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;. Caractéristiques des condensateurs, condensateurs fixes et variables : à air, au
mica, ...
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UNIVERSITE PARIS I PANTHEON SORBONNE
Mémoire de Master Recherche de Gestion des Ressources Humaines et des Relations Sociales
ENJEUX ET PRATIQUES DE LA MOBILITE INTERNE :
Une approche par les compétences
BOURCIER CAROLINE
Année Universitaire : 2005-2006
Session
Sous la direction du Professeur Jean-François AMADIEU
« Le monde déteste le changement, cest pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser » Charles Kettering
« Pour saméliorer il faut changer. Donc pour être parfait il faut avoir changé souvent »
Winston Churchill
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de mémoire, Monsieur le Professeur Jean-François Amadieu pour toute laide quil ma apportée au cours de cette année universitaire. Les conversations, conseils ainsi que les enseignements prodigués ont été des facteurs importants de motivation et de réflexion qui mont permis de rédiger ce travail.
Je remercie également tous les autres professeurs du Master Recherche de Gestion des Ressources Humaines et des Relations Sociales de lUniversité Paris 1- Panthéon Sorbonne pour leur disponibilité et leur écoute tout au long de lannée.
Je remercie également Mme Françoise Mataillet et M. Yves Moret, Directeurs des Ressources Humaines dAir France, pour mavoir permis de consulter des documents internes qui ont nourris certaines réflexions de ce mémoire.
Résumé
Abstract
SOMMAIRE
TOC \o "1-7" \h \z \u HYPERLINK \l "_Toc147160463" SOMMAIRE PAGEREF _Toc147160463 \h 5
HYPERLINK \l "_Toc147160464" INTRODUCTION GENERALE PAGEREF _Toc147160464 \h 7
HYPERLINK \l "_Toc147160465" PARTIE 1 : DEFINITIONS ET ENJEUX DE LA MOBILITE INTERNE PAGEREF _Toc147160465 \h 8
HYPERLINK \l "_Toc147160466" Introduction PAGEREF _Toc147160466 \h 8
HYPERLINK \l "_Toc147160467" I. Les facettes du concept de mobilité PAGEREF _Toc147160467 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc147160468" 1.1. La mobilité professionnelle, une notion multiple et complexe PAGEREF _Toc147160468 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc147160469" 1.1.1. Cadre et positionnement sémantique PAGEREF _Toc147160469 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc147160470" 1.1.1.1. Types de mobilité et frontières de lentreprise PAGEREF _Toc147160470 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc147160471" 1.1.1.2. Les différentes formes de mobilité interne PAGEREF _Toc147160471 \h 11
HYPERLINK \l "_Toc147160472" 1.1.2. Les modalités de la mobilité en entreprise PAGEREF _Toc147160472 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc147160473" 1.2. Les déterminants dune politique de mobilité PAGEREF _Toc147160473 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc147160474" 1.2.1. Linfluence déléments structurels de lentreprise PAGEREF _Toc147160474 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc147160475" 1.2.1.1 Lexistence dopportunités varie selon la taille PAGEREF _Toc147160475 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc147160476" 1.2.1.2. Linfluence du secteur dactivité et de la dimension internationale PAGEREF _Toc147160476 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc147160477" 1.2.2. Organisation de la structure et pratiques de mobilité PAGEREF _Toc147160477 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc147160478" 1.2.2.1. Lorganisation de la structure favorise plus ou moins la mobilité interne PAGEREF _Toc147160478 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc147160479" 1.2.2.2. Typologie de modèles dorganisation et de gestion de la mobilité PAGEREF _Toc147160479 \h 21
HYPERLINK \l "_Toc147160480" 1.2.3. Facteurs conjoncturels et rôle croissant des politiques de mobilité PAGEREF _Toc147160480 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc147160481" 1.3. La mobilité, une notion subjective PAGEREF _Toc147160481 \h 24
HYPERLINK \l "_Toc147160482" 1.3.1 Mobilité contrainte ou désirée : lévaluation coûts - avantages PAGEREF _Toc147160482 \h 24
HYPERLINK \l "_Toc147160483" 1.3.1.1. Mobilité volontaire ou subie, des réalités entremêlées PAGEREF _Toc147160483 \h 24
HYPERLINK \l "_Toc147160484" 1.3.1.2. La mobilité, objet dun calcul rationnel et émotionnel des acteurs PAGEREF _Toc147160484 \h 25
HYPERLINK \l "_Toc147160485" 1.3.2. Mobilité objective et subjective : la difficulté de la mesure PAGEREF _Toc147160485 \h 26
HYPERLINK \l "_Toc147160486" II. Les enjeux de la mobilité interne PAGEREF _Toc147160486 \h 28
HYPERLINK \l "_Toc147160487" 2.1. Des enjeux positifs : la mobilité comme facteur de performance PAGEREF _Toc147160487 \h 28
HYPERLINK \l "_Toc147160488" 2.1.1. La politique de mobilité comme outil réducteur dincertitudes PAGEREF _Toc147160488 \h 28
HYPERLINK \l "_Toc147160489" 2.1.1.1 La recrutement interne réduit lasymétrie dinformations PAGEREF _Toc147160489 \h 28
HYPERLINK \l "_Toc147160490" 2.1.1.2 La mobilité pour faire face à linstabilité de lenvironnement PAGEREF _Toc147160490 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc147160491" 2.1.2. La mobilité comme facteur de fidélisation PAGEREF _Toc147160491 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc147160492" 2.1.2.1. Lintérêt pour lemployeur à maintenir une relation stable PAGEREF _Toc147160492 \h 30
HYPERLINK \l "_Toc147160493" 2.1.2.1.1. Investissement en capital humain et rentabilité PAGEREF _Toc147160493 \h 30
HYPERLINK \l "_Toc147160494" 2.1.2.1.2. Mobilité, fidélisation et performance PAGEREF _Toc147160494 \h 31
HYPERLINK \l "_Toc147160495" 2.1.2.2. La mobilité professionnelle, source de motivation durable pour les salariés PAGEREF _Toc147160495 \h 31
HYPERLINK \l "_Toc147160496" 2.1.2.2.1. La mobilité comme facteur dévolution PAGEREF _Toc147160496 \h 31
HYPERLINK \l "_Toc147160497" 2.1.2.2.2. Mesure de la fidélisation des cadres PAGEREF _Toc147160497 \h 32
HYPERLINK \l "_Toc147160498" 2.1.2.3. La mobilité, enjeu du contrat implicite entre les salariés et lentreprise PAGEREF _Toc147160498 \h 33
HYPERLINK \l "_Toc147160499" 2.1.2.3.1 La mobilité comme issue aux plafonnements des carrières PAGEREF _Toc147160499 \h 33
HYPERLINK \l "_Toc147160500" 2.1.2.3.2 La mobilité, fondement du contrat implicite sur les marchés internes PAGEREF _Toc147160500 \h 35
HYPERLINK \l "_Toc147160501" 2.1.3. La mobilité, outil de gestion des compétences PAGEREF _Toc147160501 \h 36
HYPERLINK \l "_Toc147160502" 2.1.3.1. La mobilité, outil de développement et de transfert des connaissances PAGEREF _Toc147160502 \h 36
HYPERLINK \l "_Toc147160503" 2.1.3.2. Développer ladaptabilité et lemployabilité des salariés PAGEREF _Toc147160503 \h 36
HYPERLINK \l "_Toc147160504" 2.1.3.2.1. La mobilité, facteur de développement des salariés PAGEREF _Toc147160504 \h 36
HYPERLINK \l "_Toc147160505" 2.1.3.2.2. La mobilité, moyen de lutte contre linsécurité de lemploi PAGEREF _Toc147160505 \h 38
HYPERLINK \l "_Toc147160506" 2.1.3.3. La mobilité, pilier de la gestion prévisionnelle PAGEREF _Toc147160506 \h 39
HYPERLINK \l "_Toc147160507" 2.2. Des freins à la mobilité professionnelle PAGEREF _Toc147160507 \h 42
HYPERLINK \l "_Toc147160508" 2.2.1. La mobilité, processus difficile à gérer PAGEREF _Toc147160508 \h 42
HYPERLINK \l "_Toc147160509" 2.2.1.1. La difficile tâche des conseillers dorientation PAGEREF _Toc147160509 \h 42
HYPERLINK \l "_Toc147160510" 2.2.1.2. Le coût dune politique de mobilité difficilement estimable PAGEREF _Toc147160510 \h 43
HYPERLINK \l "_Toc147160511" 2.2.2. Les risques perçus par les salariés PAGEREF _Toc147160511 \h 44
HYPERLINK \l "_Toc147160512" 2.2.3. Lémergence de conflits dintérêt PAGEREF _Toc147160512 \h 44
HYPERLINK \l "_Toc147160513" 2.2.3.1. La nécessité de négocier PAGEREF _Toc147160513 \h 44
HYPERLINK \l "_Toc147160514" 2.2.3.2. Lémergence de stratégie de non révélation de linformation PAGEREF _Toc147160514 \h 45
HYPERLINK \l "_Toc147160515" 2.2.3.3. Le problème des entités autonomes PAGEREF _Toc147160515 \h 45
HYPERLINK \l "_Toc147160516" Conclusion PAGEREF _Toc147160516 \h 46
HYPERLINK \l "_Toc147160517" PARTIE 2 : BENCHMARKING DES MEILLEURES PRATIQUES PAGEREF _Toc147160517 \h 47
HYPERLINK \l "_Toc147160518" Introduction PAGEREF _Toc147160518 \h 47
HYPERLINK \l "_Toc147160519" I. La mobilité professionnelle, une réalité différente pour chacun PAGEREF _Toc147160519 \h 48
HYPERLINK \l "_Toc147160520" 1.1. La mobilité concerne inégalement les individus PAGEREF _Toc147160520 \h 48
HYPERLINK \l "_Toc147160521" 1.1.1. La mobilité varie selon les caractéristiques individuelles PAGEREF _Toc147160521 \h 48
HYPERLINK \l "_Toc147160522" 1.1.1.1. La mobilité Homme/ Femme PAGEREF _Toc147160522 \h 48
HYPERLINK \l "_Toc147160523" 1.1.1.2. La mobilité selon les âges PAGEREF _Toc147160523 \h 49
HYPERLINK \l "_Toc147160524" 1.2. Des formes de mobilités différentes selon le niveau de qualification PAGEREF _Toc147160524 \h 49
HYPERLINK \l "_Toc147160525" 1.2.1. Les salariés non qualifiés PAGEREF _Toc147160525 \h 49
HYPERLINK \l "_Toc147160526" 1.2.2. Les cadres, catégorie professionnelle la plus concernée par la mobilité PAGEREF _Toc147160526 \h 50
HYPERLINK \l "_Toc147160527" 1.2.1.1 La mobilité des cadres PAGEREF _Toc147160527 \h 50
HYPERLINK \l "_Toc147160528" 1.2.1.2. Déterminants de la mobilité des cadres PAGEREF _Toc147160528 \h 51
HYPERLINK \l "_Toc147160529" 1.2.1.3. Les modalités de changement PAGEREF _Toc147160529 \h 51
HYPERLINK \l "_Toc147160530" II. Un ensemble de pratiques et doutils daide à la mobilité PAGEREF _Toc147160530 \h 53
HYPERLINK \l "_Toc147160531" 2.1. Outils visant à stimuler la connaissance et linitiative individuelle PAGEREF _Toc147160531 \h 53
HYPERLINK \l "_Toc147160532" 2.1.1. Informer sur les emplois et les compétences PAGEREF _Toc147160532 \h 53
HYPERLINK \l "_Toc147160533" 2.1.1.1. Un dispositif dinformation pour apprendre à se situer dans lorganisation PAGEREF _Toc147160533 \h 53
HYPERLINK \l "_Toc147160534" 2.1.1.1.1. Information sur les métiers et leur évolution PAGEREF _Toc147160534 \h 53
HYPERLINK \l "_Toc147160535" 2.1.1.1.2. Information sur les opportunités existantes PAGEREF _Toc147160535 \h 55
HYPERLINK \l "_Toc147160536" 2.1.1.2. Rôle des technologies de linformation PAGEREF _Toc147160536 \h 56
HYPERLINK \l "_Toc147160537" 2.1.1.2.1. Les technologies de linformation au service de la mobilité PAGEREF _Toc147160537 \h 56
HYPERLINK \l "_Toc147160538" 2.1.1.2.2. Intérêts et limites des technologies de linformation PAGEREF _Toc147160538 \h 57
HYPERLINK \l "_Toc147160539" 2.1.2. Changer le comportement et inciter à la mobilité PAGEREF _Toc147160539 \h 58
HYPERLINK \l "_Toc147160540" 2.1.2.1. Communiquer pour favoriser la transparence des règles de la mobilité PAGEREF _Toc147160540 \h 58
HYPERLINK \l "_Toc147160541" 2.1.2.2. Construire une politique de mobilité volontariste PAGEREF _Toc147160541 \h 59
HYPERLINK \l "_Toc147160542" 2.1.2.3. La cohérence de lensemble des pratiques de GRH PAGEREF _Toc147160542 \h 60
HYPERLINK \l "_Toc147160543" 2.2. Outils de gestion et daccompagnement de la mobilité PAGEREF _Toc147160543 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc147160544" 2.2.1. Développer les outils daide à la décision et à la gestion prévisionnelle PAGEREF _Toc147160544 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc147160545" 2.2.1.1. Revues de personnel ou comités d carrière PAGEREF _Toc147160545 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc147160546" 2.2.1.2. Organigramme de remplacement PAGEREF _Toc147160546 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc147160547" 2.2.1.3. Entretien de démission PAGEREF _Toc147160547 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc147160548" 2.2.2. Les outils daide à lorientation professionnelle PAGEREF _Toc147160548 \h 62
HYPERLINK \l "_Toc147160549" 2.2.2.1 Les aires de mobilité professionnelle : une approche transversale et prospective PAGEREF _Toc147160549 \h 62
HYPERLINK \l "_Toc147160550" 2.2.2.1.1. Définition des aires de mobilité PAGEREF _Toc147160550 \h 62
HYPERLINK \l "_Toc147160551" 2.2.2.1.2. Lintérêt des aires de mobilité PAGEREF _Toc147160551 \h 63
HYPERLINK \l "_Toc147160552" 2.2.2.2. Les cartes des métiers PAGEREF _Toc147160552 \h 64
HYPERLINK \l "_Toc147160553" 2.2.3. Une démarche dorientation professionnelle PAGEREF _Toc147160553 \h 64
HYPERLINK \l "_Toc147160554" 2.2.3.1. Lorganisation comme structure dorientation PAGEREF _Toc147160554 \h 65
HYPERLINK \l "_Toc147160555" 2.2.3.1.1 Les différentes cellules dorientation PAGEREF _Toc147160555 \h 65
HYPERLINK \l "_Toc147160556" 2.2.3.1.2. Développer les accords négociés PAGEREF _Toc147160556 \h 66
HYPERLINK \l "_Toc147160557" 2.2.3.1.3. Renforcer le management de la mobilité PAGEREF _Toc147160557 \h 68
HYPERLINK \l "_Toc147160558" 2.2.3.2. La prise en compte des spécificités individuelles PAGEREF _Toc147160558 \h 69
HYPERLINK \l "_Toc147160559" 2.2.3.2.1. Les étapes de dispositifs classiques de mobilité PAGEREF _Toc147160559 \h 69
HYPERLINK \l "_Toc147160560" 2.2.3.2.2. Des dispositifs spécifiques pour des populations identifiées PAGEREF _Toc147160560 \h 71
HYPERLINK \l "_Toc147160561" Conclusion PAGEREF _Toc147160561 \h 73
HYPERLINK \l "_Toc147160562" CONCLUSION GENERALE PAGEREF _Toc147160562 \h 75
HYPERLINK \l "_Toc147160563" BIBLIOGRAPHIE PAGEREF _Toc147160563 \h 76
INTRODUCTION GENERALE
Lenvironnement actuel dans lequel vivent les entreprises est soumis à de nombreuses mutations. Tout dabord, une des évolutions majeures vient de la concurrence accrue des marchés. Cette concurrence est aujourdhui mondiale et de plus en plus vive. Les entreprises sont, par conséquent, conscientes de limportance de la satisfaction des clients et de linnovation pour rester compétitives et préserver leur avantage concurrentiel. Dorénavant, les facteurs clés de succès, à lorigine de cet avantage, évoluent en permanence et sont rapidement dépassés. Lenvironnement devient structurellement instable, on parle d « hypercompétition » (DAveni, 1995). Ainsi, les enjeux liés à la flexibilité et à ladaptabilité sont essentiels. Pour faire face à tous ces facteurs environnementaux et maîtriser leurs facteurs clés de succès, les entreprises déterminent des stratégies qui vont conditionner la façon de gérer les ressources humaines.
Pour faire face à l « hypercompétition » et tenter de stabiliser lenvironnement, les entreprises se sont lancées dans des vagues de fusions et de concentrations. En plus de modifier les frontières de lentreprise, ces transformations ont eu pour conséquence une réorganisation de la ligne hiérarchique avec en particulier un rétrécissement des niveaux et échelons intermédiaires. Les possibilités de promotion sen trouvent amoindries, ce qui pose de nouveaux défis en termes de management. Le défi de la gestion de la carrière des cadres est particulièrement important dans la mesure où cette catégorie professionnelle est en augmentation. Si les opportunités de promotion diminuent, elles vont être compensées par une augmentation des mutations à même niveau hiérarchique. En raison des évolutions de lenvironnement, les entreprises passe dune mobilité quasi exclusivement verticale à une mobilité beaucoup plus horizontale.
Lorsquun besoin de main duvre se fait ressentir dans une organisation, deux grandes stratégies qui sopposent peuvent être mises en place; la première consiste à évaluer précisément les compétences clés et ensuite à externaliser toutes les activités qui ne sont pas dordre stratégique. La seconde consiste, au contraire, à conserver en interne toutes les activités de lentreprise afin de ne pas faire disparaître certaines compétences qui pourraient se révéler, dune façon ou dune autre, créatrices de valeur. Létablissement de politique de mobilité dans les organisations laisse présager que le recours à la structure interne peut être plus efficace que le recours au marché externe. Derrière la pertinence dune politique de mobilité, la question qui est posée est celle de lintérêt dune entreprise à construire une relation durable avec ses salariés.
Si les entreprises ont de plus en plus recours à des politiques de mobilité, cest quelles attendent que celles-ci soient efficaces et présentent un certain nombre davantages. Cependant, on constate également que la mobilité présente des effets négatifs.
Volonté de sinscrire dans une dimension managériale et théorique
PARTIE 1 : DEFINITIONS ET ENJEUX DE LA MOBILITE INTERNE
Introduction
Dans cette partie, nous essayerons de dresser un panorama du concept de mobilité, concept multiple et complexe tant au niveau de ses définitions que de ses enjeux. Nous nous appuierons sur des éléments théoriques qui nous permettront de connaître létat de lart et des connaissances sur ce thème. Le but est de mieux comprendre tous les aspects dun concept transversal tel que la mobilité.
Le concept de mobilité recouvre des champs multiples et renvoie à des pratiques managériales très différentes. La mobilité du travail a, en effet, été étudiée sous différents angles à travers de nombreuses disciplines scientifiques. Léconomie tout dabord a cherché à étudier les flux de main duvre à léchelle internationale afin de déterminer lexistence dexternalités liées à la mobilité professionnelle et géographique. Dautres économistes se sont intéressées aux conséquences de la mobilité en termes de capital humain. En psychologie du travail, des chercheurs se sont intéressés à la mobilité et aux changements du contenu du travail comme facteur de stress. Par ailleurs, des sociologues ont étudié la mobilité en termes de migration de population et daménagement du territoire. Ainsi, la mobilité est un concept par nature transversal, étudié sous différentes formes.
En gestion des ressources humaines, de nombreux auteurs se sont intéressés à la mobilité en tant que modalité de la gestion des carrières. Mais, là encore, ce nest pas lunique façon dappréhender la mobilité. Elle peut également sapprécier sous langle de la gestion des compétences, du recrutement interne, du dialogue social, notamment lors des reclassements de salariés
Au-delà de lhétérogénéité du concept, la mobilité renvoie à des multiples réalités. Ainsi, au niveau de la perception et de la connotation des termes qui gravitent autour de la mobilité, on trouve des disparités immenses. Ainsi, il est remarquable de constater que la notion de carrière, qui laisse présager des perspectives de promotion, est connotée positivement, alors que la notion de mobilité est bien plus ambivalente. En supposant une idée de changement et de remise en cause, la mobilité est davantage connotée négativement. Mais cette image négative ne concerne pas tous les individus, certains recherchent même des structures organisationnelles favorisant les pratiques de mobilité. La mobilité est ambivalente à bien des niveaux ; elle peut être désirée ou subie, objective ou subjective, de court terme ou de long terme. Elle correspond à chaque fois à des réalités différentes.
Il nous parait donc essentiel de réaliser cette analyse du concept pour mieux positionner notre réflexion. Ainsi, nous essayerons de définir toutes les formes et modalités de la mobilité ainsi que les conditions nécessaires pour sa mise en pratique. Nous nous intéresserons, dans un second temps, aux conséquences à la fois positives et négatives de la mobilité afin de mieux comprendre les enjeux et les décisions des entreprises concernant la mise en place de telles politiques.
Expatriation : mission longues ou courtes durée, échanges de personnes pour transfert de connaissances (cf mémoire DESS mobilité internationale et GRH, 2003)
I. Les facettes du concept de mobilité
1.1. La mobilité professionnelle, une notion multiple et complexe
La littérature de la gestion des ressources humaines définit traditionnellement la mobilité professionnelle comme un changement dentreprise, détablissement ou de service (Cadin et al. 2002) ou dans une perspective plus organisationnelle, comme une succession de postes (Galambaud, 1991 ; Vatteville, 2003). Mais la mobilité professionnelle occasionne de nombreux changement dont les aspects peuvent varier ; elle peut avoir lieu dans le cadre dun changement demployeur ou encore différer selon le type de transformation dans le contenu de lemploi. Cest pourquoi il convient dapprofondir la notion de mobilité professionnelle pour ensuite en comprendre les enjeux.
1.1.1. Cadre et positionnement sémantique
1.1.1.1. Types de mobilité et frontières de lentreprise
La mobilité est la capacité à se mouvoir ou à être mis en mouvement, à changer de place. En gestion des ressources humaines, elle renvoie à la capacité dun individu à accepter un changement dans le contenu ou la forme de son emploi. On dit dune personne quelle est mobile si elle accepte un nouvel emploi dans son entreprise ou dans une autre. On voit apparaître la distinction entre mobilité interne et externe suivant le franchissement de la frontière de lentreprise. Ainsi, lINSEE définit la mobilité interne comme un changement détablissement sans changer demployeur. Mais cette définition est assez restrictive dans la mesure où un salarié changeant de poste dans un même établissement nentrerait pas dans le champ de la mobilité interne. Cest pourquoi, nous préférerons la vision du CEREQ qui associe la mobilité interne à un changement dactivité, de profession, ou une augmentation de salaire (Dupray, 2005).
On entend donc par mobilité intra organisationnelle ou interne tout mouvement dun emploi à un autre à lintérieur dune même organisation avec ou sans changement géographique. La mobilité interne sexerce à lintérieur du périmètre de lentreprise ou du Groupe. Elle peut être géographique, fonctionnelle, avec ou sans promotion. Elle peut être choisie par le salarié (mutation, reconversion) ou subie (redéploiement, reclassement, reconversion). Par opposition, la mobilité externe sexerce vers des territoires situés à lextérieur de lentreprise : démission, licenciement, retraite. Elle suppose, par définition, un changement demployeur.
Mais la mobilité interne et la mobilité externe ne sont pas des notions aussi imperméables. Par exemple, lors dun rachat ou dune fusion dentreprise, les salariés de lancienne entité, amenés à bouger, vivent-ils une mobilité interne ou externe ? Sur le plan juridique, il sagirait davantage dune mobilité interne, les deux entreprises nen formant plus quune, mais sur le plan organisationnel et humain, la mutation sapparente davantage à une mobilité externe. En plus de ce genre de problème circonstanciel, on peut également rencontrer un dernier type de mobilité qui réconcilie mobilité interne et externe. En effet, lorsque la mobilité entre lentreprise et le monde extérieur est provisoire, cest-à-dire que le salarié peut réintégrer son entreprise dorigine après une période déterminée, on parle de mobilité mixte. Il sagit donc dun parcours professionnel externe provisoire. Il existe différents types de mobilité mixte comme le Congé Individuel de Formation, le congé parental, ou bien la mise à disposition ou le détachement dans une entreprise ou une structure différente de celle dorigine. Par extension, toutes les entreprises partenaires ayant des salariés travaillant à cheval sur les deux structures pratiquent des politiques de mobilité mixte.
La mobilité professionnelle peut donc être définie comme un changement de poste ou de fonction qui saccompagne dun changement dans la nature de lemploi. Elle peut être assortie dune période de formation plus ou moins longue selon la difficulté des compétences à acquérir. Ici, nous tenterons dappréhender les différents aspects de la mobilité interne même si nous avons vu quelle nest pas aussi éloignée de la mobilité externe.
1.1.1.2. Les différentes formes de mobilité interne
Puisque nous nous intéressons particulièrement à la mobilité interne, il est nécessaire de comprendre les différentes formes quelle peut revêtir. Parmi, les typologies existant sur le sujet, celle de Dany & Livian (2002) nous parait précise et complète. Elle distingue cinq grands types de mobilité interne en fonction du changement sur léchelle hiérarchique, de la transformation dans le contenu de lemploi, et du lieu dexercice de lactivité.
Mobilité verticale ou catégorielle : il sagit dun mouvement ascendant ou descendant le long de la ligne hiérarchique ; un mouvement vers le haut associé à un changement de statut, de rémunération ou de responsabilité correspond à une promotion. La promotion est généralement sanctionnée par un changement de catégorie, de grade ou de classification et assortie dune augmentation de la rémunération. La plupart des auteurs comme Deffayet et Van Heems (1995) incluent dans le concept de mobilité ascendante une dimension hiérarchique, fonctionnelle et pécuniaire.
Mobilité horizontale : changement de poste sans évolution hiérarchique, ni changement de salaire ou de responsabilité ; ce changement nécessite de faire appel à des compétences que le salarié nexerçait pas auparavant ou tout du moins pas de la même façon. Cest à ce titre que la mobilité horizontale sinscrit généralement dans une perspective de développement des compétences et de lemployabilité des ressources humaines ; on distingue deux formes majeures :
-Mobilité denvironnement : même contenu de métier et même niveau de responsabilité mais dans un univers professionnel différent
-Mobilité fonctionnelle : changement de métier ou fonction mais à même niveau hiérarchique.
Mobilité de reconversion : mouvement marquant une rupture radicale par rapport à lensemble de la carrière.
Mobilité géographique nationale : le salarié exerce la même activité, au même niveau hiérarchique avec la même qualification mais dans un autre lieu de travail ou dans une autre équipe sur le territoire national. Ce type de mobilité est couramment appelé mutation.
Mobilité géographique internationale : changement de localisation du travail à léchelle internationale ; il peut sagir de détachement ou dexpatriation.
Deffayet et Van Heems (1995) précisent que différentes formes de mobilité peuvent coexister : mobilité verticale, géographique et fonctionnelle ne sexcluent pas mutuellement. Mais si plusieurs formes de mobilité peuvent coexister dans une entreprise, plusieurs facteurs déterminent la prédominance dune des formes. Ainsi, le secteur dactivité, la culture de lentreprise ou encore les caractéristiques des salariés (statut, métier, qualification) influencent les formes de mobilité les plus courues dans une entreprise.
Les travaux de Schein (1971) vont plus loin et mettent laccent sur une dimension particulière de la mobilité, la dimension radiale. Elle est relative à la notion de pouvoir et dinfluence du salarié, acteur dans la construction de sa carrière. La dimension radiale correspond aux rapprochements des salariés vers les centres de pouvoir des organisations. Schein propose ainsi dappréhender les mouvements de personnel dans un « cône de mobilité » qui prend en compte trois dimensions de la mobilité : la dimension verticale, radiale et fonctionnelle.
On considère dans les définitions classiques que la mobilité constitue un changement daffectation, et se résume donc à un état. Or loriginalité du concept de mobilité réside dans le fait quil couvre à la fois le résultat, cest à dire le changement, mais aussi tout le processus qui amène à ce résultat, depuis linformation jusquà la pise de poste en passant par la décision. Or ce processus est long et me en scène des acteurs dont les stratégies diffèrent. Dans la lignée de cette idée que la mobilité est un processus et ne se résume pas à un changement de poste, Abraham (2004) considère quun salarié nest mobile que lorsquil est prêt à changer dattributions dans son entreprise ou à lextérieur. La mobilité intègre donc une dimension de disposition et de capacité à changer demploi et dattribution.
Dans cette recherche, nous nous donc intéresserons à la mobilité professionnelle interne, quelle soit horizontale ou verticale. Cest sous cet angle que nous chercherons à envisager les enjeux positifs et les freins propres à ce type de mobilité. En effet, à titre dexemple, la mobilité géographique connaît certaines difficultés car elle engage les salariés à faire des choix impliquant leur vie personnelle. Ici, nous nous concentrerons sur les moteurs et les freins relatifs à la vie professionnelle. Mais au-delà des formes, la mobilité peut sanalyser en fonction de certaines variables caractéristiques.
1.1.2. Les modalités de la mobilité en entreprise
Puisque la mobilité nest pas quun état mais aussi un processus, Vardi (1980) propose denvisager quatre modalités pour analyser le concept :
la quantité qui mesure limportance du changement de poste. Cette dimension est déterminée par les caractéristiques de lentreprise et de la transférabilité des compétences du salarié.
le rythme, la fréquence de ces mobilités. Elles sont liées à des facteurs économiques comme létat du marché du travail mais aussi à des facteurs individuels comme la politique et la culture de lentreprise, ou encore ladaptabilité du salarié.
la direction qui correspond à la forme de la mobilité. On peut reprendre les typologies des différentes formes évoquées précédemment. Cette modalité dépendra, elle aussi, des pratiques de lentreprise (notamment des aires de mobilité et des trajectoires de carrière) ainsi que des aspirations des salariés.
les acteurs à lorigine de la mobilité : la mobilité peut être demandée par le salarié ou proposé par lentreprise. Dans cette optique, on peut constater que la mobilité peut être désirée mais peut être également contrainte ou subie.
A partir de cette analyse des modalités de la mobilité, un certain nombre de réflexions semblent intéressantes à approfondir. Tout dabord, la modalités « acteurs à lorigine de la mobilité » parait digne dintérêt dans la mesure où elle permet dappréhender la mobilité comme le résultat dune coopération, dune négociation entre individus. Au-delà de la simple initiative de la décision de la mobilité, Maincent et Thierry (1980) insiste sur le rôle primordial que jouent conjointement le responsable des ressources humaines, le supérieur hiérarchique et le salarié lui même. Ils ont des responsabilités complémentaires dans la gestion et la réussite de la carrière du salarié. Selon eux, chacun des acteurs jouent un rôle et sont co-responsable de la gestion des carrières ; les services RH ont un rôle de conseil et dorientation de la carrière et donc de la mobilité. La hiérarchie est chargée de jouer un rôle danimation et dincitation à la mobilité. Quant aux cadres, ils doivent être responsables du pilotage de leur carrière.
Schéma
Une seconde modalité mérite dêtre analysé de plus près. Dans les travaux de Vardi (1980), la dimension « rythme » est une modalité particulièrement intéressante dans la mesure où elle dévoile les enjeux et les stratégies de lentreprise concernant la mobilité. En effet, la mobilité peut seffectuer à différents rythmes qui traduisent la perspective et la finalité du nouvel emploi occupé. Sil sagit dune rotation de poste, dun détachement pour mission ou projet, le rythme de mobilité est généralement élevé dans la mesure où les délais de changement de poste sont courts et sans réelle formation. Lenjeu de ce type de mobilité à court terme est ici une volonté de flexibilité et de polyvalence des salariés. Il nexiste pas de réelle stratégie de développement des compétences des ressources humaines. Lorsque la mobilité, quelle soit horizontale ou verticale, sinscrit dans une perspective de long terme, le rythme de mobilité est généralement beaucoup plus faible. Lenjeu pour lentreprise et le salarié est, alors, tout autre que la simple substituabilité de salariés. Comme nous le verrons par la suite, lenjeu de ce type de mobilité est le développement des compétences afin de rester compétitif.
Il est intéressant de constater que les objectifs de la mobilité horizontale de long terme et la mobilité de court terme ne sont pas si éloignés dans la mesure où se cache, dans les deux cas, une volonté de réduire lincertitude de lenvironnement en rendant les ressources humaines flexibles et adaptables. A ce titre, certains travaux, comme ceux de Botte (2000), parle dune ère de non division du travail où les salariés réussiraient à acquérir une polyvalence totale. Cette polyvalence extrême nous renvoie alors à la notion de substituabilité des travailleurs qui occulte en partie les caractéristiques propres des individus et notamment leurs compétences. Or, cest bien sur la notion de compétences que se distinguent la mobilité de long terme et celle de court terme. En effet, la mobilité de long terme cherche à développer les compétences et le potentiel des ressources humaines alors que celle de court terme ne cherche quà utiliser au mieux les compétences existantes.
Mais si la mobilité de court et celle de long terme ne correspondent pas aux mêmes enjeux stratégiques, il est intéressant de savoir si les entreprises, de manière générale, utilisent la mobilité en réaction à des chocs environnementaux ou si elle entre dans une perspective de plus long terme. Autrement dit, les firmes intègrent-elles la mobilité dans une stratégie court termiste pour faire face aux fluctuations de lenvironnement, ou dans une stratégie de plus long terme pour gérer les ressources humaines. Friedrich, Kabst, Weber et Rodehuth (1998) ont mené une étude empirique sur des entreprises européennes pratiquant des politiques de mobilité fonctionnelle afin de mieux apprécier le phénomène. A ce sujet, ils ont observé que, les entreprises, de manière générale, mettent en place des politiques de mobilité dans une logique de long terme et non dans une volonté de faire face aux fluctuations de lenvironnement. La finalité des politiques de mobilité sinscrit donc dans une stratégie de développement des ressources humaines à long terme.
Si la mobilité est au centre de la stratégie à long terme, cela signifie que les entreprises ont besoin de lorganiser, de lanticiper dans le cadre de politiques. On peut alors se demander si ces politiques de mobilité sont générales et communes à toutes les entreprises ou, au contraire, si elles sont singulières et dépendent de caractéristiques propres à ces dernières.
1.2. Les déterminants dune politique de mobilité
1.2.1. Linfluence déléments structurels de lentreprise
Lexistence de pratiques de mobilité au sein dune entreprise nest pas indépendante des caractéristiques de celle-ci. Dans la lignée des théories de la contingence, certaines variables ont un impact sur les pratiques des entreprises.
1.2.1.1 Lexistence dopportunités varie selon la taille
Le premier élément ayant une influence sur lexistence de politique de mobilité est la taille de lentreprise. En effet, la mobilité est intrinsèquement liée à lexistence dopportunités de changement. Ainsi, les entreprises de grande taille ont naturellement plus de facilités à offrir des perspectives dévolution que des petites entreprises qui ont davantage recours à la polyvalence de leurs salariés.
Mobilité professionnelle selon la taille de la structureInterneExterne (emploi-emploi)Entreprises > 500 salariés24,5Entreprises 50 à 499 salariés1,25,6Entreprises 1 à 49 salariés18Ensemble2,85,9
En plus, de montrer la corrélation positive entre mobilité interne et la taille de lentreprises, ce tableau montre la corrélation négative entre mobilité externe (emploi - emploi) et mobilité interne. Plus une entreprise est grande, plus la mobilité interne est forte et la mobilité externe est faible (bien que supérieure). Cette relation montre bien que la mobilité externe (emploi- emploi) est lautre face de la mobilité professionnelle volontaire. Mobilité interne et externe sont donc généralement des décisions alternatives.
Selon certains chercheurs, les salariés des organisations de grande taille (plus de 500 employés) connaissent davantage de promotions (mobilité verticale) que les autres (Spell et Blum, 2000; Cobb-Clark et Dunlop, 1999). Ils expliquent, eux aussi, lexistence dun tel lien en raison dun plus grand nombre de possibilités de promotion dans les grandes organisations. Mais on peut analyser ce lien entre mobilité et taille sous langle dune autre explication ; dans les grandes structures, la proximité et la connaissance des membres de lorganisation sont beaucoup plus difficiles que dans les petites structures où le mode de coordination est lajustement mutuel ou la supervision directe (Mintzberg, 1982). Ainsi, les grandes structures ont un besoin stratégique de connaître leurs ressources et les compétences présentes au sein de lentreprise. Cest pourquoi, tous les systèmes dévaluation ainsi que les systèmes de révélation des souhaits et aspirations des salariés sont si importants, notamment dans les grandes structures. Or, les politiques de mobilité contribuent à cette connaissance des compétences et des souhaits des salariés grâce aux différents outils utilisés parmi lesquels on peut citer les cellules dorientation, les bilans personnalisés ou les conseils de carrière.
Figure
Source APEC
Le tableau ci-dessus met en lumière le lien très net entre lencouragement à la mobilité et la taille des entreprises (courbe rose). Plus lentreprise est grande et plus les politiques de mobilité sont facilitées et actives. Dautres études, comme celle de Hategekimana (2004), sintéressent au lien entre les attentes des salariés en termes de mobilité et la taille des entreprises. Les résultats montrent que les salariés dans les grandes structures cherchent la mobilité interne alors que dans les petites, ils cherchent des possibilités de se former et de construire des réseaux dinformation. Ainsi, le type de mobilité attendue et la taille de lentreprise ont aussi un lien. Mais le tableau ci-dessus va au-delà en soulignant que, plus que la mobilité, ce sont les perspectives de carrière qui influencent directement la fidélité des salariés. Dans les entreprises de moins de cinquante salariés où la mobilité est faible, le taux de turnover est bas grâce aux perspectives de carrière importantes. A linverse, dans les entreprises de 1000 à 1999 salariés, de moins bonnes perspectives dévolution expliquent un taux de rotation du personnel plus élevé malgré une mobilité facilitée. Ainsi, la taille et les perspectives de carrière ne sont pas aussi corrélées que lon pourrait le croire ; le niveau de perspectives dévolution est plus élevé dans des entreprises de moins de cinquante personnes que dans des entreprises de 1000 à 1999 salariés. Il faut néanmoins nuancer ces constats dans la mesure où ils correspondent à la perception dindividus, notamment en ce qui concerne les perspectives de carrière qui demeurent très difficiles à apprécier objectivement.
1.2.1.2. Linfluence du secteur dactivité et de la dimension internationale
Lexistence dopportunités et de perspectives dévolution offertes aux salariés va aussi dépendre du secteur dactivité de lentreprise. Il existe, en effet, des différences sectorielles dans la pratique et lampleur de la mobilité interne.
Mobilité professionnelle selon le secteur dactivitéInterneExterne (emploi-emploi)B. T. P.1,28,4Commerce1,68,1Services aux entreprises2,77Transports1,86Services financiers et immobiliers3,74,1Industrie1,14,9Energie4,41,4Etat et collectivités locales6,31,3
Daprès ce tableau ci-dessus, on saperçoit que la mobilité interne varie selon les secteurs dactivité. Ainsi, le secteur du bâtiment connaît trois fois moins de mobilité interne que les services financiers et immobiliers. On en conclut que la mobilité interne ne concerne pas les salariés de la même façon suivant le secteur où ils travaillent. On peut également supposer que les normes et les pressions à la mobilité vont varier en fonction du secteur dactivité. On peut noter, par ailleurs, que la mobilité externe (emploi-emploi) est supérieure à la mobilité interne dans tous les secteurs. Cependant, là encore la mobilité externe varie selon les secteurs dactivité. Mise à part dans lindustrie, on peut remarquer que la mobilité interne et la mobilité externe ont une corrélation négative, ce qui atteste bien de la proximité et de la concurrence de ces processus. Les différences de taux de mobilité sexpliquent en raison de lexistence plus ou moins grande dopportunités et de possibilités dévolution selon les secteurs.
Lactivité influence souvent le caractère international des entreprises. En effet, sur des secteurs très concurrentiels, les variables stratégiques sont généralement le volume et la maîtrise de coûts, ce qui implique le plus souvent une présence sur tous les continents. De là, on peut assez facilement concevoir que les perspectives dévolution vont varier en fonction du degré dinternationalisation de lentreprise. Une entreprise internationale aura la volonté dorganiser la mobilité de ses salariés, rien que pour réaliser ladéquation entre ses besoins et ses ressources. De plus, pour ce type dentreprise, la mobilité présente lavantage de diffuser une culture commune et de favoriser la cohésion interne. Ainsi, le degré dinternationalisation influence également lexistence dopportunités et dune pression à la mobilité interne. On peut, en outre, noter que le caractère international et la taille sont souvent liés : plus une entreprise est internationale plus elle a tendance a être grande, ce qui ne fait que corroborer le lien entre taille et mobilité interne.
Ainsi, lenvironnement a un effet sur la structure qui ensuite détermine des formes et lampleur de la mobilité au sein dune entreprise. Mais, dautres facteurs internes propres à chaque organisation vont également inciter ou freiner la mobilité au sein de lentreprise.
1.2.2. Organisation de la structure et pratiques de mobilité
1.2.2.1. Lorganisation de la structure favorise plus ou moins la mobilité interne
Un autre facteur ayant un impact sur les pratiques de mobilité est le degré de décentralisation de lentreprise. Lorsque le pouvoir de décision est très décentralisé, les politiques de mobilité sont généralement plus limitées ; ceci sexplique par le fait que les décideurs nont quune vision partielle de lactivité de lentreprise et nenvisage pas ou peu de mobilités transversales. De plus, lorsquune entreprise a une système de pouvoir décentralisé, le contrôle de la direction sexerce généralement par les performances. Ainsi, les décideurs nont pas intérêt à encourager à la mobilité notamment en ce qui concerne les bons éléments.
Comme lexplique Schein (1971), le salarié a la possibilité de bouger au sein de la structure selon différentes orientations que sont les mobilités verticale, horizontale et radiale. Mais selon lui, les opportunités offertes au salarié sont liées à la structure interne de lentreprise. Ainsi, la facilité de changement dépend, à la fois, de la frontière hiérarchique qui sépare les différents échelons, de la frontière radiale qui sépare les individus selon le degré de centralisation, et enfin des frontières fonctionnelle existant entre les services. Selon le nombre et le degré de perméabilité de ces frontières, la mobilité sera plus ou moins aisée. Ainsi, lorsque les frontières fonctionnelles sont importantes ou que la frontière radiale est imperméable, la mobilité est difficile à mettre en place.
Les conventions et les normes existant dans lentreprise ont également une influence sur les pratiques de la mobilité. Elles valorisent plus ou moins la mobilité. Dans des organisations où lancienneté et lexpertise sont très valorisées, la mobilité sera moins recherchée par les salariés que dans des structures prônant la polyvalence et la diversité des compétences. La culture de mobilité au sein dune entreprise explique donc limplication des salariés dans la gestion de leur carrière. Dans une entreprise où la mobilité, quelle soit horizontale ou verticale, constitue un élément positif dans lévaluation des salariés, elle représente implicitement une pression pour quils simpliquent dans la politique de mobilité. Wils et Guérin (1993) expliquent que cette pression implicite est une des règles du jeu pour réussir. Dautres facteurs culturels vont avoir un impact sur cette pression implicite comme le poids des représentants syndicaux, la force de la politique sociale ou encore la pression mise sur les salariés en termes dobjectifs et dautonomie.
Si les caractéristiques de lentreprise influencent les pratiques de mobilité, les politiques de promotion (mobilité verticale) déterminent, à leur tour, les évolutions de carrière du salarié. Selon Stumpf et London (1981), les facteurs influençant les décisions de promotion sont propres à lorganisation et à lemployeur. Ainsi, les décision de promotion sont régies par un certains nombres de règles et de variables indépendantes de la volonté du salarié. Cette théorie a le mérite denvisager le phénomène de promotion comme la résultante dun processus de décision. Néanmoins, elle occulte complètement la marge de liberté et daction du salarié qui peut avoir une influence sur la décision de mobilité.
1.2.2.2. Typologie de modèles dorganisation et de gestion de la mobilité
Dans une volonté de modéliser la réalité, Gentil (1991) parvient à réaliser une typologie des modèles de gestion des carrières et de la mobilité. Il existe ainsi trois modèles caractéristiques :
- le modèle administratif
- le modèle baronnique
- le modèle technocratique
Le modèle administratif correspond aux grandes entreprises privées ou publiques ayant une gestion des emplois par grades. Dans ce modèle, la mobilité ainsi que la formation sont importantes. Cela tient au fait que ce type dorganisation fonctionne sur la base dun certain nombre de principes : le diplôme ou le concours, attestant dun niveau de compétence reconnu, détermine le grade ; la carrière est vue dans une perspective de long terme ; la promotions sont assurées selon un principe dégalité
Le modèle baronnique repose sur un fonctionnement très décentralisé et informel. Le pouvoir est détenu par ceux qui possèdent des compétences et notamment des compétences techniques. La mobilité y est généralement faible dans la mesure où cest la logique « opportuniste » qui prédomine. En effet, la mobilité correspond à une adaptation à un besoin de court terme de lorganisation. Ce type de structure doit pouvoir disposer dindividus adaptables rapidement. Ainsi, la mobilité est davantage une réponse ad hoc à un changement quune stratégie de long terme de lentreprise. La performance de ce modèle repose essentiellement sur la connaissance précise des compétences et du potentiel de ses ressources humaines.
Le modèle technocratique repose sur la gestion des compétences. La mobilité est considérée comme un moyen de développer le potentiel et les compétences des salariés. La mobilité y est systématique pour les managers, ce qui permet doptimiser le potentiel de tous et dobtenir un encadrement homogène.
Comme toute typologie, celle-ci nenvisage pas tous les cas possibles dans la mesure où certaines entreprises sont atypiques ou se positionnent à cheval sur plusieurs cas. Mais lintérêt de cette typologie reste de montrer le lien entre la nature des besoins de lentreprise et les pratiques de mobilité.
1.2.3. Facteurs conjoncturels et rôle croissant des politiques de mobilité
Nous venons de voir quun ensemble de facteurs internes, quils soient structurels ou culturels, influencent le poids et les formes dominantes de la mobilité dans les entreprises. Mais, il existe également un ensemble de facteurs externes qui se conjuguent pour accroître le rôle stratégique aux politiques de mobilité même si le phénomène reste encore limité. En effet, selon létude de Friedrich, Kabst, Weber et Rodehuth (1998), la mobilité est une pratique encore peu répandue dans la mesure où elle ne concerne que 20% des entreprises. Mais cette moyenne ne révèle pas que lampleur du phénomène varie selon les pays européens ; la mobilité est une pratique managériale très courante en Finlande où elle touche 32% des entreprises alors quelle est bien moins répandue en France où seules 10% des entreprises ont des politiques de mobilité. Mais loin dêtre une fatalité, les pratiques de la mobilité évoluent sous leffet de nombreux facteurs et notamment des facteurs externes.
- Tout dabord, le droit individuel à la formation (DIF), entré en vigueur en 2005, alloue un crédit de formation de 20 heures à chaque salarié. Ce crédit peut donc être utilisé, par le salarié, pour évoluer et développer son employabilité. Cest aussi loccasion de monter des projets professionnels plus atypiques et changer lorientation de sa carrière. En effet, le DIF peut être utilisé dans le cadre dune promotion, de la réalisation dun projet professionnel en accord avec lentreprise, dune reconversion, ou encore dun bilan de compétences. Le DIF va donc accroître les mouvements internes aux grandes entreprises.
- De plus, le contexte actuel de vieillissement démographique est marqué par de nombreux départs à la retraite. Ces départs entraînent une raréfaction des ressources humaines ; les entreprises vont donc avoir besoin de fidéliser leurs salariés qui vont devenir objets de concurrence, et vont être contraintes de redéployer leurs ressources humaines. Ce contexte conjoncturel laisse présager des opportunités dévolution ou des possibles réorientations de carrière qui placent les politiques de mobilité au cur de la stratégie des entreprises.
- Un autre moyen pour gérer ce contexte de vieillissement de la population active reste de faire reculer les départs à la retraite massifs des « papy boomers ». Dans cette voie, la loi Fillon du 21août 2003 prévoit dallonger la durée des cotisations et donc de lactivité. Par conséquent, lhorizon de la retraite recule pour de nombreux salariés, ce qui constitue un nouveau défi pour les entreprises ; il sagit, en effet, de continuer à motiver des personnes qui se considéraient en fin de carrière. La mobilité et la reconversion professionnelle apparaissent comme des moyens incontournables pour satisfaire cette catégorie de travailleurs. Pour que Lallongement de la vie professionnelle ne soit pas synonyme de chômage ou de découragement professionnel, la mobilité et la formation vont jouer des rôles cruciaux.
- Les politiques de mobilité vont également saccroître en raison dune autre décision étatique : la loi du 18 janvier 2005 ; elle rend obligatoire une négociation sur la GPEC tous les 3 ans dans les entreprises de plus de 300 salariés, et en outre, l'Etat prend en charge jusqu'à 50 % du coût du conseil en GPEC pour les plus petites entreprises.
Si la mobilité semble présenter, dans ce contexte, une dimension importante, il nest reste pas moins que lintérêt des entreprises pour la mobilité se fonde également sur dautres enjeux strtégiques.
1.3. La mobilité, une notion subjective
Nous avons pour le moment analysé la mobilité comme un processus objectivable. La mobilité revêt un certain nombre de formes et de modalités qui dépendent, dune part, de facteurs internes à lentreprise et dautre part, de facteurs externes et conjoncturels. Mais la mobilité est également un processus vécu par le salarié. En tant quobjet dexpérience, la mobilité est nécessairement empreinte de subjectivité.
1.3.1 Mobilité contrainte ou désirée : lévaluation coûts - avantages
1.3.1.1. Mobilité volontaire ou subie, des réalités entremêlées
La mobilité, en tant que décision prise par le salarié, peut être un acte volontaire sil souhaite, pour de multiples raisons, changer de métier, de région ou de grade. Le salarié cherche alors à exercer une mobilité sans pression particulière venant de lentreprise. Le caractère volontaire dépend souvent des opportunités présentes au sein de lentreprise. Pour les cadres, les propositions, opportunités et mutations concertées apparaissent ainsi comme premier facteur de mobilité. La mobilité volontaire concerne surtout les jeunes cadres (moins de 35ans).
La mobilité peut également être imposée par lentreprise, notamment lors de changements importants dorganisation, de stratégie, ou lors de la recherche de gains de productivité se traduisant par des diminutions deffectifs dans certains secteurs. A titre dexemple, lors de la fermeture totale ou partielle de sites, ou encore lors de plan de sauvegarde de lemploi, la mobilité est contrainte. On parle alors de reclassements internes lorsque le salarié est muté à lintérieur de lentreprise ou du groupe, et de reclassements externe sinon. Ainsi, les cadres nomment les mutations imposées au cinquième rang des motifs de mobilité interne, même si le niveau de satisfaction par rapport à celle-ci est toujours très élevé. Elle passe de 87% en 2004 à 85% en 2005. La proportion des cadres se disant très satisfaits de ce changement passe même de 29% en 2003, à 33% en 2004 et à 34% en 2005.
La frontière entre mobilité désirée et mobilité contrainte nest pas aussi imperméable. Tout dabord, on remarque que la mobilité est souvent liée à des facteurs externes, sources dopportunité. Ainsi, lors de rachat, de fusion dentreprises ou encore lors de restructuration ou de redéploiement dactivités, les salariés se sont trouvés face à des opportunités quils ont saisies au passage. La décision de mobilité ne provient donc pas nécessairement dune stratégie anticipée et délibérée de lentreprise ou du salarié. Comme le montrent Hourquet et Roger (2003) sur une population de chercheurs industriels, les mutations sont souvent liées à des évènements agissant comme déclencheur. Par ailleurs, on remarque que le caractère subi ou volontaire est subjectif. On peut, en effet, observer un lien entre le caractère volontaire ou subi de la mobilité et lâge des individus. Lorsque la mobilité est verticale (promotion, avancement) ou assure une plus grande sécurité de lemploi, notamment en début de vie professionnelle (Dupray, 2005), ou en fin de carrière, elle serait plutôt volontaire. En revanche, la mobilité serait plutôt subie et synonyme de précarité quand elle est associée à des fins de contrats ou des licenciements.
Un autre élément rend le caractère subi ou non plus tenu ; dans la plupart des entreprises, la mobilité est plus incitée quimposée. Lentreprise met en place des mesures incitatives soit en termes de responsabilités soit en termes de salaires afin de rendre la décision de mobilité volontaire et concertée. Parfois, la pression en ce qui concerne la mobilité est plus subtile, plus ancrée dans les valeurs de lentreprise. Ainsi, certaines mobilités peuvent être contraintes par des normes présentes dans lentreprise, le salarié ne pouvant les refuser par pression « sociétale ». Mais au-delà du clivage mobilité volontaire, mobilité contrainte, on sachemine de plus en plus vers une mobilité co-construite. Les parcours professionnels, et les mobilités quils supposent, ne sont plus uniquement à linitiative du salarié ou lentreprise mais prend de plus en plus la forme de contrat dengagement. Ainsi, comme le résume Roger et Ventolini (2004), « il existe un continuum de situations où linitiative de la mobilité se partage entre lentreprise et le salarié ».
1.3.1.2. La mobilité, objet dun calcul rationnel et émotionnel des acteurs
Si lorigine de la décision de mobilité peut venir de lentreprise ou du salarié, le caractère contraint ou volontaire résulte dun calcul de la part du salarié entre les avantages quil retire du changement et le coût que celui-ci occasionne. Comme lexplique Bailly (1995), les stratégies des acteurs tiennent compte des contraintes techniques et économiques. Ainsi, la mobilité, en tant quobjet de stratégie individuelle, entre dans ce cadre dévaluation coûts avantages. Cette évaluation, faite par le salarié ou lentreprise, va porter sur un ensemble de facteurs comme la capacité à transférer des compétences, à changer denvironnement, ou encore les contraintes financières pesant sur le salarié ou lentreprise. Ainsi, la décision de mobilité peut se schématiser sous la forme dune balance (Galambaud, 1983). Or cette balance montre que les individus ont une préférence pour la stabilité qui se traduit par une zone dinertie dite « culturelle ». Ainsi, pour que la mobilité soit volontaire, il faut que les gains espérés soient significativement supérieurs aux coûts anticipés.
Au-delà de linertie, les choix des acteurs ne sont pas toujours rationnels, ce qui explique que le calcul coût - avantages peut être biaisé par dautres facteurs comme les craintes et les émotions. Si larbitrage était rationnel, la décision de mobilité serait la conséquence dune identification objective de ses avantages et de ses limites. Mais, si larbitrage prend en compte les aspects émotionnels, le salarié peut modifier sa perception de la situation. Que ce soit par crainte du changement ou de léchec, ou par attachement à son équipe de travail, le salarié peut ainsi attribuer un poids supérieur aux coûts au détriment des avantages. Cette analyse par les émotions explique dune autre façon linertie observée sur la balance de Galambaud.
Mais dans ce calcul rationnel et émotionnel, lindividu prend en compte tous les avantages et inconvénients de la mobilité dont il est conscient. Selon ses caractéristiques et ses capacités propres, ce calcul sera plus ou moins rationnel ou émotionnel. Cest dans cette logique que Mignonac et Herrbach (2003) ont observé, dans leur étude empirique auprès dingénieurs en génie logiciel, que les individus ne réagissent pas tous de la même façon à la mobilité. Ils ont en effet dégagés plusieurs « variables individuelles de prédisposition à accepter des opportunités variée de mobilité interne ». Par conséquent, le caractère subi ou contraint de la mobilité est loin dêtre simple et objectif, tant au niveau de linitiative de la décision que du calcul des coûts et avantages. Mais si on saperçoit que cette facette de la mobilité dépend de caractéristiques individuelles, on peut se demander dans quelle mesure la mobilité en elle-même est une notion objective.
Balance de Galambaud
1.3.2. Mobilité objective et subjective : la difficulté de la mesure
La mobilité est généralement mesurée de façon objective sur la base des mouvements de postes et demplois. Ces informations sont obtenues en demandant aux salariés de lister leurs différents postes et dindiquer la période passée sur chacun des postes ainsi que lancienneté dans lentreprise. Le rapport entre le nombre dannées dancienneté et le nombre de postes occupés permet de mesurer le taux de mobilité dun salarié, à partir duquel on peut calculer la moyenne des taux de tous les salariés pour trouver le taux d mobilité de lentreprise. Mais le taux de mobilité ne rend pas compte de lampleur du changement dans le contenu du travail. Cest pourquoi, un certain nombre détudes ont cherché à le mesurer en proposant des échelles de mesure. Ainsi, Latack (1984) propose une échelle à douze poins en prenant en compte différents facteurs : le poste, le statut hiérarchique, la fonction, le contenu de la tâche, et le domaine dactivité.
Le problème de ce type déchelle est labsence totale de la dimension subjective. Or, même si une mobilité est apparemment proche en terme de mission et de rémunération, il arrive que le contenu de lemploi ou le niveau de responsabilité évolue à tel point que le salarié considère que ce nouveau poste est radicalement différent. Pour pallier ce type de problème, Pinder et Schroeder (1987) ont intégré une dimension subjective à leur échelle de mesure en ajoutant une perception de la similitude, de complexité et de difficulté du nouvel emploi par rapport à lancien. Mais la perception subjective de la mobilité est encore plus difficile à prendre en compte lorsque le poste reste le même et connaît une évolution dans le contenu du travail ou le niveau de responsabilité. Cest notamment le cas lorsque lenvironnement est très changeant ou que le poste connaît une redéfinition des procédures de travail. Officiellement, le salarié na pas connu une mobilité, pourtant le métier et les compétences nécessaires pour lexercer ne sont plus du tout les mêmes. Dans le même ordre, les salariés amenés à changer de périmètre dintervention ou de partenaires peuvent avoir limpression davoir vécu une mobilité invisible (Roger, Ventolini, 2004). Ainsi, la perception doù commence une mobilité est propre à chaque individu, tout comme la façon de la vivre. Une même mobilité professionnelle peut être plus ou moins déstabilisante suivant lindividu ; pour les uns, elle peut être vécu comme une simple évolution, pour dautres, comme une révolution. Cette difficulté de mesure est particulièrement avérée dans le cas des mobilités horizontales.
Si le plus souvent la mobilité est mesurée sur la base des changements daffectation formels en adéquation avec la structure des emplois, on ne peut désormais négliger, dans la mesure de la mobilité, limpression et la dimension subjective de la mobilité en tant quexpérience vécue par le salarié. Ainsi, après avoir envisagé, tout dabord, les différentes facettes de la mobilité interne puis les facteurs influençant les politiques de mobilité et enfin la dimension subjective du phénomène, il convient de sintéresser aux enjeux plus profonds de la mobilité. Au-delà des facteurs structurels et conjoncturels, quelles sont les raisons qui poussent une entreprise à mener une politique de mobilité ? En quoi la mobilité a-t-elle un caractère stratégique ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire danalyser les aspects positifs et négatifs de la mobilité.
II. Les enjeux de la mobilité interne
Une politique de mobilité accompagnée dune politique de formation constitue un moyen de sadapter aux changements environnementaux. Mais pour répondre aux besoins de compétences et demplois, lentreprise possèdent différents leviers daction. Le recrutement externe peut permettre dacquérir des compétences inexistantes dans lentreprise et difficilement transférables, la réorganisation du travail peut également offrir la possibilité de répartir la compétence sur un mode donné. Alors si les entreprises, conscientes des limites et des obstacles liés à la mobilité, choisissent de mettre en place des politiques coûteuses et de privilégier le recrutement interne, cest quelles en attendent un certain nombre de bienfaits.
2.1. Des enjeux positifs : la mobilité comme facteur de performance
2.1.1. La politique de mobilité comme outil réducteur dincertitudes
2.1.1.1 La recrutement interne réduit lasymétrie dinformations
La première caractéristique dune politique de mobilité est le recours au recrutement interne. Or, lintérêt de recruter en interne par rapport au recours au marché externe se mesure en termes déconomies de coût de transaction (Williamson, 1994). Lorsque lentreprise privilégie la mobilité interne pour pourvoir un poste, elle a lavantage de connaître la salarié au niveau de ses qualités, ses compétences, sa façon de travailler
Cette connaissance préalable du salarié permet de lutter contre le risque dit de sélection adverse. Ce risque se fonde sur lasymétrie dinformation en faveur du salarié lors dun recrutement externe ; en effet, lui seul détient les informations concernant sa capacité de travail ou ses compétences. Ainsi, pour un recrutement en interne, on limite cette asymétrie dinformation. Le recours à une politique de mobilité permet donc de réduire lincertitude quant au risque précontractuel. De plus, grâce à ce type de recrutement en interne, on limite également les comportements opportunistes de salariés qui « flânent », pour reprendre lexpression taylorienne. En effet, puisquon connaît le salarié sur son ancien poste, il est peu probable quil change de comportement après sa mutation. La mobilité interne permet donc de réduire le risque post contractuel dit daléa moral. Enfin, il existe dautres facteurs exogènes qui augmentent les coûts de transaction et incitent donc à privilégier le recrutement en interne par rapport au marché externe. On peut citer, dans ce type de facteurs, larrivée de classes creuses sur le marché du travail ou encore la rareté de certaines compétences dues à lémergence des nouvelles technologies. Ces facteurs créent des tensions à la hausse sur les salaires et accroissent les coûts. Il existe donc des intérêts financiers à privilégier la mobilité interne pour adapter les besoins aux ressources.
Si on sinscrit dans la lignée des théories du salaire defficience, on peut également comprendre en quoi une politique de mobilité visible et active est un facteur de performance. Si la politique de mobilité de lentreprise permet doffrir des perspectives de carrières intéressantes, lentreprise a la capacité dattirer les candidats les plus compétents et les plus désireux de progresser. Ainsi, même si la politique de mobilité a un coût, elle est efficace dans la mesure où elle permet de recruter les meilleurs candidats sur le marché externe. Les salariés peu mobiles et peu enclins à évoluer auront naturellement tendance à ne pas se présenter auprès des entreprises prônant une mobilité importante. Mais cette présélection des meilleurs candidats nest possible quà condition que la politique de mobilité soit connue de lextérieur. Il sagit donc de faire une communication importante sur les pratiques de mobilité afin quelles soient visibles. La théorie du salaire defficience (Perrot, 1992) va même au-delà en montrant quil est rationnel pour une firme de payer un « sur- salaire » aux salariés fidèles dans la mesure où ils évitent à lentreprise le coût de la rotation de la main duvre. Si en prend en compte ces deux théories, il sagirait donc dune part de recruter des salariés mobiles, capables dévoluer, et dautre part de récompenser les salariés fidèles.
2.1.1.2 La mobilité pour faire face à linstabilité de lenvironnement
En raison dun environnement changeant, les entreprises ont besoin de flexibiliser toutes leurs ressources, y compris leurs ressources humaines. Elles recherchent donc une main duvre capable de sadapter aux fluctuations de lenvironnement. Or, la mobilité professionnelle a pour rôle de permettre un redéploiement des ressources en fonction des besoins de lentreprise ; à ce titre, elle rejoint la problématique de la gestion des emplois. Mais les besoins peuvent évoluer très rapidement surtout dans un environnement qui devient structurellement instable. La mobilité permet donc cette adaptation aux fluctuations de lenvironnement. Comme lénonce Mignonac (2001), « elle développe laptitude aux changement, réduit les coûts dadaptation et permet de préparer des solutions aux imprévus de lavenir ».
On peut cependant noter que ce type de mobilité pour répondre aux fluctuations de lenvironnement correspond à une mobilité de court terme sans réelle anticipation. Il sagit dadapter les ressources humaines au fur et à mesure des besoins que génère lenvironnement. On peut se demander dans quelle mesure ce type de mobilité est utilisé par les entreprises. Daprès létude empirique de Friedrich, Kabst, Weber et Rodehuth (1998), les entreprises qui mettent en place des politiques de mobilité nont pas cette vision de court terme mais ont davantage une stratégie de développement de long terme des compétences. Cependant, cette étude ne montre pas que la mobilité de court terme nexiste pas. En effet, elle prend en compte des entreprises européennes ayant mis en place des politiques de mobilité fonctionnelle. Or, dune part, il est possible que, dans le reste du monde, la mobilité ne soit pas envisagée dans la même dimension stratégique. Dautre part, lorsquune entreprise met en place une politique de mobilité qui a nécessairement un coût, cest quelle considère la mobilité comme un atout stratégique et non pas une solution ad hoc. On peut donc dire que les entreprises ayant une politique de mobilité fonctionnelle ont une stratégie de long terme, ce qui nempêche dautres entreprises, dont le fonctionnement est plus souple, dutiliser la mobilité de court terme pour faire face à lenvironnement.
2.1.2. La mobilité comme facteur de fidélisation
La question principale pour les entreprises est de savoir comment inciter à la mobilité tout en sassurant que les salariés restent fidèles. Nous allons essayer de comprendre en quoi est-ce si important.
2.1.2.1. Lintérêt pour lemployeur à maintenir une relation stable
2.1.2.1.1. Investissement en capital humain et rentabilité
Une compétence est définie comme « une capacité à agir pour obtenir un résultat attendu dans une situation donnée avec des moyens données ; elle sexprime à travers une action et lobtention dun résultat » (Thierry, 1993). Ainsi, les compétences se révèlent à travers lactivité professionnelle. On remarque que la notion de compétence renvoie directement à celle de capital humain, notamment dans sa définition donnée par lOCDE : « les connaissances, qualifications, compétences, et autres qualités possédée par un individu et intéressant lactivité économique ». Mais la théorie du capital humain va plus loin en distinguant deux types de compétences, les compétences générales et les compétences spécifiques. Le caractère des compétences du salarié va changer lattitude de lemployeur. La théorie des ressources montre, en effet, que les employeurs nont pas intérêt à développer des compétences générales qui peuvent être valorisées dans dautres entreprises car elles favorisent la rotation des salariés. En revanche, ils ont tout intérêt à investir dans des compétences spécifiques qui rendent le salarié dépendant de lentreprise où il se trouve. Lemployeur peut dans ce cas jouir dune rente de situation. En allant plus loin, Cadin, Guérin et De Fillipi (2004) montrent que « les entreprises ne cherchent pas à accélérer la mobilité de leur personnel, tant elles sont soucieuses de protéger leurs investissements en capital humain, la confidentialité sur les projets en cours et les capacités de coordination inter- métiers quelles ont su développer en leur sein ».
Dans tous les cas, les employeurs ont pour priorité de rentabiliser leur investissement en capital humain. Cest pourquoi lentreprise doit maintenir stable la relation demploi tant que cet investissement nest pas rentabilisé (Sollogoud, 1992). Lemployeur doit donc fidéliser les salariés ayant bénéficié dune formation pendant un laps de temps minimum. Pour les fidéliser il existe différents leviers ; tout dabord, lentreprise peut jouer sur la dépendance accrue lors du développement de compétences spécifiques. Seulement, la loyauté des salariés nest pas assurée dans la mesure où ce lien de dépendance ne les satisfait pas. Par ailleurs, lemployeur peut tenter de fidéliser les salariés en leur offrant des avantages financiers, des « sur salaires » qui rendraient leur départ après la formation moins intéressant. Ils ont ainsi moins de chance de partir à la concurrence (Goux & Morin, 1997). Enfin, lentreprise peut essayer de jouer sur un dernier levier, la reconnaissance. Comme lexplique Galunic et Anderson (2000), plus lemployeur investit en capital humain c'est-à-dire en formation, plus le salarié qui développe son employabilité est reconnaissant et motivé. Linvestissement en capital humain présente alors un double avantage : il accroît les compétences des ressources humaines et donc leur adaptabilité tout en augmentant leur loyauté et leur fidélité envers lemployeur. Dans la même logique, le salarié mobile conscient quil est le sujet dun investissement en temps et en compétences sera satisfait de la marque de confiance de lemployeur, ce qui favorisera sa fidélité (Chaminade, 2003).
Lemployeur a donc intérêt à fidéliser ses salariés au moins le temps damortir son investissement en formation, mais plus il fidélisera ses salariés, plus il évitera le coût de rotation. Il est remarquable de constater que si lemployeur a intérêt à investir dans des compétences spécifiques qui établissent un rapport de dépendance, il a aussi intérêt à fidéliser ces compétences plus difficilement trouvables. Cest pourquoi, certaines catégories de salariés peu qualifiés mais dotés de compétences spécifiques se voient concernées par des politiques de fidélisation. Ces dernières ne sont pas uniquement réservées aux cadres et englobent tous les salariés possédant des compétences jugées, à un certain moment, comme étant stratégiques.
2.1.2.1.2. Mobilité, fidélisation et performance
Comme nous venons de le montrer, lemployeur a intérêt à maintenir la relation de travail stable pour un minimum de temps. A court terme, la mobilité interne est source de performance dans la mesure où elle permet léconomie des coûts de rotation de la main duvre. Léconomie des coûts de rotation se gagne sur le recrutement en interne par rapport au recours au marché externe (cf. infra) mais également sur le gain de temps en termes dadaptation et de socialisation. En effet, le salarié mobile en interne présente lavantage de connaître le fonctionnement de la structure et de la culture dentreprise. Ces connaissances spécifiques de lentreprise étant déjà acquises, son intégration se fait plus facilement et rapidement.
Mais au-delà de lamortissement de linvestissement, il semble quil soit performant de stabiliser le personnel à plus long terme. Ainsi, la mobilité interne est source de performance à plusieurs niveaux. Comme lexplique la littérature sur les compétences, les entreprises sont en compétition pour maintenir ou accroître leur avantage concurrentiel. Or, le maintien de cet avantage concurrentiel passe par la maîtrise de « compétences clés ». Pour Hamel et Prahalad (1990), ces « compétences clés » représentent des actifs stratégiques pour les entreprises. En effet, les individus possédant ces compétences deviennent des facteurs de performance et peuvent donc devenir lobjet dune concurrence entre firmes. Les entreprises doivent donc savoir lutter contre la fuite des compétences ; pour Argote et Ingram (2000), la fidélisation ainsi que la mobilité interne deviennent des atouts stratégiques pour retenir les individus sources de performance. La mobilité interne, en tant que facteur de fidélisation et de stabilisation de la main duvre formée par lentreprise, est source de performance (Maruani, Renaud, 1993).
Nous avons vu que de nombreuses théories et études montrent que la mobilité permet de fidéliser la main duvre. Nous allons, dans la suite de cette partie, analyser pourquoi les politiques de mobilité sont facteurs de fidélisation et sur quels ressorts jouent les pratiques de mobilité pour y parvenir.
2.1.2.2. La mobilité professionnelle, source de motivation durable pour les salariés
2.1.2.2.1. La mobilité comme facteur dévolution
La mobilité permet aux salariés en bénéficiant, de changer de travail et évite donc une routine démotivante. De plus, en période de ralentissement dactivité ou de mutation technologique, une politique de mobilité permet, avec laide dune politique de formation, de reconvertir les salariés et ainsi déviter des licenciements nuisibles à la motivation et à la cohésion interne. La mobilité interne est donc loccasion de découvrir une nouvelle activité, ou de nouvelles responsabilités tout en évitant le chômage (Amossé, 2003 ; Gaha, 2004 ; Vanderberghe, 2004).
A cela sajoute le fait que, pour beaucoup de salariés, une mobilité interne est à la fois une marque de confiance et loccasion de prouver leur valeur. En effet, lentreprise montre au salarié mobile quelle le considère comme une ressource à potentiel, puisquelle pense que ses compétences sont transférables à dautres domaines ; pour le salarié, cest loccasion de confirmer des compétences déjà repérées, et de révéler éventuellement dautres compétences inexploitées. Ainsi, la mobilité interne permet, dune part, une meilleure adéquation entre les besoins et les ressources de lentreprise, et dautre part, la confiance quelle suppose renforce lattachement des salariés à lentreprise, surtout en ce qui concerne les jeunes cadres (Thévenet, 1992). Lidée que la mobilité interne contribue à motiver les salariés corrobore la théorie dHerzberg (1978) pour qui lenrichissement du contenu du travail est un facteur de satisfaction durable. Ainsi, la mobilité en permettant dévoluer, en favorisant les promotions et en étant une marque de confiance de lentreprise vis-à-vis du salarié est un facteur de motivation durable.
Ainsi, la mobilité semble être une source importante de motivation individuelle et collective tout en évitant la routine qui peut être sclérosante. A ce titre, elle serait un facteur de fidélisation des ressources humaines (Goffee, Scase, 1992 ; Vandenberghe, 2004). La mobilité interne est également bénéfique dans la mesure où elle permet une meilleure collaboration entre les services ainsi quune plus grande diffusion des techniques et pratiques de lentreprise.
2.1.2.2.2. Mesure de la fidélisation des cadres
Mais si la mobilité lorsquelle est incité est un facteur de fidélisation dans la mesure où elle favorise la motivation, la reconnaissance, et améliore la cohésion de lentreprise, quand est-il de la réalité des chiffres à ce sujet.
71% des cadres considérant que leur entreprise encourage et facilitent la mobilité interne ne pensent pas la quitter dans un avenir proche. A linverse, 54% des cadres travaillant dans une entreprise où la mobilité nest pas du tout encouragée, envisagent une mobilité externe. La proportion des cadres envisageant de partir alors quils travaillent dans une entreprise où la mobilité est moyennement encouragée est de 47%. On peut donc dire que lorsque lentreprise favorise la mobilité interne, les cadres sont moins enclins à la quitter. En dautres termes, faciliter et encourager la mobilité est une démarche qui contribue activement à fidéliser les cadres. Mais encore faut-il que lentreprise ait les moyens de mettre en place une telle politique.
Les entreprises de moins de 50 salariés ont ainsi, de fait, moins de marge de manuvre puisquelles ont à la fois moins de moyens et moins dopportunités de changement. Néanmoins, elles peuvent choisir de mettre en place des actions visant à enrichir le contenu des postes, à élargir les responsabilités et à donner une certaine visibilité quant aux perspectives de carrière. Ces actions semblent porter leurs fruits : les cadres des très petites entreprises interrogés se projettent plus fréquemment dans leur entreprise. Ainsi 61% dentre eux disent avoir des perspectives de carrière satisfaisantes dans leur entreprise actuelle. Cette proportion est équivalente à celle observée dans les entreprises de plus de 2000 salariés (60%). Ils sont aussi moins nombreux à vouloir la quitter dans un proche avenir. Ainsi, promouvoir et faciliter la mobilité interne contribue à la fidélisation des salariés, comme on peut le constater auprès de la population des cadres.
2.1.2.3. La mobilité, enjeu du contrat implicite entre les salariés et lentreprise
2.1.2.3.1 La mobilité comme issue aux plafonnements des carrières
Entre les années 60 et 80, la carrière constitue lobjet dun contrat implicite entre le salarié et lemployeur (Cadin, Guérin, Pigeyre, 2002). Les entreprises avaient intérêt à fidéliser ses salariés en raison dune pénurie de main doeuvre qualifiée, rendant le recrutement difficile et coûteux. Ainsi, en contrepartie dune forte implication et dune certaine fidélité de ses salariés, lentreprise leur offrait des perspectives de carrière intéressantes. Aujourdhui, bien que la pénurie de main duvre ne soit plus aussi présente que dans les années 60-80, lenvironnement des entreprises a changé ; le besoin en compétences est de plus en plus pressant et la recherche de personnes qualifiées devient désormais stratégique. Or, les perspectives de carrière sont aujourdhui beaucoup plus incertaines pour de nombreuses raisons. Tout dabord, lenvironnement est rapidement changeant et lactivité des entreprises est fluctuante. Par ailleurs, les compétences nécessaires à lentreprise changent en fonction de ses besoins. Enfin, on peut également constater un facteur secondaire ; pour répondre à ces incertitudes, lentreprise a adapté sa structure et ses pratiques de management.
Ces adaptations de la structure vont donner à la mobilité un nouveau rôle. On remarque, ainsi, que se développent actuellement les structures aplaties où le nombre de niveaux hiérarchiques diminue, ce qui rend les promotions simples de plus en plus difficiles et rares. Selon lenquête mobilité de 2006 réalisée par lAPEC, les promotions hiérarchiques apparaissent, jusquen 2002, au premier rang des motifs de mobilité interne. Depuis 2003, ce motif est passé au quatrième rang pour se stabiliser autour de 11% des cadres.
Pour expliquer cette évolution, Daft (1998) parle de structures horizontales favorisant des collaborations transversales. Ainsi, le risque est de voir les salariés démotivés par le plafonnement de carrière (Wils et al., 1997) ou par la disparition des symboles de succès (Ettington, 1992). La mobilité horizontale devient alors un relais essentiel pour redonner aux salariés des évolutions de carrière ; elle représente non seulement un levier daction pour faire évoluer les salariés mais également un moyen de les satisfaire dans leur travail. La mobilité apparaît alors intéressante à la fois pour lentreprise dont la structure risque de se rigidifier par le manque de perspectives et pour les salariés qui retrouvent des opportunités de carrière.
Il est tout de même important de constater que le lien entre plafonnement de carrière et baisse de la satisfaction nest pas aussi simple quil ny parait. Comme lexpliquent Near (1984) ou, plus récemment, Dany et Livian (2002), dautres variables peuvent modifier la relation entre plafonnement de carrière et baisse de la satisfaction. Ainsi, la perception dun contenu du travail complexe ou riche, le degré de participation aux décisions, les possibilités de formation peuvent réduire les effets négatifs du plafonnement des carrières (Tremblay et Roger, 2004).
Mais la mobilité ne se résume pas à un simple moyen de lutte contre linsatisfaction liée au plafonnement de carrière. En effet, limpossibilité des entreprises à assurer de belles promotions internes contraint ces dernières à modifier les termes du contrat implicite qui les lie à ses salariés. Ainsi, le contrat implicite se déplace dune promesse de carrière vers un engagement de mobilité. A défaut de promotion assurée, lentreprise offre à ses salariés les meilleures conditions possibles afin quils puissent construire leur carrière grâce aux dispositifs de mobilité. Lentreprise ne garantit plus la mobilité verticale mais sengage à offrir des mobilités horizontales. Cest dans cet esprit que le rapport Supiot annonce lapparition dun nouveau droit des travailleurs, celui de changer de poste, dévoluer. On comprend alors pourquoi la vision traditionnelle de la carrière fondée sur la promotion hiérarchique est de moins en moins pertinente. Comme le précise Lemire et Saba (2002), « la notion de mouvement implicite à la notion de carrière ne doit plus se limiter aux mouvements verticaux ». La carrière doit désormais se penser en termes de mobilité tant verticale quhorizontale. Ainsi, la mobilité en permettant de diversifier les parcours professionnels est source de motivation aux salariés.
2.1.2.3.2 La mobilité, fondement du contrat implicite sur les marchés internes
La notion de marché interne a été développée par P.B. Doeringer et M.J. Piore. Ils définissent un marché interne comme « une unité administrative à lintérieure de laquelle la rémunération et laffectation du travail sont déterminées par un ensemble de règles et de procédures administrative ». Trois causes principales explique la formation de tels marchés internes : lapprentissage ad hoc, lexistence au sein de lentreprise de qualifications spécifiques et la présence de coutumes forte et propres à lentreprise. Mais on peut constater que ces trois causes ne sont pas totalement indépendantes.
Dans ce type dunité, les règles qui concernent la rémunération, lallocation des ressources et la formation sont produites, non pas par des variables économiques exogènes comme sur le marché externe, mais directement par les dirigeants de lentreprise. Lexistence de tels marchés internes est liée à un besoin de lentreprise en ressources très spécifiques, difficilement trouvable sur le marché externe. Lentreprise les forme donc en interne, ce qui rend les équipes de travail homogènes et soudées dans la mesure où elles partagent les mêmes expériences et savoir-faire. Ces qualifications spécifiques produites par et pour lentreprise contribuent ainsi à en faire des marchés autonomes avec un fonctionnement indépendant. Même si ces compétences sont difficilement transférables sur le marché, les marchés internes ont tout intérêt à fidéliser leurs salariés afin de ne pas perdre linvestissement en formation quils ont réalisé (cf. infra 2.1.2.1). Cest pourquoi, afin déviter le départ des salariés, ce type de marché autonome produit ses propres règles en leur faveur, leur conférant ainsi un statut particulier. Les relations demploi sont donc fondées sur le long terme (Reynaud, 1996). La mobilité avec lexistence de perspectives de promotion et daugmentation de salaire constitue le terme essentiel du contrat implicite liant les salariés à son entreprise. Les marchés internes dépendants des compétences spécifiques de ses salariés connaissent un contrat implicite beaucoup plus étendu que dans les autres entreprises. Ces règles particulières sexpliquent par un besoin stratégique de fidélité des salariés.
Ainsi, on peut en conclure que la mobilité est une source de satisfaction et de motivation durable dans la mesure où elle développe de nouvelles perspectives de carrière et enrichit le contenu en travail. La mobilité, en tant que modalité positive de la carrière, est un élément de satisfaction et donc de fidélisation des salariés. Comme le note Abraham (2002), si le marché interne du travail est actif et les connaissances sont tacites, les salariés seront fidèles, et par conséquent les connaissances resteront dans lentreprise. E, revanche, on peut également noter quen tant quun des termes du contrat implicite, la mobilité peut entraîner de la « dissatisfaction » (Herzberg, 1971) si lentreprise ne met pas en uvre tous les moyens pour la favoriser. Si la mobilité, source de motivation et de fidélisation, est un facteur de performance, une autre dimension de la mobilité est également stratégique pour lentreprise et les salariés : la gestion des compétences.
2.1.3. La mobilité, outil de gestion des compétences
Si la connaissance est au cur de la performance comme lexplique certaines théories managériales, les politiques de mobilité deviennent des leviers daction pour gérer ces compétences, ce qui explique leur enjeu stratégique tant pour lentreprise que pour ses salariés.
2.1.3.1. La mobilité, outil de développement et de transfert des connaissances
Lévolution de lenvironnement, la dématérialisation du travail et le développement du travail collectif sont autant de facteurs qui influencent les politiques compétences dans les entreprises. En effet, la recherche de la performance qui passe par une « performance organisationnelle dinterface » va laisser émerger un modèle de la compétence fondé sur les aptitudes cognitives, la capacité à communiquer et à sintégrer avec les autres (Zarifian, 2001).
Campion, Cheraskin et Stevens (1994) ont ainsi montré que la mobilité favorise lapprentissage et laccumulation des connaissances. Ainsi, en variant ses expériences, un salarié augmente son professionnalisme tout en évitant limmobilisme qui peut démotiver et être sclérosant. Dans la même lignée, Mallet (1995) explique que la mobilité favorise la capitalisation des connaissances en permettant des échanges dexpériences. De plus, la mobilité favorise le brassage des salariés et élargit les « rencontres » (Romalaer, 2000). Or, le transfert de connaissances au sein de lentreprise passe bien par un « brassage » des individus, permettant la diffusion des savoirs au sein de lorganisation. Mais pour que le transfert soit efficace, il est généralement nécessaire de codifier les connaissances afin de faciliter la diffusion. La mobilité ne peut donc assurer ce rôle de transfert quà condition que des dispositifs de formalisation des connaissances soient mis en place.
Certains chercheurs vont au-delà en remarquant les similitudes entre le processus de mobilité et celui de transfert de connaissances (Notais, 2005). Ces deux processus présentent des caractéristiques communes notamment au niveau de certaines étapes de leur décomposition. Un des objets de la mobilité est de répondre à un besoin en termes humains ; il sagit de trouver la meilleure adéquation entre un poste à pourvoir et les ressources présentes dans lentreprise. De la même façon, le transfert de connaissance cherche à répondre à un besoin par les connaissances existant au sein de lentreprise (Szulanski, 2000). Ainsi la mobilité comme le transfert de connaissance ont le même caractère d « adéquation » entre un besoin de lentreprise et la présence de compétences chez un salarié.
Si le transfert de connaissances est important pour lentreprise et la pérennité des savoirs, la mobilité en tant quoutil de gestion des connaissances présente un autre intérêt stratégique à la fois pour lentreprise et pour les salariés : lemployabilité.
2.1.3.2. Développer ladaptabilité et lemployabilité des salariés
2.1.3.2.1. La mobilité, facteur de développement des salariés
Dans son rapport à la Commission Européenne (2001), un groupe de travail rapporte que 80% des compétences actuelles deviendront obsolètes dici 10 ans, tandis que dans le même temps, 80% de la main-doeuvre aura des qualifications désuètes ». Lévolution des compétences et la mutation rapide du travail sont des réalités de plus en plus présentes aux yeux des salariés et des entreprises. Les salariés, conscients de létat de plus en plus instable du marché de lemploi, sintéressent aux nouvelles compétences émergeantes et aux orientations quils peuvent prendre. Ils savent que leur formation initiale et le choix de leurs études ne conditionnent plus lensemble de leur carrière. Par ailleurs, contrairement à ce que lon a pu penser, il ny a plus aujourdhui dadéquation parfaite entre la formation et le métier (Merle, 1999). Les salariés, parce quils sont les premiers concernés, mais également les autres acteurs de lentreprise, savent que quil est nécessaire de continuer à évoluer et à se former. Pour évoluer, il est donc nécessaire de changer de travail ou denvironnement. Comme lexplique Michel (1993), la mobilité horizontale poursuit, sur le long terme, un objectif dadaptabilité des ressources humaines, lobjectif étant de développer le potentiel des salariés qui peuvent acquérir dautres compétences sur de nouveaux emplois. Ainsi, la mobilité est une condition de lévolution professionnelle. Elle est souvent accompagnée dune formation qui permet daider au changement et à la transition.
La mobilité en tant que facteur dévolution engendre plusieurs conséquences positives. Tout dabord, le salarié continue à développer ses capacités dapprentissage, son adaptabilité. On entend par adaptabilité la faculté de « s'adapter aux circonstances, tout en favorisant l'innovation et la créativité ». Or, la théorie de lentreprise qualifiante fait de la capacité dune organisation à apprendre, la principale source de compétitivité (Amadieu et Cadin, 1996). La mobilité, en favorisant les apprentissages individuels et collectifs, et en développant une logique de professionnalisation est un facteur essentiel de cette capacité à apprendre. Ensuite, lautre aspect positif concerne le salarié lui-même. En effet, le salarié mobile développe son « employabilité » dans la mesure où la mobilité stimule lacquisition des compétences. Mais la définition de lemployabilité a évolué au cours du temps.
Traditionnellement, lemployabilité se mesurait en évaluant la distance entre les compétences effectives de lindividu et celles nécessaires pour exercer un emploi. Il sagissait alors dorienter les salariés vers des programmes daides à la formation et à laccompagnement, programmes visant à « réduire cet écart ». Mais, dans un environnement où la capacité de trouver un emploi dépend principalement de létat du marché du travail, cette notion de distance nes plus suffisante pour définir lemployabilité. Comme le montre Michel Ducotterd (2002), il faut aujourdhui tenir compte de trois aspects pour comprendre le concept demployabilité :
« Lemployabilité comme performance escomptée vis-à-vis du marché du travail qui vient en parallèle aux pratiques accentuées des C.D.D. »,
« Lemployabilité comme capacité dinitiative de lindividu, en relation avec le développement du thème des compétences et sa notion de capital accumulé »,
« Lemployabilité « interactive » signifiant la capacité de lindividu à obtenir un emploi ou à sy adapter».
Ainsi, la mobilité permet de développer lemployabilité des salariés en jouant sur les différents aspects. En effet, la mobilité participe au développement des compétences, des capacités dapprentissage et de ladaptabilité. Par conséquent, lindividu mobile est plus apte à obtenir un emploi ou à sy adapter ; en étant plus compétent et polyvalent, il accroît sa capacité dinitiative et de créativité. Enfin, étant plus adaptable, le salarié mobile permet à lentreprise dêtre plus flexible et de se sadapter au marché. La mobilité est alors source de performance. Pour Hategekima (2004), la mobilité représente la seconde dimension mesurée de lemployabilité (changement de poste, de service ou d'entreprise, de lieu géographique).
Figure
Les principales dimensions de lemployabilité des salariés
(Hategekima, 2004)
Comme nous venons de le voir, la mobilité est intéressante pour lentreprise dans la mesure où elle permet daccroître les compétences présentes dans lorganisation. Mais elle est aussi stratégique pour les salariés. En effet, le salarié qui développe son employabilité augmente sa valeur aux yeux de lentreprise. Comme le souligne Harlé (2003), le salarié connaissant sa « valeur ajoutée », se protège en partie contre le risque de licenciement et est davantage en mesure danticiper ce risque. Pour Dent (1995), un salarié connaissant ses compétences et son intérêt pour lentreprise est en mesure de négocier plus facilement une promotion ou un plan de mobilité. Or, cette valeur ajoutée correspond à lemployabilité et à ladaptabilité de lindividu.
2.1.3.2.2. La mobilité, moyen de lutte contre linsécurité de lemploi
Jusque dans les années 70, la relation de travail entre un salarié et un employeur avait un caractère stable et de long terme. Lemployeur garantissait une certaine sécurité de lemploi à ses salariés. Depuis, le marché du travail est devenu de plus en plus flexible et instable. Comme nous avons vu précédemment, la structure des entreprises sest transformée, offrant moins de perspectives de carrière que par le passé. Ainsi, lengagement de lemployeur ne se fait plus sur les possibilités de promotion mais sur des opportunités de mobilité professionnelle (cf. infra). Mais le contrat implicite entre lentreprise et ses salariés a également changé à un autre niveau, i.e. en ce qui concerne la sécurité de lemploi. Les entreprises reconnaissent quelles ne peuvent plus garantir lemploi sur le long terme. A défaut de pouvoir assurer une sécurité de lemploi, beaucoup dentreprises sengagent à développer lemployabilité de leurs salariés.
Pour développer cette employabilité, lentreprise va offrir des formations permettant de développer non seulement des compétences internes ou spécifiques à lentreprise, mais aussi des compétences générales ou transférables sur le marché de lemploi. Mais pour que cette employabilité soit effective, la formation doit être couplée à la mobilité afin de mettre en application les nouvelles compétences. Les salariés doivent donc sinformer, se former et accepter la mobilité afin de trouver de nouvelles orientations capables de leur offrir des possibilités dembauche en interne ou en externe. Le but est daugmenter leur « valeur marchande » afin quils puissent trouver un autre emploi en cas de restructuration et de licenciement collectif (Finot, 2000).
Dans cette relation, si lemployeur sengage à réunir toutes les conditions pour développer les capacités des salariés à occuper un autre emploi, les salariés ont, quant à eux, la responsabilité dêtre mobiles et de développer leurs compétences afin danticiper de futurs changements organisationnels. Stimuler la mobilité, cest aussi sensibiliser les salariés aux évolutions des compétences et du marché de lemploi interne et externe. Il sagit de les préparer, de façon continue, à gérer leur avenir et leur carrière dans un environnement instable et incertain (Peretti, 2001). On remarque ainsi, que la mobilité est au cur du contrat implicite liant lentreprise à ses salariés à un double niveau. Les employeurs sengagent sur la mobilité, dune part, parce quelle constitue une issue au rétrécissement de la ligne hiérarchique et au plafonnement des carrières, et dautre part, parce quelle est gage demployabilité et permet de lutter contre linsécurité de lemploi.
Lemployabilité en tant que protection contre le licenciement et le chômage, mais également en tant que « valeur marchande » dans lentreprise est aujourdhui très recherchée par les salariés (Shimon et al., 2002). Ils sont prêts à faire de nombreux efforts pour se maintenir adaptable et mobiles. En contrepartie de ces efforts, les salariés qui développent leur employabilité, attendent une récompense sur le plan de lépanouissement personnel ou en termes dévolution professionnelle. En effet, lindividu qui se forme et évolue cherche à exercer un poste plus intéressant aussi bien au niveau du contenu, du statut ou encore du salaire. Des possibilités de formation et dévolution professionnelle dépendront limplication et lengagement du salarié.
2.1.3.3. La mobilité, pilier de la gestion prévisionnelle
Une politique de mobilité représente également un enjeu stratégique en raison de sa dimension prospective. En effet, le maintien de lavantage concurrentiel passe non seulement par la maîtrise des compétences clés actuelles mais également des compétences clés futures. Linnovation et la satisfaction de nouveaux besoins de la clientèle nécessitent le recours à de nouvelles compétences quil faut savoir maîtriser. Or, pour acquérir ces nouvelles compétences, lentreprise a le choix de recourir au marché externe en recrutant de nouveaux salariés ou de former en interne des salariés susceptibles de les acquérir. Cest dans cette logique que la politique de mobilité va permettre danticiper les besoins futurs de lentreprise en termes de compétences et donc dadapter le plan de formation en conséquence. En ce sens, la politique de mobilité est un des piliers de la Gestion Prévisionnelle des Effectifs et des Compétences (GPEC).
La mobilité comme la formation sont des leviers daction pour répondre aux décalages détectés entre emplois actuels et emplois futurs. Là où la formation agit qualitativement sur les compétences des salariés, la mobilité agit sur la répartition quantitative des ressources humaines en fonction de la stratégie de lentreprise et les souhaits des individus quant à leur carrière. La mobilité interne permet ainsi un meilleur ajustement entre les ressources présentes dans lentreprise et ses besoins futurs. La mobilité serait donc un facteur doptimisation et de performance. Mais pour anticiper les besoins futurs de lorganisation, un des éléments essentiels dune politique de mobilité est la connaissance et le repérage des compétences actuelles et du potentiel de chaque salarié afin de déterminer quel type de formation lui attribuer. Cela passe également par une identification des « métier davenir » et des « métiers en déclin », lobjectif étant damener les travailleurs occupant les premiers vers les derniers. La GPEC apparaît ainsi comme le moyen danticiper les reconversions et de redéployer les activités afin déviter les restructurations brutales. Pour réaliser cette identification des besoins, de nombreux outils sont développés (Cf. supra). Une fois lanalyse réalisée, sengage ensuite le processus de communication et dinformation sur les perspectives offertes aux salariés. La mobilité permet donc de rationaliser et dorienter les effectifs vers les besoins de lentreprise.
Une politique de mobilité est donc source de performance non seulement parce quelle oriente et développe les compétences au sein de la firme mais également parce quelle oblige à un recul sur les compétences clés ; pour Ortega (2001), une politique de mobilité permet à lentreprise de mieux apprécier les compétences de ses salariés et offre ainsi la possibilité de mieux les maîtriser au niveau de leur apprentissage et de leur pérennité dans lentreprise. Abraham (2003b.) souligne ce double facteur de performance en considérant que lenjeu de la mobilité réside dans sa capacité à générer des « ressources rares et inimitables car co-construites par la rencontre des acteurs dans lentreprise ». Dans la même veine, les théories de la Ressource Based View expliquent que la fonction ressources humaines en développant et en maintenant des compétences rares contribue à la création de valeur (Barney, 2001 ; Barney, 1996).
SHAPE \* MERGEFORMAT
2.2. Des freins à la mobilité professionnelle
Lorsque l'on considère la gestion de la mobilité, la ressource allouée n'est plus simplement le travail au sens dun service apporté par le salarié, mais le salarié lui-même. La gestion de la mobilité fait intervenir le salarié en tant quindividu rationnel. Cette personnification du facteur travail pose toute la difficulté de son analyse en tant que ressource.
Comme nous avons pu le voir, les règles du jeu de mobilité interne sont différentes de celle dun recrutement externe classique. Puisque dune part lentreprise connaît le salarié, et dautre part, le salarié peut connaître assez aisément les conditions du marché du travail, lasymétrie dinformation est réduite des deux cotés de la relation. Une autre différence tient au nombre dacteurs présents dans la relation. Ainsi, en plus de lentreprise et du candidat, dautres acteurs interviennent comme les supérieurs hiérarchiques cédant et recrutant, ou encore les gestionnaires de carrière. Enfin, le salarié en interne a un degré de flexibilité variable dans la mesure où la mobilité est plus ou moins volontaire et plus ou moins bien acceptée. Cest pourquoi, les entreprises mettent laccent de plus en plus laccent sur la phase négociation des politiques de mobilité interne.
2.2.1. La mobilité, processus difficile à gérer
2.2.1.1. La difficile tâche des conseillers dorientation
Les emplois deviennent multiformes et nécessitent de plus en plus des compétences nouvelles et transversales. Cette évolution est liée au changement de lenvironnement qui devient instable et de la structure qui sy adapte. Il devient difficile de cerner le contour des métiers, ce qui rend les parcours de mobilité dautant plus complexes. La conséquence principale concerne les conseillers dorientation et les responsables RH. Censés être à linterface des services et avoir une vision globale de lentreprise, ils ont pour mission dorienter et dinformer les salariés des opportunités et des évolutions des métiers. Le problème vient du fait que ces « experts » ont de plus en plus de mal à connaître lensemble du paysage des métiers, filières et formations possibles. Il leur devient difficile de donner des conseils sur des métiers en évolution permanente, quils ne connaissent plus réellement (Loss, 2006). De plus, les outils, loin dêtre exhaustifs, ne sont plus la solution pour faire face au nombre de parcours et de trajectoires possibles. Les points de repère des gestionnaires de carrière perdent de leur pertinence face à linfinité des possibilités. Pour remédier à ce problème, il existe différentes approches. Pour certains, il convient dadapter les outils pour les rendre plus transversaux. Les référentiels compétences et les fiches de lobservatoire des métiers doivent ainsi développer des navigateurs qui permettent de sorienter à partir des éléments renseignés. Dautres proposent une démarche dapprentissage de lorientation, appelée l « approche éducative ». Au lieu de dire au salarié ce quil peut ou doit faire, il sagit de lui apprendre à sorienter pour quil puisse sadapter seul au changement
.
2.2.1.2. Le coût dune politique de mobilité difficilement estimable
Du fait quelle diminue lasymétrie dinformation défavorable à lentreprise et quelle facilite la période de socialisation, la mobilité interne réduit le coût du recrutement par rapport au coût de recours au marché externe. Cest pour cette raison que les entreprises choisissent généralement de donner la priorité au marché interne pour tout nouveau recrutement, le recours au marché externe nétant quune solution à labsence de compétences précises au sein de lentreprise. Mais les entreprises favorisent également la mobilité pour maintenir leur compétitivité en rendant les ressources humaines adaptables et flexibles. Mais ce retour sur investissement est difficilement évaluable surtout à court terme. Mais on peut estimer que linvestissement en capital humain a un retour sur investissement supérieur dans le cadre dune politique de mobilité. En effet, la mobilité contrairement à une simple formation implique un changement demploi, ce qui permet dexpérimenter les nouvelles compétences acquises. Comme le montre Ichniowski, Shaw et Prennushi (1994), le lien entre formation et productivité est dautant plus fort si elle saccompagne dun changement dans lorganisation du travail.
Malgré la valorisation de la mobilité et notamment celle réalisée par les directions, il nen reste pas moins que les politiques de mobilité occasionne un certain nombre de charges et de risques. Mais, tout comme les gains, les coûts réels dune politique de mobilité sont difficiles à estimer. En effet, si les primes de mobilité, les « sur salaires » ou encore les frais de formation sont facilement identifiables, les coûts indirects et les « coûts cachés » le sont nettement moins. Ainsi, les périodes dintégration avec les mises en situation ainsi que le temps passé en tutorat sont difficiles à évaluer globalement. A ces dépenses, on peut également ajouter tous les frais liés à linformation et à la communication, qui sont là encore plus ou moins faciles à comptabiliser. Campion, Cheraskin et Stevens (1994) ont mis en évidence, comme effets négatifs de la mobilité, une augmentation de la charge de travail, une baisse de la productivité dénoncée par les salariés non mobiles ainsi quune baisse de la satisfaction et de la motivation des services touchés par les mutations. La charge de travail augmente pour léquipe restante ou les collègues en raison dun double facteur. Tout dabord, le salarié mobile nest pas toujours remplacé immédiatement ; il sagit donc de fournir le même travail avec moins dhommes. En outre, sil est remplacé, il faut passer du temps à former le nouvel arrivant, ce qui augmente, de fait, la charge de travail. Ainsi, la mobilité nécessite des moyens en temps, en personnel chargé de lorganiser, en formation. De la même façon, deux facteurs expliquent la baisse de satisfaction de léquipe perdant un membre. Tout dabord, si le salarié mobile connaît une promotion, les autres membres de léquipe peuvent le jalouser ou ressentir un manque de confiance de la part de lentreprise, ce qui va entraîner une perte de satisfaction des salariés concernés. Dautre part, le départ dun salarié considéré comme compétent et à potentiel va également nuire à la satisfaction des membres de léquipe. Une perte de satisfaction associée à une augmentation de la charge de travail explique la baisse logique de la productivité des salariés non mobiles.
En termes de risques, la mobilité suppose léclatement des équipes, la disparition éventuelle de compétences ou encore une perte des acquis dexpérience.
2.2.2. Les risques perçus par les salariés
Le second type dobstacle à la mobilité tient aux réticences des salariés pour qui la mobilité est perçue comme un risque. Il existe toute une série de craintes liées à des facteurs psychologiques et culturels (Abraham, 2003b). Le salarié peut craindre de réaliser de moins bonnes performances, de ne pas être compétent dans ses nouvelles attributions, de ne plus être capable de sadapter à un nouvel environnement et finalement den être pénalisé. Ce type de réticences existe dautant plus que lentreprise valorise essentiellement la performance et ne tolère pas le risque derreur. Dans ce type dentreprise, la mobilité est naturellement puisque le salarié mobile ayant peur dêtre moins performant dans son nouveau poste craint de réduire son niveau de rémunération dans la mesure où celle-ci est généralement indexée sur la performance. De ce constat, on peut en déduire que les entreprises qui valorisent uniquement lexpertise et la performance, indirectement, découragent et dévalorisent la mobilité. Mais si dun côté, lexpertise et, de lautre, la mobilité sont sources de performance, se pose alors une véritable question concernant la façon de concilier les deux facteurs de performance.
Dautres freins psychologiques à la mobilité peuvent être cités. En plus de la peur, elle peut être source de doute et de perte de confiance en soi dans la mesure où le salarié sort de ses repères. Par ailleurs, le salarié mobile peut craindre de prendre une mauvaise orientation de carrière, dêtre infidèle à son ancien supérieur ou à son équipe ou encore dêtre mis dans une voix de sortie ou à lécart. Mais si la mobilité est un risque pour le salarié, celui-ci doit être compensé par une augmentation de sa rémunération ou de ses responsabilités, par une plus grande sécurité de lemploi, ce qui nest pas toujours le cas (Osterman, 2000).
2.2.3. Lémergence de conflits dintérêt
2.2.3.1. La nécessité de négocier
Une des caractéristiques originale de la mobilité interne tient au fait quelle implique un grand nombre dacteurs. La décision dun changement de poste ou de responsabilités concerne à la fois le salarié, le supérieur hiérarchique, éventuellement léquipe de travail, ainsi que les responsables de la gestion des carrières ou des consultants extérieurs. Comme nous lavons vu les acteurs sont co-responsables de la décision de mobilité (Maincent et Thierry, 1980). Galambaud (1991) ajoute que « si chaque salarié est acteur de sa mobilité, directions dentreprise et responsables hiérarchiques, chacun de leur côté, [
] sont aussi acteurs de la mobilité de leur personnel ». Ainsi, la décision de mobilité est loccasion dune confrontation entre les stratégies individuelles des acteurs et peut être source de conflits.
Lexistence dun grand nombre dacteurs aux objectifs divergents implique la mise en place de procédure de négociation. Le coût de négociation diffère de celui encouru lors du recrutement (Papaix, 2003). En effet, lors du recrutement, le salaire d'embauche s'apparente à un prix de marché, dont l'entreprise est preneuse et ne peut influencer à la baisse. En revanche, lors du recrutement interne, les négociations sont plus longues puisquelles impliquent davantage dintérêts, et nobéissent pas toujours à la rationalité économique.
2.2.3.2. Lémergence de stratégie de non révélation de linformation
Lorsquun salarié quitte ou arrive dans une équipe de travail, cest le reste de léquipe qui en est pénalisé, tout du moins au début. Cest ce qui explique quaussi bien le supérieur hiérarchique cédant que le supérieur hiérarchique recrutant exercent des freins à la mobilité. En effet, chacun deux cherche à sentourer de personnes compétentes et expérimentées afin de minimiser le risque de moins bonne performance. Ainsi, le supérieur hiérarchique cédant va freiner le départ de ses collaborateurs et le supérieur recrutant ne va pas encourager larrivée de nouveaux potentiellement facteur de mauvaises performances. La capacité à intégrer de nouveaux arrivants varie selon les équipes et est fonction du taux de rotation des salariés ainsi que des caractéristiques du salarié remplacé. En effet, plus un groupe est habitué à accueillir des nouveaux, plus la période dintégration sera rapide et facile. De même, plus le salarié remplacé était apprécié et ancré dans son ancienne équipe, plus lintégration du nouveau sera longue.
Toujours est-il que pour les deux types de supérieurs, la mobilité est synonyme de désorganisation, de surcroît de travail à la fois pour eux et pour le reste de léquipe. Cest la raison pour laquelle certains supérieurs cédants essayent de contourner la difficulté en cachant les talents de leurs subordonnés compétents pour mieux les conserver au sein de leur équipe. Cest aux pratiques de GRH de limiter cet effet pervers en intégrant, par exemple, dans lévaluation des managers, des critères de performance concernant leur capacité à développer les compétences de leurs collaborateurs et à encourager leur mobilité. Certaines entreprises cherchent à limiter le frein des managers en rendant la mobilité obligatoire dès quelle a été approuvée par un supérieur hiérarchique ou un responsable RH. Elles fixent parfois le délai de mise à disposition dans le nouveau poste. On peut aussi imposer aux managers des objectifs en termes daccueil de nouveaux arrivants. Cest notamment le cas lors de redéploiements dactivités ou deffectifs : les managers des sites daccueil sont tenus daccepter un certain nombre de personnes volontaires ou reconverties.
2.2.3.3. Le problème des entités autonomes
Dans les grands groupes, il existe généralement plusieurs entités dont le mode de fonctionnement est assez autonome. Ainsi, les différentes directions opérationnelles sont cloisonnées et ont des pratiques de mobilité, des métiers ou des cultures qui leur sont propres. Ce cloisonnement et cette indépendance constituent un frein à la mobilité inter direction, chacune des directions nayant que très peu de contacts avec les autres, et cherchant à conserver en interne les individus les plus performants. On assiste alors à des hiérarchies qui refusent la mobilité de lune à lautre des entités. Pour résoudre ce type de problème, il est important de mettre en place une démarche globale de gestion de la mobilité en impliquant les différentes directions opérationnelles. Au niveau du management, il est aussi essentiel de mettre en place une direction de la mobilité qui ait du pouvoir sur toutes les entités autonomes afin de réduire le cloisonnement et stimuler la solidarité entre les directions.
Conclusion
Dans cette partie, nous avons donc tenté de dresser un panorama des différents aspects et enjeux de la mobilité interne. Même si cette notion est de plus en plus floue avec léclatement des frontières de lentreprise, nous avons envisagé les différentes formes et modalités tant objectives que subjectives du concept. Nous en avons déduit que chaque entreprise connaît une situation particulière liée à lenvironnement dans lequel elle évolue, ainsi quà ses caractéristiques propres. Les pratiques vont donc être différentes selon chaque structure. Il nen reste pas moins que certains facteurs conjoncturels replacent, aujourdhui, les politique de mobilité au centre des préoccupations stratégiques. Toutefois, les enjeux et lampleur de la mobilité interne vont dépendre de la situation des entreprises et de leur stratégie. Comme le résume Liaroutzos et al. (2002), suivant les firmes, les objectifs stratégiques de la mobilité peuvent revêtir trois grands aspects :
- Pour certaines firmes, la recherche de la mobilité a pour objectif de professionnaliser et dorienter les salariés vers des métiers émergeants nécessitant de nouvelles compétences. Il sagit danticiper ladéquation des besoins futurs et des ressources présentes de lentreprise.
- Pour dautres, le but des politiques de mobilité est dattirer et de fidéliser les salariés maîtrisant des compétences clés pour lentreprise ou la branche, en favorisant déventuelles mobilités externes.
- Enfin, le troisième aspect de la mobilité est le développement de lemployabilité des salariés, seule garante de leur sécurité face à linstabilité de lenvironnement. Il sagit déviter des risques comme le chômage, lobsolescence des compétences ou le décrochage professionnel en favorisant les reconversions et la mobilité professionnelles.
Si la mobilité joue un rôle stratégique pouvant différer selon les entreprises, un caractère de la mobilité demeure constant. En tant que processus négocié ou co-construit, la mobilité présente un certain nombre de conséquences positives comme la fidélisation, la motivation, la performance. Mais elle présente également un certain nombre de risques et de freins qui donnent aux outils et aux pratiques de la mobilité tout leur enjeu. Cest pourquoi, nous allons dans un second temps nous intéresser aux individus concernés par la mobilité et aux pratiques qui leur sont consacrées.
PARTIE 2 : BENCHMARKING DES MEILLEURES PRATIQUES
Introduction
Si la mobilité est à la fois source de bienfaits et de risques, elle demeure une pratique courante et en croissance dans les entreprises. Pour les salariés, la mobilité signifie un changement de travail, denvironnement et pose donc la question de ladaptation et de la capacité à remobiliser ses compétences. Pour lorganisation, la mobilité, en tant que variable opératoire de lorientation professionnelle, pose la question de la pertinence et de lefficacité des pratiques de management et des outils de gestion de la mobilité. Pour un certain nombre de raisons que nous avons pu entrevoir, lobjectif de lorganisation est avant tout de privilégier et de fluidifier le marché interne de lemploi. Mais le contexte actuel rend la tache ardue avec, dune part, une concurrence accrue pour les salariés compétents et, dautre part, le rallongement de la vie active. Derrière ces préoccupations se posent un certain nombre de questions : Comment attirer les cadres compétents et à fort potentiel ? Comment maintenir lemployabilité de tous les salariés, tout au long de la carrière. En outre, les entreprises sinterrogent sur la qualité et la fiabilité des outils de gestion de la mobilité. Les pratiques de management permettent-elles dinciter et dorienter convenablement les salariés ? Permettent-elle dentretenir et de développer les compétences nécessaires à ladaptation à lenvironnement. Dans la perspective dune concurrence pour les compétences stratégiques, lenjeu se situe dès le recrutement et lintégration, pratiques qui conditionneront les mobilités et les adaptations futures. Laccent mis sur ces pratiques devient essentiel dans la transmission des compétences et la fidélisation des ressources humaines. Il sagit dinvestir dans le capital humain quil faut savoir faire évoluer. Ainsi, les pratiques de gestion des ressources humaines et notamment de la mobilité apparaissent comme des leviers daction pour faire face aux futurs besoins de lentreprise.
Dans cette seconde partie, nous allons commencer par analyser, dun point de vue microéconomique, dans quelle mesure certaines catégories dindividus sont plus ou moins concernées par la mobilité. Cette analyse va nous permettre de mieux comprendre les dispositifs mis en place dans les entreprises. En effet, cela nous permettra ensuite denvisager un « benchmarking » des différentes pratiques de la mobilité. Nous verrons ainsi que certaines pratiques plus classiques laissent entrevoir lapparition de nouvelles pratiques plus innovantes. Dans cette recherche, on entend par benchmarking, lanalyse qui vise à identifier, à comparer les meilleures pratiques des organisations les plus performantes. Nous adopterons ici un benchmarking dit générique dans la mesure où nous nous intéresserons aux processus et méthodes de travail dentreprises, tout secteur dactivité confondu. Mais lenjeu dune telle étude comparative nest pas seulement de dégager les pratiques les plus innovantes. Il sagit par cette démarche de faire des pratiques de la mobilité, encore trop souvent au cas par cas, une gestion globale et collective du processus.
I. La mobilité professionnelle, une réalité différente pour chacun
1.1. La mobilité concerne inégalement les individus
La mobilité connaît des formes et des enjeux différents selon les populations concernées. Ainsi, chaque individu, suivant ses caractéristiques propres, ne vit pas la mobilité de la même façon et ne connaît pas les mêmes types de mobilité. Cest pourquoi nous allons essayer, dans un premier temps, de comprendre dans quelle mesure les individus sont concernés par la mobilité. Nous allons donc dresser un tableau rapide de la mobilité dun point de vue microéconomique afin de clarifier les usages et lampleur du phénomène.
1.1.1. La mobilité varie selon les caractéristiques individuelles
1.1.1.1. La mobilité Homme/ Femme
Mobilité professionnelle selon la situation familiale et le genreHommesFemmesCélibataire17,214,8Célibataire avec enfant(s)10,713Couple sans enfant14,114Couple avec un enfant12,110Couple avec deux enfants10,18,8Couple avec trois enfants ou plus10,810,5Ensemble13,612,4
On remarque que la situation matrimoniale joue un rôle dans lexpérience de mobilité. Les femmes apparaissent moins mobiles que les hommes (12,4% contre 13,6%). A situation équivalente, les femmes, même célibataires, ont une mobilité professionnelle plus faible que celle des hommes (14,8% contre 17,2%). De même, la naissance dun enfant affecte davantage la mobilité des femmes que celle des hommes. Mais tous ces chiffres ne nous renseignent pas sur les causes de ces différences. Certains pensent que les femmes choisissent de moins évoluer professionnellement en raison de leur situation familiale alors que dautres rapportent que les femmes vivent une situation inégalitaire en ce qui concerne la mobilité professionnelle. Létude longitudinale de Mc Dowell et al. (2001) montre, à ce titre, que les femmes ont connu une progression significative de leur taux de promotion durant les années 1980 par rapport aux années 1960 et 1970. Néanmoins, les femmes, à compétences et qualifications égales, seraient moins susceptibles daccéder à des promotions que les hommes.
1.1.1.2. La mobilité selon les âges
Certains auteurs rapportent que les travailleurs plus jeunes sont ceux qui obtiennent le plus de promotions, comparativement aux travailleurs plus âgés (Cobb-Clark et Dunlop, 1999; Cox et Nkomo, 1992; Lewis, 1992). Un tel lien sexpliquerait par le fait que les employeurs seraient alors moins enclins à offrir des promotions aux employés approchant lâge de la retraite. Dautres études révèlent le contraire, mais parfois aussi de manière différente selon le sexe. Ainsi, plus les travailleurs avancent en âge, plus ils sont promus et atteignent des paliers hiérarchiques élevés, et ce,
Pour Kramaker (1999), lâge influence les attentes en termes de mobilité. Ainsi, le début de carrière est associé à une volonté forte de mobilité mais à une capacité insuffisante due au manque dexpérience ; le milieu de carrière est propice aux mutations alors quen fin de carrière le salarié aspire à davantage de stabilité.
Mais on peut aussi expliquer la moindre mobilité des plus âgés en raison de la perte de compétences ou alors du dépassement des compétences en question. Mais, pour remédier à ce problème, les entreprises sengagent de plus en plus, auprès des « quinquas », à offrir des moyens pour acquérir de nouvelles compétences. Dans cette perspective, elles mettent particulièrement laccent sur les formations diplômantes et qualifiantes pour les plus de 45 ans.
1.2. Des formes de mobilités différentes selon le niveau de qualification
Il apparaît que le niveau de qualification soit également un élément déterminant du niveau et du volume de mobilité interne.
1.2.1. Les salariés non qualifiés
Taux de mobilité annuelle interneMoins de 10 ans de carrièreDe 10 à 20 ans de carrièreDe 20 à 30 ans de carrièrePlus e trente ans de carrièreCadres105,74,33,1Professions intermédiaires7,44,33,32Ouvriers et employés qualifiés3,32,51,71,1Ouvriers et employés non qualifiés1,611,10,8
La catégorie « salariés non qualifiés » renvoie à un niveau de qualification faible et qui ne permet pas davoir accès à de grandes perspectives dévolution. La notion de « non qualification » nest pas précise et bien définie mais correspond davantage à une réalité subjective (Méda & Vennat, 2004). On associe principalement les travailleurs non qualifiés à un faible degré dautonomie dans le poste occupé et aux types de trajectoires professionnelles qui leur sont proposés. Il est remarquable de constater que les salariés non qualifiés sont limités dans leurs perspectives dévolution et ont très peu accès aux processus de mobilité. Comme le montre le tableau, le taux de mobilité interne des « non qualifiés » est faible dès linsertion professionnelle (< 2%) et samoindrit au court de la carrière. Cela serait principalement dû à leur difficulté dacquérir de nouvelles compétences (Santelman, 2002). Mais le problème tient moins à une incapacité dappendre de nouvelles connaissances quau maintien dans des activités sclérosantes. Issu généralement dune formation initiale courte, ce type de salarié est cantonné à des activités répétitives et parcellisées qui lempêchent de construire des perspectives dévolution. On peut aussi ajouter que parce quils sont cantonnés à ce type dactivité, les « non qualifés » ont davantage peur de la mobilité. Ils craignent, plus que quiconque, daffronter un nouvel environnement inconnu et de subir une situation déchec.
1.2.2. Les cadres, catégorie professionnelle la plus concernée par la mobilité
1.2.1.1 La mobilité des cadres
Les cadres sont la catégories professionnelle la plus concernée par la mobilité professionnelle. Cest pourquoi, il parait intéressant de réaliser une analyse de ce que représente la mobilité pour eux. LAgence pour lEmploi des Cadres (APEC) dresse dans son enquête mobilité 2006 un panorama de la mobilité des cadres. Pour cette recherche, nous nous intéresserons principalement à la mobilité interne même si certaines données abordent des aspects de la mobilité externe. Ainsi, pour la quatrième année consécutive, près de 80% des cadres nont pas vécu de mobilité de quelque nature que ce soit. En ce qui concerne la mobilité externe, la proportion de cadres qui ont changé dentreprise a progressé dun point en 2004 pour se stabiliser à 5% en 2005. La mobilité interne qui peut prendre la forme dun changement de poste, de service ou détablissement au sein de la même entreprise est un phénomène stable et limité depuis 2002. Elle concerne environ 13% des cadres.
Parmi les cadres en emploi en début d'année (en %)19931999200020012002200320042005n'ont pas connu de changement dans leur vie professionnelle au cours de l'année6868667479787879ont connu un changement à l'intérieur de la même entreprise au cours de l'année1718191513131313ont changé d'entreprise au cours de l'année410964455ont perdu leur emploi au cours de l'année83433332sont devenus inactifs au cours de l'année31221211
Source : APEC
Contrairement à la mobilité externe où linitiative vient très largement du cadre, la mobilité interne vient davantage de lentreprise : seuls 40% des décisions de mobilité interne sont à la demande du cadre, contre 42% en 2004. Dans certains secteurs, comme la banque, lassurance ou limmobilier, la demande volontaire de mobilité interne est plus fréquente (45%).
1.2.1.2. Déterminants de la mobilité des cadres
Le premier élément pour comprendre une décision de mobilité concerne la personne à lorigine de celle-ci, et donc le contexte dans lequel cette décision est née. Jusquen 2002, les décisions de mobilité sont principalement motivées par les changements organisationnels ou structurels à linitiative de lentreprise. Depuis 2003, les cadres sont davantage acteurs de leur mobilité dans la mesure où ce sont eux qui saisissent les opportunités qui se présentent. En 2005, la présence dopportunités apparaît au premier rang des raisons expliquant la mobilité, alors quen 2004, lélargissement des responsabilités était en tête des motifs, à égalité avec les opportunités. Mais les motifs de la mobilité varient selon les secteurs dactivité ; ainsi, dans les services, les opportunités et lélargissement des responsabilités sont les principales causes de la mobilité interne alors que dans lindustrie (mécanique, habillement, papier
), les restructurations sont davantage citées comme explications de la mobilité.
Enfin, les motifs de la mobilité varient en fonction de lâge des intéressés. Les opportunités et lélargissement des responsabilités concernent principalement les cadres de moins de 35 ans, alors que ceux de plus 50 ans se considèrent davantage touchés par des restructurations dans lentreprise. Ainsi, on peut noter que les jeunes cadres se sentent plus acteurs de leur mobilité.
1.2.1.3. Les modalités de changement
En 2005, le changement de fonction reste la principale modalité de changement au sein de la même entreprise. Ce type de mobilité concerne 47% des cadres ayant connu un changement en interne, proportion en nette augmentation par rapport à 2004 (+8 points). En revanche, il est remarquable de constater que le changement à la fois de service et de fonction dans le même établissement recule de 6 points. En effet, seuls 25% des cadres ayant connu une mobilité interne en 2005 a vécu ce double changement, contre 32% en 2004. La part de cadres ayant au moins changé détablissement régresse aussi (-3 points) et concerne 18% des cadres.
Si le double changement de service et de fonction a nettement reculé en 2005, il reste néanmoins le deuxième mode le plus fréquent pour changer en interne. Ce double changement reste plus souvent à linitiative du cadre (45%) que les autres types de mobilité interne et est plus souvent lié à la présence dune opportunité dans lentreprise. Le changement de service reste toujours la forme la moins courante de mobilité interne, il ne concerne que 9% des cadres. Ce type de changement est plus fréquent dans les entreprises de plus de 2 000 salariés et est souvent motivé par une restructuration ou réorganisation. Cest pourquoi, il enregistre un taux de satisfaction plus bas à savoir de 79% des cadres, contre 85% en moyenne.
Si certaines études montrent que les politiques de mobilité sont encore limitées, elles ne cessent de progresser notamment par le jeu de la structure des catégories professionnelles. En effet, comme le montre une enquête du ministère de lEmploi, du Travail et de la Cohésion Sociale, la part des cadres sest accrue de plus 50% depuis vingt ans. On peut donc comprendre pourquoi, mécaniquement, les politiques et les pratiques de mobilité se développent par le simple fait que les cadres sont la catégorie la plus mobile.
Après cette analyse des populations vis-à-vis de la mobilité, on est en mesure de comprendre pourquoi les entreprises adaptent leurs pratiques en fonction des salariés concernés. Ainsi, plusieurs formes de mobilité peuvent coexister dans lentreprise, tout comme plusieurs catégories dindividus travaillent ensemble. Les politiques de mobilité sont dordre stratégique mais les finalités ne sont pas les mêmes suivant les personnes à qui elles sadressent. Les entreprises incitant à la mobilité poursuivent généralement quatre types dobjectifs :
la gestion des carrières notamment en ce qui concerne les cadres et les salariés maîtrisant des compétences clés.
le reclassement lors de restructuration ; cela concerne généralement des salariés dont les compétences sont dépassées.
le redéploiement dactivité ou deffectifs
les mutations en ce qui concerne les salariés volontaires.
A chaque type de finalité correspond un dispositif de gestion de la mobilité.
II. Un ensemble de pratiques et doutils daide à la mobilité
La mobilité nest pas une fin en soi mais correspond à un moyen au service dun objectif. Latteinte de cet objectif passe par la réussite de la politique de mobilité mise en place par lentreprise. Le succès dune telle politique repose sur plusieurs éléments. Tout dabord, il sagit de mettre en place de « bons » outils susceptibles dinformer, de stimuler et daccompagner la mobilité. Mais de bons outils ne suffisent pas à assurer une mobilité active et volontaire. Il faut, en outre, mettre un accent particulier sur la qualité de linformation et de sa diffusion au sein de lentreprise. Trop souvent, les salariés ont une vision parcellaire ou erronée de ce qui se passe dans leur entreprise. Dans dautres cas, les gestionnaires de carrière manquent dinformation sur les parcours antérieurs des salariés, sur leurs compétences latentes ou inexploitées. Ils ne connaissent pas toujours non plus leurs souhaits ou attentes en ce qui concerne leur projet professionnel. Le succès dune politique de mobilité repose sur des outils qui vont faciliter linformation descendante mais aussi ascendante.
Les outils doivent permettre de remplir un triple objectif. Ils aident, tout dabord, à donner une visibilité sur les évolutions métiers et les risques liés à lenvironnement. Ils ont deuxièmement un rôle de transmission de linformations afin de fluidifier le marché interne de lemploi. Enfin, ils ont pour objet daccompagner individuellement et collectivement les salariés dans leur démarche de mobilité.
2.1. Outils visant à stimuler la connaissance et linitiative individuelle
2.1.1. Informer sur les emplois et les compétences
Pour inciter la mobilité et encourager linitiative des salariés en matière de mobilité, ces derniers ont un besoin crucial de visibilité aussi bien sur lévolution des métiers que sur les conditions de succès dune mobilité. Un salarié qui désire intégrer une démarche de mobilité doit pouvoir sorienter en ayant connaissance de données factuelles sur lévolution des métiers et des populations travaillant dans lentreprise.
2.1.1.1. Un dispositif dinformation pour apprendre à se situer dans lorganisation
2.1.1.1.1. Information sur les métiers et leur évolution
Observatoire des métiers et des qualifications
Lobservatoire des métiers et des qualifications a pour objectif de réaliser un inventaire général des différentes filières métier de lentreprise afin de favoriser lévolution professionnelle, la polyvalence, lemployabilité et la mobilité interne. Les informations doivent être synthétiques, homogènes et cohérentes afin dêtre utiles et utilisables par les organisations syndicales, les responsables RH, les managers ainsi que les salariés cherchant une mobilité interne. Lobservatoire présente des fiches par filière qui comportent généralement trois parties. La première partie correspond à une description générale présentant les caractéristiques principales de la filière comme les activités et la mission de la filière. Cette partie liste également les différents emplois-types, les formes de répartition du travail ou encore les modalités dentrée dans la filière. Il apparaît, ainsi, les critères de sélection interne et les compétences requises. Pour augmenter la lisibilité de la filière, sont également inscrites les passerelles inter filières les plus couramment utilisées, aussi bien les passerelles amont quaval. La seconde partie fait apparaître des données chiffrées avec leffectif de la filière, lâge moyen, lancienneté moyenne dans lentreprise, le turn over. On peut aussi y inclure les pyramides des âges et de lancienneté dans lentreprise. Enfin, la dernière partie propose un panorama des principales perspectives dévolution avec une description des dispositifs daccompagnement accessibles et une estimation des conséquences sur le nombre et la nature des emplois de la filière. La mise à jour de lobservatoire des métiers est généralement assurée par un comité de suivi.
Lobservatoire des métiers permet de représenter une cartographie des métiers de lentreprise dans une perspective de gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences. Cette cartographie permet de visualiser :
- les métiers en émergence dans lentreprise, c'est-à-dire ceux dont les effectifs sont croissants et qui sont susceptibles daccueillir dans les années à venir un nombre significatif de salariés mobiles ;
- les métiers qui rencontrent des difficultés de recrutement (pénurie de main duvre)
- les métiers en transformation pour lesquels les compétences évoluent significativement
- les métiers en décroissance pour lesquels lorientation professionnelle st vivement conseillée.
Ces informations représentent la première étape dans la réflexion concernant la mobilité professionnelle ; il sagit de savoir vers quel métier sorienter. Mais ces informations sont généralement intégrées dans un dispositif plus large, présentant un ensemble de données statistiques : chiffres dentrées et de sorties, nombre davancements, dévolutions des effectifs par niveau, délai moyen de mobilité entre deux emplois, taux de réalisation dentretiens, éventuellement accompagnées de la diffusion, auprès dun échantillon représentatif de cadres, dun questionnaire concernant les effets des actions entreprises en matière de gestion des cadres.
Référentiels Emplois Compétences
Le référentiel Emplois Compétences répertorie les compétences nécessaires à lexercice de l'emploi actuel, et les compétences qu'il faudra éventuellement développer pour réussir une mobilité.
Pour construire un référentiel de compétences, il faut repérer les savoir et les savoir faire utilisés dans chaque emploi ou métier. Lapproche se décompose principalement en trois étapes :
Tout dabord, il sagit de lister toutes les compétences liées à lexercice dun métier. Cette tâche revient naturellement à un opérationnel, spécialiste du métier en question.
Ensuite, les compétences sont regroupées et classées en domaines, puis en familles, et enfin en macro- familles de compétences. A titre dexemple, la finance représente une macro famille au sein de laquelle on trouve des familles de compétences comme la comptabilité ; au sein de celle-ci, la comptabilité analytique est un domaine de compétences.
Enfin, les spécialistes- métiers définissent les niveaux de complexité générique ou spécifique de chaque compétence.
Le Référentiel Emplois Compétences a le mérite dapporter une dimension plus qualitative afin de bien orienter les salariés en fonction de leurs compétences. Toute la difficulté dun tel référentiel vient de la grille danalyse ; si les compétences sont définies trop largement, loutil perd en précision et en opérationnalité pour les utilisateurs mais si les compétences sont trop fines, on risque de perdre en lisibilité et en transversalité.
Observatoire des nouvelles technologies
Cette structure dinformation veille sur les évolutions technologiques qui affectent les métiers et donc les compétences. Il sagit dinformer les organisations syndicales et les salariés sur les évolutions technologiques prévisibles et sur les conséquences estimées sur le changement des métiers. Lobjectif de cette structure est de prévenir, danticiper les futurs changements au niveau technique et organisationnel et dintégrer les organisations syndicales dans cette réflexion. A ce titre, lobservatoire participe à lamélioration du dialogue social.
2.1.1.1.2. Information sur les opportunités existantes
Les forums métiers
Ils visent à améliorer la connaissance des emplois présents dans lentreprise dans une démarche personnelle et concrète. Ils concernent avant tout les cadres et managers et affichent un double objectif :
- Donner aux cadres une vision globale et transversale de lentreprise.
- Satisfaire leurs attentes en matière de connaissance des trajectoires professionnelles possibles.
En effet, les salariés peuvent rencontrer directement des responsables RH ou encore des spécialistes du métier présenté qui peuvent témoigner de leur expérience. Les salariés peuvent alors échanger sur le contenu du travail mais également sur des aspects plus informels ou psychologiques autour de lemploi. La personnification du métier rend souvent la vision de celui-ci plus concrète et facile daccès. Les modalités concernant le personnel ciblé et la fréquence de ces forums sont généralement déterminées localement. Les forums métiers sadressent principalement aux cadres pour compléter leur vision de lentreprise, aux managers dans la mesure où ils sont les premiers acteurs de la mobilité, et les responsables RH qui jouent un rôle de support au croisement des activités.
Ces forums métiers sont loccasion de susciter lintérêt et lenvie des salariés en vue de futures orientations professionnelles. Mais au-delà dun simple stimulant pour la mobilité, les forums métiers sont aussi loccasion de favoriser la coopération inter- générationnelle entre ceux qui sont jeunes et mobiles et ceux qui détiennent lexpérience et le savoir-faire. Leurs connaissances sont complémentaires et permettent de senrichir mutuellement. Linformation sur les métiers est un moyen de valoriser les plus anciens et de leur donner un rôle organisationnel de transmission des savoirs. La coopération inter- générationnelle leur permet également de développer des compétences collectives qui peuvent éventuellement les aider à se réorienter. Enfin, les bonnes coopérations améliorent généralement le climat social et lesprit déquipe.
Les réunions dinformation métier
Lorganisation de journées de réflexion permet dinformer les salariés sur les perspectives et opportunités existant dans lentreprise en ce qui concerne des activités dites davenir. Elles correspondent donc à une étape antérieure à la démarche de mobilité proprement dite. Ces réunions sont généralement thématiques et présentent de manière concrète le contenu dun métier ou dun secteur dactivité dont le potentiel est important. Il sagit de développer linformation sur les métiers qui recrutent, et qui vont donc devenir des besoins pour lentreprise. Ces réunions sont animées de professionnels du métier afin de pouvoir être concret et répondre aux questions techniques des salariés intéressés. Ainsi, ces réunions dinformation vont aider le salarié à infirmer ou à confirmer son choix dorientation.
2.1.1.2. Rôle des technologies de linformation
2.1.1.2.1. Les technologies de linformation au service de la mobilité
Si les technologies de linformation font évoluer le contenu des métiers, notamment en termes de rapidité et dautomatisation, elles font également changer les outils qui gèrent la mobilité. En étant plus rapides et réactifs, ils contribuent à augmenter lefficacité et léquité dans les pratiques de la mobilité.
Les sites intranet ont tout dabord un rôle de diffusion et de mise en ligne des bases dinformations. Par exemple, il existe des accès directs aux bases « observatoire des métiers » ou encore « référentiel de compétences ». Ces modes de diffusion électronique nempêchent pas une diffusion papier. Cette double diffusion correspond à une volonté de toucher tous les salariés, certains étant plus réfractaires à certains moyens de communication quà dautres. On peut aussi avoir accès sur lintranet à des informations transversales via des « navigateurs ». Cest le cas des fiches par filières qui fournissent des informations provenant de plusieurs bases (Mobilité, Compétences et Observatoire des métiers par exemple). Cet outil permet de mieux connaître le contenu et les moyens daccès à un nouveau métier situé dans une autre filière.
Les bourses demploi internes représentent une des mesures qui se développent le plus dans les entreprises. Ces bourses diffusent lensemble des postes à pourvoir dans lentreprise et parfois les avis de prospection. Au départ, lorsque les moyens informatiques étaient limités, les premières bourses demploi sont nées grâce à la télématique dans certaines entreprises précurseurs. Elles fonctionnent grâce aux DRH de division ou détablissement qui ont la charge de valider les postes à pourvoir afin que loffre soit exhaustive, et systématiquement proposé sur le réseau intranet. Par conséquent, chaque individu a la possibilité de connaître les opportunités qui soffrent à lui en termes de mobilité.
Les sites intranet offre également dautres possibilités en termes de diffusion et de récolte dinformations. Ainsi, afin de mieux connaître le potentiel et les ressources de lorganisation, certaines entreprises cherchent à mettre en place des bases de données individuelles comme celle appelée « Compétences/Formation/Expérience ». Cette base individuelle, accessible à chaque salarié, aide à renseigner lentreprise sur lexpérience, les compétences maîtrisées, la formation initiale ou les acquis professionnels de ses salariés. Cette base de données accompagne le salarié tout le long de sa carrière dans lentreprise.
2.1.1.2.2. Intérêts et limites des technologies de linformation
Les technologies de linformation (TI) et les outils de gestion permettent de favoriser la mobilité à la fois en termes de diffusion dinformations mais également en simplifiant les procédures. De plus en plus, les salariés peuvent déposer en ligne leur demande de mobilité ainsi que les fiches personnelles. Ainsi, la numérisation permet de favoriser la double circulation de linformation. La numérisation permet la publication, dune part, des postes à pourvoir, ce qui correspond à loffre de mobilité, et dautre part, des souhaits des salariés sur leur évolution professionnelle, ce qui correspond à la demande de mobilité. Les TI, en donnant une représentation des offres et des demandes de mobilité, créent un véritable marché interne du travail. Elles ont à la fois un effet de transparence et un effet de désintermédiation dans le sens où elles contraignent les managers à révéler linformation, ce qui réduit la nécessité dintervention des responsables RH (Papaix, 2002). En permettant la double circulation de linformation, les TI participent au rétablissement de conditions dun marché efficient, et aident les individus à prendre des décisions rationnelles.
Cependant, certaines limites apparaissent dans le fonctionnement de ces bourses. Généralement, les limites sont liées à la volonté de certaines personnes de conserver leur marge de liberté et leur zone de pouvoir. On retrouve ici un exemple concret de la théorie de Crozier et Friedberg (1977) qui expliquent que malgré lexistence des règles strictes et des structures très organisées, lindividu en tant quacteur cherche à préserver des zones de pouvoir qui lui sont propres. Il ne faut pas négliger les processus informels que développent les acteurs autour des règles formelles. Dans le cas de bourses demploi, la description de certains postes peut savérer incomplète ou imprécise ou encore nêtre diffusée que partiellement. De telles offres, plus ou moins réservée à certaines personnes, décourage les autres candidats à la mobilité. Cest pourquoi, les entreprises cherchent à affiner leur système en indiquant une mention spéciale lorsque le poste est réservé en priorité au reclassement. Elles font également des efforts sur les contenus des postes, les pré- requis et les possibilités de temps partiel. Le but est daccroître la transparence sur les postes vacants et de faciliter lacte de candidature.
Une autre défaillance concerne les mises à jour qui peuvent connaître une périodicité trop longue. En effet, la mise à jour automatique représente des coûts dinstallation et de maintenance élévés que ne peuvent pas se permettre toutes les entreprises. Dans ce cas, la mise à jour est manuelle et par conséquent peut engendrer un certain délai. Par ailleurs, les bourses demploi peuvent connaître des difficultés liées à la méfiance quelles suscitent. En effet, la consultation des offres demploi internes par un salarié peut laisser penser quil nest pas satisfait de son poste actuel, information qui peut être connu ou révélée à son supérieur ou à son équipe. Le salarié en question peut alors craindre le ressentiment ou la défiance de sa hiérarchie.
Toutes ces limites rendent nécessaires une information et une communication sur les conditions de la mobilité. Afin de rendre le marché interne du travail efficient, les salariés ont besoin de visibilité sur les flux de mobilité, les différentes formes de mobilité existantes (leur niveau de priorité, leur caractère individuel ou collectif) ou encore sur les règles de la mobilité.
2.1.2. Changer le comportement et inciter à la mobilité
Afin de rassurer dune part, et dinciter dautre part, les entreprises se doivent de communiquer sur un certain nombre dinformations ; les salariés ont besoin de données quantitatives comme le nombre de postes à pourvoir, les pyramides des âges ou la cartographie des départs, mais aussi sur les règles dévaluation et plus largement sur les règles de la mobilité.
2.1.2.1. Communiquer pour favoriser la transparence des règles de la mobilité
Les entreprises cherchent à inciter les salariés à être mobiles. Pour cela, la communication joue un rôle essentiel dans la mesure où elle montre les enjeux tant pour lentreprise que pour les salariés en termes de perspectives de carrière. Pour communiquer sur limportance de la mobilité, le premier canal dinformation est le journal interne de lentreprise. Cest le vecteur des nouvelles tendances et le moyen de susciter lintérêt des salariés en affichant une « priorité à la mobilité » et en présentant lensemble des mesures incitatives. Cest aussi un moyen de montrer les évolutions au cours du temps avec notamment les progrès chiffrés de la mobilité qui peuvent déclencher lenvie dautres collaborateurs.
Par ailleurs, les entreprises mettent en place des chartes de mobilité ou encore des guides de la mobilité, précisant les principes des mobilités nationales et internationales. Ces mesures permettent détablir les engagements mutuels de lentreprise et des salariés. Elles font état des règles et des procédures concernant la mobilité ainsi que les moyens et incitations mis en place par lentreprise. Dans la plupart des chartes, lentreprise sengage à un certain nombre de mesures. Elle doit, ainsi, communiquer sur les besoins en compétences et les postes à pourvoir, ce qui se traduit généralement par la mise en place de site intranet, de bourse demploi ou encore de forum de métier. Dans un but de transparence, elle sengage à clarifier le traitement des candidatures et plus largement lensemble des procédures encadrant la mobilité. Lentreprise sengage généralement à écouter chaque salarié dans ses attentes et ses aspirations en termes de mobilité. Cela se traduit par des « rendez-vous mobilité » ou des « entretiens annuels de progrès ». Beaucoup dentreprises fixent également un délai de réponse aux salariés concernant leurs souhaits. Afin de favoriser la mobilité, pratiquement toutes les entreprises sengagent à privilégier le recrutement en interne lorsque le profil et les compétences sont équivalents. Les chartes fixent également les modalités concernant lintégration dans la structure daccueil et les moyens dégagés pour assurer laccompagnement de la mutation. Par exemple, pour inciter à la mobilité, le changement de poste ne doit pas entraver lancienneté du salarié. Chaque période de mobilité successive vient en addition au nombre dannées déjà effectuées au sein de lentreprise. Mais certaines entreprises vont plus loin dans lengagement en considérant la mobilité comme un des termes du contrat implicite avec le salarié. Il arrive ainsi que certaines firmes sengagent à garantir lemploi si le salarié sengage à être mobile et à évoluer. Par ailleurs, la plupart des chartes de mobilité soulignent limportance de coordonner, danticiper et de rendre transparent les besoins internes en compétences et les procédures de mobilité. Cest pourquoi, les démarches concernant ces procédures sont confiées à une fonction transversale, la Direction des Ressources Humaines, ou éventuellement à des consultants qui présentent lavantage dêtre totalement indépendants de la structure hiérarchique.
Cette transparence en ce qui concerne les dispositifs ouverts à chacun permet de mettre en avant une certaine équité quant aux postes à pourvoir. Bien que les salariés soient en concurrence lorsquils postulent à une même candidature interne, ils sont néanmoins tous à égalité en termes dinformations sur les postes à pourvoir. Le choix de lentreprise sopère sur le profil de la candidature et sur lévaluation lors du recrutement interne. La formalisation liée à létablissement de procédure de recrutement interne permet de diminuer laléatoire et la rétention dinformation ; les salariés ressentent une plus grande justice organisationnelle. Un autre intérêt de ces différents supports de communication est quils permettent la diffusion dun certain vocabulaire de la mobilité et une clarification de certains termes. Ainsi, les définitions de termes comme « employabilité », « compétences critiques » ou encore « offre valable de mobilité » sont précisées, ce qui permet de développer la compréhension et lassimilation des pratiques de la mobilité. Cette culture de la mobilité permet dapaiser, en partie, les craintes et rend la démarche de mobilité plus aisée pour les salariés. Pour Dany et Livian (2002), la diffusion de ce langage commun permet également de stimuler lesprit dentreprise qui améliore la coordination et la cohésion interne.
Mais une des caractéristiques de la plupart des chartes réside dans le fait quelles engagent lentreprise mais très peu les salariés. Elles opèrent comme une mesure explicative des opportunités offertes aux salariés ou encore comme une mesure incitative ; il nexiste généralement pas de caractère obligatoire ou contraignant pour les salariés. Néanmoins, certaines entreprises essayent de passer ce cap en responsabilisant les salariés.
2.1.2.2. Construire une politique de mobilité volontariste
La volonté de responsabiliser les salariés quant à leur mobilité est une démarche innovante. Généralement, les entreprises tentent de mettre tous les moyens en place pour inciter les salariés à être mobiles grâce à des mesures incitatives. Lobjectif est de réduire les obstacles à la mobilité volontaire. Dautres entreprises essayent de développer la mobilité en lintroduisant dans les pratiques usuelles de la firme ; elles cherchent à faire de la mobilité une composante de la culture dentreprise (Manville, 2005) En encourageant les mobilité internes, lentreprise cherche à faire intégrer à ses salariés que la mobilité devient inéluctable et que cest la fin des carrière linéaire. Ce type de mesures incitatives concernent essentiellement les cadres mais elles sétendent de plus en plus aux populations non cadres. Mais, pour inciter à la mobilité, certaines firmes vont au-delà en inversant la charge de la responsabilité. Ce nest plus seulement à lentreprise de favoriser la mobilité mais également aux salariés den être les acteurs. Le salarié, souvent appelé collaborateur, doit se maintenir informé et doit chercher de lui-même à évoluer.
Dans ce type dentreprise, le processus de mobilité est très développé et cherche généralement à valoriser la compétition entre les salariés. Lors du recrutement interne, les candidats sont évalués les uns par rapport aux autres, et au regard du poste à pourvoir. Loriginalité de cette démarche réside dans le fait que la mobilité est clairement présentée comme une étape dans le parcours professionnel visant à enrichir les compétences et lexpérience du collaborateur, mais nest pas nécessairement liée à un changement de poste ou à une promotion. Pour faciliter une démarche incitative et réussie, la période dessai dans la nouvelle entité ainsi que le retour dans la structure dorigine peuvent être supprimés.
Dans ce type de démarche résolument volontariste, le salarié est responsable de sa carrière et sengage même à un certain nombre actions. Lentreprise lui confie un certain nombre de responsabilités comme, par exemple, la recherche de la transparence et du dialogue avec la hiérarchie directe, ainsi quauprès des « relais mobilité » développés dans les différentes entités de lentreprise. Dans ce type dentreprise, les entretiens dorientation ne cherchent pas à donner des trajectoires toutes faites, mais ont pour but de donner des clés de réflexion et de décodage pour que le salarié sache sorienter seul par la suite. Lobjectif est que le salarié, acteur de sa mobilité, apprenne à sorienter (approche éducative). Parmi les autres engagements, le salarié doit sinscrire dans le processus de recrutement et de sélection interne en utilisant les outils mis à sa disposition au sein de lentreprise. Par ailleurs, le salarié est tenu daccepter les formations reconnues comme étant nécessaires à une future mobilité. Afin dadapter au mieux les procédures aux salariés, ces derniers sont vivement incités à informer régulièrement la Direction des Ressources Humaines de lévolution de leur situation personnelle et professionnelle. Dans les entreprises où la période dessai et le retour à lancien poste sont supprimés, une durée minimale dans la structure daccueil est généralement instaurée. En effet, il ne sagit pas de changer de poste trop rapidement ou sans cohérence, au détriment de la réussite et de la performance. Cette durée minimale correspond généralement à une période permettant datteindre les objectifs fixés conjointement par le salarié et sa hiérarchie. Toutes ces actions rendent le salarié responsable de sa mobilité, il nest plus passif, attendant quune opportunité se présente. Il existe dans ce type dentreprise une sorte de contrat implicite qui oblige à la fois le salarié et lentreprise à tenir leurs engagements en matière de mobilité.
2.1.2.3. La cohérence de lensemble des pratiques de GRH
Les pratiques de la mobilité ne sont pas indépendantes des autres pratiques de GRH. Pour quune politique de mobilité réussisse, il est nécessaire de prendre en compte et de réfléchir sur les autres pratiques afin de les rendre cohérentes. En effet, on peut remarquer que les dispositifs incitatifs peuvent avoir un rôle, soit de frein, soit de moteur dans la réussite dune politique de mobilité. En effet, les incitations financières ou en nature sont des préalables nécessaires à la réussite dune politique de mobilité, dans la mesure où la décision de mobilité résulte dun calcul de risque entre les gains à espérer et les pertes à déplorer. Si elles ne sont pas assez importantes ou inadaptées, elles peuvent freiner linitiative des salariés. Parmi les dispositifs incitatifs, les entreprises veulent également offrir une meilleure valorisation de la mobilité en termes de carrière, ce qui implique une redéfinition des critères dévaluation. Ainsi, la pratique de lévaluation et les outils relatifs à celle-ci déterminent en partie le succès dune politique de mobilité.
Parmi les pratiques de GRH, le recrutement a également un rôle important dans le succès dune politique de mobilité. Lors de la sélection des candidats, il est essentiel dapprécier non seulement les qualités du candidat pour le poste à pourvoir, mais également, dans une dimension plus prospective, les qualités nécessaires dans de futurs emplois vers lesquels le candidat est susceptible dévoluer. Ainsi, le processus de recrutement doit tenir compte des aires de mobilité (cf. supra) existant pour le poste à pourvoir afin danticiper de futures mobilités. Dans certaines entreprises, la mobilité peut être présentée comme inéluctable dès la phase de recrutement, et même être une condition de lembauche dans lorganisation. Ainsi, la mobilité devient une politique intégrée avec dautres pratiques de la gestion des ressources humaines.
2.2. Outils de gestion et daccompagnement de la mobilité
2.2.1. Développer les outils daide à la décision et à la gestion prévisionnelle
2.2.1.1. Revues de personnel ou comités d carrière
Lobjet des comités de carrière est de réunir différents hiérarchiques afin de confronter leurs avis et opinions sur un certains nombre de situations. Ces réunions permettent de multiplier les angles de vue et de vérifier laccord ou le désaccord
2.2.1.2. Organigramme de remplacement
Ce procédé est réalisé par lentreprise et a pour but dimaginer quelles sont les personnes susceptibles de remplacer les salariés affectés aux postes stratégiques de lentreprise. Lhorizon de remplacement est à plus ou moins long terme et varie selon les postes clés et la stratégie de développement de lentreprise. La méthode consiste à démarrer des postes en haut de lorganigramme, et de proche en proche dexaminer chaque situation en essayant de trouver pour chaque poste le remplaçant éventuel, et ce tout le long de la chaîne, jusquau niveau jugé suffisant. Lenjeu est danticiper la cascade de remplacement lorsque le processus senclenche. On distingue les remplaçants immédiats qui peuvent bouger du jour au lendemain et les remplaçants ayant besoin dune formation avant de changer de poste. Cette démarche dynamique permet de préparer les évolutions possibles de la ligne hiérarchique.
2.2.1.3. Entretien de démission
Les entretiens de démission peuvent apparaître comme un moyen danticiper et de comprendre les causes du turn-over dans une entreprise. Ce type de pratique est généralement utilisé dans les entreprises fortement touchées par la mobilité externe et lorsque le marché de lemploi est tendu. Du point de vue de la forme, lentretien apparaît comme une discussion entre le salarié démissionnaire et un responsable RH ; lors de lentretien, le salarié peut parler librement des causes qui lont poussé à partir. De ce recueil dinformations, lentreprise pourra corriger la situation en rectifiant les facteurs incriminés.
2.2.2. Les outils daide à lorientation professionnelle
2.2.2.1 Les aires de mobilité professionnelle : une approche transversale et prospective
2.2.2.1.1. Définition des aires de mobilité
Après avoir examiné toutes les formes ainsi que les différentes modalités de la mobilité, force est de constater que ce phénomène est par nature complexe et ne peut que saborder que dune façon transversale. Une décision de mobilité est le résultat dun processus et ne peut être compris que dans une démarche dynamique. Cest pourquoi, plutôt que danalyser la mobilité comme une décision isolée, il convient de comprendre lensemble de la démarche et les mobilités connexes. Cest dans cette idée quont été développée les aires de mobilité professionnelle. Elles correspondent à l'ensemble des trajectoires professionnelles et des passerelles possibles entre différents métiers.
Pour établir ces aires de mobilité, une démarche en deux étapes au niveau de chaque emploi-type est nécessaire :
Tout dabord, il sagit d'identifier un ensemble de compétences communes entre les emplois types en les comparant deux à deux. Par compétences, on entend les connaissances, les savoir-faire et les capacités cognitives. Lors de cette étape, il est important dexclure tous les facteurs individuels et particularismes professionnels qui pourraient influencer le corpus de compétences communes de chaque emploi type.
Ensuite, il est nécessaire dévaluer, grâce à des spécialistes du domaine, les compétences à maîtriser et à acquérir pour exercer le nouveau métier choisi.
Les aires de mobilité professionnelle permettent aux salariés de visualiser, à partir d'un emploi type d'origine, lensemble des trajectoires possibles, ainsi que le niveau de difficulté de ces trajectoires, mesuré en fonction de lécart entre les compétences existantes et les compétences à acquérir. La construction dune passerelle est conditionnée à lexistence dau moins une compétence commune entre les deux emplois. Les aires de mobilité ne prennent pas en compte les reconversions c'est-à-dire lorsquil nexiste aucune compétence commune. En effet, dans les reconversions, il est très difficile de valoriser les expériences et les compétences professionnelles passées.
Lidée sous-jacente à lexistence de passerelles est que la réussite dune mobilité passe par la transférabilité de certaines compétences. En effet, lexistence de passerelle na de sens que si les salariés mobiles peuvent réutiliser une partie de leurs acquis pour exercer leur nouveau métier. Pour que la mutation se passe bien, il est donc nécessaire que ceux-ci possèdent des compétences transférables et mobilisables dans une nouvelle situation professionnelle. Cest pourquoi les entreprises cherchent à identifier les compétences maîtrisées et partagées par tous les individus exerçant un certain métier, et celles indispensables pour exercer une nouvelle activité.
2.2.2.1.2. Lintérêt des aires de mobilité
Les aires de mobilité constituent un outil d'aide à l'orientation professionnelle dans la mesure où elles représentent des perspectives de carrière potentielles. Mais contrairement à certains outils traditionnels qui envisagent la mobilité principalement comme des promotions, et cherchent, par conséquent, à faire évoluer les salariés en fonction de leur niveau dexpertise et de pratique, les aires de mobilité présentent lavantage denvisager des passerelles transversales qui décloisonnent les perspectives dévolution. Elles mettent en lumière de nouveaux points communs entre des métiers complètement différents, ne relevant ni du même secteur, ni de la même catégorie demplois.
Les aires de mobilité présentent un second avantage au niveau organisationnel. En effet, les différentes mobilités que connaît un individu dans sa carrière sont souvent originales et non transférables. Une telle trajectoire professionnelle savère être unique et ne peut, par conséquent, intéresser dautres salariés. Lapport de aires de mobilité est de proposer une vision globale des parcours professionnels possibles, en gommant les particularismes de lexpérience et de lactivité professionnelles de chacun. A ce titre, elles représentent, pour lorganisation, un « repérage stable et collectif de l'articulation par les compétences des différents emplois-types de l'organisme ».
Les aires de mobilité sont des outils utiles pour tous les acteurs de la mobilité. Pour le salarié, elles permettent denvisager le parcours professionnel dans une perspective de long terme. Chaque salarié est en mesure de connaître les compétences propres à lemploi type occupé, ce qui lui donne la possibilité de construire de façon stratégique son évolution de carrière. Le salarié peut, en effet, choisir une mobilité, non pas parce que le poste lui plait en soi, mais parce quil est un tremplin vers le poste choisi à plus long terme. Dans ce cas, il est nécessaire que la visibilité des compétences à acquérir progressivement pour exercer le métier en question soit importante. Un emploi peut ainsi être transitoire et sinscrire dans une démarche de mobilité progressive. Il peut même arriver que pour changer totalement dactivité ou de métier, une mobilité transitoire implique une sorte de régression passagère dans la ligne hiérarchique. Cette régression nest pas nécessairement mal perçue, notamment lorsque la mobilité est volontaire. En effet, elle est même souvent indispensable pour comprendre les enjeux dune activité complètement nouvelle, pour ensuite être plus compétent dans les fonctions dencadrement.
Pour les gestionnaires de carrière, les aires de mobilité sont un moyen de repenser différemment le potentiel des salariés et peuvent être un support utile pour lancer un nouveau plan de mobilité. Pour lentreprise de manière générale, les aires de mobilité sont des relais essentiels pour connaître les compétences existant au sein de lorganisation. Cette connaissance des ressources internes présente deux avantages. Dune part, les aires de mobilité permettent à lentreprise de savoir quelles sont les ressources humaines susceptibles de pourvoir des postes stratégiques lors de futurs remplacements. Dautres part, elles permettent dorienter les ressources humaines afin quelles développent des compétences qui correspondent aux besoins futurs de lentreprise. Les aires de mobilité participent, ainsi, à la gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences.
2.2.2.2. Les cartes des métiers
Elles visent à améliorer la connaissance des salariés en ce qui concerne les métiers présents dans lentreprise. Les cartes des métiers prennent la forme de schéma sur lesquels figurent les différentes aires de mobilité suivant leur caractère plus ou moins proches. Ainsi, certaines passerelles seront aisées, dautres seront accessibles grâce à une formation courte, et enfin dautres seront éventuellement possibles à laide dune formation longue. Contrairement aux aires de mobilité qui partent dun emploi type et montrent le plus grand nombre de parcours professionnels possibles, les cartes des métiers sappliquent plus spécifiquement aux métiers de lentreprise et représentent les perspectives dévolution au sein de lentité ou du groupe. Ainsi, visuellement, il est possible dapprécier les passerelles existant entre différents métiers. Grâce à cet outil, les salariés peuvent mieux se représentent où se trouvent leur métier et les trajectoires vers lesquelles ils peuvent se tourner. Les cartes de métiers peuvent ainsi faire prendre conscience de certaines opportunités présentes au sein de lentreprise.
Le risque de ces outils, aussi bien les aires de mobilité que les cartes des métiers, est de leur conférer un caractère exhaustif. En aucun cas, ces outils ne doivent être limitatifs ou contraignants. Il ne sagit pas dune « table dorientation mécanique » qui oblige le sens de la mobilité et fige les passerelles entre deux emplois. En effet, les passerelles sont établies à partir des fiches métiers et sont donc liées à létat de connaissance des compétences attribuées à chaque poste. Or, ces fiches ne sont pas complètes et ne prennent pas en compte les compétences particulières de chacun. De plus, les compétences intrinsèques à un métier sont en mesure dévoluer au cours du temps puisque lexercice dune activité nest pas figé. Ainsi, les outils ne doivent pas empêcher certaines volontés de mobilité sous prétexte quelles ne sont pas décrites dans la carte de métier ou dans laire de mobilité. Il faut, lorsque ce cas se présente, examiner la situation individuellement pour juger du niveau de difficulté de la transition et de la faisabilité de la mobilité. Si celle-ci savère trop éloignée, il est, alors, peut être possible de proposer une mobilité transitoire pour progresser vers lemploi cible.
Tous ces outils daide à la mobilité, quils soient utiles à lentreprise ou aux salariés, ne prennent un sens que sils sont intégrés dans une démarche plus globale daccompagnement de la mobilité. Pou faire comprendre et vivre ces outils, les salariés ont besoin daide et de conseils. Ce rôle dorientation professionnelle revient aux managers, aux gestionnaires des ressources humaines ou alors à des experts extérieurs spécialisés dans ce domaine.
2.2.3. Une démarche dorientation professionnelle
Dans toutes les entreprises, quelles aient mis en place des politiques plus ou moins volontaristes, le premier objectif reste daider les salariés à être acteur de leur projet professionnel. La mobilité ne peut être acceptée ou co-construite quà condition que le salarié sinvestisse dans son parcours professionnel. Cest pourquoi elles mettent en place un certain nombre de structures et doutils afin de leur donner les moyens dévoluer. Mais dans toutes les entreprises, la logique commune reste la volonté de mettre en place un véritable accompagnement de la mobilité afin de rétablir lenvie et la confiance de tous les salariés.
2.2.3.1. Lorganisation comme structure dorientation
2.2.3.1.1 Les différentes cellules dorientation
Les cellules dorientation, également appelés Espace mobilité, ont pour but daider à construire le projet professionnel des salariés en fonction de leur expérience, de leurs souhaits et des opportunités offertes par lentreprise. Cette démarche est généralement à leur initiative et prend la forme dun accompagnement par des conseillers dorientation ou des responsables RH. Les entretiens qui y ont lieu sont différents des traditionnels entretiens dappréciation. Lintérêt dêtre en relation avec des responsables RH, outre leurs compétences en gestion des carrières, réside dans le fait quils sont indépendants de la ligne hiérarchique et ont une vision transversale de lorganisation. De plus, ils peuvent assurer aux salariés qui le demandent la confidentialité de leurs projets. Dans ces cellules dorientation, le salarié a accès à un certain nombre dinformations comme les bases de données « compétences » présentant les cartes des métiers et des compétences de lentreprise, les fiches de lobservatoire de métiers ou encore les livrets métiers cadres présentant les aires de mobilité. Sont également disponibles dans les cellules dorientation différents test « dauto orientation », qui permettent dentrevoir les grands axes du projet professionnel. Le salarié peut ensuite poursuivre sa démarche de mobilité en demandant à son responsable RH un bilan professionnel. On entre alors dans une phase individuelle où les projets professionnels seront par la suite étudiés par les gestionnaires de carrière (cf. supra). Mais cette démarche nest pas automatique, les cellules dorientation nétant avant tout que des structures dinformations. Si elles développent de fait un vivier, celui-ci reste virtuel dans la mesure où les projets professionnels et les informations recueillies peuvent rester confidentielles. Les personnes ayant reçu une orientation ne seront pas recherchés lors de la publication doffres, ce sont à eux de se manifester pour suivre une démarche mobilité. Lintérêt pour lentreprise de cellules, outre le fait dinciter à la mobilité, vient de la possibilité dapprofondir la connaissance individuelle de ses salariés et dinsuffler la logique du développement des compétences.
On peut rencontrer, dans certaines entreprises, des cellules dévolution dont lobjet est similaire aux cellules dorientation mais dont linitiative revient à lemployeur. Il sagit daider les salariés à formaliser leur projet professionnel, même si ces derniers les conduisent vers une mobilité externe. Lentreprise doit donc accepter lidée quelle participe involontairement, dans certains cas, au départ de ses salariés. Le succès dune telle démarche passe par une confiance mutuelle de lentreprise avec ses salariés et par une réflexion sur les opportunités extérieures dont ils pourraient bénéficier. Dans le même esprit, l « Esp@ce Ressources » de Bouygues Telecom est une approche innovante de co-investissement formation. Ce dispositif permet aux salariés de choisir librement des modules afin de développer des connaissances hors métier sur les jours de réduction du temps de travail. Le salarié peut donc développer des compétences susceptibles de lamener à quitter lentreprise.
Dans les entreprises qui ne parviennent pas à être transparentes en ce qui concerne le système de mobilité ou dont les managers ne sont pas sensibilisés à la problématique du développement des compétences et de la mobilité, les salariés ont besoin dêtre rassurés dans leur démarche de mobilité. Une solution à ces freins est observée dans certaines de ces entreprises. Elles peuvent mettre en place des cellules de contact, assurant des permanences sur lensemble des attributions des services RH. Dans ce cas, le motif de la démarche nétant pas affiché, la confidentialité vis à vis de la hiérarchie est conservée. Le salarié peut, sans crainte, se renseigner sur les possibilités dévolution et construire son projet professionnel.
Enfin, il existe une dernier type de cellules : les cellules de reconversion ou de reclassement. Ces structures sont à linitiative de lentreprise pour accompagner une réorientation professionnelle radicale. Elles répondent généralement à une restructuration, à un redéploiement dactivités ou à une réduction deffectifs. Dans ces cellules, les salariés peuvent rencontrer des conseillers mobilité dont le rôle est de les replacer dans un autre site. Généralement, ce type de structure donne lieu à une mobilité géographique assortie de compensations financières ou encore daides à la recherche dun emploi et dun logement. Mais il arrive également que les cellules de reconversion fonctionnent sur la base du volontariat et permettent à des salariés possédant certaines aptitudes de se réorienter professionnellement. Cette démarche nécessite un accompagnement spécifique avec un suivi personnalisé (document individuel, formation, tutorat).
2.2.3.1.2. Développer les accords négociés
Au niveau individuel, les entreprises cherchent de plus en plus à sengager sur la mobilité. Certaines entreprises expriment leur engagement en proposant des contrats dévolution de carrière, pour les cadres principalement. Ce type de plan de progression établit à moyen ou long terme les futures mobilités des managers ou éventuellement des techniciens. Ce type dengagement contractuel sur des perspectives de carrière illustre bien le caractère essentiel de la mobilité comme attente des salariés. La mobilité apparaît, là encore, comme un des termes du contrat implicite entre lentreprise et ses salariés. On quitte de plus en plus la notion de mobilité voulu ou subie, elle devient co-construite.
Au niveau collectif, les entreprises essayent de trouver des solutions aux problèmes demplois et dévolution des compétences. Cst pourquoi, elles cherchent à conclure des accords ou des partenariats inter entreprises. Ce qui motive ce type daccord est, dune part, limportance des attentes des salariés en termes de mobilité et de sécurité de lemploi et, dautre part, limportance pour lentreprise du travail en réseau et du partage dinformations sur les besoins et les perspectives dembauche. Lors de restructurations ou de réductions deffectifs, ces coopérations peuvent savérer essentielles. Ce type de partenariat peut rester informel ou prendre une forme plus contractuelle en donnant lieu à des conventions et accords.
Les accords formels le plus souvent conclus sont les plans de mobilité. Ces plans cherchent à encourager la mobilité professionnelle et à développer lacquisition de nouvelles compétences. Lobjectif pour les salariés et lentreprise est d'augmenter leur employabilité. Ces plans de mobilité sont souvent initiés ou impulsés dans le cadre daccords de branche comme celui de la sidérurgie en 1992. Le contenu de laccord fixe, en plus des engagements mutuels concernant la mobilité, les modalités pratiques de sa mise en uvre. Elle définit ainsi le rythme de mobilité ; lentreprise sengage par exemple à proposer une mobilité toutes les deux, trois ou cinq ans. Elle sengage également sur le nombre dheures de formation quelle finance. Le but est de développer des compétences générales et transversales afin daccroître le « savoir être » et le « savoir évoluer » des salariés. Le plan de mobilité fixe également le rythme des entretiens de carrière et les moyens mis en place à cet effet. Comme dans tout accord négocié, un comité de suivi est mis en place afin de veiller à la bonne application de celui-ci. Dans le contenu du plan de mobilité, les entreprises accordent une place particulière aux « conventions dintégration », définissant les modalités dun changement de filière. Elles encadrent notamment la mobilité lorsque celle-ci implique une de régression passagère dans la ligne hiérarchique. Elles énoncent, ainsi, les compétences transférables, la durée dapprentissage des compétences à acquérir, les moyens mis en uvre par lentité daccueil, la situation du salarié pendant la durée de la convention, ainsi que les conditions de validation des compétences issues du nouveau métier. La convention précise aussi les modalités de retour dans la structure dorigine en cas dinterruption de la démarche. Dans les accords sur la mobilité, une autre pratique innovante se développe pour faire face aux souhaits des salariés. Lorsque leur projet professionnel ne peut être accompli au sein de lentreprise ou du groupe, celle-ci peut aider le salarié à se réorienter en externe. Ainsi, certains accords prévoient des aides à la création dentreprise. Lentreprise finance des cabinets spécialisés afin quils accompagnent le salarié dans un projet de création ou de reprise dune entreprise. Cela inclut les études de faisabilité, les études de marché, le business plan, la recherche de financement et éventuellement de partenaires
Laide sarrête généralement à la fin du premier exercice de la jeune entreprise.
Dans les partenariats formels, on peut également citer les accords de reconversion, généralement signés dans le cadre daccords sectoriels ou de branche. Il sagit de trouver des perspectives dévolution dans dautres secteurs dactivité et de fixer les modalités de reconversion ; le sens de la reconversion peut être unilatéral ou multilatéral. Ce type daccord de reconversion sapparente à une mobilité externe volontaire et donne lieu à un accompagnement spécifique de la mobilité. Ils prévoient généralement des indemnités compensatrices et une période de transition durant laquelle le salarié est mis à disposition dans les établissements daccueil. Dans le secteur public, le ministère de la défense rappelait dans un accord sectoriel limportance de mettre en place des conventions de réorientation comme celle signée entre lAssociation professionnelle des entreprises de gardiennage (APEG) et la Défense. Cette convention constitue une officialisation des possibilités de mobilité externe et de réorientation offertes aux militaires. Dans ce même accord, le ministère sengageait à « développer ce type de conventions avec dautres organisations publiques et privées en vue de renforcer les possibilités de mobilité externe ». Dans le secteur privé, de nombreuses entreprises conscientes des évolutions des métiers et des compétences recherchent des coopérations avec dautres entreprises. Le but de ces coopérations est de favoriser la mobilité dans des bassins demplois proches ou possibles daccès. La mise en place de contrat de reconversion est une des modalités du contrat implicite : la mobilité apparaît comme le moyen de lutte contre le chômage pour les salariés, et contre les licenciements et les restructurations coûteuses pour les entreprises. Dans le même type daccord mais avec un caractère moins définitif, certaines entreprises mettent en place des conventions de détachement. Il sagit pour les salariés volontaires de développer des compétences dans des filiales ou des entreprises partenaires pendant une période donnée. La convention de détachement fixe les modalités de la mise à disposition du salarié dans lorganisme partenaire et les modalités de réintégration dans lentité dorigine.
La plupart des ces accords sont globaux afin de garantir léquité pour lensemble de la compagnie et la cohérence des pratiques. De cette équité au sein de lentreprise dépendra le succès dune politique de mobilité. De plus, ces accords négociés participent à la pratique du dialogue social de lentreprise et constitue un moyen de désamorcer les conflits et les craintes liés à la mobilité. En se concertant et en élaborant les accords avec lensemble des parties, lentreprise minimise le risque de rejet de ses propositions.
2.2.3.1.3. Renforcer le management de la mobilité
Pour tous les types de mobilité interne, il est nécessaire de dédier un personnel propre à la mobilité. Les conseillers dorientation comme les gestionnaires de carrière ont pour vocation dinformer et daider à construire des projets professionnels. Mais ces deux fonctions nont pas exactement le même rôle ; les premiers, plus à lécoute des attentes et des aspirations du salarié, peuvent amener à des projets assez éloignés des opportunités de lentreprise. Quant aux gestionnaires de carrière, plus proches des opportunités et des besoins de lentreprise, ont le risque damener à des projets prévisibles. Mais ces deux types de conseillers mobilité, spécialisés dans lorientation et la pratique des outils savèrent complémentaires. On trouve en moyenne un gestionnaire de carrière par filière métier, et à cela sajoutent des conseillers aux intersections des filières. Les premiers ont généralement un profil de spécialiste de lorientation alors que les derniers ont plus souvent un profil RH et ont pour mission de réaliser ladéquation entre les besoins et les ressources. Tous les conseillers mobilité peuvent, en outre, adresser le salarié à des correspondants métiers capables de renseigner celui-ci sur les aspects concrets de lemploi. Il arrive que les prestations de conseillers dorientation soient externalités ; dans ce cas, ces prestataires extérieurs ont souvent une vision plus large des parcours professionnels, mais ont également plus de difficultés à connaître tous les métiers de lentreprise, les parcours classiques ou encore les règles de mobilité. Or, cette mission dinformation et dactualisation des données fait partie du rôle des conseillers mobilité.
Certaines entreprises poussent le raisonnement jusqu à faire de lentreprise « un réseau de mobilité ». La structure de lentreprise sert de support à la construction dun véritable réseau. En dautres termes, chaque division régionale ou nationale (selon la dimension nationale ou internationale de la mobilité) accueille un correspondant mobilité, chargé de lorientation professionnelle des salariés ainsi que de lanimation du marché interne de lemploi. Ce correspondant doit tenir informés les salariés des opportunités existant au sein de lentreprise ou du groupe et doit expliquer les passerelles possibles entre différents métiers. Il a également un rôle daccompagnement et de conseil dans la mesure où il est chargé daider à formaliser le projet professionnel des salariés. Enfin, dans son rôle danimateur de la mobilité, le collaborateur est chargé de diffuser les demandes et les aspirations des salariés en termes dévolution de carrière. Lensemble des correspondants forme un réseau, chargé de faciliter les démarches de mobilité tant fonctionnelle que géographique.
Mais pour inciter réellement à la mobilité, il faut, au-delà dun accompagnement de la mobilité, impliquer les hiérarchiques dans le processus de mobilité. Afin de lever les craintes dune part, et encourager la démarche, il est nécessaire que le management opérationnel participe au système de mobilité (Cartoux, Loisiel, 2006). En étant impliqués dans le processus, les managers seront responsables et acteurs de la mobilité de leurs subordonnés. Mais pour inciter et rassurer les salariés concernant la mobilité, il est aussi nécessaire de rendre les étapes du processus transparentes et équitables, en prenant en compte leurs caractéristiques personnelles.
2.2.3.2. La prise en compte des spécificités individuelles
Dans une démarche de mobilité, quelle soit liée à une mutation ou à un redéploiement anticipé des activités, lentreprise cherche à mettre en place un accompagnement personnalisé du salarié jusquà son arrivée dans son nouvel emploi. Cela passe généralement par une phase dorientation puis de formation. Lorientation connaît généralement plusieurs objets suivant le type de population à qui elle sadresse (Loss, 2006). Elle peut soit être utilisée, dans une approche marketing, comme une mesure incitative à la mobilité des salariés, soit dans une « approche réparatrice » (Merle, 1999), comme une solution à des problèmes isolés ou plus profonds.
2.2.3.2.1. Les étapes de dispositifs classiques de mobilité
En ce qui concerne lensemble des salariés, laccompagnement de la mobilité peut revêtir plusieurs formes dentretiens. Tout dabord, il existe lentretien individuel avec le supérieur hiérarchique ; il est généralement annuel lorsquil concerne la performance et est généralement appelé entretien dappréciation, ou biannuel lorsquil concerne la formation. Ce type dentretien avec lencadrant est souvent la première étape pour instaurer le dialogue et commencer une démarche de mobilité. A ce type dentretien individuel, sajoutent les entretiens dits de carrière qui sont soit à la demande du salarié ou de lencadrant, soit proposés à des moments clés du parcours professionnel. Ils sont assurés par des gestionnaires de carrière. Certaines entreprises choisissent davoir une démarche intégrée en associant le supérieur hiérarchique aux entretiens de carrière. Ces points carrière comportent un certain nombre détapes. La première étape consiste à faire un bilan personnalisé des compétences et perspectives dévolution.
Un bilan professionnel personnalisé
Ce bilan correspond à la première étape dune démarche de mobilité. Il sagit de conseiller le salarié dans son parcours professionnel en évaluant ses acquis, ses compétences et ses qualités. Le bilan personnalisé prend souvent la forme dun double entretien. Lentretien dit daccueil a pour but découter les souhaits et motivations du salarié tout en cherchant à évaluer ses compétences. Cet entretien est généralement réalisé par un responsable RH mais un salarié peut demander à bénéficier dun bilan de compétences pour aider à construire son projet professionnel. Le but est de prendre en compte à la fois lenseignement et la formation initiale du salarié mais également son expérience acquise tout au long de son parcours professionnel. Lors de cet entretien, le gestionnaire RH peut informer le salarié des différents types de perspectives qui soffrent à lui. Lorsque la mobilité implique un changement de filière ou de « domaine métier », lentretien daccueil doit amener le salarié à sévaluer et à faire le bilan de ses compétences et des compétences nécessaires pour exercer le métier cible. Cette analyse est parfois appelée « passeport mobilité » ou « passeport compétences ». Concrètement, le gestionnaire demande au salarié dénoncer les différentes missions quil a menées au cours de sa carrière et dexpliciter les compétences monopolisées pour y parvenir. Il cherche aussi à connaître les facteurs de satisfaction du salarié sous forme de tableaux et de graphes.
Dans un second temps, lors dun entretien dit de « débriefing », le gestionnaire va réaliser la synthèse du bilan quil a effectué. Il va ensuite lui spécifier les orientations précises qui sont accessibles. Son analyse va permettre de cibler un emploi notamment à laide des aires de mobilité et des cartes des emplois. Mais la démarche ne se limite pas à la lecture des outils, elle prend le salarié dans sa globalité, ne négligeant pas ses aspirations et ses réticences. Cette analyse va donc déterminer les compétences quil va falloir acquérir et donc les formations à suivre. Dans cet entretien, le gestionnaire peut éventuellement aider à revoir le curriculum vitae du salarié et laider à formuler ses motivations. Une fois le projet de professionnel clarifié, sa pertinence est généralement analysée par le responsable RH et le supérieur hiérarchique du salarié concerné afin de décider de la poursuite ou non de la démarche. Après la validation du projet professionnel, le salarié doit étayer son projet de mobilité afin de pouvoir postuler à une procédure de sélection.
Préparation à la sélection / Orientation
Un entretien dorientation est alors proposé aux salariés. Lobjectif e cet entretien est double : il sagit, dune part, daffiner le choix initial en établissant un plan dactions répondant au projet établi. Cela peut impliquer des entretiens dans les entités offrant des opportunités de postes correspondant au projet professionnel. Dautre part, lentretien dorientation vise à aider le salarié à formaliser lensemble des compétences maîtrisées et transférables au nouveau métier. Cette formalisation lui sert, avant tout, à préparer largumentaire de lentretien de sélection et à valoriser ses atouts. Le but est daider le salarié demandeur à passer la sélection interne mais aussi de le rassurer par rapport à son stress. Ainsi, ils peuvent suivre, en plus, des sessions sur les pré- requis à maîtriser comme lexpression orale ou langlais. Les sessions préparatoires dépendent du contenu de la procédure de sélection. Enfin, des sessions sont organisées pour préparer spécifiquement lexercice de lentretien, tant sur le fond que sur la forme.
Entretien de recrutement interne
La première phase du recrutement passe par un entretien avec les managers de la structure daccueil. Ensuite, ce sont les DRH des différentes entités ou les Responsables mobilité qui reçoivent les candidats afin dévaluer leurs compétences et aptitudes. La procédure de sélection interne peut concerner soit un poste précis qui est présenté au candidat, soit peut correspondre à une recherche exploratoire pour un type de poste dont le besoin est récurrent. Une ou plusieurs propositions peuvent être faites au candidat. A lissue de lentretien, les moyens nécessaires à la réussite de lintégration et donc de la mobilité sont listés.
Formation et intégration
La première phase dintégration consiste à établir un nouveau contrat de travail au sein de la structure daccueil. La mise au point dun bilan dynamique permet une intégration suivie et cadrée. Ainsi, au regard des compétences maîtrisées par le salarié et des compétences à acquérir pour exercer le nouvel emploi, une période de formation est planifiée de façon à amener le salarié le plus rapidement possible au niveau requis. Elle est souvent assortie dactions de mises en situation ou de tutorat pour faciliter la transition professionnelle. La formation peut sappuyer sur une procédure de validation des acquis dexpérience (VAE) et conduire à lobtention dun diplôme ou sur une période de professionnalisation. En effet, lors de changement de fonction, de nouvelles compétences sont souvent être nécessaires, compétences qui peuvent être acquise pendant une période de professionnalisation. Cette période est généralement offerte aux salariés dont les qualifications sont insuffisantes pour suivre lévolution des technologies. En plus de la formation, un tuteur est souvent nommé pour assurer le succès de lintégration. Au début, la fréquence des entretiens est assez soutenue visant à faire un bilan régulier des points positifs et négatifs afin de résoudre les problèmes éventuels. Par la suite, des bilans concernant lintégration sont réalisés avec le manager daccueil afin de suivre lévolution et latteinte des objectifs fixés.
2.2.3.2.2. Des dispositifs spécifiques pour des populations identifiées
Les dispositifs spécifiques ont pour caractéristique principale un accompagnement depuis la prise en charge jusquau changement de poste. Les populations concernées sont identifiées par les services RH sur la base de critères objectivables.
Pour les salariés ayant échoué lors de la sélection
Ces entretiens sont proposés de manière systématique à tout candidat ayant échoué lors de la procédure de sélection interne. Il sagit de lui faire comprendre les raisons de son échec et de lui faire des suggestions afin de réorienter son projet professionnel ou de lencourager à entamer une autre démarche de mobilité. Les entretiens de débriefing peuvent aussi être assurés pour les candidats ayant réussi la sélection interne mais généralement à leur demande.
Dans certaines entreprises, les candidats, ayant échoué à deux reprises sur des procédures de sélection interne, ont la possibilité de suivre une prestation dorientation professionnelle. A linstar du bilan professionnel qui a pour objectif de clarifier le projet du salarié, lobjet de cette séance dorientation est de les aider à mieux choisir les postes et les évolutions de carrière, en fonction de leurs souhaits et de leur chance dêtre sélectionnés.
Pour les immobiles
Certaines entreprises nhésitent pas à rencontrer les salariés dits « immobiles », c'est-à-dire ceux nayant pas changé de poste depuis cinq, huit ou dix ans. Le rythme de ces entretiens dépend de la politique de lentreprise. Menés par des responsables RH, ils ont pour vocation dinciter à la mobilité à laide de propositions dorientation.
Pour les moins qualifiés
Les « non qualifiés » ont peur de la mobilité car pour eux, ce processus est déstabilisant. Comme lexplique Claude Dubar (1991), les non qualifiés attachés à des métiers sans autonomie et répétitifs ne trouvent plus leur place dans des structures valorisant la polyvalence. Par conséquent, ils ne voient pas de perspectives dévolution possibles pour eux et sont donc inquiets de leur avenir professionnel. Les entreprises conscientes de ce problème cherchent à mettre en place des dispositifs pour permettre aux non qualifiés de retrouver, dune part, la confiance en eux et, dautre part, une capacité dapprentissage et dadaptation. Ces dispositifs spécifiques de préparation à la mobilité représentent une période dadaptation et de formation afin de réintégrer par la suite le dispositif classique de mobilité (Manville, 2006). Ce parcours sadresse donc à certaines personnes détectées comme en ayant besoin. Une fois la candidature à ce programme validée, la personne suit un certain nombre de cours dispensant des exercices pour développer la mémoire, pour améliorer lexpression écrite, lexpression orales, des cours informatiques... Il sagit aussi bien dacquérir des connaissances de fond que des savoir- être et des savoir- évoluer. Les cours sont accompagnés de mises en situation sur le terrain afin de mettre en pratique les apprentissages. Après une évaluation positive de la personne, celle-ci peut rejoindre le parcours classique de mobilité.
Conclusion
Nous avons choisi dans ce travail de considérer quil existait un corpus de pratiques de la mobilité commun à lensemble des entreprises, et que chacune delles, en fonction de ses caractéristiques et de sa stratégie, adoptait ensuite des démarches originales ou particulières. Cartoux et Loisil (2006) ont choisi, dans leur étude sur la mobilité professionnelle, de structurer leur analyse en dégageant quatre grands dispositifs de gestion de la mobilité, chacun deux correspondant à un type de mobilité. Tout dabord, la gestion des carrières des cadres où la mobilité est une condition du recrutement et de progression. Lapproche à long terme rend le rythme de mobilité soutenu sans être excessif. Ce dispositif prévoit des engagements en termes de recrutement interne, de visibilité des opportunités et de plans de progression. Ensuite, les mutations internes à linitiative des salariés sappuient sur des dispositifs négociés collectivement. Ils comprennent généralement des bases de données consultables, des bourses demplois, des cellules dorientation
Celles-ci cherchent à développer la mobilité externe, à
. Cette mobilité peut sintégrer dans des parcours professionnels qualifiants (accompagnement par de la formation), ou pour dautres raisons (santé, mutation géographique). Il sagit souvent des deux mobilités, géographique et professionnelle. Les règles collectives sont plus ou moins formalisées, par exemple sur la publication des offres demplois vacants, la définition de règles de priorité, les indemnités financières (aide au logement). Dans certains groupes, cette mobilité fonctionne bien, en lien avec des projets de développements ou avec des mobilités géographiques attendues par les salariés. Dans dautres entreprises, les dispositifs existent mais avec des difficultés pour les faire vivre : les bourses demplois ne fonctionnent pas ou mal, les règles ne sont pas suffisamment connues, le manque de visibilité nuit à lappropriation de ces outils.
A lopposé, dans des temps très contraints, lors des restructurations (C), la mobilité externe et interne fait partie des plans de sauvegarde de lemploi. La mobilité est une mobilité contrainte lors de fermetures totales ou partielles de sites, dans le cadre de plan de sauvegarde de lemploi 41. Dans lun des groupes qui est passé de 15 à 3 sites en 25 ans, limportance de « dire les choses suffisamment tôt » est soulignée par le DRH pour donner de la visibilité aux salariés sur les échéances et le dispositif daccompagnement, « pour que les salariés puissent faire des choix ».
Les reclassements sont internes dans le groupe, ou externes dans le bassin demploi, avec ou sans changement de métier. En général, les reclassements effectués en interne, dans le groupe, se font sur le même type demplois. Cependant, la mobilité géographique reste difficile, peu de salariés sont prêts à changer de région. Le dispositif daccompagnement sappuie sur la combinaison de ressources internes du groupe et externes (consultants spécialisés) avec la mise en place de cellules de reclassement. Les principales difficultés sont de trouver des solutions individuelles dans le cadre des possibilités ouvertes dans le PSE et le respect des contraintes légales, dans des bassins demplois très différents. « Il faut savoir mouiller sa chemise... ». Cest une méthodologie, des savoir-faire que navaient pas les DRH des entreprises en interne, qui travaillent le plus souvent avec des consultants spécialisés et professionnels.
En cours : des accords de méthode, des actions sur la revitalisation du territoire, une meilleure
connaissance des besoins du territoire, la recherche de partenariats locaux.
Enfin, dans une logique de redéploiements dactivités (D) ou de reconversion, la mobilité est organisée en interne. Elle conduit à des évolutions fortes des métiers avec de nouveaux métiers, la transformation des métiers existants... et nécessite des dispositifs particuliers. Cest essentiellement une mobilité professionnelle, mais aussi géographique, toutes les combinaisons sont possibles, doù la nécessité danticiper pour accompagner ces changements.
La mobilité est déclenchée par des reconversions totales ou partielles de sites vers dautres activités de lentreprise. Elle peut saccompagner par des évolutions fortes en terme de métiers.
Elle suppose donc davoir et de donner de la visibilité sur les évolutions des métiers, dun point
de vue quantitatif et qualitatif :
des règles de priorité, des niveaux dappui (entreprise, métiers, local), le rôle des managers opérationnels de sites qui recrutent et de sites qui cèdent,
des modes daccompagnement individuel avec une ingénierie propre : de lidentification du salarié à son installation dans son nouvel emploi, réalisée par du personnel dédié (conseillers dorientation...) soit national soit local (région, département), la mise en place dune cellule de reclassement interne,
des dispositifs financiers daccompagnement en fonction de léloignement du domicile et du changement de métier, aide au conjoint pour retrouver un emploi, aide individualisée au logement,
la négociation daccords locaux sur le dispositif daccompagnement.
La question du temps est en filigrane derrière ces différentes formes de mobilité. Le temps pour que le salarié soit mobile, ou plus concrètement, pour aller dun emploi quil quitte à un emploi quil intègre, le temps pour élaborer un projet professionnel, pour acquérir et développer de nouvelles compétences, pour devenir opérationnel dans un nouvel emploi. Or chacune de ces mobilités relève actuellement de dispositifs différents. Il semble cependant quaujourdhui, en fonction des mutations et des stratégies des entreprises, la volonté daccompagnement de ces mobilités, souvent lourdes en terme dévolution ou de changements de métiers, conduisent les entreprises à développer des logiques danticipation, en intégrant cette dimension temporelle, en renforçant dans les dispositifs des actions pour rendre les salariés acteurs dun projet professionnel. On retrouve au cur de cette problématique le développement des compétences, dans une logique mutuellement profitable, à lentreprise et ses besoins demplois, aux salariés et à leur professionnalisation.
CONCLUSION GENERALE
Cf. mangement de personne conclusion
La mobilité est un processus chargé de craintes et dattentes, mais cest avant tout un processus qui prend du temps. Or une longue période est susceptible de décourager les salarié avant la prise de décision mais également pendant. Cest en cela que limplication des managers, lappui des responsables RH et les politiques de suivi personnalisé sont autant de pratiques nécessaires au succès dune politique de mobilité.
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Exemple dAir France
Op. Cit.
Groupe ICF
Accord « cap métiers » chez AXA.
Veolia Environnement, Mobilité des cadre
Exemple de Danone
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Op. Cit.
Exemple de PSA
Exemple du Programme « Démarche Evolution » lancé par Danone en 2004, « Accords à vivre » lancé par Renault en 1989 complété par un comité de mobilité en 1990.
Lavenant de l'accord Acier CAP 2000 dans la sidérurgie (1990) rend la mobilité « nécessaire collectivement pour lentreprise ».
Exemple de France Télécom
Le deuxième accord sectoriel pour le Département de la Défense, 12 juillet 2004
Veolia Environnement
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Amélioration cohésion interne
Economie de coût de transaction
Recrutement interne
Reconnaissance/ Confiance
Performance
Adaptation Emplois/
Ressources
Fidélisation
Motivation
Implication
Employabilité
Adaptabilité
Nouvelles expériences (salarié)
Développement de compétences
Mobilité interne/
Changement métier
Synthèse des enjeux positifs de la mobilité