalyse dimages sont proposés, en particulier se constitue un exercice canonique de découpage en 3 plans des paysages inspirés de lesthétique paysagère de la peinture. René Ozouf reprend les propos de M. L. Renaud dans « LÉcole et la Vie » pour conseiller une didactique de « limagerie » géographique en classe :
Limage est une reproduction si réduite de la réalité quelle ne peut être, demblée, évocatrice pour lenfant. Lélève de C. E., en particulier ne peut, comme ladulte, voir un paysage « à léchelle ». Il faut linitier à interpréter des gravures.
1° Commencer par lui faire observer la reproduction de paysages quil connaît. Lui faire identifier, sur limage, les détails quil a vus dans la nature, afin de la familiariser avec la représentation réduite de la réalité et de lui permettre dévoquer, par la simple vision dune gravure, la réalité absente.
2° Donner le sens des proportions à laide de comparaisons avec des grandeurs connues de lenfant.
Personnes, animaux, arbres, maisons sont des éléments essentiels du paysage et dont il faut savoir tirer parti, si lon veut donner limpression de la hauteur dune montagne, de la largeur dun fleuve, de la profondeur dun ravin, de limmensité de la mer, etc
3° Faire distinguer les différents plans dun paysage Dans lagglomération de la vallée, la maison du premier plan paraît plus importante que la montagne de larrière-plan. Faire comprendre que les dimensions des « choses » se réduisent avec leur éloignement.
(L. Renaud)
René Ozouf a une position moins radicale que Max Sorre. Il présente certes dabord « la géographie par lobservation directe » avant de traiter de « la géographie par lobservation indirecte », cest-à-dire par « limagerie » et par les cartes. Mais il ne fait pas nécessairement de la découverte des images le premier moment de la séance :
La plupart des manuels de géographie à lusage des écoles primaires renferment un grand nombre dillustrations dont il importe de tirer parti. Ces illustrations devront faire lobjet de véritables exercices dobservation et de comparaison pendant ou après la leçon quelles compléteront. On peut aussi inviter les enfants à les examiner avant la leçon, comme on leur donne à regarder tel ou tel aspect géographique réel.
(R. Ozouf.)
Liconographie tient ainsi une place de plus en plus importante dans les manuels scolaires au cours des années trente. Nous allons observer la mise en système entre les images, entre les images et le texte, entre les images et les cartes dans deux manuels scolaires.
La Géographie illustrée dEdmond Dôme et Pierre Besseige a été rédigée en 1933 pour le cours moyen et le cours supérieur. Lexemplaire en notre possession a été en usage de 1937 à 1939 dans une classe de C.E.1 de lécole de garçons de Suresnes. Peu importe le décalage entre le public visé et celui qui lutilise, notre propos sera ici de regarder comment sorganise une leçon type. Nous prendrons à titre de comparaison la même leçon dans le cours complet de géographie de Gallouédec et Maurette, théoriquement destiné à préparer le brevet élémentaire. Il sagit, à titre dexemple, de celle sur « la région de lOuest ». Cest la 15e leçon du livre de Dôme et Besseige (p50-53), elle correspond aux leçons VII et IX sur la France de Louis Gallouédec et Fernand Maurette (p.161-164).
Il ny a pas encore systématiquement de double page. En 1928 la page 164 du manuel de Gallouédec et Maurrette est encore partagée entre deux leçons successives, mais lon retrouve un fort souci de la mise en page. Des points communs entre les livres sont manifestes, la leçon est structurée en sous-parties nettement mises en valeur typographiquement, les cartes sont en quadrichromie (une toute les deux pages dans les deux ouvrages), des exercices de lecture se juxtaposent au texte courant de la leçon, un résumé récapitule la leçon, enfin pour aider lapprentissage, des exercices sont proposés sous forme de questions ou de consignes pour des croquis (tableau 7). Les livres sont devenus de vrais manuels scolaires, plus proches dans leur fonctionnement des ouvrages contemporains Seule labsence de photographie en couleur les distingue vraiment des livres en usage aujourdhui.
Tableau 9. Textes et images dans deux manuels scolaires en 1928 et 1933.
La région de lOuest.
PageL. Gallouédec et F. Maurette
Géographie ; B.E.
1928, HachettepageDôme et Besseige.
Géographie C.M., C.S.,
1933, Istra161Carte de la Bretagne (plateau, bassins intérieurs, principaux ports, grand marché intérieur) en quadrichromie..
Leçon VIII : La Bretagne.; 1. Conditions naturelles de la Bretagne, 2. La zone maritime ou Armor,
3. La zone inférieure ou Argoat.50Carte hypsométrique du relief en quadrichromie
Histoire à lire : « Le voyage du père Le Moan.162Photo noir et blanc : Brest
Photo noir et blanc : Les landes de Lanvaux.
Lecture : La pêche est une ressource abondante en Bretagne ?
Résumé
Exercices
Leçon IX : La région de lOuest- : 1.Les divisions de la région de lOuest. 2. La Vendée51Texte courant de la leçon : 1. géographie physique, 2. géographie humaine
Gravure paysagère en quadrichromie : la Pointe du Raz1633. Le Poitou, 4. Le pays des Charentes.
Carte en quadrichromie (Massifs anciens, vallées alluviales et « Marais », plaines et plateaux, principaux ports, centres industriels et grands marchés intérieurs.
Photo noir et blanc ; Dans le Marais Poitevin. Le canal des Hollandais.52Photo aérienne oblique en noir et blanc : Le port de Brest.
Lectures : 1. Brest et sa région, 2. La pêche, 3. Nantes et Saint-Nazaire (daprès Gallouédec)1645. Le pays Nantais.
Photo N et B, aérienne oblique : Nantes.
Lecture : Nantes, grand port très ancien
Résumé
ExercicesGravure paysagère en quadrichromie: bocage vendéen
Tableau des départements, préfectures et chef-lieux darrondissement
Résumé
Carte des départements et chemins de fer
Exercices oraux et écrits
Si lon compare les manuels étudiés (tableau 9), on constate que le manuel destiné aux élèves de lécole élémentaire utilise plus souvent les gravures en quadrichromie que les photographies, nécessairement en noir et blanc à cette époque. Cette préférence sexplique par des choix pédagogiques effectués en fonction des conditions techniques dimpression. Ainsi, de 1928 à 1933, Camille Vallaux justifiait cet usage des gravures dessinées à la place des photographies dans sa conférence annuelle pour les candidats à lagrégation :
Le paysage géographique est un total, mais aussi une abstraction. Pour lintelligence et lexplication des rides du sol, il ne suffit pas de regarder ; il faut encore concentrer lattention sur des caractères que reproduit indifféremment la photographie, à légal des autres, et que parfois elle masque entièrement ou ne reproduit pas du tout. Cela est tellement vrai que nombreux sont les ouvrages de géographie où les dessins simplifiés des paysages, orientés vers la mise en lumière des traits nécessaires à lexplication, sont employés de préférence à la photographie.
(C. Vallaux.)
En citant tout à la fois Max Sorre qui prône lintroduction en situation de découverte de photographies, Camille Vallaux qui préfère souvent le dessin didactique à la photographie et des pédagogues qui invitent à lusage des images y compris sur le simple mode illustratif, René Ozouf témoigne dun grand éclectisme. Cette hétérogénéité nest pas le reflet dun décalage entre les pratiques scolaires et les pratiques universitaires, elle est le reflet de la diversité des pratiques et des démarches dans ces deux institutions.
Pédagogiquement le mode magistral domine probablement dans lutilisation des images. Le texte qui accompagne certaines images montre bien que les auteurs, tout en utilisant limage pour illustrer leur leçon, se gardent de leur polysémie et orientent fortement leur interprétation. Alors que la gravure figurant la Pointe du Raz nous dessine une mer dhuile, la légende nous rappelle le contraire(fig. 1a). Le commentaire de la vue aérienne oblique indique au lecteur pratiquement tout ce quil peut, ce quil doit voir sur la photographie.
Figures 1. Illustrations et légende explicitant leur lecture
Fig.1a. Gravure : Dôme et Besseige, op. cit., p51 Fig. 1b.Photographie : ibidem, p.52
La Pointe du Raz. Le port de Brest.
En consultant la carte ci-contre, vous verrez que la Brest est bâti sur les deux rives dune petite rivière,
Pointe du Raz est la pointe avancée de la Bretagne Penfeld, dont lestuaire est large et profond. Un dans lOcéan. La mer, en ces parages, est presque pont tournant relie les deux parties de la ville. En toujours agitée et de nombreux écueils y rendent la arrière de ce pont, on aperçoit, à droite et à gauche, navigation périlleuse. Un puissant phare, bâti sur un les bâtiments de lArsenal.
Ilot, signale aux navires cette côte inhospitalière.
Lorsque René Ozouf présente les possibilités des projections cinématographiques, il sappuie sur les propos dun professeur de Berlin, Felix Lampe, qui possède déjà une technique didactique pour préparer les élèves à la séance de cinéma, pour les interroger ensuite. Les années vingt et les années trente sont en effet celles du développement des films de géographie. En 1928, la seule compagnie Gaumont propose 600 titres différents en géographie. Lenthousiasme pour les possibilités offertes par le cinéma dans le domaine de lenseignement de la géographie fait un peu penser à laccueil de lInternet dans les écoles.
Du rapport de 1920 sur lutilisation du cinématographe pour lenseignement de lhistoire et de la géographie, publié récemment par Jacques Wallet, on peut extraire quelques lignes pour souligner le parallélisme méthodologique entre la géographie enseignée aux jeunes élèves et la géographie décrite par les savants. Nous reviendrons au prochain chapitre sur cette similitude apparente entre la démarche de lécolier et celle du savant :
Le cinématographe est un instrument de premier ordre pour lenseignement de la géographie à tous les degrés.
Aux tout petits, il rend sensible dun coup dil ce quest un cap, une baie, un pic, un col, une île ou une presquîle. [
]
Un tel programme sétend jusquaux degrés supérieurs de lenseignement. Le savant lui-même, qui ne peut visiter lunivers entier, et qui devait recourir à des prodiges de science intuitive et imaginative pour décrire cet univers, comme Reclus a pu le faire, verra son travail singulièrement facilité. Le professeur, bien davantage encore.
(MM. Petit et Lefas.)
Cet intérêt pour le paysage et plus globalement pour la découverte de lenvironnement naturel est manifeste avec la mise en place des « Loisirs dirigés ». Cette expérience consiste en une réduction de 3 heures des horaires totaux denseignement obligatoire au bénéfice de « loisirs dirigés » librement organisés par le maître. Elle a commencé au lendemain de la victoire du Front populaire dans trois départements, elle est étendue en 1937 à une trentaine de nouveaux départements. Cette place pédagogiquement centrale du terrain, combinant lobservation guidée et lintérêt pour la nature est fortement marquée par les pratiques du scoutisme et des mouvements déducation populaire.
Max Sorre est en effet partisan de laisser une grande part dinitiative aux enseignants : « Tout ce quon aura tenté sera voué à léchec, si les maîtres et les autorités académiques napportent pas à notre uvre une contribution active. ». Mais il a certainement suivi attentivement la rédaction de la circulaire de présentation de ces Loisirs dirigés. Le Ministre Jean Zay y souligne la place centrale de lanalyse du paysage, mettant laccent plus sur lacquisition de compétences dans le domaine de lobservation que de connaissances purement géographiques. Max Sorre est alors au Ministère le Directeur de lenseignement primaire, il a certainement largement participé à la rédaction de ce document officiel.
La classe-promenade était déjà prévue dune manière expresse dans les Instructions ; elle est déjà entrée dans la pratique en quelques endroits. Lheure est venue den généraliser lusage.
Si les trois heures de loisirs dirigés sont utilisées par un maître diligent, elles doivent fournir les acquisitions les plus solides qui serviront de fondement à un enseignement moins formel et plus proche de la vie. Lingéniosité des maîtres est appelée à se donner libre cours, et lon peut concevoir une infinité de modalités dans lorganisation de ces loisirs et dans lutilisation des ressources du milieu local. Cest la promenade au cours de laquelle la conversation est orientée vers lanalyse du paysage. Leçon de géographie, de botanique, dagriculture ? Non certes. Mais un appel à lobservation directe, où la formule trouvée parfois, dautres fois suggérée, vient à son heure et comme delle-même formule qui sera reprise plus tard en classe sous une forme plus méthodique [
]
Cest peut-être aussi une séance de projections ou de cinéma avec commentaires commentaires spontanés de la classe, mais disciplinés et orientés par le maître.`
[
] (concernant) laménagement des horaires, on attend tout de linitiative des exécutants. [
]
(Jean Zay.)
En 1937, René Ozouf, comme Schrader dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson ne met pas le manuel au centre de son système didactique, bien au contraire. Fidèle à la méthode intuitive, il place en premier lobservation directe dans son Vade-Mecum. Il y expose dentrée un « conflit de méthode » entre dune part, aller du connu à linconnu, et dautre part, aller du tout à la partie. Son plan pourrait laisser croire quil opte pour la première méthode, partant de lobservation directe. Mais, par réalisme pédagogique peut-être, il consacre moins de pages à lobservation indirecte sous toutes ses formes (tableau 10). Lobservation indirecte est un curieux croisement entre lobservation (inspirée par la pédagogie intuitive) et lenseignement dobjets géographiques éloignés (relevant tant de la géographie régionale que de la géographie générale).
Les différentes formes dimageries géographiques (y compris les cartes) sont les supports de cette « observation indirecte ». Si le Vade-Mecum de René Ozouf consacre 18 pages à lobservation directe et 12 à lanalyse des images figuratives (photos, films), il contient aussi 23,5 pages consacrées à lusage des cartes, des croquis cartographiques et des blocs diagrammes, cest dire que le tournant « cartographique » effectué au milieu du XIXe siècle dans lenseignement de la géographie reste prégnant et que lobservation des paysages ne semble pas encore être devenue centrale.
Tableau 10.
Comment enseigner la géographie. Pages consacrées aux différents moyens dans le Vade-Mecum de René Ozouf, (Quatrième partie, p.32-106).
I Principes généraux
(« Voir », « Comprendre », « Comparer », « La géographie par lhistoire », « Lemploi de termes techniques » 9 pages
II Méthodes et procédés
1° La géographie par lobservation directe
« Conflit de méthodes au point de départ », « Importance de lobservation directe », « Lexploration du milieu », « Les premières notions géographiques par lobservation », « les faits miniatures », « Les classes promenades », « les monographies communales », « Le milieu élargi : département et région » 18 pages
2° La géographie et lobservation indirecte
1. Limagerie géographique ( « Limage, source de connaissance », « Du choix des images », « Comment se constituer des collections de gravures géographiques », « Vision par grossissement et projection épiscopique », « Projection fixe et par transparence », « Projections cinématographiques », « La pratique de l imagerie géographique en classe ») 12 pages
2. Les cartes ( « la caisse de sable », « Les moulages en plâtre », « les blocs-diagrammes », « La notion de plan », « Passage du plan à la carte », « La représentation de la terre : les globes », « Parallèles et méridiens », « Cartes analytiques et cartes synthétiques », « Profils, coupes, graphiques », « Le matériel cartographique scolaire », « Les cartes murales », « Les cartes usuelles », « les croquis exécutés par le maître », « Les croquis exécutés par les élèves », « Lexploitation de la carte et des croquis » 25,5 pages
3. La géographie par les textes (Lectures géographiques) 3 pages
4. La géographie par les manuels 1 page
5. La géographie par laction (« Dans lexploration du milieu », « Dans limagerie scolaire », « Au cours de linitiation cartographique », « Dans le travail par équipe », « Les jeux éducatifs ») 4 pages
6. La géographie par lactualité 2 pages
René Ozouf a toujours le souci de mettre en activité les élèves, mais il éprouve le besoin dun développement intitulé « la géographie par laction ». Les paragraphes intitulés « dans le travail par équipe », « les jeux éducatifs » correspondent à la philosophie des « Loisirs dirigés » que le ministre Jean Zay introduit alors dans lenseignement primaire.
2.4. Une bibliothèque de géographe pour les instituteurs (R. Ozouf)
Le Vade-Mecum pour lenseignement de la géographie de René Ozouf se termine par une proposition de livres pour la bibliothèque de linstituteur. On peut penser que la plupart de ces livres se trouvaient sur les listes dachat des bibliothèques des écoles normales dinstituteurs, à défaut dêtre dans la bibliothèque personnelle de linstituteur ou dans celle de lécole comme le souhaite René Ozouf.
René Ozouf liste 3 atlas, dont « lAtlas général Vidal de La Blache », 3 annuaires statistiques, dont celui de la Société des Nations, 8 revues : les Annales de Géographie, LInformation Géographique, La Géographie, Monde et Voyages, Sciences et Voyages, la Revue du Touring Club de France, La Cartographie scolaire, La Documentation scolaire par limage et le Journal des Instituteurs et Institutrices.
Les ouvrages de géographie générale quil recommande sont signés par Aubert de la Rue, A. Bernard, J. Blache, J. Brunhes, H. Cavaillès, P. Deffontaines, A. Demangeon, L. Febvre, L. Gallouédec, H. Gaussen, P. Lavedan, A. Leroi-Gourhan, E. de Martonne F. Maurette, Ch. Parain, M. Pardé, M. Prenant, J. Rouch, P. Vidal de La Blache, H. Weiler, I. Weizl. Cest dire que ce sont souvent les plus grandes signatures contemporaines qui font directement référence et non des auteurs qui serviraient de médiateurs entre les chercheurs et les enseignants du primaire. Des auteurs comme Demangeon dans la filiation directe de Vidal de La Blache et dautres comme Pierre Deffontaines, attentifs aux données ethnographiques et cultivant un humanisme chrétien.
Dans la bibliographie de monographies régionales que René Ozouf propose « pour la bibliothèque de linstituteur », on relève non seulement des monographies régionales fondées sur le travail de thèse de géographes éminents, par exemple C. Vallaux, R. de Félice et R. Musset sur les régions de lOuest, mais aussi de nombreuses thèses dans leur forme originale. Pour lEst et le Jura, les thèses de A. Gibert, G. Chabot ; pour la Flandre et la Picardie, celles de R. Blanchard et A. Demangeon ; pour le Bassin parisien, celles de R. Dion et A. Vacher ; pour le Massif Central, celles de H. Baulig, P. Marres et A. Meynier ; pour le couloir rhodanien, celles de D. Faucher, P. Georges (sic), et M. Pardé ; pour les Alpes celles de A. Allix, P. Arbos, J. Blache, A. Cholley et E. Bénévent ; pour le Midi méditerranéen et océanique celles de Max Sorre et H. Cavaillès.
Au total, et dans lensemble de ses rubriques, cette bibliographie pour enseigner la géographie à lécole primaire ne diffère donc guère de celle que lon aurait pu dresser à cette époque pour enseigner la géographie dans lenseignement secondaire, cest dire les ambitions fortes pour cet enseignement de la géographie à lécole primaire.
Lexemplaire du Vade-Mecum de René Ozouf sur lequel nous avons travaillé provenait effectivement de la bibliothèque personnelle dune institutrice. On peut néanmoins très fortement douter que toutes la littérature que René Ozouf conseille puisse être achetée et même lue par les instituteurs. Pourtant cette liste a du sens, elle témoigne de la culture scientifique en géographie des personnages qui tel, René Ozouf, sont les passeurs entre la géographie pratiquée à lUniversité et celle enseignée dans les écoles. Au même moment dans la presse syndicale des instituteurs Lucien Gachon rend compte des livres de géographie publiés par Armand Colin à loccasion de la publication du volume sur lAuvergne par Philippe Arbos :
Les volumes de Sorre, de Blanchard, de E. de Maronne sont devenus classiques. Ils ont la place toute indiquée dans la bibliothèque scolaire de chaque école des Pyrénées et des Alpes.
Le volume de Ph. Arbos consacré à lAuvergne et qui vient de paraître aura aussi sa place dans chaque bibliothèque scolaire du Cantal et du Puy-de-Dôme.
(Lucien Gachon.)
Il est clair aussi que, pour ces personnes, la géographie ne fait quun, quil ny a pas une géographie scolaire et une géographie universitaire. Ceci est dautant plus facile quau même moment la production scientifique est relativement peu abondante, que les chercheurs universitaires sont peu nombreux et que former des enseignants est une de leurs préoccupations principales.
Dans ces conditions un ouvrage comme le Vade-Mecum, rédigé par un directeur décole normale primaire, ancien élève de lENSP de Saint-Cloud, collaborant régulièrement avec déminents géographes, met en connexion directe les nouveaux savoirs universitaires et les instituteurs.
Avant détudier de façon plus générale les pratiques monographiques à lécole, ces lignes du Vade-Mecum de René Ozouf montrent bien sa filiation pédagogique auprès de Vidal et de ses disciples.
Les monographies communales.
Le milieu local, comme tout milieu géographique, est quelque chose dinfiniment complexe. Si le maître veut pouvoir lutiliser fructueusement pour son enseignement, il importe quil en acquiert lui-même une connaissance approfondie. Son information « locale » devra être ample et méthodique sil veut pouvoir diriger rationnellement les observations, les recherches, les expériences et la documentation de ses élèves.
« Sil est vrai, écrit Vidal de La Blache, que lenseignement de la géographie doive éveiller lesprit dobservation, sappuyer sur des réalités sensibles, faire appel à des impressions et à des expériences, ce programme ne trace-t-il pas des obligations particulières aux maîtres ? Ce nest pas sur un écolier en général, une sorte dentité abstraite quil exerce son effort, mais sur des intelligences denfants formées dans un certain milieu, pétries de certaines habitudes. Cest dans ce milieu, à la faveur de ces habitudes quil trouvera les exemples et les points de comparaison nécessaires. Je lui dirais donc : Etudiez le pays dans lequel vous avez à enseigner. Je le convierais à sintéresser à sa nature et à son passé. Je sais quil y a, à cet égard, dheureuses initiatives et de bons exemples. Les uns rendent service à la météorologie par des observations régulières de température et de pluie ; dautres étudient les roches et les terrains ; ceux-ci la flore ; ceux-là portent leur attention vers le passé ; ils relèvent les traces archéologiques ; ou bien ils recherchent dans les archives ou dans les documents privés le passé historique de leur commune. Il mest arrivé de voir des collections, de lire dintéressantes monographies, qui étaient le fruit de patients efforts. Quil soit entendu quon fait uvre de pédagogie en faisant uvre de science ; car lune et lautre vivent de réalités et dobservations, et se forment à lécole de la nature. »
La formation géographique que nos instituteurs reçoivent à lEcole Normale les arme pour pouvoir réaliser dans de bonnes conditions la rédaction dune Monographie communale. La connaissance de la Géographie générale, physique et humaine est en effet indispensable pour observer avec des yeux avertis les réalités locales. Dès maintenant dans un certain nombre dEcoles Normales, les élèves maîtres rédigent, en application de leurs études de Géographie générale et comme travail de vacances, des monographies de leur commune natale : nous en avons, pour notre part, obtenu quelques-unes de très réussies.
Devenus instituteurs, après une étude patiente et attentive, tout au long des jours et des saisons, ils devront avoir à cur de faire une étude approfondie de leur milieu local. Si le maître arrive dans une commune avec un esprit curieux et réfléchi ; sil est animé du besoin fécond de comprendre quelque chose dans la résidence où lenvoie les puissances den haut, dy acclimater son intelligence, dy prendre possession de la nature pour son plaisir personnel et pour le profit de ses élèves, il fera sien, « par lexploration sur le terrain comme sur les cartes, par lobservation directe et méthodique comme par la lecture de documents et de livres, par une familiarité pénétrante avec le jeu des phénomènes naturels et avec ses répercussions sur les formes de la vie et de lactivité humaine » (Paul Dupuy).
(Mlle Maucourant.)
Au XIXe siècle, le paysage nétait pas encore posé comme un objet denseignement géographique, même par un aquarelliste et un pyrénéiste passionné comme Franz Schrader. Au XXe siècle, la géographie vidalienne et ses applications pédagogiques, telles que Vidal de La Blache et ses disciples la diffusent, apporte une nouveauté fondamentale à la géographie scolaire : létude de paysage. En 1905, Vidal insiste déjà sur la vision, mais le mot paysage est encore absent des conférences au Musée pédagogique. Cette entrée par lobservation directe entre en harmonie avec la méthode pédagogique intuitive.
Cest dans les années 30 que le paysage est devenu, souvent combiné avec la carte, un objet de la géographie scolaire. Max Sorre joue un rôle important dans ce tournant des pratiques pédagogiques et dans la diffusion de ce nouveau référent épistémologique. Les gravures et les photographies tiennent une place de plus en plus importante dans les manuels scolaires. Limage fixe ou animée est de plus en plus promue comme support de lenseignement de la géographie. Lobservation guidée lors de la promenade pédagogique saffirme encore plus en 1937 avec les « Loisirs dirigés ». Cette pédagogie de la découverte, combinant les références au scoutisme et aux mouvements déducation populaire prolonge les références pestalozziennne et rousseauiste de Buisson ; elle sera partiellement poursuivie dans le cadre de lÉveil. La géographie bénéficie alors dun nouvel engouement, moins lié comme au temps de Levasseur à ses finalités pratiques, plus fondé sur ses finalités éducatives et intellectuelles.
Il est fortement symptomatique que ce soit dans le domaine des monographies régionales que lon propose des thèses comme source de renseignement direct et aussi comme exemple pour les instituteurs. En effet, cest à la fois dans la pratique monographique et dans lobservation de paysage que la méthode géographique paraît alors ne faire quun ; quelle soit pratiquée par les géographes pour leurs recherches ou par les instituteurs pour leur enseignement
Chapitre 7.
Méthodes savantes et méthodes pédagogiques.
La pratique monographique et létude du local à lécole primaire.
En 1904 Georges Weulersse, dans une revue destinée surtout aux enseignants du primaire supérieur, concluait un long article de présentation du Tableau de la géographie de la France de Vidal de La Blache en le présentant comme une source dinspiration et un modèle pour les instituteurs. La méthode de Vidal est un exemple pour létude de la géographie locale avec ses élèves :
[
] sil sagit de leur inculquer la notion des réalités contemporaines, quelle étude plus féconde que celle de la géographie locale . [
] Létude détaillée, concrète de la province, du canton où un enfant est né et a commencé à grandir, peut être pour lui une encyclopédie vivante et familière, une inépuisable leçon de choses, où linstruction morale et civique aurait naturellement sa part. Il est à souhaiter que nos instituteurs soient mis à même de lire et de méditer, dans ce grand ouvrage de M. Vidal de la Blache, du moins les quelques pages qui concernent leur région : bien comprises, librement développées, ces courtes indications suffiront à vivifier leur enseignement et en doubleront la valeur.
(G. Weulersse.)
Si la référence universitaire nous importe, cet appel à létude monographique nétait pas nouvelle. Pendant un siècle, de 1880 à 1980, la commune et le département ont été l'objet de nombreuses monographies scolaires où la géographie tenait souvent une place importante ; cette pratique était particulièrement développée dans l'enseignement primaire. Max Sorre, jeune professeur décole normale à Montpellier en propose des trames. Assez vite après le début du vingtième siècle, elle apparu en harmonie avec la géographie savante, elle fonctionnait comme une transposition didactique des méthodes de la recherche dans le monde de lÉcole.
La réalisation de monographies de la commune, du canton et du département a été longtemps un des exercices canoniques de la géographie scolaire, en particulier à lécole primaire. Cette activité fut aussi réclamée aux instituteurs à loccasion des grandes expositions universelles du XIXe siècle. Elle est alors tout à la fois aux yeux des contemporains une pratique scientifique et une activité scolaire sans quil apparaisse de différence de nature entre les deux approches.
Dans lenseignement, la réalisation de monographies contribue à la construction didentités politiques territorialisées. Pratique scientifiquement légitimée et cadres didentités territoriales consensuelles, les monographies du local et du régional stabilisent lenseignement de la géographie pendant près dun siècle, caractérisant cette période que nous avons qualifiée de « normale » au sens où fonctionnent de façon stable les mêmes paradigmes scolaires dans des programmes qui font une place particulière à létude du local et de la région.
Dans le chapitre précédent nous avons vu comment deux nouveautés : le paysage et lobservation indirecte était devenues des objets et des méthodes pédagogiques de la géographie scolaire. Avec la création des « loisirs dirigés » en 1937 inspirés par les pratiques du scoutisme et de léducation nouvelle, cest non seulement le paysage, mais lensemble de linvestigation du milieu qui est présenté comme exemplaire au milieu du XXe siècle. Pratiques savantes et exercices scolaires convergent, adossés à ce qui devient une pratique sociale, éducative, politique : la découverte, par la promenade et lenquête didentités locales enracinées. Le Petit guide du voyageur actif de Deffontaines puis À la découverte du pays de France de Pierre George sadressent bien au delà du cercle des géographes et des enseignants.
Tout dabord nous observerons les rapports entre la géographie savante et les pratiques monographiques prônées pour lécole élémentaire, ensuite nous observerons léchec politique et scientifique de cette pratique pédagogique.
1. Monographies scolaires, références savantes
Pour observer les rapports entre le pôle de la géographie universitaire et le pôle de la géographie scolaire, nous allons tout d'abord interroger deux corpus : dune part, la rubrique "Documentation pédagogique" de la revue "L'Information Géographique" et, dautre part, des monographies rédigées par des instituteurs stagiaires. Nous suivrons la montée en puissance dun exercice pédagogique qui tend à prendre des formes canoniques, nous en chercherons les racines épistémologiques et nous verrons ses évolutions avant quil ne tombe relativement en désuétude.
1.1. Monographies scolaires et rubrique pédagogique de L'Information Géographique de 1936 à 1963
On la vu L'Information Géographique s'est, à son origine, affichée comme une revue destinée aux enseignants, à tous les enseignants, et lon peut y lire des pages dAndré Cholley uniquement consacrées à lenseignement de la géographie à lécole primaire. Jusque dans les années 50, la revue portait en surtitre « Pour l'enseignement ». Elle a laissé ce souvenir à Philippe Pinchemel : « Pour moi, L'Information Géographique des années 30 et 40 a été une revue essentielle. On y apprenait une géographie d'enquêtes, de représentation de blocs-diagrammes, de photographies, qui était intelligemment faite. »
La lecture au fil des années des articles pédagogiques de cette revue montre que lexercice monographique est longtemps resté une activité pratiquée, sinon recommandée. Ensuite, l'éloignement progressif de la revue du public des enseignants du primaire a imposé peu à peu un modèle pédagogique où la pratique de l'enquête avec les élèves n'eut plus guère de place. C'est ce qui apparaît dans les articles publiés par la revue depuis sa création jusqu'en 1963. Nous prendrons comme borne pour notre étude cette année où est promulgué l'arrêté unifiant le contenu des programmes de sixième et de cinquième des lycées et des cours complémentaires. Cétait contre cette perspective, qui effaçait les traditions pédagogiques spécifiques de lenseignement primaire supérieur, que sélevait alors Marie-Laure Debesse-Arviset.
Le premier tournant important dans la ligne pédagogique de la revue apparaît quelques années après la Libération. Auparavant les instituteurs et les institutrices du primaire étaient, tout comme les enseignants du secondaire, des destinataires explicites des articles. On pouvait y lire « L'emploi de la caisse de sable dans l'enseignement de la géographie » par A. J.-C. Bertrand, inspecteur du primaire ou « Comment faire comprendre.... Le commerce aux tout-petits » par Mademoiselle R. Lafond conseillère pédagogique des écoles maternelles. Ainsi, la rubrique pédagogique était intitulée « Comment faire comprendre » et proposait régulièrement des monographies spécifiques : « Comment faire comprendre un village aux tout-petits de la ville » ; « Comment faire comprendre une ville aux enfants du village». Les conseils que donnent ces articles sont destinés à lenseignement dans les classes élémentaires et maternelles. Sans avoir lambition darriver à des niveaux dabstraction élevés, il sagit didentifier des éléments observables, de les mettre en rapport entre eux afin de dégager des premiers niveaux dintelligibilité géographique du monde ; ceci principalement par lobservation combinée avec lanalyse explicative. R. Pleindoux explicite ainsi la démarche de la rubrique intitulée : " Faire comprendre ".
Il est sans doute relativement aisé damener, aujourdhui, les enfants, même jeunes (du moins dans certains milieux, car, à quinze kilomètres de Mézières, des enfants de douze ans nont jamais vu de locomotive, ni de voie ferrée), à comprendre le sens des échanges commerciaux et de la circulation des voyageurs. Le plus délicat est de faire saisir le lien entre les déplacements et les conditions de la géographie physique. Les élèves conçoivent fort mal et ils ne sont pas les seuls la réalité que recouvrent ces expressions : route naturelle, voie naturelle. Bien des termes dont use lenseignement du second degré : route déchanges, voie dinvasion, carrefour restent vagues parce que les notions premières nont pas été élucidées à temps, au moment où on a le loisir de prendre lentement possession des aspects, par approximations successives, se renouvelant, se superposant, se complétant jusquà former un fond solide de connaissance précise des choses et des mots qui les désignent.
Il serait déraisonnable despérer faire saisir à des enfants de huit à dix ans toute la richesse et la variété incluse dans ces termes. Mais nous entendons que « faire comprendre », à cet âge, cest créer lhabitude mentale dassocier dans un même mouvement de pensée, dans une même image, quelques faits entre lesquels sétablit un lien sensible dabord.
Cette image des choses est fort différente de celle que conserve la vision vulgaire de ces aspects familiers, parce quelle distingue les éléments par lanalyse et oblige lesprit à créer entre eux autant de rapports dexplication quil est possible, selon le développement des enfants.
La pratique prudente et patiente de cette méthode est possible beaucoup plus tôt quon ne le pense. Elle est féconde, pourvu quon ne savise pas de la juger sur une acquisition de connaissances verbales, mais sur une acquisition de bonnes habitudes de pensée.
Je ne pense pas quon ait pu se méprendre sur lintention des quatre « Comment faire comprendre à des enfants de huit ans
» parus, il y a deux ans dans cette revue. [
]
(R. Pleindoux.)
Pour les enfants de huit à dix ans, l'accent est dabord mis par R. Pleindoux sur l'association de la perception et de l'observation. Les auteurs visent explicitement les enseignants qui sortent de la salle de classe : « Le maître qui, fréquemment, emmène ses élèves au-dehors n'a pas attendu l'occasion d'une leçon particulière pour susciter et développer le sens de l'espace géographique. » Les nombreuses monographies publiées alors apparaissent ainsi plus comme des exemples méthodologiques que comme des cas à faire étudier en tant que tel. R. Clozier systématise cette approche :
Nous voulons ouvrir dans cette revue une rubrique destinée à venir en aide aux instituteurs pour ces recherches de géographie locale, leur fournir des directives pour les études de pays, de villes, ou de villages. On débutera par les monographies communales pour la seule raison que l'Information géographique a déjà consacré une série d'articles sur les villages.
René Clozier présente « Comment étudier une commune du Valois », puis « Comment étudier une commune des causses du Quercy », dans les deux cas, le plan proposé est le même :
A/ Morphologie agraire,
B/ Démographie rurale,
C/ Système de culture.
Certes, écrit-il, « ces définitions ou directives ne constituent pas un plan fixe ; elles doivent être adaptées aux conditions essentielles; elles ne sont qu'un rappel des données essentielles. » Mais la monographie apparaît comme la méthode où les principes de la leçon de choses et de lenseignement par laspect peuvent se conjuguer avec lacquisition de connaissances en géographie. Pourtant à partir des années Cinquante, si les monographies restent nombreuses au sein de lInformation Géographique, la référence à une pédagogie par la « possession des aspects, par approximations successives » comme lécrivait R. Pleindoux semble sévanouir. En effet, la revue connaît alors deux transformations : elle ne parle plus de la géographie à lécole élémentaire et les thèmes des sujets étudiés évoluent.
D'une part, la revue ne s'adresse plus aux enseignants du premier degré, mais seulement à ceux de lenseignement secondaire. En 1955, dans le cadre dun historique quelque peu fantaisiste de lenseignement de la géographie, René Clozier ne parle plus de lenseignement de la géographie à lécole primaire. Il ne se préoccupe que de la conformité des procédés pédagogiques du seul enseignement secondaire avec la recherche en géographie. Pour cet enseignement secondaire, Clozier se situe, dirions-nous aujourdhui, dans le modèle de la transposition didactique :
La géographie, en tant que discipline scientifique, est récente. En tant que discipline scolaire, elle est plus récente encore et na pris conscience de sa valeur éducative que depuis moins dun demi-siècle ; elle nest dailleurs peut-être pas encore suffisamment dégagée dentités, artificiellement conçues, de lancienne géographie (bassins fluviaux, ligne de partage des eaux), voire des notions-tiroirs (relief, climat, végétation, etc.), notions plus formelles que constructives. Il importe donc de préciser ce quest la recherche géographique, sa méthode, ses procédés de travail, en conformité desquels sétablissent les procédés pédagogiques applicables à lenseignement du 2e Degré. La pédagogie de la géographie, en effet, procède directement de la méthode géographique. [
]
(R. Clozier.)
D'autre part, sensibles aux bouleversements économiques, les monographies publiées dans LInformation géographique se tournent vers les dynamiques urbaines « Beaugency : Le renouveau dune petite ville » et vers les entreprises : « Intérêt géographique de la visite d'une usine, la manufacture des tabacs de Tonneins » ; « Géographie locale : les industries de St-Quentin » ; « Deux gares de la région parisienne ». Quelques-uns de ces articles sont des monographies universitaires, très éloignées de lenseignement, même secondaire. On peut ainsi lire dans la partie Documentation pédagogique : « Quelques remarques sur la culture du maïs dans le Tyrol autrichien ».
Ces nouveaux centres dintérêts, que nous relevons aussi à partir des années soixante, dans les sujets des monographies des instituteurs de Seine-et-Oise, en particulier l'inflexion vers la géographie économique et urbaine, sont conformes aux évolutions densemble de la géographie ; même quand la coupure de lenseignement secondaire et de lécole élémentaire saffirme. Les professeurs d'École normale restent dailleurs probablement des lecteurs de L'Information Géographique. Pourtant, dans ces mêmes années soixante, les articles qui suggèrent des activités pour les élèves, même pour le second degré, se font alors de plus en plus rares. Celui de Françoise Cribier, intitulé : « Type d'enquête : les déplacements touristiques d'été et de Pâques de la population scolaire du lycée mixte de Bois-Colombes » est alors une exception. Les exemples de monographies sont alors plus destinés aux étudiants quaux élèves, même des lycées: « Une enquête urbaine à Dakar », « Un exemple d'enquête : Étude de marché d'une succursale des Docks du Nord réalisée à Saint-André », « Géographie locale : lévolution des établissements J. Thiriez père et fils et Cartier-Bresson »
En effet, à partir de 1961, un nouveau glissement du contenu éditorial de la revue se produit, elle se « dédidactise », si l'on peut oser ce mot. Les articles de la partie intitulée « Documentation pédagogique » deviennent, certes, plus volumineux, 8 pages sur la région de la basse Chiers par exemple, mais en même temps ils ne se différencient plus des articles de la partie « Documentation générale » au point que la partie pédagogique de la revue subit une éclipse totale dans les années Soixante-dix. Quelques exceptions détonnent dans cet ensemble, en particulier le premier numéro de 1963 où les "Libres propos" de Marie-Laure Debesse-Arviset tonnent contre « Des programmes "standard "» :
Cette vaste standardisation, commencée par l'assimilation des programmes de l'ancien enseignement primaire supérieur à ceux des lycées, vient d'être achevée par l'imposition de ceux-ci aux lycées techniques et à l'enseignement court.
( M.-L. Debesse-Arviset.)
Cette prise de position personnelle de celle qui fut, dès l'Avant-guerre, membre de l'équipe de rédaction de la revue, contraste fortement avec le nouveau contenu de la rubrique qui ne fournit plus sous l'intitulé « Documentation pédagogique » que des mises au point scientifiques ou statistiques destinées à mettre à jour des cours et non à aider les enseignants à faire fonctionner d'autres types de situations pédagogiques (monographies, travaux pratiques...). Si des propositions de travaux, de type enquête, sont toujours publiées, elles sont toujours destinées aux étudiants : « Plan type d'enquête pour l'étude d'un grand ensemble » par Jean Bastié, « Questionnaire type d'enquête pour monographie d'usine » par Philippe Pinchemel et Jean Bastié. Le principe du questionnaire type nest pas nouveau sur le plan méthodologique, Foncin en élaborait pour les capitaines de navire et Demangeon les standardisait pour ses enquêtes régionales et rurales. Il témoigne de la continuité méthodologique dans les pratiques monographiques à lUniversité. Pourtant on ne sait ce quil en advient alors à lÉcole car la partie « pédagogique » de lInformation géographique achève une mutation. Seuls, les universitaires proposent des enquêtes à leurs étudiants. Dans l'enseignement secondaire, le modèle du cours magistral, plus ou moins dialogué, plus ou moins appuyé sur des observations ou analyses de documents, ne laisse guère de place à la pratique de l'enquête. Nous ne sommes guère éloignés des propos prononcés par Paul Dupuy en 1905, cinquante ans plus tôt, dans sa conférence au Musée pédagogique à propos de l'enseignement de la géographie dans les lycées et collèges :
À quoi bon parler, dans de pareilles conditions, et de géographie locale et d'excursions géographiques ? Non seulement les programmes ne leur font aucune place, mais encore nous n'avons aucun moyen pratique de leur en faire une à côté des programmes, et cela est évident. Il ne reste plus que la ressource d'inviter les meilleurs élèves à se préoccuper de géographie locale pendant les vacances.
(P. Dupuy.)
Quelques décennies plus tard, au temps de Jean Zay et des activités dirigées, créées sous le Front populaire, on pouvait encore lire cette affirmation rédigée d'après les données fournies par le Ministère de l'Instruction publique. Opinion qui apparaît rétrospectivement très optimiste :
En France, l'enseignement de la géographie a de plus en plus recours aux études directes sur le terrain, organisées soit sous la forme d'excursions locales, soit sous la forme de groupements inter-scolaires pour des excursions en France et à l'étranger.
Dans les années 50, si l'enseignement secondaire fait toujours référence aux "méthodes actives", les instructions de 1955 nous laissent entrevoir leur caractère limité à celles « d'activités dirigées » dans la salle de classe :
[
] Procurer aux enfants l'immense joie de la découverte, telle est la définition que nous proposons des méthodes actives. Elle est valable pour l'enseignement tout entier, mais elle convient à la géographie plus qu'à toute discipline. [...] Le professeur de géographie a de multiples occasions de transformer en explorateurs ses élèves qui ne demandent pas mieux. [...] Au professeur revient le cours général sur l'Afrique ; il peut ensuite organiser sa classe en équipes qui partiront chacune à la recherche d'un fleuve : Nil, Congo, Niger, Zambèze. Et encore faudra-t-il spécifier que l'étude d'un fleuve comporte un certain nombre de notions rituelles : bassin, longueur, cours, pente, débit, régime, utilisation. [
]
(Instructions de 1955.)
À linverse, le maître du primaire n'avait pas les mêmes contraintes, et bien avant l'impulsion donnée au tiers-temps et aux activités d'éveil, les prescriptions pédagogiques pour l'école primaire mettaient toujours conjointement au premier plan l'étude du milieu local et les pratiques monographiques. Les prescriptions pour lécole primaire restaient proches des référents épistémologiques de la recherche en géographie dalors.
1.2. Des monographies de normaliens de Seine-et-Oise (1949-1968)
Jusque vers 1990, l'étude du milieu local est restée une constante dans la formation des instituteurs. Pendant longtemps elle a pris la forme de la rédaction de monographies par les normaliens, lors de leur année de stage, une fois passé le bac. Ensuite, dans les années soixante-dix, avec l'allongement de leur formation en 2 années, puis 3 années après le bac dans les années quatre-vingt, cette approche s'est plus ou moins prolongée dans le cadre d'une unité de formation dite « Étude de l'environnement économique, social et culturel ». Mais la rédaction de monographie avait perdu son caractère systématique, le mot lui-même, nous le verrons plus loin, était progressivement tombé en désuétude. Elle a aujourdhui quasiment disparu de la formation des futurs professeurs des écoles.
L'Institut universitaire de formation des maîtres de lacadémie de Versailles a hérité de l'École normale d'instituteurs de Versailles une cinquantaine de monographies rédigées par les jeunes instituteurs stagiaires. Les critères de sélection de ces monographies, conservées dans les archives de lÉcole normale, ne sont pas explicites ; d'après le témoignage de l'ancien directeur de lÉcole normale, il s'agit probablement des meilleures monographies, tant du point de vue de leur contenu que de celui de leur état matériel de conservation. Cet échantillon est donc probablement supérieur en qualité à la moyenne des productions des élèves instituteurs, en ce qui concerne, à la fois, le fond et la forme. Le corpus est néanmoins significatif des pratiques canoniques en matière de monographies, ainsi que de l'évolution des centres d'intérêt et de la forme de cet exercice.
Ces monographies couvrent une vingtaine d'années de 1949 à 1968. Une dizaine sont sans indication de date (tableau 1), 17 peuvent être datées approximativement et 26 sont datées avec précision (tableau 2).
Les sujets concernent majoritairement l'ancien département de Seine-et-Oise (33), une vingtaine (21) portent sur des lieux situés dans d'autres départements (du Nord à la Dordogne, des Côtes-du-Nord au Haut-Rhin). Le Limousin est particulièrement représenté avec 6 monographies, dont 4 sur la Corrèze, ceci traduit probablement lorigine géographique des normaliens. René Ozouf précise que cet exercice était aussi un devoir de vacances. Le nom des professeurs correcteurs est parfois indiqué, le centre d'intérêt dominant (histoire, économie...) est variable et certaines monographies sont sans dominante thématique.
Matériellement il s'agit principalement de cahiers manuscrits d'une centaine de pages. Les illustrations sont nombreuses. Certaines monographies accompagnent des plans en relief. Les plus récentes sont tapées à la machine à écrire et, pour certaines, associées à une série de diapositives ou à un commentaire enregistré sur magnétophone.
Tableau 1.
Monographies non datées réalisées par des élèves instituteurs de Seine et Oise.
annéeSujetauteurthèmeInconnueLe plâtre à Vaujours et GagnyA. Lemoineéconomie d'une entrepriseInconnueL'histoire de Rueil-MalmaisonBogardhistoire communale (avant 1871)InconnueMonographie: La vallée de la CorrèzeJ. Brochgéographie et histoire départementalesInconnueCarte en relief Pontoise 7-8 (plus diapositives et commentaire)Van CeunebroeckegéographieInconnueLes hortillonnages de la vallée de la SommeProyartMonographie localeInconnueHistorique de Saint-CyrDouahistoire communaleInconnueÉtude d'une commune rurale : Granges-sur-AubeD. Kulakmonographie de la communeInconnueLe relief karstique en QuercyC. Delcampgéographie physique? Histoire d'Herblay avant la RévolutionR. Leblanchistoire communale>1960 ?Monographie : Carte en relief de lIsle-Adam (plus dossier de dessins et photographies)Respaudgéographie
Les monographies datables (tableaux 2 et 3) permettent de dégager une nette inflexion, dans le choix des niveaux scalaires et surtout celui des thèmes étudiés à partir de 1958.
De 1949 à 1957 les monographies se répartissent en parts égales entre les départements et les communes. Signalons particulièrement la monographie sur l'agriculture de Seine-et-Oise, communiquée à l'ingénieur départemental des services de l'agriculture qui a rédigé une petite note manuscrite de commentaire louangeur (tableau 2). Ensuite, à partir de 1958, des monographies communales ou locales coexistent avec des monographies d'entreprises (tableau 3). Dans les monographies d'entreprises, comme dans les monographies communales, on entrevoit les liens familiaux que les normaliens ont utilisés pour s'informer. Toujours à propos de leurs sources, d'autres élèves instituteurs déplorent, dans la présentation de leur travail, de n'avoir pas pu être reçus par l'encadrement de l'entreprise.
L'attente des professeurs de lécole normale de Versailles peut être globalement exprimée par l'appréciation du travail d'André Lemoine formulée par M. Mathieu :
« Le plâtre à Vaujours et Gagny : Monographie dans l'ensemble intéressante et bien présentée. La documentation illustrée est bien choisie et variée plans croquis coupes photographies souvent heureuses. Cependant, quelques passages seraient à préciser ; ainsi l'étude géologique préliminaire aurait dû conduire à bien situer les couches de gypse du point de vue géologique.
D'autre part, quelques chiffres statistiques auraient heureusement complété l'étude des techniques : quantités extraites quantités de plâtre fabriqué rendement gypse/plâtre.
Enfin, le tout est malheureusement gâté par trop de négligence dans l'orthographe ; il y a des fautes grossières. »
Tableau 2. Monographies datées ou repérables dans le temps, réalisées par des élèves instituteurs de Seine et Oise de 1949 à 1957.
annéeSujetauteurthème1949 ?Villeneuve-le-RoiSoubisemonographie de la commune1949Monographie de Rueil-MalmaisonJean Crusethistoire communale1949L'agriculture en Seine-et-Oise. Vieilledentéconomie du département> 1950Les noms de lieux de Seine-et-OiseCarcassèstoponymie du département1952Magny-en-VexinPetitéconomie communale> 1952Monographie sur le gibier de la régionC. Duprégibier du département> 1955Histoire de Maisons-Lafitte des origines à 1900Astierhistoire communale1956L'exploitation du bois en forêt de FontainebleauL. Alexandreéconomie d'une forêt domaniale1956Étude de la carrière de La Chapelle-la-ReineLachatregéologie et économie1956Monographie : Une année avec un paysan bretonJ. Nivetéconomie d'une exploitation agricole1956 ?Évolution de l'agriculture dans un village beauceronMuyléconomie d'une commune>1956Géographie rurale de VillemoissonM. Thuilliergéographie communale>1956ErmontFischergéographie et instruction civique>1957Le Monteil-au-VicomteP. Colomberonmonographie de la commune
Visiblement, la monographie de fin d'étude constitue un genre scolaire et littéraire, un exercice attendu. Certes, comme nous l'évoquions plus haut, cet exercice a évolué, mais il se doit d'être bien rédigé, sans faute d'orthographe, bien mis en pages, et en même temps illustré de plans, de graphiques et de dessins artistiques. Il exprime l'aptitude à la polyvalence, qualité attendue des futurs instituteurs.
À côté des monographies se proposant de dresser un tableau complet d'une commune et qui perdurent jusque dans les années 60, des sujets plus centrés sur un seul thème ont toujours existé. Ces monographies se limitent à la géologie, à l'histoire (en s'arrêtant souvent avant le XXe siècle), voire à un thème original et qui visiblement passionne son auteur : le gibier de Seine-et-Oise, les noms de lieux de Seine-et-Oise... Les monographies purement historiques, ou à dominante historique, sont plutôt rares (5 sur 43 dans notre corpus). Ici le « document dhistoire » est particulièrement souhaité par les professeurs. Par document d'histoire, ils entendent, semble-t-il, dans les années 50, un document provenant d'études archivistiques, plus quun document portant témoignage de l'histoire du temps présent. Ainsi en 1949, le mémoire de Jean Cruset comprend des plans manuscrits ou imprimés, des cartes postales, des photographies probablement de l'auteur, dont plusieurs montrant des scènes de la Libération de Rueil-Malmaison au cours de l'été 1944. L'appréciation de ce travail est néanmoins fort réservée :
« Des fautes d'orthographe (près d'une dizaine) des incorrections. Malgré ces grosses taches, le travail n'est pas sans mérites. Il représente un effort sérieux, et est présenté avec soin. On aimerait y trouver une indication des sources utilisées. Quelques prétendus « documents » n'inspirent pas grande confiance. Une étude de ce genre devrait être l'occasion de prendre contact avec des documents originaux. Est-ce que cela a été fait ? »
La critique faite au jeune Jean Cruset porte implicitement sur des copies de textes anciens, que le jeune élève instituteur a naïvement dessinées sur du papier imitant le parchemin. Mais à la lecture de lappréciation portée par le professeur, on s'interroge pour savoir si les photographies des voitures des F.F.I. ou des barricades en août 1944 avaient déjà acquis le statut de document pour le correcteur.
Tableau 3.
Monographies datées ou repérables dans le temps, réalisées par des élèves instituteurs de Seine et Oise de 1958 à 1964.
annéeSujetauteurthème1958Monographie de la ferme-école de Neuvic-d'UsselF. Bouladouxmonographie d'une ferme1959EymoutiersR. Lavayssièremonographie de la commune1959Vaujours et le plâtreD. Deriotgéographie économie technologie1959Essai de monographie sur Garges-lès-Gonesse L. Dubrullemétéorologie et hydrographique1960Le relief de Côte dans la région d'ÉtampesP. Piquepaillegéologie et géomorphologie1960Le relief de côtes dans la région d'Étampes (+ coupes et photos)M. Lauviegéologie et géomorphologie1961Le tourisme, moyen d'expansion. Les attraits de Brive et sa région?économie du département> 1961L'élevage du mouton sur les causses du LotG. Ferlucmonographie éco. départementale1962Le relief de la région de Munster (carte Munster n°1-2 au 1/25 000) M. Cadiougéomorphologie (carte en relief, photographies)1962 ?Le grand - ensemble de Massy AntonyA. Duvalurbanisme communal>1962La gare de Mantes- GassicourtJ. Rivalinapproche surtout historique1963L'équipement hydroélectrique de la DordogneJ.-C. Diziergéographie économique1963L'urbanisme à Mantes la JolieM. Eisenkremerurbanisme communal1963De l'urbanisme et du peuplement à Livry-GarganIzanicgéographie et histoire d'une commune1963 ?Monographie : Carte en relief de Corbeil, n°5-6 (+ diapositives)Y. Balquetmonographie de la commune1964Les problèmes de la circulation routière (exemple de la RN 13)J.-P. Neutevoirie et sécurité routière en S et O> 1964Champs-sur-Marne ou le petit Versailles J.-M. Dumashistoire communale> 1964L'urbanisme à Savigny-sur-OrgeGovaereurbanisme communal> 1964La laiterie coopérative de Courçon (Charente-M.)Drappier monographie d'entreprise.1965Le Sarcellois est-il le Français de demain ?F. Haninurbanisme communal1965Une cité dortoir : Villepinte, étude urbaine et socialeH. Walleurbanisme communal1966la ville et le bassin houiller de Montceau -les-minesD. Thomasmonographie de la commune1966Le Crotoy, une ville l'été, un village l'hiverBrochardmonographie de la commune1966Population et habitat à RennesR. Cherelgéographie humaine communale1966Étampes; petite ville d'art. Monographie + Plan monumental + 36' de commentaire enregistré + diapositivesM. Leclercmonuments de la commune 1967Le port de DunkerqueCatoisgéographie économique1967 ?Ris Orangis et ses aspects actuelsM. Goupilgéographie communale et urbanisme 1967 ?La coopérative agricole de Mantes Delaforgegéographie économique communale> 1967Bosc-à-Bosc?monographie de la commune1968ChamplanRousseaugéo., histoire, et "vie actuelle"
Si les mots « histoire » ou « historique » apparaissent explicitement dans 4 titres de monographies, on ne relève quune fois le mot « géographie », dans Géographie rurale de Villemoison, tandis que le mot « relief » apparaît 5 fois dans les titres. Néanmoins, les monographies des jeunes normaliens font une large place aux approches reconnues comme géographiques. Dans les monographies locales qui se veulent exhaustives dans leur approche, l'extrait de carte topographique, la coupe géologique et les relevés météorologiques constituent souvent l'essentiel de la première partie. La seconde partie de la monographie est alors consacrée à l'évolution démographique jusqu'au recensement le plus récent. En géographie, Albert Demangeon est, comme dans le Vade-Mecum de René Ozouf, la référence bibliographique la plus citée.
La monographie à dominante géographique est un genre qui évolue nettement à partir de 1958. À partir de ce moment les mises en bloc relief des cartes au 1/20 000 se font plus nombreuses : (Corbeil 5-6, Étampes, Munster 1-2, Pontoise 7-8). Ces maquettes sont souvent accompagnées d'un livret descriptif et d'une série de diapositives. À partir de 1962 on note l'apparition de nombreuses études sur l'urbanisation de la banlieue : Le Grand-ensemble de Massy-Antony, L'urbanisme à Mantes-la-Jolie ; De l'urbanisme à Livry-Gargan ; L'urbanisme à Savigny-sur-Orge ; Une cité dortoir : Villepinte, étude urbaine et sociale ; Le Sarcellois est-il le Français de demain ? ; Ris-Orangis et ses aspects actuels... En Seine-et-Oise, l'espace urbain sétend de plus en plus aux dépens du monde rural, ceci se traduit dans les sujets des monographies. Plus généralement, ceci correspond aussi à lévolution de la recherche en géographie. Les articles pédagogiques de LInformation géographique, nous lavons vu, témoignent aussi de cette évolution des centres dintérêt. La revue jouant son rôle de passeur entre les chercheurs et les pédagogues.
Le genre évolue donc à la fois dans le choix des thèmes détude et dans la forme des libellés des sujets qui tendent à formuler des questionnements plus explicites. Mais cette diversité des centres d'intérêt n'exclut pas les répétitions ; sur 54 mémoires inventoriés, 2 traitent de l'histoire de Rueil-Malmaison et 2 décrivent l'exploitation du plâtre dans la carrière de Vaujours qui devait probablement être un lieu dexcursions pour les classes de normaliens de Versailles.
Les limites de l'exercice apparaissent aussi sur le plan pédagogique. Dans ce domaine, on peut distinguer deux moments : avant et après 1960. Dans les années cinquante, la monographie des normaliens apparaît comme un exercice documentaire homologue au travail des élèves. Par la suite, au cours des années soixante, les monographies se présentent comme un travail documentaire qui devrait ensuite être didactisé par lenseignant dans sa classe : un outil pour enseigner et non un chef-duvre de compagnon, que le maître donnerait en exemple à ses élèves. Ainsi le tournant dans lenseignement de la géographie à lécole que nous situons aux environs de 1963 avec linstitutionnalisation du Tiers temps se traduit-il aussi dans ces exercices monographiques.
Jusquaux années soixante, le plus souvent les dimensions pédagogiques de l'exercice restaient implicites. La monographie rédigée par l'instituteur stagiaire était formatrice par elle-même, par sa méthode, elle même transférable auprès de jeunes élèves. En même temps, elle fournissait un outil qui pouvait être réutilisé par l'enseignant quand il était déjà enraciné sur son futur lieu d'exercice. Certains instituteurs, en effet, exercent de longues années dans la commune sur laquelle ils ont fait une monographie lorsquils étaient encore élève-instituteur, tel Jean Cruset à Rueil-Malmaison. Lucide sur les limites scientifiques et pédagogiques de lexercice, le jeune Pierre Piquepaille écrit ceci en introduction à son mémoire :
« Ce travail n'apporte rien de nouveau sur le plan des connaissances, notre expérience en matière de géologie ne nous permettant pas de nous attacher à une tâche aussi ardue. Il se limite à présenter, à propos de la région choisie pour les raisons que nous verrons, divers travaux qui devraient faciliter l'étude du relief de côte à des élèves qui ne pourraient pas le faire par observation directe. »
Cette réflexion sur la transposition de lexercice napparaît quassez tardivement dans les monographies étudiées. En 1966, un correcteur écrit cette question en note « Applications pédagogiques ? » Ce même reproche dabsence de présentation des applications pédagogiques est fait par Pierre Taguel à propos de la monographie de Jean Rivalin sur la gare de Mantes-Gassicourt. Ce souci de dégager en fin de mémoire quelques pages d'applications pédagogiques dans les classes avec de jeunes écoliers, ne se formalise pourtant que dans les monographies rédigées à partir de 1966 ; cest-à-dire quand le genre est sur le point de s'éteindre, quand la monographie de fin détude est sur le point dêtre supprimée dans le curriculum obligatoire des élèves-maîtres.
Léchantillon de monographies étudié ici est certes limité dans l'espace et dans le temps. Il pourrait être complété par les monographies communales systématiquement demandées aux instituteurs à l'occasion de l'exposition universelle de 1889 et qui sont conservées dans les archives départementales. Travail obligatoire fait avec plus ou moins de zèle et plus ou moins d'enthousiasme ou de dérision, comme en témoigne celle entièrement rédigée en alexandrins conservée par les archives du Val-d'Oise. Mais, le genre monographique dépasse largement l'école primaire. La revue L'Information Géographique, de sa création aux années soixante, le montre nettement.
1.3. Références savantes et plans à tiroirs
Le questionnaire d'enquête préétabli était alors conçu, à la fois comme une incitation à l'activité des élèves, et comme une démarche scientifique. Cette pratique de la géographie a deux origines l'une que l'on qualifiera d'archaïque, l'autre de vidalienne.
La racine archaïque de la monographie scolaire doit être recherchée du côté de l'usage du plan répétitif en géographie. René Clozier dénonçait déjà en 1955 les « notions tiroirs ». Auparavant, pourtant, les meilleurs géographes du XIXe siècle, n'optaient pas systématiquement pour un ordre stéréotypé. Ainsi Élisée Reclus, et même auparavant Conrad Malte-Brun, utilisent une variété de plans pour leurs discours descriptifs. L'ordre et l'équilibre des topoïs de leurs descriptions s'organisent en fonction de l'objet géographique décrit. En revanche, au début du XIXe siècle, quand l'école primaire s'était généralisée, des géographes de cabinet, tel Adrien Balbi, attribuaient au plan stéréotypé une vertu scientifique qui aurait distingué la géographie des genres littéraires. Cette approche normative combinée à la prégnance du genre discursif rappelé par Marie-Vic Ozouf-Marignier a dû influencer les auteurs de manuels scolaires de géographie du début du XIXe au moment où la géographie sest installée à lécole primaire.
L'autre racine des plans répétitifs de la description géographique est à chercher du côté de l'époque classique de la géographie française, du côté des héritiers et successeurs de Vidal de La Blache. Thèses de géographie régionales, manuels scolaires, monographies semblent suivre une même méthode d'investigation de l'espace allant de la géographie physique à la géographie humaine. Dans lenseignement secondaire, les manuels de la collection Demangeon chez Hachette, comme ceux de la collection Jean Brunhes chez Hatier déclinent leurs chapitres sans grandes variations en suivant ce plan « à tiroirs » :
I : le relief,
II : le climat,
III : les cours d'eau,
IV : la population,
V : l'économie.
Du côté de lenseignement primaire, de nombreux géographes, tels Albert Demangeon ou Lucien Gachon, incarnent ce continuum entre la monographie scolaire et la monographie universitaire. La presse professionnelle et syndicale des instituteurs en porte témoignage : ils y communiquent des articles, ils sont fréquemment cités.
Albert Demangeon, témoigne de cette continuité. Nous avions déjà noté quen 1901, jeune maître-surveillant à l'ENS il rédige régulièrement dans la revue pédagogique "Le Volume" des "Directions pédagogiques". Il propose des conseils pour "une étude de ville : Paris" ou "la géographie d'un village". Avec Max Sorre, il anime la publication de lEnseignement de la géographie et préface le Vade-Mecum de son ami René Ozouf. En 1937, devenu professeur à la Sorbonne, il communique dans la principale revue syndicale des instituteurs le résultat de ses travaux. Il invite même les instituteurs à s'associer à ses recherches, ici à son enquête sur lhabitation rurale :
Les résultats individuels de l'enquête seront centralisés à l'Institut de Géographie, 191 rue Saint-Jacques, Paris (5è) par M. A. Demangeon, directeur du groupe d'études de Géographie humaine. Un dossier y sera constitué, dont certains éléments existent déjà, où chacun demeurera propriétaire de son travail, c'est-à-dire que celui-ci ne sera utilisé qu'avec le nom de l'auteur ou du collaborateur. La synthèse des recherches sera faite de manière à obtenir une carte donnant la répartition géographique des types et variétés d'habitations, puis un album de photographies, de dessins et de plans, enfin un texte qui sera l'exposé de toutes les recherches.
(Albert Demangeon.) .
Albert Demangeon reprend ainsi pour la presse syndicale et professionnelle des instituteurs les articles quil publie dans les Annales de Géographie. Le plan détude proposé par Albert Demangeon est d'ailleurs repris ne varietur en 1946 par René Clozier dans L'Information géographique. Ainsi, lorsque les maîtres font des monographies communales, ils mènent à la fois une activité pédagogique et une activité scientifique.
Cette étroite association entre les travaux universitaires et les préoccupations des instituteurs peut une nouvelle fois être mise en valeur par le numéro du 28 janvier 1939 de L'École Libératrice. Sur la même double page voisinent un article de conseils pédagogiques et une présentation de la thèse de Lucien Gachon. Sur la page de gauche J. Baucomont, responsable de la rubrique pédagogique de la revue, présente à ses lecteurs des suggestions d'activités dirigées en géographie. Elles apparaissent incontestablement beaucoup plus dynamiques et variées que les « méthodes actives » des instructions officielles de lenseignement secondaire. Les monographies locales tiennent une bonne place dans ces propositions :
GÉOGRAPHIE
a/ Activités sédentaires :
- Monographie de la commune.
- Comptes rendus, avec croquis, des classes-promenades à objectifs géographiques.
- Correspondance interscolaire sur des thèmes géographiques avec échange de gravures, documents et produits locaux.
- [...]
- Recherche de toponymie : relevé des noms des lieux-dits du territoire local ; relevé des noms des champs, des fermes, des coteaux, bois, sources, fontaines, rivières, avec l'indication des explications et des légendes régionales se rapportant à chacun de ces noms.
- En s'aidant de pièces d'archives (archives municipales et notariales), dresser la carte de la commune et le plan du village à des époques différentes : modifications survenues dans la superficie des cultures, bois, herbages, marais, etc., dans le tracé des routes et sentiers, dans le nombre et la disposition des constructions et bâtiments divers.
- Établissement de tableaux démographiques de la commune : tableau des habitants par âge, professions, sexe ; tableau des naissances et des décès.
- [...]
c/ Activités de plein-air :
Nous n'insisterons pas à nouveau sur les classes de sortie, qui sont le meilleur moyen d'exploration géographique du milieu régional dans tous ses aspects.
Ces sorties à objectifs géographiques seront accompagnées de croquis d'après nature, de levers de plans, de tracés de cartes sur le terrain, de notations précises de faits géographiques observés, et si possible de photographies des divers sites de la région. [...]
(J. Beaucomont.)
L'article suivant de la même publication est tout simplement intitulé « Monographies géographiques. Les Limagnes du Sud (par Gachon)» . Il commence ainsi :
L'École Libératrice a plusieurs fois recommandé comme ouvrages de géographie, en premier lieu, les monographies régionales, qui constituent, dans leur ensemble, le fondement de la géographie française. Ces monographies présentent, en effet, sous une forme concrète et détaillée, tous les faits géographiques qui concernent les régions étudiées, et ainsi elles représentent, pour l'adaptation de l'enseignement au milieu, les meilleurs instruments qui soient. On reçoit par elles, sous une forme aisément assimilable, le bénéfice des données scientifiques élaborées par les méthodes de l'Enseignement supérieur.
Notre camarade L. GACHON, qui a été 15 ans instituteur avant d'être professeur d'E.P.S., puis professeur normale, publie à son tour une monographie géographique consacrée aux Limagnes du Sud et leurs bordures montagneuses. [...]
(G.L.) .
Cet article est signé G. L., il sagit très probablement de Georges Lapierre, un des principaux responsables du syndicat des instituteurs. Le même Lucien Gachon avait dailleurs précédemment rendu compte dans l'École Libératrice à la fois du Cahier de Pédagogie moderne sur l'Enseignement de la Géographie préfacé par Max Sorre et des Albums pour l'enseignement de la Géographie de Demangeon, Cholley et Robequain.
Lucien Gachon, connaît une triple carrière : un cursus dexcellence dans la filière primaire, des études universitaires de géographie et une production décrivain ruraliste.
Fils dun cantonnier, il réussi à être admis à lÉcole normale de Clermont-Ferrand. Instituteur rural il décroche le concours dentrée à lENSP de Saint-Cloud et devient professeur décole normale. Cette même année 1919 il crée « une association dinstituteurs pratiquant les travaux littéraires ». Anne-Marie Thiesse présente son travail décrivain ruraliste et en particulier le roman la Première année rédigé en 1941 et à la très forte tonalité vichyste.Chargé de cours cartographie à la faculté de Clermont-Ferrand, il soutient une thèse, qui est, comme nous lavons vu, saluée dans LÉcole Libératrice. Il est en 1947 maître de conférences à Besançon, puis en 1975 professeur de géographie à luniversité de Clermont-Ferrand.
Membre du syndicat des instituteurs, il rédige régulièrement des articles, en particulier des compte-rendu de lecture dans LÉcole Libératrice. Avec A. Sénèze, après-guerre, il publie, « en feuilleton » ses manuels scolaires dans cette revue syndicale. Ils sont édités ensuite par la SUDEL, léditeur coopératif du Syndicat National des Instituteurs. Il articule ainsi son activité de pédagogue engagé et de géographe.
Ainsi litinéraire de Lucien Gachon comme la carrière de Max Sorre ou la vie de René Ozouf incarnent la très grande proximité de certains géographes universitaires avec lenseignement primaire. Au milieu du siècle, on pourrait même parler, entre la géographie universitaire et lenseignement primaire, de familiarité, au sens propre du terme.
En même temps chez ces auteurs, comme dans les écrits de Demangeon destinés aux enseignants primaires, la différence de nature entre la mise en situation de découverte de lélève et la production scientifique du chercheur napparaît pas. Comme si ces deux activités étaient similaires, relevant conjointement de la « démarche géographique ».
2. Approche monographique et niveau déchelle
Si les thèses des géographes universitaires données en référence par René Ozouf et par la rédaction de LÉcole Libératrice renvoient le plus souvent à léchelle de la région ou du pays, les monographies prônées à lécole élémentaire se déroulent surtout à léchelle locale : une commune vers 1900, une entreprise vers 1960. On voit apparaître alors un autre risque de discordance, lié non pas cette fois à la nature différente de la recherche universitaire et de lapprentissage scolaire, mais due à la question de léchelle.
Sont-ce les mêmes méthodes dinventaire, avec des problématiques différentes qui sont employées ? Répondre oui est un peu surprenant, mais comme lobjectif reste linventaire et la finalité une présentation des rapports hommes / nature, on peut expliquer que les mêmes méthodes, le même plan détude fonctionnent quel que soit le niveau scalaire étudié.
2.1. Monographies et petites patries
La question de léchelle du territoire étudié par ces monographies est à mettre en relation avec la question des « petites patries », lenvironnement proche des enfants et qui seraient à étudier et à aimer comme une France en miniature et en particulier les départements qui donnent lieu à une importante production de géographies et de guide. On sait quavant 1882 des géographies départementales étaient diffusées, même si elles étaient rares dans les écoles observées en 1833 lors de lenquête Guizot. Elles ne proposaient quune géographie inventaire, selon les mêmes méthodes que les livres présentant de plus vastes territoires.
Au moment de linstallation de la géographie dans le cadre dun enseignement obligatoire et de programmes nationaux, on peut lire dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson comment Franz Schrader dénonce le département comme point de départ de létude de la géographie :
Nous essaierons dabord, cest entendu, de fonder lenseignement du maître sur les faits. Mais ces faits ne seraient pas la classe ou le département. [
]
De plus (et ceci est aussi grave, sinon davantage), la classe nest pas une forme terrestre, un accident naturel. Elle nest pas plane, elle nest pas géographique le moins du monde. En géographie, partons des faits géographiques. De même le département est un mauvais point de comparaison. Rien de plus conventionnel quun département. Si nous devons partir de ce que lenfant voit, qui donc a vu un département ? Nous sommes en pleine abstraction. Mieux vaudrait partir du ciel infini, du soleil, de la lune, des étoiles. Cela, au moins, lenfant la vu, ce nest pas abstrait pour lui, ce sont des réalités qui lont frappé dès quil a ouvert les yeux à la lumière.
(Franz Schrader.)
Cependant, le département est alors, avec le canton et la région, un des cadres spatiaux énumérés dans les programmes en quatre points du programme de cours moyen : « Géographie politique, avec étude plus approfondie du canton, du département, de la région. » Il faut en effet distinguer ces différents niveaux déchelle : commune, canton, département, région
La commune, le local au sens restreint du terme, renvoie aux activités dobservation du milieu, et souvent aux enquêtes monographiques. Le département, la région administrative, font surtout lobjet de cahiers dactivités dirigées, cest-à-dire des livrets qui combinent apport dinformations et exercices orientés par les auteurs. Certains cahiers associent les différents niveaux déchelle, combinant questions fermées sur le niveau départemental et exercices plus ouverts à léchelle locale. Des cahiers dexercices de ce type sont publiés jusque dans les années 1970 lorsque subsiste dans les collèges un enseignement de second degré, très court, assuré par des enseignants du premier degré en classes de fin détudes puis en classes dites de transition.
Il est bien sûr difficile de séparer les découpages spatiaux de létude, des objectifs politiques de lenseignement et des pratiques pédagogiques. Le Dictionnaire de Ferdinand Buisson oppose principalement sur le plan pédagogique le local visible et accessible des autres niveaux scalaires plus vastes. Ce distinguo est celui des « leçons de choses » fondé sur la méthode intuitive, la perception. Cest probablement le régime de Vichy qui va le plus loin dans la promotion du local en mettant l'accent sur les monographies communales et cantonales. Bien sûr, il ne sagit pas que dun choix pédagogique, mais aussi dun choix politique : les racines ancestrales et terriennes des petits pays et des anciennes provinces concurrencent léchelon républicain du département. Ces programmes ont certes comme présupposés implicites les références à la démarche scientifique inductive et à la pédagogie intuitive, mais aussi un support idéologique commun : le retour à la terre, lenracinement dans la France traditionnelle, idéaux promus par le régime de Vichy.
[...] Mais la grande nouveauté du programme du cours moyen réside dans létude méthodique du milieu local, et non précisons-le bien, du milieu régional. Il ne sagit que du petit pays, de la petite cellule géographique, Lodévois, Trièves, Aunis ou campagne de Caen, par exemple, qui peut embrasser un ou plusieurs cantons. Cette étude pourrait sétaler sur les deux derniers mois de lannée scolaire, plus favorables aux promenades scolaires qui en fourniront la substance et non le complément ; elle doit partir de la commune elle même, certes connue, mais mal observée, et insister beaucoup sur ses divers aspects. Lon trouvera dans lobservation attentive de lhorizon familier une mine inépuisable de faits concrets et précis se rapportant aux traits physiques (site, sol, climat, rivière, calendrier agricole) comme aux caractères humains (éléments, variation de la population, son mode de groupement et de dispersion, étude de la maison) et enfin aux activités économiques (observation du cadastre, du domaine paternel, étude des cultures et des productions, foires, industries et commerce, visite de la gare, etc.). Si lenfant est un citadin, létude de la ville, en commençant par le quartier, peut facilement mener à lanalyse du site, du développement et du plan de la cité, de sa population, de son rôle administratif, commercial, industriel. Et lon ne saurait trop encourager instituteurs et institutrices à établir, et il en est déjà de bien faites une monographie de leur commune et de leur canton.
En attendant, dautre part, que séditent des cahiers géographiques destinés à cette observation du milieu local - et il en est déjà de parus - il sera bon de demander à lélève de tenter, lui aussi, sur un cahier spécial, une petite monographie de sa commune avec questionnaires, croquis, dessins, graphiques, observations sur ce quil aura appris en classe et vu en classe-promenade. [...]
(J. Carcopino, Instructions du 5 mars 1942.)
Plus tard, au temps de lÉveil, laccent est à nouveau mis sur le local et le régional, mais les études locales sont plus souvent conduites dans le cadre denquêtes thématiques quavec des visées monographiques. Quant à la tentative de promouvoir des études dans le cadre régional, elle est alors généralement un échec. Les tentatives de publication de manuels dhistoire et de géographie dans des cadres régionaux, même publiés par de grands éditeurs et déclarés « strictement conformes aux nouveaux programmes » sont des échecs commerciaux, telle la série de 8 ouvrages correspondant à 8 découpages régionaux de la France proposée par Nathan en 1980. Bien sûr il faut différencier ce constat, nos enquêtes ont révélé, sans surprise, quaujourdhui la région où vivent les élèves est inégalement enseignée, en fonction principalement de la vigueur du sentiment régional, moins enseignée en Picardie quen Bretagne par exemple.
2.2. La monographie locale, une activité canonique de la géographie scolaire.
Les pratiques de lenquête sociale, comme les sociologues la conduisent au milieu du siècle, partent dune délimitation du cadre naturel, puis du cadre architectural (lhabitat) et de linventaire de la population (démographie) avant détudier plus précisément la vie économique et la vie sociale. Elles ne diffèrent guère dans leur ordonnancement de lapproche des géographes. Lenquête de monographie locale cumule alors la légitimité scientifique et lintérêt pédagogique de lobservation et de lactivité. Souvent sy ajoutent des finalités politiques denracinement identitaire dans le local.
Elle peut être une activité scolaire routinière, aisément gérable par lenseignant surtout en milieu rural. La monographie locale peut ainsi sinstaller pendant des décennies comme une activité canonique de lécole primaire, ce dautant plus que jusque vers 1960 les programmes ne connaissent guère de changements.
En 1953, Max Sorre insistait sur la stabilité des programmes scolaires : « A bien des égards, il y a plus de différences entre les programmes et les instructions de 1887 et les documents officiels de 1937 quentre ceux-ci et ceux de 1945» . En 1938 il déclarait, avec juste raison, quasiment la même chose en comparant les instructions de 1938 avec celles de 1923. Il ny a pas de rupture notable dans les programmes de 1883 jusquaux années 1960. Pendant un siècle la démarche inductive est la référence du cours élémentaire, la découverte du « lieu natal » est doublée de lapprentissage dun vocabulaire de géographie générale. Le cours moyen et une grande partie du cours supérieur sont dédiés à la géographie de la France.
Pourtant deux concepts ont progressivement émergé : celui de paysage et celui de milieu. Ils ont fortement modifié lenquête monographique en géographie.
Maurice Debesse, professeur de psychologie à la Sorbonne, ancien professeur à l'école primaire supérieure Lavoisier et fondateur de lInformation géographique et Marie-Laure Debesse, professeur décole normale, qui deviendra chercheuse à lInstitut Pédagogique National portent laccent sur les interactions :
Depuis longtemps la géographie a renoncé à se borner aux nomenclatures et aux inventaires purement descriptifs [
] La géographie régionale, en particulier, sest appliquée à découvrir les rapports qui existent entre les éléments dun paysage donné, et M. Sorre a pu la définir : » une description expliquée des paysages ». [
] Il sagit toujours dun groupement de faits liés les uns aux autres dont on cherche à élucider les relations réciproques. Aujourdhui on nomme ces groupements des complexes. [
]
On donne plus communément le nom de milieux à ces complexes. [
]
Le milieu nest pas une simple collection de choses, cest un groupement de faits coordonnés, un espace organisé. [
]
Enfin un milieu se définit par rapport aux êtres vivants qui en font partie : il est leur ambiance pour la vie. [
] Un milieu apparaît comme un tissu de connexions où, plutôt que de causes mécaniques, lexplication découvre des rapports de dépendance mutuelle.
(M.L. Debesse et M. Debesse.)
Ceci conduit à délégitimer le plan à tiroirs et surtout à inverser les propositions : ce nest pas le milieu que lon observe mais des faits géographiques. La leçon de choses est un point de départ. Létude du milieu est un moyen :
Létude du milieu permet lobservation des faits géographiques, qui se substitue au verbalisme ; et elle remet notre discipline à sa place parmi les sciences naturelles, dont les premières leçons sont des leçons de choses.
(M.L. Debesse et M. Debesse.)
Ces faits géographiques singuliers contribuent à la construction de notions générales. Cest par cette finalité que létude du milieu a du sens.
Létude du milieu a une vertu plus importante encore que de favoriser des méthodes pédagogiques excellentes ; elle permet de former peu à peu dans lesprit des notions sans lesquelles un homme ne saurait avoir une intelligence du monde actuel. Ces « notions-mères » sont les soutiens de la pensée. Léducation géographique concourt à préparer celles de cause, dévolution, despace, mais surtout de milieu.
(M.L. Debesse et M. Debesse.)
Ainsi, la pratique de lenquête monographique apparaît pendant toute la première moitié du XXe siècle, comme un élément caractéristique de cette phase « normale » de la géographie scolaire. Après un XIXe siècle où linstallation de la géographie scolaire a servi à instituer la géographie universitaire, les années 1920 et 1930, nous montrent une géographie scolaire directement branchée dans ses savoirs et ses méthodes sur le pôle de la géographie universitaire : la trasnposition de létude du paysage, les pratiques monographiques incarnent cette influence.
La création de lInformation géographique, les référents du Vade-Mecum de René Ozouf, les articles de Demangeon en direction des enseignants du primaire, les cursus personnels de nombreux géographes tels Max Sorre ou Lucien Gachon, tous ces faits concourent à souligner lunité apparente de la géographie : lobservation et la pratique monographique lincarnant.
La monographie géographique : succès puis déclin, sur les plans politique, scientifique et didactique
Pourtant des années 1900 aux années 1960, cette période épistémologiquement apparemment « normale » est loin dêtre aussi stable quil ny paraît. Si Max Sorre, en 1953, place encore explicitement lenseignement de la géographie tel quil le souhaite dans la lignée du Dictionnaire de Ferdinand Buisson « dont la consultation na jamais cessé dêtre recommandable », le monde autour de lÉcole a beaucoup changé, la géographie et lenseignement de la géographie aussi.
La distance qui sest établie entre la revue lInformation Géographique et lenseignement primaire témoigne de ces bouleversements, les changements des thèmes des monographies des jeunes normaliens primaires, les interrogations qui se font jour contre les plans à tiroirs, surtout, des notions nouvelles sont apparues : telles que « paysage » et « milieu géographique », absentes du Dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson.
Les monographies ont aujourd'hui disparu des prescriptions pédagogiques et elles sont devenues rares dans les classes. La conjonction de plusieurs facteurs peut expliquer que ces pratiques aient perdu leur statut d'activité canonique à l'école primaire, ou du moins dans les discours de préconisation. En effet, cette tradition scolaire a été interpellée par une série d'interrogations portant sur la légitimité des découpages territoriaux étudiés, sur la pertinence scientifique de la démarche, sur son efficacité pédagogique ; elle a aussi été probablement déstabilisée par la disparition de la spécificité de l'enseignement primaire par rapport à l'enseignement secondaire.
Limpression de stabilité de cette période se fonde alors surtout sur deux éléments : la continuité apparente de la géographie française de Vidal et de ses disciples et la stabilité des programmes de géographie de 1923 pour lécole élémentaire. La rupture se produira à la fin des années soixante, de façon quasi synchrone, dans la géographie universitaire avec les nouvelles géographies de la décennie 70 et dans lenseignement primaire avec le « tiers-temps pédagogique » institué dans les années 60.
Chapitre 8.
La géographie et le modèle éducatif
de lenseignement primaire.
Finalités et démarches pédagogiques
dans la première moitié du vingtième siècle.
De la fin du XIXe siècle aux années soixante, des débuts de la IIIe République à ceux de la Ve République, lenseignement de la géographie à lécole primaire et lécole primaire elle-même, connaissent leur mythique âge dor. La géographie semble sidentifier largement avec l école. Ses finalités recoupent celle de linstitutionnalisation et de la généralisation de lenseignement primaire. Dailleurs, le repositionnement ultérieur de lécole primaire en tant que propédeutique à lenseignement secondaire sera un des facteurs de déstabilisation de lenseignement de la géographie dans le premier degré.
Nous avons vu dans les chapitres précédents les liens personnels entre le personnel du premier degré et les géographes universitaires. Nous avons souligné lapparente communauté de démarche entre la géographie savante et les pratiques scolaires recommandées. Il sagit de montrer maintenant quau-delà de lharmonie entre la géographie des savants et la géographie à enseigner à lÉcole, il existe une profonde osmose entre les finalités de lécole primaire de la IIIe République et celles que lon y attribuait à lenseignement de la géographie.
La géographie est pratique, éducative, est-elle aussi émancipatrice à lécole primaire ?
Les premières caractéristiques de cette période relèvent des finalités assignées à lenseignement de la géographie. Elles sont stables, de même que les programmes scolaires qui les déclinent névoluent guère. La méthode pédagogique intuitive et la méthode scientifique inductive restent assimilées lune à lautre.
On note par contre, que la dimension nationaliste, forte au début de la période, sestompe après la seconde guerre mondiale, alors que les dimensions pacifistes se développent et que de nouvelles orientations pédagogiques, moins autoritaires, tentent de saffirmer. Le décalage entre les injonctions et les pratiques quotidiennes des maîtres semblent se maintenir tout au long de la période, même si les routines des enseignants évoluent. Dans le domaine de ses finalités, le modèle de la géographie scolaire de la IIIe République est ainsi beaucoup moins homogène quil ny paraît.
1. Finalités et programmes plus stables que les territoires didentités.
La géographie scolaire est un savoir utilitaire qui permet de fabriquer de bons petits Français. Affirmer que les finalités assignées à lenseignement de la géographie à lécole primaire font consensus au lendemain de la Commune reviendrait à supposer que les divergences idéologiques nont pas disparu à partir de 1882. On peut pourtant douter que Jules Ferry et son Directeur de lenseignement primaire, Ferdinand Buisson, aient la même conception de la place de la science à lécole primaire. Mais, comme lécrit Marie-Claire Robic « en mêlant science et civisme, la politique républicaine appelait au consensus national et donnait à lenseignement public une fonction citoyenne et savante qui ne se retrouvait pas au même titre dans les régimes voisins. »
Dans les sociétés locales de géographie, les enseignants côtoient les armateurs, les hauts fonctionnaires et les industriels, comme en témoigne lanalyse de la liste des membres de la Société normande de géographie en 1901. Cette géographie a-t-elle les mêmes finalités que celles que peut lui assigner un jeune instituteur politiquement engagé comme Lucien Gachon qui signe en 1932 le « Manifeste de lÉcole prolétarienne » ?
Si pour tous, semble-t-il, la géographie doit former des petits Français ; si pour Ferry, comme pour Foncin, la géographie doit apporter les savoirs pratiques et identitaires permettant de former des Français républicains ; pour Buisson, pour Schrader, pour Max Sorre, la perspective est probablement autre : la science géographique doit contribuer à la formation du citoyen. Pourtant sous le IIIe République, ces perspectives ne sont pas explicitées comme divergentes par ceux qui sexpriment sur lenseignement de la géographie et de ses finalités.
1.1. Deffontaines : un discours consensuel sur les finalités de la géographie
En 1927, quelques années après la publication par Léon Bérard des nouveaux programmes de 1923 pour les classes primaires, Pierre Deffontaines qui est depuis 1925 professeur à lInstitut de géographie des Facultés catholiques de Lille, donne une conférence sur la valeur éducative de la géographique. Elle est publiée dans le Bulletin de la Société de géographie de Lille, société créée quelques décennies auparavant par Paul Foncin. Nous reproduisons cet article avec quelques brefs commentaires en marge, car il témoigne, une fois de plus de lengagement des géographes universitaires dans le développement de la géographie à lécole primaire, élément caractéristique de cette période, en même temps quil assimile la méthode géographique à la méthode inductive dans le domaine scientifique et sur le plan pédagogique.
Ce texte est caractéristique de toute cette période qui sétend jusque vers les années 1950-1960. Il reprend en introduction une sorte de loi du genre à partir de 1880 : la dénonciation de la vieille routine. Il développe ensuite les méthodes spécifiques de la science géographique et sappuie sur celles-ci pour justifier son enseignement aux jeunes enfants.
Commentaires
Pierre Deffontaines
La valeur éducative de la géographie
Communication 1927
La géographie scolaire a mauvaise réputationSi lon se remet en mémoire les souvenirs quelle a pu laisser depuis les temps de classe, on se représente une étude surtout énumérative et nomenclatrice, science de positions et des noms de lieu, où la mémoire jouait le principal rôle, mais qui nétait en rien formatrice de lesprit. Cétait une de ces trop nombreuses connaissances quon acquérait pour elle-même et non pour soi-même. De là cette mauvaise réputation dennui et dinutilité quelle conserve encore, surtout dans lenseignement primaire.Cest la méthode géographique qui est formatrice.Il faut donc trouver une méthode à la géographie et réfléchir sur lutilité de la formation quelle peut présenter pour lintelligence comme valeur de formation.
On aura moins dintérêt à parcourir en résumé toutes les notions géographiques, ou à emmagasiner le plus de faits possible, quà retenir ce que la géographie représente de spécial comme méthode de travail et comme discipline de lesprit, méthode et discipline quon pourra appliquer à toute autre étude quà la géographie et qui seront de vraies acquisitions ayant une portée générale sur toute la vie. La géographie sest construit une méthode et par là surtout elle a fait uvre de renaissance, elle est devenue science de compréhension des faits physiques et humains.Commentaires :
Ce quest la science géographique.
La géographie est la science de la vision.Son premier principe de méthode réside dans lobservation ; elle est par excellence science de la vision. Il faut voir, apprendre à voir. Lacquisition dune bonne technique de lobservation doit être au premier rang des préoccupations de celui qui veut initier des jeunes aux principes de la géographie, et cette acquisition est bien plus importante que lemmagasinement de toute une série de petits faits : énumération de fleuves, de chiffres, de capitales et chefs-lieux qui forme lhabituel langage apporté par cette science.
Tant de gens ne savent pas voir, non pas parce quils ont de mauvais yeux, mais parce quils ont une attention nonchalante qui ne sort de sa torpeur que devant les choses extraordinaires. Nous ne voyons que lanormal, lexceptionnel, les monstruosités. Cest un des grands préjugés sur lequel est bâti notre système dobservation. Tout concourt à ralentir notre faculté détonnement. Lhomme, ne trouvant plus dans le déroulement naturel des choses suffisamment danormal, en crée à plaisir, et beaucoup de spectacles relèvent de ce besoin. Dans la nature même, ce quon nous habitue à observer, ce sont les faits anormaux : les livres-guides nous invitent à remarquer les rochers fantastiques, les monuments exceptionnels, les cascades les plus hautes, et lon donne avec soin les chiffres-records. Il se crée une mentalité de « guide » qui associe étrangement le beau au rare.Le géographe est un amoureux des terroirs.
Il construit par la méthode inductive la notion de type.Ce quon néglige de remarquer, cest précisément ce qui est le plus important, ce quon rencontre partout dans une région, ce qui est typique et trace comme le grand fond du tableau à tous les faits de détail : le paysage classique, la maison type, la vie profonde, la beauté intime. Le géographe a cet amour secret du terroir, cette esthétique et cette poésie spéciales qui découvrent tous ces faits menus et nombreux dont lensemble forme lâme de chaque coin de terre. Ici ce sera de grands rideaux darbres encerclant des prairies bocagères avec de petites maisons semées isolément sur les terres quon découvre au bord des chemins, enchâssées dans la verdure. Là, ce sera la grande mosaïque des champs, allongée sur les plaines indéfinies entre de gros villages bien séparés où se groupent les hommes, les bêtes et les arbres comme une oasis encerclée de cultures. Ailleurs, ce sera telle ville bâtie pour le travail industriel, où lusine règne en maîtresse, animant les rues aux heures de relâche et tapissant les briques dune patine grisâtre, ou bien telle autre ville active aux seuls jours de marché et toute décorée par les étalages des boutiques aux approvisionnements variés. Ainsi se dérouleront tous les paysages avec leurs traits caractéristiques, leur cachet propre, leur genre de vie typique. La géographie est destinée à mieux faire comprendre tout ce quil y a de spécial à chaque région, parce quelle fait acquérir cette notion essentielle ans la discipline de lobservation quest la notion de type.La géographie délimite lextension spatiale des types géographiques : principe détendue.Développant ensuite sa logique de lobservation, elle veut que, une fois le typique découvert, on en suive et retrace les limites, et cest le principe détendue : un fait nest intéressant que si lon connaît son domaine propre et les curieuses formes de transition quil revêt à son pourtour.Les faits géographiques sont associés,
(amorce de lidée de système).Le fait isolé est toujours une abstraction ; la géographie naime que le concret, elle demande quon remarque le groupement des faits qui sont habituellement liés ensemble. Ainsi le chêne a comme compagnon le gui, la digitale rouge, telle forme de mousse, telles espèces de champignons ; cette association végétale forme un paysage spécial propre au chêne ; dautres arbres sont moins hospitaliers et ont un « salon » moins fréquenté, tels le hêtre ou le sapin qui couvrent le sol dun tapis de feuilles et daiguilles ennemies de toute végétation. De même lhabitation humaine a son cortège dassociés qui varient avec les régions : jardin, cour, fumier, meules, arbres. Le principe dassociation est à la base de létude des paysages qui est létude essentielle de la géographie.Commentaires :
La géographie rejette la causalité du déterminisme physique.Aucune science ne possède une pareille stratégie de lobservation, et cette stratégie est complétée et contrôlée par le principe de causalité qui ne doit pas se résumer en un simple déterminisme physique ; lhomme, son histoire, sa psychologie, sa sociologie sont souvent des causes plus efficientes que les phénomènes naturels.
Lexplication en géographie doit tenir compte de lhistoire.À la recherche des causes doit sajouter, comme une grande impression générale, lidée de linstabilité dans le temps, dévolution perpétuelle sous limmuabilité apparente. Même les grands faits physiques que nous avons lhabitude de considérer comme stables, ont une longue et récente histoire.
Le climat, par exemple, à une époque peu éloignée, géologiquement parlant, époque que les hommes de la préhistoire nont point connue, était radicalement différent du climat actuel ; un climat de Labrador régnait sur nos terres, une végétation de toundras laccompagnait, et ce nest quà laurore des temps actuels que les forêts sont venues sinstaller chez nous, véritable déluge darbres qui a transformé tous les paysages et les genres de vie.
Dans les faits humains, linstabilité est encore bien plus grande ; si lon retraçait lhistoire des cultures, du peuplement, des formes dhabitat, on verrait quelle évolution continue et journalière régit la géographie humaine. La notion de temps doit donc être constamment présente à lesprit du géographe, bien quil travaille par définition dans le domaine de lespace.
Ce sont les qualités de la science géographique qui justifient son enseignement aux jeunes enfants.Ainsi la géographie nest plus seulement une matière à apprendre, elle nencombre plus, elle est formatrice, elle représente toute une tactique de travail, une manière denvisager les choses ; elle mérite par là dentrer largement dans notre cycle denseignement et dy entrer dès le plus jeune âge.
La curiosité naturelle de lenfant est le vecteur de lenseignement de la géographie.Elle doit tenir une place toute spéciale dans lenseignement des jeunes. À lâge où tout est encore neuf, à lépoque des étonnements heureux, des curiosités insatiables, on napprend pas encore, on découvre, et la géographie doit être une découverte continue. Il faut comprendre lextraordinaire plaisir de répondre à un pourquoi, ressentir lémotion de cette curiosité de lenfant. On peut alors utiliser une puissance quon a encore pleinement à sa disposition, la curiosité. Il faut développer et entretenir la faculté détonnement, de manière à combattre cette mentalité de blasé si répandue.Le concept de méthode inductive est énoncé dans le texte pour parler de la méthode denseignement, il navait pas été formulé explicitement pour caractériser la méthode du géographePour cela, gardons-nous de présenter une science toute faite, où lenfant na pas à intervenir, construisons avec lui, en parlant de ce quon voit, à coup dexplorations et avec les plaisirs de lexplorateur. Cest la méthode inductive qui utilisera le petit bagage de vision déjà amassé par lenfant et qui laugmentera progressivement en se servant comme champ daction du tour dhorizon. Le titre général de cet enseignement serait « ce quon voit ». Les questions seraient non pas « quest-ce que cela », mais des « quest-ce quon voit ». En excursion on sétonnerait de tout et lon verrait : le soleil, les nuages, la rivière, les herbes et les arbres ; et lon observerait ce que lhomme a rajouté à la nature : la maison, la rue, le port, les champs, les usines.Il faut faire voir les choses aux élèves.Voici par exemple une visite faite au chemin de fer, qui a eu un grand succès. On constate dabord comment est faite la ligne : le ballast, les traverses, les coussinets, les rails qui ne se touchent pas. Chacun apporte son élément dobservation, et tous ensemble on fait effort pour expliquer. On va jusquà la rotonde des machines et lon cause au chauffeur prévenu à lavance et qui est très amusé de se voir entouré de petites têtes attentives. Le chauffeur explique quil fait tel trajet, comment il sarrange pour économiser le charbon, quen hiver le train a plus de frottement parce que le graissage se fait moins bien ; il explique les signaux, leur fonctionnement. Bref on apprend de visu ce que représente le mécanisme du chemin de fer et lon revient enchanté et instruit.
Dautres fois, on utilise des projections qui permettent dagrandir le « tour dhorizon ». Il ne faut pas expliquer ce que la projection représente, mais demander que chacun dise ce quil y voit. De cette façon, les choses auront été vues et non apprises par un effort mécanique de mémoire.Commentaires :
Lenseignement de la géographie se doit dêtre pour les petits une leçon de « choses ».Les choses vues encombrent beaucoup moins que les choses apprises et laissent lesprit plus frais, moins déformé, plus original. De plus elles serviront détalon, de point de départ et de terme de comparaison plus tard.
Par exemple, on aura calculé lécartement des rails, ou la distance de tel point à tel point de repère, ces chiffres vérifiés serviront de point de repère, et permettront davoir une idée précise de la valeur des distances.
On acquerra par cette méthode du « tour dhorizon » tout une discipline de lil et de la mémoire visuelle qui servira toute la vie. Pour les plus grands élèves, il convient de définir dabord lobjet de la discipline.
Le programme scolaire doit choisir un échantillon dobjets détude.Linitiation à la géographie se fera dune autre façon pour les grands.
On expliquera tout dabord ce que cest que la géographie vraiment comprise, son étendue et ce quelle peut nous apporter de neuf. Comme il est impossible de tout traiter, on pratiquera le système de léchantillonnage, on cherchera à savoir les sujets qui pourraient intéresser davantage et lon aura une série de questions comme celles-ci : Etude de Paris, le site, les moyens de vie, lapprovisionnement ; le Maroc ; un grand produit, le fer ou la laine ; un port ; les chemins de fer transcontinentaux ; la Bretagne.La leçon de géographie doit commencer par des évocations qui stimulent limagination.Il faudra toujours commencer par un rappel de souvenirs et par une recherche des idées de chacun sur le sujet ; si lon parle dun « pays », soyons évocateur, essayons de faire voir. Par exemple, à propos de la Lorraine, on décrira les côtes de Moselle, aux longues pentes adoucies et bien abritées, toutes semées de petits villages au nom joyeux et bien gaulois : Rosérieulles, Chazelles, Lorry. On parlera des moyens de vie, les vignes bies soignées, les mirabelliers et quetschiers, les cultures maraîchères, les récoltes de fraises. On parlera même du genre de cuisines : à lhuile, à la graisse, au beurre, si évocatrices dune civilisation ; on notera les patois, les jeux, tout ce qui fait le pays.La géographie apprend à réfléchir.Si lon envisage des questions de géographie économique, comme le pétrole ou le coton, on verra les dangers nationaux, les questions politiques qui se posent à propos de ces produits. Bref, on essaiera moins dapprendre que de faire réfléchir.La géographie est une formation esthétique.Ainsi, que la géographie soit avant tout une immense invitation à voir, un stimulant pour lobservation et la réflexion. Quel plaisir de savoir voir, non seulement pour répondre à des curiosités géographiques, mais aussi comme satisfaction générale. Nous nutilisons pas assez la nature, nous cherchons le beau, bien plus dans les uvres des hommes : livres, musique, peinture, mais nous oublions que le grand chef-duvre cest la nature elle même, quil faut laimer et la comprendre, y trouver délassement, y alimenter ses rêves et sa poésie.La géographie est formative de lesprit.Bref, la géographie doit être un élément de maturité desprit, damélioration intellectuelle, en un mot de formation.
(Pierre Deffontaines.)
De Jules Ferry à la Libération, les programmes et les instructions officielles se réfèrent souvent aux mêmes finalités que celles exposées ici par Pierre Deffontaines. La géographie est la discipline scolaire, ou les finalités intellectuelles sappuient sur le « concret » ; y compris lorsquil sagit de promouvoir la France comme cadre identitaire principal. Le local est alors le concret visible qui sert à imaginer la patrie.
1.2. Le « concret » dans les programmes de géographie pour lécole primaire sous la IIIe et la IVe République
La géographie à lécole primaire est de façon récurrente renvoyée au « concret », au visible. En 1882 les programmes signés par Jules Ferry développaient déjà nombre des idées formulées par Pierre Deffontaines : lenseignement de la géographie est une leçon de choses, il faut sappuyer sur la spontanéité de lenfant. Par contre, à la différence de Deffontaines, Jules Ferry insistait fortement sur le caractère pratique de lenseignement primaire :
En tout enseignement, le maître, pour commencer se sert dobjets sensibles, fait voir et toucher les choses, met les enfants en présence de réalités concrètes, puis peu à peu il les exerce à en dégager lidée abstraite, à comparer, à généraliser, à raisonner sans le secours dexemples matériels.
Cest donc par un appel incessant à lattention, au jugement, à la spontanéité intellectuelle de lélève, que lenseignement primaire peut se soutenir.
Il est essentiellement intuitif et pratique ; « intuitif », cest-à-dire quil compte avant tout sur le bon sens naturel, sur la force de lévidence, sur cette puissance innée qua lesprit humain de saisir du premier regard et sans démonstration, non pas toutes les vérités, mais les vérités les plus simples, les plus fondamentales, « pratique », cest-à-dire quil en perd jamais de vue que les élèves de lécole primaire nont pas de temps à perdre en discussions oiseuses, en théories savantes, en curiosités scolastiques et que ce nest pas trop de cinq ou six années de séjour à lécole pour les munir du petit trésor didées dont ils ont strictement besoin et surtout pour les mettre en état de le conserver et de la grossir dans la suite.
(Jules Ferry.)
En 1923, Léon Bérard, Ministre de lInstruction publique et des Beaux-Arts, reprend à son tour lidée que lenseignement de la géographie est une leçon de choses. Il se démarque, par contre, des instructions de 1882 en dénonçant la méthode concentrique, celle qui fait revoir année après année les mêmes objets détude. Il propose une programmation « progressive » : la géographie locale et générale au cours élémentaire, la France et les colonies au cours moyen, lEurope et les grands pays du monde au cours supérieur, avec néanmoins une révision de la géographie de la France et des colonies dans loptique de lexamen, du certificat détudes primaires. Plus nettement quen 1882, il invite à choisir cette méthode, plutôt que dessayer par la répétition des mêmes faits, année après année, de charger la mémoire de lécolier :
À la méthode concentrique préférez la méthode progressive. Celle-ci exige, comme celle-là, que les connaissances soient solidement acquises : aller de lavant, ce nest pas aller à laventure. [
]
En arrivant au cours élémentaire [
] Les leçons de géographie seront dabord des leçons de choses. [
]
Le cours moyen est exclusivement consacré à la géographie de la France. [
] Donnons-leur de leur pays, de la mère patrie et de ses filles lointaines, une image aussi riche que possible. Ce qui ne veut pas dire quil faille confier à leur mémoire une énorme quantité de noms propres et de termes techniques.
(Léon Bérard.)
Quelques années plus tard, en 1939, Jean Zay complète la série de textes sur les activités dirigées par une circulaire où il prône la généralisation des sorties pour létude du milieu local et létude des paysages. Il situe ceci dans la continuité des instructions de 1923.
La classe-promenade était déjà prévue dune manière expresse dans les Instructions ; elle est déjà entrée dans la pratique en quelques endroits. Lheure est venue den généraliser lusage.
Si les trois heures de loisirs dirigés sont utilisées par un maître diligent, elles doivent fournir les acquisitions les plus solides qui serviront de fondement à un enseignement moins formel et plus proche de la vie. Lingéniosité des maîtres est appelée à se donner libre cours, et lon peut concevoir une infinité de modalités dans lorganisation de ces loisirs et dans lutilisation des ressources du milieu local. Cest la promenade au cours de laquelle la conversation est orientée vers lanalyse du paysage.
(Jean Zay.)
Ce rôle important du milieu local est à son tour souligné, en septembre 1940, par le Secrétaire dÉtat à lInstruction Publique, Georges Ripert, puis en 1942 par le Secrétaire dÉtat à lÉducation nationale et à la Jeunesse, Jérôme Carcopino. À nouveau ladjectif « concret » se retrouve dans les textes de Vichy, un peu en écho de la dénonciation faite par Jules Ferry du temps perdu « en discussions oiseuses, en théories savantes, en curiosité scolastiques ». En même temps la classe-promenade continue à être recommandée comme par Jean Zay et comme par Ferdinand Buisson, quelques années plus tôt dans le Dictionnaire.
À la Libération et sous la IVe République, les textes reprennent largement les programmes de 1923. Ils renvoient toujours à lidée que lenseignement doit partir du « concret » :
Il est recommandé, au contraire, de donner, chaque fois que cest possible, un enseignement concret mettant les élèves en face des faits et dutiliser les méthodes actives qui donnent des résultats très intéressants à lécole maternelle.
Lobservation du milieu local est donc toujours centrale. Lenseignement de la géographie, une leçon de choses :
Cours élémentaire. [
]. Toutes les leçons seront fondées sur lobservation du milieu local et lexplication de gravures ; elles seront faites en liaison avec les classes promenades et les activités dirigées. [
]
Cours moyen. [
] 1° Géographie locale : étude par lobservation directe le plus possible de la ville ou du petit coin de France qui lentoure.
Établissement par les élèves de petites monographies du village ou de la ville ou du quartier. [
]
Ainsi conçu, lenseignement de la géographie à lécole primaire rejoint celui des leçons de choses..
Toutes ces leçons auront pour base soit le commentaire dune image, soit lobservation dun élément tiré du milieu local : une large place sera toujours faite à linterrogation.
Cest du moins ce quaffirme la lettre des programmes, leur mise en uvre est, nous le verrons plus loin en étudiant lemploi du temps dune classe de cours moyen, une autre affaire.
1.3. La France et les autres espaces identitaires dans les programmes de géographie pour lécole primaire sous la IIIe et la IVe République
De 1882 à 1945, il est possible de distinguer plusieurs niveaux déchelle emboîtés dans les programmes scolaires : le local observable par la méthode intuitive, le local étendu au canton, au département ou même à la région, la France, ses colonies, lEurope, le Monde.
Les instructions qui commentent les programmes donnent parfois une plus grande place à lobservation du local, cette approche est toujours prônée au cours élémentaire (écoliers de 7 à 9ans). De Jules Ferry à la Libération, cest une des deux grandes continuités dans les programmes (tableau 2).
À un niveau déchelle un peu plus vaste, « létude plus approfondie du canton, du département, de la région » est située de façon plus irrégulière dans les curricula. Ce milieu local élargi, au delà du « lieu natal », nest pas formulé dans les programmes de 1923 et 1945. À linverse, il est fortement présent en 1882. Il est aussi le stade ultime des études de géographie en 1938 et 1941, la monographie locale ou régionale réalisée pendant les derniers mois de la classe de fin détudes permet alors de mettre en uvre les méthodes géographiques acquises précédemment.
À côté de lobservation de lenvironnement immédiat au cours élémentaire, lautre noyau stable des programmes est constitué par létude de la France au cours moyen. Cest la dernière classe de la scolarité obligatoire en 1882. Au-delà, le cours supérieur et les classes débouchant sur les certificat détudes primaires y consacrent aussi une place importante à la géographie de la France.
Cette étude comprend celle des colonies françaises. Lintitulé évolue : « la France et ses colonies » en 1882, 1923, 1937, « la France et la France dOutre-mer » en 1941, « la France et lUnion française » en 1945. Les programmes de géographie de lécole primaire font de la patrie, prolongée par son domaine colonial, le principal cadre didentité des petits écoliers français.
Les autres contrées du monde sont évoquées plus rapidement lors des présentations de la Terre. Les « grands pays du monde » sont inscrits au programme des cours supérieurs en 1882 et 1923. La « géographie physique et politique de lEurope » est aussi au programme de ce cours supérieur en 1882, et sous le libellé « lEurope » en 1923. À partir de 1938 la référence au cadre européen disparaît des programmes de géographie de lécole, elle ne sera réintroduite que dans le texte de 1984.
Lapprentissage des principes de la carte et plus précisément lapprentissage de croquis cartographiques sont aussi des constantes des programmes de ces années.
Le tableau 2 met graphiquement en valeur la logique dorganisation du curriculum de géographie à lécole primaire. De 1882 à 1947 on constate que la France est le pivot de toutes les programmations à partir du cours moyen.
En 1882 et en 1923 on voit sur ce tableau une sorte descalier, conduisant du cours élémentaire au cours supérieur, descendant marche après marche de létude du local à celle du monde. Après quelques préalables de vocabulaire relevant de la géographie générale, le curriculum emboîte les territoires étudiés : du local à la France, de la France au Monde.
Le principe dorganisation va du proche au lointain, tout en conférant à létude de la France la place principale.
À partir de 1938, lallongement de la scolarité primaire après le cours supérieur bouleverse cette disposition, les années de la classe de fin détude sefforçant de combiner la géographie générale et la géographie régionale, létude de la France et celle du Monde. La logique du curriculum est perturbée, dune part, par le retour à létude du local et de la région au cours supérieur ou en classe de fin détude, et, dautre part, par le retour à de la géographie générale en classe de fin détudes. Dans le premier cas, il sagit, en fin de scolarité primaire, de mettre en oeuvre les savoir-faire géographiques dans le cadre de monographies locales ou départementales, dans le deuxième cas, il sagit de construire une cohérence globalement inductive des programmes.
Exceptés quelques mots de vocabulaire relevant de la géographie générale appris en préambule, le curriculum va toujours du proche au lointain, mais aussi du particulier au général. Mais la France occupe toujours la place centrale de ces études de géographie.
Tableau 2.
Les domaines étudiés dans les programmes de géographie de lécole primaire de 1882, 1923, 1937, 1941 et 1945.
Géographie généraleObservation du localCanton, département régionFranceFrance dOutremerEuropeMondeJules Ferry
(1882)Cours élémentaireCours élémentaireCours élémentaire
Cours moyen
Cours moyen
Cours supérieur
Cours moyen Cours supérieur
Cours supérieur
Cours supérieurLéon Bérard
(1923)Cours élémentaireCours élémentaireCours élémentaire
Cours moyen
Cours supérieur
Cours moyen
Cours supérieur
Cours supérieur
Cours supérieurJean Zay
(1938)Cours élémentaire
Cours
Supérieur
Classe de fin détudesCours élémentaire
Classe de fin détudesCours élémentaire
Cours moyen
Cours
Supérieur
Classe de fin détudes
Cours moyen
Cours
supérieur
Cours supérieurCarcopino (1941) :Cours élémentaire
Classe de fin détudesCours élémentaireCours élémentaire
Cours supérieur
Classe de fin détudes
Cours moyen
Cours supérieur
Classe de fin détudes
Cours moyen
Cours supérieur
Classe de fin détudes
Cours supérieur
Classe de fin détudesAprès la 2e guerre mondiale :
-CE et CM (1945) ;
- Classe de fin détudes (1947)Cours élémentaire
Classe de fin détudesCours élémentaire
Cours moyen
Cours supérieur
Cours moyen
Cours supérieur
Classe de fin détudes
Cours moyen
Cours supérieur
Classe de fin détudes
Les programmes, ainsi réduits à leur titre de chapitre, apparaissent un peu décharnés. En particulier, ces libellés ne permettent pas toujours dapprécier la part respective des descriptions de géographie physique et de la géographie humaine ou bien la dimension patriotique, voire nationaliste de cet enseignement. En effet, dans la mémoire collective lenseignement de la géographie pendant la IIIe République reste étroitement attaché à deux caractères : la routine des listes apprises par cur, le caractère cocardier, voire chauvin de ses contenus.
Ces traits napparaissent pas dévidence à la simple lecture des programmes, même si on y lit bien la place centrale de la France pendant les années de cours moyen, années qui marquent la fin de la scolarisation générale. Deux éclairages complèteront cette vision. Dune part un éclairage décalé, à travers un regard sur lenseignement de la géographie en Italie, dautre part une étude de cas, à partir du cahier de classe dun cours moyen afin de confronter ce que disent les programmes et ce qui peut se dérouler dans une classe.
2. En Europe, une mobilisation nationale de la géographie
Mondialement, cest probablement Le merveilleux voyage de Nils Hogersson à travers la Suède, qui est le roman déducation géographique, morale et patriotique le plus connu. Selma Lagerlöf, ancienne institutrice, nest pas la seule à sadonner à ce genre de littérature romanesque et éducative. Nous avions déjà rencontré ce genre parmi les ouvrages présents dans les classes lors de lenquête commandée par Guizot en 1833. À la fin du XIXe siècle, les romans de Jules Verne sont, eux aussi, des vulgarisateurs des connaissances scientifiques et géographiques. Mais le roman de Selma Lagerlöf, à la différence du Tour du monde en 80 jours est emblématique de la littérature enfantine associant éducation morale des enfants et inventaire du territoire national.
Nous verrons cette mobilisation nationale de la géographie à travers un genre littéraire « tour de la patrie », avec un exemple italien et dans le cadre de la politique dédition scolaire, avec le cas de lEspagne.
2.1. Il Bel Paese, et le genre « Tour de la patrie »
Au XIXe siècle un genre littéraire, que nous appelons « tour de la patrie », se généralise. Dans la forme scolaire ce cette littérature, le Tour de France par deux enfants est de loin louvrage le plus connu en France, le plus répandu comme livre unique de lecture et déducation scientifique. Il est devenu un « lieu de mémoire » de lidentité française :
On se plaint continuellement que nos enfants ne connaissent pas assez leur pays : sils le connaissaient mieux, dit-on avec raison, ils laimeraient encore davantage et pourraient encore mieux le servir. Mais nos maîtres savent combien est difficile de donner à lenfant lidée nette de la patrie ou même simplement de son territoire et de ses ressources. [
] pour frapper son esprit, il faut lui rendre la patrie visible et vivante. Dans ce but nous avons essayé de mettre à profit lintérêt que les enfants portent aux récits de voyages. En leur racontant le voyage courageux de deux jeunes Lorrains à travers la France entière, nous avons voulu leur faire pour ainsi dire voir et toucher ; nous avons voulu leur montrer comment chacun des fils de la mère commune arrive à tirer profit des richesses de sa contrée et comment il sait, aux endroits mêmes où le sol est pauvre, le forcer par son industrie à produire le plus possible.
(Giordana Bruno.)
Dautres exemples de ce type existent ailleurs. Bel Paese en Italie est dans la mémoire nationale léquivalent des manuels de géographie de Foncin et du Tour de France par deux Enfants. Son titre complet et explicite est : Il Bel-Paese. Conversazioni sulle Belleze Naturali. La geologia e la geografia fisica dItalia. Il est lobjet de mémoire qui symbolise pendant des décennies lenseignement de la géographie à lÉcole. En 1883 Antonio Stoppani, son auteur, prend appui sur la littérature géographique et patriotique suisse pour promouvoir son propre ouvrage, Il Bel Paese. La préface est explicitement dédiée agli istitutori, aux instituteurs. Stoppani prend en exemple les nations voisines qui ont su développer une « littérature scientifique vraiment nationale », en particulier les Suisses. Mais, dit-il, en sadressant aux instituteurs italiens, « notre monde est plus vaste, et infiniment plus riche en beautés et en phénomènes physiques ». Il poursuit de façon enthousiaste son énumération des beautés de la géographie physique de lItalie: « et quand nous aurons décrit nos glaciers, nos rochers et nos gorges des Alpes et des Préalpes, nous trouverons un autre monde à décrire : les sources gazeuses, les fontaines ardentes, les sels, les volcans de boue, les vrais volcans, actifs ou éteints, le Vésuve et lEtna ». LItalie, comme la France pour des auteurs Français, est« quasiment » « la synthèse du monde physique » avec ses « climats variés, les diverses zones de végétation , depuis la subtropicale jusquà la glaciaire ».
La géographie physique, la plus « scientifique » est ainsi convoquée pour construire le sentiment patriotique :
In questo ci può servire di modello la nazione con noi confinante, che meritamente superba, forse sopra tutte le altre, di una letteratura scientifica veramente nazionale; atta cioè a coltivare, ache lato del bello descrittivo e delle ricchezze scientifiche, il sentimento dell nazionalità. La letteratura svizzera possiede tre opere stupende in questo genere, cioè : Les Alpes Suisses, di Eugenio Rambert ; Les Alpes, di Berlepsch; e das Thierleben der Alpenwelt, o La vita degli animali nelle regioni delle Alpi, di Tschùdi. A queste bisogna aggiungere quellaltra più scientifica di tutte; Le monde primitif de la Suisse, di Heer. Queste opere ebbero nella Svizzera e al di di fuori un successo immenso, lonore di varie edizioni e di traduzioni in diverse lingue. Ma il mondoi fisico della Svizzera si riduce, possiam dire, alle Alpi; mentre il nostro mondi è assai più vaste, e infinitamente più ricco di fenomeni e di naturali belleze. Alle bellezze edalle ricchezze scientifiche dellApennino, e quando avremo descritto i nostri ghiacciai, le nostre rupi e le gole delle Alpi e delle Prealpi, troveremo altri mondi da descrivere: le amanazioni gasose, le fontane ardenti, le salse, i vulcani di fango, i veri vulcani o vivi o spenti, il Vesuvio, lEtna, poi ancora il mare e le sue isole, i climi diversi, le diverse zone di vegetazione dalla subtropicale alla glaciale, e così via discorrendo, chè lItalia è quasi (non balbetto nel dirlo) la sintesi del mondo fisico.
(Antonio Stoppani.)
Il est aisé de repérer dans cette introduction la répétition des 7 lexèmes qui ponctuent et structurent conjointement le discours : scien(ce/tifique), nation(al), nous/notre, physique, beauté, richesse, Italie(n). La science est convoquée à la rescousse de la construction de la nation (Si direbbe che il popolo italiano (intendo quella minoranza che si occupa di leggere) reclami dasuoi uomini di scienza questa genere di litteratura
). LItalie cest notre monde, (noi
). Plus que lhistoire, cest la géographie physique et les richesses naturelles qui bâtissent lidentité nationale.
Les Hautes montagnes, en particulier les glaciers, sont des hauts lieux de lidentité nationale et aussi des espaces de formation morale grâce à lalpinisme. Le rôle emblématique des hautes montagnes se retrouvent dans dautres histoires nationales à cette époque.. Pour découvrir lItalie, le plan de louvrage de Stoppani propose un itinéraire qui commence à partir de ce sommet alpin : chapitre I : De Belluno à Agordo ; chapitre II : Les alpinistes et les voyages alpins ; chapitre IV : de Agordo à Udine, chapitre V : le glacier du Four
De plus le point de départ de cette périégèse de lItalie est aussi une frontière, et la plus contestée des frontières italiennes à cette époque. Les Alpes séparent alors lItalie de ses dernières provinces irrédentes : le Trentin, voire lIstrie.
Le parallèle est aisé à dresser avec le Tour de France de deux Enfants qui commencent leur périple à partir de Sarrebourg, à proximité de cette frontière bousculée qui a créé en 1871 deux provinces irrédentes pour la France : lAlsace et la Lorraine.
Autre ressemblance plus générale entre le Bel paese et le Tour de France, cest lidée que la diversité fonde lunité de la patrie. LItalie est un microcosme et une synthèse du monde pour Stoppani (lItalia è quasi (non balbetto nel dirlo) sintesi del mondo fisico). Ceci nous renvoie en écho aux Tableaux de la France par Michelet, Reclus ou Vidal qui conjuguent lunité et la diversité de la France : « [
] lidentité française quils construisent se spécifie par deux termes, le contraste et la distribution. »
2.2. Les livres de géographie à lécole primaire en Espagne.
Les similitudes entre les pays européens ne relèvent pas seulement des approches pour construire le sentiment patriotique à travers lÉcole ; elles se manifestent au travers du développement de linstruction primaire et de la constitution dun enseignement de la géographie. LAllemagne et la Suisse ont ouvert la marche et ont servi dexemple aux autres pays. La France a suivi de près, le Royaume-Uni a été plus tardif compte tenu dun moindre engagement de lÉtat dans la politique éducative. LEspagne et lItalie sont aussi un peu en retard sur lEurope du Nord mais le mouvement est le même, les livres souvent fortement inspirés dans des publications françaises ou allemandes.
Mais limpression densemble, mise en valeur par Horacío Capel, est que le développement de la géographie dans lenseignement primaire est un phénomène largement commun à lEurope et à lAmérique du Nord, au delà des spécificités nationales. Ces ressemblances apparaissent aussi au vu du rythme de publication des ouvrages de géographie pour lécole élémentaire. Le relevé des années dédition des livres de géographie pour lécole primaire effectué par Horacío Capel, Jordi Solé et Luís Urtuega fait apparaître en Espagne une période dessor du nombre de publications à partir de 1850. Le développement éditorial caractérise la seconde moitié du XIXe siècle et les premières décennies du XXe (tableau 3). Un repli apparaît pendant les dernières années du règne contesté dIsabelle II (1860-1868).
Tableau 3. Édition douvrages de géographie pour lécole primaire en Espagne (1800-1939) Source : Horacío Capel, Jordi Solé et Luís Urtuega.
AnnéesNombre déditionsAnnéesNombre déditions1800 -180411870 -1874101805 -1809-1875 -1879141810 -181411880 -1884131815 -1819-1885 -1889151820 -1824-1890 -1894141825 -182941895 -1899151830 -183441900 -1904161835 -183931905 -1909131840 -184451910 -1914131845 -184981915 -191971850 -1854101920 -1924101855 -1859111925 -192911860 -186451930 -193481865 -186941935 -19398
Les « tours de la patrie » de Giordana Bruno, Antonio Stoppani ou Selma Lagerlöf et les manuels scolaires spécifiquement géographiques construisent une éducation géographique qui conjugue valeurs morales universelles et exaltation du sentiment patriotique, ce qui nest pas sans contradiction à nos yeux, mais ce qui allait de soi quand la patrie incarnait en Europe les valeurs morales universelles.
Sur cette question la guerre de 1914-1918 constitue un tournant. Lenseignement de la géographie, en France en particulier, semble fortement évoluer dans ses valeurs de référence. La géographie après avoir contribué à préparer la revanche a comme mission déduquer aussi à la paix.
3. La géographie à lÉcole, ça devait servir à faire la guerre,
puis ça devait servir à faire la paix
La dimension patriotique se manifeste clairement dans les manuels scolaires davant 1914 en France comme dans les pays voisins. Ce patriotisme se traduit en un nationalisme plus ou moins exacerbé selon les auteurs. Ainsi la Première année de géographie de Foncin contient des leçons sur la Défense militaire de la France et sur lAlsace-Lorraine. Édition après édition, les informations législatives et statistiques sont régulièrement mises à jour. Le paragraphe « La meilleure défense de la France est moins lenceinte de ses forteresses que la bravoure, la discipline, le patriotisme de ses enfants » est constamment reprise. Par contre, Foncin ne fait plus dans les éditions des années 1910 de paragraphe spécifique sur les « Qualités militaires des Français ». Il semble que, à la veille de la guerre, le texte des géographies de Foncin soit déjà moins guerrier.
3.1. Enseigner la géographie et préparer la Revanche ?
À propos de lAlsace-Lorraine le texte change peu, il reste articulé en 3 grandes parties : 1. Historique, 2. Ce que la France a perdu, 3. Fidélité des Alsaciens à la France. On ne note que quelques retouches de détail. Dans les dernières éditions avant 1914, lalinéa suivant est supprimé : « Malgré limmigration de beaucoup dAllemands, surtout à Metz, la population de lAlsace diminue et, en même temps, la richesse générale du pays. ». Il y a donc un net souci dactualiser les informations en fonction des données démographiques qui évoluent. Par contre la modification du paragraphe conclusif a plus de sens. À la fin du XIXe sy exprime labattement consécutif à la défaite. Précédemment Pierre Foncin écrivait :
Et si nous retrouvons un jour assez de force pour battre les Allemands à notre tour, ce sera une grande joie que le retour à la patrie des provinces dont on lui a enlevé le territoire, mais dont le cur lui appartient toujours.
(P. Foncin.)
À partir des années 1910, le texte abandonne le conditionnel, devient plus affirmatif, plus optimiste. Mais en même temps Foncin abandonne la référence implicite à la guerre comme moyen de libérer les Alsaciens Lorrains du joug allemand.
Et quand lAlsace et la Lorraine redeviendront françaises, ce sera une grande joie que le retour à la patrie des provinces dont on lui a enlevé le territoire, mais dont le cur lui appartient toujours.
(P. Foncin.)
Foncin est un patriote, fondateur et président de lAlliance française. Vidal de La Blache trace ainsi sa mémoire : « Ardent patriote, il réprouve énergiquement le chauvinisme, « indigne dun homme sensé et dun véritable citoyen ». Son patriotisme est bien celui quil a défini en termes excellents : « un amour éclairé qui connaît le fort et le faible de son pays, ladore tel quil est, mais désire non moins ardemment quil accomplisse de nouveaux progrès
»
Cest ainsi quil faut comprendre limportance pour Foncin des questions militaires et des chapitres spécifiques sur la Défense de la France et sur lAlsace-Lorraine dans ses livres de la Deuxième année de géographie et de la Troisième année.
La confrontation des forces armées se retrouve aussi dans le manuel de Toutey pour le Cours élémentaire, deux graphiques illustrés comparent les effectifs des armées et limportance des marines de guerre des puissances européennes. Mais tous les auteurs de géographie scolaire ne sont pas unanimes. On ne parle ni de lorganisation militaire de la France, ni de lAlsace-Lorraine dans les manuels de Lemonnier et Schrader pour le cours élémentaire. Le deuil de lAlsace-Lorraine ny est cependant pas total. Sur les cartes, la frontière davant 1871 apparaît bien en pointillé de même que les provinces perdues, mais le texte du livre ne fait pas référence aux provinces perdues. Même le Rhin nest pas nommé dans la présentation des fleuves et de leur bassin. Ainsi la Moselle, tout comme lEscaut et la Meuse, fait partie des fleuves secondaires « qui se jettent dans la mer du Nord hors de France». Correction est néanmoins faite dans les éditions ultérieures où les auteurs précisent : « La Moselle qui arrose Épinal et se jette hors de France dans le Rhin ». Les livres scolaires ne sont donc pas également tournés vers la Revanche belliciste. La géographie ne sert pas quà préparer la guerre.
Lon a aussi vu que Schrader se plaçait sous les auspices scientifiques dun Élisée Reclus, éminent géographe, et célèbre anarchiste. Reclus condamne clairement le nationalisme et dénonce les frontières en tant quobstacle :
Il est certain que, prise dans sa première acception lamour de la « patrie » est légitime et normal. On aime naturellement le plus ce que lon connaît le mieux. Rien de plus conforme à lévolution humaine. La communion damour créée par le travail fait chérir le sillon doù lon a tiré sa nourriture, où lon a peiné, où lon a souffert, où lon a aussi trouvé, après les fatigues et les ennuis, la consolation et le repos. Cette terre, qui vous a donné naissance et qui vous a nourri, est également celle où se sont formées toutes les associations de vie, où, après avoir sucé le lait de la mère, on vit et on connut tous ses semblables, on les aima et où se fonda la famille, où, tous les instants, on savoura la caresse du langage que lon comprend et du chant qui vous fait rire ou pleurer. Voilà de pures et nobles sources dérivant uniquement de conditions normales de vie. [
]
À lamour du sol et du parler natal que lon vante benoîtement comme la source du patriotisme, se mêlent donc lavidité du pillage et la haine de létranger pour faire éclore cette fleur hybride que lon célèbre volontiers comme la plus belle. [
]
Pour justifier lexistence des frontières, dont labsurdité saute quand même aux yeux, on tire argument des nationalités, comme si les groupements politiques avaient tous une constitution normale et quil y eut superposition réelle entre le territoire délimité et lensemble de la population consciente de sa vie collective. Sans doute, chaque individu a le droit de se grouper, de sassocier avec dautres suivant ses affinités, parmi lesquelles la communauté de murs, de langage, dhistoire est la première de toutes en importance, mais cette liberté de groupement individuel implique la mobilité de la frontière ; combien peu en réalité le franc vouloir des habitants est-il franchement daccord avec les conventions officielles
(É. Reclus.)
Les objectifs idéologiques, les finalités politiques de lenseignement de la géographie sont donc moins homogènes quil ne semblerait à première vue.
3.2. La géographie « facteur de paix » ?
Après la Première Guerre mondiale, linfléchissement vers une géographie moins belliciste est encore plus marqué, il sagit même dune rupture car la géographie est alors enseignée par des instituteurs résolument pacifistes. Les géographes donnent alors de plus en plus souvent à la géographie la finalité de développer la compréhension entre les peuples. Ainsi, René Ozouf estime de façon nuancée que la géographie « donne le sens de la vie et de leffort, éclaire le patriotisme et intelligemment enseignée, peut contribuer puissamment au développement de lesprit de paix. » Il consacre dans son Vade-Mecum quatre pages à un développement titré « La Géographie, facteur de paix. » :
La géographie, comme lhistoire, peut aider efficacement à inculquer à lenfant, à lhomme de demain, cette espèce de fonds de compréhension et dobjectivité qui fait le pacifiste, en lui permettant dadmettre toutes les thèses, de comprendre comment elles sont nées, pourquoi et par qui elles sont défendues, et finalement, sil est possible de les concilier [
]
(R. Ozouf.)
René Ozouf cite ensuite longuement une conférence faite à lUniversité de Genève par F. Maurettte à loccasion de la Semaine de la paix en 1933. Maurette présente lenseignement de la géographie comme celui où lon présente leffort humain, la variété humaine et la solidarité entre les hommes, une géographie scolaire qui contribue donc à la paix :
[
] Ainsi la géographie est bonne créatrice de cette disposition desprit qui amènera les enfants du spectacle du labeur humain au respect des résultats de ce labeur, du spectacle de la variété des hommes au respect des différences ethniques et intellectuelles, du spectacle de la solidarité humaine à une sage conception de la paix nécessaire.
(F. Maurette.)
Après la Seconde Guerre mondiale, Max Sorre, alors Directeur honoraire de lEnseignement du Premier Degré et Professeur honoraire à la faculté des Lettres de lUniversité de Paris développe, à son tour, cette finalité de la géographie : permettre la compréhension entre les peuples :
[
] Mais la géographie nous donne une image chaque jour plus riche de lhumanité. Elle nous met en contact avec des civilisations différentes de la nôtre et qui dans certains domaines ne lui cèdent en rien. Le bénéfice que nous en tirons dépend de notre bonne volonté à accueillir ces contacts, de notre aptitude à dépouiller notre égoïsme ethnique pour comprendre des manières dêtre étrangères. Certes, il nest pas question de renier notre passé, ni de sous-estimer la valeur de notre civilisation élaborée par les siècles. Il sagit de recueillir toutes les richesses du monde et de les faire nôtres, de sassocier enfin à cette immense aspiration vers lunité humaine dont tous nos vux appellent la réalisation.
Voilà en fait où va la géographie humaine. [
]
(M. Sorre.)
Il faut aussi indiquer, que tous deux, F. Maurette, tout comme Max Sorre, précisent dans leurs propos que ces finalités sont, plus spécifiquement, celles de la géographie humaine. Mais quen est-il dans la pratique quotidienne de la classe, dans les exercices, dans les propos des instituteurs ? Nous avons eu recours à la lecture de la presse syndicale qui exprime la sensibilité pacifiste des maîtres dans lEntre deux guerres. Leur revue syndicale, LÉcole Libératrice défend une telle position, y compris pendant la guerre dEspagne, durant laquelle elle dénonce alors autant les atrocités de la guerre que lagression des franquistes.
Dans les cours dinstruction civique ce désir dentente entre les peuples, cet appel à larbitrage pacifique des conflits est explicité par les enseignants. On peut retrouver aujourdhui le déroulement de ces leçons soit dans les cahiers des élèves, soit dans les carnets de préparation de classe des instituteurs. Dans lun de ceux-ci, rédigé par linstitutrice, ou par son remplaçant car lécriture change en cours dannée, on relève la place importante quoccupe la dénonciation de la guerre et la promotion des arbitrages internationaux pacifiques.
Tableau 4. Des leçons pacifistes en Instruction morale et civique.
Cours Moyen 1ère année, école de garçons, 210 av. de la République à Nanterre en 1930-1931.
Jour de la semaineInstruction morale et civique
(Textes manuscrits de linstituteur)Lundi 8 juinMorale. La guerre. La guerre vieille comme le monde. Guerres de tribus provinces peuples. Lire la Guerre de Victor Hugo.Mardi 9 juinMorale. Absurdité de la guerre. Passage de La Bruyère. Comparaison avec les humains. Les animaux ne se serviraient que de leurs armes naturelles, mais les hommes
Mercredi 10 juinMorale. La guerre. Atrocité de la guerre. La guerre chimique. La guerre aérienne. La victoire nappartient quà la force. Mais avive les rancunes et les haines.Vendredi 12 juinMorale. La guerre. Les conséquences désastreuses. Ruine du vainqueur aussi bien que du vaincuSamedi 13 juinCongé (Prés. de la République)Lundi 15 juinMardi 16 juinMorale. Larbitrage international. Quest-ce quun arbitre (terme sportif). Impartialité de larbitre. Contestation entre deux enfants. Avantages de cette façon de faire (Différent tranché sas abus de force).Mercredi 17 juinMorale. Larbitrage international. Les tribunaux. Se faire justice soi-même ou avoir recours aux tribunaux. Juges : arbitres compétents. Sans eux ce serait la guerre civile doù victoire de la violence.Vendredi 19 juinMorale. Larbitrage international. Larbitrage entre nations. Deux nations en conflit : guerre et ses conséquences. Solution pacifique. Exemples : 1920-21. Cour de la Haye. Désaccord déjà soumis à cette cour.Samedi 20 juinMorale. Larbitrage international. Ce quil faudrait. Conflits interna. oblig. regl. Par voie arbitre. II aussi que les nations en desacc. ne recour. jamais à la guerre
Après cette semaine traitant de la guerre, et celle qui est consacrée aux arbitrages internationaux, lenseignant prolongeait la semaine suivante ses leçons dinstruction morale et civique par une semaine de présentation de la Société des Nations. On pourrait donc penser a priori que de tels instituteurs sont particulièrement sensibles aux finalités pacifistes de lenseignement de la géographie, telles que nous les avons vues sous la plume de Fernand Maurette ou de Max Sorre
Pour tester une telle hypothèse, on peut regarder ce quil est écrit dans le même cahier pour les leçons de géographie. Cest lobjet du point qui suit.
4. Finalités proclamées et géographie enseignée.
Lécole est pleine de valeurs. Lenseignant dans ses leçons dinstruction civique les proclame, en toute bonne foi. Mais il ne suffit pas dadhérer à des valeurs pour que lenseignement pratiqué les décline naturellement. Lenseignement au quotidien et même les discours sur les finalités de lenseignement révèlent des contradictions. La géographie enseignée dans cette classe de cours moyen à Nanterre nest pas sans contradiction avec les valeurs civiques invoquées et même les discours des prescripteurs en pédagogie ne sont pas exempts de tensions que lanalyse des textes révèle.
4.1. Une année de géographie dans un cours moyen première année à Nanterre en 1930-1931.
La lecture du Carnet de préparation tenu par Renée Val et par ses remplaçants durant cette année 1930-1931 offre plusieurs champs dinvestigation. Elle offre la possibilité de trouver des réponses à plusieurs questions. Les finalités pacifistes notées dans les leçons dinstruction civique apparaissent-elles dans la présentation des séances de géographie ? Quelle est la place de létude du milieu local dans lenseignement de la géographie ? Peut-on relever, dans ce carnet, des indices de lutilisation de lobservation et de la mise en uvre de la méthode intuitive par les maîtres ?
Nous faisons le postulat que cette classe nest pas extraordinaire. Les enseignants apparaissent bien consciencieux avec un cahier de préparation bien tenu, écrivant pour chaque jour quelques précisions sur les activités, une dizaine de rubriques disciplinaires sont ainsi quotidiennement remplies. Létude plus détaillée de la présentation de quelques leçons les montre assez conformes au plan des manuels scolaires de lépoque. Ainsi, dans ce Carnet de préparation, le déroulement canonique de létude des fleuves ou la liste des climats correspondent à celle que lon relève dans nombre de manuels scolaires de lépoque.
Néanmoins nous devrons garder à lesprit quil sagit de la première année de cours moyen et que, probablement, lannée suivante les écoliers étudieront dautres aspects du programme. La répartition entre les 2 années du cours moyen nétant pas précisée, ni par le programme et ni par les instructions officielles qui se limitent alors à ce très court libellé pour le cours moyen : « La France et ses colonies »
Tableau 5. Une année de géographie dans un cours moyen à Nanterre en 1930-1931.
Cours Moyen 1ère année, école de garçons, 210 av. de la République.
Jour de la semaineGéographie
(Textes manuscrits de linstituteur)Vendredi 10 octobre1ère Leçon G
La France dimensions superficie limitesVendredi 17 octobreLes Alpes et les Pyrénées
(principaux sommets et passages)Lundi 20 octobreMassif Central Cévennes MorvanVendredi 24 octobreInterrogation sur Alpes et Pyrénées
Massif Central (1ère leçon sur MC)Mardi 28 octobreMassif Central
Croquis rapide sur feuilleMardi 4 novembreVosges
JuraVendredi 7 novembreRévision des montagnes (écrite) I Schéma des Pyrénées II Point culminant Alpes
IIIChînes formant M.-C. IV Cols ou passage Vosges Lundi 10 novembrePlaines
GénéralitésMardi 18 novembreLa côte de la Manche
(récifs, falaises)Vendredi 21 novembreLes climats
(1ère leçon)Mardi 25 novembreExposé sur le climat Un petit croquis est dessiné représentant le globe il y est indiqué PN (pôle nord) 45 avec le parallèle correspondant. E-E sur léquateur. En marge on peut lire France et 12°.Vendredi 28 novembreLes climats Pluie Vents
C. armoricain, parisien, vosgien.Mardi 2 décembreInterrog. sur cl. arm. par. vos.
Exposé. cl. aquitain, auvergnat, rhodanien, méditerranéen.Vendredi 5 décembreInter. sur cours Seine
Exposé Affluents Seine Croquis S et affl. (feuille)Mardi 9 décembreSeine et affluents. Croquis sur cah.
Exp. La Loire (cours)Vendredi 12 décembreLa Loire (cours)
Exposé : Les affluents LoireMardi 15 décembreComposition HG : 1° Climat parisien. 2° Énumérez les affluents de la Loire rive gauche
3° Croquis de la Seine et de ses affluents (noms villes).Vendredi 19 décembreAffluents Loire (Nièvre, Maine, Allier, Cher, Indre, Vienne.)
Fleuves côtiers : VilaineMardi 23 décembreLe cours de la Garonne
Croquis de la Loire sur le cahierVendredi 26 décembreLe cours de la Garonne (rev.) Les affluents de rive droite.
Croquis au brouillon ; la Garonne et ses af. R.D.Mardi 6 janvierInterrogation : les affluents de la Garonne
Croquis sur le cahier. Garonne et ses affluents.Vendredi 9 janvierLe Rhône
Situation, cours débit.Mardi 13 janvierLe cours Rhône. Exposé
Les affluents du Rhône.Vendredi 16 janvierCarte du Rhône
Alpes, rivières, frontières, villesMardi 20 janvierRhône (en entier)
Leçon : Révision Garonne CroquisVendredi 23 janvierCarte muette
Rév. Garonne, RhôneMardi 27 janvierLa Loire (révision)
Questions simples sur ardoiseVendredi 30 janvierQuestions écrites sur Rhône, GaronneMardi 3 févrierInter. sur Rhin. Importance du Rhin.
Les affluents : Ill, Moselle, Meuse.Vendredi 6 févrierAbs.Mardi 10 février Interrog. : Rhin (affl), Meuse
Carte Rhin et de ses affluents. Meuse. Escaut.Vendredi 13 févrierCompo. trimestrielleMardi 17 févrierRhin, Meuse, Escaut.Vendredi 20 févrierInterrogation écrite sur cours deau
1ère étude des côtes : Côte mer Nord.Vendredi 27 févrierGéographie. La côte de la MancheMardi 10 marsLes côtes de lOcéanVendredi 13 marsLa côte de lOcéan (révision)Mardi 17 marsLes côtes de la Méditerranée
Interrog. Sur les côtes de lAtlantique.Vendredi 20 marsFrance économique.
Agriculture. Le blé en France. Principales régions de culturesMardi 24 marsFrance économique. La vigne
Production. Principales régions.Vendredi 27 marsCinémaMardi 31 marsLa houille en France. son importance. Lexploitation.
Les pays miniers Lens, Anzin, Denain. ImportationMardi 27 avrilLindustrie française.
p.43. fig. 2. Croquis explicatif s/ cahier jour.Mardi 5 maiRévision lindustrie française
La houille, le fer. Industries alimentaires, textiles. Principaux centres métallurgiques.Vendredi 7 maiLa France industrielle. Industries alimentaires, minoteries, pâtes, conserves. Industrie textile Lin, coton, laine. Industries secondaires. Horlogerie, coutellerie, etc. Centres industriels.Mardi 12 mai Compositions trimestriellesVendredi 15 maiComposition trimestrielleMardi 19 maiLes chemins de fer français. État : Paris Le Havre Bordeaux, Brest, Cherb. Nord : Paris Calais Lille Maubeuge Principales stations. Régions traversées.Vendredi 22 maiLes chemins de fer français. Est als. : Paris Longwy, Strasbourg, Mulhouse. PLM : Paris, Pontarlier, Modane, Marseille, Sète.Vendredi 29 maiLes chemins de fer français. Orléans : Paris, Toulouse, Bordeaux, Quimper. Midi : Bordeaux, Hendaye, Sète, Neussargues, Cerbères.Mardi 2 juinCarnet non renseigné excepté en SciencesVendredi 5 juinCarnet non renseigné excepté en SciencesMardi 9 juinVoies naviguables Vendredi 12 juinLe commerce français. a/ Importation. Produits alimentaires. Matières premières. Peu de produits fabriqués. Pays avec lesquels ce commerce seffectue (M.G. 11 avr.)Mardi 16 juinLe commerce français. Exportation. Produits alimentaires. Peu de matières prem. Produits fabriqués. Fournisseurs de la France. Grd p. de commerce (M.G. 11 avr.)Vendredi 19 juinLempire colonial Français. Étendue et peuplement. Colonies de la zone tropicale. Conquête de lEmpire colonial. Les indigènes (M.G. 25 avr.)Mardi 22 juinLempire colonial français. Situation des colonies françaises. Régime. Communications entre la France et ses colonies.Vendredi 25 juinGéographieMercredi 30 juinLe Maroc : Le sol ; cote du Tell. Atlas : intérieur. Population. Protectorat. Principales villes. Développt économique blé orge olivier Élevage des bufs et des moutons.Vendredi 1er juilletGéographie. Révision
On note la régularité des leçons. La géographie, sauf exception, senseigne tous les mardis et tous les vendredis, en fin de matinée semble-t-il. Elle alterne sur cette plage horaire avec lhistoire à laquelle sont consacrés les lundis, mercredis et samedis. Le programme de 1923 prévoit trois heures d « histoire et géographie ». On peut donc estimer que chacune de ces deux séances hebdomadaires dure environ 30 minutes. Le cahier prévoit pour une même séance dune demi-heure à la fois une interrogation et un exposé (du maître très probablement), on devine alors que laccumulation des savoirs nouveaux doit se faire de façon granulaire, par succession de leçons relativement brèves.
Des hésitations apparaissent dans le plan détudes. Par exemple, la leçon du 18 novembre sur les côtes de la Manche est intercalée entre une série de leçons sur les montagnes et les plaines et une autre série sur le climat. Mais une répartition globale apparaît. Lannée est organisée ainsi : huit séances sur le relief de la France en début, puis quatre séances sur le climat, ensuite des leçons sur le relief des littoraux (6 au total) et une longue série de séances sur les cours deau (18 séances). À partir du mois de mars, ce qui correspond aussi avec larrivée dun nouveau remplaçant dans la classe, le programme soriente vers la géographie humaine, la géographie économique plus précisément (12 séances). Au mois de juin, la transition se fait aisément du commerce extérieur à la géographie des colonies françaises (3 séances spécifiques), la présentation des colonies met laccent sur les conditions économiques.
4.2. Décliner en leçons la géographie de la France vers 1930
Les choix des enseignants de cette classe de cours moyen à Nanterre peuvent être comparés aux équilibres entre les chapitres consacrés à la France et à ses colonies dans des manuels scolaires. Ainsi nous verrons si nous sommes en présence dune programmation exceptionnelle ou si celle-ci renvoie aux pratiques répandues dans les années trente. Nous avons comparé le nombre de leçons programmées dans cette classe à la répartition des pages de manuels scolaires (tableau 6).
Tableau 6. Découpages de la « Géographie de la France » vers 1930.
Manuel Hachette
Gallouédec et MauretteManuel Istra
Dôme et BesseigeLeçons dans le CM1 de NanterreNombre de pages%Nombre de pages%Nombre de leçons%Limites, forme et situation11%11%12%Sol et relief 910%68%1323%Climat11%23%47%Cours deau78%45%1832%Ressources végétales, animales, min.22%0%0%Mers et côtes33%23%611%Géographie régionale 3742%4658%0%Nation, population22%23%0%Économie1112%1013%1221%Organisation politique administrative22%45%0%Les colonies françaises1315%23%35%La place de la France dans le monde 11%0%0%Total pour la France et les colonies89100%79100%44100%
Pour mieux effectuer cette comparaison, il faut tenir compte que nous ne comptabilisons quune seule des 2 années de Cours moyen et que ces élèves en effectueront une deuxième. Lécart avec léquilibre global des répartitions effectuées par Gallouédec et Maurette et par Dôme et Besseige nest vraiment sensible que pour létude des Cours deau. 32 % du temps sur une année, alors que, pour lensemble des 2 années, les manuels ny consacrent que de 5 % à 7 % des pages, présentant la France et ses colonies. Inversement, les manuels accordent plus de place aux études régionales dont on peut penser, quelle peuvent être conduites dans cette école en année de Cours moyen 2.
Dans le détail, le déroulement des leçons conduites dans cette classe ne diffère guère des plans adoptés par ces manuels scolaires. Gallouédec et Maurette systématisent ce plan type pour étudier les grands fleuves : 1° Le cours du fleuve ; 2° Les affluents ; 3° Le régime ; 4° Les villes (arrosées). Dôme et Besseige ont un plan type fort semblable pour présenter les fleuves : 1° Son cours ; 2° Ses affluents ; 3° Son régime ; 4° Son rôle. Le carnet de préparation ne renvoie pas toujours à la notion de régime, sauf dans le cas du Rhône où il est indiqué « débit » ; mais il déroule la succession des séances dans la même logique des plans à tiroirs répétitifs.
Le croquis cartographique, exercice canonique, est proposé dans cette classe de Nanterre après linventaire des affluents et des villes et non pendant la présentation de la liste ou la description des objets géographiques. Cest après une interrogation sur les affluents de la Garonne, que le croquis en est tracé par lenseignant (séance du 6 janvier).
Le poids de la géographie physique (36 séances) est nettement plus important que la géographie humaine (12 leçons). Comme dans les manuels de cette époque létude du relief sattarde longuement sur les montagnes et néglige les bas pays qui sont décrits dans les pages sur les régions et non dans celles qui traitent des reliefs. Dans ces préparations de classe, linfluence des Vidal ou des Demangeon se fait beaucoup moins sentir que dans les manuels : pas de région, pas de réflexion sur les interactions spatiales, rien sur les paysages. Il sagit plus dune géographie à la Foncin, première manière, le Foncin de larticle géographie de la première partie du Dictionnaire de Ferdinand Buisson. Cest une géographie qui accumule les inventaires, une géographie appuyée par des croquis de localisation tels que Schrader ou Levasseur les recommandaient.
Les sujets des exercices dévaluation peuvent, comme très souvent, être pris comme un condensé des objectifs de lenseignement : « Dis moi ce que tu évalues en classe, je te dirais ce qui est primordial pour les élèves ». Nous avons dans ce cahier les questions de géographie de la composition de géographie du 15 décembre :
1° Climat parisien.
2° Énumérez les affluents de la Loire rive gauche.
3° Croquis de la Seine et de ses affluents (noms villes).
On retrouve ces exercices formulés de façon quasi identique dans les manuels de lépoque.
- Dans quelle catégorie, classez-vous le climat de votre région ? Essayez de le caractériser (température, vents et pluie) (Dôme et Besseige, p.13) ;
- Faites de mémoire le croquis de la Loire et de ses affluents. (Dôme et Besseige, p.17) ;
- Reproduisez de mémoire le croquis de la Seine et de ses affluents.) (Dôme et Besseige, p.17).
Si cette classe de Nanterre ne se singularise guère par ses objets détude et par le déroulement des leçons et des exercices de contrôle, on peut penser aussi que le fait que les leçons de géographie ne sintéressent pas au milieu local na rien dexceptionnel. Notons que cette école se situe dans le quartier dit du « Petit Nanterre », cest une école de construction alors assez récente. Lurbanisation mêle ici petits pavillons et immeubles de rapport qui ségrènent le long de la route qui relie le centre de Nanterre à Colombes. La population ouvrière doit se répartir dans les usines de la boucle de la Seine, à Nanterre et Colombes plus particulièrement. Lécole est située à quelques centaines de mètres à vol doiseau de la Seine, à proximité dune grande papeterie. Il y a encore des espaces maraîchers et des jardins familiaux. Le bâtiment décole est adossé au terrain de larmée de lair où par la suite sera bâtie luniversité Paris X. La ligne de chemin de fer de Paris à Caen passe à proximité, de même que les trains de banlieue qui relient la gare Saint-Lazare à Saint-Germain en Laye. Pourtant au vue du carnet de préparation, on peut penser que les leçons sur la Seine de même que celles sur la France industrielle ou celles sur les chemins de fer français, ont été conduites de façon identique aux leçons sur la Loire ou le Maroc, avec peut-être une très rapide évocation orale du milieu local, mais sans en faire matière à étude. Aussi, sans vouloir généraliser abusivement, nous faisons lhypothèse que dans le premier tiers du vingtième siècle, au moins dans les écoles urbaines, le milieu local na guère été pris en compte pour lenseignement de la géographie, et que les sorties régulièrement prônées depuis 1882 sont fort rares. Dans cette école il ne semble y avoir alors quune sortie de fin dannée en autocar.
5. Méthodes actives et connaissance de la patrie
La géographie scolaire est au milieu du siècle à la fois une discipline de « plein air », héritière des vertus de lalpinisme vantées dans le Bel Paese de Stoppani et une discipline où lon montre la carte de la patrie. Nous verrons quune tension forte, une contradiction même, se développe entre les méthodes actives et les formes dévaluation de la discipline scolaire qui ne portent pas sur ces méthodes mais surtout sur des exercices faisant appel à la mémoire. Des tensions existent aussi entre louverture au Monde dun Schrader et la fonction déducation patriotique assignée à la géographie par Foncin. Linspiration pédagogique de léducation nouvelle des « loisirs dirigés » de Jean Zay et lapologie des valeurs issus du scoutisme par Cholley ne convergent pas nécessairement. Nous aborderons ceci tout dabord..
5.1. La géographie est porteuse de valeurs
Des tensions existent ainsi entre les finalités éducatives de la géographie et les méthodes actives. La géographie décrit la patrie, la carte montre son image, mais les valeurs morales associées à lidée de la patrie sincarnent aussi dans la pratique active de la géographie. Ainsi certaines méthodes actives en géographie peuvent être la « dure école » du redressement moral, comme dans ce texte écrit au lendemain de la défaite de 1940. Dans ce cas les méthodes actives sont mises au service de finalités identitaires. La pratique de lobservation et les enquêtes sont mobilisées pour « guider », « façonner » la jeunesse. Ici méthodes actives et pratiques, et donc finalités, autoritaires ne sexcluent pas :
LA GÉOGRAPHIE ET LA JEUNESSE
La jeunesse dont nous examinerons le cas, au cours de cet article, nest pas celle des Écoles, mais celle qui se trouve mise de bonne heure en contact avec les dures réalités de lexistence : la jeunesse des champs, celle des métiers et des usines.
Nous devons de plus en plus nous préoccuper delle ; car, elle aussi, mérite dêtre guidée, façonnée intellectuellement ; nous avons plus que jamais besoin de toutes nos valeurs. [
]
Notre géographie nen est plus à lépoque des synthèses hardies, des rapprochements audacieux et superficiels. Elle a depuis longtemps abordé la dure réalité des constructions patientes, ordonnées, exigeant des matériaux convenablement choisis et disposés selon un plan réfléchi, établi à la mesure du réel.
Bref, une dure école, doù la facilité est exclue. [
]
Observation, enquêtes, causeries solidement appuyées par une représentation cartographique, un bon choix dimages et de croquis ; ce qui est bien là la meilleure documentation géographique. Nous croyons aussi que la réunion et la collaboration déquipes diverses équipes détudiants, équipes paysannes, équipes ouvrières donneraient des résultats intéressants.
Les moniteurs. La tâche de diriger une initiative ainsi conçue nest évidemment pas des véritables animateurs mais aussi de chefs ou de moniteurs fortement imprégnés de la méthode géographique. En lisant ces lignes on pourra peut-être penser que nous nous inspirons fortement du programme que lon a appelé Géographie locale. Dans une certaine mesure évidemment, puisque cest lobservation et létude des faits locaux qui doit constituer le point de départ, la base même de notre construction géographique. Mais cette étude des faits locaux nest pas aussi facile quon le croît communément. Le choix qui les retient est extrêmement délicat ; il suppose non seulement une grande expérience de la région, mais il exige une culture très poussée en matière de Géographie générale, culture à notre avis, impossible à acquérir en dehors dun entraînement spécialisé. Autant dire que la formation des moniteurs ou des chefs déquipe ne devrait être confiée quà des Géographes jeunes et avertis.
(A. Cholley.)
Précisons que lInformation géographique cessera rapidement de paraître sous Vichy avant de reprendre sa publication en 1945, pourtant les valeurs reprises ici pour promouvoir la géographie recoupent fortement alors celles de la « Révolution nationale ».
Inversement, la géographie peut aussi se faire porteuse de louverture au Monde. Un monument classé, mais un peu oublié, peut symboliser cette dimension éducative : le globe terrestre monumental construit à lécole de plein air de Suresnes en 1935. Cette initiative dHenri Sellier : bâtir une école sur les hauteurs du Mont Valérien pour accueillir les jeunes écoliers convalescents, souffrant en particulier de problèmes respiratoires, concrétise les idéaux de progrès du député socialiste de la Seine et maire de Suresnes. Le terme de « plein air » fait écho aux nécessités hygiénistes qui lon conduit à impulser la construction de cités jardins et aux pédagogies fondées sur la découverte de la nature. Quant au globe de béton de plus de 3 mètres de haut, il symbolise louverture sur le monde par la géographie. Le monument fait penser aux géoramas du XIXe siècle et au projet de globe gigantesque proposé par Reclus pour lExposition universelle.
Ce globe de Suresnes est lui aussi didactique, un escalier circulaire en métal, aujourdhui démonté, montait en spirale autour du globe afin que les écoliers, mais aussi le public puisque le monument est à lextérieur de lécole, puissent découvrir les parties du monde. Un monument qui permettait même aux aveugles de découvrir notre planète car le modelé du relief pouvait y être touché. Il est emblématique dune géographie ayant comme finalité louverture sur le monde.
La construction de lidentité nationale et louverture sur le monde sont des finalités variées, pas nécessairement contradictoires, les méthodes pédagogiques de cette géographie scolaire présentent elle aussi un large éventail de pratiques.
5.2. Méthodes actives et certificat de fin détudes primaires
Les méthodes actives ne préjugent pas de finalités éducatives libérales ou autoritaires, mais à linverse, laccent mis sur lapprentissage par cur renvoie de façon plus univoque à un modèle éducatif autoritaire. Ce dernier aspect peut-être étudié en analysant les curricula de géographie à lécole primaire. En effet, il apparaît que si la place consacrée aux méthodes actives augmente au cours du XXe siècle, il nen est pas de même pour les classes dexamen. Les questions posées lors du certificat de fin détudes primaires ne sapprennent pas par les méthodes actives, mais en mémorisant par cur.
La part et la place des « méthodes actives » deviennent au milieu du XXe siècle une question centrale dans lenseignement de la géographie, et ce de façon différenciée en fonction de lâge des élèves et de la plus ou moins grande proximité du « certificat ». Nous allons, sur cette question, nous intéresser plus particulièrement aux ouvrages scolaires rédigés par Louis François.
Linspecteur général Louis François, qui se situe clairement du côté des novateurs en pédagogie, est un auteur de manuels scolaires pour lenseignement secondaire et lenseignement primaire. Dans les années 1950, 1960 ses ouvrages sont parmi les plus répandus dans les classes. Leurs courtes préfaces présentent bien la façon dont, avec son collaborateur Marcel Villin, inspecteur de lenseignement primaire, ils définissent les problèmes de la géographie à lécole primaire.
Au cours élémentaire, ils concluent leur préface sur le rôle central des méthodes actives :
[
] Lapprentissage de la géographie ne peut se concevoir que lié aux méthodes actives. Susciter lintérêt par lappel à lobservation, provoquer leffort de réflexion et de mémoire, cette double préoccupation apparaît tout au long de notre ouvrage.
Telles sont les leçons élémentaires de Géographie que nous proposons aux maîtres en souhaitant quils y trouvent un guide commode et un cadre suffisamment large pour le maximum dinitiative à chacun deux.
(François et Villin, Préface du livre du Cours élémentaire, édition de 1959.)
Dans leur livre pour le cours moyen, les méthodes actives sont toujours promues, mais au même rang que lexercice de la mémoire. La géographie est en partie mobilisée au profit des disciplines instrumentales : lecture, écriture, calcul. En même temps apparaît une nouveauté, « la notion de lespace » dont on ne sait sil sagit dune catégorie de lentendement, telle que Kant la définie ou dune conception de son environnement spatial. Cette « notion despace » sera souvent utilisée dans les décennies de « léveil », de même que la référence à un « niveau mental de lélève ».
Au cours moyen un paragraphe est consacré aux méthodes actives, mais un autre paragraphe insiste sur la nécessité dexercer la mémoire :
[
] Dans la composition de cet ouvrage nous avons tenu à obéir à un certain nombre dimpératifs pédagogiques.
Mettre entre les mains des élèves de 9 à 10 ans dâge un livre simple et clair, une matière géographique aussi allégée que possible.
Utiliser les méthodes actives dautant mieux à leur place dans la prise de conscience du milieu local. Lélève est sans cesse conduit à observer, à comparer, à conclure, non seulement dans les exercices conçus à cette fin, mais aussi dans le texte et lillustration.
Leffort demandé est naturellement calculé selon le niveau mental de lélève.
3 . Exercer la mémoire, fonction essentielle de lesprit de lenfant à cet âge. Il est nécessaire que toute leçon, si active soit-elle, aboutisse à un petit nombre de notions, soulignées dans le texte, rassemblées dans le résumé, que les élèves devront connaître parfaitement.
4. Donner à la géographie son véritable rôle au niveau du Cours Moyen. A sa place, elle contribue aux fins de lenseignement primaire élémentaire que le Cours Moyen termine. Et ces fins sont : acquisition des mécanismes fondamentaux de la lecture, de lécriture et du calcul, ainsi que la formation des notions mères de lesprit, notion de temps, despace et de cause. [
]
(François et Villin, Préface du livre du Cours moyen, édition de 1961) .
Lorsquil sagit de la classe préparatoire au certificat de fin détudes, Louis François et Marcel Villin précisent à nouveau dans les premiers paragraphes ce que sont à leurs yeux les méthodes actives. Ici lactivité dont il sagit est celle de la curiosité et de limagination pas dune tâche matérielle ni dune résolution de situation problème. La nature des épreuves du certificat détudes primaires calibre lenseignement de la géographie dans un « enseignement didactique » ce qui sentend alors comme un enseignement descendant, magistral et reproductible.
Lannée du certificat de fin détudes, les auteurs prennent soin de rappeler les limites des méthodes actives :
1° Définition des méthodes actives.
« Procurer aux enfants limmense joie de la découverte », cette définition est valable pour tout enseignement, mais elle convient à la géographie plus quà tout autre discipline.
2° Possibilités des méthodes actives.
Il sagit dutiliser la curiosité naturelle, si vive chez les enfants de 11 à 14 ans, et lheureuse excitation que la recherche provoque en eux ; de profiter de la vivacité desprit et de la puissance dimagination propres à leur âge. [
]
3 Limites des méthodes actives.
Notre définition marque aussi les limites des méthodes actives. Ces jeunes explorateurs sont remplis de bonne volonté, mais inexpérimentés ; ils sont ardents mais vite lassés. Ils ont besoin de l'aide et du soutien constants du maître pour que leur recherche aboutisse.
En outre, les heures denseignement sont limitées ; le maître na pas le temps de tout faire découvrir ; certaines notions indispensables sont parfois trop compliquées et exigent des démarches trop longues.
Enfin la sanction de lexamen contraint souvent à un enseignement didactique ; les enfants doivent avoir lesprit meublé de connaissances précises et tout de suite utilisables.
(François et Villin,
Préface des livres de classes de fin détude primaire, 1953, et de transition, 1961.)
Les méthodes actives sont ainsi largement réduites à des procédés de mise en activité et la géographie à lécole primaire est recentrée sur des « connaissances précises et tout de suite utilisables » qui tirent lenseignement primaire du côté des savoirs pratiques plus que de lépanouissement intellectuel. La part des méthodes actives, primordiale au cours préparatoire, importante au cours élémentaire, diminue au point de tendre de façon asymptotique vers zéro à lapproche du certificat de fin détudes. La préparation des questions de lexamen produit comme une sorte dérosion de la part des méthodes actives dans lenseignement.
De plus dans les années cinquante, alors que des débats épistémologiques se développent sur lobjectivité en histoire, la géographie est par contraste présentée comme beaucoup plus facile que lhistoire. Cest ce quécrivent J. Leif, inspecteur général et G. Rustin, directeur décole normale, dans leur ouvrage de Pédagogie spéciale paru en 1957 où ils déclinent, par opposition à la pédagogie générale, la pédagogie spéciale des principales matières de lécole élémentaire. Il ny aurait pas de questions délicates en géographie, pas de faits géographiques contestables, invérifiables ; la géographie est donc « bien plus facile » à enseigner que lhistoire :
Lenseignement de la géographie ne pose pas, comme celui de lhistoire, des questions délicates.
Il ny a aucune difficulté à fixer lobjet de la géographie. Les faits géographiques sont établis de façon incontestable, il est toujours possible de les vérifier.[
]
Tout cela représente, en principe, aucune difficulté pour linstituteur. Il ne retrouve là aucun de ses embarras et de ses incertitudes en face de lhistoire. [
]
Les faits géographiques étant mieux liés entre eux que les faits historiques, ils se retiennent mieux et les indications chiffrées peuvent plus facilement se retrouver, au moins de façon approximative. [
]
Pour donner à lenfant le sens géographique de lespace, il suffit de prolonger dans son esprit lidée concrète quil en a. [
]
On sappuie sur du connu, réel, existant ; sur des photographies nombreuses et parlantes. Souvent même, les enfants dâge scolaire ont plus ou moins voyagé. Tandis que lhistoire ne dispose que de documents rares et toujours fragmentaires. [
]
Incontestablement donc, lenseignement de la géographie est bien plus facile à donner que lenseignement de lhistoire.
(Leif et Rustin.)
La chosification des objets géographiques contraste fort avec la conception que Leif et Rustin ont de lhistoire et de son enseignement. Ils consacrent dailleurs 48 pages à la pédagogie « spéciale » de lhistoire et seulement 32 pages à celle de la géographie. Lenthousiasme des pionniers du XIXe siècle en faveur de lenseignement de la géographie semble affaibli laissant place à une certaine routine de lenseignement de la géographie dont lenjeu ne parait pas des plus évident aux enseignants.
Ainsi les méthodes actives peuvent être conjuguées avec une pédagogie directive par Cholley en 1941, elles peuvent aussi renvoyer à une conception réductrice de la géographie comme pour Leif et Rustin en 1957. Enfin, pour passer avec succès le certificat détudes primaires il faut consacrer une place importante aux apprentissages par cur, cest ce que propose, par nécessité, Louis François en 1953 pour cette classe dexamen.
La leçon de choses et la patrie ne suffisent pas à faire lunité de la didactique de la géographie à lécole primaire
Le « concret » et la patrie, la pédagogie à partir de lobservation et les finalités patriotiques, constituent-ils des éléments communs permettant de caractériser la géographie enseignée à lécole primaire sous la IIIe et la IVe République ?
Un consensus semble se faire, à la fois chez les géographes et chez les pédagogues de la première moitié du vingtième siècle, pour définir la géographie à lécole primaire comme larticulation de savoirs réalistes et dune pédagogie fondée sur le concret. De même la finalité patriotique, sans chauvinisme est-il souvent précisé, apparaît dévidence. La carte de France physique est dans la salle de classe comme un drapeau, elle est limage toujours présente du territoire. La France est un objet naturel, au dire de certains auteurs de manuels : « La France est une région naturelle, cest-à-dire que ses limites correspondent presque partout à des frontières naturelles. » (Paul Kaeppelin Géographie. Cours moyen vers 1914.
La pédagogie du concret et le caractère naturel de la patrie forment apparemment un couple harmonieux. Pourtant ils nempêchent pas lexistence de contradictions et de discordances.
La géographie enseignée à lécole primaire présente aussi des contrastes forts, voire des contradictions.
Lattachement à la France semble partagé par quasiment tous les auteurs que nous avons rencontrés, il en était probablement de même pour les instituteurs et les institutrices qui enseignaient la géographie de la France. Cependant, nous avons rencontré deux tonalités fort différentes de cet amour de la patrie. Aux débuts de la IIIe République lenseignement de la géographie sinscrit explicitement dans un projet de reconstruction de la France. Après la défaite de 1870, la géographie sert à montrer les provinces perdues et ainsi à préparer leur retour dans la France. Quelques décennies plus tard, après la Grande guerre, la fierté nationale existe toujours, mais la question de la contribution de la géographie à léducation à la paix est clairement posée. Fernand Maurette ou René Ozouf, soucieux que la géographie contribue à la paix sont sûrement écoutés par de nombreux instituteurs pacifistes. Nous lavons vu dans un cahier de préparation de classe.
Les années trente apparaissent aussi comme un tournant, nous lavions déjà observé avec lintroduction de létude dun nouvel objet géographique : le paysage (chapitre 6) et avec la systématisation des activités dirigées, en particulier pour des études monographiques locales (chapitre 7). Cette inflexion est aussi visible dans les finalités éducatives : les enjeux politiques de léducation géographique apparaissent plus clairement. Chantal Balley souligne que cette tendance est générale et concerne tous les pays représentés au congrès de lU.G.I :
De même quau temps des premiers congrès on insistait sur les valeurs civiques de lenseignement de la géographie, à nouveau dans le contexte de lentre-deux-guerres on rappelle ses « valeurs éducatrices ». [
] Et en période de tensions aiguës, il est bon de rappeler que « la géographie est science de la paix ». Au congrès dAmsterdam, 8 communications, sur 27, ont été présentées sur la question : « valeur de lenseignement de la géographies pour arriver à la bonne entente entre les nations ».
(Chantal Balley.)
À côté de cette évolution générale, dautres décalages et des contradictions subsistent. Entre lesprit des discours sur les finalités de lenseignement de la géographie et la mise en uvre des programmes, des décalages sont facilement observables, comme nous lavons vu. Entre laffirmation que cest la méthode géographique qui est formatrice et la nécessité de préparer ses élèves au certificat de fin détude en leur faisant apprendre par cur des savoirs factuels, lopposition est totale. La pratique de la géographie à lécole reste ainsi centrée sur lefficacité immédiate de savoirs dans le contexte scolaire, une efficacité non pas pour comprendre le monde, mais une efficacité pour obtenir une bonne note dans ce type dexercice. Cette géographie est une discipline scolaire avec des finalités diversifiées et des savoirs hétérogènes.
Une période plus « classique » que « normale »
de la géographie à lécole primaire
Après le dix-neuvième siècle où le développement de la géographie scolaire a précédé celui de la géographie universitaire, les deux premiers tiers du vingtième siècle apparaissent plus « normaux » dans la mesure où la géographie universitaire sert de référence et irrigue la géographie scolaire. Mais peut-on dire quil sagit dune « période normale » au sens où il existerait une épistémologie de la géographie scolaire faisant consensus à lécole primaire ?
Les discours sur lenseignement de la géographie affirment que celle-ci conjugue la géographie vidalienne et la pédagogie intuitive, nous lavons particulièrement noté dans le Vade-Mecum de René Ozouf.. Vidal de La Blache, Gallois, Deffontaines, Demangeon, Sorre, Gachon
Comme nous lavons constaté la plupart des géographes universitaires sintéressent à lenseignement de la géographie, y compris à lécole primaire. Ce nest pas suffisant pour dire quil sagit dune période de stabilité importante de la géographie scolaire appuyée sur une épistémologie de la géographie unifiée et des pratiques pédagogiques communes. Certes les finalités assignées à lenseignement de la géographie et aux libellés des programmes pour lécole primaire sont relativement stables, mais il ne faut pas sous estimer le caractère hétérogène des références et la diversité des pratiques. Il ne faut pas non plus penser la géographie et lécole comme immobiles du début du vingtième aux années soixante.
Il ny a pas de modèle unique de lenseignement de la géographie sous la IIIe et la IVe République.
La période est celle dune stabilité dans le domaine des programmes si on compare celle-ci à la succession de directives officielles dans les dernières décennies du vingtième siècle. Au cours élémentaire, létude du milieu local est toujours le point de référence des activités en géographie, à partir de 1923 laccent est de plus en plus mis sur linitiation à la figuration graphique. Au cours moyen, depuis les programmes de Jules Ferry, la France et loutremer français restent de façon constante le cur du programme.
Le tournant des années trente
Il est possible de distinguer dans les années vingt et trente, et plus particulièrement au moment du ministère de Jean Zay, une inflexion importante de lenseignement de la géographie. Lintroduction dun horaire activités dirigées dans le programme hebdomadaire des écoles primaires (1938) éloignait lécole de « la version autoritaire de lécole primaire » dont parle Monique Benoît. Ce tournant est dautant plus visible quil correspond aussi à larrivée du paysage dans la géographie scolaire, arrivée épistémologique, arrivée matérielle avec la diffusion des photographies paysagères (photographies dans les manuels, projections lumineuses, cinéma scolaire puis diapositives après la seconde guerre mondiale). Tout cela est supporté par la présentation de la méthode intuitive comme modèle de référence pédagogique et par la présentation de lenquête de terrain comme le modèle scientifique. Cest aussi dans ces années quest créée la revue « Pour lenseignement, lInformation Géographique », elle incarne cette volonté de renouveau pédagogique associée à la diffusion des savoirs scientifiques (tableau 7).
Tableau 7. Des débuts de la IIIe République aux débuts de la Ve République.
La phase classique de la discipline géographie à lécole primaire.
Lécole primaire et la géographie : de lancien régime à la modernitéLes nouveaux paradigmes de la géographie à lécole primaireLa phase normale de la discipline géographie à lécole primaireDe la fin XVIIIe siècle à 1867De 1867 à 1881De 1882 aux années 1960Place de la géographie dans lenseignement primaireMatière balbutiante dans lenseignement primaireDiscipline consubstantielle de lécole primaireDiscipline centrale, emblématiqueRéférence dans les autres pôles du champ de la géographieDécouverte
Colonisation
Commerce
Géographie historiqueDécouverte
Colonisation
CommerceDécouverte
Colonisation
Commerce
Militaire
PacifismeActeurs de la politique scolaireLes pionniers : Guizot, FallouxLes fondateurs : Duruy, Gréard et les tenants dune formation civique : Simon, FerryLes continuateurs : Bérard, Zay et Sorre, Ripert et CarcopinoGéographes de référenceMalte-Brun,
Balbi
Ritter, Reclus,
Levasseur.. Vidal de la Blache, Demangeon
Rapport aux géographes de référenceRarement citésDirectDirectMéthodologies de la géographie Inventaire et classificationMéthode déductiveUne géographie du mixte, inductive et déductive.Pédagogies de référenceLivres catéchistiques et mémorisation. Abbé Gaultier. Meissas et MichelotPédagogie intuitive
Rousseau, Pestalozzi, Buisson, Clubs alpinsEnseignement par laspect et enseignement par laction (1923)Outils et méthodes scolaires caractéristiquesMéthode catéchistiqueCarte
Leçon de choses et toujours la mémorisationMonographie détude du milieuFinalités de la géographie scolaireFaire des humanités.
Connaître le monde
La géographie est moraleConnaître la France et le monde
Éduquer au monde moderneConnaître la France et le monde
Éduquer au monde moderne
Former des républicainsRapport enseignement primaire- enseignement secondaireDeux mondes différents.Enseignement primaire proche des préoccupations des précurseurs de lenseignement spécial.
Séparation des deux filières.Enseignement primaire autonome et non déqualifié. Primaire supérieur de plus en plus développé. Mais le modèle du cours de lenseignement secondaire entre de plus en plus en concurrence avec les injonctions pédagogiques spécifiques du primaire.
Nous avons aussi noté les discordances entre la lettre des programmes et leur mise en uvre dans les classes. Nous avons vu au travers de létude dun Carnet de classe, combien les pratiques pouvaient être loin des prescriptions officielles et surtout des injonctions officieuses. Le croquis cartographique existe, mais il est dressé a posteriori pour servir dexercice de mémorisation. La carte à apprendre est une carte que lon reproduit de mémoire. Il sagit, comme lanalyse François Audigier, de produire du reproductible, et par la même de laisément évaluable.
Lactivité de mémorisation est mise en valeur typographiquement dans les livres scolaires. Le résumé préalablement rédigé de la leçon se généralise aux alentours de la première guerre mondiale. Le savoir à apprendre reste un savoir à réciter. Lévaluation en géographie porte sur ces formes de mémorisation : le croquis cartographique à reproduire, le résumé à réciter. Ces exercices sont déterminants pour les élèves, ils servent à fixer la notation, ils règlent les examens.
La phase classique de la géographie à lécole primaire (1882-1969)
Après le moment fondateur des années 1860-1880, la géographie à lécole primaire a connu une longue phase de stabilité, ou plus exactement de lente évolution. Des débuts de la IIIe République aux débuts de la Ve République la géographie scolaire sest éloignée de la géographie historique, parce quelle est devenue plus pratique, parce quelle a trouvé une légitimité scientifique dans la géographie physique.
La référence aux géographes scientifiques est pendant toute cette période explicite. Vidal de La Blache réalise des cartes murales qui connaissent une très large diffusion dans les écoles primaires, Demangeon et Sorre diffusent dans la géographie scolaire de nouveaux concepts : la région, le paysage et promeuvent de nouvelles pratiques pédagogiques axées sur létude du « terrain » : lenquête, lanalyse de paysage. En même temps des éléments dhétérogénéité subsistent. Ainsi Foncin et Schrader légitiment en pratique dans leurs manuels, la routine dinventaire des montagnes, des cours deau, mais sont en même temps des novateurs qui sintéressent à léconomie et développent lusage des cartes à lécole.
La diversité est grande aussi du côté des enseignants. Leur pratique est souvent inspirée par le modèle autoritaire de lécole primaire fondé sur lapprentissage par cur du résumé. Ainsi, les injonctions continuelles en faveur de la sortie scolaire, semblent dautant plus fortes que leur mise en uvre reste limitée.
Pour prendre en compte lévolution et léclectisme de la géographie enseignée à lécole primaire nous reprendrons donc plutôt lexpression de « période classique » employée par Monique Benoît que le qualificatif de « normal » qui renverrait à une épistémologie et des pratiques homogènes.
Le modèle intellectuel de référence de la géographie scolaire ne peut dailleurs être stable. Philosophiquement, Bacon, Comenius, Rousseau et Pestalozzi ne peuvent être des références mobilisées au service de léconomie libérale ou du patriotisme sans quapparaissent des contradictions. Pratiquement, la pédagogie des leçons de choses ne peut permettre de découvrir la Planète. Politiquement, les méthodes actives ne sont pas nécessairement associées aux mêmes finalités éducatives et léducation patriotique et louverture au monde ne vont pas nécessairement de concert.
La principale caractéristique de lenseignement de la géographie à lécole primaire pendant cette période normale, cest une tension entre les dimensions utilitaires et culturelles, entre le aspects autoritaires et le côté émancipateur de lécole primaire sous la IIIe République. Ceci va de pair avec le fait qualors la géographie est une discipline centrale, emblématique de lécole primaire, embrassant la diversité de ses finalités.
Livre quatrième
Les savoirs de lécole primaire
dans le champ de la géographie
Au cours du XIXe siècle le développement de lenseignement de la géographie est associé à la généralisation de lécole primaire et à la création de nouvelles filières « modernes » denseignement secondaire. On assiste, particulièrement en France au cours « du moment Buisson », à la formalisation de cette nouvelle matière scolaire. La géographie est dotée de programmes nationaux et dinstructions officielles pour son enseignement avant que son enseignement ne soit institutionnalisé dans lUniversité française.
Nous avons retenu la qualification de « phase classique » pour caractériser lenseignement de la géographie à lécole primaire jusque dans les années soixante. Malgré le maintien de son caractère éclectique, tant dans ses savoirs de référence que dans ses méthodes pédagogiques, elle apparaît aux yeux des contemporains comme la projection dans lÉcole des savoirs universitaires des géographes. Cette école de Jules Ferry et de la IIIe République a acquis un caractère un peu mythique, une sorte de Belle époque de lenseignement primaire où, à côté du « savoir-lire-écrire- compter », la géographie est une discipline emblématique qui fleure bon , lencre violette, les pupitres de bois, lestrade et les écoliers et écolières alignés en blouse noire ou grise. Cette nostalgie de lécole dautrefois est aussi la nostalgie dune géographie dautrefois où lidentité combinait aisément enracinement dans le lieu natal, France objet naturel et rêves dexotisme au delà des mers.
Aujourdhui, dans une société plus mobile, au sein dune Europe aux frontières floues, où les réseaux, locaux ou mondialisés, tissent des toiles sans cesse reconfigurées, la géographie dautrefois apparaît parfois comme un regret. Ce livre quatrième ne cherche pas à rassembler comme les précédents des matériaux nouveaux sur la période qui souvre à partir des années soixante et plus particulièrement de la création du « tiers temps » en 1969. En effet les travaux de recherche sur cette période, à orientation didactique, sont beaucoup plus abondants que sur les décennies antérieures. Nous pouvons nous y référer.
Notre propos visera à étudier les configurations de la géographie scolaire. Plus particulièrement celle pratiquée à lécole élémentaire qui est présentée au sein du champ de la géographie et dans le cadre dun métasystème qui pilote, au delà de la géographie proprement dite, les contenus enseignés au nom de celle-ci. Nous présenterons ainsi les configurations successives du pôle de la géographie scolaire dans le champ de la géographie et dans le cadre de lécole primaire en France.
Chapitre 9.
Deux siècles denseignement de la géographie
à lécole primaire en France.
Six moments, six configurations du modèle descriptif.
Il sagit de rassembler dans une chronologie densemble les informations que nous avons rassemblées au fur et à mesure de notre étude sur lhistoire de lenseignement de la géographie à lécole primaire. Les matériaux étudiés dans les parties précédentes concernent le XIXe et les deux premiers tiers du XXe. Pour prolonger ce travail et prendre en compte les deux dernières décennies du Vingtième, nous nous sommes principalement appuyés sur notre expérience, ainsi que sur les recherches de Monique Benoît, François Audigier, Micheline Roumégous et Anne Bouchut.
Nous distinguons au long de ces deux siècles, six moments principaux que nous caractériserons à la fois du point de vue de linsertion de lenseignement de la géographie dans la politique scolaire (tableau 1) et du point de vue de lhistoire de la géographie (tableau 2).
La première période (18331867) est antérieure à linstitutionnalisation concomitante de lenseignement obligatoire et de la géographie à lécole primaire. Le moment dinstallation de la géographie en tant que discipline scolaire à lécole élémentaire dure une quinzaine dannées (18671882). Ensuite, nous avons repris le qualificatif de phase classique de la discipline scolaire pour désigner la période qui sétend jusque vers 1968. Cette phase connaît une première période où létude des paysages nest pas encore une activité scolaire et une seconde période, après 1930, où lobservation de paysages et de photographies devient une activité canonique de la géographie scolaire. Enfin, lors des quarante dernières années, lenseignement de la géographie est particulièrement chahuté. Il est tout dabord fortement valorisé dans le cadre de lÉveil (19691984), puis il subit une phase de repli et de relatif effacement.
1. Une chronologie de lenseignement de la géographie à lécole primaire
Cette périodisation est fondée sur deux approches chronologiques : une étude interne de la géographie de lécole primaire et une périodisation reportée à lévolution de lensemble du champ de la géographie. La périodisation interne de la géographie à lécole primaire prend comme indicateurs : les acteurs de la politique scolaire, le statut de la géographie dans les programmes, ses pédagogies de référence, ses outils et méthodes caractéristiques et les rapports de lécole primaire avec lenseignement secondaire (tableau 1).
La chronologie portant sur lensemble du champ de la géographie met en parallèle lévolution de la géographie à lécole primaire, lévolution des savoirs de la géographie universitaire et savante et celle des géographies appliquées et grands publics. Ainsi nous testerons notre modèle initial de la géographie scolaire comme un des quatre pôles dans le champ de la géographie à six moments de lhistoire de lenseignement de la géographie à lécole primaire. Sous forme de six schémas, nous proposerons des modèles descriptifs de la géographie scolaire dans le champ de la géographie et dans son système englobant.
Ces six configurations (figures 1 à 6) expriment une recomposition de notre modèle graphique initial. Pour la période contemporaine, nous nutilisons plus la distinction entre, dun côté, la géographie appliquée avec les entreprises de géomarketing et, dun autre côté, la géographie grand public avec les magazines et les jeux. Rétrospectivement, cette différenciation semble aussi guère pertinente pour au XIXe siècle. Les Sociétés de géographie sont alors à la fois des institutions culturelles et des agents économiques. Aussi avons nous regroupé dans le tableau les géographies appliquées et les géographies grand public (tableau 2).
1.1. Trois modèles pédagogiques pour la géographie du primaire (1833-2002)
Dans le tableau chronologique de lenseignement de la géographie à lécole primaire nous avons identifié quelques acteurs connus de la politique scolaire. Il sagit à la fois dhommes politiques qui ont attaché leur nom à une grande loi scolaire (Guizot, Duruy, Ferry, Zay, Haby, Savary
) ou à des programmes scolaires (Gréard, Simon, Buisson, Chevènement
). Ce sont aussi des hommes de science, économiste, philosophe ou géographe, qui ont joué un rôle important dans lorientation de ladministration scolaire, soit par des rapports (Levasseur), soit en exerçant des responsabilités auprès des ministres (Sorre). Leurs décisions, leurs actions, ont fortement contribué à faire évoluer le statut scolaire de la géographie. Avec Guizot, lécole primaire est devenu une affaire dÉtat, et lon a voulu donner une instruction élémentaire aux enfants du peuple. Cet enseignement primaire sest de plus en plus allongé et enrichi avec le développement des écoles primaires supérieures. De sorte que la question dune réorganisation générale, rassemblant la filière de lenseignement secondaire et de lenseignement primaire en une école unique est publiquement posée à partir de 1918 par les Compagnons de lUniversité nouvelle. Ce nouveau dispositif est généralisé au début des années soixante, avec la création des collèges denseignement secondaire, puis par lunification en 1975 des premiers cycles au sein des collèges. Les filières cloisonnées de lenseignement primaire et lenseignement secondaire cèdent ainsi la place à deux degrés denseignement : lécole élémentaire et le second degré. Ceci renforce la nécessité dune redéfinition des contenus enseignés à lensemble des jeunes écoliers dans les différentes matières.
De matière balbutiante, ânonnée dans quelques écoles au début du XIXe siècle, la géographie était devenue, aux débuts de la Ve République, une discipline emblématique de lécole primaire, puis un domaine dactivité se prêtant particulièrement bien à linnovation pédagogique dans le cadre de la pédagogie déveil. Aujourdhui, les enquêtes sur les pratiques des enseignants font le constat quil sagit dune discipline de second rang, pas du dernier car elle est enseignée plus fréquemment que les arts plastiques ou la musique, mais loin derrière lenseignement du français et des mathématiques.
Trois grands modèles pédagogiques apparaissent successivement au cours de ces deux siècles de géographie scolaire. Tout dabord celui des listes à apprendre, éventuellement de façon catéchistique. Ce modèle très ancien, souvent dénoncé, perdure alors que dautres modèles dapprentissage sont proposés par les prescripteurs.
Le modèle de la pédagogie intuitive est consubstantiel de linstitutionnalisation de la discipline scolaire. Il se décline en leçons de choses, puis en activités dirigées, sans que dans la pratique lancien modèle du par cur ne disparaisse.
Enfin lapproche fondée sur les psychologies constructivistes, qui napparaît pas toujours aux acteurs comme une rupture épistémologique avec la pédagogie intuitive dans la mesure où la géographie scolaire mélange sans état dâme approches inductives et déductives.
Michelle Masson, se fondant sur le déroulement des séances de classe, plus que sur les procédures dévaluation, distingue deux démarches pour enseigner la géographie : lenseignement magistro-centrique et le modèle dapprentissage de lélève constructeur de son savoir. Ainsi elle identifie, en croisant méthodes pédagogiques et modèles scientifiques de référence, « au moins quatre démarches didactiques possibles » :
- Démarche géographique inductive et enseignement magistro-centrique : une démarche didactique doublement traditionnelle.
- Démarche déductive et modèle magistro-centrique : une démarche didactique mixte joignant une pédagogie classique à une démarche scientifique rarement utilisée dans les classes.[
]
- Démarche géographique inductive et modèle dapprentissage de lélève constructeur de son savoir.
- Démarche déductive et modèle dapprentissage de lélève constructeur de son savoir : une démarche didactique qui change doublement la perspective.
(Michelle Masson.)
Pour la géographie à lécole, les modèles pédagogiques jouent probablement un rôle plus déterminant que les démarches scientifiques de référence. Les modèles scientifiques doivent sinsérer dans du pédagogiquement possible. Les trois modèles que nous distinguons : mémorisation, méthode intuitive et constructivisme se superposent aujourdhui. Mais les modèles anciens, non prescrits, continuent à piloter les exercices scolaires et en particulier ceux qui sont notés. Les livrets dexercices publiés par les grands éditeurs sont édités après un minimum détude de marché. Ils témoignent des attentes du public, dau moins une partie des enseignants. Lexercice que nous donnons en exemple est tiré dune collection de livrets à succès publiés par Hachette. La nouveauté réside dans le fait quil sagit dune « activité dirigée », dun exercice que lécolier peut réaliser seul en étudiant de petites documents rassemblés dans le livret, mais la nature des savoirs à construire sur le Rhône ressemblent fort à ce qui pouvait sapprendre des décennies auparavant.
Seule la méthode catéchistique a disparu. Lapprentissage par cur de listes ou de résumés a été remis en cause, certains enseignants évaluant leurs élèves à laide de travaux dirigés du type de celui cité ci-dessus. Dautres ont perduré dans la pratique du résumé à apprendre par cur. La moitié des manuels de cours moyen ou de cycle 3 publiés dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix proposent toujours un résumé bien mis en valeur typographiquement.. Un résumé qui nest pas à élaborer en classe, on devine à quelles attentes il correspond et ce que certains maîtres en font.
La monographie locale, puis les activités denquêtes ont été fortement prônées jusque dans les années soixante, mais depuis 1984 le temps consacrés à de longs sujets détude est limité. Aujourdhui laccent est mis sur la dynamique des apprentissage au cours de chaque séance. Les documents dapplication des programmes distinguent le questionnement initial des élèves, le temps du travail denquête et danalyse puis celui de la synthèse élaborée avec lenseignant. Ce sont les trois moments de la séance de géographie donnée en exemple dans les documents dapplication des programmes de 2002 :
Chaque leçon peut donner lieu à quelques moments spécifiques. Un premier temps, préparé à la fin du cours précédent, est loccasion, pour les élèves qui ont pu le faire pendant les moments dautonomie en classe, de proposer, au maître et à la classe, les résultats dune recherche dinformations dans une encyclopédie, un atlas, papier ou numérique sur un site Internet. Cest le moment où les élèves peuvent exprimer les connaissances quils ont du sujet, la façon dont ils se le représentent, les questions quils se posent. Pour être efficace, cette première interrogation sappuie sur un jeu de questions que les élèves se posent systématiquement et quils posent à lenseignant à partir de la formulation du titre de la leçon :
- quoi ? (de quel phénomène sagit-il ?) ;
- qui ? (quels sont les acteurs impliqués ?) ;
- où ? (quelle est la localisation du phénomène ? Sa situation , Son extension spatiale ? Pourquoi est-ce là et pas ailleurs ? Pourquoi est-ce là et ailleurs ?)
À la suite de cette brève discussion, le maître reprend ce qui a été dit, en fait la synthèse avec les élèves et établit le lien avec la leçon précédente, note éventuellement les questions importantes, les idées fortes et corrige. Cest loccasion dune première mise en place du vocabulaire qui sera retenu. Ensuite, quelques documents simples sont identifiés, localisés, situés, analysés, mis en relation, pour produire du sens, certains pouvant donner lieu à un traitement manuel ou numérique ou être à lorigine dune production (par exemple, un schéma ou une carte simple, une ébauche de page Web comprenant trois ou quatre liens hypertexte entre le texte et limage). Selon le niveau, les élèves sessaient à une courte synthèse élaborée avec le maître qui dégage avec eux limportant de laccessoire, le général du particulier, et les aide à mettre en forme la trace écrite qui doit être retenue.
(Documents dapplication des programmes. Histoire et géographie, cycle des approfondissements (cycle 3) applicable à la rentrée 2002.)
La géographie a perdu de son importance pour elle-même. Depuis 1985, lacquisition du lire-écrire-compter est redéfini comme lobjectif principal de lécole primaire, les documents dapplication de 2002 de 9 pages pour la géographie au cycle 3 consacrent consacre une page entière à « lire, parler, écrire » en géographie. Histoire et géographie sont définis comme des champs disciplinaires inclus dans les 12 heures hebdomadaires consacrées à la langue française et à léducation littéraire et humaine.
La définition de la géographie et de son objet proposée est incontestablement très moderne. On y parle dimages satellitales et de modèles, dinvention des paysages de mer et de montagne au XVIIIe siècle, de cartes dont limage finale dépend tout autant de linformation à communiquer que des acteurs qui la créent, la diffusent et la reçoivent. Mais lexpérience quotidienne et les divers matériaux que nous avons présentés montrent lécart fréquent quil y a entre la lettre des programmes et leur mise en mots dans les classes par les enseignants. Dans les pratiques aujourdhui, la confusion est souvent faite entre lapproche constructiviste des savoirs et la pédagogie de lactivité centrée sur loccupation des écoliers par des questionnements fermés. Les questions associées à des images paysagères, des cartes, des textes, des graphes
produisent de nombreuses miettes de savoirs factuels et, plus difficilement, des réflexions géographiques.
Malgré le grand éclectisme que nous avons repéré au long de ces deux siècles denseignement de la géographie, il semble possible de distinguer trois grandes périodes : une première dominée exclusivement par le souci de la mémorisation (jusque vers 1882), une deuxième influencée par le modèle des leçons de choses (de 1882 à 1969), une troisième par le constructivisme (depuis 1969). Cest ce que nous essayerons de caractériser dans le tableau chronologique suivant (tableau 1).
Tableau 1.
Chronologie de lenseignement de la géographie à lécole primaire (1833-2002).
PériodesActeurs de la politique scolaireStatut de la géographie à lécolePédagogies de référenceOutils et méthodes scolaires caractéristiquesEnseignements primaires et secondairesDes inventaires géographiques
(1833-1867)Les pionniers : Guizot, Falloux
Matière balbutiante dans lenseignement primaire.Mémorisation plus ou moins ludique : Abbé Gaultier.
Meissas et Michelot.Méthode catéchistique.
Listes à apprendre par cur ;2 filières parallèles et socialement hiérarchisées.La géographie instrumentée par léconomie politique (1867-1882)Les Fondateurs : Duruy, Levasseur, Gréard,
Discipline consubstantielle de lécole primaire.Les écoles dAllemagne, dAngleterre et des Etats-Unis. Carte.
Mémorisation.Le primaire proche des préoccupations modernes des précurseurs de lenseignement spécial.La géographie discipline scolaire instituée (1882-1923)Les installateurs : Simon, Ferry Buisson, Bérard
Discipline canonique de lécole primaire.Pédagogie intuitive : Rousseau, Pestalozzi, Buisson
Clubs alpinsCarte.
Leçon de choses.
Mémorisation.
Développement du matériel scolaire.Un primaire supérieur de plus en plus développé.La géographie scolaire appuyée sur la science universitaire.
(1923-1969)Les réformateurs :
Zay et Sorre
Discipline canonique de lécole primaire.Enseignement par laspect et enseignement par laction.
Scoutisme et Éducation nouvelle.Monographies locales.
Début de létude du paysage.
Carte.
Mémorisation.Lenseignement secondaire est un modèle pour le primaire supérieur : vers lécole unique.La géographie discipline déveil.
(1969-1984)Les novateurs :
Haby, Savary
Une composante des sciences sociales au sein du tiers temps consacré à léveil.Pédagogie de léveil : constructivisme : Debesse-Arviset, Best
Étude de paysage
Carte
Enquête.Collège unique : le primaire est réduit au cursus de lenseignement élémentaire.La géographie matière mineure
(1984-2002).Conservateurs (Chevènement) et continuateurs (Bayrou, Lang)
Un enseignement flexible à la légitimité incertaine.
Une discipline de second rang.Constructivisme.Étude de paysage
Carte
Multimédia.Lécole élémentaire est une propédeutique à lenseignement secondaire.
1.2. La géographie scolaire et les autres pôles du champ des savoirs géographiques
La mise en parallèle des transformations des finalités assignées à la géographie scolaire et des transformations du champ de la géographie au cours des deux siècles précédents permet de décrire la géographie scolaire dans un système à lintersection du champ de la géographie et des finalités de lÉcole à différents moments (tableau 2).
La géographie est, de toutes les disciplines enseignées à lécole élémentaire, celle dont les contenus sont les plus souvent actualisés, ou à actualiser. Les mathématiciens font progresser leur science, la didactique des mathématiques apporte de nouvelles connaissances, les principes de laddition nen sont néanmoins pas modifiés, même si les techniques dapprentissage évoluent. En géographie, le monde est de mieux en mieux connu et les espaces géographiques de plus en plus changeants, ce qui rend plus fluides, moins saisissables, les contenus géographiques à enseigner, même par une approche notionnelle des programmes.
Les savoirs que la géographie scolaire diffuse évoluent en fonction des transformations des savoirs de référence. Par savoirs de référence, nous entendons la géographie dite savante, mais aussi les savoirs géographiques dans leur utilité sociale, dans leurs usages vernaculaires.
Nous avons choisi dindiquer sur ce tableau (tableau 2) des noms de géographes cités à propos de la géographie à lécole primaire. À partir du XXe siècle ce sont des universitaires, auparavant ce sont des « savants », souvent des géographes de cabinet. Levasseur ne se présente pas comme un géographe, mais il contribue fortement à définir les programmes et les contenus de la géographie scolaire, il rédige aussi des manuels pour les élèves ; nous navons pas hésité à lassocier aux géographes. Les noms retenus sont ceux qui sont expressément invoqués comme référence de la géographie scolaire par leurs contemporains, du moins à partir de 1867 et de linstitutionnalisation dune géographie scolaire.
Suivant les périodes, ces références indiquent une géographie plus ou moins éclatée. Les noms de Paul Vidal de La Blache et dAlbert Demangeon renvoient dans la première partie du XXe siècle à une conception commune de la géographie, à un moment didentité forte de la discipline. Par contre auparavant Élisée Reclus sintéressait certes à la nature comme Ritter et à léconomie moderne comme Levasseur, mais ces trois auteurs étaient très différents et témoignent dune géographie très éclatée au moment de linstitutionnalisation de la géographie à lécole primaire.
Plus avant, les noms de Conrad Malte-Brun et Adrien Balbi, ou plus près de nous dArmand Frémont et de Roger Brunet caractérisent aussi des périodes de plus grande diversité apparente de la géographie.
Avant et après la phase que nous qualifions de classique, de 1882 à 1969, le caractère diversifié des référents scientifiques de la géographie scolaire souligne que léclectisme est une situation fréquente.
Il convient néanmoins de souligner quau XIXe siècle, si Malte-Brun et Balbi différent fortement par leur écriture et certains principes de la description, ils ont tous les deux une pratique caractéristique : linventaire et la classification. De même, aujourdhui si Armand Frémont a une approche plus phénoménologiste et Roger Brunet plus structuraliste, les géographes contemporains se situent dans leur grande majorité dans le champ des sciences sociales et non plus dans une sorte dentre deux entre les sciences de la nature et les sciences de lHomme.
Ce qui ne veut pas dire que la géographie scolaire soit limpide en ce qui concerne son positionnement épistémologique. Les rapports entre la géographie à lécole primaire et les géographies de référence sont en effet complexes. Dans la pratique certains maîtres proposent toujours des leçons de pure nomenclature de géographie physique alors que les textes officiels invitent à étudier « des espaces organisés par les sociétés humaines ». Les savoirs enseignés étant trop souvent de purs savoirs factuels isolés de leur contexte, inéluctablement le nouveau positionnement de la géographie physique dans le champ des sciences sociales est loin dêtre évident dans les séances observables en classe.
Les rapports entre la discipline scolaire et les attentes sociales sont peut-être plus immédiatement visibles que les références à lépistémologie de la géographie savante. La géographie scolaire importe en effet très rapidement dans ses enseignements les préoccupations de la société. Cest dailleurs en partie pour cela quelle est devenue une discipline scolaire. Ceci se manifeste au travers de finalités correspondant aux préoccupations du moment : coloniser ou aider au développement du Tiers monde, préparer la Revanche ou bâtir lEurope, réaliser de grands aménagements ou préserver la nature
La géographie est aussi une des disciplines scolaires qui importe rapidement les bouleversements technologiques des médias grand public: photographie, cinéma, multimédia
(tableau 2).
La géographie au début de son enseignement avait pour mission, dans le cadre des Humanités, de fixer le cadre spatial, le décor de lhistoire, cétait sa mission dans les collèges de Jésuites, ancêtre de lenseignement secondaire. Dans lenseignement primaire, au fur et à mesure de la découverte du monde, la géographie a combiné lhistoire de la découverte du monde avec la description de celui-ci. Les jeunes enfants dautrefois navaient pas vu, ou très peu, dimages de lailleurs à la différence des jeunes écoliers de maintenant. Aujourdhui, dans un monde globalisé, les informations sur le monde lointain affluent, cest leur interprétation qui devrait devenir le principal objectif pédagogique.
Les préoccupations changent aussi au cours du temps, la géographie autrefois auxiliaire de la colonisation devient, dans les années soixante et soixante-dix, lavocate des peuples du Tiers monde. La géographie mobilisée pour la Revanche se voit attribuer la mission de contribuer à lentente entre les peuples. La géographie scolaire chargée de faire la France est maintenant appelée à contribuer à faire lEurope. Après avoir vanté au temps des Trente glorieuses les grands travaux daménagement du territoire, elle se resserre sur la préservation de lenvironnement. La géographie scolaire est lécho des préoccupations géographiques de la société française.
Ces préoccupations samplifient au rythme de laccroissement des informations géographiques. Il y a deux siècles lécrit : la gazette et le livre, étaient les principaux vecteurs de diffusion des savoirs géographique, dans une société où les déplacements étaient moindres et lillettrisme important. Depuis, les photographies se sont substituées aux gravures et la télévision est devenue le principal média des informations de nature géographique. Le monde, via létrange lucarne du téléviseur, entre quotidiennement dans la plupart des maisons et lInternet frappe à de nombreuses portes. Le positionnement de lÉcole par rapport à la diffusion des savoirs géographiques en est considérablement modifié. Il ne faut plus démontrer que la Terre est ronde à laide du globe, mais expliquer pourquoi on ne la perçoit pas ronde à lhorizon, alors quon voit quotidiennement sa sphère à la télévision. Lécole primaire nest plus là pour expliquer à des enfants ce quest une carte, mais surtout comment sen servir. Les cadres spatiaux des jeunes élèves se multiplient aussi. Le local et la France sentremêlent avec dautres territoires de référence ou didentité.
Les finalités de la géographie scolaire évoluent. Elle reste une discipline morale, elle valorise le travail des sociétés pour aménager lespace, elle moralise à propos des rapports entre les Hommes et la nature. Certes, le texte des programmes de géographie de 2002 pour lécole élémentaire la présente, avec ambition, comme « létude de lorganisation de lespace par les sociétés », mais elle fonctionne à lécole surtout comme discipline déveil au monde, comme discipline éducative. Telle est sa fonction, (tableau 2).
Les géographies appliquées et les géographies grand public connaissent des structurations propres. Les sociétés de géographie rassemblent des acteurs variés : armateurs, hauts fonctionnaires, militaires, explorateurs, intellectuels... Elles sintéressent à lenseignement de la géographie. Dautres associations affichent aussi des finalités éducatives communes avec la géographie scolaire : clubs alpins, mouvements scouts. Certaines professions se sentent particulièrement concernées par la géographie scolaire : topographes et militaires à la fin du XIXe siècle, aménageurs et journalistes au XXe. Nous avons pris en compte dans ce tableau, non pas les structurations propres de ces sociétés, mais leurs préoccupations dans la mesure où elles sont largement partagées par leurs contemporains.
Tableau 2.
Chronologie : Les géographies de référence et la géographie à lécole primaire (1833-2002).
Périodes
Géographie savante ou universitaire
Géographies appliquées et géographies grand publicGéographie à lécole primaireGéographes de référence à lécole primaireMéthodologies savantes de référencePréoccupationsVecteurs de diffusionFinalitésDes inventaires géographiques
(1833-1867)Malte-Brun, BalbiInventaire et classificationDonner une dimension spatiale à létude des Humanités.
Construire et aménager de réseaux territoriaux.Écrit.
Gravure.Faire la France,
Connaître le monde.
La géographie est une morale.La géographie instrumentée par léconomie politique (1867-1882)Levasseur,
Ritter,
Reclus
Méthode déductive.Découvrir le monde.
Coloniser.
Commercer
Savoir lire les cartes pour la Revanche après 1871.Écrit.
Gravure.Faire la France,
Connaître le monde.
Éduquer au monde moderne.La géographie discipline scolaire instituée (1882-1923)Foncin
Schrader,
Vidal de La Blache
P. Dupuy
Une géographie du mixte : inductive et déductive.Reconstruire la France.
Découvrir le monde.
Coloniser.
Commercer.
Faire la guerre.Écrit.
Photographie.Consolider la République.
Aimer la France. Connaître le monde.
Préparer la Revanche
Éduquer au monde moderne.La géographie scolaire appuyée sur la science universitaire.
(1923-1969)Vidal de La Blache
Schrader,
Demangeon,
Deffontaines,
Sorre.Une géographie du mixte : inductive et déductive.Faire la France.
Coloniser.
Commercer.
Faire la paix.Écrit.
Radio.
Photographie.
Cinéma.Connaître la France et le monde.
Éduquer au monde moderne.La géographie discipline déveil.
(1969-1984)George,
Frémont, Pinchemel
Lacoste
Dans le champ des sciences sociales.Aménager le territoire de la France.
Développer le Tiers-monde.
Faire lEurope.Télévision.
Écrit.
Radio.
Photographie.
Cinéma.Éveiller au monde.La géographie matière mineure
(1984-2002).Frémont,
Pinchemel,
Brunet
Phénoménologie et structuralisme.Vivre en France et dans un monde globalisé.
Faire lEurope.
Ménager lenvironnement.Télévision.
Écrit.
Radio.
Photographie.
Cinéma.
Internet.Étudier « lorganisation de lespace par les sociétés » ou éveiller au monde ?
2. Les configurations successives du système de la géographie à lécole élémentaire dans le champ des savoirs géographiques
Pour combiner létude du fonctionnement interne du système de lenseignement de la géographie à lécole primaire et du méta système externe dans lequel il sinsère, en particulier le champ des savoirs, nous allons faire six arrêts sur image : en 1833, 1882, 1911, 1938, 1980 et 2002.
Les deux premières dates, 1833 et 1882, simposent en référence aux grandes lois sur lécole primaire. De part et dautre de la guerre de 1914-1918, et de la Revanche, nous avons retenu la date de 1911, celle de la publication du Nouveau Dictionnaire de Ferdinand Buisson et 1938 marqué par la mise en place des activités dirigées par Jean Zay. Nous ne retenons donc pas la publication des instructions de 1923 comme une coupure majeure. Lannée 1980 est considérée comme le point culminant de la mise en place de léveil à lécole primaire avec la publication des instructions pour le cours moyen qui terminent le cycle dinstructions officielles déveil. 2002 sert de borne la plus récente, cette année est aussi marquée par la publication de nouveaux programmes pour le primaire.
Chaque schéma graphique daté est éclairé par une présentation de lensemble des 6 périodes que nous avons définies :1833-1867, 1867-1882, 1882-1923, 1923-1969, 1969-1984, 1984-2002.
2.1. Vers la géographie scolaire moderne (1833-1867)
Avant 1833, nos connaissances sont faibles sur ce qui se pratique en géographie dans les écoles villageoises ou urbaines. Nous avons surtout vu les pratiques catéchistiques de labbé Gaultier associées à la méthode mutuelle et nous avons cherché à identifier les livres de géographie recensés dans les écoles lors de linspection mandatée par Guizot. Les livres sont rares, on ne peut les qualifier de manuels, même dans les écoles où la méthode denseignement simultané sest établie. La géographie est une matière balbutiante dans lenseignement primaire qui est, certes, relativement développé au nord de la ligne Saint-Malo Genève, mais dont le réseau décoles reste très peu dense dans lOuest et le Centre de la France. Lenseignement des Jésuites insère la connaissance du monde dans le cadre des humanités, il sagit du modèle éducatif de lenseignement secondaire, celui des classes dominantes, pas celui dune école populaire. Il perdure durant la première moitié du dix-neuvième, en particulier dans les géographies des frères des écoles chrétiennes.
La politique scolaire marquée par la loi Guizot qui rend obligatoire en 1833 le financement dune école communale de garçons dans les communes de plus de 2000 habitants, marque la tendance au développement de la scolarisation. Elle se prolonge les décennies suivantes, malgré les oppositions dun Thiers ou dun Falloux (figure 1).
Figure 1
Dans la loi Guizot, comme dans la circulaire Rouland de 1857, la géographie est énumérée comme une des matières des dernières classes de lenseignement primaire. La forme catéchistique de lenseignement nest pas seulement un procédé didactique, cest aussi un moyen pour tenir compte du faible niveau de connaissances de nombreux maîtres décoles. De plus, certaines géographies de références, telles celles dAdrien Balbi, ont recours systématiquement à ces inventaires classés. Mais chez un auteur comme Balbi, la géographie ne se réduit pas à un tableau politique des États, cest aussi un inventaire économique du monde qui mobilise les nouveaux savoirs de la statistique.
Dès 1827, avec leur Nouvelle Géographie Méthodique Achille Meissas et Auguste Michelot introduisent dans la dernière partie de leur livre, pour les élèves les plus âgés de lécole primaire, un discours géographique plus descriptif où lon sent comme un écho des géographies de Malte-Brun. Au cours de cette première partie du siècle, le développement de la géographie à lécole primaire semble de plus en plus justifié par le commerce et de moins en moins par lhistoire des découvertes et la géographie historique (figure 1). La monographique départementale est un genre éditorial, il permet de découvrir lanalyse géographique. Létude de son département est aussi un cadre qui permet à apprendre aimer la France à partir de la découverte de cette « petite patrie » composante de la grande. À lécole la dimension régionale passe aussi par les livres de lecture et de prix qui présentent la littérature régionale.
2.2. Les nouveaux paradigmes de la géographie à lécole primaire (1867-1882)
Le développement de linstruction du peuple, même limité dans ses ambitions scientifiques et culturelles, culmine avec les grandes lois proposées par Jules Ferry, en particulier celle du 28 mars 1882 sur lenseignement primaire. Horacío Capel a souligné le caractère concomitant de linstallation de la géographie comme discipline scolaire et du développement de la scolarisation en Europe. Monique Benoît distingue trois temps dans ce processus de fondation : le programme de Victor Duruy (1867), inspiré par Levasseur, qui fait de la géographie une matière obligatoire ; le plan Simon (1871) qui sert de premier modèle pour un programme national et bien sûr les lois Ferry de 1880-1882. Les objectifs de lenseignement de la géographie, comme tous ceux assignés à lécole primaire, sont dabord pratiques, ils deviendront par la suite plus culturels. Mais les dimensions pratiques et morales sont difficilement démêlables chez les économistes libéraux qui instrumentalisent la vieille routine de la géographie pour en faire à lécole primaire une sorte dinitiation à léconomie politique. Mais, montrer la patrie, faire la France cest à la fois acquérir des connaissances et forger une identité nationale, construire des connaissances pratiques cest contribuer après 1871 au redressement de la France.
Émile Levasseur apparaît comme le promoteur et le premier expert de la géographie à lécole. En 1882 cest Carl Ritter et Élisée Reclus qui sont les géographes cités en référence dans lentourage du directeur de lenseignement primaire F. Buisson. Mais la géographie commence seulement à sinscrire en tant que discipline à part entière à lUniversité.
Sur le plan pédagogique, on note très tôt une influence de la pédagogie fondée sur lobservation. Ainsi dès 1857 la circulaire de Xavier Rouland avait donné quelques orientations à prendre « pour point de départ le village et le département et de donner des explications sommaires sur les faits historiques, administratifs, industriels et agricoles qui se rattachent aux lieux indiqués sur la carte. », mais il peut paraître un peu exagéré de parler déjà « dinstructions [
] qui fondent lenseignement élémentaire de la géographie sur lobservation du milieu familier à lenfant et préconisent la méthode intuitive » . Il faut probablement fortement relativiser cette vision pour de multiples raisons. Remarquons tout dabord que le programme dOctave Gréard pour le département de la Seine en 1868 propose daller du général au particulier. Ne surestimons pas leffet dune circulaire ministérielle alors quil ny a pas de programme national avant 1882 . Constatons que les injonctions de Ferdinand Buisson ne se traduisent guère dans le programme du cours moyen. Regardons les manuels scolaires de lépoque, ceux de Foncin en particulier pour avoir une idée de la pédagogie mise en uvre dans les classes qui sont fort modérément inspirés par la méthode intuitive. Léclectisme domine aussi dans les références scientifiques : la géographie physique, et en particulier létude du relief se précise peu à peu, la géographie administrative persiste dans ses inventaires de départements et de préfectures, la région naturelle ny apparaît que fort lentement, la géographie économique présente ses propres inventaires et la dimension militaire et patriotique y est explicite.
Figure 2.
2.3. La mise en place de la phase « classique » de la géographie à lécole primaire (1882-1922)
On a rappelé quAnnie Bruter utilise, par extension, par « nomadisation » du concept, lidée de paradigme pédagogique pour caractériser un fonctionnement relativement stable de la discipline scolaire à linstar de la façon dont Thomas Kuhn parle de période normale pour les sciences. Il est difficile dappliquer cette idée de période normale à la géographie enseignée à lécole primaire compte tenu de léclectisme de ses références. Nous retenons au terme de notre étude, lexpression de phase classique de la géographie à lécole primaire, en reprenant le qualificatif proposé par Monique Benoît. Cest dailleurs pendant cette période que lessor de la nouvelle discipline scolaire géographie, et surtout son essor dans lenseignement secondaire, permet linstitutionnalisation de la géographie dans les universités. Nous pouvons ainsi repérer une action directe de la polarité « géographie enseignée » sur le pôle géographie scientifique dans ce que nous appelons le champ des savoirs géographiques. Nous exprimons ceci sur la figure 3 par une flèche allant de la géographie à lécole primaire vers la géographie de référence. Elle serait antérieure à la flèche indiquant linfluence des géographes de la fin du XIXe sur la géographie scolaire.
Après avoir commencé son étude par ce quelle désigne comme « la fondation en trois temps, 1867, 1871 et 1882 » de la géographie à lécole primaire, Monique Benoît désigne sous le nom « dâge classique de la géographie scolaire » la période qui sétend de 1914 à 1969. Lusage de cet adjectif « classique » souligne la proximité de lécole française de géographie et la géographie scolaire. La coupure quelle place en 1914 nous interroge. Elle la fonde, ce qui est intéressant, principalement sur le fait quà partir de 1918 lidée de la nécessité dune réforme de lécole rapprochant enseignement primaire et enseignement secondaire en une école unique fait son chemin. Or ce projet naura de conséquence sur lenseignement de la géographie à lécole élémentaire que dans le dernier tiers du XXe siècle, après la création du collège unique. Avant 1914, il paraît discutable de séparer les années qui sécoulent de 1882 à 1914 des années trente ou cinquante, quand le monument quest le Dictionnaire de Ferdinand Buisson sert encore de référence pour lenseignement de la géographie à Max Sorre en 1959.
Certes au cours de cette longue période normale nous distinguons, nous aussi une sous-période avant 1914, et ce pour une raison principale : la géographie vidalienne ne sert pas encore de référence. Malgré les conférences de 1905, la géographie universitaire « classique » na pas encore beaucoup influencé les contenus de la géographie de lécole primaire, même si Foncin a renoncé, au cours des années 1880, à la géographie découpée par bassins hérités de Buache.
Nous singulariserions aussi la sous-période années 1882-1918 par la mobilisation patriotique très forte de la géographie, celle qui a été utilisée après 1871 pour justifier son rôle de discipline scolaire.
Ces deux raisons nous conduisent à tracer un modèle descriptif de la géographie scolaire dans le champ de la géographie vers 1911, année de la publication du Nouveau Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Figure 3.
La phase classique de la géographie à lécole primaire (1923-1969)
Avec lacmé des années trente, la géographie est alors tout à la fois une discipline emblématique de la pédagogie intuitive de lenseignement primaire et une discipline moderne sur le plan scientifique. Les programmes de 1923 napportent pas de bouleversements importants. Plus significative est lexpérimentation des activités dirigées promue par Jean Zay en 1937.
Monique Benoît souligne fort justement le rôle que joue la perspective de lécole unique. Dès les années 1930, lenseignement secondaire sert de modèle à lenseignement primaire supérieur. Par contre, les classes préparant le certificat de fin détudes qui jusquà leur suppression fonctionneront avec un maître unique donnant un enseignement polyvalent, échappent au modèle de lenseignement secondaire. La pédagogie pour ces pré-adolescents issus des classes populaires sappuie sur la méthode intuitive et consacre une place importante à létude du milieu local.
Nous rejoignons Monique Benoît pour qualifier de « classique » cette période, dans la mesure où, comme nous lavons vu linfluence des géographes vidaliens est très grande sur lécole primaire, et où la méthode pédagogique intuitive est assimilée à la démarche scientifique des géographes. Nous sommes ici dans ce que nous qualifions dans lintroduction de cette étude dans une conception unitaire de la géographie : discipline scolaire et démarche savante mettant en uvre une même « méthode géographique ».
Les questions posées au Certificat dÉtudes primaires de 1932 à 1937 expriment bien les préoccupations principales de cette géographie de lécole élémentaire qui reste fortement tournée vers sa dimension pratique. Les questions portent surtout sur la France métropolitaine et autant sur les colonies françaises que sur le reste du monde. La géographie économique tient une place importante (tableau3). Sur un total de 69 questions, 27 emploient les mots « production », « richesse » ou « industrie ».
Tableau 3.
Chronologie : Les géographies de référence et la géographie à lécole primaire (1833-2002).
(compte non tenu des questions de géographie locale, daprès la liste publiée par René Ozouf en 1937, op. cit.)
La FranceColonies françaisesLe MondeQuestions comprenant le mot « ressource », « attrait », « richesse économique » et questions sur les échanges et les transports.271010Questions uniquement sur le relief ou le climat
91Croquis de localisation sans information dordre économique,
liste de repérage.812
Par rapport aux années davant 1914-1918, non seulement le corpus scientifique de la géographie universitaire sest enrichi, mais deux nouveautés pédagogiques sont à signaler : lentrée du paysage à lécole et la création des activités dirigées.
Dans le domaine des paradigmes scolaires, il faut souligner la nouveauté que constitue létude du paysage. À partir de ce moment létude de la photographie de paysage devient un exercice canonique de la géographie scolaire. Auparavant seule la carte avait ce rôle dans la classe de substitut de lobservation du réel. Les gravures étaient soient des paysages types, donc pas le réel singulier, soit clairement marquées comme étant un construit, par leur caractère esthétique.
La création des activités dirigées en 1938 peut être comprise comme une nouvelle incitation à mettre en place un enseignement « par laspect et par laction ». Les années 1930 apparaissent portées par un enthousiasme géographique marqué par de nouvelles publications : création de la revue Pour lenseignement LInformation géographique, publication dun Cahier de Pédagogie Moderne pour l'Enseignement du premier degré sur la géographie avec les contributions de Max Sorre et Albert Demangeon, rédaction dun Vade-Mecum pour lenseignement de la géographie de René Ozouf . Cest lépoque du Front populaire, des congés payés, du tourisme vert et des activités de nature.
Les programmes édictés au temps de Vichy sappuient sur les mêmes méthodes pédagogiques et lÉtat français mobilise « naturellement » la géographie scolaire pour ses objectifs idéologiques, nationalistes, enracinés dans la France des campagnes et des provinces. À la Libération les programmes saffirment dans la continuité de lAvant-guerre.
Figure 4
2.4. La géographie au cur de la pédagogie de lÉveil (1969-1984)
La géographie à lécole primaire est fortement bouleversée de la fin des années soixante au début des années quatre-vingt. Il est possible didentifier plusieurs mécanismes explicatifs. Un premier facteur situé à lextérieur à lécole : lévolution du monde. Un second est à lintersection du monde de lÉcole et de celui des sciences humaines : la psychologie constructiviste que Marie-Laure Debesse-Arviset, puis Francine Best et Lucille Marbeau diffusent en direction des enseignants du primaire et des historiens et géographes. Le mot et lidée dune didactique de la géographie commencent à apparaître dans les congrès de lUGI.
Un troisième facteur est interne au système scolaire : cest la redéfinition de la place de lécole élémentaire. Le quatrième, la pédagogie de léveil, est interne à lenseignement du premier degré, mais ne peut se comprendre quen relation avec les autres facteurs.
Quelques dates permettent de baliser le chemin qui conduit à une transformation radicale de la place de lenseignement primaire dans le système éducatif français : 1959, réforme Berthoin allongeant la scolarité obligatoire ; 1963, création des collèges denseignement secondaire qui accueillent tous les élèves ; 1967, tous les enfants entrent en sixième. Mais la coupure que nous retiendrons comme borne principale de cette période est celle de 1969, année de la suspension des programmes antérieurs et de la création du Tiers temps pédagogique.
Figure 5
Pendant ces années, les transformations rapides du monde interrogent lorganisation disciplinaire des savoirs. Le modèle anglo-saxon des social sciences est mobilisé dautant que les politiques, et ce plus particulièrement pendant le septennat de Valéry Giscard dEstaing, souhaitent donner une initiation à léconomie aux jeunes élèves et aux collégiens. En même temps les territoires didentités, vécus ou proposés, sont redéfinis. La France sest séparée de son empire colonial et lEurope, du moins lEurope de lOuest, apparaît comme un nouveau cadre identitaire à promouvoir. Les transformations des Trente glorieuses sont aussi fortement présentes dans les programmes et dans les manuels : « La géographie nest pas seulement celle de lhomme habitant , cest aussi celle de lhomme producteur, consommateur de biens et de services et aménageur despaces » .
De 1978 à 1981 la démarche déveil devient la règle, les programmes sen réclament et les dossiers pédagogiques diffusés par le Ministère la déclinent. Bien sûr, la réalité des classes est souvent, comme toujours, en fort décalage avec les prescriptions, en géographie tout comme en histoire. Dailleurs, en 1980, le programme pour le cours moyen apparaît déjà comme un repli vers une approche plus disciplinaire, un compromis juxtaposant la logique de la démarche déveil et celle du programme traditionnel. Après le colloque de Montpellier, un équilibre semble trouvé avec les instructions de 1984. Dans la foulée de cette tentative de volonté de refondation de lenseignement de lHistoire, les deux disciplines, donc la géographie, sont même indiquées en tant que telles au programme du cycle des apprentissages, grande section de lécole maternelle comprise.
2.6. Vers un effacement de la géographie à lécole primaire (1985-2002) ?
Les vingt dernières années sont marquées par une véritable valse des instructions officielles et des programmes de lécole élémentaire : 1984, 1985, 1990, 1995, 2002. La durée moyenne est de 4 ans et 6 mois. Comparativement à cette avalanche de textes, il semble que les pratiques évoluent beaucoup plus lentement. De nombreuses années après que Jean-Pierre Chevènement a effacé toute référence à la démarche déveil et rétabli des programmes « à lancienne », de nombreuses classes auront de « léveil » à leur emploi du temps et de nombreux élèves encore des cahiers dits « déveil ».
Les nouveautés narrivent pas forcément sous la plume des novateurs. Ainsi les programmes de 1985, fort retro dans leurs libellés, développent létude de cadres de vie éloignés au cours élémentaire. Il sagit probablement dune réaction vis-à-vis de léveil, de la méthode intuitive fondée sur létude du milieu. Mais élargir lhorizon détude des jeunes enfants, cest aussi prendre en compte le fait que les écoliers daujourdhui sont confrontés à des informations géographiques en provenance du monde entier, via la télévision principalement et nont plus le terroir de leur village comme seule expérience.
Certains faits pourraient faire penser que lon assiste à un déclin irrémédiable de la géographie à lécole élémentaire. Le libellé « géographie » a disparu des petites classes où, depuis 1995, lapproche géographique est insérée au sein dun ensemble appelé « Découverte du monde ». En pratique, ce nest pas un bouleversement et cela rassemble aux situations que lon encontre souvent chez nos voisins. Avant 1983, les débats politiques ont porté sur lenseignement de lhistoire, ensuite ils portent sur le lire-écrire-compter et puis aujourdhui quasi exclusivement sur la maîtrise de la langue. La géographie semble bien peu de choses à lécole élémentaire. Ce nest plus la discipline symbole de modernité du temps de Levasseur et Schrader, ni le champ dinvestissement de la pédagogie de léveil. Quand linspection générale organise un colloque sur le thème « Apprendre lhistoire et la géographie à lÉcole (du primaire au lycée) », la place de lenseignement élémentaire est vraiment réduite à la portion congrue. Lécole primaire est devenue une propédeutique à lenseignement secondaire, et la question de la géographie y est bien assoupie.
Lévolution de la composition du public qui assiste aux journées sur la didactique de lhistoire, de la géographie et des sciences sociales organisées par lINRP confirme cette tendance (tableau 4). Nous identifions dans ces colloques comme relevant du primaire quelques instituteurs, les inspecteurs primaires et les nombreux professeurs décoles normales primaires. Ils forment en 1986 près de la moitié des participants. Certains dentre eux, comme Jean Maréchal ou Maryse Clary, sont des didacticiens très actifs, reconnus au-delà de lenseignement élémentaire. Ces professeurs décole normale dinstituteurs, eux-mêmes agrégés et ces certifiés, affirment leur compétence professionnelle pour le premier degré en développant le champ de la didactique à lintersection des savoirs disciplinaires et des savoirs pédagogiques. Dans ce domaine didactique, les géographes sont souvent plus dynamiques que leurs collègues historiens.
Tableau 4.
Les participants des colloques de lINRP sur la didactique de lHistoire, de la Géographie et des Sciences Économiques et Sociales.
années198619871989199019911992Total (en chiffres absolus)128226197210244243Premier degré45%33%15%14%19%19%Enseignement secondaire35%46%71%70%64%60%Universitaires12%13%8%10%13%9%Chercheurs INRP6%3%2%1%2%3%Divers2%5%5%6%7%9%(NB pas de publication de la liste de participants en 1988).
À partir de 1989 les formateurs du premier degré ne représentant plus que de 14% à 19% de lassistance. À linverse, les enseignants du second degré sont de plus en plus nombreux à participer à ces colloques didactiques. Dans le tableau 3, nous comptons aussi les inspecteurs du second degré sur la ligne de lenseignement secondaire. Nous y incluons aussi les professeurs des centres PEGC qui enseignent dans les écoles normales primaires, mais qui travaillent les questions liées à lenseignement dans les collèges. Avec la création des MAFPEN, puis des IUFM, le nombre de formateurs pour le second degré est allé croissant. La réflexion didactique en géographie qui dans les années Quatre-vingt avait été fortement marquée par le premier degré devient alors principalement une question de lenseignement secondaire. Ceci se marque par lassistance à ces colloques et par les contenus des débats et des publications.
Figure 6
Cette impression deffacement doit pourtant être discutée. Grâce à une enquête nationale menée avec lINRP, nous disposons aujourdhui dun état des lieux qui permet de fortement nuancer cette vision. La plupart des maîtres du cycle des approfondissements interrogés déclarent consacrer à lenseignement de la géographie près dune séance par semaine. Les activités caractéristiques de la discipline nont dailleurs guère évolué. Il sagit surtout de localiser sur la carte, de définir du vocabulaire. Le même doublet « carte et nomenclature » peut toujours caractériser la discipline, comme au temps de Schrader. Dailleurs les résumés de cours sont la principale chose que lon rencontre dans les cahiers ou les classeurs des élèves. La localisation sur la carte est toujours lactivité caractéristique.
Par ailleurs, les références scientifiques sont dun grand éclectisme dans les Vade-Mecum contemporains proposés aux enseignants pour lenseignement de la géographie à lécole primaire. Pierre Giolitto, inspecteur général de lÉducation nationale, rassemble en 1992 sous le titre Enseigner la géographie à lécole des matériaux variés, un peu comme René Ozouf lavait fait en 1938 dans son Vade-Mecum. Les références épistémologiques sont variées. Les noms les plus cités sont : Paul Vidal de la Blache et Pierre George (20 fois), Philippe Pinchemel (14 fois), Maryse Clary et Armand Frémont (9 fois), Max Sorre (8 fois), Emmanuel de Martonne (6 fois) Antoine Bailly, André Cholley, Paul Claval, René Clozier et Roger Brunet (5 fois). Les propositions dactivités, rédigées pour les maîtres sous forme de fiches, sont logiquement très diverses : La fiche n°49, inspirée des travaux de Maryse Claryà partir des chorèmes de Roger Brunet, sintitule « Modélisation dun espace urbain (Nîmes) réalisée par des élèves de CM2 » contraste fortement avec la fiche n°56 qui propose encore lexercice déjà dénoncé au siècle dernier par Franz Schrader « Je réalise le plan de ma classe, cycle 2 ». La fiche n°55, fortement inspirée par la psychologie constructive et les travaux des équipes de lINRP sintitule « Grille dobjectifs notionnels : espace social », tandis que la fiche n°58 propose une monographie invitant à mettre en catalogue diverses mesures sur le débit dun cours deau, intitulée « Jétudie un ruisseau dans ma commune » elle propose deux pages de consignes pour effectuer des relevés pour mesurer le régime et le profil du cours deau, indépendamment de tout aspect de géographie humaine. Ainsi, léclectisme de la géographie scolaire est toujours grand, peut-être va-t-il grandissant. Les nouveaux savoirs sajoutent aux anciens, sans effacer les exercices qui traditionnellement incarnent les savoirs géographiques anciens : plan de la classe, liste à mémoriser, enquête monographique sans problématique
Pierre Giolitto reproduit aussi dans cet ouvrage le modèle des « coquilles de lhomme » dAbraham Moles et Elisabeth Romer, daprès Armand Frémont. Ce schéma correspond au curriculum traditionnel de la géographie à lécole primaire : le local au cours élémentaire, la région, la France, le monde au cours moyen. Cet emboîtement de territoire vécus, perçus, conçus, se fait dans une logique dextension spatiale, de généralisation à partir dobservation dobjets singuliers.
Dans les dernières décennies du vingtième siècle, la transformation des pratiques spatiales des jeunes écoliers et de leurs parents a fortement remis en cause la linéarité dune telle progression. Les plus jeunes élèves, quils soient issus de courants migratoires à longue distance ou enracinés dans leur terroir, ont besoin de construire une intelligibilité dun monde dont certaines images lointaines sont plus connues que des espaces à portée dune promenade à partir de la maison ou de lécole. Peut-on alors toujours proposer les « espaces familiers » et les « espaces lointains » comme le point de départ et le point darrivée du curriculum des jeunes écoliers comme nous y invite le programme du cycle 2 ? Ce nest aussi ni une logique scientifique, ni une logique cognitive, mais lhabitude qui conduit à organiser depuis des décennies la géographie au cycle 3 selon une programmation qui « part, en toute logique, de léchelle mondiale pour y retourner dans une synthèse en fin de cycle, en examinant la France dans le monde actuel » ? Des évolutions illustrent ce bouleversement des territoires didentité. Léquilibre entre le temps consacré à la France et celui consacré au monde évolue. Aujourdhui, le temps consacré à létude du monde est devenu presque équivalent à celui réservé pour létude de la France. Le milieu local et lEurope viendraient ensuite, un peu plus étudiés que la région. Ces évolutions témoignent de la vitalité de lenseignement de la géographie à lécole primaire et de sa relation avec les questions géographiques contemporaines.
Dans lenquête auprès des instituteurs et professeurs décole, la géographie est définie avant tout comme létude des relations entre lhomme et le milieu naturel. Définition plus satisfaisante aux yeux des maîtres que le simple objectif de « connaissance de la France ». Ce sont les plus jeunes enseignants qui expriment la conception la moins naturaliste et la plus dynamique. En 1998, ils étaient 46%, deux fois plus que leurs aînés, à penser que la « géographie cest létude de lorganisation de lespace par les sociétés humaines ». Ces déclarations dailleurs doivent être interprétées comme des prises de position publique plus que comme des interprétations des pratiques quotidiennes denseignement. Mais le nouveau programme de 2002 présente aussi la géographie comme « létude de lorganisation de lespace par les sociétés ». Cette définition, épistémologiquement très contemporaine, semble donc pouvoir être partagée par de plus en plus denseignants, du moins au niveau déclaratif. Ceci est aussi un élément qui permet un regard optimiste sur lévolution de cet enseignement.
Le marché du livre scolaire de géographie est aussi un indicateur de la santé. Il est loin dêtre négligeable. Pour ne citer quun éditeur à titre dexemple, les livres de géographie ou dhistoire et de géographie de la collection Gulliver chez Nathan pour le cycle 3, ont été vendus à plus de 300 000 exemplaires en 9 ans. Sachant que les classes séquipent souvent dun livre pour 2 élèves et que 15 000 livres du maître ont été vendus, il est possible destimer à un nombre équivalent les classes qui se sont équipées des manuels de cet éditeur. Il faudrait bien sûr ajouter à ceci les ventes des autres maisons dédition. Ce qui permet daffirmer que sur cette période de 9 ans, plusieurs dizaines de milliers de classes du cycle 3 ont renouvelé leur livre de géographie ou dhistoire - géographie et instruction civique.
Sans effacer les symptômes négatifs que nous avons notés, tout ceci témoigne, dun intérêt incontestable, maintenu, pour cet enseignement. La géographie permet aux élèves de découvrir le Monde, leur monde.
Au croisement du champ de la géographie
et des finalités de lécole primaire
Les propos sur lenseignement de la géographie que nous avons reproduits et les études plus ponctuelles que nous avons conduites constituent un corpus documentaire permettant de faire un tableau historique de lenseignement de la géographie à lécole élémentaire. Deux aspects ont été développés au long de lensemble des chapitres : les rapports entre la géographie enseignée à lécole primaire et la géographie savante, les rapports de cette géographie scolaire avec lensemble du contexte où se situe lécole primaire en tant quinstitution.
Le premier de ces aspects éclaire dun point de vue épistémologique et historique la construction de la géographie en tant que champ de connaissance. En situant le début de notre étude au tout début du XIXe siècle, nous avons délibérément porté léclairage sur une période parfois négligée, refusant de prendre pour argent comptant les discours de la fin du dix-neuvième qui autoproclamaient la création de la géographie comme une création quasiment ex-nihilo. De même quil est bien connu aujourdhui que lécole primaire na pas commencé avec Jules Ferry, de même la géographie scolaire na pas commencé avec Levasseur, y compris à lécole primaire.
Les rapports entre la géographie scientifique ont ainsi été éclairés dans la durée. Lantériorité évidente et le rôle moteur de la géographie scolaire ont été confirmés. Nous navons par contre pas pu faire fonctionner un modèle dinspiration kuhnienne pour périodiser ces deux siècles denseignement de la géographie à lécole élémentaire. Trop déléments dhétérogénéité empêchent de distinguer une phase « normale » de la géographie scolaire que lon aurait pu penser exister au temps où le modèle vidalien dominait la géographie universitaire. Apprendre la géographie pour faire la guerre avant 1910 ou pour construire la paix en 1930, ces deux finalités peuvent difficilement relever dune même période normale. Plus encore, promouvoir la géographie en tant que méthode éducative est contradictoire avec son évaluation dans les examens par la vérification de savoirs factuels appris par cur.
La géographie à lécole est donc très éclatée, elle fonctionne à la fois comme conservatoire des formes anciennes et comme lieu des innovations. Depuis des décennies les programmes renvoient à létude des paysages et à la notion de milieu géographique sous les auspices des grands géographes du vingtième, mais la routine scolaire continue à dresser des inventaires, hier des préfectures et des cours deau de la France, aujourdhui des États européens et de leur capitale comme le faisaient les géographes du début du dix-neuvième. La géographie de lécole primaire, peut-être plus que celle de lenseignement secondaire essaye dimporter les nouveautés de la géographie universitaire, comme Maryse Clary la tenté avec les chorèmes et conserve peut-être plus que dautres des aspects archaïques comme létude des « quatre grands » fleuves français.
Les savoirs issus de différentes périodes se juxtaposent, les routines éprouvées des exercices scolaires correspondant aux préoccupations de la géographie dhier ou davant hier cohabitent avec des pratiques innovantes.
Nous navons pas systématiquement mis en rapport la géographie scolaire avec la géographie grand public et la géographie appliquée. Dans cette perspective des approches spécifiques pourraient être conduites sur des objets tels la géographie des transports ou la tropicalité pour voir comment les contenus denseignement reflètent la construction et lévolution du monde et de sa conception ; les transformations grands réseaux de transport ou limage des contrées tropicales, par exemple. De telles recherches permettraient de préciser linsertion de la géographie scolaire dans le champ évolutif des savoirs de la géographie.
Une autre raison pour laquelle il est difficile dutiliser le modèle kuhnien est limportance du contexte politique. La géographie à lÉcole reflète les enjeux politiques. 1871 est une borne politique qui souvent éclipse les législations scolaires de 1867 et 1882. La cristallisation de la géographie scolaire dans les pays voisins se fait à un rythme comparable. 1871 nest quun épiphénomène pour laccélération de linstitutionnalisation de la géographie à lécole primaire mais cest aussi un événement qui va connoter pendant des décennies la géographie comme une discipline permettant de préparer la Revanche. De la même façon la place prise par la dimension européenne dans les programmes des vingt dernières années ne sexplique pas par des changements épistémologiques mais par une évolution assumée politiquement et se matérialisant dans la vie quotidienne des enfants, ne serait-ce que par la nouvelle monnaie, leuro. Les savoirs géographiques de lÉcole sont insérés dans le champ de la géographie et participent dun métasystème englobant les demandes sociales vis-à-vis de lécole primaire.
Le développement de lenseignement de la géographie à lécole primaire a contribué à la réalisation dobjectifs généraux de lécole communale. La fonction assignée à lenseignement de la géographie visait les objectifs multiples et parfois contradictoires de lécole primaire : diffuser des savoirs pratiques et faire aimer la France.
Le premier objectif était aussi celui des sociétés de géographie commerciale et des topographes, le deuxième objectif était partagé par tous les patriotes. Pour les militaires, lapprentissage de la lecture de la carte joignait lacquisition dun savoir-faire pratique et la perspective patriotique de la Revanche.
Pierre Foncin a écrit à la fin du XIXe cette géographie pour lécole primaire.
Ces premiers objectifs de la géographie élémentaire : apprendre des savoirs pratiques sur le monde et sidentifier à sa patrie, ont mis en place une géographie éclectique, ont contribué à la cristallisation de la géographie à lUniversité. Ensuite, au cours de la période « classique » de lenseignement de la géographie à lécole primaire, pendant les deux premiers tiers du vingtième siècle, la géographie universitaire a, en retour, servi de référence à la géographie scolaire. Au milieu du XIXe siècle, les balbutiements de la géographie scolaire renforçaient le besoin dune cristallisation des savoirs géographiques au sein de lUniversité. Dans la première moitié du vingtième, à linverse, linstitutionnalisation de la géographie à luniversité créait une légitimité scientifique à la matière scolaire. La géographie de Vidal de La Blache participait à une nouvelle finalité attribuée alors à lécole primaire : construire la République par la diffusion de savoirs scientifiques.
Max Sorre pense la démarche géographique à la fois comme scientifique et comme éducative.
Cette évolution des objectifs assignés à la géographie à lécole primaire est à mettre en relation avec les transformations de la société et la redéfinition politique de la place de lécole primaire devenue progressivement une école élémentaire, propédeutique à détudes plus longues.
La difficulté autrefois était denseigner lailleurs, lailleurs dans le monde ou lailleurs en France à des jeunes enfants principalement ruraux, nayant que peu dinformation sur les espaces quils ne fréquentaient pas. Aujourdhui une double complexité surgit à lécole primaire. Il sagit de contribuer à la construction de savoirs sur des espaces multiples, de nature et déchelle diverses et de participer, comme cest une des finalités de lÉcole, à la construction didentités citoyennes. Ainsi, il nest pas évident de combiner ces deux propositions du programme de 2002 pour le cycle 3 : « le programme, centré sur lespace national, est organisé selon trois entrées : le monde, lEurope et la France. » ; « La géographie est aussi loccasion dune approche des réalités locales et régionales qui doit être privilégiée, chaque fois que cela est possible. » Exceptées les identités en réseaux ; pratiquement tous les niveaux didentité territoriale sont convoqués : le monde, lEurope, la France surtout, mais aussi la région et le local.
À lépoque de la globalisation, les savoirs géographiques sont recomposés, avec lInternet ils sont retissés, avec laccroissement de la mobilité, ils sont bousculés. Mais la géographie à lécole primaire garde les trois finalités quelle a associées au cours du vingtième siècle. Il sagit, simultanément, de construire les premiers savoirs pratiques sur lespace, de proposer des identités spatiales individuelles et collectives et de préparer de futurs citoyens.
Cette triple mission assignée à lenseignement de la géographie à lécole primaire est toujours dactualité. Les priorités en terme despaces didentité et de citoyenneté relèvent plus de choix politiques que de difficultés épistémologiques.
[
] Nos élèves sont « géophiles ». Ils aiment notre planète et sémeuvent quand les hommes maltraitent la forêt, quand la crue du fleuve devient catastrophe dite « naturelle ». Pour eux la Terre est une patrie commune.
Rizières étagées sur les flancs des montagnes dAsie, oasis construites au cur des déserts, paysages polaires où les hommes ont laissé peu dempreintes visibles, visages depuis longtemps humanisés de nos contrées : nos élèves sont « géosophes ». Ils sont prêts à sémerveiller devant les paysages pour y découvrir le cadre de vie des hommes, leurs traces mais aussi pour sinterroger sur le fonctionnement des sociétés dans lespace.
Nos élèves sont géographes.
Images satellites, cartes routières ou météo, très jeunes les enfants savent que cette étrange association décrits et dimages quest la carte, ce « point de vue vertical » privilégié permet de repérer des lieux, des itinéraires. Ils connaissent la fonction de la carte avant de savoir lire. Jeu de marelle dans la cour de récréation, villes imaginaires sur lécran dordinateur, petites voitures
nos écoliers jouent à repérer des lieux, à tracer des parcours, à organiser des territoires. [
]
(J.-P. Chevalier.)
Du côté de la géographie scolaire.
Matériaux pour une épistémologie et une histoire de lenseignement
de la géographie à lécole primaire en France.
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Circulaire du 22 avril 1875, relative au mode denvoi matériel de lenseignement géographique destiné aux écoles primaires publiques, (le Ministre de lInstruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, Henri Wallon), Bulletin Administratif, reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p. 48.
Circulaire du 29 avril 1876, relative à lacquisition à prix réduit par les fonctionnaires de lenseignement des feuilles de la carte de France dressée par lÉtat-Major (Le Ministre de lInstruction publique et des Beaux-Arts, Waddington), Bulletin Administratif, reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p.49.
Arrêté du 23 juillet 1874, Nouveau plan détudes pour lenseignement secondaire des lycées (contenu général du plan détudes de la division élémentaire) (De Cumont), Bulletin Administratif, reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p.61-62.
Circulaire du 16 août 1874, relative à lapplication du nouveau plan détudes des lycées prescrit par larrêté du 23 juillet 1874 (extrait pour les classes élémentaires), Bulletin Administratif, reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p.63.
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SOURP, P., 1993, Lanalyse du paysage: une didactique pour la géographie, thèse. Toulouse 2.
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STASZAK, J.-F., 1997, Les discours du géographe. Paris: LHarmattan.
STENGERS, I., (dir.), 1987, Dune science à lautre. Des concepts nomades. Paris: Seuil.
THIESSE, A.-M., 1997, Ils apprenaient la France. Lexaltation des régions dans le discours patriotique, Paris, Édition de la Maison des sciences de lhomme, 132p.
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TISSIER, J.-L., « Rendez-vous à Uriage (1940-1942). La fonction du terrain au temps de la Révolution nationale », Géographes en pratiques (1870-1945), Le terrain le libre et la cité, Guy Baudelle, Marie-Vic Ozouf-Marignier, Marie-Claire Robic dir., Presses Universitaires de Rennes, p. 342-351.
TUTIAUX-GUILLON, N., (dir.), 2001, LEurope entre projet politique et objet scolaire, au collège et au lycée. Paris : INRP. 183p.
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VIGNERON, E., 1980, « Espaces mentaux à Sète: des enfants et des quartiers », Bulletin de la société languedocienne de géographie, tome 14, fascicule 4, Montpellier 1980, p. 383-400.
VITTE, MARECHAL, PRESLE, GEILLON, FILLON, 1982, « Histoire et géographie d'aujourd'hui et implications pédagogiques au CM. », Activités d'éveil au cycle moyen, n°2, M.E.N., D.E., CNDP, janvier-mars. 12p.
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WALLET, J., 1988, « Enfance des cartes, cartes d'enfants », Journal des instituteurs et institutrices, n°5, Nathan, janvier, p. 7-10.
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WINTHER, M., 1985, « Les objectifs de la maternelle », l'Education enfantine, n°4, . Paris : Nathan, p. 6-8.
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WRIGHT, H.F., 1971, « Urban space as seen by child », Courrier du Centre International de l'enfance, Paris, n°5.
ZWEYACKER, A., 2002, « Louis François (1904-2002) », Historiens et Géographes, n° 380, octobre, p. 9-13.
Index des noms de personnes
Noms cités dans le texte courant et en note :, introduction générale, chapitres, introduction et fin des différents livres
ABADIE, A., chapitre 1§1.
AGREN, S., chapitre 2§2.
AGULHON, M., chapitre 1;
AÏTOFF, D., chapitre 4§1.
AL MAMOUN, chapitre 8§2;
ALAVOINEMULLER, S., 2§2; 3§2; 8§5.
ALBACETE, C., chapitre 8§2
ALBITRECIA, A., chapitre 6§2.
ALEXANDRE LE GRAND, 8§2.
ALINHAC. G., chapitre 2§1.
ALLIX, A., chapitre 6§2;
AMALVI, C., chapitre 9§2.
ANGEVILE (D), A., chap. 1§1.
ANSART. F., chapitre 1§1.
ARBOS, P., chapitre 6§2
AUBERT DE LA RUE, 6§2;
AUDIGIER, F., introduction ; Livre III fin ; chapitre 9§1,2.
AUERBACH, S., chapitre 5§2.
AUFSCHLAGER, J.-F., 1§1.
BACON, R., 3§2; 8§3;
BAILLAT, G., chapitre 9§2.
BALBI, A, 1§3; 4§1; 9§2.
BALDINI, F., chapitre 2§2.
BALLEY, C., 5§1; 8§5.
BASTIÉ, J., chapitre 7§1.
BAULIG, H., chapitre 6§2;
BAYROU, F., chapitre 9§1;
BEAUCOMONT, J., 7§1,2.
BEAUJEU-GARNIER, 6§2.
BELLIER, M.-O., chapitre 7§1.
BÉNÉVENT, E., chapitre 6§2.
BENOIT M., Introd. ; 1§4; 4§2; 5§3; 6§1; Livre III fin ; 9§1,2.
BÉRARD, L., 6§1; 8§1; 9§1.
BERDOULAY, V., 2§1; 3§3.
BÉRENGER, chapitre 6§2.
BERGER, B., chapitre 3§1.
BERNARD, A., chapitre 6§2.
BERT, P., introduction.
BERTHOIN, J., chapitre 9§2.
BERTRAND, A.J.C., 7§1.
BESSE, J.-M., Introd ; 8§5.
BESSEIGE, P., 6§2; 8§4.
Best, F., Introd ; 9§2.
BIGOT, C., chapitre 5§3.
BLACHE, J., chapitre 6§2
BLANCHARD, P., chapitre 8§2.
BLANCHARD, R., chapitre 6§2.
BLIGNIERES (DE), 1§2.
BLIN, S., chapitre 6§2;
BLOCQUEL, S., (pseud. Buqcellos
).chapitre 1§1.
BLOT, B., chapitre 9§2.
BOINVILLIERS, J.-E.-J., 1§1.
BONHEUR, G., L. III ; 4§1; 5§1.
BONIFACE, A., chapitre 1§1.
BOREL, E., chapitre 4§1.
BOSSON, Mr, chapitre 8§1.
BOUCAU, H., chapitre 6§2.
BOUCHUT, A., introd. ; 9§1.
BOULAINVILLIERS, C de, 3§1.
BOURDEAU, chapitre 6§2.
BOUTAN, P., chapitre 7§2.
BRAUD, A., chapitre 2.
BRENDARI, O., chapitre 2§2.
BRIAND-DE-VERZÉ (Le chevalier), chapitre 1§1.
BROC N., Introd. 1§1,3,4; 2§1; 4§2; 5§1; 9§2.
BROSSOLETTE, P., (DE), 6§2.
BRUNER, J. S., chapitre 9.
BRUNET, R., 4§2; 9§1.
BRUNHES, J., chapitre 6§2.
BRUNO, G., (Mme A. Fouillée dite), 1§3; 2§2; 8§2.
BRUTER, A., 1§2, 3; Livre II ; Livrre. III ; 9§2.
BUACHE DE LA NEUVILLE, J.-N., 1§2; 4§3; 8§2; 9§2;
BUFFIER, (le père), 1§2;
BUGUET, L., introduction.
BUISSON, F., introd. §3, 4; Livre II ; 2§1; 5§1, 2,4; 6§1; 9§2.
CAMENA DALMEIDA, P., chapitre 6§1.
CAMERON, chapitre 2.§2,
CAPEL, H., introduction, 1§4; 8§2; 9§2.
CARCOPINO, J., 7§2; 8§1;
CAVAILLÈS, H., chapitre 6§2;
CHABOT, G., chapitre 6§2;
CHANET, J.-F., introduction; 7§2; 9§2.
CHARRIER, C., chapitre 6§2;
CHARTIER, A.M., chapitre 9§1;
CHARTIER, R., chapitre 1§1;
CHATELAIN, G., Introduction.
CHAUMEIL, J., chapitre 5§2.
CHEMIN-DUPONTES, J.-B., chapitre 1§1;
CHERVEL A., Introd. ; §2.
CHEVALIER, J.-P., Introd. ; 4§1,2; Livre III ; 6§1,2; 7§1,2; 9§1,2; L. IV fin.
CHEVALIER, M., Introd.
CHEVALLARD, Y., Introd.
CHEVENEMENT, J.-P., 9§1-2.
CHOLLEY, A., 6§2; 7§1; 8§5.
CHOMBART DE LAUWE, M.-J., chapitre 9§2.
CHOMBART DE LAUWE, P., chapitre 7§2.
CHOPPIN, A., introduction.
CLARY, M., introduction ; 9§2.
CLAVAL, P., 1§2,4., 2§1; 3§3; 9§2.
CLERC., P., introduction.
CLINKSPOOR, M., introduction.
CLOZIER, R., ; 6§2 ; 7§1.
COLIN, A., 2§3-4; 3§2;
COMA, E., chapitre 2§3;
COMENIUS, 3§2; 8§3;
CONSIDÈRE, S., introduction.
CONSTANTIN, L., chapitre 1§1;
CORTAMBERT, E., 1§4.
Cressot, J., chapitre 7§2.
CRIBIER, F., chapitre 7§1.
CROZAT, cf. abbé Le François.
CRUSET, J., chapitre 7§1.
Cullier, F., chapitre 9§2.
Cullier, F., introduction .
DAINVILLE (de), F., §2,3.
DARDEL, É, chapitre 6§2.
DARROCH, A., chapitre 6§1.
DAVEAU, S., chapitre 7§1.
DAVIS, W., M., chapitre 6§2;
DE CUMONT, chapitre 6§1
DEBESSE, M., 6§2; 7§2.
Debesse-Arviset, M.-L., chapitre 7§1,2; chapitre 9§2.
DEBRUELLE, Mlle, 8§1.
DEFFONTAINES, P., 7§1; 8§1,5.
DEFODON, C., chapitre 5§1.
DELACCOURTIE, chapitre 3§1.
DELAGRAVE, C. chapitre 1§4.
DELARUE, Mr, chapitre 8§1.
DELPUP, H., chapitre 1§4.
DEMANGEON, A., introd. ; L III ; 6§1,2; 7§1; 9§2.
DENIS, M., chapitre 2§2.
DESOR, chapitre 3§1.
DESPLANQUES, P., introd.
DEYGOUT, J., chapitre 9§2.
DIDEROT, D., chapitre 1§2;
DION, R., chapitre 6§2.
DITANDY, A., chapitre 7§2.
DIVILLE, W., chapitre 7§2.
DÔME, E., 6§2; 8§4.
DRESCH, J., chapitre 6§2.
DRIEU LA ROCHELLE, 6§2.
DUBOIS M., 2§2; 5§5; 8§3.
DUBOIS, P., Livre II ; 4§1.
DUBREUIL, Mr, chapitre 6§2.
DUCROCQ, E., chapitre 6§2.
DUFAU, G., Introd. ; 9§2.
DUGARET, Mr, chapitre 6§2.
DUPIN, C., chapitre 1§1.
DUPUY, P. introduction ; 2§1; 4§2; 5§1,2,3; 6§1,2; 7§1.
DURAND, H., chapitre 5§2.
DURAND, R., introduction ; 9§2.
DURUY, V., introduction , 1§4 ; 6§1; 9§1-2.
DUTHIL, J.-B., chapitre 2§1.
ECHARD, Mr, chapitre 6§2.
ESMONIN, E., chapitre 3§1.
EYMERY, A., chapitre 1§1.
FALLEX, M., chapitre 6§2.
FALLIERES, A., chapitre 6§1.
FALLOUX, F., introduction; 1§4; 6§1; 9§1-2.
FAUCHER, D., chapitre 6§2.
FAYOL, Mme,. chapitre 6§2.
FEBVRE, L.,. chapitre 6§2.
FÉLICE (DE), R., chapitre 6§2.
FÉnelon, F. , (de Salignac de la Mothe) chapitre 2§2.
Ferran P., chapitre 9§2.
FERRAS, R., introduction ; 9§2.
FERRY, J., introduction ; 1§4; 4§2; 6§1; 8§1,2; 9§1,2.
FONCIN, P., Introd. , 1§4; 2§1,2; 3§1; 4§2; 5§3; 6§1; 8§3.
FORTOUL, Introduction.
FOURAUT, C., chapitre 1§1;
FOVILLE, A., chapitre 1§4;
FRANÇOIS, L. chapitre 8§5.
FRÉMONT, A., chapitre 9§2.
Frère ALEXIS, (Gochet), chap. 6.
Frère I. C., chapitre 1§3.
Frère P. B., §,2,3; 4§2.
GACHON, L., introduction ; 6§2; 7§1.
GALIEGUE, A., chapitre 7§1.
GALLOIS, L., 5§3; 6§1.
GALLOUÉDEC, L., 2§2; 5§5; 6§1,2; 8§4.
GAMBETTA, L., chapitre 2§2;
GARRIGOU, chapitre 6§2;
GAUDEMAR (de), J.-P., 9§1.
GAUDIN, A., chapitre 1§1;
GAULTIER A., E., C. (abbé) chapitre1§2.; chapitre 2§1,2.
GAUSSEN, H., chapitre 6§2;
GAUTHIER, P.-L., chapitre 7§2.
George, P., 6§2; 7§2; 9§1.
GIBLIN, B., chapitre 5§3.
GIBRAT, J.-P., (le P.), 1§1.
GIOLITTO, P., 9§2.
GIRAULT, R., Introduction .
GISCARD DESTAING, V., 9§2.
GOMEZ MENDOZA, J., 8§2.
GOURDON, J., chapitre 6§2.
GRÉARD, O., Introd. ; 1§4; 2§1; 9§1,2.
GREGOIRE, P., chapitre 1§1.
GRESSE, A.,; introd. ; 2§2 ; 5§3.
GRISELIN, M., introduction.
GUEISSAZ-PEYRE, M., chap. 5.
GUILLAUME, J., 2§1; 3§1,2 ; 5§3.
GUILLEMIN, A., chapitre 3§1,3.
GUIZOT, F., intro.; 1§1-2,4; 2§2; 6§1; 7§2; 8§1; 9§1,2.
GUTENBERG, (J. , Gensfleisch, dit), introduction.
GUYOT, A., 2§2; 8§2.
HABY, R., 2§1; 9§1.
HACHETTE, L., 1§2,4; 4§2.
HELVETIUS, chapitre 1§2.
HERDER, J.-G., chapitre 5§2.
HÉRISSON, E., chapitre 1§1.
HERODOTE, chapitre 8§2.
HIMLY, A., Introd., 1§4; 2§1; 5§5; Livre II fin.
HINNEWINKEL, J.-C., §3; 7§2.
HOLBACH, (P. H. Thiry baron d), chapitre 1§2.
HUMBOLDT, A., 1§4; 6§2.
HUOT, J.-J., N., chapitre 4§3.
ISAAC, J., chapitre 6§2.
JOANNE, A., chapitre 7§2.
JOUMAS, G., chapitre 6§1.
KAEPPELIN, P., chapitre 8§5.
KAHN, P., chapitre 9§2.
KANT, E., chapitre 5§2
KUHN, M., chapitre 6§2.
KUHN, T.S., Intro.; 5§3.
LACOSTE, A., chapitre 6§2.
LACOSTE., Y., introd. ; 8§1.
LACROIX (de), L.-A., (abbé), chapitre 1§1.
LAFOND, R., chapitre 7§1.
LAGERLÖF, S., chapitre 8§2.
LALLEMAND, C., introduction.
LAMOTTE, Mr, chapitre 8§2.
LAMP, J.-F., chapitre 1§1.
LANG, J., chapitre 9§1.
LANGLOIS, H.-É., chapitre 1§1.
LAPIERRE, G., chapitre 7§1.
LAPORTE, chapitre 1§1.
LAVEDAN, P., chapitre 6§2.
LAVISSE, E., chapitre 4§3;
LE BÉALLE, A., chapitre 2§2,4.
LE FRANÇOIS (abbé), 1§1.
LE LANNOU, M., chapitre 6§2.
LE LÉAP, H., chapitre 6§2.
LE TELLIER, C.-C., 1§1.
LEBLANC, chapitre 6§2.
LEBRUN, F., chapitre1§2.
LEBRUN, T., chapitre 2§2,4.
LECLERCQ, chapitre 6§2.
LEFEVRE, D., chapitre 7§1.
LEFORT, I., introduction ; 1§2,3,4; 6§1; 9§2.
LEGENDRE, chapitre 1§1.
LEGRAND, L., chapitre 9.
LEIF, J., chapitre 8§5.
LEMONNIER, H., introduction; 2§2; 5§5; 8§3.
LENTACKER, F., chapitre 6§2.
LEROI-GOURHAN, A., 6§2.
Leroux, A., introd. ; 9§2.
LEROY, C., chapitre 8§2.
LEROY-BEAULIEU, P., 1§4 ;
LETERRIER, L., chapitre 6§2.
LETRONNE, chapitre 1§1.
LEUILLOT, P., chapitre 6§2.
LEVASSEUR, É., introd., 1§4; 2§1; 3§1,3; 5§1,4,5; Livre II fin.
LEVRAULT, chapitre 1§1.
LEYGUES, G., chapitre 6§1.
LIARD, L., chapitre 6§1.
LINDENBAUD, 3§1; 4§1.
LITTRÉ, É., chapitre 3§1.
LOEFFEL, E., chapitre 5.
LOI, D., 4§2; 6§1.
LORQUIN, G., chapitre 1§4.
Luc, J.-N. chapitre 9§2.
MAGIN, 1§4; 2§1.
MALGLAIVE, G., chapitre 7§2.
MALTE-BRUN, C., 1§1,3; 4§1,2; 9§2.
MAME, A., chapitre 1§2.
MARBEAU, L., chapitre 9§2.
MARCEL, J.-F., introduction .
MARCHAL, A., chapitre 6§2.
MARCHAND, P., introduction.
MARCONIS, R., chapitre 1§4.
Maréchal J., introd. ; 9§2.
MARIÉ-DAVY, 3§1,3; 4§3.
MARRES, P., chapitre 6§2.
MARTEL, P., chapitre 7§2.
MARTIN, J., chapitre 6§2.
MARTONNE, E., (DE), 6§2.
MARTY-LAVEAUX, C., 4§2.
MASPERO, G., 3§1; 4§1.
MASSON-VINCENT, M., Introduction ; chapitre 1§4.
MATHIEU, G., chapitre 7§1.
MATTHEWS, M. H., introd..
MAUBLANC, R., chapitre 6§1.
MAUCOURANT, Mlle, 6§2.
MAYEUR, F., Introd. ; 2§1
MEISSAS, A., 1§1,2,3; 2§1,2; 9§2.
MEISSAS, G., 2§1; 3§1; 4§1.
MELLIER, Mr, chapitre 8§1.
MELON, R., chapitre 7§1.
MENDIBIL, D , introduction; 2§2; 4§1; 6§2.
MERCATOR, S., E., 6§2.
MERCATOR, (G. Kremer, dit), chapitre 2§2.
MEUNIER, L.-A., chapitre 1§1.
MEYNIER, A., introduction.
MICHELET, chapitre 8§1.
MICHELOT A., chapitre 1§1,3; chapitre 2§1,2; chapitre 9§2.
MOËSSARD, P., 1§4; 2§1.
MOLES, A. 2§2; 9§2.
MOLLIER, J.-Y., chapitre 4§2.
MOREAU, J.-P., chapitre 6§2.
MORIN, J.-B., chapitre 1§1.
Mousset R., chapitre 9§2.
MUCCHIELI, J., introduction.
MUIR, T.S., chapitre 8§2.
MUSSET, R., chapitre 6§2.
NARDY, J.P., chapitre 1§4.
NÉARQUE, chapitre 8§2.
NICLOT, D., introduction; 6§2.
NICOLLE, L., chapitre 9§2.
NIQUE, C., chapitre 9§1.
NORA, P., Livre II.
OGER, F. 3§1; 4§1.
ORTEGA CANTERO, N., 8§2.
OZOUF, J., chapitre 8§2.
OZOUF, Ma., chapitre 6§2.
OZOUF, Mo., chapitre 8§2.
OZOUF, R., introduction; Livre III ; 6§2; 7§1,2; 8§3,5; 9§2.
OZOUF-MARIGNIER, M.-V., 3§1; 4§1; 6§1; 7§1.
PAGANELLI, chapitre 6§2.
PALSKY, G., 1§4; 2§1,2.
PANNELIER, J.-A., 1§1.
PAQUIER, J.-B., introd. ; 1§4.
PARAIN, C., chapitre 6§2.
PARDÉ, M ;, chapitre 6§2.
PARIAS, L., H., chapitre 1§2;
PARRIEL, chapitre 6§2.
PATTISON, W., introduction .
PELLISSON, M., chapitre 5§2.
PÉRIGOT, C., 1§4; 2§3.
PERIN, R., chapitre 1§1.
PERPILLOU, A., chapitre 6§2.
PERRIER, E., chapitre 3§ 3;
PERRIN, A., chapitre 6§2.
PESTALOZZI, J., H., 1§2,4; 3§2; 5§1,3; 8§3.
PEYROT, J., chapitre 8§3.
PHLIPPONNEAU, M., 6§2.
PIAGET, J., chapitre 9.
PICARD, A., chapitre 7§1.
PINCHEMEL, G., 6§2; 7§1.
PINCHEMEL, P., 7§1 ; 9§1.
PIQUEPAILLE, P., chapitre 7§1.
PITON, J., chapitre 7§2
PLEINDOUX , R., 6§2 ; 7§1.
PLUCHE, (abbé), (pseud. Noël Pluche), chapitre 1§1.
POIROT-DELPECH, B., Livre II fin ;
POLIN, chapitre 6§2.
PORCHER, L., chapitre 9§2.
POULAIN DE BOSSAY, P.-A., chapitre 1§1.
PRENANT, M., chapitre 6§2.
Presle M., chapitre 9§2.
PREVÔST, V., chapitre 9§2.
PROST, A., chapitre 9§1.
RATZEL, F., chapitre 6§2.
RAULIN, V., chapitre 3§1,3.
RAULIN, V., chapitre2§1;
RECLUS, É., 2§2; 3§2; 4§1,2; 5§2; 8§3
RENDU, A., introd.; chapitre 1§1
RENOUARD, A -C., introd.; 1§1
RENOUARD, J., chapitre 1§2.
REYMOND, A., chapitre 6§2.
RHEIN, C., introduction, §3,4; 3§ 3; 5§1,5; 9§2.
RICHTHOFFEN, chapitre 6§2.
RIEUTORD, chapitre 2§3.
RIPERT, G., introduction; 8§1.
RITTER, K., 1§2,4; 3§3; 4§2-3; 6§2; 9§1,2 ;
RIVALAIN, J., chapitre 7§1.
ROBEQUAIN, chapitre 7§1.
ROBIC, M.-C., Introduction ; 2§1; 3§1; 4§1; Livre II fin ; Livre III ; 6§1; 7§1; 8§1,2;
ROHMER, E., 2§2; 9§2.
ROMAIN, J., chapitre 6§2.
ROQUES, G., chapitre 7§2
ROUABLE, M.-C., chapitre 6§2.
ROUBIE, C., chapitre 3§1.
ROUCH, J., chapitre 6§2.
ROULAND, G., introduction; 6§1; 9§2.
RoumÉgous, M., introduction; 9§1,2.
ROUSSEAU, J.-J., 1§2; 3§2; 5§1-3; 8§2-3.
ROUSSELET, L., chapitre 3§1.
ROUSSELIN, Mr, chapitre 8§1.
RUSTIN, G., chapitre 8§5.
SAFRAY (Docteur), 3§3.
SALVANDY, introduction .
SAMBUCY SAINT-ESTÈVE, L. (de), (abbé), chapitre 1§1;
SANGUIN, A.L., chapitre 6§1
SAULE-SORBÉ, H., 2§1;
SAVARY, A., chapitre 9§1.
SAVOYE, R., introduction
SCHMIDT, J., chapitre 7§1
Schrader, F., introduction ; 1§4; 2§1,2; 3§1,3; 5§2,4,5; Livre II fin ; 7§2; 8§3.
SÉE, C., introduction
SELLIER, H., chapitre 8§3.
SENèze, j -a , chapitre 7§1
SIMON, J., 1§4 ; 2§1; 9§1,2.
SIMONDIN, M., chapitre 7§1
SIVIRINE, J.-M., §3; 7§2
SMEDLEY-WEILL, A., 3§1.
SOLÉ, J., 1§1; 8§1.
SONNET, H., 2§2; 3§1,3.
Sorre, M., Livre II ; 6§1,2; 7§1; 7§2; 8§3; 9§2.
SOUBEYRAN, O., chapitre 3§3.
STANLEY, (J. Rowlands, Sir H. Morton), chapitre 2§2.
STENGERS, I., chapitre 9§2.
STOPPANI, A., chapitre 8§2
SUESS, E., chapitre 6§2.
SWINTON, chapitre 2§2.
TAGUEL, P., chapitre 7§1.
TAGUEL, P., chapitre 7§2.
THEUROT, chapitre 6§2.
THIBAULT, J., chapitre 7§2.
THIERS, A., introduction; 9§2.
THIESSE, A.-M., introduction. ; 7§1,2; 8§1.
THOMASSIN, M.,M., 7§1.
THOMSON, J., chapitre 6§2.
TISSIER, J.-L., 6§2; 7§1,2; 8§5.
TOEPFFER, R., chapitre 5§2.
TOUSSAINT, chapitre 1§1.
TOUTEY, E., chapitre 8§3.
TRAHARD, J.-C., chapitre 9§2.
Troux, A., chapitre 7§2.
TUTIAUX-GUILLON, N., 9§2.
URTUEGA, L., 1§1; 8§1.
VACHER, A., chapitre 6§2.
VAL, R., chapitre 8§3.
VALLAUX, C., chapitre 6§2.
VANNEREAU, Mlle, 6§2.
VERGEZ-TRICCOM, 6§2.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 2§1,2;. 4§2; 5§2; 6§1; 8§3.
VILLEMAIN, A., B., 1§1.
VILLIN, M., chapitre 8§5.
VITTE, chapitre 9§2.
WADDINGTON, chapitre 2§1.
WAGNER, H., chapitre 8§2.
WALLET, J., chapitre 6§2.
WALLON, H., chapitre 2§1.
WEBER, E., chapitre 2§1.
WEILER, H., chapitre 6§2.
WEIZL, I., chapitre 6§2.
WEULERSSE, G., 6§2; 7§1.
WOLFF, D., chapitre 7§1
ZAY, J., 6§2; 7§1; 8§1.
ZWEYACKER, A., chapitre 8§3.
Table des tableaux
1.1. Les livres de géographie dans les écoles en 1833. p.37
1.2. Le matériel de géographie dans les écoles en 1833. p.40
1.3. La géographie dans les écoles au sud de la ligne Saint-Malo Genève en 1833. p.41
1.4. La géographie dans les écoles au nord de la ligne Saint-Malo Genève en 1833. p.42
1.5. Origine des livres scolaires de géographie traduits en Espagne. p.45
1.6. Leçon catéchistique et leçon suivie dexercice sur la carte et tableau. p.54
1.7 Meissas et Michelot : Texte courant et exemple questionnement sur la 2ème partie. p.57
1.8. La géographie et lécole primaire, un siècle avant Jules Ferry. p.69
1.9. La législation et lenseignement de la géographie dans les différents cours de lécole
primaire (1833-1882). p.70
1.10. De la géographie de labbé Gaultier aux lois Ferry (1788-1882). p.73
1.11. Plan détude dOctave Gréard pour les écoles de la Seine, 1868. p.76
1.12. Les livres scolaires de géographie de Meissas et Michelot et ceux dÉmile Levasseur
en 1871-1872. p.79
1.13. Atlas et cartes scolaires de Meissas et Michelot et dÉmile Levasseur en 1871-1872.
p.80
1.14. Cartes murales de Meissas et Michelot et dÉmile Levasseur en 1871-1872. p81
1.15. Matériel pédagogique divers pour lenseignement de la géographie de Meissas et Michelot
et dÉmile Levasseur en 1871-1872. p.82
L1.1. Les programmes de géographie des classes élémentaires de lenseignement primaire et secondaire (1852-1874). p.85
L1. Repères chronologiques 1788-1871. p.86
2.1. Les articles en rapport avec la carte dans les Dictionnaires de Ferdinand Buisson. p.96
2.2. Les vignettes de la Première année de géographie de P. Foncin, édition de 1886. p.105
Les vignettes paysagères de la Deuxième année de géographie de P. Foncin, éd. 1880.
p.105
2.4. Les vignettes paysagères de la Troisième année de géographie de P. Foncin, éd. 1889: p.106
2.5. Liconographie de la Première année de géographie de P. Foncin, édition de 1886. p.106
2.6. Liconographie de la Deuxième année de géographie de P. Foncin, édition de 1880. p.107
3.1. Plans détude pour la géographie régionale de Foncin et Buisson dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson. p.117
3.2 : Les centres dintérêts des articles de géographie du Dictionnaire de F. Buisson. p.126
3.3. Les centres dintérêts des articles Géographie de Foncin et Schrader. p.127
4.1. Longueur de quelques monographies géographiques dans les Dictionnaires de Ferdinand Buisson. p.132
4.2. Inventaire des monographies géographiques dans le Dictionnaire de F. Buisson. p.134
4.3. Le plan descriptif de larticle Afrique. p.136
4.4a Le plan descriptif de larticle Algérie p.138
4.4b Le plan descriptif de larticle Allemagne. p.141
4.5. Le plan descriptif de larticle France p.145
4.6. Le plan descriptif de larticle Belgique p.150
4.7. Le plan descriptif de larticle Scandinaves (États) p.152
4.8. Le plan descriptif de larticle Afghanistan, NDP, 1911. p.155
4.9. Des parcours descriptifs découpés en parties et sous-parties. p.157
4.10. Deux grands types de plans pour les monographies géographiques du Dictionnaire
de Ferdinand Buisson. p.159
4.11 Géographie physique et géographie économique dans les articles du Dictionnaire
de Ferdinand Buisson. p.161
4.12. Géographie physique, économique et administrative dans la Première année de Géographie de Pierre Foncin. p.163
4.13a. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin). LOuest :
un découpage implicitement paysager ou climatique à la place du bassin de la Loire. p.167
4.13b. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin). Au Nord et à lEst de la France :
Des régions naturelles remplacent des bassins à partir de 1886. p.168
4.13c. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin) Au centre et au Sud-ouest, après 1886, les massifs se distinguent des bassins. p.169
4.13d. Les découpages régionaux de la France dans La Première année de géographie (P. Foncin). Le Sud-est : dun découpage en bassins à lorganisation par les massifs. p.170
5.1. La géographie entre discipline pratique et éveil scientifique. Matrice ordonnée de thèmes lexicaux dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson (articles de géographie). p.207
5.2. Lordre des curricula de géographie en 1882, daprès le Dictionnaire de F. Buisson. p.214
L2.1 De la géographie de lAncien régime aux paradigmes de la géographie
de la IIIe République. p.218
6.1. Les découpages régionaux de la France de Vidal en 1903 et de Foncin en 1910. p.235
6.2. Fleuves et bassins dans les programmes de 7ème des lycées (1874-1902). p.236
6.3. Les programmes de géographie des classes élémentaires de lenseignement primaire
et secondaire (1880-1890) p.237
6.4. Les programmes de géographie des classes élémentaires de lenseignement primaire
et secondaire (1902-1936). p.238
6.5. Membres du comité de rédaction de LInformation géographique
lors de sa création en septembre 1936. p.242
6.6. Personnes nommées dans les premières parties du Vade-Mecum de René Ozouf. p.246
6.7. Auteurs et citations dans les premières parties du Vade-Mecum de René Ozouf. p.247
6.8 Longueur des citations des différents auteurs dans les premières parties du Vade-Mecum
de René Ozouf. p.249
6.9. Textes et images dans deux manuels scolaires en 1928 et 1933. La région de lOuest. p.253
6.10. Comment enseigner la géographie. Pages consacrées aux différents moyens dans
le Vade-Mecum de René Ozouf, (Quatrième partie) p.257
7.1. Monographies non datées réalisées par des élèves instituteurs de Seine et Oise. p.271
7.2. Monographies datées ou repérables dans le temps, réalisées par des élèves instituteurs
de Seine et Oise de 1949 à 1957. p.272
7.3. Monographies datées ou repérables dans le temps, réalisées par des élèves instituteurs
de Seine et Oise de 1958 à 1964. p.273
8.1 . La composition sociale de la Société normande de géographie. p.287
8.2. Les domaines étudiés dans les programmes de géographie de lécole primaire de 1882, 1923, 1937, 1941 et 1945. p.315
8.3. Édition douvrages de géographie pour lécole primaire en Espagne (1800-1939) p.319
8.4. Des leçons pacifistes en Instruction morale et civique.
Cours Moyen 1ère année, école de garçons à Nanterre en 1930-1931. p.324
8.5. Une année de géographie dans un cours moyen à Nanterre en 1930-1931.
Cours Moyen 1ère année, école de garçons. p.325
8.6. Découpages de la « Géographie de la France » vers 1930. p.329
8.7. Des débuts de la IIIe République aux débuts de la Ve République. La phase classique de la discipline géographie à lécole primaire ; p.321
9 1. Chronologie de lenseignement de la géographie à lécole primaire (1833-2002). p.309
9.2. Les géographies de référence et la géographie à lécole primaire 1833-2002) p.333
9.3. Les géographies de référence et la géographie à lécole primaire (1833-2002). p.341
9.4. Les participants des colloques de lINRP sur la didactique de lHistoire, de la Géographie
et des Sciences Économiques et Sociales. p.348
Table des graphes et figures
I.1 Représentation graphique du modèle initial des « quatre pôles dans le champ des savoirs de la géographie ». p.7
I.2. La géographie dans le champ des savoirs géographiques et dans son environnement. p.28
3.1. Le système Foncin-Meissas de la 2ème partie du Dictionnaire de Ferdinand Buisson. p.119
3.2. Le système Schrader-cartes dans la première partie du Dictionnaire de F. Buisson. p.123
3.3: Le deuxième système Schrader en 1911 dans le Nouveau Dictionnaire de F. Buisson. p.124
6.1. Illustrations et légende explicitant leur lecture. p.255
9.1. La géographie à lécole primaire dans le champ de la géographie en 1833 p.316
9.2. La géographie à lécole primaire dans le champ de la géographie en 1882 p.319
9.3. La géographie à lécole primaire dans le champ de la géographie en 1911 p.321
9.4. La géographie à lécole primaire dans le champ de la géographie en 1938. p.324
9.5. La géographie à lécole primaire dans le champ de la géographie en 1980. p.326
9.6. La géographie à lécole primaire dans le champ de la géographie en 2002 p.330
Table des cartes
4.1a ; 4.1b. Les découpes majeures de la France par Malte-Brun et Huot en 1845 et par Foncin
en 1880. p.165
4.2a ; 4.2b. Les découpes majeures de la France par Élisée Reclus en 1877 et par Foncin
en 1886. p.166
4.3. Alpes, Cévennes, Massif central, Vosges et Jura cartographiés en 1880. Pierre Foncin,
La Deuxième année de Géographie, p.172
4.4. Les regroupements de départements par bassins fluviaux dans La Première année de géographie de Pierre Foncin avant 1885. p.173
4.5. Les départements regroupés par régions naturelles dans la Première année de géographie de Pierre Foncin après 1885. p.176
6.1a ; 6.1b. Les découpes majeures de la France par Vidal de La Blache en 1903 et Foncin en 1910. p.234
Du côté de la géographie scolaire.
Matériaux pour une épistémologie et une histoire de lenseignement de la géographie à lécole primaire en France
Table des matières
Introduction
Les savoirs scolaires dans le champ de la géographie. p.4
Des modèles pour analyser la géographie à lécole. p.5
Quatre pôles dans le champ de la géographie p.6
Les modèles des savoirs de la géographie scolaire p.8
La géographie à lécole primaire périodes dinstitutionnalisation, de synthèse et de fragilité. p.13
2.1. Un enseignement autrefois pionnier, aujourdhui déstabilisé p.15
Deux siècles dhistoire de la géographie à lécole primaire p.18
2.3. Une périodisation de la géographie à lécole primaire en France p.22
Reconsidérer les savoirs de la géographie scolaire. p.25
3.1.Quapprennent-ils ? Que leur dit-on denseigner ? p.25
Replacer la géographie scolaire dans son champ. p.27
Livre premier
La géographie à lécole primaire, de labbé Gaultier à Émile Levasseur p.31
Chapitre 1. La géographie à lécole primaire avant Jules Ferry.
Un long XIXe siècle. p..32
Lenseignement de la géographie en 1833. p.32
1.1. Lenquête Guizot p.34
1.2. Des livres de géographie dans les écoles p.35
1.3. Une géographie de lenseignement p.40
De la géographie de labbé Gaultier à celle de Meissas et Michelot. p.46
2.1. La géographie de labbé Gaultier p.47
2.2. La méthode catéchistique p.51
2.3. La géographie méthodique de Meissas et Michelot p.52
La géographie édifiante. p.60
3.1. Les géographes et la valeur éducative de la géographie p.60
3.2. La géographie morale des peuples des années 1850 p.62
3.3. Géographies chrétiennes et géographies libérales en 1852 p.65
Vers lenseignement obligatoire de la géographie (1833-1882) p.68
4.1. La géographie et la généralisation de lenseignement primaire p.68
4.2. La défaite de 1870, mythique événement fondateur de la géographie scolaire p.70
4.3. 1865-1867 La mise en place dans lenseignement primaire et dans lenseignement secondaire spécial dun enseignement moderne de la géographie p.74
Les fondements scolaires de la géographie scolaire sont présents avant 1870 p.83
Levasseur, le négociant anglais et lofficier allemand p.83
Les fondements scolaires de la géographie p.84
Livre deuxième
La géographie à lécole primaire au temps du « moment » Buisson p.87
Chapitre 2. Intuition et mémoire. Le tournant cartographique de la géographie et le Dictionnaire de Ferdinand Buisson. p.92
Le tournant cartographique de la géographie scolaire p.95
1.1. Schrader : une cartographie du relief, de lhydrographie et des limites administratives p.97
1.2. La carte étudiée à 3 niveaux déchelle p.100
1.3. « Savoir sa géographie cest savoir sa carte et non le livre » (F. Buisson) p.102
La carte et les images. Les figurés et la figuration p.104
2.1. Figurés et la figuration, représentation et imagination p.104
2.2. Les images dans les petites géographies de Foncin p.105
Chapitre 3. Inventaire boutiquier et découverte de la nature.
Des Géographies dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson. p.111
Pierre Foncin : la géographie une science en miettes pour inventorier le Monde p.113
1.1. Trois géographies générales p.113
1.2. La géographie appliquée déclinée en 4 domaines successifs p.115
1.3. Le système Pierre Foncin Gaston Meissas p.116
Franz Schrader : la nomination et lémotion (1882) p.120
2.1 Émerveillement des découvertes et nomenclature à apprendre par cur p.120
2.2. Un système Schrader dans le Dictionnaire p.122
3. La géographie et les autres champs disciplinaires du Dictionnaire p.126
Chapitre 4. Plans à tiroirs et tableaux spécifiques. Descriptions monographiques du Dictionnaire et découpes régionales des petites géographies p.130
1. Parcours descriptifs et logiques explicatives des articles monographiques p.131
1.1. Afrique et Algérie : la géographie au service de la colonisation p.135
1.2. LAllemagne géographiquement confrontée à la France p.140
1.3. Du général au particulier ; les articles France et Belgique p.144
1.4. Etats scandinaves et Afghanistan, des discours autour dun nombre réduit de problématiques p.151
1.5. Entre le sérieux du plan type dAdrien Balbi et le souci du singulier et du pittoresque de Conrad Malte-Brun p.155
2. Entre la nature et léconomie : descriptions pittoresques, plans à tiroirs et approches synthétiques p.160
2.1. Les influences de Philippe Buache et Karl Ritter perdurent p.160
2.2. La géographie économique dÉmile Levasseur et Pierre Foncin et les fondations de la géographie à lécole primaire p.161
2.3. Les manuels de Pierre Foncin, et le découpage par bassins p.162
2.4. Archaïsme et modernité de la géographie à lécole primaire dans les années 1860-1880 p.177
Chapitre 5. Mémorisation et leçons de choses.
Les paradigmes fondateurs de la géographie scolaire. p.165
1. La méthode intuitive et la géographie p.180
1.1. Ferdinand Buisson et la méthode intuitive p.180
1.2. Monographies et exercices de géographie dans les Dictionnaires de Ferdinand Buisson p.183
1.3. Les géographes et la pédagogie intuitive au temps du Dictionnaire p.187
2. Géographie et pédagogie générale p.190
2.1. Promenades et voyages scolaires au temps de Ferdinand Buisson p.191
2.2. Géographie et images au temps de Ferdinand Buisson p.197
3. La géographie à lécole, entre la discipline pratique et léveil scientifique
Une approche lexicale p.199
4. La pédagogie de la géographie entre injonctions et prescriptions
4.1. Lenseignement de la géographie selon Schrader p.210
4.2. Des curricula organisés du proche vers le lointain p.214
Les paradigmes fondateurs de la géographie scolaire p.216
Livre troisième
Les configurations de la géographie scolaire et de lécole primaire au vingtième siècle p.220
Chapitre 6. La géographie à lécole et à lUniversité. Références savantes de la géographie à lécole primaire dans la première moitié du XXe siècle. p.224
1. Des conférences de 1905 au Musée pédagogique aux programmes de 1923. p.227
1.1. Vidal, Gallois, Dupuy et les conférences de 1905. p.227
1.2. Des découpages sans communication : Foncin et Vidal de La Blache p.233
1.3. Les programmes scolaires de lécole primaire élémentaire de 1882 à 1923 : la stabilité p.236
2. La convergence des vidaliens et de lécole primaire dans les années trente p.241
2.1. Un intérêt éphémère pour le primaire : LInformation géographique p.241
2.2. Les références savantes de René Ozouf p.243
2.3. Lentrée du paysage dans lenseignement (Max Sorre) p.250
2.4. Une bibliothèque de géographe pour les instituteurs (R. Ozouf) p.259
Chapitre 7. Méthodes savantes et méthodes pédagogiques.
La pratique monographique et létude du local à lécole primaire. p.263
1. Monographies scolaires, références savantes p.265
1.1. Monographies scolaires et rubrique pédagogique de L'Information Géographique de 1936 à 1963 p.265
1.2. Des monographies de normaliens de Seine-et-Oise (1949-1968) p.270
1.3. Références savantes et plans à tiroirs p.276
Approche monographique et niveau déchelle p.280
2.1. Monographies et petites patries p.280
2.2. La géographie locale, une activité canonique de la géographie scolaire p.283
La monographie géographique : succès puis déclin, sur les plans politique, scientifique et didactique p.285
Chapitre 8. La géographie et le modèle éducatif de lenseignement primaire.
Finalités et démarches pédagogiques dans la première moitié du vingtième siècle. p.286
1. Finalités et programmes plus stables que les territoires didentités p.287
1.1. Deffontaines : un discours consensuel sur les finalités de la géographie p.288
1.2. Le « concret » dans les programmes de géographie pour lécole primaire sous la IIIe et la IVe République p.292
1.3. La France et les autres espaces identitaires dans les programmes de géographie pour lécole primaire sous la IIIe et la IVe République p.294
2. En Europe, une mobilisation nationale de la géographie p.298
2.1 Il Bel paese et le genre « Tour de la patrie » p.298
2.2. Les livres de géographie à lécole primaire en Espagne p.300
3. La géographie à lÉcole, ça devait servir à faire la guerre, puis ça devait servir à faire la paix p.302
3.1. Enseigner la géographie et préparer la Revanche p.302
3.2. La géographie « facteur de paix » p.304
4. Finalités proclamées et géographie enseignée p.307
4.1. Une année de géographie dans un cours moyen première année à Nanterre en 1930-1931 p.307
4.2. Décliner en leçons la géographie de la France vers 1930 p.311
5. Méthodes actives et connaissance de la patrie p.313
5.1. La géographie est porteuse de valeurs p.313
5.2. Méthodes actives et certificat de fin détudes primaires p.315
La leçon de choses et la patrie ne suffisent pas à faire lunité de la didactique de la géographie à lécole primaire p.318
Une période plus « classique » que « normale » de la géographie à lécole primaire p.320
Le tournant des années trente p.320
La phase classique de la géographie à lécole primaire (1882-1969) p.322
Livre quatrième
Les savoirs de lécole primaire dans le champ de la géographie p.323
Chapitre 9. Deux siècles denseignement de la géographie à lécole primaire en France.
Six moments, six configurations du modèle descriptif p.324
1. Une chronologie de lenseignement de la géographie à lécole primaire. p.325
1.1. Trois modèles pédagogiques pour la géographie au sein de lécole primaire (1833-2002) p.325
1.2. La géographie scolaire et les autres pôles du champ des savoirs géographiques p.330
2. Les configurations successives du système de la géographie à lécole élémentaire dans le champ des savoirs géographiques. p.334
2.1. Vers la géographie scolaire moderne (1833-1867) p.334
2.2. Les nouveaux paradigmes de la géographie à lécole primaire (1867-1882) p.337
2.3. Au début dune phase « classique » de la géographie à lécole primaire (1882-1922) p.339
2.4. La phase classique de la géographie à lécole primaire (1923-1969) p.341
2.5. La géographie au cur de la pédagogie de lÉveil (1969-1984) p.344
2.6. Vers un effacement de la géographie à lécole primaire (1985-2002) ? p.346
Au croisement du champ de la géographie et des finalités de lécole primaire p.352
Bibliographies p.355
Bibliographie des sources p.355
Lois, décrets et textes ministériels p.370
Références contemporaines p.374
Tables p.390
Index des noms de personnes p.390
Table des tableaux p.394
Table des figures et graphes p.396
Table des cartes p.396
Table des matières p.397
Jean-Pierre Chevalier
Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2003
Dossier en vue dune habilitation à diriger des recherches.
Volume 2 : Rapport de synthèse
Du côté de la géographie scolaire.
Matériaux pour une épistémologie et une histoire de lenseignement de la géographie à lécole primaire en France.
Résumé
Cette synthèse porte sur les rapports entre la géographie scolaire et les différents champs avec lesquels elle est en relation : science géographique, demande sociale, savoirs médiatiques et/ou vernaculaires, références pédagogiques. Les matériaux rassemblés dans ce dossier de synthèse servent à tester, au long de deux siècles décole primaire, un modèle descriptif des savoirs dans le champ de la géographie.
En Europe, les premiers développement de cet enseignement commencent dans la première partie du XIXème siècle, cest-à-dire bien avant que la géographie sinstitutionnalise à lUniversité. Après la guerre de 1870, mythique facteur décisif pour lenseignement de la géographie en France, cet enseignement est encadré par des programmes nationaux. Des géographes renommés sengagent dans le développement de cet enseignement. Cest vers les années 1930 que lon peut observer la plus grande proximité entre la géographie universitaire et cette géographie scolaire. Dans cette période « classique » se conjuguent la référence à la géographie vidalienne et linjonction à pratiquer la méthode intuitive. Pourtant les pratiques anciennes fondées sur lactivité de mémorisation subsistent largement, en particulier lors du certificat détudes.
Au cours des dernières décennies les incertitudes grandissent et la géographie scolaire est simultanément à la recherche de nouvelles finalités et de nouvelles identités territoriales à promouvoir. Au final, lensemble des matériaux rassemblés permet de reconstruire le modèle initial et de proposer un modèle explicatif des contenus denseignement de la géographie : au croisement des savoirs géographiques dune société et des finalités assignées par celle-ci à cette école.
BUGUET, L., LALLEMAND, C., CHATELAIN, G., MUCCHIELI, J., 2002, « La géographie manque despaces. Reportages et interviews sur un enseignement reconnu pour avoir la faveur des enfants. », (Fenêtres sur cours), journal du SNUipp, n°228, 16 septembre 2002, p.14-19.
Colloque « Apprendre lhistoire et la géographie à lÉcole » (du primaire au lycée) », Paris 12, 13 et 14 décembre 2002.
CAPEL, H., 1982, « Institutionalization of Geography and Strategies of Change », Geography, ideology and social concern. STODDART (ed.). p. 37-69.
BOUCHUT, A., 2002, La ville comme objet denseignement au cycle III de lécole élémentaire. Thèse. Université Paris 7. 474p.
BenoIt, M., 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, thèse, Université Paris-1, 3 volumes. 203p., 239p., 258p.
MEYNIER, A., 1969, Histoire de la pensée géographique en France, 1872-1964 ; Paris : PUF, 224p.
BROC, N., 1974, « Létablissement de la géographie en France : diffusion, institutions, projets (1870-1890) », Annales de géographie, vol. 83. p. 545-558.
Voir par exemple Les Cahiers dEspacesTemps, n°66-67, 68-69-70, 1998.
GIRAULT, R., 1983, L'histoire et la géographie en question, rapport au ministre de l'éducation nationale, Ministère de lÉducation Nationale, Service d'information. 201p.
LEVASSEUR, é., HIMLY, A., 1871, Rapport général sur lenseignement de lhistoire et de la géographie adressé à M. le Ministre de linstruction publique et des cultes par MM. E. Levasseur, membre de lInstitut et A. Himly, professeur à la faculté des lettres de Paris. Extrait du Bulletin Administratif de lInstruction .Publique du Ministère de lInstruction publique et des Cultes. Paris : imprimerie Paul Dupont. p. 338-345.
Chapitre 1 : lenseignement de la géographie et les livres présents dans les écoles en 1833.
DUPUY, P. 1889, « La géographie dans lenseignement primaire » Revue de géographie, octobre, p.297.
Examen dentrée en cours complémentaire (département de la Seine, 1926).
Certificat détudes (Alpes-Maritimes, 1939).
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op. cit. p.38.
ibidem, p.54.
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ibidem, p. 9, 10, 11.
Chapitre 9 , figures 1 à 6.
Classes élémentaires du « petit lycée » : à partir de 1925 lenseignement y est assuré par des instituteurs et non plus par des personnels de lenseignement secondaire, en 1926 leurs programmes sont alignés sur ceux des écoles primaires et les manuels scolaires identiques.
Ces classes sont supprimées entre 1962 et 1967. Auparavant elles accueillaient 1,4% des élèves du premier degré de lenseignement public. Elles étaient restées payantes alors même que le reste de lenseignement secondaire était devenu gratuit (livres exceptés) à partir de 1933.
Règlement dorganisation pédagogique pour les écoles primaires publiques et programmes annexés, juillet 1882, signé Jules Ferry.
GACHON, L., 1946, « Pédagogie pour les petits et les grands. », LInformation Géographique, n°2 et n°3, p.111-113.
Lucien Gachon, 1946, opus citus.
Ainsi en 1889, les livres de La Troisième année de géographie de Foncin sont « à lusage de lenseignement secondaire (classique, spécial et des jeunes filles), de lenseignement primaire supérieur, des écoles commerciales ».
Classes de lenseignement primaire après lécole élémentaire : à partir de 1959-1960, les élèves dans le premier cycle des lycées deviennent plus nombreux que ceux des cours complémentaires de la filière de lenseignement primaire. Ensuite, à partir de 1963 il y a fusion des 2 voies au sein des collèges denseignement secondaire.
« Et pourtant lécole, dès avant 1500, est une réalité sociale. Lécole est entrée dans les murs », François Lebrun et alii, Histoire générale de lenseignement et de léducation en France, tome 2, p.245.
En fait pour les enfants de plus de dix ou onze ans.
RENOUARD, A -C., 1833, Exposé des motifs de la loi présentée par Guizot le 2 janvier 1833, Le Moniteur, 3/1/1833.
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Programme de lenseignement spécial établi dans les collèges royaux, 22 septembre 1847, signé Salvandy ;
Sur lenseignement secondaire spécial et lenseignement primaire supérieur (collège Chaptal, école Turgot) voir Françoise Mayeur, 1981, in Histoire générale de lenseignement et de léducation en France (Louis-Henri Parias, dir.), tome 3. Paris : Nouvelle Librairie de France, p.512-520.
Op. cit.
Instruction adressée aux recteurs, 31 octobre 1854, signée Fortoul, citée par Octave Gréard, 1893, Législation de linstruction primaire depuis 1789 jusquà nos jours, p. 613.
MARCHAND, P., 2000, LHistoire et la géographie dans lenseignement secondaire. Textes officiels, Tome 1 : 1795-1914., INRP, p.40.
LEVASSEUR, É., 1872, Létude et lenseignement de la géographie. Delagrave, 126p.
Le terme de classique nest pas utilisé à lépoque, cest la norme de lenseignement secondaire, lenseignement secondaire « spécial » qui est créé dans ces années est alors en dehors de cette norme.
LEVASSEUR, É., 1895, « La géographie dans les écoles et à luniversité », Report of the Sixth International Geographical Congress, London, Delagrave, p. 27-71.
Cf. : chapitre 1, 4.3. 1865-1867 La mise en place dans lenseignement primaire et dans lenseignement secondaire spécial dun enseignement moderne de la géographie.
LEVASSEUR, É., 1887, « Discours à louverture du Congrès géographique du Havre », Revue de Géographie, p.300. cité par Numa Broc.
Arrêté du 10 avril 1867.
LEVASSEUR, É., HIMLY, A., 1871, Rapport général sur lenseignement de lhistoire et de la géographie adressé à M. le Ministre de lInstruction publique et des cultes. Paris : imprimerie Paul Dupont, p.44.
Monique Benoît, 1992, op. cit.
CHERVEL, A., 1998, La culture scolaire : une approche historique, Belin. 240p.
Horacio Capel, 1982, op. cit.
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Catherine Rhein, op. cit., p.233.
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LEVASSEUR, É., Conférence prononcée en janvier 1870, publiée en 1872 dans Létude et lenseignement de la géographie. Delagrave, p. 8.
Ministère de léducation nationale, 2002, Quapprend-on à lécole élémentaire ? Les nouveaux programmes. Paris : CNDP/ XO Éditions. p. 221.
« Une discipline bonasse et fastidieuse ? » titre donné, dans les éditions ultérieures, à lintroduction de La Géographie ça sert, dabord, à faire la guerre » (Y. Lacoste.)
cf in chapitre 2 §2. Schrader : une cartographie du relief, de lhydrographie et des limites administratives ?
cf in chapitre 2 §5. La carte et les images. Les figurés et la figuration.
École normale supérieure de jeunes filles préparant au professorat dans lenseignement secondaire.
Lenseignement des filles est en retard sur lenseignement des garçons, il en est de même au milieu du dix-neuvième tant du nombre que du niveau de formation des institutrices. Ainsi, les écoles normales primaires dinstituteurs sont pour la plupart créées sous la Monarchie de Juillet. Les écoles normales primaires dinstitutrices ne sont pour la majeure partie créées quaprès la loi Paul Bert de 1879, entre 1880 et 1890. Elles forment alors des maîtresses laïques pour les écoles de filles dont la scolarisation est généralisée par la loi Ferry du 28 mars 1882. LÉcole normale primaire supérieure de Fontenay est créée en 1880 pour former les futurs enseignantes des écoles primaires dinstitutrices. Les deux écoles normales primaires supérieures (Saint-Cloud et Fontenay) ne tarderont pas à former aussi les futurs professeurs des écoles primaires supérieures.
Durant ces mêmes années, à côté des écoles congréganistes, lÉtat met aussi en place un enseignement secondaire pour les jeunes filles (circulaire de Victor Duruy du 30 octobre 1867, et loi du 20 décembre 1880 sur lenseignement secondaire féminin) En 1881, à linitiative de Camille Sée, lENS de Sèvres est créée. Les programmes des lycées de filles diffèrent de ceux des lycées de garçons et sapparentent plus à ceux de lenseignement primaire supérieur. En 1924, par un décret, Léon Bérard assimile lenseignement secondaire féminin à son homologue masculin.
Voir Françoise Mayeur, op. cit. p.120-158
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Cf in chapitre 8 : Les adhérents de la société normande de géographie en 1901.
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Arrêté du 7 août 1969 : horaires hebdomadaires : Français 10 heures, calcul : 5 heures, disciplines déveil : 6 heures, éducation physique et sportive : 6 heures. (cours moyen, 9 à 11 ans).
Arrêté du 10 février 2002 : Domaine de la langue française : 12 heures (dont 3h à 3h30 pour lhistoire et la géographie), domaine de léducation scientifique : 8 heures, éducation artistique : 3 heures et éducation sportive : 3 heures. (cycle des approfondissements (élèves de 8 à 11 ans).
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cf. tableau n°2, chapitre 9.
Horacio Capel, op. cit., Catherine Rhein, op. cit., Numa Broc, op. cit, Marie-Claire Robic, op. cit.
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Souligné en gras par nous.
RENOUARD, A. -C., 1833, op. cit. Nous soulignons.
Bulletin Universitaire, t. III, bul. n°57. p. 231 et sq.
Arrêté dapplication de la « loi Guizot ». Bulletin Universitaire, t. III, bul. n°57. p. 231 et sq. Souligné en gras par nous.
VILLEMAIN (signé), Bulletin Universitaire, t. III, bul. n°82, p.431.
9 677 selon les calculs refaits par nos soins, soit 28,7 % des écoles. Cet écart sexplique par le fait que les résultats nationaux ont été publiés en annexe au Rapport au Roi avant la remontée des résultats des enquêtes départementales !
1 905 selon nos calculs, soit 5,6 % des écoles.
22 113 selon nos calculs, soit 65,6 % des écoles.
MEUNIER, L.-A., « Mémoires dun ancêtre ou les tribulations dun instituteur percheron », republié dans les Cahiers percherons, n°65-66, 1er et 2e trimestre 1981. Souligné en gras par nous.
Ibidem. Souligné en gras par nous.
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Lenquête est conservée aux Archives Nationales sous les cotes F17 80 à 160. Ce sont des registres regroupant les grilles de réponse des inspecteurs. Ils sont microfilmés. Certains départements manquent, dautres sont incomplets.
Bulletin Universitaire, t.3, bul. n°57, bis, p.239-240.
Antoine Crozat, marquis de Châtel (1655-1738), financier français né à Toulouse, mort à Paris. Trésorier des états du Languedoc, senrichit dans des spéculations maritimes, reçut le privilège du commerce de la Louisiane (1712) pour quinze ans et fut heureux de pouvoir le céder à Law (1717). Cest pour sa fille Marie-Anne que labbé Le François écrivit la Méthode abrégée et facile pour apprendre la géographie. La première édition est parue sans le nom de lauteur et avec la dédicace à Mlle Marie-Anne Crozat, le traité fut alors connu sous le nom de Géographie de Crozat. Le terme « géographie de Crozat » peut alors désigner, des géographies, plus ou moins copiées sur celle de Crozat.
LE TELLIER, C.-C., 1810, Nouvelle géographie élémentaire divisée par leçons contenant la nouvelle division de la France par départements et lancienne division par gouvernements ou provinces, avec les changements faits en Europe et dans les autres parties du monde par suite de tous les traités qui ont eu lieu depuis dix ans, jusquà celui de Vienne, en 1809 ; précédée dun Traité de la sphère, contenant les nouvelles découvertes faites dans le ciel depuis 1801, ornée dune mappemonde et dune carte de lEmpire françois. Paris : Le Prieur. 576p : carte dépl. . 1828, 12e édit., 604p.
LE TELLIER, C.-C., 1812, Géographie des commençants par demandes et par réponses
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MEISSAS, A., MICHELOT A., 1827, Nouvelle Géographie méthodique, destinée à lenseignement de M. Achille Meissas et M. Auguste Michelot, suivie dun petit traité sur la construction des cartes, par M. Charles, accompagnée dun atlas universel, in-folio dressé par le même. Paris : Beaudouin. 16 cartes
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. Strasbourg : J.-H. Heitz. 3 vol. in 8° (traduction du n° précédent).
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avec une table des longitudes et latitudes des principales villes. Avignon : E. Chaillot. In-16, XLVIII-412p.
GIBRAT, J.-P., (le P.), 1829, Traité de géographie, contenant un abrégé de la sphère céleste et du globe terrestre par le Père Gibrat,
Avec un abrégé de la géographie ancienne du même auteur et un précis de la géographie moderne. Montpellier : X. Julien. In-12, 228p.
Cf. biographie des 2 auteurs (infra).
Inspecteur général de lInstruction publique sous la Restauration (BROC, N., 1976, « La pensée géographique en France au XIX : continuité ou rupture », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, t.47, fasc.3, p.227).
Incertain car peu lisible sur le rapport de visite manuscrit.
Inspecteur dAcadémie à Grenoble.
1833 Tableaux de géographie pour lenseignement mutuel.
DANGEVILLE, 1836. Statistique de la Population Française, 9ème carte.
LE FRANCOIS, A., (abbé), An VII, Abrégé de la géographie de Crozat, par demandes et par réponses
précédé dun traité de la sphère. Paris : Vve Fournier, VIII-231p.
LE FRANCOIS, A., (abbé), 1804, Méthode abrégée et facile pour apprendre la géographie, où lon décrit la forme de gouvernement de chaque pays, ses qualités, les murs de ses habitants
Lyon : A. Leroy. 383-22p., cartes.
LE FRANCOIS, A., (abbé), 1811
, Géographie universelle, dédiée à Mlle Crozat, avec un abrégé de la sphère, une table des longitudes
Nlle édition
augmentée de la division du territoire français en départemens. Paris : Bruno-Labbé. 468p. et cartes.
LE FRANCOIS, A., (abbé), 1813
, Abrégé de la géographie de Crozat, par demandes et par réponses
Dernière édition par J.-L. M. précédé dun traité de la sphère. (réédit. : 1816, 1819). Lyon : Aymé frères. II-284p.
LE FRANCOIS, A., (abbé)
, 1813, Géographie universelle, dédiée à Mlle Crozat, avec un abrégé de la sphère, une table des longitudes
Nlle édition par M. Bossan de Collonges. Lyon : A. Leroy. 456p. et cartes.
LE FRANCOIS, A., (abbé)
, 1821, Abrégé de géographie, extrait de celles de Crozat, Lenglet-Dufresnoy et Nicole de La Croix, par demandes et par réponses, précédé dun traité de la sphère daprès les système de Copernic. Edition revue. Paris : Lecointe et Durey. VI-178p. et cartes.
LE FRANCOIS, A., (abbé)
, 1822, Géographie universelle, dite de Crozat. Nouvelle édition, augmentée
par un professeur de géographie. Paris : Costes. 478p.
LE FRANCOIS, A., (abbé)
, 1822, Géographie universelle, dite de Crozat. Nouvelle édition, augmentée
par un professeur de géographie. Paris : Maumus. 483p. et cartes.
LE FRANCOIS, A., (abbé), MASSELIN, J.-G., 1828, Géographie moderne universelle, ou Méthode facile pour apprendre la géographie
par Crozat, (par labbé A. Le François), suivie dun abrégé de la géographie ancienne
par J.-G. Masselin. Paris : Delalain. XII-531p. et cartes. (rééditée en 1831, XVI-458-60p., cartes et pl.)
LE FRANCOIS, A., (abbé), BLOCQUEL S., 1829, Abrégé de la géographie de Crozat
(par labbé A. Le François) 29ème édition revue et augmentée par Buqcellos. Paris : Delarue. 252 p., fig. et cartes.
GAULTIER, A., (abbé), 1788, Les leçons de géographie par le moyen du jeu., 1ère édition à compte dauteur. 153 p.
« La première véritable école normale a été ouverte à Strasbourg en 1810. On y enseignait la géographie et pas lhistoire. Elle a fait la supériorité de lenseignement de lAlsace au XIXe siècle. » Monique Benoît, 1992, Lenseignement de la géographie à lécole primaire 1867-1991, thèse de doctorat, volume 2. p.129.
BLOCQUEL, S., (pseud. Buqcellos
), 1824, Petite Géographie des jeunes gens
par Buqcellos. Paris : Delarue. 105p., fig.
BLOCQUEL, S., (pseud. Buqcellos
), 1829, Abrégé de la géographie de Crozat, édition revue et augmentée par Buqcellos. 29e édit. Paris : Delarue. 252p., fig. et cartes
Voir cartes à léchelle des arrondissements de 1833 dans CHEVALIER, J.-P., 2000 « Des cartes pour figurer lécole en 1833 ». Re-source La revue scientifique de lIUFM. Versailles : CRDP, n°2, p.99-120.
EYMERY, A., PERIN, R., 1826, Le voyageur anglais autour du monde habitable, nouvelle méthode amusante et instructive pour étudier la géographie
Traduit de langlais par René Périn
Paris : Eymery. 142p. planches et cartes en noir et en couleurs
ANSART. F., 1830, Petite géographie de la France à lusage des écoles primaires. Paris : Hachette. In-18°.
Charles Félix Ansart, dit Félix Ansart, inspecteur général de lUniversité. Auteur dun atlas historique et géographique et de géographies historiques et modernes pour les écoles primaires, les Ecoles normales primaires et les collèges et lycées. Publie des cours dhistoire et de géographie rédigés avec Ambroise Rendu père puis Ambroise Rendu fils et édités à la Librairie Ecclésiastique et Classique de Charles Fouraut à Paris.
Son fils Edmond Ansart, né en 1827, professeur dhistoire et géographie poursuit la collaboration avec Ambroise Rendu fils et publie dans la 2ème moitié du siècle de nombreux ouvrages dont leur Cours complet dhistoire et de géographie.
CAPEL, H., SOLÉ, J., URTUEGA, L., 1988, El libro de geografía en España (1800-1939), Coll. Geo critica. Textos de apoyo. Universitat de Barcelona/C.S.I.C., 213p.
CAPEL, H., 1982, op.cit.
CLAVAL, P., 1994, « Lépistémologie de la géographie » in P. DESPLANQUES (dir.) Profession enseignant. La géographie en collège et en lycée. Hachette, p. 24-57.
Cité par LEBRUN, F., VENARD, M., QUENIART, PARIAS, 1988, « De Gutenberg aux Lumières, (1480-1789) » in L. H. PARIAS (dir.). Histoire générale de lenseignement et de léducation en France Paris : Nouvelle Librairie de France, tome 2, 670p.
CHERVEL, A., 1998, La culture scolaire : une approche historique, Belin. 240p.
DAINVILLE (de), F., 1939, Les Jésuites et lÉducation de la société française. La Géographie des humanistes, Paris : Beauchesne et ses fils. 562p.
BRUTER, A., 1997, « Entre rhétorique et politique, lhistoire dans les collèges de Jésuites au XVIIIème. », Histoire de léducation, n°74. Paris : INRP, p.59-88.
LEFORT, I., 1990, Géographie savante - Géographie scolaire, (1870-1970). Éléments pour une histoire de la pensée géographique, thèse, Université Paris 1, 2 volumes.
LEBRUN et alii, op. cit.
Décret du 27 brumaire An II (17 novembre 1794) sur les écoles primaires. Nous soulignons.
Aloïsius, Edouard, Camille Gaultier connu sous le nom dabbé Gaultier (1746 - 1818)
« Pourvu dun bénéfice qui lui assurait des ressources suffisantes », il ouvre à Paris en 1786 un cours gratuit qui accueille les enfants de bonnes familles. Il y élabore une méthode nouvelle denseignement « destinée à rendre létude agréable et permettre à ses élèves dacquérir linstruction en jouant. » Son premier ouvrage de géographie, Les leçons de géographie par le moyen du jeu, date de 1788, mais il publie aussi à cette époque des livres de grammaire et dhistoire. En octobre 1814 il se rendit de nouveau à Londres (où il avait émigré de 1792 à 1801) afin dy étudier la méthode denseignement mutuel qui sapparente à celle quil avait élaborée. Il se fait en France le défenseur de la méthode denseignement mutuel en particulier au sein de la Société pour lenseignement élémentaire. Il ouvre chez lui, en novembre 1816 un cours spécial pour les moniteurs de lenseignement mutuel et ses biographes, Demoyencourt et Buisson, indiquent dans cet ordre les matières qui y étaient enseignées : « la géographie, la grammaire, la morale et la géométrie pratique. »
Voir larticle « Gaultier, (abbé) » du Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
Géographie de labbé Gaultier, « entièrement refondue et considérablement augmentée par de Blignières, Demoyencourt, Ducros de Sixt et Leclerc aîné, Ses élèves. » Paris : Jules Renouard et Cie, Libraires. 1846.
Orthographe de lépoque.
On peut sinterroger sur le sens qua ici lexplication de la leçon qui nest probablement quénonciation des savoirs factuels que lélève doit sapproprier.
Article Gaultier (abbé), (non signé), Dictionnaire de pédagogie, DP1., p. 1146-1148.
En 1833, les géographies de labbé Gaultier sont ainsi nommément indiquées dans 84 écoles du département de la Seine.
En 1833, les livres de géographie des frères des écoles chrétiennes sont nommément indiqués dans 3 écoles du département de la Seine.
Frère P. B., 1853, Abrégé de géographie commerciale et historique contenant la division de la France par bassins, un tableau synoptique pour chaque province, des notions historiques sur les états du globe suivi Des murs et de usages des principaux peuples et dun Précis de cosmographie selon le système de Copernic. (28ème édition). Tours : Alfred Mame et Cie ; Paris : Veuve Poussielgue-Rusand.
En 1833, les géographies de Meissas et Michelot ne sont nommément indiquées que dans 8 écoles du département de la Seine. Des tableaux de géographie de Meissas et Michelot sont aussi signalés une fois. Michelot participe à linspection des écoles dans le cadre de « lenquête Guizot ».
Article « Meissas », (non signé) Dictionnaire de pédagogie, DP1, p.1886-1887.
Op. cit., Avertissement, p.X.
Orthographe de lépoque
Op. cit., page Xi
Op. cit., Méthode pour lenseignement de la géographie, page XV, 52e édition,1871.
Op. cit., p.21.
Op. cit., p.141-144.
Op. cit., p.267-268.
Intitulée « Méthode pour lenseignement ».
Bruter, op. cit., Dainville, op. cit., Lefort, op. cit.
BRUNO, G., (Mme A. Fouillée dite), 1877, Le tour de France par deux enfants. Paris : Belin, réédition : 1980, 322p.
« Télémaque. Le désir de savoir, le goût de comprendre. Le nom de Télémaque est un symbole : le fils dUlysse dont Fénelon a raconté les aventures dans une intention déjà éducative, découvre, sous la conduite du sage Mentor, les lieux, les hommes, la culture de son temps au cours dun long voyage. Belle image pour faire comprendre le sens dun enseignement de lHistoire et de la Géographie alliant le désir de savoir et le goût de comprendre. » J.-C. Hinnewinkel et J.-M. Sivirine, 4ème de couverture de la collection de manuels scolaires de géographie dhistoire et dinstruction civique « Télémaque ». Cours préparatoire, cours élémentaire et cours moyen, Nathan, 1985.
MALTE-BRUN, C., 1810, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau, tome premier, Histoire et théorie générale de la géographie. Paris : Bureau des publications illustrées. Repris p. 12 dans la cinquième édition en 1845.
Ibidem, p.14.
ibidem., p.13.
BALBI, A., 1832, Abrégé de géographie, Bruxelles : Société belge de Librairie, Hauman et compagnie, 1500p.
Ibid., pages I et II, Introduction à la géographie, 3ème édition , 1840, 2 volumes 876 et 516 pages
Frère P. B., 1853, Abrégé de géographie, 28ème édition. Tours : Mame.
Voir « Caractère, murs, Usages et coutumes des différents peuples » Frère P. B., op. cit..
Bruter, op. cit., Dainville, op. cit., Lefort, op. cit.
Catherine Rhein, op. cit.
Nouvelle édition augmentée, 1882.
Nous soulignons.
Op. cit., 1er partie : La Terre. Chapitre IV : Géographie politique du globe ; Section 1 : Ethnographie, p.23-24.
Nous soulignons.
Ibidem 2e partie : La France. Chapitre III : Géographie politique, Section 1 : Du peuple français, p.220.
Ibidem p.39 ; p.67 ; p.95 ; p.125 ; p.14.
Ibidem. 1er partie : La Terre. Chapitre IV : Géographie politique du globe ; section 2 : paragraphe n°80, p.25.
Son frère aîné est prénommé Alexandre et son frère cadet né en 1806 : Napoléon.
BUISSON, F., 1884, article « Meissas » (non signé), Dictionnaire de pédagogique, Première partie, p.1886-1887.
Nouvelle géographie méthodique, édition de 1871, Deuxième partie : Section 1. Europe, Contrées du milieu : France ; p.58.
ibidem, Deuxième partie : Section II Asie ; Tatarie Indépendante ou Turkestan, p.199-200.
BRUNO, G., (Mme A. Fouillée, dite), 1877, Le tour de France par deux enfants. Paris : Belin, 1ère édition, réédition : 1980, 322p.
Numa Broc, op. cit.
Les mots « primaire » et « secondaire » sont utilisés pour désigner ces deux filières.
MINISTERE, 1868, Règlement dorganisation pédagogique pour les écoles publiques de la Seine (signé Victor Duruy). Bulletin Administratif, extrait reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p.6-8.
SIMON, J., 1872, Instruction relative à lorganisation pédagogique des écoles primaires publiques, Bulletin Administratif, reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p.16-23.
Schrader, F., 1882, article "Géographie", Dictionnaire de Pédagogie et d'instruction primaire, première partie, Ferdinand Buisson (dir.), Paris : Hachette., p. 1151. (Nous soulignons).
PAQUIER, J.-B., 1884, «Progrès accomplis en France depuis 1870 dans létude de lenseignement de la géographie ». Revue pédagogique. Delagrave, p. 329. (Nous soulignons).
MOËSSARD, P., 1886, article « Topographie », in Dictionnaire de Pédagogie, 1ère partie, F. Buisson (dir.). Paris : Hachette p. 2881. (Nous soulignons).
MARCONIS, R., 1996, Introduction à la géographie, Armand Colin,, p.13. (Nous soulignons).
DELPUP, H., LORQUIN, G., 1999, Histoire-Géographie. Préparation au concours de recrutement des professeurs des écoles. Ellipses, p. 107-108. (Nous soulignons).
MASSON-VINCENT, M., 2001, « La géographie enseignée : 130 ans de programmes dans le secondaire », Lépreuve sur dossier au CAPES dhistoire - géographie. Paris : Seli Arlan., p.243. (Nous soulignons).
Numa Broc, op. cit., p. 564.
Horacio Capel, op. cit. p. 52. (Nous soulignons).
Catherine Rhein, op. cit.
Monique Benoît, 1992, op. cit., vol. 1 ; p.29, 35, 44.
Isabelle Lefort, 1988, op. cit.
Victor Duruy, Instruction relative à lexécution de larrêté du 24 mars 1865, modifiant le plan détudes de lenseignement secondaire classique des lycées. B.A.I.P., t.3, p.341-344.
Loi du 10 avril 1867 sur lenseignement primaire.
« En 1865, à lépoque où les programmes de lenseignement secondaire spécial étaient en préparation, nous fûmes chargé délaborer un projet de cours de géographie pour la seconde et pour la troisième année. Dans ce projet qui a été, en grande partie dans le programme officiel, nous avons essayé surtout pour la seconde année où la matière permettait plus de développement, dappliquer notre méthode, en ce qui concerne lagriculture, les mines, lindustrie, le commerce et ladministration. Plusieurs bons ouvrages classiques ont déjà été commencés par divers auteurs daprès ce programme, et ont rendu des services à lenseignement. » É. Levasseur, 1872, Létude et lenseignement de la géographie, Note de bas de page. p.19.
Année préparatoire : tracé de la carte du département et étude sommaire de la France. I. Tracé de la carte du département (5 leçons). II. Étude sommaire des départements (19 leçons). III. Étude densemble de la France (11 leçons).
Première année : Les cinq parties du monde. Étude détaillée de lEurope. I. Notions sommaires de lEurope (1 leçon). II. Géographie de lAsie (5 leçons). III. Géographie de lAfrique (4 leçons). IV. Géographie de lAmérique (7 leçons). V.Géographie de lOcéanie et des terres australes (2 leçons). VI. Étude détaillée de lEurope (13 leçons). VII. Révision générale (2 leçons).
Deuxième année : Géographie agricole, industrielle, commerciale et administrative de la France et de ses colonies. I. Agriculture (7 leçons). II. Industrie (7 leçons). III. Commerce (6 leçons). IV. Colonies ( 2 leçons). V. Administration (1 leçon).
Troisième année ; Géographie commerciale des cinq parties du monde La France considérée dans ses relations avec létranger. I. 29 leçons par États ou régions du Globe. II. Les grandes routes de commerce (1 leçon), Force productive des différents États (1 leçon). Rôle de la France dans le commerce du monde (1 leçon). B.A.I.P., t.5, n°104. Reproduit intégralement par Philippe Marchand (2000) p.327-340.
V. Duruy, Méthodes denseignement dans les années de lenseignement secondaire spécial, 4 avril 1866, B.A.I.P., t.5, n°104, p.590-648.
Op. cit., volume 1, p.31-35.
GRÉARD, O., 17 août 1868, Instruction générale adressée par lInspecteur dAcadémie à MM. les inspecteurs de lenseignement primaire, sur la mise en exécution du règlement dorganisation pédagogique.
Monique Benoît, 1992, op. cit.
Lauteur renvoie à la Section III de la Troisième et dernière partie de louvrage : Notions élémentaires sur la construction des cartes, p. 347 à 355.
Ibid., page XV, édition de 1871.
Op. cit. , p.38.
BUISSON, F., Article « cartes », Dictionnaire de pédagogie.
CORTAMBERT, E., vers 1840, Petit atlas géographique du premier âge. Hachette.
CORTAMBERT, E., 1856, Petit atlas élémentaire de géographie moderne. Hachette.
LEBRUN, BÉALLE, 1851, Petit atlas.
PÉRIGOT, C., 1857, Atlas.
FONCIN, P., 1880, 15 cartes muettes. 29 cartes en 1886. Paris : A. Colin, 48p.
LEVASSEUR, E., 1876, Atlas physique, politique, économique de la France, Paris : Delagrave.
PALSKY, G., 1996, Des chiffres et des cartes. Naissance et développement de la cartographie quantitative française au XIXe siècle, Paris : Ministère de lEnseignement supérieur et de la recherche, CTHS, p.209
Pierre Émile Levasseur, dit Émile Levasseur. Économiste, libéral, historien et géographe, il est né à Paris en 1828 et mort en 1911. Thèse de doctorat : Recherches historiques sur le système de Law (1854), Histoire des classes ouvrières en France depuis la conquête de Jules César jusquà la Révolution, (1859). Membre de lAcadémie des sciences morales et politiques (1868). Professeur à la chaire dhistoire, géographie et statistiques économiques au collège de France (1868), et déconomie politique au Conservatoire des arts et métiers (1876) ; lun des fondateurs de la Société de géographie commerciale, donne des cours de géographie anthropologique à lEcole danthropologie de Paris. Professeur au collège de France. Il appartient au groupe des réformateurs libéraux sous le Second empire. Chargé avec L.-A. Himly de la grande enquête sur les conditions de lenseignement de lhistoire et de la géographie dans les collèges et lycées. Auteur des programmes pour le secondaire de 1863. Il conçoit lenseignement de la géographie dans le secondaire comme un préalable à lenseignement de léconomie. Levasseur ne participe pas à la constitution et au développement de la géographie universitaire française. Nommé en 1903, administrateur du collège de France en remplacement de Renan. Questions ouvrières et industrielles sous la IIIe République (1908). Collaborateur pour la partie économique de lEncyclopédie du XXe siècle (1911).
Auteur de manuels scolaires (Petite géographie de la France et des colonies à lusage des écoles primaires, 1868, Delagrave, 48 pages
). Il publie aussi à la fin des années 1880 une trentaine de Petites géographies départementales.
Voir sa présentation dans : NARDY, J.P., 1968, « Levasseur géographe », Cahiers de Géographie de Besançon, Paris : Les Belles Lettres ; RHEIN, C., 1984, biographie de E. Levasseur, Deux siècles de géographie française, PINCHEMEL P., ROBIC M.-C., TISSIER J.-L. (dir.), Paris, C.T.H.S., p. 69-71. ; CLAVAL, P., 1998, Histoire de la Géographie française de 1870 à nos jours, Nathan, coll université, 1998, 544p.
LEVASSEUR, É., 1872, Létude et lenseignement de la géographie. Delagrave, p.4,8.
DURUY, V., Méthodes denseignement dans les années de lenseignement secondaire spécial, 4 avril 1866, B.A.I.P., t.5, n°104, p.590-648.
Émile Levasseur, 1872, op. cit., p. 3, 8.
Conférences pédagogiques faites à la Sorbonne aux instituteurs primaires venus pour lexposition de 1867. Hachette, 1868, Vol. 1 : Législation ; vol. : Organisation pédagogique des écoles. 328p. ; 283 p.
LEVASSEUR, É., 1874, La géographie à lexposition universelle de Vienne, Bulletin de la société de géographie.
Ce congrès initialement prévu pour 1869 avait du être repoussé.
HIMLY, E., LEVASSEUR, É., 1871, Rapport général sur lenseignement de lhistoire et de la géographie adressé à M. le Ministre de linstruction publique et des cultes par MM. É. Levasseur, membre de lInstitut et A. Himly, professeur à la faculté des lettres de Paris. Paris : imprimerie Paul Dupont. 47p.
3ème partie du rapport : Enseignement primaire.
Numa Broc, op. cit., Horacio Capel, op. cit., Catherine Rhein, op. cit.
LEVASSEUR, É., 1874, La géographie à lexposition universelle de Vienne, Bulletin de la société de géographie. p.4.
Chapitres 2 à 5.
LOEFFEL, E., 1999, Ferdinand Buisson, apôtre de lécole laïque, collection « Portraits déducateurs », Hachette-éducation, 142p.
DUBOIS, P., 2002, Le Dictionnaire de pédagogie et dinstruction primaire de Ferdinand Buisson, Répertoire biographique des auteurs. Paris : INRP, Service dhistoire de léducation. 202p.
En 1880, il n'y a que 103 professeurs spéciaux dans l'enseignement secondaire (dont 17 enseignent aussi la philosophie). En 1900 le nombre des spécialistes d'histoire et de géographie dans le secondaire est de 480 (Isabelle Lefort, 1990) à comparer aux 94 000 instituteurs et adjoints comptabilisés en 1883-1884 et aux trois premiers tirages du Dictionnaire qui se situent au total et selon les volumes, entre 9 700 et 12 700 exemplaires. (Patrick Dubois, 1994).
BUISSON, F., 1875, Rapport sur linstruction primaire à loccasion de lexposition universelle de Vienne en 1873. Paris : Imprimerie nationale. 352p. « La géographie », p. 185-208 ; « la méthode intuitive », p. 109-122.
BUISSON, F., 1877, Cahiers décoliers américains recueillis à lExposition universelle de Philadelphie de 1876. Traduits par A. Legrand. (1ère édition). Hachette, 508p.
BUISSON, F., BAGNEUX, BERGER, BROUARD, E., DEFODON, C., 1879, Devoirs décoliers français recueillis à lexposition universelle de Paris. Hachette, 421 p.
DUBOIS, P., 1994, Le Dictionnaire de linstruction primaire de Ferdinand Buisson. Unité et disparités dune pédagogie pour lécole primaire (1876-1911), thèse en Sciences de léducation, université Lyon II, 2 tomes.
NORA, P., 1984, « Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson. Cathédrale de lécole primaire », Les Lieux de mémoire, I La République, Paris, Gallimard, p. 353-377.
Contrat signé avec Louis Hachette le 6 juillet 1876 ; 1er fascicule livré le 31 août 1878 ; mise en vente du tome 1er de la 2ème partie le 13 mars 1880. Le Dictionnaire est terminé par la publication du supplément de la 1ère partie en 1887. (Dubois, 1994, p.51-52). Lensemble est composé de 5600 pages à deux colonnes en petits caractères. On compte 2600 articles rédigés avec 359 collaborateurs. Les volumes de la première partie (notée DP1 par nous) traitent de pédagogie, la deuxième partie est dite « encyclopédique » (notée DP2).
En 1911 le Nouveau Dictionnaire (noté NDP par nous) associe 92 nouveaux auteurs pour une publication réduite à 1306 articles.
BRUTER, A., 2002, « Les paradigmes pédagogiques, dhier à aujourdhui », Perspectives documentaires en éducation, n°53, p. 39-44.
Articles Discipline et Discipline scolaire (DP1).
Sorre, M., (dir.), 1938, L'enseignement de la Géographie (Introduction), Cahiers de Pédagogie Moderne pour l'Enseignement du premier degré, Paris, Bourrelier.
Les articles relevant du champ de la géographie totalisent entre 300 et 400 pages dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.
SORRE, M., (dir.), 1953, La Géographie , Cahiers de Pédagogie Moderne, Paris, Bourrelier.
CLAVAL, P., 1998, Histoire de la Géographie française de 1870 à nos jours, Nathan, coll université, 1998, p.64.
MEISSAS, A., MICHELOT, G., 1827, Géographie méthodique, (1ère éd.) Hachette.
Auguste Himly, Émile Levasseur, 1871, op. cit., p.38.
ibidem, p.41.
WALLON, H., Circulaire du 24 septembre 1872, relative au mode de concession de cartes et de globes terrestres aux communes dépourvues de matériel pour lenseignement de la géographie (Jules Simon). Bulletin Administratif.
Circulaire du 22 avril 1875, relative au mode denvoi du matériel de lenseignement géographique destiné aux écoles primaires publiques, (le Ministre de lInstruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, Henri Wallon). Bulletin Administratif.
WADDINGTON, Circulaire du 29 avril 1876, relative à lacquisition à prix réduit par les fonctionnaires de lenseignement des feuilles de la carte de France dressée par lÉtat-Major (Le Ministre de lInstruction publique et des Beaux-Arts, Waddington). Bulletin Administratif.
ROBIC, M.-C., 1991, « Variation sur la forme. Lexercice cartographique à lécole (1868-1889) », Mappemonde n°2 p.38-44 et Mappemonde n°3 p.32-40.
Ferdinand Buisson, 1875, op. cit., 1877, op. cit.
MEISSAS, G., Article France, DP2, p.808.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1885, Collection de cartes avec notices, Armand Colin.
Cf. chapitre précédent pour celles publiées par É. Levasseur et Meissas et Michelot.
F. Schrader, article Géographie, DP2 et NDP ; P. Moëssard, article Topographie, DP1.
Article Carte, DP1, cette partie de larticle est reprise quasiment à lidentique en 1911 dans le NDP.
Nous notons DP1 la première partie du Dictionnaire, DP2 la deuxième partie et NDP lédition de 1911.
DUTHIL, J.-B., 1926, « P. Foncin », Annales de géographie commerciale, 50, 1925-26, p. 5-20.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1917, « P. Foncin », Annales de géographie, XXXVI, p.67-70.
(voir notice bibliographique infra).
Gaston Meissas.. Auteur des articles Afrique, 13 colonnes, Algérie, 5 col., Alpes, 8,5 col., Amérique, 20 col., Angleterre, 23,5 col., Asie, 24 col., Australie, 6 col., Autriche, 9 col., Canaux, 4 col.(DP2, 1878) ; Chemin de fer, 8 col, Colonies françaises, Département, 4 col., États-Unis, 13,5 col., Espagne et Portugal, 11,5 col., France, 44,5 col , Grèce, 6 col (DP2, 1879), Italie, 12,5 col., Mappemonde, 8 col., Océans, 7 col., Pays-Bas, 7 col. (DP2, 1880) ; Provinces, 10,5 col., Russie, 12 col., Turquie, 11,5 col., Belgique 6 col.(DP2, 1881). G. Meissas nest plus indiqué sur la liste des auteurs du NDP en 1911
Né en 1842, fils d'Achille Meissas auteur de livres de lectures et de géographie avec Gaston Michelot. A. Meissas et G. Michelot sont les auteurs des catéchismes géographiques vilipendés par les réformateurs. Pour tous les novateurs Meissas et Michelot est devenu synonyme de manuel suranné et ridicule (Numa Broc, 1974). Ces ouvrages scolaires, y compris des cartes murales, sont édités par Hachette. Avec la Géographie de l'abbé Gaultier ce sont les ouvrages de géographie les plus souvent signalés lors de l'inspection des écoles effectuée en 1833 à la demande de Guizot. Gaston Meissas est associé à luvre de son père à partir de 1863 est-il écrit dans la première édition du Dictionnaire à larticle Meissas. Selon Patrick Dubois (1994) le fils, Gaston, n'aurait pas publié d'ouvrage en son nom propre avant 1889.
Victor Raulin. Né en 1815. Professeur à la faculté des sciences de Bordeaux. Admis à la retraite en 1885.
Paul Moëssard. Né en 1845. Capitaine du génie, professeur de topographie à lÉcole de Saint-Cyr. (Dubois, 2002, op. cit., p.108).
BROC, N., 1974, « Pour le cinquantenaire de la mort de F. Schrader (1844-1924) », Revue de géographie des Pyrénées et du Sud-Ouest, 45,1, p. 5-16.
BROC, N., 1977, « Franz-Schrader 1844-1924 », Geographers biobibliographical studies, Londres, Mansell, Edited by T.W. Freeman, Marguerita Oughton and Pinchemel, I.G.U., vol 1, p. 97-103.
BERDOULAY, V., 1981, La formation de lécole française de géographie, Paris : Bibliothèque Nationale, p. 91-108
SAULE-SORBÉ, H. et alii, 1998, « Franz Schrader, lhomme des paysages rares », La montagne et lalpinisme, n°2, p. 46-49.
Voir notice bibliographique infra
LEVASSEUR, E., 1868, Petite géographie de la France et de ses colonies. Paris : Delagrave, 49p.
FONCIN, P., 1875, La géographie, Année préparatoire. Paris : A. Colin, 24p. (ouvrage médaillé de bronze à lexposition universelle de 1878).
FONCIN, P., 1875, La Première année de géographie,1ère édition. Paris : A. Colin, 48p.
Franz Schrader. Auteur des articles Cartographie, (1878), DP2, long de 15 colonnes ; Géographie, (1882), DP1, 37 col. ; Globes, (1882), DP1, 0,5 col. ; Cartographie (1911), NDP, 20 col. ; Géographie, (1911), NDP, 20 col. ; Globes, (1911), NDP, 0,5 col.
Géographe, né à Bordeaux en 1844 dans une famille de commerçants et enterré à Gavarnie en 1924. Son père est membre de la Société de Géographie commerciale à Bordeaux créée et animée par P. Foncin en 1874. Autodidacte, passionné des Pyrénées, auteur dun ingénieux système de levés topographiques : lorographe , directeur des travaux cartographiques de la Librairie Hachette et Cie, où il est entré en 1877. Lointain cousin des frères Reclus, politiquement plus conformiste quÉlisée Reclus, il est chargé de 1877 à 1879 de la section Géographie du journal de Gambetta, La République française. Il rédige larticle Adolphe Joanne dans lAnnuaire du club alpin français (1881). Pyrénéiste passionné (A quoi tient la beauté des montagnes, 1897), il y exerce ses talents d'aquarelliste et de topographe depuis 1866. Membre du Club alpin, président de 1901 à 1904, il donne une impulsion aux caravanes scolaires et donne à cet organisme sa devise Par la montagne, pour la patrie et fonde en 1903 la commission topographique du C.A.F. .
Auteur de nombreux manuels scolaires de géographie. Il publie chez Hachette en collaboration avec Henry Lemonnier (professeur à la faculté des lettres de Paris et à lÉcole des Beaux-Arts). Il est responsable du bureau de cartographie de la maison Hachette créée en 1880. De 1894 à 1916, il rédige aussi des manuels pour l'enseignement secondaire avec Louis Gallouédec (Inspecteur Général de lInstruction publique) et Marcel Dubois (professeur de géographie coloniale à la Sorbonne). Ce sont les premières collections à publier des cartes en couleur de format lisible à lintérieur des ouvrages.
F. Schrader, article Cartographie.
ALINHAC. G., 1986, Historique de la cartographie, IGN, Ecole Nationale des Sciences Géographiques, 168p.
F. Schrader, article Cartographie.
F. Schrader, article Cartographie.
F. Schrader, article Cartographie.
P. Moëssard, article Topographie.
Himly et Levasseur, 1871, op. cit., p.42.
DP2 p.860-861.
PALSKY, G., 1996, Des chiffres et des cartes. Naissance et développement de la cartographie quantitative française au XIXe siècle, Paris : Ministère de lEnseignement supérieur et de la recherche, CTHS, 332p.
F. Schrader, article Géographie, DP1 et NDP, F. Schrader, article Globe, DP1 et NDP.
Himly et Levasseur, 1871, op. cit., p.38.
Article Géographie, DP2 p.860-862.
Article Géographie, DP2 p.859.
Article Géographie, DP2 p.860.
Article Géographie, DP2
Ferdinand-Édouard Buisson, 1841-1932, Né à Paris, professeur suppléant à lacadémie de Lausanne (1866-1870), inspecteur primaire à Paris (1871), inspecteur général hors-cadre pour lenseignement primaire (1878). Directeur de lenseignement primaire au ministère de linstruction publique (1879-1896). Républicain ardent, anticlérical et protestant libéral, il a été un des principaux instigateurs de la loi sur lenseignement laïque et obligatoire. On lui doit la publication du Dictionnaire de Pédagogie. Professeur de la science de lÉducation à la Faculté de Paris (1896).
Radical-socialiste, il est élu député de Paris (1902-1914 ; 1919-1924). Défenseur à la Chambre de la laïcité de lÉtat, de lenseignement professionnel obligatoire et du droit de vote des femmes. Président de la Ligue des droits de lHomme (1913-1926) et prix Nobel de la paix en 1927 pour son action en faveur de la S.D.N.
Article Cartographiques (Exercices), DP1.
ROBIC, M.-C., 1991, « Variation sur la forme. Lexercice cartographique à lécole (1868-1889) », Mappemonde, n°2-3, p.38-44, 32-40.
Article non signé probablement rédigé par Guillaume, proche collaborateur de Buisson.
DUPUY, P., 1889, « La géographie dans lenseignement primaire », Revue de géographie, p.301.
Article Géographie, DP2 p.862.
par exemple : FONCIN, P., 1875, La Première année de géographie,1ère édition. Paris : A. Colin, 48p.
BRUNO, G., (Mme A. Fouillée dite), 1877, Le tour de France par deux enfants. Paris : Belin, 322p.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1908, La France. Tableau géographique. Paris : Hachette, 365p., 166 pl.
MENDIBIL, D., 2000, Quand Vidal de La Blache expliquait les paysages de France », Le Tableau de la géographie de la France de Paul Vidal de La Blache. Dans le labyrinthe des formes, M.- C. Robic (dir.) Paris : CTHS, p.119-125.
MOLES, A., ROHMER, E., 1972, Psychologie de lespace, Tournai/Paris : Casterman, 246p.
MOLES, A., ROHMER, E., 1998, Psychosociologie de lespace, Paris : LHarmattan, 158p.
DENIS, M.,1989, Image et cognition. Paris : PUF, 284p.
FONCIN, P., 1880, La Deuxième année de géographie, 2ème édition. Paris : A. Colin, Une de couverture.
Il existe un article Dupin, dans le Dictionnaire qui présente létude du baron Dupin sur lalphabétisation des conscrits, mais qui ne fait pas allusion à sa carte thématique du phénomène, première du genre (1826).
RECLUS, É., Nouvelle géographie universelle, t. III Europe centrale, Hachette, p.901-902.
Thèse en préparation sur Élisée Reclus et léducation.
Gilles Palsky, op. cit., p209.
Pierre François Charles Foncin. Auteur de larticle Géographie, (1879), DP2, 19 colonnes de long. Ne participe pas au Nouveau Dictionnaire publié en 1911.
Né à Limoges en 1841. Ancien élève de lENS, agrégé dhistoire (1863). Il enseigne à Carcassonne, Troyes et au lycée denseignement spécial de Bordeaux. Chargé de cours de géographie à la faculté de lettres de Bordeaux, il soutient une thèse Le ministère Turgot (1876), puis enseigne dans le Sud-Ouest et obtient la première chaire de géographie commerciale à Bordeaux. Entame très tôt une carrière dadministrateur : en 1879 il est nommé recteur à Douai. Il impulse dans le Nord une société de géographie, comme il lavait fait précédemment à Bordeaux. Directeur honoraire de lenseignement secondaire au Ministère de lInstruction publique lors de léphémère ministère Paul Bert à lInstruction publique (novembre 1881-février 1882). Inspecteur général de linstruction publique (1882-1911) ; membre de la Société de Géographie de Paris, secrétaire général, puis président de lAlliance française. Officier de la Légion dhonneur (1892),.
Depuis les années 1880 jusqu'en 1916, dirige la collection de manuels scolaires de géographie pour lécole primaire chez Armand Colin parallèlement à Vidal Lablache qui anime les publications pour lenseignement secondaire. Foncin publie en 1898 Pays de France, projet de fédéralisme administratif . Il est un des concurrents malheureux de J. Brunhes à la chaire de géographie humaine créée au Collège de France en 1912. Mort à Paris en 1916.
VIDAL LABLACHE, P., 1885, Collection de cartes murales accompagnées de notices, A. Colin, 22 cartes.
VIDAL-LABLACHE, P., 1894, Histoire Géographie. Atlas général. Paris : Armand Colin.
FONCIN, P., 1880, La Deuxième année de géographie, p.96-97, p.125.
Pas de légende du figuré dans La Deuxième année de géographie, 1880, p.77 ; La Première année de géographie, 1886, p.23 et dans La Troisième année de géographie, 1889, p.11.
.FONCIN, P., (vers 1912), La Première année de géographie, p.25. On peut dater cette édition vers 1912 en fonction des cartes politiques de lAfrique.
FONCIN, P., La Première année de géographie, A. Colin, 154e et 182e éditions, p.23 ; p.25.
FONCIN, P., La Troisième année de géographie, 1889, p.13 ; La Deuxième année de géographie, 1916, p.79.
Ayant à représenter le monde terrestre en raccourci, elle résume et condense tout le savoir humain. Mais elle ninvente rien ; elle se contente de comprendre, de classer et de peindre. Ses qualités essentielles sont la clarté, la méthode et lexactitude (P. Foncin, article Géographie, DP2, p 856)
LEMONNIER, H., SCHRADER F., DUBOIS M., GALLOUÉDEC, L., 1903, Premiers éléments de Géographie, Cours élémentaire, Nouvelle édition, Hachette.
Par exemple : Achille Meissas et Auguste Michelot, 1871, Nouvelle Géographie méthodique, 52ème édition. Hachette, 364p. ; F.I.C., 1882, Cours supérieur de Géographie pour lenseignement primaire à lusage des écoles chrétiennes. Tours : Mame, Paris : Poussielgue frères. 330p.
BALDINI, F., 1894, Geografia per gli alunni et le alunne, classe 4. Osvalado Paggi ed. 32p.
BRENDARI, O., 1890, Elementi di geografia de scuole. Delle scuole elementaroi superiori e delle secondari e inferiori. 78p.
Instituto Cartografico italiano, 1910, Atlante geografico per le scuole elementari di Padova e sua provincia. Roma : Instituto Cartografico italiano. 29p.
Pierre Foncin : voir notice biographique en note au chapitre 2.
Gaston Meissas : voir notice biographique en note au chapitre 2.
Félix Oger, auteur des articles Allemagne, Europe et Océanie (DP2).
Né en 1826, professeur au collège Sainte-Barbe à Paris. Auteur dun Cours dhistoire générale à lusage des lycées, des candidats à lécole de Saint-Cyr. Paris, Mallet-Bachelier, 1863 et dun Cours dhistoire générale, à lusage des lycées, des candidats aux écoles du gouvernement et des aspirants aux baccalauréat. Paris : Gauthier-Villars, 1875 et 1882.
Franz Schrader : voir notice biographique en note du chapitre 2.
Nous notons DP1 la première partie du Dictionnaire, DP2 la deuxième partie et NDP lédition de 1911.
Chapitre 5
DP2 p. 855-858.
DP2 p. 858-864
Emile Levasseur, DP1, p.453-462 ; p.1339-1342.
Le commerce [
]
4° En établissant des relations fréquentes entre les diverses contrées, il apprend aux peuples à se connaître, et il contribue à les éclairer les uns les autres ;
5° En stimulant les découvertes maritimes, il a enseigné à lhomme à mieux connaître la terre, son domaine ;
6° En lui faisant connaître la terre, il linvite à en prendre possession par la colonisation. Cest ainsi que les États-Unis et une partie de lAustralie sont devenus des centres importants de population et des foyers nouveaux de civilisation dans le monde ;
7° Le commerce lui-même ne peut se développer quà laide de moyens de communication faciles, rapides et économiques. Cest le génie du commerce qui a suscité la navigation à vapeur et les chemins de fer.[
]
Article Commerce, Émile Levasseur, DP1, p.456
ROBIC, M.-C., 1992, « Linvention de la géographie humaine au tournant des années 1900 : les vidaliens et lécologie » Autour de Vidal de la Blache. Études et problèmes dhistoire de la géographie française. (CLAVAL, P. éd .). Paris : éditions du CNRS, Mémoires et documents de géographie.
ROBIC, M.-C., 1993, « La creacíon de los Annales de Géographie (1821). Estrategia universiteia y geografía humana ». Barcelone : Documents dAnálisi Geográfica, n°22, p.47-64.
OZOUF-MARIGNIER, M.-V., 2001, « Engagement politique et essor de la géographie : Pierre Foncin, de Bordeaux à Douai », Géographes en pratiques (1870-1945), Le terrain le libre et la cité, Guy BAUDELLE, Marie-Vic OZOUF-MARIGNIER, Marie-Claire ROBIC dir., Presses Universitaires de Rennes, p.105-116.
cf. chapitre 5.
Vers 1880, la démarche des géographes français ne correspond pas encore à cette proposition de Robert Marconis : Dès la fin du XIXe siècle, les géographes français nont pas caché leur ambition de construire une géographie générale à partir de nombreuses études régionales [
] .Introduction à la géographie, chapitre 5, p.95.
Cf. chapitre 4.
Si une certaine mode porte la géographie au cours du dernier tiers du XIXe siècle, mode patriotique certes, mais plus générale puisquelle sobserve dans la plupart des puissances européennes, son contenu cognitif est à la fois vague et encyclopédique. Quelques structures majeures émergent toutefois, qui distinguent notamment une trilogie formée par la géographie physique, la géographie politique et géographie économique. Les deux premières dénomination datent du XVIIIe siècle, liées aux travaux de Buache sur la division naturelle de la terre par bassins hydrographiques et au projet de géographie politique élaboré par Turgot, vaste fresque historique des progrès des peuples ; la géographie économique sest imposée seulement dans les années 1870 par lentremise dÉmile Levasseur (1828-1911) [
]
Marie-Claire Robic, Du milieu à lenvironnement, chapitre 4, p.125.
OZOUF-MARIGNIER, M.-V., 2000, « Le Tableau et la division régionale : de la tradition à la modernité ». Le tableau géographique de la France de Paul Vidal de la Blache. Dans le labyrinthe des formes. ROBIC, M.-C. (dir.), Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques. p.155.
BOULAINVILLIERS, Comte de, 1737, État de la France
. Londres : Wood et S. Palmer. 6 vol.
ESMONIN, E., 1964, « Les mémoires des intendants pour linstruction du duc de Bourgogne (étude critique). Études sur la France des XVIIe et XVIIIe siècles. Paris : PUF. p. 113-130.
SMEDLEY-WEILL, A., 1995, Les Intendants de Louis XIV. Paris : Fayard.
ESMONIM, 1964, op. cit., repris par Marie-Vic Ozouf-Marignier, 2000, op. cit. p.155-156.
DP1, p.1155, NDP, p .720. Dans le Nouveau Dictionnaire, en 1911, la lettre est qualifiée de « tout intime et inédite ».
En 1905, Franz Schrader rédige pour La Géographie une notice nécrologique sur Élisée Reclus. il y signale lHistoire dun ruisseau et lHistoire dune montagne, « uvres de divulgation géographique, car on ne saurait parler de « vulgarisation » à propos de joyaux littéraires et scientifiques comme ces deux petits volumes [
] ». Ces deux ouvrages ont été republiés en 1995 et 1998 par les éditions Actes Sud.
Voir aussi les recherches de Soizic sur Reclus pédagogue (thèse en préparation) et article à paraître dans lEspace géographique sur le globe proposé par Reclus pour lExposition universelle de Paris de 1900.
NDP, p.332-333.
NDP, p.721.
La cartographie est lart de tracer des cartes, cest-à-dire de reporter sur une surface plane, à laide de traits convenablement disposés, limage réduite dune autre surface, appartenant, soit à la terre, soit à quelque astre voisin, comme la lune, soit encore à la sphère apparente du ciel étoilé.
Il va sans dire que lobjet principal de la cartographie est de faire connaître aux hommes la conformation extérieure de la planète quils habitent. Les cartes de la lune ou de la voûte céleste sont dun usage infiniment plus restreint ; du reste les cartes lunaires sont plutôt des dessins très exacts, et sur les cartes célestes tout le figuré se borne à des points de grosseurs différentes, placés de façon à représenter les astres. Il ny a donc pas lieu de nous arrêter à ces deux sortes de cartes, et cest de la cartographie terrestre que nous nous occuperons exclusivement. Ce que nous dirons de celle-ci contiendra tout ce que nous aurions à dire des autres. [
]
(Article, Cartographie, F. Schrader, DP2)
PERRIER, E., 1883, article Races humaines, Supplément au DP2, p.2397-2405.
CLAVAL, P., 1995, Histoire de la Géographie, Que-sais-je, Paris, PUF, 128p.
BERDOULAY, V., 1981, La formation de lécole française de géographie, Paris : Bibliothèque Nationale, p.91-108.
ROBIC, M.-C. (dir.), 1992, Du milieu à lenvironnement. Pratiques et représentations du rapport homme/nature depuis la Renaissance. Paris : Economica. 384p.
BERDOULAY, V., SOUBEYRAN, O., 1997, « Lamarck, Darwin et Vidal : aux fondements naturalistes de la géographie », Annales de géographie, vol. 100, n°561-562, p. 617-634.
LEVASSEUR, é, 1872, Létude et lenseignement de la géographie. Delagrave, p.49.
Catherine Rhein, op. cit.
Chapitre 4.
CAPEL, H., 1982, « Institutionalization of Geography and Strategies of Change » Geography, ideology and social concern. Stoddart (ed.). p.37-69.
OZOUF-MARIGNIER, M.-V., 2000, « Le Tableau et la division régionale : de la tradition à la modernité ». Le tableau géographique de la France de Paul Vidal de la Blache. Dans le labyrinthe des formes. ROBIC, M.-C. (dir.), Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques. p.151-181.
Gaston Meissas. Auteur des articles Afrique, 13 colonnes, Algérie, 5 col., Alpes, 8,5 col., Amérique, 20 col., Angleterre, 23,5 col., Asie, 24 col., Australie, 6 col., Autriche, 9 col., Canaux, 4 col., (DP2, 1878) ; Chemin de fer, 8 col, Colonies françaises, Département, 4 col., Etats-Unis, 13,5 col., Espagne et Portugal, 11,5 col., France, 44,5 col. , Grèce, 6 col., (DP2, 1879) ; Italie, 12,5 col., Mappemonde, 8 col., Océans, 7 col., Pays-Bas, 7 col., (DP2, 1880) ; Provinces, 10,5 col., Russie, 12 col., Turquie, 11,5 col., Belgique 6 col., (DP2, 1881). G. Meissas nest plus indiqué sur la liste des auteurs du NDP en 1911.
Notice biographique p.95.
Dates dannonce de vente des feuilles dans le Manuel général (Dubois, thèse, p.52). Il semble bien que certains articles aient été publiés avec 1 ou 2 années de retard, ainsi larticle France prévu pour 1879, est publié avec une référence au recensement de 1881.
Bosnie-Herzégovine, Bolivie, Brême, Bulgarie et Roumélie, Colombie, Costa Rica, Équateur, Guatémala, Hawaï (îles), Salvador
Article Afrique, Dictionnaire Pédagogique 2ème partie, 1878.
Nouveau Dictionnaire Pédagogique, p.13.
Article Afghanistan, ibidem, 1911.
Article Allemagne, Dictionnaire Pédagogique 2ème partie, 1878.
Infra chapitre 5.
Article Scandinaves (Etats), Dictionnaire Pédagogique 2ème partie, 1881.
Article Algérie, ibidem, 1878.
Article, Belgique, ibidem, 1887.
Article, France, ibidem, 1879.
Gaston Meissas, article Afrique, DP2, p. 41.
Afrique, ibidem, p. 42.
Afrique, ibidem, p. 43.
Afrique, ibidem, p. 44.
Afrique, ibidem, p. 44.
G. Meissas, article Algérie, DP2, p. 77.
Algérie, ibidem, p. 77.
Algérie, ibidem, p. 77.
Algérie, ibidem, p. 78.
Algérie, ibidem, p. 78.
Algérie, ibidem, p. 80.
Algérie, ibidem, p. 78.
Algérie, ibidem, p. 78.
Algérie, ibidem, p. 78.
Algérie, ibidem, p. 80.
Algérie, ibidem, p. 80.
Algérie, ibidem, p. 80.
Algérie, ibidem, p. 80.
Algérie, ibidem, p. 78.
Félix Oger. Notice biographique p.111.
Félix Oger, article Allemagne, DP2 p. 87.
Allemagne, ibidem, p. 89.
Allemagne, ibidem, p. 87.
Allemagne, ibidem, p. 89.
Remarquons que ces limites ne sont donc pas implicitement acceptées comme définitives par les auteurs du Dictionnaire.
Allemagne, ibidem, p. 90-91
Allemagne, ibidem, p. 89.
Allemagne, ibidem, p. 90.
Allemagne, ibidem, p. 88.
Allemagne, ibidem, p. 90.
Allemagne, ibidem, p. 87.
Allemagne, ibidem, p. 88.
Allemagne, ibidem, p. 89.
Allemagne, ibidem, p. 90.
Allemagne, ibidem, p. 90.
MALTE-BRUN, K., 1810-1829, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau.
RECLUS, É., 1878, Nouvelle géographie universelle, t. III Europe centrale, Hachette, 982p.
DP2 p. 823.
DUBOIS, P., 1994, Le Dictionnaire de linstruction primaire de Ferdinand Buisson. Unité et disparités dune pédagogie pour lécole primaire (1876-1911), thèse en Sciences de léducation, université Lyon II, 2 tomes.
Gaston Meissas, DP2 p. 808.
Ibidem, p. 804.
Ibidem, p. 811.
Ibidem, p. 813
Ibidem, p. 812.
Ibidem, p. 816.
Ibidem, p. 816.
Ibidem, p. 817.
Ibidem, p. 819.
Ibidem, p. 822.
Ibidem, p. 808.
Ibidem, p. 810.
Ibidem, p. 816.
Ibidem, p. 817.
Ibidem, p. 820.
Ibidem, p. 818.
Ibidem, p. 816.
Ibidem, p. 801.
Ibidem, p. 803
Ibidem, p. 811.
Ibidem, p. 812
Gaston Meissas, Suppl DP2, p.2387.
Ibidem, p.2387.
Ibidem, p.2387-2388.
Jean-Jacques-Élisée Reclus dit Élisée Reclus. Auteur dans le Dictionnaire de larticle Scandinaves (Etats), (DP2, 1881) 10 colonnes.
Géographe né à Sainte-Foy-la-Grande en 1830, mort en Belgique à Thourant, près de Bruges en 1906. Obligé de quitter la France après le 2 Décembre, il voyage à létranger de 1852 à 1857. De retour à Paris, il publia dans la Revue des Deux Mondes et autres recueils les récits de ses excursions et de ses études. Il prit part à la défense de Paris en 1870-1871 et à la Commune. Fait prisonnier les armes à la main sur le plateau de Châtillon alors quil participe à la résistance des Communards ; il est condamné au bannissement, évitant grâce à une pétition internationale la déportation en Nouvelle-Calédonie.
Signe un contrat avec Hachette en 1872. De 1876 à 1890 il publie à Paris sa Nouvelle Géographie universelle. Revenu en France au début des années 1890, il est à nouveau contraint de sexiler. Nommé agrégé des sciences de luniversité de Bruxelles (1892), il dut renoncer à la chaire à laquelle il avait été nommé à cause de ses opinions anarchistes. Il est alors (1894) appelé à lécole libre belge des sciences sociales où il fit un cours de géographie comparée. LHomme et la Terre (6 vol., 1903-1905) est son uvre majeure.
ROBIC, M.-C. (dir.), 1992, Du milieu à lenvironnement. Pratiques et représentations du rapport homme/nature depuis la Renaissance. Paris : Economica, p.128-129.
DP2, p.1991.
DP2, p.1993.
DP2, p.1993.
DP2, p.1994.
DP2, p.1994.
CHEVALIER, J.-P., 2000, « Modélisation de lévolution du mode descriptif et de ses thématiques en géographie: les descriptions des villes situées entre Rhin et Neva dans les Géographies Universelles (1842-1996) », Hommes et terres du Nord , Villeneuve dAscq : USTL, n°3, p. 127-137.
G. Meissas, article États-Unis, DP2, p. 716-728.
D. Aïtoff, géographe. Auteur de larticle Russie (NDP, 1911). A publié, en 1898, Premier recensement de la population de lEmpire russe et en 1901 : Résultats Annales de Géographie scientifiques des exploration de M. Sven Hedin en Asie Centrale 1894-1897 et Peuples et langues de la Russie en 1901 chez Armand Colin.
Ferdinand Buisson, NDP, p.13
MALTE-BRUN, C., 1810, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau. Tome premier, Histoire et théorie générale de la géographie. Paris : Bureau des publications illustrées. Repris p. 12 dans la cinquième édition en 1845.
CHEVALIER, J.-P., MENDIBIL, D., 1999, « Vingt villes d'Europe centrale dans quatre géographies universelles », Mappemonde, n°4, Belin, p.24-30.
CHEVALIER, J.-P., MENDIBIL, D., 1999, « Des graphes pour étudier les textes de géographes », l'Information Géographique. Paris : Sedes, n°5, p. 232-236.
CHEVALIER, J.-P., 2000, op. cit.
Nous dirions aujourdhui géographie régionale pour géographie spéciale.
Conrad. Malte-Brun, op. cit., t.1., p. 13.
BALBI, A., 1840, Abrégé de géographie, p. viii-ix.
La géographie dite « spéciale » se distingue alors de la géographie générale.
cf. chapitre 1.
Jean-Pierre Chevalier, 2000, op. cit.
Articulations du texte soulignées par des intertitres en caractères gras ou des puces typographiques.
Cf. chapitre 1.
BenoIt, M., 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, thèse, Université Paris-1, 3 volumes. 203p., 239p., 258p., op. cit., vol. 2, p.164.
ibidem.
MOLLIER, J.-Y., 1993, « Le manuel scolaire et la bibliothèque du peuple », Romantisme, n°80, II, p. 79-94.
FONCIN, P., 1886, La Première année de géographie, édition refondue (81è), 2ème de couverture.
BROC, N., 1990, « Deux géographes révolutionnaires : Philippe Buache et Jean Nicolas Buache de la Neuville », Cartes, cartographes et géographes, Actes du 114ème congrès national des sociétés savantes. Paris 1989. Paris : éditions du CTHS, p.12.
CHEVALIER J.-P., 2001, « La région, un cas de figure de la géographie scolaire », Enseigner la région. Pierre Boutan, Philippe Martel, Georges Roques (dir.). LHarmattan, collection Logiques politiques. 362p. p.165-172.
Frère P. B., 1853, Abrégé de géographie commerciale et historique contenant la division de la France par bassins, un tableau synoptique pour chaque province, des notions historiques sur les états du globe suivi Des murs et des usages des principaux peuples et dun Précis de cosmographie selon le système de Copernic., (28ème édition). Tours : Alfred Mame et Cie ; Paris : Veuve Poussielgue-Rusand.
Voir carte en couleur p.176.
MALTE-BRUN, K., 1810-1829, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau. Tome II : Description de la France. Paris : Bureau des publications illustrées, Cinquième édition revue par HUOT, J.-J.-N.,1845. p.119.
Ce genre de découpage est dénoncé par Paul Dupuy : « Tout, en somme, se ramène à la France et pour la France, le gros du travail consiste à faire entrer les départements dans les bassins. On arrive dans ce sens à des résultats surprenants : il est classique de mettre les Côtes-du-Nord dans le bassin de la Seine, à titre de fleuves côtier. LIlle-et-Vilaine par contre, où se trouve presque tout le cours de la Rance, est, à cause de la Vilaine, attribué à la Loire. Ainsi le bassin de la Loire souvre une petite fenêtre sur la Manche, entre Saint-Malo et le mont Saint-Michel, tandis que les Côtes-du-Nord savancent en éclaireur du bassin de la Seine. »
En 1889 Paul Dupuy collabore à la Troisième année de géographie de P. Foncin
DUPUY, P., 1889, « La géographie dans lenseignement primaire », Revue de géographie, p. 289.
RECLUS, É., 1877, Nouvelle géographie universelle, La Terre et les hommes, t. II La France, Hachette, 962p.
Voir carte en couleur page 176.
Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1880, p.72 à 75.
Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1880, p 64 à 70.
« Plaine de la Loire » au singulier dans la nouvelle édition de 1920 pour le cours préparatoire.
« Plaine du Nord » au singulier dans la Nouvelle édition de 1920 pour le cours préparatoire.
« Plateau Lorrain et Vosges » en 1920.
« Bas-Rhin, Haut-Rhin » en 1920
« Plaine du Sud-ouest » au singulier dans la nouvelle édition de 1920 pour le cours préparatoire.
Pierre Foncin, 1880, La Première année de géographie, p.63.
En italiques : toponymes écrits sur la carte.
Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1880, p.66.
Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1880, p.70.
Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1896, p.11.
N.B. Les programmes de 1874 pour lenseignement secondaire classique inscrivent « Bassins, fleuves et rivières » dans le libellé du programme de la classe de Rhétorique. Ces mots ne sont plus repris dans le programme du 2 août 1880, ni dans les programmes du 28 juillet 1882 pour la troisième année de lenseignement secondaire de jeunes filles ni dans ceux pour la troisième année de lenseignement spécial.
Entre autres sur son manuel de 1880 : cartes p. 61, 65 et texte p.62.
En 2e de couverture, de lédition de 1885 à celle de 1910.
Carte 4 : Les départements regroupés par régions naturelles dans la Première année de Géographie de Pierre Foncin après 1885.
VIDAL DE LA BLACHE, P. (signé VIDAL-LABLACHE), 1888, « Des divisions fondamentales du sol français », Bulletin littéraire, Journal de lEnseignement secondaire spécial, de lEnseignement secondaire de Jeunes Filles, de lEnseignement des langues vivantes, de lEnseignement primaire supérieur. Paris : Armand Colin, n°1, p.1-7, n°2, p.49-57.
Op.cit. p.57.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1903, Tableau de la géographie de la France. Paris : Hachette. 395p. (rééditions : 1969, Paris : Taillandier, 1995, Paris : La Table Ronde).
VIDAL DE LA BLACHE, 1888, op. cit.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1917, « P. Foncin », Annales de géographie, XXXVI, p.68.
ibidem.
LOI, D., 2000, « Découpage du sujet et valorisation des lieux : lespace du tableau de la géographie de la France », Le Tableau de la géographie de la France de Paul Vidal de La Blache. Dans le labyrinthe des formes, M.- C. Robic (dir.) Paris : CTHS, p.33-57.
BALLEY, C., 1972, « Lenseignement de la géographie à travers lactivité des congrès », La géographie à travers un siècle de congrès internationaux, Geography through a century of international congresses. Paris : Union Géographique internationale. International Geographical Union, p.163-164.
Quatrième congrès international des sciences géographiques, tenu à Paris en 1889 : tome 1, compte rendu, Paris, 1890, 787p., 2 cartes ; t 2, 1891, 442p.
Horacio Capel, op. cit.,, Catherine Rhein, op. cit., , Numa Broc op. cit.
DEFODON, C., 1868, Promenade à lExposition de 1867. Paris : Hachette.
Ferdinand Buisson. Nommé inspecteur primaire de la Seine le 6 décembre 1872 par le ministre Jules Simon, il est rapidement retiré de sa circonscription suite à une campagne de Mgr Dupanloup qui lui reproche les propos quil avait tenu sur la Bible lors de son exil en Suisse de 1866 à 1870. Il conserve son traitement et est chargé de cette mission à létranger le 20 décembre 1872.
BUISSON, F., 1875, LInstruction primaire à Vienne, chapitre 4, La méthode inductive.
ibidem, p.110.
ibidem. p.111.
E. Levasseur, 1880, article Commerce, Dictionnaire
de F. Buisson, 1ère partie, p.452-462.
E. Levasseur, 1880, article Commerce, Dictionnaire
de F. Buisson, 1ère partie, p.452-462.
Cf aussi Catherine Rhein, op. cit.
BUISSON, F., Article Géographie (suite), 1882, Dictionnaire
,, 2eme partie, p.858-864.
Programme de Belgique, Troisième degré, cité à larticle Géographie, DP1, Dictionnaire de F. Buisson.
Cité par DUPUY, P., 1889, « La géographie dans lenseignement primaire », Revue de géographie, p.290.
ibidem, p. 210.
LEVASSEUR, E, 1878, Lenseignement de la géographie dans lécole primaire. Conférences faites à la Sorbonne aux instituteurs délégués à lexposition universelle de 1878. (1ère édition). Delagrave, 50p.
Paul Dupuy, op. cit, p.210.
ibdem p.216.
« Il y a là-dessus, dans larticle de M. Schrader que jai déjà cité, un long passage dune vérité absolue , et en particulier un fragment dune lettre dÉlisée Reclus sur la passion, du gigantesque, que tous les instituteurs devraient connaître » ibidem, p.216.
ibidem, p.219.
op. cit. .p.50-51.
AUERBACH, S., 1882, article Herder, Dictionnaire
, 1ère partie, p.1256-1258.
« Réale » au sens de « concret », même idée que celle de leçons de « choses ».
HERDER, J.-G., 1769, Ideal einer Schule ( cité par Auerbach).
S. Auerbach, ibidem, p.1257.
S. Auerbach, ibidem, p.1258.
CHAUMEIL, J., 1885, article Promenades, Dictionnaire
, 1ère partie, p.2457-2458.
Cet article nest pas republié en 1911 dans le Nouveau Dictionnaire de Pédagogie.
ibidem, p.2458.
DURAND, H., 1886, article Voyages scolaires, Dictionnaire
, 1ère partie, p.2985-2986.
ibidem. p.2985.
ibidem. p.2985.
ibidem. p.2986.
Hippolyte Durand, auteur de larticle de 1888 est né en 1833
Maurice Pellisson, auteur de larticle de 1911 est né en 1850, il décède en 1915. cf Dubois, 2002, op. cit.
PELLISSON, M., 1911, Nouveau Dictionnaire de pédagogie, p.2061.
. Paul Dupuy, 1889, op. cit;, 211.
Paul Dupuy, 1889, op. cit., p.291
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1905, « La conception actuelle de lenseignement de la géographie. », Conférences du Musée pédagogique, Géographie, Discussion, Lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Paris : Bibliothèque nationale, p.116.
DUPUY, P., 1905, « Les procédés et le matériel de lenseignement géographique », Annales de géographie, p. 222-233. Conférence du Musée pédagogique, Lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Paris : Bibliothèque nationale, p. 156.
Ibidem, p.158.
Franz Schrader, 1882, article Géographie, Dictionnaire
, 1ère partie, p.1154. Cette citation nest pas reprise en 1911 dans larticle du Nouveau Dictionnaire.
Ibidem, p.1156., repris dans le Nouveau Dictionnaire, 720..
RECLUS, É., 1869, Histoire dun ruisseau .Paris : Hetzel, 1881, Version illustrée par Benett, réédition 1995, Paris : éditions Actes Sud, préface de Joël Cornuault, 216p.
RECLUS, É., 1880, Histoire dune montagne, gravures de Benett. Paris : Hetzel. réédition 1998, Paris : éditions Actes Sud, préface de Joël Cornuault, 229p.
Paul Dupuy, 1889, op. cit., p.293.
BUISSON, F., 1878, (avec BERGER, LAPORTE, OLAGNIER, VALENS ET RAUBERT), Rapport sur linstruction primaire à lExposition de Philadelphie de 1876. Paris : imprimerie nationale. 688p.
ibidem, p.291.
ibidem, p.295.
reproduites par Monique Benoît, op. cit ,t.2, p.169.
ibidem, p.178.
ibidem,, p.139-202.
ibidem, p.95-102.
Cf. chapitre 2 : tableaux 5 et 6.
GRESSE, A., 1882, article Imagerie scolaire, Dictionnaire... 1ère partie, p.1320-1322.
BIGOT, C., 1881, Rapport au ministre, 11 avril, cité in Dictionnaire
de F. Buisson, 1ère partie, p.1321-1322.
Cf. chapitre 2 : 5. La carte et les images. Les figurés et la figuration.
Kuhn, opus citus, 1970, 1983.
Cf chapitre 3.
GIBLIN, B., 1976, « Élisée Reclus : géographie et anarchisme », Hérodote, n°2, p.30-49.
James Guillaume, né en 1844, actif militant socialiste en Suisse, il participe aux activités de Première Internationale. Il rencontre Buisson à Neuchâtel en 1868. Il est le secrétaire de rédaction du Dictionnaire de pédagogie et le principal collaborateur de Ferdinand Buisson. Il travaille ensuite avec Joanne à la rédaction du Dictionnaire géographique et administratif de la France. Soccupe aussi des publications du Club alpin français. Décédé en 1916.
Buisson, Rapport sur linstruction primaire à loccasion de lexposition universelle de Vienne en 1873. Chapitre IV : Méthode intuitive.
Paul Dupuy, 1889, op. cit., p.218.
Monique Benoît, 1992, op. cit. ,p.202-208.
Edition de 1889.
Foncin, 1910, Bibliographie géographique, n°313, cité par Paul Vidal de la Blache., 1917, « P. Foncin », Annales de géographie, XXXVI, p.67-70.
SCHRADER, F., article Géographie, 1882, Dictionnaire
de F. Buisson, 1ère partie, p.1151-1160.
Ibidem p.1155.
DP1 p.1157 ; NDP p.722.
LEVASSEUR, É., 1895, La géographie dans les écoles et à luniversité, p.29.
Franz Schrader, 1882, DP1 p.1159 ; NDP p.723.
ibidem, Partie entre crochets non reproduite dans larticle du Nouveau dictionnaire de pédagogie en 1911.
ibidem, DP1, p.1154, NDP, p.719
ibidem DP1, p.1156, NDP, p.720.
ibidem, NDP p.721-722.
BUISSON, F., 1882, Article Géographie (suite), Dictionnaire
, 2eme partie, p.858-864. Cette présentation éditoriale de lorganisation de la section géographie du Dictionnaire fait suite à larticle rédigé par Foncin (p.855-858). Article non republié dans le Nouveau Dictionnaire en 1911.
Ce programme restera inchangé jusquen 1923.
SCHRADER, F., LEMONNIER, H., avec la collaboration de DUBOIS, M., 1890, Éléments de géographie, Cours élémentaire. Cours complet denseignement primaire. (Quatrième édition refondue). Paris : Hachette. 63p.
SCHRADER, F., GALLOUÉDEC, L., 1899, Petit Cours de Géographie avec 57 gravures et 47 cartes ou figures. Deuxième édition augmentée de la Géographie économique de la France et de ses Colonies, classe de Première, Hachette. 375p.
SCHRADER, F., GALLOUÉDEC, L., 1900, Petit Cours de Géographie avec 112 gravures, cartes ou figures. Deuxième édition augmentée de la Géographie économique de la France et de ses Colonies, classe de Première, Hachette. 416p.
LEMONNIER, H., SCHRADER F., DUBOIS M., GALLOUÉDEC, L., 1903, Premiers éléments de Géographie, Cours élémentaire, Nouvelle édition, Hachette.
POIROT-DELPECH, B., « Appel à la désobéissance », Le Monde, 6 février 2002, p.18.
LEVASSEUR, É., HIMLY, A., 1871, op. cit., p.43.
Catherine Rhein, op. cit.
ROBIC, M.-C., à (paraître), « La diffusion dans lenseignement français (fin du XIXe, début du XXe). Force du mouvement et variété des projets. » Gand : Paedagogica historica..
Il sagit probablement des « cartes » 1 et 1bis de Vidal Lablache présentant des paysages types : Termes de géographie : région tempérée, région tropicale, paysage polaire et port de mer. Voir illustration dans Monique Benoît, 1992, op. cit., vol.2, p.169.
BONHEUR, G., 1963, Qui a cassé le vase de Soissons ?, Paris : Robert Laffont. Edition Folio, 1976, p.27.
ibidem, p.27.
ibidem, p.149.
ibidem, p.156.
ibidem, p.158.
KUHN, T., S., 1963, The structure of scientific revolutions. Chicago, London : University of Chicago Press, XVI-172p. ,1972, La structure des révolutions scientifiques. Paris : Flammarion, 251p.
BRUTER, A., 2002, « les paradigmes pédagogiques, hier et aujourdhui », Perspectives documentaires en éducation, Paris : INRP, n°53-2001, p. 39-44.
ROBIC, M.-C., 1991, « La stratégie épistémologique du mixte : le dossier vidalien », Espaces Temps, n°47-48 (La fabrique des sciences sociales. Lecture dune écriture), p.53-66.
OZOUF, R., 1937, Vade-mecum pour lenseignement de la géographie, Paris : Nathan, 128p
Chapitre 7.
Chapitre 8.
DEMANGEON, A., 1901, « La géographie d'un village », Le Volume, 28 septembre 1901, n°52.
DEMANGEON, A., 1937, « Du rôle de la géographie dans lenseignement », Lenseignement de la géographie, Paris : Bourrelier, (réédité en 1939), 114p.
Voir en particulier les recherches de Denis Wolf sur Albert Demangeon (thèse en cours délaboration).
Cest Vichy qui, en supprimant les écoles normales, permet, paradoxalement, aux futurs instituteurs daccéder au baccalauréat, premier diplôme universitaire.
CHEVALIER, J.-P., 1997, « La géographie scolaire : un des quatre pôles géographiques ? », Cybergéo.
LEVASSEUR, E, 1874, « La géographie à lexposition universelle de Vienne en 1873 », Bulletin de la Société de géographie. Paris janvier 1874. 48p.
BUISSON, F., 1875, Rapport sur linstruction primaire à loccasion de lexposition universelle de Vienne en 1873. Paris : Imprimerie nationale. 352p. « La géographie », p.185-208 ; « la méthode intuitive », p.109-122.
LEVASSEUR, E, 1875, « Exposition universelle de Vienne en 1873. Section française. Rapport sur la géographie », extrait du Paris : Imprimerie Nationale. 48p.
BUISSON, F., 1877, Cahiers décoliers américains recueillis à lExposition universelle de Philadelphie de 1876. Traduits par A. Legrand. (1ère édition). Hachette, 508p.
BUISSON, F., BAGNEUX, BERGER, BROUARD, E., DEFODON, C., 1879, Devoirs décoliers français recueillis à lexposition universelle de Paris. Hachette, 421 p.
LEVASSEUR, É, 1895, « La géographie dans les écoles et à luniversité », Report of the Sixth International Geographical Congress, London, Delagrave, p.27-71.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1890, « Groupe V, Géographie pédagogique, Procès verbal », IVe Congrès international des sciences géographiques à Paris 1889, t.1 compte-rendu publié par le secrétariat général du congrès. Paris : Bibliothèque des Annales économiques, 716p., p.525-531.
Pierre Camena dAlmeida, 1865-1943, élève de Vidal de La Blache à lENS, professeur agrégé en1886. Il est en 1889 asssistant de géographie à luniversité de Caen. Il est considéré comme un des fondateurs de lécole moderne de géographie française, ses recherches portent plus particulièrement sur lEurope orientale et la Russie. Voir biographie rédigée par Louis Papy dans Geographers, 1983, vol 7.
Participants aux séances du 7, 8, 9 et 10 août 1889 : Bourgois, Barbier, Cons, Drapeyron, Dupuy, du Fief (Belgique), Hennequin, Faure, Gallois, Gochet (frère Alexis) (Belgique), Lapasset, Laubert (Allemagne), Muret, Pfeiffer, Torre Campos (Espagne), Towne (USA), Vidal de La Blache.
DUPUY, P., 1889, « La géographie dans lenseignement primaire », Revue de géographie, p. 207-220 et p.289-302.
FONCIN, P., 1889 , La Troisième année de géographie, 4ème édition. Préface.
DEMANGEON, A., 1901, « une étude de ville : Paris », n°23 et « La géographie d'un village », Le Volume, 28 septembre, n°52 Paris : Bourrelier.
Information communiquée par Denis Wolff prépare qui prépare une thèse sur Albert Demangeon.
Paul-Marie Dupuy, (1856-1948), entre comme élève à lENS de la rue dUlm en 1876 où il fit toute sa carrière, excepté un an de professorat à Bayonne. Paul Dupuy enseigne aussi au collège Sévigné et surtout à lÉcole normale primaire supérieure de Fontenay-aux-Roses. Il prend sa retraite en 1925.
Daprès MAUBLANC, R., 1949, « Paul Dupuy », La Pensée, n°19, p.4-8.
Sur les rapports histoire- géographie : ROBIC, M.-C., 1998, « Le fardeau du professeur », EspacesTemps, n°68-69-70, p.158-170.
Sur lorigine sociale des anciens élèves de lENS de Saint-Cloud : TISSIER, J.-L., 1985, « Les anciens élèves de lEcole Normale Supérieure de Saint-Cloud et la géographie française (1942-1973) », Le personnel de lenseignement supérieur en France au XIXe et XXe siècles ; Institut dhistoire moderne et contemporaine, CNRS. p.205-208.
LUC, J.-N., BARBE, A., 1982, Des normaliens. Histoire de lEcole normale supérieure de Saint-Cloud, Paris : Presses de la Fondation nationale des sciences politiques.
CHEVALIER, J.-P., 1997, « La géographie scolaire : un des quatre pôles géographiques ? », Cybergéo.
LEFORT, I., 1992, La lettre et lesprit, Géographie savante - Géographie scolaire en France. Mémoires et documents de géographie. Paris : CNRS. 257p.
Larges extraits publiés par SANGUIN, A.L., 1993, Un génie de la géographie, Vidal de La Blache, chapitre XV, p.259-274.
Conférences du Musée pédagogique, 1905, Géographie, Discussion, Lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Paris : Belin, p. 171-211.
Les conférences (sans les débats consécutifs) sont aussi publiées dans les Annales de géographie.
GALLOIS, L., « Les programmes de lenseignement géographique dans les lycées et les collèges et leur application », Conférences du Musée pédagogique, Lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Paris : Bibliothèque nationale, 1905, p.135-153.
Lucien Gallois, op. cit., p. 137-138
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1883, La Terre. Géographie physique et économique. Histoire sommaire des découvertes. Paris : Delagrave, 204p.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1889, États et Nations de lEurope. Autour de la France. Paris : Delagrave, XII-204p.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1907, Manuel Général, 19 octobre.
Le « Manuel Général ou Journal de lInstruction primaire, destiné à guider les instituteurs dans le choix des méthodes et à répandre dans toutes les communes de France les meilleurs procédés déducation », créé à linitiative de Guizot en 1833, cest une publication officieuse du Ministère, sa publication par Hachette est continue jusquen 1940 ; elle vise comme public les instituteurs.
Cf. chapitre 5.
ROBIC, M.-C., 1993, « Linvention de la géographie humaine au tournant des années 1900 ; les vidaliens et lécologie », in Autour de Vidal de La Blache. La formation de lécole géographique française, Paul Claval (dir), p. 137-147.
Lucien Gallois, op. cit., p.141
Voir par exemple son plan pour une « École nationale de géographie qui unira dans une sorte de concert les sciences naturelles et les sciences humaines. », Revue de Géographie, mai 1884, p.352.
Paul Vidal de La Blache, 1905, op. cit., p. 134.
Lucien Gallois, op. cit., p. 145
JOUMAS, G., 2001, « Louis Gallouédec (1864-1937) : un vulgarisateur de la géographie engagé en politique », Géographes en pratiques (1870-1945), Le terrain le libre et la cité, (G. Baudelle, M.-V. Ozouf-Marignier, M.-C. Robic dir.), Presses Universitaires de Rennes, p. 117-122.
GALLOUÉDEC, L., 1905, « in Discussion » Conférences du Musée pédagogique, Lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Paris : Bibliothèque nationale, p. 173.
DUPUY, P., 1905, op. cit.
Ibidem, p.177-178.
DUPUY, P., 1889, op. cit.
GALLOIS, L., 1905, « Les programmes de lenseignement géographique dans les lycées et les collèges et leur application », Conférence du Musée pédagogique, Lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Paris : Bibliothèque nationale, p. 135-153, p.142.
Dans le cadre de cette conférence, il sagit des classes préparatoires et élémentaires des « petits lycées », mais ces propos de Dupuy, qui enseigne aussi à lÉcole Normale Supérieure Primaire, concernent certainement les classes élémentaires de lenseignement primaire. Lors de la discussion qui le 16 mars 1905 suit le cycle de conférences, il fait part de son expérience personnelle dans la classe de sa fille qui a alors 6 ans et qui est scolarisée au Collège Sévigné. (NB, il ny a que 12 fillettes dans cette classe). Conférence du Musée pédagogique, Lenseignement des sciences naturelles et de la géographie. Paris : Bibliothèque nationale, p. 176-177.
Ibidem..
DARROCH, A., 1906, « The teaching of geography », The Scottish Geographical Magazine, vol. XXII, septembre, n°9, p.484-490.
Paul Vidal de La Blache, 1905, op. cit., p.134.
DEMANGEON, A., 1953, in La géographie, Cahiers de pédagogie moderne, Paris : Bourrelier, p.6.
SORRE, M., 1953, ibidem, p.4.
FONCIN, P., 1886, La Première année de géographie, 81ème édition. Paris : A. Colin, 48p.
FONCIN, P., 1896, La Première année de géographie. Paris : A. Colin, 48p.
FONCIN, P., 1899, La Première année de géographie, Cours moyen, 168eme édition. Paris : A. Colin, 48p.
VIDAL DE LA BLACHE, P. (signé VIDAL-LABLACHE), 1888, « Des divisions fondamentales du sol français », Bulletin littéraire, Journal de lEnseignement secondaire spécial, de lEnseignement secondaire de Jeunes Filles, de lEnseignement des langues vivantes, de lEnseignement primaire supérieur. Paris : Armand Colin, n°1, p.1-7, n°2, p.49-57.
Cf. chapitre 4.
VIDAL DE LA BLACHE, P., 1903, Tableau de la géographie de la France. Paris : Hachette. 395p. (rééditions : 1969, Paris : Taillandier, 1995, Paris : La Table Ronde).
FONCIN, P., 1910, La Première année de géographie, édition nouvelle. 182eme édition. Paris : A. Colin, 53p.
LOI, D., 2000, « Découpage du sujet et valorisation des lieux : lespace du tableau de la géographie de la France », Le Tableau de la géographie de la France de Paul Vidal de La Blache. Dans le labyrinthe des formes, M.- C. Robic (dir.) Paris : CTHS, p.33-57.
LOI, D., 2000, « Découpage du sujet et valorisation des lieux : lespace du tableau de la géographie de la France », Le Tableau de la géographie de la France de Paul Vidal de La Blache. Dans le labyrinthe des formes, M.- C. Robic (dir.) Paris : CTHS, p.33-57.
Des divisions fondamentales du sol français, op. cit.
OZOUF-MARIGNIER, M.-V., ROBIC, M.-C., 1995, « La France au seuil des temps nouveaux. Paul Vidal de la Blache et la régionalisation » , LInformation géographique, n°59, p.46-56.
OZOUF-MARIGNIER, M.-V., 2000, « Le Tableau et la division régionale : de la tradition à la modernité ». Le tableau géographique de la France de Paul Vidal de la Blache. Dans le labyrinthe des formes. ROBIC, M.-C. (dir.), Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques. p.151-181.
BENOIT, M., op.cit.
« Pourquoi la division de la France en bassins doit être proscrite de lenseignement » (avis des éditeurs pour la nouvelle édition de 1896)
MINISTERE, 1923, Arrêté du 23 février 1923, modifiant les horaires des écoles primaires élémentaires. Bulletin Administratif, reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p.76-77.
MINISTERE, 1923, Instructions du 20 juin 1923, relatives au nouveau plan détudes des écoles primaires élémentaires (Le Ministre de lInstruction publique et des Beaux-Arts, Léon Bérard), Bulletin Administratif, reproduit par Monique Benoît, 1992, L'enseignement de la géographie à l'école primaire 1867-1991, volume des annexes : corpus des textes officiels, p.78-91.
Instructions du 20 juin 1923, relatives au nouveau plan détudes des écoles primaires élémentaires.
Instructions du 20 juin 1923.
Ibidem.
Arrêté du 24 février 1923.
Chapitre 8.
Instructions du 20 juin 1923.
OZOUF, R., 1937, Vade-mecum pour lenseignement de la géographie, Paris : Nathan, 128p.
SORRE, M., (dir.), 1938, « L'enseignement de la Géographie » (Introduction), Cahiers de Pédagogie Moderne pour l'Enseignement du premier degré, Paris, Bourrelier. Réédition du texte en 1953.
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GALLOUÉDEC, L., MAURETTE, F., OZOUF, M., OZOUF, R., 1935, Géographie générale, Première année, Géographie physique, (collection à lusage des écoles normales et des candidats au brevet supérieur). Hachette, 579p.
GALLOUÉDEC, L., MAURETTE, F., OZOUF, M., OZOUF, R., 1935, Géographie générale, Deuxième année, Géographie humaine. (collection à lusage des écoles normales et des candidats au brevet supérieur). Hachette, 736p.
« Roches éclatées du Brévent », « Calcaires ruiniformes de Nîmes le vieux », « Plis calcaires redressés, cluse de Sisteron », « Le plateau dAubrac », « Le plateau de Castille », « Glaciers du Mont Rose, près de Zermatt (Suisse) », « Langue de la Mer de Glace, lété », « Lapiès à Majorque », « Blocs de granite perchés (Haute Lozère) », « Bassin de réception de torrent : le cirque des Fonts (Haute-Savoie) », « Sotch sur le Causse de Sauveterre », « La vallée du Tarn à Saint-Chély (Lozère) », « La perte de la Valserine au pont des Oules, près de Bellegarde (Ain) », « Travaux de reboisement dans la vallée du Lot à Mende ».
L. Gallouédec, F. Maurette, M. Ozouf, R. Ozouf, 1935, op. cit. p.177.
Ibidem, Géographie physique p.228.
Géographie physique p.232.
Citons : cours élémentaire en 1936, CM1 en 1938, certificat de fin détudes primaires en 1943, cours moyens en 1948
OZOUF, R., OZOUF, M., 1937, Cahiers de Cartographie. 1. Mon premier cahier (initiation à la cartographie). Nathan, 32p.
OZOUF, R., OZOUF, M., 1937, Cahiers de Cartographie. 2. La France en croquis. Nathan, 32p.
OZOUF, R., OZOUF, M., 1937, Cahiers de Cartographie 3. Les Grandes puissances du Monde. Nathan, 32p.
OZOUF, R., OZOUF, M., 1936, Lectures Géographiques, tome 1 La France métropolitaine, 1ère partie Le cadre physique et lactivité humaine. Nathan. 2 vol., 431p., 420p.
OZOUF, R., OZOUF, M, 1938, Lectures Géographiques, tome 2. La France dOutre-Mer. Préface de G. Hardy, Nathan. 2 vol., 352p., 398p.
« Belles histoires de France », puis « Images dhistoire » pour les cours élémentaires ; « Histoire de France », puis « Notre livre dhistoire» pour les cours moyens ; Histoire documentaire de lAntiquité à nos jours pour les écoliers préparant le CEP.
R. Ozouf, 1937, op. cit., p.4.
DEMANGEON, A., 1901, « La géographie d'un village », Le Volume, 28 septembre, n°52.
DEMANGEON, A., 1938, « L'habitation rurale et la structure agraire en France », L'École Libératrice, Organe hebdomadaire du Syndicat national des Institutrices et Instituteurs Publics de France et des Colonies, 3 décembre 1938, n°10.
R. Ozouf, 1937, op. cit., p13. La date de cette Conférence Pédagogique de lUniversité de Paris et les références bibliographiques ne sont pas indiquées. Est-ce larticle publié dans le Manuel général, 19 octobre 1907.
Ibidem, p.38-39.
Chapitre 5.
La « réalité intégrale » de Max Sorre fait penser à « la vie intégrale » de Franz Schrader dans larticle Géographie de 1911 du Nouveau Dictionnaire
de Ferdinand Buisson.
Sorre, M., 1934, « Lenseignement de la Géographie ». LEnseignement public, décembre 1933 et janvier 1934. p. 313-323 ; p. 24-39. Cité par René Ozouf, Vade-Mecum, p.26.
Ibidem, article « Limagerie géographique », p.59-71.
Ibidem, articles « Cartes », p.71-96.
Chapitre 5.
Paul Dupuy, 1905, op. cit., p.160, p.161.
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Max Sorre, 1933-1934. Cité par René Ozouf, Vade-Mecum, p.60.
R. Ozouf, ibidem, p.63-64.
Ibidem, p.68.
Ibidem, p.69-70
Ibidem,p.41-58.
Ibidem, p.59-99 ».
Ibidem, p.70.
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cité par René Ozouf, 1937, p.61.
ibidem, p.66-69.
WALLET, J., 1998, « Lemploi du cinéma en histoire-géographie
dans un rapport de 1920 », Historiens et géographes, n°362, p. 63-66.
Ibidem, p.64-66
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ZAY, J., 1937, Circulaire du 10 août 1937 sur les loisirs dirigés, (Jean Zay). LInformation Universitaire.
Chapitre 2.
Voir ci-dessous.
René Ozouf, 1937, op. cit., p.123-126.
Ecrit ainsi dans le texte.
TISSIER, J.-L., « Rendez-vous à Uriage (1940-1942). La fonction du terrain au temps de la Révolution nationale », Géographes en pratiques (1870-1945), Le terrain le libre et la cité, G. Baudelle, M.-V. Ozouf-Marignier, M.-C. Robic (dir.), Presses Universitaires de Rennes, p. 342-351.
Mlle Vannereau, institutrice, Villeneuve-la-Guyard, Yonne.
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, n°25, 25 mars, p.661-662.
Chapitre 7
René Ozouf, 1937, op. cit., p. 55-57.
On consultera : Géographie physique et Géographie humaine par Gallouédec, Maurette et Ozouf, Hachette éditeur ; 2 gros volumes abondamment illustrés de croquis, de graphiques et de photographies. (note de R. Ozouf).
Introduction à la Géographie des Ardennes, par Mlle Maucourant, citée de R. Ozouf, 1937,op. cit., p.56.
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Chapitres 5 et 6.
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Chapitre 6.
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Ibidem.
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Michel Simondin qui est aussi un des coauteurs avec Louis Porcher, Pierre Ferran et Roland Mousset de « Pour comprendre et pratiquer les activités d'éveil », A. Colin, 1971.
R. Ozouf, 1937, Vade-Mecum pour lenseignement de la Géographie, Nathan, p.58.
Cf. supra chapitre 6 : 3. Les références savantes de René Ozouf (1937).
Pierre Taguel, ancien élève de lENS de Saint-Cloud, professeur à lécole normale de Versailles, il enseigne ensuite à lécole normale dAuteuil à Paris et est auteur de nombreuses brochures pédagogiques aux éditions Nathan (La Documentation par lImage).
CLOZIER, R., 1955, « La géographie : méthode et pédagogie (Suite) », Linformation géographique, 19è année, n°4. Paris : Baillières, p. 163-165.
CHEVALIER J-P, 2000, « Modélisation de lévolution du mode descriptif et de ses thématiques en géographie : les descriptions des villes situées entre Rhin et Neva dans les Géographies Universelles (1842-1996) », Hommes et terres du Nord , Villeneuve dAscq : USTL, n°3, p. 127-137.
Chapitre 4 :
OZOUF-MARIGNIER, M.-V., 2000, « Le Tableau et la division régionale : de la tradition à la modernité ». Le tableau géographique de la France de Paul Vidal de la Blache. Dans le labyrinthe des formes. ROBIC, M.-C. (dir.), Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques. p.151-181.
Chapitre 6
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DEMANGEON, A., 1937, « Géographie humaine », LÉcole Libératrice, 9e année, n°3, 16 octobre, p.72-73 (Réédition de larticle « La géographie humaine. Sa place dans les sciences sociales ; son objet, sa méthode », 1936, 1937.)
Renseignements sur Albert Demangeon aimablement fournis par Denis Wolff voir
WOLFF, D., 1998, « Une rupture consommée », EspacesTemps, Les Cahiers, n°66-67, p.93-107.
DEMANGEON, A., 1901, « Une étude de ville : Paris », Le Volume, 9 mars 1901, n°23.
« La géographie d'un village », Le Volume, 28 septembre 1901, n°52.
DEMANGEON, A., 1937, « Du rôle de la géographie dans lenseignement », Lenseignement de la géographie, Paris : Bourrelier, (réédité en 1939), 114p.
OZOUF, R., 1937, Vade-mecum pour lenseignement de la géographie, (préface dAlbert Demangeon), Paris : Nathan, 128p. (cf chapitre 6).
DEMANGEON, A., 1938, « L'habitation rurale et la structure agraire en France », L'École Libératrice, Organe hebdomadaire du Syndicat national des Institutrices et Instituteurs Publics de France et des Colonies, 3 décembre 1938, n°10.
DEMANGEON, A., 1937, « Les conditions de lhabitation rurale. Une enquête de géographie de lUniversité de Paris », LÉcole Libératrice, 8e année, n°18, 6 février, p.434-435 (Reprise du questionnaire de 1836 sur lhabitation rurale, cf. « Trois questionnaires et trois enquêtes de géographie humaine », Annales de géographie, 1936, tome XLV, n°257, 15 septembre, p.512-518).
DEMANGEON, A., 1937, « Une enquête sur les étrangers dans lagriculture française », LÉcole Libératrice, 8e année, n°22, 6 mars 1937, p.526. (cf. « Trois questionnaires et trois enquêtes de géographie humaine », Annales de géographie,1936, tome XLV, n°257, 15 septembre, p.512-518).
BEAUCOMONT, J., 1939, « Activités dirigées, Les principales activités praticables,
C. Géographie », L'École Libératrice, Organe hebdomadaire du Syndicat national des Institutrices et Instituteurs Publics de France et des Colonies, n°17, janvier, p. 344-345.
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Directeur de lécole dapplication de lécole normale de garçons.
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GACHON, L., SENèze, j -a , 1948, Premiers regards sur le monde. Géographie Cours élémentaire (Ecoles rurales). Paris : Société universitaire déditions et de librairie (SUDEL), 72p.
GACHON, L., SENèze, j -a , 1946, La France et la France dOutre-mer. Cours moyen et année du certificat détudes primaires. Classe de 7e des lycées et collèges. Programme de 1938. Paris : Société universitaire déditions et de librairie (SUDEL), 112p.
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Chapitre 1.
Par exemple : DITANDY, A., 1875, Géographie élémentaire du département de lAude. Carcassonne : François Pomiès, 212p., 1 carte.
JOANNE, A., 1884, Géographie du département de lArdèche. (3e édit.). Hachette, 62p, 1 carte.
Schrader, F., 1882, article "Géographie", Dictionnaire de Pédagogie et d'instruction primaire, première partie, Ferdinand Buisson (dir.), Paris : Hachette, p.1151-1160.
Programme ,1882, cours moyen, (cf annexe chapitre 3).
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TAGUEL, P., 1973, La région parisienne, cahier de travaux pratiques à lusage des classes de CM, transition, terminales pratiques. Nathan, 64p.
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Instructions du 5 mars 1942.
Chapitre 9.
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CHEVALIER J.-P., 2000, « Sédimentation et métamorphisme de la géographie à l'école élémentaire », Historiens et Géographes, n°369. Paris : APHG, p.209-218.
Par exemple : CHOMBART DE LAUWE, P., 1942, Pour comprendre la France, Paris : Les presses de lÎle-de-France. 92p.
TISSIER, J.-L., 2001, op. cit.
Par exemple : George, P., 1942, A la découverte du pays de France. La Nature et les Travaux des hommes. Paris : Bourrelier et Cie. 158p.
Sorre, M., (dir.), 1938, « L'enseignement de la Géographie » (Introduction), Cahiers de Pédagogie Moderne pour l'Enseignement du premier degré, Paris, Bourrelier.
SORRE, M., 1938, le progrès de lÉcole primaire », Manuel général de linstruction primaire, n°1, 30 septembre. Paris : Hachette, p.10-12.
INP : organisme qui a pris la suite du Musée Pédagogique et qui sera transformé pour donner aujourdhui lINRP.
Debesse, M.-L, DEBESSE, M., 1953, « Éducation géographique et étude du milieu », La Géographie, Cahiers de Pédagogie Moderne, Max Sorre (dir.), Paris, Bourrelier, p.25-33.
Ibidem p.27.
Ibidem p.29.
Sorre, M., (dir.), 1953, La Géographie : « Introduction » ; « Quelques tendances de lenseignement de la géographie dans le monde », Cahiers de Pédagogie Moderne, Paris, Bourrelier, p.3.
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Marie-Claire Robic, op.cit, à paraître dans Pædagogica historica.
Tableau 1. La composition sociale de la Société normande de géographie en 1901.
(Décompte fait par sondage des 100 premiers membres par ordre alphabétique, de la lettre A à la lettre D dans le Bulletin de la Société normande de géographie).
Négociants (armateurs, banquiers, courtiers, assureurs, officier de marine)24Magistrats (juges, avocats, avoués)15Médecins et chirurgiens13Hauts fonctionnaires, expert comptable, ingénieur10Industriels, manufacturiers, constructeurs, entrepreneurs T-P, chemisier7Notaires et architectes7Enseignants5Religieux3Militaires2Élus et diplomates2Imprimeurs et bibliothécaires1Les enseignants représentent environ 5 % des membres de cette société de géographie qui associe les animateurs de la vie économique et de la vie politique locale. Un recensement exhaustif des enseignants membres de cette société de géographie permet de décompter 1 enseignant du supérieur, 10 enseignants du secondaire, 2 Directeurs décoles primaires supérieures (Degruelle, Mlle, Directrice de lE.P.S. professionnelle, rue Beauvoisine, Delarue, Directeur honoraire de lE.P.S. à Grand-Couronne, Rousselin, Directeur de lE.P.S. à Yvetot) et 2 instituteurs adjoints (Bosson, Instituteur Adjoint à Bihorel-lès-Rouen, Mellier, Instituteur adjoint à Maronne).
Les deux écoles normales primaires de Seine-Maritime sont aussi abonnées au Bulletin.
Anne-Marie Thiesse, 1991, op. cit., p.275.
Pierre Deffontaines (1894-1978). « Luvre de Pierre Deffontaines, avant la guerre, est abondante et originale. Elle sinscrit dans la filiation intellectuelle de Jean Brunhes, distincte de lhéritage de Vidal de la Blache, attentive aux données ethnographiques et cultivant lhumanisme chrétien dans lapproche des phénomènes géographiques. » (Jean-Louis Tissier, 2001, op. cit. p.344.)
DEFFONTAINES, P., 1929, La valeur éducative de la Géographie, Bulletin de la Société de géographie de Lille (Lille, Roubaix, Tourcoing), t. 69, octobre - novembre - décembre, n°4, p.213-217.
Cette idée était, déjà présente XIXe siècle, nous lavons relevée chez Schrader en particulier, elle perdurera pendant longtemps. On pouvait lire encore ceci en 1970 :
« [
] Les régions du bassin parisien, les massifs des Préalpes du Nord, laltitude du mont Blanc, la densité de population de la Belgique et des Pays-Bas, les deltas de lAsie des moussons, le climat breton, longitude-latitude et fuseaux horaires, les noms des principaux bassins charbonniers de lU.R.S.S. et ceux des grands lacs américains, le textile du Nord (Lille-Roubaix-Tourcoing). Et les grands-parents de rappeler quautrefois il fallait savoir « ses » départements, avec leurs préfectures et sous-préfectures
Tout cela sert à quoi ?
Une discipline embêtante mais somme toute bonasse, car comme chacun sait, « en géo, il ny a rien à comprendre, mais il faut de la mémoire »
Yves Lacoste, 1976, La géographie, ça sert dabord à faire la guerre, (1ère page du texte) p.5.
Voir les travaux de Jean Brunhes pour les Archives de la Planète dAlbert Kahn.
Programmes annexes au règlement dorganisation pédagogique des écoles primaires publiques.
Instructions du 20 juin 1923.
Textes reproduits par Monique Benoît en annexe de sa thèse, opus citus. « Corpus des textes officiels » :
Circulaire du 10 août 1937 sur les loisirs dirigés (Jean Zay), p.93-97.
Arrêté du 23 mars 1938, fixant les programmes des écoles primaires, (Jean Zay), p.98-102.
Instructions du 20 septembre 1938, relatives à lapplication des arrêtés du 23 mars et du 11 juillet 1938, (Jean Zay), p.103-110.
Circulaire du 26 avril 1939 sur les activités dirigées, p.111-112.
Circulaire du 18 juillet 1945. Instructions en vue de la rentrée des classes 1945.
Arrêté du 17 octobre 1945, Nouveaux programmes et Horaire des écoles primaires.
Instructions du 7 décembre 1945, relatives aux programmes.
Note du 8août 1957. Instructions relatives à lenseignement de lhistoire et de la géographie dans les cours élémentaire, moyen et supérieur des écoles publiques.
En 1950-1951, la moitié seulement des garçons et des filles étaient encore scolarisés à 14 ans. (Histoire générale de lenseignement, tome IV, p.20.)
Selma Lagerlöf, 1905-1906, Le merveilleux voyage de Nils Hogersson. 2 vol.
P. Blanchard, 1819, Petit voyage autour du monde. 252p., fig. et cartes.
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Giordana Bruno, (Mme A. Fouillée dite), édition de 1877, Le tour de France par deux enfants ; Préface.
Le pseudonyme choisi en référence à Giordano Bruno est en lui-même un manifeste.
Le Beau Pays. Conversations sur les beautés naturelles. La géologie et la géographie physique dItalie.
Antonio Stoppani, 1883, Il Bel Paese, Préface : Agli Istitutori, 4ème édition p.XI-XII. «
Ainsi en Espagne, Nicolás Ortega Cantero a montré le rôle des excursions et de la découverte des paysages de la Sierra de Guadarrama, au nord de Madrid, dans le développement de lidentité nationale espagnole entre 1875 et 1936
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P. Foncin, La Première année de géographie éditions de 1886, 1896, 1899, 1910 p.29 ;
P. Foncin, La Première année de géographie éditions de 1886, 1896, 1899, p.29
P. Foncin, La Première année de géographie édition de 1910, p.29
Cité par Vidal de La Blache, 1917, « P. Foncin », Annales de géographie, XXXVI, p.67-70, p.69-71.
P. Foncin, La Deuxième année de géographie édition de 1880, 1916, p.82-83, p.90.
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H. Lemonnier, F. Schrader, M. Dubois, 1911, Premiers éléments de géographie. Cours élémentaire, p.41.
Chapitre 3.
Élisée Reclus, 1905, LHomme et la Terre. Extraits du Livre IV, chapitre 1.
René Ozouf, 1937, Vade-Mecum pour lenseignement de la géographie, p.11.
Ibidem p.17.
MAURETTE, F., 1933, « Conférence faite à lUniversité de Genève à loccasion de la Semaine de la Paix », Recueil Pédagogique de la Société des Nations, décembre 1933.F. Maurette, Extrait du Recueil Pédagogique de la Société des Nations, décembre 1933.
Max Sorre, 1953, La Géographie : « Introduction » ; Cahiers de Pédagogie Moderne. p.5.
Renée Val, Année 1930-1931, Carnet de préparation de classe, Cours Moyen 1ère année, école de garçons, 210 avenue de la République à Nanterre (archives privées).
Ibidem.
Le Carnet commence le 10 octobre par des exercices de correction de calcul. On ne sait pas avec cette source ce qui a été étudié dans les semaines qui précèdent.
Visiblement la leçon prévue pour le 20 octobre sur le Massif central na pas eu lieu.
Les questions dhistoire :1° Que savez-vous sur lÉdit de Nantes 2° Luvre de Richelieu 3° Quand et par quel traité avons-nous conquis lAlsace ?
Il sagit probablement de la correction de la composition du mardi précédent.
Rayé dans le manuscrit.
Le cahier est très peu renseigné pour la semaine du 23 février au 2 mars. Peut-être sagit-il de prévisions de leçons et non de leçons effectuées. À partir du 9 mars, lécriture est différente, probablement celle dun remplaçant.
Lécriture change à nouveau : deuxième remplaçant ?
Lécriture change pour la 4ème fois : troisième remplaçant ?
Il apparaît pour la première fois que le maître utilise un manuel scolaire de géographie.
À nouveau lécriture de ce que nous pensons être le deuxième remplaçant.
Rayé par lenseignant. Ceci était initialement prévu. Il a changé davis avant la séance ou a rectifié après celle-ci.
Toute la journée
Il semble que la composition de Vendredi 15 mai portait peut-être sur de lhistoire (et de la géographie ?)
sic.
Il sagit probablement dun renvoi au Manuel Général de lInstruction publique, Journal des Instituteurs et institutrices.
Gallouédec et Maurette, 1928, Cours complet de géographie. Brevet élémentaire. Paris : Hachette 222p., en usage à Paris.
Dôme et Besseige, 1930, Géographie illustrée. Cours moyen et cours supérieur. Paris et Strasbourg : Istra, 98p. (en usage à Suresnes).
Cf. chapitre 3.
Cf. chapitre 2.
Dôme et Besseige 1930, op. cit.
CHOLLEY, A., 1941, « La géographie et la jeunesse ». LInformation géographique, vol.3, p.56-58.
Jean-Louis Tissier, 2001, op. cit.
BESSE, J.-M., 2003, Face au monde. Atlas, jardins, géoramas. Desclée de Browner, 244p.
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Exemples de sujets posés aux certificat détudes primaires et faisant principalement appel à la mémoire :
Le cours de la Loire, affluents, villes traversées.
Énumérez autant que possible par ordre dimportance les objets et matières que nous exportons.
Liste des sujets posés entre 1932 et 1937 publiée par René Ozouf, 1938, op. cit., p.119-121.
FRANÇOIS, L. VILLIN, M., 1959, Géographie, cours élémentaire, nouvelle édition. Paris : Hachette, 128p. Les caractères en gras sont ainsi valorisés dans les livres.
FRANÇOIS, L. VILLIN, M., 1961, Géographie, cours moyen Première année. Paris : Hachette, 95p.
FRANÇOIS, L. VILLIN, M., 1961, Géographie, classes de transition. Paris : Hachette, 176p. (reprise de la préface de 1953).
LEIF, J., RUSTIN, G., Pédagogie spéciale, 1957, Paris : Delagrave. p.63-67 de lédition de 1965 du fascicule Histoire et géographie.
KAEPPELIN, P., vers 1920, Géographie. Cours moyen (Certificat détudes). La France et ses colonies. Les cinq parties du monde. Paris : Hatier. p.6 Cette édition date des lendemains de la première guerre mondiale, la couverture présente la carte de France davant 1914 et les pages à lintérieur de louvrage présentent la France et lEurope dans les frontières postérieures à 1918.
En 1938.
Chantal Balley, op. cit. , p.165.
Voir Pierre Deffontaines, 1927 (supra).
Monique Benoît, thèse, op. cit.
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cf. Introduction : Les savoirs scolaires dans le champ de la géographie : 1. Des modèles pour analyser la géographie à lécole
NIQUE, C., 1990, Comment lécole devint une affaire dEtat. Nathan, 288p.
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Ibidem, p.603-607.
Loi Haby, 11 juillet 1975, unifie les CEG et CES, supprime les filières dans les collèges, organise le passage automatique de lécole élémentaire au colège.
Anne Marie Chartier, enquête INRP, 2001.
MASSON, M., 1994, Vous avez dit géographies ? Didactique dune géographie plurielle. Paris : A. Colin, 190p.
Ibidem, p.35-54..
Un de mes fils a utilisé en classe de CM1 le livret « Porte ouverte sur la géographie » (éditions Hachette). En 1982, il a ainsi répondu à ces questions sur le Rhône (p. 21) : « Complétez. 1. Le Rhône a une longueur totale de
km. 2. Quelle est la longueur approximative du Rhône en France ?
km. 3. Dans quel pays prend-il sa source ?
. Où se jette-t-il ?
. 5. Sur son parcours, il traverse un lac, lequel ?
. Quy a-t-il entre les deux bras du Rhône dans le delta ?
. 7. Où commence le delta du Rhône ?
. 8. Où commence son cours inférieur ?
. Quel est le mois où le débit est le plus fort ?
. 10. Quel est le mois où le débit est le plus fort ?
. 11. Le débit le moins fort du Rhône est-il supérieur au débit le plus fort de la Seine ?
. 12. Le débit le plus fort du Rhône est-il supérieur au débit le plus fort de la Loire ?
. 13. Le débit le plus fort du Rhône est-il supérieur au débit le plus fort de la Garonne ?
. 14. Quels sont les affluents de la rive gauche ?
. Par quoi sont-ils alimentés ?
. 15. Quels sont les affluents méditerranéens ?
. 16. Le Rhône a-t-il un affluent calme et régulier ?
. Lequel ?
. 17. La photo correspond-elle au cours supérieur ou au cours moyen du Rhône ?
. 18. Que produit une usine hydro-électrique ?
. 19. Croquis. Identifiez les chiffres et les lettres. (qui correspondent à 4 cours deau et 4 villes sur un croquis cartographique).
Anonyme, 1981, Porte ouverte sur
. La géographie. CM livret . Paris : classiques Hachette, 48p.
Manuel de cours moyen et de cycle 3 avec résuméManuel de cours moyen et de cycle 3 sans résumé1981, Chagny et Forez, (A. Colin ed.)
1985, Nembrini, Polivka, Bordes (Hachette ed.)
1986, Chagny et Forez, (A. Colin ed.)
1986, Chaillet, Meuleau (Bordas, ed.)1982, Deygout, Presle, Maréchal, (Istra ed.)
1982, Grasser, Colet, Wadier (Hachette ed ;)
1985, Hinnewinkel, Sivirine (Nathan ed.)
1988, Benoît, Solonel (Hatier ed.)
1995, Muracciole et alii (Istra ed.)
1998, Baldner, Clerc, Mercier, Richelot, (Bordas ed.)1991, Gimeno, Guillou, Loudenot (Magnard ed.)
1995, Boulmer, Chevalier, Gérard (Nathan ed.)
1998, Le Callenec, Gervais-Lambony et alii (Hatier ed.)
Autre témoignage personnel, un autre de mes enfants, en classe de CE2 en 1986, a eu un jour à apprendre huit dates du règne de Clovis. Ce nétait pas une punition, mais le travail proposé par une institutrice pensant bien faire. En géographie, lenseignante professait une monographie de la commune. Ce cas est présenté ici à titre danecdote.
MINISTERE, 2002, Documents dapplication des programmes, Histoire et géographie, cycle des approfondissements (cycle 3). Paris : Scérén (CNDP), p.26.
MINISTERE, 2002, Arrêté du 25 janvier 2002 fixant les programmes denseignement de lécole primaire, Journal Officiel du 10 février 2002 (signé : pour le ministre (J. Lang) et par délégation : Jean-Paul de Gaudemar). Bulletin Officiel de lÉducation Nationale, hors série, n°1 du 14 février 2002.
Cycle 3, programme de 2002.
Les deux questions de géographie au certificat dÉtudes des Alpes Maritimes en 1939 sont :
- Quels produits agricoles ou industriels lAfrique Occidentale exporte-t-elle vers la France ?
- Croquis du Maroc en y situant les villes principales et les voies ferrées.
Loi du 28 juin 1833, Bulletin administratif, t.III, bul. n°57, p. 231 et sq.
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M. Benoît, op. cit.
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Précédent dune petite année la création de lInformation historique.
A. Demangeon, M. Sorre, et alii, op. cit.
R. Ozouf, op. cit.
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Du côté de la géographie scolaire. Page PAGE 3
Matériaux pour une épistémologie et une histoire de lenseignement de la géographie à lécole primaire en France.
Les savoirs scolaires du primaire dans le champ de la géographie Page PAGE 30
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Livre premier. Page PAGE 31
La géographie à lécole primaire, de labbé Gaultier à Émile Levasseur.
Livre premier. Page PAGE 31
La géographie à lécole primaire, de labbé Gaultier à Émile Levasseur.
Chapitre 1. La géographie à lécole primaire avant Jules Ferry Page PAGE 81
Livre premier. Page PAGE 86
La géographie à lécole primaire, de labbé Gaultier à Émile Levasseur.
Livre deuxième. Page PAGE 91
La géographie à lécole primaire au temps du moment Buisson.
Chapitre 2. Intuition et mémoire. Page PAGE 110
Le tournant cartographique de la géographie et le Dictionnaire de F. Buisson.
Chapitre 3. Inventaire boutiquier et découverte de la nature. Page PAGE 129
Des géographies dans le Dictionnaire de F. Buisson.
Chapitre 4. Plans à tiroirs et tableaux spécifiques. . Page PAGE 179
Descriptions monographiques du Dictionnaire et découpes régionales des petites géographies.
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Chapitre 5. Mémorisation et leçons de chose Page PAGE 215
Les nouveaux paradigmes de la géographie scolaire.
Livre deuxième. La géographie au temps du « moment » Buisson Page PAGE 219
Livre troisième. Page PAGE 223
Les configurations de la géographie scolaire et lécole primaire au vingtième siècle.
Chapitre 6. La géographie à lécole de luniversité. Page PAGE 262
Références savantes de la géographie à lécole primaire dans la première moitié du vingtième siècle
Chapitre 7. Méthodes savantes et méthodes pédagogiques. Page PAGE 285
La pratique monographique et létude du local à lécole primaire.
Chapitre 8. La géographie et le modèle éducatif de lenseignement primaire. Page PAGE 319
Finalités et démarches pédagogiques dans la première moitié du vingtième siècle.
Livre troisième. Page PAGE 303
Finalités et démarches pédagogiques dans la première moitié du vingtième siècle.
Livre quatrième.
Les savoirs de lécole primaire dans le champ de la géographie. Page PAGE 323
Chapitre 9. Deux siècles denseignement de la géographie à lécole primaire en France Page PAGE 351
Six moments, six configurations du modèle descriptif.
Livre quatrième Page PAGE 326
Les savoirs de lécole primaire dans le champ de la géographie.
Bibliographie, Page PAGE 389
Les savoirs scolaires du primaire dans le champ de la géographie
Index Page PAGE 393
Tables des tableaux, graphes, figures et cartes. Page PAGE 398