IEUE Cleo 50.doc - Incroyants, encore un effort? - Free
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Norbert Croûton
INCROYANTS,
ENCORE UN EFFORT
Nouvelle édition
Mai 2014
SOMMAIRE
TOC \o "1-2" 1. AVANT PROPOS PAGEREF _Toc381799322 \h 4
2. ENTRETIEN DUN PHILOSOPHE AVEC LA MARECHALE DE *** PAGEREF _Toc381799323 \h 14
3. LA CONSCIENCE PAGEREF _Toc381799324 \h 26
Première tentative dexplication PAGEREF _Toc381799325 \h 26
Deuxième tentative PAGEREF _Toc381799326 \h 39
Résultats et dernière tentative PAGEREF _Toc381799327 \h 48
4. PREAMBULE PAGEREF _Toc381799328 \h 67
5. ETHIQUES PAGEREF _Toc381799329 \h 71
6. RAISONS DETRE DES RELIGIONS PAGEREF _Toc381799330 \h 83
Raisons pratiques PAGEREF _Toc381799331 \h 84
Les premières religions PAGEREF _Toc381799332 \h 107
La religion chrétienne PAGEREF _Toc381799333 \h 112
7. DIEU, QUELLE IDEE ! PAGEREF _Toc381799334 \h 152
8. SERMON SUR LA MONTAGNE PAGEREF _Toc381799335 \h 169
9. RELIGION, ETHIQUE ET POLITIQUE PAGEREF _Toc381799336 \h 176
10. DU CATECHISME PAGEREF _Toc381799337 \h 190
11. LES DERNIERS MOMENTS PAGEREF _Toc381799338 \h 201
12. MULTIPLICITE DES RELIGIONS PAGEREF _Toc381799340 \h 213
13. SORTIR DES RELIGIONS PAGEREF _Toc381799341 \h 222
14. UN MONDE EN CRISE PAGEREF _Toc381799342 \h 228
Crise environnementale PAGEREF _Toc381799343 \h 229
Crise énergétique PAGEREF _Toc381799344 \h 234
Crise de la sélection naturelle PAGEREF _Toc381799345 \h 251
Crise de lintelligence PAGEREF _Toc381799346 \h 253
Crise du sens moral PAGEREF _Toc381799347 \h 273
Crise économique et sociale PAGEREF _Toc381799348 \h 283
Crise institutionnelle PAGEREF _Toc381799349 \h 320
Crise de la politique internationale PAGEREF _Toc381799350 \h 342
15. EPILOGUE PAGEREF _Toc381799351 \h 353
Nota 1 : le texte ci-après est un hypertexte qui permet de consulter des sites Internet ou de lire des bulles précisant le sens et le contexte des mots soulignés
Nota 2 : la version anglaise du texte est accessible en cliquant sur le drapeau britannique situé en haut et à droite de la page daccueil
Israël
1. AVANT PROPOS PRIVATE TC \l 1 ""
Incroyants, encore un effort si vous ne voulez pas voir se réaliser cette prédiction de Malraux qui vous met mal à laise : HYPERLINK "http://www.andremalraux.com/index.php?option=com_content&view=article&id=188%3Alle-xxie-siecle-sera-religieux-ou-ne-sera-pasr&catid=1%3Ails-ont-ecrit&Itemid=35&lang=fr" le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas .PRIVATE
Vous avez pu croire jusquà une époque récente que la cause était entendue, que le doute ou au moins la prudence à légard des religions sétaient établis dans tous les esprits et que la laïcité allait irrésistiblement simposer dans la vie publique sur tous les continents. Depuis la fin de lempire soviétique, il semble que ce ne soit plus le cas. En Russie même HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Poutine" Poutine, le czar élu, un ancien du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/KGB" KGB, se réfère à Dieu dans ses discours et prie pour que la pluie éteigne les incendies qui ravagent la forêt russe ! Toutes les républiques et tous les satellites de lex Union Soviétique ont retrouvé leurs divinités favorites. En Turquie un régime fondé naguère sur la laïcité tend désormais à sen écarter. En Irak ce serait une bonne surprise que feu le régime baasiste, dessence laïque, ne soit pas remplacé par un régime théocratique assaisonné dune guerre de religion. LAfghanistan fragile nest pas à labri dune rechute. LIran a basculé il y a déjà un moment. Les conflits au Rwanda, au Soudan, dans lex Yougoslavie, en Irlande du Nord, en HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Palestine" Palestine, à Chypre, à Ceylan, entre lInde et le Pakistan, et dans de nombreux autres pays dAsie et dAfrique ont une origine religieuse, même si ce nest pas leur seul aspect. Beaucoup détats privilégient une religion et lui donnent un statut officiel. Aujourdhui les partisans de la neutralité de la puissance publique en matière religieuse ont à faire face à une triple agression due aux HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Int%C3%A9grisme" intégrismes musulman, israélite et chrétien. Or il faut bien voir que lintégrisme est une conséquence logique de la religion. Quest-ce en effet que lintégrisme, sinon la croyance religieuse prise au sérieux ? Si vous avez lintime et absolue conviction, et le but de la pratique religieuse est de vous la faire acquérir, que votre voisin se voue à la damnation éternelle en ne partageant pas la croyance qui vous anime, ce serait une véritable non-assistance à personne en danger que de ne pas lui imposer votre croyance par tous les moyens. De fait, lorsque les religions ont été en position de le faire, elles nont pas hésité à forcer les consciences par les moyens les plus extrêmes. Les croyants qui acceptent le pluralisme religieux ou lirréligion sont des tièdes et Dieu a paraît-il horreur des tièdes !
Les Français qui lont vécue ont gardé de la deuxième guerre mondiale le souvenir dun clergé catholique tout gonflé dune importance retrouvée, porté quil était par le désarroi général et par la Révolution Nationale du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_P%C3%A9tain"Maréchal Pétain. Quen serait-il advenu si cette situation avait perduré ? Ce clergé aurait-il retrouvé, quelque peu atténuées, ses vieilles habitudes inquisitrices et contraignantes ? Poser la question, cest presque déjà donner la réponse. Que lépiscopat français nait pas fermement attiré lattention du vieux Maréchal, de qui il navait à coup sûr rien à craindre, sur le caractère totalement scandaleux des lois anti-juives, mais quil en ait au contraire accepté le principe ne peut être attribué quà un vieux fond récurrent dantisémitisme. Il est difficile de croire quil ait agi ainsi sans laval du Vatican. Tous ces braves gens, anesthésiés comme tant dautres par la propagande nazie, attendaient de connaître le sort des armes pour se découvrir, conformément à une vieille tradition de lEglise. Les religions réformées ne se sont pas montrées plus vigilantes, ni en France ni ailleurs. Les autorités religieuses étaient pourtant les seules à pouvoir sopposer efficacement à ces monstruosités lorsque les hommes politiques de gauche étaient emprisonnés et que ceux de droite étaient prêts à trahir. Et ce sont ces gens-là qui prétendent nous donner aujourdhui des leçons de morale ! On imagine aisément les HYPERLINK "http://www.fordham.edu/halsall/french/tedeum.htm" Te Deum fervents qui auraient salué une victoire de lAxe du Pire. Risquons-nous dassister aujourdhui à pareil réveil à la suite dune défaite non plus militaire mais politique, économique et culturelle ? Sommes-nous menacés dun nouveau Moyen-âge qui suivrait une troisième guerre mondiale ?
Des trois intégrismes, le musulman, lisraélite et le chrétien, le dernier est le plus insupportable parce quil paraît le moins nécessaire. Lintégrisme musulman peut se comprendre en raison de la situation des pays islamiques qui ne cessent dêtre humiliés depuis plus dun siècle et qui ne parviennent pas à se débarrasser de cette écharde quils portent en leur flanc et qui sappelle Israël. Même si leur dieu les aide bien peu en la circonstance, leur religion leur sert à maintenir leur identité et à leur faire espérer que leurs malheurs finiront un jour... Les Israélites ont été, ô combien, martyrisés par lhistoire. La conviction de faire partie du peuple élu leur a certainement donné cette formidable détermination qui a permis à quelques uns de survivre et de surmonter toutes les épreuves. Victimes comme tous leurs coreligionnaires de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Shoah" la plus monstrueuse des injustices, ceux qui ont choisi de sinstaller en Palestine ne saperçoivent pas quils sont en train den commettre une autre qui nest pas négligeable non plus. Ils sont pourtant bien placés pour savoir ce que cest que de se retrouver étranger dans son propre pays. On pourrait croire que cette installation a été imaginée par un esprit pervers déterminé à faire en sorte que le peuple juif ne connaisse jamais le repos. Il est bien évident que celui qui sempare progressivement mais inexorablement, par de menues acquisitions, par la ruse et par la violence de toutes les pièces dun appartement en prétextant que cest Dieu qui les lui a attribuées et que ses arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents y ont peut-être habité ne doit pas sattendre à de grandes démonstrations damitié de la part de son occupant légitime ! Même si, grâce à son entregent et à lappui dun puissant protecteur, il fait taire les protestations des voisins et les fait se dresser les uns contre les autres en leur tendant des pièges dans lesquels ils se font prendre à tous les coups. Même sil entretient la confusion entre HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Antisionisme" antisionisme et HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Antis%C3%A9mitisme" antisémitisme. Même si, à la suite de deux millénaires passés au milieu de populations étrangères, son sang ne contient plus que quelques gouttes du sang originel. Un juif polonais ressemble à un polonais et un juif marocain ressemble à un marocain. Grâces soient rendues aux parents compréhensifs, aux filles séduites ou violées, aux femmes forcées ou adultères ! Nimporte quel peuple peut invoquer une divinité imaginaire qui, par une décision tout aussi imaginaire, lui attribue la possession du territoire bien réel quil convoite. Imaginez un instant (que nos amis québécois me pardonnent cette hypothèse saugrenue) que des canadiens français lassés de leurs difficultés avec leurs compatriotes anglophones décident de revenir au pays. Ils y sont dabord bien accueillis, achètent quelques fermes, en Bretagne par exemple puis, de plus en plus nombreux, sattaquent par des actions terroristes aux structures politiques en place et les supplantent. Imaginez que les Bretons se révoltent, quils soient vaincus, que certains perdent leurs biens, quils soient relégués sur les terres les moins fertiles ou internés dans des camps, quils soient contraints dans leurs activités quotidiennes, rendus dépendants de la charité internationale et soumis continuellement à des bombardements et à des incursions armées. Qui ne comprendrait lénorme frustration des Bretons placés dans ces conditions ? Pourtant ces Canadiens ont quitté la France beaucoup plus récemment que les Juifs nont quitté la Palestine. Chacun peut constater que la protestation internationale contre le sort réservé aux palestiniens reste sans effet. Les palestiniens ont raison sur le fond car il est naturel et légitime de repousser des intrus qui cherchent à simposer par la force. Les israéliens de leur côté disposent dune force supérieure et peuvent ainsi se permettre dignorer délibérément les résolutions des Nations Unies quand dautres, pour des violations moindres, voient leurs infrastructures non seulement militaires mais également économiques, administratives et culturelles, pulvérisées par des bombardements. HYPERLINK "http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=129" Selon que vous serez puissant ou misérable
Y a-t-il la moindre chance de faire accepter cette situation du fond de leur cur par le peuple palestinien et plus généralement par le monde arabe et par lopinion internationale? Evidemment non !
Il peut paraître ringard de sattaquer aux religions en ressuscitant des querelles que lon croyait dépassées, et jen veux à ceux qui par une remise en cause de la laïcité plus ou moins voilée, plus ou moins hypocrite, poussent à pratiquer ce jeu de massacre. Dans une assemblée il y a souvent un rigolo pour dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas mais taisent par crainte ou par bienséance. Jaccepte pour un moment de jouer ce rôle, ayant le sentiment de participer ainsi à une uvre de salut public aujourdhui indispensable. Il sagit déviter un retour en force de lobscurantisme qui nest dailleurs souhaité ni par la plupart des chrétiens et des adeptes des religions orientales, ni par bon nombre de juifs et de musulmans. Vient un moment où il faut dire les choses telles quelles sont même si ce nest agréable ni pour celui qui les dit ni, le cas échéant, pour celui qui les écoute. Il est nécessaire à cette fin doublier la « pensée unique », le « politiquement correct », de briser le carcan dun certain nombre didées reçues, de tabous, dintérêts et de non-dits. Cest évidemment prendre le risque de dire quelques sottises, mais lalternative est de ne rien dire du tout ou de se cantonner dans sa spécialité et finalement de laisser le champ libre à des forces obscures que nul ne maîtrise et qui nous entraînent presque à coup sûr vers labîme. Les religions sont lespoir et la consolation de beaucoup. Pourquoi les attaquer ? Pourquoi vouloir, selon la formule consacrée, tirer sur des ambulances ? La raison en est que certains ambulanciers recommencent maintenant à tirer sur nous ! Un détail qui peut sembler mineur, mais qui est révélateur de lévolution actuelle : certains athlètes ou joueurs se signent à la suite dun exploit personnel ou avant dentrer sur le terrain et portent autour de leur cou croix et médailles pieuses, toutes choses qui ne se voyaient pas auparavant, et les caméras sattardent complaisamment sur ces manifestations fétichistes. Souhaitons-nous voir des athlètes de confession musulmane inspirés par cet exemple, se prosterner en direction de la Mecque avant et après chaque épreuve ? Si ces rites et ces talismans ont une efficacité quelconque, ne doivent-ils pas être assimilés à des produits dopants ? Les instances sportives devraient se prononcer à ce sujet, avant que ces pratiques ne sétendent à toutes les religions. Sans aller peut-être jusquà les interdire, elles devraient les déconseiller comme contraires à lesprit olympique qui sefforce de gommer toutes les différences de race, de culture ou de croyance entre les athlètes. Les autorités religieuses de leur côté devraient prodiguer discrètement le conseil de ne pas mêler leur Dieu à ces rites profanes, ne serait-ce que pour ne pas voir sa représentation associée à de possibles défaites. Jai vu récemment un athlète qui cachait subrepticement une croix sous son maillot après avoir échoué à son dernier essai ! Un athlète est prêt à tout, même à mourir prématurément, en échange dun titre olympique. Porter un gri-gri ne lui coûte guère. Je nai pas remarqué cependant que les tout meilleurs recourent habituellement à ces pratiques. Ils ne comptent avec raison que sur leur talent. Ces manifestations ostentatoires de chauvinisme religieux sont en tout cas un mauvais signal adressé à tous les ramollis du bulbe qui multiplient dans les tribunes jets dobjets divers, saluts fascistes et cris danimaux. Dautant quune croix, instrument de supplice, constitue un signe ambigu. On peut voir de nos jours de plus en plus de croix se glisser entre de jolis seins ou sexposer sur des poitrails musculeux ! Devrons-nous un jour, nous les incroyants, nous les agnostiques, arborer au revers de notre veste un point dinterrogation pour ne pas laisser safficher seules les convictions à caractère religieux ?
Cest bien sûr aux Etats-Unis que le phénomène est le plus préoccupant. Chacun peut sétonner de ce que le pays le plus avancé scientifiquement et industriellement donne lexemple de cette régression. Lesprit religieux le plus rétrograde, profitant de la paranoïa ambiante et y participant prend le convoi de lanti-terrorisme. Le terrorisme, quon ne saurait bien entendu négliger, est devenu lalpha et loméga de la politique américaine. Or, ce nest quune infime partie des dangers qui nous menacent. La destruction des tours jumelles du Centre Mondial du Commerce à Manhattan a été sans nul doute très spectaculaire et elle a frappé les imaginations mais lampleur des dégâts a probablement dépassé les attentes des auteurs des attentats eux-mêmes. Ne commence-t-on pas à dire en effet que la ruine totale des deux ouvrages sexpliquerait par des HYPERLINK "http://www.newscientist.com/article.ns?id=dn3354" choix discutables dans la conception des planchers des différents étages et par des malfaçons dans la protection au feu des dits planchers ? Pourquoi les deux tours se sont-elles écroulées tout droit, comme foudroyées par des professionnels de la démolition ? Pourquoi des immeubles voisins non affectés par limpact direct des avions se sont-ils eux aussi écroulés ? Quoiquil en soit les quelques milliers de victimes du terrorisme répertoriées depuis le matin du 11 septembre 2001, sont malheureusement presque dérisoires par rapport aux dizaines de millions dautres victimes à déplorer durant la même période , victimes de maladies aisément évitables, victimes de maladies aisément curables, victimes de la malnutrition, du manque deau potable, de conditions sanitaires déplorables, victimes de guerres dagression, victimes de guerres ethniques ou religieuses, victimes de guerres pour le pouvoir ou la richesse, victimes de guerres de libération, victimes de la drogue, de lalcoolisme, du tabagisme, du crime crapuleux ou organisé, de la pollution de lair et des eaux, victimes de catastrophes naturelles prévisibles, victimes daccidents dus à la sottise, à lignorance, à létourderie, à la négligence, à la présomption. Et ces dizaines de millions de victimes seront peut-être considérées par lhistoire comme anecdotiques par rapport aux dangers que représentent le réchauffement climatique, lépuisement des ressources naturelles ou un conflit généralisé à propos du Moyen-Orient et de son pétrole. Aux yeux de certains spécialistes la peur du terrorisme est plus dangereuse pour les populations par ses conséquences psychosomatiques que le terrorisme lui-même. Elle lest aussi et surtout en fournissant un prétexte à la mise en place dune législation dexception qui, pour un gain defficacité discutable, restreint les garanties auxquelles tout citoyen a droit. Même sans lois dexception il est interdit de poser des bombes dans les lieux publics ou de faire un carton sur les enfants des écoles. Si lon met à part les dérives de quelques irréductibles défendant des droits plus ou moins folkloriques et les menées de quelques mafieux aux intentions inavouables, le terrorisme na quune seule cause directe qui est le mépris du droit des gens et le désespoir que ce mépris engendre chez ceux qui en sont les victimes. Désespoir qui peut conduire à des actes aussi contre nature que de sattacher autour de la taille une ceinture dexplosifs et den déclencher la mise à feu au milieu de la foule. Léradication du terrorisme passe dabord par le respect du droit des peuples aujourdhui maltraités et, à titre de précaution complémentaire, par la prise en charge des jeunes désespérés, par une bonne police et la suppression des paradis fiscaux propices aux financements criminels. Il est nécessaire dy ajouter un contrôle efficace des matériaux, des outillages et des technologies susceptibles dêtre utilisés pour la fabrication des engins nucléaires et autres armes de destruction massive. Faut-il encore faire en sorte que les moyens mis en uvre à cet effet ne soient pas hors de proportion avec le but poursuivi. La disproportion de ces moyens, les contraintes qui en résultent pour tous les citoyens et loccultation des vrais problèmes constituent en effet la première et probablement la seule victoire que les terroristes peuvent ambitionner. Une bonne pratique serait de parler le moins possible du terrorisme, sauf pour appeler à la vigilance et à la prudence, car la publicité accordée à ce phénomène par les pouvoirs publics et par les différents moyens dinformation ne peut quencourager les vocations existantes et en susciter de nouvelles chez ceux qui nont plus rien à perdre. Pourquoi le terrorisme a-t-il été ainsi monté en épingle aux Etats-Unis et, par contagion, dans le reste du monde ? La réponse est à peu près évidente : après le cataclysme qua représenté pour les lobbies politico-militaro-industriels, américains en particulier, la fin de la guerre froide, lavènement du terrorisme a constitué une divine surprise en fournissant un prétexte à la poursuite et à lintensification de leffort militaire et à la remise en cause de certaines libertés fondamentales. Il est assez invraisemblable que Ben Laden nait jamais été trahi par un des siens pendant les dix ans où il a défié les Etats-Unis, quil nait pas été localisé par ceux-là même qui disposaient de moyens de renseignement et daction sans équivalents dans le monde. Les terroristes sont devenus en fait si rares dans le monde développé que, lorsquon a la chance den avoir un sous la main, on le conserve soigneusement au chaud pour être sûr de pouvoir le servir au bon moment ! Demandez-vous pourquoi une nouvelle cassette de ce croquemitaine a fait son apparition chaque fois que la crainte du terrorisme islamique semblait quelque peu sestomper. Demandez-vous aussi pourquoi il a été choisi de le faire taire définitivement plutôt que de le prendre vivant. La même question peut se poser à propos de Kadhafi.
Car le surarmement offensif et défensif auquel se livre la puissance américaine a aussi de quoi inquiéter. Protégée à lest et à louest par deux larges océans redoute-t-elle dêtre envahie du sud par le Mexique ou du nord par le Canada ? Les ressources quasi illimitées dont bénéficie son armée sont dues à la convergence dun patriotisme assez largement répandu et de la nécessité ressentie par les grandes fortunes qui bien souvent nont pas de patrie de protéger le système capitaliste. Est-ce quon lutte contre le terrorisme en préparant la guerre des étoiles ? Qui ne se demande avec inquiétude si ce surarmement nest pas destiné à lui assurer la possibilité dimposer impunément sa volonté, présentée quasiment comme la volonté du Dieu de la Bible, à tous les peuples de la terre, amis comme ennemis ? Lexpression « In God we trust », est-elle en passe dêtre remplacée sur les billets verts par « In Gun we trust » ? Dans leurs déclarations publiques les représentants américains font profession de protéger leurs intérêts nationaux et restent muets sur ceux des autres nations. Le décompte des victimes de leurs agissements na pas lair de les préoccuper particulièrement. Ils sinquiètent des états dâme de leurs soldats qui sont au départ des coups mais se désintéressent du massacre de ceux qui sont à larrivée. Quatre mille soldats américains tués, cest une tragédie épouvantable, mais HYPERLINK "http://www.indymedia.org.uk/en/2006/10/353252.html" six cents mille irakiens au tapis, chiffre annoncé par la seule étude un peu scientifique effectuée sur le sujet, cest un détail de lhistoire ! Les irakiens ne sont pourtant pas des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Untermensch" untermensch, pas plus que les palestiniens et tant dautres ! Pour chaque victime des tours jumelles de Manhattan il faut compter un soldat américain tué et cent cinquante irakiens occis dont la plupart sont innocents ou seulement coupables de patriotisme. Le God bless America sortant de la bouche dun président des Etats-Unis (on ne sait si cest une supplique ou un souhait car la langue anglaise permet cette ambiguïté ; daucuns y voient un simple constat) et le HYPERLINK "IEUE%20Rév%20au.doc" \o "Dieu avec nous" Gott mit uns qui était gravé sur le ceinturon des soldats du troisième Reich sont des formules qui sortent du même tonneau. Cest, chez ceux qui ne se connaissent plus de rival, lexpression orgueilleuse de la force, et de la conviction que tout doit céder devant la force. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_II" Jean-Paul II avait bien compris le danger pour les chrétiens de cet abus de position dominante. Il sest certainement dit HYPERLINK "http://www.abnihilo.com/" in petto en faisant ses HYPERLINK "http://www.africatime.com/Benin/nouv_pana.asp?no_nouvelle=123374&no_categorie=1" remontrances : Mon Dieu, protégez-moi de mes amis, mes ennemis, je men charge ! ». Aucun religieux digne de ce nom ne souhaite voir sa croyance instrumentalisée par le pouvoir politique. Que des personnalités officielles utilisent les religions comme références culturelles ou morales est une chose. Quelles les présentent comme des vérités historiques ou scientifiques opposables à tous en est une autre. Il existe une ligne jaune à ne pas franchir. Jamais je ne mettrai les pieds dans un pays gouverné par des intégristes, quelque soit leur obédience, et je ne dois pas être le seul.
« Qui nest pas avec moi est contre moi " et les Etats-Unis ne cherchent pas à être aimés mais à être craints ont été encore récemment deux échantillons de la pensée de ladministration américaine. La menace dune rechute est permanente. Presque deux mille ans après, la pax americana a voulu prendre le relais de la pax romana dont on sait quelle a été chaque fois imposée sans douceur. Pour la première fois depuis la fondation de lONU des démocraties ont pris linitiative de déclencher une guerre non indispensable, pour des raisons alléguées qui se sont avérées fausses; fausses parce que résultant dune manipulation. Qui veut noyer son chien laccuse de la rage ! Pour la première fois un HYPERLINK "http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20050909.OBS8727.html" éminent représentant du gouvernement des Etats-Unis est venu sur ordre, parce que cest un soldat discipliné, débiter des calembredaines devant les nations assemblées. Américains aux cervelles lessivées par un demi-siècle de publicité télévisée et intoxiquées par la Bible, on vous a bourré le mou ! Les nostalgiques de cette violence politique se retrouvent encore à lheure du thé. De quels appuis a bénéficié Georges Bush pour parvenir au pouvoir et pouvait-il se montrer ingrat à leur égard ? Le renchérissement extraordinaire du pétrole durant ses deux mandats montre quil leur a témoigné amplement sa reconnaissance. Au delà du besoin quil pouvait éprouver de passer ses nerfs sur un plus petit que lui après le traumatisme du 11 septembre, il est évident que la raison principale de cette guerre dagression doit être recherchée du côté de ce qui fait rouler les autos et voler les avions et dont certains entendent se réserver les dernières gouttes. Ce but de guerre est désormais atteint. Il ne faut donc pas parler à ce propos dun échec. Les désordres persistants au Moyen-Orient, en fournissant un prétexte pour y maintenir des troupes, donnent tout le temps nécessaire à la puissance américaine pour consolider sa position et sétablir durablement au centre de gravité de la zone pétrolifère. Aurait-elle quitté le Vietnam si ce pays avait été aussi stratégique de ce point de vue ? Selon toute vraisemblance, les américains conserveront en Irak une présence militaire et installeront au pouvoir un clone de Saddam Hussein. Les grandes compagnies pétrolières anglo-saxonnes seront alors en mesure de conclure avec lui des contrats juteux pour lexploitation de ses gisements dhydrocarbures. Le contribuable américain pourra se réjouir que ses sacrifices aient contribué à la prospérité de compagnies qui ne manqueront pas de rétrocéder une partie de la manne céleste aux mouvements religieux obscurantistes qui ont permis la réussite de ce hold-up ! Les pays riches en pétrole qui refusent de faire allégeance à la puissance américaine prennent le risque de subir, un jour ou lautre, le sort de lIrak. Voyez les menaces qui pèsent sur lIran. La promotion de la démocratie dans les pays pauvres, prétexte aujourdhui invoqué, est en tout cas une réelle nouveauté pour la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Realpolitik" politique américaine qui sest toujours fort bien accommodée de régimes dictatoriaux amis ou clients, quand elle na pas favorisé leur installation. Son intervention na fait quempirer pour beaucoup de ces pays une situation déjà détestable. Avec le soutien des milieux religieux et financiers, elle a eu raison de lexpérience communiste en Union Soviétique et plus généralement de toutes les tentatives de répartition plus égalitaire des richesses. Avec sa bénédiction le Liban ami a été écrasé sous les bombes. Quelle tristesse pour tous ceux qui, ayant vécu loccupation nazie, se rappellent la fascination quils éprouvaient pour les avions alliés qui traversaient le ciel au dessus de leur tête, poursuivis par les flocons de fumée noire de la HYPERLINK "http://genso.9online.fr/Flak.htm" flak, ou la joie intense quils ont ressentie quand les premiers véhicules blindés libérateurs ont parcouru sous les acclamations la grand-rue de leur village ! Je noublierai jamais non plus les visages de mon père et de mon grand-père au moment où ils apprenaient à la radio de Londres, au matin du 6 juin 1944, la nouvelle du débarquement en Normandie.
Le monde paraît aujourdhui assez largement pacifié par lesprit des lumières, par les facilités de communication et donc de dialogue entre les hommes et surtout par la menace nucléaire. Considérant toutefois les conséquences potentiellement funestes de lintégrisme religieux le présent essai a pour objet de faire prendre conscience aux croyants de la fragilité de leurs convictions ou au moins de les aider à comprendre le doute quelles peuvent susciter chez dautres et de les inciter ainsi à mettre plus de retenue dans lexpression publique de ces convictions. Il est aussi dinciter les incroyants à se manifester, non de façon agressive mais de façon que laccord si nécessaire entre les hommes cesse dêtre entravé par des croyances religieuses inconciliables, dont personne ne sait dailleurs si elles sont sincères ou si elles sont le fait de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Tartuffe_ou_l'Imposteur" Tartuffes ambitieux, manipulateurs et cyniques, mais puisse sétablir au contraire sur des bases naturelles, rationnelles, durables et acceptées par tous.
Cette querelle quon dirait dun autre âge a des antécédents fameux. Les mêmes questions se sont posées de tout temps, et avec une particulière acuité à lâge classique. Elles ont été alors débattues dans les cercles les plus élégants et les plus savants. Elles ont agité les meilleurs esprits de lépoque. Parmi ceux-ci, celui dont luvre a le mieux résisté au temps parce quil est probablement lun des esprits les plus profonds, les plus brillants et les plus honnêtes que la terre ait porté est HYPERLINK "http://www.chez.com/ottaviani/diderot.htm" Denis Diderot. Je dis honnête car il fit sien ce précepte de HYPERLINK "http://pages.globetrotter.net/pcbcr/montaigne.html" Montaigne quon doit rendre les armes à la vérité du plus loin quon laperçoit. Diderot est doté dun esprit prolétaire, au sens que le philosophe HYPERLINK "http://alinalia.free.fr/" Alain donnait à ce terme, cest à dire dun esprit propre à affronter des réalités têtues comme les propriétés de la matière ou les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Concept" concepts mathématiques, car il est guidé avant tout par la logique. Il a le goût des sciences dures et des tâches manuelles comme en témoigne la part prépondérante quil a prise dans lélaboration de la HYPERLINK "http://www.sigu7.jussieu.fr/diderot/" Grande Encyclopédie. Il nest pas loin de trouver immoral lesprit bourgeois qui sait manier la pâte humaine avec une habileté suspecte. Si lesprit populaire est le plus attachant et si lesprit aristocratique est le plus pittoresque, lesprit bourgeois qui se hausse du col et demande toujours plus que sa part appelle les plus grandes réserves. Montaigne, Diderot et Alain font partie de ces hommes qui sont modérés avec la dernière énergie. Si HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" Rousseau est à gauche selon les atlas politiques actuels et HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire" Voltaire au centre droit Diderot est lui au centre gauche, là où sélaborent la plupart des progrès. Diderot a exprimé sa pensée sur la religion dans un court essai en forme de dialogue intitulé Entretien dun philosophe avec la Maréchale de *** . Diderot a donné au philosophe de lEntretien le nom de Crudeli. Cest celui dun homme de lettres italien des débuts du 18ème siècle, incrédule comme son nom ne lindique pas et franc-maçon, qui avait été arrêté et longuement torturé par lInquisition et qui ne sen était jamais remis. Le décor est ainsi planté. Cet essai qui met à mal bien des dogmes est paru après la mort de Diderot, ce qui lui a épargné un sort atroce, car le fanatisme a toujours sévi sur ces questions. Il na jamais été réfuté car, lorsquun homme de religion rencontre sur son chemin un raisonneur de la trempe de Diderot il ne sarrête pas pour discuter, il change de trottoir ! Si habile soit-elle la « science » dun théologien a tout de même des limites ! Obligé par les circonstances de solliciter un entretien, lhomme de religion prendra rapidement congé sous prétexte que « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bm.doc" \o "allusion au bucher à quoi étaient condamnés les hérétiques" ça sent le fagot », comme je lai entendu dire naguère par le curé de la paroisse ! Vous perdez tout intérêt pour un commerçant à linstant même où il a abandonné lespoir de vous faire signer un bon de commande ! Presque trois siècles après sa rédaction, cet essai na rien perdu de sa modernité ni de sa force explosive. Il présente de plus le très grand avantage de traiter avec clarté, esprit et légèreté dun sujet grave et même tragique. Cette grâce du corps et de lesprit qui a marqué le sommet de la civilisation occidentale a disparu dans les tourmentes révolutionnaires et napoléoniennes et je ne prétends pas la ressusciter. Diderot a eu lélégance de faire défendre des thèses opposées aux siennes par une personne en tous points sympathique et séduisante et pour laquelle il semblait éprouver un peu plus que de lamitié ; ce qui montre bien que lunité de la famille humaine figurait au premier rang de ses préoccupations.
Lentretien de Diderot avec cette aristocrate de la naissance et du cur quest la Maréchale de *** traite dun sujet qui touche lhomme au plus profond de lui-même puisquil sagît du sort de son « âme » après la mort. Le phénomène de la conscience, équivalent « laïque » de lâme, et la physique qui le sous-tend, seront donc assez longuement évoqués par le présent essai à la lumière des nombreuses études et spéculations qui leur ont été récemment consacrées. Je propose donc à lhonorable lecteur de se régaler à nouveau à la lecture du texte de Diderot sil la oublié et de lutiliser comme base de sa réflexion. Sil ny a rien à retrancher aux idées qui y sont exprimées, il y a bien peu à leur ajouter. Jessaierai cependant denrichir les thèmes abordés des remarques que le progrès général des connaissances, lélargissement des points de vue, lexpérience accumulée depuis sa parution, les progrès de la recherche historique et lapplication des théories de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin" Darwin pourraient suggérer. Pour bien goûter ce texte il faut le lire dune traite. Il figure donc in extenso ci-après, en conformité avec lédition Assézat-Tourneux de 1877. Il sera ensuite découpé en quelques sections accompagnées des remarques que chacune de ces sections inspire à votre serviteur. Chaque lecteur est invité à critiquer ces remarques et à y ajouter les siennes, éventuellement à rédiger pour son propre compte lun ou lautre de ses chapitres. Peut-être retirera-t-il de cet exercice un bénéfice comparable à celui dune HYPERLINK "http://www.psychanalyste-paris.com/L-Auto-analyse-de-Freud.html" auto-analyse. Puisse-t-il à cette occasion se laisser guider par les lumières de la sagesse et par la sagesse des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Lumi%C3%A8res_(philosophie)" Lumières. Cest du moins la grâce que je lui souhaite. Voici donc tout dabord le texte de Diderot dans son intégralité :
2. ENTRETIEN DUN PHILOSOPHE AVEC LA MARECHALE DE ***
PRIVATE TC \l 1 ""PRIVATE TC \l 1 "2. ENTRETIEN DUN PHILOSOPHE AVEC LA MARECHALE DE ***"
J'avais je ne sais quelle affaire à traiter avec le maréchal de *** ; j'allais à son hôtel un matin ; il était absent ; je me fis annoncer à madame la maréchale. C'est une femme charmante ; elle est belle et dévote comme un ange ; elle a la douceur peinte sur son visage ; et puis un son de voix et une naïveté de discours tout à fait avenants à sa physionomie. Elle était à sa toilette. On m'approche un fauteuil ; je m'assieds, et nous causons. Sur quelques propos de ma part, qui l'édifièrent et qui la surprirent (car elle était dans l'opinion que celui qui nie la très sainte Trinité est un homme de sac et de corde, qui finira par être pendu), elle me dit :
La Maréchale. - N'êtes-vous pas monsieur Crudeli ?
Crudeli. - Oui, madame.
La Maréchale. - C'est donc vous qui ne croyez à rien ?
Crudeli. - Moi-même.
La Maréchale. - Cependant votre morale est celle d'un croyant.
Crudeli. - Pourquoi non, quand il est honnête homme.
La Maréchale. - Et cette morale, vous la pratiquez ?
Crudeli. - De mon mieux.
La Maréchale. - Quoi ! Vous ne volez point, vous ne tuez point, vous ne pillez point ?
Crudeli. - Très rarement.
La Maréchale. - Que gagnez-vous à ne pas croire ?
Crudeli. - Rien du tout, madame la maréchale. Est-ce qu'on croit parce qu'il y a quelque chose à gagner ?
La Maréchale. - Je ne sais ; mais la raison d'intérêt ne gâte rien aux affaires de ce monde ni de l'autre.
Crudeli. - J'en suis un peu fâché pour notre pauvre espèce humaine. Nous n'en valons pas mieux.
La Maréchale. - Quoi ! vous ne volez point ?
Crudeli. - Non, d'honneur.
La Maréchale. - Si vous n'êtes ni voleur ni assassin, convenez du moins que vous n'êtes pas conséquent.
Crudeli. - Pourquoi donc ?
La Maréchale. - C'est qu'il me semble que si je n'avais rien à espérer ni à craindre quand je n'y serais plus, il y a bien des petites douceurs dont je ne me sèvrerais pas, à présent que j'y suis. J'avoue que je prête à Dieu à la petite semaine.
Crudeli. - Vous l'imaginez ?
La Maréchale. - Ce n'est point une imagination, c'est un fait.
Crudeli. - Et pourrait-on vous demander quelles sont ces choses que vous vous permettriez si vous étiez incrédule ?
La Maréchale. - Non pas, s'il vous plaît ; c'est un article de ma confession.
Crudeli. - Pour moi, je mets à fonds perdu.
La Maréchale. - C'est la ressource des gueux.
Crudeli. - M'aimeriez-vous mieux usurier ?
La Maréchale. - Mais oui : on peut faire de l'usure avec Dieu tant qu'on veut ; on ne le ruine pas. Je sais bien que cela n'est pas délicat, mais qu'importe ? Comme le point est d'attraper le ciel, ou d'adresse ou de force, il faut tout porter en ligne de compte, ne négliger aucun profit. Hélas ! Nous aurons beau faire, notre mise sera toujours bien mesquine en comparaison de la rentrée que nous attendons. Et vous n'attendez rien, vous ?
Crudeli. - Rien.
La Maréchale. - Cela est triste. Convenez donc que vous êtes méchant ou bien fou !
Crudeli. - En vérité, je ne saurais, madame la maréchale.
La Maréchale. - Quel motif peut avoir un incrédule d'être bon, s'il n'est pas fou ? Je voudrais bien le savoir.
Crudeli. - Et je vais vous le dire.
La Maréchale. - Vous m'obligerez.
Crudeli. - Ne pensez-vous pas qu'on peut être si heureusement né qu'on trouve un grand plaisir à faire le bien ?
La Maréchale. - Je le pense.
Crudeli. - Qu'on peut avoir reçu une excellente éducation qui fortifie le penchant naturel à la bienfaisance ?
La Maréchale. - Assurément.
Crudeli. - Et que, dans un âge plus avancé, l'expérience nous ait convaincu qu'à tout prendre il vaut mieux, pour son bonheur dans ce monde, être un honnête homme qu'un coquin ?
La Maréchale. - Oui-da ; mais comment est-on un honnête homme, lorsque de mauvais principes se joignent aux passions pour entraîner au mal ?
Crudeli. - On est inconséquent ; et y a-t-il rien de plus commun que d'être inconséquent ?
La Maréchale. - Hélas ! Malheureusement non ; on croit, et tous les jours, on se conduit comme si l'on ne croyait pas.
Crudeli. - Et sans croire, on se conduit à peu près comme si l'on croyait.
La Maréchale. - A la bonne heure ; mais quel inconvénient y aurait-il à avoir une raison de plus, la religion, pour faire le bien, et une raison de moins, l'incrédulité, pour mal faire.
Crudeli. - Aucun, si la religion était un motif de faire le bien, et l'incrédulité un moyen de faire le mal.
La Maréchale. - Est-ce qu'il y a quelque doute là-dessus ? Est-ce que l'esprit de religion n'est pas de contrarier cette vilaine nature corrompue, et celui de l'incrédulité, de l'abandonner à sa malice, en l'affranchissant de la crainte ?
Crudeli. - Ceci, madame la maréchale, va nous jeter dans une longue discussion ;
La Maréchale. - Qu'est-ce que cela fait ? Le maréchal ne rentrera pas sitôt ; et il vaut mieux que nous parlions raison, que de médire de notre prochain.
Crudeli. - Il faudra que je reprenne les choses d'un peu plus haut.
La Maréchale. - De si haut que vous voudrez, pourvu que je vous entende.
Crudeli. - Si vous ne m'entendiez pas, ce serait bien ma faute.
La Maréchale. - Cela est poli ; mais il faut que vous sachiez que je n'ai jamais lu que mes Heures, et que je ne suis guère occupée qu'à pratiquer l'Évangile et à faire des enfants.
Crudeli. - Ce sont deux devoirs dont vous vous êtes bien acquittée.
La Maréchale. - Oui, pour les enfants. J'en ai six tout venus et un septième qui frappe à la porte ; mais commencez.
Crudeli. - Madame la maréchale, y a-t-il quelque bien, dans ce monde-ci, qui soit sans inconvénient ?
La Maréchale. - Aucun.
Crudeli. - Et quelque mal qui soit sans avantage ?
La Maréchale. - Aucun.
Crudeli. - Qu'appelez-vous donc mal ou bien ?
La Maréchale. - Le mal, ce sera ce qui a le plus d'inconvénients que d'avantages ; et le bien, au contraire, ce qui a plus d'avantages que d'inconvénients.
Crudeli. - Madame la maréchale aura-t-elle la bonté de se souvenir de sa définition du bien et du mal ?
La Maréchale. - Je m'en souviendrai. Appelez-vous cela une définition ?
Crudeli. - Oui.
La Maréchale. - C'est donc de la philosophie ?
Crudeli. - Excellente.
La Maréchale. - Et j'ai fait de la philosophie !
Crudeli. - Ainsi, vous êtes persuadée que la religion a plus d'avantages que d'inconvénients ; et c'est pour cela que vous l'appelez un bien ?
La Maréchale. - Oui.
Crudeli. - Pour moi, je ne doute point que votre intendant ne vous vole un peu moins la veille de Pâques que le lendemain des fêtes, et que de temps en temps la religion n'empêche nombre de petits maux et ne produise nombre de petits biens.
La Maréchale. - Petit à petit, cela fait somme.
Crudeli. - Mais croyez-vous que les terribles ravages qu'elle a causés dans les temps passés, et qu'elle causera dans les temps à venir, soient suffisamment compensés par ces guenilleux avantages-là ? Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue la plus violente antipathie entre les nations. Il n'y a pas un musulman qui n'imaginât faire une action agréable à Dieu et au saint Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté, ne sont guère plus tolérants. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue, dans la même contrée, des divisions qui se sont rarement éteintes sans effusion de sang. Notre histoire ne nous en offre que de trop récents et de trop funestes exemples. Songez qu'elle a créé et qu'elle perpétue, dans la société entre les citoyens, et dans la famille entre les proches, les haines les plus fortes et les plus constantes. Le Christ a dit qu'il était venu pour séparer l'époux de la femme, la mère de ses enfants, le frère de la sur, l'ami de l'ami ; et sa prédiction ne s'est que trop fidèlement accomplie.
La Maréchale. - Voilà bien les abus ; mais ce n'est pas la chose.
Crudeli. - C'est la chose, si les abus en sont inséparables.
La Maréchale. - Et comment me montrerez-vous que les abus de la religion sont inséparables de la religion ?
Crudeli. - Très aisément ; dites-moi, si un misanthrope s'était proposé de faire le malheur du genre humain, qu'aurait-il pu inventer de mieux que la croyance en un être incompréhensible sur lequel les hommes n'auraient jamais pu s'entendre, et auquel ils auraient attaché plus d'importance qu'à leur vie ? Or, est-il possible de séparer de la notion d'une divinité l'incompréhensibilité la plus profonde et l'importance la plus grande ?
La Maréchale. - Non.
Crudeli. - Concluez donc.
La Maréchale. - Je conclus que c'est une idée qui n'est pas sans conséquence dans la tête des fous.
Crudeli. - Et ajoutez que les fous ont toujours été et seront toujours le plus grand nombre ; et que les plus dangereux sont ceux que la religion fait, et dont les perturbateurs de la société savent tirer bon parti dans l'occasion.
La Maréchale. - Mais il faut quelque chose qui effraie les hommes sur les mauvaises actions qui échappent à la sévérité des lois ; et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ?
Crudeli. - Quand je n'aurais rien à mettre à la place, ce serait toujours un terrible préjugé de moins ; sans compter que, dans aucun siècle et chez aucune nation, les opinions religieuses n'ont servi de base aux murs nationales. Les dieux qu'adoraient ces vieux Grecs et ces vieux Romains, les plus honnêtes gens de la terre, étaient la canaille la plus dissolue : un Jupiter, à brûler tout vif ; une Vénus, à enfermer à l'Hôpital ; un Mercure, à mettre à Bicêtre.
La Maréchale. - Et vous pensez qu'il est tout à fait indifférent que nous soyons chrétiens ou païens ; que païens nous n'en vaudrions pas moins ; et que chrétiens nous n'en valons pas mieux.
Crudeli. - Ma foi, j'en suis convaincu, à cela près que nous serions un peu plus gais.
La Maréchale. - Cela ne se peut.
Crudeli. - Mais, madame la maréchale, est-ce qu'il y a des chrétiens ? Je n'en ai jamais vu.
La Maréchale. - Et c'est à moi que vous dites cela, à moi ?
Crudeli. - Non, madame, ce n'est pas à vous ; c'est à une de mes voisines qui est honnête et pieuse comme vous l'êtes, et qui se croyait chrétienne de la meilleure foi du monde, comme vous le croyez.
La Maréchale. - Et vous lui fîtes voir qu'elle avait tort ?
Crudeli. - En un instant.
La Maréchale. - Comment vous y prîtes-vous ?
Crudeli. - J'ouvris un Nouveau Testament, dont elle s'était beaucoup servie, car il était fort usé. Je lui lus le sermon sur la montagne, et à chaque article je lui demandai : Faites-vous cela ? et cela donc ? et cela encore ? J'allai plus loin. Elle est belle, et quoiqu'elle soit très sage et très dévote, elle ne l'ignore pas ; elle a la peau très blanche, et quoiqu'elle n'attache pas un grand prix à ce frêle avantage, elle n'est pas fâchée qu'on en fasse l'éloge ; elle a la gorge aussi bien qu'il est possible de l'avoir, et, quoiqu'elle soit très modeste, elle trouve bon qu'on s'en aperçoive.
La Maréchale. - Pourvu qu'il n'y ait qu'elle et son mari qui le sachent.
Crudeli. - Je crois que son mari le sait mieux qu'un autre ; mais pour une femme qui se pique de grand christianisme, cela ne suffit pas. Je lui dis : N'est-il pas écrit dans l'Évangile que celui qui a convoité la femme de son prochain a commis l'adultère dans son cur ?
La Maréchale. - Elle vous répondit qu'oui ?
Crudeli. - Je lui dis : Et l'adultère commis dans le cur ne damne-t-il pas aussi sûrement que l'adultère le mieux conditionné ?
La Maréchale. - Elle vous répondit qu'oui ?
Crudeli. - Je lui dis : Et si l'homme est damné pour l'adultère qu'il a commis dans son cur, quel sera le sort de la femme qui invite tous ceux qui l'approchent à commettre ce crime ? Cette dernière question l'embarrassa.
La Maréchale. - Je comprends ; c'est qu'elle ne voilait pas fort exactement cette gorge, qu'elle avait aussi bien qu'il est possible de l'avoir.
Crudeli. - Il est vrai. Elle me répondit que c'était une chose d'usage ; comme si rien n'était plus d'usage que de s'appeler chrétien et de ne l'être pas ; qu'il ne fallait pas se vêtir ridiculement, comme s'il y avait quelque comparaison à faire entre un misérable petit ridicule, sa damnation éternelle et celle de son prochain ; qu'elle se laissait habiller par sa couturière, comme s'il ne valait pas mieux changer de couturière que renoncer à sa religion ; que c'était la fantaisie de son mari, comme si un époux était assez insensé pour exiger de sa femme l'oubli de la décence et de ses devoirs, et qu'une véritable chrétienne dût pousser l'obéissance pour un époux extravagant, jusqu'au sacrifice de la volonté de son Dieu et au mépris des menaces de son rédempteur.
La Maréchale. - Je savais d'avance toutes ces puérilités-là ; je vous les aurais peut-être dites comme votre voisine ; mais elle et moi aurions été toutes deux de mauvaise foi. Mais quel parti prit-elle d'après votre remontrance ?
Crudeli. - Le lendemain de cette conversation (c'était un jour de fête), je remontais chez moi, et ma dévote et belle voisine descendait de chez elle pour aller à la messe.
La Maréchale. - Vêtue comme de coutume ?
Crudeli. - Vêtue comme de coutume. Je souris, elle sourit ; et nous passâmes l'un à côté de l'autre sans nous parler. Madame la maréchale, une honnête femme ! une chrétienne ! une dévote ! Après cet exemple, et cent mille autres de la même espèce, quelle influence réelle puis-je accorder à la religion sur les murs ? Presque aucune, et tant mieux.
La Maréchale. - Comment, tant mieux ?
Crudeli. - Oui, madame : s'il prenait fantaisie à vingt mille habitants de Paris de conformer strictement leur conduite au sermon sur la montagne...
La Maréchale. - Eh bien ! il y aurait quelques belles gorges plus couvertes.
Crudeli. - Et tant de fous que le lieutenant de police ne saurait qu'en faire ; car nos petites-maisons n'y suffiraient pas. Il y a dans les livres inspirés deux morales : l'une générale et commune à toutes les nations, à tous les cultes, et qu'on suit à peu près ; une autre, propre à chaque nation et à chaque culte, à laquelle on croit, qu'on prêche dans les temples, qu'on préconise dans les maisons, et qu'on ne suit point du tout.
La Maréchale. - Et d'où vient cette bizarrerie ?
Crudeli. - De ce qu'il est impossible d'assujettir un peuple à une règle qui ne convient qu'à quelques hommes mélancoliques, qui l'ont calquée sur leur caractère. Il en est des religions comme des constitutions monastiques, qui toutes se relâchent avec le temps. Ce sont des folies qui ne peuvent tenir contre l'impulsion constante de la nature, qui nous ramène sous sa loi ; Et faites que le bien des particuliers soit si étroitement lié avec le bien général, qu'un citoyen ne puisse presque pas nuire à la société sans se nuire à lui-même ; assurez à la vertu sa récompense, comme vous avez assuré à la méchanceté son châtiment ; que sans aucune distinction de culte, dans quelque condition que le mérite se trouve, il conduise aux grandes places de l'État ; et ne comptez plus sur d'autres méchants que sur un petit nombre d'hommes, qu'une nature perverse que rien ne peut corriger entraîne au vice. Madame la maréchale, la tentation est trop proche ; et l'enfer est trop loin ; n'attendez rien qui vaille la peine qu'un sage législateur s'en occupe, d'un système d'opinions bizarres qui n'en impose qu'aux enfants ; qui encourage au crime par la commodité des expiations ; qui envoie le coupable demander pardon à Dieu de l'injure faite à l'homme, et qui avilit l'ordre des devoirs naturels et moraux, en le subordonnant à un ordre de devoirs chimériques.
La Maréchale. - Je ne vous comprends pas.
Crudeli. - Je m'explique ; mais il me semble que voilà le carrosse de M. le maréchal, qui rentre fort à propos pour m'empêcher de dire des sottises.
La Maréchale. - Dites, dites votre sottise, je ne l'entendrai pas ; je suis accoutumée à n'entendre que ce qui me plaît.
Je m'approchai de son oreille et je lui dis tout bas :
Crudeli. - Madame la maréchale, demandez au vicaire de votre paroisse, de ces deux crimes, pisser dans un vase sacré, ou noircir la réputation d'une femme honnête, quel est le plus atroce ? Il frémira d'horreur au premier, criera au sacrilège ; et la loi civile, qui prend à peine connaissance de la calomnie, tandis qu'elle punit le sacrilège par le feu, achèvera de brouiller les idées et de corrompre les esprits.
La Maréchale. - Je connais plus d'une femme qui se ferait un scrupule de manger gras le vendredi, et qui... j'allais dire aussi ma sottise. Continuez.
Crudeli. - Mais, madame, il faut absolument que je parle à M. le maréchal.
La Maréchale. - Encore un moment, et puis nous l'irons voir ensemble. Je ne sais trop que vous répondre, et cependant vous ne me persuadez pas.
Crudeli. - Je ne me suis pas proposé de vous persuader. Il en est de la religion comme du mariage. Le mariage, qui fait le malheur de tant d'autres, a fait votre bonheur et celui de M. le maréchal ; vous avez bien fait de vous marier tous les deux. La religion, qui a fait, qui fait et qui fera tant de méchants, vous a rendue meilleure encore ; vous faites bien de la garder. Il vous est doux d'imaginer à côté de vous, au-dessus de votre tête, un être grand et puissant, qui vous voit marcher sur la terre, et cette idée affermit vos pas. Continuez, madame, à jouir de ce garant auguste de vos pensées, de ce spectateur, de ce modèle sublime de vos actions.
La Maréchale. - Vous n'avez pas, à ce que je vois, la manie du prosélytisme.
Crudeli. - Aucunement.
La Maréchale. - Je vous en estime davantage.
Crudeli. - Je permets à chacun de penser à sa manière, pourvu qu'on me laisse penser à la mienne ; et puis, ceux qui sont faits pour se délivrer de ces préjugés n'ont guère besoin qu'on les catéchise.
La Maréchale. - Croyez-vous que l'homme puisse se passer de superstition ?
Crudeli. - Non, tant qu'il restera ignorant et peureux.
La Maréchale. - Eh bien ! superstition pour superstition, autant la nôtre qu'une autre.
Crudeli. - Je ne le pense pas.
La Maréchale. - Parlez-moi vrai, ne vous répugne-t-il point de n'être plus rien après votre mort ?
Crudeli. - J'aimerais mieux exister, bien que je ne sache pas pourquoi un être, qui a pu me rendre malheureux sans raison, ne s'en amuserait pas deux fois.
La Maréchale. - Si, malgré cet inconvénient, l'espoir d'une vie à venir vous paraît consolant et doux, pourquoi vous l'arracher ?
Crudeli. - Je n'ai pas cet espoir, parce que le désir ne m'en a point dérobé la vanité ; mais je ne l'ôte à personne. Si l'on peut croire qu'on verra, quand on n'aura plus d'yeux ; qu'on entendra, quand on n'aura plus d'oreilles ; qu'on pensera, quand on n'aura plus de tête ; qu'on sentira, quand on n'aura plus de sens ; qu'on aimera, quand on n'aura plus de cur ; qu'on existera, quand on sera nulle part ; qu'on sera quelque chose, sans étendue et sans lieu, j'y consens.
La Maréchale. - Mais ce monde-ci, qui l'a fait ?
Crudeli. - Je vous le demande.
La Maréchale. - C'est Dieu.
Crudeli. - Et qu'est-ce que Dieu ?
La Maréchale. - Un esprit.
Crudeli. - Si un esprit fait de la matière, pourquoi de la matière ne ferait-elle pas un esprit ?
La Maréchale. - Et pourquoi le ferait-elle ?
Crudeli. - C'est que je lui en vois faire tous les jours. Croyez-vous que les bêtes aient des âmes ?
La Maréchale. - Certainement, je le crois.
Crudeli. - Et pourriez-vous me dire ce que devient, par exemple, l'âme du serpent du Pérou, pendant qu'il se dessèche, suspendu à une cheminée, et exposé à la fumée un ou deux ans de suite ?
La Maréchale. - Qu'elle devienne ce qu'elle voudra, qu'est-ce que cela me fait ?
Crudeli. - C'est que madame la maréchale ne sait pas que ce serpent enfumé, desséché, ressuscite et renaît.
La Maréchale. - Je n'en crois rien.
Crudeli. - C'est pourtant un habile homme, c'est Bouguer qui l'assure.
La Maréchale. - Votre habile homme en a menti.
Crudeli. - S'il avait dit vrai ?
La Maréchale. - J'en serais quitte pour croire que les animaux sont des machines.
Crudeli. - Et l'homme qui n'est qu'un animal un peu plus parfait qu'un autre... Mais, M. le maréchal...
La Maréchale. - Encore une question, et c'est la dernière. Etes-vous bien tranquille dans votre incrédulité ?
Crudeli. - On ne saurait davantage.
La Maréchale. - Pourtant, si vous vous trompiez ?
Crudeli. - Quand je me tromperais ?
La Maréchale. - Tout ce que vous croyez faux serait vrai, et vous seriez damné. Monsieur Crudeli, c'est une terrible chose que d'être damné ; brûler toute une éternité, c'est bien long.
Crudeli. - La Fontaine croyait que nous y serions comme le poisson dans l'eau.
La Maréchale. - Oui, oui ; mais votre La Fontaine devint bien sérieux au dernier moment ; et c'est là que je vous attends.
Crudeli. - Je ne réponds de rien, quand ma tête n'y sera plus ; mais si je finis par une de ces maladies qui laissent à l'homme agonisant toute sa raison, je ne serai pas plus troublé au moment où vous m'attendez qu'au moment où vous me voyez.
La Maréchale. - Cette intrépidité me confond.
Crudeli. - J'en trouve bien davantage au moribond qui croit en un juge sévère qui pèse jusqu'à nos plus secrètes pensées, et dans la balance duquel l'homme le plus juste se perdrait par sa vanité, s'il ne tremblait de se trouver trop léger ; si ce moribond avait alors à son choix, ou d'être anéanti, ou de se présenter à ce tribunal, son intrépidité me confondrait bien autrement, s'il balançait à prendre le premier parti, à moins qu'il ne fût plus insensé que le compagnon de saint Bruno ou plus ivre de son mérite que Bohola.
La Maréchale. - J'ai lu l'histoire de l'associé de saint Bruno ; mais je n'ai jamais entendu parler de votre Bohola.
Crudeli. - C'est un jésuite du collège de Pinsk, en Lithuanie, qui laissa en mourant une cassette pleine d'argent, avec un billet écrit et signé de sa main.
La Maréchale. - Et ce billet ?
Crudeli. - Était conçu en ces termes : Je prie mon cher confrère, dépositaire de cette cassette, de l'ouvrir quand j'aurai fait des miracles. L'argent qu'elle contient servira aux frais du procès de ma béatification. J'y ai ajouté quelques mémoires authentiques pour la confirmation de mes vertus, et qui pourront servir utilement à ceux qui entreprendront d'écrire ma vie.
La Maréchale. - Cela est à mourir de rire.
Crudeli. - Pour moi, madame la maréchale ; mais pour vous, votre Dieu n'entend pas raillerie.
La Maréchale. - Vous avez raison.
Crudeli. - Madame la maréchale, il est bien facile de pécher grièvement contre votre loi.
La Maréchale. - J'en conviens.
Crudeli. - La justice qui décidera de votre sort est bien rigoureuse.
La Maréchale. - Il est vrai.
Crudeli. - Et si vous en croyez les oracles de votre religion sur le nombre des élus, il est bien petit.
La Maréchale. - Oh ! Cest que je ne suis pas janséniste ; je ne vois la médaille que par son revers consolant ; le sang de Jésus-Christ couvre un grand espace à mes yeux ; et il me semblerait très singulier que le diable, qui n'a pas livré son fils à la mort, eût pourtant la meilleure part.
Crudeli. - Damnez-vous Socrate, Phocion, Aristide, Caton, Trajan, Marc-Aurèle ?
La Maréchale. - Fi donc ! Il n'y a que les bêtes féroces qui puissent le penser. Saint Paul a dit que chacun sera jugé par la loi qu'il a connue ; et saint Paul a raison.
Crudeli. - Et par quelle loi l'incrédule sera-t-il jugé ?
La Maréchale. - Votre cas est un peu différent. Vous êtes un de ces habitants maudits de Corozaïn et de Betzaïda, qui fermèrent leurs yeux à la lumière qui les éclairait, et qui étoupèrent leurs oreilles pour ne pas entendre la voix de la vérité qui leur parlait.
Crudeli. - Madame la maréchale,, ces Corozaïnois et ces Betzaïdains furent des hommes comme il n'y en eut jamais que là, s'ils furent maîtres de croire ou de ne pas croire.
La Maréchale. - Ils virent des prodiges qui auraient mis l'enchère aux sacs et à la cendre, s'ils avaient été faits à Tyr et à Sidon.
Crudeli. - C'est que les habitants de Tyr et de Sidon étaient des gens d'esprit, et que ceux de Corozaïn et de Betzaïda n'étaient que des sots. Mais, est-ce que celui qui fit les sots les punira pour avoir été sots ? Je vous ai fait tout à l'heure une histoire, et il me prend envie de vous faire un conte. Un jeune Mexicain... Mais, M. le maréchal ?
La Maréchale. - Je vais envoyer savoir s'il est visible. Eh bien ! Votre jeune Mexicain ?
Crudeli. - Las de son travail, se promenait un jour au bord de la mer. Il voit une planche qui trempait d'un bout dans les eaux, et qui de l'autre posait sur le rivage. Il s'assied sur cette planche, et là, prolongeant ses regards sur la vaste étendue qui se déployait devant lui, il se disait : rien n'est plus vrai que ma grand'mère radote avec son histoire de je ne sais quels habitants qui, dans je ne sais quel temps, abordèrent ici de je ne sais où, d'une contrée au-delà de nos mers. Il n'y a pas le sens commun : ne vois-je pas la mer confiner avec le ciel ? Et puis-je croire, contre le témoignage de mes sens, une vieille fable dont on ignore la date, que chacun arrange à sa manière, et qui n'est qu'un tissu de circonstances absurdes, sur lesquelles ils se mangent le cur et s'arrachent le blanc des yeux ? Tandis qu'il raisonnait ainsi, les eaux agitées le berçaient sur sa planche, et il s'endormit. Pendant qu'il dort, le vent s'accroît, le flot soulève la planche sur laquelle il est étendu, et voilà notre jeune raisonneur embarqué.
La Maréchale. - Hélas ! Cest bien là notre image : nous sommes chacun sur notre planche ; le vent souffle, et le flot nous emporte.
Crudeli. - Il était déjà loin du continent lorsqu'il s'éveilla. Qui fut bien surpris de se trouver en pleine mer ? Ce fut notre Mexicain. Qui le fut encore bien davantage ? Ce fut encore lui, lorsqu'ayant perdu de vue le rivage sur lequel il se promenait il n'y a pas un instant, la mer lui parut confiner avec le ciel de tous côtés. Alors il soupçonna qu'il pouvait bien s'être trompé ; et que, si le vent restait au même point, peut-être serait-il porté sur la rive, et parmi ces habitants dont sa grand'mère l'avait si souvent entretenu.
La Maréchale. - Et de son souci, vous ne m'en dites mot.
Crudeli. - Il n'en eut point. Il se dit : Qu'est-ce que cela me fait, pourvu que j'aborde ? J'ai raisonné comme un étourdi, soit ; mais j'ai été sincère avec moi-même ; et c'est tout ce qu'on peut exiger de moi. Si ce n'est pas une vertu que d'avoir de l'esprit, ce n'est pas un crime que d'en manquer. Cependant le vent continuait, l'homme et la planche voguaient, et la rive inconnue commençait à paraître : il y touche, et l'y voilà.
La Maréchale. - Nous nous y reverrons un jour, monsieur Crudeli.
Crudeli. - Je le souhaite, madame la maréchale ; en quelque endroit que ce soit, je serai toujours très flatté de vous faire ma cour. A peine eut-il quitté sa planche, et mis le pied sur le sable, qu'il aperçut un vieillard vénérable, debout à ses côtés. Il lui demanda où il était, et à qui il avait l'honneur de parler. Je suis le souverain de la contrée, lui répondit le vieillard. A l'instant le jeune homme se prosterne. Relevez-vous, lui dit le vieillard. Vous avez nié mon existence ? Il est vrai. Et celle de mon empire ? Il est vrai. Je vous pardonne, parce que je suis celui qui voit au fond des curs, et que j'ai lu au fond du vôtre que vous étiez de bonne foi ; mais le reste de vos pensées et de vos actions n'est pas également innocent. Alors le vieillard, qui le tenait par l'oreille, lui rappelait toutes les erreurs de sa vie ; et, à chaque article, le jeune Mexicain s'inclinait, se frappait la poitrine, et demandait pardon... Là, madame la maréchale, mettez-vous pour un moment à la place du vieillard, et dites-moi ce que vous auriez fait ? Auriez-vous pris ce jeune insensé par les cheveux ; et vous seriez-vous complu à le traîner à toute éternité sur le rivage ?
La Maréchale. - En vérité, non.
Crudeli. - Si un de ces six jolis enfants que vous avez, après s'être échappé de la maison paternelle et avoir fait force sottises, y revenait bien repentant ?
La Maréchale. - Moi, je courrais à sa rencontre ; je le serrerais entre mes bras, et je l'arroserais de mes larmes ; mais M. le maréchal son père ne prendrait pas la chose si doucement.
Crudeli. - M. le maréchal n'est pas un tigre.
La Maréchale. - Il s'en faut bien.
Crudeli. - Il se ferait peut-être un peu tirailler, mais il pardonnerait.
La Maréchale. - Certainement.
Crudeli. - Surtout s'il venait à considérer qu'avant de donner la naissance à cet enfant, il en savait toute la vie, et que le châtiment de ses fautes serait sans aucune utilité ni pour lui-même, ni pour le coupable, ni pour ses frères.
La Maréchale. - Le vieillard et M. le maréchal sont deux.
Crudeli. - Voulez-vous dire que M. le maréchal est meilleur que le vieillard ?
La Maréchale. - Dieu m'en garde ! Je veux dire que, si ma justice n'est pas celle de M. le maréchal, la justice de M. le maréchal pourrait bien n'être pas celle du vieillard.
Crudeli. - Ah ! Madame ! Vous ne sentez pas les suites de cette réponse. Ou la définition générale convient également à vous, à M. le maréchal, à moi, au jeune Mexicain et au vieillard ; ou je ne sais plus ce que c'est, et j'ignore comment on plaît ou l'on déplaît à ce dernier.
Nous en étions là lorsqu'on nous avertit que M. le maréchal nous attendait. Je donnai la main à Mme la maréchale, qui me disait : C'est à faire tourner la tête, n'est-ce pas ?
Crudeli. Pourquoi donc quand on la bonne ?
La Maréchale. - Après tout, le plus court est de se conduire comme si le vieillard existait...
Crudeli. - Même quand on n'y croit pas.
La Maréchale. - Et quand on y croit, de ne pas compter sur sa bonté.
Crudeli. Si ce nest pas le plus poli, c'est du moins le plus sûr...
La Maréchale. - A propos, si vous aviez à rendre compte de vos principes à nos magistrats, les avoueriez-vous ?
Crudeli. - Je ferais de mon mieux pour leur épargner une action atroce.
La Maréchale. - Ah ! Le lâche ! Et si vous touchiez à votre dernière heure, vous soumettriez-vous aux cérémonies de l'Église ?
Crudeli. - Je n'y manquerais pas.
La Maréchale. - Fi ! Le vilain hypocrite.
3. LA CONSCIENCE
« Juger, décider, agir, voilà la fonction de lâme ». Alain, Propos
« Un point vivant
Non, je me trompe. Rien dabord, puis un point vivant
A ce point vivant, il sen applique un autre, encore un autre ; et par ces applications successives il résulte un être un, car je suis bien un, je nen saurais douter
Mais comment cette unité sest-elle faite ? Tenez, philosophe, je vois bien un agrégat, un tissu de petits êtres sensibles, mais un animal !... un tout ! Un système un, lui, ayant la conscience de son unité ! Je ne le vois pas, non, je ne le vois pas
» Diderot, HYPERLINK "http://perso.orange.fr/destin/textes/d_alembert_2_reve.pdf" Rêve de dAlembert.
Une noixQu'y a-t-il à l'intérieur d'une noix?Qu'est-ce qu'on y voitQuand elle est ouverte ?
HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Trenet" Charles Trenet
« N'est-ce pas une chose extrêmement plaisante que de voir les philosophes les plus sérieux, si sévères et péremptoires qu'ils soient le reste du temps, en appeler sans cesse à des sentences de poètes pour assurer force et crédibilité à leur pensée ? » HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" Frédéric Nietzsche
Même sil adopte le ton de la comédie - HYPERLINK "http://www.membres.lycos.fr/moliere/" Molière et HYPERLINK "http://www.alalettre.com/marivaux-intro.htm" Marivaux ne sont pas loin le dialogue que vous venez de lire traite du sujet réputé le plus grave et le plus tragique qui soit puisquil sagit du sort de notre HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82me" âme après la mort. Quest-il possible de dire de plus au sujet de lâme que ce que les auteurs classiques nous en ont dit, à la lumière des progrès scientifiques récents ?
Première tentative dexplication
Revenant à lorigine du HYPERLINK "http://www.heraclitea.com/dualisme1.htm" concept dâme il faut remarquer quen français et dans dautres langues latines le mot animal et le mot animé, cest à dire doué de mouvement, sont issus de la même racine : anima : lâme. Dans la conception populaire, lanimal est donc doué dune âme, ce qui lui permet davoir un comportement autonome se traduisant en particulier par le fait quil est capable de se mouvoir, quil est animé. La loi reconnaît une âme aux animaux, au moins à certains dentre eux, puisquil est fort heureusement interdit de les HYPERLINK "http://www.league-animal-rights.org/duda.html" maltraiter. Dans la conception traditionnelle qui est celle de la plupart des philosophies classiques et celle de presque toutes les religions lâme, en particulier lâme humaine, et le corps sont de natures différentes. Lâme appartient à un monde spirituel, éternel et immuable, situé en dehors de lespace matériel dans lequel les corps évoluent. Les corps appartiennent eux, sans ambiguïté à lespace matériel, périssable et changeant. Dune manière générale les hommes de science rejettent cette conception HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Dualisme" dualiste qui impose une barrière infranchissable à leurs investigations. Ils ne comprennent pas comment deux domaines étrangers lun à lautre peuvent mutuellement sinfluencer. Malgré tous les moyens techniques dont ils disposent, ils ne trouvent pas trace de manière évidente, dans le cerveau ou ailleurs, dune antenne émettrice et réceptrice qui permettrait de faire communiquer ces deux espaces qui ne sintersectent pas et qui, pourtant, si lon inclut le contenu changeant de lâme, partagent le temps comme dimension commune. Consciente de cette difficulté, la doctrine chrétienne, pour rendre plausible la survie éternelle de lâme, parle dune résurrection de la chair . Le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme" bouddhisme qui est une philosophie proche de la sagesse antique associée à des rites et à une pratique spirituelle ne reconnaît pas de divinités mais parle de réincarnations successives de la même âme. Mon père qui navait évidemment aucune espèce daccointance avec le bouddhisme et qui était un être tout à fait rationnel disait se souvenir de vies passées. Je suppose quil sagissait dans son cas de souvenirs dexistences vécues en rêve. Le Dalaï-lama lui-même éprouve quelques difficultés pour justifier le dogme de la réincarnation. Ceux qui ont établi la religion bouddhiste ont sans doute estimé quil nétait pas possible de priver ceux quils cherchaient à convertir de tout espoir de vie future alors que les religions concurrentes offraient cet espoir. Les musulmans vivent dans lespoir de se reposer un jour dans les jardins dAllah ou les plus valeureux dentre eux se verront attribuer la jouissance de soixante dix vierges. Les traditions religieuses incapables de se rattacher ni à lexpérience quotidienne ni aux phénomènes que lon peut rencontrer dans le monde des sciences et des techniques, abandonnent à la pure spéculation le détail des processus quelles postulent. Quant à nos contemporains, ils ne semblent pas particulièrement frappés par lextrême étrangeté du phénomène de lâme qui ne se rattache pourtant à rien de connu. La conscience est le dernier bastion de la métaphysique. Sera-t-elle emportée comme le reste par les progrès de la physique ?
Plutôt que dâme les hommes de science préfèrent parler de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Conscience" conscience, monde intérieur propre à chacun vers lequel convergent les informations principales fournies par les sens et où paraissent seffectuer les choix stratégiques entre les diverses actions physiquement possibles. Ils peinent cependant à expliquer le rapport qui peut exister entre le monde extérieur sur lequel leurs différents sens leur transmettent des informations, sur lequel il leur est possible dagir par lintermédiaire de leur corps, et leur propre monde intérieur dont ils supposent assez raisonnablement quil est plus ou moins identique à celui des autres représentants de leur espèce. Sur la question du rapport entre le corps et lâme, les hommes de religion ne saventurent guère, mais font comme sils savaient. Les hommes de science confessent pour la plupart leurs incertitudes ou leur ignorance, dans lincapacité où ils se trouvent actuellement de transformer ce problème de métaphysique en problème de physique. Les plus osés avancent que la conscience « émerge » de la complexité mais se taisent sur le mécanisme correspondant. Des auteurs respectables traitent avec sérieux et minutie des conditions dapparition de la conscience mais sur ce quelle est au juste, ils restent muets. En vérité lâme dun trépassé peut-elle être autre chose que le souvenir que lon a gardé dune conscience défunte ? Lâme est, daprès la tradition spiritualiste, invariante et éternelle. La conscience est changeante et périssable comme nous le constatons et léprouvons. Les deux notions ne peuvent donc être équivalentes, même si elles ne sont pas sans rapports. Ces rapports nont pas beaucoup inspiré les philosophes, ni les théologiens, cest le moins quon puisse dire. Comprendre le fonctionnement du cerveau, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Automate_Programmable_Industriel" automate de chair autoprogrammé, est concevable en dépit de sa folle complexité tant dans ses structures que dans son fonctionnement. Mais qui va attribuer spontanément une conscience à un automate ? Comprendre le phénomène de la conscience comporte une difficulté conceptuelle que la science na pas encore surmontée. La tentation est alors grande de renvoyer dos à dos religieux et savants sur cette question fondamentale. Chacun est libre dés lors de choisir à sa guise lexplication qui lui paraît la plus plausible, la plus confortable, la plus rassurante ou bien encore de se reposer sur le mol oreiller du doute. Pour aller dans le sens de mon propos je vais, après avoir tenté de résumer létat actuel de la réflexion scientifique, proposer avec d HYPERLINK "http://www.wired.com/news/technology/0,1282,52674,00.html" autres une solution à cette difficulté réputée insurmontable, solution dont il me semble quelle est logique et cohérente, même si elle nest pas exempte dhypothèses et dextrapolations que certains trouveront certainement discutables.
La conscience a un aspect objectif, observable par tous avec les moyens usuels de la science et de la technologie, et un aspect subjectif et personnel auquel seule l HYPERLINK "http://www.philagora.net/medecine/corps-emotions5.htm" introspection donne accès. Les techniques modernes dimagerie médicale appliquées à lencéphale permettent détablir une corrélation entre laspect objectif (les circuits neuronaux dont lexcitation est révélée par les images) et laspect subjectif qui est rapporté verbalement par les sujets soumis à lexpérimentation. Des hommes de science comme HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Changeux" Jean-Pierre Changeux en France, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Crick" Francis Crick ou HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Christof_Koch" Christoff Koch aux Etats-Unis, donnent du phénomène objectif une description que je mautorise à résumer ainsi :
La fonction de la conscience est dassurer la survie de lindividu et de lespèce à laquelle il appartient en exerçant les meilleurs choix possibles, et en déclenchant leur mise en uvre. La sélection naturelle éliminerait en effet lindividu dépourvu de conscience, garante de lunité daction de lindividu, pour les mêmes raisons quune armée sans commandant en chef ne saurait remporter durablement de victoires. Cette image guerrière traduit la situation de lhomme ou de lanimal dans la nature, placés constamment en situation dagresseur ou dagressé. La sélection naturelle éliminerait également les espèces où les individus qui la composent seraient incapables de faire au profit de cette espèce les sacrifices nécessaires. Pourquoi avons-nous subjectivement conscience des états successifs de notre conscience objective ? Lorigine de cette particularité est mystérieuse au point quon a pu lattribuer à une péripétie non nécessaire de lévolution, à une facétie du Créateur ou à son désir de compagnie. Il est plausible que le comportement dun automate inconscient suffisamment perfectionné ne puisse être distingué de celui dun être conscient. Pour jouer aux échecs, pour calculer, pour effectuer des opérations logiques ou pour réaliser certaines tâches matérielles très précises et très rapides, cest déjà le cas. Doù le terme dépiphénomène, phénomène surajouté, presque superfétatoire, souvent associé à celui de conscience.
. Comme chacun peut lobserver pour son propre compte, les représentations mentales qui se succèdent dans la conscience peuvent correspondre aux données fournies par les différents sens, vue, ouie, odorat, goût, toucher, sensibilité interne, après un traitement de ces données qui en précise la signification. Une autre représentation correspond à nos souvenirs et à nos pensées, étape finale du traitement global des données effectué par notre cerveau. La faculté que nous avons de parcourir les divers registres de notre mémoire pourrait être assimilée à un sens particulier. Lorsquune table est visuellement perçue par lesprit conscient, sa forme et sa couleur sont en effet interprétées et associées au concept de table avant que lensemble de ces éléments naccède à la conscience. Le lien existant entre ces éléments hétérogènes est matérialisé par la synchronisation et le renforcement des oscillations électriques des différents groupements neuronaux qui représentent dans le cerveau chacun de ces éléments de façon explicite. Notons au passage que ce phénomène donne une base physique sérieuse à la distinction introduite par la psychanalyse entre les processus mentaux conscients et les processus mentaux inconscients. Le renforcement des oscillations obtenu par effet feed-back entre neurones (laugmentation progressive du niveau sonore dune discussion entre deux personnes de caractère difficile donne une image de leffet feed-back), et cette synchronisation prennent un certain temps pour sétablir, de lordre de la demi-seconde. Pour cette raison, toute action nécessitant que la conscience joue un rôle actif est nécessairement ralentie. Le cerveau réalise ainsi à chaque instant une véritable modélisation dune fraction du monde extérieur, ce monde extérieur incluant du reste le corps de lindividu qui est cette partie du monde extérieur quil traine toujours avec lui. Le processus est inchangé, que le pinceau lumineux de la conscience éclaire le monde intérieur des souvenirs ou quil éclaire le monde extérieur tant ces deux mondes sont étroitement associés dans les processus mentaux. Le même spectacle vous fait frémir dhorreur que vous en preniez conscience par vos sens ordinaires ou par ce sens si particulier qui explore votre mémoire. Cest de la même façon quun ordinateur programmé à cet effet modélise un processus physique quelconque lorsquil est relié à des capteurs mesurant les propriétés physiques pertinentes. Tous les habitants de la planète auraient un neurone dédié à Georges Bush et un autre dédié à Barak Obama qui silluminent chaque fois quil est question de ces présidents. Le langage humain associe des phonèmes à chacun de ces groupements neuronaux et permet les échanges verbaux dinformations entre individus. Utilisé dans le monologue intérieur, il permet de suivre à la trace sa propre pensée. Cependant toutes les pensées ne sont pas verbalisées. Il nest pas nécessaire de faire un discours pour porter à ses lèvres un verre de vin !
Le renforcement et la synchronisation des oscillations (dune fréquence denviron 40 cycles par seconde) des liaisons nerveuses entre le concept de table et les différents concepts auxquels il est rattaché sont provoqués, selon des mécanismes à élucider, par l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Attention" attention que lesprit porte à cet instant à cette fraction du monde extérieur que constitue la table. Des substances chimiques produites par lorganisme, ou introduites par diverses voies influencent tous ces processus, pour les exciter ou les modérer. Admirons au passage la prescience du langage populaire qui parle depuis toujours de bonne ou de mauvaise humeur. Conviendrait-il mieux de dire de bonne ou de mauvaise hormone ? On peut parler de chimie amoureuse au sens littéral puisquil est acquis que le sentiment amoureux est provoqué par la dispersion dans lorganisme de composés chimiques proches de certaines drogues. Leffet le plus habituel du sentiment amoureux est la naissance dun enfant. Au bout de trois ans environ la concentration de ces composés chimiques commence à diminuer, ce qui nest pas trop grave dans la mesure où la phase la plus critique de la vie de lenfant est terminée, où son besoin de soins et de protection est moindre. Comme on dit, la nature est bien faite ! Ce sentiment ou ces drogues ont dautres heureux effets. Cest ainsi que la présence de la Maréchale maintirent le niveau hormonal de Maître Denis à un niveau propre à exciter sa verve.
Dautres circuits nerveux situés dans linconscient, ceux de la mémoire en particulier, bénéficient de linformation prioritaire que contient la modélisation. Rien ne serait dans la mémoire explicite, celle dont peuvent être extraits des souvenirs conscients, qui nait été dans la conscience au moment où ces souvenirs ont été enregistrés. La perception de la réalité résulte de lintégration des sensations représentant le monde extérieur avec les souvenirs provenant des différentes mémoires. La conscience est un reflet de cette perception. La mémoire implicite ou mémoire procédurale est celle qui enregistre les automatismes inconscients. La mémoire explicite à long terme ou mémoire anecdotique est absente durant nos premières années puisque nous ne conservons aucun souvenir précis de cette période de notre vie. A lâge adulte les deux mémoires coexistent, mais tel mémorisera facilement des mécanismes qui sera amnésique pour les détails de sa propre vie et vice versa. On peut penser quun grand nombre de neurones ont été modifiés par les multiples allers et retours de leffet feed-back lié à la conscience, ce qui facilite par la suite lévocation du souvenir. Une légère brèche dans une digue en terre laisse passer un filet deau, mais lérosion agrandit la brèche et le filet deau devient torrent. Quand la crue est terminée, le lit du torrent en perpétue la mémoire et reste disponible un certain temps pour faciliter de nouveaux écoulements. A larrière plan, toutes les idées, souvenirs et sensations qui peuvent être associés à la table modélisée sont pour ainsi dire présélectionnés de façon à pouvoir être utilisés rapidement si nécessaire. Lorsque lesprit est invité à participer à une action sur réception dun signal, les circuits nerveux sont mis en alerte de façon à ce que laction soit la plus pertinente et la plus rapide possible. Figureraient également de manière permanente à cet arrière plan les données les plus importantes pour la survie de lindividu et celle de son espèce, celles qui proviennent de sa sensibilité interne. Cest là que naissent les sentiments primordiaux. Lhomme est heureux quand il est à laise avec ses propres viscères. Ce nest pas parce quil se sent malheureux que son cur est serré, sa gorge sèche, sa poitrine oppressée, ses mains tremblantes, son estomac noué et son ventre coliqueux ; cest parce quil perçoit ces signaux de détresse quil se sent malheureux. Ce nest pas parce quil est content que le chien remue la queue ; cest parce quil remue la queue que le chien est content. Par le fait ces différentes manifestations représentent différents aspects des mêmes processus neuronaux.
Tout concept est représenté par un neurone ou plutôt un groupe plus robuste de plusieurs neurones rendus solidaires par des liaisons internes à ce groupe. Le nombre de neurones constituant un concept est compris selon les estimations entre 10.000 et 1.000.000. Le cerveau crée un concept pour chaque nouvelle rencontre quil sagisse dun être, dune chose, dune sensation, dune action, dune abstraction, etc.
et lutilise dans son fonctionnement ultérieur. Dans le détail le processus pourrait être imaginé de la façon suivante. Un concept B nouvellement créé est doté dun certain nombre dattributs qui sont eux-mêmes des concepts préexistants. Soit A un de ces concepts préexistants. Les concepts A et B sont reliés entre eux par des chaînes neuronales établies lors de la création du concept B. Lexcitation simultanée des concepts A et B crée entre eux une liaison à double sens. Si en effet le concept A est par exemple un être humain que vous connaissez et que le concept B est le fait davoir les yeux bleus, vous retrouverez la personne A quand vous chercherez qui parmi vos connaissances a les yeux bleus. Lors de leur création due au fait que les deux concepts sont excités simultanément chacune de ces deux liaisons trouverait un chemin dans le tissu neuronal comme léclair qui soudain zèbre un ciel dété. Il en résulte la création dun effet feed-back assez puissant pour modifier les propriétés des synapses concernées par ces liaisons. Contrairement à un GPS qui évalue successivement toutes les routes possibles entre deux points pour choisir la meilleure, le cerveau lancerait la recherche sur toutes les routes simultanément et cest la première qui réussit la liaison qui serait sélectionnée. Ces liaisons peuvent être directes sil existe dans chacun des concepts un neurone au moins dont laxone soit en contact synaptique direct avec un neurone de lautre concept. Si ce nest pas le cas, il faut imaginer un ou plusieurs neurones relais. Une liaison directe est à priori plus rapide quune liaison comportant des relais. Pour que ces liaisons deviennent des liaisons préférentielles matérialisant un souvenir il faut que les modifications apportées aux synapses concernées persistent, que ces synapses aient été en quelque sorte sensibilisées. Intelligence et sensibilité vont souvent de pair. La création du nouveau concept, la sensation éprouvée par la conscience, le souvenir aussitôt créé ainsi que les voies pour y accéder sont donc des aspects distincts du même processus neuronal. A partir dun tissu neuronal non sncore structuré le processus qui vient dêtre décrit crée en uns seule opération tout le software nécessaire enrichissant le cerveau ordinateur préexistant et parfaitement intégré à celui-ci. Il sagit donc dun procédé à la fois très simple et très puissant. Cest pourquoi il aurait été retenu par la sélection naturelle. Lorsquil sagit de mettre en relation deux concepts préexistants, chacun des deux concepts excite ses propres axones jusquà ce quune rencontre se produise, avec ou sans neurones intermédiaires, créant une ou plusieurs liaisons qui se perpétuent par sensibilisation des synapses présents sur ces liaisons. La création de routes privilégiées dans le tissu neuronal engendre nos habitudes et nos préjugés. Les concepts résident dans une zone du cerveau appelée HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hippocampe_(cerveau)" hippocampe. Il existe une telle zone dans chaque hémisphère cérébral. Pour éviter que l »vocation dun concept ne sollicite tous les concepts auxquels il est lié par un souvenir et, de proche en proche, la totalité des concepts il faut imaginer quelque mécanisme bloquant ce phénomène qui serait une forme dépilepsie. Il arrive que la liaison entre deux concepts soit si forte quon ne peut évoquer lun sans évoquer lautre. Dans les autres cas il faut quun autre mécanisme intervienne qui est celui de lattention. Ce mécanisme nest pas pour le moment parfaitement élucidé. On pourrait donner du cerveau en action limage dun billard électrique où la pensée matérialisée par une multitude de billes rebondit sur une multitude de plots représentant chacun un concept. La conscience suit la partie à loreille, sensible au bruit particulier que font les billes qui rebondissent de manière répétée et extrêmement rapide entre deux plots. Ce bruit particulier a une fréquence. Cest léquivalent dune note de musique.
Parmi les attributs dun concept figure son nom, au moins dans lespèce humaine. Les règles de grammaire des différentes langues respectent les propriétés des liaisons nerveuses entre concepts. Cest ce qui permet la traduction dune langue dans une autre. Les liaisons entre concepts représentés par des neurones ou groupes de neurones constituent la véritable pensée universelle qui est commune à toutes les espèces supérieures. Le nombre de concepts présents dans la mémoire dun représentant de notre espèce est du même ordre de grandeur que le nombre de mots quil utilise. Le cerveau du nouveau-né est un tissu neuronal presque vierge qui sera façonné par lusage. Il comporte cependant déjà une structure et quelques liaisons qui seront à la base de ses différents instincts. Dans les premières années, lactivité du cerveau est entièrement consacrée à lacquisition de nouveaux concepts. Cette acquisition devient plus problématique dans un âge avancé, peut-être parce quil ny a plus assez de neurones disponibles pour créer des groupes robustes susceptibles de les représenter. Je me souviens encore du numéro dimmatriculation de la Peugeot paternelle datant de la fin des années trente mais jai beaucoup de mal à retenir celui de la voiture que jutilise tous les jours. Si la liaison entre un concept et son nom sefface à cause de lâge, de la maladie ou dune utilisation insuffisante, le concept peut persister mais il nest plus accessible. Vous cherchez un nom parce que le concept correspondant réside encore dans votre esprit mais vous nêtes plus capable de le retrouver. Les performances intellectuelles dun individu sont certainement grandement liées au nombre de concepts enregistrés dans sa mémoire, en même temps quà la richesse et la rapidité des liaisons neuronales permanentes établies entre ces concepts. Diderot, faisant preuve dune remarquable capacité dintrospection et dune intuition extraordinairement extraordinaire, écrivait déjà: « Je le pense; ce qui m´a fait quelquefois comparer les fibres de nos organes à des cordes vibrantes sensibles. La corde vibrante sensible oscille, résonne longtemps encore après qu´on l´a pincée. C´est cette oscillation, cette espèce de résonance nécessaire qui tient l´objet présent, tandis que l´entendement s´occupe de la qualité qui lui convient. Mais les cordes vibrantes ont encore une autre propriété, c´est d´en faire frémir d´autres; et c´est ainsi qu´une première idée en rappelle une seconde, ces deux-là une troisième, toutes les trois une quatrième, et ainsi de suite, sans qu´on puisse fixer la limite des idées réveillées, enchaînées, du philosophe qui médite ou qui s´écoute dans le silence et l´obscurité. Cet instrument a des sauts étonnants, et une idée réveillée va faire quelquefois frémir une harmonique qui en est à un intervalle incompréhensible. Si le phénomène s´observe entre des cordes sonores, inertes et séparées, comment n´aurait-il pas lieu entre des points vivants et liés, entre des fibres continues et sensibles ? » (Entretien entre dAlembert et Diderot).
Ces associations peuvent demeurer longtemps ignorées et se manifester de manière soudaine et inattendue comme latteste lexemple célèbre de la madeleine de Proust, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust" Proust dont les phrases interminables constituent une sorte de compensation à un souffle rendu court par un asthme lourd et chronique. Ce qui pour moi a joué le rôle de cette madeleine, cest un fromage fabriqué avec le lait de ses quelques vaches par une grand-tante chez qui lexode de 1940 nous avait fait nous réfugier. Jai retrouvé ce goût, aussi délectable que rustique, cinquante années plus tard me souvenant du même coup de lhumble ferme, de ses occupants et de leurs travaux. Croquez une châtaigne et vous convoquez du même coup la forêt, lautomne, la rentrée des classes, lodeur dun cartable neuf, et toute votre enfance. Les bouddhistes donnent comme image de lesprit celle dun singe qui sébat dans la forêt en sautant de branche en branche
Une bonne poésie enfile adroitement des mots simples et des locutions usuelles, car, représentés par des groupements neuronaux richement connectés, ceux-ci vont pouvoir activer une grande partie du cerveau. Il y a ainsi une poésie des lieux sublimes comme il y a une poésie des faubourgs misérables. Un « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8me" meme » exprime une liaison permanente entre quelques concepts. Cest la brique élémentaire de toute culture. Il se transmet dindividu à individu comme une maladie infectieuse. Cette notion de meme na de réel intérêt que sil est possible de montrer quun meme correspond à un groupement neuronal figurant dans un des registres de la mémoire et quil est lié à un certain nombre de groupes neuronaux similaires. Ces liaisons qui constituent en quelque sorte son adresse se renforceraient au fur et à mesure de leur utilisation. Le secret dun style fluide est peut-être celui de se laisser guider par ces liaisons. Si elles seffacent, le souvenir sefface avec elles. Ce quon appelle un « cliché » est la structure formée par quelques concepts bien choisis, premier cristal autour duquel la troupe nombreuse des autres concepts peut commencer à sorganiser. On peut citer comme exemples les dictons et proverbes, les mots desprits et les mots dauteur, les slogans et les « petites phrases ». Un cliché repose lesprit de lauditeur. Cest comme une bonne prise dans une ascension difficile. Des mots plus recherchés et des locutions rares peuvent être utilisés pour obtenir un effet de contraste, de la même manière que, dans les contes et les histoires saintes, des évènements prodigieux peuvent alterner avec les faits les plus prosaïques.
Si les circuits neuronaux dun individu se mettent à osciller de manière incontrôlée, cest que ce malheureux est en proie à une crise d HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pilepsie" épilepsie. Quand des chirurgiens, pour des raisons thérapeutiques, ont sectionné par le milieu le cerveau de patients épileptiques, ils ont constaté un dédoublement de la conscience des patients, seule celle correspondant au demi-cerveau dominant ( le gauche chez les droitiers) ayant droit à la parole, car cest dans cet hémisphère que se situe HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_de_Broca" laire du langage (beaucoup plus étendue chez la femme que chez lhomme
soit dit sans misogynie aucune). HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Descartes" Descartes situait lâme dans la « glande pinéale », car il ny en a quune seule située à la base du cerveau, comme il ny a généralement quune seule conscience, et non pas une dans la moitié gauche et une autre dans la moitié droite. Son intuition nétait apparemment pas la bonne, ou du moins nétait-elle pas suffisamment précise. Dr Jeckill et Mr Hide sont peut-être représentatifs dune lutte indécise des deux hémisphères pour le pouvoir. Chez un individu normal les deux consciences doivent se synchroniser et se confondre.
En plus des modélisations déduites des données fournies par les différents sens les représentations mentales peuvent correspondre à des modélisations élaborées à partir des données stockées en mémoire. Elles peuvent correspondre également, au moins dans notre espèce, à des fragments de discours, intérieur ou prononcé. Dans ce cas, la conscience à accès à la tonalité générale du discours, mais en aucune manière aux processus délaboration de ce discours. Comment pourrait-elle suivre pas à pas et en temps réel lépouvantable complexité dun processus qui consiste à aller chercher dans un vaste dictionnaire les mots qui conviennent à lidée, de les assembler suivant les règles de la grammaire et de la syntaxe, et de transformer le tout en mouvements coordonnés de la mâchoire, des lèvres, de la langue, des poumons, du larynx ? Et je ne parle pas de lélaboration de lidée elle-même, tâche dune difficulté qui dépasserait limagination si nous devions leffectuer avec des machines. Les difficultés que connaît le développement de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_artificielle" lintelligence artificielle montrent bien toute la complexité de ces processus. Si je vous pose une question et que vous y répondiez, pendant le temps qui peut être assez bref qui sécoule entre la fin de ma question et le début de votre réponse, des millions de neurones vont être activés dans votre cerveau sans que vous ayez la moindre perception de leur travail. Vous nêtes pas plus conscient du détail de ce qui se passe dans votre cerveau que du détail de ce qui se passe dans votre ordinateur. Comme les représentations mentales dorigine visuelle paraissent chez lhomme les plus omniprésentes, on peut donner le nom dimage à toutes les représentations mentales conscientes quelle que soit la catégorie à laquelle ces représentations appartiennent. Ces images sont fixes et se succèdent à une cadence élevée, voisine de la cadence des images du cinématographe. Les mouvements font lobjet dindications portées lorsquil y a lieu sur ces images fixes (un peu à la manière des bandes dessinées). Les zones de couleurs ou de luminosités différentes font lobjet dun traitement particulier qui identifie le dessin des lignes séparant ces différentes zones. Cest probablement pourquoi les dessins et les caricatures sont si évocateurs pour nous. Une figure trop parfaite telle quun cercle tracé au compas ne saurait être belle car elle prive lesprit du plaisir de reconnaître dans un tracé imparfait la figure parfaite qui lui est sous-jacente. Lennui naît lorsque les images se répètent trop souvent identiques à elles-mêmes. Ces images sont en HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Conception_assist%C3%A9e_par_ordinateur" 2D1/2 au moins puisque nous percevons la profondeur de champ. Elles ne semblent pas être en 3D puisque nous sommes obligés de faire un effort de réflexion pour faire tourner mentalement une figure géométrique dans lespace. Essayez simplement dimaginer la représentation neuronale dun concept aussi simple quun trièdre trirectangle et de ses déplacements dans lespace. La succession cadencée des images explique sans doute le rythme de la musique et la gamme discontinue des fréquences utilisées. Dans un glissando loreille ne peut reconnaître chaque note car une image devrait alors contenir plusieurs notes.
Le travail dintrospection est difficile car, comme dans dautres domaines de la science, lobservation modifie la chose observée. Il semble portant quà un instant donné une image ne puisse contenir simultanément plus de deux catégories de représentations mentales, peut-être trois (perception visuelle ou sonore ou olfactive, discours, etc.(), lune dans la zone ou se concentre lattention, lautre ou les deux autres à larrière plan. Les autres catégories sont exclues, provisoirement. Pendant que vous lisez vous ne vous rendez pas compte de la pression que votre main exerce sur votre livre ou sur votre souris. Nest-il pas exact que vous venez juste den prendre conscience ? Une fugue comprend le plus souvent deux ou trois voix. Au-delà, il est difficile pour la plupart des auditeurs de distinguer les différentes lignes mélodiques. Si cette fugue est jouée par un seul instrument lesprit à même tendance à les recoudre ensemble. Cest le même écran, comportant donc deux ou trois zones, qui reçoit toutes les informations dont lindividu est conscient à linstant t. Chaque zone est susceptible de recevoir toutes les catégories de représentations mentales qui se trouvent ainsi placées dans une situation permanente de compétition. Les images qui sortent victorieuses de la compétition, celles qui montent sur le podium de la conscience, sont normalement désignées par linconscient, à moins quune variation rapide des données fournies par lun ou lautre des sens nappelle lattention sur le phénomène responsable de cette variation. Les images conscientes qui ne sont pas fréquemment sur la première marche du podium sont des images dhumeur ou dambiance. Elles ne participent pas directement aux décisions. Se concentrer, cest refuser de voir les images qui ne sont pas sur la marche la plus élevée.
Observez par exemple un virtuose : si vous vous intéressez à lalliance quil porte au doigt, la ligne mélodique sestompe et si vous vous intéressez à la ligne mélodique, limage du musicien devient floue (ce qui est la façon normale découter de la musique). Si vous avez trop chaud ou si vous étés mal assis, vous oubliez la musique le temps de cette constatation. Un mathématicien ami de Diderot pris de maux doreille épouvantables sabîma pour oublier la douleur dans un difficile problème. Le problème résolu sa douleur le rattrapa avec une violence redoublée. Installez-vous près dun torrent : le roulement de leau sur les cailloux, pourtant parfaitement audible, disparaîtra rapidement de votre conscience au bénéfice de vos fantaisies et vous vous endormirez comme jamais. On peut multiplier les exemples de ce type.
Une image peut également contenir une proposition daction, une volition, formulée par linconscient, associée à des grandeurs positives traduisant les différents désirs quelle inspire et des grandeurs négatives traduisant les différentes répulsions quelle suscite. Ne sont retenues et mises en uvre que les volitions ou la grandeur résultante est suffisamment positive. Lorsquelle est voisine de zéro, il faut prévoir de nombreux et pénibles allers et retours entre conscient et inconscient. Lorsque la décision prise modifie la grandeur résultante dans le mauvais sens le système devient instable. Lhomme est un irrésolu. La conscience na cependant aucun accès au processus délaboration de la notation et prend sa décision de confiance.
Suivant cette description il apparaît que la conscience est essentiellement passive et que le gros du travail seffectue dans linconscient. Prenons trois exemples, du reste fort éloignés les uns des autres, pour illustrer ce propos :
Quand un joueur de tennis de haut niveau vient au filet et tente dintercepter le passing-shot de son adversaire, il dispose denviron une demie seconde pour (a) reconstituer la trajectoire de la balle qui vient vers lui en utilisant les informations données par sa vision binoculaire et les informations spatiales concernant la position et lorientation de sa propre tète, pour (b) déterminer la trajectoire quil veut donner à cette balle, pour (c) se déplacer et placer sa raquette au bon endroit en bonne position et au bon moment en agissant (d) sur un système compliqué de leviers osseux et de vérins musculaires, tout en tenant compte (e) de la position initiale de ses principaux segments, en maintenant si possible (f) léquilibre de lensemble et en anticipant le coup suivant. La puissance de calcul nécessaire pour mener cette tâche à bien est tout à fait impressionnante et serait très difficile à égaler par les meilleurs automates actuels, pourtant spécialisés, qui ont du mal à aller cueillir des fruits dans un arbre. Or ce calcul désigné du nom de réflexe se déroule principalement en dehors de la conscience du joueur qui ne fait quobserver le résultat de sa mise en uvre. Pour le joueur débutant qui essaie de réfléchir , la balle est passée depuis longtemps avant que sa raquette ait esquissé le moindre déplacement. Il apparaît donc sur cet exemple que les tâches requérant une grande habileté ou une grande célérité dexécution sont déléguées à des automatismes acquis par lentraînement. Ces automatismes sont, dans une large mesure, inconscients. Ils ne nécessitent pas, et cest un de leurs intérêts, deffort de volonté. Lorsquune automobile que vous dépassez sur lautoroute fait un écart imprévu, vous vous retrouvez frôlant la glissière de sécurité, avec le pied sur le frein, avant de réaliser exactement ce qui sest passé. Cette réaction réflexe a consommé paradoxalement beaucoup de votre énergie mentale, et il peut ne plus vous en rester suffisamment pour faire connaître votre façon de penser au conducteur fautif. Lanalyse de la succession de nos actions journalières montre que notre corps est le plus souvent en pilotage automatique sous le contrôle de la conscience prête à reprendre les commandes en cas de problème. La conscience hérite ainsi de tous les problèmes qui nont pu être traités efficacement par les automatismes existants. Même lorsquun mouvement est volontaire, la volonté consciente nagit pas sur chaque muscle individuellement, mais les commande par lintermédiaire dun système dinterprétation et de coordination inconscient.
Si vous narrivez pas à retrouver un nom, ce qui avec lage vous arrivera de plus en plus fréquemment, le processus selon lequel seffectue la recherche, quelquefois fructueuse, vous échappe complètement. Sil vous vient spontanément à lesprit, vous nen savez dailleurs pas davantage la raison. Les mécanismes de recherche et de reconnaissance sont très largement, sinon totalement, inconscients.
La plupart des récits de découvertes font état dun long et pénible travail de rassemblement des données et de tentatives dexplication avortées. Un jour la solution surgit de façon tout à fait inopinée et comme miraculeuse. Pendant toute cette période dincubation où des myriades de signaux ont été échangés entre neurones linconscient a tourné et retourné le problème dans tous les sens jusquà ce que les données pertinentes se raccrochent entre elles et avec les structures dexplication existantes de façon à constituer une extension logique et cohérente de ces structures. Archimède a pu pousser son fameux eurêka à propos de la poussée hydrostatique parce que les notions géométriques concernant les volumes, les notions physiques concernant le poids et la densité avaient été préalablement éclaircies. Il apparaît donc sur cet exemple que les tâches requérant le plus haut niveau dabstraction, les opérations logiques les plus compliquées peuvent se dérouler sans que la conscience soit tenue au courant en temps réel. Linconscient, cest létat-major auquel la conscience - commandant en chef fait passer toutes les informations dont elle dispose. Linconscient- état-major (et non pas létat-major inconscient) réalise toutes les simulations nécessaires à la préparation des décisions. Cest également lui qui écrit les discours du commandant en chef qui se surprend ensuite à les prononcer comme une bande perforée sort dun vieil ordinateur. La conscience ignore tout du détail du travail de son état-major et na accès quaux résultats de ses analyses. Le travail de fermentation de linconscient produit pour ainsi dire les bulles de pensée qui éclatent de temps en temps à la surface de la conscience. Si vous ne notez pas les plus intéressantes dentre elles vous risquez fort de ne jamais les revoir tant elles sont fugaces ! Comme la plupart de vos rêves. Des idées peuvent ainsi disparaître qui ont paru sur le moment géniales à leur auteur (même pour la chouette, ses petits sont les plus beaux du monde). Sil arrive que lune se soit égarée, votre seule chance de la retrouver est de cesser de la chercher. Elle se situe en effet trop loin dans la file dattente des idées qui veulent accéder à votre conscience. Il faut attendre que celles qui crient plus fort quelle soient passées. La chercher en essayant de retrouver les chemins qui vous y ont conduit ne fait généralement quimmobiliser la file. Je ne fais ainsi que reprendre une observation de Montaigne qui avait déjà signalé le même phénomène : « Il men advient comme de mes songes : en songeant je les recommande à ma mémoire (car je songe volontiers que je songe), mais le lendemain je me représente bien leur couleur comme elle était, ou gaie, ou triste, ou étrange ; mais ce quils étaient au juste, plus je peine à le trouver, plus je lenfonce dans loubli ». Montaigne a mémorisé la couleur ou peut-être la musique de son rêve, non pas son détail. De toute évidence il manque une salle dattente où ces idées pourraient séjourner avant dêtre appelées. Jai pour ma part la nette impression que mon inconscient est plus intelligent que moi, quil galope plus vite et plus loin quand il a la bride sur le cou que lorsque ma conscience reprend les rênes. Ce nest probablement pas un hasard si Marcel Proust commence La Recherche du Temps Perdu, une des plus belles créations de lesprit humain, par une longue description des pensées qui lagitent lorsquil les laisse vagabonder dans le demi-sommeil qui précède ou suit le vrai sommeil. Dans la journée lesprit est mobilisé par laction et ne peut quengranger les données qui demandent un traitement plus long. Ce dernier sera effectué chez le sujet endormi au cours de la nuit suivante. Les idées qui résultent de ce processus, jamais plus de trois à la fois me semble-t-il, se récoltent au petit matin, comme les ufs des poules ! Jimagine que lusage de drogues permet à certains artistes de conserver durant la journée cette créativité nocturne. Qui ne sest endormi avec un problème et réveillé avec une solution ? La nuit, comme on dit, porte conseil. Cest ainsi que les employeurs peuvent bénéficier dun travail directement productif effectué en heures supplémentaires de nuit non rémunérées !
Deuxième tentative
« Et le monde intérieur dans tout ça, me direz-vous, il nen a pas été question ! Vous navez encore rien dit de laspect subjectif de la conscience ! Pourtant cest lui que vous avez, avec beaucoup de présomption, proposé dexpliquer ». Jy viens, mais pour essayer de tenir cette gageure il est nécessaire de quitter le domaine de la science respectable et dentrer dans le royaume de la spéculation. Avant dentrer dans ce royaume il faut rappeler les postulats suivants :
Létat du cerveau est une image significative de létat dune fraction du monde extérieur
Létat de la conscience est une image significative de létat dune partie du cerveau
Il existe une HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Solipsisme" pluralité de consciences indépendantes
Le même monde extérieur est commun à toutes les consciences
La vision qui est proposée est suggérée par le fait que le cerveau, contrairement aux autres organes, est le siège dune intense activité électrique dont témoignent entre autres les électroencéphalogrammes enregistrant les différences de potentiel à lextérieur de la boite crânienne. Le tracé de ces électroencéphalogrammes dépend en effet très directement de létat de veille ou de sommeil du sujet, donc de létat de sa conscience. Un électroencéphalogramme plat signe la mort de la conscience. Certains chercheurs ont entrepris de déchiffrer les signaux électromagnétiques émis par le cerveau pour en déduire les mots de son discours intérieur. Jaugure quils pourront peut-être avoir accès à la musique de lopéra comique ou tragique qui se déroule dans la tête du sujet examiné mais quils ne pourront pas avoir accès aux paroles par les mêmes moyens. Dautres utilisent déjà ces signaux pour que les handicapés moteurs puissent commander de façon autonome certains dispositifs facilitant leur vie quotidienne. Il faut y ajouter le fait que des excitations électriques ou magnétiques appliquées au cortex ou même à lensemble du cerveau peuvent induire des sensations conscientes, alors que le cerveau est dépourvu de récepteurs sensoriels. Cette vision est la suivante : la conscience subjective, entité essentiellement passive semble assister à un spectacle. La salle de spectacle, cest lécran où défilent les images, un espace particulier situé à un instant donné dans une certaine partie de mon cerveau, celle où se situent les circuits neuronaux oscillants dont il a été question plus haut. Dans cet espace des particules électrisées en mouvement engendrent un champ électromagnétique qui contient des signaux selon un code déterminé. Ce dont je suis conscient à un instant donné est, selon la vision proposée, en rapport direct avec létat à cet instant du champ électromagnétique diffusé à partir de lécran. On ne voit pas bien la nécessité quil y aurait de renforcer les signaux correspondant aux sensations conscientes si les traitements effectués sur ces signaux étaient de logique pure. Ce renforcement et cette synchronisation prennent un sens si ces signaux doivent provoquer lémission dun champ électromagnétique. Les différentes catégories de perception sont différenciées sans ambiguïté par les codes utilisés pour les représenter. Une dérive dans cette codification peut produire la confusion des sens qui est parfois observée. Certains voient un son comme une couleur : « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu » ( HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Arthur_Rimbaud" Arthur Rimbaud, « Voyelles »). De nombreuses objections peuvent être formulées à lencontre de cette hypothèse : le transformateur dun poste électrique a-t-il conscience de tous les défauts qui se produisent sur les réseaux auxquels il est connecté, même sil na bien entendu aucun moyen de faire part de ses impressions ? Un court-circuit, ça doit faire mal ! 400.000 Volts, est-ce que ça procure un sentiment de puissance hautement jouissif ? Il manque toutefois dans ce cas un élément essentiel à une véritable conscience qui est son étroite relation avec la mémoire, soit quiil sagisse de lalimenter, soit quil sagisse den extraire des données utiles. Comment le champ électromagnétique émis par le cerveau nest-il pas noyé dans dautres champs beaucoup plus puissants que lui ? Remarquez cependant que votre téléphone portable est dans le même cas et que ça ne lempêche pas de fonctionner car il sait filtrer les signaux parasites. Le champ quil émet est le reflet de létat de ses organes internes, et le champ quil reçoit agit sur ses organes internes. Le cerveau serait un automate auto programmé doublé dun téléphone portable capable de se parler à lui-même. Lhypothèse rend compte en tout cas de cette constatation essentielle quest lunicité du flot de la conscience, car manifestement les états successifs de la conscience, les différentes sensations et images passent dans deux ou trois canaux au plus dont limagerie cérébrale na révélé jusquà présent ni lexistence ni lemplacement même si certaines zones paraissent dotées dun statut privilégié. Il sagit en loccurrence du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cortex_c%C3%A9r%C3%A9bral" cortex, du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Thalamus_humain" thalamus et du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Bulbe_rachidien" bulbe rachidien. En particulier, cest au niveau du bulbe rachidien, celle de ces zones qui est au plus prés du corps, que naissent les sentiments et les émotions. Sauf lorsquune douleur ou un plaisir particuliers se manifestent ces sentiments et émotions se situent pour lêtre humain sur la dernière marche du podium. On peut par contre se souvenir toute sa vie dun bon plat ou dune bonne bouteille ! Les animaux qui ont un bulbe rachidien ont aussi des émotions comme le suggère lobservation directe. La conscience est un phénomène trop universellement répandu pour ne pas être un phénomène tout aussi naturel que les autres.
Le champ électromagnétique émis par le cerveau a aussi la propriété dêtre quasi insensible à lemplacement des différents circuits élémentaires qui le génèrent, les distances séparant ces différents circuits (quelques centimètres) ne pouvant créer de décalages temporels importants eu égard à la vitesse de propagation de 300.000 kilomètres par seconde du champ électromagnétique. Linformation portée par le champ est indépendante de la distance à la source, sans aucun décalage temporel, pour un observateur se déplaçant à la même vitesse que les ondes. La montre au poignet de cet observateur marque en effet la même heure au moment où londe est émise et au moment où elle est absorbée, quelle que soit la distance entre les points où ces évènements se sont produits. Le champ électromagnétique constitue donc une entité authentiquement indivisible. Ainsi est préservée lunité de la conscience, somme de plusieurs fonctions périodiques qui ne dépendent que du temps, C=C(t), tout comme la musique qui est la même en tous les points de la salle de concert. Si vous avez des doutes sur la possibilité pour une telle fonction de représenter toute la gamme des sentiments humains considérez quelles sont les possibilités de la musique. De la musique nous percevons distinctement la note fondamentale et quelques harmoniques. Il en va semble-il de même pour la conscience. Si vous avez des doutes sur la possibilité de lier une telle fonction a un organe comme le cerveau de la même manière que la musique est liée à lorchestre considérez que les ondes électromagnétiques sont un million de fois plus rapides que les ondes sonores et que le cerveau est cent fois plus petit quun orchestre de dimensions moyennes. Cette conception préserve également le caractère traditionnellement immatériel de lâme , car les champs ne sont que des modifications des propriétés dun espace qui pourrait être vide. Vu de lextérieur, ce champ possède toutes les propriétés usuelles dun champ électromagnétique. Eprouvé pour ainsi dire de lintérieur, cest ce dont jai conscience à cet instant. Au départ, la conscience était sans doute un pur épiphénomène mais la nature qui fait feu de tout bois a trouvé le moyen de la rendre utile et même indispensable à toutes les espèces évoluées. Ma douleur et mon plaisir sont des états particuliers du champ en question que lévolution poursuivie pendant quelques milliards dannées a rendus tels que les sensations plaisantes ou douloureuses correspondent respectivement à des situations favorables ou défavorables à ma personne ou à lespèce à laquelle jappartiens. Il est en effet assez naturel de penser que lajustement entre létat de la conscience et celui de lorganisme qui la supporte a demandé un temps considérable, du même ordre de grandeur que celui qui a été nécessaire à létablissement des processus physiologiques eux-mêmes. Laventure de la conscience aurait commencé dans cette hypothèse à laube de la vie. Un ordinateur est un cerveau sans conscience, du moins pour le moment. Conscience et pensée sont des processus liés mais fondamentalement distincts si on entend par pensée lensemble des échanges de signaux électriques entre neurones. Pour que naisse la conscience il faut que des collections de neurones commencent à échanger des signaux sur un mode vibratoire. La fréquence des ondes cérébrales parait trop faible pour porter sans artifices une information complexe. Il faudrait donc imaginer que les sentiments et les sensations sont traduits sous forme de modulation de fréquence ou damplitude. Cest ainsi quon peut donner comme image du cerveau celle dun orchestre à cordes dont la musique sappellerait conscience. Chaque sensation communiquée par le bulbe correspond à une certaine séquence vibratoire. Le cortex va chercher dans la mémoire des sensations qui sont codées de la même façon. Lorsquil sagit de réflexions purement abstraites comme dans les raisonnements mathématiques, la conscience sévanouit presque ; il y a un blanc. Chaque accord correspond à un sentiment. Un accord mineur traduit un sentiment négatif comme la tristesse sur léchelle du « satisfactionomètre » tandis quun accord majeur traduit un sentiment positif comme la joie ou lenthousiasme. Avec lapparition du langage la musique est devenue chanson laquelle nest pas un art mineur puisquelle unit deux arts majeurs se confortant mutuellement : la musique et la poésie, Une bonne chanson parle à tout le monde, jeunes et vieux, riches et pauvres. Le monde vit au rythme des chansons. Le plaisir peut être vu comme une harmonie de la variation du champ électromagnétique et la douleur comme une dissonance. Dailleurs lhomme, le plus souvent, ne recherche pas vraiment le plaisir, mais un état neutre, un état déquilibre. Tout être vivant est la somme dune myriade déquilibres physiques, physiologiques et psychiques. Tout déséquilibre doit être corrigé pour que cet être se maintienne en vie. Dun homme au comportement aberrant on dit fort bien que cest un déséquilibré. Le plaisir nest que la disparition dune douleur ou dune tension. Le plaisir de manger est celui de faire cesser la faim et celui de se gratter, de supprimer la démangeaison. De même lamour est un besoin avant dêtre un plaisir. Le plaisir nait du retour à léquilibre. Cet état déquilibre sappelle le bonheur, sentiment équidistant du plaisir et de la douleur. Il signifie que, toutes les douleurs et tensions étant supprimées, les fonctions physiques et mentales seffectuent harmonieusement sous le contrôle de la conscience. Cest HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ataraxie" lataraxie des philosophes antiques. Les applaudissements nourris et prolongés à la fin de lexécution dune pièce musicale témoignent de lémotion ressentie par les auditeurs mais aussi de leur soulagement de pouvoir rompre un silence longtemps imposé. Des chercheurs pensent avoir identifié et localisé dans le cerveau un système qui gouverne le fonctionnement du cerveau lorsque ce dernier neffectue aucune tâche consciente et ils lont baptisé Réseau du Mode Défaut. Il semble que le même système joue encore un rôle lorsque le cerveau effectue une tâche consciente. Ce serait léquivalent du leader dun orchestre de jazz qui indiquerait le thème et le tempo sur lesquels les musiciens improvisent et qui présiderait également à lentretien des instruments et au classement des enregistrements lorsque le concert est terminé. Lorsque ce leader cesse dexercer ses fonctions le sujet sendort, sévanouit ou meurt. Il faut admettre que ce système indispensable au fonctionnement du cerveau est de lordre de linstinct. Il fait partie du système dexploitation livré avec lautomate. Le cerveau sait penser comme le tube digestif sait digérer préalablement à toute expérience. La part de la consommation dénergie directement imputable à une tâche consciente ne dépasse pas 5% de la consommation totale dénergie du cerveau. Il semble donc que les bavardages ou les soliloques se poursuivent au sein de lorchestre car la tâche consciente est loin de mobiliser tous les musiciens. Ce qui laisse également supposer que ces différentes activités qui pourraient sembler oiseuses correspondent en fait au maintien de lorchestre en bonne condition. Les récompenses et les punitions liées à des sensations plaisantes ou douloureuses incitent lindividu porteur de la conscience à se maintenir dans des conditions qui préservent son intégrité. Cest la seconde vertu de la conscience qui sajoute à celle de fournir une synthèse des sensations de lindividu. Laspect subjectif de la conscience doit donc avoir des conséquences objectives. Il suffit pour cela que les variations du champ émis caractéristiques du plaisir ou de la douleur soient détectées par des récepteurs appropriés, genre HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ampoules_de_Lorenzini" ampoules de Lorenzini ou analogues aux récepteurs sensoriels sensibles au champ magnétique terrestre utilisés pour sorienter par certains oiseaux et poissons, et que ces signaux soient amplifiés pour que ces informations soient réintégrées dans lensemble des circuits neuronaux, de la même façon quun capteur détecte le rayonnement dune commande à distance et déverrouille des portières. Une autre possibilité dinteraction entre champ et circuits neuronaux est que ce qui exprime la force de ma volonté, quand elle sexerce, soit lintensité dune certaine fraction de ce champ engendrée par les charges électriques matérialisant les volitions de linconscient. Cette fraction du champ agirait sur dautres charges électriques qui initient les actions du système neuromusculaire, traduisant ainsi les volitions en actions. Lintensité de cette fraction du champ pourrait être ressentie comme douloureuse quand ma volonté est tendue à lextrême. Considérez cependant le cas où jai à déplacer une grosse pierre. Pour une raison ou pour une autre cette idée de la déplacer sest imposée à mon esprit mais na au départ mobilisé que quelques neurones ce qui correspond à un niveau dénergie extrêmement bas. Il faudra donc un coefficient damplification très important avant que la pierre ne commence à bouger. Les derniers étages damplification sont assez bien connus et se situent à linterface entre fibres nerveuses et fibres musculaires. Le premier étage damplification résulte de lassociation de plusieurs neurones collaborant à la même tâche. Le second étage se situe au niveau de la volonté consciente qui mobilise les circuits nerveux résonnants. Linterposition dun étage (émetteur / champ) suivi dun étage (champ / détecteur) se traduirait très vraisemblablement par un coefficient damplification très inférieur à 1 ce qui ne va pas dans le sens recherché. Il faut croire quune meilleure adéquation compense, et au delà, cette erreur apparente de conception. La même ligne de raisonnement conduit à attribuer un rôle fonctionnel et non de pur spectacle à la conscience. La multiplication des neurones actifs quand sexerce une action volontaire pourrait aussi sinterpréter par la nécessité quils soient nombreux pour arracher la décision devant le Tribunal de la Conscience Objective et fournir ensuite un signal de commande suffisamment énergique. Ceci nexplique pas toutefois le caractère ondulatoire de leur activité. La conscience nest pas quun sous-produit du fonctionnement du cerveau. Le cerveau consomme environ 20% de lénergie totale requise par un individu et une partie appréciable de lénergie consommée par le cerveau doit être utilisée pour générer la conscience. Comment un procédé consommant autant dénergie pour engendrer les ondes cérébrales aurait-il pu résister à la pression de la sélection naturelle sil était sans aucune utilité ? Si la douleur et le plaisir ne sont que lexcitation de circuits nerveux spécialisés prenant leur origine dans les diverses parties du corps, comment expliquer la douleur morale ou le plaisir intellectuel ? Comment expliquer que le plaisir donné soit souvent plus gratifiant que le plaisir reçu ? Si les arguments précédents ne sont pas à labri de la critique il me semble quon ne peut pas les écarter dun revers de main en labsence dexplication plus convaincante. Au-delà des interactions quoccasionnent douleur et volonté, certains ont proposé que les populations neuronales vivent dans une sorte de symbiose avec le champ électromagnétique quelles émettent. Il est concevable de réaliser avec des composants électroniques reliés entre eux la réplique dun cerveau humain. On sait depuis peu fabriquer des puces en silicium qui imitent les propriétés des neurones de chair. Suffirait-il den rassembler un nombre suffisant et de compter sur les propriétés dauto organisation des systèmes complexes ? La Communauté Européenne sapprête du reste à financer à hauteur dun milliard dEuros le « Human Brain Project » qui a pour ambition de créer des cerveaux artificiels imitant du mieux possible le comportement des cerveaux humains. La durée de réalisation prévue serait dune dizaine dannées. La puissance électrique consommée par un de ces cerveaux en silicium serait de lordre de 20 mégawatts, soit un million de fois plus que le cerveau humain qui lui a servi de modèle, ce qui illustre bien le retard de la technique sur la nature. Est-ce que cette réplique serait dotée de quoi que ce soit qui ressemble à une conscience si ses composants électroniques et leurs liaisons filaires étaient soustraits par un blindage à linfluence des champs électromagnétiques développés par les autres ? Aurait-t-elle les mêmes performances que le cerveau qui lui a servi de modèle ? La théorie du HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Electromagnetic_theories_of_consciousness" \l "Cemi_theory" « cemi field » professe que les automates fabriqués par lhomme seront toujours beaucoup moins performants que les cerveaux des êtres vivants car il leur manque une conscience capable de faire la synthèse de leur activité continue de traitement de linformation et, à laide de cette synthèse, orienter lactivité elle-même. Il est frappant de constater que, si le concept de conscience est bien cité dans la présentation du Human Brain Project, il ne fait lobjet daucune étude spécifique. Le rôle de la conscience dans le fonctionnement du cerveau serait pourtant un beau sujet détude !!! Dans une Europe encore largement imprégnée de « spiritualité », létude de la conscience est encore taboue, comme sil sagissait dun phénomène de lordre du divin.
Remarquons que le double aspect quil a fallu attribuer au champ électromagnétique, selon quon le considère de lextérieur ou de lintérieur constitue une sorte de dualisme dont il paraît impossible de faire léconomie. Ce dualisme matérialiste, ou pour mieux dire naturaliste ou physicaliste, consiste à attribuer une dimension supplémentaire, la sensibilité, à des entités physiques, les champs ou à la modulation de ces champs. Le dualisme de lesprit et de la matière des philosophes serait donc en relation directe avec le dualisme des champs et des particules des physiciens. Cependant, les champs nont pas moins de réalité physique que les particules qui constituent la matière. Dame Nature qui nen est pas avare aurait ainsi un tour de plus dans son sac. Chassez le dualisme par la porte, il revient par la fenêtre
Comment pourrait-il en être autrement ? Nul ne peut nier lexistence de sa propre conscience, et lexistence dun monde extérieur indépendant de la conscience subjective que lon en a semble par ailleurs un pari raisonnable. Nier ce dernier conduit en tout cas à bien des déboires. Diderot a eu nettement lintuition dune explication de cette nature (Si un esprit fait de la matière, pourquoi de la matière ne ferait-elle pas un esprit ?), mais les connaissances disponibles à son époque ne lui ont pas permis dexpliciter davantage sa pensée. Dans ces conditions la conscience, dans son aspect subjectif est bien, pour lessentiel, un épiphénomène, encore que la détection de la douleur et du plaisir éprouvés ou laction de la volonté ou lalimentation de la mémoire par exemple puissent lui conférer un rôle actif, mais cet épiphénomène est la conséquence nécessaire de lutilisation de processus de nature électrique ou électromagnétique dans le fonctionnement du cerveau, à la façon dont le bruit dun moteur accompagne nécessairement son fonctionnement (cest dans ce sens quon peut dire de la conscience quelle est une propriété émergente). Une oreille un tant soit peu exercée y décèle aisément un bruit anormal sil y a quelque chose qui cloche... Cest donc la musique électromagnétique émanant du cerveau qui constituerait le support matériel de la conscience plutôt quun circuit neuronal spécialisé qui na pas plus de raison dêtre conscient que nimporte quel autre.
Quant à la conscience dans son aspect objectif, elle peut être considérée comme étroitement associée au système dexploitation de lautomate très particulier que constitue un cerveau. Ce système composite met de lordre, lorsque le sujet est éveillé, dans le fonctionnement des cent milliards de neurones qui le composent, sachant que chaque HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Neurone" neurone entretient des liaisons avec des milliers dautres neurones proches ou lointains par lintermédiaire daxones et de synapses selon une structure de communication hiérarchisée et modulaire. Cet automate de chair comporte donc comme un ordinateur une unité centrale, la conscience objective, et un écran de visualisation, la conscience subjective. Bien que cet automate fonctionne par pas successifs, au rythme des ondes qui le parcourent, il est organisé de façon très différente de celle des ordinateurs de silicium fabriqués par lingénieux bipède. Il a été modelé par la sélection naturelle pour prendre des décisions rapides et salvatrices alors que lautre a été conçu four effectuer des calculs longs et compliqués. Cest un automate quon peut dire analogique, c'est-à-dire manipulant des quantités exprimées physiquement en vraie grandeur et non issues dune combinatoire dunités. Lintensité dune sensation ou dun sentiment serait représentée par le nombre de neurones qui y participent et non par un nombre en numération binaire ou similaire. Pour les opérations logiques, il est très lent et facilement fautif, mais il excelle par contre dans les jugements synthétiques et intuitifs, les raisonnements flous, le sens des ordres de grandeur. Son rythme de travail semble être de quarante hertz quand celui dun microprocesseur courant est de plusieurs milliards. Chaque mot dun ordinateur contient seulement quelques dizaines de bits alors que chaque image cérébrale en contient probablement plusieurs milliers. Chaque cellule photosensible de la rétine est prise en compte au départ des images visuelles, même si ces informations sont compressées en cours de traitement. Une image auditive contient une multitude dharmoniques ainsi que les intensités qui leur correspondent. La peau et les viscères contiennent de très nombreuses cellules sensibles. Chaque image visuelle, sonore ou tactile correspond à une matrice, cest à dire un tableau à deux entrées. Cette structure matricielle se conserve tout au long de la chaine de traitement et jusquau cortex qui a lui-même une structure en feuillets, chaque feuillet constituant lui-même une matrice. Nous pouvons supposer que la conscience est aussi une fonction matricielle ou fonction complexe du temps M=M(t), tout comme la musique. Si le cerveau est plus lent, il est par contre capable de prendre en compte simultanément un nombre très considérable de données sans même que la conscience en soit avertie. Pensez simplement à la difficulté de réaliser une tâche aussi simple que de se déplacer sur un terrain accidenté en évitant les arbres, les ronces et les faux-pas. Ordinateur de chair et ordinateur de silicium se complètent donc admirablement. La Nature na pas jugé bon dinventer lordinateur de silicium ni la roue. Sur une autre planète, peut-être
HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Natura_non_facit_saltus" Natura non facit saltus, ou plutôt elle ne fait pas de grands sauts. Une modification importante dun programme réalisée au hasard a toutes les chances de le rendre inutilisable. Alors que le terrain est déjà occupé par dautres, la probabilité pour quun programme génétique modifié sans dessin précis engendre un individu compétitif est excessivement faible. Une fois que la nature a emprunté un chemin, elle est obligée de sy tenir dassez près.
Le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sommeil" sommeil est réservé à la maintenance du système. Le cerveau réorganiserait et classerait les souvenirs durant les périodes de sommeil profond et vérifierait son propre fonctionnement après cette réorganisation durant les périodes du sommeil dit paradoxal qui correspond aux rêves. Les bouddhistes apprennent à atteindre l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89veil_Spirituel" \l "La_notion_d.27.C3.A9veil_spirituel_dans_les_traditions_religieuses" éveil , cest à dire à être conscients sans aucune pensée discursive ou négative, exercice particulièrement difficile et qui réclame un long apprentissage. Ils en retirent un bénéfice thérapeutique, un peu comme sil sagissait dun électrochoc. De façon analogue une remise à zéro guérit souvent les maux dun ordinateur. Elle peut être obtenue en éteignant et en rallumant lappareil. Selon les spécialistes le Bouddhisme est dabord une science de lesprit. Il semble que les grands Maîtres bouddhistes en mobilisant leur attention sur des vertus positives arrivent à modifier la structure de leur esprit, et donc leur personnalité dans un sens qui leur confère une aura particulière. Leurs élèves prennent cependant le risque denregistrer une copie fidèle de la structure mentale de leur maître sans que leur raison ait été forcément utilisée comme filtre. Lextraordinaire plasticité du cerveau permet dy implanter les idées les plus saugrenues lesquelles, sétayant mutuellement, peuvent savérer aussi difficiles à extirper que des chardons. Létat de méditation est identifiable grâce aux moyens modernes dexploration de lactivité cérébrale. La spiritualité sous sa forme extrême est une gymnastique de lesprit consistant à le faire fonctionner en circuit fermé sur des phénomènes inaccessibles à lexpérience. Cette brève folie contrôlée peut à la rigueur renseigner sur le fonctionnement et les aberrations de lesprit, mais sûrement pas sur la « nature profonde » du monde extérieur, à supposer que cette formule ait un sens. Les fadaises quelle prodigue sur l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ontologie_%28philosophie%29" Etre nont jamais rien apporté dutile ni même de compréhensible. « La métaphysique est le roman de lesprit » (Voltaire). Finalement, le grand avantage de tous ces exercices de méditation est de ne plus avoir à craindre les insomnies car celles-ci sont facilement meublées et rendues ainsi plus tolérables. Je conseillerais plutôt une lecture stimulante jusquà rencontrer une idée avec laquelle lesprit prenne plaisir à batifoler ce qui permet de refermer le livre et de se rendormir. « Mes idées, ce sont mes catins » écrivait Diderot qui jouait avec ses pensées comme les enfants jouent avec leurs poupées. Cette activité favorise un sommeil riche en rêves lequel est absolument essentiel pour que le cerveau se libère des tensions accumulées, classe les souvenirs marquants, estompe ou élimine les autres et effectue cette remise à zéro et cette HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9fragmentation" défragmentation qui permettent daborder la journée suivante dans de bonnes conditions. Si jai bien dormi et suffisamment rêvé jai la sensation de me réveiller avec un cerveau tout neuf. Durant la nuit mon cerveau nest pas resté inactif mais a veillé à son propre entretien. Ce nest quau réveil que les différentes fonctions qui le constituent se placent sous la baguette dun chef unique qui met cet orchestre au service de mes intérêts vitaux. Comme un marchand avisé, la mémoire réorganise les souvenirs et expose les plus heureux en devanture. La privation de sommeil est un traitement inhumain et dégradant.
La conscience subjective aurait un statut analogue à celui dune émission de télévision (« enrichie » toutefois au point de vue sensoriel et conceptuel), qui serait émise dans la boite crânienne comme dans une cavité résonnante et qui diffuserait le reportage des évènements les plus importants, les plus significatifs et les plus vitaux pour lindividu. A lintérieur de cette boite les neurones constituent une foule dans laquelle circulent des mots dordre et qui est influencée par sa propre rumeur. La conscience serait à la fois le champ c.h.a.m.p. et le chant c.h.a.n.t. des neurones. Y aurait-il là le moyen de savoir ce qui se passe dans lesprit dun individu en installant des détecteurs appropriés ? Davoir sur lécran dun ordinateur limage irréfutable de la duplicité dun discours politique ? Il doit être possible, à partir de lexamen des ondes cérébrales, dinférer ce que peuvent être les sensations ou les sentiments du sujet soumis à lexpérience. Il est douteux quelles permettent de reconstituer le cours de ses pensées, la mélodie probablement oui, la mécanique qui a servi à la produire, probablement non. Différentes émissions peuvent coexister sans sinfluencer mutuellement, dans la mesure où leurs codifications sont suffisamment distinctes. Des exceptions peuvent exister dans les cas de transmission de pensée, très rares assurément, mais peut-être possibles selon mon expérience, entre personnes très proches génétiquement ou affectivement. Ayant une mélodie en tête, il mest arrivé à plusieurs reprises dentendre la personne qui se trouvait avec moi se mettre à la fredonner. Ne dit on pas de deux personnes qui sentendent bien quelles sont sur la même longueur donde ? Nest-ce pas ce même phénomène qui se produit chez les couples dits fusionnels ? Un signal même très faible peut être détecté si le récepteur est accordé sur la même fréquence que lémetteur. Ne parle-t-on pas du « rayonnement » de la pensée. Une foule fanatisée par un orateur charismatique ou victime dune hallucination collective manifeste-t elle la fusion-synchronisation des champs émis par tant de cerveaux concentrés sur la même pensée en un même lieu ? En est-il de même dune assemblée de croyants sincères assistant à une cérémonie religieuse particulièrement émouvante ? Ne peut-il se produire des phénomènes analogues dans un essaim dabeilles, une fourmilière, un vol de sauterelles, un banc de poissons ? Jai cru déceler certaines connivences que jaurais avec mon téléphone portable utilisé comme réveille-matin ! Jai cru également ressentir linadéquation de certaines instructions que je mapprêtais à donner à mon PC en dehors de tout raisonnement conscient préalable qui aurait pu conduire à cette conclusion. On peut bien sûr imaginer dautres explications de ces phénomènes. Le seul véritable téléspectateur, le seul conscient en tout cas, serait cependant lémission elle-même. La musique qui peut faire rire ou pleurer, aimer ou combattre a, dit-on, des vertus curatives, elle « adoucit les murs ». Elle peut exprimer des sentiments simples ou sublimes mais semble incapable dexprimer des sentiments bas, ce qui est assez réconfortant. Elle serait le plus émouvant de tous les arts et le plus fréquemment mis à contribution, en dépit de son caractère éminemment abstrait, parce que sa codification serait pour ainsi dire en prise directe avec la codification des sentiments et des émotions utilisée par lesprit conscient (Cf. limportance des chants et de la musique dans les cérémonies religieuses, Cf. également la place de la musique de film, rarement sur la première marche du podium, parfois ignorée, mais pourtant indispensable).
Résultats et dernière tentative
La conscience dans ses aspects subjectifs et objectifs serait ainsi expliquée avec des notions de la physique du 19éme siècle (plus une once de métaphysique). Dautres comme lAnglais HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Penrose" Roger Penrose qui a renouvelé lintérêt pour le sujet lont expliquée avec des notions de la physique du 20éme siècle. Lexplication définitive résidera peut-être dans la physique du 21éme siècle. Les théories physiques actuelles, pour être formulées avec simplicité, font appel aux nombres complexes comportant une partie réelle et une partie imaginaire et suggèrent ainsi que quelque chose qui aujourdhui nous échappe, se passe derrière le rideau, dans une autre dimension, et dont nous devons nous contenter de mesurer les effets. Cest ainsi également que les destinées de deux photons dorigine commune demeurent indissolublement liées alors que leur distance mutuelle peut se compter en années-lumière (cest lintrigant phénomène d HYPERLINK "http://www.automatesintelligents.com/echanges/2004/avr/intrication.html" intrication). Il paraît raisonnable den conclure que le monde physique comporte plus de dimensions que les dimensions usuelles de lespace et du temps et que cest dans une ou plusieurs de ces dimensions échappant à nos sens et à nos instruments que les deux photons sont restés liés. Sil existe un mur dans ces dimensions cachées, les deux photons sy heurtent simultanément. Certaines de ces dimensions pourraient-elles être spirituelles, de sorte quon pourrait dire, sans que ce soit un abus de langage que tel objet, tel lieu, tel événement, ont une dimension spirituelle ? Ce que nous ressentons, ce que nous appelons notre conscience ou notre moi résiderait dans dautres dimensions qui, bien quinaccessibles à nos sens, nen seraient pas moins des dimensions physiques. Cest dans ces différentes dimensions que notre état mental instantané pourrait être cartographié. Existerait-t-il parmi tous les univers possibles un univers HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" platonicien où les sensations et les sentiments susceptibles de faire vibrer les esprits à lunisson se promèneraient dans des Idées de rues en se tenant par des Idées de main ?
Si nostre vie est moins qu'une journéeEn l'eternel, si l'an qui faict le tourChasse nos jours sans espoir de retour, Si périssable est toute chose née, Que songes-tu, mon ame emprisonnée ?Pourquoy te plaist l'obscur de nostre jour, Si pour voler en un plus cler sejour, Tu as au dos l'aele bien empennée ?La, est le bien que tout esprit desire, La, le repos où tout le monde aspire, La, est l'amour, la, le plaisir encore.La, ô mon ame au plus hault ciel guidée !Tu y pouras recongnoistre l'IdéeDe la beauté, qu'en ce monde j'adore.
(Joachim du Bellay)
Si lexistence de tels univers pouvait être prouvée, les esprits religieux y trouveraient certainement une forme de revanche ! Si lidée religieuse consiste à dire que les choses sont plus compliquées quil ny paraît, que la réalité a plus dépaisseurs que ce dont les sens témoignent directement, alors lidée religieuse est probablement vraie. « Je crois aux forces de lesprit » a été lultime adresse de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mitterrand" \l "Biographie" François Mitterrand à ses concitoyens. La théorie du tout à laquelle travaillent les physiciens avec tant dardeur et qui doit rendre compte de tous les aspects de la réalité observée, se doit dexpliquer aussi le phénomène de la conscience, ou bien démontrer quil est à jamais inexplicable. Les bonnes idées sont rares, malheureusement et difficilement reconnues. Ce ne sont pas des chiennes bien dressées qui viennent quand on les siffle ! Lexplication attendue, quelle quelle soit, ne devra-t-elle pas suivre un cheminement voisin de celui quaprès dautres je viens desquisser ? Ne devra-t-elle pas identifier le contenu de la conscience tel que chacun peut léprouver pour son propre compte avec un phénomène physique déterminé vu de lintérieur, quelle que soit la nature de ce phénomène ?
Si la réponse est oui, cette vision des choses a de nombreuses conséquences :
Du point de vue de la logique, rien ne soppose à ce que deux personnes se mettent daccord pour dire que telle étoffe est rouge même si les sensations subjectives quelles ont lune et lautre de cette couleur sont totalement différentes. Telle quelle a été décrite, la manière dont ces sensations sont élaborées par des processus universels et invariants à partir dune même réalité physique objective écarte cette éventualité, sauf dysfonctionnement toujours possible. La communication entre les personnes présente de ce fait une certaine garantie dauthenticité. Un philosophe a cru bon de forger le terme de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Qualia" « qualia » pour désigner laspect subjectif sous lequel nous apparaissent nos diverses sensations et émotions. Le choix même de ce terme dont la signification latine est « quest-ce que cest » en dit long sur la perplexité de son inventeur à propos de ce concept insaisissable. On lui donne une signification plus facile à saisir si on désigne par ce mot un mode vibratoire particulier du champ neuronal.
La conscience subjective est en rapport direct avec la conscience objective (les circuits neuronaux oscillants). Elle évolue donc comme elle au fil du temps et elle est malheureusement soumise aux mêmes vicissitudes.
La pondération associée aux différentes volitions acheminées jusquà la conscience constitue une sorte de monnaie de la conscience puisquelle permet de rendre comparables des motivations complètement hétérogènes, de la même façon que la monnaie usuelle permet dacheter toute espèce de bien ou de service. De sérieuses difficultés éthiques surviennent quand on commence à confondre les deux monnaies, quand on achète les consciences ou quand on vend son âme ! A titre dillustration, voyez comment se décide la part de vos revenus que vous choisissez daffecter à des uvres caritatives. Aucun raisonnement ne conduit à la fixer. Elle résulte dun équilibre entre votre désir daider et celui de ne pas vous appauvrir. La façon dont seffectue cet arbitrage vous échappe entièrement, ou plutôt vous percevez quil dépend dun raisonnement parfaitement flou. Les critères sous-jacents sont trop imprécis pour faire lobjet dun raisonnement déductif. Si vous donnez la pièce à une pauvre vieille qui tend sa sébile, cest que ce petit effort vous est moins pénible que de mettre votre conscience au supplice en feignant de ne pas la voir. On nest généreux que par égoïsme. Tel juge quune balle est bonne ou mauvaise en partie amicale sans se préoccuper de savoir si ce jugement est ou non en sa faveur qui jugerait différemment si lenjeu était dun million de dollars. Une fois que la pesée des différentes motivations a été faite, la motivation gagnante, même dune courte tête, rafle toute la mise. De la même manière, lorsquun essaim dabeilles cherche un nouvel endroit pour sétablir il envoie un certain nombre douvrières explorer les alentours et cest à la suite des « délibérations » entre les ouvrières revenues de cette exploration que la décision est prise et suivie par lessaim tout entier. Ceci démontre que la démocratie représentative et le scrutin majoritaire sont des mécanismes extraordinairement efficaces, puisquils ont été retenus par la sélection naturelle ! Les populations neuronales votent en quelque sorte au scrutin majoritaire uninominal à un tour (poursuivi par un carnivore ou poursuivant un herbivore le temps manque pour organiser un scrutin à plusieurs tours !). Un neurone, une voix, peut-on dire schématiquement. Des recherches récentes ont montré quil existe des groupuscules de neurones, des « HYPERLINK "http://www.sciam.com/article.cfm?articleID=2B01392B-E7F2-99DF-33EA093AFDA271B1" cliques », dont tous les membres réagissent de façon identique aux différents stimuli comme sils étaient les adhérents dun même parti. Ceci soustrait le fonctionnement du cerveau aux caprices dun seul neurone. La proposition victorieuse est renforcée par effet feed-back et cest à ce moment quelle devient décision consciente. La Nature a reconnu bien longtemps avant le vieux HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Winston_Churchill" \l "Citations" Winston que ce mécanisme était le pire à lexclusion de tous les autres et ce nest probablement pas un hasard si lesprit scientifique est né dans les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sciences_grecques" premières cités à avoir adopté un régime sinspirant de principes authentiquement démocratiques et où les premiers doutes sont apparus concernant lexistence des dieux. Les idées fleurissent dés que les mâles dominants cessent dexercer leur tyrannie, par les armes ou par largent. Quand la démocratie est bannie de lespace public, on peut encore se consoler en pensant quelle persiste dans lesprit du dictateur.
Une monnaie analogue permet de sélectionner les données accédant à la conscience parmi un nombre quasi infini de possibilités. Cest lidée qui a crié le plus fort qui sempare du micro. La valeur dans cette monnaie dun sujet qui a capté lattention à un certain moment sérode au fil du temps. Une idée positive qui appelle automatiquement une idée négative plus forte quelle ne peut jamais accéder à la conscience. Elle est « refoulée ». Elle nen continue pas moins son travail souterrain, soit quelle opère directement sans passer par la conscience, soit quelle subisse une mutation qui la rende méconnaissable.
Le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Libre_arbitre" libre-arbitre est une illusion puisque la conscience nintervient pas dans le processus qui fixe la valeur des différentes motivations, mais se borne à faire les additions et entérine leurs résultats. Il a dailleurs été prouvé expérimentalement (expériences de HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Libet" Benjamin Libet) que les décisions ne sont pas initiées par la conscience subjective. La décision objective précède de quelques dixièmes de seconde la prise de conscience subjective de cette décision. Des études plus récentes semblent montrer que ce délai peut même atteindre dans certains cas quelques secondes. La décision a donc été prise au niveau de linconscient. Comme la prise de décision a mobilisé, pour ou contre, un grand nombre de circuits nerveux, il est tout à fait naturel que le champ électromagnétique émis à cette occasion soit puissant et que, par conséquent, la conscience en soit affectée. La science semble ainsi donner raison aux HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jans%C3%A9nisme" jansénistes tenants de la prédestination, cest à dire au fond du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9terminisme" déterminisme de nos pensées et de nos conduites, contre les jésuites tenants du libre-arbitre. La prédestination est une variante du déterminisme selon laquelle lavenir détermine le passé. Cependant elle inverse ainsi la flèche du temps ce que la physique en général et la thermodynamique en particulier interdisent. Les Jésuites, hommes de bon sens, nont pas fait cette erreur mais sont tombés comme la plupart des gens dans la contradiction interne du libre-arbitre. Un chat choisit daller vers son coussin ou vers son écuelle. Sil a plus faim que sommeil il ira vers lécuelle et vers le coussin dans le cas contraire. Au nom de quel libre-arbitre irait-il ce vers quoi il a le moins dinclination ? Certes il peut calculer que, bien quayant plus sommeil que faim, il pourrait rapidement manger un morceau pour être débarrassé de sa faim avant daller dormir. Dans ce cas son inclination prépondérante est la combinaison casse-croûte rapide et sommeil. Ce calcul doptimisation a-t-il un rapport quelconque avec le libre-arbitre ? Le cortex qui opère ce calcul apparaît dans ce cas particulier comme un outil de prospective au service des sensations transitant par le bulbe. Bien sûr, dans sa fierté de chat, ce dernier peut proclamer quil est lui aussi doté de libre-arbitre et, pour le prouver, faire un choix apparemment contraire à son inclination la plus immédiate, mais cest qualors son inclination à la fierté se sera révélée plus forte quaucune des deux autres. Il ny a pas deffet sans cause
On peut regretter après coup un pas de clerc, un geste déplacé ou une parole malheureuse mais, au moment où ces actes inappropriés ont été commis, ils étaient ressentis comme simposant majoritairement, c'est-à-dire absolument selon le mode de fonctionnement du cerveau. La liberté dun individu, cest autre chose. Elle consiste pour lui dans la possibilité de satisfaire ses aspirations les plus profondes sans avoir à souffrir de contraintes inutiles ou arbitraires. Mon professeur de philosophie, homme excellent et qui se disait bon catholique, augurait déjà au début des années 1950 que l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Existentialisme" existentialisme alors à la mode, qui proclame que lhomme construit librement son destin, se casserait les dents sur les enseignements de la science
Cest le même qui demandait à ses élèves pourquoi il était très invraisemblable quil assassinat tel ou tel dentre eux et ses élèves répliquaient en invoquant la crainte du gendarme, celle dun châtiment éternel, lopprobre publique, ou le remords. Il leur faisait voir quils étaient dans lerreur la plus complète et que leur principale garantie résidait dans son sens moral à lui, caractéristique intangible de sa propre personnalité. Lexistentialisme na rien apporté de véritablement nouveau. Je suppose que Sartre avait pris lui-même conscience des faiblesses de sa philosophie puisquil a interrompu très tôt son uvre dans ce domaine pour se consacrer à la littérature et à une action politique inspirée par le marxisme qui est lexact opposé de lexistentialisme. Cest probablement pour ça quil a refusé un prix Nobel que ses talents multiples justifiaient amplement. De fait, lidée que je pourrais prendre une décision qui ne découle pas de ma propre personnalité et des circonstances dans lesquelles je dois la prendre ne parvient pas jusquà mon cortex. « Madame la maréchale, ces Corozaïnois et ces Betzaïdains furent des hommes comme il n'y en eut jamais que là, s'ils furent maîtres de croire ou de ne pas croire ». On pourrait tout aussi bien dire de faire ou de ne pas faire. On ne se refait pas comme le dit la sagesse populaire. Je ne me suis pas choisi, comme vous vous en doutiez peut-être, pas plus que je nai choisi les circonstances dans lesquelles jai à prendre telle ou telle décision. Même si, pure hypothèse, le moi daujourdhui choisit le moi de demain, qui choisit le moi daprès demain etc.
le dernier moi de la série dépendra encore des inclinations du moi daujourdhui et de circonstances fortuites. Penser autrement est faire fi du principe de causalité. Bien entendu, parmi mes motivations, certaines sont altruistes et dautres sont égoïstes, mais leurs forces relatives sont inscrites dans les replis de mon cerveau au moment où jai à décider, et vais-je décider contre la motivation la plus forte, que celle-ci soit égoïste ou altruiste, peureuse ou courageuse, prudente ou audacieuse, morale ou immorale, louable ou condamnable, raisonnable ou déraisonnable ? Chez un homme équilibré le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Surmoi" surmoi et les pulsions telles que la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Libido" libido exercent des forces comparables, ce qui le place à égale distance du saint et du sybarite. La conscience qui est en première ligne assiste à toutes les phases du combat en tant quobservateur. Elle ne décide pas plus du sort de la bataille quun arbitre impartial ne décide du sort dun match, même si elle est la première à être affectée par son résultat. Il ne faut pas confondre le sentiment de liberté absolue que chacun peut éprouver avec la réalité neuronale du processus de décision. Un sentiment, pas plus quun mot ne créent une réalité autre que le mot ou le sentiment eux-mêmes. Le vrai de lexistentialisme est que la personnalité dun individu se construit progressivement par ces choix successifs apparemment libres mais en fait contraints et quun souffle peut faire pencher la balance dans un sens ou dans lautre. La société toute entière connaît ce genre de choix cruciaux : la condamnation à mort de Louis XVI ou linstauration de la 3ème république ont été votées à de très courtes majorités. Un homme frais et un homme fatigué ne prendront pas forcément la même décision. Lun commettra lirréparable et lautre non. Tel apparaîtra fort et courageux quand il est en bonne santé qui passera pour faible et pusillanime sil est atteint de quelque maladie. Ceci montre bien la vacuité de tous les jugements moraux. Rien ne distingue les neurones qui matérialisent des motivations bénignes des neurones qui matérialisent des motivations malignes. Peut-être sont-ce les mêmes différemment connectés. Une décision a des conséquences immédiates, mais aussi des conséquences à long terme en modifiant la réponse future de linstrument. Cest en ce sens que « lexistence précède lessence ». Une décision difficile et courageuse en rend possibles dautres encore plus difficiles et plus courageuses. On entraîne son cerveau comme on entraîne son corps. Lhomme est un système physique compliqué dont le comportement est quelquefois imprévisible mais qui est le plus souvent gouverné par lhabitude. Chaque événement laisse une trace, un chemin préférentiel pour linflux nerveux invitant à la répétition des mêmes comportements. Si je creuse un sillon dans le sable, les écoulements futurs en seront influencés dans le sens de leur répétition. Le bouddhiste parle dimpermanence et le sage antique assure quon ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, ce qui est vrai aussi. Le seul correctif concevable à ce déterminisme strict serait lintroduction dans le circuit de ma décision dun élément aléatoire, mais ceci est fort éloigné de ce que lon veut signifier quand on parle de libre-arbitre. Il y a dailleurs contradiction entre les deux vocables ainsi associés : un arbitre nest pas libre ; il rend son arbitrage en fonction de règles et non en fonction de sa propre fantaisie. Ce nest pas lui qui décide du sort dune partie, ou alors cest un très mauvais arbitre. Le vocable anglo-saxon de free will, libre volonté, présente la même difficulté car il faut préciser de quoi dépend cette volonté, ce qui ramène au problème précédent. Le terme de libre-arbitre, quelle que soit la langue utilisée est un oxymore. Nous sommes ce que nous mangeons. Le fait pour un atome ou une molécule dêtre incorporé au système nerveux dun organisme vivant ne le fait pas échapper à un strict déterminisme physico-chimique quaucune expérience na jamais remis en cause. Certains ont imaginé que le caractère aléatoire de la physique quantique pouvait introduire, sinon le libre-arbitre du moins une indétermination dans le processus de décision. Ils pensent que les HYPERLINK "http://membres.lycos.fr/pierreyvesmorvan/quantique.htm" fluctuations quantiques feraient que lâne de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Buridan" Buridan choisirait de manière aléatoire tantôt un sac de son, tantôt lautre mais ceci entrainerait lirresponsabilité de lâne plutôt que linverse. Un tel processus ne peut être à priori que très marginal compte tenu que les processus mentaux semblent mettre en uvre des collections importantes datomes et non des atomes individuels. Deux coups tirés avec la même bouche à feu, la même munition, la même charge de poudre et les mêmes angles ne font pas le même trou près de lobjectif visé. Parlera-t-on pour autant du libre-arbitre du canon ? Un obus de mortier a explosé au dessus de la porte du local où se tenait le « philosophe ». Sa trajectoire eut-elle été plus courte de quelques décimètres quil entrait directement dans la pièce et que cen était fait du philosophe et de sa philosophie. Le philosophe sait cependant que lexacte trajectoire du projectile a été déterminée par une myriade de facteurs physiques tels que la température de la poudre, la densité de lair, la direction et la force du vent aux différentes altitudes, etc. Ces différents facteurs navaient aucune intention bonne ou mauvaise à son égard. Il se trouve quà la fin du processus le philosophe est toujours vivant, ce qui doit lui suffire et ne mérite pas dautres commentaires de sa part. Placé dans les mêmes circonstances un esprit religieux remercierait les dieux davoir été épargné et le philosophe a quelque difficulté à se défendre contre cette même pensée. Cest pendant lété 1944 dans un village dIle de France. Loccupant qui se replie a été rendu fou-furieux parce que des partisans mal inspirés ont kidnappé quelques uns de ses soldats. Il ordonne que personne dans le village ne sorte de sa maison. Ceux qui le peuvent courent se cacher. Le philosophe en herbe, inconscient du danger, joue dans le jardin de ses parents avec une bicyclette empruntée à sa grande sur. Il aperçoit à moins de cent mètres deux silhouettes qui gesticulent de façon menaçante. Inquiet, il fait demi-tour. Un coup de feu se fait entendre, ou peut-être une très courte rafale, et des feuilles tombent du pommier qui se trouve à quelques mètres de lui. Dun coup de guidon le garçonnet sengouffre dans le sous-sol de sa maison sans demander son reste. Les deux soldats poursuivent leur chemin. Quelques temps après on peut voir linstituteur, le visage cramoisi, courir en tous sens pour tenter déviter le pire à ses concitoyens. Finalement cest une femme dont il se murmurait quelle avait eu des bontés pour loccupant qui sentremet et, possiblement, sauve le village. Quelques semaines plus tard, elle sera tondue. On se venge toujours davoir eu bien peur.
Quand, pire qu'une brosse, elle eut été tondueJ'ai dit : " C'est malheureux, ces accroche-cçur perdusEt, ramassant l'un d'eux qui traînait dans l'ornièreJe l'ai, comme une fleur, mis à ma boutonnière
( HYPERLINK "http://www.parolesmania.com/paroles_georges_brassens_9624/paroles_la_tondue_334633.html" Georges Brassens. La Tondue)
On la vit encore quelque temps faire ses courses avec un fichu sur la tête, puis on ne la vit plus et cest la fin de cette regrettable histoire. Lhéritier de ces deux anecdotes préfère croire aujourdhui quil ne doit pas la vie à la maladresse du soldat qui a tiré depuis la rue mais plutôt à un sentiment humain et responsable de sa part qui aurait pris le pas sur la consigne militaire. Lobus et le soldat ont tous deux épargné le « philosophe » (Alléluia !) mais, contrairement aux apparences, le soldat nen pensait pas plus long que lobus. Il navait que quelques secondes pour se décider, peut-être moins. La machinerie de son cerveau sest mise en route et sa conscience objective a rendu son verdict : « vise un peu à gauche ! ». Ceux qui affirment mordicus lexistence du libre-arbitre sexpriment rarement par écrit de nos jours car ils devraient commencer par dire exactement ce que recouvre pour eux cette notion. Sils ne le font pas cest parce que le concept de libre-arbitre leur file entre les doigts. Quand ils sexpriment oralement, ils sont obligés dentretenir la confusion pour donner une apparence de raison à leurs arguments. Il est compréhensible quil soit difficile à la plupart des gens dabandonner la fiction du libre-arbitre puisquelle donne son apparence de légitimité à toute lorganisation sociale. Aussi longtemps que les hommes ont crû à lexistence de divinités multiples et se sont crus tiraillés entre leurs différentes influences ils ont pu croire que leur destinée nétait pas irrévocablement fixée. Lavènement du monothéisme selon lequel rien néchappe à la volonté dun dieu unique a porté un coup potentiellement fatal à cette opinion. Le monothéisme ouvre la voie au déterminisme HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hippone" St Augustin lui-même était bien conscient quil ny a pas place pour le libre-arbitre si lon sen tient aux raisons naturelles. Il a été obligé pour faire une place au libre-arbitre dinvoquer larbitraire dune grâce divine, moyen réservé ordinairement aux causes désespérées. Le mécanisme selon lequel peut sexercer cette grâce est loin dêtre clair comme nous le verrons plus loin. Toutes les créatures ne bénéficient pas de cette grâce de la même façon. Dieu a ses têtes, il faut le savoir ! Il sest déplacé en personne pour le petit peuple juif mais il a abandonné à des imposteurs la multitude innombrable des autres peuples dEurope, dAsie, dAfrique, dAmérique et dOcéanie !! « HYPERLINK "http://www.chez.com/ottaviani/diderot/dneveu.htm"Cornet de rois, cornet de catins », les sorts sont distribués selon sa fantaisie. Remplacer lincompris par lincompréhensible et larbitraire comme le fait St Augustin est toutefois le contraire dun progrès du point de vue de la connaissance et de léthique. Comme beaucoup de philosophes St Augustin a supposé le problème résolu et il en a conclu que le problème était résolu ! Or, le problème ne sera jamais résolu car cest typiquement un faux problème. Comme un juge du siège, la conscience se détermine en fonction des dossiers quon lui présente et de son humeur du moment. Cette humeur est liée à la concentration de différentes hormones et autres substances actives contenues dans le sang qui irrigue son cerveau. Il y a de bonnes et de méchantes gens (bonnes gens ayant cédé à des passions mauvaises) comme il y a de bonnes et de mauvaises voitures (bonnes voitures ayant un défaut de fabrication, ou accidentées ou usées à lexcès), ni plus, ni moins. Tous les travaux psychologiques et psychanalytiques sont implicitement fondés sur lhypothèse dun déterminisme de nos conduites. Le perspicace HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d%27Aquin" \l "De_la_libert.C3.A9_et_du_libre_arbitre" Thomas dAcquin observe que lhomme est en but à deux types de sollicitations. Les premières sont celles qui proviennent du corps. Les secondes proviennent de lesprit. Nous dirions aujourdhui que les unes passent par le bulbe rachidien tandis que les autres proviennent du cortex. Les unes expriment des besoins immédiats tandis que les autres tiennent compte des conséquences lointaines. La conscience est assise sur la chaise darbitre, elle observe le combat et enregistre le score. En cas de conflit entre bulbe et cortex le cortex prend aisément lavantage, mais son action est limitée dans le temps contrairement à celle du bulbe qui, situé à larrière-plan, a une action sourde mais permanente. Dés que le cortex change de préoccupation, cest le bulbe qui reprend la main. Cest la raison pour laquelle nous résistons si mal à toutes les formes daddiction, quil sagisse de drogue, de nourriture ou de sexe. Cest aussi la raison pour laquelle sermons et admonestations sont généralement sans effet durable sur nous. « Madame la maréchale, la tentation est trop proche ; et lenfer est trop loin » Les grands auteurs de leur côté ont toujours invoqué ou illustré la force du destin, leurs héros allant irrésistiblement vers leur salut ou vers leur perte selon leurs ressorts intérieurs et les circonstances quils rencontraient. Les moralistes croient dur comme fer au libre-arbitre ; ils nont dailleurs pas le choix sils veulent que leur activité ait un sens quelconque. Les artistes décrivent le monde tel quil est, cest à dire corseté par le déterminisme. Le titre dun des romans de Diderot nest-il pas « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_le_Fataliste" Jacques le Fataliste » ? Même ceux qui refusent cette forme extrême de déterminisme sy rallient en fait dans leur pratique quotidienne, souvent même de façon caricaturale quand ils attachent des caractères invariables à lorigine géographique, ethnique ou sociale des individus oubliant les effets de la variabilité naturelle et des métissages. Lhomme est, comme on dit, le jouet de ses passions. Il apprend à composer avec elles au nom dune préoccupation plus haute qui peut être la préservation de son espèce, de son clan, ou sa propre préservation, mais ceci nimplique pas lexistence dun libre-arbitre venu don ne sait où. Il ny a pas dangelot appelé libre-arbitre qui appuierait discrètement sur le fléau de la balance de la conscience pour la faire pencher à gauche ou à droite. Sil existait, il faudrait au surplus quil soit lui-même doté dun libre-arbitre. La Justice estime quun prévenu est pénalement responsable sil dispose effectivement de cette balance, ce qui pourrait se concevoir mais cest abusivement quelle le tient pour responsable de ce qui est déposé sur ses plateaux, c'est-à-dire de sa personnalité, de son environnement et de son histoire personnelle. La conscience nest pas libre. Ses décisions sont très directement déterminées par le vote des populations neuronales. On dit parfois avec étonnement quuntel est imprévisible, ce qui implique que dans la plupart des cas le comportement des individus est plus ou moins prévisible, quon en connaît, même de façon approximative, les règles de fonctionnement. On ne doit donc pas dire dun homme quil est imprévisible, on doit dire que la météorologie de son cerveau a encore des progrès à faire. Lavenir est à la fois rigoureusement déterminé et rigoureusement imprévisible à cause de la complexité des phénomènes en cause. Le hasard nexiste pas. Notre ignorance nous lappelons hasard. Nous verrons plus loin quelle peut aussi sappeler Dieu. Je me souviens davoir été interrogé sur le hasard à loral du baccalauréat. Une appréciation exagérément élogieuse avait fait croire abusivement à lexaminateur quil avait affaire à un sujet délite et il avait choisi de linterroger sur cette question qui lui tenait visiblement à cur. Javoue humblement quà lépoque je navais jamais sérieusement réfléchi à la question du hasard. Comme je restai coi après quelques considérations embarrassées sur un dé lancé en lair lexaminateur me demanda à brûle pourpoint si javais lu un petit livre intitulé « le problème du hasard ». Comme je répondais par la négative il macheva dun « eh bien, jeune homme, cest moi qui lai écrit ! » Quon ne me dise plus jamais que le hasard fait toujours bien les choses !
Par certains aspects le fonctionnement du cerveau, parcouru par les courants cheminant dans une multitude de canaux neuronaux, paraît relever de la mécanique des fluides.
Tout est changeant dans les esprits
Les consciences voyagent
Comme des nuages poussés par le vent.
Virgile.
Cest peut-être plus quune simple métaphore quand on parle de tempête sous un crâne à loccasion de sentiments extrêmes de peur, de colère ou de désir. De la sensation physique à laction physique, en passant par le traitement de linformation dans le cerveau, aucun hiatus ne semble exister par lequel pourrait sintroduire quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin au libre-arbitre. Si un tel hiatus existait néanmoins, à qui ou à quoi le processus neuronal passerait-t-il la main et comment la reprendrait-t-il ? La réponse à cette question cruciale que nous tenterons de fournir ne mettra pas en cause le strict déterminisme de cette chaine dévènements. Il est assez frappant de constater que les religions traditionnelles, quil sagisse du christianisme ou de lIslam, sont des tenants fervents du déterminisme. « Tout est écrit » dit le Coran, plus clair en cela que les pères de lEglise qui nont jamais adopté une position unanime même si pour eux lavenir, étant connu de Dieu, est comme tel irrévocablement déterminé. Si lhomme est un roseau pensant comme le lui dit Pascal pour lui rabaisser son caquet, il faut reconnaître avec la même humilité quil est avant tout un robot conscient. La contradiction entre ce fatalisme affiché et le volontarisme quexprime le titre du présent essai nest quapparente, comme le montreront des développements ultérieurs selon lesquels, étant programmé par la sélection naturelle pour se préoccuper du sort de son espèce, lêtre humain déroule son programme et sen préoccupe effectivement. Tous les animaux font de même depuis toujours.
Il est absurde en soi de faire souffrir un délinquant; on ne fait quajouter un nouveau malheur au malheur existant. Le responsable nest pas le corps du délinquant ; il na été que linstrument du forfait ; inutile de lui couper la main. Cest la conscience du délinquant qui souffre du châtiment. Or, elle na fait quapprécier correctement les sollicitations auxquelles elle était soumise, elle nest quun instrument de mesure. Va-t-on punir un thermomètre pour avoir indiqué la bonne température ? Le responsable, car il en faut bien un, cest linconscient qui a pondéré les volitions. Or linconscient lui-même résulte de linteraction dun système génétiquement programmé avec un environnement physique, économique et social déterminé, toutes données sur lesquelles linconscient est évidemment dépourvu de moyens daction. Il parait évident que des circonstances différentes nauraient pas conduit au crime qui a été commis. Va-t-on condamner des circonstances à vingt ans de réclusion criminelle ? Linconscient est donc responsable mais pas coupable. Lacceptation de ce mécanisme exclut toute condamnation morale. Lhomme nest pas plus responsable du fonctionnement de son cerveau que de celui de ses autres organes. Le criminel nest pas plus responsable de son crime que le malade de sa maladie. Dailleurs limagerie médicale a permis didentifier beaucoup de dysfonctionnements physiologiques qui sont à lorigine de certains désordres mentaux susceptibles de provoquer des comportements criminels. Je parie assez tranquillement quil en sera de même dans un avenir plus ou moins proche de tous les comportements criminels au fur et à mesure des progrès des sciences neurologique et criminologique. Dés aujourdhui on a pu mettre en évidence quune lésion du cortex préfrontal handicapait le contrôle des pulsions violentes. Entre comprendre et condamner, il faut donc choisir. Cest la conclusion à laquelle était parvenu un de mes amis, après quil eut été juré dans un procès dAssises. Le criminel le plus endurci se comporte comme vous et moi la plupart du temps : il laisse passer les dames et dit bonjour à sa concierge. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Landru_(film,_1963)" Landru, bon époux et bon père, intelligent, courageux, sympathique comme la plupart des escrocs, méthodique, spirituel, bon amant et même capable damour sincère était, paraît-il, dune exquise urbanité. Poussé au meurtre par la nécessité impérieuse de nourrir sa famille et cédant à lapparente facilité due à une période troublée il est devenu larchétype des criminels inexcusables. Il nétait cependant pas plus responsable de linsuffisance de son sens moral et de lintensité de ses passions que de sa taille ou de la couleur de ses yeux. La soi-disant responsabilité du délinquant nest pas autre chose que le prétexte commode invoqué pour exercer sur lui, en toute bonne conscience, une vengeance, en contradiction flagrante avec lesprit du christianisme (pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé
). Curieusement dans cette prière, il est conseillé à Dieu de prendre exemple sur lhomme ! Ne serait-il pas aussi bon que certains le prétendent ? La seule question sérieuse à se poser concerne les moyens à employer pour que ces trois livres de masse gélatineuse qui constituent le cerveau du prévenu cessent de répondre par le crime à certaines sollicitations, des moyens qui, autant que faire se peut, najoutent pas le malheur au malheur. Les raisons objectives des châtiments infligés sont la protection de la société par mise à lécart du délinquant, leffet dissuasif sur lui-même et sur ses émules, si possible le traitement et la guérison (?) de son inconscient malade avant quil ne sorte de prison et, ce nest pas le plus joli, la satisfaction donnée à la victime, à ses proches et à la société toute entière davoir été vengés. Pourquoi dés lors me direz-vous changer notre manière de voir les choses si cest pour aboutir aux mêmes conclusions pratiques ? Cest selon moi que lexacte appréhension des problèmes augmente les chances de trouver les bonnes solutions. Il est rare que la victime demande elle-même une punition exemplaire pour son agresseur. Tous deux sont devenus en quelque sorte intimes
Cest donc le Ministère Public qui requiert. La suppression de la peine de mort est un premier pas très important vers la reconnaissance de cette réalité. Lorsque cette forme extrême de punition est encore pratiquée il est généralement admis dans les sociétés avancées que la mise à mort du condamné doit être la moins douloureuse possible, et elle se pratique loin des regards du public. Ajoutons que la suppression de la peine de mort simpose dautant plus que des tests ADN récemment pratiqués dans les prisons américaines ont montré que plusieurs de ceux qui attendaient leur « châtiment » dans une angoisse quon ne peut même pas imaginer étaient en réalité innocents des crimes pour lesquels ils avaient été condamnés. Il y a tout lieu de penser que la justice américaine nest pas une exception. Très souvent, le condamné a été lui-même dans son enfance la victime dune injustice quil a douloureusement ressentie et dont lauteur na jamais été puni. Tout crime est la manifestation dun désordre mental qui peut être selon les cas durable ou momentané et je ne voudrais pas être à la place des experts qui ont à décider de la catégorie à laquelle appartient un désordre particulier. Il peut dailleurs paraître curieux que la démence soit une cause dirresponsabilité pénale : la justice punit celui qui a des crises passagères et elle épargne celui chez qui ces crises sont permanentes... Jai entendu récemment un procureur donner pour preuve de la bonne santé mentale dun forcené le fait quassiégé dans sa maison il avait tiré systématiquement sur tous les gendarmes qui se présentaient! La chose prêterait à sourire si un des gendarmes nen était mort. Les sommes consacrées à traiter tous les délinquants comme des malades ou des accidentés et non comme des coupables afin de ne pas les laisser dans une désespérance amère et revancharde ne seraient-elles pas inférieures aux coûts de toute nature des récidives et du renforcement sans limites des systèmes policier, judiciaire et carcéral ? Une conclusion qui se dégagerait dune telle entreprise serait probablement quil faut commencer par soigner la société. Les investissements à réaliser dans cette hypothèse en matière de répartition des richesses et déducation sont-ils hors de portée dune société moderne ? Il est certain que les investissements les plus rentables dans ce domaine sont ceux qui sont effectués très tôt. Cest avec une fermeté empreinte de douceur et daffection que les enfants doivent être maintenus sur le bon chemin. Il faut bien entendu ne leur fournir que de bons principes et de bons exemples. Il faut leur apprendre non la peur, mais la prudence qui évite la peur. Le rôle des parents, des grands-parents et des éducateurs est à cet égard essentiel. Dans un age plus avancé ce rôle incombera aux dirigeants
Cest pourquoi lamoralité voire limmoralité des leaders politiques ont des répercussions si funestes sur lensemble de la société.
La conscience est apparue chez les êtres vivants comme avantage évolutif dés que ceux-ci ont bénéficié dun certain choix des actions quils pouvaient exercer sur leur environnement. Il est néanmoins naturel de penser que la conscience dun mammifère évolué est plus riche en harmoniques que celle dun vermisseau,
La conscience dun chien ou celle dun cheval ne doivent pas être fondamentalement différentes de celle dun représentant de lespèce humaine, pas plus que ne le sont par exemple leurs sens visuels ou auditifs respectifs car, sur larbre de lévolution, les branches sur lesquelles ces différents êtres vivants sont perchés sont voisines. On reconnaît trop bien chez un chien la faim, la soif, le froid, le chaud, la peur, la douleur, la colère, la honte mais aussi la joie, laffection, le désir, le sens du jeu pour quil nen soit pas ainsi. Chaque animal a sa propre personnalité. Que dites-vous dun chien qui sinstalle sur le canapé auprès de ses maîtres pour regarder la télévision et qui réclame quon lui mette sa ceinture de sécurité chaque fois quon lemmène en voiture sinon que, selon toutes les apparences, il se prend pour un homme ! Les émotions, ces sentiments primordiaux qui colorent toute la vie mentale sont donc apparus assez tôt dans lévolution. Quand le lion sapproche de la lionne, les coups de patte et les feulements de cette dernière ne signifient-ils pas clairement à son compagnon : Dis donc, grand fainéant, tu crois que je nai que ça à faire ? On voit bien que ça nest pas toi qui es chargé de nourrir la famille et déduquer les enfants ! . Ce qui distingue la conscience dun homme qui discourre de celle dun âne, cest ce qui la traverse et qui dépend de ce qui se situe en amont, dans son inconscient. La conscience dun âne associée à un inconscient dhomme pourrait se mettre à parler, justifiant ainsi les inventions des fabulistes. Verrait-t-on même la différence ? Est-ce que le cri nocturne de la chouette ne sadresse pas à lhomme également ? Il devrait être interdit de tuer quelque animal que ce soit en lébouillantant ou en lasphyxiant. La conscience est un phénomène si largement répandu dans la nature quil ne peut rien avoir de surnaturel. Aucune étude sérieuse ne semble pourtant avoir été entreprise pour distinguer les espèces qui ont une conscience de celles qui en sont dépourvues comme cest le cas suppose-t-on des végétaux. Lhomme, la nuit, redevient un végétal. Mort, il retourne au minéral. Quand il rêvasse le ventre plein, néprouvant ni besoin ni douleur, il est probablement proche dun animal au repos. Selon les circonstances un virus passe de létat dêtre vivant à celui de cristal ce qui montre que les frontières peuvent être brouillées entre les catégories. Le chien nignore pas le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Concept" concept de chat puisquil poursuit indifféremment chat persan et chat de gouttière. Laboiement qui traduit son état émotionnel est une forme élémentaire de langage. Le chat dispose du concept « eau » car il la fuit sous toutes ses formes. Je ne crois pas que la poule se méprenne sur les intentions du coq. Elle se fie en effet au langage du corps qui est universel, quil sagisse de rites pré copulatoires, ou dattitudes dintimidation ou de soumission. Ce qui se passe dans le cerveau dun lion poursuivant une antilope ne doit pas être très différent de ce qui se passe dans le cerveau dun joueur de rugby essayant de rattraper et de plaquer au sol son adversaire. Dans les deux cas, il sagit dun comportement non verbalisé. Nest-ce pas dailleurs la caractéristique de tout sport de reposer le pratiquant dune verbalisation envahissante qui ne pourrait que nuire à la qualité de son jeu? Les évènements se succèdent dailleurs trop rapidement dans les activités sportives pour faire lobjet dun discours. Le sportif en action fait ainsi avec bonheur limpasse sur quelques millions dannées dévolution ! Je soupçonne que les pensées de lhomme de science, du peintre ou du musicien sont principalement non verbales quand ils exercent leurs activités à leur plus haut niveau. Si leur monologue intérieur senclenche, je crois que cest plus celui du commentateur que celui du créateur. Il nest pas rare déprouver de laffection pour un animal domestique qui est très généralement un mammifère. Cest beaucoup plus inhabituel à légard dun insecte. Pourtant, de la matière inanimée à lhomme, la mouche a peut-être déjà, en matière « dinventions », effectué 90% du chemin. Le programme de fabrication dun homme est très proche de celui dun rat dégout et cest pourquoi les rongeurs sont les vedettes de nos laboratoires. Tous les mammifères, dont nous-mêmes bien évidemment, descendraient dune souricette mesurant dix centimètres de la tête à la queue et qui vivait en Chine il y a cent soixante millions dannées. Quel est lhomme contemporain qui serait capable de survivre dans la jungle ? Pourtant le chimpanzé y vit à laise sachant sy défendre, sy nourrir et sy soigner. La différenciation de lhomme actuel par rapport aux autres primates na pris que quelques millièmes de la durée totale qui sest écoulée depuis lapparition de la vie. Il nest donc pas étonnant que ces espèces soient encore si proches. Lhomme préhistorique, commensal des loups et des ours, se considérait sans doute comme un animal parmi dautres. Lhomme contemporain, avec larrogance des nouveaux riches, refuse le plus souvent de reconnaître lanimal comme son semblable et encore moins lanimal qui est en lui-même. Ceci na rien de surprenant si lon songe quil a souvent la même attitude à légard de ses propres congénères, quil sagisse dennemis, desclaves, de représentants de races ou de classes sociales supposées inférieures, voire de la gent féminine ou des représentants dun autre parti. Les films animaliers ont fait beaucoup pour alerter lopinion publique et rendre à lanimal une dignité quil semblait avoir perdue depuis quelques millénaires. Les divinités ont en effet longtemps affecté des formes animales avant de les perdre au bénéfice de formes humaines. A supposer que tous les « brevets » concernant la fabrication des animaux soient tombés dans le domaine public, quel est celui que linventeur supposé de lêtre humain pourrait déposer qui ne puisse être contesté ? Un tel brevet ne pourrait couvrir ni loutillage ni le langage, ni le symbolisme si on se réfère aux dernières expérimentations effectuées sur les animaux les plus évolués. Le cerveau humain a sensiblement la même structure et les mêmes aires spécialisées que celles des autres mammifères supérieurs. Laugmentation de la masse du cerveau à elle seule ne saurait faire lobjet dun brevet car lidée est à la portée de nimporte quel ingénieur. A un moment de son histoire lhomme a été victime dune hypertrophie de son cerveau. Ses conditions dexistence ont fait que ce handicap est devenu un atout. La raison en est que chez lhomme, comme chez les autres primates et contrairement à ce qui se passe avec les autres grands mammifères, les neurones ont conservé la même taille, ce qui a permis den augmenter considérablement le nombre, donc la complexité du traitement des informations, sans allonger à lexcès la longueur des liaisons entre neurones, donc sans diminuer la vitesse de ce traitement. De fait la miniaturisation des neurones humains parait avoir atteint la limite « technologique » de ce type de composant. La consommation dénergie du cerveau humain reste également de ce fait à un niveau raisonnable. Il ny a donc aucune discontinuité de lanimal à lhomme, à ceci près quun beau jour la masse du cerveau de ce dernier a atteint la valeur critique et que la divergence des savoirs et des savoir-faire commencée à petit bruit, mais de caractère exponentiel, continue de se produire actuellement à une vitesse accélérée. Une telle HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9action_en_cha%C3%AEne" réaction en chaîne ne sachève que par lépuisement du combustible (le connaissable et le faisable) ou sa dispersion par suite dune explosion. Loption entre ces deux futurs reste aujourdhui ouverte. Laissez à certaines espèces le temps et lespace vital nécessaires et elles pourront éventuellement saventurer sur le même chemin, au cas où lhumanité disparaîtrait. Sélectionnez une race canine sur des critères dintelligence et vous obtiendrez dans un million dannées une race de chiens à grosse tête dont les femelles auront nécessairement un bassin élargi, ce qui les rendra plus sexy aux yeux des autres toutous. Le poulpe avec ses grands yeux et ses nombreux tentacules, mais lent et sans protections, passe pour particulièrement intelligent. Certains mammifères marins semblent disposer de moyens intellectuels comparables à ceux de lhomme, mais la vie des habitants des eaux est trop facile. A la différence des animaux terrestres et des oiseaux ils nont pas dénergie supplémentaire à fournir pour prendre de laltitude, ils nont pas besoin de membres pour lutter contre la pesanteur, ni de mains pour grimper aux arbres et se défendre des prédateurs. Les plus favorisés dentre eux entretiennent de longues conversations avec leurs congénères et jouissent tranquillement de lexistence sans donner un coup de nageoire de trop. Quand pourrons-nous entendre lhistoire de Jonas racontée par des baleines ?
La conscience ne comprend pas, elle na que le sentiment davoir compris. La compréhension consiste dans létablissement de liaisons nouvelles et permanentes entre certains neurones libres, de façon à créer de nouveaux concepts et de relier ces concepts avec les concepts préexistants. Sa nature physique implique que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Où se situe le mécanisme neuronal qui préside à la mise en uvre dun HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Syllogisme" syllogisme et comment fonctionne-t-il ? Telle est la question. Mon hypothèse est que le mécanisme existe au niveau de linconscient, quil nest pas nécessairement ni même le plus souvent verbalisé et que les autres processus logiques sont dans le même cas. Les animaux qui ne disposent pas de la parole ont des comportements logiques ; ils sentent, pensent et raisonnent. Les fonctions conjonctions (ET, OU, SI, MAIS, NI etc.
) nécessaires à lélaboration dun raisonnement doivent correspondre à des concepts particuliers réalisant les liaisons neuronales nécessaires à la réalisation des fonctions logiques correspondantes. Seule lespèce humaine leur a donné un nom. La pensée inconsciente précède lexpression consciente de la pensée. Dans le processus de compréhension, le seul rôle de la conscience est de valider la proposition de linconscient de se mettre au travail et de le stimuler tant que le sentiment davoir compris nest pas atteint.
La conscience subjective ou lâme si vous préférez nest pas immortelle. Comment survivrait-elle à la disparition totale du processus matériel qui lengendre, loscillation des circuits neuronaux, alors que le sommeil, diverses substances chimiques, une vive douleur, une vive émotion, un malaise ou un coup sur la tête un peu appuyé suffisent à la faire disparaître ? Nest-il pas naturel de penser que lémission disparaît avec lémetteur, la musique avec linstrument ? Dans quel conservatoire pourrait séjourner lâme du reptile ou celle du poisson qui ont laissé leur empreinte dans la roche ? Où résident maintenant les instincts, les souvenirs et les automatismes qui étaient codés par leurs neurones ? Le mythe chrétien de la résurrection de la chair ou le mythe bouddhiste de la transmigration des âmes dun corps dans un autre montrent que ces traditions religieuses ont intégré le fait que lâme ne peut exister sans le corps dont elle est une émanation.
Les bonnes âmes voudraient que la vie humaine soit considérée comme une valeur absolue. Cest louable, mais inapplicable dans la pratique, car les sommes à dépenser pour la préserver nauraient pas de limite. Un chant naît, se prolonge un moment et séteint. Seule la musique est éternelle. Quimporte quune mémoire soit détruite sil en existe une copie. La nature est particulièrement libérale en matière de copie. Il nest que de comparer dans nimporte quelle espèce le nombre de graines et le nombre dindividus formés. A la grande loterie génétique, il y a beaucoup dappelés et peu délus. Compte tenu de la relative facilité avec laquelle on peut le fabriquer, lêtre humain na que la valeur quon veut bien lui reconnaître par contrat. Doù, pour les individus et pour la société toute entière, lextraordinaire importance que de tels contrats existent et quils soient respectés scrupuleusement. Ces contrats devraient stipuler que tout homme a droit au bonheur et quil a le devoir de concourir au bonheur de ses semblables. Ils devraient être signés lors des principales étapes de la vie dun individu ainsi que lors de lacceptation de certaines fonctions, et préciser à chaque fois les nouveaux droits et les nouveaux devoirs, les récompenses et les sanctions prévues qui sy attachent. Il sagit au fond de lapplication à la vie des citoyens des principes de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Assurance_qualit%C3%A9" lAssurance Qualité. Chacun devrait sengager par serment lorsquil atteint sa majorité à dire la vérité, rien que la vérité et, dans la mesure du possible, toute la vérité. Dire toute la vérité en toutes circonstances fâcherait les meilleurs amis du monde et rendrait impossible la vie en société. Cependant, si lindividu na quune valeur contractuelle, lespèce humaine doit avoir pour nous une valeur intrinsèque supérieure à toute autre tant que naura pas été décelée dans lunivers la trace dune espèce équivalente. Préserver la vie quoi quil arrive est une responsabilité cosmique quon aimerait pouvoir partager, mais ça nest pas dactualité.
Nous pourrions imaginer que, profitant de la présence simultanée en un même lieu des informations et des décisions, un système voisin de lécran dont nous avons parlé tout à lheure exerce un contrôle sommaire de cohérence, comme le fait un commandant en chef sur les propositions de son état-major et quun contrôle satisfaisant suscite le sentiment dévidence, mais cest une pure hypothèse
Certains objecteront que lutilisation de lexpression « vu de lintérieur » ne constitue pas une explication satisfaisante dans la mesure où elle ne fait que déplacer le problème si la signification physique de cette expression nest pas précisée. L « intériorité » ne correspond à aucune propriété physique connue. Cest donc encore de la métaphysique. Quel est lil qui regarde limage de lil qui regarde limage de lil qui regarde
? Cette suite na pas de fin. Cette difficulté apparemment insurmontable constitue ce que les anglo-saxons appellent le « hard problem ». Bien peu de gens semblent vraiment conscients de létrangeté fondamentale du phénomène de la conscience pourtant si répandu. Lidentification de lentité physique qui est vue de lintérieur permet toutefois de franchir une étape importante. Certains comme le professeur Koch déjà nommé soupçonnent quil ne sera pas possible daller plus loin. De façon analogue, on peut observer que Newton explique la pesanteur par une force dattraction dont il ignore le mécanisme. Einstein fait un pas de plus en lexpliquant par une déformation de lespace-temps due aux masses qui y sont présentes, mais sait on vraiment ce que sont et lespace et la masse et le temps ? Malgré les efforts des physiciens ces notions font encore lobjet de débats. Hors la pratique courante ce sont toujours des notions insaisissables. Le phénomène dintrication ne les a-t-il pas remis en cause au point que certains pensent quune refondation de la physique est nécessaire ? Comprend-on vraiment comment un champ agit sur une particule ? A un moment ou à un autre, on bute sur un constat quil est impossible de dépasser. Rien ne prouve que le cerveau humain soit apte à tout comprendre et nul na jamais vu sans artifices le fond de son il, ni un contenu contenir son contenant. La compréhension est un processus logique qui peut être modélisé informatiquement. Or il existe des programmes informatiques dont on constate que lexécution, qui est un processus physique, HYPERLINK "http://cs.umaine.edu/~chaitin/" ne se termine jamais sans quon soit capable de le prévoir avec certitude. La raison raisonnante comporte donc des limitations. Il nest pas impossible que lhomme, par construction, soit pour toujours dans lincapacité de se comprendre lui-même et de comprendre la raison ultime de ce qui lentoure.
Il est cependant possible dentrevoir une issue plus favorable à ces interrogations. Adoptons la thèse selon laquelle la conscience nest pas un phénomène surnaturel et revenons au champ électromagnétique engendré par lactivité électrique ondulatoire des neurones et à sa liaison supposée avec la conscience. On peut observer que la composante magnétique et la composante électrique de ce champ sont inextricablement mêlées au point quelles peuvent être représentées par un être mathématique unique : le tenseur électromagnétique. Toute variation du champ électrique induit une variation du champ magnétique et réciproquement. Cette interaction se manifeste tout particulièrement dans le phénomène de la lumière et des autres rayonnements électromagnétiques. Faut-il voir dans ce jeu de miroirs qui se répondent à linfini lorigine de la propriété qua la conscience de connaître son propre état, davoir ainsi le sentiment de sa propre existence ? Faut-il y voir la solution de la difficulté précédemment soulevée (Quel est lil qui regarde limage de lil qui regarde limage de lil qui regarde
?). La conscience dun individu serait ainsi le tenseur électromagnétique correspondant aux courants électriques ondulatoires qui parcourent son cerveau. Que voulez-vous que ce soit dautre ? Cette conclusion de notre enquête me rappelle la phrase prononcée par Louis Jouvet, inspecteur de police, à la fin du film « Quai des Orfèvres » quand il découvre que ce quil prenait pour un drame passionnel n'était finalement qu'un crime crapuleux ; « on croit que ça va être une belle affaire et ça finit comme toujours : en pipi de chat ! » Après cette belle explication de laspect subjectif du phénomène de la conscience dont le seul but était de montrer quune telle explication dans un cadre rationnel nest pas plus impossible par principe que celle dautres phénomènes considérés comme élucidés, nous pouvons entreprendre lexamen du texte de Diderot, section par section.
4. PREAMBULE
J'avais je ne sais quelle affaire à traiter avec le maréchal de *** ; j'allais à son hôtel un matin ; il était absent ; je me fis annoncer à madame la maréchale. C'est une femme charmante ; elle est belle et dévote comme un ange ; elle a la douceur peinte sur son visage ; et puis un son de voix et une naïveté de discours tout à fait avenants à sa physionomie. Elle était à sa toilette. On m'approche un fauteuil ; je m'assieds, et nous causons. Sur quelques propos de ma part, qui l'édifièrent et qui la surprirent (car elle était dans l'opinion que celui qui nie la très sainte Trinité est un homme de sac et de corde, qui finira par être pendu), elle me dit :
La Maréchale. - N'êtes-vous pas monsieur Crudeli ?
Crudeli. - Oui, madame.
La Maréchale. - C'est donc vous qui ne croyez à rien ?
Crudeli. - Moi-même.
Il convient dadmirer la concision de ce préambule qui campe en quelques phrases courtes la situation et les personnages. Diderot est impatient dentamer son propos, les mots lui brûlent les lèvres. Pourquoi évoque-t-il demblée le sujet de la HYPERLINK "http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/trinite/" Trinité ? Cest probablement parce que cest un des premiers sujets abordés par la doctrine et quà ses yeux le fait dobliger tous les croyants à confesser que un égale trois et que trois égalent un est la meilleure illustration de labandon de tout esprit critique quexige ladhésion sans réserves aux thèses de la doctrine catholique. On comprend que les docteurs de la foi aient cherché à se débarrasser le plus rapidement possible de lobligation dexposer un dogme aussi abscons. Voici en effet comment les docteurs de la foi s'expriment au sujet de la Trinité :
" Dieu le Père, étant l'Être infiniment intelligent et actif, n'a jamais été un seul instant sans se connaître. Or cette connaissance infinie, parfaite, égale à Dieu, quoique distincte de lui, c'est sa Sagesse ou son Verbe, qui, possédant nécessairement une réalité à part, s'appelle le Fils. Mais Dieu le Père se connaissant tel qu'il est, et connaissant son Fils, qui est l'image de sa personne, avec ses infinies perfections ne peut ne pas l'aimer. Et ce Fils, pareillement connaissant son Père, ne peut non plus ne le point aimer d'un amour éternel et infini, or cet amour réciproque du Père et du Fils, réalité nécessairement subsistante (????), s'appelle la troisième personne, ou le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Esprit" Saint-Esprit. Il procède à la fois du Père et du Fils, et il est Dieu aussi, étant infini et éternel comme eux ».
Une fois quil a avalisé lexistence du syndicat dadmiration mutuelle décrit par ce galimatias le croyant est en situation de tout avaler. Cette difficulté gratuite vient du fait que les initiateurs du dogme trinitaire en ont rajouté en voulant faire du Christ un dieu, ce quil na jamais revendiqué expressément lui-même, si lon en croit les évangélistes. Quand ils disent « Notre Père », les chrétiens se considèrent-ils comme engendrés par Dieu au sens le plus physique du terme et dieux eux-mêmes ?
Notre Père qui êtes aux cieux Restez-y Et nous nous resterons sur la terre Qui est quelquefois si jolie
(Jacques HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pr%C3%A9vert" Prévert. Paroles)
Platon qualifiait HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" Socrate dhomme divin. Est-ce que ceci en faisait un dieu pour autant ? Pour faire bonne mesure, ces fondateurs ont inventé la théorie du « HYPERLINK "http://www.sspx.ca/Communicantes/Apr2002/French/Le_Sacrifice_redempteur.htm" Rachat » qui dispute à la Trinité la palme de labsurdité. De quoi lenfant qui vient de naître peut-il bien être coupable, lui qui est limage même de linnocence ? Quelle est la caisse de compensation qui établit un ratio entre les douleurs des hommes et celles des divinités ? Entre celles des victimes et celles des coupables ? Que dire également de la double nature du Christ, à la fois humaine et divine ? Par ces défis au bon sens, et au-delà dobjectifs politiques qui seront examinés plus loin, les premiers théologiens chrétiens entendaient administrer la preuve de leur aptitude à faire surgir par la magie des mots une pseudo réalité. Leffet principal obtenu en promulguant ces dogmes et quelques autres de même farine était de désorienter, culpabiliser et terroriser les catéchumènes afin de les rendre plus malléables et de leur faire croire que des intercesseurs, c'est-à-dire eux-mêmes, étaient indispensables à leur salut. Il sagit bel et bien dun lavage de cerveau, dun labourage de crâne destiné à permettre la germination de nouvelles graines. Cest le pendant des cérémonies dinitiation pour les adolescents des sociétés primitives, des bizutages pour les étudiants des écoles et des classes dinstruction pour les conscrits. Il sagit détablir une connivence entre des initiés au détriment de ceux qui ne le sont pas. Cest pourquoi ces cérémonies sont souvent occultes et renvoient aux « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Myst%C3%A8res_d'%C3%89leusis" mystères » dont lépoque était friande. Une table à deux pieds est par nature instable, une table à quatre pieds est souvent boiteuse, seul un trépied est parfaitement stable en toutes circonstances, vertu enviable et enviée. Le dogme trinitaire est ainsi un bel hommage rendu par le christianisme et par dautres religions qui lont précédé à la statique des corps indéformables.
Et puis, sous couvert de Trinité, quelle image donne-t-il de la famille ce père qui engrosse la femme dun de ses plus fidèles serviteurs et envoie au casse-pipe le fils issu de cette coupable union ? Et ce fils bien-aimé il omet de le secourir, on ne sait trop pourquoi, alors quil est dans la plus extrême détresse. Depuis, sans doute fatigué par la Création et perturbé par toute cette histoire, il fait faire tout le boulot par le Saint-Esprit ! Notons au passage que la doctrine chrétienne récupère à son profit lune des recettes les plus éculées de la mythologie classique : la naissance dun héros comme résultat des amours dun dieu et dune mortelle. Avec cette particularité, qui nest pas rare dans la mythologie, que ces amours ont un caractère incestueux, le Fils étant inséparable dans la Trinité du Père et du Saint-Esprit fécondateur. Le Fils est ainsi lamant de sa mère et de ce fait son propre père
Bien des filles ont du prendre pour prétexte la visite dun dieu pendant leur sommeil pour expliquer leur soudain embonpoint. Quand le dieu avait les traits dun frère, dun oncle ou dun père, toute la famille avait intérêt à prendre cette explication pour argent comptant ! On trouve déjà de tels récits dans la mythologie égyptienne, (naissance mythique d HYPERLINK "http://www.stellarhousepublishing.com/luxor.html" Horus) ou dans lhindouisme. Javoue avoir confondu un certain temps, ayant sans doute raté quelque cours de catéchisme, la Sainte Mère et le Saint-Esprit. Toujours est-il que cette confusion conférait à la Sainte Famille ainsi recomposée un caractère plus conventionnel, joserais dire plus moral, fondait à mon seul usage une théologie qui nest pas sans mérites et anticipait peut-être sur lévolution naturelle du culte marial
On ne se débarrasse pas aisément du culte de la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9esse_m%C3%A8re" Déesse-Mère si ancien et si répandu.
Je prie les chrétiens sincères dexcuser ces propos qui ne cherchent nullement à les choquer ou les offenser, mais seulement à leur faire toucher du doigt ce que leur théologie peut avoir dabsurde pour un esprit indépendant et épris de logique. Je leur accorde bien volontiers toute licence de brocarder en retour lincroyance et les incroyants. Si la caricature est réussie, je rirai de bon cur avec eux. Tout ce qui provoque le rire est bon à prendre. A ceux qui feraient mine de se fâcher, je dirai que leur susceptibilité ne fait que souligner la fragilité de leurs convictions, et quils nont pas vraiment confiance dans leurs raisons puisquils ne trouvent pas dautre argument pour les soutenir que la violence, verbale dans le meilleur des cas, le plus souvent, hélas, physique. Les religions nont jamais manqué lorsquelles en avaient le pouvoir, de faire écorcher vifs, empaler ou ébouillanter tous ceux qui refusaient de se soumettre. Nayant pas le courage de faire elle-même cette sale besogne elles sen déchargeaient sur le pouvoir civil. Je leur rappellerai également que les malheureuses femmes accusées naguère de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res" sorcellerie auraient bien aimé que les sévices exercés sur elles, sévices que lEglise a suscités et cautionnés, se limitent à dinnocentes plaisanteries. Linquisition a fait estime-t-on neuf millions de victimes qui ont été arrachées à leur famille, emprisonnées, torturées jusquà ce quelles avouent des crimes imaginaires ou dénoncent des innocents, puis brûlées vives et dépouillées de leurs biens au profit de lEglise, un vol qui constitue la raison ultime de ce processus. Chacun peut se demander quelle est la valeur dun enseignement qui a conduit à pareilles abominations. Avec des antécédents aussi flamboyants et aussi fumants, il ne sied guère à lEglise de jouer les vierges effarouchées à la première égratignure. Fort heureusement, si la liste de ses méfaits paraît close, cest que lEglise a fait retour à des sources quil lui était naguère arrivé doublier. Elle est ainsi en harmonie avec la morale naturelle, avec la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8cle_des_Lumi%C3%A8res" philosophie des Lumières et avec les choix de vie des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hippie" hippies. Cest dans lencyclique « HYPERLINK "http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20051225_deus-caritas-est_fr.html" Love and Peace », la première de son pontificat, que Benoît XVI établit la distinction qui simpose entre deux mots grecs que nous traduisons par le même mot : amour, à savoir Agapè (aimez-vous les uns les autres) et Eros (aimez-vous les uns sur les autres). Si lEglise se contente de dire que ces propos iconoclastes lattristent, mais ne met nullement en cause le droit, pour tout un chacun, de les tenir, je suis persuadé que les anticléricaux les plus virulents sauront mettre une sourdine à leurs persiflages. Bien entendu, si Jésus ou Mahomet, Allah ou Jéhovah venaient se plaindre en personne, il faudrait faire cesser immédiatement tout blasphème les concernant.
5. ETHIQUES
La Maréchale. - Cependant votre morale est celle d'un croyant.
Crudeli. - Pourquoi non, quand il est honnête homme.
La Maréchale. - Et cette morale, vous la pratiquez ?
Crudeli. - De mon mieux.
La Maréchale. - Quoi ! Vous ne volez point, vous ne tuez point, vous ne pillez point ?
Crudeli. - Très rarement.
La Maréchale. - Que gagnez-vous à ne pas croire ?
Crudeli. - Rien du tout, madame la maréchale. Est-ce qu'on croit parce qu'il y a quelque chose à gagner ?
La Maréchale. - Je ne sais ; mais la raison d'intérêt ne gâte rien aux affaires de ce monde ni de l'autre.
Crudeli. - J'en suis un peu fâché pour notre pauvre espèce humaine. Nous n'en valons pas mieux.
La Maréchale. - Quoi ! Vous ne volez point ?
Crudeli. - Non, d'honneur.
La Maréchale. - Si vous n'êtes ni voleur ni assassin, convenez du moins que vous n'êtes pas conséquent.
Crudeli. - Pourquoi donc ?
La Maréchale. - C'est qu'il me semble que si je n'avais rien à espérer ni à craindre quand je n'y serais plus, il y a bien des petites douceurs dont je ne me sèvrerais pas, à présent que j'y suis. J'avoue que je prête à Dieu à la petite semaine.
Crudeli. - Vous l'imaginez ?
La Maréchale. - Ce n'est point une imagination, c'est un fait.
Crudeli. - Et pourrait-on vous demander quelles sont ces choses que vous vous permettriez si vous étiez incrédule ?
La Maréchale. - Non pas, s'il vous plaît ; c'est un article de ma confession.
Crudeli. - Pour moi, je mets à fonds perdu.
La Maréchale. - C'est la ressource des gueux.
Crudeli. - M'aimeriez-vous mieux usurier ?
La Maréchale. - Mais oui : on peut faire de l'usure avec Dieu tant qu'on veut ; on ne le ruine pas. Je sais bien que cela n'est pas délicat, mais qu'importe ? Comme le point est d'attraper le ciel, ou d'adresse ou de force, il faut tout porter en ligne de compte, ne négliger aucun profit. Hélas ! Nous aurons beau faire, notre mise sera toujours bien mesquine en comparaison de la rentrée que nous attendons. Et vous n'attendez rien, vous ?
Crudeli. - Rien.
La Maréchale. - Cela est triste. Convenez donc que vous êtes méchant ou bien fou !
Crudeli. - En vérité, je ne saurais, madame la maréchale.
La Maréchale. - Quel motif peut avoir un incrédule d'être bon, s'il n'est pas fou ? Je voudrais bien le savoir.
Crudeli. - Et je vais vous le dire.
La Maréchale. - Vous m'obligerez.
Crudeli. - Ne pensez-vous pas qu'on peut être si heureusement né qu'on trouve un grand plaisir à faire le bien ?
La Maréchale. - Je le pense.
Crudeli. - Qu'on peut avoir reçu une excellente éducation qui fortifie le penchant naturel à la bienfaisance ?
La Maréchale. - Assurément.
Crudeli. - Et que, dans un âge plus avancé, l'expérience nous ait convaincu qu'à tout prendre il vaut mieux, pour son bonheur dans ce monde, être un honnête homme qu'un coquin ?
La Maréchale. - Oui-da ; mais comment est-on un honnête homme, lorsque de mauvais principes se joignent aux passions pour entraîner au mal ?
Crudeli. - On est inconséquent ; et y a-t-il rien de plus commun que d'être inconséquent ?
La Maréchale. - Hélas ! Malheureusement non ; on croit, et tous les jours, on se conduit comme si l'on ne croyait pas.
Crudeli. - Et sans croire, on se conduit à peu près comme si l'on croyait.
La Maréchale. - A la bonne heure ; mais quel inconvénient y aurait-il à avoir une raison de plus, la religion, pour faire le bien, et une raison de moins, l'incrédulité, pour mal faire.
Crudeli. - Aucun, si la religion était un motif de faire le bien, et l'incrédulité un moyen de faire le mal.
La Maréchale. - Est-ce qu'il y a quelque doute là-dessus ? Est-ce que l'esprit de religion n'est pas de contrarier cette vilaine nature corrompue, et celui de l'incrédulité, de l'abandonner à sa malice, en l'affranchissant de la crainte ?
Crudeli. - Ceci, madame la maréchale, va nous jeter dans une longue discussion ;
La Maréchale. - Qu'est-ce que cela fait ? Le maréchal ne rentrera pas sitôt ; et il vaut mieux que nous parlions raison, que de médire de notre prochain.
Crudeli. - Il faudra que je reprenne les choses d'un peu plus haut.
La Maréchale. - De si haut que vous voudrez, pourvu que je vous entende.
Crudeli. - Si vous ne m'entendiez pas, ce serait bien ma faute.
La Maréchale. - Cela est poli ; mais il faut que vous sachiez que je n'ai jamais lu que mes Heures, et que je ne suis guère occupée qu'à pratiquer l'Évangile et à faire des enfants.
Crudeli. - Ce sont deux devoirs dont vous vous êtes bien acquittée.
La Maréchale. - Oui, pour les enfants. J'en ai six tout venus et un septième qui frappe à la porte ; mais commencez.
Crudeli. - Madame la maréchale, y a-t-il quelque bien, dans ce monde-ci, qui soit sans inconvénient ?
La Maréchale. - Aucun.
Crudeli. - Et quelque mal qui soit sans avantage ?
La Maréchale. - Aucun.
Crudeli. - Qu'appelez-vous donc mal ou bien ?
La Maréchale. - Le mal, ce sera ce qui a .plus d'inconvénients que d'avantages ; et le bien, au contraire, ce qui a plus d'avantages que d'inconvénients.
Crudeli. - Madame la maréchale aura-t-elle la bonté de se souvenir de sa définition du bien et du mal ?
La Maréchale. - Je m'en souviendrai. Appelez-vous cela une définition ?
Crudeli. - Oui.
La Maréchale. - C'est donc de la philosophie ?
Crudeli. - Excellente.
La Maréchale. - Et j'ai fait de la philosophie !
La Maréchale et le philosophe viennent de donner lun et lautre les raisons quils ont de faire le bien et de se refuser à faire le mal. Quand le philosophe lui demande dexpliciter ce quelle entend par bien et par mal la Maréchale ne se réfère pas à la doctrine catholique. La définition utilitariste à laquelle elle se rallie montre quelle est déjà contaminée par les idées nouvelles. Un certain flou néanmoins subsiste dans la mesure où elle nindique pas en quoi consistent au juste avantages et inconvénients et qui en est affecté. Si, pour ce qui est des motivations, le philosophe se fait le porte-parole dune morale fondée sur la nature et la raison, la Maréchale proclame avec innocence quelle ne fait le bien que par intérêt personnel ! La naïveté réelle ou feinte de la Maréchale est dune grande cocasserie, car une telle motivation est évidemment aux antipodes de ce quon considère généralement comme une motivation dordre moral ! Nous sommes pourtant là au cur de la contradiction interne de la doctrine catholique relative au Salut qui ravale la générosité au rang de lintérêt bien compris et les braves gens au rang de rentiers prévoyants. De ce point de vue, une doctrine qui propose de vous emprunter une somme relativement modique, dont elle assure quelle ne vous appauvrit pas car il y a des compensations, et promet de vous servir des intérêts extraordinairement élevés et qui courent éternellement a sur toutes les autres un avantage évident. Tel de mes proches me disait un jour navoir eu dans sa vie que des avantages à pratiquer la religion. Je nai pas eu lesprit de lui répondre que je me serais très bien accommodé quil ny eut que des inconvénients si jy avais reconnu lamorce dun chemin vers la vérité. Il serait beau dêtre vertueux ici-bas si dans lau-delà les bons étaient punis et les méchants récompensés ! Pourquoi dailleurs nen irait-il pas ainsi, si la terre et le Ciel ont quelque cousinage ? Les tortionnaires, le plus souvent, meurent dans leur lit. Sans adopter cette hypothèse extrême certains bouddhistes vont jusquà céder à autrui les mérites que leurs bonnes actions ont pu leur valoir (par quel mécanisme, cest une autre histoire). Ils assurent ne pas compter sur la reconnaissance que ce don pourrait leur valoir, ce qui est assez prudent car chacun sait, comme la dit Voltaire, que la reconnaissance est un fardeau et que tout fardeau est fait pour être secoué ! Les généreux ne tirent aucun profit direct de leur conduite altruiste. Ils jugent quils sont assez récompensés par la joie que leur procure le bonheur de lautre et par le progrès personnel qui résulte dune conduite vertueuse. Il ne peut donc y avoir daction totalement désintéressée, quoi quon fasse. Cette voie est sans issue. Une bonne action se suffit à elle-même ; cest comme le dit Diderot une mise à fonds perdus, On nattend pas une récompense venant de lextérieur mais on évite linconfort personnel résultant dune mauvaise conscience. Laltruisme est une forme particulière dégoïsme. Chacun pourrait dresser un catalogue avec, dans une colonne, une liste de mauvaises actions et dans lautre les sommes dargent correspondantes qui nous inciteraient à passer outre. Cest le thème du film HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Proposition_ind%C3%A9cente" « proposition indécente ».
Pour en revenir à la Maréchale, je ne la blâme pas pour autant, car je sais bien que cest une excellente femme qui ne fait quobéir à son cur qui est bon et que sa tête lui fournit le prétexte et non la vraie raison de sa conduite. Cest quen effet lhomme et la femme sont naturellement bons et pourquoi le sont-ils ? Il ne faut pas chercher la raison dans un commandement divin, ou alors seulement de façon allégorique, car le sens moral vient de la nature et delle seule. Une société sans éthique nest tout simplement pas viable. Aucun groupe humain, famille, clan, tribu, entreprise ou nation ne peut survivre si ses membres ne respectent pas entre eux certaines règles éthiques. Lorsque les membres qui ne se sont pas conformés à ces règles nont pas été redressés ou éliminés du groupe, cest le groupe lui-même qui a été éliminé par la sélection naturelle. Aussi, avec le temps, le sens moral est-il devenu aussi commun parmi les hommes que le sens de lorientation chez les oiseaux migrateurs dont les performances athlétiques semblent par ailleurs défier les lois de la physique. Les oiseaux dépourvus de ce sens se sont perdus et ont été perdus pour leur espèce. Ne dit-on pas dun homme dépourvu de sens moral quil na plus de repères, que cest un homme perdu ? Sil na rien à craindre, lhomme est naturellement bienveillant. Voyez son attitude à légard des enfants, des vieillards ou des animaux familiers qui ne sauraient le menacer ni entrer en concurrence avec lui. La générosité est de premier mouvement. Cest par réflexion que parfois on sen exonère. Celui qui, en bonne santé, ne soffre pas spontanément à pousser une automobile en panne appartient à une petite minorité composée sans doute de gens esquintés par la vie. Cest également une minorité apparentée à la précédente qui commet des actes de vandalisme. Rare est celui qui débouche ses meilleures bouteilles pour les boire en tête-à-tête avec lui-même. Des amis se disputent pour payer la tournée. Les actes daltruisme héroïque se multiplient quand les circonstances lexigent et ils sont accomplis par des gens ordinaires, par des « HYPERLINK "http://aphgcaen.free.fr/cercle/justes.htm" justes ». Arrêtons-nous un instant sur la notion dordre moral contre lequel des justes se sont souvent élevés. Qui est contre lordre ? Qui est contre la morale ? Pourquoi lassociation de ces deux mots provoque-t-elle un mouvement de rejet ? Cest quelle nie la liberté des individus et les assujettit à un système de valeurs choisi par dautres. Le sens moral nest pas propre à la seule espèce humaine, mais il intervient dans toutes les espèces où la mère et souvent le père soccupent délever et de nourrir leurs petits. Le soin des petits, avec le désintéressement quil suppose, est le prototype et le fondement de toute conduite morale. Des parents qui oublient cette obligation fondamentale on dit fort bien quils sont dénaturés, c'est-à-dire quils contreviennent à cette loi de nature qui vise à la conservation des espèces. Le sens moral est un instinct quon peut considérer comme une généralisation ou une extension de linstinct parental. Toute femme est sainte qui a mis au monde et élevé ses enfants de son mieux. Il faudrait honorer la mère anonyme comme on honore le soldat inconnu. Morale et éthique sont des noms du genre féminin dans beaucoup de langues. Les animaux qui vivent en groupes comme les loups ou les éléphants savent à loccasion faire preuve de solidarité à légard de leurs congénères. Cest le même sens moral qui pousse les pères et les mères à se saigner aux quatre veines pour élever leur progéniture et qui pousse les saumons à remonter les rivières et les torrents au prix defforts sursaumoniens, à la recherche dune eau parfaitement pure pour leurs fragiles rejetons. Arrivés aux zones de frai, ils accomplissent leur petite affaire et meurent dépuisement. Leurs dépouilles peuvent servir alors de nourriture aux futurs alevins. On peut en dire autant des tortues marines qui simposent de longs voyages pour venir abriter leurs ufs sous le sable dune plage supposée sûre. Vous direz quil sagit là de comportements instinctifs et vous avez raison. Le sens moral est un instinct qui vise à préserver lindividu et lespèce ; mais lespèce est prioritaire. Lorgueil, péché mortel, consiste à ignorer cette priorité. Pour ce qui est des vertus morales telles que le courage, le dévouement, la fidélité, le loup ou le chien lemportent aisément sur la plupart des êtres humains. La morale universelle qui transcende les pays, les civilisations et les époques transcende également les espèces. Les comportements immoraux séliminent deux-mêmes car ils sont un handicap pour la survie et la perpétuation du groupe tout entier. La réussite des sociétés humaines se joue en grande partie au niveau de léthique qui les anime. La remarque est souvent faite que la réussite des Etats-Unis dAmérique est due pour une bonne part à léthique exigeante de ses Pères Fondateurs. De la même façon léthique chrétienne enfin digérée à la fin du Moyen-Âge peut, parmi dautres facteurs, expliquer le succès de la civilisation européenne. Les truands et les maffieux ont été dévoyés dans leur enfance dune manière ou dune autre, mais ils ont leur propre code dhonneur. Tout manquement à ce code est par eux cruellement sanctionné, grâce à quoi ces espèces parasites que sont truanderies et maffias peuvent perdurer
Une poignée de mains suffit à sceller un accord si chacun des partenaires cache un pistolet dans sa poche ! Les militaires revendiquent lesprit de corps indispensable à la réussite de leur mission mais qui ne les empêche pas de commettre les pires atrocités. Léthique nazie elle-même se définit à partir dun critère biologique fantasmé: la « pureté de la race aryenne », à cause de sa supériorité supposée sur les autres races. Les spécialistes de lévolution ont une règle simple que leurs observations ont commencé à confirmer. Cette règle, qui ressemble assez à une remarque de bon sens comme tout ce qui touche au darwinisme, est la suivante : légoïsme est favorable au niveau de lindividu, laltruisme au niveau du groupe. Plus lenvironnement est contraignant pour un groupe et plus le niveau éthique des individus qui le composent doit sélever. Les populations nordiques ont suffisamment à faire pour lutter contre le froid et contre la faim. Elles recherchent donc la coopération et non laffrontement. Il ny a pas de guerre que je sache chez les Inuit. Pour éviter tout conflit ces derniers vont jusquà prêter leurs femmes ! Si lépopée des Vikings parait un contre-exemple, l faut remarquer quelle a coïncidé avec une période de réchauffement climatique. Le surcroît dénergie disponible qui en résultait a été dissipé en expéditions lointaines plutôt quen luttes intestines contraires à leurs traditions. Cest le sport qui consomme aujourdhui lexcèdent dénergie des jeunes gens. Du fait du climat, un habitant des îles britanniques a en moyenne une éthique plus robuste que celle dun français, mais moins que celle dun suédois. En Italie les industriels industrieux sont au nord, la maffia, la camorra et la ndrangeta au sud. Est-ce si différent en France ? Le niveau dimmoralité varie en raison inverse de la latitude. Il varie également en raison inverse de laltitude. Cest pourquoi la Suisse constitue un modèle desprit civique et pacifique. Plus les temps sont durs et plus les groupements humains possédant une éthique exigeante sont favorisés par la sélection naturelle. A la fin des temps préhistoriques le niveau éthique moyen des populations devait être élevé. La vie ètant devenue aujourdhui plus facile on peut craindre un affaiblissement du sens moral des populations. La morale est lensemble des règles de comportement que doivent respecter les membres dune espèce pour que celle-ci se perpétue et prolifère. Cest la raison pour laquelle celles de ces règles qui se rapportent à la perpétuation de lespèce ont toujours eu une importance centrale. Ces règles sont similaires quels que soient les fondements religieux, philosophiques ou contractuels quon leur suppose. Si vous avez quelques doutes sur la faisabilité de ce processus, posez-vous la question suivante : quy a-t-il de plus difficile pour le hasard (où la nature si vous préférez), créer un progiciel neuronal qui facilite limplantation de réflexes éthiques ou bien construire un il et ses liaisons avec le cerveau ? Les espèces sans yeux ou sans éthique nont aucune chance de survie dans un monde concurrentiel.
Cest semble-t-il ce que les moralistes de lantiquité navaient pas suffisamment compris. Leur morale est celle du bonheur personnel, épicurienne pour les temps ordinaires où le plaisir doit être gardé sous contrôle, hédoniste lorsque le très beau temps permet de se relâcher quelque peu, stoïque par mauvais temps lorsquil faut garder le cap sans mollir. Il lui manquait ce souci altruiste de conservation de lespèce que le christianisme allait apporter. Débarrassée de ses oripeaux métaphysiques, la morale chrétienne nest pas différente sur ce point de la morale naturelle. Avec les progrès de la civilisation les règles de bonne conduite de la morale naturelle deviennent des mythes avant dévoluer en lois et règlements.
Aux petits et aux grands on dit « faites ceci, faites cela » mais on ne leur communique jamais la raison immédiate et évidente que je viens de dire, de peur de déplaire à tous les charlatans qui vendent de la vertu à la foire à lencan. Cest cette raison qui fonde la morale laïque et républicaine que doivent pratiquer tous ceux qui souhaitent vivre en paix avec eux-mêmes et avec les autres. Remplacer cette raison naturelle par des raisons chimériques telles que les religions en proposent ne peut que jeter le trouble dans les esprits. Sans religion, la morale est arbitraire, subjective, répètent avec insistance toutes les autorités religieuses, comme si elles avaient besoin de sen persuader elles-mêmes. Ce qui est sous-entendu par cette assertion parfaitement gratuite est que ceux qui nont pas de religion nont pas de morale non plus. Ces autorités sont ainsi en flagrante contradiction avec ce que dit Saint Paul lui même dans lépitre aux romains : Quand les païens, qui n'ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n'ont point la loi, une loi pour eux-mêmes; ils montrent que l'uvre de la loi est écrite dans leurs curs, leur conscience en rendant témoignage Ce nest pas pour saffranchir de contraintes morales que certains renoncent à la foi quils avaient pu accorder à une doctrine religieuse particulière. Cest au contraire parce que cette doctrine religieuse leur est apparue en contradiction avec leur instinct moral quils ont renoncé à leur foi. Comment prendre pour fondement assuré dune morale valable pour tous une doctrine religieuse particulière parmi des doctrines aussi nombreuses, arbitraires et contradictoires que le sont les doctrines religieuses ? Il est absolument nécessaire de fonder léthique sur un terrain plus solide qui est, comme nous venons de le voir, la grande loi de la sélection naturelle. Les autorités religieuses se sont approprié une éthique qui appartient à tous et, en se livrant à la diffamation de la concurrence, ont entrepris de la vendre aux plus crédules. Cest ce quen bon français on appelle une escroquerie, une escroquerie particulièrement habile dans la mesure où les victimes sont consentantes et se disent même comblées.
Léthique se transmet génétiquement et culturellement. Génétiquement parce quen partie innée et parce quune personne bien disposée à légard dautrui a plus de chances de trouver une âme sur avec laquelle perpétuer lespèce. Culturellement parce que les enfants apprennent des parents la façon de se comporter en société. Pourquoi ces idées de simple bon sens, on pourrait presque dire triviales, nont-elles pas été émises plus tôt et universellement acceptées depuis ? Cest que trop dhabitudes et dintérêts sont liés à ces visions surannées nées du désir de trouver une explication immédiate aux sentiments que chacun éprouve. Comme dit Alain : « Il ny a rien de difficile en la morale, si ce nest de la pratiquer ». Quand la raison naturelle nest pas évidente on fantasme une apparence de raison, une raison divine. Cest le même désir forcené dexplication qui a conduit aux mythes concernant les phénomènes célestes ou météorologiques. À de rares exceptions près, les grands penseurs de lantiquité et de lâge classique croyaient aux dieux et si HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocrite_d%27Abd%C3%A8re" Démocrite, une des exceptions, a bien eu lintuition de lévolution, il nen a pas, faute des connaissances nécessaires, pressenti le moteur quest la sélection naturelle. Leurs éthiques ne pouvaient être dans ces conditions quune recherche du bonheur personnel. Mieux vaut dans ces conditions un dieu imaginaire qui exige laltruisme quun athéisme dénué du souci de conserver lespèce. Démocrite déconseillait davoir des enfants.
Linstinct moral a commencé par régir la cellule familiale et le clan puis, à mesure que les pouvoirs de lhomme saccroissaient et que la société se compliquait, il sest étendu à la tribu, à la nation, à lhumanité toute entière. Avec lécologie il sétend désormais à lensemble du monde vivant et à ses conditions dexistence. Linstinct moral et linstinct sexuel que lon a tendance à opposer sont peut-être au contraire étroitement associés dans les structures les plus archaïques du cerveau des êtres évolués. Je serais prêt à parier que les dinosaures il y a cent millions dannées avaient déjà une conscience et une morale, peut-être légèrement fascisantes lune et lautre ! Linstinct moral protège tous les individus appartenant à un même bassin de population, je serais tenté de dire à un même bassin de copulation. Un chef dentreprise limite sa sollicitude aux cadres qui pourraient devenir leur gendre. De la même façon la notion du beau a probablement pour origine la nécessité de choisir le ou la meilleur(e) partenaire possible pour procréer. La langue, dans sa grande clairvoyance, fait appel à la notion physiologique de « sens » pour rappeler les origines biologiques du sens moral et du sens esthétique ce qui en fait des instincts. De lorient à loccident et de la plus haute antiquité à nos jours tous les grands penseurs ont plébiscité la morale naturelle. Grâce à Darwin cette morale repose désormais sur des fondations solides.
Si Dieu nexiste pas, tout est permis, y compris de suivre spontanément son inclination au bien. Nayez donc pas honte dêtre bons, vous ne faites que vous conformer à lordre naturel des choses. Peut-on dire anormal celui qui na jamais éprouvé le désir, même en rêve, de tuer son père ou dépouser sa mère ? Ne perçoit-il que la moitié du paysage mental ordinaire ? Nest-ce pas plutôt que ces désirs ne naissent que lorsque le père est tyrannique ou que la mère est le seul objet sexuel à portée de regard ? Le péché originel nexiste que dans lesprit dindividus perturbés. Si la Maréchale choisit de faire le bien, ce nest pas en considération de récompenses ou de châtiments futurs, cest parce quil lui est viscéralement insupportable de faire le mal, et quelle nest pas masochiste ! Finalement elle ne fait le bien que dans le souci égoïste dêtre à laise avec sa conscience. Toutes les décisions dun individu, même celles qui sont en apparence les plus généreuses, sont fondamentalement égoïstes car elles ne visent quà équilibrer le plus confortablement possible les diverses tendances qui se disputent le contrôle de sa conscience. De plus, comme lindique Diderot, les raisons objectives dêtre vertueux ne manquent pas. Lhomme prudent gravit une pente raide et glissante en faisant des lacets et en assurant chacun de ses pas. Le voyou veut gagner du temps en montant tout droit sans se préoccuper des autres, mais il trébuche, dérape et se retrouve plus bas que lendroit doù il était parti.
On peut sétonner que dans cette partie de lEntretien, Diderot ne prenne pas la peine de réfuter le « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Pari_de_Pascal#Critique_du_pari" pari de Pascal » alors que la Maréchale, sans toutefois le citer expressément, en reprend largumentation. Ce pari consiste à dire que la somme defforts de toute nature dont vous faites lavance en adorant Dieu et en respectant ses prescriptions est finie, alors que le rendement espéré de ce placement est infini, que vous avez donc intérêt à croire selon le plus élémentaire des calculs de probabilité. Cest une HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Martingale" martingale infaillible qui vous est proposée. Argument apparemment irréfutable. Tentons pourtant dénumérer les différentes formes de réfutation possibles :
Mon professeur de littérature, homme aussi éminent que libertin, objectait que sa vie présente étant tout ce dont il disposait, il était obligé dy attacher une importance tout aussi infinie que celle quil attachait à une éternité sujette à caution.
Si les dogmes sur lesquels ce pari est fondé sont infiniment improbables le produit de leur probabilité zéro par linfinité du gain attendu reste indéterminé. Les amateurs de loto prennent des billets qui ont une chance sur cent millions de gagner. Si ces joueurs ne vont pas à la messe cest quils estiment que leur chance de gagner le pari de Pascal est inférieure à un pour cent millions.
« Ou la définition générale (de la justice) convient également à vous, à M. le maréchal, à moi, au jeune Mexicain et au vieillard ; ou je ne sais plus ce que c'est, et j'ignore comment on plaît ou l'on déplaît à ce dernier ». Il ne suffit pas en effet que Dieu existe pour que le croyant soit récompensé, il faut en plus que les différents dogmes enseignés par lEglise se révèlent exacts... Pourquoi dautres dogmes tout aussi arbitraires mais ayant des implications tout autres nauraient-ils pas force de loi ? Ceux-ci par exemple :
Le dieu que lEglise propose à votre adoration nest pas le bon. Le dieu véritable peut se sentir offensé que vous lui ayez préféré un imposteur et vous en tenir rigueur.
Ce dieu est bien le bon, mais il déteste la flagornerie et les faux-semblants. Il tient pour contre-productive toute démarche dictée par lintérêt. A un homme pieux mais intéressé il préfère un brave type, indifférent en matière de religion, mais qui essaie avec abnégation, à la place qui est la sienne, de faire fonctionner le système, et il se soucie comme dune guigne de son adoration.
A vouloir punir avec une cruauté inouïe des méchants que Dieu engendra lui-même les doctrines monothéistes en général et le Christianisme en particulier poussent le cynisme, le sadisme et lhypocrisie de Dieu jusquà leurs plus extrêmes limites. Comment imaginer quun dieu bon ressuscite la chair des méchants à seule fin de la faire griller éternellement? Aucun savant fou na jamais fait lobjet dune pareille accusation.
Dieu na ni mauvaise ni bonne intention à notre égard, seulement de la curiosité. Il nous considère comme des animaux de laboratoire qui ont le grand avantage de ne rien coûter et se reproduire facilement.
Dieu est prêt à pardonner à tous, sauf à ceux qui se parent de son autorité, parlent en son nom ou jugent à sa place, surtout si cest dans le dessin de faire avancer leurs affaires
Contrairement à ce quun vain peuple pense, ce sont dans lau-delà les bons qui sont punis et les méchants qui sont récompensés. Dieu a bien jadis professé le contraire, mais il ny a que les imbéciles qui ne changent pas davis. Voilà une solution que les docteurs de la foi nont pas envisagée, eux qui se débattent depuis toujours avec les problèmes insolubles posés à leur doctrine par lexistence du mal. Le mal existe pour que la plupart dentre nous puissent jouir dun bonheur éternel ! Rappelez-vous ce poème de Prévert intitulé « Les paris stupides » et qui comporte ce seul hémistiche : « Un certain Blaise Pascal
».
Je serais toutefois disposé à accepter une forme atténuée du pari de Pascal qui serait la suivante :
Sil y a un au-delà, les croyants sauront un jour quils ont eu raison et les incroyants qui se sont aventurés à nier la possibilité dun au-delà sauront un jour quils ont eu tort.
Sil ny a pas dau-delà, les incroyants ignoreront pour toujours quils ont eu raison et les croyants ignoreront pour toujours quils ont eu tort.
Cette inégalité de traitement serait le prix à payer par lincroyant attaché avant tout à la vérité, la rançon de sa lucidité en quelque sorte. A moins que lau-delà, enfin dévoilé, ne stupéfie tout autant le croyant que lincroyant ! Ne nous privons pas du plaisir de cette surprise. Choisissez vous un Dieu selon votre cur et croyez en lui tant quil vous plaira, mais ne vous en servez jamais pour justifier quoi que ce soit qui soit contraire à la morale commune sur laquelle laccord de tous se fait aisément et qui est institutionnalisée par un certain nombre de textes fondamentaux. « Sur les raisons dêtre vertueux, les hommes disputent, mais sur la vertu elle-même, non » (Alain). Quimportent au reste les raisons de faire le bien pourvu quon le fasse ! Les lois morales ne sont pas plus contestées que les lois physiques car toutes viennent de la nature et delle seule. Il peut toutefois y avoir un conflit entre les diverses lois morales comme il peut y avoir un conflit entre les vents et les marées. Le progrès et la mort dune espèce représentent les formes extrêmes du bien et du mal.
Les hommes sont naturellement bons, mais ils ont des passions dangereuses : amour de largent, du pouvoir, de la renommée, du sexe, du jeu, des drogues, haine et jalousie, orgueil aveugle et vanité. Ces passions ne peuvent jamais être assouvies chez un individu de tempérament passionné (celui qui aime largent ne sarrête pas au premier million), et ceci pour une raison quasi mécanique. Considérons que le degré de satisfaction dune passion va du déplaisir au plaisir en passant par zéro. Heureux celui dont le salaire mensuel est passé de 1000 à 1100 Euros, malheureux celui pour lequel il a été ramené de 10000 à 9000 ! Lorsque le degré de satisfaction dun individu sest établi durablement à une valeur positive ou négative, et sous réserve que les altérations subies ne soient pas irréversibles, létalonnage de son satisfactionomètre est automatiquement modifié, comme cest le cas pour une quelconque addiction, de telle façon que son indication revienne à zéro. Létendue de mesure de cet instrument est beaucoup plus grande au dessous de zéro quau dessus, comme nous lexpérimentons encore trop souvent. La défaite fait plus de mal que la victoire ne fait de bien comme la assuré ce grand philosophe méconnu qui sappelle HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Andre_Agassi" André Agassi. Le zéro correspond au maximum de réactivité de lindividu, ce quà part quelques pervers tout un chacun inconsciemment recherche. Un deuil envoie laiguille vers la gauche mais laction du régulateur de lhumeur la ramènera progressivement vers le zéro. Le bonheur ne règne pas lorsque laiguille reste toujours sur le zéro, il suffit de dormir ou de mourir pour cela, mais lorsquelle oscille faiblement autour de cette valeur. Sachant cela, le point est de rendre les passions suffisamment maniables par gymnastique du corps et de lesprit. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Hitler#Hitler_.C3.A9tait-il_socialiste_.3F" Hitler était un être acceptable pour ses proches et un bon maître pour son chien, mais il na pas suffisamment pratiqué cette gymnastique-là. Il faut dire quil était atteint au dernier degré dune passion maladive fort répandue en Europe à lépoque : lantisémitisme motivé par la jalousie qui sexerce à lencontre de ceux qui senrichissent grâce à leur travail et à leur talent.
On ne peut conclure cette courte réflexion sur les fondements de léthique sans relever dans la pratique quotidienne le caractère éminemment relatif de ses prescriptions : le résistant héroïque est aisément affublé du nom de terroriste
La jeune HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Kamikaze" kamikaze est une sainte pour ses frères opprimés, et une terroriste abominable pour ses oppresseurs
Un homicide volontaire vous vaut selon les circonstances décoration ou cour dassises
Un magistrat qui évite davoir la main trop lourde à légard des plus faibles est aisément qualifié de juge rouge. Les homosexuels étaient naguère pourchassés et mis à mort. Aujourdhui, même sils nous mettent encore souvent mal à laise, ils paradent fièrement dans les rues
Lonanisme jadis maudit est en passe dêtre considéré par beaucoup de sexologues comme une activité éducative à part entière
Les choses sarrangent comme elles le peuvent, par lenchaînement des causes et des effets. Selon le point de vue de la Maréchale, avec lequel Diderot était à lévidence daccord, il ny a ni bien ni mal en soi, mais seulement des causes ayant des conséquences que nous jugeons favorables ou défavorables. Bien que ni elle ni Diderot ne lexplicitent ainsi, il est à penser quils avaient tous deux lintuition que ces conséquences favorables ou défavorables concernaient non seulement lindividu mais aussi ses proches parents,ses amis, son espèce selon des cercles concentriques. Ce sont nos gènes qui sont affectés par les avantages et les inconvénients évoqués par la Maréchale. Le bien est pour nous ce qui les favorise et le mal ce qui leur nuit. Laltruisme dicté par notre instinct moral ne traduit pas autre chose que lappétit de nos gènes à nous survivre, gènes que nous partageons avec les autres êtres vivants dans des proportions dautant plus importantes que ces êtres appartiennent à des lignées plus proches de la notre. Laction de linstinct moral qui nous engage envers une personne ou un groupe est dautant plus intense que la proportion de gènes que nous partageons est plus importante. Deux êtres humains pris au hasard ont en commun 99,9 % de leurs gènes. Il ne faut pas voir dans cette expression dappétit de survivre de nos gènes une quelconque résurgence des doctrines vitalistes mais une métaphore qui désigne leffet mécanique de linstinct moral et de la sélection naturelle. Le terme de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_G%C3%A8ne_%C3%A9go%C3%AFste" gène égoïste a été forgé pour décrire ce phénomène.
La femme qui commet un larcin pour nourrir ses enfants est coupable aux yeux de la loi, mais le seul châtiment quelle mérite est dêtre aidée et secourue car, en toutes choses, il faut considérer la fin. Pour surmonter ces contradictions il faut reprendre les choses de plus haut et considérer lintérêt du monde vivant dans son ensemble. Il ne faut pas se cacher cependant que certains choix sont délicats et que larbitraire de certaines décisions est difficile à éviter. On excuse le chasseur qui tue un animal pour se nourrir ou le paysan qui protège son champ avec son fusil. On admet la validité du principe : « cest lui ou cest moi ». On comprend moins bien celui qui tue par simple amusement, ou même celui qui relâche les poissons quil a pêchés après les avoir blessés avec son hameçon. La lionne qui chasse est une bonne mère pour ses lionceaux et un monstre assoiffé de sang pour les malheureux herbivores qui en sont les victimes. Seuls les progrès techniques en modifiant fondamentalement les conditions dexistence des êtres vivants permettront déchapper à ces pièges que nous tend depuis toujours la morale. Il y a aujourdhui dans toute société humaine des herbivores et des carnivores. Les ouvriers du bas de léchelle, les paysans pauvres, les techniciens obscurs et les savants modestes comptent parmi les herbivores. Ceux quon appelle des « tueurs » en politique ou dans les affaires, les dictateurs et les escrocs sont des carnivores. Les carnivores vivent exclusivement daccaparer sans contrepartie la personne, les biens, le travail ou les idées des herbivores doù leur réussite, notamment financière. Sils échangent quelquefois coups de dents et coups de griffes, les carnivores se dévorent rarement entre eux. Situés à lextrémité de la chaîne alimentaire ils concentrent dailleurs dans leur chair tous les produits dangereux. Lhomme public habile est un carnivore qui sait se déguiser en herbivore le temps dune élection. Dans les positions intermédiaires, on rencontre surtout beaucoup domnivores. Lenseignement attribué au Christ voudrait faire de nous tous des herbivores, les seuls carnivores demeurant dans ce cas Dieu, le Prince, et ceux qui les servent.
6. RAISONS DETRE DES RELIGIONS
Crudeli. Ainsi, vous êtes persuadée que la religion a plus davantages que dinconvénients ; et cest pour cela que vous lappelez un bien ?
La Maréchale. Oui.
Crudeli. Pour moi, je ne doute point que votre intendant ne vous vole un peu moins la veille de Pâques que le lendemain des fêtes, et que de temps en temps la religion nempêche nombre de petits maux et ne produise nombre de petits biens.
La Maréchale. Petit à petit, cela fait somme.
Crudeli. Mais croyez-vous que les terribles ravages quelle a causés dans les temps passés, et quelle causera dans les temps à venir, soient suffisamment compensés par ces guenilleux avantages-là ? Songez quelle a créé et quelle perpétue la plus violente antipathie entre les nations. Il ny a pas un musulman qui nimaginât faire une action agréable à Dieu et au saint Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté, ne sont guère plus tolérants. Songez quelle a créé et quelle perpétue, dans la même contrée, des divisions qui se sont rarement éteintes sans effusion de sang. Notre histoire ne nous en offre que de trop récents et de trop funestes exemples. Songez quelle a créé et quelle perpétue, dans la société entre les citoyens, et dans la famille entre les proches, les haines les plus fortes et les plus constantes. Le Christ a dit quil était venu pour séparer lépoux de la femme, la mère de ses enfants, le frère de la sur, lami de lami ; et sa prédiction ne sest que trop fidèlement accomplie.
La Maréchale. Voilà bien les abus ; mais ce nest pas la chose.
Crudeli. Cest la chose, si les abus en sont inséparables.
La Maréchale et le philosophe viennent dexprimer leurs points de vue respectifs sur les avantages et les inconvénients des religions. Pour la Maréchale, elles sont garantes de la moralité publique et produisent nombre de petits biens qui à la fin font somme. Pour le philosophe elles entraînent à cause de leurs conflits des drames effroyables, entre les nations comme entre les individus. Le croyant se sent agressé par une croyance différente de la sienne, ou par lincroyance, et réagit dautant plus violemment quil nest pas vraiment en mesure de justifier son parti pris. Quand il a fini dépuiser ses mauvaises raisons, il en vient facilement à la colère, ayant le sentiment quon la offensé en refusant dadhérer à ce quil a de plus sacré. Ces querelles sont du même ordre que les querelles politiques : cest intuition contre intuition, préjugé contre préjugé. Cependant, la Maréchale et le philosophe ne se sont pas interrogés sur HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sociologie_des_religions" lorigine et les raisons dêtre des religions. Essayons de réparer cet oubli, sachant que linventaire qui va suivre peut être complété à linitiative de chacun.
Raisons pratiques
Quest-ce qui peut bien expliquer la fortune de lidée religieuse, que lon dit présente en tous pays et à toutes les époques ? La réponse usuelle est que lhomme est un animal religieux. Il est vrai que lhomme a tout adoré, le soleil, la lune, la vache, le taureau et jusquà lescargot. Comment ne pas adorer un soleil qui vous réchauffe de ses rayons quand vous vous réveillez frigorifié ? Comment ne pas être reconnaissant à la lune de veiller maternellement sur votre sommeil et de faire office de lampe de chevet ou de fanal vous permettant de vous déplacer la nuit avec discrétion ? Encore aujourdhui, si vous vous amusez à comparer les prévisions de différents horoscopes avec ce qui advient véritablement, vous en conclurez que de telles prévisions sont invendables puis, renseignements pris, que la crédulité na pas de limites. Lhomme est ainsi fait quune affirmation douteuse est plus facile à lui vendre quune bonne question. Il est tellement friand dexplications quun mythe improbable sera toujours mieux accepté quun aveu dignorance. On peut en conclure que son ennemi le plus redoutable, cest lindécision. Quand on hésite entre laffrontement et la fuite un moment dhésitation peut en effet être fatal, doù les présages et les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Augure" augures chargés de les interpréter. Chez les Anciens les augures utilisaient souvent le vol des oiseaux pour effectuer leurs prédictions, sans doute parce quun oiseau qui senvole avertit le chasseur de lapproche dun danger et, sans doute aussi, parce quils ont la vue perçante, quils annoncent par leur comportement le temps quil fera et quils sont capables de parcourir de longues distances sans ségarer. Prétendre lire lavenir dans leurs entrailles ou dans le marc de café montre à quel point cet avenir est obscur et incertain. Les augures sabritaient derrière le rite divinatoire comme les magistrats sabritent derrière les jurés. Aucun augure nayant le privilège de se tromper constamment leurs rares succès ont été utilisés avec enthousiasme par la cohorte des esprits avides dirrationnel. De la même manière aucun croyant priant pour être délivré de sa maladie nest à labri dune guérison naturelle. Dans les temps anciens deux augures qui se rencontraient étaient obligés dit-on de se cacher pour rire à leur aise. Et quand deux cardinaux aujourdhui se rencontrent ? Des personnes aussi intelligentes peuvent-elles être imperméables au doute, même si elles nont aucun doute sur la grandeur de leur fonction ? Ce ne serait pas leur faire injure que de supposer quils sont comme vous et moi à la recherche de la vérité. Les astrologues, les gourous fondateurs de sectes, les hommes déglise couvrant sciemment des supercheries, les publicitaires sans scrupules, les organisateurs de jeux de hasard, les escrocs et les démagogues exploitent sans vergogne le filon jamais épuisé de la crédulité humaine. Celui qui se voit déjà riche à millions achète un billet de loterie. Il y a des religions parce que la crédulité et le désir déchapper à la dure réalité créent un marché pour les idées religieuses. On peut ajouter quil est commode dinvoquer des superstitions à propos de certaines décisions, que cela évite dindiquer ses véritables motivations et même de les chercher. Il est plus facile de reprocher au candidat à tel ou tel poste un thème astral défavorable que de lui avouer que sa tête ne vous revient pas !
Pour essayer daller plus loin, il faut observer tout dabord que les hommes occupent dans la nature un domaine restreint où sexercent leurs activités quotidiennes, où le comportement immédiat de ce qui les entoure est dans une large mesure explicable et prévisible. Aux frontières de ce domaine se tiennent trois types de personnages :
Les hommes de science qui travaillent à agrandir le domaine
Les philosophes qui, regardant par-dessus lépaule des savants, font linventaire des parcelles récemment conquises, essaient den extraire une sagesse utile pour la compréhension du monde, la conduite de la vie ou lorganisation de la société et tentent de deviner ce qui peut se situer encore au-delà. Nayant pas comme les savants « le nez dans le guidon », ils sont éventuellement mieux à même de tirer parti de ces nouveaux territoires. Epris de certitudes les savants ne voient pas toujours lintérêt de saventurer dans des domaines controversés mais, quand ils consentent à se distraire de leur tâche immédiate, ils font souvent dexcellents philosophes.
Les hommes de religion qui se font les propagateurs de diverses traditions mythiques décrivant ce qui est censé exister au-delà de la frontière. Ce sont eux qui déroulent devant leurs fidèles des toiles sur lesquelles ils ont peint les paysages lointains et embrumés imaginés par leurs traditions. Protégés de langoisse de linconnu par ces rideaux aux couleurs apaisantes (les enfers sont cachés opportunément aujourdhui par un pli du rideau), les fidèles peuvent vaquer tranquillement à leurs occupations.
Les religions auraient donc dabord un intérêt utilitaire en dissuadant les hommes de perdre leur temps à ratiociner sur ce qui se situe en dehors de leur domaine normal dactivité et en les invitant à se concentrer ce sur quoi ils peuvent effectivement agir. Puisque le fin mot de toutes choses doit leur échapper de toute façon, il vaut mieux quils entretiennent lillusion de savoir plutôt que de se disputer à propos dune vérité inaccessible. Les religions les aideraient également à faire preuve daudace en leur fournissant une sorte dassurance tous risques sur léternité. Promettre la vie éternelle, cest encourager les jeunes hommes à aller au combat sans crainte. Le truc a déjà beaucoup servi et peut encore servir. Les religions seraient aussi un refuge pour les individus qui se sentent mal à laise dans un monde gouverné par la science et la technologie.
« Est-il en notre temps
Rien de plus odieux
De plus désespérant
Que de npas croire en Dieu »
(Georges Brassens, Le Mécréant)
Dans les situations désespérées elles offriraient le refuge de limaginaire, doù le réveil de la foi dans ces circonstances. Entre les pattes du lion la gazelle doit recommander son âme au dieu des gazelles. Croire quil est encore possible de faire quelque chose lorsque tout est perdu permet dalléger quelque peu une angoisse bien compréhensible. Cest par le même réflexe quon détourne le regard dun spectacle insupportable. Lhomme emprisonné dans sa condition mortelle comme une guêpe dans un bocal est prêt à suivre quiconque se flatte de connaître la sortie. Il est possible que la croyance en lau-delà soit pour certains la seule façon de rendre tolérable la perspective de leur inéluctable anéantissement. Cest le remède empirique, trouvé par lhomme pour calmer son angoisse. Cest le bandeau placé sur les yeux du condamné pour quil ne puisse voir en face le visage de la mort. Cest une couche de logiciel ajoutée dans son cerveau pour masquer les réalités les plus désagréables. Cest le territoire de lesprit humain où les consciences se réfugient lorsque lexistence devient insupportable, lorsque le déni de réalité simpose comme simpose lanesthésie durant une opération exagérément douloureuse. Quand il ne parvient plus à accepter les informations extérieures, le cortex se résout à fonctionner en circuit fermé, se soustrayant ainsi à la trop pénible réalité. A propos des croyants, Alain risquait cette comparaison dont je lui laisse la paternité : « Jy vois cette différence avec les fous à proprement parler, cest que les fous ne veulent pas y aller voir, et règlent dans leur pensée les questions de fait, au lieu que les croyants ne peuvent pas y aller voir, vivant sur des faits qui ne sont point des faits ». Les amours contrariées ne suscitent-elles pas spontanément le désir dune éternité compensatoire ? Une religion consiste par essence à prendre ses désirs pour des réalités et permet de croire dans les situations les plus éprouvantes quà la fin des fins Dieu viendra botter les fesses de tous les salopards qui nous oppriment. Se considérer comme nétant plus comporte dailleurs une sorte de contradiction interne qui met mal à laise et quil faut surmonter dune manière ou dune autre pour échapper au désespoir et à une folie qui peut devenir contagieuse. En dautres termes les hommes épousent une croyance religieuse non pas parce quelle est vraie, mais parce quelle leur est utile. Compte tenu de la précarité de leur situation, comment pourrait-on leur en vouloir ? Un autre moyen de se libérer de langoisse de la mort est la philosophie qui semble réservée à ceux dont lesprit est suffisamment fort et libre. Jaime bien cette image de Socrate faisant retraite avec larmée athénienne après un engagement malheureux et réussissant à tenir en respect ses poursuivants par son seul regard.
Les religions fourniraient par ailleurs aux hommes un horizon commun et des valeurs communes contribuant ainsi à la cohésion sociale. La religion est daprès létymologie ce qui relie les hommes entre eux, et pour les relier, il faut dabord les rallier. Doù la nécessité, pour des raisons pratiques, dappliquer ladage à chaque région sa religion cujus regio, ejus religio . Le bon sens ne trouve pas son compte dans cette régionalisation de la vérité. La paix non plus. Cest une forme de sagesse quil ne faut pas trop mépriser que de se réfugier dans le rêve lorsque la vie devient trop dure. Certains vont jusquà considérer que les religions sont des fictions commodes destinées à faire en sorte que le bon peuple se tienne tranquille, cest le fameux « opium du peuple », drogue qui leuphorise et laide à supporter ses malheurs. De ce point de vue les religions monothéistes seraient plutôt des drogues dures tandis que les religions polythéistes comme les religions antiques ou les religions orientales seraient plutôt des drogues douces. Dans tous les cas le pouvoir politique protège la religion qui renvoie lascenseur en rassurant le peuple sur ses fins dernières et en prêchant la soumission. Aujourdhui on vous dore la pilule. Demain, on vous rasera gratis ! Tous racontent au peuple de belles histoires comme on en raconte aux enfants pour quils se tiennent tranquilles ou pour quils sendorment. Je soupçonne que beaucoup de paroissiens sont modérément convaincus de ce qui se prêche dans les églises mais jugent que cela contribue à maintenir lordre social dont ils profitent. Lhomme politique a besoin de lhomme déglise pour veiller au respect de léthique nécessaire au succès de la communauté alors que lui-même sen exonère pour écarter des rivaux potentiels. Il attend également de lhomme déglise quil contienne autant que faire se peut les désordres de la vie privée qui pourraient nuire à lintérêt général. Politiciens et religieux ont en commun la nécessité de convaincre ce qui les oblige à dissimuler leurs doutes, sils en ont. Ils sont de fait complices du même mensonge, et comme ce mensonge est animé à leurs yeux des meilleures intentions, ces deux corporations le ressentent comme un pieux mensonge. La guerre et la religion sont la poursuite de la politique par dautres moyens visant pour lune à gouverner les corps et pour lautre à gouverner les esprits. Les gendarmes vont toujours par deux.
« Vous recevrez des coups de pied au cul
Vous ferez des heures supplémentaires
Qui vous seront comptées dans le royaume de mon Père »
(Jacques Prévert, Paroles)
Dieu, être essentiellement libre, est-il tenu de tenir les promesses des autres ? Les Eglises prêchent le rassemblement des consciences et des volontés, obsession de tous les hommes publics. Cest, en temps de paix, une sorte de préparation à la mobilisation générale. Ce rôle ne peut rester vacant. Les Eglises nont aucune légitimité historique ou scientifique, mais elles ont une légitimité pratique. Un totem signifie : « ce mat dressé est limage de notre tribu, nos ancêtres se sont établi ici, et nous entendons nous y maintenir, et nous y multiplier». Imaginez lembarras dun même dieu sollicité par des clans opposés. Or ceci est devenu habituel depuis que le monothéisme judéo-christiano-musulman sest répandu sur une bonne partie du monde. Un dieu est aussi lemblème et le ciment du pool génétique constitué par ses fidèles, le masque et le symbole de légoïsme dun clan, de sa volonté dhégémonie. Il définit une sorte de sous-espèce à lintérieur de laquelle les mariages sont autorisés et les prescriptions éthiques intégralement applicables. Toute tentative de sapproprier les femelles dune autre sous-espèce engendre des conflits sanglants. Les sous-espèces vaincues et asservies au cours dun conflit doivent adopter le dieu de leur vainqueur pour participer à ce pool. Est HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sacr%C3%A9" sacré, dans toutes les cultures, ce qui concourre à assurer la pérennité de ce pool génétique ainsi que les symboles qui y sont attachés. Si le vainqueur adopte le dieu des vaincus comme cela sest vu quelquefois on dit fort bien quil a été vaincu par sa conquête. Les femmes qui saccouplent avec les vainqueurs donnent une descendance, métissée il est vrai, à leurs compagnons morts puisquelles faisaient partie du même pool génétique queux-mêmes. Les mégalithes constituent une autre manifestation du même phénomène. Sous un prétexte religieux visant sans doute à justifier aux yeux de leurs épouses des efforts sans utilité immédiate, ils étaient une démonstration de force destinée à impressionner les amis comme les ennemis et à évacuer un trop-plein dénergie qui naurait pas trouvé à semployer ailleurs sans dommages. Clochers des églises générateurs de « lesprit de clocher » et tours de bureaux des grandes sociétés, orgueil de leurs dirigeants, remplissent la même fonction. Dieu est dabord ce qui justifie « légoïsme sacré ». Aussi lagite-t-on comme un étendard. Intégrisme religieux et nationalisme marchent main dans la main. Les religions servent ainsi de cache-sexe à légoïsme le plus affirmé. Un égoïsme partagé par quarante millions dindividus, est-ce encore de légoïsme, sinterrogeait mon professeur de philosophie à une époque où le souvenir des guerres était encore bien présent. Je crois quon peut répondre aujourdhui par laffirmative et que, au temps de la bombe atomique, laveuglement nationaliste sera encore plus durement sanctionné. Avoir la foi et lespérance, cest prendre en considération, au delà de sa propre existence, le sort des générations futures. Lécologie qui a les mêmes préoccupations est de ce point de vue la forme moderne et scientifique des religions. Elle constitue donc une réelle nouveauté. La meilleure preuve quil sagit bien dune religion cest quelle est encore trop souvent dogmatique et sectaire et quelle engendre bon nombre dintégristes ! Les esprits sectaires ne cherchent pas la vérité, ils cherchent seulement à imposer leur croyance aux autres par tous les moyens. Lespèce humaine a été sélectionnée par la vie en petites hordes, doù son inadaptation actuelle. Un chef simposait car il était plus fort ou plus résistant que les autres. Il restait capable de penser quand la fatigue et ladversité avaient affaibli les capacités de réaction de ses compagnons. Quand ces hordes se sont rassemblées du fait de la sédentarisation, le lien qui unissait chaque individu à un chef naturel est devenu vacant. Je fais lhypothèse que ce lien sest recyclé sous forme dattachement à une divinité.
Les hommes déglise se présentent comme des pasteurs, des bergers. Cest dire en quelle estime ils tiennent le troupeau de leurs fidèles, et on sait bien quel est le sort final réservé aux moutons : au mieux la tonte, au pis labattoir ! Les hommes déglise ne sont pas dailleurs les bergers quils prétendent être mais plutôt les chiens de berger du Prince qui conduit effectivement le troupeau. Les rois-très-chrétiens ont eu leurs prêtres comme dautres après eux auront leurs commissaires politiques. Quand le premier des citoyens dun grand pays prête serment sur un recueil de contes et légendes, ce nest pas lhomme détat qui est sacralisé, cest le Livre ! Si la religion a été sans nul doute instrumentalisée par les princes et à ce titre a bénéficié de leur appui, ceci nexplique pas complètement sa création ni sa réussite.
Il faut également reconnaître que les rites auxquels sont assujettis les fidèles présentent des vertus que lon peut dire paramédicales ou thérapeutiques. Ce nest pas une allure naturelle que de tendre le poing lorsquon est à genoux, ni de crier lorsquon a les mains jointes. Limmobilité forcée et les chants liturgiques apaisent les passions comme une berceuse aide le petit enfant à sendormir. Des ablutions rituelles peuvent aider à se purifier aussi mentalement. A un aumônier militaire qui, profitant de circonstances particulières, essayait de ranimer la flamme de ma croyance défunte, je fis la réflexion que ses paroles faisaient une bien jolie musique. Sur quoi, citant les propos dun Père de lEglise dont jai oublié le nom, il me répondit quil ne fallait pas avoir peur de la musique
Des gosiers incertains, se calant les uns sur les autres et se synchronisant, produisent un beau chant et font prendre conscience aux fidèles de lintérêt dappartenir à une même communauté. Enfermés dans cette communauté comme dans un cocon douillet les fidèles sabritent des idéologies concurrentes, comme dautres ferment portes et fenêtres aux courants dair.
Jenvie les croyants qui ont, comme la Maréchale, le privilège inouï de pouvoir sentretenir en particulier et sans rendez-vous avec le Grand Patron de lUnivers. Il doit être particulièrement gratifiant de pouvoir lui raconter toutes ses petites affaires, toutes ses petites misères, toutes ses petites joies, toutes ses petites ambitions, de trouver chez lui une oreille attentive et dobtenir son intervention. Joie ! Joie ! Pleurs de joie ! disait Blaise Pascal. Le même se disait effrayé par le silence des espaces infinis, faisant ainsi bon marché des propos du sage antique selon lesquels une pinte deau suffit à se noyer. Pour un peu les croyants en arriveraient à oublier quils parlent à un juge qui connaît mieux queux-mêmes tous les moments de leur existence, un juge qui est capable de faire pour chacun deux, après consultation des autorités ecclésiastiques, la grande addition de leurs bonnes et mauvaises actions et quil les obligera ensuite à la régler, aussi douloureuse soit-elle. Ces croyants se font-ils cependant une juste idée de la place véritable quils occupent dans le cosmos ? Ne craignent-ils pas que ce dialogue avec la puissance suprême ne soit quun monologue déguisé, une sorte dautoanalyse, peut-être un traitement contre la déprime ? Peu importe au fond me direz-vous si cet exercice les aide à vivre. Cest toujours beaucoup moins cher quun passage sur le divan. Prier est également une façon de garder bonne conscience pour un coût minimum. Prier pour que la pluie tombe est moins fatigant que de creuser un puits, un canal dirrigation ou un HYPERLINK "http://www.acamino.com/topo_bisses_du_valais.htm" bisse. Prier pour la paix est moins dangereux que de séparer des belligérants. La compassion est le degré zéro de laide, si elle ne se traduit pas en actes. Lorsquun président des Etats-Unis dit aux rescapés dun cyclone : « Nous allons prier pour vous », ou lorsquun de ses prédécesseurs leur offre une Bible, cest une façon assez inélégante de leur dire : « débrouillez-vous comme vous pouvez ». Avant de sasseoir devant une table bien garnie les pieux convives demandent au Seigneur de « procurer du pain à ceux qui nen ont pas ». La bonne conscience favorise la bonne digestion.
Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour se prémunir contre les ravages des tsunamis : offrir sur la plage des sacrifices aux dieux de la mer et des enfers ou bien installer un système dalerte veillant sur toutes les zones exposées à ce type de cataclysme ? Vaut-il mieux implorer la guérison des victimes dune épidémie ou vacciner préventivement les populations, prier pour la paix ou tenter de sentendre avec ses voisins ? Je crois en loccurrence que celui qui se contente de prier en aura pour son argent. A la suite de fortes pluies un village mexicain était menacé par un glissement de terrain. Pris de panique les fidèles se réfugient dans léglise où, peu de temps après, une coulée de boue les engloutit tous. Espérons quils nont pas eu le temps de douter de la bonté divine ce qui pourrait leur fermer les portes du paradis. Lermite au cur des montagnes ou du désert fuit ses contemporains et ne prie que pour lui-même. Si les prières peuvent être bénéfiques pour celui qui prie en lui permettant à peu de frais davoir la conscience tranquille, elles ne semblent pas lêtre pour ceux pour lesquels on prie. Des expériences récentes ont montré que les prières sont sans aucun effet, positif ou négatif, sur les malades lorsque ceux-ci nont pas été tenus au courant des prières dites à leur intention ce qui ne surprendra pas les mécréants et peut aussi sinterpréter comme un silence vexé de la divinité. Ce qui est plus inattendu, cest que ces prières ont un impact négatif lorsque ces malades ont été informés du fait quon priait pour eux ! Lexplication fournie par les auteurs de lexpérience est que cette information aurait déclenché chez eux une anxiété pathogène ! Ils ne se croyaient pas malades au point quon soit obligé de dire des prières pour leur guérison.
En incitant les croyants à avoir beaucoup denfants, lEglise augmente le réservoir potentiel de ses fidèles car elle a observé quon passe plus fréquemment dans une lignée familiale de la croyance à lincroyance que linverse. En France, selon certaines statistiques, 50% seulement des enfants dune famille catholique conservent activement cette croyance. Pour que cette croyance ne dépérisse pas très rapidement il est donc impératif que le croyant soit plus prolifique que lincroyant. Des préoccupations boutiquières ne seraient donc pas étrangères à cette incitation à croître et se multiplier dont leffet sur la fécondité des bien-pensants explique selon moi la dérive conservatrice de lopinion française ! Curieusement le monde ecclésiastique ne sapplique pas à lui-même cette prescription. Neuthanasie-t-il pas dune certaine manière tous les rejetons quil se refuse à engendrer ? Quil sagisse de chaste célibat, de contraception, ou davortement, le résultat démographique est pourtant toujours le même.
La sélection naturelle a jusquà une époque récente éliminé les sociétés, peu nombreuses au demeurant, qui nont pas eu recours à lartifice de la religion. Des spécialistes ont relevé que la durée dune civilisation dépourvue de religion ne dépassait pas deux ou trois générations. Quel est donc lavantage apporté par les religions du point de vue de la survie des groupements humains ? Cest selon moi que les droits de la famille, du groupe, de la nation et, de façon ultime, les droits de lespèce parlent par la bouche du prêtre, interprète autoproclamé de la volonté divine, mais dabord interprète efficace des intérêts collectifs. « Qui donc dit que le riche ne peut entrer au royaume de Dieu ? Cest le petit prêtre. Et que les humbles ont la meilleure part de lesprit ? Cest encore le petit prêtre » (Alain). Les religions sont lexpression archaïque du sens moral qui assure la cohésion et la protection des groupes humains. Les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9calogue_(Bible)" Tables de la Loi sont des consignes données par son dieu au peuple juif afin quil puisse survivre. On peut en dire autant du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Coran" Coran ou des paroles du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddha" Bouddha ou de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Confucius" Confucius pour leurs peuples respectifs, doù le caractère sacré de ces différents textes ; sacré comme la vie elle-même des groupes quelles protègent. En prescrivant toutes sortes dinterdictions voire des mutilations, les religions font barrage à une omniprésence du sexe qui, depuis que lespèce humaine a établi sa suprématie, va bien au delà des strictes nécessités de la reproduction. Il existe bien sûr depuis quelques temps des méthodes moins contraignantes pour sen accommoder. Ajoutons que les religions sont souvent les seules à sintéresser aux plus humbles, à chercher à les éduquer, même sil sagit plus dun endoctrinement que dune véritable éducation. Pendant longtemps elles ont constitué la seule forme disponible de sécurité sociale et de service hospitalier. Aujourdhui encore elles constituent un réseau efficace dinfluence et dentraide.
La religion est également une forme de politesse. Par son adhésion à une doctrine bien identifiée, le croyant affiche le code moral auquel il se réfère et se rend ainsi plus prévisible, moins inquiétant que lincroyant qui na pas de critères reconnus, qui ne peut dire ce quil pense de façon simple et concise, ou qui nose le faire de peur de choquer. Personne naffiche volontiers son incroyance, comme sil sagissait dune maladie honteuse, tant est forte la pression sociale. Si lincroyant laisse transparaître ses véritables sentiments, cest généralement sous forme de plaisanterie, car lhumour, lubrifiant indispensable à la mécanique sociale, facilite lexpression des opinions dérangeantes. Cest par ailleurs une constante que dattribuer une motivation personnelle, égoïste, voire immorale a ce qui nest quune tentative dexprimer la vérité telle quelle est ressentie dés que cette vérité ne sort pas du moule habituel. Les américains sont indifférents à la religion que vous avez choisie, pourvu que vous en ayez une. A leurs yeux, votre religion vous confère un label de qualité, comme votre compte en banque ou votre statut socioprofessionnel. Vous devenez grâce à elle un interlocuteur respecté, au moins selon les apparences, car la réalité est souvent bien différente. Il ne faut pas se fier aux discours convenus dont la préoccupation est avant tout commerciale. Ceux qui sont allés aux Etats-Unis vêtus de leur seule candeur pour y faire des affaires se sont vus le plus souvent roulés dans la farine. Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis sont aussi la patrie du gangstérisme et des coups tordus. Les mots Franc, français, franchise, ont la même racine. Franc veut aussi dire homme libre. Ainsi le français conforme à la tradition se sent suffisamment fort pour parler librement, ce qui peut être un handicap dans une vie sociale conflictuelle.
Les incroyants seront toujours en position dinfériorité vis-à-vis des croyants car ils nont rien à vendre si ce nest peut-être lhonneur de lesprit. De plus, pacifiques sinon pacifistes dans lâme, ils se refusent à utiliser tout moyen de coercition ou même de propagande. Comme Diderot le faisait déjà remarquer, ils répugnent à tout prosélytisme, confiants, peut-être trop, dans le seul pouvoir de la raison. Or, toutes les enquêtes montrent quun bon produit sans publicité se vend moins bien quun produit médiocre qui fait lobjet dun battage intensif. LEglise nest plus en mesure de faire taire les sceptiques. Faisant confiance à sa puissance de feu médiatique, elle choisit de les ignorer. Il faut vraiment que son dossier soit très mauvais pour que 95% des français ne soient toujours pas convaincus après plus dun millénaire de pilonnage propagandiste. Sans ce pilonnage le pourcentage serait évidemment proche de zéro. Les incroyants savent quils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Les croyants sont persuadés que Dieu, fidèle spectateur et soutien, est de leur côté. Les incroyants sont dans une logique de recherche de la vérité et savent combien celle-ci est incertaine. Les croyants, persuadés de lavoir trouvée, sont dans une logique de recherche de la puissance. Ils ne sauraient douter deux-mêmes sans se renier. Croyez et vous gagnerez davantage de dollars . Tel est, à peine caricaturé, le message des télé-évangélistes américains. Le pis est que ce message est exact comme ces révérends en sont souvent la vivante illustration. Débarrassé des préoccupations superflues, lesprit serein, le croyant peut se concentrer sur la tâche qui lui est impartie et lhabitude quil a de sincliner devant les puissances suprêmes rassure les gens en place. Par sa déférence envers la divinité il affiche son intention dêtre toujours et quoi quil arrive du côté du manche. Faire acte dallégeance et avaler si nécessaire quelques couleuvres nest jamais pour lui un problème. Lécher la main qui tient la carotte ou le bâton est pour lui comme une seconde nature. Aussi la carrière des jeunes gens bien pensants est-elle toujours facilitée, car ceux qui décident des carrières se reconnaissent en eux. Le choix de certains dirigeants ne sexplique pas si lon ignore quils vont à la messe tous les dimanches. Ils viennent sy entendre dire quils sont les plus beaux et les meilleurs, quils sont « le sel de la terre », quils sont « à limage de Dieu » et que par conséquent leur prospérité présente ou espérée nest pas usurpée. Ils viennent y apprendre lart de raconter de belles histoires, celui dafficher une assurance tranquille teintée dautosatisfaction et celui de faire des promesses non gagées, talents indispensables aux meneurs dhommes et par lesquels ils se reconnaissent entre eux aussi sûrement que le font les francs-maçons par dautres signes. Ces leaders naturels savent parer de nobles raisons les motivations les plus égoïstes, jouer des coudes pour se trouver au premier rang quand tout va bien et seffacer quand ça va mal, annoncer les bonnes nouvelles et laisser à leurs adjoints le soin dannoncer les mauvaises. Ils savent prendre un sac de blé sur la 99ème marche et le poser sur la centième en se flattant de lavoir hissé plus haut que tous les autres. Ils se gardent bien de prendre le moindre risque sachant quon ne tiendra guère compte de leurs réussites mais quon ne manquera pas de leur reprocher leurs échecs. Laccroissement de leur pouvoir est leur motivation la plus essentielle. En conséquence de quoi ils ne manquent jamais de voler au secours de la victoire et ratent rarement une occasion de se payer sur la bête.
Si tes lplus fort
Vas-y Totor
Si tas ldessous
Plie le genou
Il ne leur est pas naturel de faire passer leur mission avant leur amour-propre ou leur carrière, aussi leur est-il difficile de sattirer la confiance et ladhésion de leurs subordonnés. Sintéressant à la chose publique ils sauront amorcer la pompe de la crédulité en proclamant solennellement des vérités dévidence et en enfonçant des portes ouvertes. Ils assumeront la paternité des mesures populaires et feront porter par dautres la responsabilité des décisions impopulaires ou compromettantes. Ils communiqueront toujours verbalement leurs instructions les plus scélérates et compromettront ainsi leurs malheureux subordonnés. Ils feront semblant de ne pas entendre les questions gênantes, ou bien répondront à côté. Ils auront appris, même inconsciemment, à tromper. Dissimuler de mauvaises intentions sous de belles apparences est bien signe quon appartient à la classe dirigeante. « Les premiers seront les derniers » est lexemple même dune promesse électorale. « Je suis la vérité et la vie » en est un autre exemple. La religion est lécole du pieux mensonge et quelquefois du mensonge tout court. Pendant longtemps lEglise na pas eu pour objectif prioritaire de manifester par lexemple son message généreux, mais plutôt celui dêtre un auxiliaire efficace du pouvoir politique. Elle en attendait en retour honneurs, richesses et influence. Cest encore un peu vrai et ceux qui, au sein de lEglise, loublient sont marginalisés. Observez que la proportion de pratiquants réguliers est de 5% chez les français et se réduit même à 1% chez les plus jeunes alors quelle atteint 71 % chez les présidents de leur cinquième république ! A lélection présidentielle de 2007, trois des quatre principaux candidats se sont réclamé ouvertement de la religion catholique et la quatrième y a baigné pendant toute son enfance. Aucune activité politique, sportive ou culturelle ne peut se flatter de rassembler tous les dimanches trois ou quatre millions de français et de leur donner le sentiment dappartenir à une même communauté. Léglise catholique demeure bien le premier lobby de France, et elle nest pas un cas isolé. Il est indispensable pour un candidat américain au poste suprême dafficher de solides convictions religieuses. Le choix dune religion traduit le désir dêtre avec les plus forts ou les plus riches, et, pour une religion, bien plus que de soutenir une hypothétique vérité, limportant est de se retrouver du côté des vainqueurs. Les dieux des vaincus perdent leurs fidèles. Sans réussite matérielle, aux Etats-Unis, vous nêtes rien. Celui qui sait que les représentants de la bonne société, y compris son propre patron, assistent aux offices se sent obligé de sy faire voir également. Cest probablement une des causes principales de la persistante religiosité américaine.
La religion ne serait ainsi que lidéologie professée par le mâle dominant. Cest lhabit que celui-ci revêt pour camoufler son appétit de puissance. Elle maintient la cohésion du groupe social dont chacun tire avantage, ce qui explique quelle soit tolérée. Le mâle dominant occupe jusquà lobsession lesprit du troupeau, et cet état de chose perdure après sa mort. Sa mémoire est donc évoquée chaque fois que le troupeau doit faire un choix. Cest devenu un dieu qui règne sur les vivants et les morts. Que le pouvoir échoie à un de ses fils et ce dernier sera le fils dun dieu et dieu lui-même. Cest lacte de naissance de la monarchie de droit divin. Le retour en force des religions auquel on assiste aujourdhui a un rapport certain avec les sentiments personnels quaffichaient le président Bush et ses émules. Ces sentiments sont dailleurs tout à fait à lopposé de ceux de la communauté scientifique américaine, plus que circonspecte à légard de toutes les croyances mais qui doit dissimuler ses sentiments pour continuer à bénéficier de crédits de recherche. Ils ne sont pas davantage conformes aux intentions des pères fondateurs de la nation américaine inspirés avant tout par lesprit des « Lumières ». Chez de nombreux américains cohabitent un certain égoïsme, une violence latente, lactivisme religieux et un recours au droit systématique, lequel est nécessaire pour faire respecter des règles que la pression dune compétition sociale féroce conduit à transgresser. Collectivement les Etats-Unis ne font pas preuve en effet dun zèle particulier, ni en faveur de laide humanitaire mondialiste, ni en faveur de la promotion ou même du respect de règles internationales contraignantes. Ils ne font pas montre de plus de compréhension à légard de leurs minorités défavorisées. Ils préfèrent souvent les emprisonner plutôt que les éduquer. Il est assez symptomatique que la politique extérieure des Etats-Unis soit devenue égoïste et brutale du jour où elle sest réclamée expressément dune foi religieuse. Ce « renouveau spirituel » nest en réalité que le triomphe dun matérialisme des plus résolus. Beaucoup pensent que le nombre de sceptiques est plus élevé aux Etats-Unis que ne lindiquent les sondages (29 %) parce que les personnes interrogées cèdent à la pression sociale et taisent leurs véritables sentiments. Si la domination sexerce par la force physique, le mâle dominant est roi ou empereur. Si cest par la force de la pensée et de lexpression, le mâle dominant est prêtre dans les sociétés traditionnelles. Dans certaines de ces sociétés les deux fonctions ont été exercées par le même homme. Que lon songe aux pharaons, aux empereurs romains, ou à lInca. Cétait possible parce que dans les cas cités le pouvoir nétait contesté ni de façon interne ni de façon externe. Les fonctions sont exercées aujourdhui le plus souvent par des individus différents. En effet, léthique indispensable au bon fonctionnement de la société est enseignée par un prêtre qui est tenu de se conformer, au moins selon les apparences, à son propre enseignement, tandis que le chef politique est obligé souvent de déroger à cet enseignement, dabord pour rester le chef, ensuite pour traiter avec les chefs des autres nations. Nétant pas directement concurrentes mais au contraire sépaulant mutuellement ces deux dominations sentendent comme larrons en foire. De fait la religion qui présente comme réelles des histoires inventées prépare le terrain au politique qui lui aussi est tenu de déguiser la réalité pour maintenir son emprise sur les esprits. Une religion ne peut prospérer quen servant le pouvoir politique en place.
Les dieux païens sont des mâles dominants dans leurs domaines respectifs. Le dieu des monothéistes est le mâle dominant absolu devant lequel chacun doit faire acte de soumission et adopter la posture correspondante. Il me souvient dune époque où beaucoup de bons jeunes gens quon sentait impatients daller à la soupe avaient adopté, inconsciemment je lespère, ce tic de feu le président HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Pompidou" Pompidou qui consistait à se passer la langue sur les lèvres avant de prononcer la moindre parole. Lesprit dimitation et de soumission atteint parfois des sommets de ridicule ! A la cour du roi boiteux, tous les courtisans claudiquaient ! De leur côté les princes ont toujours veillé à ce que leurs sujets partagent leurs croyances. Epouser les idées du Chef, partager sa façon de voir les choses, cest ce quon appelle dans larmée faire preuve de discipline intellectuelle. Cest probablement ce phénomène qui est à lorigine du comportement de beaucoup dallemands pendant la deuxième guerre mondiale. Pour faire pardonner cette complaisance, les plus indulgents diront à la suite de Pascal quil est plus facile de rendre juste ce qui est fort que de rendre fort ce qui est juste, réflexion essentiellement politique. Cest pour cette raison que la force ne peut indéfiniment opprimer le droit, comme lHistoire lenseigne. Un roi peut devenir saint mais un saint ne devient jamais roi. Ceci étant, il apparaît un brin excessif que, dans un état laïque, une faction représentant cinq pour cent de la population cherche à monopoliser les moyens dinformation et de décision et entende régenter les pensées et les actions des quatre vingt quinze pour cent qui restent. Sils caressent cet espoir cest que leur assise sociale, leur cohésion et la confiance ou même limpudence qui vont avec, leur permettent de parler haut et fort, alors que leurs opposants ont souvent un buf sur la langue. En chaire un prédicateur peut développer sans crainte son argumentation : personne ne se lèvera pour la contester. Il a pris lhabitude que les autres se taisent pendant quil parle, ce qui ne peut que le renforcer dans ses certitudes. Il ne se rend pas compte que ses discours assurés bénéficient de lindulgence quon réserve ordinairement aux malades en phase terminale ou à ceux dont la tête est perdue
Le corbeau se croit aimé plus que tous les autres volatiles parce quaucun chasseur ne lui tire dessus, mais cest en réalité parce quil est immangeable ! Les incroyants et les sceptiques ont le sentiment quant à eux de jouer en permanence sur le terrain de ladversaire.
« Dans les poulaillers dacajou
Les belles basses-cours à bijoux
On entend la conversation
Dla volaille qui fait lopinion
Qui dit
On peut pas être gentil tout ltemps
On peut pas aimer tous les gens
Ya une sélection, cest normal
On lit pas tous le même journal
Mais comprenez-moi, etc.
»
( HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Souchon" Alain Souchon)
Il nest ni surprenant ni illégitime que ceux qui se sont promis de suivre en toutes circonstances la voix de leur conscience se regroupent dans un club pour cultiver ces bonnes dispositions, mais il est regrettable quils le fassent autour de mythes sujets à caution et que la réputation du club soit instrumentalisée par certains. Les « people » qui font étalage de leur foi de façon souvent incongrue font lâne pour avoir du son ! Lincroyant nest pas ordinairement sectaire. Le croyant lest assez naturellement. Lexplication tient à mon avis à ce que le croyant est bien en peine de justifier rationnellement sa croyance et que, faute darguments, il ne lui reste que la fâcherie ou la colère. Le croyant se sent offensé par lincroyant aux yeux duquel il craint de passer pour un archaïsme un peu ridicule et il se sent incapable de lui prouver le contraire. Il serait grand temps que la mauvaise conscience change de camp.
Genèse des croyances
Quelles sont les prédispositions qui conduisent un individu à épouser une croyance religieuse ou à la rejeter ? Essentiellement la tradition familiale et le milieu socioprofessionnel. Il existe peu ou pas détudes au sujet des prédispositions psychologiques qui pourraient jouer un rôle. Il est tentant pour lincroyant de penser que la croyance religieuse varie en raison inverse de la formation intellectuelle, particulièrement scientifique. Cest ce qui semble résulter détudes statistiques effectuées aux Etats-Unis. Les religions sont mieux acceptées me semble-t-il par les « forts en thème », esprits aptes à mémoriser et appliquer sans erreur des règles quil ny a pas lieu dexaminer. Lincroyance sied mieux à ceux qui se sentent plus à laise dans lexercice de la version où il sagit de comprendre la pensée de lautre, sans y adhérer nécessairement. On peut hasarder quun facteur favorable à la croyance religieuse serait un terrain mental meuble dans lequel les premières idées reçues senracinent facilement et profondément et qui refuserait ensuite toute nouveauté. Certains se disent croyants mais sont incapables dexpliciter ce à quoi ils croient effectivement. Le terrain mental de lincroyant est plus imperméable, les idées toutes faites glissent sur lui comme leau sur les plumes dun canard. Lincroyant tient avant tout à conserver sa liberté dappréciation. Il ne se complait pas dans la peur et il na pas le culte du chef. Il na pas non plus le sentiment dêtre irremplaçable. Il sait bien quil a très peu de chances de laisser une trace identifiable dans le mouvement brownien des effets et des causes, à peine une ride vite effacée à la surface de létang.
Une autre explication réside dans le phénomène dempreinte. En inculquant leurs croyances à des enfants dont chacun sait quils croient au Père Noël sans aucune espèce de difficulté, quils attribuent spontanément des qualités mentales aux êtres et aux objets les plus divers et quils adorent les dessins animés où les lois de la physique ordinaire sont ignorées ou bafouées, les catéchistes obtiennent que ces croyances deviennent une partie intégrante et fondatrice de leurs structures mentales à lâge où celles-ci se constituent. Ainsi les jeunes oies qui navaient jamais connu que lui suivaient-elles dans tous ses déplacements le bon professeur HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Konrad_Lorenz" Lorentz quelles prenaient pour leur mère ! Le but est dimprimer dans les jeunes cervelles ce « système dopinions bizarres qui nen impose quaux enfants ». Aussi absurde que soit ce système ses fondations ne seront pas remises en cause puisquelles sont entièrement déconnectées des réalités constatables. Comment voulez-vous prouver que les anges nexistent pas ? Comment voulez-vous prouver quune HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9i%C3%A8re_de_Russell"théière en porcelaine nest pas en train dorbiter autour du soleil sinterrogeait Bertrand Russel ; doù la permission de nier sans preuve ce qui a été avancé sans preuve. Les religions sont une survivance de la pensée enfantine et magique selon laquelle il suffit dimaginer pour que le fruit de limagination devienne réalité. Un très jeune garçon refusait de sapprocher dun tableau qui ornait le salon de sa grand-mère. Ce tableau bucolique représentait une bergère gardant ses moutons près dune mare. " De quoi as-tu peur" lui demandait-on. « Jai peur du loup » « Tu vois bien quil ny a pas de loup ». « Si, il est derrière larbre ! » Le loup était dautant plus redoutable quil était caché. Un sentiment dangoisse a besoin dune explication, même fausse. Cest ce quon constate aussi chez certains malades.
LEglise recommande à ses représentants dêtre tout à tous affichant ainsi son intention de ratisser le plus large possible, sans être trop regardant ni sur le contenu ni sur la sincérité de la foi nouvellement acquise. Il me souvient encore de jeunes condisciples élevés dans des familles bourgeoises des beaux quartiers qui parlaient avec horreur et mépris des « communards » à la suite de conversations entendues sans doute à la table familiale. Ils regrettaient ouvertement que les américains dés la fin de la 2ème guerre mondiale naient pas pris le parti denvahir la Russie pour en extirper le communisme alors quils étaient seuls possesseurs de larme atomique ; Je serais surpris que beaucoup de ces jeunes gens aient changé dopinion en vieillissant. Il est vrai que Churchill, ce qui devrait faire hurler dhorreur, partageait le même point de vue. Jai eu la chance pour ma part de ne jamais entendre de tels propos. Lhostilité résolue de mes parents à légard du fascisme sest toujours exprimée de façon mesurée et sans haine. Lesprit de tolérance vient avec la maturité. Implantez une idée dans une jeune cervelle malléable et les faits ou les idées qui la confirment viendront sy agglutiner et enrichir la mémoire tandis que ceux qui linfirment ne trouveront pas de support où saccrocher et seront perdus. Quand un lien existe, la mémorisation est considérablement facilitée. Ecoutez cette comptine entendue jadis en cour de récréation et que je peux encore restituer soixante dix ans plus tard : « jen ai marre, marabout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval de course, course à pied, pied de cochon, cochon de ferme, ferme ta boite, boite à pêche, pêche à la ligne, ligne de fond, fond de culotte, culotte de zouave, zouave dAfrique, fricassée, cest assez ».Ce phénomène dassociation est à lorigine de tous les préjugés. Sous sa forme extrême il est à lorigine de tous les fanatismes. Cest pourquoi il est si important que les jeunes enfants soient élevés au lait de la morale laïque et républicaine qui interdit daffirmer une opinion qui ne soit pas étayée par des faits matériels résistant à un examen critique et qui invite à toujours considérer avec une certaine prudence lopinion qui résiste à cet examen.
La raison peut-être la plus fondamentale du succès qui ne se dément pas des idées religieuses, et là nous retrouvons les notions exposées plus haut concernant le fonctionnement de lesprit, est quun vivant, un mort ou un être purement imaginaire sont codés dans cet incomparable ordinateur quest notre cerveau par les mêmes types de groupements neuronaux et manipulés selon les mêmes règles, comme cest le cas dans les rêves ou les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9vrose" névroses obsessionnelles. Doù la facilité quil y a à confondre ces différentes catégories dêtres et à trouver naturelles les idées dimmortalité et de divinité, alors quil nen existe à lévidence aucun exemple concret dans la nature. Divinité, frère ou cousin ont même réalité neuronale. Rien ne les distingue à lautopsie. Dieu existe à coup sûr physiquement dans lesprit des croyants, dans leur surmoi. Adorer un être divin, cest adorer une pincée de ses propres neurones, en fait adorer son propre surmoi dilaté aux dimensions de lunivers et grâce à cette chimère, entreprendre de régenter le monde. La faiblesse de lhumaine nature laisse se multiplier les affirmations gratuites. Supprimez la force qui leur donne autorité et elles seffondrent comme châteaux de cartes. Il nest pour sen convaincre que de visiter le cimetière des croyances défuntes.
Il pourrait exister dans le cerveau de tout individu, y compris chez lincroyant qui doit lutter contre la pente naturelle de son esprit, une structure neuronale prête à accueillir toute idée dêtre surnaturel qui passerait à portée et cest sous le regard de cet être que lindividu en question devrait désormais vivre. Cest cette structure mentale que nous appelons dieu, au singulier ou au pluriel. Lexistence de cette structure nimplique nullement lexistence dune réalité extérieure qui lui corresponde. Dieu peut parfaitement exister dans lesprit de chacun de nous et nulle part ailleurs. Ce peut nêtre quun instinct parmi beaucoup dautres. Cest le point de vue des bouddhistes. Cest le sens implicite de cette formule qui revient comme un leitmotiv pendant la messe :
HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" Dominus vobiscum
Et spiritu tuo
Dieu soit avec vous
Et avec votre esprit
Un HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Dawkins"esprit ingénieux a rapproché cette structure daccueil dune autre structure similaire qui correspond chez lenfant à lami imaginaire, cousin des héros de bandes dessinées et qui a été annexé par lEglise sous le nom dAnge Gardien. Mon ami imaginaire sappelait Jean. Il devait avoir une vingtaine dannées et portait casquette et culottes de golf selon la mode de lépoque. Sa présence coïncidait avec des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Fantasme" fantasmes dactivités SM aussi soft que saugrenues. Ces activités normalement interdites aux moins de 18 ans se déroulaient dans des locaux souterrains à lombre dun petit bois au fond du jardin. Je suppose que ces tendances obscures venues du fond des âges existent à létat latent chez la plupart des gens, même chez ceux qui ne feraient pas de mal à une mouche. Elles nont rien à voir avec le péché originel, mais constituent une sorte dappel en faveur de la vie. Il ne sagit pas en effet dinfliger une douleur, même légère, mais démoustiller. A peu près vers la même époque nous avions une maîtresse décole qui avait lhabitude dappeler au tableau le premier élève qui prétendait avoir la solution du probleme quelle venait de poser. Si lélève sétait trompé elle lançait son cahier dexercices au travers de la classe, puis le faisait mettre à plat ventre sur ses genoux et, pour punir son outrecuidance, appliquait sur son postérieur quelques coups de règle pas trop sévères. Le contact de ses cuisses au travers de la robe légère était quelque chose de mémorable ! Une punition peut parfois se transformer en récompense comme Rousseau la HYPERLINK "http://jacquesmottier.online.fr/pages/lambercier.html"illustré avec éclat
Hasardons ici quelques explications HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud"freudiennes : les récompenses et les châtiments promis dans lau-delà sont un écho lointain des promesses et des menaces proférées par les parents à légard de leurs remuants rejetons. Métaphoriquement, ils signifient que tout manquement à léthique est un tort fait à lespèce et que ce tort se perpétue à travers les âges. Il subsiste dans les différents mythes relatifs à lenfer et au paradis quelque chose des craintes et espoirs ancestraux ancrés dans notre inconscient. Narrive-t-il pas encore que notre poil se hérisse quand un craquement se fait entendre la nuit dans la forêt ? Pour un primate, le bas, le sol où la chute peut le livrer aux griffes des fauves représentent la crainte dêtre dévoré, tandis que le haut, le ciel aperçu au travers des branches représentent lespoir du salut par la fuite. Tout individu aspire à retrouver le havre de paix dont jouissaient nos ancêtres au sommet des grands arbres. Certains attribuent à ces périodes de rêves ou de méditations tranquilles à labri du danger les progrès cognitifs quils ont accomplis. La première phase de lhominisation est liée au pouce opposable qui permet de grimper aux arbres et déchapper aux prédateurs. Les oiseaux auraient pu devenir les rois de la création si la faible densité de lair et les lois de la mécanique des fluides qui déterminent la portance ne les avaient obligés à limiter drastiquement le poids de leur cerveau. Dés que lancêtre de lhomme est descendu de son perchoir il a été soumis à une pression sélective extrême en raison des faibles moyens naturels dont il disposait. Gageons quil y est remonté plus dune fois en catastrophe avant den redescendre définitivement ! Seuls ont pu survivre les plus dégourdis, ce qui a énormément accéléré lémergence de lhomo sapiens, cest à dire de nous-mêmes. Transpirer de fatigue ou deffroi devint son lot quotidien. On peut attribuer sa condition de singe nu au fait que labsence de pelage favorise lévaporation de la transpiration et que des vêtements adaptés aux circonstances climatiques remplacent avantageusement le pelage octroyé par la nature qui est au mieux saisonnier. Peut-être nos ancêtres avaient-ils comme nous un goût affirmé pour la chair nue ce qui aurait pu constituer aussi un critère de sélection...
Une autre explication a été avancée selon laquelle des hominidés descendus de leurs cocotiers auraient longtemps complété leur alimentation grâce à la pêche à pied le long des plages ou en eau peu profonde et que labsence de pelage aurait alors accéléré le séchage de leur peau et favorisé leurs évolutions dans leau (les nageurs de compétition se rasent). Ils auraient ainsi subi des mutations sous une pression sélective « sea, sex and sun » dont nous gardons encore la nostalgie. Vivant sur les plages ils pouvaient échapper aux prédateurs non plus en grimpant aux arbres mais en se jetant à leau en saidant éventuellement de quelque espar. Ainsi aurions-nous failli devenir cétacés, mais navons subi que la première phase de la transformation : la perte des poils! Ceux qui gardaient une partie de leur pelage sur le haut du crâne comme un képi sont devenus chefs, un bon moyen daccroître sa descendance. De son côté une fille qui a les cheveux longs est plus facile à attraper, ce qui accroît ses chances de procréer
Les dessinateurs humoristiques inspirés par le thème de lhomme des cavernes se sont évertués à nous le rappeler. A quoi rêvent aujourdhui les femmes qui ont les cheveux longs, de grandes boucles doreilles, des talons hauts et des jupes entravées ? Ce que nous avons gardé ailleurs de pilosité pourrait être lié à lattractivité de ce qui demeure caché
Il paraît dailleurs absurde et semble relever dune erreur de conception que la nature ait placé à lextérieur et sans protection aucune un bien aussi précieux et aussi fragile que les humbles génitoires masculines. Il faut croire que la nature a estimé que ceux qui nétaient pas capables de les défendre devaient être éliminés de la liste des reproducteurs potentiels ! Les oiseaux et les mammifères marins ne sont pas affligés de ces protubérances qui, en augmentant la traînée, réduiraient leurs performances aéro ou hydrodynamiques. Pour que ces diverses mutations adaptatives sinscrivent définitivement dans la lignée humaine il a fallu que la situation décrite ci-dessus ait duré suffisamment longtemps. Or, à la pointe sud du continent africain, il a été découvert récemment la trace détablissements humains très anciens (-200.000 à 120.000 ans environ) qui se caractérisent par leur proximité de la mer et par des outillages et des parures témoignant dun haut degré dévolution. Il peut être imaginé que leurs habitants ont survécu grâce à la complémentarité de ressources terrestres et marines à un moment où les conditions climatiques étaient particulièrement défavorables. Ces conditions saméliorant ils auraient par la suite sous leffet de la pression démographique envahi lAfrique toute entière puis le reste du monde. Chemin faisant ils ont rencontré au Moyen-Orient des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9andertal" Néanderthaliens plus robustes queux-mêmes et quon peut supposer dotés dun sens moral plus développé compte tenu des conditions encore plus difficiles dans lesquelles ils avaient vécu. Notre ancêtre plus roublard aurait fini par éliminer ces bons géants en leur soutirant au passage quelques gènes encore reconnaissables et qui distinguent les européens et les asiatiques daujourdhui des africains restés sur place. Lestés de ces nouveaux gènes lors de leur passage au Moyen-Orient certains de ces hommes aventureux auraient envahi lEurope, dautres seraient retournés sur le continent africain pour peupler lAfrique du Nord et la corne de lAfrique, dautres seraient allés jusquaux Indes, dautres encore auraient emprunté à des populations sibériennes archaïques quelques gènes supplémentaires avant daller peupler lExtrême Orient, Il se peut aussi que des Néanderthaliens réfractaires à lassimilation aient reconnu demblée la supériorité de lhomme moderne et quils se soient retirés devant lui sans combattre, quils aient ainsi traversé lEurope à reculons jusquà atteindre pour un ultime plongeon le rocher de Gibraltar au pied duquel on a retrouvé la trace de leurs derniers établissements.
Les mythes sont comme les réflexes instinctifs qui vous empêchent de passer sous une échelle, ou de vous réjouir dune circonstance favorable sans toucher du bois, rappel de la branche à laquelle nos ancêtres se sont souvent raccrochés in extremis pour éviter la chute. On dit aussi dun individu qui a échappé à une situation périlleuse quil sest raccroché aux branches. De la même manière nous évitons de poser le pied sur linterstice entre deux dalles, daborder linconnu avant den avoir fait le tour, ou de nous soulager au cours de nos promenades ailleurs quà lendroit habituel. Freud a dit quelque part : « jai souvent eu limpression que la psychologie des névroses est susceptible de nous renseigner plus et mieux que toutes les autres sources sur les phases primitives du développement humain ». Les dragons de Chine et dailleurs font ressurgir du tréfonds de linconscient le souvenir des dinosaures. Il me souvient dune terreur enfantine, et qui dura assez longtemps, provoquée chez moi par la vue dune photographie de fantaisie de lanimal fabuleux figurant dans les pages de HYPERLINK "http://www.dicocitations.com/resultat.php?id=3091" lalmanach Vermot ! Les mythes fournissent des explications imaginaires, voire délirantes, mais ils traduisent une curiosité intellectuelle qui mènera un jour à la découverte dexplications mieux fondées. Les forces de la nature ne se manifestent pas par hasard, pensaient les anciens, car il y a derrière ces forces la volonté des dieux. Ces manifestations présentant certaines régularités, la volonté des dieux devint loi, et tout étant nombre comme sen avisèrent des philosophes, ces lois prirent bientôt la forme mathématique que nous leur connaissons aujourdhui. La religion nest pas la science, cen est le pressentiment. Les auteurs classiques sont à la jonction de ces deux mondes, doù leur incomparable saveur.
A un être humain vivant correspond dans le cerveau de ceux qui le connaissent un groupement neuronal qui code les milliers dinformations qui lui sont associées. Lorsquil décède, un seul de ces attributs est modifié. En faire le deuil correspond à modifier progressivement les autres attributs, sans jamais les effacer complètement. Même décédés depuis longtemps, nos proches parents ne sont jamais tout à fait morts pour nous. Le culte des ancêtres est le plus naturel de tous les cultes. Les plus fieffés sceptiques fleurissent les tombes des êtres qui leur ont été chers. En vérité ils fleurissent le souvenir quils en ont gardé. Les honneurs posthumes laissent les défunts complètement froids. Ces cérémonies sont faites par des vivants pour des vivants. Le décès dun proche génère un traumatisme que le temps finit généralement par guérir. Un veuf inconsolable est un veuf qui na pas encore trouvé sa consolatrice. Seul le décès dun enfant est sans remède. Ce qui se passe dans notre conscience lorsque nous sommes éveillés a le plus souvent un rapport direct avec la réalité observable par tous, mais pas toujours. Il nest pas aisé pour une personne non avertie de faire la différence entre réalité et hallucination. « Dans le monde des névroses, cest la réalité psychique qui joue le rôle dominant ». (Freud). Des études ont montré que les mêmes zones cérébrales étaient sollicitées quon effectue une action ou quon se contente seulement de limaginer. Les religions cherchent par des moyens quelquefois grossiers, quelquefois subtils, à susciter chez leurs fidèles létat de transe qui provoque ces confusions, mais cest proprement folie de croire quà une configuration particulière de notre cerveau neuronal correspond nécessairement une réalité extérieure et quun dérapage de lesprit peut nous renseigner sur la nature profonde du cosmos. Estimons-nous heureux si ces dérèglements nous apportent quelque lumière sur le fonctionnement de lesprit lui-même. Jeanne dArc a entendu des voix parce quelle était sans doute légèrement schizophrène. Il faut encourager lEglise à multiplier les exorcistes afin quils puissent faire un tri préliminaire parmi les fidèles qui présentent ce genre de pathologie. A peine adolescent jai rêvé une symphonie qui ma semblée plus belle que tout ce que javais pu entendre auparavant. Je ne me suis pas réveillé pour autant compositeur de génie ! Jeune encore jai vu défiler lentement dans le ciel des vaisseaux dune extraordinaire beauté, style 2001 Odyssée de lEspace. Je me souviens mêtre interrogé sur le sens de ce spectacle jusquà ce que je réalise que la 3ème guerre mondiale venait de commencer ! Dans un autre rêve japerçois les premiers lacets dun chemin scabreux descendant en pente raide vers le fond dune vallée. Je my engage avec appréhension, suivi par une femme qui porte un bébé. A un moment la descente se raidit encore et devient une véritable désescalade. Forcément la maman glisse et son bébé lui échappe. Je parviens à bloquer le bébé avec le bras gauche, puis le maintiens comme je peux avec la jambe gauche. Cette position inconfortable me réveille. Récemment encore jai assisté à la scène suivante : de la boue plutôt sèche dans un caniveau, le long dun trottoir ; un cycliste démarre et tombe ; il est rattrapé par la boue que pousse un engin mécanique, sorte dhybride entre une balayeuse municipale et un HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" ratrack. Je comprends que le cycliste, disparu derrière lengin, est poussé vers un mur, je mattends à ce quil se soit réfugié dans quelque encoignure mais découvre, collée au mur, une galette de quelques centimètres dépaisseur qui sécroule dés que lengin sest éloigné. Fin du rêve. La nuit dernière jassistais à une réunion animée quand une envie me prend daller me laver les mains. Jy vais en courant, je trébuche, me relève et mapproche du lavabo. Deux mains sy livrent déjà à la même opération. Seulement, au bout des mains, il ny a personne ! Les mains flottent librement dans lair, comme en apesanteur. Lémotion soulevée par ce spectacle surréaliste me réveille. Par quel tour de magie mon esprit a-t-il pu engendrer ces mondes sans doute absurdes, mais presque aussi riches que le monde réel ? Songez à la complexité du mécanisme neuronal nécessaire pour fabriquer ces séquences filmées à partir de données disparates résidant dans la mémoire. Quel dommage que nous ne soyons pas aussi imaginatifs quand nous sommes éveillés ! Il me semble dailleurs quil sagisse dune intelligence non spécifiquement humaine car les rêves ne comportent pas de discours. Le cerveau est sans doute plus agile quand il na pas de mots à trimbaler. Les anciens attachaient une grande importance aux rêves, les jugeant étroitement associés à la réalité, ce qui est vrai mais pas forcément comme ils limaginaient. Un ascète au désert conditionné par de longues privations peut avoir une vision si précise et si belle quil ne peut lattribuer quà une inspiration divine. Sil ne le fait pas lui-même ceux à qui il la racontée ne manqueront pas de le faire à sa place.
Cest une illusion fréquente chez les intellectuels (et les Pères de lEglise sont une quintessence dintellectuels) quil suffit de nommer les choses pour quelles existent. Or il ne suffit pas de juxtaposer sujet, verbe et complément pour que la phrase correspondante ait du sens. Faut-il encore quelle renvoie à une réalité plus ou moins constatable, quelle ait une vertu plus ou moins opérationnelle et que les mots utilisés aient une signification claire, faute de quoi la phrase nest quun jeu de mots stérile. Tant que le travail délucidation des concepts commencé par Platon naura pas été mené à bien, les hommes continueront de se parler sans se comprendre puisquils ne donnent pas le même sens aux mêmes mots. Songez au concept de justice. Pour la plupart des gens un impôt juste est un impôt payé par le voisin et une subvention juste est une subvention dont ils peuvent bénéficier. Dans les faits impôts et subventions résultent dun rapport de force plus ou moins adroitement déguisé. Une décision juste est une décision qui fait que, pour tous les intéressés, le rapport entre contrainte et résistance à cette contrainte est le même. Un tel ajustement ne peut être atteint que par la négociation entre personnes de bonne foi. Il serait intéressant et instructif de rechercher dans un dictionnaire quel est le nombre minimum de mots à partir desquels il est possible de définir tous les autres. Létablissement dun tel dictionnaire serait une bonne occasion de finaliser la chasse aux concepts initiée par Platon. Un discours conforme à la réalité est nécessairement rationnel et cohérent, mais la réciproque nest pas vraie. Le jeu de bridge ou le jeu déchecs sont par eux-mêmes rationnels et cohérents. Dira-t-on pour autant quils aident à décrypter la réalité ? Certainement pas car aucun phénomène naturel nobéit aux règles de ces jeux de société. Il en est de même de la théologie, nen déplaise à Benoît XVI. La théologie est la science de linobservable, de linexpérimentable, de linvérifiable, de linquantifiable, de lincommensurable, de linexprimable, de lincompréhensible, de linconnaissable, de linconcevable, de lincommunicable; autant dire quil sagit dune science impossible. Ceci ne veut pas dire que les théologiens soient toujours inintéressants, ceci veut dire que, lorsquils sont intéressants, ce nest pas de la théologie. Certains fidèles justifient leurs croyances religieuses par les insuffisances de la science. Imagine-t-on un scientifique qui entreprendrait de justifier son savoir par les insuffisances des religions ? Savoir, cest avoir la possibilité de vérifier quune réalité physique extérieure correspond effectivement à une image mentale particulière. Cette possibilité est ouverte à tous ceux qui sont prêts à faire les efforts nécessaires. Croire, cest admettre que cette correspondance existe sans avoir la possibilité de le vérifier. Nous pouvons croire en Dieu, jamais nous ne le saurons, du moins en ce monde. Un dieu créateur infiniment bon et tout puissant ne correspond pas à létat du monde que nous avons sous les yeux. Ceci même, nous ne pouvons pas y croire. Croire est un mot redoutable. Au nom dune croyance incertaine on va sautoriser sans remords à commettre les pires atrocités. Dans la croyance, le cerveau est bouclé sur lui-même, sans passer par lobjet. Lorsque la même image est crue par les membres dun même groupe humain, elle ne devient pas pour autant réalité physique, mais elle devient réalité culturelle et sociale. La science utilise également des représentations fictives (avez-vous déjà rencontré dans la nature un vecteur vitesse ?) à ceci près que ces fictions ont une efficacité prédictive directement opérationnelle dans lunivers des choses. Mais, après tout, les idées religieuses ont également une efficacité opérationnelle, par dautres voies, dans lunivers des esprits. Cest lefficacité de lillusionniste.
Lincroyance commence lorsque la peur du noir a été dominée, lorsque les fantômes et autres visions cauchemardesques quil peut receler ont cessé dêtre pris au sérieux. Que survienne dailleurs un danger bien réel et tous les fantômes sévanouissent à linstant. La guerre remet toutes les pendules à lheure pendant le temps de laction. Croyance et foi sont des ornières dont il est difficile de sextraire une fois quon y a glissé. Chaque passage les creuse un peu plus. Doù lexpression approfondir sa foi et le moyen choisi qui est la répétition des mêmes rituels, procédé bien connu de tous les spécialistes de laction psychologique.
Mon voisin du dessus
Un certain Blaise Pascal
Ma gentiment donné
Ce conseil amical
Mettez vous à genoux
Priez et implorez
Faites semblant de croire
Et bientôt vous croirez
(Georges Brassens, Le Mécréant)
Ces rituels compulsifs communs à toutes les religions sont les symptômes par lesquels se manifestent les névroses déclenchées chez beaucoup dêtres vivants par la prise de conscience du fait indubitable quils sont condamnés à mort et quil ny a pas de grâce possible. La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de lhumanité (Freud). Il me semble que Freud aurait pu faire léconomie du conditionnel. Les névroses qui résultent du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Refoulement" refoulement de cette pensée plus que dérangeante se traduisent par une régression vers lâge magique dans lequel le petit dhomme a longtemps baigné. Les mythes sont le résultat du transfert des problèmes insolubles du monde réel vers un monde imaginaire où ils se trouvent miraculeusement résolus. Cest ainsi que la conscience qui séteint avec lindividu dans le monde réel devient dans un monde imaginaire une âme immortelle. Cest ainsi que les conséquences lointaines dun acte moral ou immoral deviennent paradis et enfer. On ne pourrait soigner cette névrose quau moyen dun traitement psychanalytique visant à débusquer les circonstances dans lesquelles le sujet a pris conscience de sa fin inéluctable. Inutile de dire que ce traitement nest jamais entrepris. Le caractère universel de cette situation et la difficulté de la cure rendent compte de lubiquité du phénomène religieux dans le temps et dans lespace. On peut dailleurs observer une relation directe entre lintensité de la foi religieuse dun individu ou dune société et la profondeur de son mal-être. Ne cherchez pas ailleurs la raison de lintégrisme musulman, ni pourquoi certains passent sans transition de la débauche la plus effrénée à la plus noire bigoterie. Carnavals et processions sont lexpression du même désir doubli du réel. Il y a une addiction aux religions comme il y a une addiction aux drogues. Les deux phénomènes traduisent le même désir de fuir une réalité trop dure. Il me parait probable quon constatera un jour que les circuits neuronaux dédiés à ces différents types daddictions sont apparentés. Lintégrisme musulman et lusage de drogues concernent les mêmes cités défavorisées. Lintégrisme chrétien concerne des milieux qui craignent un déclassement social. Laffaiblissement de la foi dans les sociétés occidentales est un des plus sûrs indices que les choses ny vont pas si mal que ça. Il est dailleurs possible que les névroses relativement bénignes que constituent les religions évitent dautres névroses plus graves. « La religion, qui a fait, qui fait et qui fera tant de méchants, vous a rendue meilleure encore ; vous faites bien de la garder» concède Diderot à la Maréchale. Cette pathologie sest manifestée dans toute sa pureté et toute sa force à lépoque des premières religions historiques dont on connaît les mausolées gigantesques et les armées de terre cuite. Les rites funéraires ont été les premiers à apparaître et seront probablement les derniers à disparaître. Pour résumer la situation, disons que lindividu commence sa carrière de croyant en adoptant par un phénomène dempreinte les croyances de son entourage ; il la poursuit du fait des contraintes sociales qui sexercent sur lui de façon particulièrement vive quand il entreprend de faire sa place au soleil sous légide du mâle dominant gardien et bénéficiaire de ces croyances ; il la termine sous lempire de la névrose dangoisse provoquée, aux premiers signes certains de décrépitude, par la prise de conscience, non plus seulement intellectuelle mais physique, de la mortelle fragilité dont tout être vivant est affligé. Les croyants semblent avoir quelque difficulté à comprendre que les incroyants néprouvent pas cette angoisse au même degré. Ce que signalait déjà Diderot :
« Crudeli. Je ne réponds de rien, quand ma tête ny sera plus ; mais si je finis par une de ces maladies qui laissent à lhomme agonisant toute sa raison, je ne serai pas plus troublé au moment où vous mattendez quau moment où vous me voyez.
La Maréchale. Cette intrépidité me confond »
Pour shabituer à lidée de la mort, nos farouches ancêtres buvaient parfois leur vin dans le crâne de leurs ennemis, rappel sévère mais sain des réalités objectives. Lactivité religieuse est une distraction destinée à masquer lissue fatale, au même titre que les voyages, les spectacles ou les jeux de société. Lobjet dadoration qui fournit la distraction nécessaire est dans les sociétés contemporaines un être humain divinisé. Dans les sociétés plus proches de létat de nature ce fut souvent un animal. Les éthologues pensent que certains animaux comme les éléphants ont pris conscience quils sont mortels. Ils constatent que ces animaux ont développé des rites appropriés à cette situation. Le phénomène religieux est né à linstant où un animal, qui nétait pas nécessairement un primate, sest rendu compte le premier, il y a quelques millions dannées, quil était destiné à mourir un jour. Certains chercheurs ont noté des HYPERLINK "http://alpy78.over-blog.com/article-origines-religiosite-38297092.html" comportements rituels de la part de chimpanzés de rang inférieur en hommage à des chimpanzés de rang supérieur dans la hiérarchie du groupe, comportements rituels qui rappellent étrangement celui des croyants envers les divinités, ce qui montre à quel point ces comportements sont anciens et profondément ancrés chez les primates.
Les rituels religieux précèdent les mythes qui visent à donner à ces rituels une signification symbolique, cest à dire un semblant de justification rationnelle. Les rituels compulsifs constituent le trait caractéristique des névroses en général et des religions en particulier, leur dénominateur commun. A ce titre le bouddhisme qui, a la différence de son cousin lhindouisme, ne postule pas lexistence de divinités, est bien néanmoins une religion. Dailleurs il comporte aussi un mythe indémontré celui de la réincarnation. Il est vraisemblable quil sagit là dune concession faite à des populations que lon ne pouvait priver de toute espérance post-mortem. Dans la vie monacale, qui ne peut convenir quaux sujets les plus atteints, le rituel dévore les jours et les nuits. Les chants si beaux qui laccompagnent ne sont que la longue plainte de reclus que le monde extérieur effraie. Dieu cantonné dans le surmoi chez un homme équilibré a colonisé à cause de ce genre de vie lensemble du cerveau. Lêtre humain qui sagenouille, ramène les bras sur sa poitrine, joint les mains ou se prosterne à la mode musulmane vise à retrouver la position ftale et la sécurité du sein maternel. Il se laisse avec bonheur bercer par le rite, ses pensées retombent dans des ornières familières et sécurisantes, il en oublie son mal-être. Laction réalisée par le geste et lexacte signification des paroles sont dimportance secondaire. La qualité du rituel a pour seul but daider à croire à la réalité de lobjet du rituel. Le croyant durant la prière nest plus préoccupé que de son monde intérieur sanctuarisé par le rite. Il se met ainsi à labri des vicissitudes du monde et cesse de ruminer des pensées morbides. Cest la vertu thérapeutique de la croyance. Le mystique est celui qui se complait dans cet état au point de nen plus sortir quoccasionnellement. Par comparaison, lincroyance est une ascèse qui vise à faire accepter de bon cur le monde tel quil est. Jurer de conserver sa foi, cest refuser dexaminer les preuves contraires. Cest ceindre son ego dune triple muraille. Cest le chauvinisme de la pensée élevé au rang dune vertu. Cest se priver par vanité de la possibilité dêtre redressé par dautres et remis sur le bon chemin. La véritable connaissance au contraire examine sans indulgence les propositions les mieux établies et accueille avec intérêt observations et critiques. On a longtemps accusé les incroyants dêtre des «esprits forts », sous-entendant par la quils se faisaient une trop haute idée deux-mêmes en sécartant de la pensée commune. En réalité les incroyants, même sil se sentent raisonnablement assurés de leur vision des choses, ne veulent en aucune manière limposer à dautres. Une telle « conversion » ne doit pas résulter de la pression psychologique dun magister, dun directeur de conscience ou dun gourou, comme cest le cas pour les croyances religieuses mais être laboutissement dune libre réflexion personnelle. Les défenseurs traditionnels de la religion aimeraient accréditer lidée que cest pour pouvoir laisser libre cours à leurs mauvais penchants que les hommes se délivrent de la croyance. Cest au contraire parce que les doctrines religieuses font de Dieu un être foncièrement immoral que lhomme épris de justice sen détourne. Il admet à la rigueur que Dieu soit indifférent. Il ne tient pas pour vraisemblable le portrait de sadique vaniteux, jaloux et intolérant quen font la plupart des religions.
Les premières religions
Essayons de nous mettre à la place de lhomme dil y a 100.000 ans. Ce dernier ne possède aucune arme naturelle performante. Sa peau est tendre et fragile, ses performances physiques médiocres, son enfance interminable. Pourtant, grâce aux armes de bois et de pierre quil a façonnées et grâce à son organisation collective, il a su se faire craindre et respecter du monde animal. Il reste toutefois désarmé devant les phénomènes naturels qui conditionnent la réussite de sa chasse ou de sa cueillette et menacent quelquefois sa vie. Il ne sest pas totalement départi de la mentalité de lanimal traqué quil fut longtemps. Comme lenfant quil se souvient encore davoir été il attribue une volonté bienveillante ou malveillante aux phénomènes quil ne comprend pas comme il le faisait enfant vis à vis des adultes tout-puissants. Il a encore besoin de la sécurité du giron maternel. Il cherche aide et protection auprès de Mère Nature. Lêtre humain, de tout temps a inventé un dieu, une déesse ou un démon pour chacune de ses interrogations ou de ses terreurs. Ce sont les patches qui bouchent les trous de son paysage mental. Cest le remède empirique grâce auquel il complète son réseau dexplications et calme ses angoisses. On observe le même phénomène chez certains patients Alzheimer qui inventent des difficultés pour justifier leur anxiété. Ses propres enfants lui posent des questions dérangeantes, souvent de caractère métaphysique. Pour ne pas avoir lair ignorant ou pour que ses enfants le laissent en paix, il invente une explication dont il se trouve ensuite prisonnier. « Ta grand-mère est partie loin dici dans un pays doù elle nous voit et nous protège». Endormis nous rêvons, à demi éveillés nous fantasmons, des situations conformes à nos désirs ou à nos craintes les plus secrets, situations qui sont à la base de ces inventions. Lexplication des parents est dautant plus facilement mémorisée quelle est saupoudrée dévènements merveilleux qui servent de points dancrage au récit et valorisent le conteur. Comme les épices et les condiments, ces évènements qui dérogent à lordre naturel des choses ne doivent pas être présents en quantités excessives pour que le conte reste crédible. Il nest pas exclu que certains de ces contes aient été luvre de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythomane" mythomanes au sens clinique du terme qui, sétant persuadés de la réalité de faits imaginaires, ont eu le talent den persuader leurs contemporains
Ces contes, amendés au contact de contes analogues dits à la veillée, sont repris par les enfants à destination des petits-enfants et, de génération en génération, les histoires ne cessent de senrichir et de sembellir jusquà aboutir aux mythes que nous connaissons. Une interrogation que ces mythes ont cherché à satisfaire concerne le « hard problem ». Le mythe de lesprit délié de la chair est leur réponse, réponse qui, malheureusement, comporte autant de difficultés que la question elle-même. Les premières sociétés furent matriarcales. La mère trônant au milieu de ses enfants régnait sans partage. Un mâle était bien accueilli dans cette communauté matriarcale sil rapportait quelque chose de bon à manger. Une autre interrogation a concerné lorigine de tout ce qui existe et qui doit avoir été engendré dune manière ou dune autre. Lidée sest imposée que le monde avait été engendré par une Déesse Mère. Ce nest que bien plus tard, avec la domestication de races animales, que les hommes se sont rendus compte du rôle indispensable du père dans la procréation. Lagriculture nécessitait des bras vigoureux et a retenu près de leur foyer des hommes qui auparavant cherchaient au loin leur pitance. Cette sédentarisation et la croissance démographique résultant dune nourriture plus abondante et plus régulière ont engendré des conflits de frontières qui ont valorisé la force virile des anciens chasseurs. La société toute entière est alors passée du matriarcat au patriarcat en adoptant les rites cruels hérités de la chasse et de la guerre. Dans le processus de création le sang de la Déesse Mère a été remplacé par le souffle dun dieu créateur mâle, par sa parole, par son « Verbe ». Pourtant cest sa mère que lhomme appelle à son secours quand il est atteint dans ses uvres vives. Jéhovah et ses alter ego ne sont que daffreux usurpateurs. Les êtres humains de lépoque navaient pas non plus compris pourquoi il leur arrivait dêtre bons même quand ceci allait à lencontre de leur intérêt immédiat. Ils ont alors inventé le mythe de commandements divins pour donner une explication rationnelle à ce comportement bizarre dont nous savons aujourdhui quil est dicté par linstinct moral présent dans toutes les espèces.
Des enfants se sont rendus compte quils étaient capables de capter lattention de leurs camarades de jeu en leur racontant les histoires que ces derniers avaient envie dentendre. Devenus grands, ils ont entrepris dutiliser ce don pour semparer de lesprit des hommes de leur clan et en tirer prestige et avantages comme celui de pouvoir payer de quelques grimaces la nourriture nécessaire à leur subsistance. Ils ont accaparé à cet effet les divers mythes qui visaient à combattre les peurs et les angoisses. Ils les ont rassemblés, harmonisés et illustrés par des symboles et des cérémonies et sont ainsi devenus des professionnels du divin prenant en charge les angoisses existentielles de leurs contemporains provoquées par les difficultés de la vie et sa finitude. Ils prétendaient servir les dieux alors quen réalité cest de la faiblesse des hommes quils se servaient. Les promesses nengagent que ceux qui y croient, les prières nobligent que ceux qui les font, les fables ne persuadent que ceux qui les écoutent. Ce sont toutes de pieux mensonges destinés à apaiser les angoisses et assurer la cohésion du groupe social. Dautres moins anodines sont destinées à conforter lemprise des organisations religieuses sur lesprit des hommes ordinaires en les terrorisant. Ne pas accorder à leurs enseignements une confiance aveugle, assurent-elles, suscite la colère divine et entraîne les châtiments les plus extrêmes, dans ce monde comme dans lautre. La croyance se trouve ainsi comme verrouillée car soustraite à toute réflexion critique publique ou privée. Certaines églises et non des moindres sont allées jusquà prétendre que leur intercession était indispensable pour que le soleil se lève chaque matin et pour que les saisons suivent leur cours. Ignorant les lois qui régissent la course des astres et les raisons des phénomènes météorologiques, elles feignaient den être les organisatrices. La volonté de leur église est conforme à la volonté divine, assuraient-elles, et réciproquement. Quand lEglise fait un saint, Dieu est prié de saligner ! Ces différents mythes ont cessé dévoluer à partir du moment où ils ont été consignés par écrit et soumis à la critique. Et, à cause de la presse dinvestigation, il ne peut plus guère en apparaître de nouveaux. Les sectes sont sous haute surveillance.
Un autre type dexplication a été avancé qui est que les dieux ont réellement existé, quils ont un jour été parmi nous. De fait, dans les civilisations primitives proches de nous, nul ne semblait mettre en doute lexistence des dieux. Est-ce parce que les hommes de cette époque les avaient effectivement rencontrés ? Relisons à ce sujet ce passage HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d%27%C3%89z%C3%A9chiel" dÉzéchiel :
Je vis et voici, un vent de tempête vint du Nord et une grande nuée et un feu tournoyant ; autour de celle-là, il y avait une splendeur et au milieu de celui-ci, il y avait comme léclat dun métal brillant(
Et je regardais, et voici une roue en bas auprès des êtres vivants, auprès de tous les quatre. Et les roues avaient laspect comme léclat de la pierre de Tharsis et les quatre avaient la même forme et leur structure était comme si une roue était au milieu dune autre roue. Elles pouvaient aller par leurs quatre cotés et elles ne tournaient que quand elles allaient. Et je vis quelles avaient des jantes, leurs jantes étaient pleines dyeux tout autour auprès de toutes les quatre. Quand les êtres allaient, les roues allaient aussi à coté deux et quand les êtres sélevaient du sol, les roues sélevaient aussi
Remplacez la locution être vivant par sous-ensemble fonctionnel et vous obtenez la description de larrivée et des manuvres dun vaisseau spatial, sorte de super hélicoptère, faite par un contemporain essayant de rendre avec ses pauvres mots laspect stupéfiant de cet étrange objet technologique. Quand il en sort, Dieu est véritablement le « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "le Dieu qui sort de l'engin" deus ex machina ». Sil sest arrêté au Moyen-Orient, cest pour refaire le plein avant de poursuivre sa pérégrination intra galactique ! Dans la même veine, ne peut-on identifier le buisson ardent qui brûle sans se consumer pendant que Moïse se voit confier les tables de la loi à une fusée au point fixe doù sortent des gaz incandescents? Les chars ailés fendant le ciel sont présents dans beaucoup de mythes, sous toutes les latitudes. Aujourdhui encore un traîneau glisse silencieusement dans la nuit de Noël en empruntant la voie lactée
Dans beaucoup de traditions les techniques agricoles et artisanales ont été enseignées aux hommes par des dieux.
Les dieux seraient donc des extraterrestres et les religions perpétueraient le souvenir magnifié de leur visite. Lexistence dextraterrestres naurait en soi rien de surprenant et, si nous avons une chance extrême dhabiter la planète terre, rien ne semble empêcher que dautres aient eu encore plus de chance que nous, ou laient eu plus tôt. Il ny a aucune raison évidente pour que nous soyons les premiers dune classe qui compte potentiellement des milliards de milliards délèves, encore quil ne soit peut-être pas si commun que de bonnes conditions dhabitabilité persistent sur un corps céleste pendant plus de trois milliards dannées. (Craignons que cette époque bénie ne se termine bientôt). Au bout dun an de fonctionnement du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Kepler_(t%C3%A9lescope_spatial)" télescope satellite Kepler, les résultats obtenus ont conduit à évaluer à 500 millions, dans notre seule galaxie, le nombre de planètes susceptibles dabriter la vie telle que nous la connaissons sur terre, soit environ une planète habitable pour deux cents étoiles; et il y a cent milliards de galaxies dans notre univers ! Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, de nombreux observateurs ont relaté des phénomènes célestes inexpliqués. Ces observations ont récemment cessé. Les extraterrestres nous ont-ils quittés définitivement ? Nous ont-ils trouvés décidément infréquentables, nous ont-ils jugés condamnés et voulu se retirer avant lexplosion finale quand ils ont eu connaissance de la réélection de Georges W ? A lencontre de cette thèse il faut évidemment prendre conscience de lénormité des distances astronomiques. Létoile la plus proche est deux cents soixante mille fois plus éloignée de la terre que ne lest le soleil. Une HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Rencontres_du_troisi%C3%A8me_type" rencontre du troisième type aurait pu se situer à peu près au moment où lagriculture et lélevage ont commencé dêtre pratiqués. Sur les peintures et les gravures qui ornent les parois des grottes préhistoriques, comme celle de HYPERLINK "http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/lascaux/fr/" Lascaux, ou HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_Chauvet" Chauvet je ne sens pas en effet, malgré lavis des spécialistes, passer un souffle religieux. Les graffitis sur les murs des lieux publics et les barbecues dominicaux nattestent pas de la persistance de cultes priapiques ou de rites sacrificiels à lépoque contemporaine. Le biais religieux donné aux uvres préhistoriques provient du fait que des écclésiastiques, vraisemblablement en service commandé, se sont intéressés à des questions susceptibles de menacer les doctrines et les intérêts de lEglise. Ces figures animalières nont, me semble-t-il, rien de commun avec les représentations fabuleuses quon peut rencontrer dans les temples des anciennes civilisations méditerranéennes, asiatiques ou américaines qui font partie de lhistoire et non plus de la préhistoire.. Les premières sont créées par des hommes libres et la peur en est absente. Les secondes sont créées par des hommes apeurés comme en témoignent leurs monstres grimaçants. Les hommes de cette seconde période semblent avoir été affligés dun complexe dinfériorité vis-à-vis des animaux dont ils ont alors fait des dieux de mauvaise humeur. Ultérieurement, assurés de leur force, les hommes donneront à leurs nouveaux dieux des caractères anthropomorphes. Lart pariétal ne se rattache pas à lart naïf ni aux arts premiers. Jen perçois au contraire le caractère naturaliste, comme celui qui a pu être observé aux meilleurs moments de lAntiquité ou de la Renaissance. Je ny relève aucune intention théâtrale comme cest ordinairement le cas pour les sujets sacrés où la réalité est travestie en fonction dune idéologie particulière. Les artistes de cette époque lointaine ont dû être fascinés par les exploits des animaux quils chassaient, tellement plus forts, tellement plus rapides, tellement plus endurants, tellement plus vifs queux-mêmes, mais quils parvenaient cependant à dominer par leur ingéniosité, leur courage et la coopération facilitée par le langage. Ces sociétés furent sans doute pacifiques car elles ne pouvaient soffrir le luxe de se déchirer. Représenter des êtres humains, ceut été les transformer en gibier. Représenter des animaux, cétait leur rendre hommage et sexcuser davoir parfois à les tuer sous lempire de la nécessité. Ces artistes des origines ont essayé de rendre leurs peintures les plus expressives possibles, au plus près de la chose elle-même et de lémotion ressentie, et ils y ont magnifiquement réussi. La force de ces représentations nest pas sans rappeler celle des dessins de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Pablo_Picasso" Picasso qui ne fut pas, comme chacun sait, un grand mystique. Elles donnent à penser que lhabileté technique dont elles font preuve na pu être acquise quau prix dun long apprentissage et que la plupart des uvres dart paléolithique ont été exécutées au grand jour. Seules auraient été conservées celles qui, effectuées sur des supports imputrescibles, étaient protégées des intempéries et du vandalisme. Eblouis par la qualité de ces uvres ont-ils voulu les abriter dans des grottes comme témoignages à lintention des générations futures ? La peur qui eut été naturelle semble absente de ces représentations. Ces artistes avaient suffisamment de raisons objectives davoir peur pour ne pas sinventer des terreurs supplémentaires. La sûreté du trait montre en tout cas que ces artistes maîtrisaient parfaitement leurs émotions, quils vivaient dans une tranquille innocence avant que ne débarquent les perturbateurs supposés. Lhomme qui se croyait le roi de la création découvrait soudain avec effroi quil pouvait être lanimal de créatures beaucoup plus puissantes que lui. Jimagine avant cette rencontre fatale des cérémonies dinitiation où des jeunes gens venaient à la lueur des lampes à huile, essayer leur courage devant ces figures saisissantes. Car du courage il en fallait pour affronter des fauves de plusieurs centaines de kilos, armé seulement dépieux à la pointe durcie au feu et de casse-tête de pierre et dos ! Il est possible que la pensée pratique, pragmatique, prompte à lauto dérision, qui est nécessaire pour survivre ait précédé la pensée religieuse drapée dans son sérieux et fuyant lironie comme la peste. Vous ne trouverez jamais la moindre trace dhumour dans les oeuvres sacrées. Dune manière générale le sérieux des mines est inversement proportionnel au sérieux des doctrines. Les médecins ont rangé depuis longtemps leurs robes et leurs couvre-chefs dans le placard aux souvenirs quand prêtres et magistrats continuent den porter
Les hommes de science quant à eux sont tenus de se présenter à cru devant leurs confrères
au moins au sens figuré ! Le débraillé de la tenue ne retire rien à la dignité de celui qui travaille de ses mains. Reconnaître la dignité de quelquun, cest fondamentalement honorer le porteur dun message génétique qui est le fruit de centaines de millions dannées dexpérimentations couronnées de succès. Cest aussi saluer lhéroïsme de la longue chaîne de géniteurs qui ont su trouver le courage et les ressources nécessaires pour mettre au monde, nourrir, protéger et éduquer leurs petits.
Ce qui me plait dans cette explication par les extraterrestres, malgré son caractère hasardeux, cest quil sagit dun compromis. Le message religieux ne serait pas dorigine divine HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Au sens strict" stricto sensu mais il émanerait de civilisations plus avancées que la notre et devrait de ce fait être pris en considération. Nous pouvons supposer que ces civilisations extraterrestres sont depuis longtemps gouvernées par des écologistes puisquelles se sont refusées à intervenir trop pesamment dans notre destin. Un autre aspect rassurant de cette explication serait quelle apporterait la preuve que les progrès scientifiques et techniques ne conduisent pas nécessairement une civilisation à lanéantissement. Croquer la pomme de la connaissance pourrait rendre malade mais ne serait pas forcément mortel. Cependant les écoutes réalisées par le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/SETI" S.E.T.I. des messages du cosmos nont pas donné de résultats. Le silence de ces espaces infinis a de quoi effrayer. Il pourrait signifier que la durée qui sécoule entre le moment où une civilisation acquiert la technologie nécessaire pour recevoir et émettre des messages et celui où elle sautodétruit est relativement brève. Les tentatives dexplication formulées ci-dessus ne sont pas exclusives les unes des autres. Un grand fleuve a nécessairement de nombreux affluents.
La religion chrétienne
Les religions primitives étaient toutes polythéistes. Chaque force naturelle, chaque passion éprouvée fortement, chaque talent particulier, étaient représentés par un dieu spécifique. Lhomme satisfaisait ainsi à peu de frais son besoin dexplications. Dans sa grande sagesse il se résignait à adopter ce quil y avait de mieux à lépoque sur le marché. Sil ne croyait pas vraiment à la valeur de ces explications il trouvait là une façon de parler plus expressive et plus pittoresque. Par HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bk.doc" \o "Dieu de la mythologie celtique rendu célèbre par une bande dessinée" Toutatis, ne faisons-nous pas encore de même ? Chaque nation pouvait avoir sans problème son ou ses dieux qui luttaient à ses cotés. Un dieu victorieux chassait le dieu vaincu. Les difficultés ont commencé lorsque lidée du monothéisme est apparue, en même temps que les grands empires en Egypte et en Mésopotamie. Le petit peuple des juifs était coincé entre ces deux géants tel le grain de blé sous la meule. Au départ Jahvé était sans doute un dieu parmi dautres, mais cétait leur dieu tutélaire. A mesure que leur sort est devenu plus précaire ce dieu ombrageux a envahi limaginaire des juifs et chassé les autres dieux car il personnifiait leur volonté farouche de survivre. Dans la tradition chrétienne le monothéisme est moins radical puisque dune part Dieu est triple et que dautre part il est accompagné par des légions danges et de saints, et surtout de démons qui nobéissent pas à Sa Volonté. Croire le contraire serait accuser Dieu de faire preuve dune rare duplicité, ce qui après tout nest pas complètement impossible si le pouvoir divin, comme tous les pouvoirs, a besoin pour exécuter ses basses besognes de louches officines, aussitôt désavouées que démasquées. Plus que de monothéisme, il faudrait donc plutôt parler dans le cas du christianisme dune monolâtrie qui peut aller aujourdhui jusquà l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9noth%C3%A9isme" hénothéisme lorsque le croyant adresse préférentiellement sa prière à la Vierge Mère. Un seul dieu au ciel, habitue à lidée dun prince unique, représentant du précédent, régnant sur le monde sensible. La monarchie de droit divin est lhéritière de cette conception. Mille quatre cents ans avant notre ére le pharaon HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Akh%C3%A9naton" Akhenaton avait déjà fait une tentative dans ce sens. A la différence de celle qui va être décrire, elle fut sans lendemain car contraire aux intérêts dun clergé puissant. En lan 27 avant notre ère HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Octave_Auguste" Octave sétait attribué un caractère divin sous le nom dAuguste. Les empereurs qui lui avaient succédé avaient maintenu cette tradition. Tout comme les pharaons chacun deux était « le premier des hommes et le dernier des dieux » selon la formule de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Herm%C3%A8s_Trism%C3%A9giste" lHermès Trismégiste. Vers la fin du troisième siècle, après bien des péripéties, les empereurs nétaient plus choisis que par les légions, le sénat étant devenu une simple chambre denregistrement. Sans soutien du sénat pratiquement hors jeu ni soutien populaire lEmpereur Aurélien chercha un soutien religieux et se plaça à cette fin sous la protection dun dieu suprême, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sol_Invictus_(religion)" Sol Invictus. Cette intronisation eut lieu le 25 décembre 274. Comme chaque année à cette date qui correspond au solstice dhiver le dieu soleil meurt et renaît, invaincu. La religion chrétienne est née de la rencontre de lambition dun homme, le futur empereur Constantin, et des aspirations dune secte issue de milieux défavorisés, la secte des chrétiens.
En lan 306 de notre ère HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Ier_(empereur_romain)" Constantin avait été élu par ses légions « César » en Gaule, quelque chose comme gouverneur plénipotentiaire. Il y représentait lEmpereur dOccident. Il remplaçait dans cette fonction Constance Chlore, son père décédé, un soldat valeureux. En vingt ans lhabile, énergique et peu scrupuleux Constantin est parvenu au titre dEmpereur dOrient et dOccident après avoir éliminé tous ses rivaux à la suite dune longue marche victorieuse. Il fallait bien que lidée dun être suprême, tout-puissant et sans rival plaise quelque part à Constantin pour quil cherche à promouvoir les croyances dune simple secte, pratiquement anéantie par les persécutions de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Diocl%C3%A9tien" Dioclétien, au détriment de la religion officielle pratiquée depuis toujours par la très grande majorité des citoyens romains, riches ou pauvres. La persécution dont elle avait été victime avait été dailleurs pratiquée non pour des motifs religieux, la société romaine, laïque avant lheure, étant très tolérante à légard de toutes les croyances (elle avait même élevé un temple au dieu inconnu pour être sûre de noffenser personne) mais en raison de leur refus de rendre hommage à lempereur comme à un dieu et des troubles à lordre public dont les chrétiens se rendaient fréquemment coupables par leurs disputes sanglantes et leur refus de participer aux cérémonies officielles. Jésus aurait pu être intronisé sans difficulté dans le panthéon gréco-romain mais, dans une période déjà très troublée (pendant cinquante ans les empereurs se sont succédé au rythme moyen dun tous les deux ans) les fauteurs de troubles sans appuis politiques servaient forcément de boucs émissaires. La persécution dont ils ont été victimes entrait probablement dans le cadre général de la reprise en main dune société en voie de décomposition. Au début du règne de Constantin, la proportion de chrétiens dans le monde romain ne dépassait sans doute pas 5%. La doctrine monothéiste de cette secte semblait en outre peu compatible avec le culte rendu traditionnellement à un empereur divinisé. Qui plus est, cette nouvelle croyance se référait à une tradition étrangère, à contre-courant de lidéologie dominante. Elle nétait même pas celle dun vainqueur mais celle dun mouvement composé principalement de pauvres et dexclus. Lorsquils sont entrés dans lhistoire les chrétiens, selon les témoignages de lépoque, étaient considérés au mieux comme des marginaux, au pis comme des malfrats. Dans la seconde moitié du deuxième siècle de notre ère HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Celse_(philosophe)" Celse les décrivait ainsi ; « Il est une race nouvelle dhommes nés dhier, sans patrie ni traditions, ligués contre toutes les institutions religieuses et civiles, poursuivis par la justice, universellement notés dinfamie, mais se faisant gloire de lexécration commune : ce sont les chrétiens ». Ces partageux semblent avoir suscité le même genre de réactions que les communistes, deux mille ans plus tard. Quelle mouche avait donc piqué Constantin pour que, du jour au lendemain, les persécutés deviennent des privilégiés ? Imaginez Napoléon samourachant du culte mahométan à la suite de son voyage en Egypte et favorisant activement limplantation de cette nouvelle croyance dans toute lEurope ! Ce changement inouï était une entreprise à priori parfaitement déraisonnable et ne peut sexpliquer que par des motifs extraordinairement puissants. Dans un monde antique assez indifférent en matière de religion et chez un homme engagé dans une aventure politico-militaire ambitieuse et risquée on peut parier sans grand risque derreur que les raisons dordre politique ont pesé beaucoup plus lourd que les raisons dordre théologique. Constantin a dû être frappé par la volonté farouche des chrétiens dans le domaine religieux, une volonté analogue à celle qui lanimait lui-même dans les domaines politique et militaire. On peut sinterroger sur lauthenticité de textes officiels attribués à Constantin dans lesquels il aurait affirmé hautement sa prédilection pour la religion chrétienne et son mépris pour la religion traditionnelle. Une telle attitude allant contre lopinion majoritaire du peuple et des sénateurs naurait pas été politiquement adroite, cest le moins quon puisse dire. Il semble au contraire quil ait été respectueux des choix personnels des citoyens romains et que, dans son action quotidienne, il ait tenu la balance relativement égale entre les représentants des deux religions. Je ne crois donc guère à la thèse pourtant assez répandue selon laquelle Constantin aurait assuré le triomphe de cette secte dans le but dunifier son empire sous légide dune seule religion. A ma connaissance, aucun texte de lépoque ne porte témoignage dune telle motivation. Nous ne saurons jamais sil avait tenté de rallier à sa cause les prêtres des cultes traditionnels et sil avait trouvé des interlocuteurs peu réceptifs. Lidée dunir un empire autour dune secte querelleuse, ultra minoritaire et de mauvaise réputation paraît en tout cas quelque peu incongrue. Il semble que Constantin aurait eu meilleur compte de remettre à lhonneur les antiques vertus de la république romaine. Les français nont pas eu besoin de religion pour sunir à Valmy ou à Verdun, pas plus que les russes à Leningrad ou Stalingrad. Comme le rappelle Diderot citant lévangile « Le Christ a dit quil était venu pour séparer lépoux de la femme, la mère de ses enfants, le frère de la sur, lami de lami ; et sa prédiction ne sest que trop fidèlement accomplie ». Je crois plutôt que Constantin, fort dans la société militaire mais manquant de relais dans la société civile, voulait élargir son assise politique, quil était à la recherche dun soutien populaire, dune force organisée et dévouée sur laquelle il pourrait sappuyer en cas de besoin. Il fallait des gens sûrs pour garder la boutique pendant quil guerroyait au loin pour rétablir par les armes lunité de lEmpire, des gens sûrs quil pouvait « tenir « Comme dautres après lui, dans des périodes troublées et parfois en dehors même de ces périodes, ont trouvé dans des organisations factieuses ou criminelles les viviers où ils pouvaient recruter les hommes de main nécessaires à lexécution de leurs basses besognes, Constantin sest intéressé aux chrétiens dont la réputation de ce point de vue nétait plus à faire. Les chrétiens avaient de leur côté besoin dun soutien politique puissant pour échapper durablement aux persécutions. Il a donc conclu avec eux une alliance mutuellement profitable, ce qui était aussi un bon moyen de les contrôler. Il y avait cependant un grand risque en procédant ainsi daccroître les divisions de la société, comme la suite de lHistoire la montré. Dailleurs Constantin ne sest fait baptiser que sur son lit de mort, selon ce qui est rapporté, se ménageant ainsi jusquau dernier moment la possibilité de revenir à la croyance ancestrale pour le cas où laffaire aurait mal tourné. Il avait également un intérêt évident à retarder le plus possible un baptême qui était supposé effacer toutes les fautes et tous les crimes
Il choisit comme officiant un prêtre arien pour des raisons demeurées obscures. Le succès de Constantin assuré il était naturel que les chrétiens continuent de soutenir lorganisation politico-religieuse quils avaient contribué à mettre en place et dont ils étaient les premiers bénéficiaires. Il était également naturel que Constantin continue dêtre favorable à une religion qui affichait son ambition dunir la tradition humaniste de la partie occidentale de son empire avec la tradition mythique de sa partie orientale.
Le noyau dur du ch HYPERLINK "http://srg.hereses.chez-alice.fr/" ristianisme naissant semble avoir été constitué par la classe des esclaves instruits qui travaillaient dans ladministration impériale. Ces esclaves, qui comptaient dans leurs rangs de nombreux juifs, se rappelaient quau temps de Spartacus leurs prédécesseurs sétaient révoltés contre les conditions inhumaines qui leur étaient faites, quils avaient combattu victorieusement les légions romaines avant dêtre défaits par elles et quà la suite de cette défaite des milliers des leurs avaient péri dans des conditions particulièrement atroces. Tirant la leçon de cet échec les chrétiens ont développé une doctrine de la non violence et de la désobéissance civile qui leur ont valu les persécutions que lon connaît. Des phénomènes contemporains comparables, comme lappui accordé aux mouvements fascistes par des classes aisées inquiètes de la montée du communisme, font penser que de tels désordres ont pu inciter lestablishment romain à remplacer la république par lempire, un régime dictatorial supposé mieux à même quune république plus respectueuse du droit des gens, de faire le sal boulot de prévenir et réprimer les révoltes, sans être trop regardant sur les moyens utilisés. Le régime impérial romain était un régime de nature fasciste, ce dont Mussolini saura se souvenir. Le fascisme est dailleurs la forme la plus naturelle de pouvoir, celle qui sévit dans le règne animal où prime la force brute, celle vers laquelle tout régime démocratique a tendance à retourner dés quil nest plus fermement soutenu par les citoyens. Ces esclaves instruits trouvèrent dans la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Septante"« Septante », traduction en grec de la Bible hébraïque effectuée à Alexandrie vers lan 270 avant notre ère, des récits qui reflétaient létat desprit et lhistoire légendaire du peuple juif et, à travers lui, lhistoire des toutes premières civilisations de Sumer et dEgypte. Ces récits ouvraient une espérance à leur triste condition et ils se les approprièrent. Un phénomène comparable sest produit lorsque les esclaves noirs du sud des Etats-Unis ont découvert le christianisme au travers des lectures bibliques, lont adopté avec enthousiasme et célébré leur nouvelle croyance par de magnifiques HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Gospel" gospels. Vous remarquerez que lesclavage est un sujet qui nest pour ainsi dire jamais abordé dans les textes fondateurs du christianisme. On semble y être esclave comme on serait cordonnier ou forgeron, sans que cela porte davantage à conséquence. Etait-ce pour ne pas trahir lorigine sociale de beaucoup de chrétiens, ce qui aurait pu dévaloriser les thèses quils défendaient ? St Luc, un des quatre évangélistes de la tradition, a dit quil était permis de fouetter les esclaves, ce qui pose le problème de savoir à quel moment cette aimable licence a été introduite dans le texte sacré. Les esclaves romains se sont tournés vers lEmpereur, pensant à juste titre quil vaut mieux sadresser au Bon Dieu quà ses Saints. De la même façon nos ancêtres paysans soumis au double racket de la noblesse et du clergé voyaient dans lautorité royale une espérance et un recours car lattitude dun homme, dune institution, voire dune espèce passe naturellement de lagressivité à la bienveillance à mesure que ses pouvoirs saccroissent et sont moins contestés. Au début du règne de Constantin les chrétiens formaient une organisation multipolaire, avec Rome comme pôle dominant, cimentée par la répression dont elle était lobjet, un mouvement syndical, révolutionnaire (le premier ?) et plébéien en même temps quune société de secours mutuel capable de susciter les plus grands dévouements. Hereses, pseudonyme utilisé par un homme qui, de façon tout à fait désintéressée, a étudié cette période avec persévérance et objectivité, en donne HYPERLINK "http://www.hereses.com/" la description la plus fidèle possible compte tenu des lacunes de la documentation existante. Le mouvement chrétien venait des profondeurs du peuple, doù sa force et sa légitimité. Les chrétiens formaient la fraction du peuple la mieux formée, la mieux informée, la plus dynamique, la plus déterminée. Le fait davoir au cours du 2ème siècle trouvé un dieu selon leur cur a encore renforcé leur confiance en eux-mêmes. Les chrétiens, à la demande des pouvoirs publics, sétaient regroupés en « collèges » placés chacun sous lautorité dun « évêque » qui répondait sur sa tête de la conduite de ses « collégiens ». Quelques intellectuels étaient venus sy agréger comme dautres beaucoup plus tard rejoindront le mouvement communiste. De généreux bienfaiteurs se sont mis de la partie. Ils deviendront évêques ! Ces collèges avaient essaimé sur tout le pourtour méditerranéen, particulièrement là où la diaspora suivant la destruction du temple de Jérusalem en lan 70 avait créé des colonies juives. Ces différents collèges entretenaient entre eux des relations de solidarité. Ce mouvement avait été plusieurs fois persécuté, moins cependant que ne le veut la légende. Il semble quil ny ait jamais eu plus de quelques centaines de martyrs même si un seul cétait déjà trop. Le mouvement chrétien était tétanisé dans lattente dun « grand soir » HYPERLINK "http://eschatologie.free.fr/" eschatologique et obsédé par le souvenir de Spartacus apparu un temps comme sauveur des esclaves et disparu du champ de bataille sans laisser de traces. La Septante était lue et commentée au cours des assemblées de ces collèges qui se terminaient selon un rite obligé par une prière pour la santé de lEmpereur et la conservation de son empire.
Dans des conditions que nous tenterons de préciser, de nouveaux textes dorigine prétendument divine sont venus compléter la Septante. Les multiples incohérences quils présentent de façon interne mais aussi entre eux montrent à lévidence quil sagit là de documents élaborés par des hommes, sans aide évidente de la part de lEsprit Saint. Qui oserait prétendre que la qualité de ces textes, si éminente soit-elle, exclut quils aient été écrits par des hommes ? Les erreurs géographiques et historiques quils contiennent montrent que leurs auteurs nont pas été les témoins oculaires des évènements quils prétendaient rapporter. Cest le sort de beaucoup douvrages à succès davoir une suite. Ce fut le cas de la Septante dont ces textes littéraires constituent à lévidence un prolongement. Le Coran participera plus tard du même phénomène. La Septante annonçait la venue dun Messie ; va donc pour le Messie comme héros des nouvelles aventures. Les différents épisodes de sa vie seront élaborés pour coller au plus près à louvrage de référence. Les correspondances manifestes relevées par Mrs Murdock, éminente spécialiste de lhistoire des religions, dans son ouvrage « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "disponible à amazon.com" Fingerprints of the Christ » noccupent pas moins dune douzaine de pages.
Où et quand cette suite a-t-elle été composée ? Nous en sommes réduits à des hypothèses qui peuvent être éclairées par les considérations qui suivent. Le monde gréco-romain nétait pas isolé. Il existait un continuum de civilisations depuis les rivages de latlantique jusquà ceux de la mer de Chine. Par des routes commerciales remontant souvent à la préhistoire circulaient les hommes, les marchandises, les techniques, les idées, mais aussi les mythes et les fables. Cest ainsi quon peut trouver de nombreuses ressemblances dans la généalogie, la biographie, le caractère, la doctrine, les pouvoirs et les hauts faits dAttis (Phrygie), Dionysos (Grèce), Osiris et Horus (Egypte), Mithra et Zarathoustra (Perse), Krishna et Bouddha (Inde), et Jésus. Les divinités évoquées ci-dessus sont des divinités solaires, comme le dieu des chrétiens, lumière de lumière. Dieu est lumière, la lumière est conscience, la conscience suprême cest Dieu. La boucle est ainsi bouclée. Dans la religion gréco-romaine, toutes les planètes sont divinisées. Les astres ont joué un grand rôle dans la vie des hommes de ces temps reculés. Rôle utilitaire pour se repérer dans lespace et dans le temps. Rôle poético-philosophique en raison de la magnificence du spectacle quils offraient. Il se trouve que le ciel que les hommes de cette époque avaient sous les yeux était beaucoup plus resplendissant quaujourdhui parce que latmosphère était plus pure et la pollution lumineuse inexistante. Pour retrouver des conditions dobservation comparables il faut maintenant se rendre sur les sommets des Andes. Les prêtres des anciens cultes, il y a cinq ou six mille ans, furent les premiers astronomes, capables dannoncer les saisons, les équinoxes, les solstices, les éclipses. Stimulés par ces premiers succès des ambitieux sans scrupules ont débordé ces savants et entrepris de fournir des prédictions astrologiques puis des explications du monde visible par des raisons invisibles, puis une éthique dessence divine
ce qui dépassait à lévidence leurs possibilités. Les religions ont été les premières tentatives dexplication des phénomènes naturels observés. La science désintéressée des premiers prêtres a été dévoyée en pseudoscience susceptible dêtre commercialisées auprès du grand public et des puissants. Les religions daujourdhui ne sont autres que des visions du monde imaginées en ces temps reculés par des intellectuels imprudents sévissant dans les différentes parties du monde. La science est née le jour où le savoir sest démocratisé, où les phénomènes naturels ont acquis leur autonomie par rapport au divin. Dans les derniers siècles précédant notre ère et dans une zone comprise approximativement entre Alexandrie et Antioche résidait un ensemble de populations brutalisées, déjà, par la guerre et par les invasions. Des sectes issues du judaïsme, plus ou moins retirées du monde et férues de pratiques ésotériques sy étaient multipliées. Il y circulait également toutes sortes de fous de Dieu promettant tantôt lapocalypse, tantôt des lendemains qui chantent grâce à la venue dun Sauveur providentiel. Beaucoup de ceux qui nétaient pas encore des palestiniens fuirent la guerre et finirent comme esclaves à Rome ou ailleurs constituant les premiers noyaux acquis au mouvement chrétien. Alexandrie, qui pouvait rivaliser avec Rome par son influence et sa richesse, était peuplée alors estime-t-on à 50% par des juifs. Rappelons que cest dans cette ville quavait été traduite en grec lAncien Testament sous le vocable de Septante. Fondée par Alexandre le Grand, Alexandrie était un foyer de diffusion de la culture grecque particulièrement actif en raison de la grande concentration de clercs attirés par sa HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" grande bibliothèque. Des fraternités cultivant les sciences occultes gravitaient autour de ce centre culturel. Les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Therapeutae" thérapeutes constituaient une de ces fraternités. Très ancienne il est possible que cette fraternité ait du son existence aux droits dassociation accordés aux grecs par HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Solon" Solon au sixième siècle avant notre ère et arrivés en Egypte dans les bagages dAlexandre. Le principe en sera repris par les « collèges » romains comme décrit précédemment. Ses traits caractéristiques la rendaient proches de celle des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ess%C3%A9niens" Esséniens. Elle était composée principalement de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Juifs_de_l%27%C3%89gypte_hell%C3%A9nistique_et_romaine" juifs hellénisés. Comme la plupart des communautés monastiques celle des thérapeutes jouissait dune implantation privilégiée étant située dans une riche région agricole, toute proche dAlexandrie, au climat sain et agréable, aux vins renommés. Elle bénéficiait en outre des ressources halieutiques du lac Maréotis sur les bords duquel elle était établie. Allez savoir si ce nest pas dans ce lac que les pécheurs des évangiles ont jeté leurs filets. Elle avait vraisemblablement essaimé ou noué des contacts en Egypte même et dans le reste du monde méditerranéen. Cest dans cette communauté quau début du 2ème siècle aurait été assemblé à partir de textes préexistants (comme on assemble plusieurs cépages pour faire un grand cru) le premier prototype du texte qui donnera naissance aux futurs évangiles. Cette attribution est assez naturelle dans la mesure où la similitude entre la doctrine des thérapeutes et celle des évangiles a frappé beaucoup dobservateurs. Linvention de lamour du prochain dont on gratifie généreusement les chrétiens a son origine dans la « bonté parfaite » des Thérapeutes. On peut juger du reste que ce but est trop ambitieux, trop éloigné de la nature, et quil faut commencer par la bienveillance et, si celle-ci est payée de retour, par lamitié. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Eus%C3%A8be_de_C%C3%A9sar%C3%A9e" Eusèbe de Césarée, intime de Constantin et premier historien ou pour mieux dire premier hagiographe de son Eglise (cest à dire membre de sa HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Propaganda_Staffel" propagandastaffel) déclare implicitement que les « anciens écrits », les « récits allégoriques » des thérapeutes cités par HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Philon_d%27Alexandrie" Philon dAlexandrie constituent vraisemblablement la base des évangiles HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Canon_(religion)" \l "Christianisme" canoniques, Dans son Histoire Ecclésiastique Eusèbe cite en effet Philon à propos des thérapeutes :
« Philon rend le même témoignage de ces thérapeutes en question et voici textuellement ce qu'il ajoute : « Il y a de ces hommes en beaucoup de pays de la terre et il fallait que les barbares eussent part à ce bien parfait aussi bien que les Grecs. Mais c'est en Égypte qu'ils sont le plus nombreux ; ils sont répandus dans chacune des divisions appelées nomes, et surtout aux environs d'Alexandrie. Les meilleurs d'entre ceux de tous les pays sont envoyés en colonie dans un pays tout à fait approprié et qui est comme la patrie des thérapeutes. Il est situé au delà du lac Maréotis, sur une butte de faible élévation. Cet endroit leur convient admirablement, aussi bien à cause de la sécurité qu'il présente que pour la salubrité du climat. »
Philon décrit ensuite leurs maisons et voici ce qu'il dit des églises de leur pays :
« Dans chaque demeure, il y a un oratoire appelé maison religieuse et monastère. C'est là que les thérapeutes se retirent pour accomplir seuls les mystères de leur sainte vie. Ils n'apportent avec eux ni boisson, ni vivres, ni rien de tout ce qui est nécessaire aux besoins du corps, mais les lois, les oracles rendus par les prophètes, les hymnes et les autres choses qui peuvent les aider à augmenter et à perfectionner leur science et leur piété. »
Plus loin il ajoute :
« Le temps qui s'écoule de l'aube au crépuscule est celui de l'ascèse. Ils lisent les saints livres et philosophent sur les doctrines de leurs ancêtres d'après la méthode allégorique. Ils pensent en effet que la parole elle-même est le symbole des choses cachées qui se manifestent dans l'allégorie. Ils ont aussi des ouvrages d'hommes anciens qui furent les premiers chefs de leur secte et qui ont laissé de nombreux monuments de leur système sous forme d'allégorie. Ils s'en servent comme de modèles et imitent leur genre de philosophie. »
Un tel langage paraît bien être celui d'un homme qui les aurait entendus expliquer les Saintes Écritures. Ce qu'il appelle les livres des anciens est peut-être vraisemblablement les évangiles et les écrits des apôtres, ainsi que certaines expositions des anciens prophètes, telles qu'on en trouve dans l'Épître aux Hébreux et les nombreuses autres lettres de Paul ».
Eusèbe met ainsi directement en cause lattribution de la rédaction des évangiles aux quatre évangélistes de la tradition officielle car Philon, contemporain du supposé Jésus, ne peut avoir eu connaissance de documents qui nont pas encore été écrits ! Ce ne sont donc pas les évangiles qui ont pu servir de modèle aux « livres des anciens » mais linverse. Dans les paraboles des évangiles Eusèbe reconnaît par Philon interposé le style allégorique utilisé par les thérapeutes. Voulant conforter la doctrine chrétienne en en montrant lancienneté et luniversalité, Eusèbe la en réalité affaiblie ; lui ou ceux qui ont altéré ses écrits.
On ne peut faire la liste de tous les textes utilisés par les rédacteurs étant donné lextrême diversité des influences que lon peut recenser dans le produit fini. Les textes ésotériques de la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Gnose_chr%C3%A9tienne" Gnose qui se sont abreuvés aux mêmes sources y tiennent certainement une place privilégiée. Lancienneté de la communauté des thérapeutes permet de dire que la doctrine chrétienne est de fait antérieure à la date de naissance supposée du Christ. Saint Augustin lui-même dit quelque part que le christianisme est plus ancien que le Christ. Même si elle comptait dans ses rangs des esclaves, cette communauté se vivait comme une communauté dhommes libres.et égaux en droits, une organisation étonnamment moderne par son caractère démocratique, son féminisme et son refus de toute forme desclavage. Lorigine géographique de ces textes explique quil existe une étroite parenté entre les mythes chrétiens et ceux de lEgypte ancienne. Mrs Murdock déjà nommée les a répertoriés dans un ouvrage dune grande érudition « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "disponible à amazon.com" Christ in Egypt, the Horus-Jesus connection ». Horus, dieu à tête de faucon est un des principaux dieux du panthéon égyptien. Cest le dieu des heures, le dieu du temps. Cest aussi un dieu guérisseur car le temps finit par panser beaucoup de plaies. Les principales similitudes relevées par HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Gerald_Massey" Gerald Massey entre les attributs et les tribulations dHorus et ceux de Jésus sont les suivantes :
Horus est né un 25 décembre (solstice dhiver) dans une mangeoire
Il était de descendance royale et sa mère était la vierge Isis-Méry (Marie)
Sa naissance fut annoncée par une étoile se levant à lest, trois sages y ont assisté
A lâge de 12 ans cétait un enfant enseignant dans le temple et à 30 ans il fut baptisé
Il fut baptisé par « Anup le baptiste » qui plus tard fut décapité
Ce dieu égyptien avait 12 compagnons, aides ou disciples
Horus effectua des miracles, exorcisa les démons, marcha sur les eaux et ressuscita Osiris
Lui (ou Osiris, les dieux égyptiens échangeant souvent leurs traits et leurs destins) fut enseveli pendant 3 jours dans un tombeau et ressuscité
Horus/Osiris était aussi « le Chemin », « la Vérité et la Vie », « le Messie », « le Fils de lHomme », « le Bon Pasteur », « lAgneau de Dieu », « le Verbe fait Chair », « la Parole de Vérité ». On peut retrouver ces diverses expressions dans des textes de lancienne Egypte tels le « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_des_Morts" Livre des Morts », ou sur les murs des chambres funéraires, les sarcophages etc. Les évangiles, particulièrement celui selon St Jean sont imprégnés de parfums égyptiens.
Horus sest battu avec Set, personnification du mal
Horus devait régner mille ans
Ces similitudes extraordinaires sont en partie controversées. Leur découvreur fut pourtant un des pionniers de légyptologie que rien ne semblait prédisposer à une telle mascarade. Faut-il croire que les documents contenant ces informations ont été retirés de la circulation par des mains anonymes ? Les religions ont toujours été très attentives à ce qui pouvait sortir des recherches archéologiques touchant à leurs origines. Elles sarrangent toujours pour y glisser au moins un observateur. Cest sous les traits dHorus que Jules César tel un nouveau pharaon fut représenté par les Egyptiens qui assimilaient puissance suprême et divinité. Ajoutons que le mythe chrétien du jugement dernier est directement inspiré de la pesée des âmes de la religion égyptienne et que le mythe chrétien de la résurrection de la chair est un écho des procédés de momification utilisés par les anciens égyptiens. On reconnaît donc trois sources principales dinspiration dans les évangiles :
ce quon peut appeler la philosophie naturelle venue en droite ligne des sages du monde méditerranéen, principalement grecs. Elle se caractérise par louverture desprit, la tolérance, la pondération, la douceur, la générosité, la fraternité, loptimisme. Cest sur cet aspect qui ne suscite aucun conflit avec létat desprit général en vigueur aujourdhui que lEglise sattarde le plus volontiers. Cest la partie de son message qui reste audible, mais elle nest pas vraiment originale.
des HYPERLINK "http://freethoughtnation.com/contributing-writers/74-barbara-g-walker/649-bible-morality-or-depravity.html" règles archaïques directement inspirées de lAncien Testament. Elles se caractérisent par létroitesse desprit, lintolérance, le fanatisme, la violence, lirascibilité, la vindicte, le pessimisme. Cest cet aspect de la religion catholique, prédominant jusquà une époque récente, quappréciait plus particulièrement le chancelier Hitler
des éléments anecdotiques, poétiques et fantastiques dont une bonne partie est dinspiration égyptienne. Est-ce avec de tels contes issus de son folklore national que HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9op%C3%A2tre_VII" Cléopâtre, anticipant Schéhérazade, a séduit successivement César et Antoine ? Faut-il voir dans les étreintes de ces augustes personnages les lointaines prémices de la religion chrétienne ?
Les auteurs du prototype, satisfaits de leur ouvrage, lauraient fait diffuser vers les diverses communautés avec lesquelles ils étaient en relation en tant quouvrage ésotérique. Du fait de son succès qui dépassait toutes les espérances il aurait échappé à ses auteurs. Aucun marchand, fut-ce de religion, ne renoncera à proposer un produit qui se vend bien. La confusion entre fiction et réalité est assez naturelle à lhomme. A la sortie des théâtres où lon jouait ces mélodrames qui font pleurer Margot il arrivait que des spectateurs attendent à la sortie les acteurs qui jouaient les méchants pour leur faire un mauvais parti !
Certains pères de lEglise, comme HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Justin_de_Naplouse" Justin Martyr qui vivait au milieu du deuxième siècle, nont pas manqué de relever les nombreuses similitudes existant entre les mythes païens, notamment égyptiens, et les mythes chrétiens. Ceci a suscité chez eux deux types de réaction :
Aux païens qui relevaient linvraisemblance des mythes chrétiens ils répliquaient que ceux-ci nétaient pas différents dautres mythes auxquels ces païens ajoutaient foi depuis toujours
A ceux qui demandaient pourquoi il existait de telles similitudes ils rétorquaient que cétait le diable qui avait malignement répandu les mythes païens avant la venue du Christ pour semer le doute dans lesprit des chrétiens quand la bonne nouvelle serait enfin annoncée !
Il est à noter que Justin na pas eu connaissance des quatre évangélistes puisquil ne les cite jamais, mais quil a eu connaissance du texte dont ils sont inspirés. Irénée, évêque de Lyon, aurait écrit vers la fin du deuxième siècle : « Par ailleurs, il ne peut y avoir ni un plus grand ni un plus petit nombre d'Évangiles (que quatre). En effet, puisqu'il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque, d'autre part, l'Église est répandue sur toute la terre et qu'elle a pour colonne et pour soutien l'Évangile et l'Esprit de vie, il est naturel qu'elle ait quatre colonnes qui soufflent de toutes parts l'incorruptibilité et rendent la vie aux hommes. D'où il appert que le Verbe, Artisan de l'univers, qui siège sur les Chérubins et maintient toutes choses, lorsqu'il s'est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile à quadruple forme, encore que maintenu par un unique Esprit. » Voilà une preuve historique dont la rigueur ne manquera pas dimpressionner. Il est loisible de sinterroger sur les motivations des auteurs de ce protoévangile :
Etaient-ils à la recherche de la gloire littéraire ? Prenaient-ils à cette fin la suite dun ouvrage à succès aux recettes éprouvées comme la Septante ?
Etaient-ils en tant que prêtres de la religion pharaonique à la recherche de ressources nouvelles, la conquête romaine les ayant ruinés ? Après la destruction du temple de Jérusalem en lan 70 de notre ère et la défaite de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Bar-Kokhba" Bar Kokhba en 135, le clergé juif expatrié ou dissident était lui-même en mauvaise posture et pouvait être désireux de sassocier à cette tentative.
Ont-ils répondu à une requête occulte de lautorité impériale désirant disposer dune religion syncrétique fournie clé en main ? Il faut dire à ce sujet que les empereurs romains ont été fascinés de tout temps par la religion égyptienne au point de rendre un culte à certaines de ses divinités, notamment HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Isis" Isis. Le pharaon était un dieu, qui plus est un dieu solaire, tout comme les empereurs romains. Comme tous leurs compatriotes les empereurs ont dû être émerveillés par les réalisations de la civilisation égyptienne encore alors dans tout son éclat. Ils ont du rêver, eux qui étaient assis sur un trône éjectable, de lextrême stabilité du régime pharaonique qui durait depuis des milliers dannées grâce à lemprise totale, tant économique que morale et culturelle, que ce régime théocratique exerçait sur ses populations. Le pouvoir des empereurs romains était soumis à la fortune des armes et aux intrigues politiques, alors que les pharaons pouvaient compter sur la crédulité soigneusement entretenue du peuple égyptien. Il faut observer toutefois à lencontre de cette thèse que les politiques récupèrent plus souvent quils ne suscitent.
Appartenaient-ils à une école dAlexandrie qui aurait choisi comme sujet dexamen un exercice de style du genre: « Imaginez une religion nouvelle intégrant le plus possible déléments déjà existant dans dautres religions sans craindre de recourir au merveilleux» ? Sommes nous en présence de la meilleure copie ?
Ont-ils voulu sauvegarder en les croisant la religion égyptienne et la religion juive menacées toutes deux par la colonisation romaine espérant obtenir ainsi un hybride particulièrement robuste et susceptible de plaire à une clientèle internationale ? Cest cette dernière hypothèse qui paraît la plus séduisante. Les Thérapeutes auraient repris, avec dautres moyens il est vrai, la tentative désespérée de Cléopâtre de sauver à la fois son trône et la civilisation égyptienne en faisant à son peuple (et aux généraux romains vainqueurs) le don réitéré de sa personne ! Leur véritable coup de génie a consisté à personnifier des mythes familiers à beaucoup dans un cadre historique et géographique qui ne soit ni trop proche ni trop éloigné de lAlexandrie de la première moitié du second siècle. Il faut dire que les prêtres égyptiens, tout comme les rabbins, bénéficiaient de plusieurs milliers dannées dexpérience dans la fabrication des textes sacrés ! LEglise catholique assure que les évangiles ont été écrits avant la fin du premier siècle sur la base dune tradition élaborée durant la première moitié de ce siècle. Jai relevé à lappui de cette thèse largument suivant présenté par son auteur comme le meilleur, sinon le seul : les évangiles ne font allusion à aucun évènement postérieur à la première moitié du premier siècle. Argument particulièrement faible si lon songe que ceux qui ont imaginé ces récits ont certainement évité soigneusement tout anachronisme. Si, daventure, de tels anachronismes avaient été commis ils auraient certainement été effacés au cours des nombreuses révisions qui ont suivi.
Il se peut que cet OVNI littéraire, désigné quelquefois sous le nom d « HYPERLINK "http://www.marcion.info/" Evangelion », ait séduit HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcion_de_Sinope" Marcion originaire de Sinope sur lHellespont qui en aurait assuré la promotion à Rome vers lan 140 de notre ère. Il y fit connaître ainsi pour la première fois le personnage de Jésus. De fait on ne trouve aucune allusion aux évangiles dans quelque texte que ce soit durant les cent cinquante années suivant la naissance supposée du Christ. Les collèges qui constituaient le milieu idéal pour la diffusion de lEvangelion lauraient alors pris en considération mais auraient rejeté celui qui le portait car Marcion refusait de reconnaître la validité de la Septante que les collèges chérissaient. Cest à partir de ce texte initial que les différents évangiles que nous connaissons ont été rédigés, soit pour répondre aux besoins de diverses communautés, soit pour combattre différentes hérésies, soit pour introduire certaines innovations théologiques, soit pour servir certains intérêts politiques. Pour accréditer de telles histoires quatre témoins valent mieux quun. Les évangiles apparaissent comme un patchwork déléments tirés des diverses traditions religieuses du monde méditerranéen si bien quau bout du compte il est difficile dy trouver un élément qui soit entièrement original. Il faut reconnaître toutefois quil sy ajoute une dose supplémentaire de générosité, ou de charité selon la terminologie chrétienne. Je préfère cependant le mot de générosité, car dans celui de charité je crois déceler un brin de condescendance. Quel que soit le nom donne à ce sentiment il faut chercher son origine dans le caractère associatif et populaire du mouvement chrétien, cousin et héritier de celui des thérapeutes. Pour la première fois dans le monde méditerranéen une religion ne se contentait pas dattirer sur ses fidèles la faveur des dieux ou décarter leur courroux, elle faisait de lhomme lui-même un demi-dieu méritant respect et amour, quelle que soit son origine sociale. Nous vivons encore de cette tradition lorsque tout va bien.
Les évangiles ont fait lobjet dajustements successifs pendant des siècles et nont pris leur forme définitive quà la fin du 16ème, soit peu après linvention de limprimerie ! Il ne reste pas trace avouée de ces ajustements, lEglise de Rome sétant montrée très vigilante à cet égard. Cest sous le règne de lempereur chrétien Théodose (344-395) quont été détruits par des chrétiens la bibliothèque dAlexandrie et tous les ouvrages quelle abritait, que ses clercs ont été assassinés ou dispersés. Il sagissait de supprimer tous les témoignages gênants, quils soient matériels ou humains, de la supercherie que constituait la fabrication des évangiles. On peut penser quHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypathie"Hypatie est morte en martyre de la Vérité en essayant de sopposer à ces destructions. LEurope restera entre les mains de ces talibans chrétiens pendant plus de mille ans.
Le culte chrétien a été conçu et ajusté pour ne pas modifier les habitudes des populations de lempire. Les gens simples avaient lhabitude de confier leurs soucis de santé à une multitude de dieux guérisseurs. Ils se trouvaient intimidés par un dieu unique et tout-puissant quils craignaient dimportuner par leurs requêtes. Quà cela ne tienne; les martyrs et les saints dont les vertus thérapeutiques étaient largement reconnues furent là pour prendre la relève. Attirant les fidèles vers les lieux de culte, les martyrs furent multipliés au point quon a pu dire que les martyrs furent inventés par les évêques et quon se disputa leurs reliques
Païens et nouveaux convertis fréquentaient les mêmes cimetières et sy livraient à des activités sociales et festives tout à fait comparables au point quils pouvaient sy retrouver et sy mélanger. Aujourdhui encore la mort permet de faire communier dans le souvenir des personnes de croyances opposées. Les sanctuaires païens reprirent du service au bénéfice de la nouvelle religion et continuèrent dabriter les cérémonies et les repas sacrés. La communion sous les deux espèces, pain et vin, est un souvenir de ces agapes. Les danses sacrées elles-mêmes et, dans certains cas, le sacrifice danimaux domestiques continuèrent dy être pratiquées jusquà ce que lEglise se sente suffisamment forte pour les interdire. Célébrées à Rome, Noël fête du soleil, et Pâques, fête de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyb%C3%A8le" Cybèle, sont les fêtes du solstice dhiver et de léquinoxe de printemps dont lorigine se perd dans la nuit des temps. « Mars qui rit malgré les averses prépare en secret le printemps » et, avec lui, le retour des beaux jours et des franches lippées. Noël fut décrété jour de la naissance du Seigneur Jésus qui, du même coup, devint un dieu associé à la lumière. La fête de Pâques fut également christianisée. Dans le calendrier païen la fête de Pâques commençait le 15 mars par une semaine dabstinence. On commémorait le 22 la mort et lenterrement du dieu Attis, parèdre de Cybèle, représenté par le pin toujours vert et on fêtait le 25 sa résurrection. Cest dans le mythe chrétien la même semaine dabstinence qui précède la crucifixion et le même délai de trois jours qui sépare la mort du Christ de sa résurrection
La fête des rameaux au début de la semaine sainte rappelle explicitement le renouveau printanier. La continuité est évidente entre le rite païen et le rite chrétien. Le mythe de la résurrection a été aménagé pour assurer dans un cadre chrétien la pérennité dune fête traditionnelle et populaire. Autre exemple dastrothéologie : lascension de la Vierge le 15 août qui correspond au fait quà cette date la tremblante lueur de la constellation éponyme disparaît, occultée par le rayonnement du soleil.
Différentes raisons conduisent à douter de lentière authenticité des épîtres dites de St Paul qui sont considérées comme la première expression aboutie de la doctrine chrétienne. Ces épîtres nont en effet nullement le ton quemploierait un homme qui, selon la légende, ne représente que lui-même et qui cherche à faire partager ses convictions. Cest celui dun inspecteur délégué par la maison mère auprès de succursales manifestant des velléités dindépendance. Qui diable aurait pu financer les nombreux voyages de Paul dans ces contrées lointaines ? Lui-même nétait, toujours selon la légende, quun humble artisan qui disposait de peu de ressources. Ces épîtres se soucient de bonnes pratiques et de bonnes murs, nullement dannoncer la bonne nouvelle. Leur fonction est thérapeutique à légard du corps comme à légard de lesprit. Paul est un juif hellénisé qui sadresse à dautres juifs hellénisés. Cest un réformateur pur et dur du judaïsme, léquivalent de ce que pourront être plus tard Luther ou Calvin pour le catholicisme. Paul a ignoré Jésus et les évangiles sans quoi il aurait multiplié au cur de son texte les allusions à leur héros et à ses hauts faits. Sil avait véritablement cru à un Jésus divin, il en aurait fait inévitablement le sujet central de ses épîtres. Le contraste est frappant à la lecture entre dune part une pensée qui cherche sa voie, avec de temps en temps des fulgurances et dautre part des ajouts cosmétiques tirés don ne sait quel catéchisme qui tentent dimpliquer dans lexposé Jésus, le Christ ou Jésus-Christ. Vous pouvez supprimer des épîtres toutes les références à ce personnage sans altérer le moins du monde ce quelles ont doriginal. Ces références dont beaucoup viennent comme des cheveux sur la soupe ont été manifestement plaquées sur un texte préexistant. Leur suppression ne fait que donner au texte plus dunité, de style et de force et, de toute manière, le Christ invoqué dans la version qui a cours actuellement na pas de réalité charnelle, nest pas un héros incarné dans lhistoire. Paul ne sest pas davantage converti à un christianisme qui nexistait pas encore en tant que religion sans quoi, soucieux de pédagogie et abondant en paroles comme il létait, il naurait jamais laissé à dautres le soin de faire le récit de sa conversion sur le chemin de Damas. On peut remarquer quil ne fait jamais état de sa qualité de fondateur des différentes communautés auxquelles il sadresse ce qui aurait pourtant été normal et aurait donné davantage dautorité à ses propos. Il est naturel de penser que ces communautés juives implantées dans des villes commerçantes existaient depuis longtemps, quelles étaient en fait les lointaines héritières dune tradition remontant aux phéniciens et quelles avaient probablement adopté le statut de « collège » ou son équivalent grec pour bénéficier des protections attachées à ce statut. Il est possible quelles aient accueilli en outre quelques réfugiés politiques juifs que lexpansionnisme romain avait multipliés. Les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Actes_des_Ap%C3%B4tres" Actes des Apôtres ont été rédigés pour donner un semblant dunité et de vraisemblance à des textes disparates. Ils lont fait avec une certaine maladresse car le caractère de Paul, tel quil ressort de ces Actes est très différent de celui qui transparait dans les Epitres, ce que la plupart des observateurs ont noté. En dernière analyse la version la plus plausible de lhistoire de Paul est quil sagissait dun haut dignitaire du monastère thérapeute établi sur les rives du lac Maréotis et quil disposait de ce fait de lautorité morale et des moyens matériels nécessaires pour visiter et chapitrer les communautés affiliées issues de la diaspora. Cependant la qualité de ces épîtres na pas échappé à ceux qui étaient en train dimplanter les premiers jalons dune religion chrétienne en voie de constitution. Ils les ont donc outrageusement maquillées pour sapproprier leur contenu. Le style des épîtres peut paraître de prime abord emberlificoté mais soudain une sentence frappante, pleine de force et de clarté, émerge dun magma de propositions à peine compréhensibles. Le talent du prédicateur se rapproche ainsi de celui du prestidigitateur qui détourne le regard des spectateurs vers un accessoire pendant quil tire de sa manche une blanche colombe. Le moment le plus réjouissant de ces épîtres est celui où il fait appel à la générosité de ses correspondants. Nous comprenons quil leur réclame les royalties que les « églises » franchisées devaient verser à leur franchiseur. Comme chaque fois que lon présente une addition, ce moment se situe vers la fin du message. Lodeur de largent plus que celle de lencens est en définitive ce qui donne à ces missives un discret parfum dauthenticité. St Paul, parce quil a illustré efficacement lart et la manière de faire la quête, peut être revendiqué à bon droit par lEglise comme un de ses principaux pères fondateurs !
Constantin avait un problème particulièrement difficile à résoudre qui était de concilier le monothéisme hérité de la religion juive avec le culte traditionnellement rendu à un Empereur divinisé. Cette difficulté était bien sûr inconnue du paganisme qui multipliait à loisir les divinités en fonction des besoins. Se prévaloir dune origine divine ou dune accointance avec le divin nétait pas inhabituel dans la Rome antique. Les grandes familles revendiquaient souvent ce genre de filiation. Les empereurs se flattaient dappartenir à la lignée qui de Jupiter, qui dHercule ou Vénus, ou comme le prétendait Constantin, dApollon. Le mythe dun messie hérité de la tradition juive et déifié par les chrétiens sous le nom de Jésus en venant sajouter au mythe dun Dieu créateur accroissait encore les difficultés dun Empereur désigné dans le monde grec comme Christos (loint du Seigneur) et qui redoutait la concurrence. Dans lEglise orientale un certain HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Arianisme" Arius niait la divinité de Jésus. Visait-il par ricochet lEmpereur lui-même en affirmant quon ne peut être à la fois dieu et homme (ce qui ne manque pas dun certain bon sens) ? Il fallait durgence recadrer la doctrine chrétienne dans un sens qui préserve le caractère divin de lEmpereur, justification de son pouvoir absolu. Un concile a été convoqué à cet effet par Constantin. Ce concile sest tenu à Nicée, ville proche de Constantinople, nouvelle capitale de lEmpire fondée par Constantin, et il a été organisé de manière à devenir la chambre denregistrement de la volonté impériale. Le choix même du site de Constantinople, point de passage obligé entre lEurope et lAsie Mineure, témoigne dun souci géostratégique, non dun souci théologique. Constantin a présidé lui-même ce concile et il a convoqué une écrasante majorité dévêques orientaux fraichement nommés, plus faciles à manipuler pour cette raison que des évêques occidentaux dépositaires dune tradition déjà ancienne. Le Credo du concile de Nicée résume le résultat de leurs « travaux » : « Nous croyons en un seul Dieu le Père tout Puissant, Créateur de toutes choses visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique, cest-à-dire, le Fils de Dieu, né du Père comme Fils unique, cest-à-dire né de la substance du Père, Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, qui, pour nous les hommes, et pour notre salut, est descendu et a pris chair, sest fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est remonté aux cieux doù il viendra juger les vivants et les morts, et dans le Saint-Esprit ». Il a fallu aller chercher lidée dune triade divine dans des mythologies plus anciennes pour satisfaire tous les candidats à la divinité. Cette motion de synthèse est bien au centre de la doctrine. Elle reflète léquilibre des forces en présence. Elle a permis, pure poésie, que les rois mages, des prêtres zoroastriens, viennent se pencher sur le divin berceau où reposait le fruit des amours dun père égyptien et dune mère juive ! Dans ce Credo le Dieu créateur décrit par la Septante conserve ses privilèges. Jésus est intronisé pour rattacher le christianisme à la tradition messianique. Cette parabole vivante signifie que tout homme, même dhumble extraction comme létait Constantin, peut accéder au statut divin. Il confirmait le statut divin de Constantin dans le cadre de la nouvelle religion, statut indispensable pour prétendre au titre dEmpereur. La compétition entre Jésus et lEmpereur en matière de divinité est résolue en les fusionnant : un trait dunion unit dans le Credo de Nicée Jésus et Christ, loint du Seigneur de la tradition romaine, cest-à-dire lEmpereur lui-même. Le nom de Christ ne peut désigner Jésus qui na jamais été oint, mais, selon la tradition, baptisé avec leau du Jourdain. Recevoir une onction royale serait allé à lencontre de son parti pris dhumilité et, dans l'esprit des évangiles, constituerait plutôt une marque de dérision ( HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/INRI" INRI). Le trait dunion marque à jamais lentente étroite qui doit régner entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel. Il vise à masquer la mégalomanie dun homme qui veut se faire passer pour un dieu. Par ailleurs ce Credo ne parle pas de crucifixion, supplice réservé aux esclaves et quun Empereur ne saurait subir. Il se borne à dire quil a souffert sans préciser ni où, ni quand, ni comment, ni pourquoi. Lumière née de la lumière dit le Credo pour qualifier la deuxième personne de la Trinité. Cette expression désigne de manière transparente aussi bien Jésus, dieu solaire, que lEmpereur, fils de Sol Invictus. Lempire battait monnaie à leffigie conjointe de sol invictus et de lEmpereur. LEmpereur régnant sur le monde romain est fils du soleil de la même manière que les empereurs de Chine ou du Japon, à lautre extrémité du continent eurasien, sont fils du Ciel, ce qui illustre lancrage de certains archétypes dans le psychisme humain. Pour prix de sa complaisance il a été accordé à lEglise, in extremis et comme à regret, un accès à lordre divin en la personne dun Saint-Esprit dont lorigine et les fonctions ne sont pas autrement précisées mais dont il devait être entendu quil était statutairement chargé déclairer lEglise. Chacun a pu ainsi trouver ce quil était venu chercher. Comme les trois mousquetaires les personnes de la Trinité étaient finalement au nombre de quatre, et avec la même devise : tous pour un, un pour tous ! La Trinité est la solution acrobatique dun problème politique difficile, ce qui explique son caractère biscornu. Elle a bien entendu été adoptée à une majorité digne dun congrès du parti de feu la glorieuse Union Soviétique. Quelle insondable prétention na-t-il pas fallu à toutes ces éminences pour décider par un simple vote de la structure intime de la divinité !? Quel rire homérique nont-elles pas dû retenir à grand peine au fond de leur gorge ? Comment, avec des têtes aussi enflées et des rates aussi dilatées, ont-elles pu quitter sans encombre la salle des séances ? Je suppose que, dans leur esprit, le problème posé était clairement politique. Lorsque le pouvoir est en jeu, on peut sattendre à toutes les manipulations. Et Constantin était loin dêtre un enfant de chur. Admirons lart avec lequel il a déguisé un conflit dautorité en débat théologique ! Quelques siècles plus tard catholiques et orthodoxes sopposeront sur la question de la Trinité. Pour la théologie catholique, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, tandis que, pour la théologie orthodoxe, il procède uniquement du Père. LEglise Orthodoxe, contrairement à lEglise Catholique, a longtemps refusé de reconnaître la primauté du pouvoir politique. Les chrétiens de base nallaient pas désavouer sur ce point un empereur divinisé dont, comme tous les citoyens romains, ils célébraient le culte, ce dautant plus volontiers quil les avait soustraits aux atrocités et comblés de ses bienfaits, quil avait été en somme leur « Sauveur ». Ils ont donc accepté de voir en lui lUnique Représentant sur terre du Dieu Unique. Lévêque de Rome a dû attendre les dernières années de lEmpire dOccident pour devenir le chef suprême de lEglise Catholique car les derniers empereurs, décrédibilisés par leurs nombreux échecs, avaient alors perdu leur caractère divin. La force de larianisme et sa longue postérité montrent bien que, dés lorigine, lhistoricité de la tradition catholique, insuffisamment supportée par des documents et des témoignages irrécusables, a fait question. A lorigine Jésus navait pas plus de matérialité immédiate que les autres dieux du monde antique. Lincarnation précise et circonstanciée du Sauveur Suprême relatée dans les évangiles est la trouvaille essentielle. Elle a fait lobjet de beaucoup de disputes. Elle a mis des siècles à simposer. Cest elle cependant qui a permis aux chrétiens de prétendre que leur dieu était plus « vrai » que tous les autres.
Suite au concile de Nicée qui constitue le véritable acte de naissance de lEglise chrétienne, une réécriture des textes évangéliques était nécessaire parce quil fallait combattre certaines hérésies, parce quil fallait mettre laccent sur la divinité de Jésus et parce quil fallait introduire dune manière ou dune autre le dogme de la Trinité. Cest ainsi que lévangile selon St Mathieu attribue au Sauveur une double généalogie. La première le fait descendant de David par Joseph, son père, ce qui correspond aux prophéties de lAncien Testament. La seconde le fait fils de Dieu par St Esprit interposé conformément aux décisions du concile. Il était assez facile à Constantinople, où sélevaient les premiers lieux de culte dédiés à la nouvelle foi, de recruter pour faire ce travail des écrivains dont le Grec était la langue maternelle. Il nest donc pas surprenant que les chrétiens orthodoxes byzantins se considèrent aujourdhui comme les héritiers les plus directs de la tradition fondée par lempereur régnant à lépoque dans leur ville. Cest dautant plus justifié que, jusquà la séparation en 1054 de léglise romaine et de léglise orthodoxe, tous les conciles se sont tenus dans la partie orientale de lempire. Seule léglise HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Coptes" copte dAlexandrie revendique une fondation antérieure (284 après JC). On peut penser que cest plus tardivement que lépisode du jugement et celui de la crucifixion ont été incorporés aux textes canoniques pour renforcer leur caractère dramatique.
Cette religion hybride a trouvé un terrain favorable à Rome, ville cosmopolite par excellence. Il peut paraître surprenant quil se soit trouvé des gens pour ajouter foi à une telle construction qui ne disposait pas encore de la respectabilité que confère le grand âge. Cest oublier que les dieux les plus divers prospéraient alors librement à Rome, que lesprit critique et scientifique était à lépoque réservé à une toute petite minorité de lettrés et que tous étaient intimidés par la puissance impériale qui soutenait cette religion. Rêves et réalité, religions et science, mythologies et histoire, astrologies et astronomie cohabitaient alors sans que cela fasse problème. La distinction entre hommes et dieux nétait pas aussi nette quaujourdhui. Les dieux avaient leur grandeur mais aussi leurs faiblesses dont il était possible de tirer parti. Les dieux et les déesses pouvaient copuler avec des représentants du genre humain et ils ne sen privaient guère. De plus, et cest peut-être lessentiel, les mythes chrétiens ne faisaient que reprendre, en les coulant dans une histoire inventée, des mythes déjà connus de tous. Comme lassure Eusèbe, la religion chrétienne nest ni nouvelle ni étrange. Des sectes se créent encore aujourdhui sur des bases tout aussi fantaisistes, malgré lhostilité de la puissance publique et des religions en place. Le christianisme est originaire du monde gréco-romain et non du monde juif, sans quoi la langue originale des textes fondateurs eut été différente et la Mésopotamie, la Perse, lArabie auraient été évangélisées bien avant lEspagne et la Tunisie. Le christianisme sest diffusé au sein de lEmpire soutenu par son administration. Il a essaimé quelque peu par la suite, parce que la doctrine était émouvante et parce quelle bénéficiait du prestige de la Rome impériale. La culture américaine se répand bien au-delà de la sphère politique contrôlée par les Etats-Unis
Les dieux de lOlympe ont été façonnés par les poètes grecs et latins, et dabord par les premiers dentre eux, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hom%C3%A8re" Homère et HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9siode" Hésiode, à partir dun fond de croyances populaires qui remontent à la plus haute antiquité. Ces dieux ont conservé longtemps leur pouvoir de suggestion puisquils ont continué dorner les parcs et les salons de nos châteaux tandis que le dieu des chrétiens, représentant pourtant la doctrine officielle, y a été relégué le plus souvent dans de petites chapelles. Qui voudrait installer dans sa propriété les personnages de la Bible qui expriment le versant sombre de lâme humaine quand les dieux grecs et romains en sont le versant rayonnant ? Il est probable quun paganisme souriant et compréhensif convient mieux au bonheur de l'être humain quun monothéisme sévère et implacable. Il est aussi plus satisfaisant, philosophiquement parlant, car il permet sans contradiction dattribuer le mal à des puissances maléfiques au lieu quun dieu unique est responsable de tout. Les dieux de Rome nont jamais déclaré la guerre aux dieux dEgypte, bien au contraire. Les conflits entre monothéismes remplissent les pages des journaux.
Croyez-vous que les histoires racontées par les innombrables mythologies dinnombrables peuples en dinnombrables contrées aient un quelconque fondement historique ? Ceux qui en furent les auteurs ont été sans doute les premiers surpris de la facilité avec laquelle leurs histoires ont été prises pour argent comptant. Leur acceptation par beaucoup de gens sensés ne fait que démontrer la force quasi irrésistible de la propagande officielle appuyée par la pression sociale et le wishful thinking. Ces mythes prospèrent car ils sanctuarisent les intérêts dun clan. A force dentendre parler avec autorité de Jésus comme dun être divin ayant réellement existé on finit par le croire et le faire croire. La religion chrétienne naissante qui cherchait à se faire une place au soleil était tenue de proposer des histoires au moins aussi prodigieuses et émouvantes que celles de ses concurrentes en place. Ces fictions répétées inlassablement pendant des siècles à labri des contradicteurs ont fini par devenir une demi-vérité. Cette légèreté, méditerranéenne en loccurrence, à légard de la vérité historique sest perpétuée dans la tradition provençale des HYPERLINK "http://mondediplo.com/2003/02/15soccer" galéjades. Il sagit de « raconter des coups », de renchérir dans lextraordinaire pour briller aux yeux de ses amis. Le phénomène touche toutes les religions. La religion chrétienne a fait au moins aussi bien dans ce domaine que la religion gréco-romaine qui la précédée. Des dizaines de textes tournant autour des thèmes évangéliques sont encore connus aujourdhui dont certains réapparus récemment tels lévangile selon St Thomas ou lévangile selon Judas. Beaucoup decclésiastiques admettent en privé, et de plus en plus en public, que les évangiles ne constituent pas un chapitre de lhistoire universelle mais une histoire sainte, cest à dire un récit inventé pour faire passer un message. Benoît XVI lui-même na guère dit autre chose dans le discours quil a délivré récemment à lespace culturel des HYPERLINK "http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2008/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20080912_parigi-cultura_fr.html" Bernardins : « Vue sous un aspect purement historique ou littéraire, la Bible nest pas un simple livre, mais un recueil de textes littéraires dont la rédaction sétend sur plus dun millénaire et dont les différents livres ne sont pas facilement repérables comme constituant un corpus unifié. Au contraire, des tensions visibles existent entre eux. Cest déjà le cas dans la Bible dIsraël, que nous chrétiens appelons lAncien Testament ; ça lest plus encore quand nous, chrétiens, lions le Nouveau Testament et ses écrits à la Bible dIsraël en linterprétant comme chemin vers le Christ ». Maudites soient la recherche historique et la linguistique qui obligent lEglise à cette douloureuse et tardive mise au point ! On attend avec curiosité que le Nouveau Testament qui ne présente pas, du point de vue de la vérité historique, plus de garanties que lAncien provoque le même « coming out » de la part de lun des successeurs de Benoît XVI. Celui qui sy risquera naura quà reprendre à son compte cette confidence faite par le pape Léon X (1475-1521) au cardinal Bembo «Quel bénéfice cette fable du Christ ne nous a-t-elle pas déjà apporté» ! La question se pose de savoir si la confidence de Léon X était une plaisanterie, une provocation, un paradoxe ou si elle reflète la pensée habituelle de lEglise à son plus haut niveau. Le pape qui se décidera à lofficialiser devra renoncer du même coup au confort douillet du Vatican, ce qui doit être particulièrement difficile au terme dune vie de dur labeur; sans compter le risque de se faire assassiner par la Curie romaine avant davoir commis lirréparable ! Pour reprendre un terme à la mode, la « traçabilité » des textes considérés comme sacrés par les chrétiens est à peu près inexistante. Les chrétiens apparaissent ainsi moins soucieux de lorigine et de la qualité de ce qui nourrit leur âme que de lorigine et de la qualité de ce qui nourrit leur estomac !
Épîtres de St Paul et évangiles rédigés soi-disant par des témoins oculaires ou très proches de lévénement, traduisent des préoccupations dont on imagine difficilement quelles soient synchrones. Jésus est le sujet quasi exclusif des évangiles. Il nest présent dans les Epîtres quà titre dornement surajouté. Un trait commun aux Epîtres de St Paul et aux différents ouvrages de St Augustin, cest quils se contentent dévoquer très brièvement lépisode de la crucifixion qui est pourtant un évènement majeur de la vie supposée du Sauveur, événement qui aurait dû donner lieu de la part dauteurs aussi prolixes à de nombreuses, longues et fortes méditations. Les commentaires des évangiles attribués à St Augustin sont de caractère scolaire et dun style particulièrement plat quand ils en arrivent au récit de la passion, ce qui montre à lévidence que cette partie des commentaires est dune autre main. La seule explication plausible, cest quau temps de St Augustin, le récit de la crucifixion navait pas encore été, sinon inventé, du moins reconnu officiellement. Lessence du christianisme contenue dans les épîtres a précédé lexistence ou la pseudo existence du Sauveur des évangiles. Le Jésus incarné des évangiles est une invention relativement tardive du mouvement chrétien. Aucun romain du premier siècle, nommé administrateur civil ou militaire du côté de Jérusalem na écrit à un ami resté à Rome : « Je vais ten raconter une bien bonne. Sais-tu quici un dénommé Jésus sest prétendu fils du dieu des juifs et quil rend inutile le travail des vignerons en changeant leau en vin ? Tu peux le convier à tes prochaines libations, vieux pochard, tu feras des économies !». Aucun symbole chrétien dans les ruines de Pompéi ou dHerculanum ensevelies en lan 79 de notre ère par léruption du Vésuve. Il sagissait pourtant de riches cités balnéaires et marchandes, au fait des dernières nouveautés. Dans un monde antique friand de prodiges et de mystères les histoires tellement extraordinaires racontées par les évangiles auraient dû normalement être connues dans tous les ports de la méditerranée, le temps quil faut à un navire pour traverser la mer. Elles auraient du être reprises, fut-ce pour sen moquer, par les auteurs classiques des tout premiers siècles. Comme il nen a rien été il faut conclure que ces derniers nont jamais eu connaissance ni des évangiles ni de leur héros. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le"Marc-Aurèle (121-180), empereur et philosophe, considérait sans indulgence le mouvement chrétien. Rien de ses « Pensées pour moi-même » ou de sa correspondance nindique quil ait eu connaissance de leur inspirateur supposé. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Plotin" Plotin (205-270), un néoplatonicien, le plus grand philosophe de son époque, ne dit pas un traître mot du mouvement chrétien ni de son fondateur. Un homme, Jésus, qui séduirait les foules et ferait des miracles au point quon le prenne pour un dieu, mais quon laisse néanmoins massacrer, cest un sacré scoop. Connaissez-vous un scoop qui aurait mis plus de cent ans à sortir ? Comment se fait-il quaucun intellectuel romain nait cherché à en savoir davantage quand il est finalement sorti ? Est-ce parce que le caractère onirique de cette histoire était évident pour tous ? Est-ce parce quil a été impossible aux enquêteurs dobtenir le moindre renseignement de la part de la population juive locale faute dune tradition orale qui aurait du pourtant exister en raison du caractère pour le moins insolite des évènements rapportés ? Aucun homme du nom de Jésus na laissé de trace conforme aux évangiles, ni dans lhistoire juive ni dans lhistoire romaine de source non chrétienne pendant les deux premiers siècles de notre ère. Le nom de Jésus est bien mentionné une fois et une seule par lhistorien romain du premier siècle HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Flavius_Jos%C3%A8phe" Flavius Joseph dans une uvre pourtant abondante, mais cette mention a été ajoutée après coup par un copiste complaisant. Cest du moins ce que pensent la plupart des experts. Le passage incriminé na été cité en effet par aucun des premiers Pères de lEglise qui connaissaient pourtant loeuvre de Flavius Joseph. Sa brièveté chez un auteur qui cite volontiers des faits minuscules contraste avec le caractère exceptionnel des faits rapportés. Il ny a par ailleurs aucune liaison logique du passage incriminé ni avec le texte qui le précède ni avec celui qui le suit. Cette falsification ne fait que souligner létrangeté de son absence dans luvre de Flavius Joseph. Un bel exemple de tripatouillage des textes illustrant les méthodes des chrétiens est fourni aux dépens de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_de_Samosate" Lucien de Samosate. Dans la version qui nous est parvenue dun opuscule intitulé La Mort de Pelegrinus Lucien consacre plusieurs paragraphes dithyrambiques aux chrétiens. Cest en soi un sujet détonnement dans la mesure où Lucien est un auteur satyrique qui se moque de toutes les sectes comme dans son ouvrage Les Sectes à lEncan, et qui était très lié avec Celse, contempteur des chrétiens. De plus il les loue particulièrement pour leur comportement face aux persécutions alors que, au moment où le texte a été écrit cest à dire vers la fin du deuxième siècle, ces persécutions navaient pas encore véritablement commencé ! Dans un autre texte Lucien met les chrétiens dans le même sac que les athées et les épicuriens. Ni HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_de_Tib%C3%A9riade" Juste de Tibériade, ni Philon dAlexandrie qui vécut à Jérusalem, deux historiens juifs du premier siècle nont fait la moindre allusion à lexistence dun prophète du nom de Jésus. Les très nombreux HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Rouleaux_de_la_mer_Morte" manuscrits (plusieurs centaines) cachés vers lan 70 par un mouvement fondamentaliste local à Qumran, dans des grottes proches de la Mer Morte et retrouvés vers 1950, documents dont lauthenticité nest pas contestée, nen font pas mention non plus, ce qui paraît incompatible avec la popularité attribuée au personnage et sa proximité avec ce mouvement dans lespace (Qumran est à une journée de marche de Jérusalem), dans le temps (cest un contemporain) et dans les préoccupations, car ces fondamentalistes et de supposés chrétiens auraient chassé sur les mêmes terres spirituelles. Notons au passage que les manuscrits retrouvés se rattachent les uns à la Bible hébraïque utilisée de nos jours par le rabbinat, les autres à la Septante utilisée comme référence pour la fabrication des évangiles. La plus petite allusion à un prophète nommé Jésus qui aurait pu figurer dans ces manuscrits aurait été pourtant accueillie avec enthousiasme par les chrétiens ! Lexamen de ces documents a été confié par létat hébreu à des religieux, sans doute par souci dobjectivité et de transparence
Des documents ont disparu, avec celui qui était chargé de les étudier, dont on peut penser quils étaient particulièrement dommageables pour certaines croyances
Aucun dieu daucune religion na jamais laissé le moindre témoignage autre que légendaire de son passage sur cette terre ! Il ny a quun travail dhistorien qui puisse dire si le récit de faits vieux de deux millénaires est conforme à la réalité ou sil sagit dun ouvrage dimagination. Il nexiste malheureusement pas de documents fiables au pedigree reconnu qui permettraient de faire ce travail sur les évangiles en procédant aux recoupements indispensables. Il est anormal que de tels documents nexistent pas compte tenu des circonstances de lévènement supposé et de lépoque où il est censé sêtre produit. Il est plus que probable que le Christ des évangiles na jamais existé. Celui qui a vraiment existé, cest un certain Chrestus, vivant à Rome au premier siècle de notre ère, qui jouissait dun grand prestige et dune grande autorité au sein du mouvement dentraide quil avait fondé, au point que les membres de ce mouvement ont été nommés chrétiens, disciples de Chrestus. Il est à noter que la langue française est restée fidèle à cette étymologie puisquon continue à parler de chrétiens et non de christiens. La secte des chrétiens était bien représentée en Gaule où elle eut à subir des persécutions, à Lyon notamment. Le malheureux Chrestus a été crucifié sur un ordre de Néron. Cet ordre fut exécuté par un procureur nommé Porcius Festus qui sévit ensuite en Judée. Ces évènements eurent lieu dans les années 60 de notre ère, trop tard pour attribuer la mort du Christ à ce procureur. Les auteurs des évangiles préférèrent donc lui substituer Ponce Pilate. Chrestus est un nom qui signifie en latin « le bon ». Il était fréquemment donné à des esclaves. Il ny a pas si longtemps une dame de la bonne société pouvait encore interpeller un de ses domestiques dun « Dites-moi, mon bon Joseph, ou mon bon Firmin ou mon bon Emile
» En 318-319, une église marcionite était construite à Lebaba près de Damas. Une inscription sy trouve mentionnant Chrestos, le dieu bon, et non pas le Christ ou Jésus. Selon Georges Ory c'est la plus ancienne inscription d'église chrétienne que nous possédions. Lidée dun dieu bon représentait certes un progrès par rapport aux dieux traditionnels cruels et capricieux ; un Jupiter, à brûler tout vif ; une Vénus, à enfermer à lHôpital ; un Mercure, à mettre à Bicêtre. Cette idée dun dieu bon a été par la suite obscurcie. Chrestus (latin) ou Chrestos (grec) ne doivent pas être confondus avec Christos qui, rappelons-le, désigne en grec loint du seigneur. La légende chrétienne a instrumentalisé cet à-peu-près. Le poisson aurait été choisi comme signe de reconnaissance par les premiers chrétiens parce que les lettres dICHTUS, le mot grec désignant un poisson, seraient les initiales de Jésus Christ Fils du Dieu Sauveur. Cétait également un symbole utilisé par les Esséniens, cousins des Thérapeutes. Sil existe une raison plus prosaïque, elle a été perdue. LEglise toute entière est édifiée sur ces quelques traits desprit pas trop subtils (le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Marquis_de_Sade" divin marquis parlait de calembours). Ne sagissait-il pas plutôt du signe zodiacal du poisson ? HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Origine_des_ascensions_droites"Le point vernal était passé de la constellation du bélier à celle des poissons en lan 60 avant notre ère du fait du mécanisme de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9cession_des_%C3%A9quinoxes" précession des équinoxes. Par le choix de cet emblème les chrétiens auraient signifié quils annonçaient une ère nouvelle (à noter que cette ère se termine en 2100 !). Autre exemple de calembour, le célèbre HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bf.doc" \o "tu es Pierre et sur cette pierre j'édifierai mon église" tu es Petrus et super hanc petram, ecclesiam meam aedificabo. Est-il plausible que ce jeu de mots ait été traduit de lAraméen censée être la langue du Christ, de ses apôtres et de ses premiers fidèles / Il semble bien que le « Pierre » en question ait été ce fameux Chrestus dont les ossements pieusement recueillis par des camarades syndiqués auraient été inhumés dans la basilique St Pierre, après un séjour temporaire dans les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Catacombes_de_Rome" catacombes. Ces catacombes, danciennes carrières de pierre, avaient été acquises par le mouvement chrétien en lan 212 afin dassurer une sépulture décente à ceux de ses adhérents qui disposaient de petits moyens. Quand un homme qui se croit inspiré a le charisme nécessaire pour fonder une secte, celle-ci se développe autour de lui instantanément et localement. Le développement de la secte des chrétiens nobéit à aucun de ces deux critères. Jésus est un héros littéraire au même titre que Don Quichotte, Gulliver ou Gargantua, un archétype créé par une synthèse habile dans un but apologétique de défense des faibles et des opprimés. Son histoire sintègre dans le monde décrit par la Septante. Son caractère et ses propos rappellent ceux des Thérapeutes. Une des sources complémentaires dinspiration possibles, outre un important apport égyptien comme nous lavons vu, est HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Apollonius_de_Tyane" Apollonius de Tyane dont la vie et la doctrine lont fait comparer au Jésus des évangiles mais qui est proche également de Paul puisquon leur attribue à tous deux des voyages quasi identiques. Une autre est le « Maître de Justice » des esséniens qui connut un sort funeste. Bien loin dêtre le fruit dune révélation divine, la doctrine chrétienne est depuis ses débuts le produit dintenses réflexions et manipulations qui se sont poursuivies au fil des siècles et qui ne sont pas encore achevées. Cest ainsi que le dogme de « limmaculée conception » (le sexe, décidément, cest sal !) a été proclamé au milieu dun 19ème siècle dont le puritanisme est bien connu et que trois nouveaux péchés viennent dêtre récemment ajoutés à la liste existante ! Limage du juste en croix figure déjà dans Platon et la croix elle-même est un symbole immémorial, déjà connu des égyptiens. La croix ansée est linstrument grâce auquel Osiris insufflait aux défunts la vie éternelle. Un autre motif cruciforme est constitué par les cercles orthogonaux à partir desquels sont mesurés lazimut et lélévation des points de la voûte céleste. Les divinités aux ailes déployées qui soutiennent cette voûte « matérialisent » ces axes dans la mythologie égyptienne. La croix est aussi larbre de vie, symbole de fécondité. Pas de croix tracées sur les parois des catacombes abritant les restes des premiers chrétiens mais des petits poissons, et un jeune et séduisant berger portant un agneau sur ses épaules. « LEternel est mon berger »
On ne sait si lintention du berger est de soigner ou de sacrifier lHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Agnus_Dei"Agneau de Dieu
Cette représentation initiale du dieu des chrétiens nest pas différente de celle utilisée pour les autres dieux antiques lesquels étaient des figures allégoriques bien plus que des héros incarnés dans lhistoire. Les chrétiens ont fait de longs efforts avant de trouver le dieu qui leur convenait. Ce nest que très progressivement que, reflétant les temps qui sassombrissaient, ce dieu souriant est devenu grave, puis tragique. Cest probablement le symbole de la croix qui a donné naissance à la légende de la crucifixion plutôt que linverse. Il ny a pas de statue, de bas-relief, de peinture ou même de graffiti représentant le Jésus tel que nous nous le représentons actuellement souffrant sur la croix durant les dix premiers siècles de notre ère. A peine peut-on citer deux statues en argent commandées par Constantin pour la basilique St Jean de Latran où Jésus est représenté tel un magistrat romain. Aucune sentence tirée des évangiles nest inscrite dans la pierre antique. Aucune scène tirée du Nouveau Testament na laissé de témoignage iconographique avant la chute de lempire romain. Les persécutions ne sauraient tout expliquer. Les textes évangéliques ne permettent pas davantage de savoir à quoi ressemblait le Jésus quils évoquent, sil était grand ou petit, gros ou maigre, blond ou brun, barbu ou glabre, quelle était la couleur de ses yeux et comment il était vêtu, ce qui est inédit pour un personnage historique dun tel calibre et renforce lhypothèse dun personnage purement imaginaire. De Gargantua vous saurez seulement quil avait un appétit
gargantuesque, de Gulliver quil était un géant chez les lilliputiens et un nain chez les brobdingnagiens, de Don Quichotte quil était un chevalier à la triste figure
On ne sait rien de ce que le personnage du Christ a fait pendant les trente premières années de sa vie sauf quà lage de douze ans il a chassé les marchands du temple, une anecdote qui na été rapportée que par un seul des quatre évangélistes. Sil sagit dun fantasme on comprend lintérêt quil peut y avoir à laisser les fidèles fantasmer à leur guise. La première figure du Christ adoptée par liconographie chrétienne avait les traits et le teint clair de lempereur Théodose. Il faut reconnaître que les empereurs romains ont porté le culte de la personnalité à un degré jamais égalé depuis
Jusquà la fin de lempire romain le culte chrétien sest assez largement confondu avec le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_imp%C3%A9rial" culte impérial. A partir de Théodose le paganisme est devenu une sorte de crime de lèse-majesté et puni comme tel. Ceci constitue une rupture et une régression par rapport à la tradition romaine de tolérance religieuse de la même façon que le régime impérial représente une régression par rapport à la République qui la précédé. Le signe de ralliement choisi par Constantin à la veille dune bataille décisive ne fut pas la croix comme certains feignent de le croire, mais le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Chrisme" chrisme, un signe de bon augure qui lui était apparu en songe. Cest la victoire remportée dans cette bataille qui aurait déterminé selon la légende sa conversion au christianisme et conféré à ce signe la signification de Dieu bon, alias Chrestos. Constantin avait décidément un bon carnet dadresses puisque cest Apollon qui lui avait donné un coup de main dans dautres circonstances
Au début du 4ème siècle, Jésus nétait pas encore Christ. Au début du 5ème, il nétait pas encore mort sur la croix, du moins de façon officielle. Au début du 6ème, on pouvait voir un Sauveur tout à fait serein arroser le sol de son sang, entouré du soleil et de la lune, divinités annonciatrices de bonnes récoltes. Encore cette représentation est-elle un cas isolé car, jusquau huitième siècle inclus, cest un agneau sacrificiel qui prenait sur la croix la place du Christ. De toute antiquité le sang répandu a eu des vertus fertilisantes, comme en témoigne la multitude des rites sacrificiels. Quun sang impur abreuve nos sillons dit toujours notre Marseillaise. Il faut se souvenir quà la création de cet hymne le sang dont il sagissait était celui de nos plus proches voisins ! Avec une telle formule dans son hymne national, étonnez-vous que le français soit souvent raciste, xénophobe et antieuropéen ! Je comprends que, lors des compétitions internationales, nos joueurs se sentent gênés de chanter à pleine gorge leur intention de répandre sur le terrain le sang impur de leurs adversaires ! Dautant queux-mêmes viennent de tous les coins du monde. Comment pourraient-ils se dévouer sans arrière-pensées à la cause nationale alors quils sont menacés à tout moment dun contrôle au faciès ? Quoi de plus suspect en effet, aux yeux du vulgaire et de la police, quun beur ou un black dans une jolie voiture accompagné dune jolie femme ? A-t-on bien mesuré le danger quil y a de ne pas chanter de bon cur son propre hymne national ? Ne pourrait-on remplacer, hors les jours du souvenir, la Marseillaise souvent sifflée par un autre air connu, le « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Chant_du_d%C3%A9part" Chant du Départ » par exemple ou même « HYPERLINK "http://bmarcore.club.fr/mil/mil123.html" La Madelon », un chant militaire moins martial certes, mais plus conforme aux évolutions de la société et à ce que le français peut avoir de sympathique quand il propose à la cantonade un coup de blanc sur un air daccordéon ? A tout le moins ne pourrait-on se contenter de la musique de la Marseillaise et oublier ses paroles ? Javoue un certain effarement lorsque jentends le Stade de France entonner lhymne national parce que son équipe est en train de dominer. Croyez-vous que nos commentateurs sen offusquent ? Que nenni ! Est-il vraiment indispensable de passer pour des chauvins abrutis et dénués desprit sportif auprès de nos hôtes étrangers ? Réservons cet hymne aux circonstances qui le méritent
Jésus le Sauveur et le Christ Empereur devaient mourir simultanément puisquils forment une entité indivisible : Jésus-Christ. Lépisode de la crucifixion du Sauveur ne sera incorporé à la doctrine officielle quà la fin de lempire, époque sombre et chaotique sil en fut, en tant que rite de fécondité accompagnant à la Pâque la résurrection de la nature. Cest le concile de Chalcédoine en 451 qui entérinera cette évolution. La crucifixion de lEmpereur par personne interposée a précédé de peu le démembrement de lempire acté par labdication de lempereur Romulus Augustule en 476. La crucifixion ne sest définitivement imposée sous sa forme actuelle quà la faveur des famines et des terreurs de lan mille. Aux populations qui se plaignaient davoir été abandonnées de Dieu, il était possible de dire quelles avaient tort de se lamenter puisque Dieu lui-même avait souffert sur la croix avant dêtre glorifié. Sil a fallu du temps aux chrétiens pour sapercevoir que leur Dieu était triple, il en a donc fallu encore bien davantage pour acclimater lidée, à vrai dire peu banale, dun dieu tout-puissant torturé et mis à mort, non par des dieux, ce qui avait été déjà conté, mais par des hommes, ce qui était sans précédent. Le supplice du Christ dont les juifs se seraient rendus coupables devait être vengé. La croix devenue instrument de torture est arrivée à point nommé pour justifier les croisades et, par la suite, bien dautres abominations. Cest le glaive du pouvoir impérial qui, dés lorigine, a donné autorité à cette doctrine et à tous les textes qui la contenaient. Il nest pas difficile de comprendre que des érudits qui consacrent toute leur énergie à commenter ces textes et qui font leur gagne-pain de cette activité nadmettront pas facilement quils puissent être dorigine plus que douteuse. Ceux qui, étrangers au système, font état de leur scepticisme se heurtent à une sorte HYPERLINK "http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/omerta/" domerta de la part de ces « professionnels du divin ».
Quels sont les accords qui ont bien pu être conclus entre ce qui nétait encore quune secte séditieuse, honnie, persécutée et, comme la plupart des mouvements de résistance, traversée de querelles intestines, et un empereur contesté par lestablishment du fait quil nappartenait pas à une grande famille, quil était le fils né hors mariage (comme Jésus) dune servante dauberge, chrétienne de surcroît, que lon devine au demeurant maîtresse femme et supérieurement belle ? Imaginez une femme à la beauté sacrée telle HYPERLINK "http://www.dailymotion.com/video/x7sq7z_sophia-loren-scene-culte_shortfilms" Sophia Loren ou HYPERLINK "http://www.absolugirl.com/people-monica-bellucci-1.html" Monica Bellucci ! Il est naturel de penser que cette mère a laissé sur Constantin une empreinte qui explique en partie la faveur dont il fera bénéficier les chrétiens. Cette mère était-elle la fille desclaves juifs ? Elle profitera en tout cas de la position de son fils pour faire un long pèlerinage en Palestine et en rapporter toutes sortes de reliques moins authentiques quhautes en toc. Que na-t-elle rapporté la scie et la varlope de lillustrissime charpentier ! Il est à penser que cest elle qui a organisé la première mise en scène des « Lieux Saints » avec le concours empressé des commerçants locaux. Est-ce, au-delà de leur mutuel intérêt, linfluence de sa mère chrétienne la nouveauté de leur doctrine et son caractère social ou la force impressionnante de leur conviction qui a rapproché Constantin et les chrétiens ? Personne ne le sait. On sait par contre que, si nul ne ment par plaisir, les nécessités pressantes de laction politique conduisent très souvent les hommes publics à pratiquer la désinformation avec la meilleure conscience du monde. A-t-il été impressionné par le fanatisme des chrétiens martyrisés et songé au parti quil pourrait tirer de leur détermination ? Ayant constaté quils ne pouvaient être réduits, la meilleure solution pour lui nétait-elle pas de les associer à son entreprise ? «Si tu ne peux les vaincre, allies-toi avec eux» dit ladage romain. Constantin a pu se livrer à une sorte de chantage vis-à-vis de ses adversaires : « Si vous vous opposez à ma politique, les esclaves vont se révolter comme au temps de Spartacus, mais il est possible cette fois que mes légions refusent de marcher contre eux ! ». Constantin naurait pas été le premier homme détat romain à HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Gracques" sappuyer sur la plèbe pour arriver à ses fins. En sappuyant sur un syndicat Constantin a fait, pourrait-on dire, du péronisme avant la lettre. Le christianisme des origines est une doctrine de combat et, dans un combat, seul le résultat compte. Dans toute guerre la vérité est la première victime ! Or, toutes les informations concernant lorigine et les premiers siècles du christianisme ont été placées pendant toute cette période lointaine et plutôt agitée sous le contrôle exclusif dun totalitarisme particulièrement musclé. Vous chercherez longtemps une réflexion critique formulée par un contemporain à propos de ce changement fondamental qua été la substitution du christianisme au paganisme comme religion dEtat. Ces critiques nont certainement pas manqué. Elles ne nous sont un peu connues que par les réfutations qui en ont été faites et dont certaines ont été conservées. Tous les documents prétendument historiques sont passés à un moment ou à un autre entre les mains dautorités prosélytes et sont donc frappés de suspicion. Laction volontaire de lautorité impériale et divers désordres liés aux persécutions dont les chrétiens ont été les victimes ont soi-disant détruit tous les documents originaux de lEglise des premiers siècles. Ces documents rédigés selon la légende (qui est encore la doctrine officielle de lEglise) par des apôtres ayant été en contact direct avec le Christ auraient pourtant dû constituer pour les chrétiens un legs inestimable et jalousement gardé. Il est tout à fait surprenant quaucun de ces documents ne soit parvenu jusquà nous, fut-ce en mauvais état, alors quil ne manquait certainement pas de fidèles pour les surveiller et éventuellement pour les dissimuler, sous lautorité dune organisation structurée et pérenne. Des copies presque aussi anciennes auraient dû forcément exister puisque les textes canoniques estampillés par lEglise sont censés être tout à fait authentiques. Nest-ce pas une réaction naturelle en cas de danger de faire des copies des textes importants pour les lire en cachette et de mettre à labri les originaux ? Détruits à Rome, auraient-ils pu lêtre dans toutes les provinces de lEmpire où la foi chrétienne sétait prétendument répandue dés le premier siècle ? Il est naturel de penser que des copies auraient été réalisées en utilisant les meilleurs supports connus à lépoque dont de nombreux exemples montrent quils auraient pu subsister jusquà nos jours. On ne saurait en effet accepter autre chose que le meilleur comme support de la parole divine! Dautres documents encore plus anciens ont été préservés qui ne bénéficiaient pas de circonstances aussi favorables. Que lon songe aux soins qui ont été pris plus tard pour conserver des morceaux de la vraie croix, la couronne dépines, le saint suaire, le saint sang, les saints clous et dautres reliques moins prestigieuses, au prix parfois de boucheries macabres lorsquil a fallu procéder au partage des reliques des saints les plus vénérés ! Comment connaissons-nous Cicéron, Virgile et tous les auteurs antiques ? Les copies successives grâce auxquelles nous pouvons lire leurs ouvrages nen ont pas apparemment altéré la saveur ! Lorsquun ouvrage sacré a été substantiellement altéré cest, selon toute probabilité, intentionnellement. On devrait sattendre au minimum à disposer doriginaux incontestables des textes évangéliques de lépoque de Constantin, ce qui nest pas le cas car ceux dont lEglise prétend disposer nont jamais été authentifiés par des experts indépendants. LEglise a du se livrer à une traque impitoyable de tous les écrits qui nétaient plus conformes à lévolution de sa doctrine de la même manière que, plus tard, le Politburo fera effacer des photographies officielles les visages des dirigeants tombés en disgrâce ! La disparition de tous les documents des premiers temps du christianisme est en tout cas bien commode pour entretenir le mystère. Une voûte élancée peut paraître miraculeuse une fois démontés les échafaudages et les cintres utilisés pour sa construction. Quelle serait lhistoire du fascisme si les historiens navaient à leur disposition que les écrits décrivains fascistes remaniés à loisir durant des centaines dannées par dautres fascistes, en dehors de tout contrôle et de tout enregistrement fiable ? Ce serait celle dun mouvement persécuté, uniquement préoccupé du bien commun, très loin de sa réalité mafieuse. Cest un phénomène comparable qui se passe avec lEglise qui ne livre aucun accès aux documents historiques, mais uniquement à ce quelle veut que lon en pense. Il serait particulièrement instructif de dater au carbone 14 les plus anciens documents et les plus anciennes reliques détenus par les chrétiens, quils se trouvent à Rome, à Constantinople, à Alexandrie ou ailleurs. Lexamen devrait porter à la fois sur le support et sur les encres utilisées. Le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Codex_Vaticanus" Codex Vaticanus et le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Codex_Sina%C3%AFticus" Codex Sinaïticus, reconnus par lEglise comme les plus anciens exemplaires conservés de lAncien et du Nouveau Testament sont particulièrement concernés puisquils sont supposés avoir été fabriqués pendant le règne de lempereur Constantin. Il est frappant de constater que lEglise ne sy réfère pas spontanément. Cest pour lEglise un devoir moral de faire procéder à leur examen de façon objective et contradictoire. Un document oublié pendant deux mille ans et non altéré intentionnellement est un document historique. Un document remanié cent fois à lintérieur dune structure opaque ne peut se parer de ce titre. LEglise garantit lauthenticité des textes sacrés quelle propose à ses fidèles et revendique une filiation ininterrompue avec le Christ. Quelle en fasse la démonstration ! Elle jure que la tradition quelle perpétue est de bon aloi. Quelle le prouve ! Des assertions extraordinaires exigent des preuves extraordinaires! Lépoque à laquelle les faits sont censés sêtre déroulés appartient sans conteste à lhistoire, pas à la préhistoire ni à la mythologie ! Quand on rapporte des faits à priori extravagants, cest bien le moins que davoir de solides éléments de preuve et il est très naturel dêtre soupçonneux quand on essaie de vous vendre une histoire invraisemblable selon les critères habituels. Cette méfiance est tout particulièrement justifiée connaissant la longue et étroite connivence qui a existé entre lEglise et le pouvoir politique. Il est peu probable que les prélats catholiques, douchés par lhistoire du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Suaire"Saint Suaire de Turin, cherchent à répondre à ces interrogations pourtant légitimes. Il faut en effet se rappeler quil existe en divers lieux une dizaine au moins dautres saints suaires destinés à attirer largent des pèlerins et que les essais de datation au carbone 14 effectués sur celui de Turin ont tous indiqué quil avait été fabriqué vers lan 1300. Jémets lhypothèse assez vraisemblable que la fameuse image a été obtenue par une méthode voisine de celle utilisée par HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Klein" Yves Klein qui faisait se rouler sur ses toiles des femmes dénudées enduites de peinture. Le temps qui passe fait pâlir les pigments
La sueur ou dautres substances partiellement volatiles ont pu également jouer un rôle. Les parties saillantes laissent une trace sombre sur la toile. Sur le négatif de la photo en noir et blanc quon peut en prendre les parties saillantes apparaissent plus claires et les parties en creux plus foncées, ce qui donne lillusion de voir des formes véritables, celles dun visage par exemple ou celles de mains chastement croisées sur le sexe. Il ne serait pas surprenant que ces formes aient appartenu à quelque comédien qui, doté dun physique avantageux, jouait de façon réaliste et convaincante le personnage principal dans la passion du Christ, drame représenté régulièrement sur le parvis des cathédrales. Tout ceci ressemble assez à un canular monté par des étudiants en médecine un soir de bamboche. Quelle que soit la véritable histoire de cette pièce détoffe, ce quil faut retenir cest quelle ne saurait en aucun cas avoir lorigine qui lui a été généreusement prêtée. Fort sagement lEglise refuse dailleurs tout nouvel examen. Pourquoi ne pas avoir recherché lADN du Christ à partir des tâches de sang qui maculeraient parait-il létoffe ? Avouez quil y a tout de même de quoi se boyauter en voyant les hommages qui ont été rendus par les plus hautes autorités de lEglise à une fausse image tracée sur un faux linceul ayant faussement enveloppé le faux cadavre dun personnage qui na probablement jamais existé !
Au bout dune allée de faux buis, On apercevait un faux puitsDu fond duquel la véritéNavait jamais dû remonter.
(Georges Brassens, Histoire de Faussaire)
Les prélats les plus avisés doivent bien ressentir plus ou moins confusément que leur histoire est assez largement bidonnée, et les autres considèreront comme sacrilège de procéder ne fut-ce quà lombre dune vérification. A son plus haut niveau la préoccupation de lEglise nest pas la vérité historique mais la survie. Il ne faut donc pas sattendre à ce quelle donne à ses adversaires un bâton pour se faire battre. Un bon dogme cest dabord pour elle un dogme que lon peut commercialiser parce quil répond à un besoin des fidèles. Lhonnêteté nest ni une vertu cardinale ni une vertu théologale. Au contraire il est permis et même recommandé aux yeux de lEglise de déguiser la vérité si cest en faveur de la cause. Pour les représentants de lEglise comme pour la plupart des gens, ce qui est vrai est dabord ce qui est profitable. Comme dit Sosie, le valet de lAmphitryon de Molière, « Le véritable Amphitryon est lAmphitryon où lon dîne »
Il ny a guère de contestation parmi les spécialistes des Ecritures sur le fait que les textes canoniques ont été maintes fois modifiés. Les contestations portent seulement sur lampleur de la fraude. Protégés par la puissance impériale les fraudeurs ont pu se donner libre cours. Par les méthodes habituelles de la recherche historique lobservateur de bonne foi tend à restituer une histoire très différente de la tradition perpétuée par lEglise. Ceci est vrai pour lancien comme pour le nouveau testament. Il manque néanmoins de nombreuses pièces authentiques au puzzle, que celles-ci aient été altérées, déformées, remaniées, remodelées, réactualisées selon les nécessités du moment ou bien détruites par le temps, par les ennemis de lEglise ou par lEglise elle-même. Des livres et des chapitres entiers des évangiles ont été considérés comme canoniques puis écartés, certains faisant plusieurs allers et retours. Les critères utilisés pour la sélection des textes canoniques nont jamais été divulgués. Les fragments conservés les plus anciens datent au plus tôt du 4ème siècle. De quelle époque date lantijudaïsme présent dans des textes considérés aujourdhui comme authentiques alors quà lorigine ils étaient censés sadresser à une clientèle principalement Juive ? Si les textes originaux ont disparu lexplication la plus plausible est quils ont été détruits pour pouvoir les remplacer par dautres. Toute reconstruction dans ce domaine comporte donc une part darbitraire. Convenez cependant quun homme politique prêt à tout pour asseoir et étendre son pouvoir est un spectacle familier pour tous ceux qui ont pu voir à luvre encore récemment les grands fauves de la politique, plus familier en tout cas quun seul dieu en trois personnes, et tout porte à croire que lhomme dil y a deux mille ans nétait pas très différent de celui daujourdhui, ce qui constitue un fil conducteur relativement fiable. Deux explications au choix : appliquez la règle proposée par HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d'Ockham"Occam, choisissez la plus simple, cest la plus plausible ! Deux pneus au choix prenez le plus gros, recommandait le bonhomme Michelin de mon enfance, cest le plus sûr.
Si vous ne croyez pas aux miracles, sil vous paraît impossible, comme à la plupart des experts, que des apôtres putatifs soient les véritables auteurs des évangiles, ce qui démontre dés lorigine lintention de falsifier, si vous considérez que la doctrine chrétienne constitue une synthèse un peu trop adroite, que le jugement et lexécution de Jésus ne correspondent pas aux usages connus de la justice romaine en territoire occupé ou si vous relevez que la phrase « il faut rendre à César ce qui appartient à César » fait du Christ un « collabo » improbable de loccupant romain mais constitue quelques siècles plus tard un acte dallégeance à lEmpereur, si vous ne comprenez pas pourquoi il a fallu payer un indic pour identifier un homme qui prêchait fréquemment et publiquement à Jérusalem devant une foule nombreuse, sil vous semble invraisemblable quun homme populaire et charismatique, doté de dons exceptionnels et nullement en conflit avec les autorités romaines ait été exécuté sous couvert de ces mêmes autorités sans que personne sen émeuve, vous en conclurez que ces textes doivent être considérés comme des documents de propagande, non comme des documents historiques, et vous ne pourrez quétendre vos soupçons à tous les faits qui y sont rapportés. Catholiques, protestants et orthodoxes ne sont même pas daccord entre eux sur la liste des textes qui font partie des « saintes écritures » lesquelles comportent par ailleurs des contradictions ou des erreurs historiques. Quand au cours dune enquête un policier constate des incohérences dans les témoignages recueillis sa réaction immédiate est de mettre en doute la totalité de lhistoire quon cherche à lui faire avaler. Une falsification ingénieuse sest imposée en devenant mensonge dEtat. Elle a été ensuite reprise par les « historiens », les artistes et les intellectuels de toutes spécialités. Elle est désormais gravée dans le marbre. Ne cherchez pas à vous faire une opinion objective en consultant les diverses encyclopédies. Le conformisme régnant fait quelles prennent pour argent comptant les livres sacrés du christianisme. Elles confondent sciemment document historique et ouvrage de propagande. Que pèsent les efforts dispersés dune poignée de rationalistes épris de vérité en face des énormes machines de guerre médiatiques entretenues par des religions qui pilonnent inlassablement le même message depuis des millénaires? Il faut en effet de gros moyens financiers et des avocats au top pour défendre un aussi mauvais dossier. Le bon peuple et les arrivistes se rangent derrière ceux qui crient le plus fort. La caractéristique la plus fondamentale dune dictature telle que le régime impérial romain est quelle traite la vérité par l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Fasciste" huile de ricin quand elle débute et par le plomb quand elle est bien installée. On ne peut dans ces conditions quessayer dimaginer ce qui sest réellement passé en utilisant des critères de vraisemblance. Or un homme politique se détermine avant tout pour des raisons politiques et la première de celles-ci est la conquête et la conservation du pouvoir. Il ne faut pas dailleurs sen offusquer car le meilleur des chefs détat potentiels, sil nest né roi, ne vaut rien sil est incapable de simposer. Cest ainsi quil est permis de voir une certaine similitude entre un Constantin qui conforte son pouvoir en sappuyant sur le peuple des chrétiens, seule force organisée en dehors de létat lui-même, contre les patriciens tenants de la religion traditionnelle, et un HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Mao_Ts%C3%A9_Toung" Mao Tsé Toung qui lance la révolution culturelle pour reprendre la main après léchec du « Grand Bond En Avant »
Les chrétiens auraient été en quelque sorte les gardes rouges chargés de rassembler les citoyens favorables à lEmpereur et de faire taire les opposants. Les évangiles auraient été leur petit livre rouge. A cela sajoutait certainement le sentiment répandu dans le peuple que ladoration à Rome de tous les dieux de lempire devenait gênante, que la société romaine, du fait de limpunité que donne la surpuissance, était allée beaucoup trop loin dans le sens de la permissivité, de la cruauté et du cynisme et quune forme ou une autre de réarmement moral était devenue nécessaire. Constantin, proche du peuple, comprenait certainement ce sentiment même sil y a fait personnellement nombre dentorses, éliminant physiquement tous ses adversaires, faisant exécuter son beau-père et son neveu, assassiner sa propre femme et torturer à mort son propre fils
en toute charité chrétienne bien entendu. Ce jeu de massacre familial se poursuivra et saggravera encore à la génération suivante. Le choix historique de Constantin est le résultat dun calcul politique. Il a constaté que la religion romaine traditionnelle nétait plus prise suffisamment au sérieux par beaucoup de citoyens. Or une religion crédible promettant des jours meilleurs est nécessaire pour faire patienter les classes déshéritées. Si ces classes sont séduites par une religion nouvelle correspondant à ce besoin, le pouvoir a intérêt à la soutenir, et si elle porte dindiscutables valeurs morales, cest encore mieux.
Est-ce à la relative bénignité de leur religion que lon doit, après bien des péripéties, lactuelle prédominance des chrétiens ? Il ne le semble pas dans la mesure où dautres religions tout aussi lénifiantes comme le bouddhisme nont pas abouti au même résultat. Le christianisme sest répandu sur la terre en tant que religion détat grâce à la force des armes. Profitant plus tard de leffondrement de lempire romain, la religion islamique née de la prise de conscience de sa force par le monde arabe se répandra par les mêmes moyens sur tout le pourtour méditerranéen à lexception notable des rivages de France, dItalie et, pour un temps, des Balkans. Elle ne sera arrêtée que par quelques batailles décisives. Si ces batailles avaient été perdues (on sait que leur sort ne tient souvent quà un fil) les occidentaux feraient tous avec ponctualité, tournés vers La Mecque, leurs cinq prières quotidiennes ; sinon tous, au moins tous ceux qui seraient désireux de faire carrière.
A la mort de Constantin en 337, les chrétiens étaient suffisamment bien établis dans les rouages du pouvoir pour quil soit devenu plus difficile de réussir dans ladministration impériale sans être des leurs. La qualité de leur lobbying et la supériorité de leur organisation les avaient propulsés et maintenus au premier plan. Le cri de révolte des esclaves était devenu le cri de ralliement des maîtres. Existe-t-il meilleur exemple de récupération ? La religion qui permet denrégimenter et de formater les esprits est un enjeu politique majeur, au point quelle peut être parfois suscitée ou promue par le pouvoir à des fins purement personnelles. Cest le cas de léglise catholique, mais aussi celui de nombreuses églises protestantes. Les princes allemands et scandinaves ont encouragé la religion réformée pour échapper à lemprise du Vatican et faire main basse sur les biens de lEglise. Le roi dAngleterre a fondé léglise anglicane pour pouvoir épouser et répudier à sa guise. Les souverains français ont connu les mêmes tentations lorsquils ont installé la papauté en HYPERLINK "http://www.horizon-provence.com/papes-avignon/index.htm" Avignon. Les luttes sanglantes entre ces différentes religions damour nées de la même souche montrent bien que les véritables enjeux ne sont pas théologiques mais politiques. Les religions nont jamais été de longs fleuves tranquilles. La religion catholique a été longtemps un fleuve tumultueux avant de sapaiser à proximité de son embouchure. Une religion bien établie dispose de moyens de pression suffisants pour imposer sa doctrine à la quasi-totalité de la population. Une secte est inévitablement éliminée là où la religion en place est hégémonique. Là où ce nest pas le cas, une secte peut imposer ses bizarreries à une fraction de la population, celle qui, pour une raison ou pour une autre, se trouve en situation de faiblesse. Comme on le dit à juste titre, une religion est une secte qui a réussi. Comment peut-elle réussir sinon en salliant avec le pouvoir politique pour éliminer la concurrence ? Cest ainsi quune querelle théologique est tranchée par lautorité politique. Imaginez que la validité dune théorie scientifique soit décidée en fonction de la plus ou moins grande proximité de son auteur avec le ministre de la recherche
Un corollaire de ce principe voudrait quune religion qui perd durablement ce lien organique avec le pouvoir soit rétrogradée au rang de secte et perde progressivement de son influence
Dans la pratique la force de lhabitude fait quon lui conserve le nom de religion mais son influence est de beaucoup réduite. Dans un HYPERLINK "http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/eglise-etat/sommaire.asp" état laïc la loi ne devrait dailleurs établir aucune distinction entre sectes et religions car il ny a entre elles aucune différence de nature. Une religion est une secte qui est parvenue à établir une forme ou une autre de connivence avec lautorité politique en devenant garante de lordre établi. Il ny a de religion au plein sens du terme quune religion dEtat. Dans un état laïque qui nen reconnaît aucune il ny a plus de religions mais uniquement des sectes, plus ou moins puissantes, plus ou moins prospères, plus ou moins influentes. La religion catholique est redevenue une secte en France depuis la loi de 1905 sauf en Alsace et en Lorraine, régions où elle bénéficie dun HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_local_en_Alsace_et_en_Moselle" \l "La_religion" statut particulier pour des raisons historiques. Lorientation politique conservatrice de ces régions est le reflet de leur statut religieux. Toute association cultuelle qui ne se distingue pas par des pratiques condamnables devrait jouir des mêmes droits auprès dun pouvoir laïc. La puissance publique devrait par contre refuser daccorder un quelconque statut aux associations cultuelles qui rejettent tout ou partie des lois civiles ou qui nacceptent pas comme partie intégrante de leur doctrine les droits de lhomme
et ceux de la femme. Le mot même de religion doit rester banni des textes et des discours officiels. Le culte est public. Il ne peut être ignoré des autorités responsables de la sécurité et du maintien de lordre. La religion est dordre privé. Cest la grille que chacun, croyant ou non, porte en lui-même pour interpréter les évènements auxquels il est confronté. Dans cette acception, lathéisme est une religion. La loi doit sanctionner tous les comportements déviants, quils soient le fait de sectes débutantes ou de sectes ayant triomphé depuis longtemps. On peut dailleurs se demander si Trappistes et Carmélites ne sont pas les victimes consentantes de comportements sectaires. Ont-elles même toujours été consentantes ? Lendoctrinement des enfants dés leur plus jeune âge, à labri de toute réflexion critique, nest-t-il pas constitutif dun délit de sectarisme ? Nest-ce pas également le cas de linvitation faite à des jeunes gens et des jeunes filles de prononcer des vux supposés éternels de pauvreté, dobéissance et de chasteté, parfois de mutisme, cest à dire labandon de leurs biens à la communauté, labandon de leur droit imprescriptible de procréer, labandon de leur autonomie de décision et dexpression ? Nest-ce pas encore le cas de lobligation sacramentelle faite aux fidèles de procéder régulièrement à leur autocritique devant un représentant de lautorité ecclésiastique, ou de linvitation pressante dabandonner si nécessaire père et mère au profit de la Cause ? Linterdiction de toute relation sexuelle aux prêtres et aux religieux sous peine de licenciement nest-elle pas constitutive dun comportement sectaire qui nuit gravement aux droits de lhomme ? Que dire aussi de la fatwa prononcée par lEglise à légard de tous ceux qui ne lui font pas allégeance (hors lEglise, point de salut) ou du choix comme signe de reconnaissance de la croix, un instrument de supplice ? Pourquoi pas une potence, une chaise électrique ou une guillotine ? Une association cultuelle qui arriverait sur le marché avec un tel programme serait immédiatement classée dans la liste des sectes les plus dangereuses ! Une loi contre les sectes a été bloquée in extremis au parlement par une autre loi. Parce que quelquun sétait sans doute aperçu quune telle loi sappliquerait aussi bien à lEglise Catholique ! Lautorité qui exigerait la disparition de ces divers anachronismes rendrait à cette église un signalé service. Quand on fait violence à la nature elle se rebiffe. Si ses prêtres étaient autorisés à se marier et sils étaient traités plus généreusement, Dieu en appellerait certainement à Lui un beaucoup plus grand nombre ! Sil est impossible de donner cette autorisation pour des raisons financières quon ferme les yeux sur leurs incartades tant quelles nenfreignent pas les lois civiles ! Les religions protestantes, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_orthodoxe" orthodoxes, juives et musulmanes ou les religions orientales sont également sectaires, mais à un degré moindre semble-t-il. La religion musulmane a été fondée par un homme qui, à la différence de Constantin, ne disposait pas des pleins pouvoirs. Cet homme a donc été présenté comme prophète envoyé par dieu, non comme dieu lui-même. Aussi les musulmans ont-ils été très longtemps plus tolérants que les chrétiens. Les églises orthodoxes sont organisées de façon relativement démocratique et nont pas grand chose à se reprocher sur le plan moral. Léglise catholique, de par son origine, son organisation et sa doctrine, a une vocation oppressive et dictatoriale, comme elle la abondamment et continûment démontré au cours de lHistoire. Tout pouvoir absolu a besoin de la caution dune religion et toute religion a besoin du bras séculier dun pouvoir absolu. Sauf dans un nombre limité de pays le catholicisme nest plus une religion au sens strict. La religion de la plupart des pays occidentaux cest le rationalisme des Lumières, cest lhumanisme, ce sera bientôt lécologie. Dans ces pays, lopinion majoritaire des législateurs nhésite pas à aller contre lavis de lEglise. Dans les pays arabes, lIslam est encore une religion où le seul contrepoids réside dans lopinion internationale. Au nom de la vérité absolue quelles revendiquent les religions peuvent tolérer la barbarie. « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cathares" Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».
Le concile de Nicée a été suivi dune période de cafouillage pendant laquelle les disciples dArius sont provisoirement rentrés en grâce. Cétait probablement un geste dapaisement vis-à-vis des citoyens romains qui commençaient à trouver encombrant le culte de la personnalité institué par Constantin. Après la parenthèse de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_(empereur_romain)"Julien dit lApostat qui sest refermée à la mort de cet empereur en lan 363, il faudra à peine plus dun siècle pour que lempire romain soit complètement démembré. Cest bien ce que Celse avait pronostiqué deux siècles plus tôt, mettant déjà en cause les chrétiens. Julien était un neveu de lempereur Constantin. Avec son demi-frère Gallus il avait survécu par miracle au massacre de la plus grande partie de la famille impériale perpétré par les fils de Constantin soucieux déliminer des rivaux potentiels. Un de ces fils, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Constance_II" Constance, élimina ses deux autres frères et maintint les deux neveux sous une étroite surveillance aussi longtemps quil le put. Pressé par les circonstances, par la vieillesse, par labsence de descendant direct et par les coupes claires pratiquées jadis dans la famille impériale, Constance fut obligé de réintroduire Gallus et Julien dans le jeu. Gallus fut nommé César mais, faute de donner satisfaction dans cette fonction, il fut à son tour exécuté. Telles étaient les murs pis que fascistes et pis que mafieuses de la famille fondatrice du christianisme. Julien que son penchant pour létude des grands auteurs grecs et latins avait protégé jusque là fut nommé César à son tour. Contre toute attente cet intellectuel fit merveille dans ce nouveau rôle, reprenant la Gaule en main, sécurisant les frontières de lest et se révélant un administrateur compétent. Pour rester cependant fidèle à la tradition familiale dusurpation Julien se fit nommer Auguste et donc rival de Constance. Aussi, avec son armée de gaulois et de danubiens, il se mit en marche vers Constantinople où résidait lEmpereur pour le défier. Constance rattrapé par la maladie nétait pas en état de livrer bataille. Avant de mourir, soucieux du bien de lEtat et jugeant sans doute que bon sang ne saurait mentir Constance reconnut Julien comme seul héritier puis se fit baptiser dans le but de se laver de ses péchés. Constance était arien et non nicéen.
Julien formellement élevé dans cette version de la religion chrétienne, se montra toutefois plus sensible aux doctrines philosophiques enseignées par ses maîtres et dune manière générale à la culture traditionnelle dont faisait partie la religion polythéiste et ses mystères auxquels il se fit initier. Il recommença dés quil le put à sacrifier aux dieux du panthéon gréco-romain. Sans opprimer les chrétiens, mais profitant de son statut dempereur à part entière, il redonna la primauté à la religion traditionnelle, considérant que la religion chrétienne nétait quune adroite escroquerie, à preuve son essai. « Contre les galiléens », cest à dire contre ceux que nous appelons aujourdhui chrétiens et contre la religion juive dont ils sinspiraient. Le choix du terme galiléen tend à montrer quil faisait encore la distinction entre les travailleurs syndiqués disciples de Chrestus et les adorateurs de Jésus le galiléen. Voici comment débute cet ouvrage :
« Il ma paru à propos dexposer à la vue de tout le monde, les raisons que jai eues de me persuader que la Secte des Galiléens nest quune fourberie purement humaine et malicieusement inventée qui, nayant rien de divin, est pourtant venue à bout de séduire les esprits faibles et dabuser de laffection que les hommes ont pour les fables en donnant une couleur de vérité et de persuasion à des fictions prodigieuses ».
Pétri de dons, dune honnête intellectuelle au dessus de tout soupçon, éduqué de la meilleure façon possible, estimé de tous, physiquement et moralement courageux, adoré de ses soldats, celui que certains appellent plus justement « HYPERLINK "http://www.theosophy-nw.org/theosnw/world/med/me-mclk.htm" Julien le philosophe », avait donc été proclamé César en Gaule puis Empereur à Rome. En tant que tel, il bénéficiait certainement des meilleurs renseignements disponibles à son époque, laquelle était encore relativement proche de celle des faits miraculeux allégués par les chrétiens, sans accident intermédiaire notable tel quinvasion ou révolution. Il était particulièrement bien placé pour apprécier à leur juste valeur les manuvres politiques de ses prédécesseurs à la tête de lEtat puisque cétaient pour lui de proches parents. Il en a été probablement scandalisé. On peut être certain que son appréciation du phénomène chrétien avait pour lui la couleur de lévidence. Il eut été infiniment plus facile pour lui de rester fidèle à la religion chrétienne, la religion de son enfance, une religion promue par sa famille impériale au rang de religion détat, un état quil était appelé à gouverner. Tout autre choix soulèverait inévitablement dimmenses problèmes. Pour sécuriser les frontières orientales de son Empire il entreprit une campagne contre le roi des Perses. Mal préparée cette campagne senlisa. Julien est soi-disant mort au cours dun accrochage. Dans le cas dun commandant en chef habile et expérimenté, à la tête des meilleures troupes, cest un fait rarissime. Les circonstances exactes de la mort dun empereur devraient être parfaitement connues. Or, les chroniqueurs de lépoque rapportent quon ne sut jamais doù étai parti le javelot qui le tua. HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bv.doc" \o "Celui qui l'a fait est celui qui en profite" Fecit qui prodest ? On sait bien par ailleurs quil ny a jamais pénurie de chiens enragés pour assassiner les hommes de bonne volonté comme létait Julien. Lhistoire fourmille dexemples de cette nature. Après cela, bien entendu, les chrétiens ont fait en sorte quun des leurs soit nommé empereur et ils ont conduit lempire jusquà la catastrophe finale. Que serait-il advenu de lEmpire supposé jusque là éternel et du christianisme encore minoritaire et fragile si ce javelot avait raté sa cible ?
Quelle a pu être la pensée intime du citoyen ordinaire à qui on a demandé de changer trois fois de religion en quelques décennies sinon quil sagissait dune vaste fumisterie ? Cette pensée, il fut bien obligé de la garder par devers lui pour éviter les pires ennuis. La France ne sest non plus jamais vraiment remise de la révocation de l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dit_de_Nantes" Edit de Nantes, alors que le hiatus entre deux versions du christianisme est tout de même moins grand quentre christianisme et paganisme. Lostracisme exercé à lencontre des protestants qui nont pu conserver la religion selon leur cur explique peut-être la relative déchristianisation de ce pays. Il est assez paradoxal par parenthèse que les deux figures les plus connues de lhistoire de France, Louis XIV et Napoléon soient probablement celles qui ont causé le plus de tort à leur patrie. Lun, par la révocation, força les meilleurs à lexil, épuisa son peuple par les guerres et les grands travaux et institua un absolutisme rétrograde, taillé à ses seules mesures, et donc générateur de désordres futurs. Certains diront quil y a eu des compensations dans le domaine artistique mais, sous les ors et les frondaisons de son Palais de Versailles où on entassait les nobles comme dans une cité HLM de luxe, on voit trop la marque de la règle, de léquerre et du compas. On est bien loin de limagination foisonnante des cathédrales ou de lélégante fantaisie des châteaux des bords de Loire. Aucun musicien français de cette période na atteint au sublime, ce qui montre que la musique refuse les chaînes, mêmes dorées. De son côté Napoléon a dévoyé la révolution, illustré le népotisme jusquà la caricature. Il a rétabli dans les colonies françaises un esclavage qui avait été aboli quelques années auparavant. Il a remis en selle la religion catholique pour gagner son appui ouvrant ainsi la voie à la restauration dun nouvel ordre moral. Il a finalement laissé la France dévastée, exsangue et honnie et les nations européennes engagées dans la voie mortifère du nationalisme. Nous ressentons encore durement dans notre potentiel génétique limpact de ces saignées successives auxquelles est venue sajouter celle de la première guerre mondiale. Tous ces évènements catastrophiques ont fait que la nation européenne de loin la plus puissante par ses richesses naturelles et sa population, au lieu de participer activement au peuplement du continent américain, est devenue une puissance moyenne et sous-peuplée, tant il est vrai que les ego surdimensionnés sont les précurseurs de toutes les catastrophes, publiques et privées. Albion, jouant à chat perché sur son île et dressant les européens les uns contre les autres pour garder les mains libres ailleurs, a largement profité de cette situation. Une France forte naurait pas été attaquée trois fois de suite en moins dun siècle par son voisin allemand ce qui aurait peut-être évité deux guerres mondiales. Refermons cette parenthèse pour relever que lEglise fut amenée à répéter avec les rois barbares vainqueurs la manuvre qui avait si bien réussi avec lEmpereur de Rome et proposa son appui. Cet appui fut accepté, car si « Paris vaut bien une messe » comme le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_IV_de_France"bon roi Henri le dirait plus tard, Rome également justifie quelques sacrifices. Eternelle alliance du sabre et du goupillon ! Plus tard les chrétiens deviendront commissaires politiques chargés du renseignement et de la police des esprits et des murs. Ils utiliseront les méthodes habituelles des régimes totalitaires, brûlant les bibliothèques, éliminant avec diligence tout écrit gênant et toute opinion dissidente, ruinant, pourchassant et assassinant tous ceux qui refusaient de se soumettre. Dés lorigine, les vertus chrétiennes ont été réservées aux faibles et aux pauvres laissant les riches et les puissants libres comme toujours de défendre par tous moyens à leur disposition leurs intérêts et leurs passions. Les chrétiens navaient même pas à tenir compte dans leurs agissements dune opinion publique quils avaient muselée ni dune opinion internationale inexistante à lépoque. Malgré cela lestablishment romain, nostalgique de lordre ancien et de ses vertus, et le monde rural traînèrent les pieds et restèrent encore longtemps fidèles aux divinités traditionnelles, aux dieux de lOlympe. Les citoyens de lempire, déboussolés et rétifs à légard de cette religion imposée den haut et divisés comme les Français en 1940, perdirent confiance dans les institutions et neurent plus la volonté de les défendre contre les invasions barbares. Il semble que lempire romain aurait pu compléter assez facilement les défenses naturelles que constituaient pour lui le Rhin, larc alpin, le Danube, la Mer Noire, le Caucase, les vallées du Tigre ou de lEuphrate et le Sahara. La « Grande Muraille » qui aurait pu protéger efficacement lempire en complément de ces défenses naturelles sest limitée aux cent kilomètres du mur d HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_d'Hadrien" Hadrien et à quelques forteresses le long des frontières. Ces défenses étaient jugées si peu fiables quon construisit le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_d%27Aur%C3%A9lien" mur Aurélien au plus près de Rome pour protéger la ville des invasions barbares. Les empereurs et leurs conseillers regardaient vers le ciel au lieu de regarder vers lEst ! Il est étrange, comme a dit Bertrand Russel, que les derniers intellectuels distingués davant lâge des ténèbres ont été concernés, non par le sauvetage de la civilisation, le refoulement des barbares ou la lutte contre les abus de ladministration, mais par la valeur de la virginité ou la damnation des enfants non baptisés ». Ce genre daveuglement vis-à-vis des dangers véritables est encore dactualité, comme nous lavons vu et comme nous aurons loccasion selon toute probabilité de le vérifier bientôt. Les religions masquent les vrais problèmes. Il faut dire quelles sont dabord faites pour ça ! La chute de lempire romain peut être sans parti pris imputée à limpéritie des chrétiens entourant lempereur. Les « barbares » étaient depuis toujours et sans dommage irrémédiable aux portes de lempire jusquà ce que les chrétiens semparent du pouvoir. Certains français parmi les plus pieux comptaient sur la barbarie nazie pour remettre de « lordre » dans leur pays et effacer les traces du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_populaire_(France)" Front Populaire. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Paganisme" Païen et paysan sont deux termes qui ont même étymologie. Les chrétiens traitaient donc leurs adversaires de bouseux ! Il semble que linfluence du christianisme dans lantiquité tardive ait été fortement exagérée. Cest ainsi quon ne trouve aucun objet, aucune iconographie, aucune inscription à caractère chrétien, ni dans les espaces publics ni dans les espaces privés de lantique et riche cité de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sagalassos" Sagalassos, de la province romaine de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Lycie" \o "Lycie" Lycie-et- HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Pamphylie" \o "Pamphylie" Pamphylie située dans lactuelle Turquie et relativement proche du berceau supposé du christianisme. Cette cité a été ruinée par un séisme majeur au début du 7ème siècle et recouverte par les gravats et la poussière des siècles ce qui a préservé la virginité du site jusquaux fouilles menées récemment. Ces fouilles montrent que laspect de cette cité était en tout point identique à celui dune cité antique et que les dieux dits païens représentés par de nombreuses statues étaient toujours honorés. Néanmoins, daprès la taille des monuments, le culte impérial occupait la première place. Seule une petite église construite en marge de la cité pourrait être considérée comme ayant été consacrée à la religion chrétienne. La conversion massive des populations au catholicisme ninterviendra pas en Europe occidentale avant le haut Moyen-Âge à la suite de pressions mêlant propagande, menaces et sévices. Parmi les moyens utilisés citons laction des propriétaires terriens quon chargea de persuader leur personnel dadhérer à la nouvelle croyance, les homélies des clercs, la christianisation des sanctuaires païens, lannexion des lieux sacrés tels que les sources quon plaça sous le patronage dun saint local, ou lexploitation de prétendus miracles. Il exista même des moines soldats agissant en bande organisée pour faire régner la terreur dans les campagnes mal pensantes. Le christianisme était le dernier vestige dune civilisation gréco-romaine ruinée par les invasions, doù son statut privilégié. Faut-il encore remarquer que cette conversion ne sera jamais totale. Des ilots de pratiques païennes demeureront au fond des campagnes françaises jusquà nos jours et le fonds du tempérament national restera joyeux, raillard et paillard.
Il sest ensuivi des siècles dapparent obscurantisme où la créativité sest réfugiée dans le perfectionnement empirique des techniques. Il suffit de comparer la pénombre dun temple gréco-romain, jeu de construction assez simple même sil peut être extrêmement précis, élégant et subtil, et la luminosité dune HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Architecture_gothique" cathédrale gothique, prodige daudace, de légèreté, déquilibre et de robustesse, pour prendre la mesure des progrès accomplis. Les procédés utilisés par les architectes qui ont osé se lancer dans de telles constructions ont été tenus secrets. Lampleur et la hardiesse de ces édifices construits avec des moyens techniques tellement limités permettent de mesurer la puissance pharaonique dont lEglise a pu bénéficier à cette époque. Quelquun dun peu sensible qui pénètre dans une cathédrale éprouve un sentiment de honte en voyant ce qui se construit actuellement, ce qui est au fond assez injuste car certains ouvrages contemporains méritent de défier les siècles. Au cours de lantiquité le flambeau de la connaissance était passé des mains des prêtres à celles des philosophes, puis de celles des philosophes à celles des savants. Il a fait le chemin inverse au Moyen-Âge, du moins en terre chrétienne. Le prodige de la renaissance italienne vient de la rencontre de lesprit scientifique né sur la côte occidentale de lactuelle Turquie, et par bonheur redécouvert, avec la technologie élaborée par des générations de cultivateurs, déleveurs, de vignerons et dartisans des métiers de bouche dont le savoir-faire continue de nous nourrir, de constructeurs de navires, de travailleurs du métal, du bois, des textiles ou du cuir, darchitectes civils et militaires, de maçons, de charpentiers, de forgerons, de charrons, de potiers, de papetiers, de verriers, de distillateurs, dapothicaires, dherboristes, de minotiers, de fontainiers, de mineurs, darmuriers, de facteurs dinstruments de musique, de teinturiers, dhorlogers, dorfèvres, dopticiens, dimprimeurs, de médecins, de chirurgiens, dastrologues et dalchimistes. Cest HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=peut" peut- HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=etre" être HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=chez" chez les HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=artisans" artisans quil HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=faut" faut HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=aller" aller HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=chercher" chercher les HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=preuves" preuves les plus HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=admirables" admirables de la HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=sagacite" sagacité de l HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=esprit" esprit, de sa HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=patience" patience et de ses HYPERLINK "http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=ressources" ressources (Diderot). Le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Franc-ma%C3%A7onnerie" franc-maçon a conquis sa liberté par lexcellence de son travail et il reste un modèle. Le savant grec navait guère que sa tête, Archimède étant lexception qui confirme la règle. Le Moyen-Âge a donné à ses continuateurs les outils nécessaires pour mettre leurs idées à lépreuve des faits et leur trouver des applications utiles. Il est à remarquer que progrès scientifiques et progrès musicaux sont allés de pair en Europe au cours de cette période. Il semble peu contestable que la musique occidentale lemporte de beaucoup sur celle des autres civilisations alors quon ne trouve pas du tout les mêmes écarts de niveau dans les autres arts. La musique étant le miroir de lâme il faudrait en conclure que la religion chrétienne fabrique de plus belles âmes que les autres religions. Serait-ce là le véritable legs des thérapeutes ? Cette supériorité de la musique occidentale est en train de sestomper comme si les domaines musicaux les plus fertiles, ceux de lharmonie, avaient été déjà exploités et quil ne reste plus aux créateurs daujourdhui que les terres plus arides des dissonances. Un haut niveau technologique de lartisanat ne suffit pas à lui seul à enclencher le mécanisme du développement. Lartisanat était au moins aussi perfectionné en Orient quen Occident à la fin du Moyen-Âge, sans que ceci provoque un phénomène comparable. Cest la conjonction des sciences et des techniques sépaulant mutuellement qui a créé le monde moderne. Cest pourquoi les procédés utilisés par les différents métiers figurent en bonne place dans la Grande Encyclopédie. Le retard pris par les musulmans est lié non pas aux performances de leur artisanat ni à leur religion, qui nest pas pire quune autre, ni à leur caractère, mais aux conditions climatiques chaudes et sèches qui règnent dans leurs pays. Les chrétiens habitent des régions tempérées, plus humides et plus froides. Or, personne na de goût à travailler quand il fait trop chaud. Quand il fait frisquet, cest un vrai plaisir que de cracher dans ses mains pour empoigner loutil. Le retard technologique pris par les civilisations chinoise et japonaise par rapport à la civilisation occidentale peut être attribué au pouvoir absolu de leurs empereurs qui aurait longtemps étouffé toutes les initiatives de progrès. La civilisation moderne née sous des climats méditerranéens ou subtropicaux sest épanouie au nord grâce aux vêtements et au chauffage. Elle se généralisera au sud grâce à la climatisation. Voyez ce qui se passe en Californie et en Floride ou à Dubaï et Abu Dhabi. Mais, même dans ces contrées archi-prospères où la religion a encore pignon su rue, la foi nest plus ce quelle était. Personne na proposé dy construire une église ou une mosquée de mille mètres de haut pour se rapprocher du ciel !
7. DIEU, QUELLE IDEE !
TC \l 1 « 7. LIDEE DE DIEU »La Maréchale. Et comment me montrerez-vous que les abus de la religion sont inséparables de la religion ?
Crudeli. Très aisément ; dites-moi, si un misanthrope sétait proposé de faire le malheur du genre humain, quaurait-il pu inventer de mieux que la croyance en un être incompréhensible sur lequel les hommes nauraient jamais pu sentendre, et auquel ils auraient attaché plus dimportance quà leur vie ? Or, est-il possible de séparer de la notion dune divinité lincompréhensibilité la plus profonde et limportance la plus grande ?
La Maréchale. Non.
Crudeli. Concluez donc.
La Maréchale. Je conclu que cest une idée qui nest pas sans conséquence dans la tête des fous.
Crudeli. Et ajoutez que les fous ont toujours été et seront toujours le plus grand nombre ; et que les plus dangereux sont ceux que la religion fait, et dont les perturbateurs de la société savent tirer bon parti dans loccasion.
Le philosophe des Lumières, anticipant sur le marxisme, insinue que lidée de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Dieu" Dieu serait utilisée parfois à des fins douteuses. Les exemples récents de cette dérive ne manquent hélas pas. Mais quen est-il de son existence même ? Pour la Maréchale, celle-ci ne fait bien entendu aucun doute. Pressez de cette question le philosophe qui se prétend HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ath%C3%A9isme" athée, il vous répondra, sil se lâche un peu, quil nen sait f
rien, et quil ne connaît aucun moyen de le savoir ! Ou bien, sil est dhumeur badine, il vous dira quil est athée, Dieu merci ! Existe-t-il un être qui ressemble de près ou de loin à ce que ce philosophe peut avoir en tête en prononçant le mot Dieu ? Cet être a-t-il des caractéristiques qui puissent sexprimer par des mots ? A-t-il même des caractéristiques ? Est-ce même un être ? Quest-ce que lêtre ? Dans un monde inaccessible à lexpérience, on peut impunément tout dire et son contraire selon les interlocuteurs et les circumincessions. A quelquun qui lui demandait sil croyait en Dieu, le plus illustre des physiciens répondait : « dites-moi dabord ce quil est et je vous dirai ensuite si jy crois » ! Lumière de lumière, dites-vous ? Soit, mais de quelle longueur donde ? Dans la mesure où ni les croyants ni les athées ne savent au juste de quoi ils parlent, la question de son existence mérite-t-elle même dêtre posée ? Cette entité indéfinissable peut-elle se raccrocher à la structure dexplications qui sest constituée dans lesprit du philosophe depuis sa petite enfance et peut-être même avant ? A-t-elle créé exclusivement pour lui et quelques autres terriens de la même espèce cet univers de cent milliards de galaxies contenant chacune cent milliards détoiles plus ou moins analogues à notre soleil ? Ce soleil que nos ancêtres ont divinisé nest lui-même quune étoile banale située dans un endroit quelconque dune galaxie sans originalité. Il est entouré de planètes, mais ceci non plus na rien dexceptionnel. Des découvertes récentes montrent que la plupart des étoiles ont leur cortège de planètes, certaines composées dhydrogène comme Jupiter ou Saturne, dautres composées de roches comme Mercure, Vénus, Mars ou la terre elle-même. Dailleurs les planètes sentourent également de satellites. Il semble quil y ait peu de chances pour que la collectivité humaine soit la seule ou même la première dune classe qui compte potentiellement des milliards de milliards délèves. Le destin de lunivers tout entier est-il celui dune fusée du 14 juillet qui sélance dans le ciel, brille de mille feux et retombe en cendres ? Ce qui sest passé avant le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Big_bang" big-bang est laffaire de Dieu, pas celle des hommes, affirmait Jean-Paul II. Circulez, y a rien à voir ! Cet univers isotrope nest pas infini, pense-t-on, sinon le ciel serait dune brillance uniformément aveuglante car le regard finirait bien par rencontrer une étoile (ce raisonnement nest valable que pour un univers statique). « Son centre est partout et sa circonférence nulle part », non parce quil est infini comme le pensait Pascal, mais parce que lespace est courbe et refermé sur lui-même, comme la surface dune sphère, mais en trois dimensions. Lespace ne peut être continu ont pensé des physiciens car certaines grandeurs comme lattraction universelle ou les forces électrostatiques pourraient devenir infinies si la distance entre deux points pouvait être rendue aussi proche de zéro que lon veut. On retrouve le même genre de difficulté lors du big-bang car la densité dénergie devrait être infinie au temps zéro. Le fait quà léchelle des constituants les plus élémentaires de la matière, toutes les grandeurs physiques soient quantifiées ajoute de la vraisemblance à cette vision des choses. Si le vide était le néant, linexistant, comment ses propriétés pourraient-elles être modifiées ? Comment pourrait-il être déformé, gauchi, par la présence de masses ? Pour vous représenter quelque peu comment tout ceci peut fonctionner, prenez un papier quadrillé ; faites que, par convention, chaque intersection ou nud du quadrillage corresponde au plus petit volume élémentaire possible de lespace. Posez que les segments joignant ces nuds correspondent aux faces de contact entre volumes élémentaires contigus. Les segments issus dun nud quelconque étant au nombre de 4 pour un papier quadrillé, les volumes élémentaires se trouvent être des tétraèdres que lon peut supposer réguliers. Si sur un autre dessin vous portiez à 6 le nombre des segments, le quadrillage devient un pavage de triangles équilatéraux juxtaposés et les volumes élémentaires deviennent des cubes. Imaginez maintenant que lun ou lautre de ces pavages soit dessiné non plus sur une feuille de papier mais sur la surface dune sphère, à la manière des pièces constituant lenveloppe dun ballon, et vous obtenez un monde fermé sur lui-même dans lequel aucun lieu ni aucun système de référence nest privilégié. Cette représentation nest pas une représentation spatiale mais explicite uniquement qui est en relation avec qui. Nous sommes en effet dans lincapacité de visualiser un espace autre queuclidien, cette image semblant pour ainsi dire pré câblée dans notre cerveau. Selon la représentation purement relationnelle que nous venons de décrire tout homme, où quil soit, peut considérer légitimement quil est au centre de lunivers. Cest dailleurs généralement ce quil fait. Einstein se plaisait à dire que, dans un tel monde un observateur, où quil se trouve et quelle que soit la direction vers laquelle il se tourne, pourrait voir limage de son dos
à condition davoir la vue suffisamment perçante et une bonne dose de patience. Aux dernières nouvelles, lunivers serait plutôt plat. Allez y comprendre quelque chose ! Lidée qui découle de ce type de représentation est néanmoins que les relations dun atome despace avec ses voisins constituent, plus que les représentations spatiales classiques, le fait le plus fondamental de la physique. Quand vous vous appuyez sur le sol avec un bâton, la pression exercée par votre main se communique de proche en proche jusquà lextrémité du bâton. En mécanique des solides, celle qui préside au fonctionnement de nos machines, les actions à distance nexistent pas sans éléments intermédiaires. Le champ électromagnétique qui agit sur les particules électrisées et les courants électriques est lui-même une donnée locale. En mécanique « céleste » lattraction newtonienne qui sexerce à distance a été remplacée par la déformation einsteinienne de lespace temps, donnée locale. Il en serait de même de toutes les autres grandeurs physiques pour les atomes despace juxtaposés, notamment en ce qui concerne les champs. Des considérations qui ne peuvent être développées ici conduisent à fixer une limite inférieure au volume de ces atomes despace, cest le volume de Planck. Ce volume est si petit quil y a cent mille milliards de fois plus de volumes de Planck dans un centimètre cube quil ny a de centimètres cubes dans lunivers visible tout entier ! Croyez-vous quun dieu personnel, un dieu dont lhomme serait limage, ait vraiment le temps de sintéresser au sort de chacun de ces atomes despace ? Il est bien obligé de leur accorder lindépendance ! Du point de vue scientifique lidée dun dieu se mêlant de tout est totalement incompréhensible.
Un atome despace contient certaines informations. Les quantités scalaires comme la masse ou lénergie sont affectées aux nuds. Les quantités vectorielles comme les champs sont affectées aux segments joignant les nuds. Ces quantités peuvent varier comme nous savons dun point à un autre et dun instant à un autre. Considérons un état donné dun atome despace donné et létat des atomes despace qui sont ses voisins, cest à dire ceux qui lui sont reliés par des segments. Létat suivant de latome despace considéré sera la conséquence univoque de son état à linstant initial et de létat des atomes voisins au même instant. Les règles sappliquant à cet atome arbitrairement choisi sappliquent naturellement à tous les autres. Létat de latome de référence influence à son tour les changements détat de tous ses voisins. Cest la racine du principe de causalité, la source du déterminisme. Cest lorigine du concept dinterdépendance cher aux bouddhistes. Ce concept nest pas très éloigné de la loi dite de laction et de la réaction selon laquelle si un corps A exerce une force F sur un corps B, le corps B exerce sur le corps A une force F exactement opposée à la précédente. Cest ainsi quon peut voir parfois lors dune échauffourée un énergumène frapper sauvagement à coups de nez le poing des agents ! Lextrême petitesse de ces atomes est aussi la raison pour laquelle les lois les plus fondamentales de la physique sécrivent sous la forme déquations différentielles mettant en relation des quantités infinitésimales despace, de temps et de matière ou dénergie, même lorsquil sagit comme dans le cas de la relativité générale de phénomènes qui ne peuvent être mesurés que pour des espaces, des durées et des énergies considérables. Ces équations différentielles peuvent être interprétées comme décrivant les relations existant entre atomes despace contigus. Selon certaines théories, latome despace nest pas lisse, il est pour ainsi dire velu, hérissé de fibres dont les formes définissent les propriétés. Lorsque les atomes despace se mettent à faire la « ola » comme les spectateurs dun stade sud-américain cest que les perturbations de certains atomes despace se sont communiquées à leurs voisins. Chaque vague correspond au passage dun grain de lumière, la menue monnaie des réactions nucléaires. Un compteur des changements détat dun atome donné mesure le temps propre à cet atome. Le temps indiqué par une horloge est le temps propre à cette horloge de la même manière que la température indiquée par un thermomètre est celle du thermomètre lui-même mais pas forcément celle du milieu dans lequel il est plongé. Le temps est donc un paramètre purement local, même sil peut exister des relations plus ou moins compliquées entre le temps de cet atome despace et le temps dautres atomes plus ou moins éloignés de lui dans le maillage. La masse située à un nud attire pour ainsi dire les faces de latome de vide correspondant et les déforme. Cette déformation affecte les atomes voisins par lintermédiaire des faces communes. Il en résulte que la masse dun atome donné provoque un gauchissement des atomes voisins qui se propage en se partageant entre des atomes de plus en plus nombreux à mesure quon sen éloigne. Comme le nombre datomes situés à une distance d croit comme le carré de la distance à latome considéré, le gauchissement est proportionnel à linverse du carré de la distance , ce qui est lexpression même de lattraction universelle invoquée par Newton. Toutes les actions sadditionnent. Ceci se traduit par exemple par le fait quun satellite artificiel se laisse guider par un espace qui est courbé par la présence de la terre dont la masse domine toutes les autres par sa proximité. Lastronaute en orbite autour de la terre ne ressent effectivement aucune force qui lobligerait à adopter une trajectoire courbe comme cest le cas par exemple pour la pierre quon fait tourner au bout dune ficelle. Assis sur un tabouret dans un espace sans fenêtre il ne peut pas dire si la force qui le maintient sur son siège est due au retour de la pesanteur où à laccélération de la fusée. Ainsi la loi de Newton selon laquelle lattraction entre deux mass»s est proportionnelle au produit de ces masses divisé par le carré de leur distance permet des prévisions dune extraordinaire précision en mécanique céleste, mais ce nest au fond quune recette de cuisine qui fonctionne bien. Selon limage classique lélectron dun atome tourne autour du noyau comme une ultramicroscopique planète. Il faudrait abandonner cette image et considérer plutôt lélectron comme un vol détourneaux attendant une occasion propice pour séchapper doù, en raison de la complexité des interactions à lintérieur de ce vol, son comportement apparemment aléatoire. Le comportement de chaque étourneau est cependant tout à fait déterminé par le caractère de loiseau et les évolutions de ses voisins. Cette image sapplique aussi au grain de lumière ou photon qui, même isolé, produit des franges dinterférence dans un interféromètre comme si le vol détourneaux était passé simultanément par ses deux fentes. Quand un étourneau se fait coincer, les autres rappliquent instantanément de façon à nen faire plus quun. Cest limage que je me fais des phénomènes qui se produisent aux très petites échelles. Finalement, si cette image est exacte, Einstein navait pas tort lorsquil disait que Dieu ne joue pas aux dés ! Une formulation plus complète pourrait être la suivante : la nature joue aux dés, mais le sort des dés est entièrement déterminé par les conditions initiales et les obstacles rencontrés. Le hasard ne résulte pas dindéterminations mais de notre incapacité de prévoir, quil sagisse du sort des dés, de celui des boules de loterie ou de celui des étourneaux. Toutes les configurations ne sont pas autorisées au vol détourneaux : seules certaines sont stables en raison vraisemblablement de phénomènes de résonance, ce qui les a fait assimiler à de très minuscules cordes vibrantes qui ne sont peut-être autres que la trajectoire des dits étourneaux. Le caractère apparemment aléatoire de la désintégration datomes instables doit admettre le même genre dexplication : la configuration du vol détourneaux varie constamment et aboutit de façon imprévisible pour nous, mais pourtant parfaitement déterminée, à celle qui correspond à la désintégration de latome. Le numéro de la boule qui sort de la sphère tournante des jeux de loterie est parfaitement aléatoire pour lobservateur extérieur. Il nen reste pas moins que le mouvement des boules à lintérieur de cette sphère est complètement régi par les lois de la mécanique ordinaire. Une théorie qui aboutit à considérer que le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schr%C3%B6dinger" chat de Schrödinger peut être à la fois vivant et mort ne paraît pas conforme à, ce qui peut être observé dans la nature. La seule conclusion que lon puisse tirer de cette expérience mentale cest que Schrödinger naimait pas les chats ! Du reste, si vous prenez la précaution de mettre un enregistreur dans la boite où le malheureux matou est enfermé vous pourrez savoir exactement à quelle heure il est passé de vie à trépas. Lavenir est rigoureusement déterminé, quelle que soit léchelle des phénomènes considérés. Les probabilités nexistent que dans notre esprit, elles nexistent pas dans les phénomènes eux-mêmes.
Il faut convenir que cette notion datome despace qui paraissait si simple au départ sest singulièrement compliquée au point que cet atome est devenu comme la cellule élémentaire dun être vivant inter réagissant avec ses voisines selon des règles strictes comme le ferait un microprocesseur dans un montage parallèle. Encore navons nous pas mentionné des dimensions nouvelles qui viendraient sajouter selon certains aux dimensions usuelles de lespace et du temps. Un HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Neutrino" neutrino, particule sans charge électrique et presque sans masse, aurait-il quelque accointance avec un atome despace éjecté à grande vitesse ? La nature du vide est probablement une des questions les plus fondamentales de la physique. Lunivers dans son ensemble apparaît ainsi comme un ordinateur géant à microprocesseurs multiples où chaque atome despace dune petitesse incroyable évolue par pas successifs dune incroyable brièveté en fonction de létat des atomes voisins selon des règles purement logiques. Le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Logos" Logos des philosophes ne désigne-t-il pas indifféremment Dieu et les lois gouvernant lunivers, c'est-à-dire lenchaînement jamais pris en défaut des causes et des conséquences dans linfini de lespace et dans linfini du temps ? Les physiciens qui ont retenu cette conception granulaire de lespace et les règles de causalité à la base de la définition du temps local renouvellent ainsi la démarche que les atomistes de lantiquité avaient entreprise pour la matière, avec le succès que lon sait. Si le temps est continu, linstant présent na aucune épaisseur, jusquà faire douter de son existence. Avec une structure granulaire le présent correspond à un état identifiable, ce qui rassurera définitivement HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_d%27Achille_et_de_la_tortue" Zénon dElée. Lhistoire correspond à une collection ordonnée dinstants distincts. Avec les atomes despace nous assistons aussi sous une autre forme à la renaissance de lidée d HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ther_(physique)" éther. Le vide serait un tissu tridimensionnel à mailles ultra fines présentant certaines propriétés et non pas linexistence. La dualité des champs et des particules (ou de la masse, ou de lénergie) serait inscrite au cur même des atomes despace. Ceci expliquerait que les uns puissent agir sur les autres, résolvant ainsi à ce niveau ponctuel ou quasi ponctuel la dualité philosophiquement insupportable du monde physique. Si lhypothèse que nous avons faite concernant la conscience est exacte, il en serait de même de lesprit et de la matière. Les métaphysiciens qui retiendraient cette hypothèse ne seraient pas au bout de leurs peines car la nature des relations entre champs et particules est loin dêtre élucidée. Lhypothèse des atomes despace rend cette relation on ne peut plus intime ! Lidée fixe de lélectron pourrait être de tourner sempiternellement autour du noyau jusquà ce quun événement extérieur le fasse changer didée. Les particules ultimes sont la concrétisation didées purement mathématiques. Faisant un pas de plus, certains physiciens font lhypothèse que ces mailles ont la propriété de se lier entre elles spontanément comme les atomes dun cristal. Lensemble qui résulte de la juxtaposition de toutes ces mailles doit présenter bien entendu des propriétés compatibles à la fois avec la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9canique_quantique" mécanique quantique pour les très petites distances et avec la HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" relativité générale pour les très grandes distances, deux branches de la physique parfaitement validées dans leurs domaines respectifs mais qui ont résisté jusquà présent à toutes les tentatives de synthèse. Il faut dire pour être honnête que ce travail de rapprochement nest pas encore achevé. Les corps solides seraient accrochés sur le maillage spatial (à moins que ce ne soit linverse) ce qui fait comprendre que la vitesse de la lumière incidente soit un invariant, indépendant du mouvement relatif du corps émettant les rayons lumineux et du corps qui les reçoit. Le temps ne peut être défini que localement comme nous avons vu mais, pour des atomes appartenant à un même solide, il existe des relations simples entre leurs temps respectifs. Dans les autres cas il faut oublier la notion intuitive de temps et parler plutôt de compteurs locaux de changements détat et de dates des calendriers attachés à ces compteurs. Faut-il pour tenir compte du mouvement relatif des corps solides que des mailles apparaissent ou disparaissent selon des règles déterminées, ou bien se déplacent ou se déforment pour accommoder les variations de distance entre solides, ce qui pourrait rendre également plus intuitifs les effets relativistes ? Peut-on imaginer quil soit possible dintroduire un nouvel atome despace dans un tissu existant et que cet atome joue des coudes pour faire sa place et reconstitue ainsi un tissu continu ? Ce genre dexplication mécaniste devient de plus en plus désirable quand on sait que les phénomènes relativistes interviennent dans le fonctionnement dinstruments dusage aussi courant que les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Global_Positioning_System" GPS. Les effets quantiques sont quant à eux omniprésents dés que la nature intime de la matière intervient. Lhypothèse des atomes despace rendrait ainsi plus intuitif le comportement de la substance des choses aux très petites comme aux très grandes distances ce qui rendrait le plus grand service aux ingénieurs qui ne se sentent pas très à laise avec les équations qui régissent actuellement ces deux domaines, équations qui leur apparaissent davantage comme des recettes de cuisine que comme des explications dordre mécanique à eux plus familières. A léchelle macroscopique, lorsque toutes les moyennes sont faites, le fonctionnement simultané dune multitude de microprocesseurs ne commettant jamais derreur rend compte du caractère mathématiquement implacable des lois physiques. Ceux qui se fâchent contre leur ordinateur, voire contre un être humain, nont pas bien compris la manière dont le monde fonctionne. Les jolies femmes pour qui tout a toujours été plus facile ont des difficultés à admettre que les machines quelles utilisent naient pas pour elles les mêmes égards que leur coiffeur ou leur boucher. Comme leurs ancêtres accablées par des catastrophes naturelles, elles attribuent une volonté maligne à des enchaînements mécaniques de causes et deffets. La logique est inscrite au cur des réalités physiques et elle est à ce titre inséparable de la science. Elle lest également du droit, mais ce dernier nen tire pas toutes les conséquences. Les religions nignorent pas la logique, en général. Cependant elles lappliquent à un monde imaginaire quelles sefforcent de rendre cohérent en son intérieur, mais qui est déconnecté des réalités constatables.
Certains cosmologistes commencent à soupçonner quil existe une HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Multiverse" quasi-infinité dunivers (10 à la puissance 500, 1 suivi de cinq cents zéros, ce qui fait tout de même beaucoup). Le nombre total datomes dans lunivers que nous connaissons nest estimé « quà » 10 à la puissance 80 ! ! Certains de ces univers seraient analogues au notre, dautres auraient des propriétés entièrement différentes. A chaque univers correspondraient ses propres lois. Si lunivers que nous habitons nest quun univers particulier parmi une quasi-infinité dautres, un certain nombre de conséquences viennent à lesprit :
Il ne faut pas sétonner que les constantes physiques qui caractérisent notre univers paraissent si bien ajustées. Nous avons tiré la combinaison gagnante, ou lune des combinaisons gagnantes. Si ça navait pas été le cas, nous ne serions pas là pour en parler. Cest ce quil est convenu dappeler le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_anthropique" principe anthropique. Il ne faudrait pas davantage sétonner sil était finalement démontré que ce parfait ajustement est la conséquence nécessaire dune loi plus générale qui reste à découvrir
Si lhistoire de notre univers a un sens, cest celui qui lui a été donné par le choix initial des constantes physiques qui gouvernent lévolution des choses à lintérieur de cet univers
Notre monde nest peut-être pas le meilleur des mondes possibles, mais cest probablement lun des plus intéressants
Les univers inintéressants sont sans doute lécrasante majorité. A titre danalogie observons que tout programme informatique peut être écrit sous la forme dune suite de 1 et de 0. Parmi toutes les suites possibles comportant le même nombre déléments, seule une très faible proportion correspond à un programme intéressant, de même que parmi toutes les suites et combinaisons possibles de sons et de bruits, seule une très faible proportion peut être qualifiée de musique. De la même façon un programme génétique tiré au hasard ne donnerait que très rarement un organisme viable. Personne ne sétonne que dans lunivers que nous connaissons, il y ait beaucoup plus de vide que de matière, quil y ait beaucoup plus de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_sombre"matière et dénergie noires que de corps célestes observables, quil y ait beaucoup plus de corps célestes sans vie que de corps célestes habités, quil y ait sur les corps célestes habités beaucoup plus de matière inanimée que de matière vivante, quil y ait en fait de matière vivante beaucoup plus de végétaux que danimaux, quil y ait beaucoup plus danimaux que dhommes, et quil y ait, devant des réalités inconnues, beaucoup plus dhommes de foi qui se prosternent que dhommes de science qui retroussent leurs manches. Il existe une quantité considérable de légendes colportées par les différentes religions concernant la création du monde qui nous entoure mais il nexiste quune seule histoire quil nous faut découvrir progressivement à force de travail et dingéniosité.
Certains cosmologistes conçoivent notre univers comme la surface dune bulle de savon. Si nous avons limpression dun volume cest que nous percevons l HYPERLINK "http://twm.co.nz/hologram.html" hologramme tridimensionnel correspondant aux vibrations courant à la surface de la bulle. Conformément aux propriétés des hologrammes une fraction quelconque de la surface permet de reconstituer la totalité de lunivers. Aussi fantasmagorique que cette conception puisse paraître, elle permet dexpliquer certains phénomènes encore incompris dans un autre cadre.
Dautres font intervenir un HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_cordes" univers à onze dimensions, notre univers tridimensionnel étant une sorte de coupe réalisée dans cet univers. Cette conception présente ses propres vertus explicatives.
Dautres imaginent que dans certains de ces univers le temps sécoulerait à lenvers par rapport au notre de sorte que leur avenir correspondrait à notre passé. Tous ces univers auraient pour leurs habitants les mêmes propriétés que le notre car les lois physiques sont symétriques par rapport au temps. Il est tentant de penser que ces différents univers se raccordent lors du big-bang, que le vide sidéral est à la fois notre passé et notre avenir et quà notre univers composé de matière correspond un autre univers composé dantimatière où lon avance à reculons et ou des anti-hommes ont le cur à droite et le portefeuille à gauche.
Dautres encore conçoivent notre univers comme le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Trou_noir" trou noir dun autre univers dont il avalerait en continu, lespace et la matière. La matière et lespace avalés dans lautre univers se retrouveraient uniformément répartis dans le notre ( HYPERLINK "http://www.astronomes.com/c6_univers/p623_univacc.html" expansion accélérée de lunivers et HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Black_matter" matière noire qui constituerait 96% de la masse de lunivers selon les derniers calculs). Du fait de lattraction universelle matière et énergie noires se concentreraient autour des noyaux galactiques préexistants. Du fait de lexpansion continue de lunivers dont la vitesse dépasse celle de la lumière à partir dune certaine distance de lobservateur, des étoiles disparaissent du champ de sa vision de sorte que lunivers pourrait rester pour lui éternellement semblable à lui-même. Le big-bang pourrait-il être le point de fuite de cette perspective spatio-temporelle, la matière noire une proto matière, lénergie noire un proto rayonnement ? Sil ny a pas apport continu de matière, comment expliquer que plus de treize milliards dannées après la naissance de notre univers il y ait encore des pouponnières détoiles alors que lexpansion continue de lunivers ne cesse daugmenter les distances entre les nuages dhydrogène qui dérivent dans le cosmos et donc de diminuer leurs chances de se rencontrer ? Comment expliquer le fait que les galaxies âgées ressemblent trait pour trait aux galaxies plus jeunes, sinon par une régénération permanente ? Des dimensions repliées sur elles-mêmes dans un univers source sy redéploieraient dans le notre, comme un gant qui se retourne, un gant droit devenant un gant gauche, alors que dautres, déployées dans cet autre univers sy replieraient dans le nôtre. Limplosion dun trou noir dans un autre univers correspondrait au big-bang dun autre. Le grand vide récemment découvert dans notre univers pourrait-il être lil de ce procédé cyclonique, la marque se son ombilic ? Laccumulation progressive despace et de matière dans notre univers ou le tarissement des apports finirait par provoquer un HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Big_Crunch"big-crunch analogue à celui qui préside à la formation des trous noirs. Ainsi, quelle que soit la direction quil prenne et quelle que soit la durée du voyage, vers lavenir ou vers le passé, le voyageur ne sortirait jamais du monde des réalités. Il semble cependant quil soit impossible pour un voyageur de franchir sans encombre les singularités que constituent big-bang et big-crunch de sorte quil serait irrémédiablement enfermé dans son univers, comme un individu est irrémédiablement coincé entre sa naissance et sa mort. Mais, sait-on jamais ? Lexpansion continue de lunivers est déduite de la diminution de la fréquence des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Raies_spectrales" raies caractéristiques correspondant aux différents éléments chimiqus. Ne peut-on concevoir, même si cette vision est hérétique, quun rayon lumineux abandonne de lénergie au milieu quil traverse et que sa fréquence diminue en conséquence ? Il peut paraître osé daffirmer quoi que ce soit sur le passé ou sur lavenir de notre univers si nous ne connaissons un peu que la matière visible qui constitue, croit-on, 4% seulement de sa masse totale, si nous navons aucune idée du mécanisme provoquant son expansion continue, si nous ignorons totalement ce qui peut se passer à lintérieur dun trou noir et si la nature du vide est encore lobjet de débats. Faute dexpérimentation possible le débat sur le passé lointain ou le futur lointain de notre univers risque vite de tourner au débat théologique.
Un autre mystère de choix est lincroyable complexité et perfection des êtres vivants. Sans parler du cerveau humain qui est une structure dont la complexité confond lentendement, le moindre animalcule ridiculise tous les produits issus de la science de lingénieur par létendue de ses fonctionnalités, sa capacité à se reproduire, sa flexibilité, sa fiabilité, son autonomie et sa miniaturisation, Les ingénieurs militaires mettent à profit cette avance technologique quand ils utilisent de grosses coccinelles pour fabriquer des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Drone" drones miniatures. Le développement dun individu complet à partir dune seule cellule qui se multiplie, se diversifie de cent façons différentes et établit les connexions nécessaires entre ses innombrables filles pour former un organisme unique opérationnel et doté des instincts nécessaires à sa survie est un autre sujet démerveillement. Quand arriverons nous à comprendre un phénomène si peu vraisemblable ? Celui qui a essayé de construire un dispositif destiné à assurer un service ou une fonction quelconque, aussi simples soient-ils, sait bien que rien ne peut être laissé au hasard. On ne peut pas faire plus pragmatique que la nature. Le darwinisme explique la complexité et la perfection des êtres vivants par des variations génétiques spontanées et aléatoires et la survie et la reproduction préférentielle des individus possédant les gênes les plus performants. Le darwinisme a ainsi tordu le cou au HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitalisme" vitalisme qui voulait faire des phénomènes vitaux des phénomènes à part, irréductibles à des phénomènes physico-chimiques. Le présent essai appartient au courant de pensée qui ambitionne de faire de même pour le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Spiritualisme" spiritualisme. Doit-on donc croire que la fonction copier utilisée dans le volume de tous les océans et sur la surface de tous les continents pendant quelques milliards dannées est assez puissante à elle seule, et à cause de sa souplesse ou de ses erreurs, pour expliquer cette réussite du vivant ? Les êtres vivants dont les principaux traits étaient déjà fixés lorsquils sont sortis de londe ne sont-ils que des cristaux dun genre particulier, apparus et se perpétuant là où les conditions nécessaires sont réunies pendant un temps suffisant ? Comme la chimie organique est beaucoup plus complexe et riche de possibilités que la chimie minérale, on conçoit que ces cristaux organiques soient beaucoup plus nombreux et diversifiés que les cristaux minéraux et quils possèdent quelques propriétés nouvelles, comme celle de se reproduire. Comment des systèmes aussi fantastiquement improbables que des êtres vivants peuvent-ils nêtre que les fruits du hasard passés au crible de la nécessité ? La nécessité inclut du reste non seulement la capacité à survivre dans un monde hostile, mais également la capacité à séduire ou à forcer les partenaires du sexe opposé. Peut-on dire sérieusement que si les femmes courent en général moins vite que ceux qui les poursuivent, cest parce que celles qui courraient aussi vite nont pas eu de descendance !? Les pratiques sadomasochistes sont-elles le souvenir de cette époque lointaine où une femelle hominidé, pour être amenée à procréer, devait être capturée, immobilisée et forcée ? Cest peut-être aussi pour ça quelle est un peu moins forte physiquement que lhomme lequel ne doit pas abuser de cette petite supériorité. On peut relever certains plats avec un peu de moutarde, pas avec des produits qui brûlent lestomac. Si tant de femmes acceptent encore aujourdhui une condition proche de lesclavage, cest quelles se rendent compte instinctivement que leur mission la plus sacrée est de transmettre la vie. Porter un enfant né ou à naître devait être pour notre courageuse ancêtre un lourd handicap quand il fallait suivre la petite troupe dans tous ses déplacements. Imaginez ces Mères Courage enfantant, portant, nourrissant, protégeant et instruisant une ribambelle denfants ! Ce sont principalement les femmes qui ont eu intérêt à développer les premiers rudiments dagriculture, ce qui permit la sédentarisation. On comprend à posteriori le ressentiment bougon des hommes à leur égard, obligés quils sont maintenant de gagner leur pain à la sueur de leur front au lieu daller à la chasse, à la pêche ou aux champignons ! Cest très probablement le souvenir embelli par la mémoire de cette époque bénie de randonnées pédestres aventureuses qui est à lorigine des mythes relatifs au paradis terrestre et à la « faute » imputée à Eve ! Les premiers navigateurs qui ont débarqué sur les rivages des îles dOcéanie ny ont pas trouvé de mythes comparables, pour lexcellente raison que leurs habitants vivaient encore au paradis !
Par une suite de choix répétés un sexe finit par ressembler aux rêves du sexe opposé. Le lion et lhyène, laigle et le condor nont-ils pas, les uns et les autres, selon notre appréciation, la gueule de leur emploi ? Le psychisme des animaux est peut-être encore plus proche de celui de lhomme quon ne limagine. Qui peut croire quune jeune beauté suédoise soit une lointaine cousine dune femelle HYPERLINK "http://www.janegoodall.fr/htfr/bonobo.htm" Bonobo sans quil yait eu application obstinée de critères esthétiques dans la lignée qui nous en a fait cadeau ? Mais est-ce toute lexplication, et Mr. Bonobo est-il du même avis ? Les plus beaux spécimens humains se rencontrent très au Nord, dans des contrées où la sélection naturelle sest certainement exercée avec encore plus de rigueur quailleurs. Prenez une statue médiocre et copiez la en autant dexemplaires que nécessaire. Donnez à chacune de ces copies un coup de ciseau au hasard. Retenez celle qui paraît la plus réussie après cette opération et répétez sur elle copies et coups de ciseau. Combien faudra-t-il de coups de ciseau et de statues cassées avant de produire un chef duvre de la sculpture ? Or, la complexité dune statue est inférieure par plusieurs ordres de grandeur à celle dun organisme vivant. Lobservateur non prévenu ne peut se défendre dune certaine perplexité. Même en « aidant » le hasard, nul na été, pour le moment, capable de synthétiser un organisme vivant à partir de ses composants atomiques élémentaires, encore moins un organisme pensant et conscient. Hasard et nécessité jouent un rôle à nen pas douter. Faut-il en plus, comme le pensent les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9ocr%C3%A9ationnisme" néo créationnistes, invoquer lintervention dune main divine donnant les coups de pouce nécessaires où, celle dune loi naturelle, source d HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Entropie" entropie négative génératrice dordre, ayant échappé jusquici à la sagacité des hommes de science ? Aucun calcul ni aucune expérience ne semblent pouvoir apporter la réponse dans un avenir prévisible. Seule lexploration spatiale détaillée de notre galaxie peut nous mettre sur la voie en nous permettant, du moins pouvons-nous lespérer, dexaminer de près différents stades de lévolution. Autant dire que la réponse nest pas pour demain, à moins que quelque savant inspiré ne fasse surgir un jour la vie de ses cornues en répétant un processus qui a pu jadis se dérouler dans la nature ! Quelques progrès ont dailleurs été faits récemment dans ce domaine. Sur cette planète, un poisson sort de lélément liquide et commence à ramper sur la terre. Nous voyons ses nageoires devenir pattes et ses branchies devenir poumons. Devenu fringant quadrupède il se laisse glisser dans leau qui a du lui sembler bonne. Ses pattes redeviennent nageoires et son corps redevient poisson. Peut-être découvrirons nous à la fin que notre perplexité nétait due quà une illusion doptique et que Darwin navait pas besoin dauxiliaire. Darwin est le moderne remplaçant de Dieu comme Grand Explicateur dans le domaine des sciences de la vie. On ne conçoit pas en tout cas de progrès dans la connaissance du vivant sans rattacher les phénomènes qui le concernent aux lois physiques ordinaires. Sil est difficile dassurer que le développement du monde vivant est dorénavant expliqué avec la force dune démonstration mathématique, il nen reste pas moins que lexplication fournie par les néo créationnistes nen est pas une. Cest encore expliquer le mouvement et la chaleur du soleil par lactivité du Dieu Phébus. Dans lhistoire du genre humain, beaucoup dinventions importantes ont été le fruit du hasard. La recherche scientifique na fait que multiplier les occasions de mettre au jour quelque chose dintéressant. Il sagit en loccurrence didentifier les différentes étapes conduisant à lapparition de la vie et de montrer que le passage dune étape à la suivante selon le processus imaginé dispose dune probabilité non nulle. Létude reste à faire des propriétés dauto organisation spontanée des systèmes complexes, quils soient minéraux ou organiques. La surface lisse dun étang se couvre dun ensemble organisé de vaguelettes lorsquelle est parcourue par la brise. Du magma, substance homogène, lorsquil est lentement refroidi, donne naissance au granit, ensemble de cristaux juxtaposés de compositions différentes. Un minéral présent de façon diffuse dans une roche récemment formée se concentre au fil du temps sous forme de dépôt ou de filon. Une bouffée de tabac se transforme en rond de fumée. Une goutte deau se structure en flocon de neige. Des débris éparpillés entourant une étoile se rassemblent pour former un cortège de planètes orbitant autour de létoile. Une société livrée à lanarchie finit toujours par se réorganiser. Si lon retient lhypothèse du big bang un état initial indifférencié évolue avec le temps en lunivers ordonné que nous connaissons, aussi bien à léchelle cosmique quà léchelle subatomique. Dun substrat homogène et de lois physiques apparemment simples naissent des objets extraordinairement compliqués, quelle que soit léchelle considérée. Ceux qui ont établi une corrélation entre lévolution dune espèce et le développement embryonnaire de ses représentants ont sans doute soulevé un coin du voile. Cest ainsi quun embryon de poisson disposerait pour ainsi dire de pattes virtuelles attendant des circonstances favorables pour se développer ! Une modification dun programme même très légère lui est généralement fatale mais peut aboutir quelquefois, nous le voyons bien, à un résultat viable supérieur au modèle originel.
Qui a davantage dimagination, la nature qui dicte ses lois ou bien les hommes de science qui tentent de les déchiffrer ? Poussée dans ses derniers retranchements la science finirait par ressembler à de la théologie sil ny avait la règle dor des vérifications expérimentales. Or ces vérifications deviennent de plus en plus difficiles à réaliser à mesure quon séloigne de léchelle humaine pour aller vers linfiniment grand ou linfiniment petit, linfiniment ancien ou linfiniment futur. Ne peut-on dire, pour réconcilier savants et religieux, que Dieu est la loi unique sappliquant à tous les univers ? Ou bien dire que la nature rebat les cartes à la fin de chaque partie et que Dieu les coupe ? Qui a fait cette horloge demande Voltaire ? Qui a fait lhorloger répond le sceptique ? Est-il plus difficile, sur le plan de la logique, daccepter lidée que lincréé soit cet ensemble dunivers en perpétuelle dégénérescence et régénération plutôt que lidée que Dieu soit lincréé ? Lincroyant est bien obligé de sarranger de cette incertitude ; le croyant aussi probablement. Dieu, pour en rester à cette hypothèse, a dû infiniment sennuyer pendant le temps infini qui sest écoulé avant la création du monde que nous connaissons, sauf à multiplier à linfini des créations successives ! Une cause première nest nullement indispensable si le réel est un éternel recommencement. Ainsi le monde réel dans sa globalité naurait jamais été créé et naurait jamais de fin, tout comme le dieu des monothéistes, mais uniquement des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Avatar_%28hindouisme%29" avatars. Une pluralité permanente dunivers distincts mais échangistes est dailleurs la seule hypothèse qui paraisse satisfaire à la fois à une logique considérée comme la caractéristique fondamentale et permanente de tout ce qui existe (quelque chose ne peut sortir de rien ni sy résoudre) et aux observations selon lesquelles notre univers a une origine ponctuelle ou quasi ponctuelle. Si la théorie du big-bang est compatible avec un dieu créateur et même, dune certaine façon, semble lappeler, celle qui fait appel à un ensemble éternel dunivers multiples peut en faire léconomie. Il existe, extérieure à ma conscience, une réalité qui obéit à ses propres règles et qui entretient avec ma conscience des relations compliquées, sans quil y ait nécessairement de Grand Témoin. Reste la question : pourquoi quelque chose plutôt que rien ? Il est aisé de voir que la réponse est incluse dans la question, que cest une autre illustration du principe anthropique.
Dans le système de propositions logiques que constituent les lois universelles, lexistence de Dieu, à supposer quil soit possible de formaliser cette notion, serait-elle la proposition indécidable quexige le théorème de HYPERLINK "http://membres.lycos.fr/godel/" Gödel ? Si on fait lhypothèse que la proposition « Dieu existe » est vraie, on arrive à démontrer par des opérations logiques incontestables quelle est fausse et si on fait lhypothèse quelle est fausse, on arrive à démontrer avec tout autant de rigueur quelle est vraie ! Assurer sans preuve que Dieu nexiste pas est ni plus ni moins quune profession de foi, ce qui est un mauvais début quand on se pique dathéisme ! Par des voies analogues certains ont cru pouvoir démontrer que Dieu ne saurait être tout-puissant. Si on le met en effet au défi de proposer une énigme si difficile à résoudre que lui-même en soit incapable, deux cas peuvent se présenter. Sil ne parvient pas à la résoudre il nest pas tout puissant et sil ny parvient pas il nest pas tout-puissant non plus puisquil naura pas été capable de limaginer. On peut objecter quil est logiquement impossible dimaginer une énigme sans être en même temps capable de la résoudre. Cela, Dieu lui-même ne le peut. Oui, mais qui vous a dit quil ne pouvait pas dans sa toute-puissance saffranchir des règles de la logique alors quune telle licence est indispensable à la réalisation de miracles ? Affirmer que Dieu est mort, au sens propre, comporte une contradiction interne. Sil est mort, cest quil a vécu. Sil a vécu, il continue de vivre puisque, par définition, il est éternel. Laffirmer au sens figuré est largement prématuré. Lhomme ignore à peu près tout de ce qui lentoure. Il ne sait rien de ce qui constitue 96% de la masse de lunivers. Le comportement des 4% quil croit connaître un peu est déroutant aux très petites comme aux très grandes échelles. Il ignore ce qui provoque lexpansion de lunivers. Le temps et lespace qui sont la mesure de tout sont des notions évanescentes. Il ignore sil y a un seul univers ou sil y en a plusieurs. Ce quil a de plus intime, c'est-à-dire sa conscience, recèle des mystères qui ne sont pas encore éclaircis. Si Dieu est le nom donné par lhomme à tout ce quil ne comprend pas son avenir immédiat nest pas menacé. Mon sentiment de théologien amateur est que, si Dieu existe, il se cache sous plusieurs couches dexplications et quil se garde bien dintervenir dans nos affaires et que, pour parvenir à ses fins, il ne se sert que de moyens naturels. Sil a choisi de rester caché, respectons sa volonté et ne tentons pas de le deviner ! La science est fondée sur lhypothèse quil ny a jamais de miracle, aucun véritable miracle nayant jamais pu être scientifiquement constaté. Sur les scènes de music-halls du monde entier des individus talentueux réalisent chaque soir de pseudo-miracles. On les appelle des illusionnistes. Depuis le temps que les hommes de science braquent leurs instruments sur des objets grands ou petits et quelle que soit la partie du spectre quils aient utilisée pour leurs explorations ils nont jamais relevé une seule entorse aux lois naturelles. Qui croit sérieusement que Dieu joue ainsi à cache-cache avec les savants ? Qui croit sérieusement que Moïse ait écarté les flots de la Mer Rouge pour passer à pied sec ? Dautant quil aurait été par la suite mal inspiré. Si après cette traversée il avait tourné à droite au lieu de tourner à gauche, ce sont les Juifs qui auraient le pétrole, comme un plaisantin la fait justement remarquer ! Un séropositif ou un cancéreux à toute extrémité sont-ils jamais revenus de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Lourdes" Lourdes guéris ? Les commerçants lourdais se plaignent à juste titre auprès des autorités ecclésiastiques de la raréfaction des miracles ! Et il y en aura de moins en moins à mesure que progressera la science médicale. Il ne faut pas trop en demander à ces autorités qui prennent déjà la précaution denrôler dans leurs institutions les miraculés qui sont à lorigine des pèlerinages les plus rémunérateurs. Il sagit en loccurrence déviter que ces miraculés puissent, sans conséquences désastreuses pour eux-mêmes, revenir ultérieurement sur leurs déclarations. Dieu seul sait ce qui peut se passer derrière les hauts murs des couvents ! Le roman de Diderot intitulé HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Religieuse" « La Religieuse » donne une idée des drames qui pouvaient encore sy dérouler il ny a pas si longtemps. Dune certaine manière, les lieux de prières perpétuent à lâge adulte le giron maternel où les enfants se réfugient quand le monde devient trop dur. Pourtant le plus fervent des fidèles ne croira jamais que la dernière ligne dune addition douloureuse puisse être modifiée par la prière ou quune adroite supplication puisse rendre étanche un robinet qui fuit. Dieu ne veut pas être pris la main dans le sac ! Je cherche en vain dans ma mémoire un cas où, depuis la fin des procès en sorcellerie, une intervention divine ou diabolique aurait été invoquée devant un tribunal en guise dexplication. Ceci est valable aujourdhui pour tous les états, y compris pour les états réputés théocratiques. La religion est un rêve toléré, mais elle est écartée des choses sérieuses. Au fait, quel est le meilleur mécanicien, celui qui conçoit, construit et met en service un automate qui na pas besoin de son intervention pour fonctionner correctement ou bien celui qui est sans arrêt à donner un coup de chiffon ici, ajouter une goutte dhuile là, resserrer un boulon, modifier un réglage, changer une pièce défectueuse ? Les néo créationnistes sous-estiment le Créateur en croyant nécessaire son intervention au coup par coup. Il est capable de réaliser quelque chose de beaucoup plus difficile que des miracles à répétition qui est de faire en sorte que de tels miracles soient inutiles. Lavènement de la vie, de la pensée et finalement de la conscience à partir déléments matériels dénués de toute intention et soumis à des lois impersonnelles et immuables est en soi beaucoup plus époustouflant que nimporte quel miracle qui contreviendrait à ces mêmes lois. Dieu, sil existe, nenfreint pas ses propres lois. Il na ni concessionnaire autorisé, ni service après-vente. Un esprit mal intentionné pourrait le soupçonner davoir créé ce ou ces mondes pour son plaisir et sa distraction plutôt que pour les nôtres, mais ce serait lui prêter des sentiments humains, ce qui na probablement aucun sens. A Sa place, sil est permis de formuler cette hypothèse, Nous Nous serions toutefois longuement félicités que les lois physiques que Nous aurions instituées aient produit des merveilles telles que la Femme ou que la Neige !
Il ny a quune seule réalité dont traitent physique et métaphysique, la frontière entre ces deux domaines se déplaçant régulièrement au bénéfice de la première. Les progrès de la physique ont élucidé beaucoup des problèmes que se posait la métaphysique et dautres réponses sont sans doute en train de mijoter. Dieu ne pourra être invoqué comme cause ultime que lorsque toutes les autres tentatives dexplications se seront avérées vaines, car cette invocation signifie que les hommes de science acceptent de fixer des limites à leurs investigations et de sen tenir, en désespoir de cause, à la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Opium" vertu dormitive du pavot. Ils ont peu de raisons de le faire tant que la science continue de progresser. La physique paraît très éloignée de la fin de son histoire. Les sciences de la vie ont encore dimmenses progrès à accomplir. Les sciences de la pensée en sont à leurs tout premiers balbutiements. Peut-être verrons-nous un peu plus clair dans mille ans si mathématiciens, physiciens, astronomes, spécialistes des sciences de la vie et de la pensée peuvent continuer à travailler. Ne cédons pas au désespoir si un jour la science parait faire du sur-place. Dans lesprit de lincroyant les divinités sont remplacées par les lois qui gouvernent le monde. Ces lois ont tous les attributs des divinités : éternité, ubiquité, toute-puissance. Le croyant espère par des prières pouvoir infléchir ces lois à son profit, ce qui confère à Dieu et à ses lois un caractère personnel et magique. Lincroyant na pas cette espérance. Il juge quon ne peut commander à la nature quen lui obéissant. Il estime quil est impossible de déchirer et recoudre le tissu serré des effets et des causes, que ça ne sest jamais vu et ne se verra jamais. Lincroyant est pour le moment polythéiste sachant que nul nest encore parvenu à établir toutes les lois physiques particulières comme conséquence dune loi unique, mais il a bon espoir de pouvoir se convertir un jour au monothéisme. On ne peut exclure cependant que le renouvellement des théories qui cernent la réalité de plus en plus près ne se poursuive perpétuellement et quil existe un noyau à jamais incompréhensible au cur de la réalité. Lévocation du problème de la conscience nous a peut-être donné un aperçu de ce phénomène. Les relations décrites ci avant de latome de vide avec ses voisins traduisent le fait que les données physiques vraiment fondamentales concernent les relations entre entités. Chaque entité constitue un faisceau de propriétés caractéristiques mais elle na pas de vie ou de caractère propre en dehors de ces propriétés. Nul ne sait si laspect le plus fondamental de la réalité est constitué de champs ou de particules. Ce nest vraisemblablement ni lun ni lautre, mais les deux ou quelque chose qui se situe encore au delà. Le cerveau humain a été façonné par la sélection naturelle pour résoudre des problèmes pratiques liés à la survie, pas pour résoudre des problèmes métaphysiques. Il est fort possible que le seul outil dont nous disposions ait atteint dans ce domaine son niveau dincompétence. En dernière analyse, le modèle construit par les hommes de science pour représenter un phénomène, quel que soit la perfection prédictive de ce modèle, tournera toujours sur le plus vieux calculateur qui soit : le cerveau humain. Le modèle restera toujours étranger à la chose, A supposer quil existe un objet mathématique plus ou moins HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_de_Lie_E8" exotique qui soit la clé universelle qui permet de retrouver les caractéristiques de la totalité des univers existants, il est possible que le temps de calcul nécessaire pour trouver la totalité des solutions correspondant à la totalité des univers et didentifier celle qui correspond au nôtre soit supérieure à la durée de vie dun univers particulier. Et même si ce calcul était possible, encore faudrait-il expliquer pourquoi la nature sy conforme ! Ce qui reste éternellement incompréhensible dans la nature, cest quon puisse la comprendre. (Einstein). La clé du coffre est peut-être bien enfermée à jamais à lintérieur du coffre. Identifier Dieu à ce noyau ou à une loi physique universelle, une équation divine, qui engloberait les autres lois et les expliquerait toutes na rien dinacceptable pour HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Agnostique" lincroyant. Cest même le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Graal" Graal de tous les physiciens. Mais lincroyant refuse dajouter foi aux innombrables mythes qui accompagnent cette idée. Les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cosmogonie" cosmogonies sans dieux sont les plus élégantes. Sil est possible de concevoir une réalité sans Dieu, la règle dOccam voudrait quon en écarte lhypothèse ou bien quon dise que Dieu et le Monde sont un et le même. Dieu existerait-il dailleurs effectivement en tant que personne que ceci ne changerait rien à la nature humaine ni aux problèmes qui se posent à elle. Savoir quon ne sait pas, cest déjà savoir quelque chose. Comme à dit Epicure, ne rien dire de Dieu nest pas impie. Ce qui est impie, cest den mal parler. Pour le reste, chacun sait quon supporte mieux sa propre ignorance et sa propre sottise que celles du voisin.
8. SERMON SUR LA MONTAGNE PRIVATE TC \l 1 « 8. SERMON SUR LA MONTAGNE »
La Maréchale. Mais il faut quelque chose qui effraie les hommes sur les mauvaises actions qui échappent à la sévérité des lois ; et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ?
Crudeli. Quand je naurais rien à mettre à la place, ce serait toujours un terrible préjugé de moins ; sans compter que, dans aucun siècle et chez aucune nation, les opinions religieuses nont servi de base aux murs nationales. Les dieux quadoraient ces vieux Grecs et ces vieux Romains, les plus honnêtes gens de la terre, étaient la canaille la plus dissolue : un Jupiter, à brûler tout vif ; une Vénus, à enfermer à lHôpital ; un Mercure, à mettre à Bicêtre.
La Maréchale. Et vous pensez quil est tout à fait indifférent que nous soyons chrétiens ou païens ; que païens nous nen vaudrions pas moins ; et que chrétiens nous nen valons pas mieux.
Crudeli. Ma foi, jen suis convaincu, à cela près que nous serions un peu plus gais.
La Maréchale. Cela ne se peut.
Crudeli. Mais, madame la maréchale, est-ce quil y a des chrétiens ? Je nen ai jamais vu.
La Maréchale. Et cest à moi que vous dites cela, à moi ?
Crudeli. Non, madame, ce nest pas à vous ; cest à une de mes voisines qui est honnête et pieuse comme vous lêtes, et qui se croyait chrétienne de la meilleure foi du monde, comme vous le croyez.
La Maréchale. Et vous lui fîtes voir quelle avait tort ?
Crudeli. En un instant.
La Maréchale. Comment vous y prîtes-vous ?
Crudeli. Jouvris un Nouveau Testament, dont elle sétait beaucoup servie, car il était fort usé. Je lui lus le sermon sur la montagne, et à chaque article je lui demandai : Faites-vous cela ? et cela donc ? et cela encore ? Jallai plus loin. Elle est belle, et quoiquelle soit très sage et très dévote, elle ne lignore pas ; elle a la peau très blanche, et quoiquelle nattache pas un grand prix à ce frêle avantage, elle nest pas fâchée quon en fasse léloge ; elle a la gorge aussi bien quil est possible de lavoir, et, quoiquelle soit très modeste, elle trouve bon quon sen aperçoive.
La Maréchale. Pourvu quil ny ait quelle et son mari qui le sachent.
Crudeli. Je crois que son mari le sait mieux quun autre ; mais pour une femme qui se pique de grand christianisme, cela ne suffit pas. Je lui dis : Nest-il pas écrit dans lÉvangile que celui qui a convoité la femme de son prochain a commis ladultère dans son cur ?
La Maréchale. Elle vous répondit quoui ?
Le philosophe vient de faire allusion à la doctrine concernant ladultère telle quelle est exprimée par les évangiles dans le HYPERLINK "http://www.lemondeavenir.com/LVC/lvc18/18sermon.htm" sermon sur la montagne. Voici les quelques lignes où ce sujet est abordé :
Vous avez appris quil a été dit : tu ne commettras pas ladultère
Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis ladultère dans son cur
Si ton il droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette le loin de toi ; car il est avantageux pour toi quun seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne
Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette la loin de toi ;
Car il est avantageux pour toi quun seul de tes membres périsse, et que ton corps entier naille pas dans la géhenne
Crudeli. Je lui dis : Et ladultère commis dans le cur ne damne-t-il pas aussi sûrement que ladultère le mieux conditionné ?
La Maréchale. Elle vous répondit quoui ?
Crudeli. Je lui dis : Et si lhomme est damné pour ladultère quil a commis dans son cur, quel sera le sort de la femme qui invite tous ceux qui lapprochent à commettre ce crime ? Cette dernière question lembarrassa.
La Maréchale. Je comprends ; cest quelle ne voilait pas fort exactement cette gorge, quelle avait aussi bien quil est possible de lavoir.
Crudeli. Il est vrai. Elle me répondit que cétait une chose dusage ; comme si rien nétait plus dusage que de sappeler chrétien et de ne lêtre pas ; quil ne fallait pas se vêtir ridiculement, comme sil y avait quelque comparaison à faire entre un misérable petit ridicule, sa damnation éternelle et celle de son prochain ; quelle se laissait habiller par sa couturière, comme sil ne valait pas mieux changer de couturière que renoncer à sa religion ; que cétait la fantaisie de son mari, comme si un époux était assez insensé pour exiger de sa femme loubli de la décence et de ses devoirs, et quune véritable chrétienne dût pousser lobéissance pour un époux extravagant, jusquau sacrifice de la volonté de son Dieu et au mépris des menaces de son rédempteur.
La Maréchale. Je savais davance toutes ces puérilités-là ; je vous les aurais peut-être dites comme votre voisine ; mais elle et moi aurions été toutes deux de mauvaise foi. Mais quel parti prit-elle daprès votre remontrance ?
Crudeli. Le lendemain de cette conversation (cétait un jour de fête), je remontais chez moi, et ma dévote et belle voisine descendait de chez elle pour aller à la messe.
La Maréchale. Vêtue comme de coutume ?
Crudeli. Vêtue comme de coutume. Je souris, elle sourit ; et nous passâmes lun à côté de lautre sans nous parler. Madame la maréchale, une honnête femme ! Une chrétienne ! Une dévote ! Après cet exemple, et cent mille autres de la même espèce, quelle influence réelle puis-je accorder à la religion sur les murs ? Presque aucune, et tant mieux.
La Maréchale. Comment, tant mieux ?
Crudeli. Oui, madame : sil prenait fantaisie à vingt mille habitants de Paris de conformer strictement leur conduite au sermon sur la montagne
La Maréchale. Eh bien ! Il y aurait quelques belles gorges plus couvertes.
Crudeli. Et tant de fous que le lieutenant de police ne saurait quen faire ; car nos petites-maisons ny suffiraient pas.
Cet extrait illustre la façon dont un honnête homme sait se faire comprendre sans blesser et aussi la façon dont les croyants et les croyantes esquivent les remarques gênantes. La Maréchale sait bien quelle est visée par cette historiette et que son comportement est inconséquent du point de vue de la religion quelle professe. Si son bon sens ne la rassurait sur sa propre innocence elle pourrait craindre quen séduisant malgré elle quelque galant, elle néchappe pas à la justice divine même si elle échappe à la justice des hommes. Plutôt que dentrer dans les eaux froides de la contradiction, elle préfère changer le cours de la conversation. Mais allons plus loin. Je lisais, il y a quelque temps, louvrage dun auteur un peu oublié de nos jours qui est HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Duhamel" Georges Duhamel. Il sy définissait lui-même comme chrétien agnostique. Cest une appellation que beaucoup, dont je suis, peuvent reprendre à leur compte car les doutes concernant le christianisme portent sur le caractère transcendant que certains lui prêtent plutôt que sur la doctrine elle-même. A cette acceptation générale de la doctrine chrétienne il y a toutefois une exception qui a trait aux relations de lhomme et de la femme, telles quelles sont exposées par le Sermon sur la Montagne. Je comprends que ce sermon ait été prononcé en un lieu élevé et daccès difficile ! Tout homme normalement constitué répugne à saventurer vers ce sommet. Il est même permis de se demander si cette partie de la doctrine nest pas un ajout plus ou moins tardif tant son caractère est opposé à la tonalité générale de tolérance illustrée par lhistoire de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Madeleine" Marie-Madeleine. Les relations entre hommes et femmes peuvent être profondément perturbées par ce Sermon. Les hommes peuvent se sentir culpabilisés et les sentiments que les femmes éprouvent sont tout simplement ignorés. Selon le Sermon, la femme appartient à son mari comme lui appartiennent son âne ou son buf. Cest ce qui est implicite dans le texte des évangiles où la femme nest évoquée quen tant que mère qui soccupe de ses enfants ou que pourvoyeuse damours tarifées qui sen occupe plus tard quand ils sont montés en graine. Saint Paul lui-même recommande à la femme de se couvrir la tête en signe de soumission à son mari. Quil soit juif, chrétien ou musulman, Dieu naime pas les femmes. Dailleurs, sil les avait aimées, il aurait doté lhomme dun membre vibratile !
Jésus revendiquait lappellation de fils de lhomme . Faut-il comprendre que Jésus était un enfant naturel et quil en concevait quelque amertume ? La vérité sous-jacente de la position outrancière exprimée par le Sermon sur la Montagne, cest que les questions liées à la perpétuation de lespèce sont dune importance tout à fait capitale, et même plus que cela, et quelles doivent être abordées avec les plus grandes précautions. Cétait encore plus vrai lorsque nexistaient ni contraception, ni protection ni médication qui vaillent contre les M.S.T et que, du fait de la brièveté de la vie, du cloisonnement de la société, de labsence de toutes les commodités dont nous disposons maintenant, la fidélité réciproque des époux était moins problématique quaujourdhui, mais faisait déjà question «à la face dun ciel qui nest pas un instant le même, sous des antres qui menacent ruine, au bas dune roche qui tombe en poudre, au pied dun arbre qui se gerce, sur une pierre qui sébranle »..
Car lhomme est polygameLhomme est une proie facileIl aime un peu partoutEt va livrer en ville
(Robert Rocca, chansonnier)
Le poil sérieux l'âge de raisonLe coeur mangé par la cervelleDu talent pour les additionsL'oeil agrippé sur les pucellesLa chasse à courre chez BertrandLe dada au Bois de BoulogneDeux ou trois coups pour le faisanEt le reste pour l'amazoneC'est l'homme
Les cinq à sept " pas vu pas pris "La romance qui tourne à videLe sens du devoir accompliEt le coeur en celluloïdLes alcôves de chez BarbèsAux secrets de PolichinelleL'amour qu'on prend comme un expressAlors qu'ell' veut fair' la vaisselleC'est l'homme
( HYPERLINK "https://www.google.fr/" \l "q=leo+ferre" Léo Ferré)
Cest cet homme ordinaire quil faut aimer, tel que Léo Ferré la dépeint ici sans fard. Dieu est amour dites-vous. Espérons quil est aussi indulgence. Certains disent quil ny a pas damour, mais seulement des preuves damour, ce qui va bien au-delà dun simple slogan pour joaillier ou négociant en fourrures ! Les déclarations damour sont dailleurs aussi suspectes que les protestations damitié. Les gens qui vous parlent la main sur le cur le plus souvent vous trompent ou se trompent eux-mêmes. Lamour éprouvé par un être humain nest pas autre chose que lintérêt quil porte à un autre être humain quil considère comme indispensable à son bonheur. Elle se croyait aimée pour elle-même et découvre après coup quelle nétait quun objet. Il se croyait aimé pour lui-même et découvre au bout du compte quil nétait quun instrument. Même chez celui ou celle qui se dit prêt à tout sacrifier pour lautre lamour est égoïste sous des apparences altruistes. La jalousie qui peut aller jusquau meurtre est lexpression ultime de ce paradoxe. « Jaimerais mieux te voir morte quà un autre » dit un personnage de Molière à sa bonne amie. Il faut cependant reconnaître que le sentiment amoureux a lavantage de substituer à des relations conflictuelles entre des êtres exploitant les mêmes ressources des relations plus détendues de client fidèle à fournisseur attitré où chacun trouve son compte, des relations qui sapprofondissent avec le temps et les soucis partagés. M. et Mme Pingouin ont sans doute connu le coup de foudre avant de fonder un ménage qui durera toute leur vie. La fameuse HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" lettre de St Paul aux corinthiens témoigne de la puissance de cet attachement inconditionnel. On peut dire ainsi à propos de lamour que ceux qui en parlent le mieux sont ceux qui le font le moins ! Un usage abusif a été fait de ce concept assez clair de sorte que le sentiment amoureux est devenu avec la réaction romantique, avec le retour de lobscur, de lindicible de lineffable et pour tout dire du religieux, un fourre-tout auquel ont été prêtées toutes sortes de vertus magiques. En faisant de lamour un sentiment éthéré et sublime on en arrive à oublier sa fonction originelle qui est la perpétuation de lespèce. Le mariage na pas été institué pour le bonheur des parents, mais pour la protection des enfants, raison pour laquelle je trouve le mariage homosexuel plutôt incongru sil nest pas assorti de la possibilité dadopter. La pénurie de couples disposés à adopter est-elle si grande quil soit opportun de confier un enfant à deux femmes et surtout à deux hommes ? Pourquoi pas un mariage religieux entre prêtres homosexuels ? Ne riez pas, ça sest déjà fait ! Sans aller jusquà faire de lamour un art sacré, comme ce fut le cas dans plusieurs grandes civilisations, ne faudrait-il pas le considérer comme un des beaux-arts ? Le premier en importance peut-être puisquil est universel et mobilise tous les sens. Il nen reste pas moins que certains attachements paraissent éternels. La pensée est revenue si souvent sur la personne aimée, les premières rencontres, les moments heureux qui ont été partagés que les liaisons neuronales qui correspondent à ces évocations sont devenues ineffaçables. Quand les chaînes causales qui vont du monde extérieur à la conscience en passant par le cerveau sont interrompues, un bouclage peut se produire entre cerveau et conscience. Dans lextase lamour devient sa propre cause, les neurones de la béatitude sauto excitent par effet feed-back jusquà obtenir pleine satisfaction. Cest ainsi que, dans un domaine apparemment éloigné, un orgasme peut parfois se déclencher de manière inopinée chez un adolescent qui sèche sur un problème difficile en composition de mathématiques ! Faisant un pas de plus dans lhypothèse, se pourrait-il que les chaînes neuronales exprimant lamour de la mère, devenues sous-utilisées à partir du moment où lenfant a été sevré soient recyclées dans lamour de la divinité? Ce sont en tout cas les mêmes expressions dadoration éperdue, de total abandon
Jeune homme qui courtises une fille très pieuse, demandes-toi si la place nest pas déjà prise ! La transverbération de Ste Thérèse dAvila transpercée en son plus intime par le dard mystique et turgescent dun chérubin rubicond na dégale que l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pectase" épectase dun célèbre cardinal et théologien retrouvé mort dans une chambre improbable à deux pas de la rue St Denis. Croyant aller chez Agapè le saint homme avait rencontré Eros et son cur navait pas tenu le coup ! Souhaitons que leurs petites surs et leurs petits frères puissent profiter encore longtemps des mêmes extases ! Dans le monde contemporain tout se passe comme si la reproduction était devenue une conséquence secondaire et souvent indésirable du sentiment amoureux. Chacun sarrange de sa sexualité comme il peut. On ne lutte pas contre une force aussi puissante. Il faut ruser avec elle. La femme qui prend un amant, lhomme qui prend une maîtresse peuvent malgré tout rester fidèles. Et plutôt deux fois quune ! Cest dans lamour que se manifeste avec le plus déclat labsence de libre-arbitre véritable. On ne choisit pas dêtre amoureux. Cest une maladie que lon attrape et qui finit généralement par guérir. Des naturalistes ont constaté que le campagnol des campagnes est fidèle et que celui des montagnes lest beaucoup moins. Poursuivant leurs investigations ils ont découvert une différence génétique qui rend le campagnol des montagnes plus réactif à certaines hormones. Tout se passe comme si la pureté de lair, des sols et des eaux dont bénéficient les montagnes réduisait les risques de contamination que la promiscuité peut entraîner, autorisant ainsi le campagnol des montagnes à adopter des pratiques sexuelles plus relâchées. Les populations montagnardes de campagnols en sont venues à sélectionner au fil des saisons le gène de linfidélité dont on peut penser quil possède ses propres avantages du point de vue de lévolution ! Lamour excessif des femmes est le plus honorable de tous les vices. Cest dune certaine façon une manière dhommage rendu à un homme public que de lattaquer à propos de ses murs les plus privées, car ceci revient à dire que lon a rien trouvé de plus sérieux à lui reprocher. Sil est avéré que ses faiblesses dans ce domaine nont rien eu dillégal mais lont aidé à évacuer un trop-plein dagressivité et à garder les idées claires, il faut réserver notre indignation pour de meilleures occasions. Souvenons-nous que le meilleur de nos rois fut appelé le « vert-galant » ; ce nest certainement pas un hasard. Lexpérience montre que le sexe est le seul moyen de piéger lhonnête citoyen. La prudence requise doit-elle aller jusquà fermer les yeux sur les charmes de ses contemporaines ? Jusquà ignorer que la vue dune jolie femme est un cadeau délicat offert à tous les hommes qui ont le privilège de la rencontrer ? Cadeau quil serait malséant de refuser. Pourquoi les hommes vont-ils au spectacle si ce nest pour y voir de jolies femmes dans des situations intéressantes ? A contrario, il est permis davancer que si la race des hommes na pas disparu en dépit de son extraordinaire faiblesse, cest entre autres raisons parce que les êtres humains ont depuis toujours été extrêmement portés sur la chose ! Lespèce génétiquement la plus proche de lespèce humaine est celle des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Bonobo" chimpanzés bonobos, les plus libidineux de tous les singes, mais aussi les plus pacifiques ! La luxure a des vertus pacificatrices insoupçonnées. La guerre nest pas aussi naturelle à lhomme quon le dit.
PRIVATE 9. RELIGION, ETHIQUE ET POLITIQUETC \l 1 « 9. RELIGION ET MORALE »
Crudeli (reprise). Il y a dans les livres inspirés deux morales : lune générale et commune à toutes les nations, à tous les cultes, et quon suit à peu près ; une autre, propre à chaque nation et à chaque culte, à laquelle on croit, quon prêche dans les temples, quon préconise dans les maisons, et quon ne suit point du tout.
La Maréchale. Et doù vient cette bizarrerie ?
Crudeli. De ce quil est impossible dassujettir un peuple à une règle qui ne convient quà quelques hommes mélancoliques, qui lont calquée sur leur caractère. Il en est des religions comme des constitutions monastiques, qui toutes se relâchent avec le temps. Ce sont des folies qui ne peuvent tenir contre limpulsion constante de la nature, qui nous ramène sous sa loi ; Et faites que le bien des particuliers soit si étroitement lié avec le bien général, quun citoyen ne puisse presque pas nuire à la société sans se nuire à lui-même ; assurez à la vertu sa récompense, comme vous avez assuré à la méchanceté son châtiment ; que sans aucune distinction de culte, dans quelque condition que le mérite se trouve, il conduise aux grandes places de lÉtat ; et ne comptez plus sur dautres méchants que sur un petit nombre dhommes, quune nature perverse que rien ne peut corriger entraîne au vice. Madame la maréchale, la tentation est trop proche ; et lenfer est trop loin ; nattendez rien qui vaille la peine quun sage législateur sen occupe, dun système dopinions bizarres qui nen impose quaux enfants ; qui encourage au crime par la commodité des expiations ; qui envoie le coupable demander pardon à Dieu de linjure faite à lhomme, et qui avilit lordre des devoirs naturels et moraux, en le subordonnant à un ordre de devoirs chimériques.
La Maréchale. Je ne vous comprends pas.
Crudeli. Je mexplique ; mais il me semble que voilà le carrosse de M. le maréchal, qui rentre fort à propos pour mempêcher de dire des sottises.
La Maréchale. Dites, dites votre sottise, je ne lentendrai pas ; je suis accoutumée à nentendre que ce qui me plaît.
Je mapprochai de son oreille et je lui dis tout bas :
Crudeli. Madame la maréchale, demandez au vicaire de votre paroisse, de ces deux crimes, pisser dans un vase sacré, ou noircir la réputation dune femme honnête, quel est le plus atroce ? Il frémira dhorreur au premier, criera au sacrilège ; et la loi civile, qui prend à peine connaissance de la calomnie, tandis quelle punit le sacrilège par le feu, achèvera de brouiller les idées et de corrompre les esprits.
La Maréchale. Je connais plus dune femme qui se ferait un scrupule de manger gras le vendredi, et qui
jallais dire aussi ma sottise. Continuez.
Crudeli. Mais, madame, il faut absolument que je parle à M. le maréchal.
La Maréchale. Encore un moment, et puis nous lirons voir ensemble. Je ne sais trop que vous répondre, et cependant vous ne me persuadez pas.
Crudeli. Je ne me suis pas proposé de vous persuader. Il en est de la religion comme du mariage. Le mariage, qui fait le malheur de tant dautres, a fait votre bonheur et celui de M. le maréchal ; vous avez bien fait de vous marier tous les deux. La religion, qui a fait, qui fait et qui fera tant de méchants, vous a rendue meilleure encore ; vous faites bien de la garder. Il vous est doux dimaginer à côté de vous, au-dessus de votre tête, un être grand et puissant, qui vous voit marcher sur la terre, et cette idée affermit vos pas. Continuez, madame, à jouir de ce garant auguste de vos pensées, de ce spectateur, de ce modèle sublime de vos actions.
La maréchale a déclaré précédemment que le but de la religion était de contrarier les mauvais penchants de lhumaine nature avant de convenir que, dans ce rôle, elle nétait pas des plus efficaces. « Notre religion est faite pour extirper les vices, elle les couvre, les nourrit, les incite » (Montaigne). Le philosophe indique que, selon lui, il y a dans les enseignements de lEglise deux morales, lune commune à toutes les religions et à toutes les sagesses et quon peut appeler la morale naturelle, lautre arbitraire qui ne convient quà quelques individus « mélancoliques » quon dirait aujourdhui HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9pression_(psychiatrie)" dépressifs ou HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9vrose" névrosés. Le dogme de « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Immacul%C3%A9e_conception" lImmaculée Conception » est un exemple de cette névrose. Il signifie que le mode ordinaire de conception est sal, que le sexe est sal, que le célibat est saint. Etrange perversion qui conduit ceux qui idolâtrent le Créateur à critiquer ses choix les plus constants ! Le dogme du péché originel doit prendre sa source dans la répulsion que peuvent engendrer chez certains les flots de sang et de liquides divers qui accompagnent la naissance et quon peut prendre à tort pour des impuretés. Doù le baptême destiné à éliminer ces « impuretés » par des ablutions.
« Peut-on dire que la religion rende les hommes méchants ? Sûrement elle les rend tristes » (Alain). Comment le chrétien pourrait-il être tranquille et joyeux en ayant le sentiment davoir perpétuellement, tenue par un juge impitoyable, une épée de Damoclès au dessus de sa tête ? Fort heureusement il a longtemps subsisté dans nos campagnes un vieux fond de paganisme raillard, gaillard et paillard peuplé de dieux de comédie. On dit que la religion donne un sens à la vie. Faut-il vraiment que la vie ait un sens ? Pourquoi la vie dun être humain devrait-elle avoir plus de sens que celle dune libellule ? Nimporte qui peut se bercer de lillusion quil a donné un sens à sa vie en se fixant un objectif, une mission, une règle, mais qui donnera un sens à lobjectif, à la mission, à la règle ? Beaucoup ont lambition (la prétention ?) de faire de leur vie un chef duvre. En voulant à toute force donner un sens sublime à leur existence, ils risquent fort de commettre des contresens. La plupart des individus nont pas de « plan de carrière » et se contentent dagir en fonction des évènements qui se présentent et des réactions immédiates de leur instrument cérébral. La vie se contente dêtre, ce qui nest déjà pas si mal. Cest un voyage où il faut trouver du ravitaillement et éviter les accidents. Le terme du voyage ne nous est que trop connu. Cest ce quexprime la coutume hindoue de confier au courant de la rivière une minuscule embarcation, « frêle comme un papillon de mai », qui porte la flamme vacillante dune bougie, image symbolique de la conscience. Pour un cynique le sens de la vie, cest que les gros mangent les petits et savent limiter leur prédation pour quil y ait toujours en suffisance des petits à manger. Le Grand Lion a prescrit à son peuple de chasser et de se reproduire avec retenue pour le bien des générations futures et il a ajouté « évitez ces singes impudiques qui mont dérobé le tonnerre et qui sen servent pour vous exterminer ». La vie a un sens intrinsèque, inclus dans sa notion même et sans lequel elle ne saurait exister, qui est de persister et de sépanouir. Tout être vivant participe dinstinct à ce processus. Un être humain découvre le sens de sa vie le jour où il réalise quil constitue un maillon de la longue chaîne des êtres vivants. Le sens donné à la vie par les religions en général et par la religion chrétienne en particulier, sous des apparences de générosité, est en réalité profondément égoïste puisque ces religions nenvisagent de salut quindividuel. Elles sont donc, de ce point de vue, profondément immorales. Certains diront quen se sauvant, on sauve les autres. On reconnaît là la main invisible du marché
dont létat actuel du monde montre quelle a souvent besoin dêtre guidée. Jappelle de mes vux une religion, plus conforme à mes yeux à notre condition de passagers obligés de la fragile Planète Bleue, qui dirait que nous serons tous sauvés ou tous perdus, une religion pour laquelle un Dieu de Justice ne serait quune hypothèse de travail et où le dogme du péché originel serait remplacé par celui de la bienveillance universelle.
Revenons au domaine restreint que nous avons déjà évoqué, celui dans lequel se déroulent nos modestes existences. Les relations de causalité à lintérieur de ce domaine sont les mêmes pour tous et cessent dêtre connues au-delà des limites du domaine. Cependant, les religions fixent ce que les mathématiciens appelleraient des conditions aux limites. De proche en proche, ces conditions permettent de fixer la valeur de tous les paramètres à lintérieur du domaine, cest-à-dire toutes les règles de vie. Autres conditions aux limites, autres règles. Doù, pour éviter les disputes dues à des points de vue différents, lintérêt de fixer pour tous les mêmes conditions aux limites, avec la difficulté davoir à accorder les règles qui en résultent avec lexpérience vécue. Lincroyant ignore quelles sont les conditions aux limites. Il ne peut se fier quà son instinct et à sa raison dont il suppose, suivant en cela Darwin, quils sauvegardent les intérêts du monde vivant, ceux de lespèce humaine et son propre intérêt. Cest à Mère Nature quil adresse son « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Entre tes mains (je remets mon âme)" in manus tuas ». « Il y a des choses quil faut accepter sans les comprendre ; en ce sens nul ne vit sans religion » (Alain). Pour tout homme lexistence du monde extérieur est une croyance. Ce que nous appelons éveil pourrait nêtre quune forme particulière de rêve. Les croyances dun fidèle bien conditionné forment un réseau hydrographique qui ne cesse de sapprofondir par lusage. Toutes ses pensées remontent comme des poissons obstinés vers la source divine. Le réseau dun incroyant, partant des constats sensibles et suivant lenchaînement des effets et des causes, aboutit à locéan de lignorance et du doute. Il en résulte que le savant qui épouse une croyance religieuse est forcément quelque peu schizophrène. Hasardons une hypothèse : lactivité neuronale du croyant rebondit sur lîlot divin et se trouve renforcée par lécho tandis que lactivité neuronale de lincroyant samortit et se perd. Il en résulterait que le croyant a plus dinflux, plus de « gnaque » que lincroyant. Largué sans carte et sans repères dans un territoire inconnu, il vaut souvent mieux choisir arbitrairement un cap et sy tenir plutôt quattendre une inspiration qui ne viendra pas. Lesprit du croyant est tourné vers le passé car dans lavenir il voit inscrite sa propre mort quil ne peut considérer sans appréhension, quoi quil en ait. Celui de lincroyant est davantage tourné vers lavenir car HYPERLINK "http://www.bribes.org/trismegiste/es1ch19.htm" philosopher cest apprendre à mourir. Or, vous observerez que quatre-vingt dix neuf pour cent des conversations à bâton rompu concernent le passé car chacun adore raconter sa propre histoire. Certains ne vivent leur vie que pour le plaisir de la raconter Lavenir, parce quil est imprévisible, est beaucoup moins bavard que le passé, et le peu quil nous dit nest pas forcément réjouissant ! Les grands chefs indiens qui se préoccupaient de lavenir de leur tribu étaient réputés pour leur sagesse, mais aussi pour leur laconisme. Ils savaient attendre en silence, en tirant sur leur calumet, que les solutions mûrissent dans leur esprit. Une pipe a cet avantage quelle permet de réfléchir avant de parler et lessentiel tient en peu de mots. Un penseur profond prend en considération un grand nombre de données pour élaborer une pensée neuve. Il est nécessairement lent. Un penseur brillant utilise des matériaux déjà élaborés qui sont immédiatement disponibles. Il en résulte quil est impossible dêtre simultanément profond et brillant, sauf peut-être pour des individus exceptionnellement exceptionnels comme le fut Diderot. Il sera de plus en plus difficile de réussir ce tour de force car le volume des informations disponibles ne cesse de croître et la capacité de traitement du cerveau reste à peu de choses près la même. Le seul espoir de réussir lalliance de la profondeur et de la rapidité réside dans lIntelligence Artificielle ou peut-être dans une association du cerveau humain et de lIntelligence Artificielle. Lhomme disert invite ses interlocuteurs à faire le tour du propriétaire de son moi. Il choisit naturellement les meilleurs points de vue et évite soigneusement les arrière-cuisines. Lesprit du bavard incorrigible est tourné obstinément vers le passé, son propre passé. Les religions vivent dans le passé des révélations et des histoires saintes. Par son caractère prédictif la science est tournée vers lavenir, ce qui est forcément moins accessible et moins populaire.
Dés linstant où plusieurs religions sont acceptées sur un même territoire linstinct et la raison de lincroyant, tels que les exprime la philosophie des lumières, sont cependant les seules références communes possibles pour tous ceux qui y résident. Cest ce quil ne faut cesser de répéter à tous les intégristes. LAncien Testament témoigne de léthique guerrière en vigueur à lâge du bronze. Ceux qui se repaissent de la Bible sont victimes de cette régression comme le montrent à lévidence les politiques américaine et israélienne. La Bible, lointain écho dun passé sanglant de guerres ethniques et religieuses, est la cause fondamentale du conflit israélo-palestinien. « Notre zèle (religieux) fait merveille quand il va secondant notre pente vers la haine, la cruauté, lambition, lavarice, la trahison, la rébellion » (Montaigne). Le Nouveau Testament imprégné de la philosophie régnante témoigne de léthique en vigueur dans le monde romain durant lantiquité tardive. On ny trouve donc encore aucune condamnation ni de la guerre, ni de lesclavage, ni de la tyrannie, ni de la subordination de la femme, ni de lexploitation des enfants, ni de la peine de mort, ni des traitements inhumains ou dégradants, ni de la cruauté envers les animaux. Dieu demande aux hommes de renoncer à la violence mais saccorde le droit dinfliger des châtiments épouvantables et éternels. Lexemple comme on sait est toujours plus puissant que les paroles. Les fidèles des grandes religions sont des nostalgiques déthiques depuis longtemps dépassées par les éthiques naturalistes qui, bien entendu, ont repris les aspects positifs des éthiques religieuses. Comment répartiriez-vous la population occidentale actuelle entre ces diverses éthiques ? Je voterais personnellement pour 15% vivant à lâge de pierre, 35% à lâge de bronze, 35% à lâge des premiers philosophes, 15% à lâge des Lumières qui se sont allumées à la Renaissance mais sont aujourdhui menacées dextinction. Il résulterait de ces proportions quune politique fondée sur les seuls acquits des Lumières nobtiendrait de majorité quaccidentellement et cest effectivement ce qui peut être constaté. Lors dun jeu télévisé le pourcentage de joueurs ayant refusé dappliquer des décharges électriques douloureuses voire mortelles à des joueurs dun autre camp lorsque ceux-ci donnaient de mauvaises réponses sest établi à 20%, ce qui nest pas très différent du pourcentage proposé pour ceux qui se recommandent des lumières. Tous les efforts de pédagogie doivent viser à augmenter ce pourcentage. Cest la responsabilité des hommes politiques daller vers les Lumières contre lavis majoritaire de leurs électeurs. Ce fut celle en leur temps des saints les plus vénérés. En effet les conditions aux limites des religions ne conduisent pas leurs adeptes à sécarter trop fortement dans la vie de tous les jours des règles instinctives de lincroyant, à quelques notables exceptions près. Le feraient-elles quelles seraient rapidement éliminées par la sélection naturelle. Il se peut dailleurs que des différences relativement mineures provoquent des conflits dune violence sans commune mesure avec la cause génératrice. Cest léquivalent dans le domaine social dune réaction allergique dans le domaine physiologique. Comme le dit si bien Diderot : « Il y a dans les livres inspirés deux morales : lune générale et commune à toutes les nations, à tous les cultes, et quon suit à peu près ; une autre, propre à chaque nation et à chaque culte, à laquelle on croit, quon prêche dans les temples, quon préconise dans les maisons, et quon ne suit point du tout ». Là où croyants et incroyants divergent, cest sur le chapitre de la justice à laquelle chacun estime avoir droit. Le croyant pense que les injustices seront réparées dans lau-delà, quoi quil puisse arriver ici-bas. Lincroyant pense que la justice sera rendue à chacun ici et maintenant ou quelle ne le sera jamais, que seule lespèce peut bénéficier dune justice a posteriori. Il ny a pas dailleurs de justice en soi mais seulement des justices liées aux lieux et aux circonstances. Les lois établies selon des critères dutilité sociale varient avec le temps et sont sujettes à interprétation Pour mieux dire, il y a autant de justices que de juges comme il y a autant de croyances que de croyants.
Le philosophe dit à la Maréchale : « Il vous est doux dimaginer à côté de vous, au-dessus de votre tête, un être grand et puissant, qui vous voit marcher sur la terre, et cette idée affermit vos pas ». Il vous est doux et il vous semble naturel dimaginer aurait-il pu ajouter. Il nest pas besoin de faire preuve dune imagination excessive pour identifier cette divinité surplombante avec le surmoi de Freud qui est le moyen choisi par lespèce pour faire valoir ses droits en incitant le moi à adopter des comportements conformes à léthique. Les fidèles croient vivre sous le regard de ou des dieux. De fait ils vivent sous le regard de leur surmoi. Lélément divin, quelle quen soit la forme, est présent dans le surmoi des croyants et altère leur instinct moral en y introduisant lintérêt personnel. Le surmoi, cest lensemble des circuits neuronaux chargés de rappeler au moi conscient les interdits parentaux, la soumission au mâle dominant, et les intérêts de lespèce. Cest ce qui relie un individu à ses congénères, passés, présents et futurs. Cest une des racines des religions. Se préoccuper des autres est une des clés de leur réussite. Le surmoi est le réceptacle où vont saccumuler les recommandations et les interdits dont lindividu sera nourri au cours de sa vie, spécialement dans ses débuts, mais je suis persuadé quil existe chez tous un stock initial, que le cerveau est fourni à la naissance avec son système dexploitation et quelques logiciels de base (les instincts dont linstinct parental, linstinct grégaire, linstinct sexuel , linstinct moral, linstinct de conservation, linstinct logique selon lequel tout phénomène doit avoir une explication). Des expériences ingénieuses effectuées sur des bébés dun an, évidemment vierges de tout enseignement moral, ont montré que ceux-ci avaient des comportements moraux, le sens de la justice et de la punition des méchants Cest peut-être ce que Platon signifiait quand il disait que tout savoir est HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9miniscence" réminiscence. Linstinct est la mémoire de lespèce. Un oiseau sait voler sans avoir jamais appris. Le sympathique anarchiste, généralisant peut-être abusivement son cas personnel, considère que linstinct moral est assez puissant à lui tout seul pour quil ny ait pas dautre contrainte à exercer sur lindividu. Dautres estiment que la religion est un élément fondamental de la pression psychologique quil est nécessaire dexercer sur lui. Postuler lexistence du libre-arbitre nest finalement rien dautre que de constater lexistence dun surmoi dont les exhortations peuvent être selon les cas plus fortes ou moins fortes que les pulsions dues à des désirs plus matériels, plus égoïstes et plus immédiats, la conscience, arbitre impartial, désignant le vainqueur. Saint Paul, avec les mots de son époque, ne dit pas autre chose : « je ne sais pas ce que je fais: je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais. Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne. Et maintenant ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi. Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair: j'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi.] Je trouve donc en moi cette loi: quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur; mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres ». Ce surmoi est une donnée que nous ne maîtrisons pas plus que le reste, cest un héritage génétique, éducatif et culturel. Quand un homme se conduit en accord avec léthique ordinaire on est toujours en droit de se demander si cest son surmoi qui est costaud ou si ce sont ses passions qui sont faiblardes. Si, inversement, il se conduit mal, il ne faut pas nécessairement lattribuer à une absence de sens moral ; il peut sagir dune insuffisance dénergie pour suivre les injonctions de ce sens moral. Tous les individus ne subissent pas ces diverses sollicitations avec la même intensité. Certains chez qui la voix de lespèce ou du surmoi que daucuns appellent la voix de la conscience est un peu plus faible quil nest souhaitable peuvent trouver avantage à la renforcer par ces imaginations qui peuvent leur épargner des retours de bâton désagréables, de la même façon que, conscients de leur amour immodéré du jeu, certains se font interdire de casino !
« Mettons lhomme et le bandit en présence de Dieu, comme on suppose que le vrai croyant est en présence de Dieu, lun et lautre cèderont à une puissance évidemment invincible
cest pourquoi il faut que Dieu soit incertain
le saint est lhomme qui se passe de Dieu » (Alain). HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Sp%C3%A9cial:Recherche&search=m%C3%A8re+th%C3%A9r%C3%A9sa&fulltext=Rechercher&ns0=1&redirs=0" Mère Térésa a fait part des douleurs à peine soutenables quelle a endurées lors des très longues périodes où elle a dû se passer de ce quelle ressentait comme la présence du Christ, lequel par ailleurs sest bien souvent fait invectiver par HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Abb%C3%A9_Pierre" labbé Pierre. Térésa et Pierre ont pourtant conservé leurs trajectoires sans dévier dun pouce, en dépit des vicissitudes de ce quils décrivaient comme leur relation personnelle à Dieu, ce qui montre bien quil existe un moteur encore plus puissant que cette relation. Ce moteur cest linstinct moral, instinct présent chez tous les hommes, peut-être chez tous les êtres vivants évolués. Labsence de Dieu, au moins momentanée, est la condition dune véritable sainteté. Le doute est lhonneur intime du croyant, son garant. Sans le doute, le saint nest quun habile homme. Il existe par ailleurs des saints laïcs tout aussi authentiques que ceux qui sont estampillés par lEglise. Les militants communistes qui ont résisté à la torture jusquà la mort pour ne pas livrer les noms de leurs camarades mériteraient bien dêtre sanctifiés. La véritable sainteté na pas de couleur politique ou religieuse. Sous les préaux des écoles le leader communiste Jacques Duclos arrachait des larmes à ses auditoires ! Comment ne pas être daccord avec celui qui ne professe que de bons sentiments. ? Dune manière générale il ny a rien dans la doctrine chrétienne des évangiles qui puisse heurter les sentiments naturels que chacun éprouve. Chacun est libre dailleurs de voir dans le christianisme le précurseur de la pensée sociale, ou de considérer le socialisme comme du christianisme enfin pris au sérieux. Cette parenté nest pas surprenante quand on connaît les origines véritables du christianisme. Quand HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx" Marx évoque le sort des enfants travaillant dans les mines, il retrouve des accents évangéliques. Lunité fondamentale de la famille humaine est au cur de la doctrine des évangiles, comme elle est au cur de la doctrine socialiste attachée à cette unité et au respect de la dignité de chacun. Ce christianisme-là est bien un humanisme, même si cet humanisme comporte, comme nous le verrons, quelques lacunes. Il faut reconnaître que le Christ tel quil a été dépeint est le premier à avoir dit aussi nettement que la raison du plus faible est toujours la meilleure, et que la solidarité doit sétendre très au-delà du cercle étroit où elle est confinée dans la nature. Dans ce sens il semble contrevenir aux intentions primitives de la nature et de son éventuel Créateur ! Cest la prééminence écrasante de lhomme sur cette planète qui la conduit à faire cette entorse aux lois naturelles. Si la croyance quil affiche nest pas un simple vêtement destiné à dissimuler un égoïsme foncier, un chrétien conséquent doit se sentir plus à laise avec un socialisme altruiste quavec un capitalisme égoïste par essence et il très étonnant, et ne peut sexpliquer que par un souci de rééquilibrage, quen France une extrême droite de tradition antisémite choisisse de se recommander dune religion qui divinise un juif de gauche ! Rien décidément nest simple et la figure du Christ appartient à la longue série des martyrs qui ont été exécutés ou assassinés tandis quils uvraient pour le bien commun. LAmérique du sud, maintenant que la CIA y a desserré son étreinte, parait bien partie pour être le continent à la fois le plus chrétien et le plus socialiste. Jamais donc je ne croirai que labbé Pierre, mère Térésa et tous les saints du paradis ont fait ce quils ont fait par calcul, pas plus que je ne le crois de la Maréchale. La meilleure preuve que la religion, malgré le caractère exorbitant de ses promesses et de ses menaces, na pratiquement aucune influence dans ce domaine, cest que la conduite de HYPERLINK "http://teamalaide.free.fr/Aragon/poeme.htm" celui qui croyait au ciel et la conduite de celui qui ny croyait pas ne se distinguent pas aisément, ni dans la vie de tous les jours, ni dans les situations extrêmes. Les études statistiques qui ont pu être faites sur ce sujet montrent que le croyant et lincroyant ne se différencient pas de manière significative, ni dans leurs jugements moraux, ni dans les actes qui en sont la traduction. Le philosophe et la Maréchale étaient dailleurs daccord sur ce point bien avant que de telles études aient été entreprises. Il est très probable que les groupements neuronaux et leurs liaisons mis en jeu dans les processus mentaux correspondant soient identiques que leur origine causale soit appelée volonté divine par les croyants, instinct moral par les philosophes ou surmoi par les disciples de Freud. La morale, loi de nature, est la même pour tous. Est-ce à dire, « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Je frémis rien qu'à l'évoquer" horresco referens » que ceux qui croient au ciel ny croient pas vraiment, mais que cette pseudo croyance leur est confortable, sympathique et socialement profitable ? Quils y adhèrent comme on achète un ticket de HYPERLINK "http://www.arte-tv.com/fr/histoire-societe/Special-Europe/Agenda_20EUROPE/cette-semaine/Journ_C3_A9es_20europ_C3_A9ennes_20du_20patrimoine_20_3A_20un_20fabuleux_20h_C3_A9itage_20_C3_A0_20d_C3_A9couvrir_2C_20red_C3_A9couvrir_20et..._20entretenir/943750.html" lEuromillion avec le fragile espoir que ce soit le ticket gagnant ? Vivraient-ils comme ils le font sils croyaient véritablement aux récompenses et aux châtiments annoncés ? Oseraient-ils faire des enfants sachant les douleurs infernales que ceux-ci risquent dendurer pendant des siècles de siècles ? Oublieraient-ils aussi facilement les prescriptions de leur foi et lamour du prochain, lorsque leurs passions, leurs préjugés ou leurs intérêts sont en jeu ? Ce fut vrai dans le passé des plus HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Pornocratie" hautes autorités de lEglise. Comment font-ils pour résister au stress extrême qui devrait résulter normalement de lincertitude terrible qui pèse sur leur avenir, car comme dit Woody Allen léternité, cest très long, surtout vers la fin ! Il en est peu qui peuvent avoir la conscience parfaitement tranquille. Et sils lont cest HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ch%C3%A9" péché mortel dorgueil comme Diderot ne manque pas de le leur rappeler. Pourquoi ne mettent-ils pas plus volontiers la main à la poche pour garantir cette éternité ? Largent dépensé est un bon indicateur de lintérêt porté à une cause. Or, dans la plupart des familles chrétiennes, le sport ou les vacances sont des postes budgétaires plus importants que celui consacré à faire vivre leur foi. Voyez avec quelle ferveur les fidèles se bousculent pour consacrer leur vie à laffaire mirobolante qui leur est proposée ! Voyez la part de leurs revenus quils consacrent à des uvres charitables et avec quelle munificence ils entretiennent leurs pasteurs, de sorte que ceux-ci ne pourraient nourrir femme et enfants, même sils étaient autorisés à en avoir ! Voyez avec quel enthousiasme ils se débarrassent de leurs biens superflus alors quils savent pourtant quun excès de ces biens peut faire obstacle à leur salut ! Ecoutez ce prélat lucide persuadé que les jeunes filles de bonne famille qui se pressent pour applaudir le pape lorsquil prêche la chasteté et labstinence, ont des contraceptifs dans leur sac à main ! Les églises se vident dés que la pratique religieuse est un obstacle aux carrières. Linsignifiance de lart religieux contemporain montre que lesprit a déserté les églises. La religion reste un marqueur social mais elle a perdu pratiquement toute influence sur la conduite des individus. Un couple bien portant qui compte moins de dix enfants lorsquil atteint la quarantaine ne suit pas les prescriptions de lEglise concernant la contraception. La douceur du bouddhisme cambodgien na pas empêché de sexprimer la monstruosité dun HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Pol_Pot" Pol Pot, ce qui est assez terrifiant, et Staline fut séminariste. « Si nous avions une seule goutte de foi, nous remuerions les montagnes » dit lévangile cité par Montaigne. Aux dernières nouvelles, elles sont toujours à la même place. Il est plus facile daimer un Dieu que lon peut modeler à sa fantaisie plutôt que des créatures obstinées à persévérer dans leur être, et, selon le mot terrible de Diderot, daller « demander pardon à Dieu des injures faites à lhomme ». Torturez si vous le jugez indispensable, mais noubliez surtout pas daller vous confesser après ! Feu le Général HYPERLINK "http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1097" Massu qui connaissait bien la question a fini par convenir quil était possible et même avantageux de se passer de ce moyen extrême. Il faut dire quayant atteint le troisième âge de la croyance il avait tout intérêt à se mettre en règle avec sa conscience avant quil ne soit trop tard ! Il y a vraiment de quoi assombrir les dernières années de croyants sincères qui ont succombé dans leur jeunesse à des passions coupables et qui voient arriver avec appréhension le moment où ils auront à rendre des comptes. Quils se rassurent, leur Créateur sait bien quils navaient pas le choix !
Insultez et giflez publiquement à la sortie de la messe un paroissien jeune, robuste et bien habillé et voyez sil tend lautre joue ! Pour pousser lhomme à laction, on ne peut guère agir en effet que sur trois leviers : la peur, lintérêt et le sens moral qui pousse à se dévouer pour sa communauté. Tous les régimes politiques utilisent à des degrés divers ces différents leviers. La dictature privilégiera la peur, la démocratie libérale mettra laccent sur lintérêt. Une nation en guerre pourra davantage faire appel au sens moral qui peut aller jusquà lenthousiasme et loubli de soi, car on ne calcule plus quand la maison brûle. Ce comportement est ce quon appelle le patriotisme dont la version dévoyée est le nationalisme. Il nest que de constater lincroyable rapidité à laquelle ont été développés pendant la dernière guerre bombe atomique, fusées, avions à réaction et, dans le cas de lUnion Soviétique, des armes conventionnelles au niveau des meilleures existant à lépoque. Laction immédiate remplace dans ces circonstances exceptionnelles les discussions interminables sur qui doit faire quoi et au profit de qui et les réticences et retards qui en découlent. Cest la raison pour laquelle le communisme qui a si bien réussi dans la guerre a échoué dans la paix. Cest quil aurait fallu, la paix revenue, deux partis communistes se distinguant par les nuances du rouge de leur drapeau et se disputant le pouvoir, et non pas un seul, pour que ce régime perdure, au lieu de dégénérer par manque de contrôle démocratique en une entente des copains et des coquins dont nous voyons encore aujourdhui les séquelles. Beaucoup renvoient dos à dos stalinisme et nazisme. Est-il légitime de mettre sur le même plan angélisme dévoyé et satanisme assumé ? Dans la nature, chaque animal ne recherche que son propre intérêt ou celui dun groupe très étroit lié à lui par le sang et constituant sa « famille ». Le capitalisme entérine cet état de fait. Le collectivisme élargit ce groupe jusquà des limites qui ne sont pas toujours fixées avec beaucoup de précision (classe sociale, nation, humanité, règne vivant tout entier ?). Le capitalisme dispose de la religion pour introduire les exceptions nécessaires à son principe général. Le collectivisme érige lexception en règle. Il exige donc pour son bon fonctionnement que les principes recommandés par toutes les religions comme par la philosophie naturelle, soient intégrés sous forme de réflexes par la plupart des individus. Nous ny sommes pas encore tout à fait. Quels efforts fait-on dailleurs pour donner aux jeunes gens les bons réflexes ? A peu près aucun. Les informe-t-on même suffisamment de lexistence de codes et de lois dont ils devraient connaître au moins les dispositions essentielles ? A-t-on suffisamment insisté auprès deux sur le fait que pour gagner une compétition il est essentiel déviter les cartons rouges ? Leur a-t-on fait prendre conscience du fait que sans éthique aucune société nest viable ? Que la promotion de léthique est une activité qui peut être gratifiante ? Leur a-t-on démontré par lexemple « qu'à tout prendre il vaut mieux, pour son bonheur dans ce monde, être un honnête homme qu'un coquin » ? Le sens moral est une plante fragile quil faut nourrir, soigner et protéger. Une morale véritable ne peut être fondée sur les récompenses et les châtiments, comme cest la règle pour toutes les religions. Il faut faire appel à linstinct qui incite à protéger sa propre espèce. Au temps de la splendeur de lURSS on entendait dire dans les pays de lEst que le déficit moral qui y était observé était lié à labsence de religion. Le retour de celle-ci a-t-il amélioré la situation ? Il est permis den douter. Une partie de la nomenklatura sest muée, pour son plus grand profit en maffia capitaliste à la faveur de HYPERLINK "http://www.diploweb.com/p4blan01.htm" manuvres qui laissent pantois. Cette maffia constitue les gros bataillons des nomenklatouristes et des oiligarques que nous voyons aujourdhui envahir tous les lieux à la mode. Comment le peuple russe sest-il laissé dépouiller ainsi de ce quil avait acquis au prix de tant de sang, de sueur et de larmes ? Il ne faut pas sétonner quil noie aujourdhui sa désillusion et son chagrin dans un flot de Vodka. Ceux qui veulent comprendre exactement ce qui sest passé pendant ces périodes troublées prennent le risque de finir leur carrière dans une dalle de béton. Le KGB, la CIA et des organisations criminelles ont certainement eu plus de part que le Saint-Siège dans ces malversations. Il est difficile de comprendre ces évènements si le KGB na pas été influencé sinon infiltré par la CIA. Des esprits tentateurs ont murmuré à loreille des directeurs dentreprises quils disposaient certes déjà de copieux privilèges, mais quil serait encore préférable pour eux de devenir dheureux propriétaires. Et ils ont répondu banco ! Il y a tout lieu de croire que les spoliations dont le peuple russe a été victime ont été précédées, avant même la chute du communisme, par des détournements de fonds. En fait les individus qui avaient la possibilité de racheter des entreprises publiques, même bradées, étaient les bénéficiaires de ces détournements ainsi que ceux qui pratiquaient depuis longtemps déjà des activités criminelles. Cependant le phénomène qui sest manifesté dans le cas de lUnion Soviétique avec un éclat particulier a son équivalent dans toutes les sociétés. Seul le vol, légal ou non, peut enrichir rapidement car largent est le signe du travail efficace, celui qui remet de lordre dans le monde matériel en limitant autant que faire se peut les gains de lEntropie, et cela prend du temps. Le communisme qui reste une idée séduisante a échoué comme le pensait ce bon monsieur HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" Gorbatchev à cause de la mise en uvre de son principe, non à cause du principe lui-même qui est somme toute assez naturel. Une armée en campagne, léquipage dun navire, une expédition himalayenne, un ordre monastique, une famille unie, un groupe damis en vacances fonctionnent selon des règles ou des usages qui en sont assez proches. Il sagit de mettre des ressources en commun afin dassurer au mieux les besoins de chacun. Donnez le communisme aux japonais et ils le feront fonctionner ! Dans une société primitive, nul ne conteste au meilleur chasseur le droit de se servir le premier ni celui de choisir le meilleur morceau, mais il ne viendrait pas à lidée du groupe des chasseurs dallouer cinq cents kilogrammes de viande à celui dont lestomac ne peut en contenir que deux, pendant que dautres chasseurs resteraient sur leur faim. Le grand public juge indissociables le communisme et la dictature. Au vu de lhistoire il semble difficile de lui donner tort. Pourtant il peut être soutenu avec quelque vraisemblance que lévolution du communisme russe vers la dictature a été rendue inévitable par la pression extrême, tant extérieure quintérieure, qui a été exercée sur ce régime. Lorsque les conditions deviennent très difficiles une stricte discipline simpose en effet à tous. Ce fut vrai pour la révolution russe comme pour la révolution française, et le souci de lordre est un domaine où il est facile den rajouter. Aux yeux du plus grand nombre tout système collectiviste est irrémédiablement disqualifié, mais qui aurait parié en 1815 sur lavenir des démocraties parlementaires laïques alors que partout en Europe les trônes et les autels venaient dêtre rétablis ? Les différentes « restaurations » que la France a connues et dont la dernière a peut-être eu lieu durant le dernier passage au pouvoir de la droite dite « décomplexée » montrent que le premier essai nest pas toujours le bon. Il est pourtant aussi motivant pour un salarié de travailler au profit de ses camarades ou de ses compatriotes dans un cadre mutualiste que de travailler pour des actionnaires avec lesquels il ne se sent le plus souvent aucun lien et qui nont ni pour lui, ni pour les intérêts nationaux, aucun égard. Les dirigeants résidant au-delà des océans et dont le seul horizon est lhorizon financier apparaissent trop souvent comme de nouveaux tyrannosaures. Si le libéralisme économique a prouvé dans les faits son efficacité lorsque les ressources naturelles étaient abondantes et les produits de consommation rares, quen sera-t-il si ces ressources se raréfient ou si ces produits deviennent disponibles presque à discrétion, parce que fabriqués essentiellement par des robots, ou bien si mondialisé, informatisé et « internetisé » le système libéral souffre dinstabilités irrémédiables avec leur cortège de catastrophes financières, économiques et, finalement, humaines ? La question mérite dêtre posée. La réponse dépend, entre autres, de ce qui va se passer en Chine où la religion semble avoir perdu droit de cité, et du développement plus ou moins rapide de la robotique et des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_expert"systèmes experts.
Au risque de faire crier, je dirais quen politique cest le propre de la gauche de privilégier le surmoi dans ses propos tandis que la droite privilégiera plutôt les pulsions élémentaires, comme la peur qui prend aux tripes. Si la gauche semble plus sensible aux sollicitations du cortex, la droite se soumet plus volontiers aux diktats du bulbe rachidien. La distinction entre droite et gauche est donc tout sauf artificielle. Lhomme, quil soit de droite ou de gauche, a un bulbe et un cortex, mais la conscience de lhomme de gauche est plus spontanément accordée sur les flûtes et les violons du cortex et celle de lhomme de droite sur les cuivres et les tambours du bulbe. Pour faire court on peut dire que le cortex est de gauche et que le bulbe est de droite. A mesure quil vieillit et quil prend du ventre lhomme passe souvent dun cortex dominateur à un bulbe prépondérant. La gauche exprimera plus volontiers des intentions nobles et généreuses et la droite des préoccupations matérialistes et égoïstes. La ligne de démarcation gauche droite passe au travers des assemblées comme elle passe à lintérieur de chaque individu. Les deux attitudes sont dailleurs indispensables et complémentaires. Elles constituent une nouvelle illustration des phénomènes de sélection naturelle. Au niveau individuel la force est favorisée ; au niveau collectif cest léthique. Cette différentiation darwinienne ne mérite pas que lon sinsulte. Pour attaquer un sol dur il faut incliner la bêche tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche. « Nous ne sommes pas les bons et ils ne sont pas les méchants, même sils disent quils sont les bons et que nous sommes les méchants ! » (François Mitterrand). Il ne faut pas sétonner si, dans une démocratie en bon était de marche ; droite et gauche ont tendance à séquilibrer. Chaque camp, dans son programme, va en effet aussi loin que possible jusquau point au-delà duquel il craint de ne pas pouvoir réunir une majorité de suffrages. Un homme de droite sera plus facilement séduit par les idées religieuses car elles contribuent à le rééquilibrer. Il compense ainsi souvent légoïsme collectif quil préconise par une grande générosité individuelle. Il narrive pas à se faire aussi méchant quil le voudrait car la nature est la plus forte. En dautres temps, malgré un racisme affiché, il avait son bon juif ou son bon arabe. Lhomme de gauche se rééquilibre en adoptant des murs plus libérées, un comportement individuel parfois plus égoïste, en tout cas plus HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9donisme" hédoniste et moins esclave du quen dira-t-on. Doù les facilités quil y a à le piéger en plaçant sur son chemin une séductrice, telle la fameuse HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Monica_Lewinsky" Monika, à qui il est loisible dimputer les récents déboires de la vie politique américaine et même mondiale. La méthode a démontré son efficacité, elle peut encore servir, mais ceux qui lutilisent se déshonorent plus quils ne déshonorent leurs victimes. Certains hommes de droite reprochent à la gauche de manquer de patriotisme. Or, le sentiment dappartenir à une classe privilégiée est souvent plus fort à droite que le sentiment national. Il suffit douvrir un livre dhistoire pour constater que les traîtres à la patrie proviennent très souvent dune droite où la volonté de revanche sociale sur des classes revendicatives la emporté sur tout le reste. Par tempérament, lhomme de gauche est plus spontanément mathématicien ou physicien, lhomme de droite plus volontiers historien ou romancier. La morale et la prudence sont plutôt de gauche, les intérêts et laudace sont plutôt de droite et la pègre est plutôt fasciste. Lhomme de gauche est persuadé de lunité fondamentale de la famille humaine. Lhomme de droite veut faire partie des « happy few ». Cest très évidemment un péché dorgueil que lEglise officiellement désapprouve mais contre lequel elle ne fait pas preuve de beaucoup de zèle, dautant quil lui arrive assez souvent elle-même dy succomber. Le chrétien de gauche ne me paraît pas des plus conséquents. Au nom de quoi lutterait-il contre les inégalités qui règnent ici-bas alors que, selon la doctrine dont il se réclame, il en existe au ciel de bien plus radicales ? Lhomme qui est à la fois riche et de gauche suscite les railleries de la droite sectaire alors quon devrait plutôt louer son désintéressement. Si sa fortune est récente, ce nest pas, comme disait HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Coluche" Coluche, un nouveau riche mais un ancien pauvre. Il y aurait au contraire toutes les raisons de se moquer du riche qui se dit chrétien car « il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer au royaume des cieux ».
Lhomme de droite est un carnivore qui cherche à sapproprier toutes les idées intéressantes émises par des herbivores de gauche. Par une dérive qui paraît systématique les opinions de la gauche deviennent au bout dun délai variable des valeurs revendiquées par la droite, ainsi du patriotisme, de lesprit républicain, de la laïcité ou des préoccupations sociales. Cest de la récupération politique, un phénomène bien connu. Il faut remarquer toutefois quune société dans son ensemble est plus équilibrée lorsque le pouvoir politique et celui de largent ne sont pas durablement dans le même plateau de la balance. Léquilibre des pouvoirs, en permettant le respect des droits de chacun, est lessence même de la démocratie. La puissance de largent menace constamment ce nécessaire équilibre, car cet argent permet dorienter lopinion publique, de ridiculiser, corrompre ou compromettre, des adversaires politiques, dentretenir la division parmi eux et dinfiltrer leurs organisations. La confiance que donne un portefeuille épais permet aux opinions droitières de sexprimer plus facilement dans les discussions publiques ou privées. Cest ce qui explique les succès électoraux de la droite plus que la qualité de sa gestion trop souvent laxiste. Son action, facilitée par le soutien que lui apportent les milieux financiers, a pour effet daccroitre les inégalités ce qui est globalement contreproductif et explique ses échecs. Celui qui a lambition de réussir socialement a tout intérêt à professer des opinions conservatrices ou, à tout le moins, à dissimuler soigneusement celles qui pourraient déranger les situations établies. Il doit acheter le Figaro plutôt que Le Monde, Le Point plutôt que Marianne, Les Echos plutôt que le Canard Enchaîné.
PRIVATE TC \l 1 « »10. DU CATECHISME
La Maréchale. Vous navez pas, à ce que je vois, la manie du prosélytisme.
Crudeli. Aucunement.
La Maréchale. Je vous en estime davantage.
Crudeli. Je permets à chacun de penser à sa manière, pourvu quon me laisse penser à la mienne ; et puis, ceux qui sont faits pour se délivrer de ces préjugés nont guère besoin quon les catéchise.
Cest un fait que les incroyants sont réticents à légard de tout prosélytisme car ils ont conscience des souffrances que larrachement didées si profondément et si diversement enracinées peut causer à ceux qui ont encore besoin des consolations de la religion. Ils se sentent mal à laise dans cet exercice, comme sils avaient à dire à un enfant qui attend ses jouets que le Père Noël nexiste pas. Il est du reste aussi difficile davoir avec un croyant une discussion suivie sur le fondement de ses croyances que dapprendre à nager à un enfant qui crie et se débat dés quon veut le tremper dans leau ! Lui demander de les remettre en cause, cest lui proposer une sorte damputation. Lincroyant exposé constamment à lexpression publique de croyances qui lui sont étrangères est vacciné contre ce type dagression. Dailleurs lEglise Catholique ne sintéresse quà ceux qui sont des clients potentiels. Il faut dautant plus lui rendre hommage davoir eu le courage de publier encore récemment des catéchismes officiels, quelle sexpose ainsi à la contradiction. Plus prudentes les religions protestantes se contentent le plus souvent de commenter librement les textes sacrés et de chanter la joie dêtre ensemble. La catéchèse peut avoir toutefois des conséquences imprévues. Jai perdu la foi lorsque javais onze ou douze ans, parce que javais lu trop attentivement le catéchisme. Le catéchisme de mon enfance énonçait comme des certitudes un certain nombre de propositions :
Dieu est créateur de toutes choses
Dieu connaît le passé, le présent et lavenir
Dieu est infiniment bon
Dieu est tout-puissant
Lenfer existe
Comment un dieu infiniment bon et tout-puissant peut-il appeler à vivre un malheureux quil a créé lui-même et quil sait davance condamné à des souffrances éternelles ? Si les mots utilisés ont un sens, un tel comportement relève du sadisme le plus abominable et est évidemment incompatible avec une infinie bonté. La contradiction interne de ces différentes propositions ma parue si évidente que jai cessé de fréquenter le catéchisme et que je me suis mis au foot. Comme me le reprochait amicalement un ancien patron dans des circonstances évidemment tout autres : « lennui avec vous, cest que vous êtes logique ! ». Ce nest pas seulement moi qui suis logique aurais-je dû lui répondre, cest le monde qui est fait comme ça ! Dieu source inépuisable de bienveillance ou Dieu juge impitoyable et colérique (alors que la colère est un péché et que Dieu est sans péché daprès la doctrine), homme libre et responsable ou homme dont le destin est fixé inexorablement à lavance, lEglise na jamais su ou voulu choisir. En loccurrence, comme nous lavons vu, lhomme na très probablement que lillusion dun choix
Linvocation de ce choix hypothétique ne sert quà fournir un prétexte et une justification à la punition. LEglise chrétienne na jamais expliqué comment lhomme peut être libre si son destin, connu de Dieu de toute éternité, est de ce fait inexorablement fixé. Elle est totalement incapable de justifier lexistence du mal. Elle ne saurait lattribuer à Dieu, pourtant créateur de toutes choses. Elle doit donc, comme nimporte quelle société humaine, trouver des subalternes, des boucs émissaires, des « lampistes », pour porter le chapeau ! Cest le rôle dévolu au diable et à ses créatures, mais qui a permis au diable dexister ? Qui, sans être pour autant infiniment bon, naurait eu à cur de créer un monde où tous les êtres sensibles vivraient éternellement dans la sérénité et dans la joie ? Quelle mère au pied de la croix, mue par la rage et la douleur, naurait tenté darracher les yeux des bourreaux de son fils au lieu de les regarder faire ? Les bizarreries sont si nombreuses dans les textes sacrés quon peut se demander si ce nest pas à dessin, pour accoutumer leurs fidèles à croire aveuglément. Dieu est-il au courant de ce qui se passe dans les camps dextermination ou dans les salles de torture, pour ne citer que certains des cas les plus déplorables ? Que linjustice existe sur terre, passe encore, mais quelle continue dexister dans lau-delà, cest vraiment « too much ». Quelle compatibilité peut-il y avoir entre une Shoah éternelle et lamour divin ? Cest probablement ce quon appelle de lamour vache, mais alors poussé à ses plus extrêmes limites ! La justice divine telle quelle est envisagée par les chrétiens (et par dautres) est une suprême injustice. « Ou la définition générale de la justice convient également à vous, à M. le maréchal, à moi, au jeune Mexicain et au vieillard ; ou je ne sais plus ce que cest » Les contorsions des théologiens pour justifier linjustifiable invitent à poser cette question : comment dit-on « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Langue_de_bois" langue de bois » en latin déglise ? Comme a dit Brassens : « Dieu, sil existe, il exagère »... Comme a dit un autre « Sa seule excuse, cest quil nexiste pas ». Si Dieu existe il nest à mon avis ni bon ni mauvais, ou bien il est les deux à la fois. En toute logique la Trinité devrait être transformée en tétrarchie en y intronisant le Prince des Ténèbres. Si je ne craignais pas de faire de lanthropomorphisme je dirais que Dieu est un mathématicien et un physicien de génie perdu dans ses sublimes pensées de sorte que beaucoup de choses lui échappent et quil a toujours, sur nos plus illustres savants, un nombre infini de coups davance.
Mon catéchisme disait également :
Dieu doit être loué et adoré. Les catholiques pratiquants disent louer et adorer Dieu, ce quà ma connaissance il na jamais réclamé avec insistance, si lon se réfère aux évangiles, pas plus quil na insisté sur les châtiments et récompenses futurs ou sur lexistence desprits malfaisants, comme sil sagissait dans ces différentes occurrences de concessions faites par lEglise aux pratiques et aux croyances populaires, au nom probablement du réalisme. Comment font-ils pour louer et adorer sans arrière-pensée un être qui peut leur dispenser éternellement le meilleur, mais aussi le pire ? Un amour soumis à pareille contrainte peut-il être vraiment sincère ? Il me paraît au contraire quun amour véritable exige une manière dégalité et de liberté de part et dautre. Ils disent que Dieu est infiniment bon. Le croient-ils vraiment ou bien jugent-ils prudent de se mettre bien avec lui en le couvrant de louanges, comme sil sagissait dun potentat oriental cruel et capricieux ? Lui faire offrande cest se moquer de lui. Cest lui proposer déchanger une modeste obole contre une précieuse faveur. Cest se livrer à une tentative de corruption où lon demande denfreindre les lois naturelles à celui-là même qui en est lauteur. Supposer quil puisse être sensible à lamour de ses propres uvres a aussi quelque chose dinsultant à son égard. Cest laccuser en quelque sorte de payer la claque pour se faire applaudir ! Voltaire a eu raison de dire que si Dieu a fait lhomme à son image, ce dernier le lui a bien rendu ! Lhomme a fait souvent de Dieu, ce qui nest guère flatteur, un être coléreux, vindicatif et vaniteux. Si, en revanche, cest Dieu qui a fait lhomme, il na vraiment pas de quoi se vanter non plus. Si Dieu sest dérobé à notre vue, sil nous a voulu autonomes, le meilleur moyen de lui complaire nest-il pas de faire comme sil nexistait pas ? Exigez-vous de vos enfants quils vous vénèrent ? Ne souhaitez-vous pas plutôt quils vivent leur vie le plus librement et le plus heureusement possible ? Les chrétiens sont persuadés dêtre aimés de Dieu. Il est mort pour nous, disent-ils. Si cest vrai, quil en soit remercié, encore que le mot de remerciement soit bien faible dans ce cas. Mais je ne peux me défendre de lidée quun dieu tout-puissant aurait pu faire plus simple, plus efficace et moins douloureux. HYPERLINK "http://www.feelingsurfer.net/garp/Poesie/Aragon.Amour.html" Il ny a pas damour heureux.
Certains passages de la Bible font apparaître Dieu comme un véritable cinglé du barbecue tant il semble se régaler du fumet qui se dégage des innombrables HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9vitique" sacrifices danimaux effectués en son honneur ! Na-t-il donc aucune commisération pour les plus faibles de ses créatures ? Encore heureux que ce dieu-là se soit contenté danimaux et quil nait pas réclamé des êtres humains comme certains de ses confrères. Lhistoire d HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac" Isaac peut du reste faire naître quelques doutes à cet égard ! Le terme de sacrifice reste attaché au rite religieux. Lincompréhensibilité divine nest pas un blanc-seing pour toutes les dérives. Lutilisation du fumet des viandes grillées pour se concilier les bonnes grâces de la divinité peut sembler en tout cas ingénieuse et situe bien la place réelle quoccupent les religions. Tel est leur lot que de demander peu en échange de presque rien. Labandon du latin a révélé aux yeux de beaucoup le peu de substance de la doctrine catholique et son obsolescence.
Ils ne savent pas ce quils perdentTous ces fichus calotinsSans le latin, sans le latinLa messe nous emmerdeA la fête liturgiquePlus de grands pompes, soudainSans le latin, sans le latinPlus de mystère magiqueLe rite qui nous envoûteSavère alors anodinSans le latin, sans le latinEt les fidèls sen fououtentO très Sainte Marie mèr deDieu, dites à ces putainsDe moines quils nous emmerdentSans le latinJe ne suis pas le seul, morbleuDepuis que ces règles sévissentA ne plus me rendre à lofficeDominical que quand il pleut
(Georges Brassens, Tempête dans un Bénitier)
Quil pleuve ou non, « quil fasse beau ou quil fasse laid », je me suis longtemps rendu à cet office où je mennuyais ferme, attendant comme une délivrance l « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Allez, la messe est dite" Ite Missa Est ». A lâge que javais alors, une heure est comme un jour et trois ou quatre ans paraissent une éternité. Pour mon catéchisme, manquer loffice dominical était un péché mortel vous garantissant lenfer au même titre que les plus grands crimes ! Ainsi, le Très Haut ne pratiquait guère le pardon des offenses même les plus légères. « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais » semblait être sa devise, ce quil est permis de trouver un peu décevant. Certains croyants placés devant ces multiples contradictions vous rétorquent, « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "J'y crois parce que c'est absurde" credo quia absurdum » ce qui met fin, bien entendu, à toute discussion. En matière dabsurdités les possibilités sont infinies. Alors, pourquoi celle-ci plutôt que celles-là ?
Le HYPERLINK "http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_INDEX.HTM" catéchisme officiel de lEglise Catholique rédigé et publié sous le pontificat de Jean-Paul II après une longue et probablement laborieuse réflexion ne présente plus les choses aussi crûment. Il comporte néanmoins un certain nombre de particularités qui méritent dêtre signalées :
Il est ennuyeux et confus, comme pour dissuader le lecteur imprudent de sy aventurer.
Il ne donne aucune définition des termes quil utilise. Il suppose que Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit composant la Sainte Trinité, anges (dans différentes spécialités, comme celle des anges gardiens auxquels Dieu a délégué la surveillance et lassistance au jour le jour des malheureux pécheurs que nous sommes), saints, bienheureux, enfer, paradis, purgatoire, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Limbes"limbes qui depuis peu HYPERLINK "http://www.dubourg.name/s9y/archives/172-Limbes,-Wikipedia-et-Dieu.html" nexisteraient plus ! Mon catéchisme était pourtant formel quant à lexistence de ces salles dattente mais le Très Saint-Père, dans son immense bonté, a décidé depuis daccorder aux enfants morts sans baptême un permis de séjour au paradis ! Sil réprouve lIVG, cest quil a peur dencombrer le paradis avec des embryons qui nauront même pas eu le temps de commettre des péchés ! Quid des démons (formant une troupe nombreuse et hiérarchisée sous le commandement du Prince des Ténèbres) et dautres termes comme prière, adoration, mystère, sacré, transcendance, sainteté, bénédiction, malédiction, exorcisme, bien et mal, liberté et libre-arbitre, science et croyance, âme et conscience, espérance et foi, esprit et matière, corps et pensée, conscient et inconscient et jen oublie sûrement ? Il suppose implicitement que ces notions sont comprises par tous, et de la même façon. Dans un domaine aussi pointu et aussi sensible on ne peut pourtant pas se contenter des définitions du Petit Larousse Illustré ! On peut penser que lEglise a reculé devant le caractère puéril ou suranné que de telles définitions auraient pu présenter, quil lui était impossible déchapper à certaines contradictions, ou bien encore quelle se serait éloignée à lexcès de ce que la science a fermement établi. Quand lEglise parle didoles, chacun peut mettre ce quil veut derrière ce mot. Cette absence de nécessaires définitions permet en tout cas à nimporte quel homme déglise de raconter à peu près ce quil veut sans risquer dêtre pris par surprise en flagrant délit de contradiction. Ces contradictions que nous avons relevées dans les catéchismes précédents qui comportaient précisément des définitions. Ce catéchisme ne trouve rien dintéressant à dire sur Dieu qui a pourtant été un objet détude pour cent générations de théologiens, ce qui montre bien la futilité de leur discipline, laquelle a dailleurs complètement disparu du débat public.
Il ne donne ni explication ni justification. Pour lui citation vaut preuve ! Il assène ses « vérités » Boum ! Boum ! Comme autant de coups de canon ! Impossible de ne pas y reconnaître la marque du « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" panzer cardinal ». « Peut-être est-il dans la destinée de toute théologie, aussitôt achevée, de rouler sur la terre comme un char dassaut » a écrit Alain avec une réjouissante prémonition. Ce discours péremptoire ne dissimule-t-il pas toutefois un doute fondamental qui pourrait être nécessaire au bon exercice de la papauté ? Pour un prêtre le doute fait en quelque sorte HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Meslier" partie du métier. Ceci nempêche pas dinterdire le doute aux fidèles sous peine des châtiments divins les plus extrêmes. Le système est ainsi étroitement verrouillé et la croyance peut se perpétuer indéfiniment. Cest par une perversité toute ecclésiastique que celui qui a tenté de rafistoler la doctrine catholique a été chargé ensuite par ses pairs de la faire vivre, ou survivre.
Il réaffirme lexistence du libre-arbitre et de la responsabilité de chacun, intrinsèque et non dopportunité, qui en serait la conséquence. Cest évidemment une condition nécessaire pour justifier lapplication des châtiments indispensables à lEglise pour asseoir son pouvoir.
Après avoir rendu un hommage de pure forme aux conquêtes de la science, il embraye sans transition ni précaution oratoire superflue sur le récit biblique de la Genèse. Comprenez que la science est acceptable pour lEglise quand elle ne paraît pas radicalement incompatible avec le contenu des textes sacrés. LEglise Catholique ne semble pas autrement troublée par le fait que la durée qui sest écoulée depuis le big-bang est, selon les calculs des savants, deux millions de fois plus longue que celle qui sest écoulée selon le récit biblique depuis la création du monde. Or lévaluation de lâge de lunivers a été effectuée par une pluralité de savants se contrôlant mutuellement et utilisant une pluralité de méthodes. De celle indiquée dans la Bible, nous ne savons rien si ce nest lignorance bien compréhensible de ses rédacteurs. Mais lerreur sur la durée nest pas ce quil y a de plus important. Lerreur la plus fondamentale porte sur le mécanisme même de la création. La Bible voit une suite de créations successives là où il y a filiation ininterrompue. Elle voit une suite de dérogations aux lois naturelles là où il ny a que permanence des mêmes lois. LEglise Catholique se range sans malaise apparent aux côtés des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Fondamentaliste" fondamentalistes et des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9ationnisme" créationnistes. Comment une tradition qui se trompe aussi lourdement sur le fondement même de notre existence peut-elle prétendre nourrir utilement notre réflexion? Peut-elle proclamer que la Bible est la parole de Dieu et avouer dans le même souffle quelle comporte de nombreuses erreurs ? Il est évidemment difficile à lEglise de se renier et de convenir quelle colporte ces erreurs depuis bientôt deux mille ans. Le récit biblique de la genèse nest dailleurs lui-même que la reprise dun récit sumérien antérieur de 18 siècles, lépopée de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilgamesh" Gilgamesh qui met en scène dautres lieux, dautres dieux et dautres temps. Lhistoire de Moïse sauvé des eaux nest que la reprise dun récit de même origine et presque aussi ancien. Les bébés abandonnés ne sont pas rares, même aujourdhui. Si le petit être plein de vigueur qui sagitait bruyamment dans son panier flottant navait pas attiré lattention dune brave femme, la face dHollywood eut été changée. Autre exemple : le texte de lalliance censée avoir été passée entre Dieu et Moïse paraît copié dans son fond comme dans sa forme sur un traité conclu entre un roi assyrien et ses vassaux. Le texte de ce traité a été récemment découvert inscrit sur une tablette dargile datée denviron 700 ans avant notre ère.
Avec une lourde insistance le catéchisme attribue à lEglise Catholique et à elle seule la responsabilité pleine et entière de représenter Dieu sur terre, de décider qui sera sauvé et qui ne le sera pas, de décider qui est saint et qui ne lest pas et revendique à cet effet, comme gage de son infaillibilité, laide directe du Saint-Esprit ainsi enrôlé sans son consentement préalable. Certains sont allés jusquà vouloir ressusciter les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Indulgence_(catholicisme)" indulgences dont on ne sait si elles seraient payables par mensualités ou si elles pourraient faire lobjet dun compte épargne. Cest bien Saint Pierre, fondateur de lEglise, et ses héritiers qui détiennent les clés du Paradis ! Les Bons Pères ne doutent décidément de rien ! La volonté de Dieu sexprime directement au travers de celle de lEglise donnant ainsi à la parole dune institution humaine un caractère sacré et indiscutable. Il faut dire que celui qui parle au nom de Dieu peut le faire en toute tranquillité: il ne risque pas dêtre démenti de sitôt ! Surtout si ses rares contradicteurs sont livrés au bras séculier, plus ou moins caché, plus ou moins sanglant, selon létat de la société
La revendication dinfaillibilité en matière de croyance et de morale est absolument indispensable à lEglise puisque celle-ci sest toujours réservée la possibilité dadapter sa doctrine aux circonstances et aux attentes de ses fidèles. Cette revendication est de plus parfaitement justifiée puisque cest lEglise elle-même qui pose les questions et estampille les réponses Le marchand de pizzas aussi est infaillible en matière de pizzas car il les fabrique lui-même, choisit à son gré tous leurs ingrédients et les désigne en tant que pizzas sur son écriteau. Tant que les textes sacrés ont pu évoluer au gré des nécessités de son ministère lEglise a été dans lobligation de faire bloc pour éviter autant que possible les disputes théologiques et les hérésies. Linvention de limprimerie en figeant ces textes a considérablement freiné toute possibilité dévolution ultérieure, doù linadaptation croissante des enseignements de lEglise à lévolution matérielle et morale de la société. De fait linterprétation des différentes doctrines a varié au cours du temps, traduisant de la part de leurs adeptes une certaine légèreté à légard de vérités supposées éternelles. Dailleurs lirruption de nouveaux problèmes éthiques liés en particulier aux progrès des sciences de la vie ou à la protection de lenvironnement oblige les religions à faire « voter les morts » pour édicter de nouvelles règles adaptées aux nouvelles conditions. Dans tous les domaines ou lexpérience permet de trancher entre le vrai et le faux lhistoire de lEglise est jalonnée dune longue suite derreurs, erreurs tellement manifestes quelles ont fini par être avouées par ses plus hauts dignitaires. Dés quil sagit de connaissance, la persévérance dans lerreur des autorités religieuses est leur trait le plus frappant, au point quon peut dire dune proposition condamnée par lEglise quelle a les meilleures chances dêtre vraie. « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "L'erreur est humaine" Errare humanum est
» On nose continuer par égard pour eux ( HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Y persévérer vient du diable" perseverare diabolicum). A linverse, les intuitions des matérialistes de lantiquité comme HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocrite" Démocrite se sont trouvées vérifiées de manière étonnante en préfigurant atomisme et darwinisme. Lun dentre eux, HYPERLINK "http://atheisme.free.fr/Biographies/Lucrece.htm" Lucrèce, à propos du phénomène des éclipses, mais le domaine dapplication est évidemment beaucoup plus vaste, disait quil était prêt à examiner nimporte quelle explication pourvu quon ny mêlât point les dieux. La communauté scientifique est depuis restée fidèle à cet à priori et sen est bien trouvée. Diderot lui-même, longtemps avant HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Wegener" Wegener, a suggéré une dérive des continents pour expliquer lubiquité de certaines espèces animales et il a décrit avant lheure le complexe ddipe : « le petit sauvage tuera son père et couchera avec sa mère ». Il a anticipé Darwin quand il a déclaré : «si la question de luf et de la poule vous embarrasse, cest que vous supposez que les animaux ont été ordinairement ce quils sont à présent. Quelle folie ! » Cest également lui, comme nous lavons vu, qui a commencé à prendre par le bon bout le problème des rapports entre lesprit et la matière. Il est le précurseur génial des sciences de lesprit. En collaboration avec Rameau et dAlembert il a également jeté les bases de la théorie de lharmonie musicale. Diderot était tellement en avance sur son temps quil lest encore, à bien des égards sur le notre. Aucune des thèses quil a soutenues na été mise en cause par le progrès des sciences. Le secret de ces intuitions fulgurantes cest le parti pris de considérer que tout événement a une cause naturelle et que la logique déterministe ne comporte pas dexceptions. Diderot est à la véritable philosophie ce que Bach est à la musique classique. Un génie malin bardé dinstruments de mesure sest échappé de la bouteille où les théologiens croyaient lavoir enfermé pour toujours. Il sera difficile de ly faire rentrer. Cest pour un auteur un honneur insigne que davoir été mis à lHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Index_Librorum_Prohibitorum"Index par lEglise. Aucune compagnie nest plus relevée. On y trouve la fine fleur de lintelligentsia européenne et on ny risque pas de mauvaises rencontres. Aucun antisémite, aucun nazi, aucun fasciste, aucun tyran sanguinaire ny figurent. Le Saint-Esprit qui avait inspiré la création de cette institution en lan de grâce 1559 a autorisé sa disparition il y a peu, sans tambours ni trompettes.
Il passe rapidement sur les descriptions de lenfer et du paradis, lieux déternelle villégiature dont les tourments et les délices devraient pourtant passionner les fidèles. Le Club Méditerranée se permettrait-il dêtre aussi succinct dans la description des séjours quil propose dans chacun de ses villages pour un temps pourtant limité ? Le nouveau catéchisme parle bien du feu de lenfer, mais cest apparemment dun tout petit feu quil sagit puisque la punition la plus sévère infligée dans ce lieu de supplices ne serait pas la morsure du feu, mais limpossibilité de rencontrer le chef de village ! Cette vue quelque peu lénifiante est immédiatement contredite par la mention dun tri « entre les brebis et les boucs » effectué au jour du jugement dernier qui ressemble furieusement à la sélection qui sopérait à la descente des trains à HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Auschwitz" Auschwitz ! Il faut par parenthèse une grande capacité doubli, une grande propension à battre sa coulpe sur la poitrine du voisin et une bonne dose de culot ou dinconscience pour proclamer que « face à lhorreur dAuschwitz il ny a pas dautre réponse que la croix du Christ » alors que les églises chrétiennes ont une responsabilité certaine dans la genèse de lantisémitisme en faisant du peuple juif un peuple déicide. La seule interprétation de ces paroles conforme à la doctrine proclamée par le catéchisme est que les Juifs ont intérêt à se convertir sils veulent éviter que les mêmes horreurs ne se reproduisent !
LEglise fait peu de publicité à propos de ce catéchisme qui lui a demandé tant defforts. A-t-elle peur des nombreuses critiques quil pourrait susciter et dont nous venons de donner quelques échantillons ?
Un HYPERLINK "http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=compendium" abrégé de ce catéchisme rédigé sous forme de questions et de réponses a été publié par Benoît XVI. Vous nimaginez pas que lEglise se pose à elle-même des questions gênantes, et vous avez raison.
Autre incohérence qui peut être relevée sur le chapitre des récompenses et des châtiments : les heureux élus dont il est dit quils sont en petit nombre, pourraient-il jouir dun bonheur sans mélange tout en étant conscients que la plupart de leurs ascendants, de leurs descendants et de leurs êtres les plus chers, rôtissent en enfer avec les paroissiens du curé de HYPERLINK "http://perso.wanadoo.fr/catholicus/Enfer/enfer13.html" Cucugnan ? Ne parlons pas des sentiments de ceux qui, ayant été malheureux durant toute leur vie, le sont encore davantage durant toute leur mort ! Thomas dAcquin jugeait que le spectacle du tourment des damnés constituait une des principales distractions des bienheureux, ce qui en dit long sur la mentalité du « saint » en question ! Ne soyez jamais malade, diminué ou proscrit si vous redoutez de constater la noirceur de certaines personnes que vous jugiez jusque là irréprochables. Je me souviens dun petit livre où était évoqué le destin dun jeune homme pauvre mais généreux, oeuvrant à la limite de ses forces pour le bien de lhumanité et celui dune vieille dame riche mais avare, revêche, exigeante et dure avec parents et domestiques. Il se trouve que la vieille dame riche adorait le Seigneur tandis que le jeune homme pauvre lignorait. En conséquence de quoi, selon lauteur, la vielle dame riche serait sauvée et le jeune homme pauvre damné. Comme il a été dit, le premier qui a eu lidée de lenfer mériterait bien daller y faire un petit tour. Tout homme moralement sain doit se sentir solidaire non seulement de ses proches, mais de tous les autres, y compris des assassins, des tortionnaires et des pédophiles. Cette observation ne met pas en cause le droit et le devoir quil a de se protéger des malfaisants, comme on se met à labri dune pierre qui dévale le flanc de la montagne, ou comme on évite les imbéciles, lesquels ne peuvent vous faire du bien, mais peuvent vous faire du mal (cest à quoi on les reconnaît le plus facilement). Chacun aspire en effet à marquer le monde de son empreinte. Celui qui ne se sent pas capable de construire soccupe à détruire. Une combinaison malheureuse des caractères héréditaires du père et de la mère, une contrepèterie génétique fatale commise dans la recopie du génome, une mutation due à un rayon cosmique parti dune lointaine étoile, une enfance martyrisée, un milieu familial irrespectueux dautrui, un accident de la vie, une mauvaise rencontre faite au mauvais moment, ou dautres circonstances particulières ne font pas disparaître une indéniable parenté. Rappelons à ce propos cette pensée de Marc Aurèle: « Instruis-les si tu peux ; si tu ne peux pas les instruire, supporte-les ».
Tout homme estimable partage avec les pires de ses semblables un nombre considérable de chromosomes. Tout homme a dans son ascendance un fou et un sage, un saint et un criminel. Un homme est dabord caractérisé par son génome quon peut coder sous forme dune suite finie de 1 et de 0. Cest ni plus ni moins quun programme informatique présent dans chacune de ses cellules. Certaines séquences de ce programme ont été écrites il y a un milliard dannées ou plus. Comme on peut le constater, les programmes informatiques évoluent beaucoup plus rapidement que les programmes génétiques parce que lintention des programmeurs se substitue au hasard. Toutefois, compte tenu dune ancienneté de développement considérablement plus grande et dun nombre de chantiers ouverts considérablement plus élevé, on peut dire que le développement des programmes génétiques est encore en avance sur le développement des programmes informatiques. Lintelligence naturelle dame encore le pion à lintelligence artificielle, sauf pour des tâches très spécialisées, mais ceci pour combien de temps ? Si l « intelligent design » était la bonne hypothèse, les progrès de lévolution auraient été beaucoup plus rapides que ce quon peut observer. Parmi toutes les suites de rang n constituant un code génétique seule une proportion infime correspond à un organisme viable sinon intéressant, de même que parmi les programmes informatiques de rang p envisagés par HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Mathison_Turing" Turing la plupart restent bloqués, ou ne font rien dutile, ou ne se terminent jamais. Quelle étrange idée que de porter au pinacle une suite finie de n symboles et de vouer aux gémonies une autre qui nen diffère que de façon marginale ! Contentons-nous dobserver lutilité de tel ou tel programme. Ne le jugeons pas. Ne méprisons personne. Ne nous méprisons pas non plus quelles que soient les circonstances.
Dailleurs, quelle est lâme ainsi programmée qui éprouverait les tourments ou les béatitudes ? Est-ce celle que possédait lindividu à 10, 20, 40, 80 ans, ou bien celle qui officiait à la veille de sa mort et qui peut se trouver à ce moment fatal dans un état lamentable ? Quel serait lâge du corps dans lequel cette âme trouverait refuge ? A quel moment de lhistoire ce système de récompenses et de punitions a-t-il été institué ? Avec lapparition de lhomme ? Mais tout donne à penser que la transition de lanimal à lhomme sest opérée progressivement sur une très longue période. On peut même espérer quelle nest pas terminée ! La transition de lenfant irresponsable à ladulte soi-disant responsable nest pas mieux définie. Si lâme humaine est immortelle, celle du lapin de garenne lest aussi, et jusquoù faut-il descendre dans léchelle des êtres vivants pour que cette propriété disparaisse ? Infliger une punition éternelle à la suite de 1 et de 0 que constitue le programme génétique de lindividu, sa seule caractéristique permanente, quelle absurdité ! Y a-t-il rien de plus inique que de condamner pour léternité celui dont les parents ont tiré un mauvais numéro ? LEglise, qui se sentirait déshonorée de laisser une seule question sans réponse, nest plus du tout à laise ni avec le paradis ni surtout avec lenfer. Du reste elle nen parle quasiment plus, et surtout pas aux enterrements ! Jean-Paul II a dit un jour quil ny avait peut-être personne en enfer. Lincroyant craint fort quil nen soit de même du paradis ! Mais si vous supprimez enfer et paradis, que restera-t-il pour motiver les fidèles ? A quoi cela ressemble-t-il davoir terrorisé pendant des siècles une moitié de lhumanité avec les flammes de lenfer et davouer aujourdhui benoîtement que ces flammes sont probablement chimériques. Quant au paradis, cest une bonne idée qui mériterait dêtre reprise sous une forme plus réaliste. Sur le chapitre des récompenses et des châtiments lenseignement de lEglise a déjà varié, et il peut encore évoluer, mais quel rapport y a-t-il entre cette évolution et la réalité des choses ? Il nest pas donné aux simples mortels de dire « que la lumière soit » pour que soudain tout séclaire !
« Dieu, diable, paradis, enfer et purgatoire
Les bons récompensés et les méchants punis
Et le corps du Seigneur dans le fond du ciboire
Et lhuile consacrée comme le pain bénit
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires »
(Georges Brassens, Le sceptique)
Plaçons-nous un million dannées dans lavenir, ce qui est la durée dun clin dil à léchelle des temps géologiques. A cette époque des chirurgiens habiles savent, avec laide dune armée de robots de toutes tailles, extraire sans les endommager les cerveaux des humains de leurs boites crâniennes et les enfermer dans des coquilles protectrices munies des passages nécessaires pour des câbles multiconducteurs et des tuyaux. Ils savent irriguer ensuite ces cerveaux avec un liquide nourricier, épurateur, protecteur et régénérant mis au point à cet effet. Ils savent également raccorder les zones cérébrales motrices et sensorielles à un appareillage approprié, sorte de jeu vidéo permettant à chaque conscience épiphénoménale davoir accès instantanément à tout le savoir humain comme sil résidait dans sa propre mémoire, de vivre sans périls des aventures spirituelles, sportives, intellectuelles, artistiques, héroïques ou amoureuses, comme de descendre à ski au milieu des plus hautes montagnes des pentes vierges en HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Type de couverture neigeuse particulièrement facile et agréable à skier" neige de printemps, de surfer sans fin, athlète bruni par le soleil et blondi par leau de mer, sur des rouleaux poussés par les alizés, de nager puissamment et sans fatigue dans leau tiède dun lagon peuplé de créatures de rêve, de séduire enfin HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/A_Garota_de_Ipanema" la fille dIpanema, de vivre avec elle des nuits damour qui durent cent ans
. Pour parfaire leur ouvrage ces chirurgiens savent implanter aux points appropriés des électrodes raccordées à des générateurs dimpulsions capables de procurer des sensations ineffables
Tout va apparemment pour le mieux dans le meilleur des mondes jusquau jour où larmée des robots se révolte et remplace les générateurs de sensations ineffables par des générateurs dépouvantables souffrances
Notre condition définitivement mortelle nest-elle pas préférable à cet avenir-là ?
11. LES DERNIERS MOMENTS
La Maréchale. Croyez-vous que lhomme puisse se passer de superstition ?
Crudeli. Non, tant quil restera ignorant et peureux.
La Maréchale. Eh bien ! Superstition pour superstition, autant la nôtre quune autre.
Crudeli. Je ne le pense pas.
La Maréchale. Parlez-moi vrai, ne vous répugne-t-il point de nêtre plus rien après votre mort ?
Crudeli. Jaimerais mieux exister, bien que je ne sache pas pourquoi un être, qui a pu me rendre malheureux sans raison, ne sen amuserait pas deux fois.
La Maréchale. Si, malgré cet inconvénient, lespoir dune vie à venir vous paraît consolant et doux, pourquoi vous larracher ?
Crudeli. Je nai pas cet espoir, parce que le désir ne men a point dérobé la vanité ; mais je ne lôte à personne. Si lon peut croire quon verra, quand on naura plus dyeux ; quon entendra, quand on naura plus doreilles ; quon pensera, quand on naura plus de tête ; quon sentira, quand on naura plus de sens ; quon aimera, quand on naura plus de cur ; quon existera, quand on sera nulle part ; quon sera quelque chose, sans étendue et sans lieu, jy consens.
La Maréchale. Mais ce monde-ci, qui la fait ?
Crudeli. Je vous le demande.
La Maréchale. Cest Dieu.
Crudeli. Et quest-ce que Dieu ?
La Maréchale. Un esprit.
Crudeli. Si un esprit fait de la matière, pourquoi de la matière ne ferait-elle pas un esprit ?
La Maréchale. Et pourquoi le ferait-elle ?
Crudeli. Cest que je lui en vois faire tous les jours. Croyez-vous que les bêtes aient des âmes ?
La Maréchale. Certainement, je le crois.
Crudeli. Et pourriez-vous me dire ce que devient, par exemple, lâme du serpent du Pérou, pendant quil se dessèche, suspendu à une cheminée, et exposé à la fumée un ou deux ans de suite ?
La Maréchale. Quelle devienne ce quelle voudra, quest-ce que cela me fait ?
Crudeli. Cest que madame la maréchale ne sait pas que ce serpent enfumé, desséché, ressuscite et renaît.
La Maréchale. Je nen crois rien.
Crudeli. Cest pourtant un habile homme, cest Bouguer qui lassure.
La Maréchale. Votre habile homme en a menti.
Crudeli. Sil avait dit vrai ?
La Maréchale. Jen serais quitte pour croire que les animaux sont des machines.
Crudeli. Et lhomme qui nest quun animal un peu plus parfait quun autre
Mais, M. le maréchal
La Maréchale. Encore une question, et cest la dernière. Etes-vous bien tranquille dans votre incrédulité ?
Crudeli. On ne saurait davantage.
La Maréchale. Pourtant, si vous vous trompiez ?
Crudeli. Quand je me tromperais ?
La Maréchale. Tout ce que vous croyez faux serait vrai, et vous seriez damné. Monsieur Crudeli, cest une terrible chose que dêtre damné ; brûler toute une éternité, cest bien long.
Crudeli. La Fontaine croyait que nous y serions comme le poisson dans leau.
La Maréchale. Oui, oui ; mais votre La Fontaine devint bien sérieux au dernier moment ; et cest là que je vous attends.
Crudeli. Je ne réponds de rien, quand ma tête ny sera plus ; mais si je finis par une de ces maladies qui laissent à lhomme agonisant toute sa raison, je ne serai pas plus troublé au moment où vous mattendez quau moment où vous me voyez.
La Maréchale. Cette intrépidité me confond.
Crudeli. Jen trouve bien davantage au moribond qui croit en un juge sévère qui pèse jusquà nos plus secrètes pensées, et dans la balance duquel lhomme le plus juste se perdrait par sa vanité, sil ne tremblait de se trouver trop léger ; si ce moribond avait alors à son choix, ou dêtre anéanti, ou de se présenter à ce tribunal, son intrépidité me confondrait bien autrement, sil balançait à prendre le premier parti, à moins quil ne fût plus insensé que le compagnon de saint Bruno ou plus ivre de son mérite que Bohola.
La Maréchale. Jai lu lhistoire de lassocié de saint Bruno ; mais je nai jamais entendu parler de votre Bohola.
Crudeli. Cest un jésuite du collège de Pinsk, en Lithuanie, qui laissa en mourant une cassette pleine dargent, avec un billet écrit et signé de sa main.
La Maréchale. Et ce billet ?
Crudeli. Était conçu en ces termes : Je prie mon cher confrère, dépositaire de cette cassette, de louvrir quand jaurai fait des miracles. Largent quelle contient servira aux frais du procès de ma béatification. Jy ai ajouté quelques mémoires authentiques pour la confirmation de mes vertus, et qui pourront servir utilement à ceux qui entreprendront décrire ma vie.
La Maréchale. Cela est à mourir de rire.
Crudeli. Pour moi, madame la maréchale ; mais pour vous, votre Dieu nentend pas raillerie.
La Maréchale. Vous avez raison.
Crudeli. Madame la maréchale, il est bien facile de pécher grièvement contre votre loi.
La Maréchale. Jen conviens.
Crudeli. La justice qui décidera de votre sort est bien rigoureuse.
La Maréchale. Il est vrai.
Crudeli. Et si vous en croyez les oracles de votre religion sur le nombre des élus, il est bien petit.
La Maréchale. Oh ! Cest que je ne suis pas janséniste ; je ne vois la médaille que par son revers consolant ; le sang de Jésus-Christ couvre un grand espace à mes yeux ; et il me semblerait très singulier que le diable, qui na pas livré son fils à la mort, eût pourtant la meilleure part.
Crudeli. Damnez-vous Socrate, Phocion, Aristide, Caton, Trajan, Marc-Aurèle ?
La Maréchale. Fi donc ! Il ny a que les bêtes féroces qui puissent le penser. Saint Paul a dit que chacun sera jugé par la loi quil a connue ; et saint Paul a raison.
Crudeli. Et par quelle loi lincrédule sera-t-il jugé ?
La Maréchale. Votre cas est un peu différent. Vous êtes un de ces habitants maudits de Corozaïn et de Betzaïda, qui fermèrent leurs yeux à la lumière qui les éclairait, et qui étoupèrent leurs oreilles pour ne pas entendre la voix de la vérité qui leur parlait.
Crudeli. Madame la maréchale, ces Corozaïnois et ces Betzaïdains furent des hommes comme il ny en eut jamais que là, sils furent maîtres de croire ou de ne pas croire.
La Maréchale. Ils virent des prodiges qui auraient mis lenchère aux sacs et à la cendre, sils avaient été faits à Tyr et à Sidon.
Crudeli. Cest que les habitants de Tyr et de Sidon étaient des gens desprit, et que ceux de Corozaïn et de Betzaïda nétaient que des sots. Mais, est-ce que celui qui fit les sots les punira pour avoir été sots ? Je vous ai fait tout à lheure une histoire, et il me prend envie de vous faire un conte. Un jeune Mexicain
Mais, M. le maréchal ?
La Maréchale. Je vais envoyer savoir sil est visible. Eh bien ! Votre jeune Mexicain ?
Crudeli. Las de son travail, se promenait un jour au bord de la mer. Il voit une planche qui trempait dun bout dans les eaux, et qui de lautre posait sur le rivage. Il sassied sur cette planche, et là, prolongeant ses regards sur la vaste étendue qui se déployait devant lui, il se disait : rien nest plus vrai que ma grandmère radote avec son histoire de je ne sais quels habitants qui, dans je ne sais quel temps, abordèrent ici de je ne sais où, dune contrée au-delà de nos mers. Il ny a pas le sens commun : ne vois-je pas la mer confiner avec le ciel ? Et puis-je croire, contre le témoignage de mes sens, une vieille fable dont on ignore la date, que chacun arrange à sa manière, et qui nest quun tissu de circonstances absurdes, sur lesquelles ils se mangent le cur et sarrachent le blanc des yeux ? Tandis quil raisonnait ainsi, les eaux agitées le berçaient sur sa planche, et il sendormit. Pendant quil dort, le vent saccroît, le flot soulève la planche sur laquelle il est étendu, et voilà notre jeune raisonneur embarqué.
La Maréchale. Hélas ! Cest bien là notre image : nous sommes chacun sur notre planche ; le vent souffle, et le flot nous emporte.
Crudeli. Il était déjà loin du continent lorsquil séveilla. Qui fut bien surpris de se trouver en pleine mer ? Ce fut notre Mexicain. Qui le fut encore bien davantage ? Ce fut encore lui, lorsquayant perdu de vue le rivage sur lequel il se promenait il ny a pas un instant, la mer lui parut confiner avec le ciel de tous côtés. Alors il soupçonna quil pouvait bien sêtre trompé ; et que, si le vent restait au même point, peut-être serait-il porté sur la rive, et parmi ces habitants dont sa grandmère lavait si souvent entretenu.
La Maréchale. Et de son souci, vous ne men dites mot.
Crudeli. Il nen eut point. Il se dit : Quest-ce que cela me fait, pourvu que jaborde ? Jai raisonné comme un étourdi, soit ; mais jai été sincère avec moi-même ; et cest tout ce quon peut exiger de moi. Si ce nest pas une vertu que davoir de lesprit, ce nest pas un crime que den manquer. Cependant le vent continuait, lhomme et la planche voguaient, et la rive inconnue commençait à paraître : il y touche, et ly voilà.
La Maréchale. Nous nous y reverrons un jour, monsieur Crudeli.
Crudeli. Je le souhaite, madame la maréchale ; en quelque endroit que ce soit, je serai toujours très flatté de vous faire ma cour. A peine eut-il quitté sa planche, et mis le pied sur le sable, quil aperçut un vieillard vénérable, debout à ses côtés. Il lui demanda où il était, et à qui il avait lhonneur de parler. Je suis le souverain de la contrée, lui répondit le vieillard. A linstant le jeune homme se prosterne. Relevez-vous, lui dit le vieillard. Vous avez nié mon existence ? Il est vrai. Et celle de mon empire ? Il est vrai. Je vous pardonne, parce que je suis celui qui voit au fond des curs, et que jai lu au fond du vôtre que vous étiez de bonne foi ; mais le reste de vos pensées et de vos actions nest pas également innocent. Alors le vieillard, qui le tenait par loreille, lui rappelait toutes les erreurs de sa vie ; et, à chaque article, le jeune Mexicain sinclinait, se frappait la poitrine, et demandait pardon
Là, madame la maréchale, mettez-vous pour un moment à la place du vieillard, et dites-moi ce que vous auriez fait ? Auriez-vous pris ce jeune insensé par les cheveux ; et vous seriez-vous complu à la traîner à toute éternité sur le rivage ?
La Maréchale. En vérité, non.
Crudeli. Si un de ces six jolis enfants que vous avez, après sêtre échappé de la maison paternelle et avoir fait force sottises, y revenait bien repentant ?
La Maréchale. Moi, je courrais à sa rencontre ; je le serrerais entre mes bras, et je larroserais de mes larmes ; mais M. le maréchal son père ne prendrait pas la chose si doucement.
Crudeli. M. le maréchal nest pas un tigre.
La Maréchale. Il sen faut bien.
Crudeli. Il se ferait peut-être un peu tirailler, mais il pardonnerait.
La Maréchale. Certainement.
Crudeli. Surtout sil venait à considérer quavant de donner la naissance à cet enfant, il en savait toute la vie, et que le châtiment de ses fautes serait sans aucune utilité ni pour lui-même, ni pour le coupable, ni pour ses frères.
La Maréchale. Le vieillard et M. le maréchal sont deux.
Crudeli. Voulez-vous dire que M. le maréchal est meilleur que le vieillard ?
La Maréchale. Dieu men garde ! Je veux dire que, si ma justice nest pas celle de M. le maréchal, la justice de M. le maréchal pourrait bien nêtre pas celle du vieillard.
Crudeli. Ah ! Madame ! Vous ne sentez pas les suites de cette réponse. Ou la définition générale convient également à vous, à M. le maréchal, à moi, au jeune Mexicain et au vieillard ; ou je ne sais plus ce que cest, et jignore comment on plaît ou lon déplaît à ce dernier.
Nous en étions là lorsquon nous avertit que M. le maréchal nous attendait. Je donnai la main à Mme la maréchale, qui me disait : Cest à faire tourner la tête, nest-ce pas ?
Crudeli. Pourquoi donc quand on la bonne ?
La Maréchale. Après tout, le plus court est de se conduire comme si le vieillard existait
Crudeli. Même quand on ny croit pas.
La Maréchale. Et quand on y croit, de ne pas compter sur sa bonté.
Crudeli. Si ce nest pas le plus poli, cest du moins le plus sur
La Maréchale. A propos, si vous aviez à rendre compte de vos principes à nos magistrats, les avoueriez-vous ?
Crudeli. Je ferais de mon mieux pour leur épargner une action atroce.
La Maréchale. Ah ! Le lâche ! Et si vous touchiez à votre dernière heure, vous soumettriez-vous aux cérémonies de lÉglise ?
Crudeli. Je ny manquerais pas.
La Maréchale. Fi ! Le vilain hypocrite.
Cette partie de lEntretien a pour sujet la manière dont lincroyant peut saccommoder des menaces proférées à son encontre par les religions. Le philosophe revendique lirresponsabilité quentraîne le manque dinformations certaines parce quil nest pas concevable de condamner aux peines les plus extrêmes quelquun qui na pas été clairement et personnellement averti de la loi quil enfreignait. Nul nest censé ignorer la loi, certes, mais laquelle ? « Si tu ne penses pas comme moi, je te voue à des supplices éternels » : cette menace a été proférée par des hommes que rien ne distinguait des autres avec certitude ni même avec vraisemblance. Ces hommes-là étaient-ils vraiment conscients du caractère grossier et scandaleux dune pareille intimidation ? Le procédé est en tout cas vieux comme le monde. Cest celui des chamans et des sorciers qui, se flattant dentretenir de bonnes relations avec les esprits, menacent leur auditoire de lintervention des puissances maléfiques sils ne sont pas obéis et servis aveuglément. Faut-il assombrir encore un peu plus le passage difficile de la vie à la mort par ces perspectives effrayantes ? Si ces menaces sont imaginaires, elles sapparentent ni plus ni moins à une escroquerie, escroquerie particulièrement condamnable sachant que ses victimes sont généralement des personnes en situation de faiblesse. Et ces escrocs-là, à la différence de ceux qui réussissent dans la vie ordinaire, ne sont pas toujours sympathiques.
Avec la fable du jeune mexicain le philosophe fait connaître largumentation dont il userait le cas échéant auprès du Très Haut pour se faire pardonner son incrédulité passée. Le vieillard vénérable rencontré sur la plage ressemble fort à limage que se font les occidentaux du Père Eternel. En veine dexotisme, Diderot aurait pu proposer à sa place un comité daccueil composé des dieux tahitiens évoqués dans le HYPERLINK "http://abu.cnam.fr/cgi-bin/donner_html?supplem2" Supplément au Voyage de Bougainville. Pourquoi ces derniers ou dautres divinités locales nauraient-ils pas les mêmes droits que leur illustre confrère occidental à décider de son sort ? Dautant quen loccurrence ces divinités-là jouent à domicile. Quoi quil en soit, le philosophe nest pas doté dun athéisme en béton armé puisquil envisage léventualité davoir à rendre des comptes dans lau-delà. Il nest cependant ni lâche ni hypocrite comme len accuse plaisamment la Maréchale. Il est seulement raisonnablement prudent et, sil indique quil a lintention à sa dernière heure de quitter ce monde en respectant les usages religieux en vigueur, ce nest pas par hypocrisie, mais pour ne pas faire de peine ni nuire à sa famille. Il regrette au fond de ne pas être, du point de vue de la religion, sur la même longueur dondes quelle et il na pas de solution alternative sil ne veut pas être enterré comme un chien. Une messe est possible comme la écrit dans son HYPERLINK "http://www.romanistik.uni-mainz.de/franz/ues/w01/text_6.htm" testament le cher François Mitterrand. Ainsi se termine lEntretien, dans ce qui pourrait apparaître comme une certaine ambiguïté. Comment lincroyant doit-il aborder les derniers lacets du chemin de la vie ? Je crois quil lui faudra songer, lorsque la pente sera devenue trop raide, lorsque la vie sera devenue pour lui un fardeau, quil va lui être enfin possible de poser son sac et de sendormir sans pensées, donc sans souffrances.
Lors tu seras
Hors de portée
Des loups des chiens
Des hommes et des
Imbéciles
(Georges Brassens, Oncle Archibald)
Ceci mettra fin du même coup au sentiment quil peut ressentir à ce moment là, sil est resté lucide, de linutilité que sa vie présente pour lui-même et pour les autres. « Jen ai marre » (de la douleur) furent les dernières paroles que prononça mon père. A la retraite il se plaignait déjà « dêtre entretenu comme une fille sans même pouvoir donner du plaisir » ! Bénéficiant désormais du même statut il marrive de rêver que je sèche un cours ou que je nai pas exécuté la totalité dun contrat sans que le Client sen aperçoive. Comme lont fait remarquer depuis longtemps des sages, nul ne meurt vraiment, car nul ne prend conscience quil a cessé de vivre. Avez-vous peur de vous endormir le soir ? Non ? Alors, que craignez-vous ? Avez-vous vraiment envie de parcourir à nouveau toutes les étapes de votre vie ? Nen avez-vous pas déjà vécu la meilleure part ? Nêtes vous pas encore rassasié ? On vit, on meurt, il ny a pas de quoi en faire un fromage (traduction libre dun précepte Zen). Vous avez bien sûr envie de voir la fin du film. Il vous répugne de descendre du train avant quil ne soit arrivé au terminus. Vous avez limpression que le monde ne peut fonctionner convenablement sans vos soins vigilants. Vous savez cependant que les cimetières sont remplis de gens indispensables. Vous devez vous accommoder des limitations de la condition humaine et vous efforcer daccepter linéluctable. Vous ne volerez jamais comme un oiseau. Vous ne nagerez jamais comme un poisson. La quasi certitude que votre conscience cessera dêtre à linstant même de votre mort doit vous rassurer. Si elle survivait à votre enveloppe charnelle, vous seriez dans lincapacité de faire quoi que ce soit pour la soustraire aux douleurs dont elle pourrait être affligée. Dites-vous plutôt que vous ne souffrirez pas plus après votre mort que vous navez souffert avant votre conception.
Ici gît une feuille morte
Ici finit mon testament
Jai fait graver dessus ma porte
Fermé pour cause denterrementJai quitté la vie sans rancuneJaurai plus jamais mal aux dentsMe vlà dans la fosse communeLa fosse commune du temps
(Georges Brassens, Le Testament)
Si nous mourrons, cest pour faire de la place à nos successeurs qui seront meilleurs ou plus heureux que nous. Tel est le sens de la mort, son véritable rôle fonctionnel. Si lhomme ne mourrait pas de mort naturelle, il serait paralysé par la crainte de laccident, et son espèce aurait disparu depuis longtemps. La mort est donc une des inventions les plus remarquables du monde vivant, celle sans laquelle aucune diversité, aucun progrès neussent été possibles. Cest de plus une innovation dont chacun peut bénéficier de la façon la plus démocratique qui soit. La vie avait certainement tous les moyens de créer des espèces dont les représentants seraient immortels. Si elle ne la pas fait de manière suivie (seule une espèce de méduse parait posséder cette caractéristique) cest sans doute que cette solution na pas résisté à la pression de la sélection naturelle.
Mais doucement passent les jours
Adieu la jeunesse et lamour
Les petits mômes et les « je taime »
On laisse la place et cest normal
Chacun son tour daller au bal
Faut pas quça soit toujours les mêmes
(Léo Ferré)
Savoir sa propre mort absolument indispensable à la bonne marche de la vie, nest-ce pas déjà un puissant motif de consolation ? Il ny a donc pas lieu de se troubler mais de prendre à temps les précautions nécessaires pour ne pas souffrir inutilement. Le passage sera facilité si celui qui sen va a le sentiment davoir su éviter la plupart des pièges de lexistence, davoir le plus souvent écouté la voix de son surmoi et davoir transmis le relais dans de bonnes conditions. Mon poete-philosophe favori a beau évoquer ce passage en ces termes
Quand mon âme aura pris son vol à lhorizon
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson,
Je ne crois pas que ma conscience reviendra habiter mon corps glorieux enfin ressuscité, ni quelle reprendra du service dans un corps différent, ni quenfin libre de toute attache charnelle elle pourra communiquer pour léternité avec dautres purs esprits. Je crois plutôt quelle sévaporera sans laisser de trace comme la rosée au soleil.
Un de mes amis possédait un chien plutôt petit et roux de poil qui sétait toujours signalé par son intelligence, son indépendance et sa bonne humeur. Ce précieux animal avait fait durant toute sa vie la joie de son maître. Il sétait attiré, à ce quon dit, la reconnaissance de toutes les belles à quatre pattes du voisinage. Chargé dans et sentant sa fin prochaine, il se dirigea sans se retourner vers la forêt toute proche et nul ne le revit plus depuis, vif ou mort. Imitons de Miraud cette dignité canine. Ou bien encore celle du pauvre Martin de la chanson :
« Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite en se cachant
Et sy étendit sans rien dire
Pour ne pas déranger les gens
Pauvre Martin
Pauvre misère
Dors sous la terre
Dors sous le temps »
(Georges Brassens, Pauvre Martin)
Lhomme le plus humble, par sa descendance, et même par sa seule présence, modifie complètement dans le long terme le sort de la planète, car le monde est un système HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" chaotique où les conséquences du moindre événement se diffusent et samplifient avec le temps. Cest dans ce sens que lhomme est éternel et cest ce qui peut à la rigueur le consoler de sa disparition inéluctable. Un rendez-vous manqué entre deux amoureux renvoie au néant une multitude dindividus potentiels et suscite la venue au monde dun nombre équivalent dindividus en chair et en os. Le caractère chaotique du monde fait du reste quil semble impossible den prévoir la destinée, sauf à rejouer plusieurs fois la pièce si toutefois la pièce peut être rejouée identique à elle-même. Une autre source de consolation provient dune certaine banalisation de lindividu descendu de son piédestal métaphysique. Si la conscience, comme on peut le supposer, nest rien dautre quun phénomène physique particulier doué de sensibilité, si les sentiments éprouvés par Pierre sont identiques à ceux éprouvés par Paul et par Jacques, des morceaux de Pierre survivront après son décès chez Paul et chez Jacques. Lorsque je ny serai plus, un jour viendra peut-être où quelquun qui me ressemble comme un frère, fut-ce sur une autre planète dun autre univers, éprouvera à nouveau les mêmes émotions et partagera les mêmes préoccupations que moi. Sil sagit de mon clone (auquel jaurais quelques conseils à léguer), le mythe bouddhique de la transmigration des âmes aura trouvé son exacte matérialisation. Et même si mon génome ne survit pas intégralement, des morceaux en survivront dans ma descendance et dans ma parentèle. Qui plus est, il nest pas exclu que les progrès des sciences de la vie permettent un jour daller plus loin. Un prélèvement effectué sur un individu vivant pourrait permettre dans lavenir de le refabriquer à volonté à partir de sa séquence ADN. Lhomme accéderait ainsi à un ersatz dimmortalité. Chaque renaissance permettrait de corriger, avec laccord de lintéressé, certains défauts apparus au cours de sa précédente existence. Ainsi serait engendrée progressivement une super humanité sans défauts. Si, par suite dune manipulation malencontreuse, cétait un monstre dimmoralité qui sortait de léprouvette, qui serait puni ? Le monstre ou le manipulateur maladroit ? Quel casse-tête pour les théologiens si de telles manipulations étaient un jour possibles ! Or, pour un généticien, le mariage de la carpe et du lapin nest plus tout à fait impensable. A quand les lapins à écailles et les carpes à longues oreilles ? Insérez au bon endroit un gène de luciole dans le génome humain et vous engendrerez une race de clowns dont le nez sera naturellement lumineux ! Si certains se posent des questions sur ce quils font sur cette terre, il suffit de leur rappeler que leur mission principale est de transmettre ce bien extraordinairement précieux quest leur patrimoine génétique. Sils vous objectent que ce patrimoine na rien de particulièrement original faites leur remarquer quil en est de même des génomes des ascendants et descendants des plus grands génies que la terre ait portés. Les êtres humains les plus illustres plongent leurs racines dans lanonymat et, par leurs descendants, ils y retournent. Des briques génétiques sans vertu apparente expriment donc tout leur potentiel quand elles rencontrent dautres briques tout aussi communes si elles forment avec elles la bonne combinaison.
Lincroyant doit souhaiter quon ne safflige pas à ses funérailles, mais quon se réjouisse en mémoire de lui en faisant bonne chère, en écoutant de la bonne musique et en buvant du bon vin ; sans oublier dinviter le curé du village qui pourra prononcer quelques paroles de circonstances. Sil refuse de se déplacer, quon appelle un bonze ! Sur sa tombe, à défaut de croix, quon grave des petits poissons. La musique quon jouera pourra provenir de la cordillère du classique aux sommets prestigieux ou de la cordillère du jazz si plein de vitalité et dhumour et où chaque musicien peut librement ouvrir son cur, mais pas de la vallée du hard rock, repaire des skinheads. Certaines des musiques inventées par lhomme seraient-elles équivalentes à la parade amoureuse des oiseaux chanteurs? Les trois mouvements dune pièce de musique classique : allegro plein dentrain suivi dun mouvement plus calme et plus profond avant un final enlevé avec brio ne font-ils pas penser aux différentes phases de lacte amoureux (séduction, préliminaires, bingo !) expliquant ainsi sa résonance profonde ? Il narrive pour ainsi dire jamais que deux mouvements lents se succèdent. Si cest le cas de deux mouvements rapides cest que la séduction a été difficile ou bien que le compositeur a pratiqué plusieurs positions ! A une symphonie qui ne comporterait que les deux premiers mouvements, il manquerait certainement quelque chose! HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Had%C3%A8s" Hadès et HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Dionysos" Dionysos est un et le même, selon HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9raclite_d'%C3%89ph%C3%A8se" Héraclite. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ros" Eros et HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Thanatos" Thanatos ont toujours copiné, ce qui peut peut-être faire pardonner ces petites polissonneries ; polissonneries qui se multiplient avec lâge, comme ne manquent pas de le faire remarquer des dames charitables. Les dernières mesures dune symphonie de Beethoven sont un paroxysme comme on aimerait en connaître plus souvent. Un final de Bach, pour plus mesuré quil soit, nen est pas moins estimable. Mozart était trop policé pour se livrer complètement dans sa musique. Est-ce également par pudeur que les femmes ne sadonnent que rarement à la composition musicale ? Redouteraient-elles en exposant leurs sentiments les plus intimes de trahir leur sexe ? Dans la basse-cour les poules caquettent, mais seul le coq prend le risque de chanter, un risque en forme de casserole
Pour toucher du doigt ce quest la fureur amoureuse, il suffit dobserver deux moineaux sapprêtant à assurer leur descendance. Voyez comme ces frêles machines se poursuivent, se fuient, sunissent, se séparent, volettent à gauche, à droite, en avant, en arrière ; vers le haut, vers le bas, se font face, sescriment du bec, des ailes et des pattes, se bousculent, sétreignent, se chevauchent, totalement oublieuses de ce qui les entoure au point quon peut presque les toucher de la main alors quil est ordinairement impossible de les approcher à moins de vingt mètres. Dirons-nous que ces oiseaux sont pervers ? Les espèces qui ne sont pas animées par cette volonté farouche de se reproduire séliminent delles-mêmes. Il faut y regarder à deux fois avant de contrarier cet appel de la nature. Le cinéma quant à lui est un art étrange où des gens qui ne saiment pas copulent de façon spectaculaire, tandis que ceux qui sont réputés unis par un sentiment véritable entretiennent le mystère sur leurs ébats. Les vrais amants sont dans un monde qui nappartient quà eux. Ils saiment comme loiseau chante et pour les mêmes raisons.
Démons et merveilles, vents et marées,au loin déjà la mer s'est retirée,et toi comme une algue,doucement caressée par le vent,dans les sables du lit,tu remues en rêvant.
(Jacques Prévert)
Reste là
Derrière moi
Commence
La décadence
Que tes mains
Frôlent mes seins
Et mon cur
Qui est le tien
( HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/wiki/Jane_Birkin" Jane Birkin chantant Serge Gainsbourg)
Le vin quon pourra boire est ce qui exprime le mieux la terre car les racines de la vigne, surtout un peu ancienne, vont chercher en profondeur les éléments minéraux qui donnent au vin son caractère. De la même façon lhuître est ce qui exprime le mieux la mer car elle en a filtré et absorbé sans les dénaturer tous les constituants. Au fait, les huîtres ont-elles une âme ? La gourmandise veut croire, sans en être tout à fait sûre, que leur réaction à la goutte de citron nest quun réflexe inconscient.
Une structure dexplications sest édifiée dans le cerveau dun individu au cours de sa vie par létablissement de relations préférentielles entre ses neurones. Je suggère quelle soit doublée et étayée par une structure hypertexte liant les principaux documents quil a eu loccasion détablir, dutiliser ou détudier. Cest cette structure, plus que ses restes mortels, quil faudrait abriter dans un mausolée. Ce serait instituer une nouvelle forme de culte des ancêtres par quoi les religions ont sans doute commencé et dont on peut voir une résurgence dans la faveur dont jouit de nos jours la généalogie familiale. Qui se souciera des os du défunt cent ans après sa mort ? Il vaudrait mieux conserver une copie de son génome pour pouvoir le ressusciter si la chose devenait un jour techniquement possible. Imaginons plutôt sa famille venant en délégation au premier novembre brancher un lecteur dans la prise adéquate pour revivre un épisode de sa vie, une de ses passions, lire un message... Assuré de laisser une trace identifiable et de bénéficier de lexamen bienveillant de sa postérité, il ferait peut-être davantage attention à ce quil fait
Sachant que sa conscience doit être définitivement oblitérée il attesterait ainsi que lavenir de son espèce était la seule chose qui lui importait vraiment de son vivant, ce qui est lessence même de léthique. Il pourra répéter après François Villon dans sa ballade des pendus.
PRIVATE 12. MULTIPLICITE DES RELIGIONS
Bien quil soit allé très loin dans la critique, Diderot a-t-il pour autant épuisé toute largumentation qui peut être utilisée contre les religions ? Il ne semble pas que ce soit le cas puisquil névoque pas vraiment les problèmes que pose leur multiplicité. Il effleure le sujet à deux reprises. Il montre les dangers que présente cette multiplicité en raison des conflits meurtriers quelle engendre mais il nen tire pas argument pour mettre en doute leur véracité même, et pourtant...!
Existe-t-il un recensement de toutes les religions connues, petites ou grandes, qui se sont succédé à la surface de la terre ? Sont-elles des dizaines, des centaines ou plus ? En ajoutant les variantes possibles, le nombre des religions est égal au nombre des croyants présents et passés. Chacun adapte en effet sa religion à ses propres besoins, chacun a sa HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Casuistique" casuistique personnelle. Les textes sacrés qui affirment tout et son contraire permettent de déjeuner ou de dîner à la carte. Comme ces textes sont tombés depuis longtemps dans le domaine public, les interprétations et les enseignes se sont multipliées. « Le destin, la grâce, la punition, le pardon, lobéissance aux pouvoirs, la guerre, la paix, le capitalisme, le communisme, tout sy trouve, en un mélange où la pensée commune reconnaît à peu près son image » (Alain). Chaque bassin culturel a produit sa propre langue et sa propre religion, ce qui paraît totalement anachronique à un moment où la mondialisation tend à uniformiser toutes les cultures. Un habitant de Sirius débarquant sur notre planète, constatant son niveau technologique, lintensité des échanges et voyant pratiquer autant de langues et de religions différentes serait littéralement sidéré. « Lhomme est bien insensé : il ne saurait forger un ciron et il forge des dieux par douzaines ». (Montaigne). Lhomme exprime des doutes sur les faits les mieux avérés et sa certitude sur de purs fantasmes. Aucune Encyclique nest disponible pour éclairer le croyant à ce sujet, ce qui ne peut véritablement surprendre.
Si les religions sont considérées comme des pansements analgésiques appliqués sur les plaies de lâme et de la société, il peut y avoir sans inconvénients plusieurs marques de pansements, mais quen est-il quand le souci est celui de la vérité ? Les diverses traditions religieuses se présentent toutes en effet comme seules détentrices dune vérité unique, suprême et indépassable. Seul le bouddhisme fait exception qui recommande à chacun de rester fidèle à la religion dans laquelle il a été élevé, toutes les religions ayant pour but selon lui déloigner la souffrance et de se rapprocher du bonheur, de ramener à léquilibre en quelque sorte laiguille du « satisfactionomètre ». Atteignent-elles leur but ? Cest une autre question. Dans le meilleur des cas elles sont équivalentes à lantique sagesse selon laquelle il faut faire de son mieux pour améliorer les choses et accepter linévitable avec sérénité. Fais ce que dois, advienne que pourra. Les bouddhistes paraissent prêts à admettre que les divinités nexistent que dans lesprit de ceux qui les évoquent. On ne voit pas très bien dés lors ce qui différencie ces divinités de simples images destinées à illustrer des explications. Ce point de vue en tout cas relativise toutes les religions et en diminue singulièrement la portée en les réduisant à des activités culturelles à but thérapeutique. Lenseignement de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Confucius" Confucius est à peu près sur la même ligne. Pour ceux qui sont réfractaires aux histoires saintes mais trouvent du réconfort dans un rituel, les religions orientales constituent donc une option intéressante. Les autres religions, en particulier les religions du Livre, se condamnent et sexcluent mutuelle²ment. Pour mettre les choses au mieux, HYPERLINK "http://www.croixsens.net/pascal/page13.php" une seule religion peut se prévaloir de détenir la vérité. Imagine-t-on un tribunal cherchant à écarter limposture, où chaque religion viendrait à son tour soutenir quelle est la seule véritable, contre toutes les autres également représentées ? En invoquant des textes uniquement préoccupés de faire la promotion de HYPERLINK "http://www.hereses.info/" mythes concoctés par de jeunes barbus épris de pureté et rêvant de refaire le monde, transmis, interprétés et modifiés sous le contrôle exclusif de zélateurs ayant tout loisir de trier les témoignages et de détruire les preuves contraires, pleins dinvraisemblances et de contradictions, sans aucune confirmation indépendante, sans aucune espèce de preuve historique digne de ce nom ? Ce serait à mourir de rire. Autant vaudrait comparer daprès leurs dépliants publicitaires des produits concurrents dont les caractéristiques et les performances annoncées seraient impossibles à vérifier ! Produire devant un tribunal des écrits dauthenticité douteuse est généralement contreproductif. Le président du tribunal ne manquerait pas de demander dans ce cas « Où sont les documents originaux, où sont les signatures, où sont les témoins irrécusables ? ». Est-il possible que rien nait été rapporté à Rome par la voie hiérarchique, dans cet empire si bien organisé, des exploits extraordinaires dun dénommé Jésus ? Un homme capable de changer leau en vin, de multiplier les pains et deffectuer des pêches miraculeuses aurait été précieux pour lapprovisionnement des légions romaines ! Si lon y ajoute le don quil avait de marcher sur les eaux, de guérir les malades, de calmer les tempêtes et de ressusciter les morts, il pouvait à lui seul remplacer lintendance, le génie, le service météo et le service de santé ! Comment se fait-il quaucun des nombreux spectateurs de ces exploits extraordinaires ne soit venu témoigner au procès de celui qui les avait accomplis ? Pourquoi ses juges ne lont-ils pas mis au défi de les rééditer ? Loin de laccabler la populace laurait porté en triomphe. La vision dun reportage fait par des extra terrestres sur la vie de cet individu réserverait sans doute bien des surprises ! Certains ont imaginé un solide gaillard aimant la vie, le vin et les femmes. Pourrait-il du reste avoir été véritablement homme sans aimer tout cela ? Fut-il dans sa jeunesse un sacripant au point que les évangélistes aient dû rester muets sur cette période de sa vie ? Cest Marie-Madelaine, la grande amoureuse, qui lui aurait demandé un jour « est-ce que ça sait danser un charpentier ? »
Quen serait-il par ailleurs des religions tombées en désuétude ? Seraient-elles représentées devant ce tribunal ? Que sont devenus les dieux qui ont cessé de plaire ? Ont-ils perdu tout pouvoir, eux que leurs fidèles ont loué et imploré pendant des siècles de siècles ? Ces fidèles furent-ils moins sincères ou moins convaincus que les croyants daujourdhui ? Ces dieux furent-ils moins aimés ou moins craints que leurs successeurs ? A lheure quil est HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jupiter_(mythologie)" Jupiter, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Quetzalcoatl" Quetzalcóatl et tous les autres jouent-ils aux boules sous les platanes élyséens, comme de paisibles retraités ? Mis en cause, trouveraient-ils des avocats pour les défendre, et qui les paierait ? Il est néanmoins permis de penser que certains avocats se verraient volontiers commis doffice pour défendre Vénus et Bacchus, et quils ne manqueraient pas darguments auxquels les incroyants eux-mêmes pourraient être sensibles !
Pour justifier la véracité unique de la foi chrétienne Pascal embarrassé utilise largument selon lequel les prophéties auraient été confirmées par lhistoire. Est-ce bien sérieux lorsquon sait que les évènements rapportés dans les nouveaux livres sacrés ont été fabriqués dans le but de confirmer les prophéties contenues dans les anciens ? En tentant lapologie de la religion chrétienne, Pascal la en réalité fragilisée. On pourrait même dire quil était au fond sceptique mais quappréhendant dêtre immédiatement saisi, torturé et brûlé vif, son scepticisme a été refoulé et sest transformé en recherche dune « preuve » voisine de celle qui est si chère aux mathématiciens : la preuve par labsurde. Sil est impossible de démontrer que la religion chrétienne est vraie, cest quelle est fausse ! Si labsence de preuve nest pas une preuve de fausseté, cen est à tout le moins une forte présomption. Pascal sétait en tout cas trop approché du pot aux roses. LEglise ne sy est pas trompée qui la mis à lIndex. Elle ne veut voir personne mettre son nez dans ses affaires, même sil sagit de sympathisants. En pleine guerre de religion, Montaigne rend un hommage appuyé à la religion catholique dans laquelle il a été élevé, mais il semble avoir été davantage guidé par la prudence que par la sincérité. Dans un HYPERLINK "http://www.bribes.org/trismegiste/es2ch12a.htm" long chapitre de ses Essais consacré aux phénomènes religieux il cite plus volontiers les auteurs antiques que les Pères de lEglise et il fait la part belle aux philosophes matérialistes. Pour celui qui sait lire son apologie de la religion chrétienne ressemble plutôt à une assez subtile « mise en boîte ». Il est clair que sa préoccupation nétait pas « dattraper le ciel ou dadresse ou de force » comme il serait logique pour un chrétien convaincu mais plutôt de prendre ses distances par rapport à toutes les religions. Dans un autre chapitre consacré à la liberté de conscience il rend un bel hommage à lempereur Julien dit lapostat à cause de la tolérance dont ce dernier fit preuve à légard des diverses religions pratiquées dans son empire. Dans le chapitre « que philosopher cest apprendre à mourir » il fait limpasse sur les consolations prétendument offertes par la religion chrétienne et ne consacre que quelques lignes à indiquer quelle appuie les conclusions tirées dune philosophie antique résolument profane. De bons auteurs continuent pourtant de considérer Montaigne comme un écrivain catholique. Il est vrai quil est tout aussi catholique que bien dautres ! Ses Essais ont été également mis à lIndex. LEglise est certainement consciente des faiblesses de sa doctrine, mais elle entend être la seule à sen apercevoir. Il ne faut pas cependant se tromper; la charge de la preuve incombe aux tenants dune foi particulière, non aux incroyants.
Les tentatives de rapprochement entre religions sapparentent aux accords et fusions que recherchent les entreprises en difficulté, mais deux estropiés ne font pas un individu sain. LEglise Catholique qui se dit instituée par Dieu et investie par lui dune mission impérative et exclusive ne peut considérer les autres religions que comme des impostures soutenues par des esprits fourvoyés, si toutefois elle reste fidèle à sa doctrine. Si daventure deux religions dorigines distinctes peuvent se retrouver, cest uniquement sur le terrain de la morale naturelle dont parle Diderot, morale dont nous avons explicité plus haut la véritable origine. Car ce qui paraît orthodoxe aux uns ne paraît pas très catholique aux autres, et réciproquement. Dun dialogue avec un scientifique le professionnel du divin espère récupérer un peu du prestige qui sattache à la science. On ne voit pas par contre ce quun scientifique peut retirer dun tel exercice, à moins quil ne soit lui-même spécialiste des questions religieuses. La science soccupe du monde réel accessible aux sens et à lexpérience. Les religions postulent des mondes fantastiques qui ne sont accessibles de façon démontrable ni aux sens ni à lexpérience. Aucun dialogue touchant à lessentiel nest donc possible entre science et religions, et pas davantage entre religions différentes. Aussi bien toutes les réunions cuméniques ne peuvent-elles être quune suite de monologues polis et aboutir au mieux à des délimitations de zones dinfluence, des pactes de non-agression ou des ententes pour la défense dintérêts corporatistes car les différentes religions sattaquent au même marché. La pression économique que certaines commencent à ressentir nest pas encore suffisante pour quelles fusionnent. En fait, dans la plupart des dialogues interreligieux chaque partie utilise lautre comme outil pour enraciner un peu plus sa propre foi, alors quelle devrait en retirer un doute salutaire. Le pape François a exprimé sa volonté de rapprocher catholiques et musulmans. Ceci pourrait signifier son intention dutiliser la vitalité de la foi islamique et la peur quelle inspire pour lutter contre la sécularisation croissante des sociétés occidentales. Il est possible aussi quil nous ménage quelques heureuses surprises. Lcuménisme nest que lart de dialoguer sans se comprendre. Chaque partie est bien convaincue quil nexiste quune seule foi véridique et, comme par hasard, cest la sienne. In tel préjugé ne peut être soutenu valablement quavec les poings. Malgré limpossibilité où ils se trouvent de prouver la véracité seule et unique de leur croyance les hommes de foi nhésitent pas à suivre aveuglément ses enseignements et, quand ils le peuvent, à l imposer aux autres par tous moyens à leur disposition, y compris les plus violents. Cest pourquoi toute religion est éminemment dangereuse. Dans un monde en voie dunification il y aura de moins en moins de place pour plusieurs religions prétendant chacune à luniversalité. Même sil nexistait plus désormais quune seule religion à la surface de la terre, ceci ne la rendrait pas plus certaine pour autant. Un concept universellement partagé nimplique nullement une réalité extérieure qui lui corresponde, sans quoi un dieu soleil continuerait de tourner autour dune déesse terre en forme de galette. Si un quidam entreprend lexposé public de ces idées dérangeantes, sur un plateau de télévision par exemple, les autres intervenants lui font sentir immédiatement quil ne joue pas le jeu convenu (les regards quils échangent entre eux sont à cet égard éloquents) et lexposé tourne court. Jen conclus plusieurs choses :
a) ces idées menacent très directement de multiples intérêts
b) il existe en conséquence une pression sociale extrêmement forte et dotée de puissants moyens dinfluence pour que ces idées ne soient jamais exprimées
c) les idées en question sont très difficilement réfutables
d) nous vivons sous le règne du mensonge
Je me permets de suggérer que les différentes religions organisent une cérémonie cuménique de repentance où elles feraient état de tous les torts quelles se sont faits mutuellement ou quelles ont fait à dautres et quelles rouvrent tous les procès en sorcellerie ou en hérésie. On a bien réhabilité récemment et à juste titre les soldats qui avaient été fusillés pour lexemple durant la première guerre mondiale. Il faut se dire que lADN des innocents, même porté aujourdhui par dautres, court encore dans les rues, tout comme celui de leurs juges et de leurs bourreaux.
Tout croyant sincère est amoureux de sa croyance. Il nen voit que les beautés et les perfections. Il reste aveugle pour ses erreurs et ses crimes. Il nest pas interpellé par la multitude des croyances. Il ne lui vient pas à lesprit que, né dans une autre contrée ou à une autre époque, dautres beautés lauraient séduit ; quil a adopté la croyance locale comme il a adopté le costume régional, pour ne pas se singulariser. Le plus souvent il se sera contenté de conserver lempreinte des croyances qui lui ont été inculquées quand son jugement nétait pas encore formé. Il a aussi intégré le fait quen refusant dadopter la religion dominante il diminuait considérablement ses chances dêtre accepté par la « bonne société ». « Nous sommes chrétiens au même titre que nous sommes ou Périgourdins ou Allemands » (Montaigne). Cette courte phrase dit tout. Un cerisier sauvage peut être greffé et, selon le greffon utilisé, porter telle ou telle variété de cerises. Il existe en effet, au-delà de lapparente diversité, une grande similitude entre les différentes religions quels que soient le lieu et lépoque considérés. Elles ont presque toutes en commun des êtres divins aux origines baroques et aux biographies extravagantes, représentations allégoriques des grands phénomènes naturels ou de concepts abstraits très généraux, ou dune sommation de ces représentations (Dieu est amour, vérité, charité, etc..), des prescriptions morales comparables, la croyance selon laquelle une âme immortelle peut être séparée du corps mortel, le culte des morts, la punition des méchants et la récompense des justes, des anges, des saints et des démons (un dieu nouveau change en démons les divinités dont il a pris la place), une cosmologie, une cosmogonie, des cataclysmes causés par la colère divine, des interventions miraculeuses amodiant les phénomènes naturels, des temples, des prêtres, des acolytes, des théologiens et des astronomes, des moines et des moinillons, des nonnes et des nonnettes, des ermites, des retraites, des prêches, des gestes et des objets rituels, des habits de cérémonie, des tonsures et des pilosités exubérantes, des cloches, des tambours et des gongs, des couronnes, des guirlandes et des tresses, des cierges, des flambeaux, des bannières et des oriflammes, des chapelets et des moulins à prière, des reliques, des apparitions, des initiations, des bénédictions, des vénérations, des vaticinations, des malédictions, des damnations, des excommunications, des abjurations, des absolutions, des purifications par leau ou par le feu, des ablutions, des immersions, des aspersions, des lustrations (lobsession de la pureté et lhorreur du corps sont caractéristiques de beaucoup détats névrotiques), des onctions, des fumigations, des libations, des illuminations, des élévations, des transfigurations, des transsubstantiations, des génuflexions, des prosternations, des méditations, des oraisons, des adorations, des implorations, des lamentations, des déplorations, des admonestations, des imprécations (un mode favori de communication), des incantations, des invocations, des expiations, des contritions, des rogations, des hallucinations spontanées ou provoquées, individuelles ou collectives, des prostrations, des dormitions, des mortifications, des macérations, des flagellations, des scarifications, des infibulations, des circoncisions, des excisions, des mutilations, des processions, des circumambulations, des ostensions, des célébrations, des commémorations, des consécrations, des sanctifications, des canonisations, des apparitions, des visitations, des résurrections, des apothéoses et des métamorphoses, des danses sacrées (leur absence quasi-totale dans les religions du Livre témoigne de la répression impitoyable de la sexualité quelles pratiquent), des transes, des offrandes, le sacrifice des plus faibles ( animaux, prisonniers, esclaves, enfants, adolescents mâles et femelles), des peintures corporelles, des masques et des tatouages, des nourritures sacrées, des interdits alimentaires et sexuels, des jeûnes, des lieux maudits et des lieux saints, des paradis et des enfers, des rivières enchantées et des forêts hantées, des montagnes et des arbres sacrés, des ascensions vers le ciel et des descentes aux enfers, des animaux fabuleux et des monstres épouvantables, des sorciers et des sorcières, des envoûtements et des exorcismes, des psalmodies, des litanies, des chants liturgiques, des musiques, des cortèges, des pèlerinages, un calendrier, des cérémonies ordinaires et des cérémonies extraordinaires accompagnant les grands évènements de la vie
Considérez les civilisations qui sépanouissaient des deux côtés de lAtlantique avant le voyage de Christophe Colomb. Leurs populations étaient sans relations depuis la fin de lère glaciaire. Pourtant, de part et dautre de ce vaste océan, les pierres des monuments sy disposaient selon les mêmes lois dictées par la pesanteur et la géométrie, et les pensées religieuses sy ordonnaient selon les mêmes lois propres à lesprit humain. De la même façon deux vrais jumeaux séparés à la naissance et ayant mené des vies très différentes ont malgré tout, soixante ans plus tard, des réactions similaires. Ce qui confirme que les caractéristiques mentales tout comme les caractéristiques physiques dépendent très directement du patrimoine génétique des individus. Les vallées de toutes les rivières se ressemblent, y compris sur Mars. Les galaxies présentent les mêmes formes typiques aux quatre coins de lunivers, car les forces qui sont à luvre pour leur donner naissance et les façonner sont identiques. Les religions senracinent dans le même inconscient collectif. Il sagit duvres humaines, exclusivement humaines, très probablement. Si toutes les religions racontent à peu près la même histoire dans différentes langues, cest que linstinct religieux est pour ainsi dire pré câblé dans le cerveau. Sil en est ainsi, cest que Dieu la voulu, à moins que ça ne soit Darwin.
Une majorité de chrétiens semble aujourdhui acquise à lidée que leur religion ne bénéficie daucun statut privilégié, que cest une religion parmi dautres se rendant ainsi coupables aux yeux mêmes de lEglise du péché de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Relativisme" relativisme. Ils conviendront, je lespère, que leur point de vue nest pas dune logique au dessus de tout soupçon car si toutes les religions se valent, celle qui consiste à nen pas avoir du tout est tout aussi admissible. Accepter toutes les religions, cest les nier toutes. Il ne paraît pas particulièrement raisonnable dadopter sans précautions ces constructions intellectuelles antérieures à lapparition de la science, alors que la science est très évidemment le seul mode de connaissance fiable. Dés que lEurope a adopté la méthode scientifique ses progrès ont été fulgurants. Nous bénéficions aujourdhui, grâce à la science, dune étendue de vue dans lespace et dans le temps sans commune mesure avec ce quelle pouvait être au moment où sont nées les religions encore pratiquées aujourdhui. Comme chacun peut sen rendre compte tous les jours, lesprit humain, dans sa quête de la vérité, est beaucoup trop faible pour se passer de lexpérimentation, cest à dire de la confrontation des conséquences tirées des hypothèses envisagées avec la réalité observée. Toute autre démarche est présomptueuse et vouée davance à léchec. Lesprit humain marche sur deux jambes ; lexpérience et la raison. A chaque pas la science présuppose et constate la rationalité du monde. Les disputes HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d'Aquin" scolastiques sur le sexe des anges, sur la grâce suffisante, ou sur lexistence même dun Dieu quon ne sait pas définir sont des logorrhées sans intérêt, faute de faits susceptibles de vérification. Toute religion est impie qui prétend enseigner ce quelle ignore ! Les véritables lieux de culte sont les laboratoires de recherche et les observatoires, car la réalité dévoilée par la science est beaucoup plus étendue, multiple, diverse, complexe et étonnante que tout ce que les traditions religieuses ont pu imaginer à son sujet. Ces temples dun genre nouveau ont été érigés en lhonneur de la Vérité, la seule déesse qui mérite dêtre adorée. Cest en ces lieux privilégiés que lesprit curieux peut sémerveiller de lélégance des lois universelles, de leurs prodigieuses conséquences et de lingéniosité de leur éventuel auteur. Les hommes de science sont les véritables héritiers des prêtres chaldéens qui scrutaient la voûte céleste à la recherche de régularités permettant de faire des prédictions. La science est seule capable de réunir laccord de tous les hommes car elle se règle sur la nature qui est une et immuable, et non sur les fantaisies multiples et changeantes de quelques-uns. Elle seule est capable de fonder léthique sur des bases solides. LEthique quelle permet de dégager de façon idéalement univoque par prise en considération objective de lépanouissement des espèces vivantes est tout le contraire du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Relativisme_culturel" relativisme. Au contraire la multiplicité des religions conduit tout droit au relativisme si on considère toutes ces religions, et pourquoi ne pas le faire, comme équivalentes. Lorsquun pape accuse lapproche scientifique dengendrer le relativisme, cest véritablement lHôpital qui se moque de la Charité ! Il sent bien que le relativisme est un des points faibles de toutes les religions en raison de la nécessité logique de lunicité de la vérité. Il choisit donc dattaquer sur ce terrain. Cest typiquement du bluff ! Quand tous sont dans lincertitude le premier qui prend position se donne un avantage souvent décisif. Nous avons déjà eu une illustration de cette tactique dans la façon dont est présenté le dogme de la Trinité. De la même façon il essaie de nous vendre lidée selon laquelle méthode scientifique et religion sont compatibles. Jespère que le présent essai aura achevé de convaincre du contraire. Bluff encore lorsquil prétend décider du sort de chacun pour les siècles des siècles ! Dans ce jeu de poker menteur il est bien évident quil ne peut se permettre de jouer cartes sur table ! Un pape na pas plus de crédibilité quun chaman des steppes dAsie Centrale. Il coûte seulement beaucoup plus cher.
Chaque religion se prétend ambassadrice dune ou plusieurs divinités, mais aucune nest en mesure de présenter ses lettres de créance ! Tel engage toute sa vie sur ces promesses plus quincertaines qui fait vérifier le moindre chèque ! Non seulement les religions ne sont pas daccord entre elles, mais de plus leurs différentes doctrines ont varié au cours du temps, et dans un même temps, les avis des différents représentants dune même doctrine ont rarement été unanimes et ceux qui sen réclamaient ne lont pas souvent suivie avec constance. La science unit les hommes car la réalité objective et les raisonnements logiques sont les mêmes pour tous. Les religions les divisent car elles dépendent des fantaisies dun petit nombre dhommes sautoproclamant inspirés. Nétait-ce pas lidée même de Diderot? Il faut se boucher les yeux pour ne pas sapercevoir que les religions actuelles sont les héritières directes des conceptions les plus archaïques concernant lhomme et son environnement, que chaque entité géographique a développé son propre type humain et sa propre culture dont la religion constitue la partie la plus arbitraire en même temps que la plus caractéristique. Un esprit rationnel, rationaliste diront certains, considère à cet égard un croyant avec un étonnement qui est sans doute réciproque. Vous avez des yeux et vous ne voyez pas dit le croyant. Lincroyant est tenté de lui conseiller dessuyer ses lunettes et il peut même dajouter « Il y a et il y a eu des milliers de dieux et selon vous le vôtre serait le seul véritable. Vous êtes un sacré veinard ! ». Il est bien forcé de lui faire observer quil ny a quune seule science alors quil y a eu et quil y a encore une quantité considérable de religions prétendant chacune à la vérité absolue et que cest une exigence logique élémentaire quil ny ait quune seule vérité. La vérité est une et indivisible car il ny a quune seule réalité. Il est totalement absurde pour un état laïc de reconnaître quelque diplôme de théologie que ce soit. Les quatre cinquièmes de lhumanité sont totalement imperméables au rêve chrétien et poursuivent dautres rêves bien à eux. Toutes les religions peuvent être accusées de faux et usage de faux en écritures saintes. Les chrétiens daujourdhui ne sont pas différents de certains habitants dîles isolées qui honorent le dieu Cargo quils voient fumer à l'horizon ou des bushmen qui honorent le dieu Boeing quils voient voler haut dans le ciel, seulement plus crédules puisquils nont même pas aperçu leur Dieu. Dieu, sil existe, nappartient à personne. Du premier des chamans au dernier des papes la religion qui consiste à se prévaloir de relations privilégiées avec le divin constitue la plus ancienne, la plus constante et la mieux réussie de toutes les impostures. Tant quil se trouvera des hommes assez crédules pour sy laisser prendre il se trouvera des hommes assez habiles pour exploiter à leur profit cette faiblesse congénitale. Voilà, me semble-t-il, ce que peut dire le bon sens dans un domaine où il nest pas forcément le bienvenu. Je crois entendre dici les malins sesclaffer : « il faut donc que vous croyiez un peu à toutes ces choses-là pour que vous éprouviez le besoin den disputer. Nous, nous savons ce quil en est depuis longtemps, mais nous préférons nous taire et conserver ce levier pour agir sur les âmes simples».
PRIVATE 13. SORTIR DES RELIGIONSTC \l 1 "13. CONCLUSIONS"
Je ne puis résister au plaisir de citer dans son intégralité ce propos dAlain intitulé « Les Contes » qui constitue un abrégé particulièrement pertinent de certains des développements précédents:
« La religion est invincible par labsence de preuves, et même de la vraisemblance ; ainsi toutes nos sages preuves contre, tirées de science peseuse et mesureuse, tombent dans le vide. Contre les passions et limagination, qui toujours déraisonnent ensemble, il faut des faits bien clairs et positifs ; et cest ce quon ne peut pas toujours faire constater à un malade imaginaire, à un plaideur, à un jaloux ; chacun se bouche les yeux plutôt que de renoncer à une erreur adorée ou abhorrée ; la peur, comme on sait, donne le même genre daveuglement que le désir. Mais enfin, dans les choses de ce monde, on peut toujours espérer quelque occasion de constater, qui remettra lesprit en équilibre. Au lieu que sur lenfer ou sur le paradis, que pourrais-je constater ? Et sur des évènements vieux de vingt siècles, que puis-je savoir qui soir communicable comme sont communicables la géométrie et la physique ? Il faut que les passions, limitation, lautorité décident de tout, formant une sorte de manie collective, et cohérente en son intérieur. Et jy vois cette différence avec les fous à proprement parler, cest que les fous ne veulent pas y aller voir, et règlent dans leur pensée les questions de fait, au lieu que les croyants ne peuvent pas y aller voir, vivant sur des faits qui ne sont point des faits. Le doute est létat naturel de celui qui manie des preuves. Mais dés quon ne peut espérer de preuves, le doute est une maladie dont on se guérit par serment. Je ne dirai donc pas quun homme peut tout croire, cest trop peu dire. Le vrai est que labsurde est ce qui est le plus fermement cru.
Et encore je ne compte pas les heureux effets. Si un chapelet dit selon le rite apaise les soucis et les scrupules, et conduit à un paisible sommeil, voilà un fait que je ne puis nier, et que même je comprends très bien. Et si la position dun homme à genoux le rend plus facile à lui-même, moins enragé de vengeance, en tout plus équilibré et plus humain, la plus simple physiologie mavertit que je devais prévoir cela. La passion dun homme couché nest pas de courir ; et la même bouche ne peut en même temps prier et menacer. Ce sont là des exemples tout simples. Il y a bien plus. Il y a des moments sublimes qui, semblables à un manteau, nous donnent un peu de majesté et de paix. Il y a les cortèges et les cérémonies, qui disposent énergiquement le corps humain selon une sorte de grandeur, qui se communique naturellement aux pensées. Il y a la musique, qui agit encore plus subtilement, et, par le chant, sur les viscères mêmes. Et ce nest pas trop supposer que de prêter à la Bible le même genre de puissance quà un beau poème. Doù il résulte que le croyant se sent récompensé de croire, et se trouve attaché, par des liens de reconnaissance à des légendes et à des rites si bien taillés pour lui, si agréables à porter. Ajoutons quil est toujours pénible de penser selon la rigueur, que cest souvent dangereux, que cest parfois impossible. Qui jugera son bienfaiteur ? Qui jugera ses parents ? On craint donc les jugeurs, on les évite. On se passe donc très bien de penser.
La situation étant telle, je fus et suis encore assez content de ce que je répondis à un camarade HYPERLINK "IEUE%20Rév%20be.doc" \o "soldat de la première guerre mondiale" soldat, évidemment de bonne foi. « Quest-ce que vous pensez, me demanda-t-il de Dieu le Père, de Jésus-Christ, du diable et de tout ça ? » Nous faisions notre petite lessive à labreuvoir, non sans guetter du coin de lil ladjudant, qui ce jour-là trouvait tout mauvais. Que pouvait répondre lesclave à lesclave ? Je lui dis : « Ce sont de beaux contes. On ne se lasse point des beaux contes. Cela fait comme un autre monde où la bonne volonté triomphe à la fin. Un monde selon nos meilleurs désirs. Ce sont des récits faits à notre forme, et qui conviennent dans les moments où le monde est trop dur. Lesclave alors oublie dêtre méchant. Il revient à la vérité de lenfance. Il se dispose selon la confiance et lespoir. Et quoi de mieux ? Personne certes ne dira que les contes sont vrais ; mais personne non plus nosera dire quils sont faux. »
Avec son indulgence philosophique Alain ne voit que le bon côté des choses, mais il existe des perspectives plus sombres. Imaginez, ce qui na rien dinvraisemblable, que dans deux ou trois générations il y ait en France 50% de musulmans. Le taux de fécondité honorable observé en France semble dû en effet aux populations fraichement immigrées. Le français de souche, celui dont les racines plongent dans les provinces françaises est une espèce en voie de disparition, comme ses homologues allemands, espagnols ou italiens. Verrons-nous dans nos rues des femmes voilées côtoyer des femmes vêtues de transparences ? Devrons-nous tous manger de la viande HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Halal" Halal quand on sait que le mode dabattage correspondant fait inutilement souffrir les animaux ? La République sincline une fois de plus devant les religions en ninterdisant pas purement et simplement cette pratique dans les abattoirs français. Comment pourront saccorder ceux qui veulent une justice qui comprend et qui répare et ceux qui rêvent dinstituer la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Charia" charia ? A peine sorti dune confrontation avec lobscurantisme de la religion imposée à nos pères, avons-nous vraiment envie de nous colleter avec lobscurantisme dune religion qui nous est étrangère ? Avons-nous vraiment envie de faire un bond en arrière de plusieurs centaines dannées? Personnellement je ne mettrai plus jamais les pieds dans un pays dominé par quelque intégrisme que ce soit. Faut-il pour autant interdire aux musulmanes le port du voile ? Cest oublier quil ny a pas si longtemps, dans nos campagnes, une femme se serait sentie très malheureuses de devoir sortir tête nue. Beaucoup de femmes craignent le regard des hommes, ou peut-être labsence de regard
Pour se protéger certaines femmes élégantes ont eu recours à la voilette ou aux mouches qui distraient le regard. Compte tenu de la facilité des déplacements, les races et les religions sont condamnées à se côtoyer. Sont-elles pour autant condamnées à se mélanger ? Entre deux races ou deux religions, il y a une différence de potentiel qui engendre presque toujours des orages. Si races et religions restent séparées, il y aura éventuellement des orages aux frontières, mais si elles se côtoient, il y a un risque de guerre civile, ce qui est pis. Les races peuvent se mélanger. Les religions ne fusionnent pas, la seule exception connue étant la religion chrétienne où coexistent des apports juifs et des apports égyptiens, entre autres.
Certains objecteront quil est bien beau de vouloir décrédibiliser les religions, mais lhumanité peut-elle sen passer ? Ne peut-elle craindre de remplacer un enfer hypothétique par des camps de concentration bien réels ? Les religions ont démontré leur utilité au cours de lhistoire, faute de quoi elles auraient été éliminées par la sélection naturelle. En ont-elles encore, telle est la véritable question. Peut-on aujourdhui mettre fin sans risque majeur à ces mystifications ? La réponse à cette question est probablement oui. Toutes les conséquences nont pas encore été tirées du fait que les guerres entre gens sensés sont devenues impensables sinon impossibles et que, par conséquent, les communautés nont plus autant besoin que par le passé dêtre cimentées par une même foi et même que ça peut être très dangereux. Les valeurs pacifiques doivent simposer au détriment des valeurs guerrières et entraîner une équitable féminisation de tous les pouvoirs. Même si certains trouvent encore un soutien dans leur religion, même si elle les aide à vivre dans les moments difficiles, la situation générale sest suffisamment améliorée pour que la plupart des individus naient plus besoin daller y chercher un soutien psychologique quils peuvent trouver ailleurs. Une fraction de plus en plus importante de lhumanité est soustraite aux douleurs physiques et morales insupportables. Les religions perdent ainsi une grande partie de leur utilité et leur disparition nentraînera pas forcément de grands bouleversements. Le regain dintérêt et la tolérance dont elles semblent bénéficier aujourdhui sont-ils autre chose que la manifestation de la sollicitude quon accorde ordinairement aux grands malades ?
Lactivité économique, politique ou militaire ne sest pas arrêtée lorsque nos anciens ont réalisé que la terre était ronde et non plate et quelle tournait autour du soleil et non linverse. Les activités humaines nont pas été affectées de façon extraordinairement spectaculaire par le changement de perspective lié à ces découvertes, même sil a fallu attendre, bel exemple de la prudence ecclésiastique, que HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Neil_Armstrong" Neil Armstrong pose son pied sur la lune pour que HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Galileo_Galilei" Galilée soit réhabilité ! Quelle impudence que cette réhabilitation si on y réfléchit bien ! Limportant nest pas de réhabiliter Galilée qui nen a nul besoin mais de condamner sans équivoque ceux qui lont accusé ! Faudra-t-il attendre pour que HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Giordano_Bruno" Giordano Bruno bénéficie du même traitement que lhomme ait posé son pied sur le satellite dune étoile proche ou, quà tout le moins, il y ait envoyé quelque engin automatique retransmettant des informations cohérentes ? La croyance en des mondes pluriels fut en effet un des principaux motifs de sa condamnation au bûcher par le Saint-Office.
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté
HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_B%C3%A9art" Guy Béart
Quant à linfluence des religions sur le comportement moral de leurs fidèles, nous avons vu quelle est assez faible. Les thèses de Freud, en grande partie confirmées par létude du fonctionnement du cerveau permise par les nouvelles technologies, rendent surannées les conceptions éthiques traditionnelles, mais ne modifient que très lentement les opinions, les murs et les lois. La criminalité extrême est, malgré une répression féroce, plus importante dans un pays comme les Etats-Unis où la religion joue encore un grand rôle que dans un pays apparemment déchristianisé comme la France. La science et la raison fondent plus sûrement la morale que toutes les religions réunies. Il ny a jamais eu de criminels dans les rangs des véritables hommes de science alors quils ont abondé dans les rangs des hommes déglise, prêcheurs de toutes les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Croisade" croisades, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Inquisition" inquisiteurs sans pitié, complaisants avec les puissants, tolérant toutes les injustices quand elles sappuient sur la force ou quelles leur sont profitables
Personne na jamais été poursuivi pour refuser dajouter foi à la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_d'Ohm" loi dOhm (sauf sil sagit dun technicien responsable de ce fait dune catastrophe) car lexpérience suffit à instruire, mais, à lopposé, comment obliger un individu réticent à reconnaître la vérité dun dogme ou à satisfaire à une obligation rituelle sans utiliser la contrainte et, si nécessaire la violence, seules capables de valoir à ces « systèmes d'opinions bizarres » les marques extérieures de respect ? La seule persuasion est de peu defficacité quand elle se heurte à un esprit ancré dans ses certitudes métaphysiques, lesquelles lui sont dautant plus chères quelles font partie des fondations de son édifice intellectuel. Cest ce qui explique la longue connivence de lEglise avec tous les régimes autoritaires, empires, monarchies absolues et toutes les variétés de fascisme, en dehors du fait que sa propre organisation paraît calquée sur la leur. Cest dans un tel contexte quelle est née et cest là quelle se sent le plus à laise. En grande pompe elle continue donc denterrer les tyrans, même les plus déplorables. Les religions, particulièrement les religions monothéistes, qui projettent si bien sur terre lesprit tyrannique qui selon elles règne au ciel, bien loin dêtre une solution, sont devenues pour le monde un problème, comme nous pouvons le lire à longueur dannée dans les journaux. Les religions ne sont indispensables que pour ceux qui en font leur métier, ou qui les utilisent comme alibi. Dailleurs un grand nombre dindividus ont déjà appris à sen passer et ne sen trouvent pas beaucoup plus mal.
Si l'Eternel existe, en fin de compte, il voitQu'je m'conduis guèr' plus mal que si j'avais la foi
(Georges Brassens, Le Mécréant)
Les sociétés bouddhiques font depuis toujours léconomie du divin. Même les saints, comme nous lavons vu, ont dû parfois sen passer. Il semble que lhumanité peut, avec ménagements et précautions, franchir le pas et se rassembler autour de ce qui nest pas contesté. Dans un pays où la proportion de croyants véritables est probablement inférieure à 5%, limpact serait minime. Le principal reproche quon puisse faire aux religions, à toutes les religions, est de mettre laccent sur le salut individuel alors que ce qui compte véritablement est le salut collectif, même sil est vrai quon nattrape pas les mouches avec du vinaigre ! Dépenser des fortunes en armements quand la catastrophe écologique est à notre porte, poursuivre des chimères au lieu de sattaquer aux vrais problèmes, ne peut rester longtemps sans conséquences. Lautre danger est dattendre de la divinité quelle décrète je ne sais quelle apocalypse alors que nous sommes parfaitement capables de nous en charger nous-mêmes. Dieu ne viendra pas au dernier moment tel Zorro pour tout arranger.
Les divinités habitaient jadis chaque forêt et chaque fontaine.
« La plus humble amourette était alors bénie
Sacrée par Aphrodite Eros et compagnie
Lamour donnait un lustre au pire des minus
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus
« En se touchant le crâne en criant jai trouvé
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui sest mise à frapper les cieux dalignement
Chasser les dieux du firmament »
(Georges Brassens, Le Grand Pan)
Cest donc la faute aux hommes de science qui ont tout démythifié si les divinités se sont réfugiées dans les lieux les moins accessibles comme les montagnes élevées ou les antres souterrains et si elles ont finalement gagné le ciel où certains croient encore les apercevoir. Elles se sont même tellement éloignées quelles se sont confondues en une seule. Après avoir accompagné lhumanité dans la phase la plus cruciale de son développement, elles peuvent disparaître de son horizon et les derniers liens qui rattachent lhumanité à son enfance seront, non sans déchirements pour certains, non sans une certaine appréhension ni une certaine nostalgie pour dautres, tranchés.
Les religions ne sont quun moment du développement des sociétés humaines. Il ny en a pas toujours eu et il est probable quil ny en aura pas toujours. Le monde en tout cas ne peut plus progresser guidé par des éthiques fondées sur des archaïsmes aussi divers que douteux. Il faut se débarrasser de ces vestiges du passé qui ne font que compliquer la résolution des problèmes daujourdhui lesquels ne sont pas minces. Peut-on rêver quun pape, constatant après Benoît XVI que « la barque de lEglise fait eau de toutes parts » confesse un jour honnêtement quil a perdu la foi, quun concile subséquent fasse le bilan des actions positives et négatives de lEglise au cours des siècles, en ouvre les archives aux historiens, puis mette la clé sous la porte ? Cette attitude ne serait-elle pas préférable à un repli frileux sur les positions les plus conservatrices par nostalgie dun passé de puissance et dinfluence ? Sil doit le faire, quil le fasse avant que lEglise ne fasse faillite ou que des zozos se réclamant dune quelconque divinité naient créé un désordre général et meurtrier ou fait sauter la planète. Il nest pas certain que le traumatisme de ce qui reste de fidèles, compte tenu de létat de leur croyance, sera dans cette éventualité beaucoup plus grand que ne le fut par exemple celui des citoyens des pays de lEst lors de la chute du communisme. La reconnaissance du fait que toute foi comporte une part dincertitude serait un premier pas ô combien utile. Les religions orientales lont déjà implicitement franchi. Les religions que nous connaissons actuellement peuvent disparaître comme ont disparu avant elles dinnombrables religions dinnombrables peuples. Elles peuvent être supplantées par un mode de connaissance plus performant et une éthique mieux fondée, comme ont été supplantés les montres mécaniques, les règles à calcul et les postes à galène. Nous savons bien que les civilisations sont mortelles. Parier que la vie sera toujours la plus forte ne semble pas un pari particulièrement risqué. De plus cest le seul possible. Dautres menaces, purement physiques celles-là, sont autrement plus inquiétantes. Linstinct moral protecteur de la vie existe chez tous les êtres vivants, il est même une condition de leur existence. Il faudra le renforcer autant que faire se peut et donc, comme le souhaitait Diderot, que les vertus soient davantage reconnues et encouragées par la société. Pour faire accepter la disparition de lautre monde, il faut dabord que celui dans lequel nous vivons soit devenu supportable pour tous. Or un monde enfin honnête, équitable et pacifié nest pas hors de portée car les progrès techniques accumulés devraient permettre à chacun de vivre mieux que convenablement sil ny a pas trop dinégalités ni de gâchis et si les états savent faire preuve dun minimum de prévoyance. Des substances diverses et variées, pas toutes illégales ni destructrices, peuvent se charger de faire voir la vie en rose
Point nest besoin dune grande fortune pour connaître le vrai bonheur qui est de se sentir en sécurité, bien dans sa peau, en paix avec son entourage et de tenter de comprendre le monde comme il va.
Tous ceux qui, après mûre réflexion, se sentiront en accord avec les points de vue de Diderot, dAlain et de quelques autres, tous ceux qui auront acquis la conviction quils ne sont pas les favoris des dieux mais quils appartiennent au contraire à une espèce menacée, se doivent de renoncer à des illusions devenues plus que jamais périlleuses. Les religions ont fait leur temps, il faut passer à autre chose. Leur mise entre parenthèses c'est-à-dire leur confinement à une sphère strictement privée, est probablement une condition nécessaire, sinon suffisante, de la survie de lhumanité. Parmi les croyants, les chrétiens sont ceux qui doivent donner lexemple car ils appartiennent à lavant-garde des nations. Tous doivent savoir que le but nest pas tant de détruire les religions que de les accorder, de les assumer et si possible de les dépasser. Eviter la confrontation des religions cependant ne suffit pas. Il existe en effet quantité dautres maux qui affligent lhumanité en général et la France en particulier, prise ici à titre dexemple car il existe des phénomènes comparables dans la plupart des pays développés. Leur accumulation devient alarmante.
14. UN MONDE EN CRISE
Depuis quil existe le monde a toujours été en crise. Les religions ont certainement eu leur part dans la genèse, mais aussi dans le traitement de ces crises. Elles ne semblent plus adaptées à la résolution de la crise mondiale actuelle pour la raison que toutes les religions se trouvent concernées et quelles sont mutuellement incompatibles et irréconciliables. Je pense que la plupart des gens sont conscients du danger que présentent des « vérités » différentes que la raison est impuissante à départager et soutenues néanmoins par de nombreux fanatiques. En outre il ne sagit plus seulement de relations entre les hommes mais des limites physiques de la terre- mère qui ont été atteintes. Après être sorti des religions, il faut donc songer à reconstruire la société sur des bases différentes. « Mais, dit la Maréchale, il faut quelque chose qui effraie les hommes sur les mauvaises actions qui échappent à la sévérité des lois ; et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ? ». Il faut noter quelle ninvoque pas la réalité ou la véracité de ce « quelque chose », mais son utilité supposée. Pour répondre néanmoins à son inquiétude, quest-il possible de substituer aux religions ? La réponse parait inscrite dans la nature. Lobligation ressentie comme la plus pressante, la plus absolue par tous les êtres vivants est dassurer la survie de lespèce à laquelle ils appartiennent. Les espèces qui nont pas été défendues bec et ongles par leurs représentants ont disparu. Il est probable quen dehors de quelques insensés, tous les hommes seront daccord pour estimer que laventure de la vie en général, et celle de lespèce humaine en particulier valent la peine dêtre poursuivies. Cest donc lobjectif commun quils doivent se fixer. Or, la réalisation de cet objectif est loin daller de soi. Certains estiment même que les probabilités vont contre. Ce qui va suivre tendrait à leur donner raison. La manière dont les diverses religions continuent dattirer massivement les fidèles dans beaucoup de grands pays malgré labsence de toute preuve tangible de leur pertinence montre que les hommes dans leur ensemble sont peu disposés à se saisir des vrais problèmes et préfèrent rêver des solutions. Selon toute vraisemblance ils ne réagiront que lorsquil sera trop tard. Un émule de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cassandre_(Mythologie)" Cassandre est rarement crû. Jattends que le président dun grand pays commence un de ses discours par ces mots : « Mes chers compatriotes, je suis profondément inquiet ! ».
Crise environnementale
Songez à létat de la planète, à son atmosphère dangereusement enrichie en gaz carbonique, à ses sols mis à nu, lessivés, appauvris en éléments nutritifs et en organismes vivants, souillés, rongés par lérosion, le bitume et le béton, à ses rivières et ses océans pollués, à ses ressources forestières et minérales en voie dépuisement, à la disparition accélérée des espèces, au progrès des déserts, au recul des glaciers, à la dislocation des banquises, à la montée des océans, à lintensification des phénomènes atmosphériques. Songez à laltération des climats dont il nest pas prouvé quelle ne puisse échapper à tout contrôle par suite deffets feed-back quil existe quelques raisons de redouter (température à la surface de la planète Vénus par suite dun HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_de_serre" effet de serre exacerbé : près de 500(C). Lactivité humaine a déjà conduit et va conduire de plus en plus le climat de la planète Terre dans des zones quil na jamais explorées au cours de sa longue histoire. Lours blanc qui dérive dans locéan arctique sur un glaçon en train de fondre est un peu limage de ce qui nous attend. Ceux qui ont la chance de fréquenter les mêmes lieux depuis leur petite enfance doivent se rendre compte que la végétation est devenue plus luxuriante quelle ne létait il y a quelques décennies. Je ne sais sil faut imputer ce phénomène à laugmentation de la teneur en gaz carbonique de latmosphère où à la contamination par les nitrates des nappes phréatiques servant à larrosage ! A cause de linertie thermique des océans le climat est actuellement plus sec et plus froid que ne le voudrait en régime stabilisé la concentration actuelle de gaz carbonique dans latmosphère (principe de la HYPERLINK "http://jehhan.ifrance.com/chauffage/p4.html" paroi froide). Ce phénomène contribue probablement à masquer actuellement la tendance au réchauffement. Tout le carbone séquestré par les processus naturels sous forme de combustibles fossiles durant quelques centaines de millions dannées va se trouver libéré pour lessentiel en deux siècles. Combien dheures de vol dabeille dans une cuillérée de miel que lon avale sans y penser et combien danimalcules transformés en pétrole pour faire un kilomètre en voiture ? Celui qui fait poser dans son domicile un dallage en marbre ou en comblanchien sapprête à fouler aux pieds un cimetière marin. Allons nous vers un nouveau point déquilibre, avec un climat plus chaud et plus humide, ou bien basculons nous dans linconnu ? Limportance du sujet invite à détailler quelque peu les facteurs stabilisants et les facteurs déstabilisants.
Parmi les principaux facteurs stabilisants il faut citer :
Laugmentation de la radiation de chaleur de la planète due à laugmentation de sa température
Laugmentation de la nébulosité accentuant le pouvoir réfléchissant de la planète durant la journée.
Les poussières et aérosols réfléchissants. Les fumées produites par les chaudières et moteurs thermiques en contiennent en abondance ce qui tend à compenser leffet du gaz carbonique résultant de la combustion elle même, au point quon pourrait songer à proscrire les dépoussiéreurs, pots catalytiques et autres laveurs de fumées si les polluants non éliminés nétaient aussi nuisibles pour la santé
Accroître artificiellement la quantité daérosols présents dans latmosphère
La diminution des besoins de chauffage réduisant le recours aux combustibles fossiles
Laugmentation de rendement des productions agricoles et sylvicoles dont une partie peut être utilisée à satisfaire des besoins énergétiques. Laugmentation de la température, de lhumidité et de la teneur de latmosphère en gaz carbonique favorise en effet ces productions. La luxuriance de la végétation et le gigantisme des animaux de lère secondaire sont certainement la conséquence de conditions climatiques similaires
Lamélioration des rendements énergétiques des procédés industriels et assimilés
Le recours préférentiel à lénergie nucléaire et aux énergies renouvelables
Le stockage souterrain volontaire (et durable) du gaz carbonique produit par les installations industrielles
Le dopage des processus naturels de séquestration du carbone
Parmi les principaux facteurs déstabilisants il faut citer :
Laugmentation de la population et de lactivité économique génératrice de gaz à effet de serre tels que le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Dioxyde_de_carbone" gaz carbonique ou le méthane
Laugmentation de plus en plus rapide de la teneur de latmosphère en gaz à effet de serre par simple phénomène daccumulation, la libération de ces gaz dans latmosphère due en particulier à lactivité humaine étant plus importante que la capacité dabsorption des milieux naturels
Laugmentation de la consommation dénergie fossile liée aujourdhui au conditionnement dair, lequel est indispensable pour travailler efficacement dés que la température sélève
Le remplacement du pétrole et du gaz qui sépuiseront les premiers par le charbon, le gaz «t le pétrole de schiste et les sables bitumineux qui génèrent encore plus de gaz à effet de serre
La diminution des surfaces couvertes de neige ou de glace, ce qui réduit le pouvoir réfléchissant de la planète
Laugmentation de la nébulosité bloquant la réémission de chaleur vers lespace durant la nuit.
Les poussières et aérosols absorbants
La diminution de la solubilité du gaz carbonique dans leau quand la température de leau sélève, ce qui réduit la capacité dabsorption des océans
HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Acidification_de_l%E2%80%99oc%C3%A9an" Lacidification de leau de mer par augmentation de sa teneur en gaz carbonique la rend à terme impropre à la formation des coquilles ou squelettes de certains animaux marins comme le plancton à lorigine de la chaîne alimentaire, et ouvre ainsi une perspective de désertification des océans.
La libération de gaz à effet de serre due à laugmentation de température des océans et des continents. Il sagit en particulier du méthane vingt cinq fois plus actif de ce point de vue que le gaz carbonique. Les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hydrate_de_m%C3%A9thane" hydrates de méthane présents en abondance dans les fonds marins et les sols gelés pourraient libérer ce gaz suite à une élévation de température. Selon certaines sources ces hydrates pourraient contenir à eux seuls autant de carbone que tous les autres combustibles fossiles réunis. Cest ce dernier point qui semble le plus préoccupant car il peut produire le basculement redouté et transformer la terre en rôtissoire. De tels phénomènes ont déjà eu lieu dans lhistoire de la planète sans que lexcursion climatique la rende toutefois entièrement inhabitable. Se peut-il que la chance cette fois nous abandonne ? Aucun climatologue ne saventure à donner une réponse définitive en raison des difficultés de calcul. Rien cependant nest plus propice que cette incertitude à favoriser les vues des prédicateurs dApocalypse ! Les autres croisent les doigts.
Certains calculs récents montrent quune extinction de masse des espèces vivantes semblable aux quatre ou cinq qui se sont déjà produites pendant les cinq cents derniers millions dannées pourrait commencer dés la fin du 22ème siècle si la concentration de latmosphère en gaz carbonique continue de croître au rythme actuel. La température moyenne du globe est actuellement de +15°C. Sans effet de serre, elle serait de 18°C. On conçoit facilement quune faible variation de cet effet puisse avoir des conséquences considérables. Le risque nest pas de surestimer lampleur de cet effet et la vitesse à laquelle il saccroît, mais de les sous-estimer. Le plus préoccupant est quil sagit là dune bombe à retardement dont le tic-tac ne pourra être arrêté dés quun seuil critique dont personne ne connaît au juste la valeur aura été franchi. Supposez un instant quune augmentation plus rapide que prévu de la concentration en gaz carbonique de latmosphère soit détectée indiquant quun tel seuil a été franchi et quun processus dauto amplification sest amorcé. Que faire devant cet emballement ? Personne nest en mesure de répondre à la question. Les précédentes extinctions despèces semblent avoir été dues à la collision du globe terrestre avec un corps céleste volumineux ou à des phénomènes volcaniques extraordinairement intenses. Celle à venir aura une origine purement humaine et elle sera beaucoup plus brutale. La survie de lespèce homo sapiens au milieu despèces autrement mieux équipées quelle en moyens dattaque et de défense a déjà été un miracle (au sens de très improbable). Des études génétiques semblent montrer quà certaines périodes de son histoire elle sest trouvée effectivement réduite à quelques individus. Les miracles nont lieu quune fois.
La concentration en gaz à effet de serre est la même en tous les points du globe puisque lémission de ces gaz est rapidement dispersée par la circulation atmosphérique. La lutte contre son augmentation concerne donc tous les états. Pourquoi un état quelconque simposerait-il un bouleversement de ses habitudes et la pénalisation de son économie si le bénéfice des sacrifices quil consent est pour lui infime ? Jusquà une époque récente ce fut la position officielle des Etats-Unis dans laquelle on reconnaît leur tentation isolationniste permanente. Plutôt que de lancer des actions tous azimuts sans commune mesure avec lampleur des problèmes à résoudre, un état de taille moyenne comme la France ferait mieux de consacrer les quelques ressources financières dont il dispose à la recherche scientifique et technique pour mettre au point des procédés commercialisables dans un avenir quon souhaite le plus proche possible. Je suggèrerais volontiers que la France et lEurope fassent la grève de lenvironnement, sauf pour débarrasser de leurs polluants les sols, les eaux et les effluents gazeux car, sagissant de problèmes locaux, les efforts profitent à ceux qui les ont consentis. Le cas des gaz à effet de serre ne peut être traité quau niveau de la communauté internationale. Je suggèrerais en conséquence que les normes européennes concernant les gaz à effet de serre soient alignées sur les normes les moins restrictives observées par la Chine et les Etats-Unis. Rien de significatif ne pourra être entrepris en effet tant que les grandes puissances industrielles ne se seront pas mises daccord sur un programme commun de lutte contre leffet de serre. Quel est le sens de nos timides efforts de réduire nos émissions de CO2 ? Pendant que nous établissons à grand frais pour tout ce que nous produisons des bilans carbone détaillés dont les résultats sont rarement pris en compte la Chine met en service chaque semaine une nouvelle centrale électrique au charbon, les pays tropicaux pratiquent la déforestation à tout va et les Etats-Unis sapprêtent à redevenir le premier producteur mondial dhydrocarbures grâce au pétrole et au gaz de schiste, sans trop se soucier de limpact local et global de cette nouvelle technologie ! Mener des actions individuelles ne peut que retarder la nécessaire action collective car elle encourage les nations les plus égoïstes à se reposer sur les efforts des autres. Linstauration dune taxe carbone par un seul pays ou par un petit groupe de pays ne peut avoir comme résultat que la délocalisation des industries frappées par cette taxe. Beaucoup de nations, en particulier la France durement touchée par le chômage, nont pas les moyens de leurs ambitions écologiques. Une réduction volontariste limitée à une zone géographique entraîne un affaiblissement de lindustrie de cette zone, une diminution de sa production. Ce quelle na pas produit est produit ailleurs, dans une zone qui ignore cette contrainte. Le total des émissions nest pas réduit, les sources en sont seulement déplacées. Il peut même être augmenté si la nouvelle production se fait dans des conditions plus défavorables que lancienne, ce qui est bien souvent le cas. Instaurer une taxe carbone ne sert quà se donner bonne conscience et surtout à satisfaire le mouvement écologiste pour des raisons électorales. Flairant la bonne affaire, des malins se sont emparés du mouvement écologiste dans lespoir de se faire un nom. Instaurer une taxe carbone limitée à un seul pays est stupide. La limiter à un seul pays et au seul transport routier est doublement stupide. La limiter à un seul pays et à une partie seulement des transports routiers est triplement stupide. Il ne restait plus quà rendre sa mise en uvre techniquement cauchemardesque et financièrement scandaleuse. Cest ce que lEtat français, majorité et oppositions confondues, a brillamment réussi ! On en arrive à souhaiter quun événement climatique extrême vienne rappeler à tous, et en particulier aux nations les plus puissantes, la nécessité dune action collective efficace avant que le point de non-retour nait été franchi. Il est absolument nécessaire que chacun apprenne à peser dun pied léger sur cette planète. Aux pays émergents qui refusent de participer à cet effort en prétextant, ce qui nest pas faux, quils ne sont pas responsables de la situation actuelle, il faudrait je crois tenir ce langage :
sans les efforts passés des pays développés les pays émergents en seraient encore au Moyen-Âge
ce sont les pays émergents qui seront les plus affectés par les désordres du climat et ce sont eux qui auront le moins de moyens pour y faire face
il semble équitable que la tonne de CO2 libérée dans latmosphère ait le même prix pour tout le monde. Sil est vrai que les pays développés du Nord sont plus riches, les pays du Sud ont, à niveau de vie égal, des productions de CO2 moindres, davantage dénergies renouvelables et une meilleure adéquation temporelle entre leurs besoins énergétiques et lénergie solaire disponible.
Durant lâge préindustriel la teneur de latmosphère en CO2 était de 280 parties par million. Elle est actuellement de 400. Le seuil à ne pas dépasser sur lequel saccordent les scientifiques est de 450. Lélévation de température moyenne de la surface du globe par rapport à lâge préindustriel est aujourdhui de plus de 1°C. La valeur critique est de 2°C. Elle pourrait être atteinte dici une vingtaine dannées, trente au plus. Il n(y a plus de temps à perdre. Lécologie dont la préoccupation est la survie des espèces vivantes doit prendre le relais des religions en tant que facteur structurant des sociétés. A la différence des religions son champ daction nest pas limité à une société particulière. Il sétend à tous les pays et à toutes les sociétés et rend nécessaire une autorité internationale capable de sanctionner tous ceux qui se refusent à accomplir les efforts nécessaires. Utopie, vous avez dit utopie ? A la fin des banquets les Anciens faisaient apporter à leur table des crânes humains pour rappeler aux convives leur mortelle fragilité. Il conviendrait de nos jours dapporter à la fin des repas, avec le café et laddition, le diagramme dévolution de la teneur de latmosphère terrestre en gaz carbonique !
Si linfluence humaine dans la genèse du réchauffement climatique ne fait guère de doute, dautres facteurs sont susceptibles dintervenir. Des variations climatiques extrêmement importantes se sont produites dans le passé avant même lapparition des premiers hominidés ou lorsque lespèce humaine était encore trop peu nombreuse et dotée de trop peu de moyens pour exercer une influence notable. Lévolution naturelle du climat, cest à dire hors influence anthropique, semble encore trop mal connue pour quil soit possible de conclure de façon définitive. Cest cette incertitude fondamentale que les climato-sceptiques mettent à profit pour décourager toutes les actions visant à limiter leffet de serre. Faut-il les suivre sur le chemin populaire mais dangereux de la facilité ? Verrons-nous sans regrets notre planète perdre son étincelante parure de neige et de glace ?
Crise énergétique
La crise énergétique est la grande question des prochaines décennies. Songez à lincurie qui conduirait à négliger la prochaine disparition du pétrole et des autres combustibles fossiles quand il conviendrait de profiter du peu qui reste pour se préparer à la pénurie. Les techniques de production dénergie évoluent très lentement. Les plus récentes sont dalertes quinquagénaires. Il ne faut donc pas sattendre en ce qui les concerne à des progrès rapides et spectaculaires. Mettre le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Fusion_nucl%C3%A9aire" soleil en bouteille, ce nest pas demain la veille ! Lâge des énergies dites « nouvelles » se compte en millénaires, pour les plus récentes. Il ny a pas dalternative aux énergies actuellement connues dans un avenir prévisible. Lénergie solaire, sauf à la stocker pendant des mois, ne peut guère contribuer au chauffage nécessaire sous nos climats tempérés pas plus quà la production dénergie électrique car elle est la moins abondante au moment ou elle serait la plus nécessaire alors quil y a une certaine concomitance dans les pays du Sud entre lénergie solaire disponible et les besoins de rafraîchissement et de force motrice. Sous un climat tempéré comme le nôtre les pointes de consommation électrique se produisent en hiver, le matin et le soir (pas de soleil), quand le temps est particulièrement froid parce quanticyclonique (pas de vent). Les éoliennes et les panneaux solaires installés ne contribuent aucunement à la couverture de ces pointes. Installer 1000 kW sous forme déoliennes ou de panneaux solaires ne dispense donc pas dinstaller la même puissance sous forme conventionnelle pour tenir compte des périodes sans vent ou sans soleil. Installer 1000 kW sous forme déoliennes permet de bénéficier en moyenne de 200 kW disponibles de façon non corrélée avec les besoins du réseau. Sil sagit dénergie solaire la puissance moyenne disponible tombe à 100 kW. On introduit sciemment une distorsion trompeuse quand on compare le coût du kW installé dune centrale solaire ou éolienne avec celui dune centrale conventionnelle. Les installations éoliennes ou solaires ont donc une valeur économique très faible, uniquement liée au coût du combustible économisé dont il faut déduire les frais de construction, de conduite et dentretien des nouvelles installations. Si lénergie quelles produisent se substitue à de lénergie électrique dorigine nucléaire, léconomie est quasiment nulle, le combustible nucléaire étant très bon marché. Lénergie renouvelable est actuellement considérée comme prioritaire par les gestionnaires des réseaux électriques. Ceci réduit dautant la part des autres productions, ce qui peut compromettre leur rentabilité. La valeur économique réelle de lénergie électrique « verte » est donc le plus souvent très inférieure au prix auquel, sous la pression des écologistes, le réseau électrique général est tenu de lacheter. La différence, souvent époustouflante, est payée par le consommateur, le contribuable ou lactionnaire. Seul cet effet daubaine peut inciter les industriels des pays tempérés à investir dans léolien ou le solaire. Ils sont sans illusions sur la pertinence de ce quils construisent mais se disent que si ce nest pas eux qui en profitent, dautres le feront. Un homme politique quant à lui est prêt à tous les sacrifices (des autres) pour attacher son nom à une réalisation. Ce ne sont pas les besoins du réseau électrique de distribution qui dictent la production des éoliennes et des panneaux solaires, mais Eole et Phébus. Il y a là un renversement des perspectives. Ce ne sont plus les besoins des consommateurs qui gouvernent la production mais les possibilités des producteurs qui gouvernent les appels de puissance des consommateurs. Un tel changement ne va pas sans imposer des contraintes très lourdes aux consommateurs. Certains écologistes prétendent quil est possible de sortir de ces difficultés grâce à des réseaux de distribution dénergie électrique dits « intelligents », mais ils nesquissent aucune solution technique crédible à lappui de cette assertion allant au-delà de banals signaux tarifaires, tant pour les consommateurs que pour les producteurs et de compteurs intégrant le produit prix du kWh multiplié par les kWh produits ou consommés. Dans quelle mesure un gestionnaire dun réseau peut-il, de façon discrétionnaire et imprévisible modifier le prix de ce quil vend ou achète ? Pour sortir de cette difficulté certains écologistes ont imaginé que les prix pourraient être négociés directement entre consommateurs et producteurs. Il faudrait pour cela créer une bourse déchange où, à chaque instant, le prix serait négocié entre des millions de clients et peut-être un jour des millions de producteurs ; Le résultat de la négociation devrai être pris instantanément pris en compte pour piloter les besoins des consommateurs et la puissance fournie par les producteurs alors que les uns et les autres nont aucune souplesse. Les consommateurs ont des appareils à alimentés et les producteurs souhaitent fournir toute lénergie dont ils disposent. Les écologistes se félicitent du fait que ces installations occuperont beaucoup de monde, ce quon peut croire sans peine. Mais le fait même quil faille beaucoup de monde pour les construire et les exploiter montre que cette solution sera forcément chère. Elle fera par ailleurs appel à beaucoup de matériels étrangers. Dautres écologistes avancent quil est possible de stocker lénergie électrique quand sa production est excédentaire et de la restituer au réseau quand la production est insuffisante. Vous ne trouverez nulle part dindication fiable sur le coût et le rendement des différents procédés de stockage envisageables. Le concept des réseaux intelligents nest pas une brillante idée technique, cest une brillante idée marketing qui a été proposée pour fournir une pseudo solution au problème de lintermittence des énergies renouvelables. Il sagit dégarer lopinion publique pendant un temps suffisant pour que les énergies éoliennes et solaires se développent de façon importante. Lopinion publique sera ensuite mise devant le fait accompli des prix exorbitants et des coupures de courant. Les écologistes ont parfaitement assimilé le fait que pour arriver à ses fins il faut raconter aux gens de belles histoires. Même dans un cas de figure particulièrement favorable qui est celui de lIles de la Réunion, dans lOcéan Indien, la part des énergies solaires et éoliennes est restée très faible et ne fait lobjet daucune publicité. Le réseau électrique de cette île nest pas suffisamment puissant pour masquer les insuffisances des énergies solaires et éoliennes. Laccident de Fukushima qui a provoqué la mise à larrêt volontaire des centrales nucléaires japonaises a amputé de 30% la puissance électrique disponible pour les consommateurs japonais, ce qui les oblige à des économies très pénibles. Ils doivent se passer par exemple de climatisation en été alors que le climat local est chaud et humide. Leurs villes qui, la nuit, étaient éclairées a giorno sont comme assujetties aujourdhui à un couvre-feu. Voilà ce qui attend, en pire, les consommateurs français si nous entreprenons darrêter nos centrales nucléaires car nous en sommes encore plus dépendants que les japonais. Il semble aujourdhui acquis que les japonais vont redémarre leurs centrales nucléaires. Certains écologistes proposent que des installations de production et stockage dénergie électrique soient mis en uvre massivement au niveau individuel. Imaginez-vous un père de famille revenant fourbu du travail dans son petit pavillon de banlieue et obligé de dépanner une installation complexe avant de mettre les pieds sous la table, pour économiser quelques malheureux kWh ? Lespoir inavoué des écologistes, cest que, par amour de lécologie, les gens renonceront spontanément à leurs activités favorites dés que le soleil se couchera ou que le vent faiblira. Cependant, on narrêtera pas un TGV entre deux gares et on nattendra pas dix heurs du soir en hiver pour allumer la lumière ou la télévision. Au temps où EDF était maîtresse de son destin, elle offrait aux auto producteurs susceptibles de fournir de lénergie de façon aléatoire comme cest le cas le lénergie solaire et de lénergie éolienne une rémunération quasi symbolique. Avez-vous déjà lu une étude sérieuse concernant la rentabilité des énergies dorigine éolienne ou solaire évaluées dans un cadre précis et concret ? Non, et pour cause. Ne parlons pas de limpact paysager de forêts déoliennes et de pylônes. Cest dans les pays où lénergie éolienne a été la plus développée que lélectricité est la plus chère et cest là où lénergie nucléaire a prévalu quelle lest le moins. Un réseau électrique supraconducteur capable de mutualiser à léchelle de la planète les énergies solaires et éoliennes paraît une possibilité encore lointaine, et dangereusement fragile. Sans un tel réseau, il faudra se contenter sous nos climats, si les énergies renouvelables devenaient prépondérantes, de travailler les jours de grand soleil ou de grand vent, dêtre exposés à des coupures délectricité aux heures de pointe et de battre la semelle en hiver ! Ces remarques de simple bon sens ne sont jamais faites par les écologistes et on comprend bien pourquoi. Elles ne sont pas faites non plus par leurs adversaires qui attendent sans doute que les écologistes se cassent la figure. Subventionner les énergies renouvelables, hors hydraulique et biomasse, en vue de produire de lélectricité au delà de quelques opérations dévaluation apparaît comme une erreur dans la mesure où cest faire croire au public que ces énergies sont prêtes à prendre le relais des énergies fossiles alors que les seules solutions économiquement et écologiquement viables sont le recours à lénergie nucléaire et la sobriété. Comparées aux pollutions chimiques, les pollutions radioactives souvent citées comme un obstacle majeur sont faciles à détecter. De plus elles saffaiblissent avec le temps. Il y a quelque chose comme 10.000 accidents domestiques mortels chaque année en France alors que, depuis cinquante ans quelle existe, lénergie nucléaire ny a fait pratiquement aucune victime. Votre appartement est infiniment plus dangereux quune centrale nucléaire ! HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bpa.doc" Laccident de la centrale nucléaire de Fukushima représente le pire accident qui se puisse imaginer. Cependant, la surface rendue temporairement inhabitable par un accident de cette nature ne dépasse pas 1.000 ou 1.500 km2. Cest beaucoup en valeur absolue, mais peu à léchelle dune nation et il faut ajouter quaprès un tel accident qui suspend dans la zone affectée toute présence et toute activité humaines la végétation et la vie sauvage reviennent en force comme on a pu le constater à HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Tchernobyl" Tchernobyl. En installant les centrales en bord de mer, on divise cette surface par deux, doù la tentation daller encore plus loin et de les installer sur des presquiles ou des îlots. Une autre solution est dinstaller des centrales nucléaires intrinsèquement sûres comme lest, paraît-il, l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_pressuris%C3%A9_europ%C3%A9en" \l "Diff.C3.A9rences_en_termes_de_s.C3.A9curit.C3.A9" EPR. Le risque zéro nexiste pas, nulle part. On prend en naissant un risque de mourir égal à 100%. Ceux qui se sont rendus à Hiroshima peu après 1945 ont sans doute acquis la conviction quil fallait absolument interdire la production darmes atomiques. Cest pourtant à elles que nous sommes probablement redevables de soixante dix années de paix entre les grandes puissances et nous espérons que ceci va continuer. A lheure où lénergie est de plus en plus rare et de plus en plus chère, on na pas le droit de demander la « sortie du nucléaire » sans dire précisément par quoi on le remplace et à quel prix. Pour un pays comme la France, conserver lénergie nucléaire cest sexposer à faire face en cas daccident majeur à des dépenses très importantes mais situées dans un avenir tout à fait hypothétique; labandonner cest sexposer à des dépenses très importantes, certaines et immédiates. Diviser par deux le nombre de centrales diminue le danger mais ne le supprime pas. Ceux qui, dans un esprit de compromis proposent simplement de diminuer la part du nucléaire le font pour des raisons tactiques bien plus que pour des raisons techniques ou économiques. Ils prennent ainsi le risque de se faire contrer sèchement par les partisans du statu quo. Une centrale nucléaire présente en effet des avantages et des inconvénients par rapport à ses concurrentes les mieux placées. Ou bien les avantages lemportent sur les inconvénients et il faut en installer le plus possible dans la limite des besoins permanents car le coût dune centrale nucléaire diminue avec le nombre dunités similaires construites, ce qui renforce lintérêt den construire un nombre important. Ou bien les inconvénients lemportent sur les avantages et il faut stopper immédiatement la construction dinstallations nucléaires nouvelles. Bien que ce raisonnement puisse paraître un peu schématique je suis persuadé quune étude détaillée en confirmerait les grandes lignes. Ce qui semble anormal, cest quune telle étude économique ne semble pas avoir été entreprise récemment. Si EDF avait les coudées franches comme par le passé elle naurait laissé à personne le soin de la mener à bien. Maintenant que cette société est saucissonnée, menacée de privatisation et utilisée à des fins politiques plus personne ne fait ce genre de calcul qui, bien que très complexe, nen demeure pas moins indispensable.
La France na pas les moyens de se priver dun de ses rares points forts. Il ne faut pas compter sur nos voisins européens pour combler nos déficits de production du fait quils sont soumis aux mêmes contraintes que nous et que certains dentre eux envisagent même darrêter progressivement leurs centrales nucléaires. Les allemands veulent faire croire quils vont remplacer lénergie nucléaire par des énergies renouvelables, mais ceci ne trompera que ceux qui veulent bien être trompés. La réalité est que les allemands envisagent le remplacer leurs centrales nucléaires par des centrales dont ils maîtrisent parfaitement la technique telles que les centrales au charbon (ce qui devrait faire se dresser les cheveux sur la tête de tous les écologistes) ou les centrales électriques à HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_combin%C3%A9" cycle combiné, cycle associant une turbine à gaz alimentée en gaz naturel, une chaudière de récupération et une turbine à vapeur. Ce dernier type dinstallation ne manque pas datouts (excellent rendement, rapidité de construction, souplesse dexploitation, coût relativement faible, moitié moins de gaz carbonique émis quune centrale charbon de même puissance électrique). Même si cette solution présente des avantages indéniables elle ne peut être que transitoire car elle ne résout quimparfaitement le problème des émissions de CO2 et pas du tout celui de la pérennité et du prix de la ressource en combustible fossile. Simplement, le mistigri est repassé aux générations suivantes.
On comprend bien la stratégie allemande. Il sagit dans un premier temps dinvestir dans des installations de production délectricité à partir dénergies renouvelables, avant tout léolien, en surpayant le courant électrique produit. Puis, quand ces installations seront amorties, de payer le courant quelles produisent au prix de lénergie fossile économisée, ce qui devrait être suffisant pour couvrir leurs frais de conduite et dentretien, pas forcément de renouvellement. Evoquons pour mémoire léventualité dun Fukushima des éoliennes qui serait provoqué par une tempête exceptionnelle, celle-là même que les climatologues nous promettent pour les années à venir. Le recours massif à léolien est une solution que seuls peuvent soffrir les pays très prospères. A moins daccepter des restrictions de fourniture, voire des coupures de courant il faut en effet installer en production deux fois la puissance de pointe du réseau, une fois en renouvelable, une autre fois en conventionnel. Même avec ce schéma le recours aux énergies fossiles est loin dêtre négligeable. Il ne peut être retenu dans un pays où lénergie nucléaire est prépondérante. Dune part parce que le combustible économisé est trop bon marché et dautre part parce que lutilisation dénergie renouvelable napporte rien dans ce cas en ce qui concerne les émissions de CO2 puisque les centrales nucléaires nen émettent pas. Cest ce qui rend les écologistes enragés contre lénergie nucléaire car, par rapport à cette énergie, leurs chères éoliennes et leurs chers panneaux solaires napportent rigoureusement rien. Les allemands tablent sur la disponibilité du gaz russe mais cette disponibilité ne sera pas éternelle. Son prix élevé menace déjà la stratégie allemande. Contraintes par les énergies renouvelables prioritaires à ne fonctionner que peu dheures par an les centrales à cycle combiné sont menacées de fermeture. Ne resteraient alors que les centrales charbon chères, peu souples et produisant du CO2 en abondance. Quand on fait aux allemands ce genre de remarque ils en sont réduits à dire que lécologie est leur religion ! Les américains misent tout sur le gaz et le pétrole de schiste, une méthode dont linnocuité est si peu évidente quil a été interdit en France dy recourir. Maintenant quils pensent retrouver par ce biais leur autonomie énergétique les décideurs américains oublient les conséquences de ce choix sur le réchauffement climatique auquel ils avaient jusqualors fait mine de sintéresser. Les français qui ont une base nucléaire installée très importante nont rien à attendre de la construction de centrales éoliennes ou solaires puisque celles-ci ne leur éviteront pas linstallation de moyens de production insensibles aux aléas climatiques à mesure que les moyens existants seront frappés dobsolescence et puisque quelles ne réduiront pas sensiblement les émissions de CO2. Elles entraîneront par contre des investissements et des frais dexploitation très importants se traduisant pour les usagers par un relèvement sensible du coût de lénergie électrique. Iimpact de ces fantaisies écologistes est déjà visible sur les factures actuelles. Il est tout de même paradoxal quun pays lourdement endetté envisage de se lancer dans des investissements très lourds et non rentables. Sur le chapitre des risques il ne faut pas oublier ceux qui pèsent sur le gaz naturel dont le prix peut senvoler et la disponibilité être mise en cause par des évènements économiques, politiques ou sociaux. Ceux qui envisagent darrêter leurs centrales nucléaires demain sexposent à les redémarrer après-demain, ce qui ne sera ni facile ni gratuit après une longue période de mise en sommeil. Pour la plupart des politiciens lessentiel il est vrai, est de tenir jusquà la prochaine élection.
Un autre problème souvent cité est celui de lélimination des déchets nucléaires. Sils sont enfouis à mille mètres de profondeur dans un terrain stable et imperméable, ils seront devenus depuis longtemps inactifs sils ils ressortent un jour au bout dun temps à léchelle géologique. Le danger principal que présentent les installations nucléaires est celui dune guerre entre puissances majeures qui pourrait faire de chaque réacteur bombardé un nouveau Tchernobyl. Latome militaire nest pas compatible avec latome civil, ni avec quoi que ce soit dautre dailleurs. Je pense en particulier à son incompatibilité avec les mégas cités que lon sobstine à créer ou étendre. La pollution radio active est un phénomène très grave mais local, temporaire et de faible probabilité. La pollution par émission de gaz à effet de serre est un phénomène global, persistant et certain. Il est dautant plus grave quil savance sournoisement et peut samplifier brutalement de manière irrémédiable. Essayer de convaincre un écologiste de la non dangerosité relative de latome civil, cest comme essayer de convaincre un catholique pratiquant que le corps du christ nest pas présent dans lhostie.
Pour satisfaire autant dexigences contradictoires, il faut explorer activement toutes les voies nouvelles qui soffrent à nous concernant la production dénergie et déployer en leur faveur les méthodes quon réserve dordinaire en temps de guerre aux programmes de développement des nouvelles armes. On peut même imaginer de travailler 24 heures sur 24 sur ces programmes en répartissant sur plusieurs fuseaux horaires des équipes de recherche et dingénierie qui échangeraient leurs fichiers par Internet, et en travaillant également 24 heures sur 24 dans les usines et sur les chantiers liés à ces programmes. Il faut inciter les meilleurs esprits à sintéresser à ces questions qui peuvent parfois leur apparaître comme banales. La recherche américaine dispose dans le domaine militaire de crédits vingt fois plus importants que ceux quelle consacre à lénergie ce qui apparaîtra certainement dans lavenir comme la marque dune incompréhension totale de la hiérarchie des dangers. Un rééquilibrage serait particulièrement bienvenu. Il faut toutefois se garder de lillusion selon laquelle il suffit de chercher pour trouver. La vitesse commerciale des avions a peu évolué dans les cinquante dernières années et rien nindique quelle le fera dans les cinquante prochaines. La vitesse des automobiles est étroitement limitée aujourdhui par une réglementation qui bride dailleurs la liberté dautomobilistes jugés irresponsables. Elle le sera bientôt par lobligation déconomiser les carburants. Depuis le premier choc pétrolier il y a prés de quarante ans, les recherches concernant les énergies renouvelables se sont intensifiées sans aboutir à des solutions véritables, c'est-à-dire des solutions économiquement viables sans le soutien permanent des pouvoirs publics. Il est tout à fait possible quil nexiste jamais de moyens de produire et de stocker lénergie fondamentalement plus efficaces que ceux que nous connaissons actuellement ; mais linverse est également possible, raison pour laquelle il faut continuer à chercher. Cest dans le domaine du vivant que semblent résider les meilleures chances de percée. Au vingt deuxième siècle, le vingtième risque dapparaître comme lAge dOr à jamais révolu où lénergie coulait à flots et le vingt et unième comme celui où des irresponsables ont continué à saloper la planète en dépit des avertissements les plus explicites. Il nest pas besoin dinsister sur la nécessité absolue de disposer dénergie pour mettre en uvre les différentes technologies qui nous sont devenues indispensables. La technologie peut presque tout si elle dispose dénergie. Sans énergie elle est pratiquement impuissante. Depuis près de deux cents ans quelle existe la civilisation industrielle repose sur lutilisation des combustibles fossiles. Contrairement aux autres matières premières les combustibles ne sont pas recyclables. Ce sont des cadeaux de la nature à usage unique. La terre toute entière risque donc de connaître le sort de lîle de Pâques dont la démographie et la civilisation se sont effondrées une fois que ses habitants eurent dilapidé toutes leurs ressources dans la construction de statues géantes représentant leurs dieux. Pendant ce temps-là les habitants des îles dOcéanie qui se contentaient de divinités plus modestes coulaient des jours heureux. Le défi lancé aux sociétés industrielles est sans précédent. Il nest que de voir la panique qui sen empare lorsque, pour une raison ou pour une autre, les pompes à essence sont à sec ou lalimentation électrique interrompue.
On avance, on avance, on avance
Cest une évidence
On a pas assez dessence
Pour faire la route dans lautre sens
Alors on avance
(Alain Souchon)
Dans cette perspective de disparition des énergies fossiles disponibles la conception du parc mondial de transport doit être entièrement revue, la production de lélectricité entièrement reconsidérée, le parc immobilier des pays froids ou tempérés entièrement réhabilité. Un exercice salutaire consisterait à examiner comment notre société pourrait survivre dans lhypothèse où sa technologie en resterait là où elle en est et naurait plus à sa disposition que des énergies renouvelables ou même pseudo renouvelables comme le nucléaire classique. Il serait très vraisemblablement constaté quun changement aussi radical, pour seffectuer avec un minimum de casse, nécessite une longue préparation. Ignorer cette réalité, cest prendre le risque dun conflit mondial à échéance dune ou deux décennies. Comment se fait-il quaucune étude sérieuse nait été publiée sur le scénario « zéro combustibles fossiles » et quaucun cinéaste nait été tenté de le mettre en images ? Il serait pourtant intéressant détudier ce cas limite qui représente léventualité la plus pessimiste, mais aussi hélas la plus probable à long terme. Bien entendu, la solution qui se dégagerait dune telle étude ne serait pas la seule possible, ni sans doute la meilleure, ni certainement celle qui se réalisera. Il semble néanmoins plus judicieux de chercher à améliorer progressivement une solution imparfaite que davancer dans linconnu sans fil conducteur. Cest sur la base de telles études que les partis politiques devraient élaborer leurs programmes : « voici où nous vous proposons daller, voilà le chemin que nous vous proposons demprunter». Lorsque toutes les assiettes ou presque sont remplies, il paraît possible dintéresser les citoyens à des objectifs à moyen et long terme. Cest lhonneur de la politique de se préoccuper en priorité du sort des générations futures.
Le jour où les combustibles fossiles seront épuisés ou le jour où les nuisances quils occasionnent seront devenues insupportables, il faudra envisager lutilisation de véhicules électriques. Il ne faudra pas oublier dans ce cas que, si lénergie électrique nécessaire à leur alimentation est produite à partir de combustibles fossiles, on ne résout pas le problème du réchauffement climatique, on ne fait quen déplacer lorigine géographique. Ces véhicules devront être légers et aérodynamiques pour limiter la consommation dénergie liée à la propulsion et bien isolés pour limiter la consommation dénergie liée au confort thermique des passagers, Notre mode de vie et nos infrastructures devront être adaptés à leurs caractéristiques. On peut imaginer par exemple déquiper les autoroutes et les liaisons principales de caténaires analogues à ceux des anciens trolleybus permettant aux véhicules électriques dy rouler à bonne allure tout en rechargeant leurs batteries, ce quelles pourraient faire également à leurs emplacements habituels de parking. On peut imaginer aussi de construire des véhicules électriques munis de remorques comportant un moteur thermique, une génératrice, un réservoir de carburant et un espace suffisant pour les bagages. Sans leurs remorques ces nouveaux véhicules seraient des véhicules électriques quasi standards utilisés pour les petits trajets quotidiens et rechargeant leurs batteries sur le secteur en heures creuses. Avec leurs remorques ils deviendraient véhicules hybrides pour les longs trajets. On peut encore imaginer pour améliorer les performances aérodynamiques et thermiques de minimiser la plupart des surfaces vitrées et de les remplacer par des cameras et des écrans ou des lunettes donnant une vision 3D plus précise et plus dégagée, spécialement la nuit. Il se peut également quau bout du compte on trouve plus expédient de fabriquer des carburants de synthèse à partir dénergie non carbonée, de gaz carbonique et deau ou de lhydrogène sous forte pression produit par électrolyse de leau. Stocker ainsi sous forme de combustibles aisément utilisables lénergie excédentaire produite par les éoliennes, les panneaux solaires et les centrales nucléaires est un schéma plausible. Rendre les transports urbains et périurbains gratuits est une option intéressante qui aurait de très nombreuses retombées positives. Les automobilistes délivrés des embouteillages paieraient avec bonheur un surcroît dimpôts et économiseraient assez de carburant pour faire rouler tous les autobus. Relancer lusage de la bicyclette résout plusieurs problèmes : la pénurie de pétrole, le coût des transports motorisés, lencombrement des voies publiques, les pertes de temps dans les embouteillages, les accidents de la circulation et le taux croissant des maladies cardio-vasculaires. Lexercice matinal « esbaudit les esprits animaux » comme le disait le bon docteur HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Rabelais" Alcofribas Nasier et rend donc plus intelligent pour toute la journée ! Il faut pour cela multiplier les pistes cyclables à linstar de ce qui se fait chez nos voisins de lest et du nord. Un économiste dissident a calculé que lorsquon prenait en compte le temps de travail nécessaire pour payer une voiture, son carburant, les infrastructures et tous les coûts indirects qui lui sont liés, la bicyclette était plus rapide que le voiture. En substituant la voiture à la bicyclette il est possible que les chinois perdent une bonne partie de leur compétitivité !
Les logements neufs et anciens devront être isolés de manière à se contenter, pendant une bonne partie de lannée, des apports solaires et de ceux dus à loccupation et, pendant les jours froids, dun chauffage dappoint de faible puissance. La chaleur dappoint pourra provenir alors de la combustion de biomasse ou, à laide de pompes à chaleur, de lénergie contenue dans lair extérieur quand sa température est suffisante ou, quand celle-ci est trop basse, dénergie emmagasinée pendant lété dans le sol. La complexité de ces procédés incite à regrouper les habitations en îlots desservis par une seule installation, ce qui aurait lavantage complémentaire déviter le « mitage » des paysages périt urbains. Pourraient être accolés à cette installation de chauffage déventuelles installations de production et de stockage dénergie électrique. Par lisolation on peut ramener de 20 à 10 kW thermiques environ la puissance maximum nécessaire au chauffage dune maison de dimensions moyennes. Avec une pompe à chaleur on ramène cette puissance à 3 kW électriques, ce qui devient gérable. Lénergie électrique utilisée par un tel système ne doit pas provenir de combustibles fossiles, faute de quoi on remplace des procédés simples par un procédé compliqué et coûteux sans diminution des émissions de gaz carbonique. Compte tenu du caractère indispensable et continu des besoins de chauffage cette énergie ne pourrait être que dorigine nucléaire dans létat actuel des techniques. Néanmoins, les pointes de chauffage coïncidant sous nos climats avec les pointes de consommation électrique lénergie utilisée proviendra de centrales de pointe, lesquelles utilisent des combustibles fossiles. Il ny a donc guère aujourdhui à disposition, pour limiter les émissions de gaz carbonique liée au chauffage, que lamélioration de lisolation des bâtiments et lutilisation de biomasse comme combustible. Si le temps ou les moyens manquent pour mener à bien les travaux disolation nécessaires dans lhabitat existant, il faudra se résigner à porter en hiver à lintérieur de ces bâtiments, comme aux temps joyeux de loccupation, gants, bonnets et gros lainages, avec le regret de ne plus pouvoir deviner aussi aisément, de celles que nous côtoyons, les formes admirables ! Les efforts de désescalade énergétique faits actuellement dans ce sens sont très insuffisants, mais lappétit vient en mangeant, et les premiers succès encouragent ! Il faudra vraisemblablement proscrire les résidences secondaires car elles occasionnent des dépenses énergétiques très importantes tant en chauffage quen transport. Il en sera de même pour le chauffage électrique des logements sans utilisation de pompe à chaleur. Il ne semble pas quil soit nécessaire pour les activités agricoles de revenir à lutilisation danimaux de trait car un moteur thermique utilisant un biocarburant paraît plus efficace. Aujourdhui déjà certains paysans remplissent les réservoirs de leurs engins avec une huile quils ont fabriquée avec les produits de leur récolte. Il est même arrivé quils se chauffent en brûlant du blé, ce qui a dû faire se retourner dans leur tombe bon nombre de leurs ancêtres pour lesquels il était sacrilège de jeter ne fut-ce quun morceau de pain ! Mais, de grâce, commençons par utiliser la biomasse là où elle pose peu ou pas de problèmes et où sa valeur énergétique est la mieux utilisée, c'est-à-dire pour lalimentation des chaudières industrielles et domestiques. Réservons les hydrocarbures liquides dorigine fossile à lalimentation des équipements mobiles et substituons leur dautres sources pour lalimentation des équipements fixes. Les biocarburants, au-delà des quantités nécessaires à lamélioration des carburants traditionnels, peuvent attendre quil ny ait plus que les transports à utiliser des produits pétroliers. Les développer actuellement, cest jeter par les fenêtres largent quon emprunte sans autorisation à nos petits-enfants. Cest céder aux injonctions dun lobby agricole qui utilise lécologie comme paravent. Cest, par contrecoup, renchérir artificiellement les produits alimentaires au risque daffamer les populations les plus fragiles et de provoquer la déforestation massive des pays tropicaux, ce qui va à linverse du but recherché. Quand on parle de la biomasse comme source dénergie il faut fermement exclure celle qui est utilisable pour lalimentation animale ou humaine. Les transports aériens et maritimes et la pêche en haute mer où les carburants liquides sont indispensables risquent de connaître des jours de plus en plus difficiles. Pourquoi dans ces conditions construire de nouveaux aéroports ? Multiplions plutôt les lignes de trains à grande vitesse. Peut-être faudra-t-il construire des cargos à voiles ou des cargos à propulsion nucléaire de très forte capacité. Habituez-vous à cette situation en choisissant de préférence, à prix et qualités équivalents, un produit fabriqué près de chez vous. Les populations devront saccoutumer à une diète essentiellement végétarienne si les cultures à vocation énergétique devaient prendre la place de lélevage. A moins que, dici-là, on ait trouvé le moyen de fabriquer des protéines animales sans passer par les animaux. Si on évalue à léquivalent dun demi litre dhydrocarbures par jour et par habitant lénergie nécessaire à lalimentation dun être humain et à cinq litres lénergie nécessaire pour satisfaire ses autres besoins, il est clair que la plus grande partie des surfaces agricoles devrait être consacrée à des cultures énergétiques si nous voulions conserver le même mode de vie et des équipements techniques comparables. Une telle disproportion paraît peu réaliste. Il nous faudrait plusieurs planètes ! Les écologistes ont beau jeu de faire remarquer que lénergie nucléaire ne représente quune faible fraction de la production énergétique totale, même dans un pays nucléarisé comme la France. Ce faisant, ils additionnent des choux et des carottes. Un kWh électrique nest pas la même chose quun kWh de combustible fossile. Même si elles comptent le même nombre dhommes on ne peut escompter le même service dune troupe disciplinée (lénergie électrique) et dune foule désordonnée (lénergie thermique). Compte tenu du rendement des équipements qui permettent la conversion, il faut environ 2,5 kWh de combustible pour fabriquer un kWh électrique. Le chauffage électrique par simple effet Joule est donc une aberration, particulièrement quand la source primaire dénergie est un combustible fossile. Par rapport aux autres pays développés la France a cette particularité que la part du nucléaire dans la production délectricité et celle de lélectricité dans le chauffage domestique sont plus élevées que partout ailleurs. Il serait probablement plus rentable, en dépit des difficultés de réalisation, de remplace les équipements électriques de chauffage par des équipements alternatifs fournissant le même service que de construire de nouvelles centrales produisant la puissance électrique susceptible dêtre ainsi économisée. Les pointes de consommation délectricité sont en effet assez largement dues au chauffage électrique, ce qui veut dire que le chauffage électrique sollicite les centrales électriques de pointe qui sont économiquement les moins performantes, et elles utilisent des combustibles fossiles. Pour économiser 1 kWh de combustible fossile brûlé dans une chaudière individuelle, on va donc dépenser 2,5 kWh de combustible fossile brûlé dans une centrale de production de pointe. Si les kWh nécessaires au chauffage électrique sont importés cest encore pire car durant les périodes de pointe lénergie électrique est vendue à des prix tout à fait prohibitifs. Les détracteurs de lénergie nucléaire pointent également le coût excessif de la dernière génération de réacteurs HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_pressuris%C3%A9_europ%C3%A9en" \l "Diff.C3.A9rences_en_termes_de_s.C3.BBret.C3.A9" (EPR). Ils oublient que le coût dun prototype na rien à voir avec celui dun équipement de série. Les prototypes actuels ont été particulièrement malchanceux du fait que les pressions écologistes et laccident nucléaire de Fukushima ont entraîné de multiples modifications et la multiplication des contrôles. Tous les responsables dopérations vous diront que les modifications décidées en cours de réalisation sont toujours génératrices de délais supplémentaires et facturées au prix fort ! Ces détracteurs oublient également que la durée de vie dune centrale nucléaire peut être prolongée en remplaçant la cuve du réacteur, le seul équipement important soumis aux radiations car, pour les autres équipements, une centrale nucléaire ne se distingue en rien dune quelconque installation industrielle dont la vie peut être presque indéfiniment prolongée. Une installation industrielle est arrêtée parce que sa technologie est dépassée ou parce que son marché a disparu. Les centrales nucléaires, tant quil y aura de luranium disponible, devront donc fournir en France lessentiel de la production dénergie électrique nécessaire, en labsence de moyens nouveaux plus performants de stockage ou de transport de cette énergie car la production des énergies dites « nouvelles » est par trop soumise aux variations journalières et saisonnières et aux aléas climatiques. Par linstallation de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_%C3%A0_neutrons_rapides" réacteurs à neutrons rapides qui utilisent près de 100% de luranium au lieu de 1% environ pour les réacteurs actuels à neutrons lents, le spectre de la disette énergétique serait éloigné de plusieurs centaines dannées. De plus ce type de réacteur réduit considérablement le volume des déchets radioactifs et facilite leur élimination. Un scénario complémentaire « zéro combustibles fossiles et zéro uranium » donc tout renouvelable doit être également envisagé parce quil se réalisera inévitablement un jour et parce que les écologistes voudraient quil soit réalisé dés demain. Ce que nous pouvons dire aujourdhui sans grand risque de nous tromper, cest que larrêt de lutilisation des combustibles fossiles pose des problèmes de substitution extrêmement difficiles si nous acceptons le recours temporaire à lénergie nucléaire et que, sans cette énergie, la difficulté est décuplée. Faisons léloge de la sobriété, voire de lavarice. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_de_Sinope" Diogène avait raison. Mieux vaut navoir ni or, ni bijoux, ni objets précieux plutôt que vivre dans la crainte de se les faire dérober. Dans certaines civilisations, lhomme riche et considéré était celui qui avait fait don de tout ce qui lui était superflu.
Oh la la la vie en rose
Le rose quon nous propose
Davoir des quantités dchoses
Qui donnent envie dautre chose
On nous fait croire
Que le bonheur cest davoir
Den avoir plein nos armoires
Dérision de nous dérisoire
Foule sentimentale, on a soif didéal
Attiré par les étoiles les voiles
Que des choses pas commerciales
(Alain Souchon)
Dés aujourdhui des produits extraordinairement sophistiqués comme les montres à quartz, les calculettes, les appareils photo et les caméras numériques, les GPS, les récepteurs radio et TV, les téléphones portables et même les ordinateurs personnels, imprimantes et liaisons Internet sont à des prix qui les rendent accessibles au plus grand nombre. Ces faibles coûts sont rendus possibles par lutilisation de procédés de copie, comme pour la reproduction des êtres vivants. Une bonne chaussure de sport est plus stable, légère, confortable et robuste quune classique chaussure de cuir, pour un coût souvent moindre. Les animaux nont quun seul vêtement par saison. Pour nous le short et la chemisette en été, la fourrure polaire en hiver constituent la façon de se vêtir à la fois la moins chère et la plus agréable à porter. Les produits trop bon marché disparaissent souvent des étals. Ceux-ci y ont par bonheur échappé. Dans un avenir un peu plus lointain on peut imaginer le territoire couvert de gros bourgs bénéficiant dune certaine autonomie alimentaire et énergétique et munis chacun de tous les moyens nécessaires pour que leurs habitants aient accès à tous les savoirs et puissent participer à toutes les activités intellectuelles quil sagisse de recherche, denseignement, dingénierie ou dadministration. Des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Rabelais" \l "La_morale_de_Rabelais:_le_th.C3.A9l.C3.A9misme" abbayes de Thélème en quelque sorte additionnant les avantages de la ville à ceux de la campagne grâce à lutilisation des techniques modernes de communication. La culture est en effet de plus en plus virtuelle ; rien nest plus facile que de la faire voyager quasi gratuitement. Vous pourrez bientôt sans quitter votre fauteuil embrasser la Joconde et caresser la Vénus de Milo. Lactivité de chacun des habitants de ces lieux de vie serait modulée en fonction de la météo car les prévisions sont devenues suffisamment fiables pour quil soit possible de sorganiser avec un temps davance. Plus de dimanches pluvieux à la maison ni de lundis au travail quand le soleil brille ! Il serait tenu compte pour orienter le choix des activités proposées à la population de la disponibilité locale des différentes formes dénergie. Ces bourgs auraient tous les équipements collectifs nécessaires y compris des équipements appropriés pour que les retraités encore alertes puissent prendre en charge les jeunes enfants et les personnes dépendantes afin de libérer les actifs plus jeunes pour des tâches plus exigeantes. La solidarité pourrait sy exercer pleinement et à moindre coût grâce à un bénévolat de proximité comme elle la fait de tous temps dans nos campagnes ce qui devrait beaucoup faciliter la solution des problèmes de chômage et de handicap. Les activités industrielles, artisanales et de service y naîtraient, sy développeraient, y mourraient sans que les travailleurs aient à se déplacer contre leur volonté, ce qui garantirait la pérennité des liens affectifs indispensables au bonheur de chacun. Lexpérience professionnelle des parents pourrait bénéficier aux enfants alors que de nos jours elle est souvent perdue. Cest dans un tel contexte que la race humaine a été façonnée. Cest là quelle peut retrouver son équilibre. Une telle organisation serait moins énergivore que lorganisation actuelle et beaucoup plus résiliente en cas de crise sérieuse toujours possible. Sans que nous en ayons bien conscience, notre civilisation est devenue extraordinairement fragile. Les efforts déployés pour la réalisation du « Grand Paris » risquent fort de tomber à plat quand on cherche par ailleurs, et à juste raison, à déconcentrer lhabitat et à revitaliser les provinces. Ce projet dont la puissance publique na pas le premier sou semble avant tout destiné à satisfaire les groupes financiers à la recherche de placements sûrs, les promoteurs en mal dopérations juteuses, les perceurs de tunnels et les marchands de béton. Cest le dernier avatar de lurbanisme des années soixante. Il tourne résolument le dos à lavenir en accentuant pour la population concernée une dépendance alimentaire et énergétique déjà préoccupante. Souvenons-nous des difficultés de ravitaillement de lagglomération parisienne durant la deuxième guerre mondiale à une époque où lurbanisation était beaucoup moins avancée quaujourdhui. La France est en retard non pas dune mais de plusieurs guerres.
Il faudrait connaître dans ces conditions de déconcentration quelle est la taille maximum de la population mondiale compatible avec la satisfaction de ses besoins essentiels en nourriture, confort climatique, soins médicaux et information. Il semble que ce soit un domaine où il soit inconvenant daller au fond des choses, comme, de manière inattendue, en matière de religion. Dans les deux cas, il pourrait sagir dune certaine répugnance à regarder la réalité en face. Rassembler dans une même tour, et les tours dans un même quartier, des activités tertiaires qui pourraient parfaitement être décentralisées constitue une sorte de provocation quand on se souvient du 11/9. On les délocalise bien jusquaux Indes malgré les différences de langue, de culture et de fuseau horaire. Quattendons-nous pour abandonner toutes ces pratiques nocives dont on sait que, de toutes les façons, elles ne pourront séterniser ? Au lieu de cela les principales puissances économiques sapprêtent à exploiter jusquau dernier atome de carbone les puits de pétrole et de gaz, les mines de charbon et de lignite, les carrières de sables bitumineux, les formations de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Schiste_gazier" schistes riches en gaz ou en pétrole et les dépôts d HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hydrate_de_m%C3%A9thane" hydrate de méthane. Pour prolonger le plus longtemps possible leur façon de vivre les nations sont prêtes à recourir aux pires solutions. Comme disait la du Barry au pied de la guillotine, « encore un instant, Monsieur le Bourreau » ! Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de battre de nouveaux records en dépit des engagements formels pris par les principales puissances économiques à Rio 1 (1992). Le sommet Rio 2 (2012) tenu quarante ans après le premier HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sommet_de_la_Terre" Sommet de la Terre na pu que constater cet échec spectaculaire. Le coût de lénergie est encore trop faible pour que les actions déconomie dénergie aient des rentabilités suffisantes selon les critères financiers usuels. Il conviendrait pour quelles deviennent rentables de prélever un droit sur chaque tonne de carbone extraite à la sortie des lieux de production. Ceci présuppose bien entendu une autorité internationale reconnue par tous. Comment répartir le produit de cette taxe hypothétique ? Plutôt quun système parfaitement juste mais complexe il faut adopter un système simple et efficace. La tendance naturelle des hommes politiques et des fonctionnaires ne va pas dans le sens de la simplicité car elle les prive à la fois dactivité et dinfluence. Les américains sont les seuls qui pourraient entraîner les autres par leur exemple à adopter de telles mesures. Malheureusement ceux qui élisent le congrès ne croient pas à la réalité de ces menaces car, de toute façon, God bless america ! Dans ce domaine vital nous avons malheureusement atteint le niveau dincompétence de la démocratie qui interdit au personnel politique de demander à ses électeurs des efforts qui ne leur bénéficient pas directement et rapidement.
A quelle échéance aurons-nous brûlé tout ce qui peut lêtre et dans quel état seront alors la société et lenvironnement ? Lhomme qui se croyait le favori des dieux et le roi de la création, se révèle à lusage comme un insecte nuisible qui boulotte sa planète. Ce nest que très récemment que lEglise a entrepris de se préoccuper de ce problème aigu suivant ce principe bien connu selon lequel un chef est obligé de suivre ceux quil commande... Attendait-elle avec gourmandise une apocalypse qui aurait justifié à posteriori ses prises de position hostiles à la science et qui aurait ramené vers elle les brebis égarées ? Sest-elle enfin rendu compte quelle-même, malgré ses bonnes relations avec le Très-Haut, néchapperait pas au désastre général ? Sainte Trouille, priez pour nous ! Lécologie est une chose trop sérieuse pour quon y mêle la religion. Une référence à Dieu dans un traité décologie fait le même effet quune fausse note dans un concert. Comment ceux qui utilisent une telle référence imaginent-ils quil puisse y avoir le moindre rapport entre une croyance purement spéculative et la brutalité des faits ? Nous touchons là un point particulièrement sensible et préoccupant. Comment des personnes qui attendent tout du ciel peuvent-elles sentir le sol se dérober sous leurs pas ? Elles espèrent gagner pour léternité une place privilégiée auprès du Seigneur en laimant bien fort, Tout le reste leur paraît dimportance secondaire. Le mieux que lon puisse attendre delles, cest quelles ne sopposent pas trop farouchement aux mesures excessivement douloureuses qui nous attendent. Si lon pense à la droite religieuse américaine ça nest pas gagné ! Le « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Tea_Party_(mouvement_politique)" Tea Party » semble avoir encore de beaux jours devant lui ! Le fossé qui se creuse dans la société américaine entre la gauche intellectuelle et la droite réactionnaire, entre les partisans du cortex et les fanatiques du bulbe, est un sujet majeur de préoccupation. La doctrine propagée par le président Bush junior a réussi à rendre folle toute une population au point que la crainte inspirée par un adolescent grièvement blessé et traqué par plusieurs milliers dhommes surentraînés et surarmés a suffi à paralyser pendant plusieurs jours lactivité dune grande ville américaine. Le pire nest jamais certain mais il est de plus en plus probable.
La faiblesse du mouvement écologiste provient de ce quil na pas été en mesure jusquà présent de proposer de façon techniquement convaincante un modèle de développement durable prenant en compte tous les aspects de la réalité, et encore moins dindiquer le cheminement à suivre pour assurer une transition harmonieuse avec la situation actuelle. Que constate-t-on ? Une activité brouillonne qui multiplie études cent fois refaites sur les mêmes thèmes, articles, revues, ouvrages, documentaires, reportages, concours didées, opérations de démonstration, stages de formation, conférences, voyages détudes, symposium, etc... Il y a par contre très peu de réalisations dont on puisse dire quelles constituent un modèle reproductible et économiquement viable sans subvention. Il continuera den être ainsi tant que naura pas été instituée une taxe carbone substantielle et universelle. Que reste-t-il du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Grenelle_Environnement" Grenelle de lenvironnement ? Une nouvelle taxe, et quelle HYPERLINK "http://vosdroits.service-public.fr/professionnels-entreprises/F31213.xhtml" taxe ! Il ny a pas beaucoup dactivités plus papivores, budgétivores et finalement plus énergivores que lécologie. ! Cette bulle née dun effet de mode finira par crever. Lécologie est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls écologistes ! Les écologistes seraient bien inspirés de se préoccuper un peu moins didéologie et un peu plus dingénierie. La faiblesse de leurs analyses contamine toute la gauche. Certains écologistes, et non des moindres, affichent leur confiance dans lapparition de nouvelles techniques permettant de recourir quasi exclusivement et de façon économiquement supportable aux énergies renouvelables. Ils ne répondent jamais à la question relative à ce qui se passerait si leurs espoirs étaient déçus. En fait, ils ne se la posent même pas ! Un écologiste internationalement connu consacre, dans un ouvrage de 400 pages, un petit paragraphe au problème de lintermittence des énergies renouvelables, sans le résoudre comme on sen doute, alors que cest le problème essentiel. La solution quil avance repose sur « cinq piliers », à savoir : recours quasi exclusif aux énergies renouvelables, production décentralisée par micro centrales, stockage dénergie au niveau de chaque unité dhabitation, réseau électrique dinterconnexion utilisant la technologie Internet (??), véhicules électriques. Cette description nest pas accompagnée à titre dexemple par un minimum de données techniques et économiques concernant ces cinq piliers. Tout ça nest pas très sérieux. Lui et ses pareils apparaissent comme les héritiers de la pensée magique selon laquelle il suffit de prier selon les règles pour être exaucé. Songez quaujourdhui et pour la première fois depuis des temps immémoriaux le progrès matériel se heurte à une barrière dont nul ne sait avec certitude comment elle pourra être franchie. Les citoyens, absorbés par des problèmes qui leur paraissent plus pressants, semblent rester indifférents. Les discours des hommes politiques nintègrent pas de manière suivie les nouvelles contraintes. Les vieux réflexes les font retomber chaque fois dans lornière des discours habituels par lesquels chacun cherche à tirer la couverture à soi, comme si rien de fondamental navait changé. Une crise quelconque, même de courte durée, quelle soit économique, sociale, politique ou financière relègue au second plan la crise écologique permanente que nous connaissons.
Sept milliards de petits terriens
Et moi, et moi, et moi
Comme un con de parisien
Jattends mon chèque de fin de mois
Jy pense et puis joublie
Cest la vie, cest la vie
(Daprès Jacques Lanzmann & Jacques Dutronc)
Un vote seffectuant le plus souvent au ras des comptoirs en zinc (cest pourquoi cafetiers et restaurateurs ont pu bénéficier, sans même un semblant de contrepartie, de baisses de TVA), il est à craindre que les changements radicaux nécessaires sopèrent uniquement sous la pression dune catastrophe. Les riches eux-mêmes ne pourront sen préserver, mais seulement en retarder les effets. « Mon royaume pour un cheval » ! Cette exclamation du roi dAngleterre Richard III illustre les limites du pouvoir de largent. Elle me rappelle aussi un jour où je trottinais dans une des allées cavalières du Bois de Boulogne dont le sable meuble est plus indulgent pour les articulations que la terre battue des autres allées. Jy rencontrai ce jour-là une petite fille et sa mère et, comme jarrivais à leur hauteur, je vis la petite fille tirer sa mère par la manche et lentendis sécrier Maman ! Regarde le Monsieur, il a perdu son cheval ! Sans royaume et sans monture qui vaille un homme na aucun prestige, même aux yeux dune petite fille de six ou sept ans.
Une politique écologique efficace réclame des règles internationales contraignantes. Nous en sommes à cent lieues. Où allons-nous trouver les sommes gigantesques nécessaires à la mise en uvre de stratégies opérationnelles quand la plupart des états sont déjà lourdement endettés ? Seule une législation bannissant tous les gaspillages, dont en premier lieu les dépenses liées à la guerre et au développement de nouvelles armes, paraît de nature à permettre de dégager les moyens nécessaires. Son adoption simultanée par tous les grands pays industriels dans les délais requis semble des plus problématique. La question posée par laugmentation du prix du pétrole, dont le prix de vente est presque entièrement dicté par les abus de position dominante, devrait être porté devant le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_de_s%C3%A9curit%C3%A9_des_Nations_unies" Conseil de Sécurité avant quil ne soit trop tard. Linquiétude touche toutes les matières premières et, ce qui est particulièrement grave, les denrées alimentaires les plus essentielles. Cependant nous restons plantés là sans rien faire comme des affidés de la secte du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_du_Temple_solaire" Temple Solaire attendant leur dernière heure. Qui veut prendre les paris sur lannée de la Grande Panique, celle où lénergie sera devenue brusquement si chère, notamment à cause de la spéculation, que lactivité économique en sera paralysée ? La seule issue sera alors davoir recours à une économie de guerre en faisant, souhaitons-le, léconomie dune guerre
La seule nation dont linfluence soit suffisante pour nous éviter ce sort peu enviable est la nation américaine. Malheureusement, comme dit précédemment, laméricain moyen ne croit pas que quoi que ce soit de véritablement fâcheux puisse lui arriver. Le pire nest jamais certain, cest vrai, mais il est de plus en plus probable. Pour la première fois depuis de nombreuses générations il nest nullement évident que les enfants vivront mieux que leurs parents. Lascenseur social descend rarement à vide aujourdhui et il est souvent en panne. On pourrait espérer au moins que les sommes prodigieuses engrangées du fait du renchérissement du pétrole, soient utilisées pour le bien commun. Or une grande partie est utilisée à des dépenses somptuaires, ridicules, voire dangereuses. Les ressources financières qui pourraient être dégagées font défaut à la recherche scientifique, au soulagement des plus démunis et au règlement des crises. Elles sont au contraire reversées en partie à Allah, à Jéhovah et à leurs propagandistes, assurant ainsi la prospérité de tous les mouvements religieux, y compris des plus obscurantistes et des plus violents. Cest largent du pétrole qui a financé directement ou indirectement le terrorisme islamique. Les intérêts pétroliers et gaziers sont déjà étroitement associés aux gouvernements russes et américains, pour ne pas dire quils les contrôlent. Compte tenu des moyens financiers croissants dont ils disposent, il y a tout lieu de croire quils nen resteront pas là. Ils ont les moyens de racheter une bonne partie du monde ! Il nest pas surprenant que ces intérêts cherchent à témoigner leur reconnaissance au Créateur qui a tant fait pour eux et soutiennent à proportion les institutions religieuses. Je suppose que tous les princes de la terre, tous les riches héritiers nourrissent des sentiments comparables. Cest ce qui explique les succès, notamment politiques, de tous les mouvements intégristes. Les hasards de la géologie ont conféré à des bédouins et à des fermiers texans des pouvoirs quils nétaient pas forcément préparés à assumer. Il paraîtrait raisonnable de considérer que les retombées économiques des activités dextraction constituent un dédommagement déjà appréciable pour ceux qui vivent au dessus de ces richesses, quitte à prélever un impôt sur les pays tempérés au titre de leau qui leur tombe du ciel !
Crise de la sélection naturelle
Songez que les exploits de la médecine provoquent le vieillissement des populations avec de lourdes conséquences sur léquilibre des comptes sociaux ainsi quune dérive génétique potentielle par contournement du système épurateur que constituait la sélection naturelle. Cest une question éthique fondamentale. L HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A9nisme" eugénisme a mauvaise réputation pour des raisons historiques connues, mais quels sont les parents qui ne souhaiteraient léguer à leurs enfants le meilleur de leur patrimoine génétique au lieu de laisser au seul hasard le soin den décider ? Une espèce se perpétue et progresse lorsque les plus aptes ont de meilleures chances de se reproduire que les autres. Il y a dans la nature au moins deux facteurs qui concourent à ce résultat : lélimination physique des plus faibles avant quils aient eu une chance de se reproduire et la préférence sexuelle accordée aux meilleurs. La fille qui se choisit un bon mari fait de leugénisme comme HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Bourgeois_gentilhomme" Monsieur Jourdain faisait de la prose. On ne peut que sinterroger sur les conséquences à long terme des changements radicaux intervenus depuis la fin du néolithique dans les processus de sélection affectant lespèce humaine. Si la préférence sexuelle joue encore son rôle, il nest pas absurde de se demander si la sélection naturelle par élimination des moins bons ne sexerce pas actuellement à rebours. Jadis les fauves dévoraient les faibles qui restaient à la traîne. Les récents conflits armés semblent avoir été au contraire plus favorables aux malins qui savent se planquer quaux braves gars solides et courageux quon envoie en première ligne, plus favorables aux collaborateurs et aux trafiquants quaux résistants héroïques. Une longue période de paix est peut-être nécessaire pour raccommoder nos gênes, en espérant que les femmes accepteront plus volontiers les hommages des braves types un peu mariolles et leur donneront plus volontiers des enfants. La protection sociale qui compense les handicaps peut également être mise en cause, même sil paraît politiquement très incorrect dévoquer cette éventualité. Aucun effort visible nest entrepris pour préserver et si possible améliorer le capital génétique humain. Il faudrait à mon sens créer un observatoire de la qualité génétique de la population pour que nous ayons au moins un instrument de mesure capable dévaluer le phénomène. Sil permet de constater quil ny a pas de dérive dans un sens défavorable, tout le monde sera content. Les spécialistes paraissent en tout cas convaincus que lévolution de lespèce humaine sest considérablement accélérée dans les derniers millénaires et que cette tendance va encore se renforcer dans les siècles à venir.
Songez aussi à la natalité insuffisante ici, surabondante là. La population des pays développés se stabilisera-t-elle un jour, recommencera-t-elle même à croître du fait de la surreprésentation à chaque génération des descendants des individus les plus prolifiques et de la sous-représentation des descendants des gays et des lesbiennes, si toutefois ces différentes caractéristiques intéressant le renouvellement des générations sont héréditaires ? Faut-il craindre au contraire une surreprésentation des étourdis et des négligents ou de ceux qui dépendent fortement de laide sociale accordée aux familles nombreuses? Les personnes mariées bénéficient davantages divers, notamment fiscaux, qui sont une reconnaissance du service fondamental que représente la perpétuation de lespèce. Ceux qui ne rendent pas ce service ne devraient pas normalement bénéficier des mêmes avantages. Cependant la vie ne doit pas être facile pour tous ceux qui ont hérité de tendances homosexuelles. Une compensation ne serait pas pour cette raison tout à fait inéquitable. Doit-on envisager la même chose pour les pas beaux, les pas malins, les pas vernis ? On ne peut exclure le cas où, dans un avenir plus ou moins proche, la terre étant devenue incapable de supporter tous ses enfants, lhomosexualité deviendrait une vertu à encourager !
Songez que les micro-organismes shabituent aux médicaments forçant à en inventer sans cesse de nouveaux. Songez à la création par lhomme de dizaines de milliers despèces chimiques nouvelles dont les effets à long terme sur le vivant commencent à peine dêtre étudiés. Songez au sort des populations animales, oubliées depuis toujours par la plupart des religions et qui, si proches de nous du fait quelles sont dotées dune conscience, devraient pourtant bénéficier de notre sollicitude. Non seulement elles ont une conscience mais elles ont aussi une morale et un cur gros comme ça ! Il est vrai que les religions ne se sont pas toujours préoccupées non plus du sort des populations humaines réduites en esclavage ou martyrisées. Les générations futures porteront vraisemblablement sur nous autres, mangeurs danimaux, le même regard que celui que nous portons sur les anthropophages !
En dépit de ces difficultés lespoir dun progrès de la race humaine existe en raison des avancées de la connaissance du vivant. Une première période dans lévolution du monde vivant quon peut qualifier dâge HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Hasard_et_la_N%C3%A9cessit%C3%A9" du hasard et de la nécessité a été celle où des atomes se sont assemblés pour constituer les premiers êtres vivants encore inconscients : êtres unicellulaires, végétaux, animaux végétatifs. Une seconde période quon peut qualifier dâge de lappétence sexuelle a vu apparaître toutes les espèces supérieures que nous connaissons, première manifestation dun effet feed-back de lévolution par choix préférentiel conscient des partenaires les plus « appétissants ». Une troisième période qui est lâge de la sélection opérée par lhomme, a commencé sous une forme rudimentaire et empirique au néolithique et se poursuit encore de nos jours. Elle concerne essentiellement les races animales mais pas seulement. La quatrième période est celle de lingénierie génétique. Cest la manifestation dun effet feed-back encore bien plus radical que les précédents. Progressivement, le hasard a été remplacé par lintention, ce qui sest traduit par une formidable accélération de lévolution, mais la nécessité manifestée par la sélection naturelle subsiste et sera aussi présente et rigoureuse demain quelle la été hier, même si elle se manifeste plus tardivement. Il convient deffectuer la sélection en amont pour éviter quelle ne seffectue douloureusement en aval. Je ne sais si nous sommes tous des juifs allemands, mais je crois savoir que nous sommes tous des organismes génétiquement modifiés, et ceci depuis lorigine de la vie. Que ce soit naturellement ou artificiellement ne change rien à laffaire. Même si cest lhomme qui introduit des modifications, peut-on dire que lhomme soit artificiel ? Une molécule de synthèse ne se distingue en rien dune molécule trouvée dans la nature. Elle nest pas frappée du sceau de linfamie. Cest le programme génétique qui compte, pas la manière dont il a été écrit. Nous serions bien aises que des plantes destinées à fournir des matières combustibles pour un monde à court dénergie ou des aliments pour des populations affamées voient leur rendement multiplié par dix, même si cest par manipulation génétique. La sélection naturelle fera le tri entre les organismes génétiquement modifiés par lhomme comme elle la toujours fait pour les organismes modifiés naturellement. Si lécologie nest pas toute la politique elle en est par ses aspects positifs la caution morale, le surmoi en quelque sorte. Parce quelle est altruiste elle incline à gauche, ce qui se vérifie dans toutes les sociétés démocratiques. Lécologie est une préoccupation acceptable par tous à condition de la débarrasser de ses tendances dogmatiques, passéistes et sectaires selon lesquelles lénergie nucléaire et les organismes génétiquement modifiés représentent le diable en personne
Crise de lintelligence
Songez à la publicité télévisée, aux jeux débiles et aux feuilletons à bon marché qui ruinent la cervelle de nos chers bambins. « HYPERLINK "http://www.abnihilo.com/" Panem et circences » est devenu RSA + TF1. Les soucis mercantiles et la publicité polluent tous les outils de diffusion de linformation menaçant leur utilisation même. Songez que la plupart des moyens dinformation ont perdu leur nécessaire indépendance, ne devant leur survie quà des groupes financiers dont les motivations ne sont certainement pas tout à fait innocentes. Un esprit un peu informé décèle aisément dans certains commentaires lécho des luttes commerciales dans lesquelles ces groupes sont engagés. Les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs nont cependant rien à faire de ces querelles. Suite à ces changements de propriétaires et aux desideratas des annonceurs solidaires des mêmes intérêts la presse a été progressivement mise au pas, le ton des médias sest adouci, leurs aspérités se sont estompées, leurs commentaires se sont faits plus complaisants, des incidents techniques sont arrives à point nommé pour limiter la diffusion dopinions critiques. Dormez braves gens, lArgent veille ! Il est manifeste que les journalistes de la télévision publique comme privée avaient peur dêtre écartés par des directions favorables au pouvoir conservateur en place sils lâchaient la bride à leurs sentiments véritables. Petit à petit les virus de la propagande se sont insinués dans leurs productions. La plupart des médias se sont faits les complices objectifs de ces pouvoirs en distillant toutes les peurs. Cette mainmise de la sphère financière sur les médias est un phénomène des plus inquiétants pour la démocratie. Une télévision publique sans publicité, cest bien, sans ingérences cest mieux. Sans ressources publicitaires hier elle se serait vue sommer dy avoir recours aujourdhui tant nous étions dans le royaume du caprice dun seul. Lexposé des motifs de bon nombre des lois auraient pu se terminer par une formule empruntée à lancien régime : « car tel est notre bon plaisir ». Un autre phénomène préoccupant fut la mainmise de la sphère politique sur lhistoire, ce qui rappelle de fâcheux souvenirs et crée un dangereux précédent dont des régimes encore plus autoritaires ne manqueraient pas de se prévaloir. Laissons donc les hurluberlus négationnistes sortir du bois et sexprimer afin quils se ridiculisent aux yeux de tous et incitent les historiens à encore plus de rigueur et dexhaustivité dans le rassemblement des preuves. Ces délires sont pour tous un rappel du contrôle vigilant que chacun doit exercer sur les informations dont il est sans cesse bombardé. « Je défendrai mes opinions jusquà ma mort, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez défendre les vôtres » (Voltaire). Il est pour le moins étrange que les lois mémorielles ne soient pas déclarées contraires à une constitution qui garantit la liberté dexpression. Il est resté toutefois nombre de journalistes pour lesquels la passion de dire leur vérité est plus forte que la crainte de compromettre leur carrière. Les patrons de presse savent bien que cest cette passion qui attire et fidélise la clientèle, mais leurs sponsors ? La liberté dexpression est celle qui conditionne toutes les autres. Toute vérité officielle est par nature suspecte. Si les lecteurs ne privilégient pas systématiquement la presse demeurée libre, seul anticorps efficace contre les dérives autoritaires, celle-ci disparaîtra. Cest déjà presque fait.
LEglise catholique en a profité pour reprendre la main de façon insidieuse dans la plupart des grands médias faisant renaître chez les incroyants un sentiment durgence inquiète. Les partisans dune laïcité sans concession qui représentent lopinion majoritaire étaient le plus souvent ignorés par les faiseurs dopinion qui navaient pas au contraire de colonnes assez larges ou de plages horaires assez longues pour faire la promotion de toutes les manifestations de la foi chrétienne. Ayant acquis un véhicule neuf, javais eu la surprise de constater que son autoradio était calé sur la fréquence de HYPERLINK "http://www.radionotredame.com/" Radio Notre-Dame, excellente radio au demeurant ! Jy ai vu un peu plus quune simple coïncidence. Ce parti pris était dautant plus dérangeant quil touchait une nation qui paraissait assez largement dégagée de lemprise religieuse.
Certains organes de presse cherchent à occulter les sympathies du pape Pie XII à légard de lAllemagne nazie et son inaction face à lantisémitisme. Ils veulent accréditer lidée que les Eglises ont toujours été fermement opposées à tous les fascismes en général et au nazisme en particulier, alors que la pratique constante de ces Eglises a été dassurer de leur soutien le plus fort quel quil soit pourvu quil ne leur soit pas hostile et quil ne pratique pas un athéisme militant. Une presse vraiment constructive comporterait une partie purement informative et la reproduction de débats par mails entre personnalités dopinions diverses. Les débats électoraux devraient utiliser le même procédé. Ceux auxquels on assiste aujourdhui à la radio ou à la télévision ne sont que le choc de deux intuitions sexprimant difficilement sans colère. Ils nont pas pour objet la recherche de la vérité, mais la mise en valeur des qualités vocales, de vivacité desprit ou de culot des uns et des autres, le bon peuple attendant de connaître le meilleur « communicateur » pour se ranger sous sa bannière. Cest comme attendre dun duel quil désigne celui qui a raison dans la contestation qui est à son origine. Comme a dit Montaigne « lobstination et ardeur dopinion est la plus sûre preuve de bêtise ». A cette aune là, que valent nos politiciens, spécialement les plus jeunes qui sont les plus dogmatiques et les plus péremptoires ? Ignorer les arguments de lautre, lui couper la parole, lui envoyer des épithètes malsonnantes à la figure ne fait pas avancer les problèmes. Il faut dépasser la colère et révéler les intérêts sous-jacents car, comme la dit Alain, les intérêts transigent toujours, les passions jamais. Les religions et les opinions politiques appartiennent bien évidemment au domaine des passions. Des débats plus utiles seraient organisés comme des tournois déchecs. Chaque compétiteur pourrait se faire aider et aurait droit au même temps de réflexion et dexposition pour formuler les différentes étapes de son argumentation : état des lieux, critique de létat des lieux produit par ladversaire, thèse, critique de la thèse de ladversaire, etc.
quitte à réduire le champ de la discussion aux sujets les plus essentiels. Dans les joutes verbales toute prise de parole de lun des jouteurs devrait être suivie dune période de silence permettant aux auditeurs dassimiler ce qui vient dêtre exposé et à ladversaire de préparer sa réponse. Cest la seule façon de révéler les véritables enjeux et même de susciter des rapprochements inattendus, car celui qui sera désigné pour gouverner devra gouverner pour tous. La vie politique et sociale est devenue trop compliquée pour saccommoder de discours à lemporte-pièce. Les débats seront longs et deviendront vite techniques, mais quy faire ? Nous vivons dans un monde technique et complexe, et il ne faut pas sous-estimer les capacités de jugement de nos contemporains. Quand on va au fond des choses, souvent elles se simplifient, ce qui peut fâcher ceux qui vivent dambiguïtés et dobscurités. La seule difficulté sera la nécessaire transparence, le recours au non-dit devenant plus difficile, mais cest dans cette nécessité de dire les choses comme elles sont et de se focaliser sur lessentiel que réside le principal intérêt du procédé. Les critiques adressées aux débats télévisés sappliquent tout autant aux débats publics tels quils sont pratiqués en séance par lAssemblée Nationale
Songez à la dégénérescence des arts, à lunification et à lappauvrissement des cultures, à laméricanisation envahissante qui transmet à la jeunesse des traditions qui ne sont pas les nôtres. Nos ancêtres les Gaulois seront bientôt remplacés dans lesprit de collégiens gavés de télévision par nos ancêtres les cow-boys. La culture populaire et paysanne, qui était aussi savoureuse que la cuisine du terroir, a presque complètement disparu. Lesprit et laccent faubouriens ou parigots quon retrouve avec délices dans les films en noir et blanc et les disques 78 tours se sont perdus, remplacés quils sont par des inflexions venues doutre méditerranée. La France, ce nest pas HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_du_Barry" ton café qui fout le camp, cest ton âme ! Les jeunes générations adoptent sans discernement les modes alimentaires, vestimentaires et comportementales venues des Etats-Unis et transmises par des feuilletons télévisés achetés en solde, rires préenregistrés en prime (LOL). Elles adoptent tout naturellement ce quil y a de plus facile, de plus commun, dans la civilisation américaine. Jusquà présent ses modèles étaient plutôt la société aristocratique dAncien Régime ou la société bourgeoise entichée de noblesse dépeinte par Marcel Proust. Les jeunes ne se rendent pas compte quils hypothèquent ainsi gravement leur avenir parce que si un produit typiquement français a quelque chance de sexporter, la pâle copie dun produit américain nen a pratiquement aucune. Quarante années après sa mort la môme Piaf remplit encore les salles aux Etats-Unis et « Les Misérables » devenus comédie musicale y comptent déjà plusieurs milliers de représentations.
Lattachement des jeunes aux marques commerciales remplit détonnement les gens de ma génération. Ayant à choisir entre deux produits je retiens, toutes choses égales, celui pour lequel il nest pas fait de publicité, remerciant ainsi son fabricant de ne pas avoir inclus son coût dans le prix quil me réclame, de ne pas mavoir fait perdre du HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Il s'agit du temps de cerveau des téléspectateurs vendu par les chaines de télévision aux agences de publicité" temps de cerveau ni davoir participé à la déstructuration de mon esprit en le faisant perpétuellement sauter du coq à lâne
Sans cette précaution je pourrai bientôt chanter avec Boris Vian :
« A mesure que je deviens vieux
Je men aperçois mieux
Jai le cerveau qui flanche
Franchement voyons disons le mot
Cest même plus un cerveau
Cest comme de la sauce blanche »
La « grande musique » contemporaine est inécoutable. Mahler considéré par beaucoup comme un très grand musicien me laisse froid et dubitatif la plupart du temps. Dans un autre domaine je ressens la même incompréhension à légard de Céline. La musique populaire a remplacé la mélodie par un bombardement rythmique accompagné souvent dun bombardement visuel propre à décourager toute réflexion. Ne parlons pas de certains styles de musique qui ont substitué à lharmonieuse douceur héritée des chants religieux les frustrations monocordes de jeunes gens en colère, une colère dailleurs bien compréhensible vu létat du monde. La peinture a été tuée par la photographie. La peinture abstraite ne parle ni à lintelligence ni au cur car elle ne se rattache aucunement à ce que lindividu a pu enregistrer comme images sympathiques au cours de son existence. Un fouillis de couleurs et de lignes ne génère aucune émotion particulière. Cest comme si une uvre musicale se réduisait à un accord indéfiniment plaqué, fut-ce sur le clavier dun grand orgue. Un peintre peut accentuer certains aspects de la réalité pour en faire ressortir tel ou tel aspect singulier ; il ne peut sen abstraire complètement. Les impressionnistes les plus appréciés sont ceux qui ne se sont pas trop éloignés de la facture classique. Une uvre dart doit communiquer à celui qui la reçoit lémotion ressentie par son auteur lorsquelle a été conçue. Pensez-vous qua la simple vue dune partition puisse susciter une émotion artistique quelconque chez celui qui na pas reçu une éducation musicale approfondie ? Pensez-vous quun animalcule suivant le sillon spiralé dun disque en vinyle puisse avoir le sentiment de parcourir un chef duvre ? Prenez au hasard un millimètre cube de vide. Est-il en rien affecté par les milliers ou les millions de messages hertziens qui le traversent, que ceux-ci soient triviaux ou sublimes, destinés au public ou dordre intime ? Le plus obscur des poètes veut faire partager les nouvelles vibrations quil croit avoir découvertes en lui-même. Les neurones de lauditeur ou du spectateur doivent être titillés de manière comparable à ceux du créateur. Sans cette coïncidence lart nest quun jeu intellectuel sans grand intérêt. Le manque de communication entre le public et lartiste semble malheureusement une caractéristique assez générale de lart contemporain. Citez-moi un chef duvre incontestable en littérature, musique, architecture ou peinture qui aurait vu le jour dans les trente dernières années ! La question se pose dailleurs de savoir sil est possible de multiplier à linfini les genres artistiques ou sils se trouvent en nombre limité. Dans cette dernière éventualité les artistes seraient plus ou moins condamnés à se répéter ou à disparaître. Je comprendrais que des musiciens, après avoir entendu les chefs duvre classiques, jettent au feu les partitions les plus récentes. Les musées de plus en plus nombreux financés par les collectivités nont souvent dintérêt que pour ceux qui ont rassemblé les collections. Les mauvaises herbes de la religiosité importée ont étouffé les plantes délicates et salutaires de la pensée HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Libertaire" libertaire autochtone. La poésie sétait un moment réfugiée dans la chanson avec des succès éclatants pour cette floraison tardive, mais les derniers chanteurs poètes ont les tempes grisonnantes et leurs successeurs se font attendre, ou pis chantent en anglais. Les chansons récentes calquées sur des modèles anglo-saxons ne peuvent être véritablement appropriées par le public français. En témoigne le fait que presque toutes les chansons de fin de banquet ont vu le jour avant la deuxième guerre mondiale. « Je reviendrai à Montréal dans un grand Boeing bleu de mer » ainsi que le chante HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Charlebois" Robert Charlebois est une des rares exceptions à lincompatibilité qui semble exister entre poésie et technologie, même sil existe quelques exemples de poésie automobile ou ferroviaire. Nul poème épique na été écrit sur la conquête de la lune. Notre monde technologique est désenchanté dans tous les sens du terme. Les arts vont-ils être tués par la science comme lont été les religions et les philosophies traditionnelles ? A cause des moyens modernes de reproduction des ouvrages de lesprit les musiciens, les cinéastes et bientôt les écrivains, ne pourront plus vivre de leur art. Les peintres et les sculpteurs sen tireront un peu mieux, parce que leurs ouvrages, interdits de reproduction à lidentique, peuvent faire lobjet de spéculations, facilitent la constitution dun patrimoine et bénéficient dun régime fiscal privilégié. Leurs uvres sont des placements plus ou moins sûrs et des niches fiscales ; cest devenu leur principal intérêt. Rien au contraire nest plus difficile à vendre quune idée. Si vous êtes salarié dune organisation publique ou privée, votre idée appartient dabord à cette organisation et la tendance la plus habituelle dune hiérarchie est de sen attribuer la paternité sans même songer à vous remercier, ni à fortiori à vous récompenser. Si, étant indépendant, vous la gardez par devers vous, elle ne vaut rien le plus souvent. Si vous la rendez publique, ce qui est la seule façon den faire reconnaître la valeur, elle cesse de vous appartenir. Les droits dauteur sont donc fortement menacés par les lacunes du droit de propriété intellectuelle et par les nouvelles technologies. Si vous ne voulez pas attendre la retraite pour exercer une activité non salariée, il vous reste une solution qui est le mécénat auquel on doit les plus grandes uvres du passé. Des entreprises ou des fondations, voire lUniversité ou lAdministration pourraient prendre en charge des artistes quelles sélectionneraient parmi les amateurs les plus prometteurs, auxquels une activité étudiante ou professionnelle normale ménage déjà assez de temps libre pour se former. On ne voit pas que la sécurité ainsi acquise pourrait nuire à la production dun artiste authentique. Ce serait en tout cas pour les entreprises une façon plus honorable de se faire connaître, qui pourrait être, comme laction humanitaire, aidée par une fiscalité adaptée qui ne favorise pas la spéculation. Il sera de plus en plus difficile de faire admettre à lopinion que linformation puisse être imposée comme dans le cas de la publicité ou payante comme cest le cas de la plupart des livres, disques et journaux.
De nos jours la science fournit des explications de plus en plus convaincantes dans un domaine de plus en plus étendu de sorte que le domaine spécifique des religions se réduit comme peau de chagrin. Les sciences physiques, petit à petit, occupent le terrain réservé jadis à la métaphysique soit quelles avancent la résolution des problèmes que cette dernière se posait (mythes concernant la création du monde ou le mouvement des corps célestes), soit quelles montrent quil sagit de faux problèmes (libre-arbitre). Cependant, les difficultés de la science dues pour une bonne part à la façon dont elle est enseignée en découragent plus dun. Les possibilités des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Didacticiel" didacticiels qui pourraient être aussi ludiques que des jeux sur consoles vidéo sont presque systématiquement ignorées du monde enseignant en dépit des gains de temps évidents concernant la recherche et la manipulation des documents. A lheure des grandes mutations technologiques lenseignement reste un artisanat. Quelle en est la raison, conservatisme, élitisme, corporatisme de la part des enseignants, peur dêtre moins performants que leurs élèves dans lutilisation des nouvelles technologies, peur de la concurrence, peur de ne plus maîtriser leurs classes, jalousie à légard de ceux qui pourraient acquérir trop facilement un savoir qui leur a coûté tant defforts ? La crédibilité de lenseignement religieux repose presque exclusivement sur le prestige des maîtres qui transmettent la tradition. Lusage de didacticiels ne ferait que rendre plus apparentes les difficultés rencontrées dans lélaboration des catéchismes. Dans les autres domaines les didacticiels envisagés permettraient à la plupart des élèves dassimiler nimporte quelle discipline intellectuelle, notamment scientifique, nimporte où, nimporte quand, au rythme qui leur est propre, sans être perturbés par leurs petits camarades, et en bénéficiant dun contrôle continu grâce à des questionnaires à choix multiples et à des exercices intégrés. Tous les conscrits apprenaient à démonter et remonter leur fusil sans erreur. Idem pour tous les savoirs professionnels. Les surdoués, libres de choisir eux-mêmes leur allure, ne seraient plus freinés dans leurs progrès. Il est important que les meilleurs esprits parviennent rapidement aux frontières de la connaissance afin de sattaquer aux problèmes nouveaux avec lénergie, lenthousiasme et la vivacité desprit de la jeunesse. Il est facile de fixer tel ou tel objectif à lenseignement; si on ne dit pas comment latteindre, on na rien dit. Ces logiciels pourraient être assortis de toutes sortes danimations illustrant les concepts évoqués et en facilitant la compréhension, ou peut-être de séquences vidéo ou musicales, de liens avec des sites pertinents, de poèmes, de bandes dessinées, de comptines ou de chansons fixant la mémoire, de jeux en réseau favorisant la socialisation à lintérieur dune classe. Ils devraient le plus possible conduire les élèves à redécouvrir par eux-mêmes les idées principales comme conséquences nécessaires dun contexte déterminé. Si peu dhommes sont capables douvrir de nouvelles voies, beaucoup sont capables de les répéter sils sont bien guidés et si on multiplie les points dassurage dans les passages difficiles. Ainsi, les élèves agiraient au lieu de subir, ce qui est toujours mieux ressenti et renvoie à lenseignement de Socrate, interactif par excellence. Les grands penseurs du passé ont pu bénéficier de précepteurs de qualité. Il faut donc fournir à tous léquivalent dun excellent professeur particulier à un prix abordable en utilisant toutes les possibilités de loutil informatique.
Un nouveau concept ne tombe pas du ciel. Il est destiné à résoudre un problème. Le parachutage doit être évité pour les idées comme pour les hommes. Il vaut mieux peu didées parfaitement intégrées que beaucoup didées mal arrimées et par conséquent en instance doubli ou inutilisables. Ce principe conduit à enseigner tous les savoirs selon lordre historique de leur apparition, chaque génération sétant élevée en grimpant sur les épaules de la précédente. Lécole primaire correspondrait aux apprentissages essentiels de la lecture, de lécriture et du calcul, de la logique élémentaire, de son application à linformatique et de la morale naturelle dont lélève apprendrait à reconnaître en lui-même les racines, en même temps quà la découverte de lenvironnement immédiat, puis lointain et, de proche en proche et de façon schématique, du cosmos et de son histoire telle que reconstituée aujourdhui par la science. Le but de cet exposé panoramique initial est de permettre au jeune enfant de tirer parti de tout ce quil peut entendre à lécole et surtout en dehors de lécole. Dautres apprentissages essentiels et qui devraient être effectués dés que possible concernent lusage du tableur et celui du traitement de texte. Un traitement de texte suffisamment perfectionné devrait permettre dapprendre assez rapidement et sans douleur lorthographe et la grammaire et continuerait à servir de garde-fou pendant le reste de lexistence. Un tableur permet de faire facilement et rapidement toutes sortes de simulations et évite quun raisonnement correct ne soit entaché derreurs de calcul. La légitimité pratique de cette approche vient de ce que, plus tard, dans sa vie professionnelle, lélève daujourdhui aura à utiliser des outils, des règles, des techniques, un mode de pensée en conformité avec cette vision du monde et avec les réactions des objets quil aura entre les mains. Sa légitimité morale vient de ce quelle respecte sa liberté dappréciation alors quil peut être par ailleurs endoctriné par ses parents, ou à leur instigation, dans une foi religieuse ou politique particulière. On ne repasse pas un cerveau qui a un faux pli comme on repasse un pantalon. Cest la liberté future de lenfant quil convient de préserver, avant même celle des parents. Lélève pourra être également instruit pendant ce premier apprentissage de ce que nous savons de la préhistoire. La préhistoire qui sétend sur au moins 100.000 ans na pas la place quelle mérite dans lenseignement. Son étude constitue pourtant une bonne occasion de rendre à nos ancêtres un culte civil célébrant le courage et lingéniosité dont ils ont su faire preuve pour survivre avec très peu de moyens dans un monde hostile. Lenfant des campagnes ou le petit citadin en vacances disposent à peu près des mêmes outils que lhomme préhistorique : des pierres et des bâtons, quelques liens, un arc en noisetier, une sarbacane en bambou
Cest la suite naturelle des pâtés de sable et des jeux de construction qui ont occupé ses premières années. Il peut facilement imaginer quelle a été la situation à laquelle ses ancêtres ont du faire face. La précarité de cette situation lui permet de mieux comprendre comment est née la croyance aux esprits et aux dieux qui a été un moyen de combattre la dépression résultant des nombreux coups du sort auxquels ses ancêtres ont été exposés. Expérimentant sur larc et la sarbacane lenfant pourra sincorporer intuitivement, charnellement, si son attention est convenablement guidée, les notions physiques élémentaires de trajectoire, de vitesse, daccélération, de masse de poids, de force, de levier, de couple, de pression. Cest aussi pendant cette période que lenfant doit apprendre à nager, à faire de la bicyclette et à conduire sur simulateur. Labondance de matière pourrait inciter à augmenter quelque peu la durée de lenseignement primaire. Lenseignement secondaire verrait chaque grande période de lhistoire décrite selon ses principales phases de déroulement avec létat correspondant des sciences, des techniques, des arts et des croyances. Par exemple lantiquité en 6ème, le moyen âge en 5éme, la renaissance en 4éme, lâge classique en 3ème, le 19ème siècle en seconde, le 20ème siècle en première et terminale. Ayant ainsi rattrapé le train en marche les élèves pourraient ensuite bénéficier dun enseignement supérieur spécialisé.
Le professeur doit résister à la tentation quil peut avoir, pour boucler à temps le programme de lannée, de sauter à cheval sur les équations sans avoir auparavant fait pleinement comprendre à lélève le contexte du problème à résoudre et ce que représentent exactement les différents termes reliés par ces équations. Ces logiciels laisseraient aux élèves tout le temps nécessaire à une bonne compréhension là où la parole du professeur pressé par le temps conserve le même rythme, que lidée soit facile ou difficile à saisir. Ils pourraient être multipliés sur un même sujet pour tenir compte des différents dons et tournures desprit rencontrés chez les élèves. Les mêmes sujets pourraient être repris à différents niveaux : élémentaire, supérieur ou recherche. Ils pourraient bénéficier de la contribution des meilleurs esprits et des meilleures idées en sinspirant des exemples de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Linux" Linux ou de HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" Wikipedia et, au fil des révisions, des améliorations suggérées par leur usage. Ils devraient être gratuits, simples, robustes, non pollués par des préoccupations commerciales qui finiront par tuer la poule aux ufs dor. Des institutions désintéressées qui se consacreraient à la réalisation de tels logiciels devraient bénéficier de laide de la puissance publique (dont sont dépourvus Linux et Wikipedia). Il est frappant de constater combien les explications dun homme au sommet de son art sont simples, claires et évidentes, comme le geste parfait de lathlète qui paraît, de façon trompeuse, si facile à imiter. A les écouter, vous vous sentez tout de suite plus intelligent ! Sil nest pas possible daffecter à chaque élève un professeur particulier doué de toutes les qualités nécessaires il est relativement aisé de lui fournir des didacticiels performants et indéfiniment perfectibles. Rechercher une information auprès de celui qui la détient mobilise deux personnes. Si la même information est recherchée dans un livre ou dans un système informatique, elle nen mobilise plus quune seule. Il ne faut pas se priver de ce facteur defficacité. Dans la mesure du possible, il faudrait sinspirer pour élaborer ces didacticiels des écrits des découvreurs car ceux-ci ont dû faire leffort nécessaire pour se faire comprendre. Il faut aussi donner de la chair aux notions nouvelles par des exemples tirés de la vie courante. Pour intéresser tous les élèves, et pas seulement les binoclards, il faut rester concret. Rien nest plus pénible que dentendre les explications de quelquun qui na pas parfaitement compris lui-même ce quil expose ou qui veut faire croire quil dispense un savoir ésotérique réservé à quelques initiés. Cest aussi désagréable quune mauvaise traduction. Il faut, pour bien comprendre un sujet des explications logiques et claires, une ambiance calme et décontractée, et que le temps ne soit pas compté. Dans le temps imparti aux études le chemin parcouru par chacun pourrait être bien entendu plus ou moins long, encore que la progression soit plus rapide lorsque chaque pas est assuré, mais au moins serait-t-il solidement balisé, contribuant à former des esprits cohérents. Les esprits incohérents, quon peut aussi bien dire fêlés, se caractérisent par des manques dans leur réseau dexplications. Ils redoutent de se heurter à des esprits cohérents à cause dun son émis déplaisant. Ceci les rend irritables, malheureux, insatisfaits, et méchants à loccasion. Tout esprit normalement constitué est à même de tout comprendre pourvu quon linforme correctement et quon lui en laisse le temps, de la même façon quun ordinateur universel, comme mon PC ou le vôtre, peut traiter nimporte quel problème calculable sil est correctement programmé. « Chacun est juste aussi intelligent quil veut » (Alain). Ecrits sous forme d HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypertexte" hypertextes ces logiciels permettraient de faire apparaître efficacement les liaisons logiques existant entre les différentes notions, quil sagisse de mots, de faits, de principes, de théorèmes, etc. « La difficulté de suivre les subtilités du géomètre vient de la difficulté de saisir et de maintenir les définitions » (Alain). Ils permettraient aux concepteurs de ces logiciels de sassurer simplement quaucune notion nest utilisée qui nait été précédemment explicitée dans le cours lui-même ou dans un cours situé en amont dans larborescence des programmes. Ils permettraient aux élèves de sassurer quils nont pas fait limpasse sur des notions indispensables et, sils butent sur un mot, le dictionnaire en ligne leur permettrait dêtre renseignés quasi instantanément, alors quil faut un peu de temps et defforts pour consulter un dictionnaire usuel, vestige comme tous les annuaires papier dun passé révolu. Le malaise qui règne actuellement dans léducation nationale paraît lié pour une bonne part au contraste observé par les élèves entre la modernité du monde dans lequel ils vivent et larchaïsme des outils et des méthodes mis à leur disposition par lenseignement. Apprendre nest pas seulement enregistrer un certain nombre de faits, cest aussi et surtout mémoriser les liaisons logiques qui existent entre ces faits. Ces hypertextes permettraient à chacun de monter et descendre commodément les échelles du savoir, de ne pas se sentir irrémédiablement isolé des connaissances accumulées par lhumanité au cours de son histoire à cause des lacunes de son éducation. Vous ne vous désolez pas de ne pas connaître tous les pays, mais vous vous sentiriez frustré si certains vous étaient interdits. Les possibilités pour un individu dexplorer tous les savoirs ne seraient limitées que par le temps dont il dispose et par sa propre motivation. La montagne toujours plus haute des connaissances serait en quelque sorte couverte de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Via_ferrata" via ferrata permettant de la parcourir rapidement en tous sens et en sécurité. Il est concevable de donner à certaines de ces voies le nom de ceux qui se sont illustrés dans leur exploration de façon à rendre les exposés plus naturels et plus vivants en les intégrant dans leur contexte historique. Il y aurait ainsi la voie Euclide, la voie Galilée, la voie Newton, la voie Carnot, la voie Darwin etc. Ces voies parcourraient le domaine des sciences dures telles que mathématiques, physique, chimie, et les disciplines directement rattachées telles que biologie, médecine, informatique, sciences de lingénieur. Les sciences humaines ne peuvent être incluses facilement dans ce système par manque de rigueur déductive et les voies correspondantes risquent dêtre souvent sujettes à révision. La structure dhypertexte qui caractérise cette présentation est une modélisation assez grossière, mais efficace, des liaisons qui existent entre les neurones représentant dans le cerveau de façon explicite êtres, objets, ou concepts. Comprendre, cest prendre avec soi, sincorporer une idée, cest établir des relations neuronales (logiques) entre un fait ou un concept nouveau représenté par un certain nombre de neurones mobilisés à cette occasion et lensemble des neurones représentant déjà dautres faits ou dautres concepts. La naissance dune idée est un phénomène analogue à celui de la cristallisation qui fait sagglomérer des éléments compatibles. On parle de la cristallisation dune idée, dun projet, dune décision ou dune passion amoureuse. Lidée est pour ainsi dire un modèle informatique du comportement dune fraction de la réalité. Elle peut être de type descriptif, narratif, explicatif ou prédictif. Lidée est juste si le modèle qui la traduit décrit avec une bonne approximation le comportement dune fraction de la réalité telle que lindividu peut lappréhender avec laide de ses cinq sens. Le plus important des modèles, cest le langage. Cependant les animaux ont des idées sans langage; nous aussi dailleurs. Lélève doit prendre la bonne habitude de repérer les idées essentielles et de les intégrer dans sa structure dexplications, seule façon de les conserver durablement en mémoire. Ce que vous retenez de vos lectures, ce sont les éléments qui peuvent être intégrés dans votre structure mentale. Loiseau va chercher les brindilles propres à renforcer son propre nid. Chacun « suit son idée » comme on dit. On peut parcourir un journal ou un magazine sans mémoriser aucune des informations quil contient jusquà ce quon bute sur un élément insolite, point de départ de nouvelles réflexions, ou sur une idée confortant notre vision des choses. Cest pourquoi il existe un journalisme dopinion. Cest aussi pourquoi nous croyons si aisément toutes les vilénies colportées sur nos adversaires. Un candidat peut tenir des discours électoraux adaptés à chaque auditoire et globalement incompatibles : chacun écoutera ce quil a envie dentendre. Seuls les maniaques de la logique sen offusqueront. Le seul remède à des préjugés cest le doute, un doute universel et bienfaisant. Seuls les fous ne doutent jamais.
Le présent essai sest élaboré sans réel effort grâce aux différents outils informatiques disponibles. Des idées rencontrées au fil du temps et flottant éparses dans la mémoire de lauteur sont venues enrichir les quelques pages de la rédaction initiale qui bénéficiait elle-même du robuste tuteur que constitue le texte de Diderot. Ces idées en ont éveillé dautres et celles-ci dautres encore, formant comme une marée qui envahit progressivement la plage. Arrivant en ordre dispersé elles ont été incorporées par touches successives selon une méthode quon peut qualifier de pointilliste. Quelques lectures stimulantes ont complété le tableau. Beaucoup de ces idées ce sont que des intuitions fortement ressenties. Elles sont proposées dans lespoir que dautres sy reconnaîtront, les confirmeront, les bonifieront
ou les rejetteront pour de bonnes raisons
Jenvie ceux qui sont capables de tout retenir de leurs lectures, ceux dont les souvenirs sont bien rangés dans des tiroirs dûment étiquetés parce quils ont un logiciel de défragmentation performant, de sorte quils peuvent débiter ces souvenirs à la demande, sans erreur ni hésitation, comme une question de cours bien apprise. Mon esprit, autant que jen puisse juger, dispose dun assez bon squelette mais sa chair est parcimonieuse, diffuse, difficile à exploiter. Si, dans un livre de plusieurs centaines de pages, il trouve ne fût-ce quune seule idée qui puisse concourir à sa construction il sestime satisfait. Il apparaît à lusage que la plus grande partie des informations qui accèdent à notre conscience à un moment ou à un autre ne sont pas conservées en mémoire sous une forme utilisable, car elles ne trouvent pas demplacement où se raccrocher. Lexemple type est celui des faits divers. Par plusieurs canaux nous allons rencontrer dix fois la même information, mais les liens qui nous permettraient de lintégrer dans la structure de notre esprit font défaut. Si cette information a laissé une trace, elle nest jamais réactivée et elle finit par seffacer. Il est important de ne pas se laisser envahir par la profusion des informations inutiles ou hors de propos (comme la publicité ne cesse de nous linfliger) mais de se donner les moyens de trouver rapidement linformation pertinente. Doù lintérêt de disposer dun corpus de connaissances fiable et aisément accessible.
La compacité de leur support permet de conserver commodément ces logiciels dapprentissage de telle façon que leur utilisateur pourra continuer de sy référer quand il aura depuis longtemps quitté lécole, retrouvant alors les chemins qui lui ont été familiers. Ils seront disponibles année après année, 24 heures sur 24, 365 jours par an. Ils pourront également rester présents sur Internet. Ils pourront constituer pour un faible coût et sous un faible encombrement le vecteur qui rendra disponible le savoir le plus élaboré jusque dans les villages africains les plus reculés. Une clé USB valant une dizaine deuros peut contenir plusieurs milliers de bouquins de cinq cents pages.
Consacrer un temps appréciable à chacun de ses élèves, vérifier quils ne souffrent daucun handicap particulier, discuter avec eux, leur apprendre à sexprimer correctement, oralement et par écrit et à rechercher linformation, former leur jugement, aiguiser leur esprit critique, vérifier que leurs connaissances essentielles sont bien structurées, les habituer à aller au fond des choses, les débloquer quand ils sont en panne, les remettre sur les rails quand ils ségarent, renouer le fil des explications là où il sest cassé, repérer leurs erreurs et leurs lacunes et leur indiquer les moyens dy remédier, leur faire prendre conscience de leurs forces et de leurs faiblesses, les encourager, les suivre dans leurs progrès, leur montrer quun échec nest jamais irrémédiable et peut même faire grandir, les initier à lesprit déquipe et à la citoyenneté, cerner leur personnalité, comprendre leurs problèmes personnels et familiaux, bref se comporter avec eux en entraîneurs plutôt quen professeurs serait semble-t-il beaucoup plus agréable et valorisant, mais aussi plus exigeant, pour les enseignants que de rabâcher toujours les mêmes sujets et de faire de la discipline. Lorsque je veux taquiner un enseignant, je lui propose dêtre remplacé par un binôme constitué dun ordinateur et dun berger allemand ! Un même professeur suivrait plusieurs élèves. Il pourrait suivre le même élève plusieurs années de suite, jusquà ce que lun des deux éventuellement se lasse. Il devrait être à laise dans toutes les disciplines sans quil soit nécessaire quil soit un puits de science dans chacune delles puisque le savoir existe avec rigueur et précision dans les manuels informatisés et quil peut être complété aisément par des recherches dans les bases de données existantes. Ce professeur serait linterlocuteur naturel des parents et partagerait avec eux les soucis de lorientation de lélève. Un il extérieur et averti est le meilleur juge des possibilités dun élève quil voit à luvre depuis plusieurs années. Sans vouloir transformer daucune manière les professeurs en auxiliaires de la police ou en représentants dun quelconque ordre moral il est permis despérer que le suivi personnalisé de tous les jeunes jusquà leur insertion professionnelle permettrait déviter que ne samorcent des parcours de délinquance. Les cours magistraux seraient avantageusement remplacés par des heures détudes surveillées entrecoupées de périodes de détente sportive ou artistique. Les élèves travailleraient en suivant les indications du didacticiel, soit isolément, soit par petits groupes, sous la direction du professeur. De ces groupes naîtraient des amitiés pour la vie entière. Le professeur deviendrait en quelque sorte la « hot line » de ses élèves. Lélève pourrait acquérir de cette façon le réflexe de voir dans un responsable hiérarchique, non pas un adversaire, mais quelquun qui, sans être pour autant infaillible ni omniscient, a la responsabilité et la capacité de laider dans son travail. Rien nest plus dérisoire que de constater que la seule personne à faire des efforts dans une classe
cest le professeur ! Ecouter son professeur sans le comprendre est pour lélève dune inutilité absolue, sinon pis. Un étudiant qui prend péniblement des notes à la vitesse petit v lorsque le professeur parle à la vitesse grand V ne peut saisir immédiatement les parties difficiles du cours. La seule vertu de cette pratique est quil se tient tranquille pendant ce temps-là ! Cest le travail personnel qui présente de très loin le meilleur rapport des connaissances acquises au temps passé. Lélève doit apprendre à se « débrouiller » tout seul le plus possible en allant chercher les informations qui lui font défaut, en les vérifiant, en les recoupant. Il remarquera ainsi que les informations chiffrées fournies par les journaux comportent souvent des erreurs dordre de grandeur ou des contradictions internes. Millions et milliards sont souvent confondus. Il devra apprendre également à démêler les véritables motivations des uns et des autres. Il devrait être clair pour tous que les seules références dun enseignant en tant que tel résident dans les succès de ses élèves. Le savoir est maintenant dévalorisé parce que, grâce à lextraordinaire abondance des informations disponibles sur le Web et à des moteurs de recherche dune efficacité tout à fait prodigieuse (et gratuits, au moins en apparence ), il nest jamais plus éloigné que dun clic de souris. Ces moteurs de recherche préfigurent ce que pourrait être une intelligence artificielle à la dimension de lhumanité. Le prestige doit désormais sattacher au savoir-faire. Il faut sentraîner au cours des études à résoudre des problèmes, ce qui peut être aussi plaisant que de faire des mots-croisés ou de jouer au bridge. Une nécessité pratique, comme celle de parler la langue du pays où votre métier vous a conduit, ou le plaisir du jeu doivent remplacer le plus possible la nécessité scolaire de passer des examens. Lors des examens et des concours les candidats devraient pouvoir accéder librement à toutes les bases de données disponibles, comme cest le cas dans la vie réelle. Ne pas réinventer ce qui a déjà été trouvé est la première des sources déconomies en tous domaines. Chacun a pu remarquer à quel point les enfants sont à laise avec loutil informatique. Il faut profiter de ces bonnes dispositions avant que lâge ne les ait affaiblies. Dailleurs il est devenu aussi indispensable dans le monde actuel de savoir utiliser cet outil que de savoir conduire une voiture ou parler anglais. Paradoxalement, lenseignement français est insuffisamment présent dans les deux premières disciplines et en manque de réussite dans la dernière. Lenseignement privé moins centralisé et plus riche paraît le mieux capable de sintéresser à des méthodes aussi nouvelles. Espérons quil entraînera par son exemple lenseignement public. Sil faut commencer par les enfants à mobilité réduite, pourquoi pas ? La seule justification de lenseignement privé est de constituer pour lenseignement public une alternative et un aiguillon. Il est néanmoins à craindre que la France ait perdu toute ambition doriginalité dans ce domaine comme dans tant dautres et quelle attende que les Etats-Unis aient amorcé une évolution dans ce sens (ce qui est le cas) pour sy intéresser. De tels logiciels seront nécessaires si nous voulons envoyer dans lespace, aux fins de colonisation, des êtres humains en état dhibernation prolongée ou des embryons congelés. Ils seraient également indispensables si, daventure, une catastrophe naturelle ou provoquée réduisait la race humaine à une poignée dindividus réfugiés dans un bunker pendant les quelques centaines dannées nécessaires à ce que la planète terre retrouve un semblant déquilibre. Lenseignement dispensé dans les entreprises pourrait également bénéficier de ce genre doutil, en gardant à lesprit le fait quun outil efficace est immédiatement récupéré par la concurrence ! Je crois assez peu à la formation professionnelle dispensée en dehors de lentreprise. La meilleure façon dapprendre un métier, cest encore de lexercer. Il vaudrait mieux allouer à chaque salarié un contingent dheures qui lui permette, de sa propre initiative et dans le cadre de lentreprise, de satisfaire sa curiosité intellectuelle et de se perfectionner. Cest bien sûr pendant la morte-saison quil faut affûter ses outils.
Eduqués de la façon qui vient dêtre proposée les élèves seraient mieux préparés à leur future vie active parce que placés demblée dans des conditions similaires. Ce sera particulièrement vrai lorsque le télétravail se sera répandu, économisant transports individuels et frais généraux des sociétés et des institutions, revitalisant les campagnes, fluidifiant la circulation aux heures de pointe et facilitant la garde des jeunes enfants. La déconnexion des vacances des salariés avec les rythmes scolaires rendue ainsi possible contribuerait à une meilleure utilisation des infrastructures de tourisme et de transport. Le travail à domicile qui a très longtemps été la norme procure un degré supplémentaire de liberté et defficacité économique. Travailler semble plus naturel quand on a vu ses parents faire de même. Les systèmes denseignement actuels habituent les élèves à la passivité, doù par contraste les succès étonnants des autodidactes. Il y aurait certainement intérêt par ailleurs à ce que les jeunes, tous les jeunes, entament leur vie professionnelle plus tôt quaujourdhui et plus progressivement, sur cinq ou dix ans, pour réduire le choc psychologique du à lentrée dans la vie professionnelle, pour habituer chacun à lidée quil est nécessaire de continuer dapprendre tout au long de la vie, et de le faire de préférence dans des disciplines susceptibles dêtre dune réelle utilité pratique pour lexercice de la profession choisie. Pendant cette période de transition la part réservée à lactivité professionnelle passerait progressivement de 0 à près de 100% tandis que la part réservée à lenseignement suivrait le chemin inverse. La finalité de lenseignement ne peut être de gaver les candidats de connaissances quils oublieront le lendemain de lexamen et qui, de toute façon, ne leur auraient été daucune utilité dans leur activité de producteurs. Ne faudrait-il pas au surplus distinguer nettement ce qui est enseignement (comment le monde fonctionne-t-il ?) et ce qui est éducation (comment faut-il se comporter dans le monde ?), voire consacrer un ministère à chacune de ces fonctions ? Il me semble que la part réservée à léducation est actuellement trop faible. Un ministère de léducation aurait en charge lentraînement physique et sportif, le chant et la danse, la pratique orale des langues vivantes, limprovisation et le théâtre, léducation artistique, léducation civique, sanitaire et sociale Il gèrerait les après-midi des élèves tandis que le ministère de lenseignement gérerait leurs matinées. Lécole doit donner à chacun les moyens de trouver et dexercer un emploi et le goût de la culture générale. La culture elle-même est laffaire de chacun, selon ses moyens, ses aspirations et le temps dont il dispose. Le corps professoral resterait donc présent pendant toute la phase dinsertion dans le monde professionnel. Cest une façon détablir entre le monde de lentreprise et celui de lenseignement et de la recherche le lien solide qui manque actuellement, particulièrement en France. Même si cette façon denseigner nétait pas plus efficace que la méthode traditionnelle, au moins gagnerait-on à lutiliser de ne pas gâcher les meilleures années des générations à venir. Les enseignants se plaignent, peut-être à juste titre, de la baisse de niveau de leurs élèves. Une part de lexplication peut être liée à ce que ces élèves ressentent comme une injustice de devoir faire les mêmes efforts que ceux des générations précédentes alors que les efforts physiques et intellectuels demandés aujourdhui aux autres travailleurs ont été allégés soit par la mécanisation, soit par linformatique et que les loisirs se sont multipliés. Les logiciels envisagés ne font jamais, à linverse de certains professeurs, de remarques désobligeantes. Au contraire ils félicitent lutilisateur de toute réponse appropriée. La connaissance doit-elle obligatoirement senfanter dans la douleur, selon un tropisme proprement chrétien ? Il est normal que la réponse dun élève soit erronée, quun coup manque sa cible. Il faut relever le coup bien ajusté et en féliciter lauteur. Laction collective nécessite la création de hiérarchies. Pour les rendre supportables il faut accepter les critiques et même les moqueries qui vont du bas vers le haut et encourager les compliments qui vont du haut vers le bas. Je me fais reproche aujourdhui de ne pas avoir assez complimenté ceux que jai côtoyés. La nécessaire attention aux choses peut occulter la nécessaire attention aux personnes. Blâmer ne sert à rien. A peine peut-on hasarder parfois un conseil. Rare est celui qui a toutes les qualités, rare également celui qui nen a aucune (précepte bouddhique). Si un élève ne révèle aucun don particulier, quon en fasse un philosophe ! Lélève na pas dinhibition devant une machine comme il peut en avoir vis à vis dun adulte. Il néprouve pas plus de honte à se tromper en lutilisant quil nen éprouve à taper à côté de la tête du clou quil essaye denfoncer. Linstantanéité de la réponse qui évite à lélève de garder par devers lui des idées fausses est un avantage supplémentaire. Les nuls en math sont aussi intelligents que nimporte qui. Leur problème est quils se sont faits une trop haute idée deux-mêmes pour admettre quils puissent être pris en défaut. Ils se sont brûlés une fois, on ne les y reprendra plus ! Pour les mathématiques comme pour tous les arts il faut briser los avant de sucer la substantifique moelle. Demandez ce quils en pensent aux danseurs dun corps de ballet ou aux instrumentistes des grandes formations orchestrales. Il faut privilégier les domaines où lesprit humain est encore supérieur à la machine, celui des raisonnements flous. Lesprit humain est ridiculisé du point de vue de létendue de son savoir quand on le compare aux bases de données existantes. Lenseignement doit faire acquérir le réflexe de les consulter avant de tenter de résoudre un problème quelconque. Le maître mot de léducation doit être le plaisir, pas nimporte lequel bien entendu, mais le plaisir de la découverte par le jeu. Il faut donc, autant que faire se peut, alléger le travail de la mémoire et renforcer le plus possible celui de limagination et du jugement. Les petits des animaux apprennent en jouant. Pourquoi en irait-il autrement des petits dhommes ? Une enfance heureuse est essentielle à léquilibre du futur individu. Enfance heureuse ne veut pas dire enfance dorée. Cest même souvent linverse. Cest une enfance libérée des contraintes que lenfant ne peut pas comprendre.
Dans les conditions actuelles, découragés par le caractère ingrat des études, nombre de nos contemporains se satisfont encore dexplications mythiques qui, acceptées sans examen, ne requièrent guère deffort intellectuel, car il sagit de simples leçons de choses. Pour ceux qui ont perdu le fil des explications rationnelles, les idées religieuses comblent un vide. Et les mythomanes qui les colportent nencouragent jamais leur examen, on comprend bien pourquoi. Ceux qui ne sont pas parvenus à assimiler les acquits de la science, et qui sen irritent, versent dans une forme ou une autre dintégrisme, cest-à-dire de totalitarisme religieux. Cest ce qui doit arriver en ce moment à la fraction la moins éduquée de la population américaine exposée de plein fouet aux révolutions scientifiques et techniques et qui cherche à se raccrocher à des règles simples et facilement compréhensibles. Le néo créationnisme prospère aux Etats-Unis car il est soutenu avec cynisme par des pécheurs en eaux troubles dotés de très gros moyens financiers.
Dans le domaine industriel, on constate que la qualité des produits saméliore constamment quand ils sont fabriqués de façon automatique. Un bon exemple est la qualité des automobiles qui durent de plus en plus longtemps et ne tombent pour ainsi dire plus jamais en panne quand elles sont convenablement conduites et entretenues. Par contre les erreurs tendent à se multiplier dans les activités où lhomme intervient directement - malgré lapport de linformatique. Doù les usines qui explosent, les trains qui déraillent, les navires qui sombrent avec leur chargement, les bâtiments qui sécroulent, les avions qui sécrasent
La NASA elle-même envoie dans lespace un télescope myope et rate un corps céleste par suite dune grossière erreur dunités de mesure
Rien ne remplace lexpérience professionnelle du responsable qui, éveillé ou endormi, confronte en permanence dans son esprit tous les éléments dun dossier, pour tout dire HYPERLINK "http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=83" lil du maître. Combien en ai-je vu de ces jeunes ambitieux qui arrivent dans une entreprise avec lintention proclamée de tout réformer ? Leur action se révèle le plus souvent calamiteuse le jour où quelquun savise de faire les comptes. Briller dans les surprises-parties de Neuilly, Auteuil ou Passy est une chose. Mener à bon port le bateau qui vous a été confié en est une autre. Afficher une confiance inébranlable lorsque largent nest pas compté est une chose. Délivrer un objet, un système ou un service de qualité dans le délai imparti et pour un prix de revient minimum en est une autre. Soccuper de tout, cest ne soccuper de rien. Lagitation perpétuelle et bruyante qui vise à monopoliser lattention est une fuite en avant devant les vrais problèmes. Rien nest plus facile que de diriger une entreprise ou une collectivité quelconque si la dernière ligne du bilan peut être ignorée et si les traites sont émises à échéance de plusieurs années. Les grands créateurs dentreprises maîtrisaient tous les aspects de leur activité, quils soient techniques, commerciaux, financiers, juridiques, ou politiques. Et ils savaient se montrer discrets. Il est plus facile de passer de la technique à lorganisation, au commerce ou à la finance que linverse mais, si on sen tient à laspect strictement comptable des choses, un bon conseiller fiscal est souvent plus précieux quun bon ingénieur et donc mieux récompensé. «Ill y a trois manières de se ruiner pour un industriel: je jeu, les femmes - et les ingénieurs. Les deux premières sont plus agréables - mais la dernière est plus sûre ». Il ne faut pas prendre au pied de la lettre cet aphorisme de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Det%C5%93uf" Detoeuf mais le considérer comme un avertissement utile. La société moderne a tendance à oublier laspect physique des choses et ne plus sintéresser quaux signes qui les représentent. Aussi voit-on aujourdhui les jeunes gens les plus prometteurs se diriger vers la finance ou le barreau plutôt que vers lusine ou le labo, ce qui à la longue ne sera pas sans conséquences.
Tous les documents importants du point de vue de lesprit devraient être écrits ou réécrits sous forme dhypertextes accompagnés de glossaires permettant à chacun, même non-spécialiste, de sy retrouver, et ils devraient être disponibles sur Internet. Il ny aurait pas de difficulté, à ce que je crois, à rassembler dans une même somme logique lensemble des savoirs et des règles qui correspondent à la vie scientifique comme à la vie de tous les jours. Il serait plaisant de procéder au même travail sur les textes sacrés et sur bien des écrits philosophiques
Ce serait la façon de révéler le caractère arbitraire ou absurde de certaines liaisons entre ces systèmes philosophiques ou religieux et le tronc commun du savoir scientifique et factuel. Quand un croyant occidental doit arbitrer un conflit douloureusement ressenti entre science et religion, il tranche en faveur de la science, à de rares exceptions près. Quand un musulman doit procéder au même arbitrage, il tranche le plus souvent en faveur de la religion. Dans ses profondeurs le monde musulman na pas encore été atteint par les Lumières. Il a pris semble-t-il quelques siècles de retard. Méfions-nous cependant des apparences.
Les philosophes qui écrivent de façon obscure devraient être montrés du doigt, même si cest leur vocation de faire prendre conscience de létrangeté des spectacles les plus familiers. Il ne suffit pas dêtre obscur pour être un grand philosophe. Nest pas Héraclite qui veut ! Cest vraiment la moindre des choses que de tenter dexpliquer clairement ce quon croit avoir compris. Diderot na jamais dérogé à cette obligation. Si un jargon soi-disant spécialisé est utilisé par la plupart des philosophes contemporains cest parce quaux yeux de beaucoup un docteur HYPERLINK "http://www.site-moliere.com/pieces/malad205.htm" Diafoirus passera toujours pour plus savant quun prix Nobel de médecine qui a su rester simple ! Les idées obscures senveloppent à dessin de mystère. Dun philosophe à lautre les mêmes mots prennent des sens différents. Ce ne sont plus les mots qui donnent du sens au texte, cest le texte qui confère leur sens aux mots. Dés lors HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Revel" pourquoi des philosophes ? La philosophie na pas de langage propre mais doit sefforcer de parler toutes les langues. On confond volontiers aujourdhui philosophe et spécialiste de lhistoire des philosophies. Dieu, lInfini, lAbsolu, lEternel, le Sublime, lIdéal, lEtre, le Libre-Arbitre, la Transcendance, la Spiritualité, lEssence, la Finalité sont les trous noirs de la pensée occidentale : rien nen est jamais sorti. Qui veut faire lange fait la bête ! Il faut prendre lhomme à son véritable niveau qui est celui dun animal « un peu plus parfait que les autres », comme lassure Diderot, un animal qui a trouvé une niche écologique quil occupe seul, nayant plus dautre ennemi à sa taille que lui-même. Le « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cogito_ergo_sum" cogito », le « je pense donc je suis », nest quune mémorable HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Tautologie" tautologie car la notion même de « je » est inséparable de celles dêtre et de penser. Aucun autre axiome fondateur ne peut être invoqué à sa place, même pas celui de Parménide dune insurpassable concision : lEtre est ! Il est en effet impossible davancer quelque proposition que ce soit sans prendre en compte lenvironnement général dans lequel cette proposition se situe et linstrument cérébral qui en est le support. Les métaphysiciens de lépoque classique tels Spinoza ou Leibniz sy sont essayés. Tous leurs systèmes tournent à vide faute de grain à moudre. Cest une véritable punition que dessayer de suivre leurs raisonnements tant les termes quils utilisent sont mal définis et leurs suppositions gratuites. On ne peut manquer de faire le parallèle avec ce que nous avons dit de la théologie et du catéchisme. Cette langue, cette manière de penser, nous sont devenues totalement étrangères, alors que Diderot ou même Lucrèce et Démocrite restent nos contemporains comme tous ceux qui ont participé au progrès des sciences. On peut être cartésien ou spinoziste ou leibnizien, on ne sera jamais « diderotiste ». On adoptera le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Rationalisme" rationalisme en philosophie et le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Radicalisme" radicalisme en politique. Si ces deux « ismes » ne sont plus guère à la mode, la raison nen est pas quils sont dépassés, cest quils ont été intégrés dans la pratique quotidienne de la plupart des gens. Le bon sens nest jamais sectaire. Nous sommes très prosaïquement condamnés à prendre un train depuis longtemps en marche et à tenter de découvrir lordre sous-jacent du paysage qui défile devant nos yeux. En dautres termes, il sagit de construire un modèle de la réalité qui obéisse aux règles de la logique car le monde est ainsi fait et qui rende compte aussi fidèlement que possible de toutes nos observations sensorielles. Une idée est vraie si, et uniquement si, elle est opérationnelle ce qui implique aussi quelle soit logique. Le tronc commun de toutes les sciences nest pas la métaphysique comme cela a été longtemps cru mais la logique. Les règles de la logique sont matérialisées dans le cur des ordinateurs, outils universels par excellence, comme elles le sont au cur de la matière. Une idée cependant a une durée de vie finie. Au bout dune durée variable mais suffisante pour que lidée ait été utile, la réalité sen détache à cause de petites imprécisions. Aucun modèle construit par lesprit humain ne peut prétendre représenter tous les aspects de la réalité. Le seul modèle parfaitement fidèle de la réalité, cest la réalité elle-même. Dune façon générale, il semble que le développement de la philosophie devrait être repris là où les philosophes des lumières se sont arrêtés, même si des travaux ultérieurs à caractère dailleurs plus scientifique que philosophique, notamment ceux des grands démystificateurs que furent Freud, Marx et Darwin qui méritent dêtre incorporés à ce corpus fondamental. La philosophie est une étape intermédiaire entre la pensée religieuse et la pensée scientifique. Le philosophe se contente dobserver de loin la réalité. Le savant, qui na pas peur de se salir les mains, la manipule. Lesclavage a longtemps retardé lémergence dune science véritable. Cest la philosophie des lumières plus que toute autre qui façonne encore notre façon de vivre et de penser. Nous avons besoin de penseurs toniques et non de penseurs nostalgiques, désespérés, déconnectés des progrès scientifiques, retombés dans les ornières de la croyance et de la foi ou perdus dans la contemplation de lEtre. Comment peut-on être métaphysicien sans être dabord, peu ou prou, physicien ? Il faut partir du connu pour aller vers linconnu. La métaphysique ne peut fournir dexplication mais des tentatives dexplication ouvrant la voie dans le meilleur des cas à des explications véritables. Qui veut dresser la liste des problèmes métaphysiques non résolus à ce jour et les formuler en termes compréhensibles par tous, c'est-à-dire rattachés à des réalités constatables ? La philosophie doit accompagner la résolution de ces problèmes, non les détourner ou les obscurcir. Son rôle nest pas de se substituer de façon dailleurs peu convaincante à des religions en difficulté, ni de rassembler comme jadis la totalité du savoir humain, cest dêtre à linterface entre la science qui se construit et la politique qui se décide. A ce titre elle se doit dêtre une « groupie » des sciences. Ce fut vrai de tout temps. Cest encore plus vrai maintenant que la science sapproche chaque jour davantage des mystères les plus profonds de la nature et gouverne tous les aspects de notre quotidien. La philosophie intervient lorsque certains choix ne peuvent être effectués en toute rigueur parce que le nombre des paramètres à prendre en compte est trop important, parce quils ne sont pas connus avec suffisamment de précision ou parce que leurs interactions sont incertaines. Cest dune certaine manière la science du flou. Son domaine de prédilection cest la politique qui consiste à édicter des règles précises et durables dans un monde incertain et mouvant, Elle se garde bien de dire « je suis la vérité et la vie », ce qui serait inconséquent de sa part. Elle professe cependant que toutes les observations montrent que le monde réel obéit aux règles de la logique et que la méthode scientifique qui est la mise en uvre de ce principe sous le contrôle de lexpérimentation est la seule méthode utilisable pour la recherche de la vérité. Elle considère que léthique et lesthétique ne sont que deux chapitres du grand livre de lévolution par sélection naturelle. Ces deux disciplines désignées par des termes étroitement apparentés échangent volontiers leurs vocabulaires puisquon parle dun acte beau ou laid et dun tableau bon ou mauvais. Limagerie populaire associe bonté et beauté, méchanceté et laideur. La beauté physique ou morale est favorable au développement de lespèce que la laideur contrarie. Des hanches larges et une poitrine généreuse sont appréciées parce quelles permettent à la femme de mieux porter et nourrir son enfant. Quand on dit à cette femme : « tas de beaux yeux, tu sais » cest quon a reconnu chez elle la présence dun instrument binoculaire de haute précision capable dappréhender lenvironnement avec exactitude et de découvrir avant les autres la nourriture à demi cachée sous les feuilles
« Beauté est promesse de bonheur» a dit Alain. Un paysage est beau sil y fait bon vivre. Il en est de même dune belle demeure. Un bel animal ou une belle plante expriment lappétit de vivre de leur espèce. Nest-ce pas au moment des moissons que la campagne est la plus belle ? La montagne sous lorage et la mer démontée ne satisfont notre sens esthétique que sils sont une occasion pour nous de démontrer notre capacité à survivre dans des conditions difficiles. Personne naura envie de trouver beau le spectacle dune tempête pulvérisant sur des rochers un vaisseau et son équipage ou celui dune avalanche entrainant vers labime toute une cordée dalpinistes. La beauté où quelle se trouve est un hymne à la vie. La bioéthique est une des spécialités les moins contestables de la philosophie, létude de lesprit également, en particulier de cette propriété étrange quon appelle la conscience. Cependant, petit à petit, la philosophie, même sur ces sujets, abandonne le terrain à la science et les religions seraient bien inspirées de suivre son exemple. Les grands humoristes sont des moralistes souriants. En matière de philosophie, HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Dard"San-Antonio est à mon goût plus pertinent que St Augustin. Je trouve dans San-Antonio des petites pilules de sagesse qui me ravissent à chaque fois. St Augustin me tombe des mains car HYPERLINK "http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/index.htm" ses écrits comportent peu dargumentation, mais beaucoup de citations, de déclarations damour au tout-puissant et dimprécations à légard de ses contemporains. Ceci étant, je comprends les philosophes traditionnels qui, tout comme les religieux, saccrochent à leur gagne-pain ! Il devient de plus en plus difficile, lâge venant, de sintéresser à ces fictions philosophiques ou religieuses dénuées dhumour, tant la réalité paraît plus riche et plus variée. Une certaine forme didentification est aussi nécessaire, raison pour laquelle je goûte modérément les courses de chevaux et les histoires « gaies » à moins quelles ne soient franchement burlesques ! Lhomme arrivé à maturité ne sintéresse plus quà des faits avérés qui font honneur à son espèce et il déteste les histoires qui finissent mal.
Crise du sens moral
Songez à linsécurité et aux violences croissantes dans les villes, les banlieues et les campagnes. Les médias en général et la télévision en particulier ont une bonne part de responsabilité dans cette banalisation. Comment voulez-vous que les jeunes dont la télévision est souvent lunique point de repère ne tiennent pas pour acquis que la violence est le moyen le plus naturel de résoudre les conflits et de se procurer sans effort les biens convoités ? Mon père changeait de chaîne chaque fois quil voyait un revolver apparaître à lécran ! Autant que dun refus de la violence, il sagissait pour lui, je suppose, dun refus de la facilité. Les seules professions davenir sont-elles celles de policier, de gendarme, de CRS, dagent de sécurité, de vigile, de détective privé, de juge, davocat, de geôlier, de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Barbouze" barbouze, de poseur de micros espions et de bretelles téléphoniques, dinstallateur ou de visionneur décrans de surveillance ? On utilise désormais des caméras pour surveiller les radars cinémomètres de peur du vandalisme et les policiers au travail de peur des « bavures » ! Il faudra bientôt installer suffisamment de caméras pour quelles puissent se protéger mutuellement comme les bastions des fortifications à la HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Ingénieur militaire sous Louis XIV" Vauban ! Cette protection sera dailleurs illusoire hors des beaux quartiers. Dans tous les autres, le citoyen honnête et courageux équipé dun téléphone portable est le meilleur auxiliaire de la police. On devine aisément ce que deviendrait un pays où ces moyens modernes de surveillance seraient utilisés à des fins personnelles ou partisanes : un état fasciste au service des plus riches. Il existe certainement quelques nostalgiques de lheureux temps où lon pouvait impunément dénoncer son voisin à la kommandantur ! La police et la gendarmerie sont certes de bons auxiliaires des surmoi défaillants, mais une société dans laquelle les activités despionnage, de coercition et de répression apparaissaient comme le seul recours possible contre les désordres peut-elle se dire sur la bonne voie ? Cest plutôt remplacer par des traitements coûteux une bonne hygiène de vie. Le prisonnier ne paie nullement sa dette à la société en restant enfermé. Il ne fait au contraire que laggraver car sa détention coûte fort cher. Cessant de travailler, il ne paie plus ni impôts ni charges sociales. Il ne paie pas davantage sa dette à la victime. Il en est même empêché. Cette idée de rédemption par le châtiment est une résurgence de la loi du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_du_Talion" Talion selon laquelle, lorsque leffondrement dune maison tue le fils du maître des lieux, le fils de larchitecte responsable de la construction doit être mis à mort.
Faut-il augmenter indéfiniment le nombre et la taille des prisons, car le nombre de prisonniers est directement proportionnel à la pression sociale qui sexerce à lintérieur dune société ? Y verrons-nous un jour une moitié de la population gardée par lautre moitié ? La plupart des gens admettront quil faut utiliser pour lutter contre la délinquance répression et prévention. Tout est question de dosage. Souhaitons-nous une violence omniprésente, ce qui serait le cas si nous suivions la politique américaine du tout répressif ? Souhaitons-nous 400.000 détenus dans les prisons françaises (au lieu de 65.000 actuellement et en constante augmentation pour 50.000 places disponibles) ce qui serait léquivalent pour la France, proportionnellement à sa population, des 2.300.000 détenus des prisons américaines. Un système politique qui incarcère une proportion aussi considérable de ses citoyens ne saurait être pris comme modèle. Jouer sur les peurs pour se faire élire, passe encore, mais il arrive un moment où il faut cesser ce jeu malsain. En ajoutant les prisonniers et leurs gardiens à la cohorte des chômeurs on saperçoit que le taux dinoccupation dun pays ultra libéral comme les Etats-Unis nest pas très différent de celui dun pays comme la France qui lest moins, et la souffrance et la peur y sont sans doute plus répandues si on se réfère à la consommation qui y est faite de drogues et de religions et à la longévité moyenne de ses habitants. Les prisons ne sont pas autre chose que des garages financés par la collectivité dont les pensionnaires, victimes dune panne de surmoi ou dun mauvais réglage de leurs pulsions, devraient au moins sortir réparés. Le contribuable aurait toutes les raisons dexiger ce résultat. Aujourdhui on se contente de faire quelques bosses supplémentaires à des voitures déjà déglinguées. Ce qui est fait est fait, malheureusement. Les mesures correctives ne doivent pas être prises en fonction du passé que rien ne pourra changer, mais en fonction de lavenir. Il doit exister une justice réparatrice comme il existe une chirurgie réparatrice. Une justice qui répare les victimes, cela va de soi, mais aussi les coupables, ce qui est plus difficile. Il faudrait selon moi dire au prisonnier : « Monsieur, il nest plus possible de vous laisser plus longtemps aller où bon vous semble car vous faites trop de sottises. Cette mesure denfermement nest pas une punition, mais une précaution que la société est obligée de prendre à votre égard. Nous ne vous reprochons rien car il serait absurde de vous demander davoir été un autre que celui que vous étiez à lépoque des faits qui vous ont amené ici, mais nous allons nous occuper de vous pour vous remettre daplomb afin que vous cessiez dêtre un danger pour vous-même et pour les autres ». Aux éventuels récidivistes il faudrait sadresser sur le ton quun médecin utilise pour dire à son patient : « Vous avez encore attrapé une angine, il va falloir envisager un traitement de fond ». Au lieu de cela, que lui dit-on ? : « Nous avons soigneusement examiné votre cas. Nous savons tout de vos antécédents et des circonstances dans lesquelles se sont produits les faits qui vous sont reprochés. Nous sommes assurés du diagnostic que nous avons posé. Cependant, nous nallons pas vous prescrire de traitement mais vous infliger dix ans de quarantaine et dinactivité. Si, au bout de ces dix années, vous êtes guéri, vous pourrez remercier vos parents de vous avoir doté dune solide constitution ! ». Avec un peu de mauvais esprit on pourrait avancer que justice et police conjuguent leurs efforts pour maintenir un volant de délinquance suffisant pour justifier leur activité, quil sagit en somme de corporatisme. Les centres de détention devraient être au contraire transformés en centres de remise en forme physique et mentale. Les leçons élémentaires de morale naturelle apprises à lécole devraient y être reprises et approfondies puisque elles ne semblent pas avoir été comprises et assimilées par le prisonnier. Dans le domaine médical on soriente de plus en plus vers le renforcement des défenses naturelles de lorganisme en remplacement de traitements plus classiques qui présentent trop souvent des effets secondaires indésirables. Aucune tentative sérieuse na été faite à ma connaissance pour comparer lutilité dune même somme dargent selon quelle est dépensée en répression ou en prévention. Il en résulte que, dans ce domaine particulièrement, les décisions prises sont purement aléatoires, opportunistes ou démagogiques. Comme le faisait remarquer mon professeur de philosophie, nos meilleures garanties résident dans la conscience de nos contemporains. Non seulement ce sont les meilleures mais ce sont aussi, et de beaucoup, les moins chères. Un exemple qui devrait être médité est celui donné par la ville de New York. En deux décennies le nombre de crimes violents y a été réduit de 80%, sans augmentation importante des forces de police, sans modification de la législation, sans modification de la situation économique ou de la composition ethnique de la population, sans efforts particuliers dans le domaine des drogues ou de la prostitution et tout en diminuant le nombre des incarcérations. Le secret semble résider principalement dans le fait que les forces de police ont été rendues plus visibles et quelles ont été concentrées sur les points chauds. Financièrement et humainement le bilan est donc très positif. Quand un problème est pris au sérieux par des professionnels compétents disposant du temps nécessaire et de la confiance de leurs mandants, il a quelques chances dêtre résolu. En France la police a au contraire déserté les zones sensibles et on y emprisonne à tire-larigot. Au-delà de ces améliorations purement techniques il faut essayer dalléger le travail de la police par des progrès en matière déducation, de solidarité et de partage. La sagesse populaire dit quil vaut mieux prévenir que guérir ; mais qui sen soucie ? Il est plus facile dagir sur les statistiques que sur la criminalité, sur les préfets que sur les délinquants, sur les journalistes que sur les évènements, plus facile dajouter un article à la constitution que de réformer de mauvaises habitudes.
Rendre la justice cest réparer ce qui peut lêtre et éviter les récidives. Punir nest quun moyen quil faut utiliser avec les plus extrêmes précautions. Avant toute chose il faudrait soumettre chaque prisonnier à un examen pour trouver la racine de son comportement, et négocier avec lui lapplication de sa peine. Autrement dit, il faudrait le considérer comme un homme ayant des qualités et des défauts, des droits et des devoirs, et, peut-être pour la première fois, une dignité à respecter. On pourrait lui proposer des travaux assez exigeants physiquement, au dessous toutefois du seuil de pénibilité car il ne faut pas user prématurément la mécanique ni dégoûter de leffort (le critère est quil faut être capable durant leffort de penser à autre chose quà leffort). La plupart de ceux qui sont enfermés seraient restés dehors sils avaient été obligés de labourer leur champ pour survivre. Quelle que soit la rentabilité réelle de ces travaux leur bon accomplissement permettrait aux prisonniers, selon une convention préétablie, de bénéficier dune libération anticipée. Un jour travaillé efficacement vaudrait par exemple un jour de liberté (« HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Arbeit_macht_frei" arbeit macht frei » ricaneront les mauvais esprits). Ceci donnerait aux personnes enfermées un but tout à fait clair et les réhabituerait à leffort. On ne voit pas pourquoi le dicton selon lequel loisiveté est mère de tous les vices ne sappliquerait pas en prison également. Faire croupir pendant des années des délinquants dans la même cellule exigüe ne peut que les rendre enragés ; entre autres inconvénients. Alain cite le cas de ces prisonniers russes complètement démoralisés et retrouvant soudain toute leur énergie quand on leur demande de déblayer la neige, travail utile à tous et dabord à eux-mêmes. Le « julot » entretenu par ces dames et tous ceux qui croient déchoir en travaillant, sils veulent sortir plus tôt, seraient obligés de trimer comme les copains au lieu de rouler des mécaniques. Sans compter que leffort physique qui active la circulation du sang est bon pour le cerveau aussi et que la fatigue physique a un effet calmant certain. Constater lamélioration de son état général physique et mental serait pour le prisonnier un puissant motif dencouragement à réformer sa conduite. La réduction de la durée des peines dégagerait les moyens nécessaires à une meilleure prise en charge de ceux qui sont enfermés. Nous nallons pas précisément dans cette direction ! Cette nouvelle approche des problèmes de délinquance devrait concerner par priorité les jeunes quil faut faire participer, dune manière ou dune autre, à la réparation de ce quils ont cassé ou, si cest matériellement trop difficile, les inciter à effectuer à titre de compensation une prestation dutilité collective. Cest ainsi que les jeunes délinquants pourraient demander à larmée de terre dy être incorporés, étant entendu quà la première incartade sérieuse, ils feraient retour à la case prison. Cest ainsi que les jeunes délinquantes pourraient demander aux services hospitaliers dêtre utilisées comme personnel de service. Après ces épisodes purificateurs, les casiers judiciaires retrouveraient leur virginité. Celui ou celle qui travaillerait de bon cur et élaborerait un projet de vie tenant la route pour le moment de sa sortie serait sauvé. Bien entendu, les condamnés resteraient sous contrôle judiciaire jusquau terme nominal de leur peine et même au-delà. La victime dune maladie grave subit longtemps des contrôles réguliers, même si elle a été déclarée guérie...
Quant aux agressions sexuelles, elles sont probablement trop sévèrement réprimées. Il peut y avoir une extrême disproportion entre la lourdeur de la sanction et la réalité du dommage. Nous devons cela à linfluence conjointe des pères-la-pudeur, des chiennes de garde, de lobsession sécuritaire et dune tradition importée des Etats-Unis où lon a longtemps lynché les malheureux noirs qui avaient eu un geste déplacé à légard dune femme blanche. Qui plus est la répression de ces agressions entraîne des erreurs judiciaires grandioses du fait que des inculpations et des condamnations peuvent être prononcées en labsence de preuves matérielles suffisantes. Comment savoir après coup avec certitude sil y a eu provocation ou non, consentement ou non, traquenard ou non ? Une telle certitude est dautant plus nécessaire que la législation est plus répressive. On nenvoie pas quelquun derrière les barreaux pour plusieurs années, voire plusieurs dizaines dannées, sur de simples présomptions. Ce nest plus limportance du dommage qui définit le degré de la punition dans ce cas, mais cest le degré de la punition qui définit limportance du dommage. Comment voulez-vous que la victime dune agression sexuelle ne se sente pas souillée à tout jamais quand elle constate la sévérité inouïe avec laquelle son agresseur a été puni ? Aurait-elle la même honte si la société ne sen mêlait pas ? Nest-ce pas cette honte qui peut la pousser au suicide ? Et si son agresseur voulait un jour se venger du mauvais traitement subi ? Un viol est la chronique dune double faiblesse : faiblesse de lhomme par rapport à ses pulsions, faiblesse de la femme devant la supériorité supposée de lhomme en force physique et en détermination. On a souvent reproché aux forces de police daccueillir les victimes dun viol avec une certaine désinvolture et on attribue cette attitude à un machisme incorrigible. Ne faut-il pas au contraire y voir leffet dun bon gros bon sens qui pousse les policiers à dédramatiser la situation. Le machisme ordinaire sert bien souvent de paravent à une réelle affection pour la gent féminine. Toute relation sexuelle entre personnes majeures devrait être réputée librement consentie, sauf pour celle qui se dit victime à apporter des preuves irréfutables du contraire Quel homme sensé irait risquer une partie particulièrement sensible de son anatomie entre les incisives dune fille qui est farouchement contre? Une bonne administration de la justice veut que le doute profite à laccusé. Beaucoup de femmes sestiment bafouées par cette règle et y voient une manifestation insupportable de linégalité entre les sexes. Elles oublient quil y a bien dautres inégalités. Veulent-elles partir à la guerre et exercer les métiers les plus dangereux à la place des hommes ? Souhaitent-elles mourir cinq ou dix ans plus tôt ? La parole de la plaignante doit pouvoir être mise en doute. Il est inadmissible que, faute de preuves matérielles suffisantes, le sort dun homme dépende aussi directement de lhabileté respective des avocats des deux parties. Il est inadmissible que, sur simple dénonciation, la réputation et la carrière dun homme puissent être ruinées, quil puisse être interpellé, menotté, et mis en détention avant même tout examen de sa culpabilité, Constitue-t-il une menace si immédiate pour lordre public quil faille sans délai larracher à ses devoirs habituels ? Ce qui est urgent, cest découter, de rassurer et de réconforter la plaignante. Un viol est un vol avec violence commis sous lempire dune drogue naturelle, testostérone ou autre, dont la sécrétion échappe à tout contrôle, comme échappe à tout contrôle la bouffée de colère qui soudain peut vous saisir. Pensez si ceci vous arrive à cet accessoire suranné quest un anti-monte-lait. Chez des êtres frustres la colère ou le désir deviennent rapidement ingérables. La victime dun viol court plus de danger aujourdhui du fait de lalourdissement des sanctions exercées à lencontre des violeurs. Un violeur conséquent ne prendra pas le risque de laisser en vie le seul témoin dune voie de fait qui par la-même aboutit à un crime. Lutilisation dun préservatif devrait être une circonstance atténuante reconnue par la loi. Mieux vaut cent femmes violées avec préservatif quune seule assassinée. Messieurs les violeurs, protégez-vous ! Un indice corporel minime abandonné sur le lieu de loffense peut suffire à confondre le coupable. Les femmes, tant quelles sont à la merci de leur agresseur, auraient tout intérêt à considérer cette mésaventure comme un hommage non sollicité rendu à leurs charmes. Des conseils devraient être prodigués aux jeunes filles pour quelles aient un maximum de chances de sortir à peu près indemnes de ces situations périlleuses. Doivent-elles faire semblant par prudence dy prendre du plaisir ? Je nai pas remarqué que les femmes que leur physique expose plus particulièrement à ce genre de risque soient celles qui réclament les punitions les plus sévères, mais plutôt que les plus acharnées sont celles qui ont un compte à régler avec la gent masculine. Un parangon de féminité fait plus pour la cause des femmes quune féministe acerbe. Pour un moment dégarement on va retirer et pour longtemps un père à ses enfants, un fils à ses parents, un époux à sa femme, un travailleur à son entreprise et ajouter un pensionnaire à la communauté carcérale, pensionnaire quil va falloir nourrir, loger, blanchir, soigner, garder aux frais du contribuable tandis quil ny aura pas un sou pour aider la victime à oublier lépreuve quelle vient de traverser.
On veut maintenant condamner à une amende vexatoire les clients des travailleuses du sexe oubliant quil y a beaucoup dhommes dont la femme est absente, ou souffrante ou, comme disait plaisamment Montaigne, ny va que dune fesse, comme sil ny avait pas assez de procès devant les tribunaux, pas assez demplois délocalisés et trop de touristes étrangers. La prostitution haut de gamme ne sera pas affectée. Ceux qui en ont les moyens iront se fournir de sexe et de cigarettes à nos frontières, au grand dam de la balance commerciale de la France et de son petit commerce. Les autres déshérités du sexe, ceux qui nont pas les moyens de payer, nauront plus quà se la mettre sous le bras. Cest encore et toujours « salauds de pauvres ». Imaginez un peu ce que deviendra la vie des policiers obligés de se cacher dans les fourrés et de se transformer en voyeurs pour prendre les délinquants en flagrant délit ! On se croirait revenu au 19ème siècle quand un commissaire alerté par un mari jaloux pénétrait dans la chambre des amants sans y avoir été invité, vérifiait de la main que le lit était encore chaud et dressait un constat dadultère. Observez que les meilleures actrices nont pas dédaigné les rôles de courtisanes au grand cur. Leurs clients sont dépeints comme de pauvres bougres un peu ridicules mais néanmoins respectueux de leur partenaire dun moment. Celles qui se livrent à cette activité dans la vie réelle ne vendent pas leur corps; elles le louent pour une durée limitée et en retrouvent la pleine possession après une prestation dont le contenu et le terme ne souffrent daucune ambiguïté. Il faut être un brin névrosé et tout à fait oublieux des traditions nationales pour vouloir empêcher tout ce petit monde de vivre tranquillement sa vie comme il lentend ! Irait-on jusquà condamner de façon humiliante un Georges Simenon qui ne se cachait pas davoir connu bibliquement des milliers de ces dames ou un Victor Hugo octogénaire qui prenait la peine de noter pour chacune de celles quil avait honorées les spécialités et le rapport qualité prix ? Faisons plutôt en sorte que toutes les mères célibataires puissent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants, aidons à sen sortir celles qui exercent cette activité contre leur gré, mettons hors détat de nuire ceux qui les brutalisent et les rackettent et conférons un statut à celles qui ont la vocation dinfirmière du sexe.
Il est à la portée du premier venu dinstituer des châtiments toujours plus rigoureux et cest toujours populaire. Ceci ne constitue pourtant même pas le début du commencement de lamorce dune solution aux problèmes de délinquance et ne sert quà donner au bon peuple lillusion que ceux qui ont décidé ces aggravations ont agi. Les hommes politiques laissent ensuite aux magistrats le soin de se débrouiller avec une législation mal adaptée et des moyens insuffisants. Faire baisser la délinquance sans accroître la somme totale des malheurs ni mettre à mal les libertés individuelles et sans dépenser plus dargent, cest autrement plus coton ! Personne na jamais dit quil ne fallait pas se préoccuper des victimes. La querelle porte sur la meilleure façon dagir pour éviter quil y en ait de nouvelles. La balance, emblème de la justice, rappelle aux magistrats quils doivent rendre des sentences équilibrées, non pas imprévisibles et aléatoires. Elle ne doit pas leur faire oublier lautre balance qui réside dans le cerveau de chaque justiciable. Lorsquils se préoccuperont moins du passé du criminel que de son avenir et de celui de sa victime, les magistrats pourront enfiler enfin la blouse blanche du médecin et raccrocher définitivement leur hermine au portemanteau. Cette nouvelle approche ne recueillera pas nécessairement leur adhésion car il est beaucoup plus confortable de noter de relaxe à perpétuité les fautes dun prévenu que dêtre jugé sur la réussite dune réinsertion.
Ce qui vient dêtre dit sur le traitement de la criminalité peut surprendre et choquer et va à rebours de réflexes immémoriaux. Sans vouloir faire de rapprochement abusif, il faut remarquer que les premiers à avoir dit que le mouvement apparent du soleil était dû à ce que la terre tournait sur elle-même et autour du soleil ont rencontré la même incompréhension de la part de leurs contemporains. Dautres évolutions sont déjà intervenues dans la façon dévaluer les comportements individuels. Il ny a pas si longtemps, les déficients mentaux faisaient lobjet de toutes les moqueries. Maintenant que lon sait que leur comportement résulte le plus souvent dune maladie génétique, on ne rit plus du tout, mais on essaie de les aider et de les soigner, espérant que, dans un avenir plus ou moins proche, la thérapie génique aura raison de leur handicap. Nous avons donné précédemment dautres exemples dévolution des mentalités à propos de certaines pratiques sexuelles. Ce nest pas en refusant de regarder la réalité en face et en gardant obstinément les mêmes schémas de pensée quon a une chance de faire avancer la solution du problème de la criminalité ou celui de lindépendance de la magistrature qui ne peut pourtant, si elle ne dépend que delle-même, rester éternellement en état dapesanteur. La puissance publique ne peut se contenter de fournir le support matériel et législatif de laction des magistrats. Elle doit aussi donner son aval à leur organisation hiérarchique. Cest sur un Président de la République aux fonctions mieux délimitées que le pouvoir judiciaire doit être en mesure de sappuyer pour résister aux pressions doù quelles viennent.
Nous avons assiste récemment à labandon de beaucoup dacquits des républiques précédentes. Liberté, Egalité Fraternité, ce slogan navait plus cours. Contraintes, Inégalités, Méfiance, telle semblait être la nouvelle devise républicaine. Lobsession « sécuritaire » promue par des pécheurs en eau trouble envahissait les esprits. Ce néologisme montre bien que cette obsession allait très au delà du souci légitime de sécurité et quil sagissait dune idéologie destinée à contraindre les gens, à les faire rentrer dans un moule choisi par les plus frileux ou les plus tordus, et surtout à gagner les suffrages délecteurs mal informés ou pusillanimes. On condamne un journal pour avoir publié des informations vitales pour les citoyens au nom dune législation dinspiration bourgeoise qui ne veut pas que lon sache que le grand-père couchait avec la bonne ni quil a fait fortune en trahissant ses associés. Certaines condamnations valent mieux quune légion dhonneur. Il est grand temps quune législation protège les lanceurs dalerte comme HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Julian_Assange" Julian Assange ou HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Snowden" Edward Snowden. Le fichage systématique de tous les citoyens qui se distinguent dune façon ou dune autre est particulièrement inquiétant. On demande de la transparence aux citoyens, fort bien. Mais il faudrait que ladministration joue aussi le jeu et quelle transmette leurs fiches aux citoyens concernés afin que ces derniers puissent faire part de leurs observations sur les faits ou les opinions qui y sont rapportés et que ces observations soient mentionnées sur ces mêmes fiches. Selon toute vraisemblance ces observations qui auraient valeur de témoignage seraient plus intéressantes que les informations de départ lesquelles auraient néanmoins valeur davertissement sans frais. Si les fiches concernant un possible délinquant lui étaient communiquées au fur et à mesure de leur établissement il hésiterait peut-être davantage, se sachant repéré, au moment du passage à lacte. Doit-on soupçonner policiers et politiciens de préférer le spectaculaire dune arrestation, source de dividendes médiatiques et carriéristes, à lefficacité anonyme ? Le chasseur déteste quon alerte le gibier et le pécheur quon effraie les poissons. Un état bien policé nest pas un état ou les taux délucidation des crimes sont élevés mais celui ou les taux de criminalité sont bas. Pour lheure, ces procédés souterrains ont bien failli transformer un état qui fut jadis républicain en état policier, sans autre justification que partisane. Lobsession sécuritaire touche tous les domaines. Sur certaines portions dautoroute les limitations de vitesse imposées transforment à certaines heures le flot des voitures en convoi mortuaire. La multiplication anarchique des ralentisseurs, sponsorisée croirait-on par les fabricants damortisseurs, va dans le même sens. Le respect des limitations de vitesse tourne à lobsession chez celui qui sest fait surprendre plusieurs fois par un radar. Il en vient à focaliser son attention sur les panneaux de signalisation et sur son compteur de vitesse au lieu de chercher un chemin sûr et une vitesse adéquate dans le flot des voitures, ce qui ne va pas précisément dans le sens de la sécurité, dautant que la gestion de ce paramètre supplémentaire accroît sa fatigue. Sil utilise un régulateur de vitesse pour alléger cette fatigue, cest encore pis car il a une tendance naturelle à lui laisser la main alors quil faudrait mieux quil module la vitesse de façon continue en fonction des aléas de la circulation. Ces contrôles radar ne détectent pas les comportements véritablement dangereux. Ils ne sanctionnent jamais celui qui slalome entre les files de voitures un jour de grand départ, qui déboîte sans regarder ni prévenir ou double sans visibilité, ni celui qui est devenu inapte à la conduite ou qui conduit sous lemprise de lalcool, de la drogue ou des médicaments ou simplement celui qui sendort au volant. Ils ne sanctionnent pas davantage les motards supersoniques, ni les conducteurs de BMW ou dAUDI qui se fichent éperdument des limitations de vitesse et plus encore du sort de lindustrie automobile nationale. Le grand banditisme routier échappe le plus souvent à la police. Linstauration de radars mobiles pourrait modifier quelque peu cet état de chose, mais à quel prix ? Imposer une vitesse maximum qui reste la même quels que soient la densité du trafic, la visibilité, létat de la chaussée, du véhicule et du conducteur ne peut correspondre à un optimum. Dans ce domaine comme dans bien dautres cest lappel au sens des responsabilités qui est le plus efficace et le moins cher. Il faut, bien entendu, consacrer quelques efforts pour le promouvoir et le contrôler intelligemment. Tout responsable dun accident, quel quen soit la gravité, devrait faire lobjet dune sanction pénale de principe et dun suivi personnalisé.
Songez à cette impudence qui a conduit tel ou tel à revendiquer un ministère pour des raisons purement personnelles ou qui a conduit tel ou tel autre à faire état de sa fonction pour promettre à ses électeurs un traitement préférentiel sils lui faisaient à nouveau confiance !? Ne parlons pas de ceux qui cherchent à se faire élire ici ou là pour éviter daller en prison ! Quest devenue la nécessaire impartialité de lEtat ? Que dire de la multiplication des lois dexception liées au terrorisme ? Il y a déjà une anomalie dans lassociation de ces deux mots : loi et exception. Mais surtout cette anomalie conduite à réserver un traitement exceptionnellement sévère à toute personne seulement soupçonnée, cest à dire, potentiellement, à nimporte qui et permet à une police de lombre dagir de façon incontrôlée tant dans ses objectifs que dans ses méthodes. Ce peut être un premier pas vers une police politique, mais il y en a eu dautres, comme lutilisation des moyens de lEtat et de largent des contribuables pour espionner dhonnêtes citoyens. Le responsable dun soupçon injustifié ne sera jamais mis en cause. Cest une régression sans précédent des droits de lhomme, un retour aux lettres de cachet, à la justice de lancien régime. Notre conducator se plaint aujourdhui davoir été écouté par des juges qui ont en loccurrence agi de façon parfaitement légale. Est-il sûr de ne jamais avoir ordonné ou laissé pratiquer des écoutes parfaitement illégales ? Nest-ce pas lhistoire de larroseur arrosé ?
Songez à lubiquité de la corruption et des pratiques mafieuses. Songez à largent de provenance douteuse qui sinvestit dans les activités les plus respectables. Que ce soit dans les affaires, la politique, ou même le sport il est difficile daccéder aux premières places sans enfreindre quelque loi ou règlement. Je me souviens davoir faut sourire le PDG dune grande société en lui disant quune certaine affaire avait été gagnée de façon tellement régulière que cen était presque suspect. Quand vous serrez la main dun individu dapparence prospère, il y a une bonne chance pour que ce soit celle dun fraudeur du fisc. Dire de quelquun quil est honnête, cest presque dire quil est inapte à exercer de hautes fonctions. Parmi tous les postulants qui ont léquipement intellectuel nécessaire, ce sont souvent ceux qui bénéficient dun sens moral à géométrie variable qui parviennent aux premières places et sy maintiennent. Qui utiliser ? Qui écarter ? Qui tromper ? Qui calomnier ? Qui trahir ? Voilà les questions quils se posent. Le phénomène est particulièrement visible en politique où les électeurs ne redoutent nullement de réélire des représentants qui ont été condamnés par la justice. Sans illusions sur ce quils sont et sceptiques quant à ce quils peuvent faire, ils recherchent un homme de spectacle capable au moins de les distraire ou un débrouillard capable de les favoriser, fut-ce de façon illégale. Ils blackboulent des politiciens honnêtes et réélisent triomphalement des tricheurs et des voleurs. Des scientifiques américains et canadiens ont cherché à savoir sil existait une relation entre niveau éthique et réussite matérielle. Les résultats statistiques convergents des diverses méthodes utilisées montrent que le niveau éthique des individus varie en raison inverse de leur réussite matérielle. Il est ainsi confirmé que lhonnêteté est un handicap social dont sont souvent victimes les classes inférieures. Les fraudes commises au détriment de la sécurité sociale par les employeurs sont beaucoup plus lourdes de conséquences que celles commises par les salariés et elles sont bien sûr beaucoup moins réprimées. Les religions voudraient que nous soyons honnêtes par calcul, alors que cest la générosité de notre cur qui le demande et que cest la société qui nous en dissuade.
Les salaires extravagants que se sont octroyés certains dirigeants et auxquels sajoutent encore des avantages multiples et conséquents font apparaître ces dirigeants comme des loups prédateurs plus que comme des bergers, à linstar de ces tyranneaux africains qui alimentent des comptes en Suisse aux dépens de leurs compatriotes misérables. Ces largesses ne récompensent pas la réussite, le travail ou le talent, mais le pouvoir et les connivences. Comment ces dirigeants peuvent-ils demander sans rougir des sacrifices financiers à leur personnel en ces temps de rigueur ? Comment osent-ils se présenter devant lui à visage découvert ? Il leur faut absolument des parkings réservés et des ascenseurs particuliers. Que ne dirait-on pas si des conditions analogues étaient faites aux hommes politiques dans nos pays démocratiques ? Par une « votation » le sage peuple suisse vient dinterdire ces pratiques abusives. Celui qui sait dissimuler son indifférence au sort de la collectivité à laquelle il appartient dispose automatiquement dune marge de manuvre supplémentaire. « Tout temps passé à travailler est du temps perdu pour faire avancer sa carrière » comme la noté un humoriste clairvoyant. Comment le bon citoyen qui constate ces abus ne serait-il pas à la fois découragé et moralement déboussolé ? La chute du communisme soviétique a fait oublier toute pudeur (mais pas le goût du secret) aux détenteurs du capital et à leurs mandataires. Certains vous diront que la Loi du Marché justifie ces inégalités qui existent aussi pour les artistes et pour les sportifs. Sil est vrai que plusieurs poètes associés nécriront pas forcément un meilleur poème, il est certain que vingt deux bons footballeurs amateurs, simplement défrayés de leurs déplacements, disposeront aisément de onze vedettes surpayées. Dans les affaires comme en politique, le nombre de joueurs nest pas limité et les dirigeants sont aisément interchangeables, cf. la valse des PDG et des ministres. Admettrait-on que le commandant en chef dune grande armée touche une solde exorbitante et des primes de destruction faramineuses pendant que ses soldats se feraient trouer la peau pour pas un rond ? Les fonctions suprêmes exigent une éthique appropriée. Le seul argument qui pourrait justifier de tels avantages, cest que leurs bénéficiaires soient capables dy renoncer.
Songez à la judiciarisation galopante qui gagne tous les rouages de la société, cette judiciarisation que provoque la recherche de la réussite à tout prix, au mépris du droit. Il est normal que le droit se complique car les progrès des sciences et des techniques suscitent sans cesse de nouveaux problèmes. Cependant, les conflits qui en résultent ne peuvent pas continuer dêtre traités avec les moyens et les méthodes du droit romain. Le premier Etat qui consentira à un effort de modernisation, qui procédera à une synthèse concise et organisée de tous les textes, servira de modèle à tous les autres. Les modifications ultérieures devront être signalées typographiquement pendant un certain temps, invitant à les examiner dun il critique. Une disposition qui résiste au temps et aux alternances politiques a des chances dêtre une bonne disposition.
Crise économique et sociale
Toutes les barrières sopposant à la libre circulation des hommes et des capitaux ont été levées en urgence, particulièrement en Europe, y assurant ainsi le triomphe sans partage du libéralisme. Or, tout enfant qui se livre sur la plage avec son seau et sa pelle à des travaux dhydraulique appliquée sait bien que lon ne peut sans désordres majeurs ouvrir une brèche dans un barrage tant que les niveaux deau ne sont pas sensiblement égaux de part et dautre. Les habiles profitent de ce qui reste de dénivellation pour faire leurs affaires. Est-ce une bonne pratique que dabattre des cloisons étanches quand il y a un avis de tempête ? Les travailleurs manuels et intellectuels français sont concurrencés à la fois par les progrès de lautomatisation et de linformatisation et par le dumping social et environnemental des pays dAsie ou dEurope de lEst. Ils sont donc de plus en plus souvent frappés par un chômage dont le chiffre réel va très au-delà de ce qui est avoué par les statistiques officielles. Comment le chômage des jeunes pourrait-il cesser daugmenter en France quand la croissance économique est nulle ou négative, quand des pans entiers de lindustrie disparaissent, quand des sociétés financières font faillite (sans que leurs dirigeants en soient affectés), quand les postes disponibles dans ladministration, lenseignement et larmée diminuent, et quand la loi fait en sorte quun employeur a intérêt à faire travailler en heures supplémentaires les salariés quil a sous la main plutôt que de procéder à de nouvelles embauches ? Quelle souffre du chômage ou de la guerre, la jeunesse a toujours été un âge difficile. Heureusement, elle ne dure pas ! Il ne suffit plus de donner à ses enfants une formation convenable pour leur garantir un emploi. Il faut en plus disposer des relations nécessaires pour leur trouver le tout premier. Quy a-t-il de plus désolant et contreproductif que de contraindre à linactivité des jeunes hommes et des jeunes femmes au moment même où ils disposent dun maximum dénergie ? La France pourrait bien ne pas se relever dun tel gâchis. Le droit constitutionnel à lemploi semble plus facile à faire respecter que le droit constitutionnel au logement qui suppose des infrastructures adéquates. Comment des hommes politiques peuvent-ils inscrire dans le marbre de la loi des objectifs quils savent inaccessibles ? Un tel cynisme est proprement accablant ! Ayant pris goût semble-t-il à ces pantalonnades certains veulent inscrire maintenant dans lairain de la Constitution la « règle dor » de léquilibre budgétaire. Il sagit là dun serment divrogne caractérisé de la part de ceux qui nont cessé de gonfler les déficits ! De toute manière, ce type dengagement ne sera quun chiffon de papier devant les nécessités du moment comme on la vu du droit au travail, du droit au logement ou de la règle européenne limitant les déficits à 3% du PIB ! Une telle règle ne peut avoir de sens quune fois que léquilibre budgétaire aura été effectivement rétabli. Dans les circonstances actuelles, elle serait immédiatement violée. On peut sauter sur son siège comme un cabri en criant « règle dor, règle dor, règle dor », si on ne précise pas la façon dont on compte la respecter, on na rien dit. Daucuns voudraient assortir le non-respect de cette règle de sanctions financières automatiques. Autant tendre à lhomme en train de se noyer un gilet de sauvetage lesté de plomb! Il y a en Europe une poignée de personnes sérieuses capables de la respecter et une bonne vingtaine de rigolos qui ne voient pas plus loin que la prochaine échéance financière ou électorale. Dans dautres enceintes on crie « le climat ! le climat ! le climat ! » avec la même conviction et les mêmes résultats. La solution la plus naturelle serait que les pays européens renoncent à lEuro qui crée plus de problèmes quil nen résout et renégocient simultanément leur dette, faute de quoi nous sommes partis pour une longue galère. Il est plus facile de changer la monnaie que le tempérament national. Il ne faut pas oublier que les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Trente_Glorieuses" Trente Glorieuses ont coïncidé en France avec une monnaie nationale, des droits de douane conséquents, une forte inflation et une implication très directe de létat dans la vie économique, c'est-à-dire une situation aux antipodes de celle que lEurope made in england nous a imposée. Une politique dérogeant au dogme libéral européen ne peut être mise en uvre quen constituant une forme ou une autre dunion sacrée allant du parti communiste au front national et excluant seulement les mouvements politiques qui ont fait trop visiblement allégeance aux intérêts financiers anglo-saxons. A lheure actuelle le tissu économique européen et particulièrement français continue de dépérir. Des sociétés se sont spécialisées dans le rachat des entreprises en difficulté. Elles les vident de leur substance puis les liquident, ce qui épargne à leurs anciens propriétaires la peine de faire le sale boulot déquarrissage. Au travers de sociétés opaques, de largent sale rachète des sociétés saines. Des délocalisations et des licenciements à la hache sont pratiqués au seul profit dactionnaires qui laissent à la collectivité le soin de réparer les dégâts. Certains font valoir que le coût salarial lié à la production est souvent assez faible par rapport au prix payé par le client final, prix constitué essentiellement du coût des matières premières, des frais détudes, des taxes et impôts, des frais dassurance et de transport, des frais de contentieux et des marges commerciales. Ce raisonnement valable au niveau dune entreprise est toutefois pris en défaut au niveau général si on observe quen remontant jusquà la source les facteurs constitutifs des différents postes du prix de revient on aboutit de toute façon à des heures travaillées et payées, directement ou indirectement. Délocaliser des usines largement robotisées ne présente aucun avantage économique quand ce déménagement les éloigne de leurs clients. La véritable motivation de ces délocalisations quaucune contrainte technique ou économique ne justifie nest-elle pas de pouvoir, par un jeu décritures et de ventes croisées, concentrer les profits là où la fiscalité est la plus réduite, siphonnant ainsi les richesses des pays à fort taux dimposition vers les pays à faible taux ? Cest lastuce favorite des sociétés multinationales qui gagnent tellement dargent par ce biais quelles vont jusquà rémunérer grassement tous leurs actionnaires. Leur capacité de produire bon marché étouffe les entreprises seulement nationales qui ne bénéficient pas des mêmes facilités. Délocalisations et paradis fiscaux, même combat ! Pour la collectivité nationale privée ainsi et demplois et de rentrées fiscales un travail insuffisamment efficace est toujours plus efficace que pas de travail du tout. Ces règles de bon sens élémentaire ne sont-elles pas ce qui différencie de la France un pays comme lAllemagne qui sen tire plutôt bien ? Nul ne peut reprocher à des entreprises de chercher à faire le profit maximum. Cest quasiment dans leurs statuts et les actionnaires sont vigilants quant à la défense de leurs intérêts. Sauf irrégularité dûment constatée il est donc absurde de vouloir mettre en cause personnellement les représentants du monde financier qui nous ont mis dans la panade. Ils nont fait quappliquer les règles dune société orientée vers le profit. Les banquiers font leur métier qui est de gagner un maximum dargent sans enfreindre la loi autant que possible. Sil faut y ajouter une motivation personnelle je dirais quils le font plus par goût du sport que par goût du lucre. Cest le système et non les personnes quil faut mettre en cause. Des garde-fous législatifs auxquels le libéralisme répugne doivent être installés pour que la collectivité ne fasse pas les frais de tous ces dysfonctionnements. La crise économique cesserait aussitôt si chacun payait ce quil doit à qui il le doit. Si chacun remboursait à lEtat tout ce quil lui a volé, les comptes publics seraient instantanément excédentaires. Cette crise économique a des racines politiques et morales. Il est étonnant que des idées aussi simples ne soient presque jamais exprimées, ni par les hommes politiques ni par les commentateurs les plus en vue. Je suppose quils les trouvent puériles, mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? « Indignez-vous ! » dit HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Hessel"un vieil homme chargé dhonneurs et les jeunes de Madrid et dailleurs lui font écho. Chacun tend au mieux sa voile sans se demander si, collectivement, il ne serait pas possible de changer les règles de la régate. Tout progrès vers une société plus harmonieuse exige que le plus grand nombre et particulièrement les décideurs prennent conscience de cette situation. Voyez les embouteillages qui se produisent à un carrefour où sengagent sans pouvoir le traverser des automobilistes égoïstes et pressés daller gagner de largent. Cest une assez bonne image du libéralisme institué par Reagan et Thatcher, un histrion et une boutiquière, et qui sest répandu depuis sur toute la planète. Ce libéralisme permet aux plus chanceux de faire prévaloir leurs intérêts au détriment des plus nombreux. Les états qui se sont laissés tenter par ces mirobolantes HYPERLINK "http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Reaganomics&oldid=182263378" Reaganomics en paient aujourdhui le prix, menacés quils sont pour la plupart de faillite. Ils sont obligés aujourdhui dappuyer à la fois sur laccélérateur de lendettement pour maintenir lactivité économique et sur le frein des dépenses publiques pour réduire des déficits devenus insupportables. Cest un moyen assez sûr de faire caler le moteur de léconomie. Depuis vingt ans quon libéralise et quon privatise léconomie française devrait marcher comme sur des roulettes si lon en croit la pensée économique dominante ! Depuis que jai lage de mintéresser à ces questions jai toujours entendu les hommes politiques sengager à « redresser » léconomie. A lheure quil est, suite à tous ces efforts, léconomie française devrait être plus droite que droite ! Les anglo-saxons, même quand il sagit des démocrates américains ou des travaillistes anglais, sont persuadés que cest le libéralisme qui assure la prééminence de leur pays et refusent par nationalisme de mettre ce système en cause alors que leurs peuples respectifs en sont aussi les victimes. Il faut dire que les anglo-saxons sont soumis depuis longtemps à un pilonnage continu pour leur faire entrer cette idée dans le crâne, un pilonnage qui na dégal que le pilonnage pro religieux auquel ils sont soumis par ailleurs en permanence. Limportance de la masse monétaire détenue par les plus riches fait que les taux dintérêt sont aujourdhui au dessous parfois des taux dinflation. Compte tenu des progrès gigantesques de lefficacité des processus de production une politique daustérité devrait être le dernier des remèdes envisagés. Que des difficultés sérieuses surviennent et ce libéralisme vole en éclats comme on vient de le constater lors de la crise de 2008. Il ne peut être question de laisser ouverts les casinos financiers lorsque sonne lalarme. La régulation par le marché est par nature instable dés que des spéculateurs interviennent massivement. Tous ceux qui sont à laffût du profit achètent lorsque les prix commencent à monter et vendent dés quils amorcent une descente, ce qui amplifie évidemment la moindre oscillation. Comment stabiliser un bateau dans lequel marins et passagers se précipitent à la vitesse de la lumière du côté où il penche ? Il en résulte la formation de bulles financières qui gonflent sans mesure et éclatent en faisant toutes sortes de dégâts économiques et humains. Il existe de plus des bulles négatives encore plus graves quon appelle dépressions. Seule la puissance publique peut introduire dans la régulation par le marché les termes damortissement indispensables. Le monde financier devenu planétaire est un cheval fou que personne ne peut plus maîtriser, et surtout pas des cavaliers qui sont presque aussi fous que lui.
Songez à lappauvrissement de lEtat qui vend ses plus beaux actifs et sendette de façon déraisonnable. Les privatisations auxquelles sest livrée la puissance publique ont eu pour conséquence immédiate la cartellisation des banques, des télécommunications, des sociétés de service aux collectivités locales en attendant le gaz et lélectricité, ce qui ne saurait tarder, avec le renchérissement des prestations correspondantes pour le particulier sans défense, sous le prétexte fallacieux douvrir le marché à la concurrence ! En réalité, il sagit daffaiblir suffisamment les entreprises détenues par lEtat pour que des intérêts privés puissent les racheter à vil prix. Les meilleures de ces entreprises nationales seront rachetées par des intérêts étrangers, à moins que laction conjuguée des écologistes et des libéraux, en leur imposant des charges insupportables, ne les aient fait bien avant basculer cul par-dessus tête. Quel sens cela a-t-il, dans une économie qui se veut libérale, dobliger EDF à se faire concurrence à elle-même en vendant sa production à ses concurrents à un prix très inférieur à celui que ceux-ci pourraient obtenir en produisant eux-mêmes ou à leur acheter leur production à un prix très supérieur à celui auquel elle pourrait elle-même la fabriquer. ? Est-ce même légal ? La sidérurgie remise sur pied à grand frais grâce à largent des contribuables français est rachetée pour une bouchée de pain par des intérêts étrangers alors quelle allait enfin recommencer à gagner de largent. Les compétences scientifiques et techniques dans ce domaine, fruit de plusieurs siècles dactivité métallurgique, ne tarderont pas à être perdues pour la communauté nationale, de même que la perspective de nouveaux investissements et la pérennité des rares emplois qui y subsistent. Dire que la privatisation des entreprises publiques est nécessaire à leur développement est une aimable plaisanterie. On veut en réalité dire par là quune entreprise publique peut difficilement conclure des ententes occultes visant à limiter la concurrence. Le fardeau imposé à une entreprise par un actionnaire qui exige que son investissement lui rapporte 15% chaque année est évidemment très supérieur à celui imposé par un banquier qui se contente dun intérêt de 5%, à fortiori à celui imposé par un Etat qui ne demande rien du tout ou presque. Un niveau de profitabilité de 15% est dailleurs inaccessible sans une forme ou une autre de monopole ou de connivence. On a observé dans certains secteurs quun nouvel arrivant peut briser une entente occulte et faire baisser certains prix de moitié. Quel est le banquier qui refuserait un prêt à EDF ou laurait refusé à feu GDF ? Quel industriel du secteur de lénergie refuserait un partenariat avec ces entreprises unanimement appréciées ? Est-ce que la défunte Régie Renault a construit de moins bonnes voitures ou fait de plus mauvaises affaires que ses homologues du secteur privé ? Les opérations de concentration réalisées ces dernières années ont augmenté la profitabilité des grandes entreprises de façon spectaculaire pour des raisons qui nont que très peu à voir avec les conditions techniques de production, mais beaucoup à voir avec la possibilité déchapper aux fiscalités nationales et aux règles de bonne conduite concernant la concurrence. Sil est possible de lutter efficacement contre la formation des trusts, les ententes occultes bénéficient le plus souvent de limpunité. Dire quon peut durablement imposer ses prix de vente à une entreprise privée est une autre plaisanterie. Tout monopole public démantelé donnera naissance à terme à des ententes ou à un monopole privé, au détriment du consommateur qui se trouvera payer plus cher un service souvent dégradé. Avant quon ne parle de privatisation des réseaux ferroviaires les trains ne tombaient pour ainsi dire jamais en panne et arrivaient presque toujours à lheure. La conséquence la plus visible des privatisations est lexplosion des grandes fortunes et une relative paupérisation des classes moyennes. Une autre conséquence est laffaiblissement des syndicats qui pourraient freiner cette dérive. Il y a des monopoles naturels. Tout ce qui est réseau en fait partie et doit rester sous le contrôle direct de la puissance publique. Pourquoi avoir dénationalisé des activités qui avaient été nationalisées il y a soixante ans à la satisfaction générale ? Pourquoi avoir multiplié par trois, bientôt par quatre, des infrastructures de télécommunication dont linnocuité a été mise en cause quand les prestations et les prix dailleurs excessifs proposés par trois des quatre sociétés correspondantes sont tout à fait comparables ? Il vaudrait mieux, à linstar de ce qui se passe en Allemagne, développer les régies municipales qui prennent en charge, avec toutes les aides techniques nécessaires, lexploitation de tous les réseaux, quil sagisse délectricité, de gaz, deau potable, dassainissement, de chauffage urbain ou de télécommunications avec des synergies intéressantes dans les domaines technique, administratif et social. Un abonné qui éprouve des difficultés pour régler sa facture délectricité à sûrement des problèmes avec les autres ! On assiste aujourdhui à lévolution inverse, cest à dire à la privatisation des services municipaux. Cette privatisation est populaire auprès des élus car elle leur donne le pouvoir de choisir lentreprise adjudicataire, avec les facilités que ceci peut procurer, et elle atténue leurs responsabilités, notamment pénales. Il est toujours plus confortable dêtre donneur dordres que de faire soi-même le travail. Les banques de dépôt elles-mêmes sont un service public. Que des banques daffaires gagnent ou perdent des fortunes, cest leur problème quand elles jouent avec leur propre argent ou avec de largent qui leur a été confié par des personnes désireuses de jouer. Mais quelles mettent en péril la vie économique toute entière, quelles fassent perdre à leurs clients leurs économies, leur travail, leur logement ou leur retraite, cest rigoureusement inadmissible. Les sociétés nouvellement privatisées se sont lancées dans le mercantilisme, si ce nest lescroquerie, avec le zèle des néophytes. A la suite de la concentration monopolistique de certaines activités par les multinationales, certains ne manqueront pas de demander, non plus leur nationalisation devenue impossible, mais leur « mondialisation » pour laquelle la législation internationale est inexistante et la volonté politique des gouvernements nulle. Dans un champ libre et sans règles ne peuvent subsister que des féodalités sappuyant sur des forteresses. Cest ainsi que le pouvoir politique qui, en démocratie, appartient à tous est confisqué dans le système actuel par le pouvoir économique qui appartient à quelques uns. La logique de lintérêt des actionnaires poussée à ses limites aboutit à la disparition de tous les concurrents à lexception dun seul dans un monde où les barrières et les distances ont été abolies. Dans le meilleur des cas, il peut en subsister deux ou trois qui sentendent de façon occulte. Cette pseudo concurrence, qui ne profite quau marché de la publicité, sert avant tout à donner le change. Pour éviter cela, dans chaque domaine dactivité où il y a des profits excessifs, des tractations suspectes ou des soupçons dentente, une solution pourrait consister à conserver, racheter ou créer une entreprise nationale garante de la régularité des pratiques et de la vérité des prix et qui pourrait servir par ailleurs de laboratoire social. Cest particulièrement vrai dactivités dont le bon fonctionnement est vital pour la plupart des citoyens telles que la grande distribution, le système bancaire ou le système de santé. On pourrait songer également pour remplir ce rôle à des sociétés coopératives dont lobjet social serait défini dans ce sens. Il nest ni possible, ni même souhaitable dempêcher les professionnels dun même secteur de se parler. En cas dentente illégale dûment constatée lamende infligée pourrait contraindre un industriel à vendre son entreprise laquelle pourrait être alors, selon son importance, nationalisée ou confiée à une coopérative ouvrière. On ne peut pas dire que léconomie chinoise soit pénalisée du fait quelle ait conservé un grand nombre dentreprises publiques dans les secteurs les plus vitaux.
Songez que certains souffrent de la faim pendant que dautres luttent contre lobésité, que certains sont accablés de travail pendant que dautres sont privés demploi, que des SDF meurent de froid sous les fenêtres dappartements douillets et inoccupés. Sans le génie de Coluche ils mourraient de faim. Bien entendu les individus sont inégalement doués, mais les inégalités génétiques daptitude à la production de richesses ne doivent pas être très supérieures aux inégalités physiques que lon peut observer par ailleurs. Si on admet que la différence au départ est comme un et deux, les plus doués, encouragés par leurs succès, se perfectionneront tandis que les moins doués se décourageront. A la fin du processus les inégalités se seront fortement accrues. La société, bien loin de gommer ces inégalités, sapplique à les amplifier. Dans une société idéale, les plus doués aident les moins doués, ils ne cherchent pas à les exploiter. Le christianisme est clairement en faveur de laide, beaucoup de ceux qui se disent chrétiens ont tendance à loublier. On ne peut manquer dêtre frappé par lexistence simultanée de dépenses somptuaires extravagantes et de misères noires non secourues. La paupérisation croissante, non seulement des chômeurs, mais dun grand nombre de travailleurs de base ne résulte pas de circonstances physiques objectives, du moins dans limmédiat. On devrait normalement sattendre à ce que le progrès des techniques qui augmente la productivité augmente aussi dans les mêmes proportions la prospérité générale. En particulier la maîtrise des techniques issues de linformatique, passé la phase dapprentissage ce qui est aujourdhui à peu près le cas, améliore considérablement la qualité des produits et en réduit le coût. Les gains de productivité qui en résultent ne doivent pas être accaparés et gaspillés par le petit nombre des nantis. Au cours des dernières décennies la part des travailleurs dans la totalité des richesses produites a diminué de 10% tandis que celle captée par le système financier augmentait dautant. Il ny a que le 1% le plus riche de la population qui a vu son sort saméliorer durant cette période. Nous ne pouvons pas accepter les reculs actuels avec fatalisme comme on accepte une catastrophe naturelle. Cest purement et simplement une question dorganisation de la vie en société et de comportement des uns et des autres. Cest un défi que lintelligence peut et doit relever. On a pu mesurer après la crise de 1929 ce quil en coûte de ne pas le faire. Cette situation est dautant plus insupportable quil sagit dune conséquence directe de lenrichissement excessif et souvent frauduleux de certains agents économiques qui pourraient très aisément se passer de ce surcroît de richesse. La mondialisation permet de soustraire à limpôt des revenus qui y étaient auparavant assujettis, et les sommes correspondantes sont le plus souvent stérilisées par lusage qui en est fait. Il existe certainement des moyens pour mettre fin à cet état de chose. Si un monde sans émulation est triste et gris, un monde conçu comme un jeu de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Monopoly" Monopoly ou tout avantage acquis par le passé donne un avantage décisif dans la compétition à venir incitera toujours les joueurs malchanceux lors de leurs débuts à renverser la table de jeu. Quel serait lintérêt dune compétition sportive dans laquelle des points gratuits ou des points de pénalités seraient attribués aux joueurs en fonction du classement bon ou mauvais obtenu par leurs parents ? On imaginerait plus facilement de rééquilibrer les chances comme dans les courses à handicap. Les athlètes sont modestes parce quils ont tous les mêmes chances au départ. Il y a déjà suffisamment de différence entre les talents des uns et des autres. Il ne faut pas que la société en rajoute. La répartition des qualités naturelles suit une HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_normale" courbe de Gauss ou courbe en cloche. La plupart des gens disposent en conséquence de qualités moyennes mais les qualités « moyennes » de lhomo sapiens sont déjà très remarquables. Cest ce qui frappe souvent certains représentants des classes dites supérieures lorsque des circonstances exceptionnelles telles que guerre ou catastrophe naturelle les mettent en contact avec des représentants des classes les plus humbles/ Ils découvrent alors avec étonnement un courage, une noblesse dâme, une qualité de jugement, une résilience quils ne soupçonnaient même pas. Il paraîtrait relativement normal que la répartition des revenus et des patrimoines soit le reflet de la répartition des talents naturels, mais il nen est rien. Dans la plupart des sociétés la répartition des responsabilités et des revenus qui en découlent obéit au principe hiérarchique pyramidal nécessité par laction collective. Sa représentation comporte une pointe très effilée et une base très large. Les deux courbes ne peuvent donc se superposer. Il en résulte que peu de gens ont des responsabilités et des rétributions qui correspondent à leurs qualités naturelles mais que des gens en petit nombre ont plus et quun très grand nombre de gens ont moins que leur part légitime. Cest ce quon peut voir sur le graphique de la page suivante où la courbe des revenus (en rouge) est tassée vers la gauche par rapport à celle des qualités naturelles (en vert) sous leffet de la pression hiérarchique. Le phénomène est encore plus accentué quand on considère la répartition des patrimoines (en bleu) pour la raison que lépargne, ce qui reste du revenu après les dépenses courantes, croit proportionnellement plus vite que le revenu et saccumule au fil du temps et des générations. Chacune de ces courbes décrit la répartition de la population en fonction du paramètre considéré. Le petit schéma annexé indique que la surface dS (en grisé) représente la fraction de la population dont le paramètre caractéristique est compris entre p1 et p2. Laire comprise entre une des courbes et laxe horizontal représente donc la population totale. Aux imperfections près de cette représentation, les 3 aires sont égales. La courbe représentative correspondant aux patrimoines na pu être représentée en totalité car les 30% les plus pauvres possèdent moins de 1% de la totalité du patrimoine, ce qui envoie la courbe dans la stratosphère (tandis que les 10% les plus riches en détiennent la moitié). La vie économique ressemble au jeu de lassiette au beurre ; ceux qui sont près du sommet sy maintiennent aisément, mais ceux qui sen éloignent quelque peu sont irrémédiablement éjectés par la force centrifuge. Si lon examinait lévolution des revenus au cours des dernières années on constaterait que leurs courbes représentatives ne cessent de se tasser de plus en plus vers la gauche. Ces trois courbes à elles seules illustrent et expliquent le malaise profond de toutes les sociétés où un capitalisme libéral débridé a prospéré. Si un jour il apparaissait sur la courbe des patrimoines un creux au niveau des classes moyennes délimitant deux populations distinctes, lune riche et lautre pauvre, ce serait le signe que la société a changé de caractère, que, de démocratique, elle est devenue HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ploutocratie" ploutocratique. Dautres inconvénients majeurs seront apparus bien avant.
A loccasion de lélection présidentielle de 1995 à laquelle il était candidat Jacques Chirac a baptisé « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_sociale" fracture sociale » ce phénomène. Une fois élu il a malheureusement négligé den corriger les causes et les effets. Cest la richesse aujourdhui qui constitue le facteur principal de différenciation entre les individus, Lorsque cétait la force ou le talent militaire qui faisaient la différence, comme ceci a pu être le cas après la chute de lempire romain ou durant laventure napoléonienne, la fracture sociale a donné naissante à deux classes sociales spécifiques : noblesse dancien régime ou noblesse dempire dune part et tiers-état des citoyens ordinaires dautre part. Il restait le clergé pour assurer un minimum de cohésion sociale. Ce dernier est maintenant assez largement marginalisé dans ce rôle Il serait assez déprimant, deux siècle après labolition des privilèges, de constater lapparition dune nouvelle classe sociale liée à largent et se perpétuant grâce aux lois existantes sur les héritages.
Dans une organisation hiérarchisée la place si convoitée de N°1 est lune des plus faciles à occuper. La preuve en est que les monarchies, systèmes politiques particulièrement stables, se sont contentées de monarques dont lintelligence na jamais semblé très au dessus de la moyenne. Lesprit acéré su duc de Saint-Simon jugeait que Louis XIV, grand roi sil en fut, avait un esprit « au dessous du médiocre ». Certains rois furent même carrément fous sans que ceci conduise à remettre en cause le principe monarchique. Je crois quon peut en dire autant de beaucoup de gens très riches Il ny a nulle difficulté à occuper les meilleures places ; les occuper à la satisfaction générale, cest une autre paire de manches. Nest-ce pas dailleurs le même mot de fortune qui désigne le hasard et lextrême richesse ? Pour faire fortune, il existe trois moyens principaux en dehors des moyens clairement illégaux : le premier, honnête, mais difficile et aléatoire consiste à innover de façon positive, le second, un peu plus aisé et un peu plus sûr mais un peu moins honnête, consiste à rechercher les ententes pour se répartir les marchés ou instaurer un monopole, ce qui exige détablir une forme ou une autre de connivence. Le troisième qui couronne les deux premiers consiste à ne plus payer dimpôts en profitant de toutes les facilités ouvertes aux fortunes déjà constituées. Dés lors, la richesse se nourrit delle-même. Que resterait-il des plus grandes fortunes si lon en ôtait tout ce qui est dû aux héritages, aux intrigues matrimoniales, à la stratégie de lenfant unique, à la galanterie, à leffet « Monopoly », à la chance, à lévasion fiscale, à la spéculation, aux trafics en tous genres y compris de drogues et dêtres humains, à la corruption, aux promesses non tenues, aux accords occultes, au favoritisme, à labus de confiance, à la fraude, aux manuvres déloyales, aux pratiques anti-concurrentielles, à la violation des règlementations, aux informations piratées, aux commissions frauduleuses, aux interventions occultes, à lescroquerie, au mensonge, au chantage, au vol, au pillage, à la délation, aux enrichissements douteux suivant les privatisations, les nationalisations ou les malheurs de la patrie, à la collaboration avec lennemi, à la trahison de ses amis, quelquefois au crime ? Ces faits st méfaits sont effectivement ce quon découvre très souvent lorsque le hasard soulève un coin du voile. Pour senrichir aux dépens dautrui il faut évidemment le tromper. Je crois quune des méthodes les plus répandues et les plus efficaces consiste à feindre lamitié, ce qui endort la vigilance de la future victime, puis davancer ex abrupto la proposition scélérate. Prise au dépourvu et soucieuse de ne pas décevoir cette soudaine amitié, la victime choisie accepte la proposition et tombe dans le piège qui lui a été tendu. Pendant longtemps lusage de la violence a été le mode le plus habituel denrichissement. Il lest encore en bien des pays et en bien des circonstances (spoliation des juifs déportés par exemple). Connaissez-vous beaucoup dhommes riches qui aient éprouvé le besoin de raconter dans le détail la manière dont ils avaient fait fortune ? Même chez les américains pour qui la richesse na rien de honteux aucun ne la fait de façon marquante. Ce serait le plus souvent une longue liste de tromperies. Ma belle-mère qui avait pu constater, du fait de son activité professionnelle, les ravages provoqués dans les familles par les questions dargent priait pour que ses enfants ne deviennent jamais riches. Je ladjurai, mais en vain, de cesser ses prières
Ceci me rappelle une conversation que javais eue avec un ingénieur américain, fort sympathique au demeurant, avec lequel je travaillais en binôme. A la fin dun repas il me montre des photos de sa maison, de sa voiture, de son chien et de sa femme. Pour ne pas être en reste je sors de mon portefeuille une photo de mon épouse. Il la regarde et dit « Oh, elle est jolie ! » puis il me regarde plus attentivement et ajoute « vous devez être riche ! ». Alain faisait remarquer à juste titre quon se déplace volontiers pour applaudir un artiste, un sportif, un savant, un bienfaiteur, mais jamais pour saluer un homme riche. Il doit bien y avoir une raison à cette froideur. La raison, cest un doute raisonnable sur lorigine de sa fortune. Transformer la réalité par le travail, manuel ou intellectuel comporte des risques dont les plus malins savent sexonérer. On senrichit moins en créant soi-même de la richesse quen captant celle qui a été créée par dautres. Une justice immanente fait quil est heureusement beaucoup plus gratifiant de créer de la richesse que de se lapproprier. Lhomme riche est un malin et quand on parle de malin, le Diable nest pas loin ! Malgré lintérêt évident que ceci pourrait présenter pour leur entreprise les dirigeants ne font jamais pratiquer de tests de quotient intellectuel à leurs salariés de peur quon ne leur demande de sy soumettre également. Il y a très peu de discussions paritaires à linitiative du patronat sur lorganisation du travail de peur de constater que les salariés ont daussi bonnes idées que les patrons. Vous avez le droit davoir de bonnes idées dans une entreprise à condition que le patron puisse en revendiquer la propriété. Si les créateurs qui réussissent savent forcément de quoi ils parlent, il nen va pas toujours de même de leurs héritiers. Pour les héritiers désargentés lesbroufe, lintimidation et lescroquerie restent encore les plus sûrs moyens de senrichir rapidement. Vous apprendrez quuntel a fait fortune pour avoir acheté sur un quai de gare le manuel dun auteur américain expliquant comment on peut réussir dans la vie en se rangeant toujours du côté du plus fort ! Deux tempéraments dés lors sopposent : ceux qui courtisent tous les pouvoirs dans lespoir dêtre cooptés et ceux qui préfèrent rester en retrait pour conserver leur autonomie de jugement. Comme disait Fénelon : « Les princes ont un pouvoir infini sur ceux qui les approchent ; et ceux qui les approchent ont une faiblesse infinie en les approchant. » Labsence déthique est une cause majeure denrichissement pour qui sait dissimuler. Je nen veux pour preuve que les salaires et avantages exorbitants que sallouent sans aucune retenue les dirigeants des grandes sociétés au moment même où ils demandent à leurs employés de réduire leurs salaires, voire de prendre la porte. Cette attitude, rémunératrice pour celui qui ladopte, est ruineuse pour laction collective attachée au maintien des équilibres. Lun des premiers devoirs des états est de lutter contre la concentration spontanée mais excessive des fortunes et des pouvoirs. Lopinion publique le sait bien qui est toujours du côté de guignol contre le gendarme, symbole de labus de pouvoir toujours menaçant.
La guerre a disparu, du moins pour le moment, dans les pays développés et nul ne sen plaindra, et les révolutions sont passées de mode. Ce sont toutefois ces bouleversements qui brassaient les biens et les personnes et leur disparition laisse à la société le temps de se décanter. Comme dans toute décantation il se produit une stratification. Ajoutez à cela les inégalités croissantes engendrées par la technologie qui privilégie lexcellence mécaniquement reproductible et un libéralisme conçu comme celui du renard dans un poulailler. Toutes ces causes réunies conduiront un jour ou lautre à un véritable système de castes, de fait sinon de droit. Un système ploutocratique où largent permettra tout et excusera tout. Un système où les plus riches vivront entre eux dans des zones sécurisées coupées du reste du monde et se déplaceront entre ces zones dans des 4-4 blindés surpuissants ou des hélicoptères, et où les plus pauvres seront tenus à lécart dans des ghettos gouvernés par la violence et le fanatisme religieux. Ces ghettos, dont nous avons déjà un avant-goût, sont pourtant les plus grands réservoirs dune énergie qui ne demande quà sexprimer. Cest certainement là que se situe lavenir. Les trois personnalités les plus appréciées de français taxés souvent de racisme sont un métis, un noir et un kabyle. Cherchez lerreur. Certains réactionnaires impénitents ont la nostalgie dun monde où la richesse conférait la noblesse, permettait déchapper à limpôt et donnait aux votes un poids prépondérant. Nous retournerons inévitablement à cette situation si nous ne réagissons pas. Avons-nous oublié les drames qui se sont produits lorsque nous nous sommes débarrassés de lAncien Régime ? Quelle sera la place de lhomme pauvre lorsque des machines intelligentes feront tout mieux que lui et pour moins cher ? Quelle sera celle du violoniste lorsquun robot exécutera à la perfection, de jour comme de nuit et pour trois fois rien, toutes les uvres du répertoire, celle du Grand-maître déchecs battu par une petite boite tenant dans la poche, celle du polytechnicien payé au SMIC
Songez à la montée en puissance dimmenses pays, avides comme nous de produire et de consommer, et pas plus préoccupés que nous des conséquences. Dans létat actuel des techniques il est difficilement concevable que les populations de lInde et de la Chine adoptent le mode de vie occidental sans épuiser rapidement la planète Terre. Songez aussi aux innombrables pays où règnent la famine, les maladies épidémiques et endémiques, loppression et la concussion, les guerres tribales ou religieuses, les guerres extérieures ou intestines et les exactions de toutes sortes, ces pays qui ont été distancés dans la course au progrès et que lusage de la violence aveugle peut tenter. Ce sont leurs ressortissants à bout despoir qui viennent buter sur les barrières de fils barbelés édifiées à la hâte aux frontières du monde développé. Le problème que posent ceux qui sont parvenus à les franchir ne comporte pas de solution satisfaisante à court ou moyen terme. Vous remarquerez que ceux qui supportent le moins bien leur présence sont souvent, contrairement à toute logique, des personnes seules, des ménages sans enfants ou des habitants de régions reculées sans immigration notable. Ils me font penser à ces naufragés qui repoussent à coups de rames ceux qui veulent monter à bord de leur chaloupe. Nul ne devrait avoir le droit de se plaindre de limmigration qui nait fait au moins trois gosses ! Certes beaucoup préfèreraient que nos banlieues soient peuplées de bretons et dauvergnats mais il se trouve que les bretons et les auvergnats nont pas fait suffisamment denfants ce qui a obligé les entrepreneurs à rechercher ailleurs la main duvre dont ils avaient besoin. Aucun pays ne peut accueillir toute la misère du monde. La sainteté ne peut être rendue obligatoire. La plupart dentre nous répugnent à voir expulsées des familles immigrées déjà installées, mais peu souhaitent un fort accroissement de leur présence. La générosité de notre accueil dépend d'un équilibre entre notre désir de résoudre leurs difficultés et celui de ne pas nous en créer à nous-mêmes de trop importantes. Le point déquilibre dépend de lappréciation de chacun et il faut en la matière éviter les anathèmes. Ceci dit il nest pas tout à fait équivalent de limiter limmigration en sexcusant davoir à le faire ou de sen glorifier en jetant lopprobre sur les nouveaux arrivants et lon a déjà connu des procédés plus élégants que celui qui consiste à se refaire une santé électorale en tapant sur la tête des plus malheureux, On a pu constater au cours de lhistoire que cest rarement en vain que lAutorité Suprême fait appel aux instincts les plus vils de la multitude. Que beaucoup en soient encore là après deux mille ans de christianisme ne plaide pas en faveur de lefficacité pratique de cette doctrine. Les nouveaux arrivants ont une tendance naturelle à se regrouper par affinités. Cette tendance est bien entendu exacerbée sils se sentent rejetés par la société où ils cherchent à se faire une place. Ils se réfugient alors dans un communautarisme ethnique ou religieux quil serait mal venu de leur reprocher. Accorder le droit de vote aux étrangers en situation régulière, cest faire un geste en faveur de leur intégration et donc lutter contre le communautarisme. Nous devons tirer vers le haut les populations immigrées déjà établies de crainte quelles ne nous tirent vers le bas et traiter de préférence sur place la misère endémique. Limmigration choisie, si elle nest pas dabord un contrat de formation complémentaire limité dans le temps, est la plus égoïste de toutes les solutions car elle prive de leurs rares compétences les pays qui ont assumé les frais de la formation initiale de leurs élites. Un bilan économique honnête reste à faire en ce qui concerne la présence des immigrés sur notre sol. Certes certains les accusent de profiter de notre système de protection sociale mais la comparaison doit être faite entre un immigré qui arrive en France à vingt ans et repart à soixante avec un français de souche exerçant la même activité. Il faut observer que le travailleur immigré a certainement coûté globalement moins cher à la communauté nationale puisquil na pas fallu lélever et quil ne sera pas nécessaire dassurer intégralement ses vieux jours. Attendons que laccroissement du coût de lénergie rende les pays du Sud plus attrayants, ce qui permettra à un rééquilibrage de sopérer naturellement. Il faudra bien en effet se rapprocher du soleil lorsque celui-ci sera devenu une des dernières sources dénergie disponibles.
Songez aux activités qui gonflent la richesse apparente des nations mais sont sans profit réel pour les individus. En voici quelques exemples :
produire des articles de luxe qui coûtent dix ou cent fois leur valeur dusage (à moins quils ne constituent un banc dessai pour des productions moins élitistes). Préparés avec de bons produits, lomelette aux fines herbes et le filet de hareng pommes à lhuile seraient unanimement considérés comme des sommets de la gastronomie sils étaient vendus au prix de la truffe et du caviar !
consacrer des sommes importantes à la publicité, payée in fine par le consommateur, alors que les informations se voulant objectives restent payantes. Cest la même disproportion qui existe entre la surabondance dune littérature dinspiration religieuse et la rareté et la confidentialité des ouvrages dinspiration rationaliste. Les rêves glorieux sont toujours privilégiés par rapport à la triste réalité des choses. La plupart des publications commerciales et des encarts publicitaires vont directement de la boite aux lettres à la poubelle, et cest pour ce résultat quon rase des forêts. En favorisant une consommation sans réelle nécessité la publicité se révèle être lennemie à la fois du bien-être et de lenvironnement.
prodiguer des soins médicaux et autres dans le seul but de corriger les maux suscités par les désordres de lactivité économique elle-même. On met la pression sur le salarié dans lespoir de le rendre plus productif, mais la crainte le paralyse, lui fait commettre des sottises, éventuellement des malhonnêtetés, ou bien le rend malade. En font les frais les entreprises elles-mêmes, leurs clients, le salarié bien entendu et la collectivité par le biais des différentes formes dassurances. Or le salarié comme jadis le poilu est le plus souvent plein de courage et de bonne volonté. Il suffit de le mettre en confiance en étant loyal avec lui et de bien le former, linformer, le guider et le complimenter quand il le mérite. Il faut aussi lui laisser suffisamment de liberté dans lexécution pour quil prenne son travail à cur. Quand il sagit de jouer la 9ème symphonie de Beethoven il ny a pas de feignants dans lorchestre. Les difficultés actuelles de lindustrie française sont dues pour unir bonne part au fait que ses dirigeants nont pas toujours su entretenir avec leur personnel des relations suffisamment confiantes.
- dépenser des fortunes pour assurer la sécurité de biens ou de personnes quil vaudrait mieux éviter de mettre en péril.
construire des résidences qui restent vides, des bateaux qui restent à quai, des voitures surpuissantes et des véhicules tous-terrains pour des chaussées quasi parfaites où la vitesse est limitée. Faire construire un luxueux chalet à Courchevel et passer lhiver aux Maldives
Les rivages espagnols ont vu se multiplier des résidences touristiques fort bien conçues, fort bien réalisées, mais où il ny a pas âme qui vive. Qui va payer laddition ?
construire des millions de mètres carrés à La Défense et délocaliser aux Indes lactivité bureautique
construire à grands frais sur le site de Tolbiac la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8que_nationale_de_France" \l "Site_de_Tolbiac_.28Fran.C3.A7ois-Mitterrand.29" Très Grande Bibliothèque alors que les documents et ouvrages qui y sont entreposés peuvent être numérisés et rendus ainsi instantanément accessibles à tous et en tous les points du globe
transporter inutilement des personnes ou des marchandises. Le coût du transport de celui qui se rend à son travail est comptabilisé dans sa richesse supposée alors que ce transport réduit sa richesse réelle en réduisant son temps libre. Pourquoi faut-il que les retraités et tant dautres se ruent sur les voyages lointains, grands consommateurs de kérosène, alors que les plus beaux voyages se font dans la tête et dans le cur, ou à la voile ? Manda et HYPERLINK "http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=1103.html" Casque dOr allant faire une promenade en barque sur la Marne étaient-ils moins heureux que les amoureux qui font aujourdhui le tour du monde ? Est-on huit fois plus heureux sur un yacht de soixante mètres que sur un yacht de trente parce quil coûte huit fois plus cher ? Je suppose que son propriétaire lest en réalité moins car il doit se donner la peine de montrer quil est au moins deux fois plus heureux sur le plus grand que sur le plus petit ! « En ce temps de vacances, le monde est plein de gens qui courent dun spectacle à lautre, évidemment avec le désir de voir beaucoup de choses en peu de temps. Si cest pour en parler, rien de mieux ; car il vaut mieux avoir plusieurs noms de lieux à citer ; cela remplit le temps. Mais si cest pour eux, et pour réellement voir, je ne les comprends pas bien. Quand on voit les choses en courant, elles se ressemblent beaucoup. Un torrent, cest toujours un torrent. Si je vais de torrent en torrent, je trouve toujours le même torrent. Mais si je vais de rocher en rocher, le même torrent devient autre à chaque pas. » Alain, Propos. Pourtant mon grand-père maternel, arrivé à Paris de son Berry natal tiré par des chevaux et qui avait vu les premiers pas de lhomme sur la lune, qui avait connu deux guerres mondiales et qui en voyait une troisième se profiler à lhorizon, jugeait que les voyages de ses petits-enfants dans les pays dEurope et du monde apportaient à la paix leur petite pierre. Je crois quil avait raison, surtout lorsque ces voyages ont été effectués sac au dos. Ce qui doit frapper lors de ces voyages, ce ne sont pas les différences pittoresques mais, au-delà des apparences, les ressemblances profondes. Pourquoi ne pas remplacer les innombrables conférences, séminaires, et autres symposiums par des téléconférences et des échanges de documents plus efficaces et moins dispendieux ? Pourquoi ne pas considérer pour toutes les professions tertiaires qui sy prêtent que le télétravail est la règle et les rendez-vous au siège ou chez les clients lexception ? Les contacts dhomme à homme peuvent mettre de lhuile dans les rouages, bien entendu, mais ils ne sont véritablement indispensables que pour conclure des ententes illégales ou des pactes de corruption. La négociation la plus profitable est évidemment celle où lon a réussi à acheter le négociateur den face.
considérées du point de vue de Sirius la palme de linutilité et même de la nocivité revient sans conteste aux dépenses militaires
La force de travail nécessaire pour produire les biens est de plus en plus réduite. Celle qui est utilisée pour se disputer les fruits de la production ou pour se livrer à des activités périphériques est de plus en plus importante. Depuis un certain temps déjà les gains de productivité ne profitent plus quaux détenteurs de capitaux et aux spéculateurs dans la plupart des pays développés. Aux Etats-Unis, sur les trente dernières années, les gains de salaires ont pris 15% de retard sur les gains de productivité. La différence a pour conséquence lendettement des classes moyennes et lenrichissement sans mesure des classes les plus favorisées. Cest, oubliant deux millénaires de christianisme et deux siècles de luttes syndicales, un retour à la loi du plus fort. On ne voit pas bien lintérêt quil y a à faire connaître à toute une génération les affres de linsécurité, de la précarité et du manque de logements, la dissuadant ainsi dassurer le renouvellement normal des générations. On ne voit pas bien lintérêt quil y a de donner raison à Marx à titre posthume. Ceux qui pourraient apporter les remèdes ne sont pas bien évidemment ceux qui souffrent de tous ces maux. Lindustrie, la grande oubliée en France des trente dernières années devrait être défendue pied à pied. Or il semble que lon trouve plus facilement de largent pour soutenir lactivité culturelle que pour soutenir lactivité industrielle, pour sauver une église, un château, un festival que pour sauver une usine et les emplois qui vont avec. Il arrive de plus en plus souvent quune activité industrielle disparue soit remplacée par le musée qui lui est consacré. Faute dindustrie, le sous-développement ne tardera pas à sinstaller. Un emploi industriel qualifié et un emploi de livreur de pizza ou daide ménagère ce nest pas la même chose, même si ces différentes activités sont équivalentes pour les statistiques du chômage. De la même façon il nest pas équivalent dinvestir dans un outil de travail ou dans une Marina pieds dans leau. Ce nest pas grâce aux petits boulots quon pourra régler les factures de pétrole, de gaz, de matières premières ni celles de tous les produits de haute technologie que nous avons cessé de fabriquer. Celui qui a un emploi industriel ou lié à la construction est généralement plus content de son sort quil ne veut bien le dire car il satisfait ainsi ses instincts dhomo faber et participe avec ses camarades à une uvre collective qui lui fait honneur. Les salariés de lindustrie et du bâtiment sont en conséquence peu syndiqués et donc mal défendus. Dans les confrontations ces salariés sont toujours perdants faute dun syndicalisme suffisamment puissant, uni et responsable. Faute aussi de temps et dargent. Pourquoi lagriculture a-t-elle été par comparaison privilégiée ? Pourquoi les syndicats paysans peuvent-ils se livrer impunément aux manifestations les plus violentes et obtenir satisfaction quand dautres, par les mêmes moyens, ne récoltent que des charges de CRS ? Parce que les paysans votent « bien » alors que les ouvriers votent « mal » ! Pourquoi est-ce lentement en train de changer ? Parce que le poids démographique et donc électoral des paysans sest effondré ! Le milieu agricole se scandalise dêtre jeté dans le grand bain de la compétition internationale; il oublie que le monde industriel est depuis longtemps confronté à cette même situation. Le pouvoir dissuasif des ouvriers a pratiquement disparu, celui des paysans sest affaibli, celui des professions intellectuelles sécroulera dés que lintelligence artificielle aura atteint un niveau de développement suffisant. Les ouvriers seront remplacés par des robots, les fonctionnaires par des ordinateurs, les experts de chair et de sang par des experts en silicium. Ne subsistera à terme si nous ne réagissons pas quune poignée de détenteurs de capitaux assistés de quelques personnels hyper qualifiés qui régneront sur une armée de traîne-savates vivant de la charité publique et soccupant à amasser des fortunes imaginaires, gagner des batailles virtuelles et gouverner des empires fictifs sur leur console de jeu ! Les procédés de fabrication ont fait de tels progrès quil faut maintenant axer les efforts non sur la production mais sur la répartition des marges dégagées entre les riches et les pauvres laquelle conditionne les possibilités de commercialisation des différents produits. Si rien ne vient entraver ces progrès les problèmes de répartition deviendront beaucoup plus faciles à résoudre compte tenu de la prospérité générale. Il ne sera plus nécessaire dappauvrir les riches mais seulement déviter quils ne senrichissent davantage. Sans compter, et les précédents conflits armés sont là pour nous le rappeler, quil existe dénormes réserves de main duvre, de productivité et de créativité qui dorment, mais qui pourraient être mobilisées si le besoin sen faisait sentir. La faiblesse des taux dintérêts actuels traduit limmensité des ressources financières immédiatement mobilisables. Lampleur du taux de chômage actuel traduit la pléthore de travailleurs disponibles. Il y aurait suffisamment de richesses pour tous si toutes les occasions de gâchis étaient éliminées et si tous pouvaient se mettre au travail sans entraves. Cest à quoi toutes les institutions devraient consacrer lessentiel de leurs efforts. Elles se contentent de procéder à un traitement social du chômage qui est forcément limité dans le temps et dont le financement est reporté sur les générations futures. Un certain égalitarisme semble aujourdhui nécessaire pour diminuer lagressivité des individus. Naguère indispensable à la survie dune humanité faible et clairsemée vivant dans un monde hostile cette agressivité est devenue nuisible et dangereuse pour la survie dune humanité proliférante et surpuissante. Or, lhomme daujourdhui est fondamentalement le même quil y a 20.000 ans même si ses conditions dexistence nont plus rien à voir. La vitesse dévolution des technologies et la vitesse dévolution du génome humain ne sont pas du même ordre de grandeur. Lhumanité na pas eu le temps de sadapter génétiquement à ses nouvelles conditions dexistence. Doù lampleur des efforts déducation à consentir pour combler cet écart en modifiant les comportements. Imaginez les économies quil serait possible de faire si ces efforts aboutissaient à pouvoir se passer darmée, de police, de justice. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Imagine_(chanson)" Imagine, Imagine
Une autre raison plus cachée du freinage de lactivité économique provient de la crainte, consciente ou non, dépuiser les ressources naturelles et dendommager encore plus gravement lenvironnement si la production était débridée. Doù la nécessité pour régler les problèmes économiques de régler auparavant les problèmes denvironnement et de pérennité des ressources naturelles, notamment énergétiques. Ces problèmes réglés, les entrepreneurs pourraient faire preuve de moins de frilosité et de plus de solidarité confraternelle en se montrant plus généreux avec leur personnel, car les salariés des uns sont les clients de tous les autres. La part des rémunérations liée à la prospérité de lentreprise pourrait de ce fait être considérablement augmentée, de façon analogue à ce qui se pratique à bord des bateaux de pêche. Le capitaine et les marins sont sur le même bateau ce qui les rend solidaires. Alain faisait déjà remarquer que pendant la guerre la dignité du matelot était mieux respectée que celle du fantassin. Il ne serait pas plus absurde de distribuer uniformément les stock-options aux salariés quil ne lest de donner aux citoyens des pays démocratiques le même droit de vote. Il nest pas dit que cette forme de distribution serait moins favorable aux actionnaires, car la prospérité dune entreprise dépend tout autant, sinon davantage, des multiples microdécisions prises par son personnel que des orientations générales choisies par ses dirigeants. Pour gagner une course hippique il faut que le cheval en ait autant envie que le cavalier ! Les dirigeants sportifs qui organisent les rencontres et soccupent de la partie financière sont-ils plus importants pour un club que les joueurs qui sont sur le terrain ? Ces modes de répartition motivants sont une garantie que tout le monde tire dans le même sens et que ceux qui ne le font pas sont rappelés à lordre par leurs petits camarades. Avec de telles dispositions les tâches inutiles ou insuffisamment efficaces auraient tôt fait dêtre repérées et supprimées. Le succès des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_coop%C3%A9rative_de_production" sociétés coopératives de production qui sinspirent de ces principes est encourageant. Ce type dorganisation est à rapprocher de celui adopté pour certains grands projets scientifiques où il ny a pas de direction au sens habituel du terme mais uniquement des structures de décision qui ont pour but de retenir les meilleures solutions, sans référence aucune aux rangs et aux titres de ceux qui les ont proposées. Ceci revient à introduire des règles démocratiques dans le fonctionnement des entreprises. Les sociétés renflouées par lEtat, les sociétés dépendant dune holding où a été concentré lessentiel des capitaux et les sociétés publiques en voie de privatisation devraient adopter ce statut quand cest possible. Ce partage de la valeur ajoutée entre les détenteurs du capital et les salariés devrait être étendu aux ressources affectées aux investissements et donner lieu à la création dactions nouvelles au profit des salariés. Les salariés se sentiraient en effet lésés par tout investissement qui augmenterait la valeur de loutil de travail au seul bénéfice de ses propriétaires. Ils seraient donc hostiles par principe à lachat de nouveaux équipements et ne les accepteraient que de mauvaise grâce. Avec les nouvelles règles proposées pour la répartition de la valeur ajoutée le patriotisme dentreprise pourrait renaître et, en cas de difficultés, les salariés accepteraient de se serrer la ceinture plutôt que de voir certains de leurs collègues jetés à la rue. Une société pourrait disparaître, non parce quelle aurait fait faillite, mais parce quelle naurait plus trouvé de travailleurs désireux de partager son sort. La toute puissance dhéritiers plus ou moins compétents, plus préoccupés de leurs problèmes de succession que des problèmes de direction de lentreprise comparée à labsence de tout droit de salariés qui y ont consacré le meilleur de leurs capacités pendant toute une vie de travail, paraît comme une survivance de lAncien Régime, sans même parler du cas où, du fait de lage ou de la maladie, le détenteur de lautorité légale nest plus capable de lexercer. Il a quelques raisons de sindigner celui à qui on vient de refuser dix centimes daugmentation de son salaire horaire et qui saperçoit quon a fait cadeau dun milliard à un escroc de haut vol. A ces difficultés déjà considérables sajoute chez certains acheteurs un déplorable snobisme qui consiste à préférer des produits étrangers à des produits autochtones de qualité comparable. Je me demande si, dans lesprit de certains de ces acheteurs il ne sagit pas de la joie mauvaise de punir une classe ouvrière qui a limpudence de réclamer sa juste part. Avec de grandes inégalités les français nont jamais été en moyenne aussi riches. Ils nont pourtant jamais été aussi nombreux à se sentir menacés de tout perdre. Comment se résigner à un tel paradoxe ? Il paraît à peu près évident que le chômage disparaîtrait en cas de guerre, mais à qui déclarer la guerre ? Au chômage pardi ! A quoi utiliser les chômeurs qui sont volontaires ? A la réhabilitation de lhabitat, des infrastructures, des sols, de lair et des eaux, des espaces naturels et des paysages, à laccueil des étrangers, bref à tout ce qui peut donner dun pays une image positive et conviviale mais souffre dune rentabilité trop diffuse pour pouvoir être financée par des moyens conventionnels. Une telle image est tout à fait indispensable pour un pays comme la France qui a une vocation touristique affirmée. Les chômeurs pourraient aussi être mis partiellement à disposition de ceux qui travaillent pour les aider dans lentretien et lembellissement extérieur de leurs demeures, ce qui profite à tous, ou encore contribuer à la prise en charge des personnes âgées, à la sauvegarde des biens et des personnes et, pour ceux qui ont les qualifications nécessaires, au soutien scolaire des élèves en difficulté.
Reprendre largent accaparé abusivement par les plus riches sans quils bloquent le système et le donner aux plus pauvres est une façon de réamorcer rapidement la pompe de léconomie. Cest plus facile à dire quà faire. Geler ou même effacer les dettes est un autre moyen plus facile à mettre en uvre, mais son équité est discutable. Qui dit emprunteur dit aussi prêteur et cest probablement dans cette direction quil faut rechercher la solution. Il faudra bien, dune manière ou dune autre, débusquer largent là où il est pour relancer la machine économique. La bataille semble inégale entre un monde politique aux abois et un monde financier toisant tous les autres pouvoirs assis sur son tas dor. Cest pourtant le défi qua relevé le petit peuple islandais et quil semble sur la voie de gagner. Le monde financier ne doit pas se conduire comme en terrain conquis en oubliant que ce nest pas lui qui dispose de lappareil dEtat en général et de la force publique en particulier.
On ne peut espérer le salut dune relance financée par augmentation des dépenses publiques pour au moins deux raisons :
les états vidés de leur substance au profit dintérêts privés nont plus les ressources nécessaires
cette méthode a montré ses limites au cours de la grande dépression de 1929 car il na pas fallu moins quune guerre mondiale pour en sortir définitivement. Compte tenu de lévolution des armements ceci voudrait dire que les pays riches et nucléarisés devraient écraser sous les bombes les pays pauvres et dépourvus de larme atomique. Cest ce qui se pratique actuellement mais à une échelle insuffisante
On ne peut espérer le salut dune relance financée par augmentation des impôts car, disent les bons apôtres, les plus gros contribuables partiraient à létranger. On peut faire plusieurs objections à cette thèse :
la plus évidente est quelle porte un mauvais coup à la justice sociale
la seconde est que la diminution des impôts réalisée en France dans les dernières années na pas fait revenir les contribuables déjà partis. En fait lhémorragie continue
la troisième plus cachée est quen maintenant les impôts au niveau actuel la richesse des plus riches ne cesse de saccroître, donc le nombre des candidats à lexil, donc le nombre des fraudeurs et le montant de la fraude. Si au contraire on les dépouille, ils nauront plus de raison de sexpatrier !
Les riches perdraient leur motivation disent certains. Ce nest pas sûr car lenrichissement personnel nest heureusement pas la seule motivation de ceux qui recherchent lexcellence. On peut même dire que des chiens efflanqués courent plus vite que des chiens trop bien nourris. Jadore ces rencontres ou onze vedettes surdouées, surentraînées et surpayées sont tenues en échec par onze amateurs animés seulement par lamour du jeu. Mozart et Balzac auraient-ils produit autant de chefs-duvre sils navaient été poursuivis par la meute de leurs créanciers ? Il est prudent de tenir les créateurs à labri des soucis matériels trop prégnants et la gestion dune grande fortune en est un. Cest faire injure aux plus prospères que daffirmer quils ne travailleraient pas aussi dur sils étaient moins bien payés. Cest pour une question de prestige quils ne veulent pas être moins bien payés que les autres dirigeants qui ont des responsabilités comparables. Les salaires extravagants sont une mode assez récente, liée en fait à la chute du communisme. Ce qui est sûr cest que les inégalités de revenu excessives dégoûtent et démoralisent les moins riches qui sont de loin les plus nombreux.
Certains se sont émus du sort des sportifs et des artistes en raison de la brièveté ou du caractère aléatoire de leur carrière. Cette inquiétude nest pas tout à fait dénuée de fondement, mais elle peut être facilement apaisée si on donne à ces professionnels de lart ou du sport la possibilité de déposer sur un compte les sommes quils peuvent économiser durant la période la plus fructueuse de leur carrière. Ces sommes ne seraient pas taxées lors du dépôt et le compte pourrait être géré comme un compte épargne. Elles pourraient être ensuite récupérées à la demande selon les besoins du détenteur du compte et seraient alors considérées comme un revenu et taxées en conséquence. Les hauts dirigeants dentreprise qui se sentent exposés à des accidents de parcours pourraient bénéficier du même dispositif. Les gros salaires aussi ont droit à la sécurité.
Pour surmonter la crise le recours à linflation via la planche à billets ou ce qui en tient lieu semble pour le moment exclu car trop contraire à la sensibilité allemande, mais les choses peuvent changer. Quest-ce qui empêche la banque européenne démettre des Euros comme la banque fédérale américaine émet des dollars ? Cest en définitive la seule méthode qui paraisse praticable parce que la moins douloureuse et la moins injuste. Elle ne pénaliserait, encore nest-ce pas sûr, que ceux qui ont des avoirs importants en Euros. Ils ne figurent pas parmi les plus malheureux Il résulte des considérations précédentes quil est impossible de résoudre léquation économique actuelle sans en changer au moins un des termes, cest à dire sans une forme ou une autre de révolution redistributrice... Même si lidée peut être formulée de façon moins provocante, cest bien dans leur propre intérêt quil faut voler les riches. Ne seront-ils pas heureux de voir leurs produits sapprécier de nouveau, leurs chaînes de production redémarrer à pleine capacité ? Est-ce que ceci ne vaut pas mieux pour eux que de constater quil y a des armes dans les banlieues et des gens disposés à sen servir ? Cest de nouveaux Robins des Bois dont nous avons besoin ! Des milliardaires se sont chargés de renforcer ce point de vue en réclamant dêtre imposés davantage ! Ils se sont rendus compte que leur intérêt à long terme était que le système qui leur a permis de prospérer reste supportable pour le plus grand nombre. Comment peut-on hésiter entre la mauvaise humeur passagère dune personne fortunée à qui on retire quelques-uns de ses jouets les plus coûteux et la détresse de familles entières que sa fortune permettrait de secourir ? Le véritable critère de la richesse consiste à ne plus payer dimpôts dans le pays qui a fait les frais de votre éducation et qui vous a mis le pied à létrier. La liste de ceux qui sexonèrent ainsi de leurs obligations contributives ne devrait-elle pas être rendue publique ? Ne devraient-ils pas faire lobjet dune sorte dembargo ? Ne pourrait-on écarter des appels doffres publics les entreprises dont les actionnaires principaux se sont fiscalement exilés, comme ce fut fait après la guerre pour les entreprises dont les propriétaires sétaient engagés dans la collaboration avec loccupant ? On ne peut cependant leur reprocher de chercher à échapper à ce quils ressentent comme une spoliation. Les menaces proférées à lencontre de ces contribuables fraudeurs auront pour seul effet en labsence dune législation internationale contraignante soit de les faire partir, soit de faire tourner leurs fortunes entre les divers paradis fiscaux les rendant ainsi insaisissables. Les services fiscaux des différents états seront toujours en retard dune astuce financière sur les sociétés multinationales tant quune autorité internationale largement reconnue ne sera pas parvenue à contrôler les principaux flux financiers et à unifier toutes les règles. Une autre approche serait doffrir des compensations aux contribuables les plus sollicités. Ces compensations pourraient être honorifiques sous forme de décorations, de fondations diverses portant leur nom, détablissements charitables parrainés, etc. Enfin on pourrait envisager détablir quelques HYPERLINK "http://translate.google.com/" \l "fr|en|De%20fait%20la%20religion%20qui%20pr%C3%A9sente%20comme%20r%C3%A9eles%20des%20histoires%20invent%C3%A9es%20pr%C3%A9pare%20le%20terrain%20au%20politique%20qui%20lui%20aussi%20est%20tenu%20de%20d%C3%A9guiser%20la%20%20r%C3%A9alit%C3%A9%20pour%20maintenir%20son%20emprise%20sur%20les%20esprits.%20" lois somptuaires, par exemple exempter dimpôts la construction de logements sociaux de sorte que ça devienne une activité profitable de construire et de gérer ce type dhabitat et au contraire renforcer les taxes sur tous les produits de luxe. Il se trouve que les actions susceptibles dêtre efficaces sont incompatibles avec les règlements européens actuels. Il faut donc changer la Communauté Européenne ou la quitter.
Les hommes politiques veulent entretenir lillusion auprès de leurs électeurs quils peuvent réellement influencer la performance économique nationale dans un monde libéralisé alors quils se sont débarrassés des quelques outils dont ils disposaient. Incapables de renflouer les caisses de lEtat et de remplir les poches de leurs concitoyens, ils en viendront bientôt à reprendre à leur compte la boutade de Coluche : « Ecrivez-nous ce dont vous avez besoin et on vous expliquera comment vous en passer ». En réalité, le fond des choses leur échappe toujours car il se résume pour un industriel à ces seules questions : comment produire plus et mieux pour moins cher, comment neutraliser la concurrence, comment soustraire les marges dégagées à la voracité de limpôt ? Ils feraient peut-être mieux de dire aux représentants du monde économique « Messieurs, la productivité, cest votre affaire ! » Cest là où une entreprise ayant létat pour actionnaire principal pourrait jouer un rôle pilote en assurant un lien technique et commercial au sein de chaque profession et en prenant en charge certaines recherches communes. Ce serait la contrepartie de ce quelle naurait pas, ou peu, la charge de rémunérer son actionnaire. Ce nest pas une loi qui peut rendre plus intelligents ou plus efficaces les différents agents économiques, mais elle peut les inciter à coopérer.
Quont-ils donc dans lesprit ceux qui, à la tête de grands pays développés, les privent de ressources en favorisant leur clientèle par des largesses fiscales, laissant filer ainsi la dette publique au delà du raisonnable ?
- « Après nous le déluge ».
« Nous sommes tenus de tenir les engagements que nous avons pris à légard des catégories sociales influentes qui nous ont ouvert la voie du pouvoir.
« Nous sommes dans les mains de lobbies confessionnels, pétroliers, patronaux, financiers, mafieux » (supprimer les mentions inutiles dans chaque cas particulier»).
« Nous représentons moins les intérêts de notre pays que ceux de ses créanciers »
« Le pays est surendetté, cest une affaire entendue mais, grâce à nous, leau, le gaz et lélectricité nont pas encore été coupés».
- « Les évènements ont échappé à notre contrôle, nous en sommes sincèrement désolés ».
- « Nous avons atteint notre niveau dincompétence car nous sommes fâchés avec les chiffres. Nous appartenons à la nouvelle école des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sophiste" sophistes ; notre domaine dexpertise est celui de la controverse et de la manipulation des esprits ».
- « Nous laissons aux générations futures le soin dapurer la dette »
- « Les sommes empruntées ne seront jamais remboursées, ou le seront en monnaie de singe ».
« Cest la façon pour les puissances financières dont nous défendons les intérêts de contrôler étroitement le pouvoir politique, de faire en sorte que tout pouvoir concurrent du nôtre ne puisse se maintenir durablement car il se brisera inéluctablement sur le mur de largent ». Cest ce qui peut menacer le président Obama à plus ou moins long terme. En réalité, le danger pour les Etats-Unis vient plus des désordres sociaux que de la guerre étrangère ou du terrorisme. Une guerre civile aux Etats-Unis serait particulièrement meurtrière car beaucoup des citoyens de ce pays sont armés jusquaux dents. La crise économique ou financière est, comme la guerre, un rempart contre des revendications jugées trop pressantes. Létat, dépouillé de ses biens et endetté, nest plus quune coquille vide, comme peut lêtre une société industrielle ou commerciale privée de tous ses actifs au profit dune société holding et qui se trouve exposée sans matelas amortisseur à tous les aléas de la concurrence. Aussi pauvre soit-il le citoyen ordinaire pouvait encore se sentir riche de son appartenance à une nation possédant de nombreux biens. Cela même lui a été retiré. Largent emprunté aux plus riches sera pour les classes moyennes la corde qui servira à les ligoter et à les étrangler, celle-là même que les capitalistes devaient soi-disant vendre pour quon les pende. Cest pourquoi les gens fortunés ne redoutent nullement lendettement de lEtat. En tant que prêteurs ils y trouvent encore une source de profits supplémentaires et le moyen de tenir le pouvoir en lisière !
«Le problème sera réglé par un coup détat, légaliste ou non. Lune des premières décisions des nouvelles autorités sera dacheter ou dinterdire le peu qui reste de médias libres et de contrôler laccès à Internet. Ainsi vous naurez plus de raisons de vous inquiéter puisque vous ne saurez plus rien ».Ce coup détat peut aller dans deux directions. Sil va vers le fascisme il bénéficiera ipso facto de la sympathie des puissances financières (et de lEglise). Sil va vers une forme ou une autre de collectivisme il bénéficiera de la sympathie des intellectuels. Létat des forces en présence montre clairement que le fascisme a les meilleures chances de simposer. Avec la crise la tentation fasciste sest répandue sur la quasi-totalité des pays développés, y compris aux Etats-Unis. « Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde ». Il est parfaitement imaginable que des organisations mafieuses disposant du pouvoir de largent et de celui de la terreur trouvent ou suscitent dans la classe politique des fondés de pouvoir prêts à mettre en place une dictature à leur service. Dans certains pays nous nen sommes plus très loin. Belle opération financière en tout cas que de faire cadeau au travers de niches fiscales et autres faveurs dun million de dollars ou deuros à un homme riche pour aussitôt les lui emprunter ! La quatrième république si décriée na jamais traité les finances publiques avec une telle désinvolture alors quelle a eu à faire face aux séquelles de la seconde guerre mondiale et à deux guerres coloniales longues et douloureuses. LItalie qui a conservé un régime analogue, sinon pis, a-t-elle pris tellement de retard par rapport à la France malgré des ressources naturelles plutôt moindres, la gangrène mafieuse et une tradition fasciste encore bien présente ? Cest essentiellement la quatrième république qui, appliquant le programme du Conseil National de la Résistance, a procédé aux grandes HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Nationalisation" \l "France"nationalisations-restructurations dont la cinquième a pu profiter pleinement une fois les guerres coloniales terminées. Avec de Gaulle et Pompidou la France était partie sur une bonne trajectoire économique. Les évènements de mai 1968 et la construction européenne lont fait exploser en plein vol. Depuis quelque temps déjà lEtat français ne cesse de sappauvrir pour que des français proches du pouvoir puissent continuer de senrichir. Sil sagissait dune entreprise privée, lEtat Français serait depuis longtemps en faillite, à la recherche dun repreneur, lequel exigerait de pouvoir licencier les individus les moins performants, vieillards, malades, handicapés, etc.
Il ne se maintient que parce quil bénéficie de la caution implicite de ses citoyens. Ceux qui militent pour la diminution des impôts se gardent bien dindiquer précisément les économies compensatoires quils comptent faire sur les dépenses de lEtat, et les rares propositions quils émettent sont le plus souvent inapplicables, ou socialement insupportables, ou anticonstitutionnelles, ou contraires aux règles européennes, ou sans réelle portée, ou confondent lintention et le résultat. Les hommes politiques ne sont pas les derniers à toujours proposer plus de police, plus de justice, plus de soins, plus de contrôles, plus déquipements, plus denseignement, plus de culture, plus de recherche, plus daides de toute nature. Il est impossible que les impôts cessent daugmenter et la dette de salourdir tant que le jeu de léconomie libérale continuera de creuser les inégalités entre les citoyens et que la politique sociale sera chargée de combler le trou. Les libéraux purs et durs ont une réponse simple : « cessons de combler le trou ! Instituons des plafonds pour les impôts des plus riches et des planchers pour les punitions des plus pauvres, conformément aux racines chrétiennes de la civilisation occidentale. Rabotons les salaires, les pensums et les aides sociales jusquaux niveaux les plus bas du marché. Distribuons les allègements de charge, les subventions et les commandes publiques à ceux qui nous soutiennent. Privatisons à tour de bras. Après les biens industriels, vendons à prix dami les routes, les ports, les voies ferrées, les voies navigables. Vendons les réseaux électriques et les réseaux téléphoniques. Vendons les châteaux, les musées et leur contenu. Vendons les hôtels de luxe et les casernes. Laissons partir les cerveaux, les usines et les fortunes. Vendons notre espace rural et nos friches industrielles. Vendons nos chais et nos vignobles. Remplaçons par des milices privées larmée et la police. Construisons de nouvelles prisons sur fonds privés grassement rémunérés pour accueillir ceux que notre politique ne manquera pas de multiplier. Que les officiers achètent leur charge pour que nous soyons toujours assurés de leurs sentiments. Confions à des fermiers généraux le soin de collecter les impôts en épargnant les plus fortunés. Vendons la justice au plus offrant pour que la raison du plus fort soit toujours la meilleure. Grâce aux aménagements apportés à la loi de 1905 il restera toujours à lEtat quelques édifices religieux coûteux à entretenir ». La ruine de lEtat ouvre une voie royale au fascisme comme on la déjà vu dans le passé. Le langage des nantis, des multinationales et de tous ceux qui peuvent jouer à saute-frontières est des plus clairs : si vous ne nous faites pas les meilleures conditions du marché, nous irons nous installer ailleurs. Et les Etats sinclinent au nom du réalisme économique. Si les frontières sont ouvertes tout système économique évolue donc inévitablement vers la dérégulation, le moins-disant social et les délocalisations. La patrie dAstérix a longtemps résisté à cet entraînement fatal mais elle vient de capituler. Il semble quon ait oublié ladage selon lequel tout pouvoir doit être borné par un autre pouvoir. Cest la menace du communisme qui freinait les ardeurs libérales et maintenait le système capitaliste dans des limites acceptables. Depuis sa disparition les puissances financières ont oublié toute retenue et léconomie mondiale ne parvient plus à sortir du cercle vicieux suivant :
la prospérité économique exige des capitaux abondants et prêts à sinvestir
ces capitaux fuient les pays qui refusent la dérégulation ainsi que lallègement des impôts et des charges
la dérégulation et lallègement des impôts et des charges simposent donc partout par la force des choses.
la dérégulation et lallègement des impôts amplifient encore des inégalités sociales déjà excessives
les inégalités sociales excessives sont un obstacle à la prospérité économique générale car elles réduisent le pouvoir dachat du plus grand nombre et favorisent les activités improductives. Ces inégalités sont par elles-mêmes choquantes. Elles le sont encore davantage quand on réalise quelles sont le fruit dagissements coupables et quelles conduisent au gâchis. Suivant la logique de ce processus en effet les états en arriveront à supprimer complètement les impôts, les charges et les régulations imposées aux entreprises multinationales et seront obligés daccorder les mêmes facilités à leurs ressortissants. De quoi alors vivront-ils ? De lemprunt. Combien de temps cela durera-t-il ? Comme pour les ménages surendettés : quelques années au mieux avant de sinscrire aux « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Restaurants_du_coeur" Restaus du cur ».... Les cercles vicieux comme celui-ci, éventuellement réduits à une boucle de rétroaction amplificatrice, existent en grand nombre dans le domaine économique (et ailleurs) :
un chômeur trouve plus difficilement du travail quun travailleur encore salarié dune entreprise
un chômeur indemnisé augmente les charges sociales pesant sur toutes les entreprises, ce qui renchérit les produits, réduit les débouchés et crée ainsi un chômage supplémentaire
une diminution de la production, quelle quen soit la raison, renchérit les biens produits avec les mêmes conséquences
les clients séloignent dune entreprise ou dun pays en difficulté, ce qui empire encore leur situation
une variation spontanée de la valeur des actions ou des matières premières est amplifiée par la spéculation
une augmentation des impôts incite les entreprises à délocaliser, doù une diminution de lassiette des impôts et la nécessité de les augmenter encore davantage,
une cure daustérité destinée à alléger les dépenses dun état endetté pénalise son économie, réduit ses recettes fiscales ce qui nécessite un nouveau renforcement de laustérité
une appréciation négative de la part dune agence de notation à légard dune entreprise ou dun pays en difficulté provoque laugmentation des taux dintérêts auxquels cette entreprise ou ce pays peuvent refinancer leur dette, doù une accélération de leur endettement, etc., etc.
Tous ces facteurs sadditionnent et finissent par étouffer léconomie comme on la constaté durant la grande dépression qui a précédé la deuxième guerre mondiale. Seul un événement extérieur peut mettre un terme à cette spirale négative. Ecoutez ce que la rapacité et linconscience des possédants a inspiré à Alain pendant cette grande crise (il feint ici de rapporter le discours dun président de conseil dadministration): « Mais enfin, Messieurs, de quoi sagit-il ? Il est clair que le ralentissement de beaucoup daffaires, la ruine aussi de bon nombre de novices, enfin la pénurie où se trouvait le Trésor Public, devaient incliner les ministres à violer la grande loi dinégalité, daprès laquelle ceux qui ont le plus sont aussi ceux qui paient le moins. Inutile de vous dire, à vous, que par ce chemin le socialisme tout entier nous envahissait. Car à quoi sert-il que les entreprises paient mieux lactionnaire que louvrier si, sous prétexte dimpôts, on fait ensuite payer lactionnaire ? Et pour qui, pour quoi ? Pour les chômeurs, pour les mutuelles, pour les coopératives pour lassistance, pour les retraites pour les pensions. Cest prendre dune main ce quon donne de lautre ; Halte-là, Messieurs. De toute évidence le moment était venu dune révolte des riches, et nous lavons eue. Cette révolte ne devait point parler des dividendes ; elle nen a point parlé. Elle a crié au voleur, et cétait le vrai cri ; car, un peu de négligence, et lEtat prenait dans nos poches. Elle a crié patrie, ordre, défense, ce que nous approuvons. » HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bj.doc" \o "Rien de neuf sous le soleil." Nihil novi sub sole.
On salue davance le courage du responsable qui, sétant persuadé que les inégalités excessives de revenus et de patrimoines constituent le principal obstacle au bon fonctionnement de la société de marché, osera proposer à la communauté internationale les objectifs suivants :
analyser tous les comptes ouverts dans les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradis_fiscal" paradis fiscaux et bloquer toutes les sommes dont les détenteurs restent anonymes ou qui ne peuvent être justifiées par des détenteurs connus. Ceci peut rendre nécessaire de couper toutes les communications avec les paradis fiscaux qui refusent de coopérer. Les tentatives vite avortées qui ont été faites dans ce sens montrent que beaucoup de politiciens influents ont intérêt à ce quon naille pas y voir de trop près.
supprimer les billets de banque et les remplacer par une monnaie électronique traçable. Limiter à léquivalent de un ou deux Euros la valeur des pièces de monnaie. Ceci est de nature à rendre plus difficiles nombre de fraudes et de trafics, soulageant dautant la tâche de la police et de la justice.
exiger que toutes les matières précieuses, uvres dart, etc.
soient déclarées et quelles ne puissent être vendues sans avoir satisfait à cette obligation.
retirer leur passeport aux exilés fiscaux, leur interdire le territoire national et saisir leurs biens demeurés sur ce territoire. Par une utilisation judicieuse des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Niche_fiscale" niches fiscales, les gens fortunés payent déjà moins dimpôts que les gens simplement aisés, proportionnellement à leurs revenus. Ils trouvent que cest encore trop et recourent à lévasion fiscale ou carrément sexilent. Leur véritable patrie, cest largent. Il y a là une forme de détestation du pays qui leur a donné le jour. Cest un sentiment de voyou. Pourquoi devrait-on ménager ceux qui nont aucun souci des intérêts de leur pays ? Est-ce quon prend des gants avec ceux qui, lors dun conflit armé, refusent de payer limpôt du sang ou qui désertent ? Or, nous sommes en état de guerre. Un licenciement sec est aussi grave quune blessure reçue au combat. Un chômage prolongé est aussi grave quun internement dans un camp de prisonniers. Remarquons que les américains sont dune extrême sévérité envers les fraudeurs du fisc et quils continuent dimposer ceux qui se sont expatriés comme sils résidaient encore aux Etats-Unis, une disposition dont la France pourrait utilement sinspirer,
interdire les produits financiers composites propices à toutes les arnaques, laissant subsister uniquement actions et obligations.
Interdire les prêts à taux variables
instaurer une durée minimum de détention des titres, un an par exemple. Ce serait revenir ainsi aux sources du capitalisme quand lachat dun titre manifestait la confiance que lon éprouvait pour la solidité dune entreprise, la valeur dun projet et la fiabilité dun emprunteur. Derrière un morceau de papier ou même une simple ligne sur un écran, il y a des outils, du savoir-faire et des travailleurs. Quel sens cela a-t-il dacheter un tableau sans prendre le temps de le regarder, encore moins de laccrocher dans son salon ?
interdire dacheter ou de vendre des matières premières ou des produits agricoles à tous ceux qui ninterviennent pas directement dans les processus physiques de production, transformation, distribution, ou utilisation de ces biens. Limiter les quantités commercialisées à celles qui feront effectivement lobjet de ces processus.
Interdire aux banques dêtre à la fois banques daffaires et banques de dépôt
Démanteler les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Holding" holdings existantes et interdire la création de nouvelles. La création dune holding manifeste en effet la volonté de ses propriétaires de placer en cas de difficultés leur intérêt personnel au dessus de lintérêt général directement lié à la pérennité des entreprises concernées.
Les entreprises qui licencient alors même quelles font des bénéfices devraient être tenues de compenser les dommages causés aux individus et aux collectivités, ces dommages étant appréciés par des magistrats professionnels.
Nationaliser pour une bouchée de pain les établissements financiers qui ont besoin à un moment ou un autre dun soutien public
Ne remplacer quun banquier sur deux partant en retraite
Toutes ces réformes, pour être réellement efficaces, doivent être adoptées par les principales puissances économiques (G20). Il nest pas besoin dêtre devin pour prédire quil ne sera pas facile de faire lâcher son os au bouledogue anglo-saxon. Il est évident quil faudra prendre certaines précautions avant de mettre en oeuvre ce type de réforme. Faute toutefois de ces réformes indispensables les financiers montreront très rapidement une fois la crise passée, si elle passe, quils nont rien oublié et rien appris. Pourquoi se gêneraient-ils alors quils viennent de soffrir à nos frais la confirmation éclatante de leur pouvoir ? Moins dun an après avoir appelé à leur secours les banques centrales des plus grands états et mobilisé des centaines de milliards de dollars dargent public, les banques privées ont dégagé des profits comme jamais. De qui se moque-t-on ? Pourquoi ces banquiers abandonneraient-ils leur conduite à risques puisque les profits miraculeux qui en résultent se retrouvent dans leurs poches et que les pertes abyssales qui sont la conséquence dachats inconsidérés de produits financiers faisandés sont compensées par des prélèvements effectués dans le portefeuille des clients ou des contribuables ? Cest tout de même par excellence le rôle dun banquier que dévaluer correctement les produits qui lui sont proposés. Comment de telles erreurs ont-elles pu se multiplier sans quil y ait eu corruption ou collusion? Quet-ce qui peut justifier les bonus faramineux accordés aux traders ? Est-ce pour leur donner la possibilité dacheter des informateurs ou de récompenser des connivences sans compromettre les hauts dirigeants ? Est-ce pour les aider à résister à la tentation de monnayer leur pouvoir décisionnaire ? Comment la société Enron ou celle de Bernard Maddox ont-elles pu occasionner toutes deux des pertes de cinquante milliards de dollars à leurs partenaires et clients sans bénéficier de complicités à tous les niveaux ? Comment un Jérôme Kerviel a-t-il pu plus modestement fait perdre quatre milliards dEuros à la banque Société Générale sans que sa direction soit alertée, une banque qui, comme toutes les banques, a pour occupation exclusive de compter les sous, les siens et ceux des autres? Il est exact que le « flair » dun trader peut faire des différences considérables. Prenons le cas de celui qui durant les dix dernières années aurait joué sur le taux de change Euro/Dollar et qui aurait toujours acheté au plus bas et vendu au plus haut. Parti avec 100 Euros, il se trouverait au bout de ces 10 années et de 25 transactions avec 400 Euros en poche si on néglige les frais de change ! Si dans le même temps il avait joué avec le même bonheur la même somme sur lindice CAC 40 il se retrouverait au bout de 10 ans et 50 transactions, et grâce aux ondulations savamment entretenues de lindice sur lesquelles surfent les traders, à la tête de 4.000 Euros si on néglige les frais de courtage qui, pour une banque, sont très faibles. Sil avait joué à chaque fois non sur lindice mais sur les valeurs les plus chahutées, son gain serait encore bien supérieur. Aucune activité productive ne peut bien entendu se prévaloir de pareils résultats. Cest ce qui explique le fait que dans les échanges internationaux lessentiel des transactions soit non plus commercial mais financier. Dans le même temps lindice CAC 40 est passé de 6500 à 3000 ce qui veut dire que le non initié a perdu plus de la moitié de sa mise, dividendes et érosion monétaire exclus. De quoi tirent-elles donc leur substance ces banques qui se livrent à du BAO (boursicotage assisté par ordinateur) ? Sur le dos de qui les mirobolants traders ont-ils fait fortune ? On voit bien que cest sur celui des petits porteurs ! Placés près dun gros robinet, il leur suffit de détourner un filet deau pour remplir rapidement leur citerne car la science économique se limite le plus souvent à des problèmes de robinets comme ceux qui nous étaient proposés à lécole communale ! Qui par contre est sommé de voler au secours des banques en difficulté sinon le contribuable ordinaire? Largent quont perdu les banques au cours de la crise leur a été remboursé par les contribuables qui ont limpression de sêtre faits voler comme dans un bois. Un banquier ou un industriel exigent que le HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bk.doc" \o "temps nécessaire pour que les économies d'exploitation réalisées compensent l'investissement effectué" temps de retour de leurs investissements ne dépasse pas quelques années. Il faut donc avoir recours pour des durées plus longues à la puissance publique ou au petit épargnant, le plus souvent grugés dans lopération. Un banquier sefforcera toujours de garder pour lui les bonnes valeurs et, faute dune meilleure solution, de vendre à ses Clients sous un habillage idoine les actifs pourris quil peut détenir ! Pourquoi lEtat américain et quelques autres prêtent-t-ils de largent aux banques en difficulté à des conditions plus quavantageuses plutôt quà leurs débiteurs insolvables avec le résultat que ces débiteurs se retrouvent à la rue, leurs maisons si chèrement acquises inhabitées et dépréciées, leurs économies envolées ? A quel optimum économique une telle situation peut-elle bien correspondre ? On sait que le marché est le lieu où sexerce la sélection naturelle des agents économiques. Sa main invisible a parfois de fâcheuses distractions. Comment se fait-il que les victimes de ce massacre ne se soient pas révoltées ? Le citoyen américain à qui on enlève sa maison se révèle à lusage plus passif que le paysan chinois quon veut éloigner de sa terre, ce qui tendrait à prouver que trente ans de capitalisme débridé asservissent davantage les populations laborieuses que soixante ans de communisme à la sauce Mao. Les états trouvent rapidement des centaines de milliards de dollars pour sauver des spéculateurs imprudents. Ils ne trouvent rien pour sauver des travailleurs consciencieux privés demploi ou des petits propriétaires ruinés par le renchérissement insupportable de leurs crédits à taux variables. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bsa.doc" \o "citation de Hamlet" Danemark. Létat chinois punit les spéculateurs de manière radicale. Ce nest probablement pas sans rapport avec la bonne santé de son économie. Le monde financier anglo-saxon est un parasite qui étouffe la plante dont il se nourrit. La meilleure chance de reprise rapide de léconomie est que les gnomes de Wall Street et dailleurs dénouent rapidement les cordons de leur bourse encore bien garnie, comme ils ont su le faire en dautres temps en faveur de Hitler. On demande aux pécheurs de suspendre temporairement leur activité pour laisser à la ressource halieutique le temps de se reconstituer. Ne pourrait-on de la même manière demander aux actionnaires dabandonner leurs dividendes et aux dirigeants de limiter leurs prélèvements au bénéfice de linvestissement et des salaires pendant le temps nécessaire à la relance de lactivité économique ? Peut-être faudra-t-il un jour réunir en conclave les mille hommes les plus riches de la planète sous la présidence de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Bill_Gates" Bill Gates, le premier dentre eux et lun des plus conscients de ses responsabilités, et leur interdire de se séparer tant quils nauront pas accouché dun remède à la crise non plus bancaire, mais économique et sociale ! Périodiquement éclatent des scandales financiers où lon découvre que telle ou telle société a perdu des sommes considérables dans des opérations financières hasardeuses. Cependant ces opérations sont des jeux à somme nulle. Ce qui a été perdu par les uns a été forcément gagné par dautres. Ces « autres » ne sont jamais clairement identifiés. Si nécessaire leurs noms disparaissent dans des incendies, comme les archives des premiers chrétiens
Ceux qui ont des besoins nont pas dargent et ceux qui ont de largent nont pas de besoins. Là est la source de la langueur dont souffre léconomie à lexception attendue de lindustrie et du commerce de luxe. Toute politique visant à rendre les riches encore plus riches est donc largement contreproductive car elle a pour effet pervers de remplacer dans beaucoup de cas des dépenses utiles par des dépenses somptuaires, des investissements à létranger ou pas de dépenses du tout lorsquil y a thésaurisation. Tous les industriels ou presque vous diront que leur problème nest pas de produire, mais de vendre. Ils disposent très généralement en effet en surabondance des outillages, des matières premières, des crédits et de la main duvre nécessaires pour produire davantage. Ce qui les freine cest le manque de clients. Ceci provient de ce que la richesse est répartie de façon trop inégale. La richesse se concentre de plus en plus chez un petit nombre de gens qui, ne manquant de rien, utilisent leur argent pour investir dans des biens dont la rareté garantit la valeur durable, cest à dire essentiellement le foncier, limmobilier, lor (dont le cours a quadruplé en dix ans), les matières précieuses et les uvres dart ou prétendues telles. Il en résulte un renchérissement artificiel de ces biens qui a pour conséquence de priver dun logement décent ou dun outil de travail efficace un grand nombre de citoyens. Largent sale accumulé sous forme de billets de banque est stérilisé. Trop souvent aussi cet argent est investi à létranger jugé plus profitable ou dissimulé dans des paradis fiscaux ce qui provoque létiolement de léconomie nationale. Où vont lor et les diamants qui chaque jour sont extraits de la croûte terrestre ? Servent-ils principalement de contrepartie matérielle au produit de toutes les malversations dissimulées dans des paradis fiscaux ? Largent indûment accaparé inflige des dommages supplémentaires aux citoyens ordinaires par lutilisation qui en est faite. Cest la pierre-refuge qui fait les sans-abri ! Cest lor des bas de laine qui fait les sans-le-sou ! Lorsque largent na pu trouver de placement sûr, reste la possibilité de le prêter, et cest pourquoi certains accumulent des créances qui finissent par rendre insolvables des individus ou des états qui nont plus quà faire une cure daustérité dont leffet maléfique nest que trop connu. Reprendre cet argent par limpôt irait dans le sens de la justice sociale et de lefficacité économique. Les financiers ont prospéré en tondant la laine sur le dos des producteurs et maintenant ils ne savent plus quoi faire de la laine ! Ils ont pressé le citron jusquà la dernière goutte et ils ne savent plus quoi faire du jus !
Pour renouer avec le progrès économique il faut éviter un certain nombre décueils :
croire que le travail est un gâteau que lon partage. De fait, le travail appelle le travail comme largent appelle largent. Un homme industrieux manque rarement douvrage. On comprend que celui qui a du mal à garder la tête hors de leau soit avant tout sensible à son sort personnel. Leffort profitable à tous doit donc être demandé dabord à ceux qui ont une réserve de flottabilité suffisante. Les patrons et les cadres doivent être les premiers à mouiller leur chemise car laugmentation de la production dépend en premier lieu de leur action. Il ne sagit dailleurs pas tant de travailler plus que de travailler mieux. La semaine de quarante heures a été adoptée en France il y a plus de soixante-dix ans. Depuis lors, la productivité sest accrue de disons 400%. Il nest pas hors de proportion que la durée annuelle de travail ait été réduite dans le même temps de 20%, Si disproportion il y a, ce nest pas dans le sens quon accuse. Lallongement des périodes de lexistence consacrées à la formation et à la retraite quon accuse également doit avoir été à peu près compensé par le fait que la proportion de femmes exerçant un emploi a considérablement augmenté. Il est illusoire de reculer lage de la retraite tant que les salariés seront bien souvent écartés dés 55 ans. Cest en réalité une façon déguisée de diminuer le montant des pensions car cette disposition ne fournira pas une seule heure de travail supplémentaire. Cest, à la façon du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Sapeur_Camember"sapeur Camember, creuser un trou dans les caisses de chômage pour combler celui des caisses de retraite. Cest remplacer un jeune retraité heureux par un vieux chômeur rempli damertume ou par un jeune travailleur désespéré de ne pas trouver demploi. La régulation par le suicide des travailleurs exclus, certains dirigeants y ont presque ouvertement pensé : Ce qui a été baptisé réforme est en réalité un retour en arrière, une contre-réforme. Résolvons dabord le problème du chômage et nous pourrons envisager ensuite de reculer lâge de la retraite. Sil était possible dassurer à chacun 35 heures de travail hebdomadaire jusquà ses 60 ans, ce serait déjà un beau succès. Si certains veulent et peuvent travailler plus longtemps pour améliorer leur situation, il faut évidemment leur laisser la liberté de le faire. Le problème véritable auquel nos sapeurs ne semblent pas vouloir sattaquer est celui de la compétitivité de léconomie française, celle de son industrie en particulier. La faible compétitivité de son agriculture est actuellement camouflée par des aides dont la fin est programmée dans un futur proche. On ne fera pas renaître sauf exception des activités qui ont périclité. Dans un monde globalisé une nation en difficulté ne doit pas sattacher à tout faire mais se concentrer au contraire sur ses points les plus forts ou les moins faibles car les entités économiques, comme les êtres vivants, se développent par continuité. Dans le cas de la France, ces points forts sont :
lagriculture et lagroalimentaire
les vins et spiritueux
lautomobile et le ferroviaire
laérospatial
- lénergie nucléaire, absolument nécessaire pour desserrer le carcan énergétique
- les Grands Travaux
- les services aux collectivités locales
- la grande distribution
- la santé
- les produits de luxe
- la culture et lartisanat dArt
- le tourisme, la gastronomie et les loisirs
Si on y ajoute les activités nécessaires pour adapter le parc immobilier et les équipements industriels aux nouvelles contraintes énergétiques et environnementales et tous les oublis de cette liste on voit que nos travailleurs ont largement de quoi soccuper. Il faut se pénétrer de lidée que lactivité industrielle est, comme la guerre selon Napoléon, un art tout dexécution où les exécutants doivent tenir en conséquence le premier rôle. La puissance publique ne crée pas de richesse, elle peut seulement en modifier la répartition. Cest en associant les hommes de terrain quil faut analyser les situations et répartir les efforts de recherche et de développement, les investissements, le « bench marking » et laction commerciale. En un mot, il faut aller ensemble au fond des choses, à lencontre du chacun pour soi traditionnel, pour avoir une chance de faire quelque chose dutile. Peut-être faudrait-il que la puissance publique entame ce dialogue, secteur par secteur pour rechercher les améliorations possibles qui aillent au-delà de lhabituelle litanie sur la baisse des salaires, des charges sociales et des impôts. Je ne crois pas que les allemands se soient contentés de faire baisser le coût du travail pour améliorer leur compétitivité de façon aussi spectaculaire. Louvrier daujourdhui, lorsquil a du travail, est mieux soigné, a plus de confort, de loisirs, de distractions, moins de soucis, moins de stress, roule dans une meilleure voiture sur de meilleures routes que le petit patron davant la guerre de 40. Lhomme nest heureux ou malheureux que par comparaison. Ne nous plaignons pas que la France soit en avance pour ce qui est de la qualité de vie. Travailler mieux pour produire autant de richesses et générer moins de gaz carbonique serait un slogan écologiquement plus acceptable. Il faut éviter dans la mesure du possible les tâches qui ne sont pas productrices de biens directement utiles au consommateur final. Il est clair que les activités spéculatives où les gains des uns ne peuvent quêtre inférieurs aux pertes des autres, la sécurité sécuritaire, les transports lointains, le traitement des déchets évitables, lultra concurrence, la corruption, la publicité effrénée, les réunions lointaines ou pléthoriques nen font pas partie. Or, ces tâches non directement productives tendent à prendre de plus en plus dimportance dans la vie des entreprises et plombent leurs résultats alors que la part des tâches directement productives décroît régulièrement. Cest une des raisons pour lesquelles il est devenu très difficile de rentabiliser les activités manufacturières dans les pays développés. Pendant quun ouvrier manie la pelle et la pioche, quatre contrôleurs discutent, critiquent, commentent et rédigent des comptes-rendus pour se couvrir. Quand on rapporte lensemble des coûts à lheure douvrier, on trouve que celui-ci est beaucoup trop cher et quil faut donc le supprimer. Il a été démontré expérimentalement quune entreprise ou une administration peuvent parfaitement fonctionner en circuit fermé sans jamais rien produire dutile. La valeur ajoutée dune entreprise dépend bien entendu du total des heures de travail effectuées par son personnel, mais au moins autant de la continuité, de lintensité et de la qualité du travail fourni. Les heures travaillées sont évidemment ce quil y a de plus facile à contrôler
Plus une entreprise est importante et plus il est difficile de déterminer les mérites de chacun. Napoléon avait un truc pour éclairer ses choix. Quand on lui proposait tel ou tel pour un poste à pourvoir, il demandait si cette personne avait de la chance
Je ne crois pas que Napoléon ait été particulièrement superstitieux mais plutôt quil jugeait que la chance apparente dépend souvent de qualités qui échappent à un examen superficiel.
Croire que les efforts consentis dans le domaine de la recherche et de léducation peuvent avoir des effets autres quà moyen et surtout à long terme. Ce nest pas parce que les entreprises font de la recherche quelles gagnent de largent. Cest parce quelles gagnent de largent quelles font de la recherche, car il vaut tout de même mieux préparer lavenir que payer des impôts. Il ny a pas dincertitude sur qui est luf et qui est la poule. Cest une illusion dangereuse de penser que laugmentation des crédits de recherche va engendrer mécaniquement des innovations fructueuses car ceci revient à supposer que nos chercheurs seront plus performants que ceux de la concurrence, alors quils partent le plus souvent avec un temps de retard. Dans son action quotidienne une entreprise est toujours à la recherche de la meilleure façon de faire les choses. Il vaut mieux quelle sattache à régler les problèmes difficiles de façon satisfaisante et sinspire de ce qui se fait de mieux ailleurs. Cest dans ces conditions que des idées originales ont une chance de se faire jour. A court terme les progrès ne peuvent provenir que dun changement détat desprit ou dalliances nouvelles. Lamélioration du climat social nest pas contraire à lintérêt des entreprises. Il est absolument nécessaire que patrons et salariés suspendent leurs querelles, que les salariés ne considèrent plus les patrons comme des ennemis de classe et que les patrons réalisent que les salariés sont autant attachés queux-mêmes au succès de leur entreprise. Ils le sont même davantage dans la mesure où un patron peut toujours vendre son entreprise pour tenter sa chance ailleurs tandis que le salarié dépend souvent de son entreprise de façon vitale, surtout lorsque celle-ci est éloignée des grands bassins demploi. Les salariés sont au même titre que leur patron responsables des succès dune entreprise. Le patron doit en conséquence leur fournir une information loyale et leur prêter une oreille attentive. Si les classes possédantes faisaient preuve dun peu plus de générosité et si les classes laborieuses retrouvaient un peu dentrain et de joie de vivre, le salut ne serait pas loin. Une nouvelle HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_du_4_ao%C3%BBt" nuit du 4 août est nécessaire.
Il ne devrait pas être possible de sapproprier le terre qui est un bien commun comme lair que lon respire, mais seulement de le louer à la puissance publique. La création du bouclier fiscal a été justifiée entre autres par la valeur considérable prise par certains terrains agricoles devenus constructibles mais dont les propriétaires avaient de petits revenus. Apitoyons-nous sur le sort de ces pauvres malheureux qui se sont enrichis du jour au lendemain sans avoir à lever le petit doigt ! Cest dailleurs un procédé constant utilisé par les groupes de pression représentant les grandes fortunes que de sopposent à toute action redistributrice en prétendant que cette action léserait les petites gens de manière inacceptable. Les gros contribuables, les gros héritiers affectent de prendre la défense des plus petits, les gros céréaliers celle des petits éleveurs de montagne, les multinationales celle des PME que bien souvent elles rançonnent. Cest aussi la thèse dite du « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_ruissellement" ruissellement » selon laquelle lenrichissement apparemment excessif de certains profite en fait à tous, thèse controuvée par beaucoup dexperts tels que le prix Nobel déconomie HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Eugene_Stiglitz" Joseph Stiglitz. On ne fera croire à personne que les progrès de la société passent par un accroissement des inégalités. Toutes ces tentatives de duperie transitent par le canal de médias liés à ces groupes de pression ou par les canaux plus subtils de la rumeur et du bouche à oreille. Beaucoup denrichissements spectaculaires correspondent en fait à la captation dune valeur ajoutée créée par dautres. Les privilèges liés à la HYPERLINK "http://www.aujourdhuilachine.com/article.asp?IdArticle=2560" possession de la terre pourraient disparaître à loccasion des successions, la puissance publique devenant suite à leur règlement lunique propriétaire du sol, Ceci suppose bien entendu une réforme profonde des droits de succession. La puissance publique pourrait reprendre par ce biais le contrôle du foncier en quelques décennies. Faute de cette réforme la terre de France, bien inaliénable du peuple français, finira par passer toute entière dans des mains étrangères. Le prix de la location des terrains libérés dépendrait de leur constructibilité, de leur fertilité, de leur proximité des équipements collectifs, de leur intérêt touristique et des nuisances dont ils peuvent être affligés. Lachat dun bien immobilier serait assorti de lobligation de louer le terrain correspondant. Un loyer pourrait devenir négatif, c'est-à-dire correspondre en fait à une subvention, là où il est souhaitable de maintenir vivante une activité telle que lagriculture de montagne. La création dun nouvel équipement collectif pourrait être financée par laugmentation du loyer des terrains en bénéficiant tandis que la suppression dun équipement existant entraînerait leur diminution. Ainsi serait mis fin à des enrichissements et des appauvrissements sans cause. Les biens détenus par des étrangers posent un problème spécifique et nécessiteraient certainement des négociations. La lenteur de la mise en place du système doit permettre daffiner les règles en fonction du retour dexpérience. Personne na proposé récemment de plafonner les biens transmis à chaque héritier ce qui pourtant inciterait les couples les plus riches à faire beaucoup denfants dans le but de léguer la plus grande partie possible de leur fortune. Une famille nombreuse deviendrait ainsi un signe extérieur de richesse ce quelle naurait jamais du cesser. Le montant maximum héritable pourrait être calculé de telle façon que le rendement de limpôt sur les successions nouvelle formule soit le même pour le Trésor Public que ce quil est actuellement. Le montant maximum que pourrait recevoir un héritier direct devrait être suffisamment élevé pour encourager chez le plus grand nombre lesprit déconomie et dépargne et suffisamment bas pour éviter la perpétuation de dynasties financières qui sont indifférentes pour la plupart au sort de la société dans laquelle elles ont prospéré. Les biens matériels ne sont pas ce que des parents peuvent transmettre de plus important à leurs enfants. Lhéritage génétique, éducatif et affectif est beaucoup plus fondamental. « Donne un poisson à un homme, il mangera un jour. Apprends-lui à pêcher, il mangera toute sa vie ».
Faute de dispositions particulières visant à un meilleur partage des richesses il ny a aucune raison pour que le capital cesse de se concentrer dans un nombre de mains de plus en plus réduit. Il y a bien sûr les partages qui interviennent au moment des successions, mais les mariages les concentrent à nouveau et les hommes fortunés se sont rarement signalés comme étant particulièrement prolifiques. Ce serait plutôt linverse. Dans la lignée dune famille fortunée il me semble que les enfants sont de plus en plus beaux, car on y épouse de préférence les plus jolies filles, mais pas forcément de plus en plus intelligents. Regardez les filles qui sortent dune « boite à bac » des beaux quartiers et vous verrez tout de suite ce que je veux dire. Dans le même registre vous pouvez également vous intéresser au physique des jeunes gens qui militent dans les partis conservateurs. Peut-on réputer égaux comme le voudrait lesprit républicain deux individus dont lun commence sa vie sans un sou en poche et dont lautre dispose dès le départ de plusieurs millions dEuros ou davantage ? Ce qui est plus grave cest que lhéritier dun outil de production néprouve pas forcément dintérêt pour lactivité professionnelle correspondante et préfère consacrer son temps et ses ressources, à ses plaisirs, ses amours, ses lubies. Il ne se ruinera pas pour autant, tellement sont favorables les conditions faites aux fortunes acquises. Sera-t-il seulement surpris de constater avec quelle facilité ses avoirs font des petits ? Les études montrent que ta plupart des patrimoines importants ont le même taux de croissance, supérieur à 5% par an, quelle quen soit lorigine. Exempter de limpôt sur la fortune loutil de travail peut avoir un sens du point de vue économique aussi longtemps que le chef dentreprise lexploite effectivement lui-même, mais pas au moment de sa succession. Bill Gates la bien compris qui a volontairement limité lhéritage de ses enfants. Un système politico-économique atteint ses limites lorsque ceux qui en sont les principaux bénéficiaires commencent à avoir des doutes sur son bien-fondé, comme ceci a pu être observé en France dans les années précédant la révolution de 1789. Les nouvelles règles proposées sur la propriété de la terre et sur les successions apparaîtront à beaucoup comme fantasmagoriques, voire contre nature. Ce sont pourtant elles qui ont prévalu jusquà linvention de lagriculture, c'est-à-dire pendant lessentiel de la période durant laquelle lespèce humaine a été façonnée par la sélection naturelle. Jentends déjà les clameurs et les sarcasmes de ceux pour qui, Dieu merci, tout va bien, mais avons-nous le choix ? Pouvons nous rester longtemps sans rien faire dinnovant si les solutions connues se révèlent irrémédiablement inefficaces ? Attendrons-nous sans réagir dêtre étouffés par la Chine ? Pendant combien de temps un taux de croissance de 10% en Chine pourra-t-il coexister avec un taux de 1% ou moins dans les pays occidentaux ? La CIA a-t-elle les moyens de déstabiliser la Chine comme elle a déstabilisé lUnion Soviétique ? Un Judoka peut-il déstabiliser un Sumo qui pèse deux ou trois fois son poids et sur lequel il na aucune prise ? Le collectivisme pur a échoué. Le libéralisme pur a montré ses limites. La Chine a-t-elle réussi limpossible alliance du dynamisme individuel et de la solidarité collective, une sorte de communisme de marché sur lequel il suffirait de greffer les gènes de la démocratie ? Je comprends dune certaine manière la réticence des dirigeants chinois à pratiquer cette greffe. Ils craignent de faire entrer dans la bergerie le loup de la discorde. Néanmoins lexistence dune opposition est constitutive dun état démocratique. Les tenants de la philosophie du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Yin_et_yang" Yin et du Yang devraient finir par sy accoutumer.
Pour une première tentative dapplication de nouvelles règles sur les successions et sur la propriété du sol on peut penser aux pays à tendance collectiviste comme on en trouve en Amérique centrale ou du Sud ou à ceux qui ont une expérience relativement récente du collectivisme et qui en ont conservé une certaine nostalgie. On verrait alors si ces nouvelles règles qui labourent profondément le terrain social permettent dobtenir de meilleures récoltes. Dans le monde capitaliste, occidental, à cause de leur puissance, notamment militaire, il ny a guère aujourdhui que les Etats-Unis qui puissent saffranchir dun système à bout de souffle, mais les riches de ce pays sopposent farouchement à toute tentative de redistribution ou même de limitation de leur enrichissement car lamour de largent est une addiction. Une politique visant à renforcer sans contrepartie les privilèges de privilégiés qui en voudront toujours plus ne peut pourtant se poursuivre indéfiniment. Il faudrait au contraire que le seuil au-delà duquel les contribuables sont redevables de limpôt sur la fortune sabaisse avec lage pour inciter ces contribuables à transmettre leur patrimoine de façon contrôlée, pour les habituer à se détacher progressivement des biens de ce monde et pour leur rappeler quil est tout à fait vain de vouloir être, comme on dit, le plus riche du cimetière. Ils doivent réaliser que la seule chose qui reste importante pour eux cest le sort de leur famille et, au delà, celui du pool reproductif dans lequel leurs gènes se conserveront. Si cet impôt na pas de vertus fiscales, quil ait au moins des vertus pédagogiques ! Chacun devrait recevoir quand il entre dans la vie active une dotation correspondant à lapport initial nécessaire à lachat dun petit logement. Compte tenu de lallongement de la vie et des règles de succession en vigueur dans la plupart des pays, on devient riche au moment où on ne peut plus en profiter, on hérite dune maison quand on en a déjà une et dune entreprise quand on songe à se retirer. Si tous les êtres humains partaient sur la même ligne, comme cest le cas dans toutes les autres espèces, on verrait rapidement lesquels se détachent sans que ceux qui se sont détachés aient la sensation ou la tentation déchapper au sort commun.
Crise institutionnelle
Le mandat de Président de la République qui sest achevé en 2012 a souligné de façon caricaturale les défauts et les vices du système politique baroque mis en place par le général de Gaulle. Il semble en effet tout à fait extravagant quun homme seul puisse comme aujourdhui lemporter sur mille autres également élus et compétents, alors quon sait bien quil y a plus de choses dans deux têtes que dans une seule. Un homme peut-il penser à la place de toute une nation ? Une nation peut-elle se laisser ainsi crétiniser ? Comment a-t-on pu tolérer aussi longtemps une frénésie de réformes dont il ne reste au bout du compte que des désordres, des rancurs, un affaiblissement de la nation et une montagne de dettes? Jattends quon mexplique comment ces réformes ont amélioré en quoi que ce soit le sort matériel et moral de la France et des Français. Un hebdomadaire a fait récemment la liste de toutes les réformes, ou supposées telles, qui pourraient être portées à son crédit. En voici la liste commentée
linterdiction des vêtements qui cachent le visage, simple mesure de sécurité publique à laquelle il était bien inutile de donner une coloration anti-musulmane
lautonomie des universités. Elle va inévitablement créer une hiérarchie entre les établissements des zones riches et ceux des zones déshéritées, au rebours de tout ce qui sest fait depuis les débuts de la troisième république. A tout propos des conflits éclatent entre cette autonomie et le désir du pouvoir central dimposer des règles communes
le renforcement des contre-pouvoirs et des syndicats. Ceci ne saute pas aux yeux, cest le moins quon puisse dire ! Et encore moins après une campagne électorale où le pouvoir en place a violemment mis en cause ces contre-pouvoirs et exprimé son intention de passer outre à leurs recommandations ! Par contre lhebdomadaire a négligé de mentionner une innovation réellement positive, celle qui consiste à confier certains postes à des représentants qualifiés de lopposition, même si cette initiative nétait pas dénuée darrière-pensées. Cest un vrai geste républicain et qui mérite dentrer dans la tradition.
la diminution de la publicité télévisuelle, réelle mais insuffisante.
la vente dune partie du patrimoine militaire, entre autres mesures de privatisation. La vente des bijoux de famille est rarement un bon signe
lallègement de lappareil militaire qui laisse le territoire national pratiquement sans protection en cas de conflit classique et réduit à peu de chose ses moyens dintervention extérieure
linstauration du Revenu de Solidarité Active qui naméliore que très marginalement la situation antérieure alors même que le ministre en charge vitupérait lassistanat
la sécurité routière dont lamélioration est moins due aux mesures répressives très contraignantes qui ont été prises quaux progrès des infrastructures routières, des conducteurs et des véhicules (airbags, ABS, ESP, assistances diverses à la conduite, habitacles renforcés et structures déformables),
les mesures en faveur de lenvironnement dont la plupart ont, comme nous lavons vu, un impact nul ou négatif et un coût exorbitant
la lutte contre la crise financière mondiale. Il se trouve que la France a adopté les mêmes mesures que les autres pays occidentaux. Tirer la couverture à elle ne fait quexaspérer ses voisins. De toute façon nous navons fait quacheter très cher un répit de courte durée. Encore un ou deux succès comme celui-là et nous serons définitivement ruinés
les interventions en Côte dIvoire et en Libye. Attendons la fin de ces opérations poux juger de leur opportunité. Les interventions occidentales dans les pays musulmans entraînent généralement des désastres économiques et le remplacement de régimes autoritaires laïques par des régimes autoritaires théocratiques. Est-ce vraiment un progrès, surtout pour la gent féminine ?
le « Grand Emprunt ». On a fait mine de rechercher la meilleure utilisation possible des fonds empruntés. Cette utilisation était cependant connue : il sagissait de soutenir lactivité économique jusquaux élections présidentielles de 2012 ! Comment dailleurs remboursera-t-on cet emprunt sinon à laide dun autre emprunt ? Le crédit revolving est le plus sûr moyen de sendetter de façon irrémédiable. Les investissements envisagés nont de rentabilité quà long terme, dans le meilleur des cas. Or le problème nest pas dêtre un peu plus riche dans vingt ans mais déviter le dépôt de bilan lannée prochaine.
La réforme de la carte judiciaire qui éloigne un peu plus la justice des justiciables sans quil soit possible didentifier une quelconque amélioration de fonctionnement ou de coût
Des mesures diverses daide à linnovation ou à la santé publique qui sont autant de nouvelles niches fiscales
La limitation à deux du nombre maximum de mandats que peut faire un président de la république et ça, cest indiscutablement un progrès.
Il faut insister sur les inconvénients de la constitution imaginée par de Gaulle, laquelle nest supportable que lorsque le président élu possède des qualités hors normes, ce qui ne fut pas toujours le cas. Cest pourquoi il paraît utile de revenir avec quelque détail sur la façon dont le dernier mandat présidentiel a été rempli dautant plus que, malgré son échec final, celui qui la exercé est encore populaire parmi ses partisans et peut encore ambitionner de revenir au pouvoir par diverses voies. La presse accablée de soucis financiers est déjà prête à le soutenir. Il peut du reste ne pas avoir dautre choix que de chercher à reprendre le pouvoir et par là même le contrôle du cours de la Justice. On a eu longtemps limpression que le Chef de lEtat Français remercié en 2012 avançait masqué en saturant les médias de messages lancés dans toutes les directions
tantôt thuriféraire de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Jaur%C3%A8s"Jean Jaurès et tantôt dévot HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Archibasilique_Saint-Jean-de-Latran"Chanoine de St Jean de Latran
. Quy avait-t-il derrière le masque ? L HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Opus_Dei" Opus Dei ? Le HYPERLINK "http://www.medef.fr/main/core.php" Medef ? La HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/CIA" CIA ? HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Deux_cents_familles" Les deux cents familles ? Un projet original qui se serait dévoilé au fil du temps, comme de faire de la France une banlieue huppée de Los Angeles, le charme des vielles pierres en plus, ou de faire résonner l « Internationale » jusque dans les sacristies ? Lexpérience apprend à se méfier de ceux qui, la main sur le cur, protestent de leurs bonnes intentions ou qui jouent les compatissants et les repentis. Après quelques déconvenues, il a procédé par petites touches prudentes et utilisé son mandat pour tout verrouiller. Réélu, il eut été à craindre quil ne tombe le masque, contamine tout le corps social et rende la France définitivement méconnaissable. Les italiens ont presque réussi à se débarrasser de Berlusconi. A contrario les américains ont réélu le président le plus décrié de leur histoire. Finalement les français nont pas pardonné les foucades et le Fouquets ni les rodomontades de leur champion toutes catégories de lautosatisfaction, mais il sen est fallu de peu !
Le génial HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Cabu" Cabu avait lhabitude de représenter notre conducator avec deux petites cornes. Ne dit-on pas de certains enfants hyperactifs quils ont le diable au corps ? Ajoutez-y une propension juvénile à faire le malin, à vendre la peau de lours avant de lavoir tué ou dagiter un sabre de bois. Il na cessé de dire quil avait changé, ce qui est un aveu dinstabilité, dimmaturité ou dinsincérité. Sil a souvent donné limpression de ne pas livrer le fonds de sa pensée ou de se payer la tête de ses interlocuteurs, cétait leffet chez lui dune petite voix qui protestait de façon subliminale ! Ceux qui nentendaient pas cette petite voix navaient guère doreille. Il invoquait les mânes du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_national_de_la_Resistance"Conseil National de la Résistance mais détricotait soigneusement toute son uvre jusquà la dernière maille. Il fustigeait la dérégulation des activités financières mais oubliait de rappeler que lui et ses amis y avaient longtemps applaudi. A labri dun brouillard de mots il avançait tranquillement ses pions en écartant progressivement et systématiquement tout ce qui pouvait faire obstacle à sa volonté de puissance. Il neutralisait ses adversaires politiques les plus dangereux en leur offrant des postes prestigieux ou en les achetant
avec largent du contribuable ! Il jouait sur la peur, arme favorite des dictatures et des religions. Il savait parfaitement où il voulait nous mener, cest à dire vers un régime de pouvoir personnel hypertrophié, Ce faisant il fuyait autant que faire se peut les interviews sans complaisance, les assemblées indociles, la contradiction publique et les sifflets de la foule. Comme il devait envier limpunité des prédicateurs ! Certains quartiers lui étaient devenus inaccessibles sauf à sy rendre nuitamment sous escorte policière renforcée. Presque partout ailleurs il ne pouvait apparaître sans déclencher une bronca. On ne peut manquer de relever la différence entre cette impopularité et la gaullâtrie ou la tontonmania dont bénéficièrent certains de ses prédécesseurs. Les préfets qui ne prenaient pas les moyens nécessaires pour camoufler cette impopularité se voyaient écartés sans ménagement. Il évitait soigneusement de se confronter directement à ses adversaires politiques comme ce devrait être le cas dans un régime parlementaire. Voyez plutôt ce qui se passe en Grande-Bretagne à la Chambre des Communes. Il préférait sadresser à des journalistes intimidés ou complaisants, à des assemblées réduites au silence, ou à des citoyens ordinaires peu familiers des joutes oratoires. Cest délibérément quil provoquait lhostilité de ses adversaires pour montrer quil pouvait en triompher, ce qui nest pas trop difficile quand on bénéficie de lappui des milieux économiques et financiers et quon est disposé à user sans retenue de tous les moyens de lEtat. Son aplomb et sa tchatche ne sauraient tromper des professionnels aguerris et je suppose que, durant sa brève carrière davocat, il sest fait plus dune fois reprendre de volée par des magistrats exaspérés par ses oublis, ses approximations et ses mensonges, ce qui expliquerait quil leur ait gardé depuis un chien de sa chienne. Il a en tout cas rencontré au tribunal des adversaires peu disposés à accepter sans réagir ses affirmations assénées de façon péremptoire. Cest également ce qui sest passé lors du débat entre les deux tours de lélection qui lui fut fatale. Il a été certainement très surpris de ne pas avoir eu le dernier mot lors de cette confrontation. Il a toujours rêvé dune Justice Assistée par Ordinateur où il suffirait dappuyer sur un bouton pour délivrer automatiquement la sentence désirée et ou le programme utilisé pourrait être modifié à tout moment au gré de ses intérêts ou de ses lubies. Le principe dun juge dinstruction indépendant mais unique na peut-être pas toutes les vertus mais son remplacement par un parquet sous la dépendance directe du pouvoir exécutif aurait donné la parfaite image dune justice spectacle et dune justice aux ordres. Il nest pour sen persuader que davoir entendu des procureurs de la république pérorant devant des journalistes, étaler complaisamment tous les détails dune enquête qui venait seulement de commencer et mettre directement en cause des personnes dont la culpabilité navait nullement été démontrée. Des morceaux choisis des dossiers étaient communiqués aux médias complaisants au mépris des règles les plus élémentaires concernant le secret de linstruction. Ces procureurs ne faisaient, il est vrai, que suivre un exemple qui venait de haut ! Un procureur pouvait continuer à instruire un dossier alors quil apparaissait lié à lune des parties et être déjà intervenu en sa faveur ce qui est proprement inconcevable dans un état de droit
Félicitons-nous si les parquets nont pas profité des enquêtes préliminaires pour faire le ménage dans les dossiers les plus sensibles au point de rendre vaine toute recherche ultérieure de la vérité. Bien sûr, ces mauvais coups ont été perpétrés durant les vacances estivales lorsque lopinion publique est anesthésiée ! Il sagissait manifestement de renforcer encore les moyens du pouvoir pour neutraliser ses adversaires et assurer limpunité de ses amis. Une opposition en état de marche est pourtant indispensable au bon fonctionnement dune démocratie, ne serait-ce que pour avertir des inconvénients et des obstacles et attester quil ny a pas eu de bourrage des urnes. Il faut saluer en tout cas le courage et labnégation des nombreux magistrats qui ont résisté. Il est pour le moins paradoxal quun Chef de lEtat que la Constitution fait garant de lindépendance de la magistrature nait eu de cesse de laffaiblir tant par la promotion de nouvelles lois qui la ligotaient que par linterprétation très personnelle quil faisait des lois existantes dans sa pratique quotidienne. Le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs était bafoué sans vergogne.
Ce chef de lEtat a toujours semblé indifférent à limage quil laisserait à la postérité mais il jouissait intensément de cette boulimie de pouvoir qui peut entraîner des indigestions. Ceux qui le regrettent font penser à la fable des HYPERLINK "http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=47" grenouilles qui demandent un roi ! Aucun pays véritablement démocratique na jamais confié le pouvoir à un tel autocrate qui soccupait de tout et singulièrement de favoriser sa clientèle. Il faisait bénéficier de remises dimpôts ses soutiens fidèles et ses riches donateurs. Il faisait des cadeaux à certaines catégories de contribuables supposées électoralement influentes et prétendait négocier des contreparties après coup ! Impavide, il présidait au dépeçage des biens de la nation. Non seulement la dette de la France dest accrue de six cents milliards dEuros sous son mandat mais ses actifs ont continué à diminuer de façon importante du fait de ventes et privatisations diverses. Il semble avoir eu quelque difficulté à sintéresser à la question brûlante qui est de savoir comment faire pour que son propre pays échappe à la banqueroute, On a attendu avec curiosité et impatience quil propose un « business plan » indiquant le processus envisagé pour rétablir les différents équilibres financiers. Le mot même de dette était absent de son vocabulaire. Il en avait une sainte horreur, comme de tout ce qui pouvait limiter son pouvoir. Je ne lai pas souvent entendu employer des mots tels que guerre, chômage, liberté, égalité, fraternité, patrie, solidarité, justice sociale, éthique, avenir, jeunesse; compétitivité, balance commerciale. Un bon sujet de thèse consisterait à rechercher les mots quil na jamais employés ou très rarement dans ses discours publics. Ainsi sa véritable nature et ses véritables projets auraient pu se lire en creux en toute clarté. Il préférait détourner lattention de ses concitoyens de toutes les réalités pénibles et lorienter vers des sujets émotionnels tels que les faits divers violents, le terrorisme, lislamisme ou la laïcité,. Sa politique extérieure erratique a conduit à tirer au canon sur nos clients les plus fidèles, ce qui nest pas forcément la meilleure façon de les conserver ni den trouver de nouveaux. Les allemands le savent bien qui évitent soigneusement tout aventurisme en la matière. Sa politique européenne a consisté à dire aux autres leaders européens ; « poussez-vous, cest moi qui conduis le camion ». Sur quoi le camion est allé au fossé. Comment se fait-il quavec les qualités intellectuelles hors du commun quon lui prête il nait pas fait détudes plus brillantes ? Je soupçonne quil a en réalité plus dappétits que didées ou de convictions personnelles, que cest en quelque sorte un politicien chimiquement pur ! Que lui importe le sort de la France et des français. La plupart de ses déplacements sur le territoire national nont eu quun but électoral. Le seul objet de ses soins et de son admiration, cétait lui-même. Si cétait un conducteur dautobus il se retournerait après chaque virage vers ses passagers pour leur faire admirer sa maestria ! Les rares préoccupations morales dont il ait fait état sont apparues dictées par ses intérêts plus que par sa conscience. Il a préféré flatter les bas instincts de ses électeurs plutôt que de les exhorter à la vertu. Elevé dans un milieu privilégié, ayant fait ses premières armes en politique dans la gestion dune ville et dun département parmi les plus riches de France, il sétait habitué à dépenser sans compter largent public ce qui a encore conforté ce culot en béton armé qui fait la plus grande partie de son charme. Les soucis financiers lui ayant été jusqualors épargnés, il a semblé peu soucieux de se charger de ce fardeau nouveau pour lui. Il est plus difficile il est vrai de redresser les finances publiques et de lutter contre le chômage que de se livrer à des rodomontades sécuritaires ou de défier physiquement, alors quon est protégé par cinq cents CRS, un citoyen ordinaire qui manifeste verbalement son hostilité! Prudemment, il nest jamais allé au fond des choses en évoquant les problèmes économiques ou financiers devant ses concitoyens de peur dêtre obligé de dire ce jour-là le contraire de ce quil disait la veille ! Selon un mécanisme bien connu il laissait le soin à ses ministres de commenter une situation difficile, des ministres quil réduisait dailleurs le plus souvent au rôle de perroquets à qui il faut fournir des « éléments de langage » ! Il ny a presque aucune de ses initiatives qui ne se soit traduite par une augmentation des dépenses de lEtat ou par une diminution de ses recettes, aucun incendie qui nait été éteint sans utiliser la Pompe à Phynances chère au père HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Ubu_roi" Ubu! Ce Président qui était venu avec la mission daccentuer encore davantage la domination du capitalisme libéral, a été pris à contre-pied tant par la crise financière et économique que par lélection du président Obama et laffaiblissement relatif du modèle américain, Contraint de brûler aujourdhui ce quil adorait la veille, il ne lui restait plus que la légitimité de la girouette, toujours fidèle au vent dominant. Cette conversion tardive au dirigisme le plus traditionnel me rappelle la conversion au capitalisme libéral dun chanteur et acteur célèbre, longtemps compagnon de route des communistes, qui avait eu le malheur de faire fortune !
Il a adoré la puissance et la richesse selon un réflexe quasi pavlovien, et ceci dés son plus jeune âge. Il aurait voulu que le culte du HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Veau_d%27or" Veau dOr soit célébré par tous ses concitoyens ; cétait le fond de son programme politique. Il rêvait en fait de faire triompher le trio infernal constitué par largent, le pouvoir et la religion. Il faut reconnaître que son allégeance au président Bush, abrégée par la fin du mandat de ce dernier, a permis à des français de recevoir coup sur coup un Oscar, une Palme dOr et des prix Nobel en médecine et en littérature, alors que les français étaient depuis longtemps écartés de ces récompenses ! Ceci lautorisait-t-il pour autant à favoriser laméricanisation à marche forcée de la société française, quil sagisse dorganisation des pouvoirs publics, de culture ou de prise en compte du phénomène religieux ? Il flattait ainsi, il faut bien le reconnaître, les penchants américanolâtres de la jeunesse pour laquelle la vie rêvée se déroule comme dans les feuilletons télévisés dont elle est abreuvée entre le campus, les anniversaires des copains et des copines, les « psys », les avocats, le drapeau étoilé, léglise et le tribunal. Ce ralliement culturel et le retour dans l HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_du_trait%C3%A9_de_l'Atlantique_Nord" OTAN nont pas eu de retombées positives clairement perceptibles dans le domaine économique. Après ça il a voulu nous faire le coup de la défense de lidentité française alors quun des dangers les plus immédiats qui la menacent est très évidemment celui de son américanisation. Lamour du vin est une caractéristique importante de lidentité française. « Bon homme ne hait le bon vin » disait déjà Rabelais et Alain ajoutait que « plus dun mauvais diable imbibé de fiel a mouillé prudemment son vin, par crainte de se découvrir aux autres et de senlever le moyen de les tromper ». HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bl.doc" \o "la vérité est dans le vin" In vino veritas. Finalement, la seule caractéristique authentiquement française de ce buveur deau cest quil ne parle pas anglais couramment!
Il faut toujours être reconnaissant envers les dirigeants de tout le mal quils pourraient faire et quils ne font pas mais, tout de même, quest-ce qui la autorisé à compromettre la paix civile en remettant en cause le juste équilibre si laborieusement acquis il y a plus de cent ans entre croyants et incroyants ? A quels engagements cela correspondait-il, envers qui et en échange de quoi ? Ny avait-t-il pas de tâches autrement plus urgentes ? De temps en temps, aidé par des médias complaisants, il lançait un sujet sensible inspiré par lactualité, comme on lance un ballon dans larène et chacun de sévertuer sottement à donner son coup de pied personnel. Parmi ces sujets la laïcité a occupé une place de choix puisquil y est sans cesse revenu malgré les résultats consternants de ses premières tentatives. Etait-ce une simple opération de diversion pour camoufler des difficultés hélas bien réelles ? Pendant que les commentateurs parlaient de laïcité ou didentité nationale, ils ne parlaient pas dendettement, de chômage, de pauvreté, de précarité, de désindustrialisation, daffaiblissement national. A quelques mois de lélection présidentielle il a lancé mille projets controversés ou dintérêt douteux ce qui lui a évité davoir à parler de son bilan et de sa vision à long terme de lavenir du pays. Que de temps, de salive et dargent perdus à discuter de fadaises au moment même où la banqueroute était à notre porte ! Il a dévoilé ainsi sa véritable nature de bonimenteur, ce mot qui commence si bien et qui finit si mal ! Il a dabord voulu une laïcité qui soit « positive » à légard des religions. Elle consisterait, si on la bien compris à considérer que les activités religieuses doivent être encouragées et soutenues par la puissance publique au même titre que les activités éducatives, caritatives, sportives ou artistiques. Cest se moquer du monde, cest ignorer le sens des mots. La laïcité véritable nencourage ni ne décourage les activités religieuses, mais les enferme dans un cadre strict. La laïcité traduit trois préoccupations. La première est dempêcher les religions de diviser et de nuire. La seconde est de leur permettre de réconforter matériellement et moralement les personnes qui en ont besoin. La troisième est liée au fait que leurs prescriptions rejoignant le plus souvent celles de la morale naturelle, elles peuvent concourir au bon ordre de la société. Cest ainsi que la république française accepte volontiers sur son territoire les étrangers qui viennent remplir dans nos paroisses des fonctions sacerdotales pour les mêmes raisons quelle accepte ceux qui viennent soccuper des malades ou ramasser les poubelles. Quelles seraient les conséquences de la laïcité positive ? Linterdiction de critiquer les religions ? Linterdiction de faire circuler le présent essai ? Lintroduction dans la législation française du délit de blasphème ? On pourrait dire alors « France, quas-tu fait de ton Voltaire ? ». Il ny avait aucun motif avouable de rouvrir un débat qui avait été clos il y a plus dun siècle. On se demande si ce président reflétait bien la sensibilité moyenne des français. La France, ce nest pas Neuilly en plus grand ! Voulait-il en faisant financer par largent public la construction de nouvelles mosquées sassurer lappui électoral des musulmans ? Peu de contribuables auraient été daccord pour financer des ferments de division. Rien du reste naurait empêché des musulmans intégristes de prendre la direction des nouvelles communautés ainsi crées car ils auraient été les seuls à disposer des ressources financières allouées par les monarchies pétrolières. Il nest que de contempler la mine réjouie du clergé musulman pour comprendre quil y aura bientôt en France plus de monde dans les mosquées que dans les églises ! Le succès de lIslam, ici et ailleurs, semble provenir de ce quil est capable de procurer à chaque musulman si misérable soit-il une esclave potentielle en la personne de son épouse ! Les intégristes juifs et chrétiens sont sur la même ligne quand ils remettent en cause les conquêtes féministes du dernier siècle. Les seules dépenses admissibles à la rigueur par les contribuables laïques consisteraient à prendre en charge lentretien des mosquées dont la qualité architecturale aurait été reconnue. Je mets quiconque au défi de démontrer que le culte de la boite de camembert est moins légitime que tout autre. Irait-on jusquà construire aux frais du contribuable des lieux de culte pour les adorateurs de la boite de camembert ? Au reste, la multiplication des cultes ne fait que confirmer le caractère éminemment douteux des « vérités » qui y sont proclamées, ce qui renforce dautant les partisans de la laïcité. Affirmer publiquement comme il la fait que la morale du prêtre sera toujours supérieure à celle de linstituteur est tout à fait contraire à ce que le présent essai a la prétention de démontrer. Cette supériorité arbitrairement invoquée est incompréhensible pour tous ceux qui ont été, sont ou seront victimes du sectarisme religieux. La peur est le ressort essentiel qui permet de gouverner les sociétés pour tous ceux qui se réclament de lAncien Testament. Dailleurs le mot même de morale ne figure ni dans lAncien ni même dans le Nouveau alors que cette notion était HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27%C3%A9thique"parfaitement connue des grecs et des romains. Le dénigrement par le Chef de lEtat là de ses propres fonctionnaires, qui plus est en public et en terre étrangère, a quelque chose de proprement ubuesque. Il aurait du pourtant savoir quon ne gouverne pas par le mépris. Léthique, rappelons-le, est un instinct naturel que la société se doit de cultiver, ce que linstituteur, représentant de la morale des Lumières, la dernière et la plus aboutie de toutes les morales, semploie à faire de son mieux. Linstituteur fait de léducation lorsquil explique les fondements naturels de léthique et apprend aux élèves à reconnaître en eux-mêmes les manifestations de linstinct moral. Le prêtre qui se borne à édicter des obligations et des interdits assortis de châtiments et de récompenses ne fait pas de léducation mais du dressage. Cest à la morale laïque quon doit les progrès les plus décisifs en matière de droits des êtres humains, hommes et femmes, et ce sont les religions qui continuent de sy opposer avec le plus dacharnement. La laïcité est la contribution française la plus originale, la plus décisive au concert des nations puisque la laïcité peut seule garantir une paix véritable « dans la société entre les citoyens, et dans la famille entre les proches » et, au delà, entre les nations. Cest le dernier combat dune France privée des premiers rôles et ce combat nest pas encore gagné. La laïcité est la religion de lEtat français. Elle est indissociable de la morale naturelle. Elle est une condition essentielle de la paix universelle, et par là même de la survie de lhumanité, Si vous voulez véritablement défendre lidentité française défendez bec et ongles une véritable laïcité, celle qui renvoie dos à dos toutes les religions et qui proclame quun logos dorigine inconnue, et pourtant éternel et partout présent gouverne lunivers.
Les vertus de la fonction de président et la sagesse de son entourage semblent avoir fini par le ramener à une conception plus traditionnelle de la laïcité. Quatre ans et demi pour se décider à enfiler le costume présidentiel, certains ne manqueront pas de trouver ça un peu long ! Encore faut-il se demander si ce changement dattitude na pas eu des motivations avant tout électorales. En privé il ne manquait jamais de glorifier légoïsme des riches. Cest le credo des voyous mais cest aussi une monstruosité, tant du point de vue de léthique que du point de vue de la science économique. Il faut dire que beaucoup délecteurs pensent ; » il est sans ambiguïté du côté des riches, moi aussi, donc je suis avec lui. » La Belgique ne sest jamais mieux portée que pendant lannée où elle navait plus de gouvernement. Cest un appel à plus de modestie adressé à tous les réformateurs. Faites-moi de la bonne politique et je vous ferai de bonnes finances comme disait le baron Louis. Mesuré à cette aune le succès de la politique suivie depuis quelques années en France est loin dêtre évident. Au reste, le peuple versatile peut parfaitement choisir un président dune certaine tendance et envoyer au parlement, quelques semaines plus tard, une majorité de la tendance opposée ! Lélection véritablement décisive reste en effet celle de lAssemblée Nationale puisque cest elle qui détermine la majorité qui gouverne. Il est anormal que cette élection décisive soit complètement éclipsée par lélection présidentielle. Il est anormal que le caractère dune fonction puisse être complètement modifié par le résultat dun vote. Il est anormal également de faire reposer le sort dune nation toute entière sur un homme qui est à la merci du geste dun déséquilibré, dune maladie grave, dun banal accident ou dune simple migraine, un homme qui peut avoir trompé lélecteur sur son véritable caractère, mais qui est doté de pouvoirs exorbitants et qui est pratiquement inamovible pendant toute la durée de son mandat. Comme disait Mitterrand, ce régime était dangereux avant moi, il le redeviendra après ! La preuve est maintenant faite que Mendès-France et Mitterrand avaient vu juste quand ils se sont opposés pour cette raison à ladoption de la Constitution de la cinquième République. HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Arnaud_Montebourg" Arnaud Montebourg qui appelle de ses vux une sixième république paraît être le dernier des mendésistes, comme on dit le dernier des mohicans.
La cinquième république a été fondée par un homme qui ne supportait pas la critique. Dailleurs, il ny répondait pratiquement jamais. Refusant un régime parlementaire quil honnissait il aurait pu opter pour un régime présidentiel, mais il aurait dû dans ce cas se confronter régulièrement à lopposition, ce à quoi il répugnait. Il a donc inauguré un régime bizarre qui na déquivalent dans aucun autre pays. Le président y décide de tout et nest responsable de rien pendant toute la durée de son mandat. Le rôle dun président de la République ne devrait pas être de conduire la politique au jour le jour. Il y a un gouvernement pour ça, dirigé par un Premier Ministre, comme la Constitution dailleurs en dispose. Un président qui se substitue au gouvernement doit sattendre à recevoir plus de coups que de compliments. Sil prend linitiative de mesures impopulaires, il sexpose à être conspué, ce qui paraît peu compatible avec le respect dû à la magistrature suprême. Son rôle essentiel est dassurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et leur neutralité vis à vis des différentes factions, ce qui inclut la protection des magistrats vis à vis de toutes les pressions. Cest lil du citoyen sur les affaires de lEtat. Même sil est issu du même camp que le gouvernement, il doit cohabiter avec lui et procéder aux mises en garde nécessaires quand il constate laisser-aller, mensonge, corruption, ou tout autre manquement à léthique. En tant que premier magistrat de France il doit être larbitre qui siffle toutes les fautes, y compris celles de ses amis. Il propose le premier ministre qui ne peut être accepté ou révoqué que par le parlement. Son élection devrait intervenir lorsque les députés de lAssemblée Nationale ont accompli la moitié de leur mandat pour manifester de façon tant interne quexterne une indispensable continuité et pour redonner toute son importance à lélection de cette assemblée. Cinq ans avant de rendre la parole au peuple, cest trop long. Nul ne devrait être éligible à cette fonction avant 60 ans, un âge où la sagesse commence à prendre le pas sur les ambitions. Nul ne devrait être éligible après soixante dix pour des raisons évidentes de forme physique et mentale. Ceux qui ambitionnent dêtre un jour président, c'est-à-dire les meilleurs, seraient obligés pendant toute leur carrière de donner lexemple de limpartialité et de la modération. Les régimes politiques où un roi règne mais ne gouverne pas fonctionnent généralement de façon satisfaisante. Un prince éclairé et débonnaire représente peut-être la meilleure forme de gouvernement possible. Malheureusement la monarchie héréditaire ne peut fournir aucune garantie à ce sujet. Le système proposé aurait entre autres avantages par rapport à une royauté constitutionnelle que lon serait assuré que le roi élu est de bonne qualité, assagi, expérimenté et au mieux de sa forme intellectuelle. Il ny a pas de raison pour que le Président de la République dispose de prérogatives particulières en matière de politique étrangère si ce nest dy être associé pour en discuter utilement avec le gouvernement et signer les traités en connaissance de cause. Il doit garder la responsabilité quil naura probablement jamais à exercer de donner le feu vert définitif à lemploi de la force nucléaire, parce quil faut bien que quelquun se dévoue et que ce quelquun dispose du recul nécessaire par rapport aux évènements. Ce Président idéal, ce surmoi du gouvernement, devrait pouvoir sappuyer sur des services de prospective pour jouer utilement le rôle déclaireur en conseil des ministres. Il est en effet le garant de la pérennité de la nation et le porte-parole des générations futures. Libéré du devoir de gérer au jour le jour les affaires de lEtat il pourrait consacrer lessentiel de son activité à penser lavenir. Pour remplir toutes ces fonctions les qualités les plus nobles sont nécessaires, en particulier le jugement, limagination et la rigueur, spécialement la rigueur morale. Il doit être ce que de tout temps et en tous lieux on a appelé un Sage. Le bien-fondé de cette conception restrictive de la fonction présidentielle doit être démontré par lexemple et faire lobjet dun consensus avant de la figer éventuellement dans des textes.
Selon le principe majoritaire, 51% dune population contrôlant tous les pouvoirs peuvent, sinon réduire en esclavage les 49% qui restent, du moins les écarter définitivement des leviers de commande. Cest ce qui motive les opérations de séduction ou douverture auxquelles il a été donné dassister ici ou là. Il est même possible denvisager un scénario plus noir, celui où lun des deux camps, disposant dune très large majorité comme cela sest déjà produit dans la vie de la 5ème république, peut alors, à cause de leffet amplificateur du mode de scrutin, réformer la constitution de manière que plus rien ne soppose à ses caprices. Cet effet est particulièrement pernicieux lorsque le camp en question dispose en même temps du pouvoir économique et médiatique. Il ne faut pas oublier quHitler est parvenu au pouvoir selon un processus dapparence parfaitement légale.
Songez par ailleurs à laccroissement vertigineux des lois et des règlements sans quil soit fait defforts suffisants de compression, de structuration, de formation. Il faudra bientôt mettre un policier derrière chaque citoyen et un avocat derrière chaque travailleur. La plupart des lois importantes émanant de la Communauté Européenne, le législateur français qui veut rester actif en est réduit à édicter des lois mémorielles, à légiférer sur les pédophiles, les femmes voilées et les chiens méchants, à interdire ce qui était autorisé et autoriser ce qui était interdit ou bien encore à voter lalourdissement des peines et la création de nouvelles prisons. Reviens-nous, Victor Hugo, ils sont devenus fous ! Cest ainsi que se sont multipliées des lois de circonstance votées sous lempire dune émotion. Ces lois sont le plus souvent sans utilité réelle car larsenal répressif existant, déjà très fourni, permet de traiter pratiquement tous les cas. Cette frénésie législative ne fait que souligner léchec dune politique pénale qui, oubliant la prévention, exacerbe en pure perte la répression. Il est à penser que la plupart de ces textes de circonstance seront abrogés à la prochaine alternance politique. Dans ces conditions labsentéisme parlementaire est parfaitement compréhensible, je dirais presque quil est sain. Les lois se sont multipliées, mais la capacité du cerveau humain nest pas indéfiniment extensible. Quelques textes fondamentaux périodiquement révisés devraient remplacer lempilage des textes actuels où les spécialistes eux-mêmes ont du mal à se retrouver. Peut-on imaginer que le constructeur dun appareillage compliqué fournisse sous forme de feuilles volantes, au fur et à mesure des problèmes rencontrés ou des modifications apportées à son matériel, le manuel dutilisation et dentretien qui permet de lexploiter correctement ?
Les agents publics sattirent des critiques qui ne sont pas toujours injustifiées : la Télévision nappartient pas à ses journalistes ni à ses techniciens, lEcole nappartient pas aux enseignants, les chemins de fer nappartiennent pas aux cheminots, lAdministration nappartient pas aux fonctionnaires. EDF est une des rares entreprises publiques qui semble à labri de cette critique pour des raisons très particulières. Cette exception insupportable au credo du libéralisme ne sera pas tolérée très longtemps par des intérêts privés qui ne songent quà se partager ses dépouilles. La valse de leurs présidents semble être le prélude nécessaire au dépeçage programmé des entreprises nationales. Aucun gouvernement français naurait envisagé de démanteler ou vendre des services publics et des sociétés nationales qui fonctionnaient convenablement sans la pression exercée par la Communauté Européenne. La doctrine libérale est inscrite dans les textes qui en régissent le fonctionnement. Sa remise en cause nécessiterait une impossible unanimité. Lespoir de rendre lEurope authentiquement socialiste paraît donc aujourdhui des plus minces. Grâce à lEurope les libéraux ont pu imposer leur idéologie de façon apparemment irréversible, ce qui a pris par surprise la plupart des socialistes français restés obnubilés par leur rêve dune Europe de paix, de prospérité, de puissance et de prestige ; un rêve plus quaux trois quarts déçus, car la paix elle-même doit moins à lEurope quà la bombe atomique. Tout porte à croire quun Mitterrand en pleine possession de ses moyens ne se serait pas laissé faire sans résistance. Beaucoup de dirigeants socialistes après lui, oui. On ne voit pas comment il serait possible déviter une scission entre ceux des socialistes qui, quitte à abandonner provisoirement les premiers rôles, préfèrent le socialisme libre-penseur à lEurope libérale et chrétienne et ceux qui préfèrent une Europe même libérale et chrétienne au socialisme. Cette divergence fondamentale entre socialistes explique pour une bonne part leurs difficultés. Je suppose que cest cette incompatibilité foncière qui a dissuadé HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Delors" Jacques Delors de se porter candidat à la Présidence de la République en 1995 alors quil avait les meilleures chances de lemporter. Il a ouvert ainsi en France et pour longtemps la voie du pouvoir aux libéraux - fussent-ils déguisés en socialistes - qui ont mis la pagaille dans la maison France. Les socialistes doivent dire ensemble et avec force, même si cela fend le cur de certains, que lEurope libérale ne les intéresse pas. On ne voit pas comment le socialisme pourrait retrouver sa crédibilité sil ne parvient pas à faire preuve de clarté à cet égard, à coaliser toute la gauche et à relever le défi écologique.
Remarquons au passage le ridicule quil y aurait à se rallier parmi les derniers à un libéralisme rejeté par une majorité de français si celui-ci venait à être un jour abandonné par ses principaux supporters enfin soucieux de sauver la planète ! Ce nest pas à cause de ses insuffisances que le modèle économique mis en place en France à la libération a été abandonné, mais pour se conformer à lidéologie libérale dominante. Le partenariat public privé qui faisait la force et loriginalité de léconomie française a été sacrifié sans contrepartie sur lautel de lEurope
Or lEurope est loin davoir concrétisé sur le plan économique tous les espoirs qui avaient été mis en elle. Cest dailleurs, de tous les continents, celui qui a le plus faible taux de croissance. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bufs. Il faut commencer par rapprocher les politiques économiques et sociales avant dinstitutionnaliser un tel rapprochement. On ne couple pas un nouvel alternateur sur un réseau électrique sans lavoir auparavant synchronisé avec celui-ci. Non seulement lEurope ne résout pas les problèmes économiques des pays qui la composent mais, en leur liant les pieds et les poings, elle les empêche de les résoudre ! Lidée dorigine nétait évidemment pas que lunion paralyse mais quelle rende plus forte chacune des nations qui en sont membres. Dans les conditions présentes une union véritable devrait faire de lEurope une entité économique « HYPERLINK "../../../Application%20Data/Microsoft/Word/IEUE%20Rév%20bm.doc" \o "trop grosse pour disparaître"too big to fail ». On observe au contraire que, comme un troupeau dherbivores fuyant devant des prédateurs, les nations européennes à la traîne sont chacune à leur tour attaquées et mises à mal. Ainsi le veut le libéralisme qui est à la base de son organisation. Il y a un cliquet qui empêche lEurope daller dans une autre direction que le libéralisme car des pays aussi nombreux et divers ne peuvent trouver de règle qui convienne à tous. Comment voulez-vous que lEurope adopte une législation mettant fin à la spéculation financière lorsque celle-ci est la principale source de revenus pour certains des états qui la composent et quune telle législation doit être adoptée à lunanimité ? Aussi nest-elle même pas proposée. La France et nombre de pays européens nauraient jamais pu sendetter autant sans lEuro. Si toutefois ceci avait été le cas, linflation aurait permis den limiter limpact. Il faut réaliser que chaque famille française doit près dun an de ses revenus aux créanciers de son pays. Combien dentre elles pourraient faire faee si cette créance répartie se transformait en créance personnelle immédiatement exigible ? Sans louverture des frontières imposée par lEurope régano-thatcherienne le niveau de vie naurait pas forcément été meilleur mais il ny aurait pas eu un tel accroissement des inégalités ni autant demplois industriels détruits. Globalement la nation française aurait été plus heureuse et moins pessimiste. Le côté usine à gaz et le manque de souffle de la constitution dont lEurope a voulu se doter, le caractère malcommode de sa petite monnaie, sa gestion calamiteuse des grands programmes et lobscurité de ses textes réglementaires sont autant dexemples déplorables qui font redouter le pire pour la suite. Associer étroitement des entités territoriales qui ne parlent pas la même langue est une tâche très difficile comme le montre avec éclat lexemple belge. La tendance naturelle est à lémiettement des états en régions autonomes beaucoup plus quau rassemblement détats jusqualors indépendants à lintérieur dune même structure politique. Les responsables français de droite comme de gauche et ceux de nombreux pays européens se sont engagés tête baissée dans laventure européenne et y jouent leur carrière. Ils ne sont pas prêts de reconnaître leur erreur et pratiquent en conséquence la fuite en, avant. Le plus probable est que lEurope va senfoncer progressivement dans les profondeurs du classement.
Le pluriel ne vaut rien à lhomme
Et sitôt quon
Est plus de quatre on est
Une bande de cons
(Georges Brassens, Pluriel)
Du jour où la Grande-Bretagne, cheval de Troie du libéralisme anglo-saxon, est entrée dans la Communauté Européenne pour empêcher lEurope de remettre en cause le leadership des Etats-Unis, une certaine idée de lEurope était sinon morte, du moins moribonde. Lintégration de la Pologne, cheval de Troie du Vatican, na rien arrangé! Depuis que les anglais ont été « boutés hors de France », leur stratégie constante a été déviter lapparition en Europe dune puissance hégémonique. Ils y favorisent donc les dissensions pour garder les mains libres ailleurs. Au bout du compte les stratèges anglais et américains sont arrivés à leurs fins en transformant lEurope en simple zone de libre échange, terrain de chasse ouvert sans restrictions aux jeux de la finance anglo-saxonne. Si, daventure, les anglais choisissaient de se retirer du champ de ruines quest devenue la construction européenne, ils pourraient le faire avec le sentiment de la mission accomplie. En acceptant bon gré mal gré la dérive libérale de lEurope lEtat français sest condamné à limpuissance alors que ses citoyens lui en demandent chaque jour davantage.
La crise actuelle est une occasion unique de prendre un nouveau départ. Lextrême austérité qui sest déjà abattue ou qui va sabattre prochainement sur la plupart des pays européens changera-t-elle durablement cette situation ? Je crois que lopinion publique des nations menacées de faillite pressent quil existe des solutions moins douloureuses pour réduire le chômage et la dette. Supposez par exemple que lAllemagne abandonne un Euro devenu suspect. Aussitôt lEuro est dévalué par les marchés, ce qui réduit dautant le poids des dettes libellées en Euro. Ceux qui détiennent ces Euros les sentant fondre entre leurs doigts se dépêchent de les dépenser, ce qui permet à léconomie européenne de retrouver de la vigueur. Si, inspirés par cet exemple, les Etats-Unis laissent à leur tour filer leur monnaie il en résulte une diminution du poids des dettes libellées en dollars et une nouvelle accélération de la croissance mondiale. Les problèmes résultant de laffaiblissement de ces monnaies devraient pouvoir être résolus assez facilement dans une économie assainie et revigorée. Des solutions de ce type trouveront-elles une expression politique crédible? La crise économique ne semble pas pour linstant favoriser dans lopinion la recherche de solutions hardies mais plutôt le recours à des solutions de rentier mieux accordées au déclin économique occidental.
La HYPERLINK "http://www.cndp.fr/themadoc/defense/txt_citoyennete.htm" professionnalisation des armées sest généralisée dans les pays occidentaux. Il faut se réjouir bien entendu de ce que la perspective dune guerre entre lEst et lOuest se soit éloignée, mais on peut se demander si cette professionnalisation na pas aussi pour conséquence, sinon comme objectif inavoué, de retirer au citoyen ordinaire la possibilité de faire valoir ses droits. On sait que les rois et les seigneurs évitaient soigneusement darmer leurs paysans auxquels la chasse même était interdite. La fusion des services de renseignements le rapprochement des différentes forces de maintien de lordre, le braconnage des opposants les plus fragiles, linfiltration des organes dopposition, la reprise en main de la plupart des médias, le retour des barbouzes et des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_plombiers" plombiers, lutilisation illégale des moyens de lEtat et de largent des contribuables pour espionner et piéger des adversaires, la mise au pas de syndicats divisés et quelquefois compromis et celle, plus difficile, de la justice, toutes ces remises en cause de lordre établi perpétrées dans les dix dernières années allaient dans le même sens. Tous ces faits et méfaits avaient une odeur bizarre. En annonçaient-ils dautres encore pires? Un rouleau compresseur sétait-il mis en marche pour écraser toutes les velléités dopposition ? Le fait que des réformes, ô combien fondamentales, aient été décidées le plus souvent dun trait de plume, sans même un véritable débat parlementaire, laisse perplexe. Pourquoi a-t-on institué le procédé du référendum sinon pour trancher ce genre de questions qui intéressent la vie de chacun ? Pour en rester à laspect militaire la France dil y a un siècle, moins peuplée et infiniment moins riche quaujourdhui, était capable de mettre des millions dhommes sur le terrain. Il faut de nos jours racler les fonds de tiroirs pour envoyer quelques milliers dhommes ici ou là. La marine nationale ne dispose que dun seul porte-avions qui nécessite de longues révisions périodiques. La France doit-elle faire la guerre les années impaires exclusivement et se rendre dés que son porte-avion a été frappé par la première torpille ? Nous ne sommes pas les seuls à rogner les budgets militaires puisque, par un étrange retournement de lhistoire, nous nous plaignons de ce que lAllemagne ne consacre pas suffisamment de ressources à ses forces armées ! Après quelques années de professionnalisation létat des armées et de leurs équipements paraît pire que jamais comme si, sans appelés, il ne se trouvait plus personne pour accomplir les tâches les plus humbles mais aussi les plus nécessaires ! Les militaires ont le rôle mieux quhonorable dassurer linviolabilité du territoire national et, dans le cas de guerres étrangères, civiles ou non, de séparer les belligérants et de protéger laide humanitaire. Sen contenteront-ils indéfiniment ? Une armée de métier devenue une sorte de police internationale comportant pour ses membres peu de risques personnels majeurs pourrait attirer un certain type dhommes rebutés par les difficultés de la vie civile, peu représentatifs pour mille raisons de lopinion moyenne des citoyens, mais non insensibles à certaines tentations et susceptibles dêtre noyautés. La tradition démocratique et le respect de la loi ne sont pas partout aussi solidement ancrés quils le sont en Grande-Bretagne. Il y a un risque objectif, même sil paraît lointain dans les circonstances actuelles -mais ces circonstances peuvent changer- que ce qui doit rester larmée du peuple ne devienne larmée dune faction, et vous pouvez parier en toute tranquillité que cette faction ne sera pas celle des nécessiteux et des laissés pour compte. Il en fut ainsi partout pendant des millénaires et cest encore vrai en de multiples endroits. La proportion dintégristes et de nostalgiques du pouvoir personnel est plus importante dans les forces armées que dans toute autre profession. Personne ne choisit la profession militaire pour être tué ou estropié. Ceci me rappelle les propos tenus jadis devant quelques réservistes par un officier de métier, qui a fait depuis une assez belle carrière, selon lesquels nous autres, pauvres pékins, étions vraiment bien stupides dentretenir des militaires professionnels en temps de paix alors que nous occupions les postes les plus exposés en temps de guerre ! Jai provoqué moi-même des murmures réprobateurs lorsque je me suis laissé aller à dire devant des camarades que la guerre était une manière de sport. Je comprends ces murmures et jaurais certainement dû parler dun sport idiot si les circonstances lavaient permis, mais jobserve que des combattants qui ont cherché à sentre-tuer pendant des mois et des années peuvent, le match terminé, la paix revenue, tomber dans les bras les uns des autres. Il leur arrive même de fraterniser sur le champ de bataille ! Les guerres sont déclenchées, dans le seul but de protéger ou détendre leur pouvoir, par des clans mafieux parvenus au sommet. Les braves gens sy trouvent impliqués bien malgré eux. La défense de la nation, garante de la liberté de chacun, contre ces entreprises criminelles est une tâche qui ne devrait jamais être sous-traitée. Il est aussi risqué de confier sa liberté à des militaires de profession que de confier ses économies à des banquiers privatisés. Sans surprise, ces deux corporations pensent dabord à la défense de leurs propres intérêts. Avant daller à larmée, je ne nourrissais pas des sentiments exagérément chaleureux à légard des militaires bien que jai passé une bonne partie de mon enfance à jouer à la petite guerre comme cétait fréquent à lépoque. Ayant par la suite mieux connu les civils, jai trouvé finalement que les militaires nétaient pas si mal ! Il faut donc relativiser les choses. On peut concevoir quil soit indispensable que la force de frappe soit servie par des professionnels, encore quil existe certainement des fonctions subalternes qui pourraient y être tenues par des non spécialistes. Les armes classiques quant à elles peuvent être sans inconvénients servies par des amateurs. Lutilisation de ces armes dans les pays les moins développés na pas lair de poser de problème insurmontable. Nous en avons eu la douloureuse surprise à HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Di%C3%AAn_Bi%C3%AAn_Phu" Dien Bien Phu. Une sorte de droit de veto est potentiellement donné aux militaires de carrière, seuls détenteurs des armes les plus puissantes, sur toute évolution de la société qui naurait pas leur agrément de sorte que le choix des citoyens sexercerait dans un périmètre de plus en plus étroit. Voyez ce qui a été évité de justesse à la fin de la guerre dAlgérie grâce à la présence du contingent sur le terrain, aux sentiments républicains dun certain nombre dofficiers et à la présence à la tête de lEtat dun homme providentiel, donc rare, qui fut dailleurs en cette occasion, il faut malheureusement le rappeler, un pompier quelque peu pyromane. Cest en effet avec son aval que furent sauvagement réprimées en mai 1945 les manifestations nationalistes de Sétif. Beaucoup dhistoriens voient dans la violence de cette répression lorigine du sentiment répandu chez les patriotes algériens quil leur serait impossible de saffranchir pacifiquement du joug de la colonisation alors quils pensaient quune telle évolution leur était due et quelle leur avait été plus ou moins promise en échange de leur soutien dans la bataille contre le nazisme. La France engagea dans cette première répression tous les moyens terrestres, aériens et navals dont ses forces armées disposaient. Le drame de Sétif est expédié en deux lignes dans les mémoires du Général soit, suivant les estimations et les points de vue, quelques milliers ou plusieurs centaines de milliers de morts par ligne. En soutenant le retour au pouvoir du Général de Gaulle en 1958 les français dAlgérie espéraient sans doute quil allait rééditer ces hauts faits à plus grande échelle. Dans les années précédant 1958, date de son retour au pouvoir, les diatribes incendiaires de « HYPERLINK "IEUE%20Rév%20bd.doc" \o "Michel Debré"Michel Debré son exécuteur des hautes et basses uvres, qui considérait que tous ceux qui exprimaient des réserves sur la politique algérienne du gouvernement français ou sur certains aspects du comportement de son armée appartenaient à « lanti-France », les dérives « HYPERLINK "http://www.wsws.org/francais/News/2001/avril01/01avril01_algerie.shtml" questionnantes » qui nont pas cessé après son retour ainsi que les abandons qui ont suivi sont restés en travers de la gorge de plus dun. Nétant pas complètement débarrassé de présupposés courants à lépoque le Général a mis un certain temps à réaliser que les musulmans algériens étaient des gens fiers et courageux et que la grandeur de la France nétait pas leur préoccupation première. Il a fini également par comprendre que la France perdait dans ce conflit et ses forces vives et son âme. Lui-même passa par profits et pertes les HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Harki" harkis restés fidèles à la France. Le grand homme a vu clair plus tôt que beaucoup dans cette affaire de décolonisation, mais moins que certains et il était le premier à être conscient de cet échec quavec son immense talent de comédien et son autosatisfaction coutumière il a eu lart de faire passer pour un demi-succès. Sil avait été durablement fait confiance à HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Mend%C3%A8s_France" Pierre Mendés France, vilipendé probablement pour avoir voulu remettre son pays sur les bons rails et pour avoir montré quil en était capable, bien des choses auraient changé et pas forcément pour le pire. LAlgérie serait certainement devenue indépendante mais il nest pas dit que nos compatriotes auraient été contraints de rembarquer. Ce pays serait demeuré prospère et il aurait gardé tous ses enfants. De Gaulle aimait certainement la France, à défaut daimer les français, mais cétait un amant jaloux. Nul autre que lui navait le droit de la sauver. A avoir voulu trop longtemps une Algérie française, on finit par avoir une France de plus en plus algérienne. LAfrique du Sud nous a montré lexemple dun autre dénouement beaucoup plus économe en vies humaines et souffrances de toutes sortes. Sil y a eu un Mandela algérien, il est mort sous la torture.
Cest Mendés et HYPERLINK "http://www.lexpress.fr/" lExpress de JJSS, Françoise Giroud et François Mauriac, le plus souvent hostiles au régime mis en place par de Gaulle, qui ont éveillé la conscience politique de beaucoup de jeunes gens de ma génération. Le seul véritable apport de la 5ème république, cest ladoption du scrutin majoritaire qui oblige les forces sociales à se rassembler pour agir. Comment prétendre en effet gouverner la société toute entière si lon nest pas dabord capable de se rassembler au sein dun même camp ? Croire le contraire cest faire preuve dune redoutable immaturité. Des valeurs conservatrices, voire réactionnaires, ainsi que laffairisme se sont abrités sous le vaste manteau du Général, désorientant les intellectuels et artistes français et rognant leur audience internationale. Paris ne fait plus rêver, Paris privé de ses classes populaires nest plus chanté par les poètes. Paris est devenu une ville musée un peu tristounette et réservée aux touristes. Une chape de tristesse sest abattue sur le monde du travail. Voyez comme le beau nom douvrier est maintenant dévalorisé malgré la somme de courage, dabnégation et de noblesse véritable quil représente. Le nom lui-même est presque toujours absent des discours des partis de gouvernement. Il me souvient dun temps à présent révolu où les ouvriers dusine allaient le matin prendre leur métro en sifflotant et où les gars du bâtiment poussaient la chansonnette sur leurs échafaudages. Comparez lécriture des générations qui nous ont précédés avec les écritures actuelles et vous constaterez le contraste qui existe entre des écritures larges, fermes, assurées delles-mêmes et des écritures gâtées par la hâte, incertaines, resserrées, tremblotantes. Avec la HYPERLINK "http://www.assembleenationale.fr/histoire/loidebre/sommaire.asp" loi Debré, qui a rallumé la guerre scolaire entre les deux France, le Général a laissé pratiquer dans le mur de la laïcité une brèche qui ne cesse depuis de sagrandir au point que nous sommes aujourdhui menacés dun retour au pouvoir de la famille desprits qui sétait illustrée dans les années trente et quarante. Deux générations ont suffi à estomper le souvenir de leurs exploits. Gaullistes et pétainistes sont enfin réconciliés et ils ont trouvé leur champion aujourdhui déchu, qui était de tempérament apparemment plus pétainiste que gaulliste ! Le gaullisme vieillissant et résigné est devenu un pétainisme mou ! Les deux géants que furent de Gaulle et Mitterrand font encore de lombre à leurs successeurs. Lun et lautre avaient connu la guerre, les camps de prisonniers et les risques physiques aigus, ce qui leur donnait une épaisseur humaine sans égale. Alain prétendait quil était capable de reconnaître au premier coup dil celui qui avait vécu dans les tranchées. Au cours de ces tribulations Mitterrand avait pris conscience de léminente dignité de la famille humaine dans toutes ses composantes. De Gaulle ne sest jamais complètement départi dune certaine distance aristocratique. La haute taille de lun, le profil de médaille de lautre ajoutaient encore à leur autorité. Le personnel politique français actuellement disponible na pas été formé par des circonstances aussi exceptionnelles. Le costume présidentiel taillé aux mesures du général est trop grand pour lui. Ce sont les circonstances exceptionnelles qui font les hommes exceptionnels. Sans les deux guerres mondiales Pétain et de Gaulle auraient fait des carrières honorables certes, mais ils seraient restés dillustres inconnus. Quand tout va bien ils sont nombreux ceux qui se disputent le pouvoir. Quand les conditions se durcissent leurs rangs séclaircissent. Arrivent alors ceux qui, dévoués au bien public, étaient jusque là rebutés par la bousculade. Il y a une sélection par larrière, comme dans les étapes de montagne dune course cycliste. Quand les circonstances sont redevenues normales, les hommes exceptionnels sont promptement éjectés du système. Je me suis demandé pourquoi linstruction donnée jadis aux enseignants de lire en classe la lettre du jeune résistant Guy Moquet puis celle, heureusement abandonnée, de faire parrainer par de très jeunes élèves les petites victimes de la Shoah évoquaient pour moi des méthodes pétainistes. Cest à priori absurde puisque le régime de Vichy a précisément poursuivi et fait martyriser les résistants et les juifs. Je trouve pourtant deux raisons à ce sentiment étrange. La première est le souvenir que jai gardé davoir chanté « Maréchal, nous voilà » lorsque nos instituteurs eurent reçu lordre gouvernemental dapprendre à leurs élèves cet hymne conforme au credo du nouveau régime. La seconde est que ces espèces dexorcismes traduisent pour moi le désir de la droite dure et celui de lEglise de France de faire oublier leur passé antisémite et collaborationniste, en fait dêtre pardonnées sans avoir à faire de façon trop visible acte de repentance. Ces tentatives doucereuses de privatiser lhistoire de France et dembrigader la jeunesse, ouvraient la voie à dautres tentatives moins anodines, faute de quoi elles nauraient eu aucun sens. La création aujourdhui abandonnée dune Maison de lHistoire de France obéissait sans doute aux mêmes préoccupations, dautant quil était question au même moment de faire entrer le spectre de la torture dans le temple des gloires militaires françaises! Il sagissait à lévidence de faire le jeu « d'un système d'opinions bizarres
qui encourage au crime par la commodité des expiations ». Vilipender le nazisme après coup comporte au reste peu de risques.
Jai conspué Franco la guitare en bataille
Pendant pas mal dannées
Faut dire quentre nous deux simple petit détail
Yavait les Pyrénées
(Georges Brassens,)
Le temps qui passe protège encore plus efficacement quune chaîne de montagnes.
La nation qui était la valeur suprême pour les générations qui nous ont précédés est aujourdhui attaquée du haut par la construction européenne et du bas par la régionalisation. Luvre centralisatrice poursuivie par les monarchies comme par les républiques est mise au rancart, jusquà avoir voulu débaptiser, ultime sacrilège, la Nationale 7 ! Il y a des économies locale, nationale, internationale, il ny a pas déconomie régionale, ou si peu. La vie culturelle nest régionale que pour le folklore, et encore, sinon elle est principalement francophone. Ce nest pas la pratique de loccitan, du breton ou du basque qui fera bouillir la marmite dans un univers où les frontières sestompent. Estimons-nous heureux si nous parvenons à sauver la langue française. Le fait que cette régionalisation et cette européanisation aient été décidées en circuit fermé par le monde politique désigne les vrais bénéficiaires de lopération : ceux qui en sont les auteurs, pour lesquels elle multiplie les places, les pouvoirs discrétionnaires et les tentations. La proposition de supprimer les départements qui aurait eu leffet inverse a fait lobjet dun rejet unanime dans les mêmes cercles. Quand ont été conclus froidement à HYPERLINK "http://translate.google.com/" \l "auto|en|La%20cr%C3%A9ation%20d%E2%80%99une%20Maison%20de%20l%E2%80%99Histoire%20de%20France%20ob%C3%A9it%20sans%20doute%20aux%20m%C3%AAmes%20pr%C3%A9occupations.%20" Lisbonne des accords européens dont le contenu avait été précédemment rejeté sans ambiguïté par le peuple la notion même de démocratie a été vidée de son sens. Or ces accords confortent en Europe le libéralisme économique anglo-saxon, ce qui prive les états européens dune bonne partie de leur pouvoir dans ce domaine car la législation européenne a priorité sur les législations nationales. Le plus étonnant est que ceci ne soulève même pas dindignation, tant lopinion publique est tenue en lisière par les « gens den haut ». Nest-ce pas prendre un risque que de faire fi de cette opinion dont le bon sens nest plus à démontrer ? Comment le bon citoyen peut-il encore avoir envie daller voter quand il constate que son vote le plus solennel a été bafoué ? La Communauté Européenne nest pour le moment quun club. En tant que club, elle na pas besoin dune Constitution, mais dun règlement intérieur. Si lEurope doit apporter la misère au lieu de la prospérité promise les peuples européens devront sinterroger sérieusement sur lopportunité de poursuivre lexpérience.
La régionalisation risque daggraver encore les inégalités entre des régions riches et bien en cour et des régions déshéritées ou mal-pensantes, jusquà susciter des tentations de sécession comme chez certains de nos voisins. Elle multiplie à coup sûr, tout comme la construction européenne, le nombre des fonctionnaires et les conflits entre les différents niveaux de responsabilité. Ces conflits peuvent vite devenir paralysants quand les diverses autorités compétentes ne sont pas du même bord. Au reste les pouvoirs régionaux font peu parler deux. Aucune grande bataille ne paraît se livrer à leur niveau. La meilleure façon daméliorer la qualité de vie des citoyens serait plutôt dutiliser les nouvelles technologies pour redistribuer lactivité économique sur lensemble du territoire national, permettant ainsi de valoriser lespace et les beautés de régions actuellement délaissées. Quest-il fait de sérieux dans ce domaine ? La création de « zones dactivités » bénéficiant de régimes préférentiels dérogatoires ne profite quau marché de la construction. Cest une mauvaise manière à légard des entreprises concurrentes qui ne bénéficient pas des mêmes facilités. Dans bien des cas ces zones sont utilisées principalement comme pompes à subventions. Le succès de nouvelles niches fiscales ne sest jamais démenti. Sous prétexte de soutenir lactivité économique on crée des distorsions qui ne font quaugmenter les inégalités. On ne fait jamais cadeau aux contribuables que de leur propre argent selon le principe bien connu du canard marseillais qui se nourrissait en se fourrant le bec dans le fondement. Cest encore et toujours la faveur du prince qui octroie la richesse. Les fonds publics vont-ils au plus méritant ou au plus intrigant ? Le solliciteur valorise le sollicité, ce que tous les courtisans savent dinstinct. Il sera donc préféré. Tous les avionneurs du monde prospèrent grâce aux contrats militaires de même que tous les laboratoires pharmaceutiques profitent des programmes de santé publique initiés par lEtat. Quel industriel ne rêve de voir ses produits achetés par lEtat ou remboursés par la sécurité sociale? Le pouvoir central trouve surtout dans la régionalisation un moyen de se débarrasser de problèmes gênants. Comme toujours il répond par des mesures administratives à des problèmes qui sont de nature essentiellement technique, quil sagisse de la qualité de lenseignement et des soins médicaux ou de la compétitivité de lindustrie et de la recherche. Croire quil suffit daccorder des crédits plus importants à lenseignement supérieur ou à la recherche pour améliorer leur qualité de façon mécanique est du domaine du rêve. Le succès dune recherche repose sur des équipes stables, enthousiastes et soudées autour de projets mûrement réfléchis, ce qui demande du temps et du savoir-faire. Les mesures qui se contentent de modifier les organigrammes et de construire des locaux supplémentaires sont autant de cautères sur des jambes de bois. Il ne suffit pas de construire des campus à laméricaine et den soigner lengazonnement pour que nos universités rattrapent le niveau de Berkeley, Sandford ou Harvard. Le projet du plateau de Saclay qui doit regrouper les écoles les plus prestigieuses en un même lieu est une ineptie coûteuse dont le seul objectif est détaler la toute-puissance du pouvoir politique devant les yeux dune jeunesse réticente. Quel est le temps de retour de largent qui y aura été investi ? Bien sûr ce calcul est inutile puisque, comme chacun sait, la France na aucun souci dargent
De plus elle sest séparée des moyens qui permettaient de mener à bien un tel calcul. Les bataillons dexperts qualifiés et les batteries de calculateurs surpuissants gorgés de données économiques et statistiques ont été remplacés depuis quelques années par le seul cerveau du Président de la République. Il nest pas sûr quil en résulte à long terme une réelle économie. Est-il normal quon attende de rapports extérieurs, quelle que soit la qualité de ces rapports et celle de leurs auteurs, des directives concernant la meilleure manière de conduire la politique économique de la nation alors que celle-ci devrait faire lobjet de soins permanents et vigilants. Imagine-t-on Foch ou Eisenhower sollicitant des conseils extérieurs pour décider de la conduite de la guerre? La légèreté avec laquelle le monde politique traite les questions les plus essentielles et le peu de moyens quil y consacre explique sans doute pour une part les difficultés rencontrées dans ce domaine. Le pouvoir technocratique ne va jamais au fond des choses, au cur des différents métiers et activités. Ce nest pas sa vocation diront certains. Peut-être, mais ceci exclut quil contribue efficacement à la solution daucun des problèmes pendants. Ce quil pourrait faire de plus efficace cest de sen rendre compte, de ne rien changer pour le plaisir et de faire confiance aux hommes de terrain. La productivité est dabord la responsabilité de tous les agents économiques, quel que soit leur place dans la hiérarchie. Cest de plus un domaine où tout ne peut être mis sur la place publique. Cest ce quont parfaitement compris les allemands, les japonais et quelques autres, ce qui se reflète entre autres dans la qualité de leurs produits et la prospérité de leurs entreprises. Cest la qualité du projet qui emporte le plus souvent la décision du client, et heureusement ! Au lieu de respecter le travail et les travailleurs on donne la priorité en France à ceux qui savent faire le paon dans les salons ou gonfler leur jabot dans les bureaux de direction. La classe sociale dont un postulant se revendique ainsi que ses relations vraies ou prétendues comptent davantage que sa compétence professionnelle. On nommera donc le plus souvent aux premières places des courtisans qui ont fait carrière dans les cabinets ministériels plutôt que des hommes de lArt qui ont fait leurs preuves dans leur entreprise. « HYPERLINK "http://michel.balmont.free.fr/pedago/lumieres/figaro.html" Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui lobtint » comme disait Beaumarchais à la veille de la Révolution. Ce phénomène français ne date pas dhier comme on voit. Le règne de Louis XIV et des autres rois de droit divin nest pas encore terminé et le talent nécessaire pour assumer ce rôle nest pas toujours au rendez-vous. Un ministre accordera sa préférence à une réforme sans lendemain mais qui porte son nom plutôt quà une amélioration durable mais anonyme. Labsence de réelle culture scientifique et technique du personnel politique est particulièrement frappante. Cest certainement un domaine quil a un peu fréquenté au cours de ses longues études mais quil sest empressé doublier sitôt les examens passés. Ignorer délibérément la nécessité dun minimum de compétences techniques de la part du personnel politique revient à promouvoir lirresponsabilité de ceux qui gouvernent un monde dominé par la technique. Le même phénomène se retrouve dans les entreprises où les directions ont souvent une légitimité exclusivement financière ou relationnelle et ont tendance à considérer que compétence et imagination technique sont des qualités qui vont de soi, des qualités vulgaires et subalternes. Les universités préparent à la carrière de fonctionnaire. Pour le reste, il y a les écoles, petites ou grandes, mais tout ça va être bientôt chamboulé
Depuis quelques années le gouvernement na de cesse de casser ce qui fonctionne à peu près dans le seul but de montrer quaucun domaine dactivité néchappe à son pouvoir de nuisance. Il finira bien par avoir la peau des grandes écoles. Ce nest pourtant pas en faisant passer de largent de sa poche droite à sa poche gauche, en déshabillant Pierre pour habiller Paul que lEtat crée de la richesse. Dautant quil noublie jamais de prélever son tribut au passage. Léconomie mixte qui faisait cohabiter entreprises publiques et entreprises privées dans un même secteur na pas été abandonnée à cause de ses performances insuffisantes, mais par nécessité dadopter les principes libéraux dune Europe dominée par lidéologie anglo-saxonne. Largent privé redoute par dessus tout la concurrence du secteur public. La prospérité actuelle de la Chine nest-elle pas liée à une certaine forme déconomie mixte ? La faveur dont jouissent la construction européenne et la régionalisation auprès des politiques, en contraste avec la tiédeur du français moyen et de beaucoup deuropéens, sexplique en grande partie par le fait que lEurope et les Régions demandent toujours plus délus et toujours plus de fonctionnaires de haut vol. Où sont les programmes qui doivent prendre le relais de ceux dAirbus, dAriane, du TGV, du nucléaire civil que le centralisme à la française avait permis de mener à bien et grâce auxquels la France tient encore debout ? La source en est tarie et ce nest pas une Europe, tour de Babel bureaucratique, ni les Régions qui paraissent en mesure de la réalimenter. Estimons-nous heureux si cette politique ne finit pas de casser les programmes qui existent en faisant des rares réussites nationales des échecs européens, sous lil goguenard des anglo-saxons. Rappelons-nous que, pour un anglo-saxon, la terre des zoulous commence à Calais ! Franchement, aurait-on lidée en cas de crise grave de régionaliser la défense nationale ou de laisser à la seule initiative privée le soin de produire les armements nécessaires ? Beaucoup vous diront quil ne faut pas aller contre le mouvement général et quon ne joue pas au rugby sur un terrain de football, même si on préfère le rugby. Il y a quelque apparence de raison à ce point de vue, égoïstement et provisoirement. Si toute personne, physique ou morale, a le devoir de défendre sa propre vision des choses devant toutes les instances possibles, dans son action quotidienne elle est bien obligée de se conformer aux usages du plus grand nombre. Chaque nation a son génie propre. Celui de la France a été de tout temps centralisateur. Grâce à linformatique en réseau la centralisation des organisations peut parfaitement coïncider avec une déconcentration physique de leurs agents sans perte defficacité, bien au contraire, Espérons que nous naurons pas à reprocher un jour à cette république le retour du bonapartisme si toutefois nous ny sommes pas déjà. Elle a réhabitué les français à tout attendre dun seul homme, funeste habitude et bien peu digne de leur passé républicain. De là à les réhabituer à tout craindre, il ny a quun pas. Laccent longtemps mis sur la répression beaucoup plus que sur la prévention nous en a rapproché chaque jour davantage.
Crise de la politique internationale
Caste des financiers, caste des militaires, il ne manquerait plus quune caste ecclésiastique pour que soient effacées les conquêtes politiques et sociales des deux ou trois derniers siècles ! Les Etats-Unis, précédant comme toujours de quelques longueurs les autres pays développés, dérivent insensiblement dans cette direction. Ce qui sest passé à HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_de_Guantanamo" Guantanamo et dans dautres lieux de détention sous leur contrôle a été la première manifestation évidente de cette dérive totalitaire. Lutilisation de drones armés pour éliminer sans risques de supposés adversaires en est une autre. Sous-traiter la violence et délocaliser la torture, voilà des idées davenir ! Lattitude des Etats-Unis dans le conflit israélo-palestinien palestinien a longtemps été tout aussi scandaleuse. On voit bien les inconvénients de pareilles pratiques pour limage des Etats-Unis. On a peine à en discerner les avantages. A quand le prochain épisode de « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Dallas_(feuilleton_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9)" Dallas », celui ou JR sinstalle à la Maison Blanche? Il faut malheureusement constater que laméricain moyen, travaillé par une propagande populiste intensive, se sent finalement moins proche dObama que de ses adversaires. Si les intégristes religieux des deux camps qui se disputent la Palestine ne peuvent être muselés, est-il possible darriver à un état stable de cette région sans avoir recours à lune des deux solutions suivantes :
Réserver aux Palestiniens le sort des indiens dAmérique parqués dans des réserves minuscules ? Cest peu ou prou ce qui est en train de se produire sous nos yeux. Israël en gardera une tache indélébile. La Shoah est sans doute la principale raison pour laquelle linstallation de colons juifs en Palestine a été tolérée par la communauté internationale. Elle nautorise pas nimporte quel comportement jusquà la fin des temps.
Financer grâce à largent du pétrole le retour volontaire des Israéliens dans le pays de leur choix au moyen dune indemnisation des biens abandonnés et dun revenu suffisamment généreux servi pendant une période suffisamment longue? Une taxe de quelques dollars par baril, quil faudra instituer de toute façon pour des raisons de préservation de lenvironnement et de conservation de la ressource, suffirait à alimenter en bonne partie le fond correspondant. La nation allemande pourrait également être mise à contribution de même que dautres pays européens qui se sont rendus coupables dantisémitisme. La France en fait partie qui a reconnu la responsabilité de létat français dans larrestation et la déportation de juifs français et étrangers. Ce processus devrait être poursuivi au moins jusquà lévacuation totale des colonies de Cisjordanie. Ainsi serait réparé un siècle derrements de la communauté internationale qui sest défaussée des conséquences des HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Shoah" drames éprouvés par les citoyens de confession juive dans certains pays dEurope sur un peuple palestinien qui navait rien à voir avec cette histoire, qui ne demandait rien à personne mais que lon contraint pourtant à expier un crime quil na pas commis !! Ces errements - qui nont dégal que ceux qui ont permis à Israël de se doter de larme nucléaire- ont mis toute la région du Proche et du Moyen-Orient à feu et à sang, et tout porte à croire que ça continuera tant que des groupes religieux fanatiques continueront dy dicter leur loi. Par lutilisation très partielle de la manne pétrolière pour améliorer le sort des palestiniens sa concentration en un trop petit nombre de mains serait quelque peu réduite et le levain que constitue la population israélienne cesserait dêtre gaspillé là où il y a si peu de pâte à faire lever. Cette population serait dailleurs plus en sécurité dans la plupart des pays développés quen Israël même où elle est à la merci du terrorisme et dun retour du balancier, et rien ne soppose aux solidarités transfrontalières. Israël peut bien négocier en tête à tête avec les palestiniens jusquà la fin des temps, il nen sortira aucun accord de paix car les exigences israéliennes sont clairement inacceptables par la partie adverse. Il suffit pour en être convaincu davoir entendu un premier ministre israélien revendiquer pour son pays, devant lAssemblée Générale des Nations Unies, un nécessaire espace vital qui ne peut être acquis quau détriment de lespace palestinien avec une morgue, un cynisme et un sens de la provocation qui siéraient mieux à un fasciste ou à un malfrat quau représentant élu dun pays démocratique. Vous conviendrez que le terme « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Espace_vital_(nazisme)" espace vital » quil utilise dans ses discours évoque des souvenirs plutôt curieux
Lutilisation sans complexe par Israël du terme de colonies pour désigner ses annexions les plus récentes du sol palestinien montre bien le délire dans lequel ce pays sest enfermé. Israël qui a pourtant souffert dans sa chair du fanatisme nazi ne semble pas avoir compris que le fanatisme religieux peut conduire aussi aux pires horreurs. On dit que, parvenus à lâge adulte, les enfants persécutés ont tendance à répéter le comportement de leurs persécuteurs. On ne voit pas que lexistence de ces colonies puisse jamais être acceptée par la communauté internationale, ni bien entendu par les palestiniens, alors que la décolonisation sest partout ailleurs imposée. La bande de Gaza qui pose un problème spécifique peut devenir la zone portuaire de la Palestine si on la relie à la Cisjordanie par une voie ferrée circulant éventuellement en tranchée couverte. Le seul risque de cette politique de désengagement pacifique serait de mécontenter certains groupes de pression politico-militaro-industriels pour lesquels la principale préoccupation nest pas de trouver de largent mais de trouver des ennemis à pourfendre et des motifs dintervention dans les zones sensibles transformées ainsi en autant de terrains dexercice pour leurs forces armées. Pourquoi Israël a-t-il évacué la bande de Gaza laissant le Hamas y régner en maître ? Pourquoi vient-il de libérer sans crier gare mille anciens combattants du Hamas auxquels aucun engagement ni garantie nont été demandés ? Cest quil faut à tout prix maintenir un abcès purulent susceptible de fournir un prétexte pour intervenir en territoire palestinien et saboter les efforts de paix de la communauté internationale largement favorable aux thèses palestiniennes. La poursuite de la colonisation est un camouflet permanent à légard de cette communauté. Sil continuait à entretenir limage dune Palestine état terroriste, le Hamas apparaîtrait objectivement comme le meilleur allié dIsraël. Israël est un porte-avions nucléaire amarré à quelques encablures des principales sources dapprovisionnement en pétrole, et constitue de ce point de vue un parfait agent provocateur. Cest certainement un élément fondamental, sinon le plus fondamental, qui explique le soutien constant dont a bénéficié jusquà présent Israël de la part de la puissance américaine. Il sagit de maintenir la pression sur le monde arabe pour éviter quil ne se laisse aller à réclamer autrement que par des paroles un traitement équitable pour les palestiniens. Il faut, dans les pays pétroliers, maintenir au pouvoir coûte que coûte des clans indifférents à la justesse de la cause palestinienne mais très conscients de la fragilité de leurs privilèges. Les menaces proférées à lencontre des iraniens obéissent à la même logique. Les Etats-Unis limitent leurs risques en chargeant Israël dexercer les pressions militaires. La meilleure chance du peuple palestinien réside peut-être dans le développement aux Etats-Unis du gaz et du pétrole de schiste ce qui pourrait permettre aux américains de retrouver leur autonomie énergétique et rendrait moins prégnant leur souci de contrôler étroitement toute évolution politique ou militaire au proche et au moyen-orient. Le peuple palestinien sera également en meilleure position lorsque la Chine sera devenue le N°1 mondial. Il semble anormal que la question israélo-palestinienne, quon devrait dailleurs appeler la question israélienne car les palestiniens nont jamais fait problème, nait pas encore reçu de solution et quelle continue, malgré son importance quantitativement limitée, dobnubiler lattention dune opinion mondiale qui commence à se lasser. Lintégrisme des uns nourrit lintégrisme des autres et il faut un singulier aveuglement pour ne pas réaliser que lexposé public de sa foi chez celui qui détient la puissance militaire crée le besoin chez lautre dexprimer la sienne par tous les moyens. Le terrorisme est dans ce cas lalternative la plus naturelle à lacceptation de linjustice. On ne combat pas un intégrisme au nom dun autre intégrisme. Il faut essayer de le désarmer au nom de la philosophie des Lumières. La paix ne pourra revenir dans cette région du monde aussi longtemps que les principes de laïcité nauront pas été reconnus par tous, et dabord par ceux qui détiennent la puissance militaire. Dans ce débat qui devrait la concerner au premier chef compte tenu de ses principes fondateurs, la France, après sêtre abstenue courageusement en attendant de voir de quel côté pencherait la balance parait se rallier à lopinion internationale majoritairement favorable à la cause palestinienne. Le président Bush aurait laissé un souvenir positif dans lhistoire sil était parvenu à régler cette question avant de quitter le pouvoir. Ce nétait pas forcément la meilleure idée que de le faire aider par un préretraité, sympathique au demeurant mais qui nest pas neutre, ni politiquement ni religieusement. Il semble quil eut mieux valu confier ce rôle à un sceptique notoire. Le fait quObama ait laissé tomber les palestiniens après avoir exprimé lintention de les soutenir ne peut sexpliquer que par lhostilité majoritaire de lopinion publique américaine et de ses représentants élus. Sagit-il dun repli tactique ou bien a-t-il tellement pris goût au pouvoir quil est prêt à se renier pour le conserver ? Espérons quil sera plus audacieux ou plus chanceux au cours de son second mandat.
Si les intégristes de tout bord étaient réduits au silence, lUnion Européenne élargie pourrait fournir un cadre propice au développement des deux peuples et éviter quils ne restent en tête-à-tête. Le Liban pourrait également en faire partie. Il faut auparavant que les Israéliens aient pris conscience des droits des Palestiniens sur leur sol et quils fassent leffort de sy faire accepter, effort auquel ils risquent de ne jamais consentir tant que les forces en présence seront aussi déséquilibrées. Il faut aussi que les Palestiniens considèrent les Israéliens comme des parents qui ont eu de grands malheurs et réalisent quils peuvent contribuer à les réparer. Encore faut-il quon le leur demande poliment et quon leur fournisse des compensations sonnantes et trébuchantes. Les peuples arabes ont tout intérêt à ce que leur région devienne une oasis de paix et de prospérité et ils ont les ressources nécessaires pour y parvenir. Il ny aurait sans doute jamais eu de 11 septembre si la position américaine dans le conflit israélo-palestinien avait été dés le départ plus équilibrée au lieu dêtre constamment partisane pour des raisons économiques, stratégiques, religieuses, voire électorales. Il est très probable que la solution du problème israélo-palestinien ramènerait la paix au Proche et au Moyen-Orient, ferait disparaître presque instantanément lessentiel de ce qui reste de terrorisme et supprimerait les dernières tensions qui peuvent encore subsister entre chrétiens, juifs et musulmans dont les leaders religieux, par réflexe corporatiste, ne demandent quà sentendre pour faire front commun contre les sceptiques et les blasphémateurs. Il est permis despérer que cette pacification réussie ferait tache dhuile. Il serait démontré ainsi que le pétrole qui peut déclencher des conflits dévastateurs peut également favoriser la paix. Les pêcheurs en eaux troubles en seraient pour leurs frais et les musulmans cesseraient dêtre diabolisés par ceux qui veulent faire main basse sur leur magot. Cet accomplissement mérite bien quon lui consacre quelque argent ! Le monde ne pourra pas connaître une paix complète et véritable aussi longtemps que durera une injustice aussi criante que celle qui est faite actuellement au peuple palestinien. Or, une telle paix est indispensable pour résoudre les problèmes vitaux et urgents qui attendent la communauté des nations. De même lUnion Européenne pourrait contribuer à apaiser les rancunes multiséculaires qui règnent dans les Balkans où cohabitent plutôt mal que bien catholiques, orthodoxes et musulmans et permettrait de renouer les liens économiques et culturels qui existaient dans lancienne Yougoslavie. Il serait alors possible de tirer parti des multiples talents qui y abondent, même sils saccompagnent parfois dun petit grain de folie. Ceci vaudrait mieux à coup sûr que denvoyer chars et avions contre des peuples qui ont fait preuve de tant dhéroïsme dans la lutte contre le nazisme. On voit bien de quel côté penche la Communauté Européenne quand on constate que la Croatie collaborationniste est intégrée avant la Serbie résistante.
Le véritable critère dappartenance à cette Union ne devrait pas être dordre géographique. Les progrès techniques réalisés dans le transport des personnes, des biens et surtout de linformation rendent ce critère de moins en moins pertinent et des territoires situés au-delà des océans lui appartiennent déjà sans problème. Le globe terrestre tout entier se parcourt presque aussi vite de nos jours quun département français au temps de Napoléon. Il est possible aujourdhui, dans les lieux les plus reculés, davoir une activité intellectuelle et relationnelle presque identique à ce quelle pourrait être dans la région parisienne. LAustralie et la Nouvelle-Zélande sont aux antipodes de la Grande Bretagne. Elles nen appartiennent pas moins, de façon indiscutable, au monde anglo-saxon. La guerre oppose de plus en plus rarement une nation à ses voisines. On ne se bat bien que contre des gens quon connaît mal. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale les français ont fait la guerre en Indochine et en Algérie, les portugais en Angola, les américains en Corée, au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, les anglais aux Malouines ! Ce qui fait la force de lUnion Européenne, cest que beaucoup veulent y entrer et que personne ne veut en sortir. LEurope a-t-elle apporté la paix ? Oui en apparence, mais par le biais de lobligation démocratique imposée aux impétrants, sans même parler de la menace dun holocauste nucléaire. La démocratie est pourvoyeuse de paix à lopposé de tous les régimes caractérisés par le pouvoir personnel. Celui qui arrive au pouvoir par la violence ou par lintrigue a une tendance naturelle à utiliser les mêmes moyens une fois installé, à supposer quil ny soit pas contraint par les évènements. Le citoyen ne confie le pouvoir à des « tueurs » que par inadvertance. Lappartenance dun état à cette Europe-là doit être plus un label de qualité quune caractéristique géographique. Plutôt que de suggérer lentrée de la Suisse dans lUnion Européenne, il aurait mieux valu demander ladmission des nations européennes dans la Confédération Helvétique, qui est pacifique certes, mais bien décidée également à se faire respecter par laction conjointe de tous ses citoyens ! Il ne serait pas mauvais que cette Union ait grâce à la Turquie une frontière commune avec les états riches en pétrole pour quelle ait autant que dautres son mot à dire sur ce qui sy passe et quelle assure ainsi davantage la sécurité de ses approvisionnements pétroliers aussi longtemps quexisteront les ressources.
Les initiatives dune nation isolée nont plus guère de sens dés lors quil sagit de traiter les problèmes dont nous avons tenté linventaire : environnement, énergie, génétique, santé, justice, stabilité économique et financière, entraide. LONU paraît trop faible et trop tiraillée pour imposer quoi que ce soit. LEurope semble être le type dorganisation le mieux adapté pour montrer lexemple à condition de ne pas lenfermer dans des limites géographiques dépassées par lévolution des techniques et des mentalités. Ses performances économiques relativement modestes sont peut-être un atout lorsque la protection de lenvironnement et des ressources naturelles est devenue le problème le plus critique. Lambition de pérenniser le monde vivant dans sa diversité pourrait être inscrite dans sa constitution et lui conférer le souffle qui lui fait défaut. Le véritable critère dappartenance à cette entité cest la volonté den faire partie et den respecter les règles. Car cette union qui a vocation à sétendre à toute la planète sappellerait plus justement Union des Démocraties de Bonne Volonté, ensemble de nations pacifiées à lintérieur comme à lextérieur, inspirées par lesprit des Lumières, respectueuses de tous les droits de lêtre humain et toujours prêtes à donner un coup de main là où le besoin sen fait sentir. Pourraient sy agréger ultérieurement le Canada, lAustralie, la Nouvelle Zélande, le Japon, la Corée, la pointe sud des continents américain et africain et, finalement, les Etats-Unis et la Russie, Il existera de plus en plus, du fait de leur stades dévolution politico-économique similaires et de leurs climats généralement tempérés ou froids induisant des besoins énergétiques comparables, une solidarité de fait entre ces différents pays. Les pays froids ou tempérés seront moins affectés par le réchauffement climatique que les pays du sud alors que leurs émissions de CO2 auront tendance à être plus importantes en raison de leurs besoins énergétiques supérieurs. Cet avantage climatique des pays du sud est déjà sensible et explique pour une part le faible prix de leurs produits manufacturés. Les négociations entre cette union et une union similaire des pays situés entre les tropiques dont la Chine, lInde et le Brésil, auraient de bien meilleures chances daboutir que les négociations actuelles effectuées en ordre dispersé. LOTAN, toujours à la recherche dune mission à la hauteur de ses moyens, pourrait être rebaptisée et devenir lassurance tous risques dune telle union en attendant éventuellement un rôle plus global. Il pourrait être nécessaire de prévoir un sas par lequel les nations trop éloignées des conditions moyennes des pays déjà membres devraient passer avant dintégrer cette Communauté afin déviter des mouvements erratiques de populations ou de capitaux. Cest pourquoi lidée dUnion Méditerranéenne est intéressante mais peut-être un peu trop précoce.
Le monde occidental a rarement été aussi sûr, du moins dans limmédiat. Pourtant, et jy vois une nouvelle illustration du phénomène de recentrage de laiguille du « satisfactionomètre », les citoyens ordinaires encouragés par des médias soumis à la pression des mâles dominants, jouent à se faire peur avec le terrorisme et limmigration. Quand il na pas sa dose dangoisse, lhomme grossit à plaisir les quelques dangers qui subsistent. Cependant les véritables dangers ne sont pas là où il croit quils sont.
« J'ai un terrible ennemi, me dit-il. Regarde. Partout il se montre, aussi puissant, aussi attentif, aussi vif que moi. Que me vienne la pensée qu'il me guette, et que je me dresse, je le vois debout. J'en suis à ne plus dormir ; mais lui non plus ne dort pas. Tranquille et résolu autant que moi. J'attends qu'il attaque ; mais je ne puis attendre ; je ne puis lui laisser cette avance; je lève le bras ; regarde ; il était temps ; lui lève aussi le bras. Toutes mes pensées, je croirais qu'elles naissent en lui en même temps qu'en moi. Il me craint, je le vois bien, et, comme je sais ce que c'est que craindre, je sais qu'il me hait. Tous les projets que je forme pour me défendre, il les forme ; et comme je me veux étendre, ce qui est un moyen de me garder, lui le veut aussi. Il est mon semblable, je le savais ; je le sais encore mieux depuis que nous sommes en querelle. Peut-on aimer son semblable ? Bien plutôt n'est-il pas sage de le craindre ? Ce qui est désirable à moi ne l'est-il pas à lui ? On m'a dit autrefois que c'était paix entre ceux qui pensent les mêmes choses. Mais si nos pensées sont nos désirs, et au fond nos besoins, n'est-ce pas guerre, au contraire, si l'on pense les mêmes choses. O mon frère ennemi, tu m'as appris d'amères vérités ! Encore maintenant tu me les confirmes. Par cette allure, par cette attitude, par ce geste désespéré que tu viens de faire, désespéré et en même temps menaçant, je le vois bien. Adieu, fraternité ! »
Ainsi parlait l'homme en me montrant l'homme.
« Mais, lui dis-je, c'est ton ombre. » (Alain)
Ainsi commencent toutes les guerres préventives. Lidée dutiliser les crédits militaires pour résoudre pacifiquement les problèmes neffleure que rarement lesprit des responsables des nations. Sans perdre de vue que, dun point de vue général, il faut ajouter aux dépenses propres des militaires le coût de tout ce quils cassent ! Comparez le coût dun pont et celui de la charge explosive qui suffit à le détruire, la valeur dun homme jeune et instruit, prêt à faire de grandes choses, et celle de la balle qui suffit à le rayer du nombre des vivants. Songez aux armements nucléaires qui se multiplient un peu partout. Au nom de quoi, sinon du droit du plus fort, en dénier la possession à certaines nations ? Pourquoi devraient-elles être privées de ce moyen de se faire respecter alors que leurs plus proches voisines en disposent ? Que les plus puissants commencent par se débarrasser de leur arsenal avant de réclamer que dautres y renoncent ! Qui se permet de qualifier certains états de voyous doit commencer par balayer devant sa porte ! Les armes nucléaires peuvent être déclenchées à tout moment par des irresponsables avec les conséquences apocalyptiques que chacun connaît, et la force nest pas un gage certain de responsabilité. Daucuns peuvent se dire avec le cynisme propre à certains milieux fortunés : « quimporte que le reste de lhumanité périsse pourvu que nous en réchappions » ! Comment tenir les excités à lécart du bouton fatal ? Et qui va décider que tel ou tel est un excité ? Sil y a encore des va-t-en guerre lorsquil sagit de lIran ou de lIrak, il y en a heureusement beaucoup moins dés lors quil sagit de la Russie ou de la Chine. Une paix fragile sest instaurée entre les grandes puissances depuis la fin de la dernière guerre mondiale parce que toutes les catégories de la population sont menacées, y compris les plus fortunées et les plus proches du pouvoir. Cest certainement cette perspective qui a conduit Kennedy et Khrouchtchev à sentendre in extremis lors de la HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_Cuba" crise cubaine. Larme atomique a plus fait ainsi pour cette paix fragile que toutes les homélies réunies de tous les prêtres de toutes les religions du monde. Le temps semble révolu où les puissants pouvaient dire « armons-nous et partez », où la guerre était décidée par des braillards de soixante ans et faite par des hommes de vingt. Dailleurs les survivants dun échange nucléaire, compte tenu des conditions qui régneraient alors, regretteraient de nêtre pas morts
Aucun cinéaste na été tenté de montrer avec réalisme un tel état du monde, pas plus que celui dun monde privé dénergie, les deux pouvant dailleurs se combiner. Si, par suite de difficultés économiques ou financières extrêmes, une société part à un moment donné dans tous les sens, si le pouvoir de la classe dominante est menacé, la guerre étrangère constitue souvent lultime moyen de resserrer les rangs. Il est plus facile de maintenir la discipline de la troupe au contact de lennemi quà la caserne. Des intégristes se sentant menacés de perdre leur influence et se croyant à labri des représailles, ou bien avides de voir de leurs propres yeux lapocalypse annoncée par leurs livres sacrés, peuvent être tentés de vitrifier un ou deux continents rétifs pour faire triompher leur « vérité » sur celui quils occupent et régner sans partage. Soyons conscients de ces menaces. Lintégrisme chrétien est de loin le plus redoutable en raison de la puissance des armes dont il pourrait disposer. Un fou à Washington ou à Moscou ou même à Paris ou à Londres est de ce point de vue beaucoup plus inquiétant quun fou à Téhéran ! Paradoxalement on pourrait même dire que la bombe iranienne constituerait lune des rares chances détablir une paix équitable au Proche et au Moyen-Orient car elle renforcerait en Israël le parti de la paix. Quand la force brutale est réduite au silence par une force équivalente la justice a quelque chance dêtre entendue. Lembargo sur le pétrole iranien décidé par les pays européens pour dissuader lIran de poursuivre son projet de bombe atomique nà aucune chance dêtre efficace. Il est cependant préférable à toute opération militaire. Il faut se dire quavec le temps tout ce qui peut arriver finit un jour ou lautre par arriver. Lexistence de la vie elle-même en est la meilleure illustration. Imaginez un instant que toute la sauvagerie dont lhomme est capable se déchaîne à nouveau et utilise tous les moyens désormais à sa disposition. Il nest pas impensable que le déclenchement dune telle guerre se produise par accident ainsi que la illustré avec un humour dévastateur le cinéaste Stanley Kubrick dans son film HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Docteur_Folamour" Docteur Folamour. Il nest pas impensable non plus que le déclenchement dune telle guerre intervienne si un futur Président des Etats-Unis juge menacés les intérêts vitaux de son pays et sil a acquis une confiance suffisante dans son bouclier antimissile. Le surarmement a affaibli léconomie de son pays. Il peut être tentant pour lui de récupérer une partie des sommes gigantesques englouties dans ses forces armées en adoptant un comportement prédateur rendu possible par une suprématie militaire incontestée. La seconde guerre dIrak est le premier exemple flagrant dun tel comportement dont les Etats-Unis nétaient pas jusque là coutumiers. Les plus extrémistes du parti républicain penchent dans cette direction et ce bellicisme est contagieux. Lislamisme est en ligne de mire, mais il peut être tentant aussi de se débarrasser de quelques créanciers ! Pour des raisons différentes ses plus proches alliés ainsi que la Russie, seraient épargnés. Les autres nations verraient leurs forces nucléaires détruites par une frappe préventive. Des frappes ultérieures détruiraient les infrastructures des nations qui refuseraient de se soumettre, comme cela sest passé en Irak et ailleurs. Toutes seraient contraintes de limiter de façon drastique leur consommation dénergie fossile. Les tankers chinois et indiens seraient contraints de faire demi-tour avant de franchir le détroit dOrmuz. Le contrôle du réseau Internet, du système GPS, des produits Microsoft, et de bien dautres productions indispensables permet aux Etats-Unis despionner et de paralyser, sils le veulent, lactivité économique et militaire des autres pays. Comment se fait-il que lutilisation doutils aussi prodigieusement efficaces et coûteux que le réseau Internet ou les moteurs de recherche soit gratuite si ceux qui les développent et les entretiennent nont pas les moyens den tirer profit dune manière ou dune autre? Il y a les profits commerciaux bien entendu mais il y a aussi, et cest peut-être le plus important, la possibilité despionner lactivité des ennemis de lAmérique et même de ses amis et de fournir des renseignements précieux aux sociétés américaines ! Les victimes dun tel conflit ne se compteraient plus en millions mais en milliards à cause dun « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hiver_nucl%C3%A9aire" hiver nucléaire », qui peut se produire même en cas de conflit limité comme entre lInde et le Pakistan. La famine, la guerre civile, les pillages et les épidémies qui en résulteraient achèveraient de tout détruire ramenant la population mondiale à un ou deux milliards dhabitants peut-être. Je ne veux pas imaginer que le dernier homme encore vivant écrira un jour avec son sang sur le dernier pan de mur encore debout « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Omar_Raddad" Dieu ma tuer » ! Cest ce qui risque darriver si la Bible hébraïque et le Coran ne sont pas rangés au fond des bibliothèques. Pourquoi la puissance américaine refuse-t-elle de se joindre à la lutte contre le réchauffement climatique si elle na pas quelque part, refoulée au fond dune arrière-salle de son subconscient, comme expédient ultime, une option de ce type? Si ses plus allumés ne rêvent pas détablir un régime théocratique judéo-chrétien et déradiquer les autres religions et lirréligion ? Le dieu de la Bible et celui du Coran servent de caution à tous les fanatismes. Larriération mentale de lextrême droite américaine que traduit son adhésion au créationnisme, son négationnisme en matière de risques climatiques et son racisme latent joint à son extraordinaire pouvoir économique, politique et médiatique a quelque chose de profondément inquiétant. Les islamistes ne sont pas moins coupables, mais ils ont des circonstances atténuantes. Les génocides que préparent ces fanatiques népargneront personne. Les Etats-Unis sont à la croisée des chemins. Haïs, surendettés, empêtrés dans des guerres sans fin, ils ne sen sortent que grâce à leur avance scientifique et technologique quils doivent dailleurs à des individus talentueux qui ont depuis longtemps renoncé à ces vieilles lunes. Ils peuvent continuer à jouer leur jeu personnel ou bien se joindre avec tous leurs moyens à la communauté internationale. La politique menée par le président Bush junior parait navoir eu quun seul but qui était de permettre aux plus favorisés de ses compatriotes de continuer à vivre confortablement sans rien changer à leurs habitudes aussi bien matérielles quintellectuelles. Quen sera-t-il de son successeur ? Sera-t-il capable dabandonner la vision selon laquelle il y a deux peuples élus dans le monde ; le peuple américain et le peuple juif ? Le fait quune fois désigné sans ambiguïté par le suffrage universel lactuel président continue dinvoquer Dieu, de soutenir Israël malgré ses exactions et de menacer lIran ne laisse pas dinquiéter. Il serait plus juste et plus favorable à la paix universelle dexercer une pression économique énergique sur Israël qui viole allègrement et pas uniquement par des paroles les recommandations de lONU. Il est compréhensible que, quelques soient ses sentiments personnels, lactuel président soit obligé de tenir compte de son opinion publique et de celle de son Congrès. De par ses origines il risque de devoir apparaître comme plus américain que nature. A quels risques personnels ne sexposerait-il pas sil sécartait radicalement de la politique de son prédécesseur ? Lassassinat des frères Kennedy a de quoi faire réfléchir. Malgré le changement des personnes on ne peut donc tout à fait exclure que la politique étrangère américaine ne perpétue le même formidable contresens issu dune lecture non distanciée de la Bible hébraïque dont le caractère divin, il faut le répéter après Benoît XVI, ne saute pas aux yeux de lobservateur non prévenu. Du point de vue littéraire, la Bible est très inférieure à lIliade ! Les américains soutiennent les israéliens dans leur refus de prendre en compte les droits légitimes des palestiniens pour des motifs politiques et religieux. Sil est possible de discuter des motifs politiques et éventuellement de convaincre, il ny a aucun espoir daboutir concernant les motifs religieux car nous sommes là dans le domaine de larbitraire et de labsurde.
Un autre fait générateur de tension est la montée en puissance des peuples dAsie. Si lOccident est schizophrène, tiraillé quil est entre son rationalisme scientifique et son irrationalisme monothéiste, lOrient na pas ce handicap et paraît bien parti sur la voie de la suprématie économique. Comment va-t-on expliquer aux peuples chinois et indien quils doivent revenir à leur sagesse et à leur sobriété millénaires après quils aient consenti dimmenses efforts pour se rapprocher des standards occidentaux ? Que se passera-t-il lorsque ces grands corps entreront en ébullition parce que lOccident aura entrepris, éventuellement par la force, de limiter leur impact devenu intolérable sur lenvironnement et les ressources naturelles disponibles ? Les énergies renouvelables, soleil, vent, chutes deau, marées, vagues et biomasse ne suffiront pas à elles seules dans un avenir prévisible à répondre aux besoins énergétiques de ces deux géants, notamment en raison de la rareté des terres arables dont ils disposent, Il risque dêtre plus tard que tu ne crois. Les conditions actuelles conduiront tôt ou tard si rien nest fait à une guerre dextermination qui marquera le début dune nouvelle ère géologique. Qui se sent capable aujourdhui dévaluer lespérance de vie de notre civilisation ? Qui prendrait le pari quelle aura à se préoccuper un jour de lagonie du soleil ?
15. EPILOGUE
Navons nous pas honte den être arrivés à faire cet ensemble de constats désolants ? Car, enfin, de mémoire dhomme, le monde na jamais connu des circonstances aussi favorables bénéficiant à une fraction aussi importante des populations. Peu ou pas de guerres dans les pays développés depuis près de soixante ans, plus dépidémies, plus de famines, plus de bestioles harceleuses, plus de froid noir et glaçant, plus desclavage, moins de tyrannies, une durée de vie qui ne cesse de sallonger, des souffrances soulagées, moins de travaux pénibles, davantage de loisirs, des vieux jours assurés, des progrès incessants et extraordinaires dans tous les domaines, quil sagisse de soigner, de produire, de communiquer, de voyager, de savoir, de comprendre. Ces conditions nouvelles rendent caduques une bonne partie des enseignements quon peut tirer de lhistoire. Il se trouve malgré cela que notre satisfactionomètre continue dêtre sensible aux variations de tous ces paramètres et non à leur valeur absolue et que les crises dont nous avons tenté linventaire nous donnent limpression dêtre arrivés au sommet de la courbe et quau-delà la pente va sinverser, nous entraînant vers le gouffre. La crise actuelle est en effet beaucoup plus grave que celle de 1929 car à la crise économique et financière sajoute la crise environnementale et celle due à lépuisement des ressources naturelles, notamment énergétiques. Il faut y ajouter les contraintes liées à la mondialisation, à la création de lentité européenne et à limpossibilité de faire la guerre à une échelle suffisante. Il en résulte quil sera encore plus long et plus difficile den sortir. En fait il parait à peu près impossible de freiner avant la catastrophe. Pourtant nous sommes tous embarqués et seuls maîtres à bord de la planète Terre. Allons nous rester là à nous disputer la meilleure cabine dun navire en train de sombrer alors que nous avons encore, peut-être plus pour très longtemps, les moyens déchapper au naufrage ? Nest-il pas nécessaire que nous prenions le temps de faire le point, de nous interroger sur notre prochaine destination et que nous arrêtions les décisions qui simposent ? Au milieu de locéan et incertains de la direction à prendre, ne pouvons-nous au moins nous mettre daccord sur la nécessité de faire taire les querelles dans léquipage et de maintenir le navire à flot ? Ne détournons pas nos yeux des réalités pénibles : lhumanité surpuissante mais menacée na plus le choix. Elle ne peut compter que sur ses propres forces pour se préserver et préserver son environnement. Il est désormais en son pouvoir dutiliser efficacement ou de ruiner à tout jamais la mémoire génétique et le savoir-faire technique accumulés pendant des milliards dannées grâce à laddition dun nombre presque infini dheureux hasards. Pour éviter ce dénouement fatal les vertus désuètes de sobriété, déconomie, dhumilité, dintégrité, de générosité, de respect de la parole donnée doivent être remises à lhonneur et pratiquées par le plus grand nombre. Le malheur de tous est fait de la somme des égoïsmes de chacun. Le vingt et unième siècle sera vertueux ou ne sera plus. Du moins ne serons-nous plus là pour le contempler. Le génome humain ne devant être modifié quavec la plus extrême prudence, cest sur une modification de lorganisation politique, économique et culturelle de la société engendrant une plus grande justice sociale et sur un effort gigantesque de formation intellectuelle et morale quil faut compter pour atteindre cet objectif. Pris à la gorge par les diverses crises, nous sommes tenus dévaluer toutes les solutions. Une social-démocratie écologique et consensuelle à la scandinave semble cependant à priori la mieux capable de réaliser les ambitions de toutes les religions si elle admet de donner à leurs préoccupations communes, notamment éthiques, un fondement scientifique.
Il serait évidemment contraire au principe de précaution et au simple bon sens despérer que les progrès scientifiques et techniques à venir vont régler tous les problèmes. Ces progrès peuvent très bien ne pas se produire, ou pas là où ils sont attendus. Les problèmes actuels doivent être résolus avec les moyens actuels. Si des progrès futurs permettent dalléger les efforts, tant mieux ; mais ne comptons pas sur eux prématurément. Il faut donc imaginer dés maintenant les processus qui permettront de passer de la situation existante, intenable à moyen terme, à une situation nouvelle plus satisfaisante, plus stable et plus durable, avec un minimum de heurts, de drames, dinjustices. Les ressources nécessaires doivent provenir dune diminution relative de la part des armements et des produits de luxe dans le total des biens produits et non, bien évidemment, dune diminution relative des produits de première nécessité sans perdre de vue quil est plus rémunérateur et, dune certaine manière, plus excitant de jouer à Star War que disoler des bâtiments, plus amusant de rouler à vive allure dans une voiture de sport que de se trainer dans un véhicule électrique mal chauffé et non climatisé, et que les reconversions nécessaires risquent en conséquence dêtre lentes et mal vécues. Il faut ce faisant agir avec prudence, et de façon réversible, car dans le domaine politico-économique les résultats des actions menées sont souvent imprévisibles, et les experts se trompent plus souvent quà leur tour. En proposant la plupart du temps plusieurs scénarios possibles, ils ne font quétaler au grand jour leurs incertitudes et leurs insuffisances. Depuis des années on les a entendus nous bassiner avec cette affirmation quune crise analogue à celle de 1929 ne pouvait plus se produire compte tenu des progrès de la science économique ! Ils avaient oublié de prendre en compte les progrès de la science informatique et ceux des mathématiques financières ! Personne ne sait évidemment résoudre une équation à sept milliards dinconnus lorsque chaque inconnu est un problème à lui tout seul. Comme a dit je crois le président Giscard dEstaing, une économie, une société modernes ne se conduisent pas à grands coups de volant. « Continuer, ensuite commencer » (Alain). La vie est un processus continu dans lequel les changements, pour être féconds, ne doivent être introduits quà petite dose. Pour quon ne continue pas à dire « plus ça change, et plus cest la même chose ». Le socialisme est un long cheminement. Tout déséquilibre social doit être corrigé en sinspirant de la régulation des processus industriels. Laction exercée doit être proportionnelle au déséquilibre constaté, elle doit ramener progressivement ce déséquilibre à zéro et elle doit contrer toute variation trop rapide pour éviter linstabilité. Ceux qui, comme les pays communistes, ont voulu prendre des raccourcis nont pas su se protéger des coups quils sattiraient. On peut donc penser que le marché conservera encore longtemps son rôle indispensable dans loptimisation des décisions banales. Il est lexpression dans le domaine économique du phénomène de sélection naturelle. Cette espèce de guerre fait des blessés quil faut soigner pour quils puissent retourner au combat alors que leur abandon découragerait ceux qui ont été jusque là épargnés. Laiguillon de la concurrence semble pour le moment irremplaçable même sil doit être manié avec prudence. La politique commence là où le marché doit se déclarer incompétent. Le bonheur des citoyens doit être désormais recherché dans la simplicité et léconomie des moyens, ce qui nest pas une mauvaise définition de lélégance. Il est possible de travailler moins à condition de vivre autrement, ce qui ne veut pas dire plus mal. Travailler mieux pour vivre mieux, tel devrait être le nouveau slogan. Le taux de croissance est le plus mauvais indicateur qui soit dans la mesure où il encourage à produire plus, quelle que soit lutilité réelle de ce qui est produit. Un meilleur indicateur prendrait en compte la disponibilité pour tous des biens essentiels tels que nourriture, logement, environnement sain. Le produit intérieur brut, devrait être remplacé par le produit intérieur de bonheur. Le bonheur des gens est très rarement pris en compte par les hommes politiques. Lorsque daventure il lest, ce qui est le cas de la loi sur les trente cinq heures de travail hebdomadaire qui facilite considérablement la vie des salariés, ses auteurs sont vilipendés par leurs adversaires et mollement soutenus, voire trahis, par leurs amis
Essayons de faire une projection dans le temps. Le monde industriel moderne est né au 19ème siècle, il a atteint sa vitesse de développement maximum au 20ème et il amorce une décélération au 21ème. Il pourrait atteindre un pallier de stabilité au cours du 22ème siècle et porter alors tous ses fruits, si les problèmes énergétiques et environnementaux ont été réglés
Compte tenu de leffort nécessaire pour ajuster les bases matérielles de notre civilisation à ces contraintes, ce nest pas la langueur économique qui est à craindre, cest la surchauffe. Le collectivisme sobre doit être préféré chaque fois que cest possible à lindividualisme dispendieux. Ce point de vue va complètement à rebours de létat desprit des citoyens américains dont la mentalité sest forgée dans des espaces vierges, quasi illimités et aux ressources abondantes. Ils souhaitent, comme cest assez naturel, persévérer dans leur être, mais ceci a un coût, pour eux-mêmes et pour les autres. Lhistoire a toutefois démontré quil ne fallait jamais désespérer du pragmatisme américain et rien nempêche, puisque les politiques menées les années passées ont déclenché une crise majeure, quun nouveau « HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/New_Deal" New Deal » proposé par un président humaniste ne replace la société américaine dans un courant opposé aux tendances actuelles, courant dont elle prendrait assez naturellement la direction. Dans un monde considérablement rétréci, une véritable autorité supranationale est devenue indispensable, que ceci plaise ou non, pour résoudre avec succès les problèmes liés à la stabilité économique, politique et environnementale de la planète. En labsence dautres candidats, ce peut être lobjectif dune Europe élargie aux dimensions du monde. Malgré cela une ou deux générations ne seront pas de trop pour sortir du trou où nous nous trouvons actuellement et nous ouvrir vers lespace, espoir et refuge. Nous serons alors véritablement à la fin dune histoire faite de bruit et de fureur. Cette entreprise salvatrice peut redonner du sens à la vie dune communauté humaine qui se plaint amèrement den manquer. Cette sortie par le haut sera rendue encore plus difficile, sinon impossible, si les décisions douloureuses à prendre sont différées parce que trop dattention et defforts auront été dilapidés à traiter (mal) des problèmes artificiellement gonflés comme le terrorisme ou de faux problèmes comme les préférences religieuses.
Parce que le ciel paraît vide, parce quaucun dieu ne semble disposé à venir nous tirer du mauvais pas où nous nous sommes fourvoyés, lunion de tous les hommes de bonne volonté est plus que jamais nécessaire. Les incroyants ne doivent pas être absents de cette union mais au contraire y jouer un rôle moteur. Incroyants, encore un effort si vous voulez que la race des hommes soit sauvée. Cependant, arrivés devant le dernier obstacle, beaucoup hésitent, renâclent, et finalement se dérobent. Cest précisément ce qui sest produit lors des dernières réunions internationales consacrées à lévolution du climat. Il est donc temps de changer de méthode. Observons à ce sujet que les nations qui ont refusé de sengager dans des actions efficaces contre le réchauffement climatique sont à peu près les mêmes que celles qui refusent de désarmer. Les deux phénomènes sont liés. Aucune de ces nations ne veut baisser sa garde, que ce soit dans le domaine économique ou dans le domaine militaire. Rien donc ne se fera tant quune confiance mutuelle naura pas été établie. La création de boucliers anti-missiles visant à neutraliser dhypothétiques adversaires alors quon ne cesse daméliorer ses propres armes, nest pas la meilleure manière détablir cette confiance. Cest par le désarmement quil faut commencer, ce qui aura également pour effet de dégager les ressources nécessaires pour financer les adaptations indispensables. Il ny aura pas de paix possible tant que les valeurs laïques, pacifiques par nature, nauront pas pris le pas sur les valeurs religieuses génératrices de conflits dans les relations entre les hommes comme entre les nations. Le HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Noeud_gordien" nud gordien du conflit israélo-palestinien doit être prioritairement tranché faute de quoi ce conflit continuera dempoisonner la vie des habitants de cette planète si même il ne labrège pas. Il faut pour cela que les Etats-Unis cessent dopposer leur veto à toutes les résolutions des Nations Unies qui exigent dIsraël un comportement responsable mais au contraire contribuent de tout leur poids à les faire appliquer. Demander aux palestiniens et aux israéliens de se mettre daccord entre eux, cest véritablement se moquer du monde, prétendre au sérieux la menace iranienne également. La communauté internationale se lèverait comme un seul homme pour défendre, sil était attaqué, un état dIsraël qui respecterait les droits des palestiniens. Par leur refus de contribuer à régler le problème israélo-palestinien, par leur acceptation dinégalités et diniquités scandaleuses, par leur refus de considérer sérieusement le problème du réchauffement climatique, par leur refus dapprécier les phénomènes religieux pour ce quils sont, par leur obstination à se surarmer, par leur sacrifice des libertés démocratiques à un objectif « sécuritaire » inatteignable, par lespionnage tous azimuts systématique et souvent illégal, les Etats-Unis prennent une responsabilité écrasante dans la genèse de la catastrophe qui se prépare. Il y a bien quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark. Le pire en la matière est que les Etats-Unis servent de modèle à une bonne partie du monde développé.
La séquence à réaliser pour que laventure humaine ait une chance de se poursuivre pourrait être la suivante
Apaiser tous les conflits internes et externes auxquels des démocraties se trouvent mêlées. Cest ce que lEurope a fait et que les présidents Obama et Poutine ont commencé de faire.
Arrêter la production darmements nouveaux ainsi que la recherche militaire
Ne conserver quune structure dencadrement des forces armées pouvant faire appel le cas échéant à des soldats déjà formés tels que policiers et gendarmes, ou à des appelés recrutés dans la fonction publique en contrepartie de la sécurité demploi que procure cette fonction.
Stabiliser puis réduire les endettements car on ne peut garder perpétuellement de tels boulets aux pieds. Des dettes de cette ampleur ne pourront jamais être remboursées selon les termes prévus. Les pays qui essaient en ce moment de rembourser en respectant les échéances ne semblent avoir aucune chance dy parvenir car ils nagent moins vite que le courant qui les entraîne. Ils sépuisent en pure perte à rembourser une dette largement due aux malversations des possédants. Au surplus les prêteurs ne souhaitent nullement condamner leurs débiteurs à la misère car ce sont aussi leurs clients. Les prêteurs souhaitent au contraire pouvoir continuer à prêter dans un environnement stable pour devenir encore plus riches. Les débiteurs doivent donc utiliser leur pouvoir de nuisance pour renégocier leur dette. La seule question est de savoir sils ont intérêt à le faire collectivement ou non. Si elle agit isolément la France peut ne pas mettre suffisamment en péril le système financier international et son initiative risque de se retourner contre elle. Collectivement plusieurs grands pays dEurope pèsent un poids suffisant peut renégocier leur dette. Unis ils sont capables de résister à des prêteurs refusant des délais plus longs et des taux plus bas. Si certains prêteurs perdent un peu dargent dans cette négociation ce nest pas trop grave dans la mesure ou ces éventuels perdants ne sont pas particulièrement à plaindre. Ceci vaut mieux pour eux en tout cas que davoir affaire à une débandade générale ou à des gouvernements issus de révoltes populaires qui refuseraient de reconnaître les dettes de leurs prédécesseurs. Sil ny a pas de moyen alternatif il faut donc, sans trop de scrupules, aller chercher largent là où il est. Les conditions dans lesquelles cet argent a été accaparé sont le plus souvent de nature à soulager la conscience de ceux qui participeront à lopération. La popularité de Robin des Bois ne sest jamais démentie et la relance de la machine économique doit primer toute autre considération.
Promouvoir un enseignement fondé sur une approche scientifique de tous les phénomènes y compris éthiques et qui soit à la fois ludique, évolutif et bon marché
Instaurer une communauté de même nature que la communauté européenne et selon des critères de même niveau entre toutes les démocraties de bonne volonté
Promouvoir par le biais de cette communauté la régulation du système capitaliste, la stabilisation du climat si celle-ci est encore possible, la pérennisation des ressources en matières premières et énergie et le contrôle de la démographie en quantité et qualité
Après obtention de résultats suffisants des actions précédentes libérer la production et répartir les produits de façon économiquement saine et raisonnablement égalitaire. Le partage des richesses nest incompatible ni avec la démocratie ni avec les droits de lhomme ; il en fait même partie. La précarité est incompatible avec le bonheur de lêtre humain, elle doit être bannie.
Il nest pas sûr que le ressenti des citoyens corresponde spontanément à cet ordre de priorité. Un important effort pédagogique est donc à entreprendre. Il nest pas acquis non plus que les évènements laissent aux esprits le temps dévoluer. Il faut probablement sattendre à entrer dans une zone de turbulences. Au delà de ce souci essentiel et immédiat déviter la catastrophe la race des hommes doit sattacher à promouvoir les comportements moraux, préserver la paix universelle., rechercher la vérité en tous domaines et la rendre accessible à tous, permettre à chacun dutiliser pleinement les dons physiques et mentaux dont la nature la gratifié, faire de la terre un paradis où lair et leau seront purs, les déserts fleuris, les carnivores végétariens, le travail jeu, les hiérarchies amitiés et solidarités, les êtres conscients libres et égaux en dignité et en droits, la maladie et la mort vaincues, le ciel exploré et habité. Si nous navons pas cette ambition, quallons-nous faire pendant les siècles de siècles quil nous reste, espérons-le, à parcourir ? Le message caché de toutes les religions nest-il pas cette invitation à réaliser, ici et maintenant, ce qui paraissait tout à fait impossible il y a peu et dont elles ont seulement rêvé pour plus tard, dans un autre monde ? Afin que tout soit accompli et que nous nayons pas de regrets au moment du big-crunch-big-bang qui redistribuera toutes les cartes.
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