1.1. L'approche communicative - AEM - Françoise Demaizière
Changement de système d'exploitation ou de système applicatif ..... soutien du
projet auprès des différentes directions, communication ? ...... largement l'impact
organisationnel du système mis en place (voir à ce sujet l'importance de la ......
Trois organismes sont accrédités pour fournir, après examen, les certifications
ITIL.
part of the document
456" 1.1.3. Les critiques suscitées par lapproche communicative PAGEREF _Toc63966456 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc63966457" 1.2. Lignes de force de lapproche communicative PAGEREF _Toc63966457 \h 11
HYPERLINK \l "_Toc63966458" 1.2.1. La centration sur lapprenant PAGEREF _Toc63966458 \h 11
HYPERLINK \l "_Toc63966459" 1.2.2. La dimension sociale PAGEREF _Toc63966459 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc63966460" 1.2.3. Lauthenticité PAGEREF _Toc63966460 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc63966461" 1.2.4. Toutes ces caractéristiques pour une finalité : créer une compétence de communication PAGEREF _Toc63966461 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc63966462" 1.3. Quelle place pour les TIC ? PAGEREF _Toc63966462 \h 17
HYPERLINK \l "_Toc63966463" 1.3.1. Laccès à la culture de lautre facilité PAGEREF _Toc63966463 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc63966464" 1.3.2. Lindividualisation des rythmes PAGEREF _Toc63966464 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc63966465" 1.3.3. Lautonomie de lapprenant PAGEREF _Toc63966465 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc63966466" 1.3.4. Linteractivité PAGEREF _Toc63966466 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc63966467" 1.3.5. La métacognition PAGEREF _Toc63966467 \h 21
HYPERLINK \l "_Toc63966468" 1.3.6. Mais attention au risque de retour en arrière pédagogique PAGEREF _Toc63966468 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc63966469" 1.4. Conclusion PAGEREF _Toc63966469 \h 23
HYPERLINK \l "_Toc63966470" 2. MODE DE SOLLICITATION LARGEMENT MAJORITAIRE DANS LES RESSOURCES NUMÉRIQUES : LE CHOIX FOURNI PAGEREF _Toc63966470 \h 23
HYPERLINK \l "_Toc63966471" 2.1. Contrainte technique actuelle PAGEREF _Toc63966471 \h 23
HYPERLINK \l "_Toc63966472" 2.2. Définition de lexercice à choix fourni PAGEREF _Toc63966472 \h 24
HYPERLINK \l "_Toc63966473" 2.3. De la mauvaise réputation du QCM PAGEREF _Toc63966473 \h 25
HYPERLINK \l "_Toc63966474" 2.3.1. Les origines du QCM PAGEREF _Toc63966474 \h 25
HYPERLINK \l "_Toc63966475" 2.3.2. Ce que lon reproche aux QCM PAGEREF _Toc63966475 \h 25
HYPERLINK \l "_Toc63966476" 2.4. Cadre théorique dans lequel sinscrit le QCM PAGEREF _Toc63966476 \h 27
HYPERLINK \l "_Toc63966477" 2.4.1. Apports de la taxonomie de Bloom PAGEREF _Toc63966477 \h 27
HYPERLINK \l "_Toc63966478" 2.4.2. Apports de Dieudonné Leclercq PAGEREF _Toc63966478 \h 28
HYPERLINK \l "_Toc63966479" 2.4.3. Apports potentiels des TIC PAGEREF _Toc63966479 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc63966480" 2.5. Conclusion PAGEREF _Toc63966480 \h 30
PARTIE II
ATOUTS, LIMITES & EXPLOITATIONS POTENTIELLES DU CHOIX
FOURNI DANS LES PRATIQUES EXISTANTES
HYPERLINK \l "_Toc63966481" 3. PROBLÉMATIQUE ET CHOIX DES SUPPORTS PAGEREF _Toc63966481 \h 32
HYPERLINK \l "_Toc63966482" 4. PANORAMA DES PRATIQUES EXISTANTES PAGEREF _Toc63966482 \h 33
HYPERLINK \l "_Toc63966483" 4.1. Phase danticipation PAGEREF _Toc63966483 \h 33
où le choix fourni nest pas exploité alors quil le devrait
HYPERLINK \l "_Toc63966484" 4.2. Activité principale PAGEREF _Toc63966484 \h 42
HYPERLINK \l "_Toc63966485" 4.2.1. Compréhension de loral PAGEREF _Toc63966485 \h 43
où le choix fourni nest pas exploité à sa juste valeur
HYPERLINK \l "_Toc63966486" 4.2.2. Compréhension écrite PAGEREF _Toc63966486 \h 54
où le choix fourni nest pas exploité à sa juste valeur
HYPERLINK \l "_Toc63966487" 4.2.3. Production orale PAGEREF _Toc63966487 \h 56
où le choix fourni ne peut qu'amorcer le développement de la production orale
HYPERLINK \l "_Toc63966488" 4.2.4. Production écrite PAGEREF _Toc63966488 \h 59
où le choix fourni ne peut qu'amorcer le développement de la production écrite
HYPERLINK \l "_Toc63966489" 4.3. Phase dapprofondissement PAGEREF _Toc63966489 \h 60
HYPERLINK \l "_Toc63966490" 4.3.1. Activités dexploitation PAGEREF _Toc63966490 \h 61
où le choix fourni ne joue aucun rôle et cest tant mieux
HYPERLINK \l "_Toc63966491" 4.3.2. Tâches de fixation PAGEREF _Toc63966491 \h 61
où le choix fourni peut et doit montrer toute sa diversité
HYPERLINK \l "_Toc63966492" 4.4. Phase dévaluation PAGEREF _Toc63966492 \h 72
où les approches de Harraps et English for Dummies sont comparées
HYPERLINK \l "_Toc63966493" 4.5. Phase dentraînement à un domaine spécifique PAGEREF _Toc63966493 \h 74
où le choix fourni peut savérer être un allié précieux en PRL, sil est bien conçu
HYPERLINK \l "_Toc63966494" 4.5.1. Grammaire PAGEREF _Toc63966494 \h 74
HYPERLINK \l "_Toc63966495" 4.5.2. Phonologie PAGEREF _Toc63966495 \h 82
HYPERLINK \l "_Toc63966496" 5. CONCLUSION : 10 RECOMMANDATIONS AUX FUTURS CONCEPTEURS PAGEREF _Toc63966496 \h 88
ABSTRACT
Due to technical constraints, activities proposed by multimedia tools are largely limited to multiple choice exercises. It is therefore important to question whether these multiple choice exercises take into account the theoretical propositions that currently guide language teaching practice.
One such theoretical assumption proposes that pedagogical units should include three principal phases : an introductory phase that aims to encourage students to anticipate the content of the document that is to follow, a main phase centered on the principal document and finally a phase that is conceived to aid students to reinvest and go beyond the acquired skills and knowledge.
This study consists of a review of language teaching theory and of the literature which deals with the major type of exercises that is to be found in multimedia language softwares. This work analyses existing exercises, according to the three above-mentioned phases. One of our objectives is to show the assets, the limitations as well as the potential uses of multiple choice exercises.
RÉSUMÉ
Même si le choix fourni est devenu une contrainte technique en termes dactivités sur support numérique à proposer aux apprenants, on peut se demander si ces activités sont toujours fondées sur les présupposés théoriques de la didactique des langues daujourdhui.
Un des fondements de base de la didactique des langues veut quune séquence pédagogique soit organisée de façon ternaire : une phase danticipation qui vise à créer des attentes chez lapprenant, une phase comprenant lactivité principale et enfin une phase dapprofondissement dans laquelle on va amener lapprenant à réinvestir ses acquis dans une tâche spécifique.
Après avoir présenté un état des lieux de la didactique des langues à lheure actuelle et de la littérature concernant le type dexercices majoritairement présents dans les didacticiels de langue, nous nous proposons danalyser les pratiques existantes à partir de cette organisation ternaire dans le but de montrer les atouts, les limites et les exploitations potentielles du choix fourni.
INTRODUCTION
Lenseignement / apprentissage sinscrit aujourdhui dans la mouvance de lapproche communicative, dont les mots-clés sont autonomisation, individualisation des rythmes et responsabilisation. Lapprenant est placé au centre de son apprentissage, il en est devenu lacteur principal.
Cependant, plus récemment, lapproche communicative a suscité quelques réserves quant à la place des différents savoirs et savoir-faire. A trop privilégier loral, ne risque-t-on pas de retomber dans les principes de la méthode audio-orale selon laquelle apprendre une langue consistait à répéter et imiter le modèle du natif. Peut-on croire quun contact avec la langue et / ou la culture de lautre suffise pour apprendre cette même langue ? Comment sapproprier la langue de telle sorte que les savoirs déclaratifs se procéduralisent ? Cette procéduralisation est-elle envisageable sans engager de réflexion sur la langue ? Quelle place accorder à la verbalisation dans lapprentissage ? Ce sont autant de questions qui ont participé à définir le cadre de la métacognition, cadre selon lequel il est indispensable de chercher à intégrer létude du fonctionnement langagier aux autres compétences.
Alors, quel rôle les Technologies de lInformation et de la Communication peuvent-elles jouer dans lenseignement / apprentissage des langues actuel ? Favorisent-elles lexploration et la découverte ? Facilitent-elles le développement de capacités mentales dordre supérieur ? Rendent-elles possible une activité qui ne létait pas auparavant ?
Si les TIC ont un rôle certain à jouer dans lenseignement / apprentissage dune langue, force est de constater et de prendre en compte une des contraintes techniques majeures les concernant, à savoir le fait que la très grande majorité des exercices proposés dans les didacticiels de langue et les ressources numériques est essentiellement constituée dexercices à choix fourni.
Soulignons que la question qui anime cette étude nest pas de savoir si le QCM est un bon ou un mauvais exercice. Ce qui importe aujourdhui, cest quil est une contrainte technique. Alors, autant le prendre en compte et mener une réflexion afin de mieux lappréhender. Dautant que la littérature concernant les QCM date du milieu des années 1980, ce qui amène encore dautres questions : sur quelles théories sappuie la conception des exercices proposés dans les didacticiels de langue vendus actuellement ? Sont-ils au moins en adéquation avec la didactique des langues actuelle ? La littérature des années 1980 correspond-elle aux besoins actuels ? Comment la renouveler ?
Quels types dactivités sont proposés dans les didacticiels de langue ? Ces activités sont-elles organisées en séquences pédagogiques ? Ces séquences sont-elles organisées de façon ternaire alliant une phase danticipation et une phase dapprofondissement à une activité principale ? Quelles ressources sont choisies et quelle exploitation en fait-on ? Quels exercices propose-t-on à lapprenant ? Ces exercices privilégient-ils une approche du global au détail, du moins au plus complexe, du concret à labstrait ? Aide-t-on lapprenant à développer des stratégies dapprentissage transférables ? Comment lapprenant est-il sollicité ? Sollicite-t-on aussi bien les opérations de haut niveau que celles de bas niveau ? Amène-t-on lapprenant à réfléchir à ses pratiques dapprentissage ?
Quen est-il de lexercice à choix fourni précisément ? Est-il utilisé au maximum de ses possibilités ? Ce type dexercice porte-t-il nécessairement sur des points de détail décontextualisés ? Quel rôle peut-il jouer dans une démarche de conceptualisation ? Lexercice à choix fourni est-il adapté à toutes les phases dune séquence dapprentissage ? Constitue-t-il un apport aussi précieux en termes de développement des compétences de compréhension quen termes de développement des compétences de production ? Un didacticiel peut-il prétendre traiter des quatre compétences ou bien doit-il se limiter à une ou deux dentre elles ?
Nous allons tenter dapporter des réponses ou des pistes de réponse à chacune de ces questions par le biais de notre étude. Notre cadre théorique se propose de présenter lenseignement / apprentissage des langues aujourdhui, dans un premier temps. Après avoir exposé les principes de lapproche communicative, nous montrerons en quoi cette approche a suscité des réserves. Nous verrons également quels rôles les TIC peuvent jouer dans ce cadre. Dans un second temps, nous proposerons un état des lieux de la littérature concernant le choix fourni et le QCM en particulier. La deuxième partie de cette étude propose ensuite danalyser les pratiques existantes parmi une sélection de didacticiels de langue dans le but de montrer les atouts, les limites et les exploitations potentielles du choix fourni. La manière que chacun de ces didacticiels a de structurer ses séquences dapprentissage guidera notre étude. Cette analyse donnera lieu à un vade-mecum à destination des futurs concepteurs ou des futurs chercheurs.
PARTIE I
Cadre Théorique
LENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE DES LANGUES AUJOURDHUI
Lapproche communicative
A lorigine de lapproche communicative : des besoins
Lenseignement / apprentissage des langues actuel sinscrit dans le cadre de lapproche communicative qui date du début des années 1970 dans un contexte de construction progressive de la Communauté Européenne. Devant des échanges en forte augmentation et un besoin croissant de communiquer, le Conseil de lEurope a mené une réflexion sur la nécessité dun enseignement des langues plus efficace, « à la hauteur des nouveaux besoins » (Martinez, 1996 : 69).
Comme lexplique Jean-Charles Pochard (1994 : 9), le développement de lapproche communicative a coïncidé avec une « demande sociale nouvelle » et lapparition de publics non scolaires. Cest dailleurs à ce moment-là quest apparu le terme dapprenant pour « désigner ces nouveaux enseignés qui ne pouvaient plus être ni élèves ni étudiants ». Dans ce contexte de besoins de communication accrus, les enseignants ont donc été amenés à sinterroger sur la façon dont ils pouvaient prendre en compte toutes ces variations individuelles, la personnalité et la motivation de chacun. Il leur a fallu également réfléchir à la manière de réévaluer les besoins de chacun au cours de lapprentissage et adapter leur enseignement en fonction de ces variables.
Suite à la méthode directe qui utilisait une langue « terriblement descriptive » et à la méthode SGAV qui semblait se rapprocher dune communication authentique mais dont les dialogues manquaient beaucoup de naturel, lapproche communicative a bénéficié dune analyse de « corpus conversationnels réels qui firent apparaître diverses sortes dimplicites : linguistiques, culturels, comportementaux qui peuvent se manifester sous des formes verbales, intonatives ou gestuelles et leur corollaire : un certain nombre de ratés de la communication » (Pothier, 2003 : 29). On a donc redéfini les objectifs de lenseignement(/ apprentissage des langues dans le cadre de lapproche communicative.
Comme lexplique Martinez (1996 : 82), lintroduction de lapproche communicative avait pour but de « faciliter la mobilité des hommes et leur intégration dans des sociétés dites daccueil ». En développant la connaissance réciproque des langues de la Communauté, on souhaitait ainsi instaurer un bien-être social et une bonne entente entre les différents pays membres. Ainsi, lapproche communicative est née du contexte politique, économique et social de la construction européenne. Bien que cela soit surtout vrai pour lenseignement du français langue étrangère, lenseignement de langlais dans le système éducatif français sen est également trouvé affecté.
Les fondements théoriques de lapproche communicative
Comme lexplique Danielle Bailly (1998b : 40), lapproche communicative est basée sur les notions de « simulation ou [de] reconstruction directe de situations déchanges langagiers authentiques ». Face à des besoins langagiers redéfinis dans cette période de communication et déchanges accrus, lapproche communicative prévoit de fournir à lapprenant les « outils de langue [correspondant à ses] besoins informationnels, pragmatiques, expressifs, qui sont les siens compte tenu des caractéristiques de linteraction concernée ».
Lapproche communicative sappuie donc sur les théories cognitivistes et constructivistes de lenseignement / apprentissage des langues, même si elle a adopté une orientation plutôt sociolinguistique à ses débuts. Il semble, en effet, que la didactique des langues ait souffert dune réputation de non-scientificité et dillégitimité à une certaine époque (Pothier, 2003 : 20).
Cognitivisme & constructivisme
Deux éléments clés caractérisent lapproche cognitiviste de lapprentissage : dabord lapprentissage est conçu comme un « processus de construction des connaissances et non pas comme un processus dacquisition », ensuite, « les activités denseignement sont des activités daide à la construction des connaissances et non pas des activités de transmission des connaissances » (Legros et al., 2002 : 28). Comme nous le montre cette définition, la conception de lapprentissage sous-tendant lapproche communicative renvoie au constructivisme qui est devenu une référence incontournable dès quil sagit de théories de lapprentissage, même si le terme correspond souvent à des points de vue différents.
« Le constructivisme sappuie sur lidée que la réalité du monde se construit dans la tête de lindividu à partir de son activité perceptive sous forme de représentations mentales ou modèles du monde » (Legros, et al., 2002 : 30). Dans cette définition, les auteurs insistent sur le rôle du contexte « de la vie réelle », « du monde dans toute sa complexité sociale ». Il apparaît en fait que lapprenant construise sa connaissance à partir des interactions quil a avec les autres et le milieu socioculturel dans lequel il se trouve.
Lev Vygotski a profondément contribué au développement de nouvelles théories de lapprentissage, en particulier en ce qui concerne les enfants. Par le biais de ses recherches, Vygotski sest employé à montrer que lapprentissage met en jeu à la fois des facteurs internes, biologiques et le milieu dans lequel lapprenant évolue. Selon Rabardel (1995 : 35-36), le processus que Vygotski décrit est à la fois « unitaire et complexe » : « le comportement dun adulte contemporain, culturellement évolué, est le résultat de deux processus différents de développement psychique. (
) Il sagit, dune part, du processus dévolution biologique qui mène à lapparition de lhomo sapiens, dautre part, du processus de développement historique à travers lequel lhomme primitif a évolué culturellement ».
Vygotski a donc tenté de comprendre dans quelle mesure lenvironnement influence lapprentissage et a montré que le niveau de développement mental de lenfant ne suffit pas pour déterminer létat de son développement. Il parle alors de « zone prochaine de développement » qui correspond à « la disparité entre lâge mental, ou niveau présent de développement, qui est déterminé à laide de problèmes résolus de manière autonome, et le niveau quatteint lenfant lorsquil résout des problèmes non plus tout seul mais en collaboration » (Vygotski, 1997 : 351).
Cest en fait cette zone proximale de développement qui détermine les possibilités dapprentissage : « lapprentissage nest valable que sil devance le développement. Il suscite alors, fait naître toute une série de fonctions qui se trouvent au stade de la maturation, qui sont dans la zone prochaine de développement » (Vygotski, 1997 : 355). Il pense en effet que lapprentissage suit une évolution selon laquelle ce que lenfant sait faire à un stade N avec laide dautrui, il saura le faire seul au stade N+1.
Cette analyse amène donc à sinterroger sur la nature des activités que lon propose à lapprenant dans le cadre de la classe de langues. Il semble en effet quil serait préférable de le solliciter en fonction de son niveau de développement potentiel plutôt quen fonction de son niveau de développement actuel, cest-à-dire, en visant les « compétences quil ne maîtrise pas encore mais quil est susceptible de mettre en oeuvre » (Arénilla et al., 2000 : 273).
Nous tenterons de montrer comment cette conception de lapprentissage est envisagée dans les différents exemples de choix fourni que nous avons analysés.
La notion de compétence de communication
Lapproche communicative sappuie également sur la notion de compétence de communication que lon doit à Dell H. Hymes et qui a été reprise par la suite par nombre de didacticiens. Selon lui, « les membres dune communauté linguistique ont en partage une compétence [de] deux types, un savoir linguistique et un savoir sociolinguistique ou, en dautres termes, une connaissance conjuguée de normes de grammaire et de normes demploi » (Hymes, 1991 : 47). En ce qui concerne la langue maternelle, ces deux types de compétence sacquièrent simultanément. « Un enfant normal (
) acquiert une compétence qui lui indique quand parler, quand ne pas parler, et aussi de quoi parler, avec qui, à quel moment, où, de quelle manière » (Hymes, 1991 : 74).
On imagine sans mal quelle influence les travaux de Hymes ont pu avoir sur la didactique des langues. Lapproche communicative, dont lobjectif premier était de transformer la classe en un lieu de communication et dinteractions (horizontales et non exclusivement verticales), sest directement inspiré du fait que les dimensions sociologique et culturelle ne sauraient être dissociées des aspects linguistiques (Pothier, 2003 : 31).
Les critiques suscitées par lapproche communicative
Cependant, il faut souligner que lapproche communicative a également soulevé un certain nombre de critiques dont celle formulée par Little (1997, cité par Lamy, 2001 : 132) : selon lui, « sintéresser en priorité à la communication orale aux dépens de lécrit et de la grammaire amène à négliger les aspects métacognitifs du processus dapprentissage (
) cest lorsque la structuration du langage et lorsque mes propres stratégies dapprentissage de cette structure me deviennent conscientes que jai les meilleures chances de réussite dans la poursuite autonome de mon étude de la langue-cible et au-delà, dautres systèmes linguistiques ». De la même manière, Cécile Poussard et Laurence Vincent-Durroux (2002 : 108) soulignent limportance de prendre en considération à la fois le contact avec la langue et la réflexion sur cette même langue : « les deux sont également utiles en acquisition dune langue seconde ».
Antoine Culioli et la communauté de linguistique de Charles V à sa suite ont largement contribué au développement des concepts de métacognition et plus spécialement dactivités métalinguistiques. Celles-ci renvoient aux « activités de réflexion sur le langage et son utilisation et les capacités du sujet à contrôler et à planifier ses propres processus de traitement linguistique » (Bailly, 1998b : 163).
La métacognition savère être assez proche de la notion de « prise de conscience » quutilise Piaget pour analyser le passage de lintelligence pratique à lintelligence abstraite. « La prise de conscience permet deffectuer le passage du réussir au comprendre, pour reprendre les termes piagétiens, indispensable en particulier à la réutilisation des compétences construites dans des contextes différents de ceux de lapprentissage, cest-à-dire leur transfert » (Grangeat, 1997 : 17). Cette conception métacognitive de lapprentissage se situe dans une perspective où le sujet est « constructeur et non consommateur de savoirs », ce qui lui donne une certaine autonomie dans son propre progrès et donc dans ses apprentissages.
Une démarche métacognitive sinscrit également dans un processus de découverte de soi et de prise de confiance en soi de lapprenant. Sil nest pas autonome dans son apprentissage, lapprenant ne sera pas non plus autonome dans son environnement, dans le milieu dans lequel il évolue.
Grâce à une « participation cognitive très active des élèves », on vise à leur « faire prendre conscience (
) du fonctionnement langagier » (Bailly, 1998b : 49). Une telle procédure se caractérise par une pédagogie de lexplicite et constitue, selon Danielle Bailly, une manière « passionnante » de parler de formes grammaticales, en les intégrant à lanalyse des aspects lexicaux et civilisationnels du document.
Notre étude sinscrit dans cette approche de lapprentissage et nous allons tenter de montrer comment le choix fourni peut constituer une aide précieuse dans le cadre dune démarche métacognitive, malgré le fait que le concept « [ne soit] pas encore très opérationnel à lécole » (Grangeat, 1997 : 13).
Lignes de force de lapproche communicative
Le but de lapproche communicative est dimpliquer lapprenant dans une communication orientée, cest-à-dire « lire avec lintention de sinformer, écrire avec lintention de satisfaire un besoin dimaginaire, écouter avec lintention de connaître les désirs de quelquun, parler avec lintention dexprimer ses propres sentiments » (Germain et LeBlanc, 1988, cités par Martinez, 1996 : 77).
Pour ce faire, lapproche communicative regroupe plusieurs lignes de force qui la caractérisent et que nous allons développer maintenant : premièrement, un des concepts clés de lapproche communicative, cest la centration sur lapprenant, avec ce que cela comporte en termes dautonomisation, de différenciation et de motivation. Ensuite, nous verrons limportance de la dimension sociale et des interactions dans lenseignement / apprentissage des langues daujourdhui. Ce contexte dapprentissage favorise donc un retour au sens, avec le débat sur les documents authentiques et laccès aux ressources. Enfin, nous verrons le rôle de lenseignant dans ce contexte dapprentissage dont le but ultime est dapprendre à lapprenant à communiquer.
La centration sur lapprenant
Lapproche communicative met très nettement laccent sur lapprenant en tant qu« acteur autonome de son apprentissage » (Martinez, 1996 : 76). Cette approche est tout à fait représentative dune responsabilisation de lapprenant accompagnée dune « conscientisation » de son apprentissage. Lobjectif ultime est donc de rendre lapprenant le plus autonome et le plus responsable possible de son apprentissage.
Selon Robert Bouchard (1995 : 397), cette prise de conscience des différences individuelles des apprenants sest faite dans un esprit denseignement que lon voulait « moins monolithique et universaliste ».
Dans cette optique dautonomisation et dindividualisation, Philippe Meirieu (2000 : 135) a joué un rôle très important en prônant une pédagogie différenciée qui se caractérise par une certaine « flexibilité ». Selon lui, cest un moyen de multiplier « les chances de réussite, puisque lon offre aux apprenants une palette de propositions et de simulations grâce auxquelles ils peuvent se construire leur propre stratégie ».
Cette flexibilité se matérialise par une alternance non seulement entre temps dapprentissage différenciés et non différenciés mais également entre différenciation simultanée et successive (Meirieu, 2000 : 125). Lapprenant se trouve donc face à une façon de travailler rigoureuse, « en se fixant des objectifs, en sinterrogeant régulièrement sur ses besoins, en recherchant les meilleures conditions dapprentissage et en tirant les conclusions du résultat de ses évaluations (
) lorganisation de la séquence respecte la personnalité de chacun sans lenfermer dans un donné, sinscrit dans son histoire et lui permet de la subvertir » (Meirieu, 2000 : 143).
Philippe Meirieu ne prône pas une « pédagogie différenciée statique qui confinerait à lenfermement ». Bien au contraire, il défend le croisement progressif des apprentissages : « il faut (
) renoncer à concevoir la différenciation de la pédagogie comme la mise en place mécanique dun système éducatif où la programmation de différentes variables conduirait à définir avec certitude à chaque instant, la solution unique optimale » (Meirieu, 2000 : 126).
Le but de cette démarche dindividualisation consiste à mobiliser la motivation de lapprenant, qui est le « facteur clé de la réussite de lapprentissage des langues » (Brodin, 2002 : 175). Comme le rappelle Jean-Paul Narcy (1990 : 43), la mémoire est « sans aucun doute liée à lémotionnel de lindividu, cest donc en le motivant et en limpliquant positivement dans son apprentissage quon laidera à bien mémoriser !
»
Cependant il existe différents types de motivation. Huitt (1998) oppose les apprenants qui ont pour motivation la maîtrise dun sujet (« mastery goals ») à ceux qui ont pour motivation la performance (« performance goals »). La deuxième catégorie est motivée à ne pas échouer et pour cela, soit ils vont choisir une tâche à leur niveau pour être sûrs de réussir, soit ils vont choisir une tâche au-delà de leur niveau de développement potentiel pour avoir une bonne raison déchouer. Au contraire, la première catégorie dapprenants est motivée par le succès. Ils vont donc choisir une tâche qui va se trouver dans leur zone proximale de développement, qui sera intéressante et qui représentera un défi pour eux. Dans le cas où ils réussissent, le succès est dautant plus valorisé.
Ce facteur de la motivation doit être dautant plus pris en compte et analysé que lon développe la responsabilisation de lapprenant dans la didactique des langues actuellement. Le comportement de chacun face à une tâche, quelle soit sur support papier ou sur support numérique, peut être très révélateur des pratiques de classe à mettre en place.
Dun point de vue psychologique, la motivation regroupe des « processus physiologiques et psychologiques responsables du déclenchement, de lentretien et de la cessation dun comportement ainsi que de la valeur appétitive ou aversive conférée aux éléments du milieu sur lesquels sexerce ce comportement. (
) La motivation permet aussi aux individus humains dajuster leur comportements, au moyen dévaluations, danticipations et de corrections, de façon à sapprocher le plus près possible du but désiré » (Bloch et al., 1993 : 480).
Or, il apparaît que dans un contexte de violence et déchec scolaire, la motivation diminue et les ambitions sen trouvent elles aussi réduites. Il existe plusieurs façons de redonner la motivation à un apprenant mais elle sera extrinsèque la plupart du temps et donc éphémère, seulement tant que les apprenants sont sous contrôle de lenseignant (Huitt, 1998).
Dans la perspective de centration sur lapprenant, dautonomisation et de différenciation de lapprentissage dont nous venons de parler, la motivation joue en effet un rôle crucial. Nous tenterons de montrer plus loin la place que les Technologies de lInformation et de la Communication peuvent jouer dans ce contexte. En effet, nul ne peut ignorer la motivation, voire même lacharnement que peuvent montrer certains apprenants face à un QCM qui peut paraître rébarbatif et sans intérêt pour beaucoup. Quel est lapport potentiel du choix fourni ? Comment rendre lexercice de QCM moins rébarbatif et le doter dun intérêt pour lapprentissage, si cest un moyen de remotiver les apprenants ?
La dimension sociale
Une seconde ligne de force de lapproche communicative concerne les interactions dans la classe. Selon Legros (Legros et al., 2002 : 32), « la pensée nest pas une activité qui se situe dans la tête de lindividu, mais plutôt dans les connexions et les interactions entre, dune part, les individus humains et, dautre part, les objets du monde qui constituent ainsi des outils cognitifs daide à la construction des connaissances ».
Rappelons la définition de la notion dinteraction telle que Goffman la donnée (Goffman, 1973 : 23) : « par interaction (
) on entend à peu près linfluence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives lorsquils sont en présence physique immédiate les uns des autres ».
La conception constructiviste de lapprentissage telle que nous lavons décrite dans notre cadre théorique se rapproche de lapproche interactionniste de Catherine Kerbrat-Orecchioni (1990 : 23) selon laquelle on peut « considérer que le sens dun énoncé est le produit dun travail collaboratif, quil est construit en commun par les différentes parties en présence linteraction pouvant alors être définie comme le lieu dune activité collective de production du sens, activité qui implique la mise en oeuvre de négociations explicites ou implicites, qui peuvent aboutir ou échouer ».
La prise en compte de cette dimension interactionnelle du discours amène à reconsidérer le contenu de lenseignement / apprentissage des langues. En effet, il semble intéressant de noter que les représentations ont changé. Nous avons déjà parlé du fait que savoir une langue aujourdhui, cest savoir communiquer mais cest aussi en connaître la règle du jeu. Il ne suffit pas de connaître le système linguistique, il faut aussi savoir utiliser la langue de manière appropriée, en fonction du contexte social.
Lanalyse des interactions en classe a en effet montré comment fonctionne le discours de la classe de langues, comment on accepte ou non le discours de lautre, les spécificités et les variétés du discours de chacun (avec la notion d« interlangue »), ou encore le bien-fondé de la communication dans la classe avec la notion de « contrat » et de « négociation » (Martinez, 1996 : 76).
Lauthenticité
Une troisième caractéristique de lapproche communicative se manifeste par un retour au sens, avec le débat bien connu autour du document authentique. Danielle Bailly (1998b : 70) définit le document authentique comme « un document brut de la culture-cible, conçu dans son cadre dappartenance par un autochtone pour sadresser à un / (d)autre(s) autochtones, chargé donc dune finalité et dune fonctionnalité pragmatiques directes ».
Le débat autour du document authentique a fait couler beaucoup dencre. Les supports authentiques sont supposés être plus motivants, plus à même de susciter lexpression personnelle de lapprenant. De plus, ils semblent plus appropriés à lusage langagier réel et par là-même, de nature à amener lapprenant à réfléchir sur les conditions sociales et culturelles de leur production, dans la mesure où ils « [ancrent] la langue dans une réalité culturelle authentique » (Quivy et Tardieu, 1997 : 83). Ces documents ont en effet une dimension culturelle inhérente à leur nature, et malgré leur difficulté de compréhension accrue, ils permettent un « réinvestissement expressif » en phase dapprofondissement dune séquence pédagogique (Bailly, 1998b : 72).
Cependant, Danielle Bailly nuance les mérites du document authentique qui, selon elle, a tendance à éveiller une dimension un peu « magique ». Lutilisation dun document authentique ne signifie pas nécessairement une exploitation adaptée et pédagogiquement en phase avec les concepts didactiques actuels : « pour enseigner à communiquer en langue étrangère, cest-à-dire une langue en contexte, en situation, il ne suffit pas davoir des documents authentiques » (Béguin et Garcia, 1995, cités par Bailly, 1998b : 71).
Aujourdhui, il semble que le débat ait un peu évolué vers la notion de ressources. A en croire le colloque « Notions en Questions » qui sest tenu à Lyon le 12 juin 2003, le débat sur le document authentique est plutôt révolu et on soriente vers la question de laccès aux ressources. Quel est la statut dune ressource ? Est-ce une ressource pour lapprenant ou pour lenseignant ? La ressource amène-t-elle à la tâche ou bien la tâche est-elle construite autour de la ressource ? La ressource nest-elle quune excuse à une tâche donnée ? Quelle utilisation en fait-on ? Quel guidage lui apporter ?
Cest une problématique quil semble intéressant de garder à lesprit lorsque lon visionne des logiciels de langues à lheure actuelle. Sur quelles ressources sappuient-ils ? Quelle exploitation en font-ils ? Cest une question à laquelle nous tenterons de nous attacher dans lanalyse des exemples de choix fourni.
Toutes ces caractéristiques pour une finalité : créer une compétence de communication
Finalement toutes ces caractéristiques convergent vers un but commun : créer une compétence de communication chez lapprenant. Dun point de vue psycholinguistique, la communication langagière désigne « la circulation dinformation (verbale et, le cas échéant, non verbale) impliquant émetteur, récepteur, canal (ou mode), message et induisant un effet sur les sujets qui en sont les acteurs » (Bailly, 1998b : 43).
Le but ultime de lapproche communicative étant de « permettre la communication et léchange hors de la classe » (Pothier, 2003 : 31), le rôle de lenseignant est donc de créer le besoin de communiquer chez lapprenant. Cest à lui de lui « donner envie de se raconter, lencourager à observer, à dépasser lexplicite et à simpliquer, cest-à-dire, à donner son avis personnel sur un texte, une image, une phrase, des personnages, un événement dactualité ; cest le solliciter à prendre part, à faire preuve de sens critique, [le pousser] à des échanges, etc. » (Ott-Richard, 1991 : 26, citée par Bailly, 1998b : 43).
Pour cela, Denis Girard (1995 : 65) répertorie quelques « procédures pédagogiques » qui visent à développer la compétence de communication chez lapprenant : « initiative laissée dabord aux élèves, discrétion attentive et vigilante du professeur, pédagogie de la découverte, de linformation gap au problem solving, pratique systématique de lanticipation en lecture comme à laudition, exploitation langagière de lambiguïté et du flou de certains documents iconographiques comme du non-dit et du caractère polémique des textes. (
) Laptitude à communiquer se développe surtout à travers des tâches motivantes qui entraînent la participation active par la responsabilisation quelles impliquent ».
Jean-Paul Narcy (1990 : 31) va plus loin du point de vue de lapprenant en proposant une liste de « sous-capacités sous-jacentes [qui doivent devenir] routinières ou automatiques [pour ensuite être] accomplies sans que le sujet y prête une attention consciente ». On retrouve là les deux types de connaissance définies par Faerch et Kasper (1986, cités par Narcy, 1990 : 37) : la connaissance déclarative et la connaissance procédurale. La première regroupe ce qui est de lordre du savoir. Ce type de connaissance est statique car elle nest pas considérée dans son emploi en temps réel, dans une situation de communication. Pour ce qui est du deuxième type de connaissance, il sagit des savoir-faire, des procédures mises en uvre pour utiliser les connaissances déclaratives. Or, pour développer sa compétence langagière, lapprenant doit procéduraliser ses savoirs déclaratifs, de telle sorte que « le fonctionnement des capacités opératoires soit routinier ou automatique, cest là une des priorités de lapprentissage dune langue étrangère » (Narcy, 1990 : 37).
Jean-Paul Narcy (1990 : 33) définit un certain nombre de capacités opératoires qui entrent en jeu lors de lapprentissage dune langue. Nous nous proposons den rappeler quelques éléments ici.
Lapprenant doit savoir anticiper, cest-à-dire « prévoir le déroulement et le contenu dun échange en fonction du contexte et du sujet de léchange ». Cette phase permet à lapprenant de mobiliser ses connaissances antérieures et démettre des hypothèses quant au contenu du document et par là-même dêtre mieux à même de comprendre le sens du message.
Ensuite, il doit pouvoir repérer les éléments dinformation principaux et cela implique de savoir « percevoir des signaux sonores et les séparer en informations pertinentes et en bruits non informatifs », savoir « découper le continuum phonique en unités significatives, ce qui exige que le cerveau sache bien identifier les sons » et enfin savoir reconnaître « les schémas sonores en sappuyant sur le rythme propre de la langue ». Ce repérage peut également comprendre la prise de notes.
Après avoir identifié les éléments principaux du message, lapprenant doit pouvoir les classer, faire des prédictions et émettre des hypothèses ; cela en analysant « les segments formels pour y trouver des unités significatives, afin ensuite de les structurer en une succession de signes formels pertinents en fonction de leurs positions relatives. Cette déconstruction, suivie dune reconstruction qui permettra linterprétation, se fait en fonction des hypothèses émises lors de lanticipation ». Pendant cette phase dapprentissage, lapprenant devra également mettre à profit ses capacités passives de reconnaissance lexicale, syntaxique, morphologique et pragmatique qui lui permettront « dinterpréter les sens des mots (lexique), leurs positions (syntaxe), leurs formes (morphologie), afin de déterminer le sens de lénoncé en fonction des règles du discours dans un contexte donné (pragmatique) ». Lanalyse du contexte lui permettra de « sassurer que linterprétation du connu est bien conforme au contexte afin de ne pas interpréter de façon erronée ».
Lapprenant doit aussi savoir compenser ce quil ne comprend pas, cest-à-dire, « en fonction de ce qui a été anticipé, et des données obtenues, [savoir] interpréter au-delà de ce que les simples reconnaissances lexicale, syntaxique, morphologique et pragmatique du sujet lui permettent ».
Ensuite, lapprenant devra mémoriser les acquis de la séquence, aussi bien dun point de vue du fond que de la forme du message.
Enfin, une fois le message compris et mémorisé, lapprenant devra pouvoir en faire la synthèse en réinvestissant les acquis, cest-à-dire « regrouper les informations obtenues par le fonctionnement des diverses capacités pour interpréter correctement le message perçu. (
) Elle rend possible lorganisation dun ensemble cohérent ». Lapprenant sera alors à même de formuler et darticuler la production ainsi organisée.
Ces quelques éléments amènent à sinterroger sur le rôle de lenseignant. Comme nous lavons vu, apprendre une langue étrangère, cest apprendre des savoirs linguistiques sur cette langue mais aussi acquérir des savoir-faire qui permettront à chacun de communiquer à tout moment. Le rôle de lenseignant consiste donc à solliciter un maximum de ces opérations mentales chez lapprenant de telle sorte quil puisse les réinvestir de manière plus ou moins consciente. Lapprenant pourra ainsi déployer des stratégies dapprentissage qui seront transférables à dautres matières et surtout en dehors du système scolaire, pour enfin développer cette compétence de communication visée.
Nous nous proposons de voir maintenant en quoi les Technologies de lInformation et la Communication peuvent constituer un apport intéressant au cadre théorique que nous venons de définir.
Quelle place pour les TIC ?
« Lutilisation des nouvelles technologies en formation peut être la meilleure ou la pire des choses » (Naymark, 1999 : 27). Selon Jacques Naymark, la pire des choses serait que lutilisation des nouvelles technologies ne fasse quaccroître les inégalités entre ceux qui y ont accès et ceux qui ny ont pas. Dans le cas intermédiaire, les TIC peuvent savérer être un « agréable succédané » si elles servent, par exemple, à agrémenter la consultation dune encyclopédie dimages et de sons. Et lutilisation des nouvelles technologies sera la meilleure des choses si les « applications pédagogiques sont de bonne qualité », cest-à-dire, « construites à partir dune véritable réflexion pédagogique ».
Le CERI (1989 : 34) engage une réflexion dans le même sens : « de même quil nexiste pas une unique utilisation optimale denseigner au moyen de la technologie, le logiciel éducatif optimal nexiste pas non plus même pour une tâche donnée ». Il liste dailleurs quelques questions qui se posent quant à lemploi des nouvelles technologies dans la classe : « le logiciel favorise-t-il le développement des compétences dordre supérieur ? Favorise-t-il lutilisation de lexploration et de la découverte ? Est-il adapté au programme scolaire ou y trouve-t-il une place appropriée ? Ajoute-t-il quelque chose au programme scolaire ou laméliore-t-il en rendant possible une activité auparavant irréalisable ? Y a-t-il adéquation entre le sujet traité par le logiciel et les principes qui prévalent dans la partie du programme visée ? »
Voyons donc en quoi le multimédia peut faciliter les apprentissages.
Laccès à la culture de lautre facilité
Même si les utilisations dInternet restent très inégales et que les réflexions sur son exploitation en classe restent toujours de mise, il semble exister un consensus autour du fait quInternet est une mine dor de ressources. Comme le précise Jacques Naymark (1999 : 23), Internet rend la recherche dinformations « dune aisance déconcertante ».
Élisabeth Brodin (2002 : 156) aborde également les « interactions sociales via lordinateur » et parle des réseaux comme « facilitateurs daccès aux sources dinformation et aux autres humains, en ouvrant la voie à la communication médiatisée par ordinateur et en permettant le développement du travail collaboratif et la construction collective de connaissances par lentremise des TIC ». La recherche-action quelle a menée dans le cadre de sa thèse lui a dailleurs permis détablir un panorama des usages des Technologies de lInformation et de la Communication dans la classe de langues. Les six modèles quelle présente dans sa thèse représentent un continuum allant dune « conception de lusage de lordinateur comme moyen pour gérer linteractivité, la communication à une utilisation doutils qui permettent à lélève de partager des savoirs, de mettre en uvre, dacquérir et de tester des connaissances dans des contextes significatifs et signifiants pour lélève » (Brodin, 2002 : 174). Ces derniers modèles dutilisation nauraient jamais pu être mis en place sans une exploitation réfléchie dInternet.
Lindividualisation des rythmes
Un des atouts évidents et maintenant largement reconnus de lutilisation des TIC, cest lindividualisation des rythmes des apprenants.
Selon Philippe Meirieu (2000 : 135), « que lon maîtrise mieux les technologies éducatives, avec suffisamment de distance pour les introduire sans les systématiser, et il y a fort à parier pour quune grande partie des élèves y trouve bénéfice (
) chacun pourra peut-être trouver une situation où il pourra sapproprier le savoir proposé
». Même sil voit un intérêt évident dans lutilisation des TIC, il précise tout de même quune réflexion didactique lui est indispensable.
Lutilisation des TIC a également un effet dédramatisant sur lapprenant. Cest loccasion pour lui de prendre confiance en soi, de se libérer dune certaine pression, seul, face à son écran. Il dispose de tout le temps nécessaire pour réfléchir à la langue. Lapprenant peut oser, il ne se trouve plus en situation de comparaison de sa performance par rapport à celle des autres.
Cependant il faut souligner que si lindividualisation des rythmes peut être vécue comme un outil dencouragement ou comme un palier vers une meilleure compétence langagière, elle peut éventuellement être perçue comme un facteur denfermement, selon le profil de lapprenant.
Lautonomie de lapprenant
Cette individualisation des rythmes dapprentissage rendue dautant plus facile par lintroduction des TIC va de pair avec un processus dautonomisation de lapprenant. Il convient tout de même de faire preuve de prudence quant au concept d« autonomie » qui est couramment utilisé mais parfois avec des sens très différents.
Lorsque François Mangenot parle de « travail autonome devant un ordinateur » par exemple (Mangenot, 2002 : 135), il fait référence au fait que lapprenant travaille seul devant la machine, sans enseignant, chacun à son rythme.
Or il existe un sens bien plus fort au terme dautonomie, celui de Henri Holec et de léquipe du CRAPEL à Nancy. En effet, ils ont été des précurseurs dans lapproche éducative qui consiste à « apprendre sans se faire enseigner » (Gremmo & Riley, 1997 : 87). Selon Henri Holec, lautonomie cest « la capacité de prendre en charge son propre apprentissage » (Holec, 1979 : 3, cité par Sanchez, 2002 : 212), cest-à-dire prendre la responsabilité et assumer le choix de tous les aspects de cet apprentissage : les objectifs, le contenu, la progression, la méthode, le rythme, le moment, le lieu et lévaluation.
Cependant il semble important de souligner que la mise en place de nouveaux dispositifs tels que ceux du CRAPEL et dautres plus classiques implique « la définition des nouveaux rôles à assumer et lorganisation de formations appropriées » (Holec, 1997 : 3).
Il semble évident que les TIC ont un rôle primordial à jouer dans ce cadre mais force est de reconnaître que pour passer à létape supérieure et tendre vers une utilisation de lordinateur dont les mots-clés seraient « collaboration », « partage du savoir » ou « mutualisation », les représentations des enseignants vont devoir évoluer. Comme le dit Philippe Meirieu (2000 : 138), le domaine a bien besoin « dun changement dattitude de lenseignant qui ne doit plus mesurer son efficacité à son temps de parole devant toute la classe ».
Maguy Pothier (nd.) souligne un autre problème : certains apprenants « ne voient absolument pas lutilité de se fatiguer à trouver leur propre chemin. (
) Savoir apprendre, qui est la condition sine qua none, nest pas à la portée de tout le monde ». Comme le dit Denis Girard (1995 : 77), « lautonomie de lélève ne se décrète pas : elle se prépare soigneusement et progressivement ». Cest la raison pour laquelle, selon lui, il faut développer ce nouveau concept d« apprendre à apprendre ». De plus, et Maguy Pothier (nd.) donne le même argument, la représentation que lenseignant a de lautonomie et de sa mise en uvre joue un rôle crucial : « il va de soi quune telle autonomie ne peut être mise en uvre que par un enseignant ayant lui-même su se dégager de certaines contraintes méthodologiques excessives ».
Linteractivité
Linteractivité constitue un autre enjeu pédagogique de lintroduction des TIC dans lenseignement / apprentissage des langues. Jacques Naymark (1999 : 21) en donne la définition suivante : « linteractivité est la capacité de réaction de lordinateur (et de ses logiciels) aux actions de lusager, sa capacité de rétroaction ou feed-back ». Il ajoute à cela le potentiel dans le champ de lapprentissage rendu possible grâce à cette interactivité, ainsi que la dimension intentionnelle dont nous reparlerons plus loin. Il souligne le fait que cette notion déchange implique une certaine réciprocité, doù une dimension humaine donnée à la machine.
En fait, la confusion entre interaction et interactivité semble assez courante, comme le souligne Claude Springer (1999 : 255). Cette confusion tient peut-être au fait que lapproche communicative met en évidence « limportance de linteraction et de lauthenticité communicative », donnant à lapprenant le rôle d« acteur dans la communication ». Or, bon nombre de produits multimédia mettent en avant les mêmes possibilités dinteraction que dans la salle de classe, proposant de « transformer lutilisateur en acteur tout puissant ». Mais comme le dit Claude Springer, « on oublie de dire que le modèle de lapprenant virtuel en interactivité avec la machine nest quune piètre reconstruction de lapprenant-communicateur réel ».
Françoise Demaizière et Colette Dubuisson (1992 : 27) adoptent, elles, une approche contrastive en rappelant que les deux termes ont une racine latine commune inter dont un des sens fait référence à une « relation réciproque ». Interaction et interactivité renvoient donc tous les deux à des aspects de « réciprocité » et d« activité ». Pour elles, interaction serait utilisé « dans une session de formation classique, par exemple, pour traiter des échanges entre formateur et apprenants », alors quinteractivité serait réservé « aux cas où, outre un ou plusieurs individus, un dispositif informatique au sens large est impliqué ».
Le terme interactivité désigne « une activité de dialogue entre lutilisateur dun système informatique et la machine, par lintermédiaire dun écran » (Le Petit Robert, 1993 : 1193). Didier Paquelin (2002 : 6) rappelle la différence que Barchechath et Pouts-Lajus (1991) font entre deux types dinteractivité : linteractivité fonctionnelle « qui concerne la partie du logiciel qui établit et gère le protocole de communication entre lutilisateur et le hardware (
) cest-à-dire la logique et lergonomie des échanges dinformation » et linteractivité intentionnelle « qui concerne la partie du logiciel qui établit et gère le protocole de communication entre lutilisateur et lauteur du logiciel ». Selon Didier Paquelin (2002 : 4), linteractivité intentionnelle reprend « lidée que lindividu apprend lorsquil est placé dans une situation de relation avec lenvironnement sur lequel il peut agir et qui réagit en modifiant certaines de ses composantes ». Selon Françoise Demaizière (1996 : 76), cest linteractivité intentionnelle qui va permettre de simuler ou de reproduire un échange entre êtres humains.
Cette notion dinteractivité a toujours soulevé de nombreuses questions quant à la relation homme(/ machine et aux conclusions à en tirer pour lenseignement / apprentissage des langues. Linteractivité en termes de multimédia est primordiale, agissant directement sur le potentiel dun logiciel de langues. Nous nous arrêterons sur cette notion dinteractivité dans lanalyse des produits multimédia que nous avons réalisée en nous interrogeant sur leurs rôles potentiel et effectif dans le développement dune compétence de production, quelle soit orale ou écrite.
La métacognition
Les dernières années de recherche didactique ont apporté une meilleure connaissance des processus dapprentissage et ont mis en évidence limportance de la métacognition. Danielle Bailly reprend la définition de J.-E. Gombert (1990) selon laquelle le concept de métacognition renvoie au « domaine qui regroupe 1) les connaissances introspectives conscientes quun individu particulier a de ses propres états et processus cognitifs, 2) les capacités que cet individu a de délibérément contrôler et planifier ses propres processus cognitifs en vue de la réalisation dun but ou dun objectif déterminé » (Bailly, 1998b : 162).
Jacques Naymark (1999 : 28) explique qu« apprendre, cest comprendre la démarche que lon a suivie et être capable de la formaliser. La formaliser, cest la rendre transférable et reproductible, de façon relativement indépendante de lobjet même de lapprentissage ».
Selon Marie-Thérèse Vasseur (1996, citée par Pothier, 2001 : 34), cest « en se posant tout haut les questions quil se pose tout bas, cest à dire en laissant apparaître des traces de ses activités de réflexion sur le nouveau système, [que] lapprenant se donne une chance daboutir à des réponses, cest à dire de développer plus efficacement son système linguistique ». Elle défend lidée selon laquelle la verbalisation permet daccéder au fonctionnement interne de lutilisateur et donc de lamener à un stade supérieur de son apprentissage.
En fait, Marie-Noëlle Lamy (2001 : 37) montre que chaque apprenant a une façon propre de conceptualiser un savoir, ce qui lamène à penser que les apprenants ont intérêt à construire ensemble des savoirs et des savoir-faire. Une phase de conceptualisation, selon elle, pourrait consister à amener les apprenants à émettre des hypothèses, les discuter entre eux, les remettre en question, etc. Il semble important que chacun prenne conscience de ses erreurs et tienne compte de lavis des autres. Cest ce que Jacques Naymark appelle le conflit socio-cognitif (1999 : 28), cest-à-dire « la possibilité de se confronter à des pairs et déprouver la justesse ou la pertinence dun raisonnement en le confrontant à dautres ».
Élisabeth Brodin, quant à elle, regrette que cette démarche de conceptualisation ne soit pas plus répandue dans les pratiques intégrant les technologies. En effet, elle met le lecteur en garde contre les raccourcis un peu abusifs qui amèneraient à conclure quinstrumentation signifie nécessairement conceptualisation : « linstrumentation de lapprentissage ne garantit pas le passage de lactivité pratique déployée par lélève (
) à lactivité mentale de conceptualisation » (Brodin, 2002 : 176).
Alors, comment passer du savoir sur la langue au savoir parler la langue ? Dans quelle mesure le multimédia peut-il favoriser cette démarche de procéduralisation ? Cest ce que nous allons tenter de voir dans les analyses que nous avons faites.
Selon François Mangenot (2002 : 153), « le multimédia hors ligne peut se trouver utile, dans le cas des meilleurs produits, pour les activités de compréhension et de prise de conscience de la manière dont la langue et le discours fonctionnent ». Cependant, il souligne tout de même, « dans le cas des meilleurs produits ». Trop souvent, les logiciels « font limpasse sur les processus de haut niveau et ne se soucient pas de la conceptualisation nécessaire à la création dautomatismes procéduraux » (Brodin, 2002 : 158). Or même avec un exercice de type QCM, un enseignant peut mener une activité de conceptualisation. Cest ce que nous tenterons de montrer.
Mais attention au risque de retour en arrière pédagogique
En fait, comme le dit François Mangenot (2002 : 132), « la question nest peut-être plus tant est-ce que les technologies sont efficaces ? que dans quelles conditions sont-elles efficaces ? ». Il défend lidée selon laquelle les TIC doivent impérativement être intégrées dans une séquence pédagogique car plusieurs observations montrent quune nouveauté technologique entraîne souvent un retour en arrière pédagogique.
Élisabeth Brodin (2002 : 154) explique ce phénomène par le fait que larrivée des ordinateurs dans la salle de classe correspond à un moment où loral était largement privilégié dans les pratiques denseignement. Or, les ordinateurs ne pouvaient alors traiter que lécrit. Le début des années 80 a donc été caractéristique dun décalage entre les contraintes techniques des ordinateurs et le courant communicatif qui se développait alors rapidement. Élisabeth Brodin parle de « vide théorique compensé par un retour du béhaviorisme à travers des programmes proposant souvent des activités mécaniques répétitives sans contextualisation, réactualisant des modèles pédagogiques dépassés ».
Jean-Paul Narcy (1993 : 59) tient un discours du même type : « une tâche inefficace sans support technologique restera inefficace avec support technologique. (
) Il arrive même que lon assiste à une régression des pratiques (
) où sont proposés des exercices décontextualisés et répétitifs quaucun enseignant de bon sens noserait proposer en classe ». Françoise Demaizière (1996 : 74) souligne également le décalage entre les discours des enseignants (et des produits multimédia) qui se réclament de lapproche dite communicative et les pratiques réelles qui vont introduire une partie exercices avec « des phrases hors contexte et hors situation, ce qui est a priori en contradiction avec leurs postulats de départ et correspond plutôt à une méthodologie structurale béhavioriste ».
Quant aux applications que lon peut observer dans les logiciels, Claude Springer (1999 : 256) souligne que trop de produits multimédia « se contentent dexploiter les ficelles simplistes de la méthodologie audiovisuelle ». Cest ce que nous allons tenter détudier dans les exemples que nous avons pu analyser.
Conclusion
A partir du cadre théorique que nous venons de définir, nous nous proposons de voir dans quelle mesure les applications multimédia existantes sinspirent ou non de ces concepts didactiques de base. Les activités sont-elles organisées en séquences pédagogiques ? Quelle exploitation fait-on des ressources choisies ? Quel est le contenu des activités proposées ? Sont-elles conçues à partir des ressources ou bien les ressources ne sont-elles quun prétexte à un fait de langue, par exemple ? Les activités privilégient-elles une approche du global au détail, du simple au complexe, du concret à labstrait ? Aide-t-on lapprenant à développer des stratégies dapprentissage transférables ? Comment lapprenant est-il sollicité ? Sollicite-t-on aussi bien les opérations de haut niveau que celles de bas niveau ? Amène-t-on lapprenant à réfléchir à ses pratiques dapprentissage ? Autant de questions qui forment la problématique de notre étude.
Cependant, force est de constater avant cela, que la majorité des exercices proposés est composée de choix fourni. Pourquoi ? Quest-ce que le choix fourni ? Pourquoi a-t-il si mauvaise réputation ? Nous nous proposons donc daborder le choix fourni et plus particulièrement le QCM, avant den analyser ses diverses formes dans les pratiques existantes.
MODE DE SOLLICITATION LARGEMENT MAJORITAIRE DANS LES RESSOURCES NUMÉRIQUES : LE CHOIX FOURNI
Contrainte technique actuelle
Dans le cadre de cette étude, nous sommes partie du constat selon lequel, malgré tous les atouts techniques et communicatifs mis en avant par les discours commerciaux, tous les logiciels sont basés sur des exercices à choix fourni. Cest une contrainte technique due au travail important quimplique « la mise au point par écrit dun enseignement intégrant de nombreuses questions avec une analyse de réponses », comme en témoigne Françoise Demaizière (1986 : 41).
Linvestissement en temps, en personnes et en moyens financiers ne semble pas être rentable pour bon nombre déquipes. Il est justement intéressant de souligner les différences dans la conception de logiciels créés par des équipes de recherche MACAO par léquipe de Montpellier et ELSA par léquipe de Rennes qui sont accompagnés dune réflexion didactique approfondie et la conception de logiciels créés par des maisons dédition Harraps, English for Dummies, Teentalk, Digital Publishing, Real English, Grammar Rom.
Le deuxième constat qui est à lorigine de cette étude concerne la pauvreté de la littérature sur le choix fourni et le QCM plus particulièrement. Dieudonné Leclercq semble être un des auteurs majeurs européens dans le domaine mais son ouvrage La conception des questions à choix multiple date déjà de 1986 ! Or, les fondements didactiques, les théories linguistiques et tout simplement les conceptions de lenseignement / apprentissage des langues ont évolué pendant ces deux décennies ; et cela dautant plus avec larrivée du multimédia, offrant de nouvelles perspectives aux QCM. Mais aucune littérature ne semble avoir mis en avant ce nouveau potentiel.
Ces deux constats nous ont menée à la conclusion suivante : les logiciels de langues qui sortent sur le marché depuis quelques années et ils sont nombreux ne sappuient sur aucune théorie récente en ce qui concerne les exercices proposés. Bien sûr, la plupart se réclame de lapproche communicative mais cela ne suffit pas ; dautant plus quil faudrait encore que les concepteurs appliquent les fondements prônés par cette même approche.
Nous avons donc souhaité analyser comment les exercices à choix fourni sont conçus. Répondent-ils aux fondements didactiques actuels ou sont-ils basés sur les théories des QCM qui remontent aux années 70 et 80, époque où lenseignement / apprentissage des langues était basé sur le structuralisme et le béhaviorisme ? Avant de tenter de répondre à ces questions, nous nous proposons de redéfinir lexercice à choix fourni et le QCM plus spécifiquement.
Définition de lexercice à choix fourni
Par « exercice à choix fourni » nous désignons tout exercice dans lequel lapprenant choisit la réponse à la question posée parmi une liste de propositions. Ce type dexercice comprenant aussi bien les exercices de remise en ordre déléments « brouillés », que les exercices lacunaires, les exercices dappariement ou encore les différents types de QCM est souvent considéré comme étant très guidé (Bailly, 1998b : 105). Cest dailleurs la raison pour laquelle ils répondent assez bien à la contrainte technique liée au multimédia.
Arrêtons-nous un moment sur le plus connu de ces exercices à choix fourni : le QCM. Selon la définition de Dieudonné Leclercq (1986 : 15), le QCM est une série de questions auxquelles « létudiant répond en opérant une sélection (au moins) parmi plusieurs solutions proposées, chacune étant jugée (
) correcte ou incorrecte indépendamment de létudiant qui doit y répondre ». En détaillant chacun des termes de « question à choix multiple », Dieudonné Leclercq met en lumière le rapprochement entre la notion de choix et celle de dilemme. Solliciter lapprenant par le biais dun QCM, cest en fait le mettre en position de dilemme, le confronter à des réponses auxquelles il naurait pas forcément pensé afin détayer sa réflexion. Cest par le biais de ce rapprochement que le QCM prend, selon nous, toute sa dimension didactique.
Mais cette définition laisse également apparaître lidée dévaluation, de jugement de lapprenant, qui a fait du QCM un objet de critiques systématiques, traînant derrière lui sa mauvaise réputation, malgré la fascination parfois inexplicable de certains apprenants pour cet exercice qui paraît à dautres sans intérêt.
De la mauvaise réputation du QCM
Les origines du QCM
Il est difficile de situer lorigine du QCM qui semble avoir existé de tout temps. Cependant la tradition est américaine et remonte à la première guerre mondiale. Larmée a en effet fait créer les célèbres « Army Tests » par des psychométriciens de lépoque, en vue de la sélection des futurs officiers et sous-officiers parmi les mobilisés. La victoire des alliés a, pour ainsi dire, donné son titre de noblesse au QCM (Leclercq, 1986 : 24).
En France, le QCM a été introduit en 1960 dans les facultés de médecine pour faire face au nombre toujours croissant détudiants. Linstitution avait besoin dune méthode « permettant une correction des épreuves à la fois rapide, uniforme et objective » (Grand Larousse, 1968 : 728).
En fait, de nombreux tests faisant partie de la vie de tous les jours sont maintenant basés sur des QCM : le code de la route, les tests de quotient intellectuel, les divers tests psychologiques durant les entretiens dembauche, les concours administratifs, etc. Mais finalement, les QCM qui nous entourent véhiculent tous une idée de sanction, souvent dans un contexte dinvestissement personnel important. Ce sentiment a probablement contribué à alimenter la mauvaise réputation du QCM.
Ce que lon reproche aux QCM
Une des critiques les plus virulentes à légard des QCM concerne la place laissée au hasard et donc à linjustice quils entraînent. Comment différencier en effet les « choix heureux par ignorance » des « choix corrects par compétence » (Leclercq, 1986 : 32) ? Une des solutions consiste à augmenter le nombre de propositions de réponses, lorsque ce nombre ne simpose pas par lui-même. Dautre part, le fait de retirer des points en cas derreur peut décourager les pronostiqueurs.
Ce sentiment dinjustice peut également venir du fait que les QCM sollicitent généralement beaucoup plus la mémoire que la logique ce qui, selon Dieudonné Leclercq, nest pas une fatalité et affichent une certaine impuissance à mesurer certains types de compétences telles que « lexpression spontanée, laptitude à rédiger et à exprimer sa pensée, linvention de solutions nouvelles et même la reproduction de mémoire sans support » (Leclercq, 1986 : 33). Mais selon Vandevelde (1971 cité par Leclercq, 1986 : 33), à force de vouloir tester plusieurs compétences en même temps, « limage que nous nous faisons de lélève est((
) imprécise ». Dieudonné Leclercq ajoute que « les QCM ne sont quun outil parmi dautres : il importe de recourir au mode dévaluation le plus adéquat à chaque situation ». Notre partie II sinscrit dans cette perspective puisque nous allons tenter de montrer que le QCM na justement pas sa place à chaque étape de la séquence pédagogique.
Un troisième écueil très fréquent des QCM concerne la tentation des concepteurs, qui semble irrépressible, à ne poser des questions qui ne portent que sur des points de détail. Cela semble tenir, comme le soulignent Noizet et Caverni (1978, cités par Leclercq, 1986 : 31), à la nature même des QCM, qui ne portent que sur des items décidables et objectifs. Cela conduit inévitablement à un risque de « parcellisation des connaissances », sollicitant majoritairement la capacité de mémorisation de lapprenant.
Dans cette logique, si les QCM portent exclusivement sur des items décidables et quils ne laissent pas de place à lexpression des opinions, on peut craindre quils ne contribuent à « simplifier la vision du monde des étudiants », entraînant ainsi la « contraction de [leur] champ cognitif » (Leclercq, 1986 : 35). Mais en prônant la complémentarité avec dautres outils, Dieudonné Leclercq défend une « formation harmonieuse » qui ne saurait en aucun cas uniformiser les individus et les sociétés. Cest dans cette optique que nous étudierons les logiciels de langues sélectionnés dans la partie II. Peuvent-ils à eux seuls prétendre développer les quatre compétences ou bien un logiciel doit-il se contenter dun domaine spécifique ?
Face à ces critiques récurrentes suscitées pas les QCM, nous nous proposons de citer quelques tentatives de théorisation de cet exercice, dont bien sûr celle de Dieudonné Leclercq. La taxonomie des objectifs pédagogiques de Bloom constitue également un apport certain à mettre en relation avec la conception des QCM. Enfin, nous tenterons dapporter de nouveaux éléments quant à lapport potentiel des technologies de linformation et de la communication à lexercice QCM.
Cadre théorique dans lequel sinscrit le QCM
Apports de la taxonomie de Bloom
En 1956, Benjamin S. Bloom et quatre autres chercheurs proposaient la Taxonomie des objectifs pédagogiques dans le but de développer un système de classification dans trois domaines : cognitif, affectif et psychomoteur. Nous nous intéresserons au domaine cognitif dans le cadre de cette étude.
Selon ces chercheurs, les activités de lapprenant peuvent être classées selon six niveaux dabstraction mentale de plus en plus complexes. La connaissance constitue le niveau le plus bas de cette hiérarchie et implique « le rappel des faits particuliers et généraux, des méthodes et des processus ou le rappel dun modèle, dune structure ou dun ordre » (Bloom, 1969 : 220-229).
Le niveau de compréhension, quant à lui, porte sur « lappréhension intellectuelle [qui] permet à létudiant de connaître ce qui lui est communiqué et de se servir du matériel ou des idées qui lui sont communiquées sans nécessairement établir un lien entre ce matériel et un autre, ou en saisir toute la portée ».
Lobjectif dapplication marque un niveau supérieur dabstraction. Il concerne « lutilisation [de] représentations abstraites dans des cas particuliers et concrets ».
Le niveau danalyse consiste à « éclaircir la hiérarchie relative des idées et (ou) les rapports entre les idées exprimées ». Il peut porter sur lorganisation de la communication, « les moyens utilisés pour atteindre le but cherché et les bases sur lesquelles [la communication] a été élaborée et disposée ».
Le cinquième niveau dabstraction que Bloom et ses collègues ont défini est la synthèse qui « consiste à disposer et à combiner les fragments, parties, éléments, etc., de façon à former un plan ou structure que lon ne distinguait pas clairement auparavant ».
Quant au niveau dabstraction le plus élevé, il sagit de lévaluation qui se définit par « une formulation de jugements [qualitatifs ou quantitatifs] sur la valeur du matériel et des méthodes utilisées dans un but précis ». Les critères dévaluation, situés par rapport à une « norme dappréciation », peuvent être proposés ou non à létudiant.
Par le biais de cette taxonomie, Bloom et al. ont montré quil existe plusieurs façons de savoir quelque chose et que cest en sollicitant tous ces niveaux dabstraction de la manière la plus élaborée et la plus diversifiée possible que lapprentissage à long terme sera dautant plus efficace.
Quel est lapport de cette taxonomie à la conception de QCM ? Le principal concerne la diversification des manières de solliciter lapprenant par le biais dun QCM. Cet exercice ne doit en effet plus être considéré comme un simple outil de vérification de mémorisation de faits à court terme quand il peut en fait constituer une aide précieuse pour lenseignement(/ apprentissage dune langue, en visant à développer les niveaux dabstraction les plus élevés, tels que lanalyse, la synthèse ou lévaluation.
Voyons maintenant lapproche théorique adoptée par Dieudonné Leclercq et qui sapplique directement à la conception de QCM.
Apports de Dieudonné Leclercq
Au-delà de règles de rédaction des QCM, Dieudonné Leclercq (1986 : 127-144) a approfondi sa réflexion en proposant dinsérer des « solutions générales » dans les propositions de réponse. Malgré sa complexité apparente, nous pensons quil sagit là dun outil tout à fait intéressant qui permettrait de mettre en application la taxonomie de Bloom dans la conception des QCM.
En quoi les solutions générales consistent-elles ? Dieudonné Leclercq suggère de rajouter quatre propositions de réponses dans la consigne : « aucune solution proposée nest correcte », « toutes les solutions proposées sont correctes », « les données de lénoncé sont insuffisantes » ou encore « lénoncé contient une absurdité ». Cest à dire quen plus des réponses proposées, lapprenant a la possibilité de choisir parmi ces quatre autres options.
Quel est lintérêt ? Latout majeur de cet outil est de solliciter toujours davantage « la vigilance et lattention de létudiant » (Leclercq, 1986 : 128). La première solution de « rejet » rend la performance de lapprenant plus difficile dans la mesure où il ne peut répondre simplement en reconnaissant la bonne réponse parmi les solutions proposées. Cest un reproche récurrent auquel le QCM peut échapper par ce biais-là.
Adopter ces solutions générales, cest également permettre de réduire les chances de réponse au hasard. Cette probabilité ne se mesure plus par une chance sur le nombre de solutions proposées mais par une chance sur le nombre de solutions proposées plus le nombre de solutions générales.
La deuxième de ces solutions générales permet de capter lattention de lapprenant et de linciter à considérer chaque solution proposée avant de faire son choix. La tâche sen trouve complexifiée mais elle participe dun développement dopérations mentales plus élevées, faisant ainsi appel aux capacités dapplication et danalyse telles que Bloom les a détaillées.
La troisième solution générale vise justement à mettre en perspective lobjectif dapplication. Il ne suffit pas de mettre en uvre des lois, des principes, voire même des règles de grammaire( même si cette solution nest pas tout à fait adaptée à notre champ disciplinaire( lapprenant doit également être capable de voir sil possède les éléments nécessaires à cette mise en uvre. Comme le commente Dieudonné Leclercq, cette solution générale « permet de créer des questions à lintersection des niveaux taxonomiques de lapplication et de lanalyse » (Leclercq, 1986 : 130).
La quatrième solution générale nous semble moins intéressante car elle contribue, selon nous, à créer la confusion dans lesprit des apprenants. Dieudonné Leclercq rappelle en effet que la procédure a été créée pour lenseignement supérieur et nous pensons que pour lappliquer à lenseignement secondaire, voire primaire, comme il le suggère, un certain nombre daménagements seraient nécessaires. Ce quatrième point consiste à insérer une absurdité dans lénoncé, sollicitant de cette façon, les niveaux danalyse et dévaluation de lapprenant. Cependant nous pensons que dans le domaine des langues, mieux vaut confronter lapprenant à une situation de quiproquo due à une mauvaise utilisation de la langue par exemple et concevoir un QCM plus classique et surtout plus adapté à un public moins expérimenté. Les mêmes niveaux danalyse et dévaluation de la prestation de lautre seront sollicitées mais de manière moins confuse que par lintermédiaire de cette solution générale.
Par le biais de cet outil, Dieudonné Leclercq a donné une perspective nouvelle au QCM même si lon peut vraiment regretter que ces solutions ne soient pas exploitées dans les produits que lon trouve sur le marché actuellement. Il sagit en effet de questions qui font appel à dautres types de raisonnement, plus élaborés.
Force est de constater cependant que la nature du champ disciplinaire est un facteur majeur dans le rôle potentiel de cet outil. Il paraît évident que les disciplines scientifiques se prêtent bien plus à ce type de procédures que langlais, puisque cest le domaine qui nous intéresse. Cela dit, les solutions générales ont le mérite damener lapprenant à « se concentrer, non seulement sur les solutions quil a sous les yeux mais en plus sur les [solutions générales] » (Leclercq, 1986 : 135) ; et cela, quelle que soit la matière concernée.
Apports potentiels des TIC
Au delà de lapport majeur de ces deux auteurs, nous avons voulu ajouter une pierre à cet édifice en abordant lapport potentiel des TIC dans cette perspective. Comme nous lavons vu, le QCM est une contrainte technique qui nécessite une conception basée sur des principes didactiques et il est évident que le facteur humain y joue un rôle crucial.
Il nous semble important de souligner tout dabord que notre analyse ne se situe pas dans le même cadre que Dieudonné Leclercq puisque le QCM, grâce entre autres à lintroduction des TIC, est envisagé comme outil dapprentissage, intégré à une séquence pédagogique et non plus exclusivement comme instrument dévaluation. Inutile donc de préciser que les préoccupations de lordre de linjustice et du hasard nont plus les mêmes implications. Cela dit, la phase de conception garde toute son importance.
Un des atouts majeurs de lintroduction des TIC concerne le traitement de lerreur et la rétroaction immédiate que lapprenant peut recevoir ; ce qui constitue un élément extrêmement formateur. Lapprenant na plus à attendre la phase de correction pour pouvoir passer à la phase de remédiation. Le QCM est un véritable outil dindividualisation de lapprentissage qui vise à autonomiser lapprenant. On peut cependant regretter que tout cela ne soit que de la théorie, dans la mesure où lanalyse des logiciels que nous ferons dans notre seconde partie tentera de mettre en évidence cette exploitation maladroite, voire inexistante de ce potentiel de remédiation.
La possibilité dintégrer virtuellement tout support à un QCM représente également un intérêt certain. La liberté de navigation et de conception sen trouvent transformées, permettant ainsi laccès instantané à une règle de grammaire, une définition, un document complémentaire sur Internet, etc. Mais cette option ouvre également la gamme des documents support. Il est maintenant devenu aisé de proposer nimporte quelle séquence audio ou vidéo, nimporte quelle image, nimporte quel document historique, etc., tirés de sites Internet libres de droits accessibles aux enseignants. Les TIC constituent un apport indéniable en termes denseignement / apprentissage des langues et contribuent à donner aux QCM de nouvelles perspectives, même sil est évident que la conception reste le maître-mot.
Conclusion
Le cadre que nous venons de présenter a pour objectif de mettre en lumière les questions qui nous ont animée tout au long de ce travail. Nous avons souhaité savoir si les exercices à choix fourni et plus largement les logiciels de langue sinspirent des théories didactiques actuelles, tant sur le plan des activités quils proposent que sur celui des exercices qui les accompagnent.
PARTIE II
Atouts, limites & exploitations potentielles du choix fourni
dans les pratiques existantes
PROBLÉMATIQUE ET CHOIX DES SUPPORTS
Cette seconde partie se propose détablir un panorama des exercices à choix fourni existants dans la sélection de didacticiels de langues que nous avons effectuée.
Sur quels critères avons-nous basé notre sélection ? Nous avons souhaité analyser aussi bien des didacticiels qui nabordent quune compétence de lapprentissage dune langue, la compréhension de loral Real English et Teentalk que des didacticiels qui visent à développer plusieurs compétences la compréhension et la production de loral pour Digital Publishing, la compréhension de loral et de lécrit ainsi que la production orale pour ELSA et enfin les quatre compétences pour English for Dummies et Harraps. En parallèle de ces didacticiels, dautres traitent dun domaine spécifique tel que la grammaire avec Grammar Rom ou la phonologie avec MACAO.
Nous avons également souhaité diversifier notre sélection en termes de types de documents exploités : du document purement didactique dans Digital Publishing au document quasi-authentique avec des interviews dans ELSA et Teentalk ou des reportages vidéo et des clips tout à fait authentiques dans Real English. Les didacticiels ont également des approches culturelles diversifiées ELSA, Real English et Teentalk ont un objectif civilisationnel indéniable, même sil nest pas toujours exploité. Enfin, nous avons souhaité établir ce panorama en fonction de lapproche de lenseignement / apprentissage des langues que les didacticiels adoptent. Il existe parfois un écart, plus ou moins important, entre lapproche dont les didacticiels se réclament lapproche communicative pour la plupart sauf pour ELSA qui date de 1996 et qui sinspire de lapproche notionnelle-fonctionnelle et lapproche quils adoptent dans les faits.
Enfin Harraps et English for Dummies ont un statut un peu particulier dans notre sélection dans la mesure où les deux didacticiels ont en fait le même contenu, à quelques différences près ; et cest justement sur ces différences-là que nous avons voulu attirer lattention. Même si linformation est très difficile à se procurer, il semble que English for Dummies soit exclusivement réservé au marché nord-américain et Harraps au marché européen le service client de Syracuse nous la confirmé ce qui permettrait démettre quelques hypothèses quant aux approches de lenseignement / apprentissage des langues dans ces deux zones.
Lanalyse de ces didacticiels nous a conduit à nous poser un certain nombre de questions. Comme nous lavons vu dans notre première partie, la didactique des langues actuelle sappuie sur un principe de base selon lequel toute séquence pédagogique doit comprendre une phase danticipation, une activité principale et une phase dapprofondissement (Bailly, 1998a : 33). Y a-t-il adéquation entre ce présupposé théorique et les pratiques existantes ? Comment les didacticiels de langues sont-ils conçus ? Quels exercices proposent-ils à lapprenant pour atteindre les objectifs visés ? Notre analyse a montré que la grande majorité prend la forme dexercices à choix fourni. A quel moment de la séquence sont-ils placés ? Quelle fonction remplissent-ils ? Servent-ils à anticiper déventuels obstacles lexicaux ou phonétiques ? Viennent-ils en support du document principal ou celui-ci nest-il quun prétexte pour travailler sur la langue ? Constituent-ils une aide à la compréhension ou une simple vérification de la compréhension ? Servent-ils à fixer les acquis et à les appliquer à dautres contextes ? Sont-ils évaluatifs ; si oui, dans une perspective formative ou sommative ?, etc.
Ce sont autant de questions qui guideront notre réflexion. Dans un premier temps, nous nous proposons détudier le rôle du choix fourni en phase danticipation. Puis, dans le cadre de lactivité principale de la séquence, nous verrons quelle utilisation les didacticiels font du choix fourni, soit en phase de compréhension en accompagnement dun document oral ou écrit, soit en phase de production. Ensuite, nous nous interrogerons sur les exercices de fixation en phase dapprofondissement qui visent à manipuler les acquis, à se les approprier et à les réinvestir dans un contexte différent. Enfin, après avoir abordé la phase dévaluation, nous considérerons les apports du choix fourni en phase de développement dun domaine spécifique.
PANORAMA DES PRATIQUES EXISTANTES
Phase danticipation
où le choix fourni nest pas exploité alors quil le devrait
Comme le rappelle Danielle Bailly (1998a : 33), les phases de pré-écoute ou pré-lecture constituent des « béquilles », au même titre que les phases de post-écoute et post-lecture, qui sont « destinées à perdre de leur utilité au fur et à mesure que les élèves sautonomisent et les intériorisent inconsciemment ».
Lintérêt dune phase danticipation réside dans le fait de créer des attentes chez lapprenant en le mettant « en position dauditeur [ou de lecteur] engagé » et en lamenant à émettre des hypothèses sur les questions : qui ? quand ? où ? et quoi ?. Lécoute ou la lecture sera ainsi motivée, puisque lapprenant aura un objectif précis découte ou de lecture active. En mobilisant ses acquis antérieurs, cette phase danticipation permet de faire le lien entre le niveau de développement actuel de lapprenant et le niveau de son développement potentiel. La phase danticipation a pour vocation de « susciter lintérêt des élèves », dactiver leurs schémas mentaux et donc de les placer « en attente » ; lobjectif étant de rassembler au mieux les conditions dun « rendement ultérieur maximal » de la compréhension de loral et de lécrit (Bailly, 1998a : 33).
A partir de ces quelques éléments sur la nécessité dune phase danticipation à lexploitation de tout document oral ou écrit, nous allons passer en revue les didacticiels que nous avons sélectionnés, pour voir que les concepteurs ne sinspirent pas du cadre théorique que nous avons défini dans notre première partie. Notre sélection témoigne en effet dune exploitation brute des documents puisque, dans la majorité des cas, cette phase danticipation est évincée.
Teentalk
Dans Teentalk, aucun exercice ne vient remplir ce rôle de sensibilisation. On ne présente même pas le contenu général du didacticiel à lapprenant ; ce qui pourrait constituer un premier niveau danticipation. Or Teentalk se prêterait tout particulièrement à cette logique dans la mesure où il est composé dune thématique générale avec des personnages récurrents. En effet le didacticiel est basé sur des interviews dadolescents canadiens concernant leur vie quotidienne à lécole. On aurait pu sattendre à un module de présentation qui aurait permis de créer des attentes chez lapprenant quant au contenu du didacticiel. Ici, lapprenant est livré à lui-même. Cest au gré de la navigation quil va découvrir la thématique, les personnages et la logique interne du didacticiel. Cest dommage !
Real English
Dans Real English, la configuration est différente dans la mesure où le didacticiel na pas de thématique générale. Il est constitué de reportages vidéo sur des thèmes divers et variés sans lien entre eux dun reportage sur le théâtre The Globe à un autre sur la danse indienne, en passant par des clips vidéo. On ne pourrait pas imaginer le même type danticipation globale que dans Teentalk mais plutôt une activité spécifique précédant chaque vidéo.
Prenons par exemple le document « Silver Brumby ». Pourquoi ne pas faire précéder la vidéo de quelques questions portant sur le titre et une image issue du document ? Nous proposons quelques pistes :
( From the title and this image, who is the main character of the video ? You can use a dictionary to help you.
(1) a horse
(2) a kangaroo
(3) a wombat
( According to you, where does the story take place ?
(1) in Europe
(2) in the United States
(3) in Australia
( « No good's ever come of man and his monsters in the high country », says Benny the kangaroo. What do you think this story is about ?
(1) men polluting the rivers
(2) men causing the animals kingdom to shrink
(3) men wanting to build a road in the mountain
(4) the story is about the three subjects
( The names of the characters often give details about the type of animal they are, their behaviour, etc. Try and match the following names with the equivalent definition (Note that you can hear the way each name is pronounced by clicking on each ear symbol):
Thowra (the wild horseÏ%Ï%the father of a four-legged animalWombat (the wombatÏ%Ï%thoroughbred (: purebred or pedigreed animal
thorough (: careful with regard to detailsSire (the horseÏ%Ï%an Australian animal like a small bear, whose young live in a pocket of skin on its body
Ces quelques questions visent à amener lapprenant à émettre des hypothèses quant au contenu du document à partir des éléments de base que sont le titre et une image de la vidéo. Il peut en effet répondre aux questions qui ? et où ? qui sont liées puisque cest la recherche dans le dictionnaire de la première question qui devrait donner des éléments de réponse pour la deuxième question. Lapprenant est donc invité à anticiper quelques éléments principaux du contexte qui laideront ensuite à mieux comprendre et éventuellement mieux interpréter le message.
La troisième question porte sur le contenu du document et ne fait quamorcer un début de réponse. Cest en revenant sur cet exercice danticipation pendant le travail de compréhension que lapprenant pourra modifier sa réponse et revoir son hypothèse de départ. Le tout pourra être réinvesti en vue dune production écrite ou orale ultérieure. Soulignons que la réponse correcte à cette question est la (4). Il est évident que lapprenant ne peut répondre à cette question sans avoir pris connaissance du document. Mais le fait de proposer trois solutions correctes lui permet danticiper quand même le contenu. Finalement, le but est quil réfléchisse aux solutions proposées et quil y revienne une fois le document étudié.
Quant à la dernière question, elle permet danticiper les éventuels problèmes de compréhension liés à la prononciation des noms des personnages. Par le biais de cet exercice, nous avons souhaité sensibiliser lapprenant au fait que les noms de personnages de fiction en anglais sont très souvent porteurs de sens et quil faut donc sen inspirer comme stratégie de compensation.
Voici donc quelques pistes qui, selon nous, peuvent constituer une aide précieuse pour les apprenants en les amenant à émettre des hypothèses quils pourront confirmer ou infirmer par la suite et en développant ainsi des stratégies dapprentissage transférables.
ELSA
Pour ce qui est de ELSA, même si les concepteurs nont pas non plus intégré dactivité danticipation, chaque unité est introduite par une voix off, du genre : « In this module on local government organisation in the UK, Ill be talking to Paul Baines whos from London, who works at the association of local government secretaries. Hell be discussing the different levels of local government in the United Kingdom. Grammar and language work will focus on the present tense and on how to ask for information ». Cela constitue une amorce danticipation, lapprenant peut déjà émettre des hypothèses et répondre aux questions : qui ? quoi ? et où ?, même si les questions en elles-même ne sont pas explicitement posées.
English for Dummies
English for Dummies participe dune démarche similaire. Chaque leçon est introduite par le guide virtuel qui est présent tout au long du didacticiel. Il annonce en quelques mots le contenu de la leçon, tel que : « Part of the fun of learning English is meeting new people and making friends. In this lesson you practise greetings such How are you? or Are you enjoying your trip? ». Cependant, la leçon est abordée par le biais des actes de parole étudiés ce qui, selon nous, ne constitue pas un travail danticipation. En effet, ces informations ne permettent pas à lapprenant didentifier les éléments principaux du document.
En parallèle de ces didacticiels qui ne comportent pas dactivité danticipation à proprement parler, on peut en observer dautres qui proposent une unité globale, qui peut dailleurs savérer plus ou moins pertinente quant à son intérêt et à lorganisation générale du didacticiel.
Digital Publishing
Prenons par exemple Digital Publishing. Dans le cas de la navigation guidée, Tim, le guide virtuel, propose dabord un module de prononciation « Pronunciation » qui consiste en une sensibilisation à la phonétique. Si anticipation il y a dans Digital Publishing, cest donc par le biais de ce module quelle se fait. Nous allons donc lanalyser plus en détail.
Ce module de prononciation se justifie par la nature du didacticiel qui accorde une large place à loral et dont latout technique majeur est la reconnaissance vocale. Or cet atout technique nécessite un entraînement particulier de lapprenant pour pouvoir se faire comprendre de lordinateur, doù ce module sur la prononciation et un second spécifique à la prononciation des commandes utilisées pour diriger le didacticiel par la voix.
Quelles formes les activités proposées prennent-elles ? En fait, on nobserve quun seul exercice à choix fourni. Ce module est essentiellement conçu autour de répétitions du modèle donné, ce qui renvoie assez systématiquement à lapproche béhavioriste. La règle du jeu est simple : il suffit découter et de répéter. Lapprenant nest pas vraiment actif. Les consignes varient de « Repeat these words » à « Practice the pronunciation of
».
Ces activités de répétition sont accompagnées de fenêtres explicatives contenant une série de règles de prononciation, mais qui ne sont jamais mises en regard des exemples correspondants. Dans la fenêtre explicative que nous avons sélectionnée par exemple, on donne une liste de règles de prononciation de la voyelle . La remarque concernant les cinq façons différentes de prononcer le nous semble très pertinente, mais pas de cette façon ! Ce module « Pronunciation » calque la prononciation des sons de langlais sur ceux du français, ce qui est une erreur dans la mesure où certains sons nexistent que dans une langue et pas dans lautre. Cest le meilleur moyen, selon nous, dentretenir ce fameux accent français si caractéristique. Or il existe des conventions pour noter ces sons : lalphabet phonétique international qui est universel, lui. Nous verrons plus loin que le multimédia et le choix fourni peuvent savérer être un outil précieux dinitiation à la phonétique et à la phonologie. Pourquoi ne pas sen servir ?
La phrase « si lon écrit la prononciation à laide des sons français, cela donne à peu près la chose suivante » ne devrait en aucun cas apparaître dans un didacticiel de langue. Digital Publishing perd ici une excellente occasion de sappuyer sur un outil scientifique qui lui aurait fourni une certaine légitimité.
En fait, on se contente dimposer une liste de mots à lapprenant, sans même chercher à lui faire mettre en application les règles données. Ces règles ne sont pas transférables, ce qui est regrettable puisque lintérêt dun tel exercice est de pouvoir en retirer un bénéfice à long terme.
On peut regretter que les exercices ne traitent que les opérations de bas niveau, à savoir principalement la mémorisation à court terme. A aucun moment on nexplique limplication des problèmes grapho-phonématiques que lon tente daborder dans ce module. Ici le choix fourni aurait permis de solliciter des opérations de plus haut niveau, en faisant appel aux capacités dapplication et danalyse de lapprenant. Pourquoi ne pas avoir fait observer à lapprenant les différences de prononciation dune même voyelle, lui faisant trouver par lui-même le nombre de façons différentes de prononcer la voyelle , lui faisant classer chaque mot selon le son de la voyelle, etc. ? Lapproche béhavioriste adoptée par le didacticiel est ici tout à fait caractéristique. Si, à en croire le discours commercial, Digital Publishing sinspirait de lapproche communicative, les concepteurs nauraient pas proposé ce type de sollicitation et auraient accordé une place bien plus centrale et bien plus active à lapprenant. Or, ce nest pas le cas.
Voyons maintenant le seul exercice à choix fourni proposé dans le module. Il sagit dun QCM de discrimination auditive. Par le biais de cet exercice, il semble intéressant de noter que lon sensibilise lapprenant au phénomène de confusion phonétique qui peut exister parfois entre certains sons. Soulignons dailleurs quil sagit ici des sons [w], [v] et [f] et non des lettres graphiques, comme le didacticiel a tendance à le laisser entendre. Ces trois consonnes ayant le même lieu darticulation ce sont trois consonnes labiales , elles constituent un obstacle potentiel à la reconnaissance et donc à la compréhension. Cet exercice est donc tout à fait pertinent et on peut dailleurs se demander pourquoi il est isolé. Il est situé en fin de séquence, comme sil servait de test évaluatif au module, alors quil naborde quun problème spécifique. En fait, on pourrait très bien garder lorganisation actuelle du didacticiel, tout en proposant un exercice de ce type à chaque point abordé, complétant ainsi lapproche heuristique que nous avons proposée plus tôt.
Quel est lintérêt dutiliser un QCM dans ce cas précis ? Le QCM va confronter lapprenant à des choix auxquels il naurait pas forcément pensé. Peut-être dailleurs aurait-il donné une réponse différente. Les propositions de réponse servent donc à laiguiller vers la bonne réponse, certes, mais tout en lamenant à réfléchir à dautres formes approchantes, qui ne lui seraient pas venues à lesprit. Le but est détayer sa décision.
Voilà les quelques pistes que nous pouvions proposer en ce qui concerne Digital Publishing. Ce module de prononciation aurait pu constituer une excellente phase danticipation au didacticiel entier et cela nexclut pas non plus de faire précéder chaque vidéo dune activité danticipation mais sil avait été conçu sur dautres bases théoriques.
English for Dummies
English for Dummies propose également un module global danticipation qui est constitué dune unité « Getting started » qui comprend une activité de prononciation, « Pronunciation lab », comme dans Digital Publishing et de cinq autres activités. Dans ce module de prononciation, on sensibilise les apprenants au fait que chaque langue est différente et que donc la première étape dapprentissage dune langue consiste à remarquer les différences qui existent entre la L1 et la L2, tout particulièrement dun point de vue phonétique. Ensuite, il sagit pour lapprenant de savoir reconnaître sil sait prononcer les sons correctement.
Lactivité est décomposée en deux parties : une première traitant des mots isolés classés selon leur lieu darticulation dans la bouche, une seconde où les sons sont regroupés et comparés, mettant ainsi en avant les confusions les plus courantes entre les sons. Les apprenants ont à leur disposition une aide qui peut éventuellement savérer décourageante et repoussante. On propose une liste de lexique spécifique visant à aider lapprenant à placer la bouche et la langue dans la bonne position pour prononcer les sons correctement. En voici un aperçu :
In the notes, you will find a few terms that will help you place the parts of your mouth in the positions that are needed to pronounce the sounds correctly. If you really want to have some fun, watch yourself in a mirror when practicing these positions. Heres a brief listing of the terms, and what they mean:
Blade: The area of your tongue just behind the tip. Other important parts of your tongue are the body (main mass of the tongue) and the back, which is self-explanatory.
Palate: The highest and hardest part of the roof of your mouth. Just roll your tongue along the roof of your mouth and youll easily identify this part.
Soft palate: The soft and fleshy part thats farthest back in the roof of your mouth.
Gum Ridge: Gums are the two areas of firm flesh inside your mouth that cover the base of the teeth. Gum ridges refers to the small gum protrusions that are visible around your upper or lower teeth.
Aspiration: The audible breath that accompanies some speech sounds. The sound is produced by the spread or separation of the vocal cords that lets the air stream pass through.
Le fait dexpliciter le mode articulatoire des sons de langlais nest pas forcément une mauvaise idée mais encore faut-il que les débutants sachent appliquer ces conseils qui sont, à notre sens, très techniques. Ce jargon est-il bien nécessaire ?
En complément de cette unité « Getting started », on propose trois types dexercices à lapprenant essentiellement basés sur la mémorisation à court terme remise en ordre déléments totalement isolés, paires à reconstituer, etc. On peut sinterroger sur lintérêt de ces exercices qui nont aucun rapport avec le reste du didacticiel. On notera, de plus, que dans ces trois exercices, on ne sollicite que des opérations de bas niveau chez lapprenant, à savoir principalement la mémorisation à court terme.
Globalement, ce premier module noffre aucun intérêt dun point de vue didactique. Les exercices peuvent vite devenir rébarbatifs. Lapprenant peut très bien cliquer au hasard et ne rien en retirer à long terme. Cest là un des cas qui alimentent la mauvaise réputation du QCM et du choix fourni en général. Il est vrai que le choix fourni nest pas adapté à toutes les situations mais force est de constater surtout que si lobjectif de départ de lexercice nest pas pertinent et quil nest pas accompagné dune réflexion didactique adéquate, il ne sera pas pertinent non plus, quelle que soit sa forme. La qualité dun exercice ne tient donc pas tant à la forme quil prend quà sa conception.
On peut donc sinterroger sur la pertinence de ce module danticipation dans English for Dummies. Même sil donne loccasion à lapprenant de « se mettre en jambes », il risque de le déstabiliser dans la mesure où le lexique quil a travaillé est totalement hors contexte et sans rapport avec le reste du didacticiel. Il nest même pas réinvesti dans les activités suivantes.
English for Dummies propose également une rubrique « Cultural wisdom » au début de chaque leçon. Pourrait-on envisager cela comme une amorce danticipation ? En fait, elle permet dintroduire des faits culturels mais qui savèrent être tout à fait anecdotiques, assez généralistes et qui sont surtout basés sur des stéréotypes. En fait, ces conseils abordent la langue dans sa dimension socioculturelle, tentant ainsi de fournir quelques éléments de règles de vie sociale et culturelle du pays. Même si lon peut regretter quils restent anecdotiques, ils permettent dinscrire lenseignement / apprentissage des langues dans un cadre qui inclut linfluence des autres individus et de la société, comme nous labordions dans notre première partie.
Harraps / English for Dummies
Comme nous lavons vu, English for Dummies et Harraps ont quasiment le même contenu, mais précisément, une des différences majeures réside dans le fait que Harraps ne contienne pas ce module « Getting started ». On pourrait penser que Harraps est postérieur à English for Dummies et a donc bénéficié dune réflexion didactique plus poussée ayant entraîné quelques modifications. Or ce nest pas le cas, puisquils datent respectivement de 2001 et 2000.
Si lon revient sur les formes danticipation, les deux didacticiels proposent une rubrique « Learning strategies » qui mérite toute notre attention, même si elle nest pas exactement en phase avec les principes que nous avons définis en termes danticipation. En effet, chaque début de leçon est ponctué par un encart donnant des stratégies découte, de lecture ou décriture à lapprenant English for Dummies ne propose que les stratégies de lecture et décriture. Harraps met laccent sur la transférabilité de ces stratégies, en conseillant à lapprenant de se les approprier et de les réutiliser à chaque occasion qui se présentera à lui.
Voici quelques exemples de stratégies dapprentissage :
« Listening strategies »
Before you listen to the conversation, look at the photograph. Try to figure out who the characters are and where they are talking. You can also guess what theyre talking about. Thinking about about these questions in advance will help you understand what you hear.
Focus point : Listen to the conversation again. Try to answer theses questions :
- How do these two characters speak to each other do they use formal or casual style ?
- What words does Steve use when he gives advice ?
- How does Mark know that Steve is teasing him ?
« Reading strategies »
First, read the text quickly for general meaning. This is called skimming. Try to summarize the situation in your mind. Then, start from the beginning, reading the text carefully this time. This method will help you to better understand what you read.
« Writing strategies »
Look for connectorsthat is, words or phrases that connect one idea to another. In Steves e-mail, the connector "so" appears three times. Notice that "so" is placed before the result of something. Every result has a cause. Can you find the cause in each case? For example:
Cause: Steve is setting up a new networking system.
Result: Hell be in Atlanta for a few weeks.
Later, you will use what you know about connectors to order the sentences in Writing Practice.
Par le biais de ces conseils, on invite lapprenant à émettre des hypothèses quant au contenu du document qui suit, tout en créant des attentes dans son esprit. Lobjectif est de mettre lapprenant en condition de telle sorte que la compréhension et donc linterprétation du message en soient facilitées. On peut regretter que ces stratégies ne soient pas mises en pratique plus explicitement, au moins dans un premier temps ; dautant quelle ne sont malheureusement pas vraiment réinvesties dans la suite de la leçon.
Prenons par exemple la leçon « Invite a colleague out » qui a pour objectif de développer la compétence de production écrite de lapprenant. La stratégie décriture que nous venons de citer précède lactivité principale. Lorsquen fin de leçon, on propose à lapprenant lexercice « Construction kit », on pourrait sattendre à ce quil porte sur les connecteurs de manière à réinvestir les conseils donnés. Or ce nest pas le cas. Lapprenant est confronté à un exercice de remise en ordre de fragments de courriel mais ces fragments ne comportent pas de connecteurs, à part éventuellement « that is ». Lapprenant doit plutôt faire appel à sa capacité danalyse logique pour faire lexercice.
Conclusion
Pour conclure, on voit que, dans la majorité des cas, le document principal de chaque séquence nest précédé daucune activité danticipation. Or, grâce aux quelques pistes que nous avons proposées pour Real English, nous avons tenté de montrer que quelques questions à choix fourni pourraient tout à fait remplir ce rôle. En émettant des hypothèses sur les questions qui ? quand ? où ? et quoi ?, lapprenant peut « prévoir le déroulement et le contenu dun échange », comme le prône Jean-Paul Narcy (1990 : 33).
Activité principale
Selon Danielle Bailly (1998a : 34), lactivité principale de la séquence pédagogique proposée doit « saccompagner de tâches encadrant le processus », rendant donc lapprenant acteur de son apprentissage. Par le biais de grilles découte ou de lecture, lenseignant vise à « [doubler] lécoute [ou la lecture] dun contenu de lecture facilitateur », en concentrant lattention sur les points essentiels, tout en exerçant lapprenant à effectuer des « repérages efficaces ».
Dans cette perspective, la grille découte ou de lecture amène lapprenant à travailler du global au détail, de lexplicite à limplicite ou encore du connu à linconnu, tout en développant sa capacité à prendre des notes afin de « schématiser les liens » et détablir des « correspondances (
) entre loral et lécrit ». En fait, cest en poussant lapprenant à focaliser son attention sur des demandes précises quil va apprendre à structurer linformation et ainsi à mieux comprendre et interpréter le message.
Nous nous proposons maintenant danalyser dans quelle mesure ces éléments sont mis en pratique dans la conception des didacticiels de langues. Quels documents les concepteurs ont-ils choisis ? Quelle exploitation en ont-ils fait ? Le document est-il authentique ou bien tellement didactisé quil en devient totalement artificiel et va ainsi à lencontre des principes communicatifs que le didacticiel met en avant ? Le document nest-il quun prétexte pour travailler un fait de langue ? Quels exercices sont proposés aux apprenants ? Lexercice de choix fourni constitue-t-il une aide à la compréhension ou simplement une vérification de la compréhension ? De quelle manière les apprenants sont-ils sollicités ? Quelles opérations mentales sont mises en jeu ? Toutes ces questions guideront notre analyse.
Alors que certains didacticiels visent à développer lensemble des compétences de lapprentissage dune langue Harraps et English for Dummies dautres nen abordent quune partie compréhension de loral et de lécrit ainsi que production orale pour ELSA. Dautres encore se concentrent exclusivement sur loral Teentalk, Real English ou Digital Publishing. Nous allons tenter danalyser lutilisation du choix fourni en tant que grille découte dun support oral dans un premier temps, puis en tant que grille de lecture dun support écrit. Ensuite, nous étudierons dans quels cas le choix fourni est proposé pour développer la compétence de production orale et enfin la compétence de production écrite.
Compréhension de loral
où le choix fourni nest pas exploité à sa juste valeur
Digital Publishing, Real English et Teentalk sont des didacticiels qui privilégient exclusivement la compétence orale, en proposant des documents vidéo. Si Real English a puisé ses documents supports dans des reportages authentiques ou des clips vidéos de chansons, Digital Publishing a créé ses « photo-stories » de toutes pièces, les privant de toute dimension communicationnelle. Teentalk, pour sa part, propose des interviews délèves authentiques, même si elles ont été tournées pour le didacticiel.
Real English
Quelle exploitation les concepteurs de Real English ont-il fait des documents proposés ? Comme nous lavons vu, ce didacticiel est essentiellement basé sur des reportages vidéo dans lesquels limage facilite laccès au sens du message. On peut regretter cependant que lapprenant ne soit jamais invité à sen aider explicitement. Saider de limage pourrait pourtant constituer un atout précieux pour mettre en place des stratégies de compensation.
Il nous semble important de souligner également que le potentiel civilisationnel de bon nombre de ces documents nest pas exploité. Pourquoi avoir choisi des clips vidéos de chansons qui ont connu un énorme succès en Australie sans les exploiter et approfondir leurs paroles, le contexte dans lequel elles sont parues, etc. ? Pourtant le premier contact que lapprenant a avec la chanson est le suivant : « This module contains popular song clips that (
) cause listeners to think about the messages ». On peut regretter par exemple que les deux chansons de Christine Anu, chanteuse aborigène, proposées dans le didacticiel nétablissent pas de lien avec la population aborigène et la reconnaissance que lon a pu accorder à certains de ses membres à une certaine époque. Le fait quelle soit aborigène nest même pas mentionné.
De la même manière, le document « Dad and Dave » ne fait même pas allusion à la tradition australienne, dans laquelle Dad et son fils Dave incarnent une famille de paysans simples, modestes et sans prétention.
Ce didacticiel australien semble tout faire pour que lon ne sache pas quil est australien. Même les accents sont « effacés » pour laisser la place à un anglais « britannisé ». On peut regretter que Real English naffiche pas sa spécificité civilisationnelle et quil nen fasse pas profiter les apprenants.
Analysons maintenant le type dexercices proposés aux apprenants en vue de lexploitation de ces documents. Chaque vidéo est accompagnée de cinq exercices à choix fourni visant à aider lapprenant à comprendre le document : « Match text », « Sequence text », « Gap filling », « True or false » et « Multiple choice ». Le didacticiel entier suit ce schéma. Même si lapprenant a besoin de repères précis et récurrents dans la navigation, on a tendance à penser quil pourra éventuellement ressentir une certaine routine dans Real English. Ce sont toujours les mêmes exercices qui sont proposés tout au long des 31 unités.
Ce sentiment de routine peut également venir du fait que chaque question de chaque exercice est accompagnée de son propre segment vidéo, ce qui contribue à fragmenter le document et à le dénaturaliser, jusquà lui en faire perdre sa dimension communicationnelle. Or, le document vidéo global reste accessible à tout moment. Pourquoi mettre à position ces fragments à chaque fois, alors que lapprenant pourrait parfaitement aller chercher la réponse en effectuant lui-même le va-et-vient entre le document et les exercices ? Par le biais de cette démarche, le document sen trouve compartimenté, répété voire martelé tout au long des cinq activités. Lapprenant risque de perdre patience assez rapidement.
Il faut également souligner que cette démarche nencourage pas lapprenant à envisager le document dans sa globalité. Cest au contraire un moyen de mettre en avant des points de détail, au lieu de prendre en compte le ton du reportage ou le sens caché de tel ou tel message.
Détaillons maintenant plus précisément chaque exercice. Dans « Match text », on propose un travail de reconnaissance entre loral et lécrit. Les choix proposés sont tous corrects ; ce sont des éléments du document. Il sagit là dune première phase de compréhension du reportage, où lapprenant va pouvoir faire le lien entre le message oral et sa correspondance écrite. Il semble que le but de cet exercice soit de sapproprier le texte, mais finalement sans travailler son sens. On peut regretter que ne soient sollicitées ici que les capacités de mémorisation et de reconnaissance.
Lexercice « Sequence text » consiste en un travail sur la forme du message, avec un questionnement récurrent du type : « Listen to the clip and put these phrases(/ words(/ sentences(/ paragraphs(/ articles(/ prepositions into the correct order ». En plus de la simple reconnaissance de mots, de phrases, etc., on invite lapprenant à exercer un niveau danalyse plus élevé. Il doit établir une correspondance entre deux séries déléments, ce qui est plus complexe avec des mots isolés quavec des phrases. Remettre en ordre des mots isolés suppose en effet que lapprenant soit capable de déconstruire puis de reconstruire une phrase, ce qui vise à développer sa compétence linguistique. Dailleurs, certains apprenants ne saideront pas du message oral pour répondre à la question mais feront plutôt appel à leur capacité de raisonnement syntaxique.
On peut regretter un traitement de lerreur trop léger. En cas derreur, le seul recours de lapprenant est de réécouter la vidéo autant de fois que nécessaire et de manipuler les segments jusquà ce que lordinateur indique que la réponse est correcte, même si lapprenant navait pas fini ses manipulations, dailleurs.
Le troisième exercice que Real English propose est un exercice lacunaire, qui nest autre quun exercice de dictée. Lapprenant doit retrouver le(s) mot(s) manquant(s) et pour cela, il dispose de plusieurs outils : lanagramme, le pendu, etc. Soulignons que dans certains cas, il peut arriver quun mot du texte soit utilisé dans un contexte différent. Par exemple, au segment de vidéo « its going to get worse Thowra », correspond la question : « Read the new text and fill in the gap with a word you hear in the clip: his health is getting WORSE ». Sur le principe, réinvestir le lexique dans un contexte différent est tout à fait en adéquation avec le cadre théorique que nous avons défini. Cela dit, le cas est tellement rare dans le didacticiel que lon peut se demander si cela ne va pas être trop déstabilisant pour lapprenant. Dans la mesure où cet exercice nest pas du choix fourni, nous ne le traiterons pas plus en détail ici.
Le quatrième exercice est un QCM « True or false ». De quel type sont les affirmations proposées ? Les amorces consistent en des paraphrases du document, ce qui permet dexercer la capacité dinterprétation de lapprenant, dune part, et de développer sa compétence lexicale, dautre part. Dans la question que nous avons sélectionnée par exemple, on demande à lapprenant détablir le lien entre « Seeing is one thing, doing something about it is quite another » et « They are not sure they can take any useful action ». Lexercice nécessite que lapprenant ait atteint un certain degré de compréhension pour pouvoir répondre à la question en faisant appel à ses capacités danalyse. Notons tout de même que laccumulation de questions de ce type conduit forcément à des questions naïves et sans intérêt.
Enfin, le dernier exercice proposé pour chaque reportage prend la forme dun QCM. A chaque question correspondent quatre propositions de réponse, qui se contentent de paraphraser des détails de ce texte qui ne ressemble plus à grand chose après cinq écoutes fragmentées. De quel choix de réponses lapprenant dispose-t-il ? Les réponses proposées dans cet exercice sont soit phonétiquement proches, comme cest le cas de lexemple choisi, soit des synonymes. Dans certaines questions, on fait travailler lapprenant sur des mots de la phrase ou sur la syntaxe ou bien on distingue une amorce dinterprétation, de synthèse sur le sens. On remarque cependant que, trop souvent, les solutions de réponses contiennent des distracteurs qui noffrent pas grand intérêt et dont on peut interroger la pertinence. Par exemple, à la question : « Where is the man working ? », on propose à lapprenant : « in a rubbish tip », « in a bottle shop », « in a stream » ou encore « on a beach ».
Real English vise à développer exclusivement la compétence de compréhension de loral mais on peut lui reprocher la démarche choisie. Lapprenant est littéralement noyé sous une masse de questions jusquà une trentaine par exercice. Il subit également la même vidéo au moins six fois dont cinq fragmentées. Attention à lindigestion !
Real English propose des documents vraiment intéressants avec un réel potentiel mais force est de constater que leur exploitation est décevante. Peu importe le type dexercices proposés dans ce didacticiel, la démarche ne vise de toute façon pas un travail global sur le document, mettant en avant des stratégies dapprentissage. Lapprenant nest pas non plus confronté à limplicite qui permettrait de solliciter ses capacités danalyse et dinterprétation du sens. Beaucoup rejetteront la faute sur le choix fourni. Pourtant sil est bien conçu, il peut tout à fait remplir ce rôle de grille découte. Voici quelques pistes :
( What kind of document is this ?
(1) an advertisement
(2) a cartoon
(3) a comic strip
( Now that you have heard the story, can you say what it is about ? Have you changed your mind ?
(1) men polluting the rivers
(2) men causing the animals kingdom to shrink
(3) men wanting to build a road in the mountain
(4) the story is about the three subjects
( What do « the thunder » and « the monster » refer to ?
(1) dozers
(2) cars
(3) avalanche
( Match each character with the adjective which suits him best. Be careful ! One adjective may qualify several characters and one character may be qualified by several adjectives :
WombatÏ%Ï%wiseThowraÏ%Ï%pollutingBenny the kangarooÏ%Ï%angrythe gold seekerÏ%Ï%noisythe road gangÏ%Ï%revoltedSireÏ%Ï%brave
( According to you, what does the gold seeker design as « mankind's legacy to the high country » ?
(1) the stream being full of rubbish
(2) the roads to be built in the mountain
(3) the fact that animals run away from their homes
( « Seeing is one thing, doing something about it is quite another », says Benny the kangaroo. What do the two animals feel ?
(1) fear
(2) fatality
(3) powerlessness
(4) the three feelings at a time
( What slogan could sum up the implicit message of the document ?
(1) Save the environment!
(2) Go urbanization!
(3) Man and his machines: a solution for the future!
( Do you think this cartoon is intended for kids ?
(1) yes
(2) no
( What is the tone of the message ?
(1) moralistic
(2) ironic
(3) humoristic
Par le biais de ces quelques pistes, nous avons souhaité montrer que le choix fourni peut tout à fait remplir ce rôle de grille découte, en respectant une progression que lon ne trouve malheureusement pas dans les didacticiels de langues. Après deux questions portant sur des éléments factuels et globaux, notre grille se propose de se concentrer sur des points de détail. Cependant, contrairement à la plupart des QCM que nous avons rencontrés, nous avons tenté de ne pas faire porter nos questions sur des points de détail sans intérêt mais sur des éléments qui sollicitent la capacité dinterprétation de lapprenant. De plus, la quatrième question sollicite également la capacité de concentration de lapprenant, dans la mesure où un adjectif ne correspond pas exclusivement à un personnage et inversement. « Angry » qualifie à la fois Wombat et le chercheur dor et les ouvriers sont à la fois « noisy » et « polluting ». Dans les dernières questions, nous avons ensuite voulu amener lapprenant à envisager le sens implicite du document, avec le message caché de ce dessin animé et le ton moralisateur quil adopte.
Bien sûr, ce ne sont là que des suggestions et ces questions ne sauraient constituer une grille découte complète et totalement aboutie. Cependant, nous avons voulu montrer que le choix fourni peut respecter un certain nombre des recommandations didactiques que nous avons rappelées au début de cette partie sur lactivité principale.
Digital Publishing
Comme nous lavons vu, contrairement à Real English, les documents supports de Digital Publishing sont purement didactiques. Ils ne comportent aucun bruit, même lorsque la scène se passe dans un casino ou au bord dune route, les dialogues sont totalement épurés et basés sur les faits de langue visés. Soulignons dailleurs que sous licône « Content », lapprenant na accès quà la liste de faits de langue abordés dans lunité et non pas aux thèmes ou aux actes de paroles. Prenons par exemple le document « Cab drivers » dans lunité « New York ». La transcription montre clairement quil a été créé de toutes pièces pour répondre au fait de langue visé, les adjectifs comparatifs en loccurrence. On en trouve treize items.
Comment ces documents sont-ils exploités ? Chaque « photo-story » est suivie dune série dexercices dont on pourrait attendre quils constituent une aide à la compréhension. En fait il nen est rien. On ne vérifie même pas que lapprenant a compris le contenu. De toute façon, quil lait compris ou non na pas vraiment dincidence sur la réussite de la série dexercices de grammaire. Ces exercices portent le plus souvent sur des exemples décontextualisés alors que les concepteurs ont proposé un document support sensé correspondre. Pour illustrer cela, nous nous proposons de détailler la série dexercices qui accompagne le document « Cab drivers ».
Le premier exercice consiste en un exercice à choix fourni dans lequel lapprenant doit sélectionner ladjectif qui correspond au substantif proposé. Il faut souligner que cet exercice est accompagné dune fenêtre explicative qui lui donne tous les éléments de réponse : « Tandis que big (grand, puissant, plus vieux) et small (petit, menu, jeune) semploient aussi bien au sens propre quau sens figuré, great semploie uniquement au sens de formidable. Les adjectifs short et tall se réfèrent uniquement à la taille du corps ou dun objet ». Notons la possibilité trop rare pour lapprenant de choisir deux réponses pour « big », lobligeant donc à considérer toutes les solutions avant de faire son choix. On peut simplement regretter que lapprenant ne soit pas prévenu. Lexemple est tellement rare dans le didacticiel quil risque dêtre déstabilisé.
Ensuite on propose à lapprenant un exercice de dictée, dont la présentation laisse penser quil sagit dun exercice de compréhension, mais les phrases nont en fait aucun rapport avec le document. Voici un aperçu des énoncés : « The salad stays fresh in the refrigerator », « Would you like to try the oranges? » ou encore « Susan studies English on Fridays ».
Le troisième exercice est lui aussi décontextualisé. Lapprenant doit retrouver la forme du verbe qui convient, mais on ne le fait travailler que sur des paires « I study / she studies ». Là encore, langlais est très épuré et perd tout son intérêt communicationnel. Lapprenant na droit à aucune variante de temps ou daspect.
Lexercice suivant consiste à choisir entre « many » et « much », sachant que là encore, lexercice est accompagné dune notice expliquant quils sont suivis respectivement de substantifs dénombrables et indénombrables. Les quatre derniers exercices traitent du comparatif et amènent lapprenant à répéter et à imiter le modèle sans cesse.
Cette série dexercices montrent très clairement lidée de lenseignement / apprentissage des langues que se font les concepteurs, avec une langue dénaturalisée, décontextualisée, imitée et répétée. Ces exercices « drills » selon les propres mots du guide virtuel Tim sont essentiellement à visée structurale et véhiculent les préceptes de lapproche béhavioriste.
Pour un didacticiel qui a pour vocation lentraînement à la conversation par le biais dune démarche dimmersion, il semble que Digital Publishing soit le parfait exemple dun didacticiel qui choisit ses documents et les crée en fonction des faits de langue quil veut traiter. Selon nous, lobjectif de compréhension de loral nest pas du tout atteint de par lexploitation que les concepteurs proposent des documents. De plus, là où Real English a un réel potentiel avec des documents authentiques permettant denvisager une exploitation approfondie, Digital Publishing na même pas cette base-là.
Teentalk
En ce qui concerne Teentalk, les documents supports sont des interviews authentiques délèves sur le fonctionnement du système scolaire canadien et leur vie quotidienne à Mc Math Secondary School. Lapprenant a le choix entre deux types de navigation : soit par élève, soit par thème abordé.
Dans le mode de navigation par élève, lexercice qui occupe la place de la grille découte de linterview prend la forme dun QCM vrai / faux. Pour chaque élève, on pose cinq ou six questions à lapprenant.
Quelle est la fonction du QCM vrai / faux ? Lobjectif est-il de vérifier que lapprenant a compris linterview ou bien de laider à la comprendre ? Il semble que cet exercice que nous avons qualifié de « grille découte » occupe vraiment une place secondaire, de par son interface qui détonne par rapport au reste du didacticiel, dune part, et de par son contenu, dautre part. Les questions de ce QCM vrai / faux ne portent que sur des points de détail sans grand intérêt. Quest-ce que lapprenant peut bien retirer du fait quAmanda prenne deux leçons de danse par semaine ? Il est dommage que lapprenant ne soit pas sollicité sur des questions qui puissent lui apporter des éléments de civilisation canadienne.
Comme nous lavons montré pour Real English, on aurait tout à fait pu proposer un exercice à choix fourni qui aurait constitué un apport pour lapprenant, que ce soit dun point de vue civilisationnel, puisque le contenu de Teentalk le permettrait tout à fait, ou dun point de vue des stratégies dapprentissage que lon ne développe pas du tout ici. Cest regrettable. Pourquoi ne pas inviter lapprenant à utiliser limage pour interpréter le sens du message ? Limage remplit ici une fonction très différente par rapport à celle remplie dans les reportages proposés dans Real English. Elle nest pas porteuse de sens dans la même optique mais il semble justement crucial de montrer ce que lon peut retirer de la kinesthésique. Comme la largement montré Catherine Kerbrat-Orecchioni (1990 : 17-18), le non-verbal (les gestes, les grimaces ou mimiques éventuelles, le mouvement des lèvres) joue un rôle aussi important que le verbal dans une interaction et inclut autant de signes qui aident à décoder le message transmis.
Dans le mode de navigation par thème, lexercice qui occupe la place de la grille découte prend la forme dun exercice lacunaire. Il sagit pour lapprenant de retrouver les mots manquants par dictée dans des phrases isolées issues des diverses parties dinterviews. Lexercice en devient décousu et on peut regretter que les concepteurs naient pas profité de loccasion pour établir des liens et des comparaisons entre les différents élèves et les différents points de vue. Cet exercice ne constitue pas une aide à la compréhension ; étape qui semble être exclusivement remplie grâce au glossaire unilingue civilisationnel et lexical que lapprenant peut consulter à partir du script de linterview.
Dans les deux modes de navigation, lapprenant se trouve donc confronté à une « grille découte » qui ne développe ni la compréhension de linterview ni des stratégies dapprentissage transférables. On ne travaille là encore que sur des points de détail sans grand intérêt et dont lapprenant ne retirera rien à long terme. Nous verrons plus loin le décalage qui existe entre ces deux types de grilles découte, appelées « task » dans le didacticiel et les exercices dappropriation appelés « exercises ».
Harraps / English for Dummies
En ce qui concerne Harraps et English for Dummies rappelons quils proposent les mêmes documents et les mêmes grilles découte ils mettent en scène des documents didactisés mais qui bénéficient dun souci dauthenticité. Les conversations ne sont pas épurées et artificielles comme elles peuvent lêtre dans Digital Publishing.
Dans les leçons visant à développer la compétence de compréhension de loral, le document audio est suivi de plusieurs activités : un QCM de compréhension une question, trois choix de réponse un glossaire avec explicitation en anglais du lexique propre au document, un exercice de décontextualisation de ce même lexique, un point sur la grammaire du document, un QCM dapplication sy reportant et un autre QCM classique permettant de réutiliser le lexique et de travailler une nouvelle fois sur la compréhension du document. On se situe donc dans une démarche de contextualisation / décontextualisation / recontextualisation.
Le premier QCM suit immédiatement le document, ce qui le place en position de grille découte. Les cinq ou six questions posées consistent à vérifier que lapprenant a bien compris le document support. Elles portent exclusivement sur des éléments factuels on peut regretter que ce ne soient que des points de détail et constituent une première étape dans le processus de compréhension, même si, comme dans Teentalk, lessentiel de cette étape est assuré par le glossaire. Cette grille découte semble en fait se contenter de solliciter des opérations de mémorisation à court terme.
Le deuxième QCM, quant à lui, vient en position finale dans la leçon, après les activités portant sur le lexique et la grammaire, ce qui fait de lui à la fois un exercice participant à la compréhension du document et un exercice visant à réinvestir les acquis.
En fait, ces deux QCM participent de la même démarche. Dans les deux cas, il sagit dun QCM classique : la question est assortie de trois choix de réponses possibles. Une seule est correcte mais les trois sont en rapport avec le contenu du document.
On peut noter une certaine progression dans la leçon entre les deux QCM. Dabord, la progression est remarquable en termes de difficulté : le premier est entièrement à lécrit alors que dans le deuxième, la question est posée uniquement à loral, ce qui implique un niveau de compréhension plus élevé. Dautre part, lamorce du deuxième QCM est plus longue. La voix off rapporte ce qui sest dit dans le dialogue sans répéter mot à mot et lapprenant doit trouver la bonne paraphrase.
Dans lexemple que nous avons choisi, lapprenant entend lamorce suivante : « Sandy tells the concierge that she cant get through to her ISP. Each time she dialled the local number the connection broke off ». Or « get through » et « break off » font partie du glossaire de la leçon. Par le biais de la reformulation et du discours rapporté, ce QCM fait donc travailler à la fois la compréhension du document et la recontextualisation du lexique, tout en sollicitant la capacité de dinterprétation et de synthèse de lapprenant.
Imaginons par exemple la même amorce avec simplement un questionnaire vrai / faux. La démarche intellectuelle de lapprenant serait toute autre. On solliciterait la mémoire et la reconnaissance de faits. Or dans lexemple qui nous est proposé ici, lapprenant ne doit pas chercher à savoir si laffirmation est vraie ou fausse mais il doit plutôt chercher un autre moyen de dire la même chose. Beaucoup objecteront que lapprenant nest pas libre de produire une réponse personnelle mais lobjectif ici nest pas quil exerce sa compétence de production écrite. Lintérêt de ce QCM est de le mettre en présence de formes auxquelles il naurait pas pensé pour quil y réfléchisse et quil réponde en fonction de ces autres formes.
On peut tout de même regretter que ces exercices napportent rien de transférable à lapprenant en termes de compétence de compréhension de loral, en particulier en ce qui concerne English for Dummies. Dans Harraps, la présence de stratégies dapprentissage en amont du document oral donne un intérêt indéniable à la leçon.
ELSA
En ce qui concerne ELSA, lobjectif culturel est très présent dès le début. Le didacticiel est organisé autour de rendez-vous avec des personnalités de la vie locale britannique, ce qui nous paraît être une approche intéressante de la civilisation britannique qui passe toujours pour être une matière particulièrement austère dans les esprits.
Dans un premier temps, nous nous proposons de nous attacher à linterview qui débute chaque unité : elle est découpée en six ou sept questions. Lapprenant est libre de choisir lordre des questions et il a la possibilité de lire le script de la réponse en même temps. A chaque question posée par linterviewer correspondent deux ou trois questions de type vrai / faux qui apparaissent simultanément sur lécran. A la différence de Teentalk, la grille découte semble ici occuper une place importante dans lactivité de compréhension de loral. La grille ne saurait être dissociée du support oral qui laccompagne ; les deux éléments ont été conçus en parallèle.
Quel est le contenu des questions ? Les documents étant purement informatifs, lapprenant ne travaille là encore que sur les éléments factuels. Cela dit, contrairement aux autres grilles découte qui portaient sur des détails sans intérêt, les faits abordés dans ELSA sont tout de même des éléments de civilisation britannique. Les informations mises en avant, même si elles restent des points de détail, regroupent globalement ce quil faut retenir du document. On peut dailleurs regretter que lapprenant ne soit pas invité explicitement à en prendre certains en notes. Nous reviendrons plus en détail sur ce point lorsque nous aborderons la compétence de compréhension écrite.
Quel est lintérêt dune sollicitation par QCM vrai / faux dans ce cadre précis ? Un des reproches que lon peut faire à ces interviews, cest de donner à lapprenant un très grand nombre dinformations quil aura peut-être du mal à digérer et encore plus à mémoriser. Il faut donc laider à mettre en place des stratégies quil pourra réutiliser par la suite. En cela, laccès au script constitue déjà une aide précieuse. Le QCM vrai / faux en est une autre. Lobjectif nest peut-être pas tant quil réponde correctement puisque les erreurs ne sont pas traitées, mais surtout quil identifie les éléments essentiels.
Contrairement à la majorité des documents que nous avons vus pour le moment, ELSA semble avoir une visée à plus long terme avec un objectif à la fois communicationnel et civilisationnel.
Conclusion
En conclusion, nous pouvons noter quil existe diverses façons de concevoir une grille découte dans un didacticiel de langue quand elle existe. Ce panorama nous montre surtout que la qualité dun exercice ne tient pas tant à la forme quil prend mais bien à la manière dont il a été conçu. Là où Teentalk présente un QCM vrai / faux sans intérêt et tout à fait caractéristique de la mauvaise réputation du QCM, les concepteurs dELSA nous prouvent que le même type dexercice peut constituer un apport intéressant pour lapprenant. Lorsquil est accompagné dune réflexion didactique approfondie, le QCM peut en effet procurer à lapprenant des éléments essentiels sur un thème précis et des stratégies découte quil pourra réinvestir dans un autre cadre.
Compréhension écrite
où le choix fourni nest pas exploité à sa juste valeur
Si lon sattache maintenant aux activités visant à développer la compétence de compréhension écrite, on se rend compte que beaucoup de remarques concernant la compréhension de loral restent valables. Dans notre sélection, seuls ELSA, Harraps et English for Dummies proposent des activités de compréhension écrite, qui partagent dailleurs beaucoup des caractéristiques des activités de compréhension de loral.
Harraps / English for Dummies
Dans Harraps et English for Dummies, les leçons « Reading » sont organisées de la manière suivante : une stratégie de lecture, un document écrit, un QCM classique, un glossaire, un exercice lacunaire sy reportant, un point de grammaire accompagné dun exercice dapplication et un exercice lacunaire qui reprend quelques phrases du document de base pour en faire un résumé.
Dans le QCM placé en position de grille de lecture, lapprenant ne travaille là encore que sur des points de détail qui ne présentent pas un grand intérêt pour lui. Tout comme avec la grille découte, on vérifie simplement quil a bien compris le document.
Pour ce qui est de lexercice lacunaire en fin de leçon, il sert plus à réutiliser le lexique quà travailler sur la compréhension du texte. On peut dailleurs sinterroger sur la pertinence de cet exercice dans la mesure où il constitue un résumé de texte certes, mais il se contente de reprendre des phrases du document de départ. On peut regretter que lexercice ne propose pas un travail de reformulation qui pourrait constituer une amorce de production écrite, très guidée certes mais qui permettrait également de réinvestir les stratégies dapprentissage proposées en début de leçon.
De la même manière que pour la compréhension de loral, la grille de lecture ninvite pas lapprenant à développer une compétence de compréhension écrite.
ELSA
En ce qui concerne ELSA, la grille de lecture proposée à chaque document écrit, participe de la même démarche que les grilles découte. Le document est décomposé par page et à chaque page correspondent deux ou trois questions de type vrai / faux.
Comme pour la grille découte, il semble que quelle que soit la réponse de lapprenant, lintérêt de cette grille de lecture est de laider à identifier les éléments essentiels du document. Lintérêt du QCM vrai / faux, selon nous, tient au fait quil attire lattention de lapprenant sur des éléments quil naurait pas soulignés de lui-même. Prenons par exemple la répartition des membres du Parlement : « 651 M.P.s including 524 for England, 38 for Wales, 72 for Scotland and 17 for Northern Ireland ». La deuxième question du QCM ne fait que souligner une information parmi un flot dautres mais peut-être cela amènera-t-il lapprenant à réfléchir à cette disproportion et à y réagir, facteur de mémorisation et de prise de conscience accrues.
Devant la densité des informations, lapprenant doit apprendre à les hiérarchiser. Il doit prendre conscience du fait que tout nest pas important dans un document, au même titre quil na pas besoin de comprendre tous les mots dun texte pour pouvoir en comprendre le sens général. ELSA vise à sensibiliser lapprenant à cela ; ce qui est, selon nous, une bonne chose, même si on peut regretter quaucune stratégie de lecture explicite ne lui soit proposée.
Conclusion
Voici donc ce que nous pouvions dire sur les exercices à choix fourni proposés en position de grilles découte ou de lecture. De la même manière que pour la phase danticipation, ce nest pas parce quun exercice se trouve en position de grille découte ou de lecture quil remplit cette fonction. La majorité des cas montre que laide à la compréhension tourne souvent à la simple vérification de la compréhension, ce qui, selon nous, est dommageable.
En engageant une réflexion didactique préalable à la conception de tels exercices, on pourrait, dune part, tout à fait choisir des documents plus appropriés, dans certains cas, et ayant plus matière à interprétation. Dautre part, malgré ses détracteurs, on se rend compte, à travers les quelques pistes que nous avons proposées, que ce nest pas lexercice à choix fourni qui est à remettre en cause mais bel et bien sa conception. Il semble que quelques questions fondamentales devraient hanter lesprit de tous les concepteurs : quest-ce que lapprenant va retirer de cette leçon ? Quel bénéfice telle ou telle activité lui apportera-t-elle ? Sest-il approprié des outils transférables, des stratégies découte ou de lecture quil pourra mettre à profit dans un autre cadre ?
Autant de questions qui, malheureusement, restent sans réponse la plupart du temps. Trop souvent, on aura simplement sollicité la mémoire à court terme de lapprenant, avec des éléments qui, ne présentant aucun intérêt, ne seront pas mémorisés à long terme et encore moins procéduralisés. Par le biais de lanalyse que nous venons de faire, nous avons vu que cest en sollicitant des opérations mentales variées et de tous les niveaux, que lon va amener lapprenant à engager une réflexion sur la langue. Cest dans ce cadre que le choix fourni trouvera sa place dans la didactique des langues daujourdhui, car il est tout à fait exploitable dans une approche de pratique raisonnée de la langue, comme nous tenterons de le montrer plus loin.
Production orale
où le choix fourni ne peut quamorcer le développement de la production orale
Nous nous proposons maintenant danalyser les activités qui visent à développer la compétence de production orale chez lapprenant, comme dans Digital Publishing, Harraps, English for Dummies et ELSA. Si lon considère les différences de point de vue quant au statut de la machine et quant à la relation qui lie lhomme et la machine, nous pouvons nous interroger sur le rôle que peut remplir lordinateur dans la construction dune compétence de production orale, celle-ci étant essentiellement basée sur linteraction entre communicants. Tentons donc de voir comment ces didacticiels sy prennent et quels exercices à choix fourni ils proposent pour remplir ce rôle.
Digital Publishing
Si le discours commercial de Digital Publishing met largement en avant l« entraînement à la conversation », il ne propose en fait aucun exercice sur la structuration dun message oral, ni sur les règles de conversation, la prise de parole, même dun point de vue strictement culturel. Nous lavons vu, Digital Publishing se caractérise par un entraînement à la prononciation mais sous forme de répétitions, dimitation du modèle. Cette approche béhavioriste ne saurait être en adéquation avec la didactique des langues telle que nous lavons définie plus tôt. Digital Publishing fait partie de ces didacticiels qui se réclament de lapproche communicative en mettant en exergue des atouts quils nont finalement pas. On se rend compte que le contenu réel du didacticiel va à lencontre de son discours commercial.
Malgré le discours des concepteurs, Digital Publishing ne prépare donc, en aucun cas, à la compétence de production orale. On peut regretter, dailleurs, que les concepteurs naient pas su mettre plus à profit latout technique de reconnaissance vocale dont ils bénéficiaient. Notons par ailleurs le potentiel de la reconnaissance vocale qui, à lavenir, pourrait constituer un apport crucial en matière dentraînement à la production orale. Cependant, elle nen est pour linstant quà un stade de balbutiements où, si elle est mal exploitée, comme cest le cas ici, elle napparaît que comme un gadget.
Un parallèle avec les exercices à choix fourni simpose : de la même manière quun type dexercice ne se suffit pas à lui-même, un atout technique se doit dêtre exploité de manière réfléchie. Si lexercice nest pas envisagé dans la globalité dune séquence pédagogique, quelle que soit sa forme, on pourra toujours lui trouver des critiques, justifiées dailleurs, dans la plupart des cas.
ELSA
De la même manière que dans Digital Publishing, ce nest pas parce que ELSA annonce une rubrique production orale quil propose une activité développant la production orale. Lactivité « Speaking » permet en fait de reprendre les actes de parole introduits dans linterview pour les faire répéter à lapprenant. Cet exercice lui permet de travailler les accents de phrases et lintonation par le biais de courbes de couleur plutôt significatives.
Cet aspect répétitif na cependant rien à voir avec celui de Digital Publishing. Là où lapprenant devait reproduire le modèle exact dans Digital Publishing, les courbes sont données à titre indicatif et comme outil daide à la prononciation dans ELSA. Le but de lexercice nest pas seulement de répéter mais aussi dacquérir le nouveau lexique qui sera ensuite réinvesti dans les exercices. De plus, les phrases proposées permettent de faire le lien entre le document support et la rubrique « Language focus » qui récapitule plusieurs façons dexprimer une idée dans différents registres. La répétition nest pas gratuite et la courbe donne des indications qui vont permettre à lapprenant détablir le lien entre un son et son orthographe.
Par conséquent, même si cette activité « Speaking » ne peut pas être qualifiée de production orale en tant que telle, elle participe tout de même à la construction progressive de la compétence de production orale.
Harraps / English for Dummies
Pour ce qui est de Harraps et English for Dummies, ils tentent au moins de simuler une situation de communication. A chaque leçon « Speaking », lapprenant peut se voir proposer deux types dexercices : soit « Dialog builder », soit « Role practice » et « Role play ».
Dans « Role practice » et « Role play », lapprenant prend la place du personnage de son choix dans le dialogue quil vient de travailler. Cette activité consiste essentiellement en un travail de répétition dans « Role practice », de lecture à haute voix et éventuellement de mémorisation dans « Role play ». Il ne sagit pas dun exercice à choix fourni ; ce que lon peut regretter puisque lapprenant se contente dimiter le modèle sans réfléchir ni aux structures employées ni à lintonation ou à la prononciation de certains mots ou phrases. Un QCM aurait très bien pu accompagner cette activité de répétition, afin de sensibiliser lapprenant à la structuration de ces mêmes dialogues, aux actes de parole employés et aux règles sociales engagées.
« Dialog builder », lui, est un exercice à choix fourni. On invite lapprenant à reconstituer un dialogue en choisissant parmi les trois réponses proposées. La simulation de dialogue soulève un certain nombre de questions, quant au type de conversation quelle génère.
De quel type de simulation sagit-il ? Les solutions proposées peuvent en effet prendre diverses formes. Sont-elles des variantes dun même acte de parole ? Lapprenant doit-il faire un choix en fonction de la réponse la plus adaptée ou bien y a-t-il une bonne réponse et deux fausses ? Lapprenant peut-il influer sur le déroulement de la situation de communication selon les choix quil fait ?
Notons tout dabord le caractère artificiel du dialogue dans lequel lapprenant ne se sent probablement pas impliqué. On peut en effet sinterroger sur la motivation de lapprenant face à une consigne du type : « ask a concierge for some information ».
Notre exemple illustre cette artificialité qui est renforcée par le fait que les choix fournis proposent une bonne réponse et deux mauvaises. A aucun moment, on ne donnera réellement deux formes équivalentes parmi lesquelles lapprenant devra choisir celle qui convient le mieux en fonction des indices contextuels quil aura pu relever. Cest dommage, car cet exercice est loccasion de solliciter la capacité danalyse de lapprenant, ainsi que sa capacité dévaluation, telle que la définit Bloom, et qui est rarement mise à lépreuve.
Cest une activité que propose Maguy Pothier (2001 : 35) dans le cadre de la conception de Camille. Il sagit dune situation déchange qui a été recréée, incluant des réactions inadaptées que les apprenants doivent corriger. Selon nous, il est plus bénéfique pour lapprenant dexercer ce travail de réflexion sur la langue à partir dénoncés erronés dun autre. Comme le dit Maguy Pothier, « évaluer la performance systématiquement ratée de lautre rend volontiers plus critique et valorise lévaluateur car il est placé en position haute dexpert » (2001 : 37). De plus, lapprenant sera plus apte à analyser les erreurs de lautre que ses propres erreurs dans cette situation.
Dans lexemple que nous avons sélectionné, nous aurions très bien pu imaginer que Mark et Sandy voyagent à létranger et quils se retrouvent face à des malentendus dus à une méconnaissance des règles socioculturelles du pays ou encore à des règles dinteraction. A partir du dialogue ainsi obtenu, on aurait pu questionner lapprenant sur ce qui a provoqué ce malentendu selon lui, puis le faire réfléchir aux différents choix fournis.
La frustration généralement ressentie face à la dimension « statique [et] figée » de la simulation, où « limprovisation a peu de place », sen trouve affaiblie par le fait de pouvoir évaluer la performance de lautre. Cependant, il reste vrai que, comme le souligne J.-M. Caré (1983 : 38), « les productions langagières attendues [dans les simulations] sont toujours des discours fortement stéréotypés, émaillés parfois de discours de spécialité ».
Conclusion
Même sil est évident que la machine ne saurait se substituer à lhomme en situation déchange oral, il nen reste pas moins que certains exercices, comme nous lavons montré, peuvent contribuer à entraîner lapprenant à la prononciation ou bien à le sensibiliser à certaines règles socioculturelles qui influencent la conversation, etc.
Production écrite
où le choix fourni ne peut quamorcer le développement de la production écrite
De la même manière que pour la production orale, il semble intéressant dexaminer de plus près les exercices proposés pour développer la compétence de production écrite, dans la mesure où lon peut sattendre à ce que lordinateur ne soit pas le moyen le plus adéquat pour remplir cet objectif.
Harraps / English for Dummies
Parmi les didacticiels que nous avons analysés, Harraps et English for Dummies sont les seuls à proposer une rubrique « Writing ». En fait, comme pour la production orale, on namène pas lapprenant à sexprimer spontanément, ce qui soulève bien évidemment un débat sur la place des TIC dans la construction de la compétence de production quelle soit orale ou écrite.
Lexercice proposé fait travailler lapprenant sur la structuration dun message écrit, un courrier électronique en loccurrence. Soulignons dailleurs le choix du support qui peut savérer être dune utilité quotidienne pour des apprenants adultes, dans un contexte de formation continue.
On donne le début et la fin du courrier électronique à lapprenant et cest à lui de retrouver lordre des autres éléments qui lui sont proposés. Cet exercice sollicite la logique et la capacité dinterprétation de lapprenant, lamenant à déconstruire le discours pour mieux le reconstruire par la suite.
On aurait tout de même souhaité que lapprenant soit invité à réinvestir les stratégies de lecture et décriture qui lui ont été fournies au début de la leçon. Dans lunité 1 de Harraps par exemple, unité 2 de English for Dummies une fois lapprenant sensibilisé au rôle des connecteurs dans le discours, il semble dommage de ne pas profiter de loccasion de cette production écrite pour lui faire mettre en application.
Conclusion
Même sil semble un peu abusif de parler de production orale ou écrite pour les exercices que nous venons danalyser, il faut reconnaître lapport potentiel des TIC à une amorce de construction de ces compétences. Il est évident que lordinateur ne remplacera jamais lhomme et que la production, en particulier orale, restera privilégiée dans un contexte dinteraction.
Phase dapprofondissement
Comme lexplique Danielle Bailly (1998a : 35), il est nécessaire de faire suivre létude du document principal dune phase dapprofondissement dans le but de « capitaliser » les acquis en les réinvestissant. Pour cela, on peut distinguer deux temps : un premier qui permet dexploiter les acquis en ouvrant le sujet vers dautres documents, dautres supports ou dautres thèmes cest ce quelle appelle les « activités dexploitation » et dans un deuxième temps, les « tâches de fixation » permettent de réutiliser les nouveaux acquis dans des exercices.
Dans le cadre de cette analyse, nous avons tenté de voir en quoi les didacticiels exploitaient ou non cette phase dapprofondissement et surtout si le choix fourni est adapté ou non à cet objectif.
Activités dexploitation
où le choix fourni ne joue aucun rôle et cest tant mieux
Selon Danielle Bailly, le but des activités dexploitation est de revenir sur le document en lui donnant une nouvelle perspective de telle sorte que lapprenant « sen [approprie] plus durablement la substance utile » (Bailly, 1998a : 35). Elle postule que cest en invitant lapprenant à reformuler ce quil a compris et à confronter cela avec les hypothèses quil avait émises en phase danticipation quil va sapproprier les savoirs afin de pouvoir les procéduraliser et les réinvestir de manière inconsciente, que ce soit à loral ou à lécrit. Ces activités sont également loccasion dintroduire de nouveaux documents et de nouveaux supports pour mettre le sujet en perspective et solliciter les capacités danalyse et dinterprétation de lapprenant, en travaillant sur limplicite et le non-dit.
On se rend compte cependant, à la lumière de cette analyse, que cette phase dexploitation plus approfondie des documents est totalement absente des didacticiels sélectionnés. Il est évident quun exercice de choix fourni nest pas adapté à toutes les phases dune séquence pédagogique. Les activités dexploitation semblent être le moment privilégié de la production orale ou écrite, ce qui explique quaucune place ny soit accordée dans les didacticiels.
Tâches de fixation
où le choix fourni peut et doit montrer toute sa diversité
En ce qui concerne ce que Danielle Bailly appelle les « tâches de fixation », la plupart des didacticiels en propose. Cest dailleurs un des atouts quils mettent en avant dans leurs discours commerciaux.
Real English
Real English est le seul didacticiel de notre sélection à ne proposer aucun exercice complémentaire aux séquences dont nous avons déjà parlées. De la même manière quil ne réservait aucune place à lanticipation de lapprenant, il ne tente pas non plus de fixer les acquis des activités proposées. Ni les savoirs lexicaux ni grammaticaux ni civilisationnels potentiels ne sont réinvestis, ce que lon peut regretter.
ELSA
Dans ELSA, chaque unité compte une rubrique « Language focus » qui, dans une perspective notionnelle / fonctionnelle, associe une fiche récapitulant les diverses manières du plus au moins formel dexprimer tel ou tel acte de parole et un exercice dapplication sous forme de choix fourni.
Dans cet exemple, lexercice consiste à établir un lien entre deux listes déléments : cinq façons de demander une information et cinq personnages. Ceci implique dabord de connaître les expressions et les différences de registre quelles comportent et ensuite de savoir interpréter dans quelle situation et donc avec quelle personne utiliser tel ou tel registre.
Cet exercice nous semble intéressant dans la mesure où il ne fait pas seulement appel aux capacités de mémorisation de lapprenant mais à des opérations mentales dun niveau plus élevé : analyse et interprétation. De plus, on peut supposer que lapprenant en retirera des acquis transférables, même si lapproche notionnelle / fonctionnelle nest plus reconnue par la didactique des langues actuelle.
La rubrique « grammar » propose, quant à elle, un exercice de QCM dans lequel lapprenant doit choisir la bonne réponse parmi les deux proposées. Les réponses sont toutes les deux grammaticalement correctes et cest à lapprenant danalyser lénoncé et de décider quelle forme est la bonne. Prenons par exemple la première unité qui aborde les deux présents comme fait de langue. Les phrases sont en rapport avec le sujet étudié et selon le contexte de la phrase, lapprenant doit trouver les indices qui lui permettront de se décider sur lune des deux formes.
Quel est lintérêt de cet exercice ? Selon nous, cet exercice va permettre à lapprenant qui connaît la bonne réponse de réfléchir au fait quil existe une alternative ; réflexion qui va lui faire confirmer ou infirmer son hypothèse. Quant à lapprenant qui ne connaît pas la bonne réponse, le choix fourni va lui servir de piste et linciter à faire des hypothèses, tout en laidant à retrouver les éléments quil a vus en cours et qui lui permettront de choisir une des deux solutions. Notons tout de même que cet exercice de fixation est accompagné dune fiche récapitulative à laquelle lapprenant va pouvoir se référer et qui constituera une aide supplémentaire.
ELSA propose donc quelques tâches de fixation qui permettent à lapprenant de réinvestir le lexique acquis dans lactivité principale, ainsi que de mettre en application les acquis grammaticaux.
Digital Publishing
Dans Digital Publishing, suite à la « photo-story » au début de chaque unité, lapprenant se voit proposer une série dexercices dont les objectifs ne sont pas clairement énoncés, ce qui peut être un facteur de confusion pour lapprenant. Nous avons déjà vu que ce didacticiel ne propose en fait aucune activité de compréhension, mais essentiellement des exercices de grammaire.
Certains de ces exercices sont purement structuraux, faisant donc essentiellement appel à la capacité de lapprenant à manipuler des formes, des phrases isolées, sans chercher à en comprendre le sens et sans les remettre en contexte, en vue dun réinvestissement futur.
Les autres exercices sont basés sur du choix fourni. Lesprit est le même : manipuler la langue, répéter, imiter le modèle pour apprendre.
Voici quelques exemples. Quel est lintérêt du choix fourni dans cet exercice sur les verbes irréguliers ? Il ne constitue en fait quune aide pour les apprenants les plus faibles. Autant de choix que de blancs à combler sont proposés, avec à chaque fois les deux formes du verbe : participe passé et gérondif. Mais une fois que lapprenant a fait le lien entre linfinitif et les autres formes, qui sont relativement transparentes, et quil a compris que la forme en « ing » se trouve dans la troisième colonne, on peut se demander si cet exercice va les encourager à apprendre les verbes irréguliers. Cet exercice sollicite exclusivement la capacité de reconnaissance, sans amener lapprenant à réfléchir aux différentes formes un seul instant. Cet exercice sert-il au moins à lapprenant à apprendre ces fameux verbes ? Rien nest moins sûr.
Dans cet exercice, comme dans le précédent, on trouve des réminiscences de lapproche structurale où lapprenant na quà imiter le modèle. Soulignons que cet exercice est un des rares à reprendre des phrases de la « photo-story » qui précède. Cet exercice est essentiellement basé sur la mémorisation à court terme. Force est de constater tout de même la variante, suffisamment rare pour être soulignée, qui consiste à proposer plus de choix que lapprenant ne doit en utiliser. Par exemple, il dispose dune forme de négation supplémentaire. La démarche est légèrement différente, selon quil doive lui trouver sa place ou bien quil doive décider sil lutilise ou non dans les exemples proposés.
Par contre, cet exercice de remise en ordre des mots de la phrase détonne un peu par rapport à la tendance structurale générale. En effet, il illustre un des atouts du choix fourni. Ce type dexercice fonctionne en fait sur un principe de déconstruction / reconstruction de la phrase qui nous semble intéressant. Ne serait-ce que pour développer la capacité à poser des questions chez lapprenant, dont un des principes de base consiste à savoir mettre les éléments de la phrase dans le bon ordre.
Il nous semble intéressant de noter que lexercice à choix fourni savère être tout à fait adéquat dans ce rôle ; même si lon peut toujours regretter labsence de réflexion explicite sur cet exercice. Il serait en effet plus profitable de faire suivre cet exercice dune interrogation du type : « Que remarquez-vous sur lordre des mots dune question ? » ou bien « Quel schéma pouvez-vous tirer de ces exemples quant à lordre des mots dans une interrogation ? Lordre est-il le même selon le type dinterrogations ? ». En effet, ces quelques questions permettraient à lapprenant de « relier les données disparates de surface à un système cohérent même sil reste partiel de représentations » (MEN, 2000 : 52).
Ce dernier exemple est une autre illustration des atouts des exercices à choix fourni. Comme dans lexercice précédent, il sagit pour lapprenant de travailler la structure de la langue. On lui demande en effet de relier deux phrases entre elles, ce qui semble être un moyen intéressant dexercer la compétence de production écrite. Le principal atout du choix fourni dans le cas présent est de confronter lapprenant à plusieurs interprétations possibles dune situation. Cest à lui, après analyse, de faire le choix parmi ces quatre propositions potentielles. De la même manière que pour lexemple précédent, on peut regretter quil ne soit pas suivi dune ou deux questions qui visent à faire réfléchir lapprenant sur cette forme.
Par le biais de ces quatre exemples, on se rend bien compte que Digital Publishing, malgré quelques exercices qui savèrent être intéressants en termes dopérations mentales sollicitées, est un didacticiel qui se base sur un modèle béhavioriste. Le travail sur la forme est nettement privilégié par rapport au travail sur le fond, quasi-inexistant. De plus, une grande partie des exercices proposés dans chaque unité consiste essentiellement en des exercices structuraux de répétition et dimitation du modèle afin de créer des automatismes chez lapprenant. Lapprentissage est clairement envisagé sous langle du stimulus / réponse.
Harraps / English for Dummies
Les exercices de fixation à choix fourni proposés dans Harraps et English for Dummies concernent essentiellement lentraînement à la grammaire et au lexique.
Lentraînement au lexique sinscrit dans une optique de contextualisation / décontextualisation / recontextualisation. Lexemple présenté ici montre que le lexique introduit dans le document vidéo préalable est réutilisé dans un autre contexte. Cet exercice correspond donc à la phase de décontextualisation. Précisons que cet exercice lacunaire complique légèrement la tâche de lapprenant en lui donnant dix choix de réponses contre huit trous à remplir, ce qui implique un degré danalyse plus élevé et empêche les déductions un peu hâtives. Même si la place des choix fournis ne laisse pas vraiment dambiguïté, cet exercice nécessite tout de même que lapprenant ait compris le sens du lexique proposé pour pouvoir le replacer dans un autre contexte. On peut simplement regretter que cette phase de compréhension du nouveau lexique soit assuré par laccès à un glossaire.
Comme nous lavons déjà mentionné, le dernier QCM de chaque leçon, en particulier dans les séquences « Speaking » et « Reading », semble servir, lui aussi, à réinvestir le lexique du document principal. Il correspond à la phase de recontextualisation. Ce QCM, dont les choix fournis sont à loral, permet une mise au point sur lappropriation du sens du document ainsi que du lexique.
En ce qui concerne la grammaire, English for Dummies et Harraps proposent une rubrique « Ground rules » en milieu de leçon. La section « Find the grammar » mérite que lon sy arrête dans la mesure où elle tente de mettre en relation de manière concrète la leçon de grammaire et le document sur lequel les apprenants viennent de travailler : « In the video, there are 30 examples of the five kinds of tenses we reviewed: the simple present, the present progressive, the simple past, the future with be going to and the future with will. Note that the examples of the present and past tenses of the verb to be are not included in this lesson. Watch the video again. How many of these examples can you find? ». On peut tout de même regretter que cet exercice de repérage ne soit pas placé avant la règle de grammaire, privilégiant ainsi une approche heuristique et inductive.
Quant à lexercice de fixation « Quickcheck », il consiste, par définition, à vérifier que lapprenant a bien compris la leçon de grammaire. Les amorces de chaque question sont relativement longues, permettant ainsi à lapprenant de chercher les indices pour répondre dans le contexte fourni. Les formes proposées sont presque toujours grammaticalement correctes et cest à lapprenant de décider laquelle convient dans la situation présentée. On peut dailleurs regretter que les concepteurs aient inclus des distracteurs, qui ne testent pas la capacité danalyse de lapprenant à choisir entre plusieurs formes correctes.
Notons leffort particulier de traitement de la réponse effectué dans cet exercice. On peut dailleurs regretter que cela ne soit pas plus développé dans lensemble du didacticiel. Dans notre exemple, si lapprenant ne donne pas la bonne réponse, on va laiguiller et lui donner une amorce de raisonnement et donc lamener à réfléchir sur sa réponse. Dans le cas où lapprenant donne la bonne réponse, il obtient également une explicitation grammaticale, dans une langue simple, donc plus accessible à tous mais aussi transférable plus facilement. Par exemple, pour la même question, si lapprenant donne la bonne réponse, il obtient le commentaire suivant : « Very good! The question is about something that is always true. For this kind of situation, use the simple present tense (do they speak) ».
Pour certaines leçons, lapprenant se voit proposer un autre exercice de fixation appelé « Grammar practice ». Il peut prendre plusieurs formes. En voici un exemple : il sagit dun QCM appliqué à un texte lacunaire. La situation est contextualisée par lamorce suivante : « In this e-mail, Sandy responds to her sister Beth. Beth had written to Sandy about problems in her job ». Lapprenant doit choisir quelle forme convient le mieux, « should » ou « could ». Le texte produit est assez artificiel, dû à laccumulation des deux formes mais il permet à lapprenant de bien distinguer les différences dutilisation.
Soulignons un exercice supplémentaire dans English for Dummies : « Obstacle course ». Lobjectif est clair : réinvestir tout ce que lapprenant a appris sur les temps dans cette unité 2, par exemple, par le biais dun jeu.
Il sagit en fait de faire avancer la voiture rouge en construisant des ponts pour passer les obstacles. Pour ce faire, lapprenant entend un énoncé qui décrit une des images qui défilent et quil doit reconnaître. La course est chronométrée et incite donc lapprenant à faire un choix rapide.
Lintérêt de cet exercice provient du fait que, précisément, cest un jeu et motive donc lapprenant qui na plus limpression dapprendre. Cela dit, si lon considère que ce didacticiel est plutôt destiné à un public adulte en formation continue, on peut se demander si un tel jeu les motivera autant que cela. La première partie du jeu consiste à écouter les énoncés correspondants aux images. On peut donc regretter que ce jeu soit basé sur un travail de reconnaissance. Cest à partir dun élément quil reconnaîtra « candles », « puppies », « cinema » ou encore « pizza » que lapprenant va pouvoir aller au bout du jeu. On peut donc interroger la pertinence de cet exercice.
Harraps et English for Dummies proposent donc une gamme dexercices de fixation assez conséquente mais qui traitent pour la plupart soit du lexique, soit des points de grammaire abordés dans la leçon. Même si ces exercices restent très classiques, ils ont le mérite de réinvestir les acquis en adoptant une démarche de contextualisation / décontextualisation / recontextualisation, avec des exemples toujours en contexte.
Teentalk
Quant à Teentalk, les exercices de fixation sont regroupés sous une même rubrique « exercises », accessible depuis lécran de départ. Ces exercices reprennent majoritairement les personnages des interviews et abordent les mêmes types de sujet. Ils sont donc relativement cohérents avec le reste du didacticiel.
La rubrique « exercises » comprend six types dexercices : « How did they say it? », « Match questions and answers », « Solve jigsaw puzzle », « Build your questions », « Match the words(» et « Check your grammar ». Une des caractéristiques de ces exercices concerne le type de questionnement. On remarque en effet quà part pour « Check your grammar » qui est essentiellement écrit, les autres sont tous à loral ; à tel point que lon peut sinterroger sur leur faisabilité pour des apprenants de niveau collège. Ces exercices ne semblent pas tenir compte des différents profils dapprenants. Certains ont besoin dune sollicitation visuelle alors que dautres réagiront mieux à une amorce orale. Il semble dommage que ces exercices ne diversifient pas les modes de sollicitation, dabord pour entraîner chaque apprenant à plusieurs types de sollicitations et ensuite pour ne pas conforter les « auditifs » par opposition aux « visuels » dans un seul type de fonctionnement.
Quels types dexercices sont proposés ? On nobserve aucun QCM dans cette rubrique, ni classique ni de type vrai / faux mais plutôt dautres types de choix fourni : des exercices lacunaires dabord dans « Check your grammar » et « Solve jigsaw puzzle », des exercices de remise en ordre déléments brouillés ensuite dans « How did they say it? », « Build your questions » et « Solve jigsaw puzzle », et enfin ce que Mokhtar Lakehal (1999 : 33) a appelé des « QCM à croisements » dans « Match questions and answers » et « Check your grammar ».
Lexemple suivant est un exercice lacunaire provenant de « Check your grammar » et qui travaille les prépositions. Les apprenants sont confrontés à des phrases isolées, mais portant toujours sur le thème de lécole, dans lesquelles une préposition manque. Selon le sens de la phrase, lapprenant doit trouver la préposition correcte. Il semble en fait que cet exercice soit essentiellement basé sur la connaissance de la leçon. On vérifie simplement que lapprenant sait utiliser les prépositions à bon escient. Cependant, il semble un peu abusif de proposer une série dexercices de fixation de points de grammaire, sans quils soient accompagnés de règles, que la démarche soit inductive ou déductive.
Dans « Solve jigsaw puzzle », on peut également trouver un exercice lacunaire. Même si ce nest pas un exercice à choix fourni, il mérite tout de même que lon souligne son atout par rapport à bon nombre de ce type dexercices de dictée. Ce qui nous semble intéressant en effet est le fait que lapprenant ne doive pas trouver un mot manquant mais éventuellement plusieurs. Cet exercice sollicite fortement les capacités de discrimination auditive de lapprenant. Il doit en effet être capable « de découper le continuum phonique en unités significatives » (Narcy, 1990 : 33), ce qui implique une opération mentale complémentaire des autres plus régulièrement sollicitées.
Voyons maintenant les divers exercices de remise en ordre que Teentalk propose. Dans « How did they say it? » et « Build your questions », il sagit de remettre des mots en ordre, alors que ce sont des phrases dans « Solve jigsaw puzzle ».
« How did they say it? » reprend des phrases des élèves interviewés. Dans cet exemple, lapprenant entend un extrait de linterview dAmanda. Chaque bulle correspond à un mot et lapprenant doit remettre en ordre les bulles reconstituant ainsi une phrase de lextrait. Comme nous lavons déjà vu, on peut se demander si lapprenant saura faire lexercice dans la mesure où le fait que rien ne soit écrit, même pour la correction, complexifie très largement la tâche. De plus, pouvoir faire lexercice implique que lapprenant nait aucun problème de compréhension. Il lui faut dabord reconnaître quelle phrase de lextrait il doit reconstituer. Il doit ensuite écouter chaque mot, en supposant quil les comprenne tous. Enfin, il doit les remettre en ordre.
Il en est de même pour « Build your questions ». Lapprenant doit reconnaître chaque mot et être capable de les remettre en ordre, à lexception tout de même que lapprenant ne doit se baser que sur ses compétences grammaticales pour réaliser la tâche. La démarche est légèrement différente que dans lexercice précédent.
« Build your questions » est typiquement un exercice de grammaire. Or il semble que pour fixer un fait de langue tel que poser des questions notons dailleurs ici lapproche que lon pourrait qualifier de notionnelle / fonctionnelle lécrit soit plus approprié, au moins dans le cadre dun travail autonome de lapprenant de niveau collège devant un didacticiel de langues.
En ce qui concerne « Solve jigsaw puzzle », le procédé est le même que dans les deux exercices précédents, si ce nest que lapprenant travaille sur des phrases entières. Dans un premier temps, il entend un dialogue, qui na dailleurs aucun rapport avec le didacticiel, ce qui est dommage. Cest ensuite à lapprenant de remettre les phrases dans lordre, en les attribuant dabord à la bonne personne et ensuite en retrouvant lordre dans lequel elles ont été prononcées. Cet exercice sollicite la capacité danalyse logique de lapprenant en le sensibilisant, implicitement, à la structure dun dialogue, avec un début et une fin, des questions et des réponses, etc.
Le type dexercice le plus récurrent dans le didacticiel est celui que Mokhtar Lakehal (1999 : 33) a défini comme le « QCM à croisements » qui consiste à « ordonner une série déléments (
), à faire correspondre une série déléments à une autre (
) ou enfin à établir le lien logique ou causal entre deux séries déléments », tout en sollicitant l« intelligence analytique » de lapprenant (Lakehal, 1999 : 65).
« Match the words(» propose de relier une série de définitions à une série de mots. Notons que le lexique employé dans cet exercice est plus ou moins en rapport avec le thème du didacticiel, même si tous les mots nont pas été introduit dans les interviews, ce qui est dommage. On peut regretter cette approche notionnelle / fonctionnelle de lapprentissage du lexique un peu artificielle, au détriment dun réinvestissement du lexique des interviews ; dautant que lon ne fait rien de cet exercice, une fois quil est terminé.
Dans « Match questions and answers », lapprenant doit établir le lien entre une série de questions et une série de réponses. Là encore, tout se situe à un niveau oral, ce qui complique la tâche.
« Check your grammar » est également largement basé sur le QCM à croisements, ce qui nous semble intéressant, même si on peut regretter le manque de diversité dans les types de sollicitation de lapprenant. Dans cette rubrique on trouve par exemple un QCM à croisements dans lequel lapprenant doit faire correspondre une série de règles grammaticales à une série dexemples, à lécrit cette fois. Cet exercice est remarquable, à notre sens dans la mesure où permet dabord damener lapprenant à réfléchir à la règle de grammaire, et ensuite à lappliquer concrètement à un exemple. Or, rien de tel quun exemple pour illustrer une règle de grammaire parfois un peu complexe à comprendre. Les règles énoncées sont simples et sans excès de métalangage, ce qui rend lexercice accessible à tous. Soulignons également que les règles sont données en langue cible.
Cet autre exemple dexercice de grammaire consiste à établir un lien entre une série dexpressions idiomatiques construites avec « get » et une série de paraphrases. Cet exercice permet à lapprenant dacquérir des expressions idiomatiques en les manipulant et en manipulant aussi leur définition. Ce QCM à croisements va également permettre à lapprenant de déduire le sens dune expression, en commençant par les expressions quil connaît et ensuite, il naura plus quà tenter de deviner les autres, en mettant en place des stratégies de déduction, comme si lexpression était utilisée en contexte.
Conclusion
Par le biais de cette analyse, on se rend compte que les exercices de fixation sont très présents dans les didacticiels de langues, soit intégrés aux unités, soit faisant lobjet dune unité séparée. Ce panorama permet de montrer la diversité des exercices qui peuvent être proposés, tout en mettant en avant les limites de certains exemples. Si, selon nous, le QCM à croisements mérite dêtre développé, il faut tout de même prôner une diversité des types de sollicitations au sein dun même didacticiel. Finalement, ils se complètent tous, chacun ayant respectivement des atouts et des limites. Une des limites récurrentes est due à la décontextualisation de trop de ces exercices. Si ELSA, Harraps et English for Dummies participent dune démarche de contextualisation / décontextualisation / recontextualisation, Digital Publishing propose des exercices hors contexte pour la plupart. Teentalk, comme nous venons de le voir, est assez inégal, mais utilise en majorité des exemples en rapport avec le thème et les personnages du didacticiel.
Phase dévaluation
où les approches de Harraps et English for Dummies sont comparées
Même si nous navons pas souhaité centrer notre analyse sur le choix fourni et lévaluation nous reprochions précisément à Dieudonné Leclercq de nenvisager le QCM que comme outil dévaluation nous nous devons tout de même de rapporter ce que les divers didacticiels analysés jusquà présent proposent en matière dévaluation. En fait, le temps semble révolu où le QCM était systématiquement associé à lévaluation et notre analyse le prouve, puisque seul English for Dummies intègre un « quizz » évaluatif à la fin de chaque séquence.
Ce test dévaluation est composé de deux « tâches » : la première consiste en un exercice lacunaire dans lequel lapprenant doit replacer quatre formes du verbe « to live » dans cinq blancs. Soulignons que les cinq phrases constituent un tout et sont donc plus ou moins contextualisées, même si le résultat donne un texte assez artificiel contenant cinq fois le verbe « to live ».
La deuxième tâche est un QCM classique portant sur un dialogue. Lapprenant dispose donc dun contexte, aussi restreint soit-il, lui permettant de trouver les indices dont il a besoin pour faire son choix.
Ce quizz dévaluation constitue une des différences majeures qui existent entre English for Dummies et Harraps. Rappelons également la première unité présente exclusivement dans English for Dummies, les stratégies dapprentissage plus nombreuses dans Harraps, ainsi que le discours du guide virtuel qui accompagne English for Dummies ; pour ne citer que les différences principales.
En effet, dans le cadre de notre démarche de sélection de didacticiels de langues, nous avons été confrontée au fait que Harraps et English for Dummies ont exactement les mêmes supports et les mêmes exploitations, à quelques différences près que nous venons de rappeler. Il nous a semblé intéressant de nous interroger sur ces éléments : pourquoi deux didacticiels de langues de deux maisons dédition différentes ont-ils le même contenu ? Lun est-il la version révisée de lautre ? Ces différences proviennent-elles plutôt de diverses conceptions de lenseignement / apprentissage des langues ? Ces didacticiels sont-ils destinés au même public ?
Nous avons dabord été tentée de penser que Harraps plus didactiquement abouti selon nous avait été créé a posteriori, suite à une réflexion didactique engagée sur English for Dummies. Or ce nest pas le cas, dans la mesure où les dates de publication sont respectivement de 2000 et 2001.
Soulignons que Harraps sincrit dans une tradition européenne et plus spécifiquement britannique, alors que la série For Dummies est un produit nord-américain. En contactant Syracuse par courrier électronique, nous avons reçu confirmation du fait que English for Dummies est bien destiné principalement au marché nord-américain et quils ne connaissaient pas lexistence de leur équivalent européen. Cependant, cette hypothèse mériterait plus ample vérification.
Sans vouloir tirer de conclusions hâtives et sans fondement, on peut tout de même émettre lhypothèse selon laquelle English for Dummies présente des caractéristiques qui sinscrivent dans la tradition nord-américaine, avec une large place accordée à loral et à laspect ludique de lapprentissage dune langue. Notons également le ton dédramatisant du guide virtuel qui est présent tout au long du didacticiel. Au vu de notre analyse, on peut dire que lenseignement / apprentissage des langues mis en avant dans English for Dummies diffère de lapproche nettement plus scolaire et traditionnelle qui colle à limage de lenseignement / apprentissage des langues en Europe et que lon retrouve dans Harraps.
Phase dentraînement à un domaine spécifique
où le choix fourni peut savérer être un allié précieux en PRL, sil est bien conçu
Au-delà des didacticiels de langues qui visent à développer une ou plusieurs compétences spécifiques, dautres ne traitent quun domaine particulier de la langue, tel que la grammaire ou la langue orale. Comme le précisent Cécile Poussard et Laurence Vincent-Durroux (2002 : 108), ce sont les deux domaines dans lesquels les étudiants montrent des « préoccupations récurrentes ». De nombreux didacticiels ou manuels sont dédiés à la grammaire, dont Grammar Rom que nous avons choisi pour sa diversité dans le type de sollicitations proposées. Si les outils consacrés à la grammaire sont nombreux, ceux que lon trouve pour la langue orale ne traitent essentiellement que de la compréhension et éventuellement de lexpression. Or il savère que MACAO, et cest la raison pour laquelle nous lavons choisi, se propose daborder un phénomène phonologique récurrent et tente den faire prendre conscience à lapprenant. Nous avons également souhaité montrer que ce type de démarche nest pas exclusif à des étudiants de niveau avancé mais quelle est tout à fait adaptable à des apprenants de niveau secondaire. Nous illustrerons cela avec un exemple tiré dInternet et qui a été conçu à partir du didacticiel Hot Potatoes.
Grammaire
Grammar Rom
Grammar Rom est un didacticiel dentraînement à la grammaire dont les exercices sont essentiellement à choix fourni. Quels types dexercices sont proposés ? Quelles opérations mentales sollicitent-ils ? Les exercices travaillent-ils exclusivement la compréhension de règles de grammaire ou bien sollicitent-ils des niveaux plus élevés de réflexion tels que lanalyse, linterprétation ou la synthèse, comme le prône Benjamin S. Bloom ?
Ce qui fait lintérêt de ce didacticiel, cest la diversité des exercices proposés à lapprenant. Il est aisé de se repérer très rapidement dans ce didacticiel sans toutefois retrouver constamment les mêmes exercices aux mêmes endroits, ce qui présenterait un risque de routine et de démotivation, comme nous lavons vu dans Real English.
Par rapport aux autres didacticiels de notre sélection, Grammar Rom apparaît comme celui qui propose le plus de formes différentes dexercices à choix fourni. Du QCM classique au « QCM à croisements » défini par Mokhtar Lakehal en passant par lexercice de remise en ordre de divers éléments, on amène lapprenant à travailler les divers chapitres de la grammaire anglaise de manière plutôt ludique, suscitant ainsi une plus grande motivation chez lapprenant.
Cependant il apparaît quun des écueils de Grammar Rom réside dans le fait que les exercices proposés soient hors contexte. Or, comme lexplique Danielle Bailly (1998b : 55), « lentourage immédiat ou large [du] terme à apprendre (
) facilite considérablement laccès au sens pour lapprenant ». Selon elle, cest en étudiant la langue en contexte, en pleine « vie communicationnelle », que lapprenant se lapproprie. Cest dailleurs dans la même optique quil faut veiller à ce que la langue soit ensuite décontextualisée et recontextualisée, pour ne pas l« emprisonner dans une acception rigide et étroite de son usage » et faire prendre conscience à lapprenant de la « vie multiple de la langue dans le discours ».
Grammar Rom est en fait une assez bonne illustration dun didacticiel qui, sil avait été conçu dans un esprit de conceptualisation, aurait pu constituer un outil très intéressant de réflexion sur la langue. Rappelons tout de même quil date de 1995 ; époque à laquelle la pratique raisonnée de la langue nen était encore quà ses balbutiements.
Nous nous proposons dillustrer tout cela à partir dun panorama des exercices que lon peut trouver dans Grammar Rom : les QCM « binômes », les QCM « polynômes », les QCM classiques et les QCM « à croisements » (Lakehal, 1999 : 21-34).
Dans le cas de « Talking about the future », lapprenant se voit proposer un QCM vrai / faux. Quelle est sa fonction ? Permet-il de mettre en avant les informations essentielles du document, comme cest le cas dans ELSA ?
Lexemple proposé ne constitue en fait quune vérification de la compréhension du document oral. Or le document support ne présente aucun intérêt dun point de vue communicationnel, dans la mesure où il est totalement didactique et quil a été imaginé à partir du fait de langue visé, le futur en loccurrence. Cet exercice ne traite donc ni de la compétence de compréhension orale ni du fait de langue visé.
Lexercice « must have or cant have? » participe dune autre démarche. A partir dune image, on demande à lapprenant den déduire le sens et donc démettre des hypothèses quant aux évènements mis en scène. Le choix fourni donne deux hypothèses potentielles. A lapprenant de trouver la bonne. Cet exercice sollicite plus que de la simple mémorisation. Lapprenant se doit dinterpréter limage et de relier cela à lune des propositions, ce qui implique quil sache appliquer les règles de grammaire sy rapportant.
Par contre, lexercice « can or cant?(», malgré son titre, repose sur de la reconnaissance phonétique. Lexercice est tout à fait légitime dans la mesure où il sensibilise lapprenant à la nécessité de sentraîner à une discrimination auditive entre les deux formes qui sont souvent sources de confusion à loral. Cependant, le contenu ne répond pas aux attentes des apprenants qui peuvent sen trouver déstabilisés ; ce ne sont pas les valeurs du modal qui sont abordées. De plus, soulignons que cet exercice de discrimination auditive nest pas très représentatif du discours oral. Lapprenant se trouve confronté à des phrases isolées et hors contexte, qui ne posent donc pas vraiment de problèmes de compréhension orale.
Lexercice « University Grants in Britain » quant à lui, est basé sur une démarche de contextualisation du fait de langue. Lapprenant doit compléter un texte et non pas des phrases isolées en choisissant à chaque fois à quel temps la forme « have to » est conjuguée. Notons que le niveau danalyse sollicité est plus élevé dans cet exemple puisque les deux propositions de réponse sont grammaticalement correctes et lapprenant doit chercher dans le contexte les marqueurs temporels qui laiguilleront.
En complément de ces QCM binômes, nous trouvons également ce que Mokhtar Lakehal (1999 : 25) a défini comme des QCM « polynômes ». Nous prendrons cette terminologie à notre compte pour désigner ces exercices qui proposent au moins trois solutions de réponse qui sont les mêmes pendant toute la durée de lexercice.
Lexercice « Wh-question words » en est un exemple. Il vise lappropriation des pronoms interrogatifs en sollicitant les capacités de déduction de lapprenant. Lapprenant doit en effet comprendre la question et relever les éléments qui lui permettront de choisir le bon pronom interrogatif.
Soulignons par ailleurs que cet exercice est un des rares à proposer une dissymétrie entre le nombre de questions et le nombre de réponses, à savoir huit pronoms pour dix questions. « Which » et « where » sont utilisés deux fois. On peut simplement regretter que les différentes formes de « how » naient pas été exploitées. Cet exercice nen propose en effet quune occurrence : « how far ».
Lexercice « Short answer forms » participe de la même démarche. A chaque question posée à loral, lapprenant doit sélectionner la réponse courte correspondante. Lexercice est en fait fondé sur la simple capacité de reconnaissance de lapprenant. Il lui suffit en effet de repérer le sujet et le temps employés.
Dans les deux exemples que nous venons de donner, le choix fourni a, semble-t-il, une fonction daide à la réalisation de lexercice. On aurait pu imaginer par exemple une option qui fasse apparaître ou non les solutions proposées, selon le niveau de lapprenant. Le choix fourni peut en effet constituer un outil intéressant à exploiter dans le cadre dune démarche de pédagogie différenciée.
Dans « Pronunciation: /s/, /z/ or /iz/? », le choix fourni a une double fonction : aider lapprenant à la discrimination auditive mais aussi et surtout le sensibiliser à la variété de prononciations de la consonne . Soulignons que le mot nest pas isolé. Lapprenant entend une phrase contenant le mot « teaches », en loccurrence. Lapproche ludique et originale de cet exercice permettra, selon nous, le transfert de nouveaux savoirs mais surtout de nouveaux savoir-faire.
Quant aux exercices « Uses of going to » et « Uses of will », ils supposent un travail danalyse qui peut savérer être intéressant. A partir dun énoncé oral, lapprenant doit interpréter de quelle valeur modale il sagit. Voici trois exemples tirés de lexercice « Uses of going to » qui correspondent respectivement aux trois valeurs modales proposées : « Im going to talk to my boss about a pay rise », « Were going to that Indian restaurant on Friday » et « Look out ! That old man is going to fall over ».
Il est intéressant de souligner que les trois propositions sont correctes, elles correspondent aux trois valeurs que lapprenant retrouve dans la fiche de synthèse « Grammar ». Ces trois propositions de choix aiguillent lapprenant dans sa décision, tout en sollicitant ses capacités de réflexion et danalyse.
Les seuls exercices basés sur la forme la plus classique du QCM sont les tests dévaluation qui apparaissent à la fin de chaque rubrique. Ils sont en effet constitués dune amorce accompagnée de trois propositions de réponse.
Comme nous lavons vu auparavant, lévaluation noccupe plus une place aussi importante que ce fût le cas à une certaine époque. Dans Grammar Rom, les tests consistent en une dizaine de questions chronométrées. On pourrait penser que la présence dun temps limité vise à tester des automatismes ; dautant plus que la configuration des rubriques laisse penser que le temps de la réflexion est réservée aux exercices et que le test évalue quels savoirs ont été procéduralisés ou non. Cela dit, force est de constater que le temps na aucune influence sur la correction. Lapprenant ne se voit de toute façon pas attribuer de score final !
Lévaluation nest certes pas sommative mais elle ne semble pas formative non plus. On aurait pu sattendre à ce que lapprenant soit redirigé vers les parties quil lui faudra revoir ou au moins vers des explications. Or ce nest pas le cas. Cest à lapprenant de se débrouiller face à ses résultats. Grammar Rom ne vise pas lautonomisation de lapprenant mais prend pour acquis son autonomie. Attention à ne pas être taxé de didacticiel pour bons élèves !
Quel est le contenu de lévaluation ? Elle porte sur le fait de langue étudié, « will » et « be going to » en loccurrence. Lapprenant doit montrer quil a compris les règles étudiées dans la rubrique et quil sait les mettre en application. Dans la plupart des questions, lapprenant se voit proposer une forme en « will », une en « be going to » et une troisième soit agrammaticale, soit au présent. Lapprenant qui aura compris la leçon ne tombera pas dans le piège des distracteurs et, dans le cas contraire, le QCM peut savérer être un excellent outil de pédagogie différenciée ou daide à la remédiation.
On peut vraiment regretter quaucun des didacticiels nexploite cet potentiel de remédiation, comme si les apprenants navaient aucun problème. Grammar Rom affiche une conception de lévaluation qui est une fin en soi et qui nimplique pas spécialement de remédiation.
Le type dexercice le plus courant dans Grammar Rom est le QCM à croisements (Lakehal, 1999 : 33) qui consiste à mettre lapprenant face à deux séries déléments entre lesquelles il doit établir un lien.
Lexercice « What they said », par exemple, propose un moyen ludique de faire travailler le discours indirect à lapprenant. Par le biais du QCM à croisements, on demande à lapprenant détablir un lien entre des énoncés oraux au discours indirect « he said hed been skiing » ou encore « he said hes give her a lift home » et leur équivalent au discours direct.
Malheureusement, cet exercice se transforme en simple exercice de reconnaissance. Les choix fournis sont totalement isolés et décontextualisés malgré une tentative avortée de mise en situation. Il suffit à lapprenant de reconnaître un élément commun aux deux phrases et sil na pas envie de comprendre, il peut parfaitement réussir lexercice et passer au suivant. Il aurait en fait suffit de modifier les phrases choisies et de les mettre en contexte pour solliciter une part de réflexion plus importante chez lapprenant.
« What will happen when
» est, lui aussi, mal exploité. Lexercice consiste à reconstituer des phrases en « when » ou « if ». Or là encore, si lexercice est intéressant, les choix des concepteurs sont maladroits, puisquil suffit à lapprenant de faire le lien entre les pronoms pour réussir lexercice.
Pourquoi ne pas avoir proposé les mêmes phrases pour enchaîner ensuite sur une phase de pratique raisonnée de la langue ? Au lieu de faire lexercice puis de consulter la fiche de grammaire, ou inversement, il aurait été aisé avec ces exemples de faire induire la règle sur « when » suivi du présent. Lapprenant en aurait tiré dautant plus de profit, puisquil aurait été directement actif dans la démarche. Dans lexercice proposé, on se contente de faire appliquer la règle à lapprenant. Là encore, seuls les bons apprenants feront éventuellement le lien entre la règle et lexemple. Lintérêt dune démarche de pratique raisonnée de la langue permet en plus de pallier à la contrainte technique du choix fourni. Comme nous le verrons avec MACAO, on peut tout à fait amener lapprenant à engager une réflexion sur la langue tout en utilisant le choix fourni.
Dans « Planning a wonderful holiday », lapprenant entend une histoire fragmentée en six phrases qui correspondent aux six images quil a sous les yeux « (
) Im going to start off in New York. Theres a lot to see there. After that Im going to take the train to Washington D.C. for a few days to see the White House. Then Im going to fly to Los Angeles. I want to see Hollywood and Universal Studio and Disneyland of course. After that Im going to hire a car and drive up the Pacific Coast highway. Im going to spend a few days visiting places like Hirst Castle and Malibu Beach. Finally Im going to stay in San Francisco for a week and visit some friends. ».
Lobjectif de lexercice, en plus dintroduire du nouveau lexique sous forme de réseau sémantique, est de remettre les images dans lordre, en admettant que lapprenant ait compris lhistoire. Lapprenant doit donc interpréter correctement les images et établir le lien entre les deux. Soulignons que contrairement à beaucoup de QCM de compréhension, cet exercice met en avant la compréhension globale du document. Lapprenant na en effet pas besoin de comprendre chaque mot pour faire lexercice et on va lamener à développer des stratégies de compensation et de déduction quil pourra éventuellement réinvestir à plus long terme, même si cela nest pas très conscient dans la démarche adoptée.
Les exercices de remise en ordre déléments du type « Did or didnt? » sinscrivent également dans cette optique puisquils vont permettre à lapprenant de maîtriser des structures grammaticales, logiques ou encore lexicales, de manière progressive. Même sil ne peut prétendre développer la compétence de production écrite, ce type dexercice y participe.
Comme lexplique Danielle Bailly (1998b : 105), pour réaliser ce type dexercice, « lélève doit veiller à la compatibilité et à la complémentarité structurelle des éléments entre eux et par rapport au contexte », ce qui suppose un certain niveau danalyse syntaxique. Même si cet exercice peut sembler un peu mécanique, il nous paraît important dinsister sur le fait quavant de pouvoir exercer sa compétence de production écrite, tout apprenant se doit dabord dacquérir un certain nombre de règles, telles que celles de la syntaxe. Le fait de devoir reconstituer une phrase ou un texte sensibilise lapprenant aux processus de construction / déconstruction / reconstruction de la langue quil va sapproprier au fur et à mesure de son apprentissage. Cet exercice y participe directement. On aurait éventuellement souhaité que lapprenant soit invité explicitement à réfléchir au « pourquoi du désordre » (Julié et al., 1996, citée par Bailly, 1998b : 105) et au comment de la remise en ordre.
Devant une telle diversité, on ne peut que souligner le potentiel de Grammar Rom. Cependant, force est de constater la mauvaise exploitation de nombreux exercices qui ne sollicitent finalement que des opérations de relativement bas niveau et qui ne favorisent pas une démarche de pratique raisonnée de la langue quand on aurait très bien pu limaginer. Grammar Rom montre très clairement que ce nest pas tant le type dexercice qui est à remettre en cause mais bel et bien le contenu et la manière dont on sollicite lapprenant.
Phonologie
MACAO
MACAO a été conçu à partir dun double objectif : amener les apprenants à prendre conscience dun phénomène phonologique celui de la réduction vocalique et de linaccentuation de certaines syllabes des mots ou de certains éléments monosyllabiques de lénoncé et les entraîner à la reconnaissance de ces éléments.
Cette démarche de conceptualisation sinscrit dans le cadre théorique que nous avons défini dans notre première partie, dénonçant les mauvaises représentations des apprenants. Il semble en effet quun des problèmes récurrents que rencontrent les étudiants à un niveau plus élevé soit dû à une mauvaise représentation de la langue : « grammaire, langue écrite et langue orale demeurent souvent (
) des pans isolés de la langue quils imaginent devoir travailler séparément ». Or cette approche « néglige la réflexion sur la langue au profit du contact avec la langue » (Poussard, Vincent-Durroux, 2002 : 108).
MACAO a donc été conçu à partir de ce constat et, tout au long du didacticiel, on tente de mettre en évidence la « dissymétrie entre oral et écrit » qui semble nécessiter une « rééducation de loreille des apprenants » (Poussard, Vincent-Durroux, 2002 : 115).
Nous nous proposons maintenant de voir la place que le choix fourni occupe dans ce module « Sentraîner à la reconnaissance ». Comment les conceptrices ont-elles mis en place cette démarche de conceptualisation ? De quelle manière sy sont-elles prises pour amener lapprenant à prendre conscience dun tel phénomène phonologique ? Quel type de sollicitation mentale ont-elles privilégié ? Quelles activités proposent-elles ? Quel type dexercices trouve-t-on dans ce didacticiel ? Autant de réponses sur lesquelles nous avons appuyé notre analyse pour tenter de voir si le choix fourni a sa place dans une démarche de conceptualisation et si oui, laquelle ?
MACAO est décomposé en quatre parties(: la première traite de lidentification et de la différenciation des syllabes en anglais oral (exercices 1 à 8), la deuxième concerne les auxiliaires (exercice 9), la troisième les prépositions (exercice 10) et la quatrième partie aborde les déterminants (exercice 11). Lapprenant est libre de naviguer comme il le souhaite mais on lui conseille dès le début du didacticiel de faire les exercices dans lordre suggéré. Cest en effet une condition pour que lapproche choisie prenne toute sa valeur.
Nous nous proposons donc de reprendre chaque partie en examinant à quel moment et à quelle(s) fin(s) le choix fourni est utilisé. La démonstration sur laquelle est basé le didacticiel commence par un exercice dans lequel lapprenant doit dire combien de syllabes orales chacun des trois mots proposés « every », « interesting » et « dangerous » contient : 1, 2, 3, 4 ou 5, et de même pour les syllabes écrites. Cet exercice participe dune démarche de découverte du phénomène de dissymétrie entre anglais oral et anglais écrit. Par le biais dune démarche heuristique, les concepteurs amènent les apprenants à réagir à un phénomène qui navait peut-être jamais attiré leur attention. A partir de ce constat, la démonstration continue par un simple exercice découte et de répétition qui vise à sensibiliser lapprenant à la diversité de mots qui, malgré plusieurs syllabes écrites, ne comportent quune syllabe orale.
Après cette phase de découverte du phénomène de dissymétrie, le quatrième exercice reprend le principe du premier exercice avec des mots plus longs « comfortable », « history », « average », « interested », « safety », « management », « precise » ou encore « differently ». On procède là encore par mise en application du phénomène que lon vient de découvrir. Le processus se fait progressivement, doù le guidage qui peut sembler très serré et lordre à respecter pour une meilleure argumentation.
Dans cette phase de découverte, les exercices à choix fourni de type QCM polynôme sont privilégiés. Ils permettent un guidage visant à porter lapprenant vers le déroulement de ce que lon veut démontrer.
Lexercice 5 procède différemment. Il sagit dun QCM vrai / faux où lapprenant doit dire si les mots proposés dont la plupart a trois syllabes écrites : « business », « Wednesday », « oranges », « different », etc. comportent trois syllabes orales. Quant à lexercice 6, il continue dans la progression avec un travail sur des mots toujours plus longs « fascism », « determinism », « feminism » ou encore « enthusiasm » et un tableau de correspondance entre lécrit et loral.
Ces six exercices sinscrivent donc dans une démarche très progressive de prise de conscience de ce phénomène de dissymétrie entre lécrit et loral. Le choix fourni qui, dans ce cas, peut être qualifié de « très guidant », se trouve au service dune démonstration. Ce nest pas tant le choix fourni qui constitue le cur des exercices mais bel et bien le contenu, lenchaînement des questions et les commentaires qui jouent un rôle majeur dans la démonstration. Cest dailleurs bien souvent le principal écueil des QCM et autres choix fournis. Ils naboutissent à rien. Et ce que lon fait faire à lapprenant, les questions auxquelles on lui demande de répondre ne sont pas réinvesties. La plupart des choix fournis nest pas conçue avec une visée didactique à long terme. Cest une erreur à notre sens. Car pour pouvoir développer une approche de conceptualisation des savoirs, comme dans MACAO, il est important de modifier les représentations.
Les exercices 7 et 8 abordent laccent de mot. Après avoir pris conscience du phénomène de dissymétrie, lapprenant travaille sur loral et son accentuation. Chaque syllabe orale est représentée par un carré. Il faut cliquer sur la syllabe qui sentend le plus. Les mots apparaissent un à un. La phase de correction met en regard les mots et leur accentuation respective. On regrettera simplement ici la confusion éventuelle entre les bonnes et les mauvaises réponses.
Ces deux exercices mènent à une fiche de synthèse sur laccentuation des syllabes. On peut regretter que cette fiche ne reprenne pas les six premiers exercices ; ne serait-ce quune phrase récapitulative sur le phénomène de la dissymétrie grapho-phonématique de langlais. Finalement la synthèse ne porte que sur les deux derniers exercices et introduit même de nouveaux éléments ce qui peut paraître contradictoire pour une fiche de synthèse puisque les exercices ne proposaient quun travail sur laccent de mot et que la synthèse aborde laccent de phrase. On peut reprocher un peu trop de précipitation dans largumentation à ce stade-là.
Les exercices 9 et 10 ont tous les deux été conçus sur un schéma similaire. Ils traitent respectivement de laccentuation des auxiliaires et de la prononciation des prépositions. A chaque exercice, lapprenant se voir proposer deux énoncés oraux contenant le même modal ou la même préposition et cest à lui de dire sils sont prononcés de la même manière. Lapprenant reçoit alors un commentaire plus ou moins détaillé selon la réponse donnée. Dans lexercice 9, on lui demande également la nature de lénoncé affirmatif, négatif ou interrogatif.
Là encore, chaque exercice répond à une démonstration. On pose des jalons, par lintermédiaire de questions brèves et très guidées puis on aboutit au raisonnement dans la fiche de synthèse. Même si cette fiche ressemble à nimporte quelle autre fiche de synthèse que lon retrouve en particulier en grammaire, tout lintérêt de MACAO réside dans le fait que lon amène lapprenant à suivre le raisonnement. On ne se contente pas de lui donner une règle, on lui montre le chemin. Or, finalement cest une des critiques récurrentes : la plupart des didacticiels se contente aujourdhui de proposer des fiches récapitulatives sur telle et telle leçon accompagnées dexercices dapplication. La démarche de conceptualisation adoptée dans MACAO a pour objectif de faire induire la règle même si on ne peut pas vraiment parler de règle dans le cas présent par le biais de la découverte et dun raisonnement logique guidé.
Quelle est la fonction du choix fourni ? Dans ces exercices, chaque couple de phrases est accompagné dun QCM oui / non et dun QCM classique. Il est évident que lapprenant peut répondre au hasard, comme dans nimporte quel QCM mais lapprenant qui voudra réfléchir, ne serait-ce quun instant à la bonne réponse va adopter une démarche découte attentive, éventuellement de répétition, exerçant ainsi sa capacité de discrimination auditive. On peut cependant sinterroger sur la faisabilité dun tel exercice. Rappelons que le public visé est un public étudiant mais il semble que les différents degrés de réduction dune voyelle soit quelque chose dassez difficile et qui puisse paraître assez subjectif. Selon nous, on aurait pu se limiter à la différenciation voyelle réduite / voyelle non réduite.
Les fiches de synthèse constituent des outils transférables que lapprenant pourra réinvestir à long terme. Soulignons quelles ne comprennent pas de métalangage, ce qui rend le didacticiel accessible à un public assez large. Il nutilise pas non plus lalphabet phonétique international( ce qui évite den décourager certains mais surtout pas non plus de sigles phonétiques bâtards et non universaux, comme cela pouvait être le cas dans Digital Publishing.
Le dernier exercice de MACAO porte sur la prononciation des déterminants. Il sagit dun exercice lacunaire qui vise à reconstituer un texte : « complétez maintenant les blancs case par case en utilisant le clavier. Attention : pour chaque case, vous devez choisir au moins deux mots parmi les mots suivants : a / an / apple / apples / big / branches / grass / in / mother / my(/ nice / our / some / the / tree / under / want / was / windfall. » Chaque mot est réutilisable plusieurs fois et il est intéressant de noter quun blanc ne correspond pas à un seul mot. Tout lintérêt, justement, réside dans le fait que lapprenant exerce ses capacités de concentration et de discrimination auditive pour lui apprendre à entendre ce que, dhabitude, il nentend pas. Lobjectif de cet exercice est de développer des stratégies de compensation et danticipation pour éviter que les lacunes auditives aient des conséquences sur laccès au sens du message.
Ce premier module de MACAO « Sentraîner à la reconnaissance » savère être une excellente illustration de ce que le QCM et le choix fourni en général peuvent apporter à une démarche de conceptualisation de la langue.
Initiation à la phonétique
Nous avons tenu à relier cela à une séquence dédiée à la phonétique trouvée sur Internet. Ces outils sont suffisamment rares pour mériter dêtre relevés.
Cette petite séquence « Initiation à la phonétique » nest pas une fin en soi et pourrait certainement recevoir un certain nombre de critiques. Ce qui nous intéresse dans le cadre de ce mémoire est de montrer que le choix fourni peut être un outil précieux dans une démarche de pratique raisonnée de la langue, si elle est bien conçue.
Par le biais de cette activité, on attire lattention de lapprenant sur le phénomène daccentuation du mot. Le premier exercice consiste en effet à lui faire découvrir et lui faire mettre en pratique le fait que chaque mot est accentué différemment. Ici on ne travaille pas sur la relation grapho-phonématique, comme dans MACAO, mais le public visé nest pas le même et on peut justement supposer que, si ce travail de sensibilisation phonétique de lapprenant se faisait à un stade plus précoce de lapprentissage, les problèmes relevés par Cécile Poussard et Laurence Vincent-Durroux nauraient plus raison dêtre, ou du moins ils sexprimeraient différemment.
Dans le deuxième exercice, on introduit un schéma daccentuation du mot que lapprenant va être amené à appliquer sur des exemples concrets dans lexercice 3. Ce schéma na malheureusement rien duniversel mais il a le mérite dêtre simple et clair. Dans lexercice, lapprenant doit donc retrouver quel schéma daccentuation correspond à chaque mot.
Lexercice 4, quant à lui, est complémentaire et ne sinsère pas directement dans la séquence. Il sagit pour lapprenant détablir une relation entre deux séries déléments : une liste de mots et la transcription phonétique de ces mêmes mots. Soulignons la référence au Cambridge International Dictionary of English. Cet exercice nous semble remarquable dans la mesure où même lapprenant qui ne connaît pas lalphabet phonétique international va pouvoir le réaliser. En analysant chaque mot en écriture phonétique, lapprenant va pouvoir faire un rapprochement entre les deux listes. Cest de cette manière quil va pouvoir sapproprier, de manière progressive si lexercice est répété régulièrement, lalphabet phonétique et en saisir tout lintérêt. Au début, il développera très fortement son esprit de déduction à partir dhypothèses quil confirmera ou infirmera au fur et à mesure des exemples sur lesquels il travaillera. Et puis, petit à petit, il découvrira les voyelles phonétiques au point de pouvoir utiliser lui-même lalphabet.
Même si cette séquence dinitiation est loin dêtre parfaite puisquelle nest pas aussi aboutie que peut lêtre MACAO, elle a un potentiel tout à fait évident à exploiter. Bien sûr, tous les enseignants ne sont pas aptes à concevoir de telles activités pour toutes sortes de raisons, beaucoup par manque de connaissances phonétiques, dautres parce que leur enseignement nest pas basé sur une démarche de conceptualisation, mais nous croyons fortement en ce potentiel.
Le temps semble un peu révolu où il était de bon ton de critiquer le QCM de manière systématique. Tout lintérêt est de concevoir un exercice où lon ne se rend pas compte quil est basé sur du choix fourni. Ce sont, au vu de notre analyse, les meilleurs exemples dutilisation adaptée et didactiquement remarquable.
CONCLUSION : 10 RECOMMANDATIONS AUX FUTURS CONCEPTEURS
Cette analyse a un double objectif : faire le point sur la mise en uvre concrète des objectifs dont les didacticiels de langue se réclament et proposer un vade-mecum. Nous avons en effet souhaité soumettre quelques éléments de réflexion aux futurs concepteurs et quelques conseils danalyse aux futurs chercheurs que nos réflexions pourraient intéresser.
( Concevoir un didacticiel sous forme de séquences pédagogiques, comprenant une phase danticipation qui viserait à créer des attentes chez lapprenant, une activité principale et une phase dapprofondissement dans laquelle lapprenant fixerait les acquis de la séquence, quils soient lexicaux, grammaticaux, etc.
( Choisir des documents supports qui feront réagir lapprenant et donc susciteront sa motivation et son expression personnelle plutôt que de lui poser des questions de compréhension sans grand intérêt.
( Ne pas oublier dexploiter le potentiel civilisationnel dun document support, source éventuelle de motivation dune part et moyen de développer des savoirs transférables dautre part.
( Ne pas oublier dexploiter limage dun document vidéo (quil sagisse dun reportage ou dune interview) qui est aussi porteuse de sens que le message oral qui laccompagne. Sensibiliser lapprenant à lapport de la kinésthésique, même en condition de conversation réelle.
( Fournir des savoir-faire et des stratégies dapprentissage à lapprenant tout au long de la séquence : orienter les questions à choix fourni de telle sorte quil apprenne comment appréhender un texte ou un document oral ou bien comment hiérarchiser les informations quil reçoit, par exemple.
( Respecter quelques éléments didactiques fondamentaux lors de la conception dune grille de lecture ou de compréhension de loral : ménager une progression allant du simple au complexe, du connu à linconnu, du global au détail et de lexplicite à limplicite.
( Même si le choix fourni nest clairement pas le moyen idéal de faire produire de lécrit à lapprenant, il peut tout de même y contribuer en le sensibilisant à la structuration dun message : la place et lutilisation des connecteurs par exemple.
( Il en est de même pour la production orale : un exercice à choix fourni appliqué à une simulation de dialogue peut constituer une aide précieuse sil est conçu dans une optique de choix entre différences de registres ou de formulations et non pas seulement dans une optique de choix entre une bonne réponse et deux distracteurs. Cet exercice de simulation de dialogue peut permettre dexercer la capacité dévaluation de lapprenant (voire même dauto évaluation) en le confrontant à des énoncés erronés quil va devoir analyser et corriger. Le choix fourni savère être un outil de pratique raisonnée de la langue tout à fait réel.
( Cette démarche de pratique raisonnée de la langue implique pour le concepteur de créer une progression, une démonstration nécessairement très guidée. Le choix fourni permet à lapprenant de suivre un raisonnement et non plus seulement de lui faire appliquer une règle.
( Diversifier un maximum les modes de sollicitation de lapprenant, en privilégiant les opérations de haut niveau. On peut pour cela se référer aux solutions générales proposées par Dieudonné Leclercq : ajouter la possibilité que toutes ou aucune des solutions déjà fournies ne soi(en)t correcte(s).
CONCLUSION
Ces quelques recommandations montrent très nettement quil est maintenant dépassé de critiquer le QCM et le choix fourni de manière systématique. Si ce panorama a mis en avant de nombreux exercices critiquables à bien des égards, il a également montré que, sous certaines conditions, le choix fourni peut savérer être un outil très précieux. Dans le cadre de cette étude, nous avons choisi de nous inscrire dans une perspective où, puisque le choix fourni est une contrainte technique, nous avons tenté de mener une réflexion plus approfondie pour laméliorer, doù ces premières pistes que nous venons de proposer.
Beaucoup de choses ont évolué depuis la réflexion qua menée Dieudonné Leclercq concernant le QCM. Dabord, les conceptions de lenseignement / apprentissage des langues ne sont plus les mêmes. Les représentations vis à vis du QCM et du choix fourni ne sont plus tout à fait les mêmes non plus. Plus particulièrement, les technologies de linformation et de la communication ont provoqué une révolution dans le monde de lenseignement / apprentissage des langues, que ce soit en classe ou en autonomie et quel que soit lâge et le parcours de lapprenant. Comme nous lavons vu, les principes de Dieudonné Leclercq ne correspondent plus aux besoins actuels. Les didacticiels de langue nont aucune théorie renouvelée sur laquelle baser leur conception en termes dexercices à choix fourni.
Même si cette analyse ne saurait prétendre renouveler la littérature concernant les choix fournis, elle propose tout de même quelques amorces de réflexion. Il semble en effet que quel que soit le but que chacun se fixe lorsquil sinscrit dans une démarche dapprentissage dune langue, le didacticiel peut constituer une aide précieuse. Que lon cherche à savoir écrire dans une langue étrangère ou à la parler, avant datteindre ce but ultime, le didacticiel et donc le choix fourni peuvent servir de tremplin formidable à lapprenant. Comme le dit Jacques Naymark (1999 : 38), « avant les exploits dans les stades ou salles de concert, il est connu que la répétition inlassable dans la salle de gymnastique ou au conservatoire est incontournable ! »
RÉFÉRENCES
Références bibliographiques
Le Grand Larousse Encyclopédie Supplément (1968). Paris : Larousse.
Le Nouveau Petit Robert (1993). Paris : Le Robert.
ARENILLA, L. et al. (2000). Dictionnaire de pédagogie. Paris : Bordas Pédagogie.
BAILLY, D. (1998a). Didactique de langlais (2), la mise en uvre pédagogique. Paris : Nathan Pédagogie.
BAILLY, D. (1998b). Les mots de la didactique des langues, le cas de langlais. Gap : Ophrys.
BARCHECHATH, É. & POUTS-LAJUS, S. (1991). « Les attentes des utilisateurs ». Colloque Synapse. Montpellier.
BÉGUIN, N. & GARCIA, C. (1995). La séquence didactique dans le premier cycle. Toulouse : CRDP.
BLOCH, H. et al. (1993). Grand dictionnaire de la psychologie. Paris : Larousse.
BLOOM, B. S. (1969). Taxonomie des objectifs pédagogiques, Tome 1 : « Domaine cognitif ». Montréal : Éducation Nouvelle.
BOUCHARD, R. (1994). «(Profils, profils... pour une conception cinétique des profils dacquérant ». In Les profils d'apprenants, POCHARD, J.-C. (éd.). Saint-Étienne : Presses Universitaires de Saint-Étienne.
BRODIN, E. (2002). « Innovation, instrumentation technologique de l'apprentissage des langues : des schèmes d'action aux modèles des pratiques émergentes ». ALSIC, vol. 5, n° 2. pp 149-181. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.alsic.org" http://www.alsic.org.
CARÉ, J.-M. (1983). « Jeux de rôles ». Le français dans le monde, n°176. pp 38-42.
CERI (1989). Les technologies de l'information et de l'éducation : choisir les bons logiciels. Paris(: OCDE.
DEMAIZIÈRE, F. (1986). Enseignement assisté par ordinateur. Gap : Ophrys. Collection « AEM ».
DEMAIZIÈRE, F. & DUBUISSON, C. (1992). De l'EAO aux NTF. Utiliser l'ordinateur pour la formation. Gap : Ophrys. Collection « AEM(».
DEMAIZIÈRE, F. (1996). « Autoformation, nouvelles technologies et didactique. Réflexions et propositions méthodologiques ». Les Sciences de l'éducation, vol. 39, n° 1-2. pp 67-99.
FAERCH, C. & KASPER, G. (1986). « Perspectives on Language Transfer ». Applied Linguistics, vol. 8-2. pp 111-137.
GERMAIN, C. & LEBLANC, R. (1988). « La pédagogie de la communication, essai de définition ». In Pédagogie de la communication dans lenseignement dune langue étrangère, BOUCHER, A.-M., et al. Bruxelles : De Boeck.
GIRARD, D. (1995). Enseigner les langues : méthodes et pratiques. Place de la communication, autonomie de l'élève et rôle de l'enseignant dans l'enseignement des langues. Paris : Bordas. Collection « Pédagogie des langues(».
GOFFMAN, E. (1973). La mise en scène de la vie quotidienne. Paris : Les Éditions de Minuit.
GRANGEAT, M. (1997). La métacognition, une aide au travail des élèves. Paris : ESF Éditeur. Collection « Pédagogies(».
GREMMO, M.-J. & RILEY, P. (1997). « Autonomie et apprentissage auto-dirigé : l'histoire d'une idée(». Mélanges CRAPEL, n° 23. pp 81-108.
HOLEC, H. (1979). Autonomie et apprentissage des langues étrangères. Paris : Hatier.
HOLEC, H. (1997). « De l'autonomisation considérée comme une innovation ». Mélanges CRAPEL, n° 23. pp 3-5.
HUITT, W. (1998). « Motivation ». Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://teach.valdosta.edu/whuitt/col/motivation/motivate.html" http://teach.valdosta.edu/whuitt/col/motivation/motivate.html.
HYMES, D. H. (1991). Vers une compétence de communication. Paris : CREDIF Hatier. Collection « LAL ».
JULIÉ, K. et al. (1996). Profession enseignant. Préparer le CAPES danglais. Paris : Hachette. Collection « Hachette Éducation ».
KERBRAT-ORECCHIONI, C. (1990). Les Interactions verbales, tome 1. Paris : Armand Colin.
LAKEHAL, M. (1999). Guide de la pratique du QCM. Examens et concours. Paris : Vuibert.
LAMY, M.-N. (2001). « L'étude d'une langue assistée par ordinateur : réflexion collaborative sur l'objet d'apprentissage(». Notions en questions, n° 5 : « Interactivité, interactions et multimédia(». pp 131-144.
LECLERCQ, D. (1986). La conception des questions à choix multiple. Bruxelles : Éditions Labor.
LEGROS, D., MAÎTRE DE PEMBROKE, E. & TALBI, A. (2002). « Les théories de l'apprentissage et les systèmes multimédias(». In Psychologie des apprentissages et multimédia, LEGROS D. & CRINON J. (éds.). Paris : Armand Colin. pp 23-39.
LITTLE, D. (1997). « Linguistic Awareness and Writing: Exploring the Relationship with Language Awareness ». Language Awareness, vol. 6, n°2-3. pp 95-104.
MANGENOT, F. (2001). « L'apprentissage des langues(». In Psychologie des apprentissages et multimédia, LEGROS D. & CRINON J. (éds.). Paris : Armand Colin. pp 128-153.
MARTINEZ, P. (1996). La didactique des langues étrangères. Paris : PUF. Collection « Que sais-je?(».
MEIRIEU, P. (2000). L'école, mode d'emploi. Des « méthodes actives» à la pédagogie différenciée. Paris : ESF Éditeur. 13ème édition. Collection « Pédagogies Outils(».
MINISTÈRE DE LÉDUCATION NATIONALE (2000). Anglais. Classes de seconde, première et terminale. Horaires, objectifs, programmes, instructions. Paris : CNDP.
NARCY, J.-P. (1990). Apprendre une langue étrangère. Didactique des langues : le cas de l'anglais. Paris : Les Éditions d'Organisation.
NARCY, J.-P. (1993). « Quelle formation pour les enseignants à lheure des nouvelles technologies ? ». In Nouvelles technologies et enseignement des langues, ATTAL, J.-P. (éd.). Paris : La TILV Éditeur.
NAYMARK, J. (éd.) (1999). Guide du multimédia en formation, bilan critique et prospectif. Paris : Retz. Collection « Comprendre pour agir(».
NOIZET, G. & CAVERNI, J.-P. (1978). Psychologie de lévaluation scolaire. Paris : PUF.
OTT-RICHARD, M.-H. (1991). Des clés pour linteraction en classe danglais. Strasbourg : CRDP. Collection « Anglais 1er cycle ».
PAQUELIN, D. (2002). « Analyse d'applications multimédias pour un usage pédagogique. A la recherche de l'intentionnalité partagée ». ALSIC, vol. 5, n° 1. pp 3-32. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.alsic.org" http://www.alsic.org.
POCHARD, J.-C. (éd.) (1994). Les profils d'apprenants. Saint-Étienne : Presses Universitaires de Saint-Étienne.
POTHIER, M. (non daté). « Développer l'autonomie de l'apprenant grâce au multimédia(?(». Site de l'Institut Français de Bratislava, Ambassade de France de Slovaquie. Consulté le en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.france.sk/culturel/coll_developper.htm" http://www.france.sk/culturel/coll_developper.htm.
POTHIER, M. (2001). «(Les représentations des enseignants confrontées à celles des apprenants(: de l'expérimentation d'un logiciel à la conception argumentée d'un autre produit(». Notions en questions, n° 5 : « Interactivité, interactions et multimédia(». pp 31-49.
POTHIER, M. (2003). Multimédias, dispositifs dapprentissage et acquisition des langues. Gap : Ophrys. Collection « AEM ».
QUIVY, M. & TARDIEU, C. (1997). Glossaire de didactique de langlais. Paris : Ellipses.
RABARDEL, P. (1995). Les hommes et les technologies. Approche cognitive des instruments contemporains. Paris : Armand Colin.
SANCHEZ PANIAGUA, F. (2002). « Intégration d'un outil informatique dans l'enseignement du niveau intermédiaire d'espagnol à l'Université de Technologie de Compiègne(». ALSIC, vol. 5, n° 2. pp 209-229. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.alsic.org" http://www.alsic.org.
SPRINGER, C. (1999). « Les centres de langues : du multi-médias au multimédia, évolution ou révolution ? ». In Guide du multimédia en formation. Bilan critique et prospectif, NAYMARK, J. (éd.). Paris : Retz. pp 249-262.
VANDEVELDE, L. (1971). Réflexions sur les QCM. Bruxelles : ULB, document ronéotyp.
VASSEUR, M.-T. & ARDITTY, J. (1996). « Les activités réflexives en situation de communication exolingue. Réflexions sur 15 ans de recherche ». AILE, n°8. pp 57-87.
VERGNAUD, G. (2000). Lev Vygotski, pédagogue et penseur de notre temps. Paris : Hachette Éducation. Collection « Portraits d'éducateurs(».
VYGOTSKI, L. (1997). Pensée et langage. Paris : La Dispute.
Sites Internet
HARRAP (1999). Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.harrap.com" http://www.harrap.com.
JOHN WILEY INC. (2003). For Dummies. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.dummies.com" http://www.dummies.com.
LINGONET OY (1998). Teaming Up With Teachers. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.linetti.com" http://www.linetti.com.
UBISOFT (2001). Ubi Soft Entertainment, Inc. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.ubi.com" http://www.ubi.com.
UNIVERSITÉ PAUL VALÉRY (nd.). METICE. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.univ-montp3.fr/metice/" http://www.univ-montp3.fr/metice/.
UNIVERSITY OF VICTORIA (nd.). Half-Baked Software Inc. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://www.halfbakedsoftware.com/" http://www.halfbakedsoftware.com/
WULLES, G. (nd.). Activité dinitiation à la phonétique. Consulté en octobre 2003 : HYPERLINK "http://perso.wanadoo.fr/wulles/english/college/pageshtm/fono1.htm" http://perso.wanadoo.fr/wulles/english/college/pageshtm/fono1.htm.
Didacticiels
(1995). Grammar Rom. Longman : Londres, Grande Bretagne.
(1997). Real English. Wiser Software : Australie.
(1999). Digital Publishing. Ubisoft : Etats-Unis.
(2000). Harraps English Learning Course. Niveau Intermédiaire. Harraps Multimédia : Paris.
(2001). English for Dummies. Hungry Minds, Syracuse Language : New Jersey.
(2002). Lingonet Teentalk Canada. Lingonet : Turku, Finlande.
POUSSARD, C. & VINCENT-DURROUX, L. (2002). Modules dAide à la Compréhension de lAnglais Oral (MACAO). Sentraîner à la reconnaissance. METICE : Montpellier.
UNIVERSITE DE HAUTE-BRETAGNE (1996). Europe Langues Spécialisées Administration (ELSA). CNFPT : Rennes.
ANNEXES
( Annexe 1 :
Transcriptions
( Annexe 2 :
Fiches techniques des didacticiels
« Silver Brumby Clip 1 » Real English
It doesn't smell like rain, but it sounds kind of like thunder, very strange, ow!
That'd be right, that'd be right, deliberately standing there silent, just where you know I want to go.
We were talking, wombat.
What's that? Walking? You weren't walking, you were standing still. Now, where's my son?
Your son? I'm sure I don't know.
Yeah, that'd be right, yeah yeah that'd be right. Might as well just keep looking by myself for all the, all the help I get.
I don't like the sound of this, Thowra. No good's ever come of man and his monsters in the high country.
Well, that's why we're on our way to see it for ourselves, isn't it?
Seeing is one thing, doing something about it is quite another.
Listen, the thunder's stopped.
Not another one! Rubbish, rubbish, and more rubbish, that's all I ever find in this creek. I'm sick to death of picking up after that stupid road gang. Not a brain among 'em.
He seems very angry.
Who can blame him? The last thing we need is the stream choked with a load of man's left-over junk.
(Whip)
You're a long way from home, whip-bird.
(Whip) No I'm not, haven't got a home anymore,(whip) got to find a new one, it's the monster,(whip).
I think we'd better find this monster double-quick.
This is just awful, Benny, how could they do this?
It's going to get worse Thowra. Our mountain kingdom is shrinking. This big path will bring more and more men.
Mopoke, mopoke, shed a tear. If they must have a road why put it here?
Why come anywhere near the high country? What do they want? At least the mountains and the Ram's Head and the Sentinel are safe. It's easy here on the river flats but the rugged mountains will beat their monsters. We'll always have somewhere to live.
Don't be too sure, don't be too certain. This road could be our final curtain.
Ah, just look at this lot, mankind's legacy to the high country.
There it is, Sire, what did I tell you?
So, they think they can turn the high country into a barren waste, do they?
I can't hear the stream. It's usually very noisy around here.
I told you I got a wet head, something's happened to the stream.
« Cab drivers » Digital Publishing
- Hey buddy, do you have a minute ?
- Sure, whats up ?
- This is my first week in New York and I need some information. Can I ask you some questions ?
- Go ahead.
- People from other countries ask me so many questions and I dont know the answers and I always try to help. It helps when I think about my tip. My question is : what is the highest building in town ?
- The Empire State Building is not any longer the highest building in town. The World Trade Centre is higher. But the highest building in the world is the Sears Tower in Chicago.
- Many tourists ask me where they can find a nice hotel. Do you know any nice hotels ?
- Yeah. There are a lot of nice hotels in town. Some are nicer than others. But the nicest hotel is a hotel called « Garden of Eden ». I know that this is the nicest hotel in town. My brother is the owner. It is on 147th Street. Tell your customers they can go there.
- Oh I understand. Are there any funny sights in town ?
- The funniest building is the Flatiron Building on Broadway. I dont know any funnier buildings. My father says that it is the funniest building in town. And he is a tour guide. By the way, he is a good tour guide. The name of the tour is « Eddys Tour ».
- Heres another question : can you tell me the shortest way from Manhattant to JFK ?
- Sure I can man. There is a short way. But I always take the longest way. The tourists dont know the short way and you can make more money on the long way. Do you understand ?
Amandas interview Teentalk
Could you introduce yourself, please?
My name is Amanda, Im 14 years old and Im in grade nine.
Tell me about a typical school day.
I get to school around 8 oclock so I usually just socialize with my girlfriends until school starts and first block ends at nine-forty and then we go to our second classes and then after that we hacve a nutrition break at 11 oclock where we can eat a snack and socialize wirth our friends and get ready for our next classes and then we go to third block and after third block is lunch which is just under an hour long and that usually is just spent hanging out with your friends or going outside and playing around, eating our lunch of course. And then after lunch, fourth block begins and it ends at around 2:39, to be precise.
What are your teachers like?
Most of them are very nice and understanding, some of them have their days when theyre not in a very good mood but most of them are generally nice and very helpful to all the class, so.
Where do you usually have lunch?
We usually eat outside in the spring and the summer, close to the summer, but mately in the fall and the winter weve been eating in the rotunda which is just in the center of our school where mostly the whole school eats.
What do you usually have for lunch?
I Im not a big lunch eater, I usually have a bagel, or some cheese and crackers and a piece of fruit.
Why were a lot of students wearing pyjamas today?
Oh, that would be pyjama day. Every every so often our school has a « spirit week ». I I guess we have it around once or twice a year where all the students get together and plan a Spirit Week, um, Monday could be « Hat Day », and Tuesday could be « Dress Your Best Day » and Wednesday, like today, is « Pyjama Day » so as many students as they can come and wear pyjamas to show their school spirit.
Which extracurricular activities are you involved in, outside of school?
Outside of school, I take four dance classes a week. Dance is pretty much my life. I really enjoy it, Ive been doing it since I was a little girl and I do four different types of dance at least, I think
I do Polynesian, jazz dance, ballet and hip-hop.
What are your plans for after high school?
Well, Im planning on taking a year off and getting a job so I can earn some extra money for when Im older and Im moved out. And then Im planning on applying for either UCLA which is the University of California, Los Angeles, or UBC, University of B.C., to study pediatrics.
Is there a lot of bullying at your school?
I guess it depends on who youre involved with. There there are the ever so few odd ones in the school that dont set a good example and like to, I guess, um, act higher or more important than others and there is bullying but its usually pretty avoidable.
Where is your family from?
Well, my dads whole side is from France and most of my dads family speaks nothing but French and my moms side is also from France and England.
Do you speak French?
Not fluently, yet, but I can speak it a little bit.
REAL ENGLISH
Entertainment
Approche
communicative
« hours of interactive practice listening to real people speaking real English »
Compétences visées
compréhension de loral
Types de documents
documents vidéo authentiques : reportages TV, publicités, clips, etc.
Public visé
niveau intermédiaire
Thèmes abordés
31 vidéos sur des thèmes très variés : du Festival de Cannes à la danse indienne en passant par des publicités et des clips de chansons.
Options
script du document, bloc-notes, infos culturelles et lexicales
Ergonomie
prise en main rapide et facile. tout se déroule sur le même écran.
Contenu
chaque séquence est organisée selon le même schéma :
visionnement de la vidéo
match text (choix fourni)
sequence text (choix fourni)
gap filling (exercice de dictée)
true or false (QCM vrai/faux)
multiple choice (QCM)
Synthèse
( vidéos intéressantes et authentiques. sujets divers et variés.
( chaque document est fragmenté au point de le dénaturer totalement et de perdre de vue son intérêt communicationnel. aucune exploitation civilisationnelle de documents du type « Dad and Dave », classique de la tradition australienne.
TEENTALK Canada
Approche
communicative
« virtual contact with authentic English speaking Canadian students »
Compétences visées
compréhension de loral et conversation (mais aucune activité)
Types de documents
documents didactisés mais avec un souci dauthenticité : interviews de 18 élèves de 13 à 16 ans.
Public visé
niveau collège. travail individuel et/ou scolaire.
logiciel conçu comme un outil à exploiter pour les enseignants.
Thèmes abordés
tous les thèmes sur la vie dans leur établissement : les profs, les uniformes, la violence, les notes, les activités extra-scolaires, etc.
Options
suivi, bloc-notes imprimable, script, glossaire lexical et civilisationnel, coin du prof
Ergonomie
navigation par thème ou par élève.
simple et agréable, sauf pour les exercices « task »
Contenu
chaque interview est suivie dun exercice « task » qui comprend 5 ou 6 questions portant sur des points de détail des interviews (dans la navigation par élève) et des phrases isolées des interviews à compléter par dictée (dans la navigation par thème). Le logiciel propose également une rubrique « exercises » et une autre « teachers room » avec mot de passe, destinée aux enseignants qui permet de suivre la progression des apprenants et qui donne des suggestions dactivités et les matériaux (« role cards », résumés, etc.) pour approfondir le contenu du logiciel.
Synthèse
( documents supports tout à fait adéquats pour le public visé. Les sujets abordés les touchent personnellement, doù une motivation accrue pour faire les activités. Suggestions dexploitation pour les enseignants.
( les possibilités dexploitation suggérées à lenseignant sont riches. dommage de ne pas les avoir appliquées directement dans le logiciel.
DIGITAL PUBLISHING
Approche
se réclame de lapproche communicative. méthode dimmersion
« apprendre et parler une langue »
Compétences visées
compréhension de loral, production orale
Types de documents
documents purement didactique. « photo-stories » construites pour étudier un fait de langue, très épurées, pas de bruit de fond. Toujours les mêmes voix.
Public visé
tous niveaux, plutôt débutants
Thèmes abordés
une unité correspond à une ville des États-Unis.
Options
guide virtuel Tim, reconnaissance vocale, traduction, sommaire, unité sur les bases de langlais
Ergonomie
navigation relativement simple, accompagnée du guide virtuel Tim. Lapprenant peut commander le logiciel par la voix.
Contenu
chaque unité propose un document photo (dont on peut faire varier la vitesse délocution), suivi dune série dexercices principalement de grammaire. La plupart de ces exercices prennent la forme de choix fournis. Le logiciel propose également une unité « basics » qui reprend les chiffres, lheure, etc., une unité de prononciation surtout basée sur la répétition et limitation de modèles et une unité spécifique à la prononciation des commandes orales pour diriger le guide virtuel.
Synthèse
( son atout technique : la reconnaissance vocale. Lapprenant peut diriger le logiciel par la voix.
( aucune exploitation des « photo-stories », ni en compréhension de loral ni en termes civilisationnels. Conception behavioriste de lapprentissage malgré le discours commercial mis en avant. Exercices basés sur la répétition, limitation du modèle, la manipulation, on namène pas lapprenant à réfléchir sur la langue. En fait, le logiciel ne propose que des exercices de grammaire structuraux.
ELSA
Europe Langues Spécialisées Administration
Approche
notionnelle / fonctionnelle
« meilleure compréhension écrite et orale, révisions grammaticales, prononciation, maîtrise dexpression »
Compétences visées
compréhension de loral, de lécrit, production orale
Types de documents
documents didactisés mais avec un souci dauthenticité
Public visé
langue de spécialité, lexique des collectivités locales et des institutions britanniques
Thèmes abordés
organisation, rôles et fonctions, finance, coopération européenne, commerce, tourisme, environnement, sport et éducation, services sociaux, immobilier
Options
possibilité de montrer ou de cacher les textes, bloc-notes
Ergonomie
navigation simple et agréable
Contenu
le logiciel se présente sous la forme dun agenda. A chaque jour correspond un rendez-vous avec un élu local. Chaque rendez-vous permet daborder un des thèmes ci-dessus par le biais
dune interview, accompagnée dun QCM vrai/faux,
dun document écrit accompagné dun QCM vrai/faux,
dun exercice de prononciation de phrases du texte,
dune activité à visée notionnelle/fonctionnelle, comprenant une fiche récapitulative et un exercice dapplication à choix fourni,
et enfin dun point grammatical comprenant un QCM binôme et une fiche récapitulative.
Synthèse
( un moyen intéressant daborder la civilisation britannique ayant souvent une réputation austère. Logiciel bien conçu avec une prise en main simple et agréable.
( le logiciel date de 1996 et son approche notionnelle / fonctionnelle ne correspond plus à la didactique des langues actuelle.
ENGLISH FOR DUMMIES
Approche
communicative
« Speak English now. The fun and easy way »
Compétences visées
compréhension de loral, de lécrit, production orale et écrite
Types de documents
documents didactiques mais avec un souci dauthenticité
Public visé
marché nord-américain
public adulte, niveau soi-disant débutant
Thèmes abordés
unités basées sur la vie sociale, les voyages, les affaires, etc.
Options
guide virtuel, informations culturelles, dictionnaire, bloc-notes, suivi, stratégies dapprentissage
Ergonomie
agréable, navigation libre
Contenu
chaque leçon est composée dun document support accompagné dun éventuel QCM de compréhension, dun glossaire français/anglais du lexique du document, dun exercice de décontextualisation de ce même lexique, dun point sur la grammaire accompagné dexercices dapplication. La leçon se termine par un exercice complémentaire variant selon la nature de la leçon (« dialog builder » ou « role play » pour une production orale, « construction kit » pour la production écrite). Quiz à la fin de chaque leçon.
Synthèse
( ergonomie agréable, personnages récurrents. Ton sympathique et dédramatisant avec le guide virtuel.
( une première unité sans intérêt. exercices ne portant que sur des points de détail. Que lapprenant va-t-il en retirer ?
HARRAPS
English Learning Course Niveau intermédiaire
Approche
communicative
« Parlez langlais daujourdhui avec aisance »
Compétences visées
compréhension de loral, de lécrit, production orale et écrite
Types de documents
documents didactiques mais avec un souci dauthenticité
Public visé
marché européen
niveau intermédiaire
Thèmes abordés
6 unités toutes basées sur la vie sociale, les voyages, les affaires, etc.
Options
informations culturelles, dictionnaire, bloc-notes, suivi, stratégies dapprentissage
Ergonomie
agréable, navigation libre
Contenu
le contenu est exactement le même que dans English for Dummies, sans la première unité inutile et sans le quizz de fin de leçon. Les unités 2, 3 et 4 de English for Dummies correspondent aux unités 1, 2 et 3 de Harraps qui a 3 unités de plus 4, 5 et 6.Synthèse
( une conception plus réfléchie que dans English for Dummies de lenchaînement des séquences.
( on ne fait travailler que la compréhension de détails. Pas de travail non plus sur limplicite.
GRAMMAR ROM
Approche
entraînement intensif à la grammaire
Compétences viséesTypes de documents
pas de documents supports
Public visé
intermédiaire, remise à niveau
Thèmes abordés
tout le domaine grammatical
Options
glossaire et précis grammatical interactifs
Ergonomie
simple dutilisation. Interface très agréable
Contenu
à chaque point de grammaire traité, on propose à lapprenant une série dexercices et un test final. Les exercices sont variés. Lapprenant ne se lasse donc pas mais a tout de même suffisamment de repères pour ne pas être perdu.
Synthèse
( exercices variés, interface très agréable, sollicitations de lapprenant diverses.
( exercices décontextualisés. Aucune réflexion sur le point de grammaire abordé.
MACAO
Modules dAide à la Compréhension de lAnglais Oral
1er module : « Sentraîner à la reconnaissance »
Approche
pratique raisonnée de la langue
Compétences visées
phonologie et morphosyntaxe
Types de documents
pas de documents supports, exercices basés sur des mots ou des phrases isolées.
Public visé
niveau universitaire, intermédiaire avancé.
Thèmes abordés
dissymétrie entre langue orale et langue écrite, proximité phonologique de certains morphèmes
Ergonomie
simple et claire.
très guidée mais contrainte due à la pratique raisonnée de la langue.
Contenu
MACAO propose une réflexion sur des problèmes de reconnaissance de certains morphèmes par le biais dune démarche de conceptualisation. Grâce à un parcours très guidé, lapprenant suit le raisonnement visé selon 4 axes :
reconnaissance des syllabes en anglais oral
reconnaissance des auxiliaires
reconnaissance des prépositions
reconnaissance des déterminants
Synthèse
( sensibilisation à des faits phonologiques liés aux problèmes de compréhension concrets détudiants. démarche conceptualisatrice
( pour linstant, module un peu court mais on peut espérer que dautres viendront le compléter
Traduction adoptée par Françoise Sève dont elle sexplique (Vygotski, 1997 : 39). Pour ZPD, on trouve également « zone proximale de développement » (terme que nous utiliserons de préférence dans la suite de notre étude) ou encore « zone de proche développement » (Vergnaud, 2000 : 21-22).
Nous désignons par QCM un « questionnaire à choix multiple », selon la définition du Petit Robert (1993), là où Dieudonné Leclercq (1986) parle de « question à choix multiple ».
Voir les fiches techniques présentant chaque didacticiel en annexe 2.
Voir le script du document vidéo en annexe 1.
Cette option nest bien sûr pas activée dans notre exemple mais serait tout à fait exploitable dans le cadre dun didacticiel.
Voir I, 1.2.2.
Voir II, 2.4. pour quelques éléments de réflexion sur English for Dummies et Harraps.
Voir I, 1.2.4.
Nous avons choisi de présenter les exercices correspondant au document vidéo « Silver Brumby » pour lequel nous avons déjà proposé quelques pistes danticipation (II, 2.1.). Le script du document se trouve en annexe 1.
Voir le script de ce document vidéo en annexe 1.
Voir le script de linterview dAmanda à titre indicatif en annexe 1.
Voir II, 2.2.2.
Voir I, 1.3.5.
Voir II, 2.5.2.
Voir notre réflexion sur la notion d« interactivité » au I, 1.3.4.
Voir I, 2.4.1.
Par « tâches de fixation », nous entendons un réinvestissement des acquis en vue de leur procéduralisation. Nous nimpliquons pas nécessairement le sens répétitif et systématique quil prend parfois. Danielle Bailly emploie les deux sens du terme (1998a : 35 et 1998b : 116). Nous choisirons le plus neutre.
Voir II, 2.2.2.
Voir I, 1.2.4.
Voir I, 2.4.2.
Nous verrons dans le prochain paragraphe que Grammar Rom propose également des « tests » dévaluation, dont nous reparlerons en temps voulu.
Voir II, 2.1.
Voir II, 2.2.
Hot Potatoes est un système auteur qui permet de créer des exercices de type QCM, exercices dappariement, exercices lacunaires, etc. Il est accessible en ligne : HYPERLINK "http://www.halfbakedsoftware.com/" http://www.halfbakedsoftware.com/
Voir I, 2.4.1.
Voir II, 2.2.1.
Voir II, 2.3.2.
Voir I, 1.3.5.
Nous empruntons ici la terminologie de Mokhtar Lakehal (1999 : 24) pour définir un QCM qui ne propose que deux solutions de réponse, quelles soient de type vrai / faux ou de tout autre type.
Voir II, 2.4.
Voir ch. II, 2.3.2.
Voir I, 1.1.3.
Voir II, 2.5.1.
Voir II, 2.1.
PAGE
PAGE 1
Sommaire
PAGE 3
Abstract / Résumé
PAGE 4
Introduction
PAGE 7
Partie I : Cadre théorique
PAGE 34
Partie II : Atouts, limites et exploitations potentielles du choix fourni
PAGE
PAGE 90
Conclusion
PAGE 91
Bibliographie
PAGE 96
Annexe 1 : Transcriptions
PAGE 99
Annexe 2 : Fiches techniques des didacticiels
Éditeur :
Wiser Software
Australie
Date : 1997
Site :
pas de site actualisé
Éditeur :
Lingonet
Canada
Date : 2001
Site :
HYPERLINK "http://www.linetti.com" http://www.linetti.com
Éditeur :
Ubi Soft
Etats-Unis
Date : 1999
Site :
HYPERLINK "http://www.ubi.com" http://www.ubi.com
Auteur :
Université de Haute-Bretagne, Rennes 2
Éditeur :
Centre National de la Fonction Publique Territoriale
Date : 1996
Éditeur :
Syracuse Language
Hungry Minds
Etats-Unis
Date : 2001
Site :
HYPERLINK "http://www.dummies.com" http://www.dummies.com
Éditeur :
Harraps Multimédia
Havas Interactive
Date : 2000
Site :
HYPERLINK "http://www.harrap.com" http://www.harrap.com
Éditeur :
Longman
Grande Bretagne
Date : 1995
Site :
pas de site Internet
Auteur :
Cécile Poussard, Laurence Vincent-Durroux
Éditeur :
METICE
Université P. Valéry Montpellier 3
Date : 2002
Site :
HYPERLINK "http://www.univ-montp3.fr/metice/" http://www.univ-montp3.fr/metice/