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Séance 2 - Cours-univ.fr

Sociologie AES L1 S1 cours TD (5 séances) .... D'autres règles, souvent plus informelles émanent de petits groupes sociaux, ...... des enquêtes sur l'éducation (les Héritiers, la Reproduction), la culture ..... En répartition : corriger tableau p. 41.




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xplique le côté très théorique de sa sociologie)
Il a eu beaucoup de mal à imposer l’existence de cette discipline. Il a du convaincre les intellectuels de son époque, et notamment les philosophes et les psychologues, de son importance. Contre les philosophes, il doit imposer une démarche empirique, guidée la volonté d’établir des faits et de les analyser, alors que la philosophie est plus attachée à une démarche de pur raisonnement, et de jugement normatif des faits et des comportements. Contre les psychologues, il doit imposer une rupture avec les explications au niveau strictement individuel des comportements.

Son objectif est de fonder une science nouvelle avec son objet propre, le fait social, et sa méthode propre, les règles de la méthode sociologique (1895), dont vous avez un extrait dans la brochure.

Grand problème de Durkheim: comprendre les facteurs de cohésion d’une société, qu’est ce qui lie les individus entre eux, qu’est ce qui peut faire tenir ensemble les membres d’une société, comment l’individu est-il intégré dans la société

1895 Les règles de la méthode sociologique
Apport essentiel de ce texte: il explicite ce que doit être la posture du sociologue. En ce sens c’est un texte qui fonde et définit la discipline
Ici je vais tenter de vous le présenter en montrant en même temps l'actualité, au sens dégager les enjeux fondamentaux associés à ses règles. En quoi sont-elles fondatrices de la disciplines, en quoi s’agit-il de règles que vous aurez vous-mêmes à utiliser dans cette matière.


I) Comment reconnaître qu’un fait est social

1er chapitre des Règles: "Qu'est ce qu'un fait social» ?* fait social= toute manière d'agir, de penser, de sentir qui existe en dehors des consciences individuelles et qui exerce une contrainte sur l'individu

Les 2 critères l'extériorité et la contrainte

* L’extériorité: ces manières d’agir, de penser, de sentir existent en dehors de l'individu, au sens où les individus les trouvent déjà établies à leur naissance
Ex les habitudes sociales, le langage
Nos comportements ici, nous préexistent (celui du prof comme ceux des étudiants), mais aussi le fait de manger à table avec des couverts, de saluer les gens qu’on connaît. Nous reprenons des habitudes, des codes existant : serrer les mains.
La plupart des comportements, mais aussi des façons de penser et de sentir, des tabous et goût ne naissent pas de l'individu lui-même.

* La contrainte: le fait social s’impose aux individus, comme une contrainte
Ces manières d’agir, de penser, de sentir sont obligatoires.
Tout ce qui est obligatoire n'est pas ressenti comme un devoir pénible. L'individu peut adhérer à cette obligation, ne pas ressentir la contrainte, et la plupart du temps, il ne ressent pas comme contraignantes ces manières de faire, de sentir de pensées sociales.
C'est quand on enfreint les obligations sociales qu'on en perçoit le caractère contraignant parce qu’alors on encourt une sanction.
Différents ordres de contraintes et de sanctions sont envisagées:
Certaines manières de faire sont contraintes par le droit: ex payer ses impôts, sanctions juridiques
Mais il n'y a pas que les contraintes juridiques. Il y a d’autres formes d'obligation sociales, liées à la coutume, au domaine des mœurs, au contrôle social plus diffus du groupe sur les individus
ex façon de se comporter en société, de s'habiller, de parler
Quelles sont les sanctions associées à ces obligations : le ridicule (le rire, une des sanctions les plus efficace).
autre sanction: le commérage


Des manières sociales de penser et de sentir

Le fait social consiste en manières d’agir, mais aussi en manière de penser, de sentir. Comment est ce qu’il peut y avoir des manières de penser ou de sentir sociales, c’est à dire élaborées extérieurement à l’individu et qui s’imposent à lui ?
Des manières de penser: les représentations communes à une époque, religieuses, idéologiques, esthétiques sont des faits sociaux (ex)
Des manières de sentir : ce qui semble le plus intime à l'individu peuvent être socialement construit.

De fait la plupart des sentiments ne sont pas inhérents à la nature humaine, cf. Elias, la civilisation des mœurs, analyse la naissance de la sensibilité occidentale, de ce qu'il appelle la civilité, qui s’exprime dans les manières de table, les manières de se comporter les uns avec les autres, les dégoûts. Il travaille à partir de l'étude des manuels de savoir-vivre depuis le 16è. Exemples de toute une série de manières de sentir qui ne sont apparues que progressivement (les règles de savoir-vivre d'abord clairement imposées à partir de contraintes extérieures, définies extérieurement dans les manuels, imposées par les précepteurs, contraignants (ne pas cracher dans le plat, ne pas se moucher avec ses manches, ne pas uriner en public, ne pas manger avec ses doigts mais avec une fourchette..) Sanction: immédiate à la cour, être considéré comme un rustre, être exclu de la bonne société)

Puis passage à une autre forme de contrainte progressivement intériorisée (sentiment de malaise, de gène) jusqu'à ce que ces obligations soient intériorisées à un tel point qu'elles n'aient plus besoin d'être écrites (les préceptes sont absents des guides du 19ème siècle), ni même d'être formulées explicitement (le seul fait de formuler ces interdictions est aujourd'hui choquant)


La diversité des sociétés et groupes sociaux

Qu'est-ce que la société d'où émanent ces règles ? Pour certaines règles (la loi), c’est la nation la société politiques. D’autres règles, souvent plus informelles émanent de petits groupes sociaux, la classe sociale, le milieu professionnel (ex ici), le groupe religieux, le groupe politiques, ou un simple groupe d'affinité (qui est aussi à l’origine de toute une série d'obligations et de contraintes, ex répondre au SMS), bref ce que Durkheim appelle les groupes partiels

Les obligations sociales ne sont pas les mêmes pour les différents groupes et les sanctions non plus (déshonneur, ridicule, exclusions; perte de prestige propre à chacun des groupes partiels)
Chaque groupe a son type de sanctions: il y a des sanctions religieuses (ex), professionnelles, etc.
Les normes et obligations sociales varient selon les groupes : ex Paris 1 différent de Dauphine, les habitudes des étudiants de Paris sont différentes de celles de Marseille, et entre vous il y a des différences internes, plusieurs groupes vont se dessiner avec à chacun des normes, ses obligations, ses habitudes, ses lieux de sorties, ses musiques…
Les obligations dans la bourgeoisie ne sont pas celles dans les classes populaires et les sanctions non plus. Le ridicule prend des formes différentes.

Extériorité et intériorisation

Les individus respectent des contraintes extérieures, mais en même temps les faits sociaux se traduisent par un ensemble de comportements et de représentations propres à l'individu,
Les contraintes sociales sont, la plupart du temps, intériorisées, devenues intérieures (éducation, effet de l'habitude, formation des affects). Le fait de nous lever, nous habiller, nous mettre table pour manger, de saluer nos connaissances… nous semble naturel, ces obligations sont incorporées.
Du fait de cette intériorisation des contraintes sociales, la plupart ne sont pas senties comme pénibles (aimer ses enfants, acheter des vêtements à la mode, fêter le nouvel an, manger avec une fourchette…)

Comment se construit cette intériorisation : par l’éducation, processus de socialisation. Tout l’objet de l’éducation d’un enfant c’est de lui faire acquérir ces habitudes sociales, jusqu’à ce qu’elles semblent des réflexes : mettre des habits, manger avec une cuillère puis une fourchette, se moucher avec un mouchoir, s’écarter quand on croise quelqu’un : toute une série d’obligations qu’on ne voit plus tant on est habitué à les respecter (c’est si on cesse de les respecter qu’on s’aperçoit qu’elles étaient obligatoires).
Qui socialise : parents, écoles, mais aussi le groupe des pairs (des gens qui ont le même âge).

II) Les règles de la méthode sociologique

Rompre avec les prénotions et les jugements de valeur

le sociologue doit s’astreindre à une certaine neutralité, au sens s’abstenir de tout jugement moral
La connaissance sociologique consiste à se demander comment les différents faits existent : mettre en suspens les opinions qu’on peut avoir sur la religion, le mariage, la drogue, les seins nus sur la plage, les riches… et étudier ces faits sans jugements de valeur
Une des exigences de la discipline : si vous avez à réfléchir sur les jeunes, la famille, l’école… vous ne devez pas donner votre opinion personnelle.
Il faut dépasser ses propres convictions et sympathie pour comprendre comment existent les phénomènes, qu’on les déteste ou qu’on y tienne. (on peut reprendre ses convictions après !)
Il faut étudier les faits tels qu’ils sont et non tels qu’ils devraient être

Il faut aussi dépasser des idées très répandues souvent fausses qui renvoient à des préjugés divers
Les explications spontanées ou tirées de notre expérience sont toujours approximatives et souvent sans fondement, ce sont de fausses évidences, des préjugés. Exemple des filles et des maths, les études montrent qu’elles sont des résultas supérieurs ou égaux au primaire et au secondaire.

L'observation des faits sociaux
Durkheim énonce une règle très controversée: "il faut considérer les faits sociaux comme des choses": c'est à dire les observer de l'extérieur, partir de l'observation. La démarche scientifique va des faits aux idées et non l'inverse.
Ce qui veut dire s’appuyer sur des données objectives et vérifiables dans sa démonstration. Ex : sources écrites, statistiques, observation précise… toujours donner une preuve de ce qu’on avance (exemple)

Mais il ne suffit pas de rompre avec le sens commun et de montrer que certains faits sont sociaux, il faut pouvoir les analyser, expliquer des relations de causalité, leur donner un sens.

Explication des faits sociaux:

Règle essentielle de Durkheim: le social s'explique par le social
" toutes les fois que, pour expliquer un fait social on se référera à des motivations individuelles, on pourra être assuré que l'explication est fausse"
Cela introduit une distinction radicale de l'objet de la psychologie et de celui de la sociologie
Durkheim critique toutes les analyses par la nature humaine, les instincts.
On en donne jamais d’explication psychologisante à un fait social. Les sentiments individuels s’expliquent par la constitution de la société et non l’inverse
Les sentiments et pensées individuelles sont souvent au contraire forgées par la société (on l’a vu avec les exemple de manière de penser et de sentir social). Il y a toute une éducation, un contexte, des modèles qui font qu’on pense de telle ou telle façon.

Ex : le mariage n’est pas du à la peur de la solitude… c’est l’inverse il y a une peur de la solitude parce que la vie en couple est une sorte d’obligation implicite dans nos sociétés.



Séance 2
L’usage des statistiques en sociologie : l’exemple du suicide


Une des études les plus connues de Durkheim : le Suicide 1897.

Cet ouvrage vise à faire la démonstration d’une idée centrale de D (rappel): les comportements des individus ne peuvent pas tous s’expliquer par leurs décisions, leur libre choix, mais les individus sont aussi guidés, inconsciemment par des normes, des habitudes sociales, qui sont liées à leur éducation, à leur milieu social etc.

L’étude du suicide est un très bon exemple de cette démarche. En effet, le fait de ce suicider apparaît être par excellence le produit d’une histoire individuelle, de drames intimes, sentimentaux ou moraux qui vont conduire quelqu’un, de façon isolée et incompréhensible aux autres, à se donner la mort.
Pourtant Durkheim va montrer que le suicide est un fait social : les individus n’ont pas la même probabilité selon le pays où ils vivent, selon leur âge, leur sexe, leur religion, s’ils sont mariés ou non etc. Il va montrer qu’il y a un niveau d’analyse qui n’est pas celui de l’individu, mais celui de la société qui permet de comprendre ce phénomène et ses variations.
Donc l’enjeu est de montrer que le fait en apparence le plus individuel qui relève le plus étroitement de l'ordre du privé, du psychologique, peut être analysé comme un fait social
Durkheim va commencer par réunir des données sur le suicide, et à élaborer des statistiques sur ce phénomène. Il établit ses statistiques à partir de données tirées de registres de l’état civil, où sont enregistrées les morts, les causes de morts, et des caractéristiques sociales des personnes décédées.
Il procède ensuite en trois temps : tout d’abord il va démontrer qu’il existe des régularités statistiques qui montrent que le suicide n’est pas un phénomène imprévisible, et il va montrer que les facteurs couramment évoqués à son époque pour expliquer le suicide et ses variations, facteurs psychologiques ou biologiques ont un effet quasi nul si on les mesure statistiquement : la folie, la race, l’alcoolisme ou le climat par exemple.
Dans un second temps, il va montrer que d’autres facteurs sont beaucoup plus explicatifs : la religion, le sexe, la situation familiale, le fait d’habiter en ville ou à la campagne.
Dans un troisième temps il va proposer une analyse théorique sur ces variations, qui permet de les comprendre, qui leur donne un sens au regard des évolutions de la société dans son ensemble.

le suicide comme fait social (texte dans brochure)
Définition objective : on parle de suicide dans tous les cas de mort volontaires accompli par la victime en connaissance de cause (comprend la situation du soldat qui va volontairement à la mort)
Les suicides pris uns à uns ne sont pas sociaux. Les causes de chacun des suicide pris un à uns sont individuelles, psychologiques…
En revanche, il y a un élément qui permet de penser qu’il y a quelque chose de social dans le suicide. On le découvre en additionnant tous les suicides dans une société
On découvre que le nombre total de suicide est constant d’une année sur l’autre.
Or si le suicide était purement individuel, cela n’aurait aucune raison d’être, aucune raison que les malheurs et soucis de tous les individus concordent d’une année sur l’autre. Sauf s’il y a quelque chose dans ces soucis qui n’est pas uniquement propre à l’individu, mais qui est lié à la société. (sans que l’individu en ait conscience) Le taux de suicide ne peut être du à la somme de causes individuelles
1er constat de Durkheim : régularité des taux d'une année sur l'autre pour une même société (c’est à dire au rapport entre le nbre de suicidés dans un pays pendant une année sur la population totale ) même si ils sont en croissance régulière
2è constat : les taux de suicide sont très différents d’une société à l’autre. On se suicide beaucoup plus en Suède qu’en Italie.
Conclusion de DK
"Chaque société a à un moment donné de son histoire une aptitude définie pour le suicide"
C'est ce taux qui est objet d'étude (et non les suicides individuels)
Il invalide les causes habituellement invoquées à son époque, comme le climat : TABLEAU p. 21. Si on compare plusieurs pays, on voit qu’il n’y a pas de relations nette avec la température, l’explication est sûrement ailleurs. Le suicide n’est pas un fait naturel qui s’explique par des causes biologique. Il invalide également les causes psychologiques.
Objectif est alors comprendre les causes sociales de ce taux.

Les causes sociales des suicides
D’abord il établit une série de résultats très clairs : le suicide varie avec l’âge, le sexe, la situation familiale, le lieu de résidence. En termes statistiques modernes on dit qu’il y a une corrélation entre ces variables et le taux de suicide. Durkheim parle de variations concomitantes. On a plus tendance à ce suicider si on est vieux, si on est un homme, si on est célibataire.

Durkheim a donc montré qu’il y a des caractéristiques sociales qui influencent le comportement des individus, qui s’imposent à eux. Mais ce qu’ajoute Durkheim, et qui en fait un fondateur de la sociologie, c’est qu’il va proposer une analyse de ce ces variations qui renvoie à une analyse de la société dans son ensemble.

Pour Durkheim, ce que le suicide rend visible, c’est les différences d’intégration sociale selon les situations, et les régions qui font que les individus sont plus ou moins intégrés socialement, c’est à dire qu’ils ont des relations, des interactions et des échanges avec les autres membres de la société plus ou moins nombreux, et aussi qu’ils partagent des valeurs et croyances, et respectent un ensemble de normes sociales.
Durkheim étudie donc le suicide en le considérant comme un fait social révélateur de formes d’intégration sociale plus ou moins fortes. Il découvre 3 facteurs sociaux qui déterminent 3 formes principales de suicide.

- le suicide « égoïste » varie en raison inverse du degré d'intégration de la société. La cause sociale de ce suicide, c’est l’insuffisante intégration, un isolement. L’homme n’est pas suffisamment intégré dans un groupe. Comment le met-il en évidence ? Par 2 ensembles de corrélation

1 il montre l’influence de la religion sur le taux de suicide. Les taux de suicide des catholiques est moins élevés que celui des protestants. Ceux qui ont le plus bas taux = les juifs
Or la religion protestante est une religion peu intégratrice, la communauté est peu présente(peu de sacrement, de cérémonie) , l’individu est très seul face à son dieu
C’est moins vrai pour les catholiques : l’église est plus intégrée, des multiples cérémonies, un groupe très présent, et encore moins pour les juifs.

2 : l’influence de la situation familiale sur le taux de suicide
Les célibataires se suicident plus que les mariés, et plus le taux de suicide baisse avec l’accroissement de la taille de la famille. Or une famille nombreuse intègre l’individu : elle est le lieu d’une vie sociale intense, l’individu fait pleinement partie d’un groupe
Le suicide dit égoïste est donc celui des célibataires, de ceux qui n’ont plus de croyances religieuses, politiques, sociales. Il est lié à un sentiment du vide, de l'inutilité de l'existence.

On peut d’ailleurs remarquer que les taux de suicide des femmes sont plus bas que ceux des hommes, mêmes parmi les célibataires. Pourquoi ? Durkheim n’en dit pas grand chose et il interprète la différence en mettant en avant une différence de nature entre hommes et femmes. Le mariage favorise plus l’homme que la femme car l’homme a des besoins plus élevés, il a plus besoin d’être intégré dans une société. La femme est un être plus frustre, qui n’a pas besoin d’une vie élevée : « Avec quelques pratiques de dévotions, quelques animaux à soigner, la vieille fille a sa vie bien remplie ». Cette interprétation n’est pas acceptable. Il faut rompre avec les prénotions  ! or ici on retrouve tout à fait les préjugés de l’époque sur les femmes.

On doit une bien meilleure interprétation à Baudelot et Establet. La femme célibataire est moins fragile que l’homme célibataire car la femme reste, plus que l’homme, toujours liée à sa famille d’origine, ses parents, frères et sœur. La femme est en moyenne plus engagée que l’homme dans les relations familiales. Elle reste intégrée dans une famille, même si elle n’est pas elle-même mariée. L’homme célibataire est plus seul. C’est cette + forte intégration dans les relations familiales qui explique, selon eux, que le taux de suicide de la femme soit plus bas que celui de l’homme.

- le suicide altruiste, est le 2è grand type de suicide, lié à une autre cause sociale. Alors que le suicide égoïste était causé par un défaut d’intégration, le suicide altruiste, lui est causé par un excès d'intégration. L’homme est tellement intégré à son groupe que sa vie a peu de valeur par rapport aux valeurs sociales : il est près à se donner la mort pour son groupe.
Sont suicides altruistes les martyres, les sacrifices volontaires, les suicides pour une grande cause, les attentats suicides, les suicides collectifs dans les sectes. C’est une forme de suicide assez rare dans les sociétés individualistes. C’est le suicide des terroristes (très intégré).

- le 3è type de suicide est le suicide anomique. Anomie signifie absence de norme. Sa cause sociale est l’insuffisante régulation sociale. Comment Durkheim découvre-t-il l’existence de ce suicide ? Il constate des corrélations statistiques :
- le taux de suicide augmente en période de crise économique. Car une crise économique est aussi un dérèglement, les individus perdent leurs repères, leurs références. Ils ne savent plus ce qu’ils peuvent attendre de l’avenir, ce qu’ils sont en droit d’espérer.
- le taux de suicide des divorcés est plus élevé que celui des mariés et des célibataires. Le taux de suicide est plus élevé dans les sociétés où le divorce est répandu que dans les sociétés où il n’y a pas de divorce. Or le divorce est ce qui affaiblit la réglementation du mariage. Les hommes ne se sentent plus liés à une seule femme, perdent leurs repères, ne savent plus où fixer leurs désirs. …
Le suicide anomique est celui de l’individu qui n’a plus de limite. Il est alors perpétuellement insatisfait, poursuit des buts qui lui échappent toujours.

Conclusion : On voit que l’examen des taux de suicide a permis de dégager quelque chose qu’on ne trouve nulle part dans les suicides individuels. Les individus ne se suicident pas pour ces causes là (on ne se suicide pas pour insuffisante réglementation, intégration…) Souvent, il n’y a pas de rapport entre les motifs individuels des suicides et les causes sociales. Les individus n’ont pas conscience du caractère social de leur acte : c’est la statistique qui l’établit.
On arrive à un approfondissement de la définition du fait social : est fait social tout ensemble d’actions humaines qui présente une certaine régularité, et qui permet donc une certaine prévisibilité. D’une année sur l’autre, on peut prévoir le nbre de suicides qu’il y aura ds une société.

Quelques mots sur le suicide aujourd’hui. : tableaux de la brochure p. 25 et 26
On retrouve aujourd’hui, la plupart des corrélations constatées par Durkheim, avec des changements, aussi
la différence ville campagne s’est inversé (le suicide était très élevé dans les grandes villes et faible à la campagne au 19è, c’est l’inverse aujourd’hui, le taux est minimum à Paris) : Désormais la ville protège
En revanche la pauvreté ne protège plus : au 19è c’était les professions de l’industrie et du commerce qui avaient les plus haut taux. Aujourd’hui c’est l’inverse.
Comment peut-on l’expliquer ? En terme d’intégration, c’est à dire en reprenant l’interprétation sociologique de Durkheim. Au 19è l’urbain était un déraciné, alors que la campagne était un lieu de forte intégration et de vie sociale intense, malgré la pauvreté rurale. Aujourd’hui c’est l’inverse. C’est en ville (et notamment Paris ) qu’on est au cœur de la vie sociale, qu’on est le plus intégré. A la campagne, on est isolé, loin des infrastructures. La vie sociale dans les campagnes n’a plus l’intensité du 19è : il n’y a plus beaucoup d’activité économique ni par conséquent sociale dans les villages : ce sont des lieux ou on n’est plus suffisamment intégré.

En revanche, dans le domaine de la famille, on retrouve toujours les même résultats. La famille protége du suicide, et plus les enfants que le conjoint seul. En outre cet effet protecteur est plus marqué pour l’homme que pour la femme.
Enfin il faut noter un changement concernant la corrélation entre âge et taux de suicide: le suicide augmente toujours avec l’âge, mais on constate une baisse de l’écart entre les âges depuis 1965 (augmentation du suicide des jeunes)

Le suicide reste donc régulier, prévisible, corrélé à des facteurs sociaux. Il s’agit toujours d’un fait social (le taux de suicide et non les suicides des individus). Ce qui est extérieur et contraignant : non le fait de se suicider pour tel individu mais le nombre total de suicides pour une société donnée. On peut le voir à des faits moins dramatiques que le suicide : on peut prévoir approximativement d’une année sur l’autre le nombre de mariages, de naissances, de départ en vacances, etc et de tout fait social qui a une régularité comme on va le voir tout au long du semestre.

Séance 3
L’analyse des classes sociales (1) : Marx, Weber

Les premières séances nous ont permis de présenter la démarche sociologique dans son ensemble : les principes de la rupture avec les prénotions, de l’objectivation sociologique grâce aux statistiques, et de l’analyse de faits sociaux à l’aide de concepts. Un des principaux domaines sur lesquels s’est appliquée cette méthode est l’analyse de la structure sociale, c’est-à-dire de groupes sociaux différenciés auxquels appartiennent les individus, et des relations et inégalités entre ces groupes. C’est ce qu’on appelle la stratification sociale au sens large.
C’est sur cette question que porte la deuxième grande partie du cours (cf. plan) sur la stratification sociale et les classes sociales. On va voir aujourd’hui et la prochaine séance (séances 4 et 5) un point central de ce cours : les concepts et les outils nécessaires pour avoir une vision d’ensemble des évolutions de la structure sociale et des groupes sociaux, et notamment la notion de classes sociales, et un outil statistique essentiel, les catégories socio-professionnelles, ou CSP.

Intro :
D’où vient la notion de classe sociale. ?
L’idée de classe sociale apparaît à la fin du 18è siècle, en France et en Grande Bretagne, chez ceux qui observent la société. La notion est contemporaine de la révolution industrielle. Elle a ensuite été reformulée et précisée.

Comment se distinguent les différentes conceptions utilisées par les sciences sociales ?

Il existe plusieurs façons de concevoir les classes sociales. Les différentes conceptions des classes sociales se distinguent d’abord par le type de phénomène auxquels elles accordent le plus d’importance pour définir les groupes sociaux (place dans les rapports de production richesse, genre de vie, pouvoir, prestige, mélange de ces différentes dimensions). En d’autres termes elles se distinguent par la réponse à la question : quel est le critère qui définit les différences principales entre groupes sociaux, celles qui rendent intelligibles les autres aspects de la différentiation sociale, les propriétés générales de la structure sociale, et les évolutions de la société..

Les différentes conceptions de la stratification sociale s’opposent enfin par la façon de concevoir les relations entre les frontières entre les groupes sociaux. On peut avoir une représentation des classes comme ensemble de strates, de couches, ne présentant pas de discontinuité entre elles et se distinguant par des inégalités de distribution de revenu, d’instruction (c’est l’approche des CSP),ou au contraire, comme des groupes qui se distinguent les uns des autres parce qu’ils sont reliés par des relations de domination, voire des relations conflictuelles. On verra que ces deux points de vue sont 2 points de vue sont également indispensables en sciences sociales et permettent de voir des phénomènes différents.

2 traditions fondatrices : une approche qui met l’accent sur les fondements matériels et économiques de la division en classe, une qui insiste aussi sur les dimensions symboliques Marx : l’économie, Weber pas seulement, c’est aussi le prestige.
Puis on va voir que Bourdieu reprend les deux à sa façon

I. La théorie marxiste des classes sociales
a Biographie intellectuelle
K Marx a fondé une théorie de la division des sociétés en classes qui renvoie directement à l’analyse du développement du capitalisme moderne et de ses effets. Il est né en 1818 et est mort en 1883, ce qui fait qu’il a connu les grandes révolutions industrielles du XIXème siècle, la première grande révolution de la machine à vapeur, puis l’apparition de la métallurgie, du chemin de fer, de l’électricité ou de la chimie. Il a vu la fin de l’héritage de la société d’ordres de l’Ancien régime, avec le déclin de l’aristocratie et du clergé.

études de droit et de philosophie à Bonn et à Berlin, thèse de philosophie
A côté de ses recherches, Marx reste toujours engagé dans les mouvements révolutionnaires, et comme journaliste
Ses 1ers engagements politiques lui valent en 1843 d'être exilé à Paris, où il restera jusqu’en 45, date où il sera expulsé vers Bruxelles (où il écrit le Manifeste du Parti communiste avec Friedrich Engels), d’où il sera aussi chassé en 48, vers l’Angleterre, où il se fixe, et fait des travaux d’économie (le capital) et de journalisme
Donc, contrairement à Durkheim, Marx n’est pas un universitaire, c’est un philosophe, un historien et un économiste qui travaille à son compte, ou comme journaliste, c’est aussi un militant et un théoricien de mouvements politiques. C’est pourquoi ses publications sont de 3 types : des pamphlets politiques, liés aux luttes du moment, des textes sur l’actualité politique et sociale qui ont un grand intérêt historique et sociologique car ils décrivent les conditions de vie de son époque, comme le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, paru en 1852, qui décrit la France au moment du coup d’État de Napoléon III ; et des travaux théoriques sur lesquels il va travailler tout au long de sa vie, comme le Capital, paru en trois tomes entre 1867 et 1894 (après sa mort). C’est pourquoi aussi ses travaux ne doivent pas être lus de trop simplistes, à partir des pamphlets, ni de façon trop abstraite, à partir de textes très théoriques, mais en prenant en compte ces trois dimensions.

b) les principes d’analyse du matérialisme historique
Marx critique tout d’abord l'idée selon laquelle les sociétés humaines seraient soumises à des lois naturelles et immuables. Il critique notamment les économistes classiques expliquent le système économique en partant de Robinson seul sur son Ile.
Or, au point de départ de la science sociale: des hommes vivant en société. Marx dénonce la naïveté de ceux qui se représentent l'individu comme être de la nature et non fruit de l'histoire. En, ce sens il est proche de Durkheim, et il partage son point de vue sociologique sur le poids des faits sociaux.

Pour Marx ensuite, le niveau économique, le système de production, qui est historiquement daté, et qui peut changer, est essentiel pour comprendre toutes les autres dimensions de la vie sociale. C’est la base matérielle des sociétés, qui détermine la structure des classes sociales, l’organisation du pouvoir… La place dans les rapports de production est la base de tous les rapports entre les hommes.

c) les analyses des classes sociales
Les classes sont définies par la position dans les rapports de production
A chaque mode de production correspond une certaine structure de classe
Dans le mode de production capitalisme, il y a deux classes, ceux qui possèdent les moyens de production (les capitalistes), et ceux qui ne possèdent que leur force de travail et qui sont donc obligés de la vendre (les ouvriers, les prolétaires). Le rapport entre les classes est un rapport d'exploitation
La bourgeoisie exploite la classe ouvrière en lui achetant sa force de travail à bas prix et en s’appropriant la plus-value, les profits tirés de la vente de la production réalisée par les ouvriers.
Cette exploitation est inscrite dans la logique même des rapports de production capitalistes, s'impose au capitaliste comme au travailleur.
Ce régime repose sur la dépossession des travailleurs (il faut qu’ils n’aient pas le choix, qu’ils soient obligés de se vendre comme salariés). Marx analyse le processus historique, qui, au 18è, 19è a conduit à la dépossession des travailleurs de leurs outils de production: la lutte contre les communautés villageoises qui offraient protection et solidarité aux pauvres (n’étaient donc pas obligés de se vendre comme salariés), l’élimination progressive de petits indépendants (petits artisans, commerçants, = classes liées aux modes de productions antérieures) qui sont de ce fait obligé de vendre eux aussi leur force de travail aux capitalistes…
Le mouvement du capitalisme tend inexorablement selon Marx au grossissement des rangs du prolétariat et à la division de la société en 2 grandes classes antagonistes. Il y a donc un conflit fondamental qui traverse la société, et qui doit déboucher sur la lutte des classes pour que les prolétaires puissent empêcher les bourgeois de s’approprier la plus value et prennent eux-mêmes le contrôle de la production.
Attention cette division binaire est pour lui à venir, c’est un schéma théorique. Par ailleurs Marx décrit très bien la coexistence de multiples classes sociales dans la société dans laquelle il vit, il décrit la complexité des classes sociales en France, on est loin d’une bipolarité :
Par ex dans le 18 Brumaire de LNB, écrit en 1852 les classes sont au nombre de 8.

Qu’est ce qu’une classe sociale dans cette analyse ? Les classes réunissent des individus qui ont la même place dans les rapports de production. Mais ce critère ne suffit pas . Il définit la classe en soi: des individus qui ont les mêmes positions dans le système de production, des intérêts objectivement communs, qui l'opposent objectivement aux autres classes, mais qui n’en ont pas forcément conscience. C’est le cas des paysans parcellaires
La classe devient une classe pour soi: quand cette classe a en outre conscience de classe, de ses intérêts communs, de son opposition de classe aux autres classes. Elle est organisée collectivement, pour défendre ses intérêts de classe. Ex l’organisation dans la classe ouvrière en syndicat, partis politique. Organisation de la bourgeoisie en partis. Pour Marx la conscience de classe nait de la lutte des classes.

Donc
- les classes sont déterminées (indépendamment de la volonté des individus) par les positions objectives dans le mode de production capitaliste. D'où une identité des styles de vie et intérêts objectifs. Mais cela ne suffit pas à déterminer complètement es classes.
- Classe suppose conscience de classes pour devenir une classe pour soi

Classes sociales et statut : l’approche de Max Weber:

Sociologue allemand, 1864-1920..
Weber était un universitaire allemand, d’une génération plus jeune que Marx (1918-1883), et contemporain de Durkheim (1858-1917). Avant de devenir sociologue discipline qui n’existe pas encore vraiment à l’époque, comme on l’a vu, il est d’abord formé en économie et en histoire économique, il travaille sur l’histoire du capitalisme, et publie en 1904 L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. En tant qu’économiste, allemand, formé à l’époque où sont publiés les travaux de Marx, il connaît bien l’œuvre de Marx, et il va la contester ou la discuter, plus que le travail de Durkheim, qu’il ne connaît pas ou peu.
Max Weber va reprendre des questions de Marx : quelles sont les classes sociales, quels sont les rapports de domination, quelles sont les formes de la conscience de classe, les rapports entre groupes sociaux etc. ? Il va apporter l’idée que les rapports entre classes d’ordre culturel ou politique sont aussi importants que les rapports d’exploitation économique, et il va de ce fait élargir l’analyse des rapports de classes en englobant des dimensions multiples. Cet élargissement sera repris par des auteurs contemporains comme Pierre Bourdieu.

Max Weber critique l'explication marxiste par un principe unique. Il met comme Marx l’accent sur l’existence de groupes sociaux distincts les uns des autres. Mais il ne place pas les positions dans les structures économiques et dans les rapports de production au centre de l’analyse. Pour lui les rapports de domination sont multiples, et ne découlent pas tous des rapports de production. Il opère ainsi une rupture importante avec le marxisme, et développe ainsi l’idée d’un société ayant plusieurs dimensions, contrairement à une version schématique du marxisme qui n’en verrait qu’une : les rapports économiques. Pour Weber il y a deux dimensions supplémentaires, ce qui en fait trois : les rapports économiques, les rapports sociaux de statut ou de prestige, et les rapports politiques (on n’en parlera pas ici). Il présente les principaux éléments de sa théorie dans un ouvrage monumental, mais inachevé : Économie et société, dont le début paraît en 1920.
1. L'ordre économique (en terme de chance sur le marché), fonde les classes économiques qui ne forment pas des communautés: pas des classes pour soi pour reprendre le vocabulaire de Marx
Weber distingue ainsi 4 classes sociales selon qu’elles sont possédantes ou non, qu’elles contrôlent les moyens de production et les bénéfices qui en découlent ou non.
La classe ouvrière
La petite bourgeoisie ou classes moyennes : paysans exploitants, fonctionnaires, artisans
Les intellectuels et professions techniques sans biens
La classe des possédants

Max Weber rajoute 2 dimensions:
2: l'ordre social détermine les groupes de statut
Ce qui fonde ces groupes, c’est le statut, l'honneur, le prestige, les distinctions statutaires, qui peuvent être liée liées à la consommation (avoir des consommations de luxe atteste qu’on fait partie d’un certain milieu), au style de vie (les manières, les loisirs), à la naissance (ex l’aristocratie), au prestige de la profession (ex) , à l'instruction (diplôme)
L’ordre social forme des communautés, soudées par un sentiment d'appartenance: les groupes de statut.
Il s’agit là d’une hiérarchie intersubjective, distincte de celle de l'ordre économique.
Le prestige social n’est pas toujours hérité à la naissance, il peut être acquis par des études brillantes, qui permettent d’acquérir un statut valorisé, par exemple en devenant avocat ou haut fonctionnaire. Mais il ne s’acquiert pas que par les études, mais aussi par le fait d’adopter un mode de vie et de consommation qui vont permettre de se distinguer de la majorité de la population. On peut ainsi parler de compétition statutaire, de compétition par le mode de vie pour afficher et se voir reconnaître le statut le plus prestigieux.
Ce prestige et cette considération sociale ne sont pas forcément liés à la richesse. Les aristocrates n’ont pas toujours la possession de moyens de production, qui sont détenus par la bourgeoisie. Mais ils ont un statut et une éducation qui leur permet d’accéder à des positions élevées dans les hiérarchies professionnelles par exemple. Les hauts fonctionnaires ont une condition sociale prestigieuse, par leur profession très technique et spécialisée, par leur culture raffinée et étendue, mais ils n’appartiennent pas en général à la classe des possédants, comme les industriels.
Weber remarque que le prestige va en général de pair avec un style de vie particulier, en général un comportement de ségrégation (habitat, vêtement, loisirs)
Constante des groupes de statut: ils se définissent par un être et non par un avoir

La division sociale entre groupes sociaux chez Weber n’est plus fondée seulement sur la domination économique, mais aussi sur les logiques de distinction sociale, de prestige ou de statut. Il souligne aussi qu’il n’y a pas toujours correspondance entre les positions des classes économiques et les groupes de statut. On a vu qu’il souligne ainsi par exemple l’importance de groupes de statut intermédiaires comme les fonctionnaires, qui possèdent un prestige social particulier bien que n’étant pas des classes économiquement possédantes.

Lire le texte de Berger p. 24 qui explique simplement cette idée.
La question est de savoir si c’est une rupture avec le marxisme, ou s’il y a complémentarité entre les deux. Pour certains auteurs, c’est une vraie rupture avec le marxisme, parce que les rapports d’exploitation économique deviennent secondaires par rapport aux rapports de statut et de prestige. Pour d’autres, c’est un enrichissement, parce qu’on montre que les divisions sociales ne sont pas qu’économiques, et ça permet de comprendre comment les rapports de domination économique se maintiennent grâce au poids des rapports de prestige, de statut.
Ce n’est pas toujours très clair chez Weber lui-même. Mais il semble que la seconde lecture soit la plus correcte : Weber souligne ainsi que le noyau des groupes sociaux les plus prestigieux sont ainsi souvent les classes possédantes, et inversement, que les groupes les moins prestigieux sont souvent les prolétaires. On retrouve donc une lecture des inégalités entre classes sociales complémentaire à celle Marx , avec une dimension supplémentaire, la notion de statut ou de prestige, qui se reflète en grande partie dans l’ordre politique.
C’est la lecture qu’en ont fait plusieurs auteurs contemporains, dont le plus connu en France est Pierre Bourdieu. On va voir comment il s’est servi de l’héritage de Marx et de celui de Weber pour proposer une présentation des classes sociales contemporaines, une analyse des rapports de domination et de la façon dont ces rapports se maintiennent, se reproduisent.


Séance 4
Les classes sociales (2)
Espace social et socialisation



L’ espace social chez P. Bourdieu 

P. Bourdieu est né en 1930 dans le Béarn, mort à Paris en 2002
Normalien agrégé de philosophie
enseigne à la faculté de lettre d'Alger 58-60, puis Paris, Lille
enquête sur les classes sociales algériennes
A partir de 61 mène en collaboration avec autres sociologies (Chamboredon, Passeron, M. de Saint Martin...) des enquêtes sur l'éducation (les Héritiers, la Reproduction), la culture (l'amour de l'art, un art moyen), les classes dirigeantes (la distinction, la noblesse d'État)
Travail collectif dans son laboratoire et dans sa revue, les Actes de la recherche en sciences sociales, qui paraît depuis 1975

Il a beaucoup marqué la sociologie française pour plusieurs raisons.
D’abord, il s’est opposé à beaucoup d’autres courants, ce qui a cristallisé beaucoup de polémiques autour de lui. Il s’est ainsi opposé à des tendances opposées, que ce soit le marxisme, qu’il trouve souvent trop simpliste dans son approche des classes sociales, ou les courants proches de la micro-économie, comme l’individualisme méthodologique de Raymond Boudon, qui réfute le caractère structurant des classes sociales et met en avant les comportements individuels.
En effet Bourdieu a opéré une synthèse entre l’héritage de Durkheim, de Marx et de Weber qui s’est avérée très fructueuse. De Durkheim, il reprend le principe fondamental de l’objectivation sociologique, de la rupture avec le sens commun. De Marx, il reprend l’analyse des classes sociales comme groupes définis par les relations qu’ils entretiennent entre eux, rapports de domination. De Weber, il va reprendre la notion de groupes de statut et montrer l’importance des processus de maintien du prestige social, et en quoi ils sont liés au pouvoir politique. Il va reprendre également une notion essentielle dans son œuvre : la notion d’habitus que nous verrons plus tard.
Il va reprendre l’idée de Weber selon laquelle il y a plusieurs dimensions dans la société et dans les rapports entre classes sociales. Chacune de ces dimensions constitue un champ : champ économique, champ de la culture ou de l’école, champ politique notamment.
Il reprend de Marx l’idée que ce qui détermine les positions dans ces champs sont des capitaux, des ressources. Mais il y a un type de capital spécifique à chaque champ : le capital économique, le capital culturel. Il parle aussi du capital social, le capital lié aux réseaux de relations, à la réputation, ce que Weber appelle le prestige. Mais le capital social est très fortement lié aux deux premiers types de capitaux : culturel et économique.
Les positions sociales des groupes et des individus dépendent ainsi du volume de capital qu’ils détiennent, et du type de capitaux qu’ils détiennent, culturel ou économique. Cette position sera d’autant plus dominante qu’on a beaucoup de capital globalement. Le fait de détenir du capital, ou non, implique une position dans les rapports de domination. Les classes dominantes les plus élevées sont celles qui ont le plus de capital économique et culturel. Mais on a aussi des classes dominantes qui ont surtout du capital économique, d’autres surtout du capital culturel.
Bourdieu va ainsi proposer une modélisation, une représentation simplifiée du monde social, selon deux dimensions, au sein desquelles il va représenter les groupes sociaux, en reprenant la nomenclature des CSP qu’on va voir la semaine prochaine pour les identifier. Il s’appuie sur des données statistiques sur les CSP, et il mesure le capital culturel selon la richesse, en termes de revenus et de patrimoine, et le capital culturel à travers sa dimension scolaire, en mesurant le niveau de diplômes. Il va ainsi produire une image des positions des groupes sociaux les uns par rapports aux autres selon qu’ils sont plus riches ou plus diplômés. Ce travail paraît en 1979 dans La distinction, il est basée sur des données sur les années 1970.
CF Document.
On a deux dimensions : en vertical le volume global de K, max en haut, min en bas.
A l’horizontale : la composition du K : plus culturel à gauche (beaucoup de diplômes, peu de richesse patrimoine) plus économique à droite (beaucoup de patrimoine, peu de diplômes).
Les groupes socio-professionnels se répartissent ainsi dans cet espace : ex patrons, profs, prof libérales, cadres du commerce, artisans, instituteurs, ouvriers, paysans.
Les classes sociales sont définies selon le volume global de capital, qui distinguent trois groupes : les classes dominantes, qui ont nettement plus de capital ques les autres, les ouvriers ; qui en ont nettement moins, et entre les deux, les classes moyennes. Attention !! ce schéma date des années 1970, aujourd’hui, on mettrait les employés avec les ouvriers !
Au sein des classes sociales, se distinguent des fractions de classe, selon le type de capital détenu, économique ou culturel.
Classes sup : patrons versus profs
Moyennes : artisans et commerçants versus instit, travailleurs sociaux ou techniciens
Populaires : ouvriers et employés sont globalement démunis, mais les employés ont pus de capital culturel.
Bourdieu a donc modernisé et actualisé les notions de Marx et Weber, en les utilisant de façon complémentaire : il reprend l’idée qu’il y a des classes définies par des rapports de domination, et distingue des rapports de domination économique, et culturel, dont découle aussi un prestige social, un capital social..

II. Appartenance sociale et style de vie 

1. L’espace social comme espace de pratiques

Bourdieu va ainsi proposer une modélisation, une représentation simplifiée du monde social, selon deux dimensions, au sein desquelles il va représenter les groupes sociaux, en reprenant la nomenclature des CSP pour les identifier. Il s’appuie sur des données statistiques sur les CSP, et il mesure le capital culturel selon la richesse, en termes de revenus et de patrimoine, et le capital culturel à travers sa dimension scolaire, en mesurant le niveau de diplômes. (schéma).

Ce travail paraît en 1979 dans La distinction, il est basé sur des données sur les années 1970.
La Distinction s'appuie sur une série d'enquêtes statistiques et ethnographiques, qui cherche à estimer les goûts et les pratiques dans des domaines très divers.
- à la fois culture cultivée: question de connaissances et d'appréciation sur la musique, la peinture, la littérature...
- et la culture au sens anthropologique, mode de vie. ex les critères de choix en matière de cuisine, vêtements, décoration d'intérieur, sport, loisirs, choix des amis, beauté d'une femme

Résultat: il existe des clivages très marqués. Le monde social est fortement structuré. Bourdieu critique la thèse de la culture de masse, selon laquelle il y aurait désormais une unification des styles de vie
Les styles de vie, mais aussi les goûts les jugements sur ce qui est bien et non sont très différents selon les différentes classes sociales.

A chaque position sociale correspondent des pratiques, un styles de vie, des goûts
ex sport alpinisme/ golf; puis marche à pied/tennis; puis foot...
central: non pas les pratiques en elles-mêmes, mais les différences, les écarts entre pratiques
cf. tableau

2 Socialisation, habitus et styles de vie

La notion d’habitus permet d’expliquer comment les rapports sociaux sont intériorisés par les individus et reproduits en partie à cause de leurs comportements. C’est une notion très complexe, mais qui renvoie à une dimension centrale de la sociologie. Elle vise à expliquer que les comportements des individus sont largement liés à des façons de penser et de ressentir inconscientes, qu’ils ont acquises du fait de leur socialisation, c’est-à-dire au cours de leur éducation, dans leur famille, à l’école, et au-delà dans leur milieu social, leur classe sociale.

La socialisation familiale est en effet en partie une socialisation de classe (cf. texte de Muriel Darmon). Elle produit un habitus, c’est-à-dire des goûts pour certains loisirs, pour un mode de vie, une propension plus moins grande à poursuivre des études longues ou pas, pouvoir se projeter plus ou moins facilement dans certains métiers et milieux professionnels etc. qui font que les inégalités sociales ne se résument pas à des inégalités économiques. Ce n’est pas seulement faute d’argent que les ouvriers vont rarement au théâtre ou ne font pas souvent de carrière politique, et ce n’est pas qu’à cause de problèmes matériels que les enfants d’ouvriers font des études plus courtes que les enfants de cadres, mais aussi parce qu’ils se sentent moins à l’aide à l’école, et pensent moins qu’ils pourront réussir.

L’habitus est un ensemble de dispositions, d’attitudes inconscientes à l’égard du monde social qui sont dépendantes de son milieu, de sa classe d’origine. Inversement, les classes sociales sont l’ensemble des individus qui ont des habitus proches, ce sont les habitus de classe qui font exister les classes sociales.
C’est donc le concept d’habitus qui permet d’expliquer la corrélation entre les positions dans l'espace social et les dispositions (les goûts, les styles de vie)

C'est ce qui explique que, placés dans des conditions similaires, les agents aient souvent la même vision du monde, la même idée de ce qui se fait et ne se fait pas, les mêmes critères de choix de leurs loisirs, leurs manières de vivre, leurs amis...Le goût, ce qui peut sembler le plus personnel (les goûts et les couleurs...) est en fait très liés aux conditions de classe. Le goût est ce qui classe, un marqueur privilégié de classe (on le sait intimement)

Lire les textes de M. Darmon et de P. Cabin.

Séance 5
Les catégories socioprofessionnelles  ou PCS


Pour étudier les groupes sociaux dans la société française contemporaine, on va s’appuyer ce semestre sur des données statistiques, et on va voir comment ces données permettre de rendre visible, d’objectiver, des différences et des inégalités entre plusieurs grands groupes sociaux. On pourra alors se demander s’ils constituent des classes sociales.

En France, nous disposions d’un type très particulier des données sur les groupes sociaux et les inégalités sociales qui n’existent pas dans d’autres pays. En effet l’INSEE et les autres institutions de la statistique publique française utilisent depuis les années 50 un outil original pour classifier les profession, qu’on appelle la nomenclature des catégories sociaux professionnelles. Une nomenclature est une grille de classement, un répertoire. Chaque nomenclature est conçue selon des principes de classement. Par ex dans une bibliothèque on a une nomenclature utilisée par les documentalistes pour classer les livres par discipline, puis par thème etc. La nomenclature des CSP classe des professions.

Avant d’étudier les données statistiques sur les groupes sociaux aujourd’hui, et de répondre aux questions théoriques posées lors des dernières séances (les classes sociales aujourd’hui), on va donc voir selon quels principes a été conçue cette nomenclature. ‘C’est à partir de ce mode de classement que sont fabriquées les données dont on dispose pour mesurer les inégalités sociales et les rapports entre les groupes sociaux. Nous parlerons donc aujourd’hui des CSP/ PCS : histoire et principes de construction.


Bref historique et principes de construction de la nomenclature de 54


Le code des CSP 
En 1950 des statisticiens mettent au point ce qui prendra le nom de code des CSP et qui permet de classer les personnes à partir des réponses données à plusieurs questions sur l’activité professionnelle posées lors des recensements.
Le but du code des CSP est de classer la population en un petit nombre de catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale.
Classement des réponses lors du recensement : on sépare la population (de plus de 15 ans) en population active (population qui occupe un emploi ou cherche à exercer une activité rémunérée, cad au chômage) et inactive (étudiants, femmes au foyer, retraités).

La nomenclature actuelle est le résultat d'une longue histoire, les logiques de découpage du monde du travail sont multiples et se sont superposées.

Les législations du travail (conventions collectives, greilles de la focntion publique) ont contribué à cristalliser des hiérarchies, à constituer des grilles de découpage qui vont être intégrées à une nomenclature des CSP (catégories socio-professionnelles, en 1954,: elle est basée non plus sur les secteurs mais sur les types d'emplois suivant leur qualification. Par exemple, on ne regroupe pas tous les métiers de l'industrie métallurgique ensemble, mais tous les OQ de tous les secteurs ensemble. C’est là qu’on voit apparaître des regroupements en grandes catégories qui nous sont familières, et qui ont été fixées par le droit du travail : cadres moyens et supérieurs, employés, ouvriers qualifiés ou non. Ces catégories renvoient à des niveaux de qualification, ou de diplôme associés à ces positions. On retrouve aussi les agriculteurs, artisans et commerçants etc.

Mais ce classement de 1954 n’est pas issu que du droit du travail, il a aussi un contenu sociologique. Il repose sur des qualifications, des diplômes, mais aussi sur une représentation des positions dans le monde social, une hiérarchie plus difficile à cerner : il rapproche des positions professionnelles jugées équivalentes socialement. On raisonne sur des cas typiques d'un groupe (enseignants par exemple pour les professions intellectuelles supérieures). Et on raisonne aussi en termes de mode de vie, de prestige social.

Par exemple cadres administratifs supérieurs et enseignants du secondaire et supérieur, et professions libérales : les cadres n'ont pas toujours un niveau de diplôme comparable aux enseignants, et les professions libérales ont des revenus plus élevés que les deux autres, et ne sont pas salariés, mais on considère que mode de vie et prestige social sont comparables.

La nomenclature actuelle et les caractéristiques sociales des PCS

En 1982, la part du salariat représente 90 % de la population active, et les différences liées aux qualifications apparaissent encore plus importantes et pas assez visibles dans les CSP. Intervient alors une refonte qui actualise la nomenclature de 54. Abandon de certaines catégories et fusion d'autres On passe de la nomenclature des Catégories socio-professionnelles à celle des Professions et catégories socioprofessionnelles.(PCS). On parlera désormais des PCS.

La nomenclature est découpée à trois niveaux :
-Niveau 1 groupes socio-professionnels : personnes ayant des caractéristiques sociologiques comparables, notamment en termes de diplôme et de revenu
-Niveau 2 catégories socio-professionnelles: suivant leur statut et leurs secteurs d'activité.
-Niveau 3 professions

La lire en détaillant p. 38.plus éléments tirés du tableau :

1. "Agriculteurs exploitants" :
-Ils ont été séparés en trois ensembles suivant la taille de l'exploitation. En général plus les exploitations sont grosses, plus ils ont jeunes et diplômés.
-Les salariés agricoles ont été classés en 82 dans les ouvriers.

2. Les "artisans, commerçants et chefs d'entreprise" :
Au départ "patrons de l'industrie et du commerce". Des non salariés. Mais pas tous les non salariés : les professions libérales (médecins, avocats), sont classés avec les cadres.
Problème d’hétérogénéité entre des artisans et commerçants et des patrons de grosse entreprises.

3. Les "cadres et professions intellectuelles supérieures"
On voit qu'on n’a plus qu'une catégorie de cadres contrairement à 54 où on avait les cadres « moyens » et les « sups » : les plus diplômés et élevés dans hiérarchie.
Différence public-privé nette : pas mêmes revenus, comportements.
Problème d’hétérogénéité de la catégorie : il y a beaucoup de différence entre des cadres moyens et des cadres dirigeants ou les professions libérales ou entre des profs et des hauts fonctionnaires.

4. "Professions intermédiaires"
C’est un groupe surtout marqué par des niveaux de diplômes moyens. Certains cadres moyens ou certains employés très qualifiés en sont proches.
Différence public-privé : différences sociologiques (santé social / vente et technique)

5. "Employés"
Groupe difficile à définir : les niveaux de qualification, les modes de vie varient beaucoup.
Ajout de la catégorie services directs aux particuliers, qui ne reprend pas tous les "personnels de service". Importance aussi de différence public-privé introduite.

6. "Ouvriers"
Cette CS est la plus anciennement classée suivant conventions collectives et qualifications. Ici la différence qualifiés/ non-qualifiés est affinée suivant la taille et le secteur de l'entreprise
Versement d'anciens employés dans la catégorie « ouvrier » (les magasiniers) : ex de flou des frontières

7. Chômeurs n'ayant jamais travaillé
Apparition de la catégorie est liée à importance croissante de ce groupe, qui n'est pas classé dans les PCS. Les « chômeurs n’ayant jamais travaillé » étaient autrefois classés dans les PCS où ils cherchaient du travail. Les chômeurs son classés dans la PCS de leur dernier emploi.
Conc : relative unité de chaque catégorie, mais différenciation interne et parfois flou des frontières.

Grand succès des codes des CSP (n’existe pas comme ça dans tous les pays)
Utilisent actuellement ce code :
- l’INSEE, l’INSED, la comptabilité nationale
- les ministères et les administrations
- les instituts de sondage et d’étude de marché
- les centres de recherches universitaires
- la population elle-même utilise les termes du code pour se repérer dans le monde social : on parle de cadres moyens, cadres supérieurs

Mais un certain nombre de précautions sont nécessaires quand on utilise ces statistiques. Produit en référence à la situation française à un moment donnée, le code ne peut être appliqué à une autre population (Chine, GB) dans laquelle la définition des activités n’est pas la même qu’en France. (Ex « cadre » une catégorie très française, n’a pas vraiment d’équivalent dans les autres pays)


III. L’évolution de la population active par CSP

Un des usages centraux des CSP est de décrire les changements de la répartition des groupes sociaux professionnels dans la population active, et de mesurer des phénomènes souvent évoqués en termes vagues : la montée des cols blancs, la fin des paysans, l’explosion des cadres etc. Avant de se pencher de plus près sur les liens entre CSP et classes sociales, on va voir rapidement quelles sont ces grandes évolutions depuis les années 1950.

Évolution des secteurs d’emploi
Une des évolutions massives qui se répercute sur les structures de la population active et, de ce fait, sur les CSP et est la transformation des secteurs d’activité économiques. Trois grandes évolutions se produisent ainsi à partir des années 50, liées à des évolutions nationales, mais aussi mondiales.
le secteur agricole décline rapidement en termes d’effectifs, dès les années 50 et 60 : En 1870 65% des actifs sont dans l’agriculture ; en 1914 40% ; moins de 3 % aujourd’hui. C’est le prolongement de l’exode rural, départ des populations rurales agricoles vers les villes et d’autres secteurs d’activité. C’est lié à une restructuration des exploitations agricoles, qui, pour rester rentables, sont de plus en plus grandes, et emploient de moins en moins de salariés.
le secteur industriel est restructuré, notamment à partir des années 70 et 80 :des innovations technologiques, mais aussi des fermetures d’établissement conduisent à des pertes d’emplois massifs, notamment dans le secteur des mines, de la sidérurgie, puis dans d’autres secteurs de l’industrie. On parle donc d’une désindustrialisation, mais elle est relative.
enfin, le secteur tertiaire, croît fortement en termes d’emplois. C’est un secteur très vaste défini comme l’ensemble des emplois de service (de l’enseignement à la caisse de supermarché : administration, transport, communication, finance, conseil, santé, réparation). Il se développe, notamment dans les secteurs les moins qualifiés. On parle d’une tertiairisation de l’économie et de l’emploi.
Lire le tableau p. 44 sur les professions les plus dynamiques en 90-99 : beaucoup de « tertiaire », mais c’est très hétérogène.

Cela s’accompagne d’une transformation du type d’emplois :
Baisse du nombre des indépendants : petits artisans, commerçants
Essor du salariat, : 9 actifs sur 1O sont aujourd’hui salariés

Ces évolutions, qui s’accompagnent de la féminisation de la population active, sur laquelle on reviendra, se répercutent sur les PCS en effectifs et en répartition


La part des PCS dans la population active depuis 1962

En répartition : corriger tableau p. 41
agriculteurs : très forte baisse de leur proportion dans les années 60, puis moins rapide
artisans etc. : baisse forte années 60 ralentie auj.
part cadres : explosion, et toujours augmentation
intermédiaires : forte croissance, surtout 70' et 80'
employés : croissance, surtout 70' et 80', et continue
ouvriers : baisse, surtout au cours des années 80, mais lente, restent importants
Remarque : Les chômeurs sont classés suivant leur ancien groupe socio-professionnel déclaré.

Les effectifs : lire le tableau de Insee première 82-99 p. 43

Leur faire recopier le tableau de 2000 ci desous pour fixer les ordres de grandeur : à connaître
Chiffres à avoir en tête car ils infirment certaines contre vérités qu’on entend parfois (il n’y a plus d’ouvriers aujourd’hui…)


Les PCS en 2000 :
agriculteurs : 2,58 %
artisans, commerçants et chefs d’entreprise : 6,34
cadres et prof intel sup. : 12,5
prof interm 19,8
employés 29,6
ouvriers 27,3
chô jamais travail 1,3


Classes sociales et CSP


a. Les points communs entre ces deux modes de définitions des groupes sociaux:

la profession, la situation économique sont à la base des 2 classements, alors que ce ne sont pas les seules dimensions pertinentes pour définir l’appartenance sociale

-Ce sont des critères multidimensionnels qui sont utilisés pour rassembler les professions, pas une échelle unique : montant total des ressources (diplômes, salaires) + une certaine homogénéité en terme de consommation, de style de vie, niveau scolaire, prestige social

Déf. par l’INSEE : "Les personnes appartenant à une même catégorie sont présumées être susceptibles d'entretenir des relations personnelles entre elles, avoir souvent des comportements et opinions analogues, se considérer elles-mêmes comme appartenant à une même catégorie et être considérées par les autres comme appartenant à une même catégorie".

On pourrait dire que ces critères pourraient permettre de retrouver certains éléments d’une analyse de type marxiste des classes sociales (les conditions économiques, la position dans l’appareil de production avec la distinction salarié indépendant, mais aussi, si on se réfère aux objectifs de l’INSEE, la conscience de classe) et weberienne (le mode de vie, les éléments du statut).

b. les différences

- dans les principes de construction
Une catégorie statistique réunit un ensemble des personnes présentant les mêmes caractéristiques objectives, c’est une catégorie construite par l’observateur, plus ou moins artificiellement. L’objectif est de décrire la population active, en la classant dans des catégories.
Une classe sociale est un groupe social qui a une existence réelle, collective : Marx souligne l’importance de la conscience de classe. Il ne suffit pas qu’il existe un certain nombre de ressemblances objectives entre les individus, il faut qu’ils en aient conscience. Cela se traduit par l’existence d’institutions qui représentent collectivement les intérêts de classe (cf. syndicat, parti ou lobbies..) Pour Marx cette conscience de classe apparaît dans la lutte contre les autres classes.

- en outre la profession (à la base des CSP) ne suffit pas à déterminer l'appartenance de classe sociale Ainsi par exemple les femmes inactives, les enfants, les étudiants, les retraités n'ont pas de profession, mais ont une appartenance de classe. L'appartenance de classe n'est pas individuelle, mais familiale. La profession ne suffit pas à déterminer l'appartenance sociale pour une autre raison. Il faut tenir compte du patrimoine qui est fondamental pour Marx. Or les CSP ne permettent pas d’isoler les propriétaires de moyens de production (dispersés dans les 3 premières catégories).

les catégories stat peuvent être analysées en elles même, on peut décrire de manière approfondie la population de l’une ou l’autre (nombre de diplômés, de femmes…). Les classes sociales sont toujours analysées relationnellement, les unes par rapport aux autres. On étudie des rapports de domination, de hiérarchie.

La nomenclature des CSP donne ainsi une image de la société en terme d’échelle linéaire (pour les salariés) et continue : on passe de l’un à l’autre par gradation continue/ cela s’oppose à l’analyse en terme de classes sociales : les classes sont des groupes distincts, dont les intérêts sont souvent opposés. Ce sont aussi des groupes relativement fermés : il y a des barrières entre les classes sociales qui se marquent par des signes de distinction, des ségrégations (dans l’espace urbain, dans les écoles des enfants..). Cela n’apparaît pas dans les découpages entre PCS (même si l’importance du diplôme et de la qualification dans les classifications pourrait un peu remplir ce rôle : distinguer des catégories assez nettement séparées)

Les découpages ne sont pas neutres, suppose toujours une certaine vision de ce qui est important pour hiérarchiser les gens et ce qui l’est moins.

c. Les PCS comme outil pour étudier les classes sociales

Cela dit : CSP = reste le meilleur moyen d’approcher les faits de classes sociales, à condition d’être toujours conscient des limites et précautions à prendre.

Si on regroupe les PCS selon les niveaux de diplômes et de revenus, à partir des grandes inégalités sociales qu’on va étudier (santé, pratqiues culturelle etc) on obtient alors un découpage qui renvoie à des grands groupes sociaux sépars par des ressources économiques et culturelles hiérarchisées :
les employés et ouvriers au sein des groupes populaires
les professions intermédiaires indiquent la place des groupes moyens
les cadres celle des groupes sup.
un groupe d’ « indépendants » (agriculteurs exploitants et les commerçants, chefs d’entreprise) hétérogène 

Ce regroupement pose parfois problème, car les frontières entre les CSP ne sont pas toujours très satisfaisantes : on a vu par exemple entre les cadres et les prof intermédiaires, ou entre les employés et prof intermédiaires, ou entre employés et ouvriers.

On peut opérer des regroupements plus précis :
classes populaires : employés non qualifiés et ouvriers  : 50 %
classes moyennes : employés qualifiés, prof interm et cadres moyens : 35 %
classes supérieures : cadres sup, prof libérales, prof intell sup, et patrons :, 5%
Les indépendants représentent 10 % de la population qui se répartissant parmi les trois grands groupes précédents : des petits exploitants plutôt parmi les classes populaires, des commerçants plutôt parmi les classes moyennes, et les patrons de grosse entreprise parmi les classes supérieures.

On rend ainsi visible des grands groupes sociaux distincts en termes de ressource et de modes de vie, avec l’ensemble des groupes populaires qui reste prédominant en taille, mais dominé socialement. On peut lire ces groupes en termes de classes : les inégalités sont formes entre eux, mais aussi les modes de vie.


Sociologie AES L1 S1 cours TD (5 séances)

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